ART - 12 Septembre 2013

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  • 7/24/2019 ART - 12 Septembre 2013

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    La 12e Biennale dart contemporainde Lyon, il va falloir y aller long-temps.Le programme decette di-tionest dunedensitpeu ordinai-re:ilyalexpositioninternationa-le, bien sr, confie lIslandais

    GunnarB.Kvaran,quiserpartitentreleMusedartcontemporain,La Sucrire et laFondationBullukian comme lhabitude,mais sestten-duelgliseSain-JustetlaChaufferiedelAnti-quaille.Ainsi quedans unesoixantainede loge-ments privs, dont la visite est rserve len-touragedes habitants, lesquels accueillentcha-cun pour quatre mois un des artistes prsentsdanslesexpositionsprincipales.Initiativeorigi-nale, puisque la contrepartie finale rclameauxparticuliersqui accrocherontchez euxuneuvre, cest de raconter lhistoire de leur vieavecelle.

    Raconter,cest lematre motde cettebienna-le.Thierry Raspail,aux commandes de lvne-

    ment depuis1991,lorientetoutes lestroisdi-tions sur un thme commun. Depuis 2009,cestle mottransmission.Propos GunnarB.Kvaran, celui-ci a rpondu par rcit. Unbon rcit est riche en pripties et prend dutemps.

    Plusde 150vnementsAinsi, aprs les journes dinauguration, le

    visiteur consciencieux devra-t-il revenir deuxfois: les 19 et 20 octobre pour un week-endconsacr auxperformances; le 30novembreetle1 er dcembrepour lesjournesconsacres lavido, dont les organisateurs pensent, justetitre, quelle est souvent plus confortable vuedunfauteuilquedeboutdans unesalledexpo-sition.Ils lontdoncprogrammedanslaudito-riumdu Muse dart contemporainet au cin-maComoedia.

    MaislaBiennalede Lyonnese limitepas laseulecapitaledesGaules.Ainsi,latroisimepar-

    tie de la manifestation, Rsonance, est-ellemoinsun programme off quun rseau quiirrigue toute la rgion Rhne-Alpes, avec plusde150vnementsralissen lienavec labien-nale.Dabord,unefoirepascommelesautres,laDocksArt Fair, du10 au15 septembre.Chacunedes 30 galeries slectionnes y propose uneexposition personnelle dun seul artiste. PuislestropraresAnneetPatrickPoirier,Eveux,aucouvent de La Tourette, bti par Le Corbusierpour les moines dominicains. Et des proposi-tionsaussidiversesquunballetdeWilliamFor-sythe lOpra nationalde Lyonou laprsenta-tion, lgliseSaint-PancracedeGivors,desHis-toires peintes de Marie Morel, artiste que loncroitnavequandellenestque modeste(maismerveilleusementinventive).

    Encela,dansle paysagesatur desbiennales on en compte 150 cette anne dans le mon-de!, celledeLyonsortdu lot.A lafoissophisti-que,faisantappel desconservateurs oucriti-

    quesdartpointusonaencoreenmmoirecel-lesorganisespar HaraldSzeemann,qui fitdonde ses honoraires pour financer la venueduvres, ou par Jean-Hubert Martin. Mais nemprisantpas le terreaudes missionnaires delaculture en rgion,acteurs de ce quon bapti-sait autrefois avec mpris le socio-cul onaura une pense mue pour Jean-LouisMaubant,dfuntfondateurduNouveauMusede Villeurbanne, que les organisateurs de labiennalenhsitentpasporterenbandoulire.

    A Lyon, il nya pas,cette anne, uneculturesavanteoppose uneculturepopulaire:il y ala culture tout court, complexe et diverse. Lesartistes de cette dition viennent du mondeentier, et ils ont en majorit moins de 40 ans.Cessacrs gaminsnontaucunembarrasfacela mondialisation.Quant aux nouvellestech-nologies,ils sontnsdedans.Cestla relve, etelleest attirante.p

    HarryBellet( Lyon)

    Rcitsdici,demaintenantetdailleurs

    Entre-tempsbrusquement,etensuite:la12editiondelaBiennaledeLyon,placesouslesignede

    latransmissionetdelanarration,faitdialoguerlesspcialistes,lesamateurs,lesplasticienslesplusenvue

    etdetrs jeunesartistes,venusdetouslespays

    Installationdunetoilede lartistebrsilienThiagoMartinsdeMelo LaSucrire,le 8septembre.PHOTOS:AMYLEANGPOUR LEMONDE

    Cahierdu Monde N 21352dat Jeudi12 septembre2013 -Ne peuttre vendusparment

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    Lanarration,donc:racon-ter des histoires. Maiscomment sy prendreavec des uvres visuel-les? Le temps du rcitappartientau livreet aufilm, qui demandent dutemps,celuide lalecture

    ou de la vision. La musique elle-mmeparatplussonaisepourracontercequi

    se tient et se peroit danslinstantanitdunregard, ou,dans le meilleur descas,dans le temps pendant lequel le specta-teurdemeureimmobiledevantunepein-tureou tourneautourdune sculpture.

    ThierryRaspail,le directeurde laBien-nale,voque,dsledeuximeparagraphe

    desaprfacecettedition,laviedesaintFranoisdAssiseraconteenfresquesparGiotto.Larfrenceestpieuseetopportu-ne.Une suite defresques peutse compa-reruntrscourt-mtrageundessinani-m en quelque sorte ou la planche-contactdunphotographe. Maisni Giottonila fresquene paraissentavoirproccu-plesartistesinvits laBiennale.

    Unemajorit dentreeux,pour racon-

    terou dumoinsamorcer unefiction quelimagination de chacun peut dvelop-per, a recours au film ou la vido. A LaSucrireet au Musedart contemporain(MAC Lyon), crans et tls abondent. Lecinmaest, naturellement,leurprincipa-le rfrence. Ming Wong rappelle sur

    deux crans comment se tourne en stu-dio un mlodrame sentimental japonaisou un feuilleton de science-fiction. IanCheng se place sous le signe de Jurassic

    Park, quil aurait vu trois fois dans sonenfanceet dont ildonneuneversionvi-de et fragmente en images numri-ques. Bjarne Melgaard pastiche crmentlesproductions pornoshomosgays, ten-dancesado-maso.Les imageries descha-

    nestlviseset dInternetalimententlesparodies quen produisent Petra Cortri-ght,aveclgretethumour,ouRyanTre-cartin et Lizzie Fitch, avec une lourdeurlassante.Cestravaux,etbiendautres,rap-pellentunevidenceflagrante:lhumani-t, quelques exceptions gographiques

    prs,vit dsormaisnoyedansle fluxdesimages mobiles, publicitsou actualits,histoiresdamour oude guerre.

    Pour les artistes, la difficult est desavoir quen faire. Les citer ou les imiternesuffit pasncessairement etpourraitmmetreune solution defacilit. A cetgard, lune desuvres les plusrussiesdela Biennale pourraittreFatShades,deTakaoMinami. Cettevidoestfaite par-

    tirdefilmsdontla matire,lesformes,lescouleurs, la vitesse de dfilement sontretravaillesjusquau spectralet au pres-que invisible. A peine reste-t-il de quoirelier les lments entre eux. Minamitrouveici dans ladestructionles moyensdunefantasmagorieironique.

    De mme pour la vido de SumakshiSingh,qui tient dela tl-ralit,de lani-mationdessineetmmedufilmdarchi-tecture:lartisteindienne,tablie Chica-go,est lune destrs bonnes surprises decette Biennale. Onne peuten direautantdeMatthewBarney,quesaclbritsem-bleavoirprivde toutedistance critiquepar rapport lui-mme. Son histoire depche labaleineet devaselineestalour-diede tantsymboles etde grandiloquen-cequellefrleleridicule.LacomparaisonavecCut Piece, galement expos, seraitsvre. Dans cette performance clbrede1964, YokoOno,lair impassible,inviteles spectateurs dcouper des morceauxde ses vtements. Dun ct, une dbau-chedeffetspourrien,delautreleblancetnoir dune camra et une intensit quidemeureintacte.

    Autre faon de raconter, linstallation,lesobjets,lesmaquettes,lesmannequins.Ceux de Dan Colen viennent du dessinanim pour enfants. Linstallation duFranaisDavid Douardsemblele rsultatdunecatastrophecommeonenvoitdansles superproductions de science-fiction:desvestigesdonnesaitquoisontdisper-ss,commeaprs une inondation ou un

    biennaledartcontemporainde lyon

    DeshistoiresmergentdansunocandimagesLespublicits,lesactualits,lesfilmsoulatl-ralitserventdematriaudebaseauxartistes

    pourtmoignerdumonde,ledconstruire, lecritiquerou lerinventer

    LeondevanitaucouventdeLaTourette

    Lesaffiches delaBiennaleont tralises partirde photographies

    de lAmricainRoeEthridge.Ici, Lyon,dans

    lequartierdela Confluence.

    InstallationUntitled(Sans titre)duNorvgien

    BjarneMelgaardauMusedartcontemporain

    de Lyon.

    On ose peinelemottantdonnle lieu,maisla prsen-tation dequelquesuvres

    rcentesdAnneetPatrickPoirieraucouventde La Touretteestunmomentde grce. Lecouventa tbtipourlordredesdominicainssurles plansdeLe Corbusier. Ache-ven 1960,ilestlunedesesulti-mescrations, la foisrinterprta-tionpar lagomtrie moderne,lebton etle verredesexigences dunteldificeetexerciceadmirable-mentrussi dinscriptiondunearchitecturedans unpaysage.Cesespaces nesont neutresni visuelle-mentni symboliquement. Lesmurssontcouvertsdun crpiblancgrosgrainssaillants.Les baiessouvrentdusol auplafondet fontentrer lalumireet lepaysagedanslessalles.Danslgliseet loratoire,moines etfidlesclbrentle culte.

    Quantau couvent,il clbre,lui,lecultedu plusgrandarchitecteduXXe sicle.Il y a lautantde difficul-tspourdes artistesinvits.

    Ruineset effacementdescitsLesPoirierles ontrsoluesde

    deuxmanires diffrentes,tanttenaffrontantle btiment,tanttentirant partideses qualits.Lui tenirtteestpour euxdautantplus logi-quequunepartieimportantedeleurs travaux,qui estaussila plusconnue,portesur ledestindesmonuments,les ruines, lefface-mentdescits,le passagelente-mentravageurdu temps.

    DansLa Tourette,quiestundecesmonuments,la grande maquet-teAmnesiaetles plans-reliefsde

    LArchologiedu futur, dunblancuniforme,montrentdes amphith-tresantiqueset desraffineries

    modernesparvenus au mmestadededcrpitude,cicatriceset renfle-ments lasurfacedunsol couleurdesel.

    Dansles couloirsdu couventsontaccrochslesLambeauxde mmoi-re, fragilesempreintesde papierdunsarcophageromainet dedtailsdes colonneset desmurs deLeCorbusier, comme pourrappelerqueuxaussi croulerontunjour,sibeaux soient-ils.Leon devanitenun monastre.

    Maislesvanits,ces naturesmor-tesqua tantaimesle XVIIe sicle,sefondentsur unparadoxe: lartyest sonparoxysmepour rappelerquela mortdoitlemporter, y com-prissur lart.Les Poiriernchap-pentpas ceparadoxequandilscomposentavecdes ptalesdefleursleursArchives, desphotogra-phiesvivementcolores.Ces pta-

    les,pourla plupartfans,sont per-csde trous daiguille quiformentdeslettres pourcrire MortouBeaut.

    Ces tableauxmtaphysiquessomptueuxtrouventdans lessallesdessinespar LeCorbusieruncadreparfait,si parfaitquonle croiraitconupoureux.Il enestde mmeduLabyrinthede la mmoire. Onavaitdjvu, dansdautresexposi-tions,ce cabinetaux huitparoisetausol demiroirsur lesquelssontgravsdesmots: Desimagesdelextase, Desritesamoureux.Maison nelavaitjamaisvu aussilumineuxet potique: grceLeCorbusierencore,les cieuxetlepaysagey entrentet syrefltent,composantdes images inattenduesetcrantdes illusionsdeperspecti-ve linfini.p

    Ph.D.( Lyon)

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    biennaledart contemporainde lyon

    UnJeffKoonsaumilieudusalon? Un Matthew Bar-ney dans ma cuisine?Expossl,chezmoi,uni-

    quement pour moi, ou pour lesamis avecquime prendraitlenviedelespartager? Pasune exposition,un prt. Et pas dans une demeure

    bourgeoise, mais dans une cit ouun pavillon de banlieue. Cest unedesnouvellesaventuresquau seindu programme Veduta selon lebon vieux rve du Si tu ne vienspas lart, lart viendra toi , laBiennale a imagines cette anne.Ses70 artistesinvits ontdonc cha-cunprt uneuvre unhabitantdeSaint-Priest,Vaulx-en-Velin,Gri-gny,GivorsCesontdeschosesquivalentcher,parfoistrs cher Etonnevapasallercriersurlestoitsdansquelle cit se trouve le Jeff Koons,plaisante le malicieux AbdelkaderDamani,directeurdu projet.

    Et cest ainsi que, au cur duquartier en dshrence de la Sau-laie, Oullins, dans lappartementquiloccupeavec femmeet enfantsau-dessus de lpicerie paternelle,Ayoub Rabbia, dessinateur indus-triel,peutrflchir lenvi cequa

    bien pu vouloir signifier AntoineCatala(artistefranaisvivantNewYork) avec cette espce dhorlogesuissesur crandigital,sanscadranmaisavecpenduletic-tac,tic-tac,quonestvenuaccrocherau-dessusdelatabledesa salle manger.

    Veduta? Chezlespeintresdela Renaissance, cest la petite fen-trequidonnelaperspective, expli-queThierryRaspail,directeurde laBiennale. Cest lui qui a choisi ce

    nom en 2007. Quand les gens setrompent, ils disent vendetta,souffleMlanie, unedes mdiatri-ces. Changer le regard, donner unautreangleEllessonttroisavoirpris leur bton de plerin pourconvaincre, dans les ludothques,les centres culturels, au por-

    te--porte: Pour 50 portes aux-quelles on frappe, 20 souvrent, 10personnes parlent, une accepteLesgens ontsouvent peurde ne pastre lahauteur.

    Profondeur de lchangeFaridaAouaiti,43ans,lveseule

    ses trois enfants: Sarah, qui passeson bac, et des jumeaux de 3 ans.Elle a fait mille petits boulots,gagne aujourdhui 1300 euros parmois comme assistante, et a enfintroqu il y a deux ans son 40m2

    contre ce quatre-pices dans unimmeuble rcent de Saint-Priest.Murs silencieux, tagres vides,une tlvision, un canap, unetable en Formica, quatre chaisespliantes. Etun tabouret haut,ache-tchezConforama,reliquatde sonanciennecuisine.

    Artiste performatif australien

    vivant Berlin, Gerry Bibby estvenuchezellela semainepasse. Illa coute raconter sa vie et aconclu un march avec elle. Il vacrer une vido quelle exposerachezelle.Enchange,illuiemprun-terason tabouretpour lexposeraumuse.Elle rit: Je nesuis pas sredavoir tout compris. Nous nonplus. Elle ritencore. Je naimepasles trucs figs. a, cest ma respira-tion moi. Jerencontredes gens, ils

    montameneau muse.Jaimeraisy aller plus souvent, mais cestcherquand on na pas dargent Enfin,

    jaihte quela vidosoit l. Jinvite-raidnerdeuxdemessursetpuisdanciennes collgues intrimairesqui apprcient ce genre de choses.

    Mes parents,eux, a ne les intresse

    pas. Quant mes voisins, pffou-hhh, a mtonnerait: je nai

    jamais eu le temps den connatreaucun

    Grigny. Rue Jean-Jaurs, placeJean-Jaurs, impasse Jean-Jaurs.Un bourg tranquille, au-dessusdune gare de triage dsaffecterebaptise laRotonde. Saufque,autourde lamdiathque,les cafssont devenus deskebabs,et lesjeu-nessoutiennentles murs enatten-dant unemploi.Veduta a investilaRotondeetlessouterrainsdujardinmunicipal avec des uvres duMusedartcontemporaindeLyon.Dans un lotissementdes hauteurs,derrire une caravane, quelqueslanternes peintes accroches surune faade laissent souponnerque cest ici quest venu sinstallerpourquelquesjours Nobuaki Take-kawa,un artistejaponaisde36 ans.

    Profondeur de lchange pluttquefficacit grand public, travailde terrain plutt que vulgarisa-tion:Vedutasavreunlaboratoirede mdiation culturelle. NobuakiTakekawa, qui exposera Tokyo partir du 14septembre, repartiracharg de lamour de ses htes,dun matriau cratif (forcment)et de quelques mots de franais :Pastis, ptanqueDaccord.pLaurentCarpentier( Lyon)

    tremblement de terre. Robert Gober

    emprunte liconographietrs amricai-ne des films dhorreur. Les maisons depoupe quil monte et dcoupe ressem-blent desscnesde crime,et songliseun lieu de perdition. Lui aussi chroni-queurdelasocitdanslaquelleilvit,cel-ledes Etats-Unis,Karl Haendeltraitede lacirculationetducultedesarmesfeu,parrapport la tuerie dAurora, qui eut lieuenjuillet2012dansun cinmao sedon-naitBatman: judicieuse manirede pla-cer nouveau le film au centre de larflexion.

    Dineo SesheeBopapeetMary Sibande,toutesdeuxsud-africaines,voquentdesfaits qui navaient rien de fictions: lasgrgationet la rpression au temps de

    lapartheid. Le racisme, le colonialisme,lexotismesontaussiles sujetsdes toilesde Meleko Mokgosi, New-Yorkais n auBotswana. Dans ses toiles, les allusionsaffleurent,avec desdegrsde drisionetde dnonciation variables. Mokgosi oseunepeinture dhistoire quilfaut dcryp-

    terprcisment,commeillacomposelui-

    mme. Chaque uvre tant un chapitredeson propos,quilnonce avecclart etsimplicit.Ilest,danslaBiennale,leseulpropos duquel Giottopourrait peut-tresetrouvercitleseulparceque,silestoi-lesdErrosontaussidelapeinturedhistoi-reconuepar accumulationde figuresetdesymbolespris danslactualit, le regis-tre du peintre islandais et parisien estbeaucoup plus proche du froceTriom-

    phede la mortdeBruegelquede llgia-queViede saintFranoisdeGiotto.p

    PhilippeDagen( Lyon)

    Cesuvresnous

    lerappellent: lhumanit

    vitdsormaisnoyedans

    lefluxdesimagesmobiles

    BruitetfureurlaChaufferie

    Miseen placeduneuvre delAmricainKarlHaendel, PeopleWhoDontKnowTheyreAlready

    Dead (Personnesquine saventpasquellessont djmortes), LaSucrire, le8 septembre.

    Unedes toilesdeMelekoMokgosi, artistenew-yorkaisoriginairedu Botswana.

    La Chaufferiede lAntiquailleestun btimentindustriel:desmursde bton autour

    duntransformateur lectriquequialimentaitun hpital.Dsaf-fect,lendroita attirlestagueurs,quiy ontlaissquelquesfrises chatoyantes.Ellesnontpasteffaces quandlaChaufferie atnettoyepourtre confieZhangDing.Lartistechinois,n Gansuen1980,en faitun excel-lentusage.

    Dans lespacecentral, monu-mental,traverspar unepasserel-lemtallique, clairpar desver-rires,il a placControlClub,qui

    estune sorte detour,maisunetoursonore. Faitedamplificateursnoirs empilsles unssur lesautres,surmonte dunecloche,ellediffuse, pleinepuissanceetdanstoutes lesdirections,unfluxsonoreo sereconnaissentdesvibrationsde cloche,des mesuresdesymphonieset desrumeursdonton nesaitsi ellessontdmeu-tes,debtesou detemptes.

    Onse souvientdavoirautrefoisentendudessons aussigravesetpuissants:ctaitdansdes monas-trestibtains, une comparaisonque lartistepourrait dautantmoins refuserque satour a lafor-

    medunstupa.Et quelautreuvrequilprsente,unevido,senommeBouddhasaute par-dessuslemur.Elleserfre unplatchinoiscompos de nourrituresraresetrputsi savoureuxqueles moineseux-mmes auraientfaitle murpouren goter.

    CarnageanimalierLaversionquendonneZhang

    Dingpourraittredfiniecommelepastiche dunTirdeNikideSaint-Phallemis enimageset enmusiquepar QuentinTarantino.Unefemme,dontla statueest pla-ceen hauteur,tireau pistoletsur

    desanimaux depltre,uncochon,unpoisson, unetortue,une sortedemouflon.A chaque balle,le pl-tresaute,etun liquiderougecom-mele sangscoule.Les impactssontfilmsen grosplanet auralenti,comme dansKill Bill ou

    DjangoUnchained et commechezSergio Leone.Ce carnagedurequelquesminutes,avantque lesanimauxexplosent auralentiencoreen dgageantdesvolutesroses,bouquetfinalpourcettetra-gi-comdie laquelleil seraitten-tantdeprterdes sous-entenduspolitiques.p

    Ph.D. ( Lyon)

    FaridaAouaitiprterasontabouretau Musedartcontemporainde Lyon.En change,elle accueilleradansson appartementde Saint-Priest uneuvre de

    lartisteaustralienGerry Bibby.

    Veduta,devinequivientdnercesoir

    Pendantquatremois,desuvresdeNobuakiTakekawa,

    GerryBibby,MatthewBarneyouJeffKoons

    sontexposesaudomiciledamateursvolontaires

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    Il nest pastrop tonnant queGunnar B. Kvaran, n Reykjavik (Islande) en 1955,aime les histoires: son nommme est tir dune saga.Quand lIslande tait sous

    domination danoise, les colonisa-teurs modifirent les noms defamille,qui traditionnellementseter-minentparun suffixesignifiant filsde, ou fille de. Les nouveauxpatronymestaient inspirsde ceuxdes hros des sagas islandaises. Lesaeux de Gunnar adoptrent donc lenomdunroilgendaireislandais.Unbrin pompeux, sauf quand on saitquece nomsignifiepetitechaussu-reencuir

    Gunnar a grandi dans un atelierdartiste: sonpretaitunedes figu-res de labstraction gomtrique Reykjavik. Fille de pcheur, sa mrebeurraitles tartines, un mtier de larestauration scandinave. Amour delart,de labonnechre(mme fruga-le)etdelavie.Desvoyagesaussi:atti-r par les thoriciens franais, lesstructuralistes notamment, le jeunehommeparttudierlhistoiredelart luniversit dAix-en-Provence,cause de Czanne, et parce que Paristaittropcher. Guidpardesprofes-seurscommeYvesBonnefoy,ilypas-seun doctorat en1986, surla notionde style. Il tudie lexemple dunsculpteur islandais, AsmundurSveinsson(1893-1982),qui travaillaitindiffremmentdansplusieursregis-tres,commeGerhard Richteraujour-dhui: Jaieu unetrsbonnenote,jenaijamaisbiencomprispourquoi

    Assez naturellement, il rentre au

    paysdirigerlemusequeReykjavikaconsacr Sveinsson, puisenchanediffrentspostes deconservateur,auMuse dart moderne de Reykjavikde19891997,auMusedartdeBer-gen, en Norvge, de 1997 2001. Ildveloppe alors une solide amitiavec un de ses compatriotes bienconnudesFranais,lepeintreErro,cequi en fait lun des rares conserva-teursdesagnrationsintresserlafigurationnarrative.

    Lafiguration,cestaussile dada delarmateur norvgien Hans RasmusAstrup. Ce dernier fait appel Gun-nar Kvaran en 2001 pour diriger laFondation Astrup Fearnley quil aimplante Oslo. Lamateur arma-teurdisposedemoyensconsquents,cequi faitpasserlIslandaisdansuneautre dimension. Hans Rasmus

    Astrupsaitaussiconcilierunefigura-tion traditionnelle avec des uvresplusbouriffantes:Motherand Child

    Divided, parexemple,la vache etsonveaucoupsendeuxetquifitconna-tre son auteur, le Britannique

    DamienHirst,au mondeentier, cest lui. Michael Jackson and Bubbles,une sculpture en porcelaine de JeffKoons reprsentant le chanteur etson chimpanz, aussi. Cest GunnarKvaran, lpoque quasi inconnudumarchdelart,quilaachetepourlaFondation Fearnley, aux enchres NewYork, enmai 2001,pourla som-mealorsrecordde5,6millionsdedol-lars (6,3 millions deuros). Draison-nable?PasdelavisducourtierPhilip-peSgalot: LeMuseFearnleyestun

    peuisol. Pourattirerles visiteurs,il abesoin dicnes.

    Toujoursest-ilquesonjeunedirec-teur est dsormais quelquun avecquilemondedelartdoitcompter,etpour quiles marchands ontles yeux

    de Chimne. Surtout depuis que lemuse sest install dans un bti-ment conu par Renzo Piano, unimmeublespectaculaire construitaubord de leau, dans la baie dOslo (Le

    Mondedu18 janvier).

    CelanemontepaslattedeGun-nar Kvaran, rest dune extrmemodestie et dune grande fidlit sespremiresamours, comme soninstitution dailleurs: Une de nos

    particularits est de continuer sui-vre nos artistes, quelle que soit leurcote, confiait-il nagure. Mais celalexpdie de plus en plus loin: lemuse consacrebeaucoupde temps la recherche dartistes des paysmergents, et Kvarancume notam-mentla Chine,lIndeet leBrsil.

    Cest cette histoire qui se refltedansla12e BiennaledeLyon:la curio-sit, lattention porte des figuresinhabituelles, comme Alain Robbe-Grillet, avecses filmsLEdenet aprs(1970) etN. a pris les ds (1971), quiracontentdeux histoiresdiffrentesavec les mmes images, mais dansunautreordre.La varitdes genresaussi, des dessins figuratifs les plusclassiques aux images animes parordinateur les plus complexes, enpassantparlesinstallationsetlesper-formances.LamiErroestl,maisaus-si Jeff Koons. La proportion de jeu-nes, voire de trs jeunes artistes, estsidrante,et ladiversitdeleurspro-venancesgographiques aussi. Tousrunis par un Islandais qui a quittsonlepourexplorerlevastemonde.Rjouissez-vous, Gaulois, les Nor-mandssontde retour!p

    HarryBellet( Lyon)

    biennaledartcontemporainde lyon

    Chine, Inde, Brsil...

    Le conservateurconsacre

    beaucoupde temps larecherchedartistes

    despaysmergents

    LexpositioninternationaleDatesDujeudi12 septembre2013audimanche5janvier2014.HorairesDumardiau vendredide11 heures 18heures.Samedietdimanche de11heures19heures. Nocturneslespremiersvendredis de chaquemoisde18 heures 21heures.Horaireexceptionnelloccasionde laFtedes lumiresdu5 au8 dcembre.TarifsBilletindividuelde 7 13. Passpermanent:21 .Passduo:31.Passjeune:13 (entreillimitedans tousleslieux).Lieuxdexposition LaSucrire, LesDocks,47-49,quai Rambaud,Lyon2e. MACLyon,citInternationale,81,quai Charles-de-Gaulle,Lyon6e. FondationBullukian,26,placeBellecour,Lyon2e.

    LaChaufferiede lAntiquaille,ruede lAntiquaille,faceau 6,Lyon5e. LgliseSaint-Just, ruedesFarges,Lyon 5e.

    VedutaProjetamateur et laboratoiredecrationartistique,autour duthme dela maison.Les MaisonsVedutasont installesdansdouzelieuxLyonet Grigny,Saint-Priest, Oullins,Vaulx-en-Velin, Givors(datesvariables,entre gratuite).Deshabitantsaccueillentgalementdesuvreschezeux.Unconcours denouvellesestorganis:il estouvert tous,sanslimite dge etsur touslesterritoires francophones.Lestroisnouvelles slectionnesserontpublies danslemagazineTlrama du4dcembre.

    Rsonance150lieuxpartenaires, Lyoneten Rhne-Alpes, prsententdesprojetspendant la biennale.

    Lesweek-ends Week-endperformances,lessamedi19 etdimanche20octobre, laSucrireetauMACLyon.Journedtudele22novembre,de9 heures 19heures auPlantarium, Vaulx-en-Velin.Week-endvidoles samedi30novembre et dimanche1er dcembre lAuditoriumduMACLyonetauCinmaComoedia.Week-endrobotique,30 robotsLaSucrire.Les14et15dcembre,de11 heures19heures, laSucrire.

    SiteWebBiennaledelyon.com

    Pratique

    Gunnar B. Kvaran,commissaire invitde la12 e Biennalede Lyon LaSucrire,le 8 septembre.

    GunnarB.Kvaran,lIslandaispartiladcouvertedumonde

    p o r t r a i t | LecommissairedelaBiennalesuitLyonlesprincipesquiontfaitsonsuccsauMuseFearnleyOslo:

    ouverturedesfiguresinhabituelles,croisementdesgenres,promotiondejeunesartistes

    Fairedu cadrede travailun cadrede vie

    IMMOBILIER

    DENTREPRISES

    Crer la vieau curde la ville

    HABITAT

    La vie change,loffre sadapteRSIDENCES

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    Partenaire associ de la 12 e biennale dArt Contemporain de Lyon, Bouwfonds

    Marignan Immobilier apporte son soutien la cration, la formation artistique

    des publics, lanimation des territoires et au rayonnement international

    de la France et en particulier de Lyon et de sa rgion.

    Sige Social 70 rue de Villiers 92532 Levallois-Perret Cedex Tl. : +33 (0)1 49 64 15 15 bouwfonds-marignan.com

    IV 0123Jeudi 12 septembre 2013