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Pour en savoir plus sur les projets culturels et leur impact au sein de communautés canadiennes, visitez www.villescreatives.ca En reconnaissance de l’importance grandissante du développement culturel pour les communautés de toute importance, le Réseau des villes créatives est fière de continuer son partenariat avec la Fédération canadienne des municipalités. Ce partenariat vise à sensibiliser les édiles aux avantages des communautés créativement prospères, et propose des actions concrètes en ce sens. DANS CE NUMÉRO 2 Modèles de la viabilité 3 Contextes clés 7 10 thèmes clés de la viabilité culturelle Available in English Explorer les dimensions culturelles de la viabilité Notre culture témoigne du sens que nous donnons à notre vie. Elle repose sur nos valeurs communes et nos façons de concilier nos différences. Elle a trait à ce qui compte pour les gens et les communautés: les relations, les souvenirs, les expériences, l’identité, le passé, les rêves et les aspirations dans toute leur diversité. Et, par-dessus tout, notre culture donne voix à notre vision de l’avenir, c’est-à-dire à ce que nous souhaitons léguer aux générations futures. Notre culture relie notre présent au passé et à l’avenir dont nous rêvons. C’est avec la culture que nous tissons des liens et des réseaux où se maillent le sens et les valeurs, les amitiés et les intérêts qui nous rassemblent dans le temps, l’espace et la société. Notre culture évoque la façon dont nous nous rappelons qui nous sommes, partageons nos récits, créons notre sentiment identitaire, imaginons ce que nous deviendrons, élevons nos enfants, créons des lieux qui nous appartiennent, comment nous nous détendons et faisons la fête et comment nous nous disputons. Notre culture témoigne de notre désir d’être heureux, d’appartenir, de survivre et, par-dessus tout, d’être créatif. — Jon Hawkes, Understanding culture, 2003 RÉSEAU DES VILLES CRÉATIVES DU CANADA À l’origine, la viabilité s’est définie dans une perspective nationale et mondiale alors que depuis peu, ce concept s’applique également aux villes et aux collectivités. Cette nouvelle orientation s’affirme, en partie, par l’adoption de cadres et de pratiques propres à la viabilité au sein du développement communautaire. Simultanément à cette nouvelle « perspective locale », une plus grande reconnais- sance de l’importance de la culture, en matière de viabilité, s’est également établie. La place de la culture au sein du développement communautaire est une question qui surgit fréquemment dans le cadre de discussions concernant la viabilité sociale ou le capital communautaire. Le scénario est prévisible : la viabilité d’une communauté est avant tout perçue comme une façon d’améliorer le « bien-être » social, économique et environnemental d’une communauté. Puis, la culture s’intègre progressive- ment à cette vision. Cette édition spéciale du bulletin du Réseau des villes créatives présente un avant-goût des concepts émergents en matière de développement communautaire durable, au sein desquels la culture occupe une place prépondérante. Ces concepts se chevauchent et se complètent réciproquement, de façon organique et évolutive. Par exemple, des notions sociales et culturelles se retrouvent dans les discussions portant sur la viabilité, alors que les pratiques liées au développe- ment communautaire reposent notamment sur le développement communautaire durable et le développement culturel communautaire. Dès lors, le capital culturel et le capital social sont tous deux intégrés au développement durable et communau- taire. Les pratiques éco-artistiques, quant à elles, ont une incidence sur la façon de concevoir le lien entre la culture et l’environnement. Par ailleurs, ces différents secteurs sont souvent liés, dans la pra- tique, par des valeurs et des approches communes. De plus en plus, la culture est un thème majeur des débats portant sur la viabilité, d’autant plus qu’elle a la capacité de transformer les communautés et les individus de façon positive et significative à plus long terme. Sna7m Smánit (Spirit of the Mountain), West Vancouver, C.-B. Artiste : Xwa lack tun (Rick Harry) : œuvre conçue sur feuille d’acier. Bien que l’artiste y évoque la forme du pont Lions Gate, il a incorporé des éléments qui témoignent de ses racines Skwxwú7mesh Úxwumixw (de la nation Squamish) Photo : John McLachlan ÉDITION SPÉCIALE 4

Available in English ÉDITION SPÉCIALE 4 Explorer les ... · 2 Modèles de la viabilité 3 Contextes clés ... déterminant pour la santé économique et sociale. Le fer de lance

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Pour en savoir plus sur les projets culturels et leur impact au sein de communautés canadiennes, visitez www.villescreatives.caEn reconnaissance de l’importance grandissante du développement culturel pour les communautés de toute importance, le Réseau des villes créatives est fière de continuer son partenariat avec la Fédération canadienne des municipalités. Ce partenariat vise à sensibiliser les édiles aux avantages des communautés créativement prospères, et propose des actions concrètes en ce sens.

DANS CE NUMÉRO2 Modèles de la viabilité

3 Contextes clés 7 10 thèmes clés de la viabilité culturelle

Available in English

Explorer les dimensions culturelles de la viabilité

Notre culture témoigne du sens que nous donnons à notre vie. Elle repose sur nos valeurs communes et nos façons de concilier nos différences. Elle a trait à ce qui compte pour les gens et les communautés: les relations, les souvenirs, les expériences, l’identité, le passé, les rêves et les aspirations dans toute leur diversité. Et, par-dessus tout, notre culture donne voix à notre vision de l’avenir, c’est-à-dire à ce que nous souhaitons léguer aux générations futures.Notre culture relie notre présent au passé et à l’avenir dont nous rêvons. C’est avec la culture que nous tissons des liens et des réseaux où se maillent le sens et les valeurs, les amitiés et les intérêts qui nous rassemblent dans le temps, l’espace et la société.Notre culture évoque la façon dont nous nous rappelons qui nous sommes, partageons nos récits, créons notre sentiment identitaire, imaginons ce que nous deviendrons, élevons nos enfants, créons des lieux qui nous appartiennent, comment nous nous détendons et faisons la fête et comment nous nous disputons.Notre culture témoigne de notre désir d’être heureux, d’appartenir, de survivre et, par-dessus tout, d’être créatif.— Jon Hawkes, Understanding culture, 2003

RÉSEAU DES VILLES CRÉATIVES DU CANADA

À l’origine, la viabilité s’est définie dans une perspective nationale et mondiale alors que depuis peu, ce concept s’applique également aux villes et aux collectivités. Cette nouvelle orientation s’affirme, en

partie, par l’adoption de cadres et de pratiques propres à la viabilité au sein du développement communautaire. Simultanément à cette nouvelle « perspective locale », une plus grande reconnais-sance de l’importance de la culture, en matière de viabilité, s’est également établie.

La place de la culture au sein du développement communautaire est une question qui surgit fréquemment dans le cadre de discussions concernant la viabilité sociale ou le capital communautaire. Le scénario est prévisible : la viabilité d’une communauté est avant tout perçue comme une façon d’améliorer le « bien-être » social, économique et environnemental d’une communauté. Puis, la culture s’intègre progressive-ment à cette vision.

Cette édition spéciale du bulletin du Réseau des villes créatives présente un avant-goût des concepts émergents en matière de développement communautaire durable, au sein desquels la culture occupe une place prépondérante. Ces concepts se chevauchent et se complètent réciproquement, de façon organique et évolutive. Par exemple, des notions sociales et culturelles se retrouvent dans les discussions portant sur la viabilité, alors que les pratiques liées au développe-ment communautaire reposent notamment sur

le développement communautaire durable et le développement culturel communautaire. Dès lors, le capital culturel et le capital social sont tous deux intégrés au développement durable et communau-taire. Les pratiques éco-artistiques, quant à elles, ont une incidence sur la façon de concevoir le lien entre la culture et l’environnement. Par ailleurs, ces différents secteurs sont souvent liés, dans la pra-tique, par des valeurs et des approches communes.

De plus en plus, la culture est un thème majeur des débats portant sur la viabilité, d’autant plus qu’elle a la capacité de transformer les communautés et les individus de façon positive et significative à plus long terme.

Sna7m Smánit (Spirit of the Mountain), West Vancouver, C.-B.Artiste : Xwa lack tun (Rick Harry) : œuvre conçue sur feuille d’acier. Bien que l’artiste y évoque la forme du pont Lions Gate, il a incorporé des éléments qui témoignent de ses racines Skwxwú7mesh Úxwumixw (de la nation Squamish)Photo : John McLachlan

ÉDITION SPÉCIALE 4

Modèles de viabilité intégrant la culture

2 NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2007

La roue médicinale du bien-êtreDans leur rapport intitulé An urban aboriginal life : The 2005 indicators report on the quality of life of Aboriginal people in the Greater Vancouver region, Nathan Cardinal et Emilie Adin utilisent la roue médicinale comme cadre de référence pour identifier les catégories et les indicateurs servant à étudier et à documenter la vie des autochtones à Vancouver et dans les environs.

La roue médicinale illustre les quatre orienta-tions traditionnelles : le nord (environnementale), le sud (sociale), l’ouest (économique) et l’est (culturelle). L’est représente la culture et la famille parce que selon la tradition autochtone, les renouveaux débutent à l’est, là où le soleil se lève et où pointe l’aube nouvelle.

Quatre segments clés de la société autochtone, soit les hommes, les femmes, les enfants et les jeunes ainsi que les adultes et les aînés recoupent les quatre dimensions. Chacun de ces segments est considéré essentiel au bien-être général de la communauté autochtone. M. Cardinal et Mme Adin expliquent que l’élaboration de la roue médicinale s’inscrit dans une approche souple et holistique de la planification et du développement, et que celle-ci oriente la gestion et le développement du cadre de travail.

Source : Catherine Runnals, 2006, thèse de maîtrise présentée à la Royal Roads University, adaptée de Jon Hawkes, 2001, et autres

Source: Ministère de la Culture et du Patrimoine de la Nouvelle-Zélande, Cultural well-being and local government, Rapport no 1, 2006

Le bien-être culturel se définit comme la vitalité dont jouissent les collectivités et les individus au moyen de :• leur participation aux activités créatives, culturelles et de loisirs ; et• la liberté qu’ils ont de préserver, d’interpréter et de témoigner de leur art, de leur patrimoine, de leur héritage et de leurs traditions. —Ministère de la Culture et du Patrimoine de la Nouvelle-Zélande, Cultural well-being and local government, Rapport no 1, 2006

Quatre dimensions de bien-être de la viabilité communautaire

Le modèle des quatre piliers de la viabilitéEn 2001, Jon Hawkes, analyste culturel et l’un des penseurs les plus reconnus en Australie en matière de politique culturelle, rédigeait The Fourth Pillar of Sustainability : Culture’s Essential Role in Public Planning. Cet ouvrage aborde quatre notions interreliées, soit la respon-sabilité environnementale, la santé économique, l’équité sociale et la vitalité culturelle. M. Hawkes y revendique l’importance d’une perspective culturelle en matière de planification et de politiques publiques et propose des mesures pratiques d’intégration à cet égard. Selon M. Hawkes, pour que la planification soit plus efficace, le gouvernement doit d’abord concevoir un cadre de travail permettant d’évaluer l’impact des planifications et des décisions économiques, sociales et environnementales sur la culture présentement mises de l’avant au sein des villes et des collectivités.

Son modèle des quatre piliers illustre combien la vitalité et la qualité de vie d’une communauté sont étroitement liées à la vitalité et à la qualité de son appartenance culturelle, à la façon d’en témoigner et d’en discuter, tout comme à sa façon de la célébrer. Par ailleurs, ce modèle illustre combien l’apport de la culture à l’édification de villes dynamiques et de collec-tivités où il fait bon vivre, travailler et visiter est déterminant pour la santé économique et sociale.

Le fer de lance de la viabilité culturelle est sa capacité à engendrer des partenariats, des échanges ainsi que du respect entre les diverses instances gouvernementales, les entreprises et les organismes artistiques. La culture, en tant que quatrième pilier, favorise de tels partenariats tout en s’imposant progressivement au sein de projets de planification et d’élaboration de politiques au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Europe.

Quatre dimensions de bien-être de la viabilité communautaireLe ministère de la Culture et du Patrimoine de la Nouvelle-Zélande a conçu un modèle du bien-être composé des dimensions culturelle, environnementale, sociale et économique. Ce modèle a été élaboré en réponse à la Loi de 2002 sur les gouvernements locaux (section 10), qui stipule que l’administration locale est responsable de la promotion « du bien-être, actuel et à venir, social, économique, environnemental et culturel des collectivités. » Par ce modèle, le ministère souligne l’obligation qu’ont les conseils munici-paux de se préoccuper des quatre dimensions du bien-être afin d’atteindre un développement durable.

Ce modèle, comme bien d’autres, reconnaît le jumelage des différentes formes de bien-être. Le bien-être général, placé au centre de ce modèle, se trouve bonifié lorsque les quatre dimensions sont interdépendantes et d’égale importance, et sont à même de s’adapter librement autour du centre.

Source : Nathan Cardinal et Emilie Adin, An urban Aboriginal life : The 2005 indicators report on the quality of life of Aboriginal people in the Greater Vancouver region, Centre for Native Policy and Research

NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2007 3

ViabilitéLa viabilité traite essentiellement de l’adaptation à une nouvelle éthique de vie sur la planète et de la création d’une société plus juste grâce à une distribution équitable des ressources et des biens collectifs. Le développement viable remet en question les décisions et les modes de vie exclusivement axés sur la consommation et des considérations d’ordre économique. Néan-moins, l’éthique qui lui est sous-jacente dépasse le simple engagement envers l’environnement et l’économie. Il s’agit plutôt d’une approche globale et créative, envers laquelle il faut continuellement aspirer. Cette démarche est complexe, car elle repose sur une société dont les valeurs et la vision du monde sont en constante mutation.

Les modèles de viabilité environnementale, sociale et économique accordent une place prépondérante à la dimension culturelle, et pourtant, il existe toujours une méconnaissance générale de la portée et de la contribution de la culture. À ce jour, la culture est une composante méconnue, qui continue à être perçue comme faisant partie de la dimension sociale de la viabilité ou, encore, s’inscrivant dans divers débats sur le capital social. Ceci s’explique, en partie, par un manque de reconnaissance de la culture en tant que telle. L’origine entrecroisée des dimensions culturelles et sociales est bien illustrée par L.S. Bourne qui utilise le terme « viabilité sociale » pour décrire « les conditions requises pour la survie de groupes ethnoculturels distincts », notamment « les processus de repro-duction culturelle ».1

1 Migration, immigration and social sustainability : The recent Toronto expe-rience in comparative contexts (document de travail – 1999 CERIS)

Les collectivités socialement viables sont aptes à :• atteindreetàmaintenirleursantépersonnelle:physique,mentaleet

psychologique ;

• senourriradéquatement;

• selogerdansleslieuxadéquatsetappropriés;

• fairenaîtredesoccasionsd’emploisenrichissantsetrémunérateurs;

• approfondirleursconnaissancesetleurcompréhensiondumondequiles entoure ;

• repérerdesoccasionspourtémoignerdeleurcréativitéetprofiterdeloisirsàlamesure de leurs besoins psychologiques et spirituels ;

• témoignerdeleuridentitéàtraverslepatrimoine,lesartsetlaculture;

• jouird’unsentimentd’appartenance;

• assureràleurscitoyensl’appuiindéfectibleetréciproquedelacommunauté;

• jouird’unelibertéexemptedetoutediscriminationet,pourceuxquisontauxprises avec des déficiences physiques, d’une communauté d’accès facile ;

• vivrelibrementdansl’absencedetoutecrainteouinquiétudepourlasécuritépersonnelle ;

• participeractivementàlaviepublique.

Tables rondes sur l’environnement et l’économie en C.-B., 1993, cité dans l’ouvrage de Mark Roseland : Towards sustainable communities : Resources for citizens and their governements, 2005

Ensemble, la viabilité sociale et le développement culturel…• Enseignenttouteslesdimensionsdelaviabilitéauseindesécoles,des

universités et des collectivités

• Édifientlecapitalhumain

• Considèrentlesartsetlaculturecommedesoutilsd’apprentissage

• Encouragentlesorganismesàcollaborerenmatièredepauvreté,decréationd’emplois, de logement, de santé, d’aménagement urbain, et de questions touchant la jeunesse

• Appuientlesinitiativeslocalesenmatièrededéveloppement

• Favorisentl’inclusionsocialeetl’édificationdecommunautésplusfortes

• Améliorentlaqualitédevie,l’appartenanceaulieuetlebien-êtreauseindescommunautés

• Serattachentaurenouveauurbainetrural

• Améliorentl’environnementphysiquetelslesparcs,etdynamisentl’environnement bâti

• Appuientleshabitationsàloyermodique(telleslescoopérativesd’artistes)

• Améliorentlavieurbaineet,decefait,laviedequartier

• Offrentuncadredeviesainetfavorableauxjeunesdelacommunauté

• Améliorentlesespacesculturelsafinderesserrerletissussocialdela communauté

Viabilité sociale /Capital socialLe changement est une réalité incontournable de la mondialisation grandissante. Dès lors, les collectivités socialement viables doivent faire preuve de résilience et de capacité d’adaptation. Néanmoins, il est important que les collectivi-tés socialement viables prennent soin de leurs résidents et qu’elles exploitent leurs ressources sociales de façon à mieux contribuer à notre avenir commun.

Le concept de capital social, tel que défini parl’Organisationdecoopérationetdedével-oppement économiques, soit : « Les réseaux et les normes, valeurs et connaissances partagées qui facilitent la coopération au sein des groupes et entre les groupes », est étroitement lié à celui de viabilité sociale. Le capital social se compose notamment de relations à la communauté et aux individus ainsi que de lois, de l’information et de règles communes.

Contextes clés

… Bien qu’on ait beaucoup écrit sur le capital social au cours des dernières années, bien peu a été dit, comparativement, au sujet du capital culturel. Pourtant, l’art, la nutrition, la musique et les valeurs qui leur sont sous-jacentes sont de première importance pour rallier les gens.—Matthew Pike, cité dans l’ouvrage intitulé Toward asset-based community cultural development : A journey through the disparate worlds of community building, 2003, de Tom Borrup

Peu à peu, la culture se dégage de l’enceinte de la viabilité sociale et s’impose comme une dimen-sion distincte, jouant un rôle prépondérant en matière de développement durable. En 1995, l’UNESCOdéfinissaitcequ’elleentendparladimension culturelle du développement communautaire, soit : « L’ensemble complexe de composantes spirituelles, matérielles, intellectuelles et émotionnelles distinctes et propres à une société ou à un groupe social. Cela inclus non seulement les arts et les lettres, mais également les modes de vie, les droits humains fondamentaux, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. »

La viabilité culturelle signifie que des change-ments s’opèrent, mais de telle sorte qu’ils respectent les valeurs culturelles établies. Tout débat portant sur la viabilité doit nécessairement tenir compte de la culture et du lieu où il prend place afin que la collectivité et le contexte géographique concernés soient reconnus. Toute discussion sérieuse en matière de viabilité doit s’inscrire dans une recherche minutieuse des complexités de chaque situation. Par ailleurs, toute démarche visant la préservation de l’environnement et de la culture doit se faire en tenant compte des pratiques courantes.

À ce propos, il existe d’importantes études faisant état d’un lien entre la pérennité culturelle au sein des communautés des Premières nations et

Le développement communautaire a pour but de dynamiser l’économie et les relations sociales au sein d’une collectivité, à l’aide de projets locaux. Le processus du développement communautaire est souvent comparé à un « triple résultat net » regroupant le bien-être environnemental, social et économique dans un seul système comptable. À ce résultat net s’ajoute maintenant le bien-être culturel et la bonne gouvernance.

Les objectifs fondamentaux du développement communautaire concordent avec l’habileté des citoyens à témoigner de leurs valeurs, à être autonomes, à satisfaire leurs besoins fondamentaux et à accroître leur participation et leur responsabilisation au sein de la collectivité. Cela est possible grâce à l’éducation, la participation citoyenne, la concertation et l’accès à l’information. Il est essentiel de développer un sentiment d’appartenance au sein de la communauté, car cela permet aux résidents d’affirmer leur autorité à l’égard de

… le développement communautaire prend forme dans le quotidien immédiat des gens. C’est là le contexte initial du changement durable.—Margaret Ledwith, Community development : A critical approach, 2005

La viabilité communautaire dépasse le simple engagement envers les pratiques environnemen-tales et la croissance de l’économie. Elle prend tout son sens dans la création d’une communauté plus juste et équitable et ce, en favorisant une plus grande diversité sociale et culturelle. Pour y parvenir, la communauté doit également articuler sa propre définition de la viabilité, à partir de ses valeurs et d’une perspective qui lui est unique. Cela requiert une participation citoyenne et des prises de décisions collectives

… la viabilité se manifeste dans la capacité de la communauté à composer avec le changement et à s’adapter à de nouvelles situations.—Maureen Williams, Sustainable development and social sustainability, 2003

Viabilité culturelle / Capital culturel

leur environnement, de leurs ressources et de leur avenir.

Le développement communautaire autonomise les collectivités et leur permet d’inscrire les enjeux locaux dans un contexte politique élargi. Une dimension importante du développement communautaire est qu’il n’est pas sous l’emprise d’experts ou d’instances gouvernementales.

Si la forme et l’objet du développement communautaire est particulier à chaque collectivité, il reste que l’objectif premier demeure l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. Selon le Centre pour le développement communautaire durable (Centre for Sustainable Community Development) de l’Université Simon Fraser,lesapprochesliéesaudéveloppementcommunautaire visent notamment à : identifier les enjeux propres à la collectivité, repérer les ressources locales, évaluer les structures décisionnelles et les besoins sociaux, et réagir aux inquiétudes exprimées par la communauté.

Développement communautaire

Le développement communautaire viable qui répondent aux besoins sociaux, culturels, environnementaux et économiques.

Le développement communautaire durable est un processus visant à instaurer une économie locale autonome et qui ne menace pas l’écosystème mondial ou le bien-être social des collectivités. Les résidents de communautés viables tendent à instaurer des programmes et des politiques aptes à atteindre plusieurs objectifs à la fois.

Les collectivités devraient favoriser la présence d’environnements bâtis et d’habitats édifiants, inspirants, mémorables, et qui suscitent un certain sentiment d’appartenance et d’attachement… Une collectivité viable respecte la nature et la généalogie des caractéristiques actuelles d’un lieu, celles qui suscitent un

4 NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2007

Images de gauche à droite : Festival Heritage Days, Edmonton, Alb.; Jumping Trout de Violet Costello et Bob Thomasson, Calgary, Alb.; Festival international de l’art vocal, Trois-Rivières, Qc. (photo : Jean Chamberland); The Rooms, St. John’s, T.-N.-L.

attachement à l’espace et une reconnaissance de ce dernier. Ces « points de repère communautaires » peuvent être naturels, tels une clairière ou un vieil arbre, un ruisseau au cœur de la ville, ou bâtis, tels un monument civique, un resto de quartier, un ancien palais de justice ou une tour d’horloge. Dans un lieu viable, en

somme, des efforts particuliers sont consentis pour créer et préserver l’espace, les rituels et les événements porteurs d’un attachement profond au tissu social de la collectivité.

Timothy Beatley et Kristy Manning, The ecology of place : Planning for environment, economy and community, 1997

le nombre de suicides chez les jeunes. Dans un article datant de 1998, intitulé Transcultural Psychiatry, Michael Chandler et Christopher Lalonde font état d’un taux de suicide plus bas dans les communautés qui participent active-ment à la préservation et à la réhabilitation de leur propre culture.

Les discussions sur la culture menées au sein du secteur de la viabilité s’articulent autour de la notion de capital culturel, une perspective qui dépasse les arts et le patrimoine pour en-glober diverses traditions, des valeurs, des lieux, et l’histoire sociale. L’ensemble qui compose ce capital social, qu’il soit tangible ou immatériel, est ce que nous héritons des générations précé-dentes et ce que nous lèguerons aux générations futures. Dans l’ensemble, cela mène à une plus grande qualité de vie et à une meilleure connaissance de soi.

En ce qui concerne le domaine des politiques, le gouvernement du Canada, l’Agenda 21 de la culture et la Décennie des Nations Unies pour l’éducation en vue du développement durable (2005-2014)del’UNESCOenglobentlanotiondedéveloppement culturel telle qu’elle se réfère aux politiques sociales et à leurs objectifs, notam-ment favoriser l’inclusion sociale, la diversité culturelle, la revitalisation et la diversité rurales, le logement social, la santé, la conservation écologique et le développement durable.

NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2007 5

Le développement culturel communautaire s’inscrit dans un cadre de référence émergent en matière de viabilité. À ce titre, il englobe diverses activités qui ont trait à la capacité des individus à témoigner de leurs récits, à développer des habiletés, et à s’engager activement à l’enrichissement de leur culture. Mettant à profit les arts et la culture, le développement culturel communautaire peut amener la communauté à concevoir des modèles de viabilité pertinents. Tout comme c’est le cas pour d’autres modèles de développement durable, il n’existe pas de modèle unique du développement culturel. Il est cepen-dant important de noter que dans tous les cas, la relation qui s’installe entre les artistes et leurs communautés est égalitaire et que la collabora-tion créative favorise l’épanouissement et le changement social.

Largement considérée comme une stratégie de base, le développement culturel communautaire s’intègre peu à peu aux modèles de développe-ment actuels. Par ailleurs, il suscite la partici-pation d’artistes et d’organismes culturels aux processus de revitalisation et de développement au sein des villes et des collectivités. Il est propice à la planification de la viabilité par son appui envers la présence d’une culture communau-taire, l’autonomisation des résidents, ainsi que la consolidation d’infrastructures culturelles et

d’engagement communautaire. Le développe-ment de la culture communautaire a aussi été lié à d’autres initiatives de développement communau-taire telles celles de la santé, du logement abord-able, de l’éducation, de la jeunesse, de la pauvreté, d’élaboration de politiques ainsi que de planifica-tion. L’adoption d’une perspective culturelle dans ces secteurs est une composante émergente du développement durable.

D’autre part, un aspect important du développe-ment culturel communautaire a trait au concept de culture partagée, qui correspond au respect mutuel entre toutes les cultures d’une collectivité. Par cette expérience commune, les collectivités développent un respect mutuel accru à l’égard de leur histoire, leurs ressources, leurs espoirs, leurs rêves et ceux des autres.

En un mot, le développement culturel commu-nautaire est un outil qui favorise l’appartenance au lieu, l’autonomisation et la participation publique—des éléments clés du secteur du développement durable. Le développement culturel communautaire et le développement de collectivités viables ont des valeurs, des principes, des caractéristiques clés et des modes de fonctionnement communs, et peuvent aider à orienter les modèles émergents de viabilité culturelle.

Développement culturel communautaire

On en est venu à considérer le développement culturel communautaire comme un processus collectif qui a souvent recours à la créativité, dans le sens le plus large. Cela entraîne des changements dans la vie des gens et amène un épanouissement à long terme pour la collectivité.—Deborah Mills et Paul Brown, Art and wellbeing, 2004

Éléments clés du développement culturel communautaire• Ilmetl’accentsurlessolutionsquifontappel

aux arts, plutôt que sur la recherche de problèmes

• Ilmetàcontributionlesdécideurslorsdelaplanification du dcc

• Ildonnelieuàdenouveauxréseauxsociauxavec des organismes, des groupes, des artistes et le gouvernement

• Ilappuielemulticulturalisme

• Ilintègrelescoutumes,l’artisanatetles pratiques locales dans l’éducation

• Ilarecoursauxartsetàlacultureentantqu’outils de renouveau et de viabilité

• Ilfavoriselacapacitédesrésidentsàtravailleret à communiquer avec les autres

• Ilédifielafiertéetl’identitécommunautaire

• Ilcautionnedespréceptescommunautairespositifs, tels l’acceptation et la libre expression culturelle

• Ilbonifielecapitalhumain,lescompétenceset les habiletés créatives des communautés

• Ilaccroîtlesoccasionsd’implication personnelle dans les arts

• Ilcontribueàlarésilienceetàlaviabilitéd’une communauté et de ses habitants

• Ildiminueladélinquancechezlesjeunesàrisques

• Ilengagelescitoyensdansdesprojets artistiques de la communauté

• Ilfavoriselaconfianceentrelesrésidents de la collectivité

Au cours des années 1990, alors que la viabilité devient le fer de lance du développement communautaire, les intervenants du milieu ont commencé à privilégier l’édification de compétences locales dans un domaine afin de créer un cadre de vie plus favorable à l’environnement et à l’équité sociale. Dans le cadre de cette démarche, et à la lumière des travaux de Robert Putman et d’autres personnes intéressées par les questions de capital et d’engagement communautaires, les universitaires et les gens responsables de politiques se sont graduellement ralliés à cette vision, réalisant que le processus repose avant tout

L’essor du développement communautaire viable repose sur le renforcement de six aspects du capital communautaire, c’est-à-dire :

Minimiser la consommation du capital naturel essentiel—cela veut dire vivre dans le respect des limites écologiques, conserver et rehausser les ressources naturelles, assurer la gestion des ressources renouvelables (sol, air, eau, énergie, agriculture, etc.), et d’une production propre, ainsi que minimiser les déchets (solides, liquides, pollution de l’air, etc.).

Augmenter le capital physique, notamment les biens communautaires tels les espaces publics (par ex. : les hôpitaux et les écoles), l’eau et l’assainissement, les moyens de transport efficaces, la sécurité, les habitations de qualité, les infrastructures adéquates, ainsi que les télécommunications.

Consolider le capital économique, c’est-à-dire mettre l’accent sur l’approche « faire plus avec moins » en optimisant l’utilisation des ressources actuelles (par ex. : utiliser des déchets comme ressources) ; faire circuler l’argent en réinvestis-sant dans la communauté ; miser sur la fabrica-tion locale—remplacer les importations, favoriser

Capital communautairesur l’accroissement des réserves de capital social d’une communauté. Dès lors, ils se sont davantage intéressés à la création du capital social.

Aujourd’hui, les professionnels du milieu et les universitaires s’entendent pour dire que le développement communautaire viable repose sur une multiplicité de capital ou de ressources communautaires au sein d’une collectivité. Par exemple, selon le « Centre for Sustainable Community Development » de l’Université Simon Fraser,lecapitalcommunautairesecomposedes patrimoines naturel, physique, économique, humain, social et culturel.

Dans ce contexte, les praticiens du développement communautaire en Amérique du Nord sont d’avis, depuis quelques années, que la culture doit être considérée comme une forme de capital à part entière. Après plusieurs années de travail auprès de communautés autochtones et étrangères, ils conviennent que la culture doit être dissociée du capital social, et ils affirment que le capital culturel doit être mieux compris dans le contexte du processus de développement durable.

la création ; créer de nouveaux produits ; respecter un commerce équitable avec autrui, ainsi qu’établir des institutions financières locales.

Enrichir le capital humain en portant une attention particulière à la santé, l’éducation, la nutrition, l’alphabétisation, ainsi que la cohésion sociale et communautaire. Des facteurs détermi-nants de la santé, tels la sécurité, l’alimentation, l’habitation, l’éducation, le revenu et l’emploi sont également des conditions préalables essentielles.

Décupler le capital social et, pour y parvenir, il faut privilégier une gouvernance locale représen-tative et efficace, des organismes d’envergure, le renforcement des capacités, une planification concertée, l’accès à l’information ainsi que la collaboration et les partenariats.

Rehausser le capital culturel sous-entend veiller tout spécialement aux traditions et aux valeurs, au patrimoine et aux lieux, aux arts, à la diversité et au cheminement social.

Mark Roseland et coll., Towards sustainable communities : Resources for citizens and their governments, 2005

Capital communautaire : Édifier des communautés viables

Aché Brasil au Life & Arts Festival, Kelowna, C.-B. (photo : Tim Swanky)

People on the Move de John Hooper, Saint John, N.-B

6 NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2007

L’éco-artEnsemble, la viabilité sociale et le développement culturel• Conserventetpréserventles

édifices historiques

• Cautionnentlesproduitset les services artistiques écologiquement durables

• Encouragentl’utilisationde produits artisanaux écologiques

• Fontusagedelieuxsous- utilisés pour y offrir des activités artistiques

• Diffusentdel’informationportant sur la viabilité environnementale à l’aide d’activités artistiques

• Veillentàlapréservationdesespaces verts et des parcs du Canada

• Sensibilisentparlesartslesrésidents de la collectivité aux questions environnementales et aux enjeux auxquels fait face la planète

• Contribuentàlamiseenœuvre accrue de pratiques éco-artistiques

The River est un spectacle aux allures de « procession » conçu

par la Karen Jamieson Dance Company, en collaboration avec

les Spakwus Slulum Dancers, de la nation Squamish, la Brew-ery Creek Historical Society, et d’autres groupes commu-nautaires. Ce spectacle rend honneur à la mémoire et à l’histoire d’un cours d’eau de Vancouver, le Brewery Creek, un site maintenant enfoui.

Chorégraphié par Karen Ja-mieson, en 1998, The River

met en scène Shinn-Rong Chung, Laura Crema, Allan

Dobbs, Caroline Farquhar, Peter Hurst, Hiromoto Ida,

Rulan Tangen, le Commu-nity Orchestra et quelque 25 bénévoles. L’œuvre a été con-çue pour être présentée à l’extérieur, partant du cimetière Mountainview, situé en amont du ruisseau Brewery Creek, pour aboutir à l’intérieur du Round-house Community Centre.

Photos offertes par la Karen Jamieson Dance Company

En dernier lieu, nous nous devons de recon- naître ce qui a pu façonner la pensée concernant le rôle de la culture dans la viabilité, notamment le domaine de l’art écologique, ou « éco-art », une tendance qui remonte aux années 1960.

Certains artistes trouvent leur inspiration dans l’environnement, alors que d’autres ont recours à l’art pour aborder des enjeux environnemen-taux majeurs. Au cours des dernières années, les rapports entre artistes et environnementalistes se sont solidifiés, car ils partagent des valeurs communes et ont une façon semblable de voir le monde en ce qui a trait à la préservation et à la protection de l’environnement. Par exemple, il y a un nombre grandissant de projets créatifs et de programmes d’enseignement qui ont recours aux activités artistiques et culturelles pour :• Sensibiliserlesgensauxenjeuxenvironnementaux• Intégrerlacréativitéàdesprojetsenvironne–

mentaux et de planification au sein des communautés

• Encouragerunlienplusétroitaveclaterreenvivant en harmonie avec la nature. Cette tendance s’inspire d’un intérêt grandissant pour les pratiques autochtones

Les projets « éco-arts » sont souvent le fruit d’un partenariat entre des artistes, des groupes envi-ronnementaux, des musiciens locaux ou, encore, des communautés, et ont pour thème des enjeux locaux tels la pollution ou toute autre question environnementale. Les artistes qui œuvrent à un projet de viabilité culturelle considèrent généralement leur pratique artistique comme une démarche environnementale.

NOUVELLES DES VILLES CRÉATIVES : ÉDITION SPÉCIALE 2007 7

1. La culture de la viabilité Ceci a trait au changement de culture nécessaire pour modifier la façon dont les gens abordent les enjeux économiques, sociaux et environnementaux. Dans ce contexte, la culture de la viabilité fait référence à de nouveaux comportements individuels concernant les habitudes de consommation et l’adaptation à un style de vie plus écologique.

2. La mondialisationLa culture doit être protégée des effets de la mondialisation et des forces du marché, car plusieurs craignent que les collectivités individuelles perdent leur identité propre, leurs traditions et leurs langues au profit de la culture et des idéaux dominants. De ce fait, des discussions portant sur la viabilité sont en cours et mettent l’accent sur l’éducation, le développement communautaire et l’élaboration de politiques locales ouvertes au changement, et en harmonie avec les valeurs culturelles de la communauté. La mise en place d’occasions visant à élargir la diversité locale pourrait également contribuer à équilibrer les choses.

3. Conservation du patrimoineIl s’agit d’une orientation commune de la recherche portant sur la viabilité culturelle. Elle privilégie trois secteurs :i. La sauvegarde des infrastructures, des pratiques et des sites du patrimoine culturel contre des influences

extérieures. Les discussions portant sur la viabilité du patrimoine culturel mettent l’accent sur la nécessité de sauvegarder l’héritage culturel au profit des générations futures, et de tenir compte de l’historique d’un lieu ainsi que ses atouts tangibles et immatériels.

ii. Le tourisme culturel. La sauvegarde du patrimoine bâti et naturel fait en sorte que le tourisme et le développement économique régional soient viables à long terme afin que les générations futures puissent également en profiter.

iii. La revitalisation et l’aménagement d’édifices historiques en espaces culturels. La réutilisation d’espaces existants favorise le développement durable et le sentiment d’appartenance au lieu dans une communauté.

4. L’appartenance au lieuLes discussions portant sur la viabilité mettent fréquemment l’accent sur les façons dont la culture contribue à créer un sentiment d’appartenance au sein des communautés et des villes. Les projets visant à mettre en valeur cette appartenance font état de l’importance du patrimoine et de ses symboles et reconnaissent, en outre, le rôle des arts dans l’éveil et la reconnaissance des citoyens à l’égard de la viabilité. Ces stratégies font également état du rôle que peuvent jouer les arts pour résoudre des conflits entre le développement social, environnemental et économique en adoptant une approche plus créative, qui soit apte à considérer plusieurs perspectives et à concevoir de multiples possibilités et solutions.

5. Connaissances et pratiques traditionnelles autochtonesLa viabilité culturelle est liée à la protection et à la réhabilitation de la santé spirituelle, de l’histoire et du savoir des cultures autochtones dans la société. Elle se rapporte aux pratiques antérieures par l’entremise de célébrations historiques locales et régionales et en transmettant des valeurs culturelles aux générations futures. À cet égard, les récits sont considérés comme des outils servant à sauvegarder le savoir et les pratiques autochtones traditionnelles, en préservant la mémoire collective, en célébrant son histoire, en servant de modèle de comportement et même, en tant que moyen de pression pour orienter l’élaboration de politiques.

6. Le développement culturel communautaireLe développement culturel communautaire encourage les adeptes de la culture, les organismes locaux et les résidents à prendre part au processus décisionnel de la collectivité et à prendre en charge les ressources et l’identité de leur communauté. La culture, en tant qu’outil de développement, approfondit le débat populaire entre les artistes, les groupes culturels et les résidents de la communauté en suscitant de nouvelles occasions et des expériences inspirantes, stimulantes et porteuses d’échanges. Il en découle un esprit de partenariat favorable, au sein duquel le milieu des arts est apte à engager et à nouer des liens avec d’autres, notamment le gouvernement, les entreprises et la communauté en général, tout en ralliant des individus qui, autrement, n’auraient vraisemblablement pas pris part à ces activités sociales.

7. Les arts, l’éducation et la jeunesseLes communautés et les écoles considèrent que, les arts, par leur capacité à accroître la portée de l’enseignement, de la recherche, de l’élaboration de politiques ainsi que d’actions menées en faveur de la viabilité et du développement culturel, sont un outil à la fois de développement et de communication. Les arts sont une occasion de collaborer à des activités communes et permettent aux jeunes ainsi qu’à la communauté de s’engager publiquement en prenant davantage part au processus politique. En intéres-sant les jeunes à des programmes éducatifs dans le domaine de la viabilité sociale, environnementale et économique, il est possible de leur offrir une perspective d’avenir plus réjouissante et plus viable.

8. Le design viableDe plus en plus, les designs écologiques faisant appel aux matériaux recyclés ont une incidence sur la planification urbaine, communautaire et rurale viable. Le design viable est également perçu comme une composante de la viabilité culturelle—sauvegarder l’identité culturelle est peut-être le gage d’un présent inspiré du passé et garant de l’avenir.

9. La planificationLa planification des communautés viables, bien qu’elle tienne compte du capital culturel, ne fait pas suffisamment état d’approches pour intégrer la viabilité culturelle. Il est nécessaire de démontrer de quelle façon la culture peut être intégrée aux plans de développement et d’urbanisme des collectivités actuelles. Cette approche doit nécessairement s’inscrire dans une meilleure compréhension des liens qui existent entre les dimensions culturelle, environnementale, économique et sociale de la viabilité. Dans ce contexte, une perspective culturelle est requise au sein de la planification et du design urbain. Une telle approche repose sur des stratégies de planification culturelle locales orientées vers l’identité et la fierté collective, la jeunesse, le multiculturalisme, la pauvreté et toute autre dimension propre aux collectivités d’aujourd’hui.

10. Politiques culturelles et administrations localesLes politiques culturelles et de développement durable s’inspirent d’un objectif central commun, soit l’amélioration de la qualité de vie des résidents d’une collectivité. L’aspect multidisciplinaire du développement durable se traduit par la nécessité d’élaborer des politiques durables, qui transcendent les paramètres existants et où s’intègrent la culture et d’autres domaines politiques.

Le design peut devenir « une force vive de la viabilité culturelle en illustrant et en représentant les gens et les lieux où il s’inscrit ». Dans cette perspective, il faut tenir compte des cinq aspects majeurs suivants :

1. Conscience de la culture personnelle et locale

2. Valorisation des traditions visuelles et du folklore, et reconnaissance de leur portée et de leur influence sur le design contemporain

3. Une certaine confiance en soi qui permet de se défaire de l’emprise et de l’influence des grandes cultures dominantes pour mieux intégrer l’émergence d’une esthétique locale

4. Un nombre croissant de publications, mettant en vitrine le design local et les designers reconnus, qui peuvent servir de modèle à la jeune relève

5. Une vision de l’avenir. Sherry Blankenship dans Design Issues, 2005

Dix thèmes clés de la viabilité culturelle

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402, rue Pender ouest Bureau 408 Vancouver, Colombie-Britannique V6B 1T6 [email protected] | www.villescreatives.ca 604.688.2489

Recherche et rédaction Nancy Duxbury, Eileen Gillette, Kaija Pepper

Traduction Célyne Gagnon

Design et mise en page John McLachlan – Gliss Media

Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué au contenu de cette publication, notamment l’information et les photos.

Ce texte est extrait d’un document de travail intitulé Culture as a Key Dimension of Sustainability : Exploring Concepts, Themes, and Models, rédigé par le Centre d’expertise sur la culture et les collectivités, février 2007.

Le Réseau des villes créatives du Canada est une société à but non lucratif. Il a pour but de favoriser le rayonnement du savoir, de la recherche et de l’éducation publique tout en offrant des ressources propres au développement professionnel dans le secteur de la planification, des pratiques et des politiques culturelles locales.

Personnel Sheryl McGraw Directrice générale intérimaire et responsable des ser-vices et des programmesNancy Duxbury Directrice de la recherche, Centre d’expertise sur la culture et les collectivitésAngela McKinney Coordonnatrice, Centre d’expertise sur la culture et les collectivitésSonja Bichsel Responsable des conférences et du développement du site Web

Conseil d’administration Doug Cleverley,OwenSound,Ont. Bernard J. Cormier (secrétaire), Saint John, N.-B. Claude Des Landes (vice-président), Montréal, Qc. Sheila Dodd, Whitehorse, Yn. Jane Fernyhough (présidente sortante), Richmond, C.-B. Sue Galimberti, Regina, Sask. Beth Gignac (présidente), Calgary, Alb. Lorna Gunn, Kelowna, C.-B. Debbie Hill(trésorière),Ottawa,Ont. Michel Jutras, Trois-Rivières, Qc. Denis Nokony, Burnaby, C.-B. Betty Ane Recchia,Waterloo,Ont. Tricia Wasney, Winnipeg, Man.

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•Appuientlatenued’activitésetd’événementsaptesàsusciterunsentimentdefiertéetd’appartenancechezlesrésidents,toutenapprofondissantleurs liens à leur communauté

•Haussentlaqualitédeviedescollectivités

• Inspirentceuxquisontsolidairesdeleursactionsàs’engagerdansleprocessus décisionnel

• Sontl’occasiondemobiliserdesgroupesdecitoyensimportantsàs’investir dans une action collective en faveur de la communauté

LECTURES SUGGÉRÉESTimothy Beatley et Kristy Manning,The ecology of place : Planning for environment, economy, and community, 1997

Beth Carruthers, Mapping the terrain of contemporary EcoART practice and collaboration, preparé pour « Art in ecology—A think tank on arts and sustainability », Vancouver, 2006

Nathan Cardinal et Emilie Adin, An urban Aboriginal life : The 2005 indicators report on the quality of life of Aboriginal people in the Greater Vancouver region, Centre for Native Policy and Research, 2005

Alison Darlow, Cultural policy and urban sustainability : Making a missing link?, Planning Practice and Research, 11(3),1996

Jon Hawkes, The fourth pillar of sustainability : Culture’s essential role in public planning, 2001

Hildegard Kurt, Aesthetics of Sustainability, dans Heike Strelow et Vera David (edit.), Aesthetics of ecology : Art in environmental design, theory and practice, 2004

John Matthews et David Herbert (edit.), Unifying geography : Common heritage, shared future?, 2004

Deborah Mills et Paul Brown, Art and wellbeing, Australia Council for the Arts, 2004

Ministère de la Culture et du Patrimoine de la Nouvelle-Zélande, Cultural well-being and local government, Rapport no 1, 2006

Diana Mitlan et David Satterthwaite, Cities and sustainable development : Background paper for Global Forum ’94

Peter Newman et Jeffrey Kenworthy, Sustainability and cities : Overcoming automobile dependence, 1999

Scott O’Hara, Hands ON! Practices and projects supported by the Community Cultural Development Board, Australia Council for the Arts, 2002

Matthew Pike, Can do citizens, 2003

Luciano Pilotti et Marina Rinaldin, Culture & arts as knowledge resources towards sustainability for identity of nations and cognitive richness of human being, 2004

OECD, The well-being of nations : The role of human and social capital, 2001

Robert D. Putnam, Bowling alone : Collapse and revival of American community, 2000

Mark Roseland et al., Towards sustainable communities : Resources for citizens and their governments, 2005

Maureen Williams, Sustainable development and social sustainability, Ministère du Patrimoine canadien, 2003

Ensemble,laviabilitésocialeet le développement culturel…

Le Réseau des villes créatives tient à remercier de leur appui financier :

La viabilité est une vision, un processus et non pas une fin en soi.—Peter Newman et Jeffrey Kenworthy, Sustainability and cities : Overcoming automobile dependence, 1999