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Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu LETTRE D’INFORMATION N° 36 – 1 er SEPTEMBRE 2013 La rentrée des classes au lycée, le 23 septembre 1963! par Didier BÉOUTIS, président de l’association amicale Lundi 23 septembre 1963… L’automne est là depuis deux jours, et, par un temps encore clément, le lycée de garçons du Mans ouvre ses portes pour la rentrée des classes ! Les élèves internes sont présents depuis la veille au soir. Ils ont donc pris leurs places dans les dortoirs. La communauté lycéenne s’était quittée, le 29 juin, à la fin de la distribution solennelle des prix, tenue au théâtre municipal, présidée par Roger Blais, ancien élève du lycée, et directeur de l’Institut national agronomique. Le discours d’usage avait été prononcé par Mme Paule Guilbert, agrégé de sciences naturelles le premier discours prononcé par une femme, et aussi –on ne s’en doutait pas à l’époque-, le seul à l’avoir été, les distributions des prix ne devant plus être organisées après 1967-. Pas de changements, pour cette rentrée, dans l’équipe de direction : le proviseur Pierre Girard, qui entame sa 6 ème année de présence au lycée, conserve le censeur René Fenoy et l’intendant Paul Mazuel, arrivés l’année précédente, et les deux surveillants généraux, celui des « grands » (3 ème et au-delà), Élie Batut, en fonction depuis 1946, et celui des « petits » (4 ème et en deçà), Henri Milelli. La liste des professeurs connaît plusieurs changements. Deux enseignants qui ont marqué leur présence au lycée l’ont quitté : Gérard Genette, qui aura « ouvert » la classe de lettres supérieures en 1956 et tenu la chaire de lettres classiques pendant sept années, est nommé à la faculté des lettres de Paris ; Louis Mermaz, qui aura enseigné l’histoire et la géographie durant deux années, est nommé au lycée Lakanal à Sceaux. De nouveaux enseignants arrivent au lycée : Maurice Ménard, un agrégé des lettres de 39 ans, venu du lycée de Cherbourg, spécialiste de Balzac, succède à Gérard Genette sur la chaire de lettres supérieures. Son épouse Michèle Ménard, ancienne élève de l’E.N.S. de Fontenay-aux-roses, vient enseigner l’histoire et la géographie dans les classes secondaires. Maurice et Michèle Ménard marqueront la vie universitaire et culturelle du Mans pendant un demi- siècle. Un jeune agrégé d’histoire âgé de 26 ans vient aussi prendre son poste au Mans : Jean Baechler, qui prépare une thèse sous la direction de Raymond Aron. Après avoir enseigné la sociologie historique à l’université de Paris IV, Jean Baechler sera élu à l’Académie des sciences morales et politiques. Pourvus du baccalauréat, 89 élèves (45 en math, 21 en sciences ex’, 23 en philo) ont quitté les classes secondaires du lycée. Deux d’entre eux ont obtenu la mention « très bien » : Jean-Claude Croizé et Georges Guillotin. Bien que le taux de scolarisation en Sarthe soit alors l’un des plus faibles de France (36,4% de la population de 11 à 17 ans, soit le 85è rang, la moyenne nationale s’élevant à 44,3%, le nombre des élèves petit et grand lycée, annexe du Ronceray- dépasse maintenant le millier ! L’annexe du Ronceray, qui ouvre des classes de 4 ème , voit croître rapidement ses effectifs. Le nombre réduit de salles de classes conduit l’administration à étaler les heures de cours sur le créneau 8h-17h. Le bâtiment des sciences, ouvert en 1961, est encore occupé par le Collège scientifique universitaire, tandis qu’a été construit, dans l’espace situé entre la cour des sports et la r ue Montbarbet, un bâtiment préfabriqué destiné à accueillir, pour octobre 1963 le Collège juridique universitaire, inauguré, le 11 décembre, par le garde des sceaux Jean Foyer. 3 septembre 2013 : les élèves du lycée font leur rentrée dans un établissement rénové et bien différent : il n’y a plus de classes primaires ni de classes de collège ; le lycée, mixte depuis plus de trente ans, s’appelle désormais « Montesquieu », et regroupe classes de lycée et classes préparatoires. Mais l’internat supprimé en 1978, car alors devenu sans objet, fait maintenant cruellement défaut… Souhaitons aux élèves qui commenceront leur classe terminale le même très beau succès que la promotion 2012- 2013 : 305 reçus sur 317 élèves, soit un pourcentage de 96,2% ! Le lycée, vu de la rue Montbarbet à l’automne de 1963 : on y remarque, à gauche, le vieux gymnase qui sera détruit, pour laisser place à l’ensemble gymnase-piscine Pierre de Coubertin en janvier 1969 ; au fond, le corps de bâtiment construit en 1750, avec en rez-de-chaussée, l’arrière de la salle des actes ; à droite, le bâtiment des sciences physiques, érigé en 1961, alors occupé par le Collège scientifique universitaire, et, au centre, le bâtiment provisoire du Collège juridique universitaire, ouvert en octobre 1963, qui perdurera jusqu’en 1975.

Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieumontesquieu.lemans.free.fr/leslettre1/li36.pdf · 2013. 9. 5. · Bouvet et Paul Marchal, morts en déportation respectivement

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Association amicale des anciens

élèves du lycée Montesquieu

LETTRE D’INFORMATION N° 36 – 1er SEPTEMBRE 2013

La rentrée des classes au lycée, le 23 septembre 1963…! par Didier BÉOUTIS, président de l’association amicale

Lundi 23 septembre 1963… L’automne est là depuis deux jours, et, par un temps encore clément, le lycée de

garçons du Mans ouvre ses portes pour la rentrée des classes ! Les élèves internes sont présents depuis la veille au

soir. Ils ont donc pris leurs places dans les dortoirs. La communauté lycéenne s’était quittée, le 29 juin, à la fin de

la distribution solennelle des prix, tenue au théâtre municipal, présidée par Roger Blais, ancien élève du lycée, et

directeur de l’Institut national agronomique. Le discours d’usage avait été prononcé par Mme Paule Guilbert,

agrégé de sciences naturelles –le premier discours prononcé par une femme, et aussi –on ne s’en doutait pas à

l’époque-, le seul à l’avoir été, les distributions des prix ne devant plus être organisées après 1967-.

Pas de changements, pour cette rentrée, dans l’équipe de direction : le proviseur Pierre Girard, qui entame sa 6ème

année de présence au lycée, conserve le censeur René Fenoy et l’intendant Paul Mazuel, arrivés l’année

précédente, et les deux surveillants généraux, celui des « grands » (3ème

et au-delà), Élie Batut, en fonction depuis

1946, et celui des « petits » (4ème

et en deçà), Henri Milelli.

La liste des professeurs connaît plusieurs changements. Deux enseignants qui ont marqué leur présence au lycée

l’ont quitté : Gérard Genette, qui aura « ouvert » la classe de lettres supérieures en 1956 et tenu la chaire de

lettres classiques pendant sept années, est nommé à la faculté des lettres de Paris ; Louis Mermaz, qui aura

enseigné l’histoire et la géographie durant deux années, est nommé au lycée Lakanal à Sceaux. De nouveaux

enseignants arrivent au lycée : Maurice Ménard, un agrégé des lettres de 39 ans, venu du lycée de Cherbourg,

spécialiste de Balzac, succède à Gérard Genette sur la chaire de lettres supérieures. Son épouse Michèle Ménard,

ancienne élève de l’E.N.S. de Fontenay-aux-roses, vient enseigner l’histoire et la géographie dans les classes

secondaires. Maurice et Michèle Ménard marqueront la vie universitaire et culturelle du Mans pendant un demi-

siècle. Un jeune agrégé d’histoire âgé de 26 ans vient aussi prendre son poste au Mans : Jean Baechler, qui

prépare une thèse sous la direction de Raymond Aron. Après avoir enseigné la sociologie historique à l’université

de Paris IV, Jean Baechler sera élu à l’Académie des sciences morales et politiques.

Pourvus du baccalauréat, 89 élèves (45 en math, 21 en sciences ex’, 23 en philo) ont quitté les classes secondaires

du lycée. Deux d’entre eux ont obtenu la mention « très bien » : Jean-Claude Croizé et Georges Guillotin. Bien

que le taux de scolarisation en Sarthe soit alors l’un des plus faibles de France (36,4% de la population de 11 à 17

ans, soit le 85è rang, la moyenne nationale s’élevant à 44,3%, le nombre des élèves –petit et grand lycée, annexe

du Ronceray- dépasse maintenant le millier ! L’annexe du Ronceray, qui ouvre des classes de 4ème

, voit croître

rapidement ses effectifs. Le nombre réduit de salles de classes conduit l’administration à étaler les heures de

cours sur le créneau 8h-17h. Le bâtiment des sciences, ouvert en 1961, est encore occupé par le Collège

scientifique universitaire, tandis qu’a été construit, dans l’espace situé entre la cour des sports et la rue

Montbarbet, un bâtiment préfabriqué destiné à accueillir, pour octobre 1963 le Collège juridique universitaire,

inauguré, le 11 décembre, par le garde des sceaux Jean Foyer.

3 septembre 2013 : les élèves du lycée font leur rentrée dans un établissement rénové et bien différent : il n’y a

plus de classes primaires ni de classes de collège ; le lycée, mixte depuis plus de trente ans, s’appelle désormais

« Montesquieu », et regroupe classes de lycée et classes préparatoires. Mais l’internat supprimé en 1978, car alors

devenu sans objet, fait maintenant cruellement défaut…

Souhaitons aux élèves qui commenceront leur classe

terminale le même très beau succès que la promotion 2012-

2013 : 305 reçus sur 317 élèves, soit un pourcentage de

96,2% ! Le lycée, vu de la rue Montbarbet à l’automne de 1963 : on y

remarque, à gauche, le vieux gymnase qui sera détruit, pour

laisser place à l’ensemble gymnase-piscine Pierre de Coubertin

en janvier 1969 ; au fond, le corps de bâtiment construit en 1750,

avec en rez-de-chaussée, l’arrière de la salle des actes ; à droite,

le bâtiment des sciences physiques, érigé en 1961, alors occupé

par le Collège scientifique universitaire, et, au centre, le bâtiment

provisoire du Collège juridique universitaire, ouvert en octobre

1963, qui perdurera jusqu’en 1975.

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LA VIE DE L’ASSOCIATION

Nécrologie : Georges Lachaize (1925-2012). Né à Montpellier, le 16 mars 1925, d’une

famille originaire du Cantal, Georges Lachaize était arrivé au Mans en 1938, à l’âge de

13 ans, lorsque son père avait pris les fonctions de secrétaire général de l’asile municipal

des vieillards du Mans, qui était installé dans l’ancienne abbaye Saint-Vincent. L’asile

allait laisser la place à l’internat du lycée de jeunes filles de la rue Berthelot, puis au lycée

de jeunes filles « Bellevue » devenu lycée mixte « Bellevue ». Le jeune Georges allait

fréquenter le lycée de garçons, rue Montesquieu, de 1938 à 1943, de la 4ème

à la classe de

philosophie, études sanctionnées par le succès au baccalauréat de » philosophie-lettes »

en 1943. Georges Lachaize entreprit ensuite des études supérieures de droit, et, pour les financer, dut accepter un

emploi de maître d’internat, la première année (1943-44) au Prytanée de la Flèche, puis, de novembre 1944 à

1946, dans notre lycée qu’il allait ainsi retrouver. Retiré au Mans, Georges Lachaize y est décédé, le 17 décembre

2012, âgé de 87 ans et demi.

Nécrologie : Jacques Biarne (1934-2013), agrégé d’histoire et géographie, professeur au lycée de 1960 à 1967.

On trouvera, en page 12, une notice biographique sur ce brillant universitaire, spécialiste du monachisme au haut

Moyen-âge, qui a fait toute sa carrière au Mans.

LES ACTIVITÉS DE L’AMICALE

Hommage aux anciens du lycée, morts pour faits de résistance, du 7 au 16 mai

Comme les années précédentes, la Ville du Mans a organisé, autour du 8 mai, une série d’hommages et de dépôts

de gerbes devant les plaques érigées en l’honneur des Manceaux morts pour la France en déport ation ou à la suite

de faits de résistance. Notre amicale s’est associé aux cérémonies organisées en souvenir des professeurs Roger

Bouvet et Paul Marchal, morts en déportation respectivement en décembre 1944 et janvier 1945, et des anciens

élèves Emmanuel Maire, requis du S.T.O. mort à Stettin, le 21 novembre 1943, et Claude Hilleret, résistant tué

par les nazis dans le maquis de la forêt de la Charnie, le 20 juin 1944.

Le 15 mai, hommage à Claude Hilleret ; de gauche à droite, Jean-Jacques Caffieri, Kathleen Marchal, André Vivet, Didier

Béoutis, Nicolas Landy, conseiller municipal, Monique Caffieri ; le 16 mai, hommage à Emmanuel Maire, en présence des

classes de C.M.1 et de C.M.2 de l’école Ferdinand Buisson, et de Yves Ollivier, adjoint au maire du Mans.

Le cocktail de fin d’année scolaire, samedi 29 juin : restauration des ouvrages du fonds ancien

La traditionnelle réception de fin d’année, organisée le samedi 29 juin, dans la salle de la bibliothèque de

l’Oratoire, aura eu une résonnance particulière, puisqu’il fut l’occasion d’évoquer l’opération de restauration des

ouvrages composant le fonds ancien. C’est en effet notre amicale qui s’est occupée du classement des ouvrages

dans la bibliothèque du fonds ancien, et qui, chaque année, grâce aux cotisations et dons de ses adhérents, prend

en charge la rénovation de la reliure d’un ou de plusieurs ouvrages, en les confiant à Michel Gourdelier, relieur

doreur manceau. Ont été ainsi présentés à l’assistance, une géographie en cinq volumes datant de 1660, un

dictionnaire franco-latin-chinois de 1813, et cinq volumes d'un cours de chimie industrielle du XIX e siècle, ainsi

restaurés, par les soins de l’amicale. M ais l’amicale a d’autres projets en cours…

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Michel Gourdelier présente l’un des ouvrages qu’il a restaurés. On reconnaît, de gauche à droite, Monique Béoutis, Michèle

Ménard, Alain Le Berruyer, Étienne Bouton, Jean Lamare, Jean-Pierre Delaperrelle, Serge Vinçon, Didier Béoutis, Mme

Maillard, Alain Moro, Paul Maillard, François Barthomeuf.- Le dictionnaire français-latin-chinois, devenu, par sa reliure, le

« grand livre rouge » !

NOS PROCHAINS RENDEZ-VOUS

Samedi 14 et dimanche 15 septembre : visites du lycée dans le cadre des 30ème

Journées du patrimoine

Comme les années précédentes, notre amicale assurera, les samedi 14 et dimanche 15 septembre, de 14 heures à

18 heures, les visites du lycéen, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Le thème général de ces

Journées, sera, cette année « 1913-2013 : cent ans de protection », rappelant la loi du 13 décembre 1913 qui a

donné naissance à un système de dispositifs juridiques de sauvegarde du patrimoine monumental, architectural,

urbain, archéologique et paysager d’une grande richesse. Depuis 1913, peut ainsi bénéficier d’une protection

juridique au titre des monuments historiques tout immeuble ou objet présentant un intérêt « public » ou

«suffisant » du point de vue de l’histoire ou de l’art. C’est ainsi que, par décision du ministre de la culture en date

du 5 octobre 1982, a été « classée », dans sa totalité, la chapelle des Oratoriens. Nul doute que la salle des actes

du lycée, construite vers 1750, mériterait aussi un classement…

Samedi 12 et dimanche 13 octobre : la 25è heure du livre

Notre amicale, comme les années précédentes aussi, tiendra un stand lors du 36ème

salon du livre, la « 25ème

heure

du livre », organisée par la Ville du Mans, sur le quai Louis Blanc, entre la muraille gallo-romaine et la Sarthe.

Les visiteurs pourront consulter, sur écrans ou sur cahiers, les photos de classes et les archives de l’amicale, la

collection de nos lettres d’information, et prendre contact avec les membres du bureau de l’amicale qui tiendront

ce stand. Comme les années passées, notre stand sera à côté de ceux des associations du patrimoine, à l’entrée

ouest (côté rue Alphonse Poitevin). Tous les adhérents et amis de l’amicale, comme tous ceux qui, à des titres

divers, ont fréquenté le lycée, seront les bienvenus !

LA VIE DU LYCÉE

Séance du conseil d’administration, jeudi 13 juin : travaux, orientation… et demande d’un internat !

La séance du 13 juin a été marquée par l’annonce des travaux qui seront conduits durant l’été : le début de la

réfection du système de sécurité incendie ; la réfection des fenêtres du bâtiment de sciences physiques ; la

réfection de deux portails ; le changement de l’ensemble des serrures extérieures des bâtiments.

M. le proviseur a aussi fait le point sur les flux d’orientation provisoires des classes de 2de en classes de 1ère

. Sur

les 376 élèves de 2de du lycée, 190 iraient vers la série S (scientifique), soit 51,4% (49, 2% en 2012) ; 87 en série

ES (économie), soit 23,5% (24,2% en 2012) ; 44 en série L (littéraire), soit 11,4% (15,1% en 2012) ; 18

redoubleraient (4,9%, contre 3,7% l’année précédente ; 27 (7,3% contre 7,1% l’an dernier) iraient vers d’autres

formations dispensées dans d’autres établissements (sciences et technologies du management et de la gestion-

SMTG ; sciences et technologies de l’industrie et du développement durable-STI2D).

M. Gateau a également informé le conseil que le recrutement des classes préparatoires aux grandes écoles

(C.P.G.E.) serait, pour la rentrée de septembre 2014, du même ordre que pour la rentrée précédente. En effet,

l’absence d’internat au lycée Montesquieu –alors que les lycées à classes préparatoires de l’ouest, comme Rennes,

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Nantes, Tours, Chartres, Caen, en sont pourvus- limite fortement le recrutement. Mme Bringuy, représentante du

Conseil régional des Pays-de-la-Loire indique alors qu’une étude avait montré que les besoins en internat sur Le

Mans concernaient le « post-bac », ce qui, selon elle, n’est pas du ressort de la région…

M. le proviseur exprime alors son regret que les proviseurs des lycées du Mans n’aient pas été informés des

résultats de cette étude, et aussi d’avoir « découvert », dans la presse, les articles faisant état que le projet

d’internat était « enterré » ! Mme Bringuy indique alors qu’elle partage le constat de M. Gateau, et affirme que le

Conseil régional serait prêt à soutenir un tel projet, m ais sans en être le maître d’œuvre.

Fête de fin d’année du personnel du lycée, 3 juillet

C’est une tradition fort ancienne : la fête de fin d’année du personnel du lycée, qui permet de saluer celles et ceux

qui quittent l’établissment, par mutation ou départ en retraite. Les partants à la retraite, cette année, ont été MM.

Kadi Malik (sciences économiques et sociales) et Norbert Roques (philosophie en lettres supérieures), et Mmes

Christine Buzaré (histoire-géographie) et Roselyne Gergaud (conseillère principale d’éducation), et les personnels

mutés, M. Nicolas Butet (adjoint technique principal, responsable technique) et Mme Aïda Harriche (adjoint

technique, préposée à l'accueil). Après l’allocation du proviseur et les remises de cadeaux aux partants, un dîner

convivial, organisé par l’association des professeurs, présidée par M. Didier Kihm, a rassemblé 70 convives. Le

diaporama et les photos prises, accessibles par

http://www.flickr.com/photos/97422219@N06/sets/72157634448080295/show/with/9193195881/ et

http://flickr.com/gp/97422219@N06/Cu4U26/, sont dues à Gilbert Cordebar.

Les résultats du baccalauréat 2013 : un excellent cru pour notre lycée !

Sur les 317 élèves des classes terminales, 305 d’entre eux ont été reçus au baccalauréat –soit 96,2%- et 12 ont été

ajournés (3,8%). Deux-tiers des admis ont été pourvus de mentions : 209 dont 47 « très bien », 63 « bien » et 99

« assez bien ». Les résultats par section sont les suivants :

. section littéraire : 42 candidats ; 38 reçus (90,5%) ; 4 ajournés (9,5%) ;

. section économique et sociale : 107 candidats ; 101 reçus (94,4%) ; 6 ajournés (5,6%) ;

. section scientifique : 168 candidats ; 166 reçus (98,8%) ; 2 ajournés (1,2%).

Ces pourcentages, supérieurs de plusieurs points par rapport à la moyenne nationale (91,9% pour le baccalauréat

général), sont les fruits du travail des élèves –à qui nous souhaitons de faire de bonnes études supérieures-, de

l’implication des enseignants et de la direction du lycée Montesquieu. Félicitations à tous !

Les dates de la rentrée scolaire

Celles-ci sont fixées le mardi 3 septembre, à 8 heures pour les classes de Seconde et les classes préparatoires ; à

13 heures pour les classes de Première L et ES ; à 15 heures, pour celles de Première S ; le mercredi 4 septembre,

à 8 heures, pour les classes terminales L et ES, à 10 heures pour les classes terminales S. Les cours du secondaire

débuteront le jeudi 5 septembre, à la première heure de l’emploi du temps.

DES NOUVELLES DES ANCIENS

Publication : «La Vie mancelle et sarthoise» n° 430 (août-septembre 2013)

Dans son numéro 430 daté des mois d’août-septembre, « la Vie mancelle et sarthoise »,

dirigée par Daniel Levoyer et Jean-Pierre Delaperrelle, propose plusieurs articles rédigés par

d’anciens élèves de notre lycée ou portant sur des anciens élèves ou professeurs du lycée. On

lira notamment, rédigé par Roger Crétois, l’article « La table du château de la Blanchardière

à Sargé-lès-Le Mans », qui a vu s’asseoir autour d’elle de nombreuses personnalités, de

Chanzy à Pershing, de Pershing à Rommel, avant de devenir table du conseil municipal. On

lira aussi les notices de Jacques Chaussumier « Avant les piscines, le stade Drouault et les

Pingouins de l’Huisne », et de Jean-Pierre Épinal « Charles Suan (1815-1892), dans

l’intimité d’un artiste-peintre ». On lira enfin, dus à la plume de notre président Didier

Béoutis, à l’occasion du centenaire de sa naissance, en septembre 1913, une notice sur « Paul

Marchal, l’archange du camp de Stassfurt » , professeur de Première au lycée de garçons du Mans, résistant, mort

en déportation le 17 janvier 1945 ; et, dans « Sarthe, terre de poètes » l’évocation de Pascal Fieschi (1908-1980),

professeur de philosophie dans notre lycée de 1955 à 1959, mais aussi fort délicat poète.

Publication : « Gaullistes dans l’Ouest atlantique, dans les élections législatives de 1958 à 1981 »

Publié sous la direction de Laurent Jalabert, maître de conférences en histoire contemporaine à l’université de

Nantes, cet ouvrage collectif cherche à mieux cerner, par une analyse d’histoire électorale, la profondeur de

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l’ancrage politique du gaullisme dans l’Ouest. Il montre que le gaullisme y pénètre de façon inégale et ne peut

empêcher le basculement à gauche de la Bretagne et de certains départements. Son implantation y est donc

partielle, parfois de circonstances. La France de l’Ouest en 1981 n’est plus une terre de droite, elle y conserve des

bastions, mais elle connaît un rééquilibrage politique durable, que les auteurs cherchent ici à comprendre et à

expliquer. Douze universitaires ont participé à la rédaction de cet ouvrage, et, parmi eux, Gérard Boëldieu, ancien

professeur d’histoire et de géographie dans notre lycée. G. Boëldieu a rédigé les pages relatives à la Sarthe, où il

évoque notamment les anciens élèves de notre lycée, devenus élus des mouvements gaullistes : Raymond Dronne,

Gérard Chasseguet, Pierre Gascher, Jean-Paul Couasnon. Presses universitaires de Rennes, 212 p. 15 €

Publication : « Paul Marchal (1913-1945), l’archange du camp de Stassfurt », par Didier Béoutis

Pour le premier ouvrage historique qu’il publie, Didier Béoutis a choisi de raconter la vie et le destin tragique

d’un ancien professeur de notre lycée, Paul Marchal, mort en déportation, au camp de Stassfurt, le 17 janvier

1945. La communauté lycéenne connaît la plaque en sa mémoire qui est apposée dans la Cour des Oratoriens, à

côté de celle de Roger Bouvet, lui aussi mort en déportation ; les Manceaux connaissent la rue Paul Marchal,

située entre les rues Prémartine et Pierre Belon, mais leur information s’arrête souvent là. Et pourtant, Paul

Marchal était un personnage fort attachant qui mérite d’être mieux connu ! Né

en septembre 1913, il fait ses études au lycée Lakanal à Sceaux, tout en

pratiquant intensément le scoutisme. Démobilisé en 1940, il enseigne au

collège de Saumur tout en préparant l’agrégation des lettres qu’il obtient, en

décembre 1941. Il est alors nommé professeur au lycée du Mans, où il enseigne

à des classes de Première, Seconde, tout en occupant la charge de maître

d’éducation générale. Paul Marchal reprend des activités de scoutisme au

Mans, et épouse, en avril 1943, une cheftaine de louveteaux, Kathleen. Tous

deux vont rapidement se lancer dans la Résistance à l’occupant allemand,

notamment par l’envoi de messages-radio vers la France libre à Londres. Paul

et son épouse sont arrêtés par la Gestapo, le 22 avril 1944, puis transférés à

Fresnes. Alors que Kathleen, enceinte, est libérée, Paul est conduit au camp de

Royallieu, où il sera embarqué, le 17 août, dans le dernier train de déportés qui

parviendra à sa destination, en l’occurrence le camp de Buchenwald !

Transféré au camp annexe de Stassfurt, Paul, d’abord nommé « kapo », est, en

raison de sa résistance à ses geôliers, est reversé à l’ancienne mine de sel et de

potasse, où il est contraint à de très lourds travaux de terrassement. Vite

surnommé « l’archange », devenu suspect aux yeux des S.S., Paul est victime de sévices qui entraîneront sa mort,

le 17 janvier 1945. Il n’aura pas su, que, fin octobre, il était devenu le papa d’un garçon ! En vente dans les librairies du Mans (20 €) ou en adressant un chèque de 23 € (port inclus) à la Société littéraire

du Maine, 11, rue Pierre Belon, 72000 Le Mans.

BULLETIN D’ADHÉSION À L’ASSOCIATION DES ANCIENS ÉLÈVES DU LYCÉE « MONTESQUIEU »

Nom : Prénom : Dates de présence au lycée :

Adresse : Téléphone : Courriel :

J’adhère à l’association des anciens élèves et règle ma cotisation :

. étudiant et moins de 25 ans : 8 € ; membre actif : 15 € bienfaiteur : 75 €, associé : montant au choix

Je fais un don de…… Signature : ………………….

À adresser SVP à M. André VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS.

Nouveautés sur le site http://montesquieu.lemans.free.fr du 1er

mai au 28 août 2013

Les cinq films tournés par M. Marcel Renard, professeur de dessin, en 1951, à l’occasion du centenaire du lycée.

Visibles par l’intermédiaire de liens vers Youtube.

Un diaporama avec, en illustration sonore, trois chants de la chorale mixte des lycées du Mans, dirigée par Jane

Clément en 1958 (Youtube)

Les photos des commémorations des 15 et 16 mai, rues Claude Hilleret et Emmanuel Maire.

Une vidéo sur la bibliothèque en 1950 et en 2013.

Une photo de la salle des actes vers 1935 et une étude historique de cette même salle, de sa construction à nos jours,

par M. Gérard Boëldieu.

4 photos du carnaval 1994, dans la salle des actes. De M. Gérard Boëldieu.

De nombreuses photos de la fête du lycée, prises le 11 juin 2013 par Jean-Marie Poublanc. Quelques photos de la

réunion-cocktail du samedi 29 juin 2013.

Plusieurs photos de la famille Marzorati (par François Marzorati)

À noter la parution, aux Presses universitaires de Rennes, d'une étude intitulée "Gaullistes dans l'Ouest atlantique"

sous la direction de Laurent Jalabert.

Les photos de la fête de fin d'année, le 3 juillet 2013 au lycée.

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Fernand GUIBOUT (1907-1991),

professeur de lettres au lycée entre 1933 et 1942,

une carrière prometteuse, contrariée par la maladie ! par Didier BÉOUTIS

Rarement un enseignant n’avait fait d’aussi brillants débuts au lycée de garçons du Mans ! Prenant son premier poste au

Mans à la rentrée de 1933 comme professeur de 6è, l’Alençonnais Fernand Guibout, âgé de 26 ans, est vite apprécie des

élèves, des familles et de sa hiérarchie pour ses qualités pédagogiques. Nommé à Paris pour la rentrée de 1948, il doit

bientôt cesser son enseignement, étant atteint de tuberculose pulmonaire ! Soigné en maison de cure, il terminera sa carrière,

entrecoupée de périodes de soins, comme enseignant dans les écoles rattachées aux sanatoriums.

Un jeune Alençonnais étudiant en lettres à la Sorbonne

Fernand, François, Auguste Guibout est né, le 14 mai 1907, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, fils

d’Auguste Guibout, âgé de 29 ans, exerçant la profession de plombier, et de son épouse née Blanche L’Ermite. Il

appartient à une famille originaire d’Alençon. C’est d’ailleurs au lycée de cette ville qu’il fera ses études de

secondaires, recueilli par une tante, ses parents étant décédés prématurément.

Attiré par les études classiques, Fernand, jeune homme mince, de petite taille, au visage avenant, passe avec

succès son baccalauréat philo-latin-grec en 1925. Élève des classes préparatoires au lycée Lakanal de 1925 à

1928, il s’inscrit ensuite aux cours de la Sorbonne en vue de préparer une licence ès-lettres. Mais, cet orphelin de

père et de mère doit financer seul ses études ! Il obtient, pour la rentrée de 1928, un emploi de maître d’internat au

collège de Nogent-le-Rotrou, où il se fait apprécier : « maître très sérieux assure son service de façon très

satisfaisante. Travailleur et d’excellente tenue ». Mais étudier en Sorbonne en surveillant des internats à Nogent-

le-Rotrou n’est guère commode ! Fernand Guibout obtient, pour la rentrée de 1929, sa mutation au lycée Louis-

le-grand ! Installé à Paris, Fernand Guibout peut donc préparer dans de bonnes conditions sa licence ès-lettres

qu’il obtient en 1931 (certificat de langue et littérature grecques (1928) latines (1929), françaises (1929),

philologie (1931), en même temps qu’un diplôme d’études supérieures. Il reste en poste au lycée Louis-le-grand

pendant encore deux ans, y commençant la préparation de l’agrégation.

Un premier poste au lycée du Mans et des débuts brillants !

En vue de la rentrée de 1933, Fernand Guibout, âgé de 26 ans, sollicite un poste d’enseignement dans une ville qui

ne soit trop éloignée ni de Paris, où il souhaite continuer à suivre les leçons d’agrégation, ni de sa ville d’Alençon.

Il est affecté, au lycée du Mans, sur la chaire de 6ème

laissée vacante par Gabriel Duhamel, qui prend la classe de

5ème

libre du fait du départ de Roger de Crozant !

Classe de 6èA2B en 1933

Les premières semaines

d’enseignement de Fernand

Guibout sont prometteuses !

Dès janvier 1934, le

proviseur Jules Bréant

estime « qu’avec avec plus

de maturité, M. Guibout

semble devoir faire un très

bon maître ». L’inspecteur

d’académie Jacques Fuster

campe ainsi le nouveau

professeur de 6ème

: « Petit

jeune homme imberbe,

souriant et sympathique, de

bonne tenue, M. Guibout

dépense beaucoup de vie

dans son enseignement. Il

explique de façon

approfondie, il dessine au

tableau ; il interroge

beaucoup, et ses élèves sont

très empressés à répondre : c’est à qui parlera, l’on sent un courant de sympathie à travers toute cette classe. M.

Guibout est évidement un jeune et un débutant, mais il y a tout lieu de supposer qu’il fera bien ». Quant au recteur

Maigron, il va dans le même sens : « Les débuts de M. Guibout sont du meilleur augure, et il semble avoir devant

lui une belle carrière ». L’inspecteur général Poux, venu visiter au même moment la classe de M. Guibout,

partage le même avis : « Ses aptitudes pédagogiques ne sont pas douteuses : ferme sans recherche, souriant sans

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laisser-aller, il donne un enseignement net et solide, dont les qualités se réfléchissent

dans l’esprit des élèves. Il maintient le contact avec la classe en interrogeant sans cesse

et créée ainsi cette atmosphère de travail collectif qui est l’atmosphère naturelle et

nécessaire de la classe ».

F. Guibout, au lycée du Mans, en 1937

Visiblement, Fernand Guibout a bien trouvé sa vocation d’enseignant ! Il sera titularisé,

comme professeur de collège, dès 1936, et au Mans, sa hiérarchie comme les familles et

les élèves souhaitent qu’il reste longtemps au lycée !

Trois semestres en Martinique

Mais Fernand Guibout est avide d’horizons lointains ! C’est ainsi qu’au cours de l’année

1937, il fait une demande de mutation pour le lycée Schœlcher, à Fort-de-France. Il y est

incité par un de ses parents par alliance, Eugène Revert, qui y occupe le poste de chef du

service de l’instruction publique en Martinique ! Sa demande est agréée, et Fernand

Guibout quitte le lycée du Mans pour occuper ses nouvelles fonctions au lycée

Schœlcher en janvier 1938, passant ainsi des rigueurs de l’hiver sarthois à climat plus

clément. Cette mutation fait un heureux : l’administration nomme, pour succéder à

Guibout sur la chaire de 6ème

, un jeune Sarthois, ancien élève du lycée, en poste au

collège d’Argentan : Jean Audouy, qui rejoindra au lycée son père, professeur de 7ème

, et

qui entamera une carrière longue de 35 ans et fructueuse dans notre établissement !

Au lycée Schœlcher, Fernand Guibout est chargé d’une classe de 3ème

et d’une classe de 1ère

. Utilisant les

méthodes qui avaient fait sa réussite au Mans, il se fait rapidement apprécier, prenant place parmi les tout

meilleurs enseignants de l’établissement ! C’est même lui qui est désigné pour prononcer le discours d’usage lors

de la distribution des prix de l’été 1938, allocution qui sera reprise dans le numéro de décembre de « Bahut », le

journal des élèves du lycée du Mans, son établissement avec lequel il était resté en contact. L’inspecteur général

de l’instruction publique Lamirand , qui visitera Fernand Guibout, en novembre 1938, dans sa classe de 1èB,

écrira : « La classe est faible, mais M. Guibout en tire un parti aussi bon que possible : je ne vois que des visages

attentifs, chacun fait un effort pour comprendre, on travaille avec ardeur, je note des réponses assez bonnes. M.

Guibout est un jeune maître assez fin, d’une grande distinction, qui sait bien se mettre à la portée des élèves ; son

enseignement est justement goûté. Il fait vraiment bien. Un sujet d’élite ». Le Gouverneur de la Martinique

l’appréciera ainsi : « bon professeur –instruit- aimant son métier. Une des meilleures unités du

lycée Schœlcher ».

À la fin de l’année scolaire 1938-39, Fernand Guibout part passer ses vacances d’été en métropole. Il se trouve

donc à Alençon à la déclaration de guerre, au début de septembre. Non mobilisable –il avait été réformé en raison

de sa faible constitution physique-, Fernand Guibout se trouve dans l’impossibilité de trouver un navire pour le

ramener en Martinique, pour la rentrée d’octobre 1939 ! Il sollicite alors un poste, de préférence au lycée

d’Alençon, ou, à défaut, dans un établissement secondaire de l’académie de Caen. F. Guibout est affecté à

l’annexe de Coutainville, où est replié le lycée de Coutances, et où il sera chargé des classes de 5ème

, 4ème

, 2de

et

1ère

! En vue de la rentrée de 1941, Fernand Guibout, tenté un moment par un poste en Algérie ou dans le midi de

la France, sollicite finalement un poste à Alençon ou au Mans. Il n’y a pas de poste de lettres vacant au lycée

d’Alençon, mais au lycée du Mans. La chaire de Seconde s’y trouve vacante, son titulaire, Verdun-Louis Saulnier

étant nommé sur la chaire de Première, succédant à Roger Bouvet, pressé d’accepter un poste au lycée Carnot

après avoir été dénoncé comme résistant !

Fernand Guibout retrouve le lycée qu’il avait quitté trois ans et demi auparavant… et dans sa classe de seconde,

quelques-uns de ses anciens élèves de 6ème

! Il n’a rien perdu de son enthousiasme à enseigner, et le proviseur

Bréant peut, en janvier 1942, l’apprécier ainsi : « M. Guibout est un maître intelligent et cultivé ; il a du goût et

de la finesse ; il aime les jeunes et sait se faire aimer d’eux. Son enseignement, préparé avec soin, est très

apprécié, et les résultats obtenus sont fort encourageants. M. Guibout s’acquitte, avec beaucoup de zèle et de

goût, de son rôle de maître adjoint d’éducation générale. Proposé pour la titularisation comme professeur de

lycée ».L’inspecteur d’académie Deniniolle évoquera un « professeur compétent, maître de lui-même et conscient

de sa mission ; donne un enseignement substantiel et déjà assez bien adapté ».

Affecté à Alençon, puis au lycée Voltaire

C’est à la rentrée suivante, en octobre 1942, que Fernand Guibout quittera définitivement le lycée du Mans, ayant

enfin obtenu une affectation au lycée d’Alençon ! Revenu chez lui, il commence à préparer à nouveau

l’agrégation. Mais les privations liées à l’occupation auront affaibli une constitution physique fragile ! Candidat à

l’agrégation en 1945, fatigué et souffrant, il ne peut tenir le rythme du concours qui durait une semaine. Il se

trouve contraint d’abandonner le concours en cours d’épreuve ! F. Guibout sollicite alors une affectation dans un

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lycée parisien, ce qui lui permettrait de suivre plus facilement la préparation au concours de l’agrégation auquel il

n’a pas renoncé à se présenter une nouvelle fois ! Ses bonnes appréciations « toujours souriant, enseigne

savamment et intelligemment, d’une voix menue comme sa personne » lui permettent d’être nommé professeur

délégué de 6è au lycée Voltaire, pour la rentrée d’octobre 1948. Au mois de mars précédent, Fernand et sa

compagne Renée auront eu leur premier enfant, une fille prénommée Marie-Laure.

1949 ne sera pas aussi faste que 1948, puisque Fernand Guibout devra cesser ses fonctions au mois d’avril ! Il est

en effet atteint de tuberculose pulmonaire, et doit aller se faire soigner. Après son départ, son proviseur écrira :

« Il m’a paru très méthodique et d’un dévouement au-dessus de tout éloge. Il était en tout cas très aimé des

élèves ». Fernand Guibout, qui n’est alors âgé que de 41 ans, passera les dix-huit années qui le sépareront de la

retraite, dans des établissements universitaires de cure, soit comme patient, soit comme enseignant !

Dans les maisons de cure, comme patient ou comme enseignant

De mars 1949 à avril 1951, Fernand Guibout se fera soigner tout d’abord au sanatorium des étudiants de Saint-

Hilaire-sur Touvet, dans l’Isère, puis la maison « post-cure » à Sceaux.. Pour la rentrée scolaire de 1951, il sera

affecté au Centre national de télé-enseignement (C.N.T.E.) où il sera chargé de la direction des enseignements

dans les établissements de la Fondation des étudiants à Paris. La directrice adjointe du C.N.T.E., qui n’est autre

que Mlle Marguerite Bolnat, ancienne directrice du lycée de jeunes filles du Mans, rue Berthelot, l’appréciera de

la façon suivante, en mai 1952 : « M. Guibout a pris son service à la rentrée scolaire. Bien que je le connaisse

encore très peu, il me laisse l’impression de quelqu’un d’actif et de dévoué à ses fonctions – beaucoup d’activité

et de dévouement ».

En octobre 1953, Fernand Guibout sera affecté au sanatorium des lycéens de Neufmoutiers-en-Brie, comme

chargé de la direction des études et, aussi, enseignant. Ses services seront appréciés par l’inspecteur général

Bocognano qui écrira : « Je l’entends dans une classe de 1ère

, dont il se propose de guider les efforts dans la

préparation d’une version. Sa maïeutique ne manque ni de méthode ni de patience, et l’on sent entre maître et

élèves une communication confiante. M. Guibout s’acquitte de sa tâche avec ordre et conscience. Ses efforts ne

sont pas sans résultats. J’emporte de cette visite une bonne impression ». C’est pendant cette période que Fernand

Guibout et son épouse Renée auront leurs 2ème

et 3ème

enfants, deux garçons : Noël (avril 1953) et François (juin

1954). Mais son service d’enseignement fatiguera Fernand Guibout, dont l’état de santé reste fort fragile. Il devra

abandonner ses fonctions pendant deux ans, retournant en cure à Saint-Hilaire du Touvet, d’octobre 1955 à juin

1957. Après ces deux années de soins, il est nommé sur place, enseignant à la maison de cure de Saint-Hilaire du

Touvet, où il restera jusqu’en juin 1961.

Sur sa demande, Fernand Guibout sera nommé, en 1961, comme enseignant dans une autre maison de cure

universitaire, le sanatorium Félix Mangini, à Hauteville (Ain). Là, il y mène une triple action : un cours de

français pour les malades titulaires du certificat d’études primaires, de niveaux équivalent de classes de 5è à 3è ;

une préparation aux épreuves littéraires (dissertation française, littérature) à la section préparatoire au concours

des écoles d’infirmières ; des causeries littéraires pour les pensionnaires de la maison de cure. C’est à Hauteville

que Fernand Guibout se sentira le plus à l’aise et sera le plus apprécié. En mars 1965, il recevra une très flatteuse

appréciation : « M. Guibout a donné toute satisfaction depuis son arrivée au sanatorium Félix Mangini ;

régularité, ponctualité, assiduité ont été réguliers tout au long des années passées dans cette station. Le travail

réalisé auprès des malades du sanatorium et des élèves de l’école sanatoriale d’infirmières de Mangini a été

fructueux, ce qui se traduit par un pourcentage plus élevé de succès à l’examen d’entrée aux écoles d’infirmières,

malgré une notable baisse du niveau des candidats. En plus de ses cours d’enseignement général, M. Guibout fait

chaque semaine une causerie, sur un sujet littéraire, très suivie ». Mais ces activités multiples auront aussi

ébranlé à nouveau l’état de santé de l’enseignant qui doit arrêter ses fonctions pour de nouveaux congés de

maladie d’une année, d’avril 1965 à avril 1966.

Durant cette période, ses enfants avaient grandi et arrivaient à l’âge d’être scolarisés dans un lycée. Afin de leur

éviter l’internat, Fernand Guibout avait sollicité un poste à proximité d’un lycée. Il obtiendra satisfaction, en étant

à nouveau affecté au Centre national de télé-enseignement, où il enseignera jusqu’à la fin de l’année scolaire

1966-67, arrivant ainsi à l’âge de 60 ans. Fernand Guibout se retirera alors dans sa maison d’Alençon, où ses

enfants étaient scolarisés. Notre lycée accueillera même son fils Noël, au cours de l’année scolaire 1971-72 où il

était venu, après son baccalauréat, y effectuer son année de lettres supérieures.

Fernand Guibout, à la santé toujours délicate, réussira, au prix d’une vie paisible dans sa ville d’Alençon, à y

passer une retraite de 24 ans, décédant en novembre 1991, âgé de 84 ans.

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Jean CREISSON (1901-1979)

agrégé de sciences physiques, professeur au lycée de 1940 à 1946 par Didier BÉOUTIS

Comme les autres établissements d’enseignement, notre lycée a souffert, durant la période de l’occupation allemande, de

difficultés de toute sorte (présence de l’armée allemande de juin 1940 à février 1941 ; manque de place du fait de l’accueil

des élèves du lycée de jeunes filles qui avait été réquisitionné pour en faire un hôpital ; malnutrition des élèves, cours souvent

perturbés par les alertes). Si pendant cette période, notre lycée a pu dispenser, malgré tout, un enseignement de qualité, tout

le mérite, en revient à un corps professoral dévoué et compétent. Parmi ces professeurs, il nous faut citer Jean Creisson, qui

depuis 1940 et jusqu’en 1946, fut un enseignant fort apprécié de sciences physiques, ayant même réussi à présenter avec

succès un de ses élèves au concours général ! Portrait d’un enseignant qui mérite de rester dans la mémoire du lycée.

Un jeune Dijonnais, passionné de sciences physiques

Si Jean, Louis Creisson est né à Bastia, en Corse, le 21 juin 1901, fils d’un ingénieur en poste dans l’île et de son

épouse corse, c’est à Dijon qu’il a passé, en 1920, son baccalauréat de mathématiques et commencé ses études

supérieures de sciences physiques. Ses études supérieures furent d’ailleurs interrompues, entre 1922 et 1924, par

le service militaire, alors porté à six mois. Comme de nombreux étudiants de cette époque, Jean Creisson dut

accepter des postes de maître d’internat puis de répétiteur dans l’académie de Lyon pour pouvoir financer ses

études. Il commence, en décembre 1924, par un poste de maître d’internat au collège de Châlon-sur-Saône

(Saône-et-Loire), avant d’accepter, en février 1927, un emploi de répétiteur au collège de Villefranche-sur-Saône

(Rhône). Dans le même temps, il obtient, auprès de la faculté de Dijon, un certificat de mathématiques générales

(1925), puis de chimie générale (1926), avant d’obtenir, à la faculté de Lyon, un certificat de physique générale,

ce qui lui, permet d’être reçu, en 1927, à la licence d’enseignement de sciences physiques.

Tout en préparant un diplôme d’études supérieures de physique, qui lui sera délivré en 1928 par la faculté de

Lyon, Jean Creisson sera répétiteur au lycée de Mâcon (septembre 1927) puis enfin au lycée Ampère à Lyon, en

mai 1928. Il y manifeste des qualités de sérieux, le proviseur notant, en janvier 1931 « tient bien son étude, et ses

élèves travaillent dans une atmosphère d’ordre et de labeur. J’estime que M. Creisson ferait un bon professeur

d’enseignement technique comme d’enseignement secondaire ». Tout en œuvrant ainsi, Jean Creisson fonde un

foyer, se marie et devient papa d’un garçon, Gérard, né en novembre 1930.

Préparateur à Lyon, puis au lycée Rollin

Les qualités manifestées par Jean Creisson, ses titres universitaires et le désir qu’il exprime de préparer

l’agrégation de sciences physiques conduiront le proviseur du lycée Ampère à lui confier des fonctions de

préparateur en sciences physiques, à la rentrée d’octobre 1932. Lors d’une visite, en février 1935, l’inspecteur

d’académie notera « préparateur au-dessus de la moyenne comme formation antérieure (licence et diplôme

d’études supérieures). Acquiert peu à peu l’habileté manuelle et les connaissances pratiques indispensables.

Donne satisfaction ».

Bien qu’il eût pu obtenir, grâce à ses diplômes, un poste de professeur de collège, Jean Creisson préfère rester sur

un emploi de préparateur, qui lui permet de rester dans une ville de faculté, et partant, de préparer l’agrégation

dans de bonnes conditions. L’inspecteur d’académie donne aussi un avis favorable à la demande de mutation de

Jean Creisson pour un lycée parisien, qui lui permettra de suivre les leçons de préparation à l’agrégation

dispensées par la faculté des sciences de Paris. Après huit années de fonctions au lycée Ampère, Jean Creisson

reçoit donc sa nomination, pour la rentrée de 1936, comme préparateur au lycée Rollin (le futur lycée Jacques

Decour), avenue Trudaine, à Paris.

L’agrégation est une épreuve de longue

haleine ! Mais le choix de Paris portera

ses fruits puisque Jean Creisson obtient

l’admissibilité en 1938, et l’année

suivante, en 1939, une nouvelle fois

admissible… il transforme l’essai en

étant admis ! Le nouvel agrégé peut

donc prétendre à une chaire dans un

lycée…, et, ayant fait ses choix pour les

villes de l’ouest, c’est au lycée de

garçons du Mans qu’il est nommé ! Les professeurs du lycée du Mans en 1940 :

J. Creisson figure au premier rang, à la 3ème

place. A sa droite, Paul Bois, à sa gauche,

le censeur Emery et le proviseur Bréant.

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Jean Creisson doit donc rejoindre son nouveau poste pour la rentrée d’octobre 1939. Durant l’été est organisé,

dans la précipitation et pour la première fois, au lycée du Mans, un « centre de préparation aux grandes écoles »,

composée de classes des lycées parisiens et de

la ligne de front, ainsi mises à l’abri dans une

ville considérée en principe éloignée de tout

danger d’invasion… Jean Creisson est prévu

pour enseigner les sciences physiques dans les

classes préparatoires au concours de Saint-Cyr.

Mais il ne rejoindra pas son poste, en raison de

la mobilisation : il est appelé dans un service

de liaison militaire, à Chambéry, secteur

fortifié de la Savoie. C’est donc à Chambéry

que Jean Creisson va passer la « drôle de

guerre » !

La Math’élem en 1943-44, une classe mixte au

lycée !

Un professeur fort apprécié au lycée du Mans

Démobilisé, à la suite de l’armistice, en juillet 1940, Jean Creisson vient au Mans

prendre son poste. Mais le centre de préparation aux grandes écoles du lycée du Mans

a été dissous, professeurs et élèves regagnant, après l’armistice, leurs établissements

respectifs. Le proviseur Bréant trouve toutefois un service d’enseignement pour ce

nouvel arrivant : la première chaire de sciences physiques, qui comprend le service de

classe de mathématiques et la classe de 1ère

, complétée par la tenue du laboratoire !

Jean Creisson fait équipe avec l’autre enseignant de sciences physiques, Charles

Bouzat, en fonctions au lycée depuis 1929, qui vient d’être, comme lui, démobilisé.

Gérard, fils de Jean, est scolarisé au lycée, en classe de 7è, et fera dans notre

établissement toutes ses études secondaires, jusqu’au baccalauréat, en 1948.

Jean Creisson est inspecté, dès décembre 1940 par l’inspecteur général Marc Bruhat

qui note, de façon très encourageante : « Reçu depuis peu à l’agrégation, M. Creisson

est un maître plein d’ardeur qui aime son métier. Il a des connaissances, un sens

expérimental très développé et toute l’autorité voulue. Il ne se rend pas encore bien

compte de ce que peuvent donner ses élèves, et son cours a besoin d’être allégé sur

certains points; quand il l’aura bien mis au point, il obtiendra d’excellents résultats ».

Le mois suivant, en janvier 1941, le proviseur Jules Bréant fera aussi part de sa

satisfaction en notant : « de longs services comme préparateur ont acquis à M.

Creisson une grande habileté expérimentale qu’il emploie au mieux dans ses classes. Les débuts de M. Creisson

dans l’enseignement proprement dit sont très prometteurs ! ». J. Creisson en 1944, porte le

deuil de son frère

Classe de chimie au lycée

En novembre1942,

toujours en charge des

classes terminales et de

première, Jean Creisson est

à nouveau inspecté, cette

fois par l’inspecteur

général Robert qui note :

« M. Creisson s’est voué

avec zèle à son

enseignement et y réussit

parfaitement. Il faut

souhaiter qu’il se

rapproche encore

davantage des élèves (…)

C’est dans un lycée comme

celui du Mans qu’il peut faire des progrès définitifs à l’âge où il est en pleine possession de ses qualités

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heureuses, qui le rendent actif et dynamique ». À la fin de cette année scolaire, le professeur reçoit une marque de

satisfaction importante : son élève de math’élem Claude Bellot, qu’il a présenté au concours général, a obtenu le

5è accessit de physique ! Pareil honneur n’était plus arrivé au lycée depuis 6 ans, en 1937, année où Jean Pottier

avait obtenu un premier accessit de dessin !

Jean Creisson souhaite poursuivre sa carrière dans un lycée parisien, mais les circonstances de l’occupation

rendent sa demande difficile à satisfaire. En 1944, il fera acte de candidature pour le poste de directeur du

prytanée militaire, alors replié à Briançon, mais cette demande n’aura pas de suite.

Une circonstance tragique survient en août 1944 : le frère de Jean, le docteur Henri Creisson, trouve la mort dans

les combats de la Libération, tué par les Allemands, laissant, puisque son épouse est elle-aussi décédée, quatre

jeunes orphelins. Jean Creisson et son épouse décident de prendre les quatre enfants à leur foyer qui passe ainsi de

trois… à sept personnes. Ses neveux Guy et Christian seront scolarisés au lycée du Mans, où ils rejoindront leur

cousin Gérard.

Faisant toujours équipe avec Charles Bouzat, Jean Creisson entame à la rentrée de 1945 sa sixième année scolaire

au lycée, s’attirant, une nouvelle fois, la satisfaction, lors d’une visite, en novembre de l’inspecteur général

Bruhat : « l’exposé –sur la pression- a été conduit avec beaucoup d’entrain et d’allant. M. Creisson sait tenir son

auditoire en haleine et provoquer sa participation. Il dégage nettement les faits essentiels ; il intéresse ses élèves

et les entraîne bien. La leçon terminée, il s’assure, par des interrogations et par la résolution de nombreux

exercices d’application qu’il a été suivi et compris. C’est là du très bon travail. L’interrogation finale a donné

d’assez bons résultats et je ne doute pas que, sous la direction avisée et ferme de M. Creisson cette division ne

fasse de rapides progrès ». En 1946, il recevra les insignes d’officier de l’instruction publique (après avoir été fait

officier d’académie, en 1939).

Dix-neuf années en « prépa Saint-Cloud » au lycée Chaptal

Cette sixième année scolaire au Mans sera la dernière, puisque Jean Creisson obtient, pour la rentrée de 1946, sa

mutation pour le collège parisien Chaptal –qui deviendra plus tard lycée-, boulevard des Batignolles. Au Mans,

c’est un jeune collègue, Georges Bouchité qui le remplace, faisant équipe avec Charles Bouzat. Au collège

Chaptal, Jean Creisson est en charge de la classe préparatoire à l’École normale supérieure de Saint-Cloud, tout en

complétant son service par une classe de seconde. Il s’agit de deux enseignements nouveaux, puisqu’au Mans, il

était en charge de classes terminales et de première. Mais, rompu à l’exercice, Jean Creisson

s’adaptera très vite. Le directeur du collège pourra, dès janvier, l’apprécier ainsi : « M.

Creisson, chargé de la préparation à Saint-Cloud (sciences) nous arrive cette année du

lycée du Mans. Il nous donne déjà l’impression très favorable d’un professeur dévoué,

compétent, soucieux de mesurer à l’avance toute l’étendue de sa lourde tâche et d’y

proportionner ses efforts, afin que ses grands élèves aient parcouru leur programme dans les

conditions les plus fructueuses ». En 1962, au lycée Chaptal

Il est fort difficile de se loger dans les années de l’immédiat après-guerre, du fait notamment

des destructions et des réquisitions. Jean Creisson en fait l’amère expérience, puisque,

pendant deux ans, il devra laisser sa -nombreuse- famille au Mans, ne trouvant à se loger que

dans une chambre de son ancien lycée Rollin, devenu Jacques Decour. Jean Creisson finira

toutefois à trouver un logement pour sa famille avenue Trudaine, puis en proche banlieue

ouest-parisienne, à Levallois-Perret !

Jean Creisson trouvera sa pleine place au lycée Chaptal, où il enseignera en « prépa Saint-

Cloud » et en 2de

pendant dix-neuf années, devenant un professeur connu et apprécié. Il s’agit d’un service lourd

(12 heures hebdomadaires pour la « prépa », 6 heures pour la seconde, avec des effectifs importants (parfois plus

de cinquante élèves pour la classe préparatoire). Il obtiendra chaque année des appréciations élogieuses (mars

1953 : la longue expérience de M. Creisson contribue aux succès que remporte régulièrement la classe de St-

Cloud (sciences) ; enseignement solide et méthodique ; décembre 1960 : M. Creisson est un professeur très

consciencieux et expérimenté dont l’enseignement est clair et méthodique. Le travail des élèves est honnête. Les

résultats sont satisfaisants ». Ce n’est qu’en juin 1965 que, âgé de 64 ans, Jean Creisson décidera de prendre une

retraite, ayant bien mérité de l’Université et des sciences physiques, en ayant formé au Mans, de futurs bacheliers,

et, au lycée Chaptal, de nombreux élèves reçus à « Saint-Cloud » ! Retiré à Nice, il y décèdera le 15 juillet 1979,

âgé de 78 ans.

Nous espérons que vous aurez pris intérêt à la lecture de ce numéro. Vous pourrez consulter le site d’archives géré par

André VIVET http://montesquieu.lemans.free.fr et contribuer à l’enrichir. Merci de nous faire parvenir informations,

contributions qui pourront être publiées, observations et suggestions. Tout courrier doit être adressé, pour la lettre, à Didier

BÉOUTIS, 11, rue Pierre Belon, 72000 LE MANS, [email protected] et, pour les archives et adhésions, à André

VIVET, 7, rue de Sicile, 72000 LE MANS, [email protected]. Prochaine lettre le 1e novembre

Page 12: Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieumontesquieu.lemans.free.fr/leslettre1/li36.pdf · 2013. 9. 5. · Bouvet et Paul Marchal, morts en déportation respectivement

Jacques BIARNE (1934-2013), agrégé d’histoire,

Professeur au lycée, puis à l’université du Maine,

spécialiste des origines du monachisme en Occident

Jacques Biarne est décédé, au Mans, le 17 juillet, alors qu'il allait passer le cap de ses 79 ans.

Né le 31 juillet 1934 à Paris, Jacques Biarne fit ses études secondaires et supérieures

dans la capitale (lycées Voltaire, Henri IV, et Sorbonne), sanctionnées, en 1956, par une

licence d’histoire, en 1957, par un diplôme d’études supérieures, puis, en 1960, par le

CAPES et l'agrégation d'histoire. Il arrive au Mans en cette même année 1960, pour

prendre son premier poste au lycée de garçons. Succédant à Paul Bois, il enseignera en

classe de lettres supérieures et dans les classes du deuxième cycle du secondaire, de

1960 à 67, à l’exception des seize mois entre la fin de 1960 et le début de 1962 où il

accomplira ses obligations militaires. Il sera alors suppléé en lettres supérieures par Mme

Odette Bois. Au lycée, en 1965

Jacques Biarne quitte son service au lycée en 1967, année où il est nommé assistant

d'histoire de l'antiquité et du moyen-âge au collège littéraire universitaire du Mans,

embryon de ce qui sera l'Université du Maine. Il y fera toute sa carrière, comme maître-assistant, puis professeur,

étant nommé professeur émérite lors de son départ en retraite.

C'est sur les conseils de son ancien professeur Henri-Irénée Marrou, historien spécialiste du christianisme primitif,

que Jacques Biarne s'était lancé dans une thèse d'État sur "les origines du monachisme en Occident" qu'il soutint,

avec mention "très honorable", le 18 décembre 1990, devant l'Université de Paris IV- la Sorbonne. Il avait, pour

cela, étudié l'ensemble des règles bénédictines rassemblées et écrites par Benoît d'Aniane au IXè siècle.

Membre de la Société d'agriculture, sciences et arts de la Sarthe, Jacques Biarne était aussi, avec Pierre

Térouanne, une des chevilles ouvrières du Groupe sarthois de recherches archéologiques, et s'était occupé

notamment des fouilles d'Allonnes et de la place Saint-Hilaire, dans le centre du Mans, publiant, en 1974

« Allonnes dans l’Antiquité », en collaboration avec Pierre Térouanne, André Pioger et Francis Ribemont.

Jacques Biarne avait participé à l’ouvrage collectif « Histoire du Mans et du pays manceau » publié sous la

direction de François Dornic (Privat, 1975), en rédigeant le chapitre « Naissance de la ville » portant sur la

période de la préhistoire au Ve siècle. Il avait aussi participé, en 1978, à l’"Histoire religieuse du Maine", ouvrage

collectif publié sous la direction de Guy-Marie Oury. Il avait aussi participé à la "Topographie chrétienne des

cités de la Gaule", pour les parties relatives aux provinces ecclésiastiques de Vienne et Arles (en 1986) et de

Tours (en 1987).

Marié à Renée, originaire de Carpentras, père de cinq enfants, passionné de cinéma, Jacques Biarne avait été

membre du comité « art et essai » qui programmait les séances dans la salle mancelle du Pâtis, géré par la famille

Serceau. Toujours enclin à encourager les jeunes chercheurs, il avait dirigé plusieurs mémoires universitaires, et

donnait régulièrement des communications dans des colloques. Jacques Biarne s'intéressait aux travaux de notre

amicale, y avait adhéré, et avait participé à plusieurs de nos réunions, notamment au banquet du 2 avril 2011, où il

avait retrouvé son ancien collègue Louis Mermaz. Sa fille Anne-Claire a été élève de notre lycée, en lettres

supérieures, au cours de l’année 1978-79.

Les obsèques de Jacques Biarne, qui avait supporté, avec son courage et sa foi, la longue maladie qui allait

l’emporter, ont été célébrées le 22 juillet à 15h, en sa paroisse, l'église Saint-Aldric, au Mans, par le curé Pierre-

Marie Cotten, ancien élève du lycée, en présence notamment de nombre de ses anciens collègues, étudiants et

élèves. Notre amicale y était représentée par Didier Béoutis, André Vivet et Jean-Pierre Rouzé.

LES ONZE FIORETTI D’UN HISTORIEN !

Sous le titre « les onze fioretti d’un historien », qui évoque bien entendu le film de Rossellini sur saint François

d’Assise, Jacques Biarne avait accordé un long entretien avec Michel Rosier et Daniel Serceau, paru sur quatre

pages dans « la Vie mancelle » n° 87, daté de juin-juillet 1968. Jacques Biarne y évoque notamment « la

prétendue décadence de Rome », ses rapports avec la religion, l’enseignement et l’histoire, les rapports entre

cinéma et histoire, concluant par : « les Manceaux sont gentils, sûrs et fidèles (...) Je pense donc rester au Mans

assez longtemps, vivre la vie de ses citoyens, y apporter quelque chose en tant qu’enseignant, mais aussi pour la

culture générale de la ville ». Le développement de l’Université aura permis à Jacques Biarne de demeurer au

Mans durant toute sa carrière, mais aussi son temps de retraite, soit une période de 53 ans !

Association amicale des anciens élèves du lycée Montesquieu, 1, rue Montesquieu, 72008 LE MANS Cedex 1

Président : Didier BÉOUTIS; Vice-Présidents : Claude JEAN et Jean LAMARE ;

secrétaire-archiviste : André VIVET; secrétaire-adjoint : Paul COTTIN ; trésorier : François BARTHOMEUF. Directeur de la publication : Didier BÉOUTIS