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SUPPLÉMENT CULTUREL DES PETITES AFFICHES DES ALPES MARITIMES Galerie Guy Pieters COLLECTIONNEURS// O P É R A / / / / / / / / G A L E R I E / / / / / ART/CONTEMPORAIN// PHOTOGRAPHIE//

Artcotedazur N°13

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Artcotedazur Arts and Culture on the French Riviera. Theaters, Gallery, Exposition, Entertainment, Photos. The most beautiful aspect of the "Cote d'Azur". Design, Architect, Concerts, Music, Danse, and Opera

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Page 1: Artcotedazur N°13

Supplément culturel deS petiteS AfficheS deS AlpeS mAritimeS

Galerie

Guy Pieters

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Page 2: Artcotedazur N°13

OCTOBRE/DÉCEMBRE 2010

Avec l'expansion des Arabes au VIIème siècle, commence celle du pouvoir islamique qui, en moins d'un siècle,se répand de l'Espagne à l'Indus. Brassant dès l'origine des ethnies aussi diverses que berbères ou perses, suivies aucours du temps par les Turcs, les Kurdes, les Mongols ou les Indiens, ce pouvoir fait émerger, sur les bases des anciennescivilisations auxquelles il est confronté, une culture originale cimentée autour d'un nouvel esprit, celui de l'Islam.Cette série de conférences tentera une approche de la cité, des monuments les plus emblématiques (mosquées)ou les moins attendus (mausolées), des thèmes décoratifs, de l'art du livre si éminemment central.

LES ARTS EN TERRE D’ISLAM

JEUDI 14 OCTOBRE - 16HL’art dans le domaine religieux : Mosquées et CoranCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

JEUDI 28 OCTOBRE - 16HLe cadre du prince : Palais et dernières demeuresCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

JEUDI 25 NOVEMBRE - 16HL’Art du livreCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

JEUDI 2 DÉCEMBRE - 16HCéramique, métal et autres techniques d’ArtCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

C.U.M.

CENT

RE U

NIVE

RSITA

IRE

C.U.M.

Page 3: Artcotedazur N°13

OCTOBRE/DÉCEMBRE 2010

Avec l'expansion des Arabes au VIIème siècle, commence celle du pouvoir islamique qui, en moins d'un siècle,se répand de l'Espagne à l'Indus. Brassant dès l'origine des ethnies aussi diverses que berbères ou perses, suivies aucours du temps par les Turcs, les Kurdes, les Mongols ou les Indiens, ce pouvoir fait émerger, sur les bases des anciennescivilisations auxquelles il est confronté, une culture originale cimentée autour d'un nouvel esprit, celui de l'Islam.Cette série de conférences tentera une approche de la cité, des monuments les plus emblématiques (mosquées)ou les moins attendus (mausolées), des thèmes décoratifs, de l'art du livre si éminemment central.

LES ARTS EN TERRE D’ISLAM

JEUDI 14 OCTOBRE - 16HL’art dans le domaine religieux : Mosquées et CoranCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

JEUDI 28 OCTOBRE - 16HLe cadre du prince : Palais et dernières demeuresCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

JEUDI 25 NOVEMBRE - 16HL’Art du livreCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

JEUDI 2 DÉCEMBRE - 16HCéramique, métal et autres techniques d’ArtCycle de conférences sur « Les arts en terre d’Islam »Annick Leclerc - Chargée de cours à l’Ecole du Louvre

C.U.M.

CENT

RE U

NIVE

RSITA

IRE

C.U.M.

Art côte d’AzurSupplément culturel des Petites Affiches des Alpes Maritimes Numéro 3520 duDu 10 au 16 septembre 2010. BimestrielISSN 1962- 3569

Place du Palais17 rue Alexandre Mari06300 NICE Ont collaboré à ce supplément culturel :

rédacteursAlain Amiel Olivier Marro Faustine Sappa

directeur de publicationdirection ArtistiqueFrançois- Xavier Ciais

conception graphiqueMaïa Beyrouti

GraphisteCaroline Germain

photographe Hugues Lagarde

photo de couvertureŒuvre de Niki de Saint-Phalle exposée à la Galerie Guy Pieters à St Paul de Vence

rédactrice en chef Valérie NoriegaTél : 04 93 80 72 72Fax : 04 93 80 73 [email protected] responsable publicitéAnne AgullesTél : 04 93 80 72 [email protected]

AbonnementTéléchargez le bulletin d'abonnement sur :www.artcotedazur.frou par tél : 04 93 80 72 72

Art Côte d’Azur est imprimé par les Ets Ciais Imprimeurs/Créateurs « ImprimeurVert », sur un papier répondant aux normes FSC, PEFC et 100% recyclé.

La rédaction décline toute responsabilité quant aux opinions formulées dans les articles, celles-ci n’engagent que leur auteur. Tous droits de reproduction et de traductions réservés pour tous supports et tous pays.

« Un mauvais art est quand même de l’art, comme une mauvaise émotion est quand même une émotion ».

Cette citation de Marcel Duchamp offre une belle introduction à notre questionnement quotidien, l’Art dans notre région existe t’il vraiment ? Est–il en régression, en stagnation, ou en progression. Le simple fait d’évoquer le principe d’une possible évolution induit qu’il existe bien réellement. Chaque jour nous découvrons ces esprits créatifs, les Artistes, car c’est bien ce qui anime l’ensemble de nos équipes, ces ren-contres, ces couleurs, ces caractères, ces personnalités débordantes de talents, sou-vent des êtres écorchés au grand Cœur, voire quelquefois des bienheureux communicants spéculant sur un système d’Art économique.

L’Art fait vibrer, fait parler, fait vivre. Il était donc tout aussi important d’ouvrir une fenêtre sur les bienfaits collatéraux, en effet sans regardeur et sans acheteur, point d’Artistes existants ou émergents, ce monde si fermé des collectionneurs il nous fallait le découvrir. Certains nous ont ouvert leur porte, et forcément leur âmes, car au delà des aspects spéculatifs si péjoratifs que nous entendons ici et là, nous avons découvert des passionnés, des amoureux, des affectifs au cœur et à l’esprit engagé. Souvent animé par leur sensibilité, ou leur oblativité envers certaines personnalités, ils impulsent tout simplement à croire et à aimer. En plusieurs points ils ne sont pas si différents des Artis-tes, pour certains il ne leur manque que le passage à l’acte de création. Nous tenions simplement par ces quelques lignes à les remercier de leur engagement artistique.

François-Xavier Ciais

Artcotedazur n° 13, continuons la collection..

mAKinG Of

© Toutes photos H Lagarde

Page 4: Artcotedazur N°13

en Ville

6 HORS LES MURS Athènes : un nouvel écrin pour l’acropole

8 BEAULIEU SUR MER Philippe HURST un homme à l’affiche

10 MONACO Jean-René Palacio d’un festival, l’autre !

12 VALLAURIS la création contemporaine en céramique

14 BIOT Christine Carol Tabusso la femme 100 têtes

16 NICE Opéra sous le signe de l’ouverture

18 FOCUS DEPARTEMENT Arts de la Scène côté cour et côté jardin !

22 SAINT PAUL DE VENCE Galerie Guy Pieters fidèle à ses artistes

© P Hurst

© H lagarde

© H lagarde

Page 5: Artcotedazur N°13

la Vie des arts

© J Pélissier

© H Lagarde

© H Lagarde

© H. Lagarde

24 FiGure De l’art

BEN

30

PhotoGraPhie

GILLES TRAVERSO

32

artiste

JACqUES PéLISSIER

36

ColleCtionneur

ANNy COURTADE

38

ColleCtionneur

yVON LAMBERT

40

artiste

PIERRE PINONCELLI

Page 6: Artcotedazur N°13

6 H O R S L E S M U R S A t h è n e S

Sur la grande place à l’entrée, de

grandes plaques de verre où des

ouvertures en balcons permet-

tent de voir les rues, les boutiques,

les habitations de la ville du quatrième

au septième siècle. Ce nouveau mu-

sée d’une surface de 25 000 m², dont

14 000 m² d’exposition, remplace ce-

lui de l’Acropole, dix fois plus petit,

permettant ainsi d’exposer de nom-

breux objets jusque-là stockés dans

les réserves. Dans ce musée de trois

niveaux, haut de 23 mètres et d’une

superficie de 15 000 m², sont exposés

plus de 350 vestiges et sculptures de

l’Acropole.

En haut de l’escalier monumental trô-

ne une des frises du fronton de l’an-

cien temple. C’est bien sûr la frise du

Parthénon qui devrait être là, mais elle

est toujours au British Museum, qui ne

veut pas la rendre malgré la pétition

mondiale lancée par Mélina Mercouri

en 1989.

L’intérieur est somptueux, clair,

ouvert sur l’Acropole par de grandes

baies vitrées, créant des jeux de trans-

parence ou de reflets. De chaque côté

de la montée, sculptures, bas reliefs

et objets issus des sanctuaires autour

de l’Acropole.

Au premier étage, le plus beau, sont

présentées les plus belles statues des

périodes mycéniennes, archaïques

et géométriques. Les grandes colon-

nes en béton lissé mettent en valeur

cette « forêt » de sculptures parmi les

plus belles au monde : l’Athéna Niké

avec sa tunique de serpents, le bou-

vier avec le petit veau sur l’épaule, les

frises, les bas reliefs les chevaux à la

crinière érigée, les kouros, des dieux,

Pat r i m o i n e

un nouvel écrin pour l’acropole

Le nouveau Musée de l’Acropole érigé au pied du site antique a enfin ouvert ses portes. Sa construction, décidée en 1976, fut reportée jusqu’à cette année car dès qu’on creuse à Athè-nes, surtout à moins de 300 m de l’Acropole, on trouve immanquablement des trésors inexplorés : un énorme complexe urbain allant de la période archaïque aux débuts de l’Athènes chrétienne.Plus de trente années ont été nécessaires pour achever les fouilles avant que les architectes (Ber-nard Tshumi, franco-suisse, et Michael Photiadis, grec) se mettent au travail et bâtissent ce superbe musée sur pilotis qui intègre et préserve le site archéologique.

ci-dessus : Colonnes et statues

ci-dessous : Une vue de la façade du nouveau Musée Vue d'une allée piétonne extérieure du Musée

© Toutes photos A. Amiel

Page 7: Artcotedazur N°13

7 A t h è n e S H O R S L E S M U R S

la merveilleuse Athéna pensive, etc.

Des traces de couleur subsistent

nous rappelant que les statues

étaient peintes de couleurs vives.

L’autre partie du premier étage

consacrée à l’érechthéion et princi-

palement à ses Caryatides dont qua-

tre sont les originales ; la cinquième

est un moulage, quant à la sixième,

elle se trouve aussi au British Mu-

seum.

On y trouve également les frises et

parapets du temple d’Athéna Niké

(dont L’Athéna remettant sa sanda-

le) et des objets allant du Vème siècle

avant J.-C. au Vème siècle après J. C.

Des maquettes sont là pour évoquer

les différents temples existants qui

peuplaient cette colline sacrée avant

le Parthénon.

L’étage supérieur entièrement

consacré au Parthénon, présente sur

l’exact modèle du temple, placés

comme à l’origine, les quelques ves-

tiges des métopes, frises et frontons

conservés à Athènes et complétés

par des moulages en plâtre des ori-

ginaux dont la plupart sont à Lon-

dres.

Cette mise en situation dans une ga-

lerie donnant sur la ville permettant

une vue de l’ensemble des sculptu-

res est un véritable manifeste pour

la restitution des «marbres d’Elgin»

(du nom du diplomate britannique

qui les emporta en Angleterre). La

visite du musée complète admirable-

ment celle de l’Acropole et nous rend

compte de toutes les richesses de ce

lieu mythologique devenu mythique.

Pour se sustenter, un café avec vue

sur les fouilles archéologiques ainsi

qu’un restaurant au deuxième étage

sur une belle terrasse avec vue sur

l’Acropole.

ci-dessus : Façade du Parthénon aujourd’hui.D’année en année, les archéologues le remontent.

ci-dessous : Les métopes, bas-reliefs carrés racontant le com-bat des Athéniens contre les Amazones et des scènes empruntées à la lutte des Centaures et des Lapithes

À gauche, de haut en bas : Le Sphinx de Naxos Les Caryatides - Celles-ci sont des copies, les originales sont au Musée Reconstitution en couleurs

© Toutes photos A. Amiel

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Page 8: Artcotedazur N°13

8 E N V I L L E B e A u l i e u S u r m e r

GraPhisme D’auteur

Philippe hurst Un homme à l’afficheLe studio Couleur Tango s’est distingué avec les campagnes des Ballets de Monte-Carlo, du Festival MANCA et aujourd’hui de l’Opéra de Nice : À son origine, Philippe Hurst,un virtuose de la com-munication visuelle.

© H Lagarde

Couleur Tango a œuvré pour tant de villes

de Nice à Monaco via Biot et Beaulieu sur Mer,

fait connaitre tant d’événements, du festival

MANCA aux « Violons de légende » via « Rus-

koff » porté haut les couleurs de tant d’insti-

tutions des Musées Nationaux à l’Orchestre

Philarmonique de Monte-Carlo qu’il arrive

que l’on se dise en découvrant une nouvelle

affiche dans la rue « Tiens, elle n’est pas si-

gnée Philippe Hurst, celle-là ! » Mais qui est-

il celui qui renouvelle le métier d’affichiste

et s’est fait un nom en faisant descendre la

culture dans la rue ?

Graphisme d’auteur

Formé à la communication visuelle à l’école

des Beaux-arts de Mulhouse et à la concep-

tion chez RSCG à Strasbourg, Philippe Hurst

s’installe à Nice en 1989. Pour cet alsacien

qui exerce un temps ses talents de Directeur

artistique chez Havas Méditerranée puis chez

« Cryptone », le graphisme d’auteur est une

affaire si sérieuse qu’il ne faut pas la laisser

aux autres. Ainsi 10 ans plus tard crée-t-il sa

propre agence Couleur Tango : « Une teinte

chaude évoquant la passion, l’énergie » sous

le signe de la création infographique et du

conseil en communication. Une

complémentarité qui lui permet de

« concevoir des identités visuelles

durables et déclinables sur tous sup-

ports ». Un an suffit à ce stratège dé-

voreur de culture(s) pour convaincre

les acteurs régionaux du monde de

l’art (Musée des Merveilles, Musée Fernand

Léger, Musée Marc Chagall) de lui confier

leur image. Rares sont ses campa-

gnes qui passent inaperçues :

« Seul interlocuteur, j’évite la dé-

perdition d’informations et privilé-

gie l’écoute ». Cette valeur ajoutée

augmentée d’un travail « à façon »

attire des entreprises exerçant

dans des domaines variés, mais

c’est dans le domaine culturel que

Couleur Tango imposera sa griffe.

Dès le nouveau millénaire Philippe

décroche aux Palmes de la com-

munication plusieurs récompenses

pour ses interventions en faveur des Ballets

de Monte-Carlo (dont il signera même le car-

net de voyage de leur tournée en Chine) et du

Festival MANCA, une campagne qui lui vaudra

aussi en 2004 le Trophée « Créaffiche ». Puis

suivra une longue série qui verra chaque an-

née notre affichiste monter sur le podium de

« Fenêtre sur com ». En 2009 il réalise le Grand

schlem en raflant aux Palmes de

la communication trois prix dont

deux palmes d’or tandis qu’aux

« Affichades » de Toulouse « un

concours national où sont pré-

sentes les grandes agences (soit

près de 3 500 campagnes) il rem-

porte trois affiches d’or pour le

Philarmonique de Monte Carlo,

Violons de légende (Beaulieu) et «

les Paris de la musique » organisé

par la Ville de Paris.

photo, surréalisme et cinéma

D’ou vient ce succès qui fait de Philippe Hurst

l’un des graphistes indépendants les plus co-

tés du marché azuréen et comment décrire le

style Couleur Tango ? Philippe avoue un faible

pour tout ce qui est décalé, « légèrement sur-

réaliste ». Un point noir ganté et vengeur (Clin

d’œil aux Black Panthers ?) brandissant une

Collectionneur de masques ethniques, l’affi-chiste fou aime en faire parfois des répliques à partir d’objets recyclés. Une autre facette de l’art du détournement ?© H Lagarde

Page 9: Artcotedazur N°13

9B e A u l i e u S u r m e r E N V I L L E

clarinette, un éléphant en périlleux équilibre

sur le bout d’une trompette, des instruments

qui poussent comme des fleurs…ses affiches

séduisent, intriguent, interpellent. D’ailleurs

son auteur n’aurait-il pas un faux air de Salvador

Dali même si sa moustache n’est pas en gui-

don de vélo (il pilote une moto BMW vintage) ?

Mais Philippe lui ne peint pas, ni ne dessine,

même s’il est féru de l’œuvre de Roland Topor.

Il préfère un médium plus actuel, « La photo

qui inscrit l’image dans l’immédiat, s’ancre plus

fortement dans la réalité et jette un trouble :

comment est-ce possible ? C’est le médium

idéal pour détourner le réel et capter le regard

des passants ». Et quand il ne prend pas lui

même les photos il fait appel à des « artistes »

comme Gabriel Martinez qui captura la noire

sauvageonne des MANCA 2010. « Pour cette

nouvelle édition je me suis inspiré des trois

singes de la sagesse, ne rien dire, ne rien voir,

ne rien entendre. Evidemment c’est un contre-

pied car le festival de musique contemporaine

MANCA propose exactement le contraire aux

auditeurs ». Mais si le résultat s’impose sou-

vent, le chemin qui y mène n’est pas toujours

simple. « Sur la trentaine de maquettes, trois

ou quatre sont finalisées pour choisir le visuel

définitif ». Parfois c’est l’annonceur qui n’ose

pas ou ne veut plus changer de visuel tant il est

satisfait de sa dernière campagne. Mais Philippe

parvient toujours à imposer ses créations. Les

plus audacieuses prennent juste un peu plus

de temps comme les chaussures instruments

pour le Philharmonique de Monaco en 2009

ou celle que vous ne pourrez découvrir qu’en

2011… « quoi qu’il en soit la communication

culturelle est valorisante. Mes interlocuteurs ont

une réelle réflexion artistique, une exigence qui

m’oblige à aller toujours plus loin et à convain-

cre à chaque fois ».

Ceux qui ont pu voir l’exposition Musigraphique

« affiches musicales » de 1999 à 2010 présen-

tée jusqu’au 16 septembre à La Chapelle Sancta

Maria de Olivo (Beaulieu Sur Mer) ont pu se ren-

dre compte à quel point Philippe ne s’est jamais

endormi sur ses lauriers. « Chaque commande

est un défi où imagination pure et contraintes

publicitaires doivent s’équilibrer. Pour les MAN-

CA ou d’autres événements musicaux, l’enjeu

est de toucher au-delà de l’audience acquise. Il

faut inciter un autre public potentiel à franchir

le pas ! ». Un défi qui l’oblige souvent à briser

les carcans et les idées préconçues. Ce qui n’est

pas pour lui déplaire et rapproche son travail de

celui d’un artiste plasticien. D’ailleurs Philippe a

commencé l’an dernier pour son propre plaisir

une série de sculptures baptisées non sans hu-

mour « Les arts derniers ». Des masques réali-

sés avec des objets de récupération qui devien-

nent de fausses répliques de quelques-uns des

masques tribaux africains qu’il collectionne.

Une autre façon de jouer avec les codes de la

communication communautaire, mais cette

fois à sa source !

Visuels © p. hurst sauf mention autrement.

Om

© H Lagarde

Page 10: Artcotedazur N°13

© H Lagarde

E N V I L L E m O n A c O10

Alors que l’édition cinquan-

tenaire du Festival de Jazz

de Juan les Pins s’annonçait

fructueuse (elle confirmera

avec un record de fréquen-

tation jamais atteint, 80.4%

de spectateurs payants), que

le Sporting Summer Festival

battait son plein et que l’on

bouclait la programmation de

la 5ème édition du Monte Carlo

Jazz festival, nous avons ren-

contré Jean-René Palacio, un

directeur artistique bien trop

occupé cet été pour partir en

vacances !

Se retrouver aux commandes de Jazz à

Juan, c’est pendre le volant d’une ferrari ?

Mieux, c’est Noël en été ! quand on est

passionné de jazz et dans ce métier depuis

25 ans, comment ne pas rêver de program-

mer un festival qui a une telle histoire.

comment fait-on pour piloter trois festivals ?

C’est un rebond permanent, une machine in-

fernale selon ceux qui vivent à mes cotés. Mais

c’est passionnant car chacune de ces missions

est différente. Le Summer Festival se déroule

de Juillet à Aout sur un segment musical dif-

fèrent des deux autres. Jazz à Juan c’est une

jauge de trois mille personnes sous les étoiles,

alors que le Monte Carlo Jazz se déroule lui

en hiver sous les ors de la salle Garnier d’une

capacité de 500 places. En tant que Directeur

artistique du Groupe SBM, je suis heureux de

participer à un rapprochement entre la Princi-

pauté et Antibes et de pouvoir faire la preuve

qu’en créant des passerelles entre tous ces

festivals, on génère une véritable dynamique

pour le Sud-Est. En termes de programmation,

cela nous permet d’avoir plus de poids auprès

des agents et des musiciens.

c’est avec un autre grand festival que

tout a commencé pour vous ?

Je suis né en Algérie en 1953, quand nous

sommes arrivés en France en 1959 avec mes

parents, c’était à Vienne en Isère. Si je fais

aujourd’hui ce métier je le dois à ma rencontre

avec Jean-Paul Bouteiller le fondateur de Jazz à

Vienne, un festival qui fêtera ses trente ans en

2011. Grâce à lui je suis tombé dans la marmite

du jazz, moi qui venais de la planète rock !

le nouveau directeur artistique de Jazz à

Juan, un rocker ?

Je fais partie de cette génération qui a gran-

di avec les Stones et les Who, j’ai même gra-

touillé au fond d’un garage, puis le jazz m’a

rattrapé. Malgré une formation universitaire

classique, j’avais très envie de travailler dans

l’univers de la musique. étant un piètre musi-

cien, j’ai préféré faire travailler les autres.

cela fait combien de temps que ça dure ?

Je viens de la presse et des medias, je me

suis aussi occupé de gérer des spectacles

pour des salles de zénith. Puis il y a dix

ans j’ai pris un autre virage pour faire de la

programmation pure et dure.

Votre cote a monté en dix années ?

Ce qui est sûr c’est que ma passion pour la

musique n’a jamais varié. Et aujourd’hui on

m’a inoculé le virus de la Pinède Gould. C’est

un lieu habité, magique ! D’un coté la mer

de l’autre la scène, et une foule de souve-

nirs que je n’ai pas vécus personnellement

mais qui sont entrés dans la légende via les

disques, les livres, les photos et la télé qui a

débarqué ici avec Jean-Christophe Averty.

Qu’est-ce qui fait pour vous le succès

planétaire de Jazz à Juan ?

C’est le doyen des festivals européens.

quand j’étais enfant Juan était déjà culte.

On venait ici comme on allait à Salzbourg

pour Mozart. Claude Nobs a créé Montreux

après avoir vu Juan, il le dit lui-même. Juan

c’est Dizzy avec sa trompette les pieds dans

l’eau, mais c’est surtout un exceptionnel

travail de programmation entrepris notam-

ment grâce à Norbert Gamsohn, agent de

Ray Charles, dès 1973 et pendant 27 ans.

On est toujours venu ici pour découvrir des

talents, Juan a toujours placé la barre haute

dans ce domaine.

un demi siècle plus tard, est-ce encore

possible ?

C’est sûr que si vous espérez encore voir

Jean-rené Palaciod’un festival, l’autre !Il a succédé en 2010 à Harry Lapp à la direction de Jazz à Juan, 50ème du nom. Désormais à la barre de trois prestigieux rendez-vous musicaux Jean-René Palacio est devenu un chef d’orchestre de festival, incontournable !

Page 11: Artcotedazur N°13

m O n A c O E N V I L L E 11

Om

le quartet de Paul Desmond avec Dave

Brubeck cela va être difficile ! Mais le Jazz

n’est pas une musique morte. Loin s’en faut

! Il y a encore des interprètes fabuleux et de

nouveaux talents. Le Jazz se ressource, se

régénère avec l’air du temps. Notre travail

est d’arriver à faire le lien entre cet héritage

et la scène actuelle.

et avec un public qui a lui aussi évolué ?

Effectivement les attentes ont changé

même si on constate avec bonheur un re-

tour des festivaliers. Les gens aujourd’hui

veulent des stars. Le festival est devenu

« Crossover » évoluant entre la musique

populaire et le jazz qui est lui-même un

creuset qui brasse des influences diverses

comme le latino, le funk, la soul, le blues

et même les musiques de la méditerra-

née, on l’a vu cette année avec l’excellent

Avishaï Cohen.

peut-on encore créer la surprise sur une

pinède aussi « gâtée » ?

Il faut aller sur des courants différents.

Nous avons choisi cette année l’option

flamenco avec Paco de Lucia qui n’avait

jamais été invité ; offert à Marcus Miller

l’opportunité de jouer avec l’Orchestre

Philharmonique de Monte Carlo. Un projet

créé à Monaco mais qui ne s’était jamais

produit devant un grand public. Jazz à

Juan joue dans la cour des grands festivals

européens et américains. La mondialisa-

tion ne nous a pas épargnés, il faut évi-

ter de se marcher dessus. Plus que jamais

nous devons être novateurs, créatifs.

des pistes pour la prochaine édition ?

Dans ma tête on est déjà en 2011, mais

il est trop tôt pour en parler. Je suis riche

de l’expérience positive de ce jubilé, mais

qu’est-ce qu’on peut faire de mieux l’an

prochain, c’est ça l’angoisse du program-

mateur !

le monte carlo Jazz festival soufflera

cinq bougies du 23 au 27 novembre. com-

ment s’annonce ce millésime ?

C’est un beau bébé avec un livre d’or déjà

très enviable. Cette édition sera encore

plus ouverte que les précédentes, afin de

séduire un public encore plus large. Parmi

les invités : le saxophoniste David Sanborn

qui œuvra entre autres avec Marcus Miller

et le batteur Steve Gadd, le chanteur de

flamenco Diego el Cigala, deux fois lau-

réat des Latin Grammy Award, Gotan Pro-

ject qui revisite le tango de Carlos Gardel

à la mode électro et bien d’autres surpri-

ses dont un Off au Music Bar Le Moods

dès 18h00 !

© H Lagarde © courtesy Monte Carlo Jazz Festival

© courtesy Monte Carlo Jazz Festival

© H Lagarde© H Lagarde

© H Lagarde

photos du haut : Jazz à Juan : record d’affluence pour le cinquantenaire avec J. Redman et Marcus Miller !

À gauche : Pour Jean-René Palacio, Être directeur de Jazz à Juan, c’est Noël en été !

Au milieu : Dans les coulisses du Monte Carlo Jazz Festival : Jean-René Palacio aux côtés de Marcus Miller et de... Jean-Michel Jarre. Surprise ou crossover ? Mc Coy Tyner sur la scène de l’Opéra Garnier.Monte Carlo Jazz Festival 2009.

Page 12: Artcotedazur N°13

12 E N V I L L E V A l l A u r i S

Vallauris, depuis plusieurs siècles produit

une céramique mondialement connue. Si

depuis l’époque gallo-romaine, d’impor-

tants gisements d’argile réfractaire permettaient

de façonner briques, tuiles et pots, c’est aux

XVIIIème et XIXème siècles que l’activité a véritablement

pris son essor. De nombreuses fabriques ont vu le jour

développant une céramique traditionnelle essentielle-

ment culinaire. Les pignates, ustensiles de cuisson sim-

plement revêtus d’un engobe ou d’un vernis incolore, se

sont diversifiés en formes et en couleurs, puis se couvrant

d’émaux et de giclures qui caractérisera le style Vallauris.

La venue de Picasso en 1946 et ses créations vont révolutionner

l’image de la céramique qui rentre de plain-pied dans l’art de son

époque. Les céramistes contemporains présentés à cette Bienna-

le sont les dignes successeurs de l’approche et de la liberté que

Picasso a insufflées à ce medium.

L’extrême variété des œuvres rassemblées par yves Peltier montre

la richesse d’expression d’artistes issus de treize pays. Organisé en

trois grands thèmes (pas toujours évidents) : le Contenant, le Design,

la Céramique architecturale, sculptu-

rale ou conceptuelle, le concours a primé

trois artistes. Dans la section « Conte-

nant », la danoise Turi Heisselberg

Pedersen, pour ses vases en grès aux

formes épurées, un ravissement pour les

yeux. Dans la section « Design », le français

Mathieu Lehanneur a reçu le prix pour une su-

perbe pièce réalisée dans l’atelier de Claude

Aïello, un travail de transcription de la pyramide

des âges du Japon.

Dans la troisième section, l’anglais Andrew Burton

nous fait redécouvrir les briques de terre rouge qu’il utilise à échelle

réduite, nous réapprenant à regarder de plus près la richesse es-

thétique de nos murs travaillés par le temps. Le grand prix de la

ville de Vallauris a été décerné à un jeune artiste hollandais, yasser

Ballemans, pour sa proposition constructiviste.

La visite réjouissante de cette Biennale au Château et dans les diffé-

rents lieux de la ville permet de se rendre compte de la richesse, de

la diversité des tendances actuelles de la céramique contemporaine.

l a c r é at i o n c o n t e m p o r a i n e

en céramiqueLe médium céramique ne suffisant plus à caractériser cet art qui prend toute sa place dans la création contempo-raine, la Biennale de céramique de Vallauris s’est dotée d’une nouvelle appellation correspondant mieux aux en-jeux d’aujourd’hui : « Biennale Internationale de Vallauris, Création Contemporaine et Céramique ».

Ci-dessus :marc Alberghina Offrande, Faïence blan-che émaillée, 2009

flavie cournil Les Formes et les Couleurs, Porcelaine, 2009

Ci-contre (droite)mathieu lehanneurL’âge du Monde (Japon), Faïence émaillée, 2009

Ci-dessus :Brandhorst Museum de Munich, détail d’une façade

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13

Quelques bests : les tableaux-objets d’une simplicité déconcer-

tante et pleine de charme de Flavie Cournil

L’environnement créé par le japonais Satoru

Hoshino, une installation murale de 23 mètres

pour nous rappeler la puissance tellurique d’une

terre brûlée et explosive.

Les vases balustres affublés de béquilles,

de l’anglaise Amy Jayne Hughes, une approche

irrévérencieuse décalée et poétique des formes

classiques, une critique de l’artisanat fourvoyé

ou d’un certain académisme.

Les détournements de matières, objets ludi-

ques, d’apparence faussement décorative d’Ishtar

Johnson.

L’étonnante œuvre de Marc Alberghina tant

pour sa technicité que pour son sujet. Pour

« Offrande », il a dû façonner un à un les 206 os

du squelette humain qu’il a recouverts d’émaux

flamés, signés à l’or, caractéristiques du style

Vallauréen. Une offrande à des dieux obscurs ou

restes d’un festin anthropophage ? Son « Usine » à

l’architecture aussi constituée d’os humains nous

interroge sur la barbarie de notre destinée.

L’installation magistrale, énorme, de Dewar

et Gickel à la Chapelle de la Miséricorde : deux

hippopotames émergeant de leur boue grise de

kaolin (23 tonnes de terre et d’eau).

L’utilisation de la céramique pour le Brandhorst

Museum de Munich dont les façades sont consti-

tuées de pièces de céramique émaillée dont

les couleurs vibrent au soleil, sont là pour nous

rappeler que le temple d’Ischtar ou la mosquée

bleue d’Istamboul ont les façades couvertes de

mosaïque.

L’exposition « Gold’n Chromo », avec notam-

ment les œuvres de Soulages ou de Louise Bour-

geois démontre s’il en était besoin que l’art d’un

visionnaire se joue de tous les médias.

La technique doit être maî-trisée afin de mieux la dépas-ser. Inventer, oser, bousculer, transgresser, c’est la leçon à tirer du travail de Picasso à Vallauris.yves PeltierLe terme de « céramique contemporaine » associant pratiques artisanales et créa-teurs étant difficile à manier, yves Peltier, l’organisateur de cette Biennale, préfère parler simplement d’œuvres d’art contemporain. qu’ils soient artistes plasticiens, designers ou céramistes, les créateurs n’hésitent plus aujourd’hui à mêler la céramique à d’autres médias : peintures acryliques, mousses de polyuréthane, bois, etc. Les frontières se dissolvent et de nouveaux espaces sont in-vestis qui viennent bouscu-ler les approches artistiques classiques.L’arrivée d’yves Peltier à la direction de la Biennale a redynamisé l’image de Vallauris qui présente aujourd’hui le meilleur de la création céramique dans le monde.De nouveaux projets sont en cours, comme celui de lieux de résidence pour des créateurs où ils pourraient collaborer avec les fabriques historiques, perpétuant ainsi l’aventure de Vallauris avec les techniques issues du travail de la terre et du feu.

dewar et GickelSans titre, 2010

Ci-contre de haut en bas :

turi heisselberg pedersen, Baluster Vase, grès, 2009

Soulages, Vase, Porcelaine, 2000

Andrew Burton, Wall, terre cuite, 2009

AA

V A l l A u r i S E N V I L L E

© Courtesy Biennale Vallauris

Page 14: Artcotedazur N°13

14 E n V i l l E B I O T

Christine Carol Tabusso : “La femme 100 têtes”

Amazone, femme fatale, espionne en cavale, rockeuse gothique, la photographe plasticienne Christine Carol Tabusso brouille les pistes de l’identité sur fond de contre-culture et de romantisme noir.

Par quel bout prendre Christine Carol

Tabusso et de quelle couleur sont

réellement ses cheveux ? Christine

est à la fois candide et sophistiquée, directe

et insaisissable, une actrice sans scénar qui

s’invente des histoires ? On l’a vue sous bien

des visages et dans bien des rôles, face à

l’objectif. Un 6X7mm muni d’un déclen-

cheur à distance. Mais qui est réellement

celle qui est à la fois le photographe et son

modèle, l’artiste et sa muse ? Christine se

définît comme une plasticienne qui se sert

de l’image afin d’explorer la notion d’iden-

tité, qui surfe sur la crête des icones fémi-

nines (préfaçant lady Gaga) forte de la pen-

sée nietzschéenne : « le mythe et l’art, nés

d’un instinct fondamental et indompté en

l’homme, font ressembler la vie à un rêve où

tout est possible ». Christine a ainsi lâché la

bride à ses chimères créant un jeu de l’ego

ou plutôt un « Je » de lego tant les héroïnes

qu’elle incarne depuis plus de 15 ans ont

fait d’elle une sorte de « Dr. Jekyll and Sister

Hyde » qui revient toujours à son domicile.

Sortie de terre

le bercail, pour Christine c’est la bonne

ville de Biot. Christine est née à l’hôpi-

tal de la Fontone (Antibes) en 1968 mais

la maison qu’elle occupe sur la Place des

arts est la maison de famille. En dessous

se trouve encore l’ancien atelier de couture

que tenait sa grand-mère. Quant à ses ar-

rière-grands-parents ils arrivèrent à Biot en

1921 : « ils ont acheté le café de la poste

qu’ils ont transformé en Café cinéma. le

Café est à ce titre classé comme une des

première salles obscures de la région ». la

fiction semble donc inscrite dans les gènes

de Christine qui mettra le doigt dans l’en-

grenage à 14 ans quand son père lui offre

un appareil photo : « Je me suis inscrite au

photo-club de Biot où Marcel Taquet m’a

appris le métier de A à Z ». Après le Bac-

calauréat, direction la Villa Arson où elle

sortira cinq ans plus tard avec son diplôme

partageant la même promotion que Jean-

luc Verna et natacha lesueur, et, avec le

premier, le goût des subcultures et de la

transfiguration. Quant à la céramique et à

la poterie qui ont fait le renom de son villa-

ge natal, elle y échappera malgré une piste

toute tracée. « Ma mère artiste céramiste

avait une boutique à Biot. Mon grand-pè-

re qui tenait le café de la poste a même

acheté la poterie que l’artiste Van lith oc-

cupe aujourd’hui. Ma tante, elle, dirigeait

une usine de céramique. il y avait de la

poussière de terre partout ! Aux Beaux-arts

j’ai choisi de faire quelque chose de diffé-

rent et de plus propre », explique-t-elle en

riant.

Sortie de route

Son enfance sera également marquée par

sa mère qui chevauche une Harley David-

son quand elle n’est pas au volant d’une

Triumph cabriolet, mais aussi par David

Bowie « une des premières rock-star à fu-

sionner arts plastiques et rock en utilisant

le concept de personnages dans le champ

scénique ». Ainsi le premier avatar de

Christine sera une sorte d’égérie Badcave

« À la Villa Arson j’avais décidé de pren-

dre un modèle pour un shooting mais elle

n’est pas venue. Comme j’avais un studio

et un assistant sous la main, j’ai décidé de

poser moi-même ». C’est ainsi que naîtra

lisa Karoll, son double à l’instar de Marcel

Duchamp/ Rose Sélavy. « Ayant joué des

claviers dans un groupe de Rock, Dazzle

and Delight, qui s’est produit au Printemps

de Bourges en 1992 j’ai choisi de me servir

de la culture Rock gothique pour créer lisa

Karoll, une chanteuse pur produit post-

warholien ». Forte d’un album à son nom,

la Star labélisée Gothique est devenue peu

De gauche à droite et de haut en bas :

Errances (travaux en cours de l'artiste) - numérique et technique mixte - Tirage qui seront au format de 50 x 60 sur plexi - Juin – Juillet – Août 2010 © C.Tabusso

Thanatos - Ektachrome 6x7 – Tirage sur papier contre-collé sur support plastique. - 2006 - 60X80 © C.Tabusso

Lisa Karoll - 1998 - Argentique - Tirage sur Papier - Carte Postale – 10x15 © C.Tabusso

Série – Attente à la Caravelle - 2005 - Ektachrome 24x36 – Tirage sur papier contrecollé sur bois. © C.Tabusso

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B I O T E n V i l l E 15

OM

à peu un clone autonome. lisa Karoll ce

monstre qui plaît au point d’avoir ses fans

est l’enfant caché que Christine a eu avec

David Bowie : « lisa Jane c’est sa première

chanson et lewis Carroll, l’auteur d’Alice

au pays des Merveilles ». Après le trauma

du 11 septembre elle se met cette fois en

scène dans « l’attente à la Caravelle », sé-

rie présentée à Deauville lors d’une expo-

sition collective. Une série de 10 photos

« Story board » d’une fiction dont l’héroïne

est « laura Celli » et qui nous entraîne dans

ce qui pourrait être les premières séquen-

ces d’un polar des années 60, dont la cou-

leur a viré. Voyage au travers d’une histoire

où le spectateur invente lui-même une fin.

D’autre femmes fatales suivent : la mariée

au fusil, une amazone sortant d’une série B

des studios de la Hammer (Thanatos) une

Suzy Solidor revisitée le temps d’un hom-

mage à Cagnes-sur-Mer. Pour l’exposition

« icône », à la Salle Saint-Esprit de Valbon-

ne, Christine endosse en 2005 les habits

romantiques d’une courtisane. Plus récem-

ment c’est une icône de l’église de Biot

« Sainte Marie Madeleine » qui a inspiré cet-

te reine de la métamorphose qui travaille

actuellement sur des collages propulsant

ses personnages dans des décors virtuels.

Un travail qui vient d’être présenté à l’Es-

pace Magnan dans le cadre du Sept Off de

la photo à nice.

Mais si elle aime changer de visages Chris-

tine garde la tête sur les épaules : « Quand

on est artiste il ne faut jamais oublier d’où

l’on vient », explique celle qui est en charge

de la Galerie municipale des Bains Douche

à Antibes et s’investit depuis 2007 dans la

vie biotoise en tant que Conseillère munici-

pale déléguée à l’événementiel. Ainsi après

avoir créer la Fête des templiers, un évé-

nement culturel et populaire auquel parti-

cipe les artistes biotois, Christine a porté le

projet de ressusciter quarante ans après le

festival de musique « Popanalia » initié par

Jean-François Bizot (Fondateur d’Actuel et

de Radio nova). Un festival Pop qui s’est

déroulé avec succès en juillet dernier dans

la cour du Musée Fernand léger.

© H. lagarde

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16 E n V i l l E n I c E

Après l’Opéra de lyon, l’Opéra de Paris et le Théâtre du Châ-

telet, c’est à l’Opéra de nice que Jacques Hédouin déploie,

depuis le mois d’octobre 2009, ses compétences. « notre

ministre-maire, Christian Estrosi, m’a confié la mission de refonder

l’identité institutionnelle et le projet artistique de l’Opéra de nice,

précise-t-il. Après une période flamboyante où la programmation lyri-

que et symphonique était une référence, l’Opéra de nice a été moins

actif. À nous aujourd’hui de le redynamiser ». Et cela passe par une

politique d’ouverture. Ouverture du répertoire avec le choix de pré-

senter des œuvres majeures du répertoire français, italien, allemand

et russe, et parmi les sept titres prévus, deux qui n’ont jamais été

donnés à nice : Orlando Furioso de Vivaldi et l’Elixir d’amour de Do-

nizetti. Des chanteurs, chefs d’orchestre et metteurs en scène sont

également accueillis pour la première fois. « les Dialogues des Car-

mélites, de Francis Poulenc, du 7 au 16 octobre, n’ont pas été joués

à nice depuis 28 ans ! souligne Jacques Hédouin. Créée en italien à

la Scala de Milan en 1957, puis reprise au Palais Garnier en français

cinq mois plus tard, cette œuvre nous a semblé être l’œuvre idéale

pour commémorer le 150e anniversaire du rattachement de nice à

la France. Cette production du nederlandse Opera d’Amsterdam, en

avant-première française, sera l’occasion de recevoir pour la première

fois à nice le directeur Michel Plasson, le metteur en scène canadien

Robert Carsen et la jeune soprano Karen Vourc’h. Et les quatre autres

titres, Fidelio de Beethoven, la Cenerentola de Rossini, Boris Godou-

nov de Moussorgsky et Elektra de Strauss, n’ont pas été donnés de-

puis douze à quinze ans. Sans oublier le répertoire baroque auquel

nous souhaitons donner un nouvel essor ».

Attirer les jeunes

En ce qui concerne les concerts symphoniques, l’Orchestre Philhar-

monique de nice propose 120 rendez-vous musicaux, des grands

concerts symphoniques au ballet, en passant par la musique de

chambre. Sans oublier l’Ensemble Apostrophe qui fera découvrir au

public de belles pages du répertoire musical contemporain. « nous

initions par ailleurs de nouvelles collaborations avec l’Ensemble

Baroque de nice et l’Orchestre Régional Cannes Provence Alpes Côte

d’Azur », ajoute Jacques Hédouin. En outre, le Ballet de l’Opéra de

nice, sous l’appellation « Ballet nice Méditerranée » et l’impulsion

L’Opéra sous le signe de l’ouverture

Après une année de fonctionnement, la nouvelle équipe de l’Opéra de nice, avec Jacques Hédouin comme directeur général et Alain lanceron comme conseiller artistique, entend bien consolider ses acquis et s’ouvrir à de nouveaux univers. Sa programmation 2010-2011 en est un bel exemple : art lyrique, danse et musique symphonique seront au rendez-vous pour le plus grand bonheur des publics, de plus en plus larges.

Du grand spectacle en perspective !

Dernier spectacle du Ballet nice Méditerranée, "Marco Polo", donné au Théâtre de Verdure, et présenté en octobre prochain au Tnn. © D.Jaussein

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n I c E E n V i l l E 17

20102011

d’Eric Vu-An, propose quatre nouveaux programmes ouverts sur le

monde : Marco Polo, Don Quichotte, En sol, Création, The enveloppe

et Sylvia… Du grand spectacle en perspective !

l’ouverture, c’est aussi celle vers d’autres univers artistiques, avec

les « Passerelles méditerranéennes » qui, de la Turquie à la Grèce,

l’Algérie, l’italie et l’Espagne, proposent un voyage musical jalonné

de découvertes.

Autre ouverture importante : celle vers de nouveaux publics, et no-

tamment les jeunes. « il est grand temps de faire venir à l’Opéra des

publics non habituels », commente Jacques Hédouin. les « concerts

en famille du dimanche matin » d’une durée d’une heure à partir de

11h (7 euros pour les parents, gratuits pour les enfants), promettent

de jolis moment de surprise, avec du piano, du symphonique, du

lyrique, des ballets, des percussions et même du jazz… Autre opéra-

tion en direction des jeunes : « 1 000 collégiens et lycéens en soirée

à l’Opéra ». Au cours de la saison, une classe sera accueillie à chaque

représentation, quel que soit le spectacle, pour la très modique som-

me de 5 euros. les élèves auront droit aux meilleures places de 1ère et

2ème catégories. Quant aux étudiants, des places au tarif unique de 5

euros seront à leur disposition, dans la limite des places disponibles,

à toutes les représentations.

Enfin, l’Opéra de nice s’ouvre « hors les murs », avec des représenta-

tions au Conservatoire national à Rayonnement Régional, au Théâtre

national de nice, au Forum nice-nord, au Théâtre de la Photographie

et de l’image, au Musée national Marc Chagall ou encore à l’Espace

Magnan, mais aussi dans d’autres villes et villages du département,

grâce au soutien renouvelé du Conseil Général des Alpes-Maritimes.

Au total, l’Opéra de nice prévoit, pour sa saison 2010-2011, 40 % de

levers de rideau supplémentaire par rapport à l’année dernière. Et

avec cette volonté affichée d’ouverture, si vous n’allez pas à l’Opéra,

l’Opéra ira à vous !

Ballet "la Campanella" de Mancini donné en mai dernier à l'Opéra de nice. © D.Jaussein

FS

"Viva Verdi" de Cannito donné en mai dernier à l'Opéra. © D. Jaussein

Visuel du lancement de la saison 2010/2011 de l’Opéra de nice.

Page 18: Artcotedazur N°13

18 E n V i l l E A n T I B E S / c A n n E S / n I c E

Il y a d’abord la maman, l’emblématique Monette Candela, comédienne, fondatrice du Théâtre de la Marguerite, et son mari,

loulou, à qui l’on doit le nom de l’association simplement parce qu’il portait toujours une marguerite sur son chapeau. Aujourd’hui, il y a la fille, Fabienne, comédienne, metteur en scène, professeur, directrice artistique, long-temps soutenue par son mari Petit Jean. le fils aussi, Jean-Yves, musicien. Et Adrienne, la petite-fille, qui préfère orchestrer le son et la lumière plutôt que d’arpenter la scène. Mais la Marguerite a beaucoup d’autres enfants : un président, un conseil d’administration, les familles Aussel et Bourgade pour l’hé-bergement des comédiens, 150 élèves, cinq salariés, quatre professeurs, 60 bénévoles, sans oublier de nombreux partenaires… « la compagnie crée en moyenne trois spectacles par an, précise Fabienne Candela, directrice. On ne les joue pas forcément tous ! ici, les comédiens ne sont pas à demeure, ça va, ça vient. ils font souvent leurs débuts dans les cours enfants, c’est encourageant ».

Sur les routesTout est parti d’un tour de clef. Celui qui a fait démarrer pour la première fois le bus aména-gé par loulou, Monette, Fafa, Mitchum, Ged et autres compères, amitiés complices. Ça y est, ils étaient prêts à partir faire les clowns sur les chemins du monde. Peu de pays man-quent à leur palmarès de nez rouge !En 1976, la troupe itinérante officialise l’aventure et crée le Théâtre de la Margue-rite (association loi 1901). En 1977, c’est le premier Bœuf Théâtre, festival d’humour d’Antibes Juan-les-Pins, avec le Magic Circus

en programmation, rien que ça ! En 1990, pour abriter « le monde de Marguerite », la compagnie décide d’ouvrir dans le Vieil An-tibes le café-théâtre Scène sur Mer : un lieu de création, de représentations, de cours et de stages. En 1998, l’équipe organise, en mars, Femin’Arte Côte d’Azur, un festival qui décline les arts et l’humour au féminin : peinture, littérature, danse, musique, ciné-ma, poésie, théâtre, sculpture… Tout y est ! « Ce festival, c’est une envie de montrer des femmes tout en oubliant que ce sont des femmes. il y en a marre des réflexions sur les comédiennes, qu’on ne ferait pas sur les co-médiens ! Sans oublier le type de remarques que j’ai pu entendre dans une exposition : « c’est bien, elle peint comme un homme », comme si une femme n’était pas capable d’être une artiste à part entière ! ».

Un bœuf itinérant et flottantMais revenons à nos bœufs. En 1978, la pe-tite courette derrière les Arcades se trans-forme en Palais des Papes : pendrillons noirs, éclairages, sonorisation. les voisins, conciliants, sont invités. Et ce premier Bœuf Théâtre se déroule dans la plus totale mais la plus sympathique intimité. Florence Foresti,

Stéphane Guillon, noëlle Perna, Roland Ma-gdane, Anne Roumanoff, Gustave Parking, Clémentine Célarié ou encore le ch’ti… ils ont tous un point commun : ils sont passés, dans leurs débuts, par le Bœuf Théâtre ! Un mammifère qui a du flair et qui révèle les ta-lents, à n’en pas douter. « Depuis 2002, la programmation rayonne chaque année un peu plus dans les villes et villages voisins, souligne Fabienne Candela. Aujourd’hui, dix commune de la CASA participent au festival. Un bœuf itinérant, en quelque sorte ». Et en 2010, un nouveau temps fort au programme du Bœuf Théâtre : le festival flottant. Avec la troupe la Rumeur, la plage de la Gravette se transformera pour la première fois en théâtre de pleine mer !

A n t i b e s

Le Théâtre de la Marguerite et si on se faisait un bœuf ?Depuis 1977, le Théâtre de la Marguerite et sa joyeuse troupe se démènent pour amener au public les arts de la scène dans leur plus grande diversité. 33 ans, c’est aussi l’âge du plus ancien festival d’humour de France : le Bœuf Théâtre, qui se tient du 17 septembre au 2 octobre à Antibes et dans neuf villes de la Communauté d’agglomération Sophia-Antipolis. Un concert, un vernissage, deux expositions et quinze spectacles tout public se succèdent…

A r t s d e l a s c è n e

Côté cour et côté jardin !

FS

Au théâtre ce soir… En intérieur ou à l’extérieur, pour tout public ou plus exigeants, les arts de la scène sont bien présents dans le département des Alpes-Maritimes. nous avons choisi de présenter quatre troupes qui, de nice à Cannes, en passant par Antibes, revisitent les clowns, se promènent dans les jardins, explorent les nouvelles écritures ou organisent le plus ancien festival d’humour.

Compagnie la Rumeur, Sirène. © Courtesy Théâtre Marguerite

Fabienne Candela, Directrice © H. lagarde

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Cie AFAG Théâtre, la botte secrète de Dom Juan. © Courtesy Théâtre Marguerite

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A n T I B E S / c A n n E S / n I c E E n V i l l E

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C a n n e s

Compagnie la Berlue : Recherche clowns morts ou vifs !Comédien, metteur en scène et fondateur de la Compagnie la Berlue, Pierre Blain revisite le concept du clown sur le mode grinçant dès la rentrée avec la création d’Anatole F au Tnn.

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© H. lagarde

Mount, Posteux et Felde travaillent dans un bureau. Soudain Felde dit « Je m’en vais » et se pend. Dès lors

les deux autres vont s’apercevoir que leur collègue est plus intéressant mort que vivant. En jouant avec son cadavre ils redécouvriront même un nouveau sens à leur vie. le propos paraît morbide voire d’actualité mais Anatole F est une comédie écrite il y a 20 ans par Hervé Blutsch qui a sévi dans le registre de l’absurde. Une aubaine pour Pierre Blain et la compagnie la Berlue créée en 1997 à Saint-Etienne, installée à Cannes et soutenue par la Ville depuis 2004.

D’Argenton à cannesla vie vous réserve des surprises, Pierre un jeune normand de 37 ans en a fait les frais. En-fant il voulait devenir marchand de bonbons il fera des études scientifiques. Mais ayant pris goût au lycée à la magie des tréteaux il finira par intégrer à 18 ans le Conservatoire de Bordeaux puis celui de Saint-Étienne. Une rude école où il apprend le métier et « à al-ler chercher les gens là où ils sont : entre-prises, écoles, place publique ». Alors qu’il joue dans des pièces contemporaines, il est « récupéré » par le Centre Dramatique national de Saint-Étienne qui l’engage sur des spectacles maison dont deux avec Da-niel Benoin , « lucrèce Borgia » et « l’avare ». Mais très vite le comédien a envie de mise en scène. Et comme il aime la pluridisciplinarité, il pioche dans le nouveau cirque mélangeant avec bonheur le théâtre et les marionnettes (Scène de chasse en Bavière) puis Théâtre et danse pour « Gogo » avec la compagnie ni-çoise Reveida.

Des monstres d’humanité ?« Je suis arrivé naturellement au clown qui n’est pas celui du cirque, mais un clown plus moderne tel que le propose aujourd’hui des artistes comme ludor citrik ». Des clowns sans nez enfant de Chaplin/Charlot ou Tati/Hulot, qui parlent de nous sans avoir recours à des mots, des clowns imprévisibles, com-me les « Vladimir » et « Estragon » de Beckett.

« Mon clown n’est pas forcement pour les enfants, c’est un enfant lui-même qui dé-tourne les objets et les choses. il possède toute la palette de sentiments d’un enfant : colère, innocence, perversité, s’exprime vo-lontiers avec le corps ou par onomatopées.

« Bref c’est un être dépourvu de codes sociaux jouant sur l’effet d’attraction/ répulsion ».

la Cie la Berlue a ainsi réuni des comédiens qui ont développé leur propre entité de clowns, mais aussi leur talent de metteur en scène au fil des représentations : la naissance du jongleur (Dario Fo) le baiser de la veuve (Horowitz), et de spectacles d’appartement (Comme si tout avait un sens) en spectacle de bar (Jeu de massacre de ionesco). Pour Anatole F, nos trois clowns imprudents (Jonathan Gensburger, Magali Maria, Julien Storini) investiront (du 28 septembre au 3 octobre au Tnn) « un décor minimaliste transformable à l’envie à l’image de l’univers poétique de l’enfance » avant de se produire en 2011 au Forum Jacques Prévert (Carros), à la licorne (Cannes) et au Théâtre de Grasse.

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l'acteur bouffe d'après Dario Fo © n. Sternalski

Comme si tout avait un sens, Villa Cameline 2010 - © Yoan Boselli

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E n V i l l E A n T I B E S / c A n n E S / n I c E20

Née à nice en 1978 linda Blanchet se destine à une carrière de pianiste. Mais après 15 ans au CRR de nice,

elle contracte le virus de la scène. Une pas-sion qui l’amène à postuler après un pas-sage au Cours Florent pour l’université de Berkeley « où l’on peut étudier le théâtre de recherche ». De retour en 2004 tout s’accé-lère. la comédienne monte sur les planches du Tnn dans la pièce d’Alfredo Arias « Mère et fils ». Elle enchaînera les rôles devenant également l'assistante de metteurs en scène tels : Alfredo Arias, Pierre Pradinas, Daniel Benoin, Frédéric de Goldfiem, et Jacques Bel-lay. 2007 voit le baptême de sa Compagnie « Hanna R » avec une pièce de Martin Crimp, « Personne ne voit la vidéo », jouée au Tnn puis à Marseille à la criée. Sa rencontre avec l’écrivaine niçoise Claire legendre débouche l’année suivante sur l’adaptation au Tnn de son roman « Making Off ». En 2009, elle crée « l’air de rien », un spectacle jeune public en tournée dans 78 théâtres et établissements scolaires. « l’homme des plages » est le qua-trième volet d’une compagnie qui explore la narration pluridisciplinaire.

La comédie de l’effacementMais qui est cet homme des plages ? Un homo erectus qui se noie dans l’écume des jours, soumis à ce ressac qui inexorablement efface sur le sable toutes traces humaines de passage. Une fable moderne que linda a développée suite à la lecture du roman de Modiano « Rue des boutiques obscures » : « Cet homme avait passé quarante ans de sa vie sur des plages ou au bord de piscines, à deviser aimablement avec des estivants et de riches oisifs. Dans les coins et à l'arrière

plan de milliers de photos de vacances, il fi-gure en maillot de bain au milieu de groupes joyeux mais personne ne pourrait dire son nom et pourquoi il se trouve là. Et personne ne remarqua qu'un jour il avait disparu des photographies ». linda nourrissait le projet de travailler sur l’identité et la mémoire. À partir de ce personnage concept elle a bâti avec l’aide de Gabor Rassov (auteur, scéna-riste et metteur en scène) un récit en forme d’enquête sur le passé d’un homme, sorte de parabole de la condition humaine.

cabaret métaphysique « l’identité peut aussi se penser de manière épisodique, comme une succession de mi-cro-récits ». Et quelle meilleure forme que celle d’un cabaret dont le meneur serait am-nésique pour rassembler les fragments du puzzle. Pour mener à bien cette chronique d’une disparation annoncée, linda a invité le plasticien photographe Michel Coen à nour-rir sa scénographie de jeux d’images en di-rect. Une revue qui sera également ponctuée de sketchs d’Hanokh levin, de numéros de prestidigitation, de contes personnels des comédiens et d’une partition musicale signée Ezequiel Spucches (Pianiste et arrangeur d’Al-fredo Arias). « Parce que nous avons voulu que ce spectacle vivant soit aussi une ma-nière de résister, avec humour, aux hommes des plages que nous allons devenir ».

N i c e

Cie Hanna R : Qui est l’homme des plages ?la Compagnie Hanna R réunit, chorégraphes, comédiens et plasticiens autour des nouvelles écritures. Son dernier spectacle « l’homme des plages » joué au Tnn (du 16 au 22 octobre) aborde la perte d’identité sous la forme d’un étrange cabaret.

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linda Blanchet, Fondatrice de la Cie © H. lagarde

Making Of au Tnn Mars 2009 © Fraicher Matthey

Personne ne voit la vidéo au Tnn 2007 © Fraicher Matthey

Page 21: Artcotedazur N°13

A n T I B E S / c A n n E S / n I c E E n V i l l E

l’épopée des prés, des comédies jardinières. © Courtesy Compagnie Bal

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N i c e

Compagnie B.A.L. : déambulations au jardinle plus de légèreté possible, c’est l’envie qu’expriment la Compagnie B.A.l. et son fondateur, Thierry Vincent, au travers de leurs comédies jardinières.

FS

«Je viens de la campagne et j’aime par-ticulièrement le littré de la langue française, explique Thierry Vincent.

il y a beaucoup d’entrées sur la botanique, c’est un thème au vocabulaire luxuriant ». Un langage dont lui et les comédiens de la Compagnie B.A.l. sont gourmands, tout comme les enfants. « Jouer dans les jardins, c’est l’assurance d’aller vers un public nou-veau, pas les abonnés du théâtre, commente Thierry Vincent. nos spectacles ont plusieurs niveaux de lecture et les enfants font preu-ve d’une capacité de compréhension im-pressionnante. Cela va même au-delà de la compréhension. ils ont beaucoup d’instinct, c’est très poétique ». l’idée de jouer dans les jardins est venue alors que la troupe était en résidence au Monastère de Saorge pour écrire un spectacle. C’était la naissance des comédies jardinières. « Dans les jardins, les rapports entre les gens sont bien meilleurs : il y a quelque chose qui apaise. le mot « jar-din » veut dire paradis en persan, c’est un bon équilibre entre l’homme et la nature ». En outre, les gens qui travaillent dans les jardins sont des passionnés, comme Thierry Vincent et sa troupe. « ils sont aussi dans le concret, comme les gens de théâtre. Art et jardins font décidément bon ménage ».

Aller vers le publicUn art qui demande un jeu athlétique, « il faut aller vers le public », et sans faux-semblants. « impossible de jouer « snob » dans un jardin, on joue à vue, et avec la lumière, on la suit, la plus belle qui soit : celle du soleil de 19h ». « il faut aussi prendre en compte le sens du vent, le chant des oiseaux ou papillon qui se pose sur la main, renchérit Elodie Tampon-

lajarriette, comédienne de la troupe. Avant, le théâtre se jouait en extérieur. On renoue ainsi avec la tradition ».l’aventure a démarré en 2003 avec le livre de l’intranquillité, de Fernando Pessoa, au théâ-tre de nice. « Mon cou de poète dans mon col d’employé, tel est l’angle que nous avons adopté dans ce texte immense pour donner une unité au spectacle qui pourrait se nom-mer « Une journée dans la vie de Fernando Pessoa ». Essentiellement, nous avons voulu répondre à cette « demande d'être » qui fon-de l’intranquillité, souligne Thierry Vincent. Du livre au théâtre, quelque chose pourrait revenir à la lumière. intranquille, peut-être... mais vivant ». Une création reprise cet été dans le cadre de la nouvelle manifestation de la compagnie : les noctambules, à l’Amphi de « théâtre de plein air » de la Villa Arson. « nous avons voulu partager ce lieu et ces auteurs, car il y a aussi Charles Bukowski et Vincent Van Gogh, avec le plus de simplicité dans un théâtre à ciel ouvert, où la proximité des acteurs et du musicien garde intacte la présence de ces voix nocturnes sous le ciel étoilé ».

« Au son des guitares, des accords des oiseaux »la compagnie a également joué, pour la 4ème saison consécutive, le Tour de l’infini, dans les jardins des Alpes-Maritimes et du Var. « Au son des guitares, des accords des oiseaux, le spectateur-promeneur, en compagnie des acteurs et des musiciens, déambule entre les scènes et traverse une heure de théâtre. As-sis sur l’herbe, à l’ombre tutélaire des grands arbres. le temps prend une forme d’oasis, le monde urbain s’éloigne. Et le public parta-

ge, le temps d’une heure d’été, quelques instants dorés et festifs à l’écoute des éton-nantes fabulations de Pomone, Cérès et Pan, capricieuses divinités « bio » avant l’heure ».Puis est venue cet été l’Epopée des prés jouée le 18 septembre au Domaine du Rayol dans le cadre des Journées du Patrimoine :

« C'est l'histoire d'un festin où les Hommes sont les invités des Arbres.

Un déjeuner sur l'herbe.ni table, ni chaise (elles pourraient

être de bois). Si les uns se nourrissent de lumière et

d'eau fraîche,les hommes dévorent d'autres menus.leur gastronomie comparée finira pas

les faire sourire.Comment un arbre sourit-il ?

C'est à voir.On dirait qu'il ouvre ses branches

comme d'autres leurs bras.Et s'ils tombent c'est pour être

amoureux des mousses.En somme, nous nous ressemblons un

peu, à la folie, pas du tout ».

Pour sa dernière création, les Funambules, la Compagnie B.A.l. a fait appel à Monique lou-dières, étoile de l’Opéra de Paris, une artiste qui aime les métamorphoses. « En écrivant les Funambules, j'avais en tête trois fils : le texte théâtral, la danse et la musique, indi-que Thierry Vincent. Je voulais écrire une piè-ce qui tisse intimement ces trois arts. Dès les premières pages, il m'est apparu que la pièce allait vers un genre qui la rapprochait de la science-fiction. Et que les influences venaient de films et de livres tels que Farenheit 451 de Ray Bradbury adapté par François Truffaut et 1984 de George Orwell porté à l'écran par Michael Radford ». l’évasion de deux fem-mes qui devient une quête, un éloge de la légèreté, comme toujours avec la Compagnie B.A.l., en attendant les prochaines adapta-tions de Feydeau.

© H. lagarde

Page 22: Artcotedazur N°13

22 E n V i l l E S A I n T - P A U L D E V E n c E

C'est une histoire qui a commencé dans les années 60. Guy

Pieters créait ses premières galeries en Belgique. Puis

dans les années 80, il fait la connaissance de lieven De

Buck, passionné par l’art et gérant d’une société de photogravure.

Une amitié très forte se noue. « Chaque année, nous venions passer

une semaine de vacances à Cannes pour faire du golf avec des amis

collectionneurs, se souvient ce dernier. Une journée était consacrée

à la visite de Saint-Paul de Vence. Entre la Fondation Maeght et les

galeries, on prenait l’apéritif au Café de la Place ». lui-même collec-

tionneur, lieven De Buck travaillait dans son atelier de photogravure

avec de nombreux artistes, comme Appel ou Christo, venus faire

la sélection des couleurs pour leur catalogue. « Cela représentait à

peine 5 % du chiffre d’affaires mais c’était ma véritable passion ».

Ses parents possédaient un laboratoire photo, lieven De Buck a donc

baigné très jeune dans cet uni-

vers. En 1970, il crée sa propre

entreprise de photogravure et,

dans les années 80, son atelier

de 3 000 m2 emploie 100 per-

sonnes. Puis au fil de l’évolu-

tion des technologies, le travail

pouvait être fait plus vite, avec

moins de monde. le personnel

passe donc à 35 salariés. Plus

vite, oui, tout est allé trop vite,

avec le numérique. « Cela a

Galerie Guy Pieters :« fidèles à nos artistes »

implantée à Saint-Paul de Vence, sur le chemin de la Fondation Maeght, depuis maintenant 10 ans, la Galerie Guy Pieters se veut comme un espace d’exception pour les amateurs, collectionneurs et professionnels de l'art moderne et contemporain.

Andy Warhol - Arm an - Bernar Venet - César - Christo & Jeanne-Claude - Jan Fabre - Jean-Michel Folon - J ean-Pierre R aynaud - J im Dine - Cl aude & Fr ançois -Xav ier L al anne - Mimmo R otell a - N ik i de Sa int-Phalle - Pavlos - R auschenber g - R obert Comba s - R obert Indiana - R otr aut - Sa m Fr ancis - Sosno - V il leglé - Wim Delvoye - Y ves Kle in…

lieven De Buck (Directeur)

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23S A I n T - P A U L D E V E n c E E n V i l l E

ouvert d’énormes possibilités, mais on ne prend plus suffisamment

de temps pour la qualité », regrette lieven De Buck. il a donc fini par

fermer son entreprise, en 1998 : le métier disparaissait. « Je ne vou-

lais plus continuer dans un contexte où il fallait travailler de plus en

plus dur, livrer de plus en plus vite et où les prix étaient sans cesse

en baisse. Aujourd’hui, je ne veux même plus savoir ce qu’il se passe

sur le marché ».

Une passion devenue métier

Mais s’il a perdu son entreprise, lieven De Buck a gardé sa passion

pour l’art, qui allait devenir son deuxième métier. « En 1999, je suis

entré pour la deuxième fois dans la galerie d’Alexandre de la Salle,

qui voulait la vendre. J’ai dit à Guy Pieters de racheter le bâtiment et

que j’allais m’installer à Saint-Paul pour ouvrir la galerie ». Ce qui fut

fait en juin 2000. Agrandie et rénovée, elle compte aujourd’hui une

superficie de 750 m2 et un magnifique jardin de plus de 4 000 m2

entièrement dédié aux artistes. Quant au choix des artistes, la philo-

sophie maison est de rester fidèle à ceux faits par Guy Pieters il y a

35 ans : niki de Saint-Phalle, les nouveaux réalistes, puis Jan Fabre,

Folon, Wim Delvoye, Yves Klein… D’autres sont arrivés mais les pre-

miers sont restés. « le monde entier passe par Saint-Paul, observe

lieven De Buck. Et parmi les visiteurs, il y a de vrais collectionneurs à

la recherche de nos artistes bien cotés. Toutefois, les nouveaux réa-

listes étaient notre choix

à l’époque et pourtant ils

n’étaient pas bien cotés. il

se trouve que ce choix fut

le bon ». Aujourd’hui, la

galerie expose 80 pièces

et en conserve 250 dans

les réserves. Cette année 2010 a été marquée par l’ouverture d’une

nouvelle galerie à Paris, « c’était le bon moment pour nous », dans le

8e arrondissement. Cet été, et jusqu’au 30 septembre, toutes les ga-

leries Guy Pieters présentent une exposition sur le thème unique de la

« Collection Coups de cœur » de linda et Guy Pieters. « nous voulions

montrer de belles choses et ne pas faire une exposition « one man

show », souligne lieven De Buck. Mon coup de cœur à moi ? Toute la

sélection ! ». Mais la galerie n’est pas uniquement concentrée sur l’ex-

position : elle organise beaucoup d’événements au-dehors avec ses

artistes. « Ces derniers ont d’autres choses à dire qu’être simplement

exposés », estime lieven De Buck. Et ce n’est pas Christo ou Bernar

Venet qui diront le contraire… FS

Quelques œuvres d’artistes expo-sés à la Galerie et dans les jardins : Wim Delvoye, Robert indiana, Folon, niki de Saint Phalle, George Segal. Toutes photos © H. lagarde

Page 24: Artcotedazur N°13

24 l a v i e d e s a r t s F I G U R E D E L ’ A R T

Tu as fait le tour de l’art, touché à tout,

même été journaliste pour une revue d’art…

en fait je ne me suis jamais arrêté d’écrire,

c’est une démangeaison, je m’exprime en

parlant avec une toile, une performance, une

newsletter, il faut absolument que j’expulse

ce qui me turlupine sinon, je me sens frustré.

Ben à la scène est-il si éloigné que Ben

à la ville ?

Finalement on a une image de moi assez

correcte, si j’ai envie de parler de sexe, d’art

ou de politique, j’en parle. si j’ai envie d’at-

taquer, j’attaque. Mais je constate qu’avant

j’étais plus méchant, je donnais des un sur

dix facilement maintenant quand je donne

un trois sur dix je suis malheureux.

Une forme de sagesse avec l’âge ?

Je me suis rendu compte que c’est difficile

de juger, il faut abandonner la notion de

jugement. l’autre jour je me suis surpris,

j’ai acheté deux tableaux d’un artiste ni-

çois qui peignait des mimosas et exposait

aux jardins albert 1er. il avait une galerie

près de l’Hôtel Plazza. des centaines de toi-

les. Que des mimosas. À l’époque j’aurais

dit que ce type était le niveau le plus bas

de l’art, aujourd’hui je me dis que c’est

de l’art niçois (rires)… dans ma jeunesse

j’avais poussé la porte de sa galerie, je lui

ai dit « je voudrais exposer chez vous mais

moi je fais des bananes », il m’a répondu

« ce n’est pas possible, je ne fais que des

mimosas ». (rires)

Ta vision de l’art a changé ?

surtout mon regard critique. avant, Jean

Mas, personne ne voulait le prendre au sé-

rieux y compris moi-même. aujourd’hui je

me rends compte que dans l’histoire de l’art

à Nice, il fonctionne, je suis plus ouvert !

Tu ne penses pas que les courants étant

avant plus circonscrits, les attitudes

étaient beaucoup plus radicales.

À partir des années 80 les mouvements

ont fondu comme neige au soleil, pour-

quoi ? C’est une question que je me pose.

Strip-poker avec

Entretien chez Ben avec Olivier Marro

pour Art Côte d’Azur

août 2010

C’est au retour de sa première grande rétrospective au Musée d’art contempo-rain de lyon que nous avons rencontré Ben. Cinquante ans de création, un millier d’œuvres sur 3 000 m2. après un demi siècle de pieds de nez et de prises de tête, bilan des fouilles avec le plus niçois des artistes universels. © H lagarde

© H lagarde

Page 25: Artcotedazur N°13

25F I G U R E D E L ’ A R T l a v i e d e s a r t s

Je pense qu’avec le mondialisme, l’arrivée

des Chinois, on a commencé à accepter la

diversité culturelle, à la fois au niveau des

peuples mais aussi au niveau des artistes.

L’individualisme n’a-t-il pas participé

aussi à cette perte d’identité collective ?

l’opportunisme sûrement. On veut tous

exposer, être montrés à tout prix donc on

accepte plus facilement certains compro-

mis. des expositions se font aujourd’hui

qui avant n’auraient pas été envisagea-

bles.

Comment Ben arrive à Nice ?

J’ai beaucoup voyagé avec ma mère après

son divorce : Égypte turquie Grèce... Je

suis venu à Nice en 1949, j’ai beaucoup

hésité entre Paris et Nice mais nous nous

sommes établis ici parce que l’air de la mer

était bon pour ma sinusite. l’autre raison

c’est qu’ayant vécu à Naples, alexandrie,

athènes je n’ai jamais pu quitter la Médi-

terranée, j’ai besoin de la mer.

La pratique artistique t’est venue comment ?

C’est de famille, du côté paternel mon ar-

rière grand-père et grand-père étaient des

peintres officiels

suisses : un petit

tableau de mon

grand-père qui

s’appelait com-

me moi Benjamin

vautier vaut cinq fois plus qu’un Ben. Mon

père croyait savoir ce qui était beau, à table

on parlait de Picasso, pour ou contre.

Ta boutique est connue dans le monde,

mais il y a eu un Ben avant

À Nice j’ai commencé par travailler en

1956 à la librairie au Nain Bleu sur l’ave-

nue Jean Médecin en face du Patriote, au

rayon des livres d’art. Puis j’ai ouvert une

première boutique rue George ville où je

vendais des journaux, ensuite j’ai acheté

rue de l’escarène. en 1958 j’ai commencé

à y faire des expos à l’étage sur 15 m2 et

en bas je vendais des disques.

Ta première création ?

après le rond, le carré, je recherchais une

forme géométrique nouvelle, j’ai trouvé

la banane et réalisé une série de tableaux

sur ce thème. Mais Yves Klein et arman

Entretien chez Ben avec Olivier Marro

pour Art Côte d’Azur

août 2010

photos © H lagarde

Ci-dessus : Dieu, 1962, © Courtesy Ben À droite  sous la tonnelle de leur maison de saint Pancrace, Ben et annie son épouse© H. lagarde

J’ai tout signé, des trous, Dieu, des coups de pieds au cul. Ben © Courtesy Ben

Page 26: Artcotedazur N°13

26

sont passés à la boutique et m’ont dit les

bananes c’est fini, le monochrome c’est

plus fort ! On a une couleur, toi une paire

(rires). C’est comme ça que je suis ren-

tré dans l’esprit du nouveau réalisme, de

l’après duchamp. J’ai tout signé, des trous,

dieu, des coups de pieds au cul, on pou-

vait s’approprier le monde, c’était un peu

avant le manifeste de restany « À quarante

degrés sous dada », où il est dit que l’œu-

vre des nouveaux réalistes est de prendre

quelque chose dans le monde et de le ra-

mener dans l’art.

Comment le nouveau réalisme a fait flores ?

À Nice qui était un lieu de bouillonnement

plus qu’à Paris, tout s’est passé dans les

bistrots - le Provence, le Café de turin -, et

mon magasin. les groupes s’affrontaient,

les Figuratifs, les Nouveaux réalistes, l’ob-

jet état, les supports surface, la transfor-

mation de la matière état et Fluxus la vie

état. Quand on fermait le soir, on allait à

l’eden bar on discutait art, un jour Malaval

nous avait traité de fumistes parce que l’on

ne savait pas dessiner. Puis après lui il a

fait les aliments blancs ?

Et toi, quelle était ta position ?

Moi j’ai toujours dit ce qui compte c’est ce

qui est nouveau, on pouvait exposer chez

moi puis on débattait le pour et le contre,

tous sont venus à la boutique. À tel point

que le directeur de l’école d’art de Nice a

interdit à ses élèves de franchir ma porte.

viallat qui était prof a même été viré pour

avoir pris ma défense. J’étais un vrai danger,

je disais tout est art. tu peux prendre un ver-

re d’eau et le boire c’est de l’art, alors que les

élèves apprenaient à dessiner et peindre.

Le cinéma tu y es très attaché ?

J’aimerais beaucoup faire un film. Même la

nuit je rêve de cinéma. J’ai l’impression que

je pourrais dire des choses que je ne peux

pas dire en peinture. Pour le moment je me

sens incapable de maitriser la technique.

J’ai fait une tentative pour Catherine issert

« le non film », l’histoire de quelqu’un qui

n’arrive pas à faire son film comme dans

Huit et demi de Fellini. Je déteste la fiction

pure je préfère la mélanger à la réalité.

Je vais peut-être faire un docu-reportage

« l’Occitanie ke sa ko » ; demander à 200

personnes dans la rue « qu’est-ce que l’Oc-

citanie, est-ce que ça existe ? ».

D’où vient cet engagement pour les

cultures minoritaires ?

Je suis né à Naples, mon père était suisse,

ma mère occitane à moitié, sa famille étant

juive d’antibes, ma grand-mère mater-

nelle était irlandaise. donc je suis italien

avec du sang irlandais, occitan et suisse.

Mais tout est parti d’une discussion avec

François Fotan, fondateur du Parti natio-

naliste occitan et plus tard avec le Clézio.

Moi j’étais plutôt stalinien, universaliste :

On doit tous porter les mêmes vestes et

pantalons, croire à une seule vérité. Fon-

tan m’a dit les esquimaux ont plus de

cent mots pour dire neige et les dogon

pas un seul. J’ai compris l’importance de

la diversité. là où il y a un peuple, il y a

une langue et une culture. elles peuvent

disparaître avec les guerres, le colonia-

lisme, l’impérialisme, se bouffer l’une

l’autre, mais moi je préfère être du côté

de ceux qui sont pour préserver les dif-

férences. ici c’est l’occitan, je défends

l’idée que l’on puisse la pratiquer si on

le souhaite. Qui a dit que l’art contempo-

rain était réservé à un club d’une dizaine

d’ethnies dominantes ? C’est une erreur,

je crois à un monde de la diversité com-

me levi-strauss.

L’Occitanie a-t-elle été déjà assimilée ou

est-ce sa renaissance ?

C’est la question. en ce moment mon tra-

vail est partagé en trois tiers : les cultures

ethniques, l’avant-garde et le cinéma avec

lequel j’ai envie de parler des deux autres

sujets. tout est lié. la nouveauté c’est pri-

mordial, un peuple meurt quand il reste

bloqué, sur son folklore, ses traditions. À

Nice le renouveau occitan vient de gens

comme louis Pastorelli, Maurice Maubert,

thierry lagalla, Jean-luc sauvaigo...

Et l’Occitanie en 1960 ?

À l’époque du Nouveau réalisme c’était im-

possible arman ou Klein étaient obnubilés par

une seule chose : Paris, New York ! ( il crie)

Que penses-tu de Nice aujourd’hui ?

l a v i e d e s a r t s F I G U R E D E L ’ A R T

photos © H lagarde

Page 27: Artcotedazur N°13

27F I G U R E D E L ’ A R T l a v i e d e s a r t s

le MaMaC je lui ai donné un deux sur dix

il peut mieux faire, il doit s’ouvrir davantage

aux collectionneurs, pas seulement à Bernard

Massini, mais aussi à d’autres comme Mi-

chaux, Giovanelli, pour stimuler les collection-

neurs et remettre Nice dans le circuit. C’est ce

qui manque. des associations comme Botox

font avec leurs moyens ce qu’elles peuvent !

Les Abattoirs ?

J’ai peur des institutions publiques, gouver-

nementales qui, voulant faire de la culture,

font une mayonnaise où l’artiste disparaît

au profit du politique. J’ai été très déçu du

projet de la Halle spada, je m’attendais à ce

que ce vaste espace soit donné aux artistes

et je les retrouve dans des cages à lapins

avec un gardien et des horaires de bureau.

C’est un échec. les abattoirs c’est l’arlé-

sienne, on en parle mais rien ne se passe

vraiment, je crains que ce projet prenne le

même chemin.

Par manque d’argent ?

il n’est pas indispensable de dépenser des

fortunes, à New York dans les années 60,

tout a été fait par les artistes dans les ca-

fés, les lofts dowtown des friches. Mais

c’est vrai que c’était une autre époque, le

monde a changé depuis.

Les artistes sont plus individualistes ?

J’aimerais bien qu’ils le soient, qu’ils se

battent. ils attendent trop l’aide. Je me suis

engueulé avec un des envoyés culturels du

Gouvernement à l’espace de l’art Concret

quand je lui ai dit que j’étais d’accord pour

faire des économies, que l’État diminue

l’aide de 40 %. il m’a traité de poujadiste.

il ne m’a pas compris. Je pense que si l’art

redevient clandestin il y aura peut-être de

la vraie création. dada n’a jamais demandé

des subventions.

Où est passée la contre-culture en 2010 ?

la contre-culture est morte en 1980, mais

elle revient avec le septième art, des films,

depuis le film tarnation fait avec quatre

bouts de ficelles et une petite caméra vi-

déo. le cinéma qui était l’art le plus cher est

aujourd’hui le plus accessible, on peut tour-

ner avec son aPN ou une mini caméra numé-

rique (tout fier, il me montre sa dernière).

Tu sembles touché par l’immédiateté.

Ton concept de tableaux écriture est né

dans cet esprit ?

Je voulais que les gens puissent compren-

dre rapidement. au début c’était une écri-

ture bâton mais c’était compliqué il fallait

les faire réaliser par un peintre en lettres.

alors j’ai écrit moi-même. Mais je n’aime

pas quand on parle de mon graphisme,

pour moi l’essentiel c’est que le sens pas-

se.

Le concept a été inventé par Ben

Non malheureusement. Man ray l’avait

déjà utilisé. en 1956 Jasper Johns a fait en

même temps que moi intervenir l’écriture.

C’est arman qui m’en a parlé, je venais

de faire une écriture avec Coca-Cola. les

chinois bien avant s’en étaient servis dans

l’art. J’ai pris l’écriture comme cheval de

bataille mais je n’ai pas pu me l’approprier.

C’est comme si tu voulais garder le feu,

c’est un truc universel.

Tu en as fait en couleurs mais le noir et

blanc domine, pourquoi ?

Je suis daltonien, je ne vois pas la diffé-

rence entre marron et vert, les différences

entre les bleus.

Quid du bleu de Klein ? Pour moi c’est n’importe quel bleu, d’ailleurs la force de Klein ce n’est pas son spécial iKB mais c’est avoir été le premier artiste à dire en 1955 le mono-chrome est une œuvre art.

avant lui, alphonse allais avait fait « Un

combat de nègre dans un tunnel » et « Un

ciel bleu de Provence sans nuage » mais

cela n’avait pas été pris au sérieux. Klein a

dit je mets un point final à la figuration, à

l’abstraction avec une couleur unique.

Parlons performances, tu es un des plus

actifs dans ce domaine ?

J’attends avec impatience l’exposition pré-

parée sur ce sujet par Éric Mangion à la

villa arson. Je crois que cela a été repoussé

d’un an. C’est dommage.

La Côte d’Azur a été creuset dans ce

domaine ?

la performance c’est un grand panier, four-

re-tout. Un jour arman est venu chez moi

il était en colère après moi, il a pris un ta-

bouret et l’a cassé. il m’a dit je te fais une

colère. ses colères, c’est une œuvre ou une

performance ? Klein, ses femmes pinceaux

et les anthropométries, œuvres ou perfor-

mances ? en ce moment, il y a une mode de

la performance. tout a été fait sur la Côte

dans ce registre, je regrette juste qu’on ait

manqué une rencontre avec les lettristes

qui étaient descendus au Festival de Can-

Portrait Ben ©François Fernandez 2006photos © H lagarde

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28 l a v i e d e s a r t s F I G U R E D E L ’ A R T

nes pour la projection du « traité de bave

et d’éternité » d’isidore isou. Plus tard en

1963 j’étais sur la Croisette, je collais des

affiches « tout est cinéma », on me tape

sur l’épaule, c’était le jeune Guy débord, il

me dit « c’est bien ce que tu fais là ». Nous

sommes allés dans un bistrot, nous avons

bu un verre puis il s’est levé et m’a dit :

nous sommes suivis par la police ! silen-

ce… Qu’est ce qui est arrivé à Guy débord ?

il s’est suicidé ou il a été assassiné ?

Ça tombe bien que tu évoques ce sujet je

voulais justement parler de la parano...

(rires) Comme je ne crois pas à l’informa-

tion officielle je cherche d’autres explica-

tions au point que je me dis parfois, il doit

y avoir quelqu’un qui tire les ficelles. Un de

mes tableaux c’est « attention la culture

manipule ».

Le système économique, le cinquième

pouvoir, le sixième : l’art contemporain ?

... Je vois très bien quelqu’un dire aux affai-

res étrangères, il faut réagir on va envoyer

Buren au Japon, Boltanski en Chine. avant

on envoyait les marines maintenant on en-

voie les artistes (rires). en fin de compte

est-ce que c’est l’artiste qui compte ou le

pouvoir qui le soutient. tout d’un coup un

artiste accède à la gloire, on lui fait un mu-

sée… Qui tire les ficelles de l’art ?

La gloire et Ben, on en est où ?

Je vends en europe, surtout en italie et en

allemagne. la galerie lara vincy à Paris com-

mence à vendre aux anglo-saxons, les améri-

cains aime bien mes phrases en anglais.

Tu as commencé quand à écrire en

anglais ?

J’ai commencé avec le français, mais j’ai

quand même fait beaucoup des phrases

en anglais surtout à partir de 1964. C’est

ma seconde langue maternelle. Mais j’ai un

scoop pour toi ma prochaine expo sera uni-

quement en occitan, même si je sais que je

n’en vendrai pas une aux collectionneurs.

Elles seront traduites ?

Peut-être sur le cartel.

Pourquoi ne pas les faire réversibles un

coté en occitan, un autre en français ?

(rires) Pourquoi pas c’est une idée… (il ré-

fléchit) Non, ça serait tricher ? Quand on

joue au poker il faut savoir tricher, non ?

Tu joues au Poker ?

Non, mais si je savais tricher, j’y jouerais.

(rires) tiens, un dernier, un secret, le su-

per secret : Je n’aime pas Ben !

On aurait dû commencer par ça ! Le

bruit court que tu vas ouvrir une gale-

rie à Nice ?

Comme le bail qu’avait Bertrand Baraudou

à « espace à vendre » prend fin on a eu

envie de faire une galerie à deux. Une ex-

position sur quatre se fera à partir de ma

collection personnelle ou de ce que j’aime.

les autres avec ses artistes.

Vous avez déjà trouvé un lieu ?

deux locaux nous intéressent dont un qui

est un ancien marchand de meuble entre le

port et la place Garibaldi à Nice.

On parle aussi d’un Musée pour la col-

lection Ferrero ?

la Fondation de Ferrero, ils vont peut-être

la faire là où était la sous-station. Ferrero,

sa collection est un énorme foutoir, il faut

la présenter comme telle.

Voilà deux bonnes raisons pour rester

à Nice ?

Oui, on aura une nouvelle dynamique. il

faut réagir par rapport à Marseille, capitale

de la culture en 2013. OM

Ci-dessus à droite :Ben, je signe la vie

Ci-contre :Ben, La vie c’est 24 images secondes

photos : © Courtesy Ben

© H

lag

arde

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M O N A C O l a v i e d e s a r t s 29

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30 l a v i e d e s a r t s P H O T O G R A P H I E

En juin 1939 louis lumière n’arrivait pas en gare de la Ciotat mais

bien en gare de Cannes. il fallait être là pour fixer sur la pellicule

le premier Président de ce qui allait devenir le FiF (Festival interna-

tional du Film). il fallait être là pour couvrir une édition naissant dans le

bruit des bottes afin de contrer la Mostra de venise et sa « coupe Mus-

solini ». auguste traverso y était avec son 6X6mm. 63 éditions et quel-

ques milliers de clichés plus tard, c’est Gilles, son arrière-petit-fils qui a

pris la relève sur les marches les plus connues de la planète. saga…

Arrière grand-père, père et fils

C’est ainsi que commence pour cette famille la grande aventure

du festival mais pas celle de la photo, « car après avoir développé

des films pour un radiologue, auguste mon arrière-grand-père ouvrit

dès 1919 son atelier de photographie rue de Bône », explique Gilles

traverso aujourd’hui à la tête de la petite entreprise familiale qui

connaîtra son âge d’or de 1946 à la fin des années 70 sous l’égide

d’Henri son père. « Mon arrière-grand-père n’ayant eu que des filles

qui travaillèrent en labo ou à la boutique, on a sauté une généra-

tion mais nous n’avons manqué aucune édition du Festival ». C’est

aussi de cette dynastie que parle l’exposition « Memories & dreams

1919/2010 » présentée cet été au Palais des festivals. Partout où le

regard se pose vous êtes cernés par les stars. le paradis du ciné-

phile ! Gilles a pris cette fois quelques libertés, des tirages sur toiles et

PvC, du noir et blanc colorisé et un parterre fleuri de visages d’Orson

Welles à lennon sous les pieds du visiteur. Car le patrimoine traverso

depuis quinze ans est devenu une collection (1,7 million de négatifs

dont 348 000 sur le FiF) qui voyage, de New York à tokyo, de Milan à

londres, de Paris à lille. À Cannes elle fut présente notamment pour

les 50 et 60 ème anniversaires du festival. C’est lors de l’exposition

de 1996 pour les 50 bougies du FiF que serge toubiana des Cahiers

du cinéma séduit par ce prestigieux album de famille décide d’en

faire un ouvrage avec Gilles. « Ce n’est qu’à ce moment là que mon

père a pris vraiment la mesure de notre patrimoine ».

L’âge d’or de la Croisette

Un patrimoine cannois qui commence sous le règne d’auguste. Un

photographe qui ne s’est pas contenté de couvrir les premières sal-

ves du festival mais a également participé au lancement de la Côte

d’azur en tant que villégiature estivale. au début du siècle la sai-

son est encore hivernale et les bains de mer ne sont pas à la mode.

les médecins mettent en garde contre « les insolations sablonneu-

ses ». Quand, dans les années 20 les grands hôtels et les casinos

d’été s’élèvent en bordure de mer, on lance le rivage à coup de

filles en bikini qui posent devant le Martinez, le Miramar etc. la

culture balnéaire fait la Une. auguste écoule ses photos en bouti-

que, « il est un des premiers à avoir pu photographier vue d’avion

Cannes : Pas un festival sans Traverso !ils s’appellent auguste, Henri et Gilles, ils connaissent mieux que personne le Festival de Cannes et pour cause, depuis trois générations cette grande famille de photographes capture tout ce qui fait briller le rivage où pousse la palme d’or.

© H lagarde © H lagarde

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31P H O T O G R A P H I E l a v i e d e s a r t s

la baie de Cannes à la chambre. Une prouesse ! » , s’étonne encore

Gilles. il est aussi correspondant pour des revues comme « Ciné-

monde ». la concurrence se réduit alors à une poignée d’italiens

mais bientôt c’est le débarquement. Henri traverso, qui a appris le

métier dès l’âge de 16 ans avec son grand-père, devient à son tour

l’œil du FiF. « Quand mon père Henri a commencé en 1946 il n’y

avait qu’une dizaine de photographes contre 500 en 2010. C’est

la seule manifestation au monde où l’on nous voit sur les photos,

la seule où les photographes font partie du décor, de la légende »,

commente Gilles traverso qui est entré lui dans le grand bain à

l’âge de 19 ans. « Quand mon père a vu l’ancien Palais tomber, à

l’orée des années 80 il a préféré raccrocher ». Un repos mérité car

Henri n’a pas chômé. il a connu le passage du noir et blanc à la

couleur, l’âge d’or où les vedettes déambulaient sur la Croisette,

l’époque où Cinecitta rivalisait avec Hollywood, puis la nouvelle

vague. Bref à peine le temps de recharger son 24X36mm !

Le Bunker de la dernière rafale ?

dès les années 80 Gilles vivra lui l’ère du « Bunker » et de la mitraille

sur les marches, pour un sein qui se dévoile. exit les starlettes qui fai-

saient mousser l’écume. On s’effeuille sur tapis rouge, la Cicciolina

semblant confondre Palme d’or et Hot d’or. Pour Gilles les années

80 marquent un recul du glamour : « le palais se fait plus débraillé,

on cache les bijoux et autres signes extérieur de richesse ». avec

les années 90 la sécurité se durcit. et quand le numérique s’installe

mais surtout les téléphones portables avec « aPN » entre stars et

photographes la rupture est consommée. « le pire c’est qu’avec

le numérique les originaux ont disparu », confie Gilles qui débuta

en classant les précieux négatifs de Papa. Un autre contact se fait

rare, celui avec les vedettes. « Mon père avait le temps d’échanger

avec des actrices comme Michèle Morgan qui s’injectait du citron

dans les yeux pour les faire briller ou avec les belles italiennes. Henri

travaillait comme un artiste ». Pas d’abattage chez les traverso qui

œuvrent aux antipodes de la presse people actuelle préférant capter

un regard, une attitude, fournir de la matière « pour des articles

de retour ». Malgré des conditions moins favorables, Gilles a eu lui

aussi son lot de clichés rares et de souvenirs : la courtoisie de Jane

Fonda qu’il pourra suivre pendant toute une journée. isabelle adjani

qui le remercie de ne pas l’avoir flashée lors d’une soirée privée. il se

souvient aussi des show off d’alain delon, Gérard depardieu, et de

Philippe Noiret. « Malgré l’aspect business le Festival a réussi à main-

tenir un équilibre vital. artistes, professionnels, cannois et grand

public s’y retrouvent. le FiF continue de faire rêver, d’offrir une ma-

gie que l’on ne trouve nulle part ailleurs ! », conclut Gilles traverso,

troisième du nom dont la fille de dix ans « prendra la relève ou pas,

c’est à elle de choisir » !

© H lagarde

© H lagarde© H lagarde

OM

En haut Palais des Festivals dans les années 1960

En bas Orson Welles - expo Cannes 2010 andy, dis-moi oui ! Warhol et ses muses sur la Croisette

Kirk douglas à Cannes - 1966 Juliette Binoche à Cannes- 2010

© Courtesy Fonds traverso

© Courtesy Fonds traverso © Courtesy Fonds traverso

Page 32: Artcotedazur N°13

Jacques PelissierMon travail vient des gens que j’aime

Portrait de Julian schnabel en pâte à modeler, 160x120 cm.

Page 33: Artcotedazur N°13

33A R T I s T E l a v i e d e s a r t s

Comment est né votre travail sur la

pâte à modeler ?

Jacques Pelissier : le travail se fait sou-

vent d’accidents. il y a quatre ans, ma fille

était hospitalisée à lenval, à Nice. Nous

sommes descendus à la boutique de l’hô-

pital lui acheter de la pâte à modeler et j’ai

commencé à faire des petits personnages,

c’est venu tout naturellement. Puis j’ai com-

mencé à travailler, à les prendre en photo,

à créer des fonds et à agrandir leurs dimen-

sions jusqu’à en faire des tirages de 150

cm par 110 cm. Un accident, c’est comme

une rencontre. et parmi les rencontres les

plus importantes que j’ai faites dans ma

vie, il y a celle avec lola Gassin.

Lola Gassin, qu’avez-vous fait pour Jac-

ques Pelissier ?

Lola Gassin : À l’époque, cela faisait au

moins quatre ans qu’il peignait mais qu’il

ne montrait son travail à personne. Or, moi

j’avais envie de le montrer aux autres. Nous

étions en 1997, j’avais fermé ma galerie de

la rue de la terrasse mais j’ai décidé de la

rouvrir pour organiser une exposition du

travail de Jacques. la deuxième exposition

a eu lieu chez moi rue Maréchal Joffre, en

1999. et la troisième, ce sera également

chez moi, à partir du 29 octobre prochain !

là, il y aura des personnages de pâte à mo-

deler et des croquis.

Ces fameux croquis d’enfants sur les-

quels vous vous amusez à repeindre ?

Jacques Pelissier : Oui, comme pour la

pâte à modeler, c’est un univers qui me

parle, comme à un enfant autiste, vers le-

quel je vais spontanément et que j’arrive,

je l’espère, à faire parler.

Frédéric Allard : tu as une approche par-

lante dans ton travail. Ces personnages, tu

leur donnes vie. il y a une notion de regard

sur les personnages, c’est « ta patte ».

Jacques Pelissier : au départ, mes per-

sonnages ne sont pas plus grands que la

paume de la main. Puis je travaille avec un

appareil macro, donc on sort de l’échelle,

et on entre dans la matière. sans compter

qu’avec la pâte à modeler, on a le temps. Je

ne sais pas aller vite, de toute façon. Je dois

y revenir le lendemain, les refaçonner se-

lon l’émotion du moment. J’ai largement le

temps de penser à la personne que je suis

en train de faire. Je choisis généralement

des personnes dont j’aime le travail ou qui

ont une gueule.

Frédéric Allard : Ce sont des personnages qui

attendrissent. tu arrives à dégager l’amour

ou le respect que tu éprouves pour eux.

Jacques Pelissier : Oui, mon travail vient

des gens que j’aime. C’est comme les ren-

contres. Par exemple, Keisuke Matsushima

Jacques Pelissier peint, fait des croquis ou confectionne des petits personnages de pâte à modeler qu’il prend ensuite en photo pour les retravailler. assoiffé de rencontres, il se prend de passion pour les autres. le voici entouré de l’ancienne galeriste lola Gassin, du chef Keisuke Matsushima et du directeur du site vitrines-parisiennes.com, Frédéric allard, pour faire ce qu’il aime le plus au monde : échanger.

Propos recueillis par

Faustine Sappa

dessous : Jacques Pélissier et Keisuke Matsushima À droite de haut en bas : Jacques Pélissier Portrait de Keisuke Matsushima en pâte à modeler

Ci-dessus : lola Gassin

© H lagarde

© H lagarde

© H lagarde

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34 l a v i e d e s a r t s A R T I s T E

fait partie des gens que j’ai rencontrés et

que j’aime car il va au bout de sa passion.

Keisuke Matsushima : On pourrait faire

une exposition ensemble, un jour ! Je tra-

vaille avec les gens dont j’aime le travail.

en ce moment, au restaurant saison, j’ex-

pose shun Kawakami, un artiste-designer

qui joue sur la calligraphie japonaise, la

photo et le montage. shun est un artiste

complet qui s’inspire des cultures interna-

tionales, expérience qu’il a acquise en tra-

vaillant beaucoup en dehors du Japon.

Frédéric Allard : Une exposition avec Jac-

ques, ce serait une bonne idée. sur le site

des vitrines parisiennes, nous avons fait

des shootings avec des œuvres de Jacques,

deux portraits, et le jour même, 40 000 per-

sonnes sont venues voir la vitrine en ques-

tion. Un vrai succès ! J’adore mélanger art

et mode, car il y a un sens artistique dans

la mode, avec le travail des créatrices et des

stylistes. Une manière de démocratiser la

mode. Nous allons d’ailleurs bientôt créer

des séries avec des œuvres avec la possibi-

lité de les acheter en ligne.

Jacques Pelissier : il y a beaucoup de choses

à faire à Nice, car c’est une ville exceptionnelle,

avec de nombreux artistes de talent. Mais il y a

aussi une grande force d’inertie. il faut se bat-

tre pour qu’il se passe quelque chose.

On a pu le voir avec l’exemple de la

foire Art Jonction…

Lola Gassin : Oui, art Jonction a duré 15

ans, jusqu’en 2001, puis la ville s’en est dé-

sintéressée. C’était pourtant une belle aven-

ture. au départ, nous l’avions créé pour ac-

compagner le développement des galeries.

le problème à Nice, c’est qu’il y a de bons

artistes mais que cela ne fonctionne pas

commercialement. Or, l’art est une affaire.

Frédéric Allard : Oui, c’est une histoire de

complémentarité, et il faut l’accepter.

Keisuke Matsushima : Jacques, tu as be-

soin de marketing ! le poisson, il faut aller

le chercher !

Jacques Pelissier : Cela viendra quand ça

viendra !

Keisuke Matsushima : À tokyo, j’ai créé

une association, Plus art Club, qui a pour

but d’aider les jeunes artistes à trouver des

financements. Car sans argent, les créa-

teurs ne peuvent rien faire. Moi, j’ai appris

à être créateur, grâce aux personnes qui

m’y ont poussé. C’est donc ma manière de

redonner. et le restaurant, c’est la même

histoire : c’est un endroit où l’on se ren-

contre, idéal pour les artistes !

Jacques Pelissier : Cela me rappelle une

phrase de ma grand-mère : « le non tu l’as,

le oui, tu le cherches ». et cette rencontre,

très importante pour moi : un jour, j’étais

dans un café à saint-Germain-des-Prés, et

je vois Catherine deneuve. Je suis allé lui

parler, avec mon book, pour lui montrer

mon travail. trois mois plus tard, elle m’a

appelé et j’ai fait le portrait de ses petits-

enfants. aujourd’hui, j’ai la même démar-

che. Je ne me précipite pas, j’attends le

bon moment : celui de rencontrer les bon-

nes personnes. Fs

Ci-dessus Portrait de Basquiat en pâte à modeler

dessous :  de gauche à droite, Frédéric allard, lola Gassin, Keisuke Matsushima, Jacques Pélissier

Ci-dessus Portrait de Basquiat en pâte à modeler

© H lagarde

Page 35: Artcotedazur N°13

M O N A C O l a v i e d e s a r t s 35

Violons deLeg ende

11 >23 sept.L E S P L U S B E L L E S “Â M E S ” D E L A M U S I Q U Ejouées par T. PAPAVRAMI (11/9) G. MOURJA (14/9) M. KAMIO (16/09) Y.J.S. HOU (19/9) Quatuor THYMOS,

R. DAUGAREIL (21/9) L. KORCIA (23/9) racontées par A. PEYRÈGNE • Direction M. DESJARDINS

Concerts suivis de cocktails-dînatoires et dîners* en présence des artistes, dans des lieux prestigieux.Exposit ion Musigraphique : rétrospect ive “d’aff iches mus ica les” de 1999 à 2010 du graphiste/aff ich is te Phi l ippe Hurst

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D E B E A U L I E U - S U R - M E R& S A I N T - J E A N - C A P - F E R R A T

VDL Art Cd'A 2010 3/08/10 10:52 Page 1

Page 36: Artcotedazur N°13

l a v i e d e s a r t s C O L L E C T I O N N E U R36

Dans sa maison du Cannet, qui fut cel-

le de l’auteur victorien sardou, anny

Courtade dit avoir accumulé 35 ans

de coups de cœur. là un Matisse, ici un César,

là-bas un dessin de Bonnard… l’art est pré-

sent partout. elle parle de sa passion comme

un enfant qui apprend la vie, sans jamais vrai-

ment assouvir sa soif du travail des artistes

qu’elle admire tant. « le 18 septembre, nous

avons inauguré une chapelle du 12ème siècle

à Flayosc, entièrement refaite par mon ami

l’architecte Jean-Michel Wilmotte. C’est dans

la plus ancienne commanderie des templiers

de Provence. au-dessus se trouve une maison

ultra contemporaine… » elle est intarissable.

« en octobre, je vais offrir au nouvel hôpital de

Cannes une sculpture de Bernar venet de 11

mètres de haut, poursuit-elle. s’élevant vers

le ciel, elle symbolise l’espoir. C’est un beau

cadeau offert aux malades, toujours en situa-

tion de faiblesse quand ils sont à l’hôpital,

que cette vision esthétique quand on entre

dans l’établissement ». directrice du super-

marché leclerc du Cannet, présidente de la

centrale d’achats du sud-est lecasud, et prési-

dente du racing Club de Cannes, entre autres

mandats, anny Courtade a propulsé l’équipe

de volley-ball féminin au rang de champion de

France et d’europe. Présidente de l’Orches-

tre régional Cannes Provence Côte d’azur,

administratrice du Château de villeneuve à

vence et administratrice de la seaa Fonda-

tion Maeght, elle s’implique aussi dans des

activités très éloignées de ses préoccupations

quotidiennes de femme chef d’entreprise.

Supplément d’âme

« rien ne me destinait à avoir des affinités

avec l’art », confie-t-elle. Fille de mineurs

toscans très pauvres venues en France pour

« casser des cailloux », anny Courtade est

orpheline de mère à 2 ans et perd son père,

qu’elle a peu connu, à l’âge de 16 ans. dans

l’intervalle, elle est éduquée par sa grand-mè-

re. repérée par son institutrice qui la pousse à

poursuivre ses études, celle qui était destinée

à faire la bonne à tout faire devint professeur

de lettres, avant de découvrir l’univers de la

grande distribution lors d’un stage dans un

supermarché géré par une amie. « dans la vie,

il faut savoir s’élever. et cela passe aussi par

les rencontres. J’ai eu par exemple la chance

de faire la connaissance d’adrien Maeght,

qui est un ami intime depuis maintenant 20

ans, Jean-Michel Wilmotte, Philippe Bender…

Beaucoup d’artistes sont devenus mes amis.

C’est à leur contact que je nourris ma pas-

sion pour l’art ». Présidente de l’Orchestre

régional Cannes Provence Côte d’azur, elle

tient un rôle des plus difficiles : celui de la

gestion. « C’est un orchestre magnifique, avec

une cinquantaine de musiciens qui mettent en

valeur une forme d’expression de l’âme qui

reflète l’intime de chacun. Mon rôle consiste

à faire en sorte que cela puisse exister. C’est

un grand bonheur que de pouvoir donner aux

autres un choc émotionnel que l’on partage

en écoutant de la musique ou en regardant

une peinture. On passe notre vie à livrer des

batailles pour tenter de tout gérer. Ces mo-

ments sont un vrai supplément d’âme ». au

Château de villeneuve, à vence, elle fait partie

du bureau. Mais si elle donne parfois son avis

sur le programme artistique, elle sait que les

rôles de chacun sont bien définis. « Chacun

son métier ! le mien, c’est la gestion ». Y com-

pris dans la chose artistique. et si « le hasard

profite aux esprits préparés », comme elle

aime à le répéter en citant louis Pasteur, elle

clame que dans la vie, il faut avoir de l’audace,

que la chance est un alibi car il faut aussi avoir

la volonté de faire. « la vie est une succes-

sion de portillons. il faut savoir se remettre en

question et être capable de s’ouvrir au chan-

gement ». À la Fondation Maeght, celle qui

« aime les aventures » tient aussi un rôle de

gestion. Un endroit « miraculeux » où, dans

une architecture qu’elle juge intemporelle,

voire éternelle, elle peut écouter des heures

durant adrien Maeght lui raconter des anecdo-

anny Courtade est une femme d’affaires active, à l’emploi du temps surchargé. active, elle l’est aussi dans le domaine de l’art, au service duquel elle met son expérience de gestionnaire, en s’impliquant dans différentes structures artistiques. l’art, on le retrouve jusque chez elle, où les murs sont remplis des œuvres qui l’ont émue au fil de ses rencontres.

Anny CourtadeL’art,

ce sont les rencontres

qui ont jalonné ma vie.

Page 37: Artcotedazur N°13

37C O L L E C T I O N N E U R l a v i e d e s a r t s

tes vécues avec Matisse, Chagall ou Giacomet-

ti, qu’il a bien connus. Matisse et Chagall, que

l’on retrouve sur les murs de la maison du

Cannet. « Un jour, lors d’une réunion du bu-

reau du Château de villeneuve, sœur Jacques

Marie, qui avait été modèle de Matisse, avait

un air triste, se souvient anny Courtade. il lui

manquait des financements pour terminer les

travaux de la nouvelle aile de la Chapelle Matis-

se, à vence, où sont aujourd’hui exposées les

chasubles et les maquettes des autres projets.

elle voulait vendre 7 œuvres de Matisse mais

à quelqu’un qui ne ferait pas de spéculation.

Je lui ai dit que j’avais trouvé quelqu’un, qui

s’engageait de surcroît à laisser les œuvres en

exposition pendant 3 ans au Château. C’était

moi. » elle ne se vit pas pour autant comme

un mécène. « Je m’occupe simplement des

choses pour qu’elles puissent perdurer ». Un

exemple de rencontres qui ont jalonné la vie

d’anny Courtade. rencontres avec les œuvres,

aussi. « Mon premier tableau, c’est ce Picabia

que j’ai acheté il y a 35 ans, à crédit, alors

que j’étais fauchée comme les blés. Mais je ne

pouvais pas vivre sans ce tableau ». arman,

César et viallat achetés à la vente de l’École

de Nice, une collection de le Basque, un buste

de Mayol, des chevaux datant de 1 000 ans

avant J.C., Hambourg, Picasso, des Gasirowski

et un lustre du 18ème siècle dans la cuisine…

« ici sont rassemblés mes secrets, mes souve-

nirs de voyages ».

Partager le gâteau

anny Courtade est aussi une collectionneuse

de livres. elle en possède des rarissimes. Fan

de saint-exupéry, elle a acheté aux enchères

une empreinte originale de la main gauche

de l’auteur. elle la regarde comme un trésor.

« Je la garde pour mes enfants. l’art, c’est le

partage de l’émotion. Cela n’a aucun intérêt

d’être devant un gâteau et de le manger tout

seul ». dessins de Miro et textes de Prévert,

exemplaires originaux du Petit Prince, la Bi-

ble illustrée par Chagall, une correspondance

de Pierre Bonnard et Giacometti… « Ces mo-

ments d’émotion à la vue de ces chefs-d’œuvre

valent toutes les expositions du monde ». ici,

une tapisserie d’aubusson achetée à crédit,

qu’elle avait roulé dans son deux-pièces en at-

tendant d’avoir la grande maison qui lui per-

mettrait de l’exposer. « il fallait pouvoir vivre

des rêves… ». là une collection de dessins de

derain, Marie laurencin, Bonnard, Cocteau…

« les dessins, c’est mon grave défaut, il y en

a partout ! ». très éclectique dans ses goûts,

anny Courtade a décidé de regrouper ses œu-

vres dans un appartement sur la Croisette, au

design très zen et contemporain imaginé par

Jean-Michel Wilmotte. « tout l’inverse d’ici !

Mais la vie n’est-elle pas faite de contrastes ? ».

anny Courtade ne revend jamais rien. elle

achète parce qu’elle a été émue. et son nou-

veau terrain de jeu, c’est la photographie noir

et blanc, « un mode d’expression très beau ».

elle en possède de Chanel, de saint-exupéry…

« de toute façon, je n’ai plus de place sur les

murs pour accrocher des tableaux ! »

Ces moments d'émotion à la vue des chefs-d'œuvre valent

toutes les expositions du monde.

FS

toutes photos © H. lagarde

Page 38: Artcotedazur N°13

l a v i e d e s a r t s C O L L E C T I O N N E U R38

Aujourd’hui à la tête de deux galeries (Paris, New York) Yvon

lambert s’est constitué une collection de cœur qui a anticipé

sur l’émergence de nombreux talents actuels au point que

l’on a pu le qualifier de galeriste « révélateur ». en 2000 à l’occasion

des célébrations « avignon, capitale européenne de la culture » sa

collection si enviée s’installa dans un ancien hôtel particulier (Hôtel

de Caumont) en vue d’une donation future. 300 œuvres venant d’ar-

tistes aussi différents que donal Judd, daniel Buren, dennis Oppen-

heim, Julian schnabel, Jean-Michel Basquiat, douglas Gordon, Bertrand

lavier et couvrant 50 années de passion ont constitué un premier

fonds remarquable. « l’état n’avait pas eu de collection si riche en qua-

lité et en nombre depuis la célèbre donation Picasso dans les années

70 » souligna l’expert nommé par le Ministère de la Culture. C’est à

partir de cette prestigieuse réserve de 1200 références que bon nom-

bre d’expositions hors les murs ont vu le jour : « Blooming » en 2007

qui a permis de faire découvrir le peintre Cy twombly, celles dédiées à

sol leWitt, à Nan Goldin (au Musée d’art contemporain de Montréal en

2003), à robert Comas à tarascon. sans oublier celle consacrée depuis

cet été à Miquel Barceló au cœur de la cité papale, afin de célébrer les

dix ans d’activité de la collection lambert en avignon. Une collection

qui a investi dans le même temps le Château de villeneuve (jusqu’ au

31 octobre) marquant le retour aux sources de l’enfant du pays.

Vence, Paris, New York

enfant Yvon lambert, entendait parler de renoir, Matisse et de Chagall

« qui se promenait à vence dont les rues lui rappelaient son village

natal ». autant de figures qui suscitèrent sa vocation. issu d’une famille

peu portée sur l’art plastique (sa mère tenait une épicerie, son père fut

chauffeur de taxi), Yvon se forme en dévorant des revues d’art puis en

visitant les musées. À 14 ans, avec son premier salaire, il acquiert sa

première œuvre, un tableau d’un post-impressionniste anglais repré-

sentant une rue de vence. Quelques années plus tard, en 1962 avec le

soutien de ses parents il ouvre sa galerie Place du grand Jardin. C’est

Jean Cocteau qui dessinera le carton d’invitation de l’exposition inau-

gurale « dessins de Modigliani à Picasso ». Par la suite, Yvon exposera

des artistes comme auguste Chabaud, rencontrera des créateurs tel

robert Malaval installé à vence et à qui il achète des pièces. très vite

il s’ennuie. les artistes de l’École de Nice, ne sont pas sa tasse de thé.

Yvon lambert rêve d’ailleurs, il sent que le vent a tourné, qu’il souffle

de l’amérique avec les prémices de l’art minimal, l’art conceptuel, le

land art qui représentent les piliers de sa collection. « au bout de trois

ans je suis monté à Paris. J'ai commencé dans une petite galerie à

saint-Germain où j'ai invité des artistes à tendance « géométrique »,

j’ai déménagé pour pouvoir montrer des artistes d’avant garde, com-

me sol le Witt, tony smith, etc. ». après être resté huit ans près du

Yvon LambertLa Collection vue de Vence YL

Yvon lambert lors du vernissage de l’exposition au Château de vence, avec le conserva-teur Zia Mirabdolbaghi © O.Marro

Christian Boltanski – Monument Odessa, 1989. © O.Marro

Nan Goldin - Guido on the dock, venice, 1998. © O.Marro

Page 39: Artcotedazur N°13

YL39C O L L E C T I O N N E U R l a v i e d e s a r t s

Centre Pompidou, il s’installe en 1986 dans le Marais. en 2003 il ouvre

une galerie à New York. Pour lui l’activité de galeriste et de collection-

neur participe à un même engagement : « Pendant toute une période,

j’ai acheté de façon quasi exclusive des œuvres que je montrais à la

galerie et il en est encore ainsi aujourd’hui. la plupart des artistes que

j’ai exposés et vendus sont présents dans ma collection ».

Un parcours en autoportraits

C’est cette collection passion qui se raconte en 120 œuvres au Château

de villeneuve. de l’effervescence des sixties à nos jours, de Matisse

à Barceló, de duffy à loris Greaud, le plus jeune (30 ans) car Yvon

lambert s’est toujours tourné vers la création en devenir. Ce parcours

construit comme un dialogue intime entre le collectionneur, la Fonda-

tion emile Hugues et sa ville natale, se révèle grâce aux « touches per-

sonnelles » qu’il a souhaité apporter au fil d’une scénographie réalisée

avec eric Mézil (Commissaire) et le Conservateur Zia Mirabdolbaghi.

« Pour la première fois nous avons ouvert l’intégralité du Château y

compris une salle au rez-de-chaussée qui fut jadis l’atelier de vermi-

cellier que tenait son arrière-grand-père » explique ce dernier. dans

cette salle historique (le grand père d’Yvon naquit à coté, où se trouve

aujourd’hui la librairie du Château) ont été réunis entres autres pièces :

Une peinture sur bois de Basquiat et ses fameux sabots dessinés/

tagués, une toile de Combas dédiée au patron de la ville saint

lambert, ainsi qu’une maquette de sol leWitt pour la chapelle de ven-

ce. Car Yvon lambert était revenu officiellement au Château de ville-

neuve en 1994 pour ce projet qui avorta. Plus discrètement chaque été

il revient dans sa maison familiale où il reçoit avec sa sœur Collette ses

amis artistes Nan Goldin, douglas Gordon et tant d’autres. C’est ce lien

inextinguible qu’évoque ce parcours articulé en cabinets thématiques

comme autant de facettes du galeriste. Portrait de l’homme fasciné

par la mythologie et le sacré, du Christ noir de serrano au Monument

à Odessa de Boltanski, par la modernité tel l’hommage à Cézanne –

« Notre Père à tous » disait Picasso - à travers la Montagne sainte victoi-

re changée en installation par Guilio Paolini. Portrait du collectionneur

féru de photos comme en témoigne l’étrange faune de Nan Goldin,

les portraits d’artistes (brulés) de douglass Gordon ou posant comme

en avignon d’andrés serrano. sans oublier ce cliché insensé montrant

Gilbert & Georges couchés côte à côte dans le lit de Federico García

lorca. Portrait de l’adepte du minimalisme et du bibliophile amoureux

de l’écriture. Portrait d’un passionné qui a continué à relier l’art le plus

antique avec l’art le plus conceptuel, a entrelacé son enfance vençoise

à celle du grand voyageur collectionneur qu’il est devenu. OM

dans le cadre de son cycle « regards sur les collections »,

le Château de villeneuve s’ouvre depuis cet été sur

la collection lambert. Yvon lambert, un galeriste qui

vit le jour à vence et y fit ses débuts avant d’occuper

cinquante ans plus tard le devant de la scène de l’art

contemporain.

andres serrano – la comédie française - 42 portraits, 2007. © O.Marro

© O.Marro

Page 40: Artcotedazur N°13

l a v i e d e s a r t s A R T I S T E40

Entre humour, dérision et pointe au cœur, Pierre Pinoncelli était

ce soir-là, le 7 juin dernier, tout de noir vêtu, et arborait un

masque de mort. trois grosses têtes du Carnaval étaient éga-

lement recouvertes de draps noirs : une tête de bébé, de grenouille et

de requin allaient ensuite apparaître tout en couleurs, comme l’artiste,

« comme un papillon sortant de sa chrysalide », commente-t-il. après

avoir dicté les 30 noms des artistes de l’École de Nice, il les a taggués

sur les grotesques, comme on écrit une liste de noms sur un monu-

ment aux morts. réapparu en toutankhamon, Pierre Pinoncelli revê-

tit ensuite une chemise blanche tachée de rouge où l’on pouvait lire

« mort aux vaches » et « love » et taggua « viva la revolucion ! ».

sa main gauche dans un gant noir, il leva le poing, en référence au

Black Power, et baissa la tête. « le 15 décembre, à la fin de l’exposi-

tion, je scellerai la mort de l’École de Nice pour qu’elle puisse entrer

dans l’Histoire ». Pour lui, les meilleurs sont morts, ne restent que les

« ringards », dont il dit faire partie. avec l’autodérision en étendard,

Pierre Pinoncelli a ainsi réalisé sa dernière performance en date lors

du vernissage de l’exposition « 1960-2010, Cinquante ans de l’École

de Nice », au Musée rétif de vence. avec ce geste, on ne peut s’empê-

cher de penser à l’œuvre de Ben, exposée : « l’École de Nice n’est pas

morte, elle renaîtra de mes cendres ».

Une histoire d’enfance

s’il porte son bandeau « Nice » sur l’œil gauche, c’est que Pierre Pinon-

celli revendique son appartenance à l’École de Nice et aussi parce que

c’est une histoire d’enfance, comme l’est toute son œuvre. Un brin cor-

saire, avec de faux airs de Barberousse, il a fait de la contestation et de

la provocation silencieuse un art de vivre. ayant connu une éducation

dans des collèges religieux dont il était souvent renvoyé, il est opposé

à toute forme d’autorité et d’oppression. et le fringant octogénaire

n’a rien perdu de sa « rebelle attitude » d’antan. Cela a commencé par

son nom : né Pinoncély, il a voulu italianiser son patronyme pour se

différencier de la famille de la vieille bourgeoisie catholique à laquelle

il appartient. enfant, il vient tous les étés en vacances à Nice chez sa

grand-mère Clémentine. entre 1950 et 1954, il vit des années d’erran-

ce pendant lesquelles il exerce toutes sortes de métiers pour survivre,

« puisque vivre ne lui suffit pas ». en 1954, il découvre la peinture ex-

pressionniste mexicaine avec les toiles d’Orozco, sigueiros, tamayo et

diego rivera, au Musée d’art moderne de Mexico. C’est une révélation

et il se met alors à peindre dès son retour en France. ses toiles les plus

connues sont de grands formats un peu inquiétants, représentant des

êtres fantomatiques ou squelettiques. sa première exposition, il la fait

en 1959 dans la boucherie d’un petit village de la loire. Puis vient, en

1952, l’exposition « les 40 morts », Place vendôme à Paris : 40 toiles

de format et de sujet identiques dans une matière très épaisse. « les

30 métamorphoses » suivent, toujours à Paris : 30 toiles blanches en

relief de format identique, sur le thème de la thalidomide, ce médica-

ment qui provoque des malformations chez les enfants.

« Mon quart d’heure de célébrité à la Warhol »

en 1967, il retourne au Mexique puis passe trois mois à New York

où, le visage peint en bleu Klein, il rend un hommage silencieux à

Yves Klein. « C’était lors de sa rétrospective au Jewish Museum, devant

rotraut Klein et 3 000 New Yorkais stupéfaits, se souvient-il. C’était

mon quart d’heure de célébrité à la Warhol ! Puis j’ai rencontré Marcel

duchamp au vernissage segal à la Galerie sidney Janis. Je lui ai dit

qu’un jour, je ferai quelque chose avec son urinoir, ça l’a fait rire. C’est

là que j’ai abandonné la peinture ». Pour se consacrer essentiellement

au happening. C’est également en 1967 qu’il vient s’installer sur la

Côte d’azur et intègre l’École de Nice. l’exposition « les copulations

d’un Chinois en Chine » à la Galerie alexandre de la salle est suivie

de la première performance de Pierre Pinoncelli, un happening-créma-

tion Place Godeau, à vence. entre 1967 et 1970, il se livre à de très

nombreux happenings de rue, tous aussi spectaculaires et provocants

les uns que les autres. « arrestations, blessures, procès… Mon nom

passe de la rubrique artistique à celle des faits-divers et des chiens

écrasés », s’amuse-t-il.

en 1969, il asperge andré Malraux d'encre rouge avec un pisto-

let à peinture lors de l'inauguration du Musée Chagall de Nice.

la même année, il signe à Bordeaux son happening « anti-pain » en

Pierre Pinoncelli, artiste se revendiquant de l’École de Nice, est l’un des inventeurs du happening. À 81 ans, il en a plus de 70 à son actif, le dernier en date ayant eu lieu en juin dernier, lors du vernissage de l’exposi-tion « 1960-2010, Cinquante ans de l’École de Nice », au Musée rétif de vence.

Pierre PinoncelliLe dernier coyote

© H. lagarde

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41A R T I S T E l a v i e d e s a r t s

brûlant publiquement des baguettes de

pain en chantant « À bas le pain ».

en 1975, il attaque symboliquement une

banque à Nice, muni d'un fusil chargé à blanc et pour un butin de un

franc, pour protester contre le jumelage avec le Cap, durant l'apar-

theid. en 1979, un taureau lui arrache l’oreille droite qu’il voulait se

trancher à la van Gogh, « c’était écrit ». en 1994, il s’expose nu dans

un tonneau à lyon, tel un diogène des temps modernes.

Dada jusqu’au bout des doigts…

le 25 août 1993, au Carré d'art de Nîmes, il urine dans la Fontaine

de Marcel duchamp, puis lui donne un violent coup de marteau. il

est condamné à un mois de prison avec sursis et 286 000 francs de

dommages et intérêts. le 4 janvier 2006, il attaque de même au mar-

teau un urinoir de duchamp figurant dans l'exposition dada au Centre

Georges-Pompidou à Paris, l'ébréchant légèrement. il est condamné, en

première instance, à trois mois de prison avec sursis et 214 000 euros

de dommages et intérêts ; et en appel, à trois mois de prison avec sur-

sis, le musée n'obtenant pas de dommages et intérêts. en juin 2002, il

se tranche une phalange du petit doigt avec une hache en hommage à

ingrid Betancourt pour négocier avec les FarC… « Pour ingrid, il m’en

reste encore neuf… sans compter les doigts de pied ! », déclara-t-il à Yo-

landa Pulecio, la mère d’ingrid Betancourt lors d’une interview télévisée.

« l’esprit dada, revendique-t-il, c’est l’irrespect. C'était un clin d'œil

au dadaïsme, j'ai voulu rendre hommage à l'esprit dada ». lors de sa

défense devant le tribunal Correctionnel de Nîmes, il avait déclaré qu'il

s'agissait « d'achever l'œuvre de duchamp, en attente d'une réponse

depuis plus de quatre-vingts ans ; un urinoir dans un musée doit for-

cément s'attendre à ce que quelqu'un urine dedans un

jour, en réponse à la provocation inhérente à la pré-

sentation de ce genre d'objet trivial dans un musée.

l'appel à l'urine est en effet contenu ipso facto - et ce

dans le concept même de l'œuvre - dans l'objet, vu son

état d'urinoir. l'urine fait partie de l'œuvre et en est

l'une des composantes. Y uriner termine l'œuvre et lui

donne sa pleine qualification. On devrait pouvoir se

servir d'un rembrandt comme planche à repasser ».

Jamais encadré sur le mur d’un musée

Un geste là encore lié à l’enfance… « Quand on se

dressait sur la pointe des pieds pour pisser sur la lune

ou la Grande Ourse. le chef de la bande était toujours

le garçon qui urinait le plus loin ». Comme pour exor-

ciser ses vieux démons, Pierre Pinoncelli a créé sa pro-

pre série de cent urinoirs. « Mon urinoir est plus mo-

derne, plus design », sourit celui qui s’est approprié

le pseudonyme de « Mutt » pour cette re-création. Un

exemplaire a été vendu 2 500 euros à la vente aux enchères de l’École

de Nice du 31 octobre 2009.

Mais Pierre Pinoncelli, c’est aussi, en 1970, une randonnée à vélo entre

Nice et Pékin pour porter à Mao un message de paix de Martin luther

King. N’ayant jamais réussi à entrer en Chine, à son retour, il brûle

devant l’ambassade de Chine, en signe de protestation, le message de

paix, un grand poster de Mao et son visage au fer rouge. Ou encore un

retour à la peinture, avec une série de « Personnages » ayant tous son

visage moulé en plâtre et représentant chacun un « métier » différent :

curé, nazi, guérillero, déporté juif, icare… et, dernièrement, la publica-

tion d’un livre, « Welcome to auschwitz », où il est question des camps

de la mort, sous l’angle de l’art et de l’humour, en hommage à tous les

déportés juifs et contre la folie des bourreaux.

« dans une société où tout s’achète et se vend, le happening est évi-

demment suspect puisque tout ce déploiement de temps, d’énergie et

de peine se fait gratuitement, rappelle Pierre Pinoncelli. Mais le plaisir

d’avoir « créé » pour une heure, pour un instant de démence en cou-

leur qui va crever comme un ballon… savoir qu’il ne restera rien de

cette fureur, de cette passion, de cette sueur, mais qu’après, peut-être,

l’air n’aura plus tout à fait le même goût, le ciel sera plus fou, et il y

aura cette drôle d’ombre verte dans les yeux des cyclopes… satisfac-

tion aussi de finir peut-être à la morgue, à l’hôpital, en prison ou dans

un asile, mais jamais encadré sur le mur d’un musée ». FS

de gauche à droite et haut en bas :

extrait du livre « Welcome to auschwitz », publié en avril 2010. © Pierre Pinoncelli

« l’urinoir duchamp-Pinoncelli », 1917-1993. © Pierre Pinoncelli

« Hommage au Black Power », performance de Pierre Pinoncelli lors du vernissage de l’exposition « 1960-2010 Cinquante ans de l’ecole de Nice » au Musée rétif à vence, le 7 juin 2010.© alain Girelli

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Samedis 2, 9, 16 et 23 octobre 2010 à 14h30 au Palais de l’Europe

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Page 44: Artcotedazur N°13

manca13 > 21 NOV. 2010 • NICE

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