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 Mustapha El Khayat L'échange de données informatisées dans les activités d'exportation des pays du Sud : les passages portuaires In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°138. pp. 359-374. Citer ce document / Cite this document : El Khayat Mustapha. L'échange de données informatisées dans les activités d'exportation des pays du Sud : les passages portuaires. In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°138. pp. 359-374. doi : 10.3406/tiers.1994.4880 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

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Mustapha El Khayat

L'échange de données informatisées dans les activités

d'exportation des pays du Sud : les passages portuairesIn: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°138. pp. 359-374.

Citer ce document / Cite this document :

El Khayat Mustapha. L'échange de données informatisées dans les activités d'exportation des pays du Sud : les passagesportuaires. In: Tiers-Monde. 1994, tome 35 n°138. pp. 359-374.

doi : 10.3406/tiers.1994.4880

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L ÉCHANGE

DE DONNÉES

INFORMATISÉES

DANS LES ACTIVITÉS

D EXPORTATION

DES PAYS DU SUD

:

LES

PASSAGES

PORTUAIRES

par

Mustapha

ElKhayat*

INTRODUCTION

La

mondialisation

et la complexité des marchés dans

les

pays déve

loppés

va

inciter de manière croissante les milieux industriels et com

merciaux

à

faire

appel à

des

opérateurs

capables d'offrir des services

complets

de

distribution.

Dans

ce cadre,

les

pays du

Sud

sont

contraints

d'organiser la logistique dans les activités liées au commerce

internatio

nal.ette organisation fait appel aux TIC1

pour rationaliser

le système

d'information. L'échange de données

informatisées2

est essentiel pour

maîtriser les

mouvements

de marchandises (ou produits) et de

docu

ments vers

l'amont

et

vers l'aval. Toutefois, à ce

niveau, le

rôle du sys

tème d'information

dans

la

chaîne

logistique

de distribution

physique

est

crucial

afin d'organiser et

de

gérer la séquence des opérations.

Le passage portuaire, véritable interface

et lieu

d'articulation entre les

différents systèmes de transport, constitue

le

maillon

le

plus

crucial

d'une

chaîne

des transports et

de logistique.

Il

constitue

un lieu

d'innovation

et

de

développement

simultanés

de

technologie

de

l'information

(technolo

gieppliquée à l'exploitation

et

à la gestion

des

équipements portuaires,

aux professions portuaires pour les traitements documentaires

et pour

le

suivi

et

la

synchronisation des opérations

de transport).

D'où

la

nécessité

de développement de

réseaux

d'échange de données logistiques (et des

transports) informatisées

partagées

par les chargeurs, les transporteurs et

*

Directeur

de

recherches au

cret

(Aix-Marseffle II) maître

de

Conférences

à

l'Université

de Fès.

1. Technologies de l'information

et

de

la

communication.

2. EDI.

Revue

Tiers Monde,

t. XXXV,

n° 138, avril-juin 1994

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

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360

Mustapha El Khayat

les

opérateurs

portuaires.

Le

développement

des technologies

de

l info

rmation représente pour le

passage portuaire

un enjeu

considérable qui

jus

tifie

les

projets et les réalisations

en

cours

dans

certains pays

du

Sud.

Ces

derniers tentent par

là de

faciliter

la

promotion des exportations

de

pro

duits

manufacturés, politique qui entre dans le cadre

des programmes

d'ajustement structurel imposés par la Banque mondiale

et

le FMI.

Nous analyserons le développement des technologies

de

l'information

et

leur

impact

au niveau des passages portuaires des pays

du

Sud en génér

al n l'illustrant par le cas

particulier

de Casablanca au

Maroc.

L'objet

est de cerner les divers systèmes d'informatisation mis en place

ou

en

pro

jet

u niveau

portuaire et d'identifier les

problèmes

pouvant

surgir.

Le

Maroc

est

contraint simultanément de rembourser

sa

dette

et

de

faire face aux besoins sociaux croissants dans un environnement

difficile à

bien des égards : sécheresse, instabilité des m archés des

matières

premières

(phosphates,

céréales), protectionnisme

de la

CEE

(agrumes et primeurs)...

Par conséquent, il est obligé d'opter pour une politique d'incitation et

de

promotion

des

exportations

dans le cadre

du

PAS afin de valoriser son

capital

humain.

Cette politique nécessite une croissance de la productiv

ité,ndispensable

à

la compétitivité, qui doit être au moins

égale

à

celle de

ses concurrents. Néanmoins,

cette

compétitivité ne doit pas être

un

facteur

d'aggravation

des

tensions

sociales.

La

politique d'ouverture graduelle

mise en œuvre au Maroc au niveau des industries manufacturières

a

pour

but

de

contraindre

les entreprises

locales

à

baisser

leurs

coûts

et

à

amélio

rera

qualité des

produits

destinés

à

l'exportation

en particulier. Les

ports

et

la

facilitation des procédures

du

commerce international par l'informa

tisation

u passage

portuaire

sont

désormais des

éléments

stratégiques

de

cette politique économique.

Dans

le cadre de « conditionnante » imposé

par

la

Banque

mondiale

et le

FMI, divers systèmes

d'information

sont mis

en

place et

seront

interconnectés prochainement au niveau national et

international.

MONDIALISATION

ET ÉMERGENCE

DE L'IMPÉRATIF DE MAÎTRISE

DE

L'INFORMATION

CONCERNANT

LA

CIRCULATION

PHYSIQUE

DES MARCHANDISES

De

nos jours

le commerce international

est

fondé

presque exclusiv

ement

ur

des réseaux

télématiques1 qui ont densifié et

accéléré les

flux

d'information d'une

manière impressionnante.

En

effet,

être

compétitif

1. A. Lediberder, La

production

des réseaux de télécommunication, Economica, 1983 ; E. Brousseau,

L'économie des

contrats,

technologies

de l'information

et coordination

interentreprises,

PUF, « Economie en

Liberté », 1993, p. 173-177.

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L'échange

de données informatisées

et

les ports

361

au

niveau des

délais

et

de

la

qualité

est

un

aspect majeur

des

stratégies

de mondialisation adoptées par les

firmes

pour faire face à la concurr

ence.Dans ces

conditions,

il est impératif de recueillir

et

de traiter l i

nform tion et d'agir

en conséquence

rapidement

sur le processus de

pro

duction

et

de distribution. Ces

manœuvres stratégiques

sont

rendues

possibles principalement grâce

à

l'émergence des Technologies

de

l i

nform tion et de la communication et

à leur application à

l'ensemble

de

la chaîne de production et de

distribution.

Ces technologies ont

donné

naissance à

des

formes

nouvelles

d'orga

nisation

et

de relations

interfirmes,

créant des réseaux

et

alliances

straté

giques

entre les

grandes firmes

à

l'échelle mondiale.

Les systèmes de

production

informatisés

peuvent

être

reliés,

ce

qui

permet

de

changer

rapidement d'outils et de

matériaux

et d'organiser

plus

facilement la

sous-traitance

entre un

grand

nombre d'entreprises.

Ces

nouvelles Tic engendrent de nouveaux facteurs d'avantages comp

aratifs

qui

remettent en cause les

facteurs

traditionnels des pays

du

Sud,

à

savoir le faible coût de la

main-d'œuvre

et des matières

pre

mières Ces avantages comparatifs nouveaux comprennent, entre autres

éléments clefs, la logistique1. Cette dernière devrait être considérée

comme

un

élément stratégique afin de rendre les

pays

du Sud

moins

vul

nérables en cas de variation d'un élément de

coût,

en particulier le

coût

de la

main-d'œuvre ou le

prix

des matières

premières. La logistique

consiste

à

déterminer

quand,

et

comment

une opération

doit

interve

nir

ans

l'ensemble

du

système

de

production-distribution. Les

chaînes

logistiques, déjà structurellement complexes,

doivent,

pour répondre

à

la mondialisation, s'appuyer

sur

des

chaînes de

transport

qui

mobilisent

de très

nombreux opérateurs.

Notons que

les échanges

internationaux

interviennent

non seulement

avant

et après la production, mais

aussi

durant tout le processus

de

pro

duction

A

ce niveau, les chaînes de transport

doivent

jouer un rôle très

particulier.

Outre

les exigences de

rapidité,

de sécurité, etc., la

fiabilité

des

temps de livraison et la fréquence

des

dessertes sont

d'une

impor

tance

fondamentale.

Par

conséquent,

un

système

d'information

et

de

communication

efficace est

essentiel.

Dans

cette

logique,

ce

qui compte

pour

le chargeur,

c'est

la

chaîne

de transport

total

ou

intégré.

Toutes

les

opérations,

depuis la matière première

jusqu'au

produit

fini,

sont inté

grées dans un réseau unique.

Dans

l'organisation

des mouvements

de

marchandises

au

sein de ce réseau, seuls entrent en ligne de compte le

coût et X

efficacité de la chaîne intégrée de transport/distribution.

Le passage

portuaire,

véritable

interface

et lieu d'articulation entre

1. J. Colin

et

G. Paché,

La logistique

de distribution, Paris, Chotard,

1988.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

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362 Mustapha El Khayat

les

différents

systèmes

de

transport

(rapture

de charge

entre

le

transport

terrestre et maritime),

est

naturellement un lieu de convergence de nom

breux

flux d'information.

Il

constitue aussi

un

lieu d'innovation et de

développement simultanés

des TIC.

Le

chargeur

encourage

ou oblige les

opérateurs

de

transport

dans leur

ensemble

à s'engager dans

un proces

sus

innovation

technologique accéléré, en

particulier en

ce

qui

concerne le maillon le plus stratégique : le

passage

portuaire.

Soulignons que

pour

le

commerce mondial, les

ports deviennent

les

interfaces les plus

étendues et

les

plus importantes

entre les

modes

de

transport. C'est là que sont installés

tous les

opérateurs

:

chargeurs,

transitaires, armateurs, consignataires, responsables

de

la

distribution

des

marchandises,

entreprises

de transformation

et

de

conditionnement

des produits, entreprises de

transport

terrestre, douanes, banques, assu

rances,

etc. Les

ports modernes

sont

donc

d'importants centres

d'infor

mation.

Dans

le passé, un

port était surtout

apprécié

pour la

qualité

de

son infrastructure et de ses services ; aujourd'hui,

en sus,

ce

qui

fait la

différence

aux yeux

des opérateurs, c'est

sa capacité de traitement et de

distribution de

l'information ou

infostructure1. Ces

nouvelle exigences

impliquent la mise en place de

systèmes

d'EDI2. Il faut noter qu'il est

impératif de ne

pas

confondre

informatisation

et EDI.

L'EDI

est

un

système permettant d'échanger

des données structu

rées'un ordinateur à

un

autre à l'aide d'un

progiciel

de communicat

ion

apable

de

répartir

et

de

faire

circuler

l'information

entre

tous

les

opérateurs.

L'informatisation

a

effectué une entrée en

force

dans

les

organisa

tions

urant les années 80, dans

un premier temps par le

biais de

l auto

matisation de

certaines

fonctions, puis,

dans un deuxième temps, par la

gestion de la production (productique...). Cela

a

contribué

à

apporter

des solutions

efficaces à

des

problèmes

ponctuels, mais la démarche

générale

est

restée

hétérogène.

Les

années 90 voient s'amorcer

une

approche plus globale dans

le cadre des

stratégies de globalisation

(réduction

en

temps des distances et accessibilité accrue aux

marchés

internationaux). Il

en

découle une concurrence exacerbée à plusieurs

niveaux

:

qualité de

service,

livraison

«

juste

à

temps

»

et efficacité

admin

istrative 3. C'est

dans

cette

logique qu'au

niveau

portuaire

les

efforts ont

1

CNUCED, Le marketing

portuaire

et

la

mission

d'un

port de troisième

génération,

TD/B/C 4/

A С

7/14,

Nations

Unies, New York, 1992, p. 47.

2.

M. A. Emmelhainz, L'échange de

données

informatisées, Paris,

Masson, 1993

;

S.

Bloch, EDI

Echange de données informatisé, t 1, Eyrolles, Paris,

1991,

CNUCED,

Monographies

sur

la gestion

portuaire,

11, Les échanges de

données

informatisées portuaires,

Nations

Unies, New York,

1993.

3. J.-P. Carillon et P. Colin, Le juste-à-temps pour l'Europe : flexibilité, différenciation, Paris, Les Edi

tions d'Organisations,

1990.

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L échange de données informatisées

et

les ports

363

surtout

porté

sur

la

recherche de

l'amélioration

de

la

logistique

et sur

le

développement de l'EDI.

Le passage portuaire, maillon central du

commerce international et

de

la

chaîne

de transport, représente une séquence

à

la fois technique

(réalisa

tion

es

escales et

du

traitement des marchandises) et organisationnelle

(capacité à traiter

et

communiquer de

l'information

sur

la

circulation

des

marchandises

et

des moyens de

transport

: navires, camions, trains...). Les

échanges d'information et de documents entre professionnels

portuaires

lors

du passage

de marchandises par le port

sont

complexes. Le schéma

suivant

(Communauté

portuaire

à

l'export) montre la

nécessité

pour

les

ports

de

réaliser

la

transparence

du passage portuaire

afin d'offrir un

ser

vice

répondant

aux

exigences des chargeurs

et

de

tous

les

opérateurs

des

chaînes. Cette transparence

du passage

portuaire nécessite

de

la part des

pays

du

Sud un effort de développement de systèmes d'information desti

nés

accélérer

les

flux d'information

échangés

lors du passage de mar

chandises Cela

se traduit

par l'émergence

grandissante de l'EDI.

ENJEUX ET DÉVELOPPEMENT DES

TIC APPLIQUÉES

AU

PASSAGE PORTUAIRE DANS LES PAYS DU

SUD

Enjeux

La prise en charge traditionnelle

des

différents

documents

de trans

port pour chaque

intervenant dans son

propre

système

d'information

s'accompagne

généralement de

saisies

multiples

génératrices

de pertes

de temps, d'erreurs, de dégradations de

l'information et

donc de coûts.

L'avantage

concurrentiel dans la

chaîne

de

transport

a

été

obtenu

grâce

à la

conteneurisation mais, désormais,

la

bataille

se joue dans la

dimension de la

circulation

de l'information. Certes, des gains de pro

ductivité significatifs ont été réalisés par l'automatisation du traitement

et de la

circulation des documents au

niveau de certains

opérateurs

du

passage

portuaire.

Toutefois,

ces

systèmes

d'information

intégrés

et

eff

icaces ne franchissent pas

jusqu'à

présent l'enceinte des

entreprises

de ces

opérateurs. Lors

du passage

portuaire, la

circulation

de

l'information

s'accompagne de très

nombreux documents

(manifestes, connaisse

ments,

rdres

de mise à quai, documents douaniers, etc.). La communic

ation

ntre

opérateurs

s'effectue

encore le plus souvent par

l'intermé

diaire

'outils séparés

et hétéroclites

:

courrier

postal,

télex, fax, échange

de bandes magnétiques,

etc.

Cette discontinuité

des

moyens

et des

médias (électronique, papier, transport

physique) rompt l'efficacité glo

bale

de la

communication.

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I  l  l   u s  t  r  a t  i   on n on  a u t   or i   s  é  e  à  l   a  d i  f  f   u s i   on 

H

 

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1

 

a

 

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L'échange

de

données informatisées

et

les

ports 365

Ces

systèmes

de

circulation

de

l'information engendrent

:

1 / des coûts de traitement des documents

(incluant

les formalités de

transport

et

de

douane)

de l'ordre de 7 à

10

de la valeur des

mar

chandises

'

;

2 / des

ressaisies

très fréquentes des données (5 fois

en

moyenne, sinon

plus)

;

3

/ de

fréquentes erreurs

de

transcription

;

4 / des

délais d'acheminement

des

documents papier

d'une durée

moyenne

de

dix jours. Par conséquent, la circulation

physique

des

marchandises est souvent bloquée dans les enceintes portuaires dans

l'attente de ces

documents.

En

plus des problèmes

causés

par la circulation de l'information,

il

faut noter une absence

d'anticipation

ou une mauvaise qualité de l info

rmation prévisionnelle : au

niveau

des

délais

de transmission des avis

d'arrivée, de la

préparation des documents

par les

chargeurs ou

leurs

transitaires, et des

opérations administratives

et

douanières (absence de

synchronisation de ces

opérations). Ces facteurs entraînent

l'immobili

sationes marchandises dans les ports

qui

se traduit par des

coûts

ou

des

manques à gagner dans

un

environnement

compétitif où le

facteur

temps

est

l'élément

déterminant.

Certes,

a

priori, ces problèmes

relèvent

plutôt de la

réorganisation

du système d'information2 que de l'informa

tisation

proprement

dite.

Néanmoins,

l'informatisation

avec

EDI

est

devenue

une

question de survie

pour

les ports

désireux

d'attirer les

grands armateurs, les Entreprises de distribution totale (EDT)3 et les

puis

sants chargeurs

souvent

transnationaux. Il

ne

s'agit

pas d'un

choix

stra

tégique effectué par

les

autorités

portuaires,

mais

d'une contrainte impos

ée

ar

ceux

qui

détiennent le pouvoir sur ce maillon central de la chaîne

de transport

et

de distribution.

La

mise en place

d'une informatisation

des

flux permet l'anticipation

des

opérations portuaires dans

une

approche

logistique

globale de la

chaîne de transport. L'informatisation

des procédures

administratives et

commerciales et

le

développement des

outils d'EDI se sont imposés aux

opérateurs

portuaires

comme

un

élément

essentiel

de

leur

compétitivité

et de

leur survie.

1 G. Tyler,

Is

paperless trading finally

a reality

?, in Purchasing and Supply Management,

décembre 1991, p. 26-29 ;

S.

Bloch, op.

cit.,

p.

7-9

; P.

Bradley,

The

world

in

a

computer window, Purchas

ing,6 juillet 1992.

2. D. Leclère,

Information

et

systèmes d'information, Revue Tertiaire (Techniques économiques),

mars 1988, p. 43-S3.

3 . CNUCED, Document d'information

à

l'intention des chargeurs pour

qu'ils

tirent le meilleur parti du

transport multimodal,TD/B/CA/330,

Nations Unies, New York, 1990, p. 13-14.

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366

Mustapha El Khayat

L'EDI

permet

de

réaliser,

tous

avantages

confondus, des gains

sub

stantiels sur

le

prix

des marchandises

en

réduisant

le

volume

de

papier et

les saisies de

données1. L'EDI,

insérée dans la

logique

de

promotion

des

exportations

dans

les pays

du

Sud, est vitale pour

les

secteurs

orientés

vers

l'extérieur

qui sont

par nature concurrentiels.

Développement et incertitudes

de l'EDI portuaire

dans

les

pays

du

Sud

— Au

niveau

des opérateurs du commerce international : les procé

dures d'échanges automatisés

d'information

sont souvent définies de

manière

unilatérale

ou

imposées

par

les

opérateurs dominants.

En effet,

une

analyse plus fine montre que l'extension de l'EDI repose souvent sur

un

véritable rapport de

force. Les opérateurs les plus puissants

(armat

eurs,

donneurs d'ordres, chargeurs) imposent

à

leurs partenaires

leur

propre

système de transmission de données. Ce rapport de

pouvoir

qui

implique

souvent

un

EDI bilatéral engendre l'absence d'interfaces entre

systèmes

informatisés. Cette situation induit de nombreuses ressaisies de

données déjà

enregistrées sur

un support magnétique, des mises à

jour

distinctes et

parfois

divergentes de données communes et une absence de

synchronisation dans la

réalisation des opérations

administratives et

douanières.

Certaines

entreprises

des pays

du

Sud (sous-traitants,

agents

mari

times,

consignataires de

marchandises

ou de navires,

etc.)

ont

été

obli

gées

d'adopter

des formats et

protocoles de

communication spécifiques

à leurs

puissants

partenaires du Nord. Ces entreprises se

voient

contraintes

de mettre en

place,

d'utiliser et de

financer

plusieurs sy

stèmes de communication différents, ce

qui

constitue un

signe

de dépen

dance étroite.

Pour éviter

la marginalisation ou des coûts excessifs

de communicat

ion,n nombre croissant d'entreprises intervenant dans

les activités du

passage portuaire

adhère ou

cherche à adhérer à

un ou

plusieurs sys

tèmes

d'EDI

pour

être

en

mesure de

communiquer

avec

toute autre

entreprise utilisant

un

système différent. Les sociétés

d'informatique et

de

télécommunications

ont mis

au

point

des

interfaces permettant

une

meilleure compatibilité entre les différents

réseaux

existants.

De plus,

même si les

choix

techniques

des opérateurs

sont différents,

les

stan

dards, eux, peuvent être unifiés en utilisant les outils proposés

par

la

normalisation internationale des EDI (UN/EDlFAClf.

1 M. A.

Emmelhainz,

op.

cit.,

p. 31-47.

2. CNUCED, Les EDI portuaires,

op.

cit. ;

S

Bloch,

op.

cit., p.

143-172.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 10/17

L échange de données informatisées et les ports 367

Au

niveau

international (nécessité

de

la

normalisation)

:

dans

les pays

du

Sud

qui sont relativement

avancés au niveau de l info

rmatisation

du passage portuaire, les

développements et projets

info

rmatiques sont

nombreux chez

les

opérateurs,

mais manquent de

coordination à

l'échelle

locale. En outre,

ces pays

ne

participent

pas

effectivement

à

l'orientation des décisions internationales

en

vue

d'obtenir

la

garantie

que leurs intérêts soient

pris

en compte par la

normalisation internationale d'EDI.

Enfin,

ils sont souvent

absents des

sphères

existantes de diffusion d'information sur les

travaux

de

normalisation.

Les standards internationaux normalisés

pour

l'échange de données

dans

les transports

et

le

commerce international

semblent

être

la

seule

solution

qui permette

le développement

d'interfaces généralisables à

terme, de

manière indépendante des matériels et des réseaux

de

télécom

munications

utilisés. Les Nations Unies ont proposé UN/edifact qui

a

été

approuvé

par l'iso (International

Standards Organization). EDIFACT

est

un

langage commun qui permet de

faciliter

les

procédures

du

com

merce

international et de limiter les prédominances.

Les enjeux de la

normalisation

de

l'EDI sont

apparemment simples,

mais

lourds

de conséquences

sur

les passages portuaires

des

pays du

Sud. Il devient donc vital de créer une communauté portuaire ; elle peut

être locale, régionale, administrative, politique,

voire seulement

technique.

Celle-ci

devrait

maîtriser

les

circuits

d'information

et

pré

voir l'ouverture de ses systèmes informatiques

à

tous les

opérateurs

en

participant

pleinement à la définition

et

à l'expérimentation de la

normalisation internationale

EDIFACT. Dans

ce sens,

la communauté

portuaire sera amenée

à

construire un

réseau

d'information

tenant

compte de l'ensemble de la

chaîne

de transport, et consolidera par là

même sa vocation de lieu de passage

obligé des

chaînes de

transport

internationales.

Une fois surmontés les obstacles actuels

à l'EDI

par l'adoption

d'un

standard unique

et commun

de communication (EDIFACT), et par le

développement

de logiciels d'interface entre différents systèmes informat

iques,

l

ne fait

aucun

doute

que l'EDI

s'étendra

par

vagues successives

à

toute

la chaîne de transport et de distribution sous l'impulsion de ses

promoteurs,

à

savoir les grandes entreprises (chargeurs, armateurs,

industriels, communautés

portuaires)

et les

pays

du Nord1.

1.

EDI

et flux logistiques, in

Acheteurs, avril

1991, p. 33-35

;

L'ère

de l'entreprise sans papier, faut-il

y

croire ?,

in Le

Bulletin

de l'acheteur,

84, octobre

1989,

Les Editions de

l'Entreprise.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 11/17

368

Mustapha

El Khayat

Difficultés

du choix

d'approche

d'EDI portuaire

dans

les

pays

du

Sud

Le

développement

d'EDI s'accompagne d'une diversité d'approches et

de techniques1. La

mise

en place de systèmes d'EDI portuaire ne va

pas

sans poser des problèmes. Les expériences

dans ce domaine se résument à

trois

types

de

systèmes : 1 / systèmes centralisés

;

2 / systèmes

de messager

iest de

réseaux à

valeur

ajoutée

(RVA)

;

et 3 / systèmes

combinant

d'une

part

un

traitement procédural de

l'information

et, d'autre part,

un

rva

permettant

un

processus global

d'informatisation communautaire.

Le premier de ces

types

de systèmes se

caractérise par

le fait que

les uti

lisateurs

sont

les

acteurs

obligés d'une chaîne procédurale

et

qu'il

entraîne

la ressaisie automatique de données déjà traitées dans les

systèmes

privat

ifses

opérateurs

portuaires. En un

mot,

cette approche n'est pas réell

ement un EDI,

car ce

système centralisé est difficile

à

mettre en œuvre dans

un contexte

pluri-professionnel

ou

communautaire ouvert.

Les systèmes

messageries/RVA

ont des avantages multiples qui confi

rment bien que cette approche est réellement

un

EDI multipartenaires.

Chaque opérateur

dispose de son

propre

système

d'information et

utilise

les

services

de

messageries ou d'un

RVA

pour communiquer

(en format

normalisé ou

non).

Les opérateurs

du passage portuaire

peuvent tous

(selon leurs

accords)

avoir

accès

aux

données

de la communauté por

tuaire

(prise

directe

sur

le

réseau

chaque

adhérent

dispose d'une

boîte

à

lettres

électronique

avec chiffrement et authentifïcation

pour

des

raisons

de sécurité). Les RVA peuvent également offrir

des

services

de

traduction

lorsqu'un

des

partenaires

portuaires

de

l'échange ne

dispose

pas de son

propre traducteur.

Cependant, l'approche

messageries/RVAcomporte quelques inconvé

nients

un nombre critique

d adhérents est

nécessaire (question

d'économies

d'échelle)

;

l'absence

d'informatisation constitue

un

obstacle

;

le

flux

d'information nécessite

la

gestion

des

messages

par

tous

les

participants

à

ce système

global. Or,

toutes

les informations

conte

nues

dans

le

message

initial

ne

sont pas

obligatoirement

gérées

par

les

systèmes intermédiaires. En effet, certaines

informations

utiles

à

deux intervenants, mais n'intéressant pas un troisième, ne

sont

pas

traitées par son système informatique, occasionnant ainsi une rup

ture de l'un des maillons de la chaîne ;

1

CNUCED,

Les

EDI portuaires,

op.

cit., p. 16-18.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 12/17

L échange de données

informatisées

et les ports 369

— l utilisation

d'un

RVA

grâce à la traduction

est

une solution plus coû

teuse à

long terme

que

le développement

sur

place

d'un

logiciel

approprié ou

l'achat d'un logiciel. Par conséquent, le

choix

du tr

aducteur est d'une importance capitale.

Il

doit être en mesure de

gérer

plusieurs

profils

d'utilisateurs, plusieurs

versions d'un

même

message. Il convient également

d'analyser tous

les

aspects

« interfa-

çage » du traducteur, avec les applications internes, les automat

ismes mettre en place et les

procédures

d'erreur relatives à la

sémantique des données,

etc.

Les systèmes

combinés offrent une réponse

à

ces problèmes. Par le

biais d'un réseau

communautaire,

chaque partenaire a la possibilité de

compléter

les

données

d'un

message

par

interrogation de

la

base

com

mune, voire

même de constituer

un

message complet

par

extraction à

partir

de la base.

En

conclusion, pour

assurer la coordination et la maîtrise

des

inter

faces entre les différents maillons d'une chaîne de

transport

lors du pas

sage portuaire, les systèmes

d'information

et de décision, les

réseaux

d'EDI, ainsi que les bases de

données

jouent un rôle décisif. Les acteurs

portuaires

sont

contraints de les maîtriser, de

les

concevoir et de les

mettre en œuvre afin de rendre le

passage

portuaire transparent

pour

les

intérêts internes et externes de

ce

maillon

crucial

de la

chaîne

de trans

port

international.

IMPACT DES

TIC SUR

LES

PORTS AU

MAROC

LE

CAS

DE CASABLANCA1

L'amélioration

des procédures documentaires liées au

passage

por

tuaire et

le

suivi

effectif

des

flux

de marchandises et de navires dans le

port constituent les deux objectifs de la plupart des

places

portuaires

qui

développent

des

systèmes d'informatisation. C'est le cas

des

ports maroc

ains

avec

SADOC

et sipor.

Ces

systèmes

sont

composés : 1 /

de

serveurs

communautaires

affec

tés u navire,

à

la marchandise et aux conteneurs

;

et 2 /

d'un réseau

en

cours de réalisation, conforme aux standards internationaux, pour les

communications

de données

et pour l'interconnexion

à la

fois des

ser

veurs

communautaires et des

systèmes privatifs

des acteurs portuaires.

1

Le

Maroc

est une économie

ouverte (taux d'ouverture, c'est-à-dire

X/PIB,

de 20,2 en

1982

et

à

peu

près

17

en

1992) (M + X/PIB = plus de 50

). La

quasi-totalité de ses échanges (98 ) s effectue par

mer

et

la

plus

grande

partie des échanges de

produits

manufacturés transite par le port de Casablanca.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 13/17

370

Mustapha El Khayat

SADOC :

Système

de l'administration

des douanes

et de l'office des changes

Ce système

est

ouvert aux

différents

partenaires

du

commerce

international (Office des

changes,

transitaires, consignataires, importat

eurs, xportateurs, etc.). Il

leur

offre des avantages certains si l'on

considère

les

enjeux des procédures

de dédouanement

par anticipation

en termes

de

fluidité

du passage de

la marchandise dans le

port.

Ainsi,

l'informatisation de la douane

a

été effectuée dans les

grands

ports

pour

réduire

le

temps de transit

par dépôt anticipé

du manifeste. Pour

les

opérateurs,

l'application

de

SADOC

entraîne concrètement les

avantages suivants

:

accès

aux informations actualisées

sur la

régl

ementation douanière, réduction

du délai

des

formalités

de

dédouane

ment,isponibilité des statistiques relatives aux déclarations traitées

par

les transitaires

et

aux manifestes traités

par

les

consignataires,

accès

aux fichiers des déclarants, aux

titres

apurés ou

arrivés à

échéance, accès instantané à

des

données

précises

sur le

commerce

extérieur, contrôle et suivi aux divers niveaux de

l'itinéraire

de la

déclaration des marchandises

et aux divers niveaux de la visite

par

espèce

et par

produit.

Sans être

un

système

propre

à la

communauté

portuaire,

SADOC n'en

est

pas

moins un

élément déterminant de

la

dynamique du

passage

por

tuaire, d autant plus

que, sur

le plan technique, l'accès à ce système est

possible

pour n'importe

quel

matériel par

réseau

téléphonique au

moyen d'un

modem.

Ce

système

a

pour

objectif une

plus

grande fluidité au niveau

du

dédouanement et entraîne donc la réduction de la durée

des

formalités

de dédouanement entre le dépôt d'une déclaration et la

délivrance

de

l'autorisation

d'enlèvement des marchandises.

Ceci s'est traduit

par la

constitution

d'une

banque de

données

concernant

les

différents

éléments

liés

aux tarifs,

à

la valeur,

à

la gestion et surveillance des comptes

(décla

ration

sommaire,

titres, régimes économiques, crédit...) et comportant

les

informations

utiles

à

l'étude

de

la

déclaration.

En outre,

la mise en place

de

SADOC

permet de

restructurer les pro

fessions liées

au

passage portuaire et de remettre en cause

certaines

pra

tiques contraires à la

transparence. Cependant certaines

PME

semblent

être restées à

l'écart

de l'informatisation générale ;

c'est le cas des petits

transitaires.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 14/17

L échange

de données informatisées et les ports 371

SIPOR :

Système

d'information portuaire1

Ce système fait partie du plan

directeur

informatique de

I'odep2

et

a été élaboré à partir de

1987

grâce à la participation de consultants

spécialisés travaillant en étroite

collaboration

avec tous les

intéressés.

SIPOR comporte

cinq

sous-systèmes

:

trafic

pour l'exploitation

por

tuaire (le

cœur de l'architecture logicielle de sipor)

;

GERME

pour

la

gestion de l'outillage ; geopad pour la gestion des

ressources

humaines ;

cofi

pour la

comptabilité/finance

;

prest

pour la factura

tion

es services.

SIPOR

a

été

développé

dans

le

but

d'informatiser

la

totalité

des

opé

rations portuaires

et

d'automatiser

les

transferts d'information entre

les

opérateurs

du passage portuaire. Ce système a

été

élaboré et développé

à

Casablanca.

Le sous-système

trafic

nous paraît être le

plus

important

pour

les

opérateurs portuaires partenaires de I'odep. Il comprend plusieurs

sous-systèmes : gestion des escales, programmation des escales, suivi

des escales,

suivi

des

navires,

entreposage,

suivi

des prestations

diverses.

Les responsables de I'odep ont estimé qu'il

était

indispensable d'ouv

rir ur

l'extérieur

le système

d'information pour le

rendre

communauta

ire

es

concertations

pilotes

se sont

déroulées

avec

quatre consigna-

taires et

trois transitaires

pour identifier leurs besoins en information.

Ces

concertations

ont

permis

de définir une plate-forme d'interfaces de

saisie

externe de données

et un

RVA. Les

domaines

concernés

par

ces

interfaces sont la

gestion des escales,

la

procédure Import et

la procé

dure Export.

En outre, ces

interfaces

sont

conçues

comme

ouvertes

sur

l'étranger :

connexions par

télématique

avec des ports étrangers

titre d'exemple,

citons

l'expérience

en

cours entre les

ports de Marseille

et Tanger via

le

système

ESCALE

du port autonome de Marseille, etc.).

Plusieurs critères techniques peuvent

être retenus

pour

rendre

le

sys

tème

communautaire. Celui qui

permet

d accéder

à

la

fois

à

SADOC

et

à

SIPOR moyennant

une

seule interface technique

préalablement

définie

paraît être le plus

avantageux

pour les usagers (coûts et

délais).

Toute-

1. Je remercie MM. Chraïbi Hasseini Mounir et Maamri

Hassan

de I'ODEP pour

les

informations

concernant SIPOR ; J. Chapon,

Administration

et organisation portuaire. Une expérience

intéressante

au

Maroc, CNUCED,

Nations Unies, 1989

;

M.

Chraïbi

Hasseini,

Le

système d'information portuaire,

cas

du

port

de Casablanca,

Conférence des Ports au Canada sur l'Informatique, Halifax, 15-16 juin 1992.

2. L'ODEP

: établissement public

industriel et

commercial doté de

l'autonomie financière

et de gestion,

composé d'une Direction générale et de 8 départements

d'exploitation

portuaire.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 15/17

372

Mustapha

El Khayat

fois,

la mise

en

œuvre

de l'architecture matériel

doit

tenir

compte des

moyens et des comportements des usagers.

Dans la

perspective d'ouverture

du système SIPOR,

le

réseau

informa

tiquee l ODEP est en

voie d'interconnexion avec le

réseau

MAGHRIPAC

pour former le réseau odepac.

Il convient de souligner l'existence d'un certain nombre de diver

gences entre I'odep et l'Administration

des Douanes.

Par exemple, les

promoteurs de SIPOR voudraient

aboutir

à

un

système

communautaire

combinant SADOC et SIPOR,

mais se heurtent

aux

réticences de l'Admin

istration des Douanes. Enfin, I'odep

considère

que l'informatisation

ayant pour but d'accélérer

le

mouvement des conteneurs,

les

douanes ne

devraient

effectuer

que

des

visites

sélectives

(10

des

cargaisons).

Néanmoins,

malgré

SADOC,

l'Administration des Douanes

persiste à

effectuer ses visites

selon

les lourdes

procédures

classiques.

En conclusion, l'informatisation du passage portuaire à Casablanca

montre

que la pénétration de

l'informatique

semble dépendre de la

taille

des

intervenants, comme on l'a signalé

plus

haut. Certains consigna-

taires

et

agents maritimes s'informatisent sous la pression

des

arme

ments étrangers

et

sont les

principaux opérateurs touchés par les

TIC.

L'informatisation

de l'acconage est assurée

par

I'odep, que ce soit

au

niveau

du

terminal

de

conteneurs ou des

opérations de

manutention et

d'acconage.

Le

développement

des

systèmes

d'information

portuaire

à

Casablanca

est caractérisé par l'absence de

coordination.

En effet, on peut remarquer

l'existence parallèle de sadoc, SIPOR et des systèmes des

agents maritimes

(souvent imposés

par

les armements

étrangers ou

autres : exemple de

COMARINE

et

SUD CARGO

pour

le transfert

des

manifestes).

Malgré les

projets,

il

n'existe

toujours

pas d'interfaces entre systèmes

d'information,

ce qui se traduit

par

de

nombreuses

ressaisies de

données

déjà enregistrées

sur

un support. Certes, I'ODEP et

l'Administration

des

Douanes sont

conscients des

enjeux de la coordination qui permettrait

d'éviter la multiplicité

des coûts

de

développement

d'interfaces et de

rationaliser

les

circuits

d'information.

Malheureusement,

jusqu'à

pré

sent, rien

de concret n'a

été

fait

pour identifier

la structure qui

parvien

drait

rassembler les

intervenants en

un seul projet

commun.

La

réalisation

de

la transparence vis-à-vis

de

l'extérieur

se

heurte aux

réticences

des professionnels et des

administrations qui ont jusqu'à

ce

jour tiré

profit

de la

non-transparence

du passage portuaire. L'enjeu réel

pour une future

communauté portuaire marocaine est le partage d info

rmation

au

moyen des Tic et

de

l'EDI,

ce qui ne manquera pas de

remettre

en

cause ces pratiques et

mentalités

contraires

à l'efficience du

maillon

crucial

des

chaînes

transport et logistique.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 16/17

L'échange

de

données

informatisées

et les ports 373

CONCLUSION

Les

TIC

sont

un des outils

de la mondialisation quelle que soit

sa

nature.

Cette

dernière renforce

le caractère

oligopolistique

des

marchés

et aboutit

à

une guerre

économique entre les

grandes

firmes1.

Par

conséquent, les TIC appliquées aux passages portuaires

du

Sud

n'assurent en aucune manière la fin de la domination/dépendance et

des

hiérarchies au sein

des

chaînes de logistique et

des

transports.

Elles

affectent le

choix des opérateurs

de

ces chaînes et

permettent à

certains

de

renforcer

leur

pouvoir.

Les

deux opérateurs principaux

de

ces

chaînes (gros

chargeurs

et

puissants

transporteurs,

à

cause

de

leur

complémentarité apparente

inhérente

au système logistique)

détien

nent, grâce

à

leurs systèmes

d'information,

des pouvoirs accrus de

négociation

vis-à-vis des

autres

opérateurs,

en particulier

les

intérêts

portuaires. Par exemple, l'EDI est

une nécessité imposée

aux ports du

Sud

par les puissants

armateurs

et chargeurs,

souvent étrangers

et/ou

transnationaux. Les tic

appliquées

au

passage portuaire

annoncent

uniquement la mise

en

œuvre

de

nouvelles

formes de

gestion

qui

vont

de pair avec de nouveaux

rapports

de pouvoir

et

de

domina

t ion/dépendance (technologie, finance, rapports donneurs d or

dres/sous-traitants etc.).

Néanmoins

les

Tic,

insérées

dans

une

logique

de régulations

internes cohérentes, peuvent

dynamiser

les systèmes productifs et les

chaînes

de transport et

logistique

pour

les rendre

aptes

à avoir

un

avantage concurrentiel dans le contexte de ce phénomène de mondiali

sationnvahissante.

Dans

ce sens,

il

faut se garder

d'un

certain scepti

cisme

à l'égard

des

Tic,

car force

est

de

constater

qu'elles sont entrées

dans les faits,

et

aujourd'hui

il

s'agit

moins de s'y

opposer

que

d es

sayer de

les

contrôler

et

de

les

maîtriser.

L'informatisation des

passages

portuaires

des pays

du Sud

doit

être conçue dans

cette

logique

avec

la

normalisation nu/edifact, afin d'éviter

la

marginalisation et/ou l a

ccentuation

de

la

domination/dépendance

vis-à-vis

des

opérateurs

les

plus puissants.

1 M. El

Khayat,

Pouvoir et régulation : к cas des transports maritimes,

Thèse

de doctorat d'Etat es

Sciences économiques, janvier

1992,

CRET, Université d'Aix-Marseille II.

7/21/2019 article_tiers_0040-7356_1994_num_35_138_4880

http://slidepdf.com/reader/full/articletiers0040-73561994num351384880 17/17

374

Mustapha

El Khayat

GLOSSAIRE

Acconage : Manutention dans

les

ports.

Agent

maritime

:

Représentant

d'une compagnie maritime dans

une

zone géogra

phique

donnée.

Il

établit des

cotations de fret,

encaisse le

fret, et émet

le connais

sement au

nom

de la compagnie.

Chargeur :

Ce

terme désigne en

général les clients

des transporteurs.

Connaissement :

C'est un titre représentatif de la marchandise et en même

temps une

preuve du

contrat de transport

maritime ou

fluvial de

marchandises.

Cosignataire

:

— Le consignataire de la cargaison est le mandataire ayant pour mission de

prendre

livraison

de

la

marchandise pour

le

compte

du

destinataire.

— Le consignataire

du

navire est le mandataire salarié

du

transporteur

chargé de

recevoir

et de délivrer les marchandises pour

le

compte de

l'armement.

EDIFACT :

EDI

pour

l'administration,

le commerce

et les

transports.

Standard

international de I'edi développé par I'ansi x 12 (Comité de FAmerican National

Standards Institute)

et

à partir des standards d'échange de

données

commerc

ialestilisés en Europe.

JAT Juste à

temps) :

Gestion de fabrication et de stockage

— le

stock est pr

ogrammé pour permettre la

livraison

lorsque la

ligne

de production l'exige.

Logistique

:

Maîtrise de

l'ensemble

des opérations relatives à la distribution

phy

sique

des

produits

d'une

entreprise de l'amont vers l'aval et

des flux

d'informa

tion

e l'aval vers l'amont.

MAGHRIPAC

Réseau

de

transmission

et

d'échange

de

données

informatisées mis

au point

au Maroc et

ayant pour infrastructure le

réseau

vidéotex.

Manifeste

:

Etat

récapitulatif des connaissements appliqués

aux

marchandises

char

gées

sur un

navire.

Modem ou

Modulateur-Démodulateur

:

Dispositif qui convertit

l'information prove

nant

'un

ordinateur

en signal audio, susceptible d'être transmis

sur les

lignes

téléphoniques.

ODEPAC Réseau de transmission et d'échange de données informatisées mis au

point par I'odep et interconnecté

avec

maghripac

Réseau

:

A pour fonction de transporter l'information et d'assurer le lien physique

entre

les

terminaux et le serveur selon le type d'utilisateurs et le nombre de com

munications traitées simultanément.

RVA ou Réseau à

valeur

ajoutée : Réseau tiers prestataire de services

qui

sert de

chambre de

compensation pour

les

messages

edi.

Serveur

:

Ordinateur qui

assure

les

fonctions de traitement, de

stockage

et de trans

fert

e l'information

ainsi

que le dialogue avec

les

terminaux.