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Atlas des Paysages de Wallonie CPDT

Atlas des Paysages de Wallonie - Tome 5

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  • Atlas des Paysages de Wallonie

    CPDT

  • LAtlas des Paysages de Wallonie est une publication de la Confrence Permanente du Dveloppement Territorial

    Diffusion :

    Direction de la Communication

    Place de la Wallonie, 1

    B-5100 Namur

    E-mail : [email protected]

    Tl. 0800 11 901

    Prix : 18,00 e

    Les publications de la CPDT sont consultables et

    tlchargeables sur le site http://cpdt.wallonie.be

    Droits de traduction et de reproduction rservs

    pour tous pays. Toute reproduction, mme partielle,

    du texte ou de liconographie de cette publication est

    soumise lautorisation crite des auteurs.

    N ISBN : 978-2-8056-0099-9

    N de Dpt lgal : D/2012/11802/80

    Editeur responsable :

    Ghislain Geron

    SPW-DGO4 Amnagement du Territoire,

    Logement, Patrimoine, Energie

    Rue des Brigades dIrlande, 1

    B-5100 Namur

    Directrice de publication :

    Dominique Costermans

    E-mail : [email protected]

    Supervision ditoriale :

    Dominique Istaz

    E-mail : [email protected]

    Conception graphique et mise en page :

    Debie graphic design

    Avec la collaboration de Rgis Baudy

    Imprimerie :

    Snel, Lige

    Le contenu nengage que la responsabilit des auteurs.

  • Etienne CastiauMichle HaineThas Pons Stphanie QuriatAvec la collaboration de Claire Neuray et Marc Nielsen

    Direction scientifiqueMarie-Franoise Godart

    Atlas des Paysages de Wallonie

    4. La Haine et la Sambre

  • Remerciements

    Lquipe de recherche remercie chaleureusement les membres du comit daccompagnement qui lont accompagne

    tout au long du processus dlaboration du prsent atlas, au travers de runions, dentrevues et de nombreuses relec-

    tures, sans jamais compter leur temps :

    Mireille Deconinck (prsidente, DGO4-DAR), Dimitri Belayew, Thrse Cortembos, Nicolas Dendoncker (FUNDP), Gislaine

    Devillers (DGO4-DP), Didier Marchal (DGO3-DNF), Herbert Meunier (CRMSF), Serge Schmitz (ULg), Philippe Soutmans

    (HELdV), Jacques Stein (DGO3-DEMNA), Marc Thirion (DGO3-DRCE) et Axel Tixhon (FUNDP).

    Que tous ceux qui ont particip dune manire ou dune autre la relecture, aux interviews ou ont cd gracieusement

    des documents trouvent galement ici lexpression de notre reconnaissance.

  • 6 Atlas des Paysages de Wallonie

    Table des matires

    Avant-propos 8

    1re partie : Les paysages de Wallonie 11La longue mise en place des paysages traditionnels de la Wallonie : des premiers sicles de notre re

    aux annes cinquante 12

    Des annes cinquante nos jours 23

    2me partie : Lensemble paysager de la Haine et de la Sambre 29La Haine et la Sambre 30

    La mise en place des paysages de la Haine et de la Sambre 57

    Les volutions contemporaines 74

    Des regards sur les paysages 94

    3me partie : Les aires paysagres de la Haine et de la Sambre 119Mthode adopte pour la dlimitation des aires paysagres 122

    Bordure forestire de la plaine de la Haine 130

    Dpression de la Basse Haine 140

    Agglomration industrielle boraine 150

    Centre et faubourgs montois 160

    Priurbanisation montoise 170

    Agglomration industrielle et canaux du Centre 178

  • La Haine et la Sambre 7

    Table des matires

    Campagne boise du Roeulx 188

    Interfl uve de la Haine et de la Sambre 196

    Plateau agricole de Gouy-lez-Piton 204

    Campagne charbonnire du Centre 212

    Plateau agricole de Buvrinnes 220

    Agglomration carolorgienne 226

    Centre historique de Charleroi 236

    Valle industrielle carolorgienne 246

    Valle industrielle de la Basse Sambre 254

    Versants boiss de la Sambre et de ses affl uents 262

    4me partie : Les enjeux globaux de lensemble paysager 275Enjeux globaux 277

    Un important tissu bti dorigine ouvrire ou sociale 278

    Les tmoins du pass industriel : usines, terrils et canaux 280

    Les campagnes priurbaines 282

    Glossaire 284

    Correspondance entre communes et aires paysagres 288

    Correspondance entre principaux cours deau, canaux et aires paysagres 289

    Bibliographie 290

    Webographie 295

    Crdits photographiques 295

    Blocs diagrammes 295

  • 8 Atlas des Paysages de Wallonie

    Ladoption de la Convention europenne du paysage Florence en 2000 traduit les proccupations nouvelles des pays

    europens cet gard. Cette question a de fait pris une relle importance suite lvolution trs rapide de nos contres et

    la perte didentit culturelle et territoriale ressentie par une partie de la population. Les citoyens et les pouvoirs publics en

    sont venus considrer le paysage* comme une composante essentielle de la qualit de vie et comme un vritable facteur

    dattractivit sociale et conomique des territoires. Les autorits europennes conoivent par ailleurs le paysage comme

    un lment majeur du patrimoine lchelle transnationale et estiment quil contribue la consolidation dune vritable

    identit europenne. Un travail a ds lors t engag au niveau du Conseil de lEurope sur la notion de paysage et sur

    les valeurs qui lui sont associes. Aprs de longs dbats entre experts, lis des conceptions fort diffrentes dun pays

    lautre, la Convention europenne du paysage a t ouverte la signature Florence, le 20 octobre 2000.

    Cette Convention vise protger, amnager et grer les paysages europens. Pour ce faire, divers outils et recommandations

    sont proposs. Parmi ceux-ci, on peut relever la ncessit de connatre les paysages et de sensibiliser ceux-ci.

    La Rgion wallonne, partenaire des discussions, a ratifi la convention ds 2001 et initi diverses actions pour la mettre en

    uvre sur son territoire. Parmi celles-ci on peut citer la sensibilisation aux paysages, notamment par le biais de publications

    et de travaux de recherche mens dans le cadre de la Confrence Permanente du dveloppement Territorial (CPDT).

    Ces travaux ont abouti une plaquette de vulgarisation1 et la publication des rsultats de la recherche sur lidentifi cation

    des territoires paysagers de Wallonie2.

    1 Neuray C., Van der Kaa C. (2004). Pour une meilleure prise en compte des paysages, CPDT, Plaquette n 4, MRW-DGATLP. 2 Droeven E., Feltz C., Kummert M. (2004). Les territoires paysagers de Wallonie, CPDT, Etudes et Documents 4, MRW-DGATLP.

    Le paysage doit devenir un sujet politique dintrt gnral parce quil contribue de faon trs importante au bien-tre des citoyens europens et que ces derniers ne peuvent plus accepter de subir leurs paysages en tant que rsultat dvolutions de nature technique et conomique dcides sans eux. Le paysage est laffaire de tous les citoyens et doit tre trait de manire dmocratique, notamment aux niveaux local et rgional.

    (Convention europenne du paysage, Rapport explicatif, article 23)

  • La Haine et la Sambre 9

    Avant-propos

    Le prsent atlas sinscrit dans la continuit de ces travaux et trouve son origine dans les changes dexpriences prns

    par la Convention europenne du paysage. Ceux-ci ont mis en vidence lintrt de raliser, en Wallonie, des atlas du

    paysage inspirs des exemples franais.

    Ces atlas sont conus comme des outils de connaissance, de sensibilisation et de gestion. La Wallonie a jug que

    lchelle la plus approprie pour ce type de publication est celle des ensembles paysagers* identifi s dans le cadre des

    travaux de la CPDT.

    Le prsent ouvrage constitue le quatrime dune collection qui devra, terme, prsenter les treize ensembles paysagers

    de la Wallonie.

    Cet atlas a t conu pour tre accessible un large public, depuis le simple citoyen curieux ou amoureux de sa rgion

    aux dcideurs politiques locaux ou rgionaux, en passant par les acteurs des diverses associations.

    La premire partie, commune tous les atlas, permet de comprendre la formation des paysages wallons. La deuxime

    partie fournit les principales cls de lecture des paysages actuels de lensemble paysager de la Haine et de la Sambre

    ainsi que des pressions auxquelles ils sont soumis. Dans la troisime partie, le lecteur peut dcouvrir les lments qui

    caractrisent ces paysages ainsi que, dans la quatrime partie, les enjeux qui dcoulent de ces observations et qui

    sexpriment en termes dvolution et de gestion des paysages.

    En fi n de volume, la dfi nition de certains termes, signals dans le texte par une astrisque (*) lors de leur premire

    apparition, est donne dans un glossaire. La correspondance entre les communes, les cours deau, les canaux et les

    aires paysagres est dtaille dans deux tableaux. Le lecteur trouvera aussi une slection de rfrences. Une carte de

    loccupation du sol est insre dans le rabat de la couverture.

  • Les paysages sont intimement lis la vie des hommes et de leurs communauts. En Wallonie, jusquau milieu du 19e sicle, la vie est reste essentiellement rurale*, en lien avec les ressources de la terre. Les profonds changements dus la rvolution industrielle nont pas fondamentalement modifi la physionomie des campagnes. Mais depuis le milieu du 20e sicle, la socit urbaine imprime fortement sa marque ces lieux, induisant dans certains cas une urbanisation des paysages, voire mme, crant de nouveaux paysages.Retracer les grands traits de cette volution, cest offrir des repres chronologiques mais surtout des cls de lecture de nos paysages actuels pour en comprendre les changements et mieux rflchir leur avenir.

    Les paysages de Wallonie

  • 12 Atlas des Paysages de Wallonie

    La trilogie noyau villageois, glise, chteau (ou abbaye) est le tmoin dune longue histoire

    Les premiers grands changements paysagers que nos rgions ont connus dans lhistoire sont ceux conscutifs louverture

    de clairires dans les vastes tendues de forts qui recouvraient le territoire de la Wallonie, la mise en culture des terres

    ainsi progressivement dfriches et la cration de lieux dhabitat gnralement group. Les sites dtablissement tiennent

    compte de la fertilit des sols, de la facilit daccs leau mais aussi du souci dtre labri du vent et des inondations.

    Deux repres dans la silhouette allonge du village de Senzeilles (Cerfontaine) : droite, lglise monumentale sur une lvation et, gauche, le chteau signal par deux de ses quatre tours.

    La longue mise en place des paysages traditionnels de la Wallonie : des premiers sicles de notre re aux annes cinquante

  • La Haine et la Sambre 13

    Paysages de Wallonie

    La conversion au christianisme est acheve au cours du 9e sicle, avec linstallation dun prtre charg de baptiser, marier

    et ensevelir les habitants dune communaut rurale regroupe en paroisse. Ds les 11e et 12e sicles, celle-ci correspond

    le plus souvent au village qui rassemble le noyau habit, plus ou moins serr autour de lglise, entoure dun cimetire,

    et du lieu de pouvoir : maison forte, chteau, abbaye, qui contrle, prlve et protge. Malgr la densifi cation et lexten-

    sion du bti amorces au 19e sicle, cette trilogie noyau villageois, glise et lieu de pouvoir, peut encore tre observe

    dans un grand nombre de localits.

    Les villes, leur position et leur volution

    A partir du 10e sicle et surtout au 12e sicle, certains noyaux dhabitat vont se dvelopper plus que dautres et devenir

    des villes rassemblant plusieurs milliers dhabitants, ceci grce lexistence de surplus de production vivrire des cam-

    pagnes, la production de biens dartisanat et au dveloppement du commerce. La plupart des villes se constituent le

    long des cours deau, voies navigables ou sources dnergie motrice pour les moulins (meunerie et autres machines).

    Elles simplantent le plus frquemment lorsque la voie deau est traverse par une voie terrestre ou lorsque la navigation

    doit passer le relais au chariot, faute dun tirant deau suffi sant. Il ny a pas de ville sans implantation dartisanats diversi-

    fi s : tannerie, forge, mtallurgie*, poterie, fabrication textile. Cette fabrication concerne de nombreuses agglomrations*

    urbaines, mme si certaines se spcialisent un temps dans la production mtallurgique (Bouvignes, Dinant, Huy, Lige).

    Cependant, la plupart des villes wallonnes sont et restent de petits bourgs* ruraux, lieux de marchs pour les produits

    locaux, avec parfois une halle en dur. Sur le plan paysager, ce qui distingue en premier lieu la ville du village ou de la

    campagne environnante, cest lenceinte urbaine, la masse btie, la mitoyennet dominante de lhabitat, lorganisation

    en rues et en places ainsi que la quantit et l'chelle des infrastructures : tours, portes, murailles ou fortifi cations, glises,

    collgiales, halles, htel de ville, fontaines, ponts, moulins, voiries paves

    Source : E. Van Bemmel, La Belgique illustre, ses monuments, ses paysages, ses uvres dart, tome II, s.d. (paru fi n du 19e sicle). Collection Socit royale belge de Gographie.

    La petite ville de Marche-en-Famenne telle quelle se prsentait au milieu du 18e sicle, entoure de remparts.

  • 14 Atlas des Paysages de Wallonie

    Une forte pousse dmographique, puis un recul durable

    Depuis le 11e sicle, jusqu la fi n de lAncien Rgime (fi n 18e sicle), lorganisation de la socit reste base sur le pouvoir

    des princes et des seigneurs qui tirent leurs richesses de la production de leurs seigneuries, du travail de leurs dpendants

    et des nombreuses taxes qui leur sont dues, en nature ou non, pour vivre sur leurs terres, utiliser le moulin, franchir la rivire

    sur un pont Les dfrichements du premier millnaire aprs J-C se poursuivent linitiative de la noblesse, du clerg et

    dune population paysanne qui augmente grce un climat plus chaud et plus sec, favorable la culture des crales et

    ladoption progressive de techniques agraires permettant daccrotre la production tout en maintenant la fertilit des sols.

    La charrue remplace laraire grce lutilisation du collier dattelage : les sols ne sont plus simplement ars, ils sont retour-

    ns. De nouvelles terres sont mises en cultures et les crales sont semes dans des champs mieux nettoys et mieux

    amends. On pratique lassolement* triennal communautaire : les champs sont groups en trois ensembles appels soles*

    ou quartiers. Ces ensembles, qui regroupent les grandes pices de terres des plus riches et celles des petits paysans, sou-

    vent en forme de lanires allonges de plus en plus troites au fi l des hritages, sont successivement cultivs en crales

    dhiver (bl ou seigle) puis en crales de printemps sous forme davoine (importance des chevaux) ou dorge de printemps

    et la troisime anne, laisses au repos, en jachre. Lanne suivante, on dcale le tout dune sole. Cette technique, qui

    permet de restaurer la fertilit par une anne de repos tous les trois ans, est associe la vaine pture. Sur la sole en

    jachre et sur les deux autres soles aprs rcolte, on introduit des animaux qui engraissent les terres de leurs djections.

    On garantit au troupeau villageois le droit de parcours sur lensemble des champs vides (terres vaines) en interdisant aux

    paysans de planter des haies. Cette pratique qui ne cessera souvent quau 18e, voire au 19e sicle, engendre les paysages

    ouverts (sans haie) qui caractrisent encore aujourdhui la majorit des rgions rurales de Wallonie.

    Les classes dominantes sapproprient les terres les plus fertiles, comme celles des bas-plateaux limoneux du nord de

    la Meuse (Hesbaye), intensment dfriches et peuples dun semis plus dense de villes et de villages. Lextension des

    terres cultives sera maximale au tournant du 14e sicle avant que le surpeuplement, les pidmies de peste et les

    guerres rduisent la population et parfois, dans des zones trs dshrites, fassent disparatre des villages entiers.

    Source : daprs M. M. Knight, H.E. Barnes & F. Flugel (1928), Economic history of Europe, Houghton Miffl in Co.

    Les trois soles sont divises en lanires (seulement re-prsentes sur la sole 3). La sole 3 (qui tait en jachre lanne prcdente) est occupe par des crales dhiver (bl ou seigle) ; la sole 2 porte de lorge ou de lavoine semes au printemps ou des pois et la sole 1 est en jachre pture.

    Communs

    Rivire

    Prairies

    Mar

    aisInculte

    Encl

    os

    Inculte

    Fort

    Fort avecdroits dusage

    Sole 3

    Sole 1

    Sole 2

  • La Haine et la Sambre 15

    Paysages de Wallonie

    De nombreuses activits qui transforment les grands lments vgtaux

    A proximit de leur maison et tout autour des villages, les habitants vont et

    viennent au gr de multiples activits. Ils suivent les chemins de terre, sou-

    vent troits et boueux, dont les ornires pigent les roues des charrettes,

    allant au champ pour y effectuer les nombreux travaux lis aux cultures et

    llevage. Les gerbes rcoltes sont battues avant le rangement de la paille

    dans le fenil au-dessus de ltable. On porte alors au moulin les grains de

    bl et on revient avec la farine. On se rend au puits, au lavoir ou la rivire

    pour y prendre de leau et laver le linge. On tte les arbres des berges

    sinueuses et du bord des chemins. On cueille ou on ramasse les fruits

    sauvages qui amliorent le quotidien fait de bouillie et de pain. La fort est

    galement fort frquente : on y coupe ou rcolte du bois ; on y fabrique

    du charbon de bois ; on y mne patre le btail.

    Le jour du march, on se rend en famille ou en groupe la ville voisine

    pour y vendre quelques produits de la terre ou de son travail dartisa-

    nat, pour changer les nouvelles et les expriences, puis pour revenir

    avec quelques objets utiles qui ne sont pas fabriqus dans le village.

    A la croise des chemins, croix, potales ou chapelles srigent. Elles per-

    mettent dinvoquer quotidiennement la protection des saints locaux ou

    tmoignent dun vnement particulier.

    La vie des campagnes se droule essentiellement en autosubsistance : les paysans consomment ce qui reste du produit, parfois

    maigre, de leurs rcoltes aprs le prlvement des taxes et la commercialisation des ventuels surplus. Lconomie dominante

    associe troitement la culture des crales panifi ables - seule base consistante de la nourriture avant larrive de la pomme

    de terre au 16e sicle - et llevage de quelques animaux domestiques, qui fournissent entre autres les engrais organiques. La

    viande, le lait et le beurre se vendent aux riches et sont produits proximit des grandes villes car ils se conservent diffi -

    cilement. Lorganisation gnrale des campagnes se calque sur un mme schma de vie communautaire mais sa dcli-

    naison en fonction de la fertilit des sols, elle-mme lie la nature du sous-sol et aux conditions de relief, se surimpose

    et renforce les diffrences rgionales de lhabitat. Le paysage qui en rsulte est, le plus souvent, celui de lopenfi eld* o

    les champs sont ouverts et le btail gard par le berger collectif.

    Cependant, partir du 16e sicle, quelques rgions sindividualisent : la plaine de lEscaut, lAvesnois et surtout le Pays

    de Herve, qui voluent vers llevage et un paysage de petites prairies encloses par des haies, contenant les animaux et

    fournissant le bois, tandis que les fermes se dispersent pour la surveillance du btail.

    Les paysages ouverts de lopenfi eld sont dominants en Wallonie mais prsentent des aspects varis selon les rgions.

    Autour des habitations, souvent dans un enclos labri du grappillage, quelques lgumes, plantes utiles et arbres fruitiers

    sont plants. Puis viennent les champs qui sont rpartis autour du village en systmes de trois blocs, les soles. Les prai-

    ries permanentes, naturelles, sont confi nes aux fonds humides des valles et les bois occupent les terres priphriques,

    les pentes trop fortes ou les sols mdiocres.

    Source : Ardenne et Gaume (daprs un manuscrit italien de la fi n du 14e sicle).

    Au Moyen ge et jusquau 19e sicle, une partie du btail avait accs aux ressources de la fort : bovins, chevaux et porcs. Ici, les porcs viennent se nourrir des glands lors dune anne de production abondante.

  • 16 Atlas des Paysages de Wallonie

    Quand ces conditions dfavorables prdominent, comme en Ardenne, on pratique lessartage* qui permet de cultiver

    pendant un an ou deux des parcelles de bois dfriches. En outre, la rotation est plus longue et de vastes tendues sont

    couvertes de landes buissonneuses gents. Ces incultes, ainsi que les landes bruyres sur les sables du bas-plateau

    brabanon ou les pelouses calcaires rases en Calestienne, sont parcourus par les troupeaux de moutons et de chvres

    dont lapptit empche le dveloppement des plantules darbres et favorise lapparition dune fl ore particulire, encore

    visible de nos jours dans certains sites prservs. L o elle subsiste, la fort forme la couronne la plus loigne du village

    et fournit le bois pour construire les habitations, fabriquer les outils, cuire et se chauffer. Utilise dans certaines rgions

    pour produire de lcorce tan et du charbon de bois, la fort est alors soumise dintenses pressions et se transforme

    en maints endroits en taillis simples. Le rythme dexploitation de ces taillis est parfois tel que la repousse devient diffi cile.

    Face toutes ces demandes, la fort devient lobjet de nombreux confl its dusage.

    Des activits multiples qui occupent lespace de manire diffrencie

    Le travail dans la fort occupe aussi beaucoup de monde. Cest notamment sur ses lisires que stablissent de petites

    forges, localises sur les cours deau (pour lnergie), proximit des minerais extraits du sous-sol et des forts qui

    assurent la production de charbon de bois. Dissmine surtout dans les valles du sud de la Meuse, cette mtallurgie

    utilise une main-duvre spcialise et abondante. On peut identifi er des mtiers comme bcheron, charbonnier et

    transporteur. En Entre-Sambre-et-Meuse, en Ardenne et en Lorraine, o les gisements ferreux sont importants et faci-

    lement accessibles, les matres de forges deviennent des personnages importants et leur richesse marque laspect des

    villages.

    Dans les campagnes, une grande varit de mtiers, certains devenant mme des spcialits rgionales, sont ainsi

    exercs, parfois dans lhabitation mme pendant les priodes creuses de travail des champs : lhomme fabrique des

    clous ou des sabots, sa femme fi le et tisse la laine. A proximit dun centre urbain, cette activit peut fournir des revenus

    complmentaires apprciables. Elle fi xe parfois aussi ltablissement de premires fabriques en pleine campagne. Il ne

    subsiste lheure actuelle pas de traces de ces tablissements, que lon imagine aujourdhui diffi cilement en de tels lieux.

    Source : coll. prive.

    Une clouterie Bohan-sur-Semois. Les habitants du village pratiquaient la culture du tabac lt et la clouterie lhiver.

  • La Haine et la Sambre 17

    Paysages de Wallonie

    Des tmoignages monumentaux

    Murs denceinte et beffrois, abbayes, glises et chteaux, souvent dabord un simple donjon carr, sont les premiers

    btiments construits en matriaux durs. Pour cette raison, ils sont aussi les plus anciens tmoignages btis visibles, bien

    que gnralement fortement remanis ou reconstruits. Les chteaux de toutes tailles, situs en plaine* ou perchs sur des

    perons rocheux maintenus dnuds pour surveiller lapproche dennemis, sont progressivement transforms pour plus de

    confort mais gardent leur aspect dfensif jusquau 17e sicle, avec souvent une ferme accole, galement dfendue par

    des tours. Ces chteaux seront ensuite amnags en rsidences avec un jardin ou un parc, espace clos o la nature est

    amnage pour le plaisir des sens et o seront peut-tre cres des perspectives pour conduire le regard vers quelque

    portion du paysage environnant.

    Bien quencore nombreux et parfois bien visibles dans nos paysages, beaucoup de chteaux ont disparu, ruins par les

    batailles et les incendies. Certains ont aussi t dmantels sous le rgne de Louis XIV ou dtruits en mme temps quun

    grand nombre dabbayes par les rvolutionnaires de la fi n de lAncien Rgime.

    Lhabitat paysan, phmre jusquau 18e sicle !

    Les familles paysannes, qui constituent la majorit de la population, vivent avec leur btail, si elles en possdent, dans de

    petites maisons basses gnralement non jointives, dabord composes dune seule cellule, divise en plusieurs parties,

    et fabriques avec des matriaux trouvs sur place, faciles travailler. Gnralement, les murs sont composs dune

    ossature en bois, sur un soubassement de pierre, remplie de panneaux de torchis, selon la technique de construction

    dite colombage. Le toit est en chaume.

    Trs progressivement, au fi l des sicles et des gnrations, en fonction des ncessits dune vie base sur le travail

    agricole et soumise aux contraintes de la collectivit, cet habitat prcaire est amlior, agrandi, transform. Longtemps

    mdiocres, les revenus de la population ne permettent la solidifi cation et lusage de la pierre (ou de la brique) que tardive-

    ment : la plupart des anciennes fermes qui constituent le noyau de nos villages actuels remontent parfois au 17e et surtout

    au 18e voire mme au 19e sicle, selon les rgions.

    Photo : C. Puttemans, collection Socit royale belge de Gographie.

    En 1900, Houyet, quelques habi-tations et petites fermes montrent encore leurs murs en colombages et leurs toitures en paille couronnes dun fate terreux.

  • 18 Atlas des Paysages de Wallonie

    Des caractristiques sous-rgionales bien marques

    En Wallonie, les caractristiques de cet habitat rural sont bien diffrencies dune rgion lautre, tant au niveau des

    matriaux locaux utiliss que de la forme et de lorganisation des btiments (ainsi que du mode de groupement des

    maisons), ce qui participe la production de paysages rgionaux trs typs. Les diffrences de matriaux et de tonalits

    refl tent en grande partie la varit des roches du sous-sol, remarquable lchelle de ce petit territoire.

    Au nord, lhabitat est plus gnralement en briques car lpaisse couverture de limon fertile limite laccs au socle rocheux

    quelques valles principales. Lextraction de la terre brique forme des cavits dans le sol, dont lexistence est encore

    souvent trahie par la prsence de bosquets enfoncs. Du ct de Tournai et au sud de la Meuse dans les moyens et

    hauts plateaux* au relief entaill de nombreuses valles, la roche affl eure facilement. Diffrentes sortes de pierres, surtout

    des calcaires et des grs de composition et de couleurs varies, mais aussi des schistes, sont extraites dans des petites

    carrires tailles fl anc du coteau le plus proche des villages, aujourdhui masques par la vgtation.

    En Ardenne, les phyllades, schistes noirs faciles travailler, fournissent des ardoises de toiture. Dans les autres rgions,

    les toits sont gnralement couverts de tuiles.

    Les matriaux de construction utiliss pour larchitecture traditionnelle se peroivent bien dans les silhouettes villageoises. A Plancenoit (Lasne) lglise en pierre se distingue des habitations aux toits de tuiles rouges et aux murs de briques souvent blanchis. A Romedenne (Philippeville), cest le gris qui domine aujourdhui, plus clair pour les murs en pierre calcaire et plus fonc pour les toitures en tuiles ou en ardoises.

    Plancenoit

    Romedenne

  • La Haine et la Sambre 19

    Paysages de Wallonie

    Les chausses thrsiennes, amliorations relativement rcentes des voiries

    Jusqu la fi n de lAncien Rgime, lorganisation du territoire est nettement diffrente de celle que nous connaissons

    aujourdhui. Le territoire est morcel en nombreuses seigneuries qui dpendent, selon des rgles complexes et multiples,

    de seigneurs plus puissants. Au gr des guerres mais aussi des mariages et des successions qui jalonnent lhistoire, les

    limites territoriales ne cessent de se dplacer. Taxes diffrentes, interdictions de vente sur certains marchs et ncessit

    de protger un passage sont quelques exemples de facteurs qui justifi ent que des rassemblements se crent, se dve-

    loppent ou dclinent.

    Entre ces territoires, les trajets sont lents et pnibles sur des voies diffi cilement carrossables en toute saison. Cette

    situation est encore courante au milieu du 18e sicle, ce qui peut priver une rgion de dbouchs importants. Ds

    lors, le pouvoir autrichien (sous le rgne de limpratrice Marie-Thrse) dcide damliorer les liaisons terrestres par

    la construction de larges routes rectilignes et bordes darbres, empierres ou paves. Ces chausses, parfois encore

    bien visibles ou dont le trac se retrouve partiellement dans des routes actuelles, portent souvent le nom de la ville o

    elles mnent. Elles fi xent parfois de nouveaux tablissements. Et, ds le 19e sicle, elles servent frquemment dancrage

    aux populations devenues plus nombreuses qui vont habiter hors des noyaux denses des villages tandis que les villes

    commencent dborder de leur enceinte.

    Un tournant : le dveloppement de lindustrie

    Le 19e sicle marque le dbut de grands changements de socit qui se traduisent de manire forte dans certains pay-

    sages. Les premiers facteurs lorigine de ces transformations sont lis lmergence dune conomie dont le moteur nest

    plus le revenu de la terre mais celui de lindustrie, essentiellement wallonne. Le processus est soutenu par les investisse-

    ments en capital de la bourgeoise et du jeune Etat belge qui poursuit les grands travaux hollandais damnagement de voies

    navigables et entreprend trs tt la construction dun rseau dense de voies ferres. La nouvelle industrie wallonne, base

    sur lutilisation de la machine vapeur et du charbon dit de terre , concentre la fabrication des textiles et dautres produits

    manufacturs dans les villes et celle du fer et du mtal dans les bassins charbonniers. Les besoins en bois voluent, le char-

    bon ayant remplac le charbon de bois, alors que les industries et surtout les charbonnages ncessitent du bois duvre.

    On assiste ds lors une reconversion progressive du taillis vers la futaie ainsi qu un dbut de replantation.

    Source : M. Watelet, Terrain des Ingnieurs, Patrimoine cartographique de Wallonie (1995), MET et Racine. Archives de lEtat Namur, Cartes et plans, n 220. Photo : M. Watelet.

    Les chausses construites sous lre autrichienne (prs de 3000 kilomtres), gnralement empierres ou paves, taient robustes, praticables toute lanne et donc dun grand intrt commercial. Dtail du Plan de la chausse de Namur Luxembourg, dat de 1788, aux alentours du lieu-dit Quinaux et du croisement avec les chemins de Naninne et Wierde. On reconnat bien la fi guration du pavage, une barrire pour le page ainsi que les alignements darbres. La production de ces derniers ntait pas ngligeable, cette poque de dfrichements intensifs et de hausse du prix de bois. Les voyageurs et les trangers admiraient leffet dans le paysage des plantations de ces routes royales.

  • 20 Atlas des Paysages de Wallonie

    Lindustrie et les changements quelle implique dans la socit marquent profondment les paysages

    Les agglomrations industrielles et urbaines de Charleroi et du Centre* prennent naissance cette poque, tandis que

    les villes anciennes de Lige et Verviers se dveloppent lest. Le travail des mines et des usines appelle une abondante

    main-doeuvre qui vient sinstaller ct des lieux dextraction et des fabriques pour limiter les dplacements pied parce

    que les journes de travail sont longues. Une nouvelle classe sociale aux conditions dexistence pnibles apparat, celle

    du proltariat, des ouvriers qui travaillent, sous la direction dingnieurs, pour de riches patrons dindustries.

    Des agglomrations se forment, par croissance rapide

    dun habitat ouvrier, alignements de baraques prcaires

    ou de petites maisons en brique, souvent identiques

    et regroupes dans des corons* ou des cits sociales

    (20e sicle). Elles sont imbriques dans le tissu bruyant

    des usines et des fabriques, signales au loin par de

    hautes chemines crachant des nuages de fumes,

    voire des fl ammes. Les dchets sidrurgiques* forment

    les crassiers , tandis que les dchets miniers sont

    accumuls et forment des collines noires de plus en

    plus hautes, les terrils*.

    Au 19e sicle, la bourgeoisie sinstalle en priphrie de

    la ville dans ce qui deviendra la banlieue* rsidentielle.

    Les classes aises sloignent ainsi des nuisances pour

    habiter de belles rsidences dans des quartiers prot-

    gs. Ce mouvement va saccentuer avec lapparition,

    au dbut du 20e sicle, des premires automobiles, qui

    facilitent les dplacements.

    Les changements qui marquent les villes et leur banlieue proche ne sont pas sans consquences sur la vie dans les

    campagnes. Les progrs techniques vont permettre de mcaniser aussi le travail dans les champs, ce qui augmente le

    rendement des cultures qui se sont diversifi es, et soutient lalimentation des rgions industrielles, tout en ncessitant

    moins de bras. La plupart des petits tablissements isols disparaissent : moulins grains et huile, vent et eau,

    forges, tanneries, fabriques ainsi que lartisanat du mtal, du bois et du textile qui compltait le revenu des paysans.

    Ceux-ci sont contraints de quitter les campagnes pour chercher du travail ailleurs. Cest le dclin de la socit paysanne

    et le dbut de lexode rural qui va progressivement vider les villages de leurs habitants.

    Source : coll. prive.

    Limpact de lindustrie sur les paysages a inspir divers artistes dont les peintres. Ici, tableau de P. Paulus dans la rgion de Charleroi, Lcluse de Pont-de-Loup , vers 1928.

  • La Haine et la Sambre 21

    Paysages de Wallonie

    Une empreinte forte du rseau ferr, mais aussi dautres grands ouvrages

    Ce mouvement global de la fi n du 19e au milieu du 20e sicle est cependant plus limit dans les campagnes proches des

    agglomrations grce au rseau ferr qui les sillonne, ainsi quaux conditions de transport avantageuses que procure

    labonnement ouvrier, ce qui permet aux ouvriers dentretenir un petit bout de terre et quelques animaux et ainsi dam-

    liorer leurs conditions dexistence. Autour des gares, de nouveaux quartiers sont construits aux caractristiques plus

    urbaines avec des btiments jointifs, plus en hauteur, en briques industrielles.

    Le temps des vicinaux (communment appels trams)

    na dur que quelques dcennies mais leur souvenir se

    marque parfois par une leve de terre qui barre lhorizon

    de la campagne ou par le trac plat et rectiligne dun

    troit chemin, parfois recycl en RAVeL* ou en sentier

    forestier. Les marques du grand chemin de fer sont

    plus durables. Souvent confi nes au fond des valles

    principales, les voies franchissent les obstacles du re-

    lief par un trac allong pour minimiser la pente, par le

    creusement de tunnels ou par la construction de ponts

    ou viaducs enjambant les valles. Ces ouvrages, ainsi

    que les nouveaux btiments industriels, dont larchitec-

    ture saffi rme et se dmarque du cadre voisin, impres-

    sionnent et sont lobjet de fi ert comme le montrent les

    lithographies et les premires photographies.

    Les premires marques du tourisme

    A limage des nobles qui se retrouvaient au cours des

    sicles prcdents pour prendre les eaux la sta-

    tion thermale de Spa, les classes aises qui peuvent se

    payer des voyages en train ou en automobile partent

    se distraire et admirer tant les marques de la modernit

    (ouvrages dart...) que les beauts de la nature. Dcou-

    vrir des panoramas, des lieux pittoresques, des fonds

    de valles rocheuses, la vie quotidienne rurale toujours

    rythme par la succession des saisons ou encore des

    chteaux ruins devient une activit prise. Des htels

    et pensions accueillent ces voyageurs fortuns, particu-

    lirement dans la valle de la Haute Meuse o de nom-

    breuses rsidences de villgiature simplantent sur les

    berges du fl euve.

    Source : coll. prive.

    Ds avant le milieu du 20e sicle, la plupart des villages wal-lons taient desservis par le rseau ferr et disposaient dune gare. Ici, une gare commune deux villages de Hesbaye, Taviers et Noville-sur-Mehaigne.

    Source : coll. prive.

    A Remouchamps, lhtel des trangers tmoigne de lpoque (fi n du 19e sicle) de la conqute des valles ardennaises par le tourisme. Il est encore, lheure actuelle, exploit par la mme famille.

  • 22 Atlas des Paysages de Wallonie

    Au dbut du 20e sicle, les bourgeois plus modestes pourront les imiter grce la mise en circulation de trains spciaux,

    les trains de plaisir , qui les emmnent la mer ou en Ardenne, le temps dun dimanche ou dun 15 aot avant que les

    premiers congs pays, accords dans lentre-deux-guerres, ne popularisent cette forme de tourisme.

    De nouveaux boisements apparaissent

    Vers la fi n du 19e sicle, lconomie agraire est brusquement propulse hors du cadre local, quand arrivent de grandes

    quantits de bl, moins cher, import dAmrique. Dans la couronne cralire proche du village, les cultures sont pro-

    gressivement remplaces par des prairies artifi cielles o le btail est retenu par des cltures. Des changements paysagers

    bien perceptibles vont aussi concerner les incultes et les vastes tendues de landes. Une loi est promulgue en 1847 qui

    impose la mise en valeur des incultes. Plusieurs facteurs sont lorigine de cette loi. Parmi eux, on peut citer les mines

    qui ont besoin de bois de qualit particulire (bien droit et de diamtre rgulier) pour la consolidation des galeries, ainsi

    que la volont daugmenter la productivit des terres en les privatisant. Malgr la rsistance des plus dmunis attachs

    ces biens communs, les actions de mise en valeur ne tardent pas : on y effectue des plantations forestires croissance

    rapide, fournissant un bois de mine de qualit. Les forts feuillues sont toujours trs sollicites, cette fois pour fournir des

    traverses de chemin de fer ou du bois doeuvre. La plantation de grands blocs de rsineux modifi e les paysages. Tandis

    que les feuillus se transforment au rythme des saisons, la masse sombre des rsineux prsente un aspect constant et

    ferme le paysage autour de nombreux villages.

    Les plantations de rsineux prsentent des masses sombres et des lisires abruptes qui tranchent dans les paysages. Vue du plateau de Bastogne, depuis la nationale N84.

  • La Haine et la Sambre 23

    Paysages de Wallonie

    Des annes cinquante nos jours

    Les importants changements amorcs ds la fi n du 19e se poursuivent et sacclrent durant la premire moiti du

    20e sicle : dveloppement de lindustrialisation, dplacement de la main-duvre vers les industries et les villes, boise-

    ment des terres marginales, timide perce de la mcanisation

    Nanmoins, ces changements ne modifi ent pas encore signifi cativement les paysages, qui restent globalement assez

    semblables ceux du sicle prcdent, bien que dans les rgions industrielles (particulirement le long du sillon Sambre-

    Meuse), lextension de lhabitat ouvrier du type coron modifi e certains paysages et bien que les mutations de lagriculture

    voient llevage augmenter dans plusieurs rgions, au dtriment des grandes cultures.

    Les mutations rapides de la socit aprs la Deuxime Guerre mondiale

    Cest surtout aprs la Deuxime Guerre mondiale que les paysages wallons connaissent des bouleversements profonds.

    Lessor conomique qui accompagne la reconstruction daprs-guerre change profondment la vie en Europe y compris en

    Wallonie. Les changements les plus visibles sont probablement ceux qui ont affect les paysages ruraux, majoritaires lpoque.

    Si lentre-deux-guerres avait vu la lente mise en place des changements dans la structure des terres et des exploita-

    tions, limmdiat aprs-guerre voit sacclrer toutes ces mutations : mcanisation et motorisation de lagriculture, avec

    comme consquence un accroissement important des rendements et des surfaces cultives par une seule personne. La

    main-duvre ainsi libre trouve aisment du travail dans les industries, encore en pleine activit. Mais la mcanisation

    de lagriculture et la baisse importante des besoins en main-duvre quelle gnre vont avoir galement un effet sur la

    taille des exploitations : les terres dlaisses viennent le plus souvent accrotre la superfi cie des exploitations encore en

    fonctionnement et favorisent laugmentation de la surface unitaire des parcelles.

    Un moteur essentiel de ces changements rapides est linstauration, par la Communaut europenne, de la Politique

    Agricole Commune (PAC) dont lobjectif est de garantir la scurit des approvisionnements, daccrotre la productivit de

    lagriculture, de stabiliser les marchs, damliorer le niveau de vie des agriculteurs et doffrir aux consommateurs des

    produits des prix raisonnables.

    Dans cette logique, lEurope encourage les agriculteurs produire beaucoup et donc intensifi er leur production.

    Les effets ngatifs de la PAC ne tardent pas se faire sentir : excdents, pollution des sols et des eaux et modifi cations

    profondes de la structure des exploitations. Ces modifi cations se traduisent dans le paysage : la taille des parcelles aug-

    mente, les productions suniformisent et on supprime les lments boiss, peu compatibles avec lusage des tracteurs et

    autres machines de grande taille. En outre, de nombreux btiments de ferme abandonns perdent leur fonction premire

    et sont soit dmolis, soit raffects dautres usages, avec plus ou moins de bonheur. Ds 1956, la loi sur le remembre-

    ment des biens ruraux participe ce mouvement, en favorisant la constitution de grandes parcelles et larrachage des

    haies et autres alignements de saules ttards, mais aussi en permettant des travaux tels que le drainage des terres et

    lamlioration des chemins ruraux.

  • 24 Atlas des Paysages de Wallonie

    Lautre lment majeur dans les changements importants qui ont affect notre territoire est lessor progressif de lauto-

    mobile et lamlioration continue du rseau routier et autoroutier. Cette combinaison va permettre une proportion non

    ngligeable de mnages de quitter les villes denses pour stablir leurs priphries, dveloppant ainsi les banlieues.

    Priurbanisation* et uniformisation

    Pour rpondre la demande en logement des mnages qui dsirent quitter la ville, les entrepreneurs cherchent

    construire vite et pas cher : pour ce faire, ils diminuent leurs cots de production, en groupant leurs achats et en tendant

    leur territoire daction. Cest ainsi quon assiste, dans toute la Wallonie, luniformisation progressive des matriaux et

    des gabarits. Cette banalisation de lhabitat se fait au dtriment des identits architecturales locales : alors que dans le

    pass, les gens devaient construire avec les matriaux disponibles sur place, ce qui imprimait chaque rgion une typi-

    cit architecturale, ces contraintes ayant disparu, on observe aujourdhui que toutes les extensions de villages ont partout

    la mme allure, que lon se trouve dans le Tournaisis ou en Gaume.

    Devant les besoins despaces ns de la croissance conomique, les diverses fonctions lies aux activits humaines se

    trouvent dsormais en concurrence pour le sol : industries, commerces, habitat, voies de communication, agriculture

    Cest pour arriver une rpartition aussi judicieuse et quilibre que possible que des rglementations en matire dam-

    nagement du territoire se mettent en place. Les annes septante et quatre-vingts voient ladoption progressive dun outil

    puissant, le plan de secteur, qui dtermine les affectations autorises. Si cet outil a pu limiter certains excs, il a galement

    conduit la gnralisation de lhabitat linaire rparti le long des voies daccs aux noyaux btis, avec pour consquence

    la constitution, en certains endroits, dun front continu de maisons entre deux villages voisins, et donc la fermeture des

    paysages. Sajoutent cela la banalisation des villages et la consommation croissante despace, car les no-ruraux sous-

    crivent majoritairement au modle dominant en matire dhabitat : la maison quatre faades au milieu dune parcelle.

    A partir de 1974, la crise ptrolire se transforme en une crise conomique qui va progressivement modifi er la structure

    de lemploi (perte demplois secondaires, hausse de lemploi tertiaire). Les timides efforts dconomie dnergie (les

    dimanches sans voiture !) ne se maintiendront gure et lexode urbain se poursuit, talant toujours plus les villes vers les

    banlieues proches et bien au-del, sappropriant lespace rural par la transformation de btiments anciens, mais le plus

    souvent par la construction de lotissements peu ou pas intgrs aux noyaux btis quils prolongent ou densifi ent.

    Lextension du rseau des voies de commu-nication induit des perceptions diffrentes des paysages. Si le rseau local offre souvent des perspectives sur les paysages, les autoroutes, en dblais et souvent bordes de rideaux boi-ss, offrent moins dchappes visuelles.

  • La Haine et la Sambre 25

    Paysages de Wallonie

    Une agriculture conditionne par des pressions extrieures

    Sur le plan de lagriculture, les annes quatre-vingts voient la mise en place dune nouvelle srie de changements. La

    PAC a tellement bien russi que les excdents agricoles saccumulent et que saccrot la pollution des sols et des eaux

    due lusage intensif dintrants* chimiques. Ds lors, plusieurs rformes vont se succder pour tenter denrayer ces deux

    mcanismes, surproduction et pollution. Cest larrive des quotas, puis de la jachre et enfi n des mesures agri-envi-

    ronnementales qui vont avoir un impact, mais limit, sur le paysage. Dans la foule, les remembrements sont galement

    remis en question : ds 1976, toute opration de remembrement se voit imposer un plan dvaluation des sites , bas

    sur des critres agricoles mais aussi cologiques et paysagers. Lintroduction de cette mesure permettra de limiter les

    effets pervers dj voqus comme larrachage systmatique des haies.

    Vers de nouvelles campagnes ?

    Le repeuplement des campagnes par les urbains induit une forme de renaissance de nombreuses zones rurales. Mais cette

    renaissance ne va pas sans modifi cations profondes et la vie des campagnes ressemble par de nombreux aspects celle

    de la ville. En effet, une part non ngligeable des services et activits qui ne se trouvaient auparavant que dans les noyaux

    urbains sinstallent ou se renforcent aujourdhui dans les zones rurales : commerces, quipements de loisirs, jusquaux

    industries qui fuient les contraintes et les prix levs de la ville. En outre, le dveloppement rcent des nouvelles technolo-

    gies de linformation et de la communication permet la cration et le dveloppement de nombreuses activits tertiaires en

    tous lieux, la contrainte de proximit tant de plus en plus annihile par laccs Internet. Enfi n, limportance prise par les

    loisirs dans nos nouveaux modes de vie et le besoin dair pur incitent de nombreux citadins passer une part importante

    de leur temps libre hors de la ville. Le dveloppement du tourisme rural et de nature induit une activit parfois importante

    dans certaines rgions. Ce dveloppement pose son tour des problmes, car les citadins ont gnralement une vision

    passiste et idyllique de la campagne. Leur imaginaire cultive limage des campagnes telles quelles existaient au 19e sicle

    et la dcouverte dun mode de vie proche du leur les perturbe lors de leurs sjours en milieu rural. Ce sont donc souvent

    des citadins qui sont la base de mouvements de conservation ou de restauration du patrimoine rural et notamment des

    paysages. Cependant, toutes les campagnes ne bnfi cient pas du mme renouveau, en raison notamment de leur situa-

    tion gographique.

    Dans les campagnes, la demande de logement entrane une banalisation de lhabitat au dtriment des architectures locales.

  • 26 Atlas des Paysages de Wallonie

    Le degr durbanisation des campagnes devient tel quil peut tre prsent considr comme le nouveau facteur de

    production des espaces ruraux. Sur cette base, certains gographes distinguent quatre grands types de campagnes

    nouvelles. Dans les campagnes priurbaines, on trouve des villas isoles au milieu de leur parcelle, formant tantt des

    rubans le long des voiries, tantt des lotissements. La rsidence devient le trait dominant et lactivit de type rural (agri-

    culture et sylviculture) devient rare et sloigne des villages. Les lments typiquement ruraux du paysage subsistent et

    l, sous forme despaces interstitiels. Ce type de campagne se retrouve surtout proximit des grandes agglomrations.

    Les campagnes agricoles marquent les derniers espaces de concentration de lactivit agricole. Elles se situent essen-

    tiellement sur le plateau limoneux, o se concentrent de grandes exploitations souvent orientes vers les grandes

    cultures cralires et industrielles. Lactivit agricole domine encore largement le paysage mais les exploitations agri-

    coles sont frquemment exclues du village, o la rsidence gagne lentement du terrain, consacrant la dichotomie entre

    les logiques de productions qui gouvernent lutilisation du sol et la fonction rsidentielle qui oriente le dveloppement

    de la vie villageoise.

    Dans les campagnes multifonctionnelles, lespace rural est encore marqu par la production agricole, en partage avec

    la fonction rsidentielle qui marque de plus en plus les paysages. Les terres tant moins productives que sur le plateau

    limoneux, les exploitations ont d revenir une diversifi cation des productions pour rester viables : productions sp-

    cialises (cultures marachres, produits locaux, fromages, foie gras, fruits) ou vente directe une clientle rgionale

    soucieuse de qualit. Le caractre multifonctionnel de ces campagnes leur assure des paysages varis et attractifs dans

    le cadre dun tourisme rural souhait par les citadins en mal de contact avec des espaces plus naturels. La multiplicit

    des activits permet galement limplantation dune population relativement jeune et dynamique, induisant un renouveau

    des activits dans les entits villageoises. Ce dynamisme implique galement une hausse du prix du foncier et des cots

    supports par la collectivit.

    Dans les campagnes priurbaines, les activits agricoles sloignent des villages dont les abords sont dsormais dvolus la rsidence sous la forme de lotissements.

  • La Haine et la Sambre 27

    Paysages de Wallonie

    Enfi n, les campagnes fragilises se retrouvent dans des rgions o les conditions de sol sont peu favorables aux exi-

    gences de la production moderne et o lactivit agricole est en dclin. Les espaces librs sont alors souvent boiss

    avec des essences croissance rapide, menant une fermeture des paysages particulirement visible dans certaines

    parties de lArdenne.

    Aprs une dizaine de sicles de campagnes domines dabord uniquement par lopenfi eld, puis par le bocage dans cer-

    taines rgions particulires, les grandes mutations de la production agricole associes lirruption des fonctions urbaines

    dans lespace rural simplifi ent progressivement, depuis une cinquantaine dannes, la trame paysagre wallonne. Le

    patrimoine paysager ancien ne subsiste que comme une couche de fond, de moins en moins lisible et visible, dune

    nouvelle campagne, profondment marque par la vie de type urbain.

    Le dclin des activits agricoles a forc les campagnes diversifi er leurs produc-tions. Productions spcialises, tourisme rural induisent un renouveau des activits villageoises mais aussi une hausse du prix du foncier.

  • Lensemble paysager

    de la Haineet de

    la Sambre

  • 30 Atlas des Paysages de Wallonie

    La Haine et la SambreLensemble paysager de la Haine et de la Sambre

    Lensemble paysager de la Haine et de la Sambre se structure dans laxe de ces deux cours deau. La valle de la Haine,

    inscrite dans le bassin hydrographique de lEscaut, incise le bas plateau limoneux hennuyer louest; celle de la Sambre,

    appartenant au bassin de la Meuse, spare les plateaux brabanon et condrusien lest.

    Infrieure vingt mtres la frontire franaise, laltitude slve progressivement vers lest pour dpasser deux cents

    mtres sur le plateau dAnderlues, aux sources de la Haine, et sur le haut des versants mridionaux de la Sambre.

    Ligne de TGVRseau autoroutierRseau hydrographique principal Aroport de Bruxelles Sud Charleroi

    Limites communales Relief de la zone d'tudeFrontires nationales

    Source: sur base du modle numrique de terrain, SPW, DGO3.

  • La Haine et la Sambre 31

    La Haine et la Sambre

    Les occupations urbaine et industrielle imprgnent des degrs divers la majeure partie des paysages, tranchant avec

    la physionomie essentiellement rurale des ensembles paysagers voisins. Seuls les versants nord de la plaine de la Haine

    et sud de la Sambre, couverts de massifs boiss, et certains territoires agricoles aux marges de lensemble chappent

    cette double domination.

    Lensemble stend sur 941 km2, soit prs de 6 % de la super cie de la Wallonie. Il couvre quarante-quatre communes,

    dont dix dans leur totalit.

    0 5 10 Km

  • 32 Atlas des Paysages de Wallonie

    Un axe majeur de la Wallonie

    Lensemble paysager de la Haine et de la Sambre couvre un territoire densment peupl, o rsident quelque

    810 000 habitants (2007), soit prs du quart de la population wallonne.

    Il englobe trois espaces durbanisation continue, occupant danciens bassins miniers et industriels: le Borinage* louest,

    le bassin du Centre autour de la ville de La Louvire et le bassin de Charleroi Basse Sambre entourant la ville de Char-

    leroi. En dehors de ceux-ci, il comprend aussi Mons, ple dimportance rgionale, et plusieurs petites villes et bourgs

    tels que Fontaine-lEvque, Thuin, Le Roeulx ou Saint-Ghislain, ainsi quune urbanisation plus diffuse dans les espaces

    ruraux priphriques.

    La ncessit dassurer ce territoire industriel une desserte adquate est lorigine de la prsence dun important

    rseau de voies de communications routires et autoroutires, ferroviaires et hydrauliques. Lensemble est ainsi devenu

    un maillon de laxe de circulation des marchandises et des personnes reliant les aires mtropolitaines franaise du

    Nord Pas de Calais et allemande de Rhnanie du Nord Westphalie.

    0 5 10 Km

    Source: daprs L. Aujean et autres, Loccupation du sol en Wallonie (2005).

    Lensemble paysager prsente plusieurs grandes zones de forte urbanisation couvrant les anciens bassins industriels du Borinage, du Centre et de Charleroi Basse Sambre, ainsi quune urbanisation plus diffuse au sein des espaces ruraux qui les environnent. Quelques espaces conservent un caractre agricole davantage prononc, tout particulirement dans les parties occidentale et centrale de lensemble, tandis que de grands massifs boiss occupent une bonne partie des versants nord de la Haine et sud de la Sambre.

    Urbain (15 %) agricole (80 %)

    Urbain (30 %) agricole (60 %)

    Urbain (40 %) agricole (40 %)

    Dominance urbaine

    Ensemble de la Haine et de la Sambre

    Secteurs o la densit de population 20 hab/ha

    Dominance agricole

    Agriculture et boisements

  • Source: INS, 1998, 2008.

    Dans lensemble paysager, la majeure partie des entits correspondant aux anciennes communes ont connu une lgre baisse de leur population entre 1997 et 2007. Ce phnomne concerne particulirement les anciens bassins miniers et industriels du Borinage et de Charleroi Basse Sambre, trs urbaniss, ainsi que lextrme ouest de lensemble, frontalier avec la France. Le bassin du Centre prsente par contre une dynamique positive dans certaines parties de son territoire, linstar de lagglomra-tion montoise et de zones moins urbanises, notamment aux franges boises de lensemble paysager.

    La Haine et la Sambre 33

    La Haine et la Sambre

    Source: extrait de la carte 17, Projet de structure spatiale pour la Wallonie, Gouvernement wallon, Schma de Dveloppement de lEspace Rgional (1999).

    Le Schma de Dveloppement de lEspace Rgional (SDER)* souligne lopportunit dinscrire les grands ples urbains prsents dans lensemble au sein de leurocorridor* Lille Lige, maillon de leurocorridor reliant Londres et Paris lAllemagne et lEurope de lEst. Pro tant des axes majeurs de communication, Charleroi, La Louvire et Mons pourraient voir se dvelopper ou sampli er des activits bases sur des potentialits locales.

    Le nord de lensemble est inscrit dans une aire de coopration transrgionale avec Bruxelles, le triangle wallon dont Mons Charleroi et Namur constituent les deux autres sommets. Cette localisation pourrait induire le dveloppement de nou-velles activits conomiques et de phnomnes de priurbanisation.

    En n, Mons, Binche, lancien canal du Centre et ses ascenseurs apparaissent comme des ples et points dappui attractifs en raison de leur potentiel touristique.

    0 5 10 Km

    Limites :

    des anciennes communesdes communes

    de l'ensemble de la Haineet de la Sambre

    < -2 %-2 - -1 %

    -0,05 - 0,05 %-1 - -0,05 %

    0,05 - 1 %1 - 2 %2 - 3 %> 3 %

    Evolution de la population1997 - 2007Croissance annuellemoyenne

  • 34 Atlas des Paysages de Wallonie

    Un cadre physique contrast, rythm par une succession de valles larges ou encaisses

    Lensemble prsente un relief contrast, dtermin par les cours de la Haine et de la Sambre, dont les valles slar-

    gissent considrablement damont en aval, et de leurs af uents qui dvalent des plateaux environnants. Il se dgage trois

    units morphologiquement distinctes.

    A louest, la valle de la Haine forme une large plaine alluviale, quasiment plate dans son allure gnrale et en trs faible

    pente dest en ouest. Sa faible altitude trente mtres Mons, moins de vingt mtres la frontire franaise trouve

    son origine dans des affaissements de type karstique* qui ont eu lieu en profondeur. Le versant nord de la plaine apparat

    relativement rectiligne dans son orientation est-ouest, peu dcoup par les af uents de rive droite de la Haine. Une bande

    boise couvre ses pentes aux sols de faible aptitude agronomique et localement constitus de sables striles. Le versant

    sud, lallure plus tourmente, est creus de valles profondes par les af uents de la rive gauche de la Haine. Parmi

    ceux-ci, lest, la large valle de la Trouille prolonge, au sud de Mons, la plaine alluviale.

    La partie centrale de lensemble appartient au plateau brabanon-hennuyer et prsente les mmes ondulations.Le pla-

    teau est incis par la valle suprieure de la Haine, considrablement rtrcie lest de Mons, par les valles de plusieurs

    de ses af uents de rive gauche et, au nord, par des af uents de la Senne suprieure. Une forte rupture de pente, lie

    la prsence dune faille* gologique, lve brusquement laltitude du plateau vers le sud-est. La cote de 212 mtres est

    atteinte au plateau dAnderlues, sur lequel la Haine prend sa source. Ce sommet appartient la ligne de crte sparant

    le bassin de lEscaut, auquel appartient la Haine, du bassin de la Meuse.

    A lest, la Sambre, dont les mandres sinueux ont t recoups ou modi s par lhomme, a creus une plaine alluviale qui

    slargit en aval de la con uence du Piton et de lEau dHeure. Ses versants en forte pente, profondment dcoups par

    des af uents, atteignent, au nord, les crtes bordant le plateau brabanon. Le versant sud, recouvert de bois discontinus,

    stend sur le gradin calcaire de la Basse Marlagne et est couronn par les plateaux grseux de la Haute Marlagne, des

    altitudes de 200 260 mtres.

    0 5 10 Km

  • La Haine et la Sambre 35

    La Haine et la Sambre

    Des dnivellations offrant de vues lointaines

    Les valles de la Haine, de la Sambre et de certains de leurs af uents crent, dans les plateaux quelles traversent,

    des dnivels atteignant jusqu cent mtres. Combins la largeur trs importante des valles, ceux-ci assurent depuis

    le haut des versants des vues lointaines, pour autant que des dgagements suf sants le permettent.

    Depuis le parc olien de Dour, sur les hauteurs du versant mridional en pente douce de la large plaine alluviale de la Haine, les panaches de fume des usines de Tertre-Vil-lerot implantes au bas du versant oppos, sont visibles plus de neuf kilomtres du point de vue. Au-del, le haut de versant bois marque la ligne dhorizon.

    Sur le versant nord de la Sambre, les hauteurs de Petit Tri Farciennes (ci-contre) permettent une vue lointaine. Des terrils boiss ponctuent la plaine et, larrire-plan, une couverture forestire occupe les versants sud. Leurs sommets d nissent une ligne dhorizon pratiquement plane.

  • 36 Atlas des Paysages de Wallonie

    Une exploitation intensive du sous-sol, lorigine de paysages industriels

    Lactivit industrielle et le dveloppement urbain quelle a engendr constituent des caractristiques majeures du paysage

    de lensemble. Lindustrie a tir pro t dun sous-sol particulirement riche en matires premires, au premier rang des-

    quelles le charbon. Lextraction de ce combustible dans une multitude de charbonnages, peu peu complts de terrils,

    a attir des activits sidrurgiques, mtallurgiques, verrires ou carbochimiques*. La prsence de couches gologiques

    constitues entre autres dargiles, de craies ou de calcaires sur les versants des valles de la Haine et de la Sambre a,

    quant elle, t exploite dans de vastes sites dextraction carrier et dans des usines.

    Source: sur base de la carte gologique de la Belgique 1/300 000.

    1. Alluvions rcentes; 2. Sables et argiles tertiaires; 3. Craies (Crtac); 4. Marnes (Crtac); 5. Argiles (Crtac); 6. Grs et schistes houillers du Westphalien (Carbonifre suprieur); 7. Grs et schistes houillers du Namurien (Carbonifre suprieur); 8. Calcaires (Carbonifre infrieur, Dvonien); 9. Grs, psammites, schistes (Dvonien).

    Lensemble paysager de la Haine et de la Sambre couvre la partie occidentale du Bassin de Namur, form au cours du

    Palozoque* et qui traverse la Belgique de part en part. Sa forme en gouttire ou synclinale*, oriente est-ouest, rsulte

    de pousses tectoniques considrables qui ont eu lieu la n du Palozoque. Limportant noyau houiller, enfoui sous

    des couches gologiques plus rcentes louest et au centre de lensemble, af eure de faon continue lest suite au

    relvement du synclinal vers lest et lrosion des couches super cielles par la Sambre et ses af uents. Le charbon a

    t intensment exploit dans trois bassins houillers: les bassins du Borinage, ou Couchant de Mons, du Centre et

    de Charleroi Basse Sambre.

    La disposition des couches en synclinal a constitu un atout majeur du point de vue de lexploitation, rapprochant de la

    surface des varits de houille qui nauraient t atteintes que par des puits trs profonds si le terrain houiller tait rest

    horizontal.

    2

    5

    3

    9

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    6

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    1

    4

    0 5 10 Km

  • La Haine et la Sambre 37

    La Haine et la Sambre

    Source: sur base de DENIS J. dir. (1992). Gographie de la Belgique.

    Deux couches gologiques successives constituent les roches (principalement schisteuses) du houiller prsentes dans le syncli-nal, le Namurien (Na) la base et le Westphalien (Wa, Wb et Wc) au sommet. Le Namurien, pratiquement dpourvu de charbon, nest extrait qu Hautrage, o sont exploites les intercalations grseuses prsentes dans les schistes (grs dHautrage) pour des applications industrielles (mtallurgie).

    Les couches du Westphalien sont parcourues de veines de houille, dont la qualit varie selon lge des veines, et sont beaucoup plus intressantes du point de vue conomique. Les plus anciennes (Wa), cest--dire les plus profondes, procurent des charbons pauvres en matires volatiles, dits maigres, utiliss notamment pour la cuisson des briques et la calcination de la chaux. Elles constituent lessentiel du bassin peu profond de la Basse Sambre. Les veines qui se superposent elles (Wb et Wc), apparues plus rcemment, contiennent des charbons enrichis en gaz, demi-gras gras, aux applications industrielles multiples: cockfac-tion pour les charbons gras, af nage de la fonte et chauffage des gnrateurs pour les trois-quarts gras, verrerie et alimentation des machines vapeur pour les demis-gras. Ces couches apparaissent mesure que lon progresse vers louest, avec lenfouis-sement de plus en plus profond du synclinal houiller.

    Au sud, des roches plus anciennes af eurent. Ces grs, schistes, psammites du Dvonien ont gliss sur une faille traversant la Belgique, la Faille du Midi, lors des grandes pousses tectoniques lorigine du synclinal.

    Lextraction du charbon est lorigine de paysages ponctus dlments industriels, ltat de vestige ou toujours en activit. En haut gauche, le chevalement* de lancien charbonnage du puits n 6 Anderlues est visible derrire le terril du site; droite, le complexe carbochimique de Tertre-Villerot est implant dans un site semi-rural, dans le nord du Borinage.

    Ci-contre, lindustrie sidrurgique La Louvire apparat larrire-plan dun paysage ferroviaire aux voies dmultiplies pour la desservir.

  • 38 Atlas des Paysages de Wallonie

    Dautres formations gologiques ont t exploites dans des carrires, toujours en activit ou abandonnes et peu peu

    recouvertes de boisements. Les infrastructures des usines assurant leur transformation marquent parfois fortement les

    paysages.

    Dans lest de lensemble paysager, des calcaires prsents sur le versant de la Sambre sont extraits dans plusieurs car-

    rires (Aisemont, Monceau-sur-Sambre, Landelies). Dans la partie occidentale, les argiles et les craies af eurant en bor-

    dure de la valle de la Haine sont toujours exploites. Les argiles, extraites Hautrage, servent notamment la fabrication

    de produits rfractaires*. Les craies, Obourg, alimentent le vaste complexe des cimenteries. En n, des dpts tertiaires

    sont exploits en bordure de la plaine de la Haine, sables Blaton et Tertre, argiles Saint-Ghislain.

    En haut gauche, les cimenteries dObourg (Mons) exploitent le sous-sol crayeux du versant nord de la Haine. Leurs hautes chemines et leur panache de fume constituent un point dappel important dans les paysages de louest de lensemble.

    En haut droite, une carrire dextraction dargiles destines la fabrication de produits rfractaires Hautrage (Saint-Ghislain).

    En-dessous, un site carrier sur le gradin calcaire de la Basse-Marlagne, Falisolle (Sambreville). Les boisements qui lentourent sont couverts dune poussire blanche.

  • La Haine et la Sambre 39

    La Haine et la Sambre

    Les terrils, emblmes des paysages miniers

    Elments dominants des terroirs dindustrie charbonnire et symboles identitaires forts (voir pp. 94 et suivantes), les terrils

    en ont recompos les paysages. Ces collines arti cielles abondent certains endroits au point de constituer de vritables

    chanes des terrils. Elles sont issues de laccumulation de striles, schistes et grs provenant du creusement des puits

    menant aux galeries dextraction de la houille, et des dchets spars du charbon aprs lavage de celui-ci.

    Les premiers terrils datent du 18e sicle, lors des dbuts de lexploitation industrielle de la houille. Ils sont de dimensions

    modestes et ne dpassent pas dix vingt mtres de haut: les striles sont amens au sommet par des chariots tracts

    par des chevaux ou pousss par des hommes. Leur forme et leur taille voluent ensuite avec le perfectionnement des

    techniques dexploitation. A la n du 19e sicle, lusage de wagonnets et de tapis roulants permet le dversement des

    striles beaucoup plus haut, donnant aux terrils une silhouette plus imposante. De forme conique et aux pentes fortes

    (30 45), ils atteignent une centaine de mtres. Par la suite, avec lexploitation plus intensive du charbon et laugmenta-

    tion des volumes de striles qui en dcoule, la forme des terrils sallonge, donnant les terrils crte (par les dverse-

    ments comblant lespace entre deux dmes plus anciens) et digits (par les dversements successifs sur leurs ancs

    dans plusieurs directions).

    Plusieurs terrils ont disparu du paysage ou pourraient encore disparatre. Leurs matriaux sont utiliss pour divers rem-

    blaiements, pour les fondations d'autoroutes et, dans le cas des cendres rouges de terrils ayant connu des phnomnes

    de combustion, pour les courts de tennis. D'autres, plus anciens, ont t rexploits dans les annes 1980 pour extraire,

    grce un nouveau procd de lavage, des quantits apprciables de charbon rsiduel des grs et des schistes. Leur

    morphologie est alors profondment modi e: leur forme devient tabulaire et leurs pentes sont adoucies.

    Certains terrils ont t arass, dautres ont t ou sont tou-jours exploits pour rcuprer les rsidus de houille.

    Ci-dessus gauche, le massif bois indique lemplacement dun terril disparu (Ham-sur-Sambre); droite, le terril du Grand Buisson Hornu (Boussu), exploit depuis 1996 pour ses schistes rouges, est en voie daplanissement.

    Ci-contre, la silhouette aplanie et dnude du terril du Calvaire Anderlues dcoule de son exploitation partielle dans la seconde moiti des annes 1980.

  • 40 Atlas des Paysages de Wallonie

    Toutefois, une majorit de terrils, prservs et parfois classs, suit un processus dvolution semi-naturel ou naturel.

    Sur certains, des plantations de robiniers ou de bouleaux, servant la stabilisation des ancs, se sont densi es depuis

    labandon des activits dextraction. Plus gnralement, le retour de la vgtation a t spontan. Des pelouses oc-

    cupent gnralement les versants sud ou les replats* proximit du sommet, trs secs et soumis dimportants carts

    de temprature. La vgtation des versants nord, plus frais et humides, volue progressivement vers des stades boiss:

    dveloppement de fourrs daubpines, de gents, puis dessences pionnires telles que le bouleau et le saule, et en n

    dessences forestires comme le htre, le chne ou lrable.

    Ces terrils coloniss par la vgtation apportent une composante boise qui attnue, dans les paysages de conurbation*,

    limpression de continuit du bti.

    Les terrils se garnissent dune palette de couleurs qui varie selon limportance de la vgtation sur leurs ancs et selon les saisons (ci-dessus, de gauche droite, les terrils n 6 Wasmes, du Pr des Bguines Ransartet n 7 Chteli-neau).

    Leur sol, gnralement noir, prend parfois une teinte rouge brique lorsque la fraction charbonneuse rsiduelle a subi un phnomne de combustion (ci-contre, le terril de lHribus Cuesmes).

    Source: Topo-Guide du Sentier de Grande Randonne GR 412 Ouest. Sentier des Terrils (2006).

    Sils faonnent profondment lespace, les terrils permettent parfois en retour dapprhender les paysages qui les entourent et de mieux en comprendre la structuration. Certains dentre eux ont t amnags pour en faciliter lascension et offrent, depuis leur sommet, dextraordinaires points de vue 360 sur les contres environnantes, condition que la vgtation soit rgulirement entretenue pour assurer une totale ouverture visuelle.A gauche, la vue depuis le terril du Sept Hornu (Boussu) parcouru par un chemin de grande randonne porte jusquaux terrils de Quaregnon, Flnu et Frameries qui se dessinent lhorizon et voquent un paysage de montagnes. A droite, le chemin de grande randonne traverse lensemble paysager et propose lescalade de plusieurs terrils.

  • La Haine et la Sambre 41

    La Haine et la Sambre

    Les conurbations industrielles: diffrentes chelles dapproche pour autant de lectures paysagres

    Les continuits urbaines des anciens bassins miniers offrent des paysages dont la lecture semble dif cile de premier

    abord. Ces espaces, o se juxtaposent sans cohrence apparente une multitude dlments aux gabarits et fonctions

    varis issus dun urbanisme non matris, donnent une impression de dstructuration. La diffusion de lurbain semble

    sans rapport avec une volution chronologique et spatiale claire, les rfrences historiques tant rares ou intgres dans

    des structures plus contemporaines. Pour dcoder ce paysage complexe et en comprendre pleinement la structuration,

    diffrentes chelles dapproche simposent.

    Lurbanisation vue de lextrieur

    Lorsque, grce au relief, des dgagements suf sants se prsentent, des vues longues offrent une premire porte dentre

    sur les paysages urbains. Les terrils, condition quils soient accessibles et non envahis de boisements masquant les

    vues, constituent cet gard dexcellents postes dobservation du paysage (voir pp. 39-40).

    Le premier lment caractrisant le paysage vu de loin est leffet de nappe urbaine qui couvre en un tissu bti* continu les

    espaces autrefois ouverts qui sparaient les noyaux villageois avant le dveloppement industriel.

    Lorsque la conurbation englobe une ville ou un bourg dune certaine importance, le centre-ville, noyau historique o

    se concentrent les fonctions urbaines, peut sindividualiser du reste de ltendue btie par des lments qui attirent le

    regard comme un beffroi, une glise, des tours de logements et de bureaux. Plus gnralement toutefois, la distinc-

    tion du centre urbain savre moins vidente en raison de lmergence, dans les quartiers qui lentourent, dlments

    dappels concurrentiels de type industriel, commercial, scolaire

    De nombreux noyaux villageois et hameaux, gon s par lurbanisation, se signalent dans la nappe urbaine par le clocher

    de leur glise et parfois par une maison communale monumentale.

    Ci-dessus, la nappe urbaine, correspondant aux agglom-rations de Morlanwelz et Carnires, sest dveloppe sur un versant de la valle de la Haine.

    Ci-contre, les lments signalant le centre-ville de Charleroi la tour bleue dans la ville basse (1), le beffroi (2) et la coupole de la basilique Saint-Christophe (3) dans la ville haute sont noys dans la multitude dlments dappel (tours rsidentielles, btiments industriels).

    1 2 3

  • 42 Atlas des Paysages de Wallonie

    Dans le tissu bti peu homogne qui relie entre eux les centres urbains, deux lments paysagers se dmarquent par leur

    rgularit : les alignements mitoyens de petites maisons ouvrires et les cits dhabitations ouvrires ou sociales.

    La mise en place dalignements de maisonnettes ouvrires de gabarit identique, implantes front de rue, a accompagn

    le dveloppement industriel et son boom dmographique. Ces cordons btis forment un maillage stirant le long des

    anciennes voies de communication routires, bordant galement des voiries secondaires qui scartent des axes princi-

    paux, en direction de charbonnages et autres sites industriels pour la plupart disparus aujourdhui.

    Les cits, ensembles plani s construits en priphrie des noyaux urbains dans le courant du 20e sicle pour assurer un

    logement dcent aux familles ouvrires et dfavorises, se caractrisent par la rptition de leurs blocs dhabitation, aligns

    de manire uniforme le long des dessertes locales.

    A Marchienne-Docherie (Charleroi), de petites maisons ouvrires accoles, de gabarit identique, stagent sur le versant de la valle du Pi-ton, au sommet duquel apparat le clocher de lancien village. Elles composent lessentiel du tissu urbain davant la Premire Guerre mon-diale, en priphrie duquel sest implant au cours des annes 1950 la cit des Cerisiers, dont les immeubles sordonnent rigoureusement.

    Le reste de la nappe urbaine offre une grande diversit de bti, multipliant formes, volumtries, matriaux de construction

    et modes dimplantation. Il est en grande partie constitu de quartiers rsidentiels de standing moyen, progressivement

    lotis au cours du 20e sicle, aux constructions peu homognes et plus ou moins disperses, sinsrant dans les urbanisa-

    tions plus anciennes et les prolongeant. Une vgtation arbore importante habille les jardins et les voiries.

    Sy ajoutent des lments de nature industrielle chemines, chevalements, hangars , des zones dentreposage de

    matriaux ou de friches, ainsi que des parcs dactivit conomique et des zonings commerciaux aux vastes btiments

    plats et fonctionnels, entours de surfaces de parking.

    En n, des enclaves agricoles persistent au cur des espaces urbaniss. Celles-ci sont plus grandes mesure quon

    sloigne des noyaux urbains, le bti moins dense stirant le long des voies routires.

    Vu du terril (amnag) de la Flache, un tissu urbain htroclite stale proximit de la route Mons Valenciennes Hornu (Boussu). Il comprend des alignements de maisons ouvrires, des maisons plus rcentes dont les styles architecturaux varient et qui sont entoures de vgtation arbo-re, des immeubles-tours sociaux et de vastes entrepts commerciaux. Des enclaves agricoles arent le tissu relativement lche.

  • La Haine et la Sambre 43

    La Haine et la Sambre

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  • 44 Atlas des Paysages de Wallonie

    Des paysages intra-urbains

    Lapproche du paysage urbain ne peut toutefois se limiter une vue depuis lextrieur, qui nest dailleurs pas toujours

    possible. Il est ncessaire de traverser les urbanisations, de les parcourir et de les visiter a n de prendre la mesure de leur

    diversit, qui souvent se rvle travers les dtails des espaces publics ou des constructions.

    Au sein du tissu bti, des perspectives paysagres ont parfois t cres intentionnellement pour mettre en valeur une

    partie du paysage urbain, un di ce ou une place. Bien plus frquentes dans ce contexte de conurbations industrielles,

    des chappes paysagres plus ou moins troites apparaissent au hasard de dgagements ou de dclivits. Des parcelles

    agricoles, des ouvertures dans les alignements btis ou des rues rectilignes en pente forte offrent des vues partielles sur

    lurbanisation environnante et quelques-unes de ses composantes. Des ouvrages dart en hauteur tels que les ponts, pas-

    serelles et viaducs routiers, accessibles pied ou en voiture, permettent galement de pro ter dchappes paysagres.

    Cependant, la profondeur du champ visuel est souvent rduite par lomniprsence du bti et des alignements de faades,

    qui constituent autant dcrans pour lobservateur. Les lments structurants du paysage se limitent alors la voirie, qui

    imprime la dimension horizontale, et aux faades, qui conditionnent la dimension verticale. Les vues, fortement raccour-

    cies, portent sur les dgagements offerts par les places, les en lades de rues, les successions de plans visuels rappro-

    chs. Les caractristiques architecturales du bti jouent ds lors un rle prpondrant, de mme que laspect des mat-

    riaux de revtement de la voirie, le mobilier urbain, les dcrochements de faade, les lments vgtaux Lapproche

    paysagre rejoint lapproche urbanistique.

    En tant que lieu de vie, le paysage urbain vu de lintrieur nest pas un espace g. Il est au contraire dynamique. Une

    srie dlments lanime, dont le nombre varie selon les fonctions en prsence, les heures de la journe et les rythmes

    hebdomadaires, au premier rang desquels ceux des usagers de lespace public et des vhicules automobiles. Ces der-

    niers, stationns de part et dautre des voiries, se surimposent lalignement du bti et masquent les rez-de-chausse.

    12

    Des chappes paysagres appa-raissent au hasard de dgagements ou de dclivits.

    Ci-contre, depuis une rue en forte dclivit Couillet, dont lglise apparat en contrebas, on aper-oit Charleroi et une partie de son agglomration. Derrire le clocher mergent les deux chevalements de lancien charbonnage du Pchon (1) et, larrire-plan, la tour bleue (2) signalant la ville basse de Charleroi.

  • La Haine et la Sambre 45

    La Haine et la Sambre

    Les en lades de rues aux faades continues constituent une grande partie des paysages des conurbations de lensemble paysager, o les vues larges et longues sont rares.

    Ici, lhomognit architecturale de lalignement de la rue guide le regard vers lglise Sainte-Waudru de Frameries qui clt ltroite ouverture visuelle.

    Comme souvent, une range de voitures en stationnement masque le bas des faades.

    Au sein des conurbations, des centres sidenti ent, comme les centres-ville ou les anciens noyaux villageois.

    Ci-contre, le centre de Charleroi se caractrise par lextrme densit de son bti, en grande partie constitu de hautes maisons de rapport et dim-meubles de bureaux. Les nombreuses fonctions urbaines quil concentre, commerciale notamment, attirent une foule nombreuse, actrice dynamique de ses paysages.

    Ci-dessous, la place de lancien village de Hornu (Boussu), beaucoup moins polarisante, est trs calme. Un tissu de type urbain a densi le noyau rural initial, dont il subsiste certains vestiges prin-dustriels, comme la ferme du premier tiers du 19e sicle, en retrait derrire son portail et sa grande cour pave.

  • 46 Atlas des Paysages de Wallonie

    Ponctuellement, les alignements de maisons ouvrires sont interrompus par des dents creuses, parcelles de terrain jamais construites. Cette particularit rsulte dun dcalage entre une pla-ni cation urbanistique et la construction individuelle des maisons par de petits propritaires privs. Au l du temps, certaines de ces dents creuses ont t investies notamment par des annexes ou des garages.

    Les spci cits paysagres du logement ouvrier et social

    Les ensembles dhabitat ouvrier et de logements sociaux sont une caractristique transversale de lensemble de la Haine

    et de la Sambre. On les retrouve surtout dans la trame urbaine ou priurbaine mais aussi dans certaines zones au pro l plus

    agricole. Cet habitat spci que constitue deux aspects de la rponse (prive puis publique) apporte au besoin croissant

    en logement de la main-duvre, employe par les industries de la rgion partir du 19e sicle, et des sans-abri.

    Les formes de ce logement varient en fonction de divers critres, notamment la nature des activits industrielles aux-

    quelles il est li, la priode laquelle il a t rig, lorigine des promoteurs. La coexistence de linitiative publique et de

    linitiative prive partir de la n du 19e sicle a cependant entran une in uence mutuelle sur les formes tandis quavec

    le temps, une standardisation croissante des modles sest impose.

    Une dizaine de types dimplantation, qui peuvent se combiner, ont t rpertoris dans une tude mene la n des

    annes 1980 sur les ensembles de logements ouvriers et sociaux. Tous se retrouvent dans lensemble paysager de la

    Haine et de la Sambre.

    Limplantation peut prendre la forme dalignements simples ou doubles, constitus de maisons mitoyennes. Leur rpti-

    tion compose alors un quartier, souvent ralis par le mme promoteur.

    Cet ensemble de neuf habitations mitoyennes en alignement simple est implante en impasse. Situ Courcelles, il a t construit dans le troi-sime quart du 19e sicle linitiative de la S.A. des Charbonnages du Nord de Charleroi et a fait rcemment lobjet dune rnovation.

  • La Haine et la Sambre 47

    La Haine et la Sambre

    Il existe aussi des implantations sous forme dimpasses, de cours ou de carrs soit, respectivement, des voies sans issue

    engendres par une volont de densi cation des intrieurs dlot ou dveloppes partir de la trame urbaine existante,

    des largissements fortuits ou volontaires des voiries ou des impasses, la combinaison dimpasses et de ruelles lint-

    rieur dun lot. Ces trois types gardent un caractre semi-public.

    Linventaire distingue galement les implantations en maisons jumeles (des maisons mitoyennes associes deux par

    deux et spares les unes des autres par des jardins ou des sentiers) ou en bande (groupes cette fois par trois ou plus).

    Les logements peuvent parfois tre runis par quatre, les faades et les gabarits donnant limpression dune habitation

    unique. On parle, dans ce cas, de maisons de type Ducptiaux.

    Le double alignement de la rue du Travail Auvelais se termine par une placette borde