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Le Dernier Contingent un spectacle de Jacques Allaire librement inspiré du roman de Alain Julien Rudefoucauld © Marc Ginot Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau

B assin de Thau Le Dernier Contingent · création son et musique Guillaume Allory et ... et dans le monde pour une plus ... l’on fait semblant de s’étonner que les jeunes s’abîment

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Le Dernier Contingent

un spectacle de Jacques Allairelibrement inspiré du roman de Alain Julien Rudefoucauld

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S c è n e N a t i o n a l e d e S è t e e t d u B a s s i n d e T h a u

un spectacle de Jacques Allairelibrement inspiré du roman de Alain Julien Rudefoucauld

(Editions Tristram, 2012 – Prix France Culture / Télérama)

avec : Edward Decesari, Evelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle,

Paul Pascot, Valentin Rolland et David Lavaysse (guitariste)

création son et musique Guillaume Allory et David Lavayssecréation lumière Christophe Mazet

régisseur général et son Guillaume Alloryscénographie Jacques Allaire et Dominique Schmitt

costumes Wanda Wellard

durée : 1h40à partir de 15 ans

Coproduction Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau, Scènes des 3 Ponts - Castelnaudary,

Le Parvis - Scène nationale de Tarbes-Pyrénées, L’Estive - Scène nationale de Foix et de l’Ariège

Avec l’aide de la Région Languedoc-Roussillon et de la DRAC Languedoc-RoussillonCe spectacle est soutenu par Réseau en scène Languedoc-Roussillon

Avec le soutiendu FIJAD DRAC et Région PACA, de l’ENSAD de Montpellier Languedoc-Roussillon

et de l’École de la Comédie de Saint-Étienne/DIESE # Rhône Alpes,avec la participation du Théâtre National de Bretagne et la participation artistique de l’ENSATT

Remerciementspour leur accueil en résidence aux Scènes des 3 Ponts - Castelnaudary,

à l’ERAC - École Régionale d’Acteurs de Cannes et aux Scènes du Jura, Scène nationaleRemerciements à Anthony Devaux pour sa participation à la semaine d’écriture

Avec le mécénat en nature de l’entreprise Box’Air

Le décor a été construit aux ateliers de La Comédie de Saint-Etienne sous la direction de Jacques Mollon

Production déléguée Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau

Avenue Victor Hugo. 34200 SèteYvon Tranchant, direction

Florence Marguerie, responsable de la Fabrique [email protected]

04 67 18 68 68 - 06 70 91 18 42

Antje Brocksieper, chargée de production04 67 18 53 28 - [email protected]

www.scenenationale-sete-bassindethau.com

Le Dernier Contingent

dossier mis à jour : 2/02/2016

L’Adami, société des ar t istes-interprètes, gère et développe leurs droits en France et dans le monde pour une plus juste rémunérat ion de leur talent.Elle les accompagne également par ses aides f inancières aux projets ar t ist iques.

LA SPEDIDAM est une société de percept ion et de dist r ibut ion qui gère les droits des ar t istes interprètes en mat ière d’enregist rement, de dif fusion et de réut i l isat ion des prestat ions enregist rées.

Extrait

Tableau 6 - ÉDEN ÉDEN ÉDEN

(...)

CAPITAINE - DENTIFRICE !!!! BOUCHON !!! INCLINEZ !!!! PRESSEZ !!! FEUX !!!

CAPORAL - Tu le passes avec le doigt.

EV - Tu veux que je te prête mon doigt ?

MALID - Non. Non. Merci. Je suis pas sûr que le doigt ce soit aussi efficace que la brosse.

CLO - Essaye avec tes pieds, connard.

CAPITAINE - On connaîtra jamais la vérité là-dessus.

MALID - Mon capitaine. Hey, mon capitaine ?

CAPITAINE - Fraternité !!!! Fraternité !!!!

MALID - Capitaine ? Qu’est-ce qu’il a ?

CLO - C’est le cerveau.

CAPITAINE - EDEN EDEN EDEN !!!

MALID - Ça, vous me l’avez déjà dit Monsieur !

CAPITAINE : Capitaine, pas M’sieur, capitaine !

MALID - Oui mon capitaine !

CAPITAINE - Tu sais ce qu’il y a eu sur ma poitrine ? (non) La croix de guerre et la militaire, tu sais pas ce que c’est la militaire et la croix de guerre ? (non) Bah, ce que je peux te dire c’est que c’est pas pour les trouillards ! EDEN EDEN EDEN !!! Ah putain, je t’aime bien toi !!! Mort !!! Haha ! La guerre !! Merde !! Ahah  ! La guerre. (Il s’écroule)

MALID - Je comprends pas où je suis là. Putain, je m’y fais pas, ils me foutent les jetons. C’est comme ça que je vais devenir ou quoi ? Oh putain, je suis fatigué, je suis dans du coton, je sais pas, je suis crevé, suis crevé, je me sens pas bien, j’ai envie de dormir et de dégueuler.

CLO - La nuit, faut dormir. Toi, t’as pas arrêté de rêver. C’est pas bon de rêver comme ça. À force on sait plus où on est.

MALID - Putain, mais c’est quoi ici ?

CLO - Le monde qui tourne pas rond… Un temps qui nous dépasse, et c’est dans celui-là qu’on vit, c’est dans celui-là qu’on est debout, connard. Toi t’es pas réveillé. Et tu sais pourquoi t’es pas réveillé ? Parce que tu veux pas regarder comme elle est jolie la vie ! Mais c’est joli la vie ! Mais si, c’est joli. Sur la merde, on plante des roses, et avec les roses on fait des bouquets, et de la confiture, et même que c’est bon, alors ça sert à quelque chose la merde.

(...)

Dans Le Dernier Contingent, Alain Julien Rudefoucauld raconte le parcours de Marco, Sylvie, Xavier, Malid, Manon, Thierry. Six adolescents tout juste sortis de l’enfance et déjà en perdition, qui se retrouvent et forment ensemble ce dernier contingent. Massacrés par la famille, la société, les institutions.Victimes de la guerre invisible que l’époque mène contre ses propres enfants.

Cela se passe aujourd’hui, en France, dans les marges de la région bordelaise. Une longue catastrophe montrée au ralenti. Des flux de pensée ininterrompus, une épopée de douze semaines sidérantes de noirceur et de beauté.

Le texte est un véritable jaillissement : violence de l’époque, incapacité des services de l’Etat, impuissance de la justice, de la police, des éducateurs, démission des parents, absence des pères, épuisement des mères, étalage de l’argent. Rudefoucauld a composé une tragédie de la modernité d’une beauté noire, à couper le souffle, dont l’évidente puissance théâtrale éclabousse le lecteur qui s’aventure dans ce voyage au bout de la nuit.

C’est à ce vertige sublime que Jacques Allaire souhaite inviter les spectateurs avec une équipe de six jeunes acteurs. Faire découvrir un immense texte de la littérature moderne et les emmener dans le voyage fantastique d’un conte halluciné. Le choix de ce roman est au cœur de son approche engagée de la création théâtrale, que ce soit dans les sujets de société qu’il creuse ou dans ses partis pris artistiques, parfois radicaux, mais toujours ouverts au plus grand nombre.

L’histoire

J’ai rencontré par hasard ce roman, pris sur la table des nouveautés de la rentrée 2012 chez mon libraire, avant de partir en tournée du spectacle La Liberté pour quoi faire ? Je voulais pour agrémenter mon voyage une lecture « sans destination », pour le plaisir.Encore inconnu de tous, ce roman n’avait pas remporté les quelques prix qui assureront son succès (prix France Inter / Télérama). Ce n’est donc pas pour cette raison que le hasard a porté ma main dessus.

Ce sont une nouvelle fois mes préoccupations qui ont dirigées mon regard.

Sur la couverture, deux adolescents sweat-capuches trônent sur un tronc d’arbre au bord d’une rivière, dans ce qui pourrait bien être une forêt un jour sec d’hiver.Cette image me renvoie à mes propres enfants et aux questions qui se posent à cet âge, dans ce temps semblable à un îlot, où tout paraît singulier, unique et où même la langue semble celle d’un pays que seuls les adolescents, qui en sont à priori les (seuls) habitants, sont en mesure de comprendre et de partager.

Je me demande, en regardant sans nostalgie la photo de cette couverture, ce qu’était mon adolescence. Je ne lui trouve rien de commun avec celle des jeunes aujourd’hui. Peu d’années pourtant nous séparent - quelques années bien sûr - mais surtout, les temps ont changé. Les mondes étaient coupés, non poreux, incompatibles et se tenaient en respect, c’est à dire respectaient leur temporalité propre, supportaient de ne pas se comprendre, convaincus l’un comme l’autre, je crois, de n’avoir rien à partager. Et l’on se disait que ce n’était « pas grave ».Le monde adulte, c’est à dire la responsabilité de soi et des autres, le travail, la vie sociale et la vie économique, tout cela viendrait à coup sûr suffisamment tôt se substituer au monde suspendu de l’adolescence sans qu’il soit nécessaire de précipiter le mouvement. Il n’y avait pas tant d’urgence à quitter cet îlot et ses habitants. Chacun deviendrait assez tôt ce que ses espoirs, aussi bien que ses désillusions, le ferait devenir.C’était mon adolescence.La vie n’était pas un profit, l’existence ne se faisait pas à crédit, la plus-value n’était que boursière ou celle des marchands d’art.Les adultes parlaient de réduire le temps de travail, l’Europe aussi bien que le monde était une promesse, on aspirait à se mélanger, devenir citoyens du monde, et l’on attendait comme une évidence que tombent murs et frontières.

Les temps se sont bizarrement mélangés ou tentent de le faire, et les espaces, eux, sont devenus permissifs. La modernité ultra libérale, hyper normative et sans spiritualité s’est mise en marche. Profitant de chaque espace gagné de liberté pour le coloniser, le mettre au pas avec violence si besoin, et prenant toujours les apparences de la libre circulation, elle transformait à la vitesse d’un cheval au galop la pensée en technicité, la liberté en « libéralité ».Elle dévorait tout ce qui l’entoure dans sa névrose compulsive de jeunisme et de consommation effrénée. Et créait ce monde nôtre qui ne se supporte qu’unique et sécrète lui-même sa propre barbarie en n’hésitant pas à éliminer, comme tout système fasciste - ce qui empêche son développement - et à mettre au pas ce qui, au contraire, le facilite.Il n’est aucun espace que l’économie libérale, par essence, ne pervertisse. Ce qui devrait être protégé ne l’est pas, ce qui devrait être aidé est soumis à la cadence, et l’on rase les forêts et l’on dresse des ponts au-dessus de toutes les mers, toutes les rivières pour conquérir tous les îlots.Rien ne doit être inaccessible, tout est un marché pour le marché. Ainsi le monde replié, isolé, comme en attente, ce monde suspendu de l’adolescence s’en est progressivement trouvé perverti à son tour, subissant les assauts et l’artillerie lourde de ce monde adulte, définitivement et uniquement libéral, qui cherchait à conquérir une nouvelle part de marché.

Sous couvert de vouloir le comprendre et même lui ressembler (« être jeune » à tout prix, mode vestimentaire, musique etc… tout ce qui relève de ce temps-là devenant modèle ou plus précisément norme de consommation), le monde adulte passe son temps à sucer le sang de cette réserve adolescente. Ogre qui dévore ce qu’inventent ses propres enfants pour en faire commerce jusqu’à leur revendre leurs propres inventions.

Note d’intention

Dans le même temps, ce monde adulte qui aspire à devenir lui-même un éternel adolescent dont les forces vives jamais ne s’altèreraient, reproche aux jeunes d’être jeunes, de n’être pas adultes. Schizophrénie débilitante de mondes qui s’enchâssent au lieu de se faire face.

On force les adolescents à faire des stages en entreprise, à prendre des abonnements, des assurances, des crédits, comme si l’horizon adulte, le seul fixé comme objectif, pouvait être source de désir d’aspiration et de bonheur. Et après, l’on fait semblant de s’étonner que les jeunes s’abîment d’alcool, de drogues, de violences, comme si ces excès n’étaient pas le diabète dont notre modernité les contamine.

C’est cela même qui me frappait en lisant Le Dernier Contingent de Alain Julien Rudefoucauld. J’ai aussitôt eu le désir de porter sur scène cette tragédie de la modernité.

J’ai voulu avec ce spectacle faire découvrir un immense texte de la littérature moderne et emmener les gens dans un voyage fantastique, un conte halluciné, les emmener dans une machine de théâtre, jusqu’au vertige, où chacun pourra se reconnaître. Quelle existence, un jour, n’a pas été saisie de vertige ?

Un spectacle comme un vertige

J’ai mené un travail choral avec les acteurs qui jouent tour à tour tout et toutes choses en dehors du « rôle » qui est attribué à chacun.Les acteurs ont « l’âge des rôles » ou pas loin, c’est la raison pour laquelle il m’est indispensable de travailler avec de jeunes acteurs professionnels (tout juste sortis des écoles nationales). Ainsi, ils n’ont pas à faire semblant. La « reconnaissance » immédiate des corps, l’évidente réalité d’eux-mêmes rend criante la parole des personnages devenus personnes. On ne doute pas d’un corps dans sa réalité.

J’ai plongé cette réalité dans un monde fantastique, un univers de conte. Car il s’agit bien de cela, à nouveau, un conte. On pourrait même dire un conte naïf à la manière de ces romans d’apprentissage de Charles Dickens et de Jack London.

Il était une fois six jeunes gens cabossés, pleins de trop d’espoirs, de trop d’énergie, pleins de trop de vie et qui sont avalés par la froideur d’un monde technique implacable et calculateur.

C’est l’affrontement de deux univers et il faut bien surmonter les peurs et terrasser le dragon. C’est un monde adulte « articulé », une pantomime, un univers fantomatique en perpétuel transformation. Que l’énergie comme les désirs soient enfermés dans une boîte, un cylindre où ils tournent tels des mouches dans un verre, ou encore aspirés par une spirale. On doit avoir peur pour ces jeunes gens, on doit avoir envie de les protéger de ce monde nôtre, froid, névrosé, sans amour et calculateur.Le spectacle est la ronde de nuit de ces six adolescents, propulsés dans un espace aux ombres de géants et aux contours incertains.

J’ai souhaité un conte. Je me suis donc éloigné de tout réalisme, de tout naturalisme. Le spectacle a un côté « Pinocchio », carton-pâte, mannequin, excès, monstruosité du rêve.Tout est faux. Seuls ces jeunes gens sont vrais.Le reste, ce sont des corps de cire, des corps de bois ou des corps de tissus, des espaces incertains, flottants et changeants.

Une partition musicale sous-tend tout le spectacle. Un guitariste électrique est présent sur le plateau. Comme un coryphée, si l’on veut. La musique est permanente. Elle produit le sentiment des êtres, aussi bien qu’elle agit comme paysage sonore. Dès les premiers mots lus du roman, j’ai entendu ce type de son. Des sons d’aujourd’hui, une musique pop-rock ainsi qu’en écoutent ou la pratiquent les jeunes gens et dans laquelle ils semblent pouvoir se soustraire au monde réel.

L’espace est changeant et produit ses changements. La lumière tour à tour crépusculaire ou brûlante comme un soleil d’Afrique ne cesse, elle non plus, de se mouvoir.

J’écris par le dessin

Tout relève d’un processus en partie inconscient que je ne cherche pas à définir. Il s’agit d’un chemin qui m’oblige moi-même à enquêter sur les textes afin de comprendre ce que peuvent bien être mes propres dessins !Un peu comme un myope qui préférerait le flou de sa vision du monde au soi-disant monde réel et ses contours exacts. C’est un peu ça. Les dessins me paraissent produire la sensation sincère et profonde de mon rapport aux choses et sont en tout état de cause la voie d’écriture et de création à laquelle je m’abandonne - car c’est un abandon. Entendez par là que je ne dirige, ni ne maîtrise le crayon, et cela d’autant que je n’ai jamais appris à dessiner. Mais je m’abandonne à ce que mes « cauchemars » veulent bien murmurer à mes crayons plutôt que de me plier à la narration objective du récit qui pourrait faire que chacun lirait et verrait l’identique de chaque chose. Alors, j’aime autant m’en détourner, éviter les injonctions d’une interprétation « réaliste » et préfère prendre le risque irrationnel - pour moi - du dessin.

Bien sûr, au commencement, il y a le verbe... Car il y a un texte, cela a pu être un corpus de textes lorsque j’ai travaillé sur Marx ou Fanon. Cette fois il s’agit d’un roman, Le Dernier Contingent, que j’ai absorbé comme une éponge boit l’eau, puis que j’ai refermé jusqu’à l’oubli.De là, je me suis abandonné aux sensations / émotions / réflexions qui me traversent, sans chercher à les diriger, ni les organiser, ni leur faire dire telle ou telle chose ou d’écrire spécifiquement telle partie du roman.

Tous ces dessins s’inscrivent dans un cadre, celui d’un plateau de théâtre. Celui-ci transparaît dans nombre de mes petits croquis. Cette première série cristallise les thématiques, les figures, des situations, des couleurs. Depuis ces croquis sans ordre au moment où je les ai réalisés, naissent et vont naître les tableaux qui constitueront la pièce. Ces dessins en produisent l’adaptation radicale absolue puisque désormais le texte rentrera dans les dessins qu’il a générés et qui lui sont étrangers.

Du dessin au théâtre…

Lorsque les acteurs me rejoignent, nous lisons la totalité des textes que j’ai conservés et qui sont répartis en tableaux, en moments.

Les voix et les corps transforment le texte et j’en écris, dès lors, la partition exacte, en parallèle de la mise en œuvre de l’univers sonore, avec Guillaume Allory et David Lavaysse. La scénographie, le décor ainsi que les costumes sont réalisés sur la base des premiers dessins et sont maquettés par ma collaboratrice, Dominique Schmitt. Il en est de même pour les lumières, réalisées par Christophe Mazet.

Les répétitions ont donc été la plongée dans les eaux profondes d’une écriture plastique déterminée. Elles ont été pour chacun, et pour le texte lui-même, soumis à l’exploration du champ des possibles des dessins. Mais comme l’on trouve rarement un éléphant au fond d’un océan, ni même un arbre dans les nuages, alors, oui, les dessins sont le spectacle, ou, dit autrement, la représentation est la vie des différents dessins. Le texte est le dessin.

En cela, le spectacle est tout autre que le roman. Il s’agit d’une vision morale du roman et non de la série des événements que contient celui-ci.

Les premiers dessins, nés de l’inconscient de la lecture ou des premiers rêves qui l’ont suivi, ont surgit sur le papier et me laissent face à l’évidence de ce qu’ils produisent.Le spectacle Le Dernier Contingent n’est pas l’adaptation du roman mais une réécriture depuis le prisme de la sensation et des « rêves ». Pas l’histoire racontée mais la déformation du vécu depuis les traumatismes. Non une vision objective - pour ça, il n’y a qu’à lire le roman - mais la traversée du surgissement des sensations.Le spectacle est aussi bien parlant que silencieux ; enfin, plutôt muet parce que la musique et les sons, eux, sont omniprésents et forment le paysage irréel de cette traversée, son rythme cardiaque ou sa pensée. Puisque chez moi tout se confond, que les points de vue varient ou se superposent, de sorte que tous participent de l’expérience du spectacle et que seul le spectateur dispose de la totalité du tableau. Je crois du moins que c’est à ça que je travaille obstinément.

Les sensations qui ne m’ont pas quitté à la première lecture du roman sont là sous mes yeux. Le fer et la déformation, l’incarcération, l’étouffement, l’appel du large, le ciel, l’immensité du ciel. Des êtres comme des animaux sauvages et beaux, enfermés. Des grilles en pleine nature et la nature qui est plus vaste. Un clapier à lapin et derrière, l’immensité du ciel. Comme si on était enfermé en pleine nature.

La vie enfermée.Un dehors qui est un dedans mais la possibilité d’un dehors. Ou le rêve d’un dehors.J’ai dessiné, large et peu profond, un rectangle de grillage.Puis le même espace mais en appartement, je veux dire, on dirait du papier peint sur les murs.Mais en réalité j’ai recouvert le grillage de papier peint. Puis la même cage mais plus grande, devenue profonde et tout aussi large et les grillages paraissent recouverts de couleurs.J’ai même écrit « besoin de couleurs », ce qui doit vouloir dire que c’est moi qui ait besoin de couleurs. Enfin, j’ai besoin pour ces êtres de la couleur comme d’une nécessité.Dans les deux dessins, des tâches de couleurs recouvrent intégralement le sol qu’on ne voit pas. A peine autour devine-t-on des herbes qui semblent avoir poussées à travers le sol. Des tas de vêtements recouvrent le sol, une mer de vêtements. Une mer de vêtements. Des tas, des amas de couleurs.

L’espace est large et peu profond, avec un toit comme un intérieur d’appartement.Il est contenu dans une vaste cage, elle-même contenue dans la nature (les herbes sauvages) et s’ouvre sur un ciel.

L’appartement (le papier peint) s’arrache par feuille, découvrant la cage qui le contient, puis à son tour la cage elle-même s’ouvre, ouvre la profondeur de l’espace au fur et à mesure de l’avancée des adolescents dans leur fuite, comme des chevaux au galop vers la mer qu’ils rêvent de rejoindre.

Je me demande quelle est cette histoire, celle du livre. Je réalise que je vis la fiction romanesque comme un réel et que je veux me dégager comme toujours du réel. Je ne crois pas en la narration, je ne crois qu’en la sensation. Il en résulte que je dessine un conte ou un cauchemar, c’est selon. A coup sûr, la réalité fantasmée, le roman transfiguré.Je comprends que je dessine les sensations des six adolescents, des sensations déformées forcément, déformées par l’histoire.

Les vêtements au sol, comme une mer vivante, se soulèvent ou plutôt, les corps s’y plongent pour en ressortir vêtus comme des marionnettes en blouses, en uniformes des foyers, des éducateurs, des médecins, des assistants sociaux, policiers… L’ensemble du corps social normatif prêt à se dresser, à imposer son ordre à ces six adolescents.

Les dispositifs sont ressentis comme violence.Une violence vue comme grossie, déformée, un corps social vu comme une pantomime. Celui-ci n’est pas réel ou plus exactement, la sensation en est tellement forte et démesurée qu’elle confine au fantastique. Je comprends cela comme étant juste.J’y revois mes sensations d’enfant lorsque sur mon vélo dans ma Bretagne natale, sur le chemin de l’école, j’accélérai, dégoulinant de sueur au moment de franchir la cale qui bordait l’entrée des remparts. J’allais jusqu’à fermer les yeux pour ne pas risquer de voir les dessous de la cale que la marée basse avait découvert, car - je le croyais - je serai fatalement attrapé, puis dévoré par les algues et les rochers noircis que mes yeux d’enfant voyait comme des monstres marins.Les algues sont des monstres. Le corps social normatif du Dernier Contingent est le monstre que je dois faire apparaître puisqu’il est assuré que ces jeunes gens le vivent et le voient ainsi. Le monde adulte comme un monde au corps « d’Alien », des êtres sans visages à qui on peut mettre n’importe quel visage, des êtres inventés dont on puisse douter de la réalité.

Six corps d’adolescents : la ressemblance et l’appartenance doivent être immédiates et sans discussion. Pour le reste, l’invention d’un vocabulaire, d’une grammaire des vêtements permet de tout jouer, de tout évoquer, tout raconter, tout transformer. On est au moment du redire, refaire, revivre. Dans le temps traumatique de la chose qui se répète. Comme si ces jeunes gens étaient enfermés dans leurs traumatismes, leurs vies traumatiques.

Une quantité importante de vêtements qui vaudra autant par le volume que par les couleurs ou plutôt des monochromes de couleurs sombres. Allez savoir pourquoi les couleurs vives me font penser à un pyjama ! Donc, mes couleurs sont toujours sombres, les couleurs de mes dessins sont toujours noircies, comme passées, abîmées, voire délavées.Ces amoncellements de vêtements vont jusqu’à devenir des poupées de chiffons, des marionnettes de l’esprit. Un sol de vêtements qui se défait, se déconstruit progressivement. Des vêtements comme un monstre souterrain qui pourrait avaler ces adolescents. Seuls les six adolescents ont des corps réels, des vrais corps de jeunes gens. Enfermés dans des séries de peaux successives qu’ils arrachent, ils sont envahis par eux comme des souvenirs qui jamais ne vous lâchent.Seulement le surgissement des moments de leurs vies qui reviennent, les hantent, les poursuivent, les pourchassent.

BiographiesAlain Julien RudefoucauldAlain Julien Rudefoucauld est né en Algérie. Suite à l’exode, il s’installe en Aquitaine où il suit des études secondaires puis supérieures tout en commençant à écrire pour le théâtre.Après avoir mené des activités de recherches jusqu’au Doctorat, et des publications dans des domaines touchant en général aux sciences humaines, il revient à l’écriture par les scénarii, le roman, le théâtre et la poésie, à la composition par des musiques de scène. C’est le théâtre qui lui permet de faire connaître ses écrits, et qui sont ses premières publications littéraires. Il s’attèle particulièrement à une dramaturgie des limites. Plusieurs pièces ont été créées. L’auteur reçoit des bourses nationales d’encouragement et d’aide à l’écriture. Membre sociétaire de la Société des gens de lettres et de la SACD, il a bénéficié d’une résidence d’écriture à La Chartreuse lez Avignon. Ses pièces sont inscrites au répertoire national. Et il travaille régulièrement en collaboration directe avec des compagnies théâtrales d’Aquitaine. Il a mis en scènes deux de ses textes. L’ensemble de son œuvre théâtrale comprend actuellement une cinquantaine de textes. Maren Sell publie son premier roman Autonomie d’un meurtre chez Calmann Lévy. Denis Roche publie J’irai seul aux Editions du Seuil. Son troisième roman, Le Dernier Contingent est édité chez Tristram. Pour ce roman, il reçoit le prix littéraire « France culture / Télérama » (2012).

Jacques Allaire metteur en scène

Titulaire d’une maîtrise de philosophie, Jacques Allaire se passionne pour celle de Husserl et Maine de Biran auquel il consacre son mémoire de fin d’études. Il suit parallèlement une formation de comédien au Conservatoire d’art dramatique de Rennes puis essentiellement à l’Atelier de Jean Brassat à La Courneuve. Il commence alors sa carrière d’acteur et joue notamment dans de nombreuses créations contemporaines mais aussi des pièces d’auteurs classiques sous la direction de Jean-Pierre Baro, Tatiana Stepantchenko, Gilles Dao, Maria Zachenska, Frédéric Borie, Alain Béhar, Jean-Marc Bourg, Patrice Bigel, Dag Jeanneret, Jean-Claude Fall, Gilbert Rouvière, Patrick Sueur, Kamel Abdelli, Marianne Clevy, Claude-Jean Philippe... En tant que metteur en scène, il signe depuis le début des années 2000 des spectacles forts et singuliers qui puisent dans le théâtre comme dans la poésie aussi bien que la philosophie : Les Damnés de la terre, Je suis encore en vie, La liberté pour quoi faire ? ou la proclamation aux imbéciles, Les Habits neufs de l’Empereur, Le Tigre et L’Apôtre - ou l’impossible récit d’un évènement de l’histoire, Marx Matériau - celui qui parle, Bambi, elle est noire mais elle est belle, Montaigu et Capulet (Roméo & Juliette), Le poète, le cochon et la tête de veau, Ulyssindbad, Deux Perdus dans une nuit sale, Ni une ni deux et La Cuisine amoureuse.Il conçoit ses créations comme des matériaux qui relèvent du collage. Il assure souvent lui-même les scénographies, bandes son et adaptations des textes de ses créations. Il est membre du bureau des lecteurs de la Comédie-Française pour laquelle il dirige des lectures au Théâtre du Vieux Colombier et au studio du Louvre. Il intervient également à l’École Nationale Supérieure d’Art Dramatique de Montpellier.

Guillaume Allory concepteur sonore et musical

Il rejoint le groupe de rock Absinthe (provisoire) avec lequel il composera la musique de pièces de théâtre comme Les Vivants et les morts mis en scène par Julien Bouffier, BAAL mis en scène par Mathias Beyler, Hurlez si vous voulez mis en scène par Amélie Nouraud ainsi que trois albums. Il a également travaillé pour la compagnie de danse PULX. En tant que régisseur, il a travaillé avec Gilbert Rouvière, Frédéric Fisbach, Olivier Py, Amélie Nouraud, le collectif MXM, la compagnie Moebius, la compagnie du Charriot, Julien Bouffier, Georges Lavaudant. Il a réalisé avec Jacques Allaire la bande son de La liberté pour quoi faire ? ou la proclamation aux imbéciles et Les Damnés de la terre.

Christophe Mazet concepteur lumière

Au théâtre, il travaille avec par exemple les compagnies du Zinc Théâtre, Adesso e Sempre, In Situ. En danse, il signe la création lumière du spectacle de Mathilde Monnier Rino in dance au Zénith de Montpellier. On le retrouve également sur de nombreuses tournées nationales et internationales ainsi que diverses créations lumières avec des groupes musicaux tels que Rinôcèrôse, Dimoné, Enzo Enzo... Il a déjà signé pour Jacques Allaire les lumières de Le Tigre et l’apôtre ou l’impossible récit d’un événement de l’histoire et La Liberté pour quoi faire? ou la proclamation aux imbéciles, Les Damnés de la terre et La République de Platon ou le petit peuple de l’innocence.

David Lavaysse auteur, compositeur, interprète, producteur

David Lavaysse a plusieurs cordes à son arc : musicien multi-instrumentiste, chanteur, auteur, compositeur et producteur, il s’attaque à des styles divers. Quand il n’est pas sur scène en solo sous le pseudo i&fused ou en groupe avec The Shoppings, il réalise des albums et des vidéo-clips. Il collabore notamment avec le magasin Colette, Jean-Charles de Castelbajac, Jeremy Scott ou la net-artiste Annie Abrahams. En 2013, il collabore avec l’acteur et metteur en scène de théâtre Jacques Allaire pour la mise en musique d’un contrat de crédit bancaire. Mon crédit sortira en septembre 2015. Il a également composé la musique du spectacle La République de Platon ou le petit peuple de l’innocence.

www.lavaysse.com

Dominique Schmitt scénographe

Elle travaille pour la Comédie-Française où elle réalise et accompagne de nombreuses scénographies. Pour Jacques Allaire, elle a signé la scénographie de Les Habits neufs de l’Empereur d’après le conte d’Andersen dont il a fait un spectacle muet créé à la Comédie-Française en 2010 ainsi que pour Les Damnés de la terre en 2013.Elle a travaillé avec les metteurs en scène Véronique Vella, Edouard Signolet, Thomas Quillardet, Jean-Pierre Miquel, Hélène Ninerolla, Jean-Pierre Vincent, Andrei Serban, Hervé Dubourjal, Pierre-Etienne Heymann, Jean-Paul Wenzel, Jean Dautremay, Eric Ruf, Clément Hervieu-Léger, Denis Podalydès et Eric Génovèse.

Wanda Wellard costumière

D’origine anglaise, Wanda Wellard vit depuis 2000 en France où elle est établie comme costumière de spectacle. Elle travaille régulièrement pour l’Opéra de Montpellier et le Théâtre des 13 Vents (CDN de Montpellier).Touche à tout, elle a également officié au Théâtre du Capitole à Toulouse, pour les Folies d’O à Montpellier, pour le cinéma (Battle Of The Year, production US), pour la pub ... Elle signera ici sa troisième collaboration avec Jacques Allaire, après sa participation à la réalisation des costumes de La Liberté pour quoi faire ? ou la proclamation aux imbéciles en 2011 et Les Damnés de la terre en 2013.

Evelyne HotierAprès l’obtention d’un bac littéraire option théâtre, Evelyne Hotier est reçu en cycle d’orientation professionnelle (2010-2012) au Conservatoire de Clermont-Ferrand. En 2012, elle est admise à l’Ensatt Lyon et suit les enseignements de Philippe Delaigue, Guillaume Lévêque, Agnes Dewitte, Giampaolo Gotti, Marie-Christine Orry, Guy Freixe, Johanny Bert, Catherine Germain, Alain Reynaud, Anne Fischer, Joseph Fioramante, Catherine Hargreaves, Fréderic Fonteyne.

Elle joue sous la direction d’Alain Françon, Anne-Laure Liégeois, Daniel Larrieu et Armand Gatti et se produit également dans plusieurs projets personnels d’élèves.

Elle prend part à des lectures publiques au Festival Regards Croisés de Grenoble, à l’Amphithéâtre de l’opéra de Lyon, aux Assises internationales du roman et au Goethe institut de Lyon. On a également pu l’entendre dans l’Atelier fiction de France Culture, et en doublure voix dans Aucun homme n’est une île de Roland Auzet.

Chloé LavaudAprès avoir suivi un enseignement au Cours Florent et au Laboratoire de Formation au Theatre Physique à Paris (2008-2011), Chloé Lavaud est reçu en 2012 à l’Ecole du Théâtre National de Bretagne dirigé par Eric Lacascade. Elle y suit, entre autres, les enseignements de Thomas Richards et Mario Biagini, Gilles Defacque, Alexandre Del Perugia, Daria Lippi, Thomas Jolly, Les chiens de Navarre, Charlie Windelschmid, Emmanuelle Huynh, Loïc Touzet, Margarita Mladenova et Ivan Dobchev...

Elle a été également formée à la danse contemporaine de 1998 à 2008 au Centre Chorégraphique Chantal Brown (La Réunion), puis de 2008 à 2015 en suivant les

cours de Corinne Lanselle, Emmanuelle Hyunh et Loïc Touzet.

Gaspard LiberelleNé en 1989 à Briançon dans les Hautes-Alpes, Gaspard Liberelle découvre le théâtre au Puy-en-Velay où

il obtient un bac littéraire en 2007. Il s’installe alors à Grenoble et débute une licence en Arts du Spectacle à l’université Stendhal. Parallèlement à ses études universitaires, Gaspard Liberelle entre au Conservatoire à Rayonnement Régional où il reçoit l’enseignement de Muriel Vernet et de Patrick Zimmermann. En 2010, il est admis dans le Cycle à Orientation Professionnelle. S’ensuivent deux années de formation continue, stages et cours techniques au cours desquels Gaspard croise la route de Catherine Germain, Bruno Tackels, François Verret, Sébastien Jaudon, Johan Leysen, Thierry Bosc, Samuel Gallet et Stéphane Auvray-Nauroy. Il participe à des workshops avec l’École Supérieure d’Art de Grenoble et prend part à plusieurs

lectures publiques pour la Maison de la Poésie Rhône-Alpes de Saint-Martin-d’Hères. Il se produit également dans plusieurs projets personnels d’élèves. En 2012, Gaspard Liberelle est admis à l’école supérieure d’art dramatique de la Comédie de Saint-Étienne. C’est le début de trois années d’immersion dans des univers hétéroclites. Il travaille avec Marion Aubert, Marion Guerrero, Arnaud Churin, Matthieu Cruciani, Emilie Caplier, Alain Reynaud, Johanny Bert, Guy Freixe, Claire Aveline, Yann-Joël Collin, Simon Delétang, Caroline Guiela Nguyen, Michel Raskine, Aleshea Harris, Rachel Park, Alain Françon, Arnaud Meunier et Claude Mouriéras. Il suit les cours de chant de Myriam Djemour et les cours de danse de Cécile Lalois. Il assiste aux ateliers de réflexion menés par Olivier Neveux. Gaspard Liberelle achève sa formation à l’école de la Comédie de Saint-Étienne en juin 2015.

Les comédiens

Paul PascotAprès l’obtention d’un BAC Economique et Social, il intègre en 2009 l’Ecole Départementale de Théâtre de l’Essonne où il sera formé par Christian Jehanin, Jean-Louis Hourdin, Sylvie Pascaud, Gilles David, Valérie Blanchon, Claire Aveline, Clara Chabalier.

En 2012, il est reçu à l’Ecole Régionale d’Acteurs de Cannes. Il y suit les enseignements et joue sous la direction de Richard Sammut, Christian Esnay, Agnès Regolo, Célie Pauthe, Alain Zaepffel, Aurélien Desclozeaux, Jean-François Peyret, Judith Depaule, Laurent Gutmann, Sylvie Osman, Catherine Germain et Valérie Dreville.

Il a également animé des ateliers théâtre dans les maisons de quartiers à Courcouronnes et dans les orphelinats des sœurs de mère Teresa en République démocratique du Congo.

Valentin RollandNé en 1991 à Angers, Valentin Rolland découvre l’acrobatie à l’école de cirque Jo’Bithume puis le théâtre au Conservatoire régional d’Angers. Après avoir obtenu un bac littéraire en 2010, il intègre en 2011 l’Ecole Nationale d’Art Dramatique de Montpellier où il suivra les enseignements et jouera sous la direction d’André Wilms, Sandrine Hutiner, George Lavaudant, Marion Guerrero, Catherine Gandois, Olivier Wermer, Evelyne Didi, Katia Ferreira et Cyril Teste.

Elève-comédien à la Comédie Française sur la saison 2014/2015, il travaille avec Jean-Pierre Vincent, Clément Hervieux-Léger, Gorgio Corsetti, Denis Podalydes, Lilo

Baur, Galin Stoev, Jérome Dechamps, Muriel Mayette-Holtz et Anne Kessler.

Edward DecesariNé en 1990 en région parisienne, Edward Decesari se forme pendant quatre ans au Cours Florent où il suivra les enseignements de Damien Bigourdan, Olivier Tchang Tchong, Nathalie Doninni, Christian Croset, Isabelle Gardien, Benoit Guibert, Anne Suarez, Xavier Florent.

En 2014, il joue sous la direction d’Hervé Falloux et Charlotte Garin et passe derrière la caméra en réalisant un court-métrage, Le film d’Ornicar qui dit que quoi, mais où  ?. Il a également joué dans All-in, court-métrage de Baptiste Bertheuil.

Presse

BSC New’s – 4 décembre 2015

Jacques Allaire : un Dernier Contingent aussi violent que puissant

©Marc Ginot

Jacques Allaire est un metteur en scène singulier qui ne recule devant aucune de ses convictions. Toujours prêt à discuter, à débattre, à s'insurger et à nous secouer sans ménagement dans chacune de ses pièces. Il nous a bluffé avec La liberté pourquoi faire ? sur ce texte de Georges Bernanos qu'il a magnifié de sa vision artistique tout en décuplant la violence poétique du texte. Il nous a agacé dans Les damnés de la terre, adaptation du texte de Frantz Fanon malgré une mise en scène remarquable, la pièce endosse un parti pris qui manque quelque peu de profondeur dans son approche historique. Jacques Allaire s'est attaqué cette fois-ci au Dernier contingent, texte de l'auteur Alain Julien Rudefoucauld, livre qu'il a pioché « pour se détendre » dans une librairie. Mais la sagacité du metteur en scène est sans limite et il a décidé d'en faire une pièce mettant au service de son talent sa pugnacité, son art et son intelligence toute entière (Lire l'interview de Jacques Allaire sur ce lien) Quel résultat formidable que ses 7 jeunes comédiens triés sur le volet dans différentes écoles de théâtre qui portent un texte à bout de bras, jouant de leurs corps et de leurs statures pour plonger le spectateur dans « une tragédie remarquable de la modernité ».

Des jeunes gens confrontés à un destin tout tracé, étouffés par la pression sociale, la société ultra-libérale et les malheurs de l’existence. Ils sont là, engoncés dans une cage en fer, enfermés dans leur jeunesse, dans leurs tourments adolescents et leurs espoirs vains. Ils se croisent, se frottent, se poussent en criant, pleurent, gémissent, discutent et s'agressent. Tout est un fracas de jeunesse bafouée et de complaintes puériles qui saisissent aux tripes au fil des minutes. On sent peu à peu s'étioler la fine couche de naïveté au contact rêche d'une existence qui se durcit.

Les dialogues sont violents. La vulgarité est omniprésente. Il est question pour Jacques Allaire de « ce monde suspendu de l'adolescence qui se pervertit ». Car il est aussi un esthète de la langue et de la formule.

Le Dernier Contingent s’interroge aussi sur le rapport aux adultes qui est traité de façon brutale mais très intéressante. Rien n'est laissé au hasard dans cette pièce construite depuis les dessins de Jacques Allaire, griffonnés çà et là sur des cahiers.

Tout est là devant le spectateur qui n'a qu'à se servir de ce contingent de jeunesse fracassée et perdue derrière des grillages, cachée sous des lambeaux de tissus et d’habits. Il y aussi cette dérision permanente sur le plateau qui flirte avec des moments de totale absurdité. On pense alors perdre le fil des choses mais c’est pour mieux retrouver la puissance du texte qui ressurgit de l’autre côté de la scène. Dans un cri, une lumière ou un simple regard. Et la musique qui enveloppe le plateau, omniprésente et lancinante telle l’atmosphère promise au fatum, « J’ai entendu ce type de sons dès le début de ma lecture » explique Jacques Allaire. Car même s’il conteste le concept même de l’idée, tout est savamment pesé et réfléchi dans son travail. La mise en scène de Jacques Allaire est à la parfaite conjonction de l’atmosphère et de la tension. Les éclairages sont précieusement disposés de part et d’autre pour mettre en lumière le beau, le laid, le sordide, la mort et la folie. Ne vous méprenez pas sur les intentions et la quintessence de cette pièce car Jacques Allaire parle d’espoir pour les jeunes générations et souhaite ardemment leur faire prendre conscience qu'ils ont leur avenir entre leur mains. De façon brutale certes mais avec un fol enthousiasme qui nous passionne. « Et la cage ? » lui lance une dame dans l'assistance après la pièce dans le majestueux foyer du Théâtre Molière. Jacques Allaire fronce les sourcils et répond avec cette assurance bienveillante « Rien ne les empêche de sortir de la cage....rien... ». Jacques Allaire a cette verve artistique qui fascine et qui questionne. On ne sort jamais indifférent d’une pièce de Jacques Allaire. Cette fois-ci dans la froide humidité d’une nuit sétoise, on est reparti le cœur battant, assailli par les questions et tout émoustillé d’avoir vu une belle et violente pièce. Aimez-la, détestez-la, chérissez-la mais courrez-voir la dernière création de Jacques Allaire en vous accrochant de toute force à la cage en fer du Dernier Contingent et les 7 jeunes comédiens qui méritent à eux seuls le détour.

Nicolas Vidal

Froggy's Delight – 7 décembre 2015

Le Dernier contingent Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau

Comédie dramatique adaptée et mise en scène par Jacques Allairfe d'après le roman éponyme de Alain Julien Rudefoucauld, avec Edward Decesari, Evelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle, Paul Pascot et Valentin Rolland.

Le temps s’est arrêté. L’Histoire est écrite. Les barbares s’attaquent, jalousement et sans espoir de réussite, à un modèle parfait. Pourquoi donc écrire encore du théâtre ou du roman ?

Jaillis d’un texte lapidaire, Le Dernier contingent signé d’Alain Julien Rudefoucauld, six jeunes gens sont capturés, encagés et libérés par Jacques Allaire, metteur en scène du périlleux, observateur inquiet des dégâts de la bien-pensance, qui les fait vivre, sous nos yeux, jusqu’à la limite du supportable.

Il y a Sylvie, Malid, Marco, les autres, le dehors, les torches de la Sécurité, les chiens. Il y a des pères qui sautent du balcon à force de regarder le même mur, des mères qui se prostituent, des enfants qui ont pour seule lumière celle du réfrigérateur, seule éducation, la violence, seul espoir, l’aggravation soudaine et accélérée de la situation. Les murs sont tapissés, comme les vêtements, à même la peau. Il n’y a même pas de nudité possible.

Que faire de cette longue peine, la vie ? Se servir de drogues, d’instincts, de poisons au supermarché permissif des parents ? Ou aller vers la cave de la cave, au tout dernier sous-sol ?

Dans une scénographie sidérante, Jacques Allaire, aidé de Dominique Schmitt, règle et dérègle cet opéra moderne en hurlement majeur, sous les lumières acides de Christophe Mazet qui déshabillent les corps vêtus par Wanda Wellard.

Ce conte défait, des comédiens l’incarnent avec fureur : Edward Decesari, le géant-petit garçon, Paul Pascot, Gaspard Liberelle, Chloé Lavaud, Evelyne Hotier, Valentin Rolland, tous remarquables, avec David Lavaysse, auteur-compositeur-interprète, créateur de la partition musicale, auprès de Guillaume Allory.

Cette époque, qui s’aime tant et se croit éternelle, se déchire sur scène comme un tissu usé, d’un bruit terrible que ne peuvent couvrir les mots. Un choc, et une réalité jaillie du rêve, dont on ne devrait jamais assez se méfier.

Christian-Luc Morel

La Marseil laise – 7 décembre 2015

Olé Magazine – du 16 décembre 2015 au 20 janvier 2016

Blog Hottello – 14 janvier 2016

Le Dernier Contingent, d’après le roman de Alain Julien Rudefoucauld, mise en scène de Jacques Allaire

Crédit Photo : Marc Ginot

Le Dernier Contingent, d’après le roman de Alain Julien Rudefoucauld, mise en scène de Jacques Allaire Un conte halluciné aux accents de tragédie moderne, tel est le regard du metteur en scène Jacques Allaire sur sa libre adaptation scénique du Dernier Contingent de Alain Julien Rudefoucauld. Sur la scène, entre surgissements et évanouissements, se succèdent des rêves nocturnes et des cauchemars diurnes – la vision douloureuse et fuyante d’une existence emplie d’amertume pour de jeunes gens en perte de repère, de valeur, de soutien, d’identité et de reconnaissance affective. L’un de ces jeunes dresse un tableau brut et sans complaisance d’une situation faillible : « Le monde qui tourne pas rond… Un temps qui nous dépasse, et c’est dans celui-là qu’on vit, c’est dans celui-là qu’on est debout, connard. Toi t’es pas réveillé. Et tu sais pourquoi t’es pas réveillé ? Parce que tu veux pas regarder comme elle est jolie la vie ! Mais c’est joli la vie ! Mais si, c’est joli. Sur la merde, on plante des roses, et avec les roses on fait des bouquets, et de la confiture, et même que c’est bon, alors ça sert à quelque chose la merde. » Les jeunes, si mal-nommés quand on les dit « en difficulté », éloignés de toute « réussite » potentielle, sont des plantes en bouton qui n’ont pas le temps de s’épanouir, dégradés, dépréciés, dévalorisés avant l’heure et coupés à la racine par le regard moralisateur de l’autre – parents ou référents, éducateurs ou professeurs – l’adulte en général obtus et sur lequel on ne peut guère compter. Ces adolescents sont massacrés symboliquement par la famille, la société, les institutions, victimes de la guerre invisible que l’époque – paradoxalement avide d’un jeunisme qui ne vieillirait jamais, floutant les barrières générationnelles – mène contre ses propres enfants. L’époque libérale encore est dévolue à la violence – une sommation agressive permanente, entretenue par l’incapacité des services de l’Etat, l’impuissance de la justice et de la police, celle des éducateurs, sans oublier la démission des parents, l’absence des pères, l’épuisement des mères, l’étalage vulgaire de l’argent puissant.

Pour cette épopée singulière d’un noir étincelant, Le Dernier Contingent propose un voyage scénique fantastique, mouvementé et brinquebalé, les hallucinations vivantes d’un conte, une pantomime fantomatique au ralenti. Dans une cage grillagée d’où l’on grimpe sans pouvoir s’échapper – l’espace initial de l’appartement parental au papier peint floral, avant que les rebelles ne déchirent ces ornements illusoires pour laisser advenir le vide et la nuit spectrale alentour, le vertige partagé d’une grande solitude -, les acteurs mènent leur danse macabre, une ronde à la fois personnelle et chorale. La fresque dessine sur le plateau des silhouettes enfantines fantasmées – petites ou géantes -, découpées dans l’étoffe universelle du rêve et de l’imaginaire, des êtres qui se dévêtent et se revêtent de parures inouïes ou de panoplies standardisées – des personnages lourds de souffrance individuelle mais pleins de ce désir de vivre et de ce ressort collectif qu’est l’incontournable enthousiasme juvénile – refus, résistance et combat contre une disparition symbolique, imposée par la trahison des grands, les faux pères et faux frères.

Sous l’impulsion pop et rock de la guitare électrique de David Lavaysse, les belles personnes que sont les comédiens, Edward Decesari, Evelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle, Paul Pascot et Valentin Rolland, jouent autant les figures des éducateurs pervers et tyranniques que celles des victimes adolescentes bafouées. Les interprètes s’animent en jolis pantins articulés et gagnent une existence scénique charnelle, chapeau pointu de fête et vêture enfantine, marinière rayée bleu et blanc ou costume de tissu moiré. Des vêtements en pagaïe sont accrochés au grillage, draps roulés, et la vie n’est pas toujours là où on l’attend. Elle ne cesse pourtant de diffuser ses réflexes instinctifs de sauvegarde, de salut et d’espoir, au-delà des entraves qui empêchent ou retardent les accomplissements existentiels.

Véronique Hotte Théâtre Dijon Bourgogne, CDN, Parvis Saint-Jean du 12 au 15 janvier L’Estive – Scène nationale de Foix et de l’Ariège, du 21 au 29 janvier Le Parvis – Scène nationale Tarbes-Pyrénées, les 2 et 3 février La Comédie de Saint-Etienne, CDN, du 1er au 3 mars Les Scènes du Jura, scène nationale, le 22 mars

La Dépêche du Midi – 28 janvier 2016

LE DERNIER CONTINGENT : RIEN NE SERA PLUS COMME AVANT

©Marc Ginot

Dans Le Dernier contingent de Jacques Allaire, Thierry, Manon, Xavier, Malid et Sylvie donnent la réplique à un majestueux Marco pendant 1h40 de prestation collective en continu. « Écris ta vie plutôt que de vivre celle-là ! » Le cri du cœur de Manon est poignant. Sur la scène de l'Estive, la performance de la jeune comédienne est saisissante. D'angoisse, d'abnégation, de mal-être. Mais aussi, d'espoir. Même s'il se fait rare pour les six personnages du Dernier contingent, mis en scène par Jacques Allaire et ce, d'après une adaptation du roman d'Alain-Julien Rudefoucauld(1). La mort, le viol, l'inceste, les violences physiques, psychologiques, la prostitution, l'isolement, la drogue, le racisme : tous les maux de la société y sont abordés dans le prisme d'une chronique de six parcours de jeunes à la vie littéralement chaotique.

Une sorte de fresque humaine désemparante formidablement incarnée par Chloé, Évelyne, Edward, Gaspard, Paul et Valentin - leurs prénoms dans la vie - qui donnent énormément. Alors même que leurs personnages ont été spoliés de leur propre dignité.

Des comédiens bouleversants

Les monologues durent parfois de longues et douloureuses minutes. Il faut en effet être préparé à recevoir en pleine face une telle misère humaine. Mais même le spectateur «profane» ne peut rester insensible aux prestations particulièrement intenses de comédiens qui restent en continu sur scène. Et en cage. Le symbole est vite évident pour des jeunes qui tentent de réchapper aux « uniformes », ces êtres malveillants venus du monde «adulte». Et dont les vies s'entremêlent parfois dans ce microcosme grillagé où les décors évoluent à mesure que la pièce avance.

Les acteurs jouent tout, font tout. Jeux de lumières, changement de costumes et un mobilier sommaire suffisent à cloisonner ces différentes chroniques d'une jeunesse en

décrépitude. Tel un doux paradoxe, une musique pop rock temporise des dialogues tantôt orduriers, tantôt lyriques. Puis, comme venues de nulle part, des pointes d'humour presque salvatrices ponctuent les errances des uns et des autres. Jacques Allaire avait pourtant prévenu : « L'art, ce n'est pas que du divertissement ! » Au sens de l'amusement primaire. Car celui que l'on sait désormais très, très, attaché au poids des mots, sait bien qu'au sens littéraire, « divertir » signifie « détourner quelqu'un de quelque chose, faire que ses pensées se tournent ailleurs ». En termes de sensations, impossible d'en ressortir indemne. En termes de réflexion, impossible de refouler les questions. De vivre sa vie comme avant. Alors si, si, Le Dernier contingent divertit. (1) Ce soir et demain à 20h45. L'Estive, à Foix, : 05 61 05 05 55. Le débriefing après le spectacle

Tous les soirs, Jacques Allaire et les six comédiens restent après le spectacle pour répondre aux questions de l'assemblée. Sur le processus d'écriture, les auditions, le roman, etc. Des échanges exceptionnels à ne pas manquer.

Géraldine Jammet

Ariège News – 29 janvier 2016

L'Estive : un contingent bouleversant de réalisme et de talents

© midinews 2016

Il est souvent facile de critiquer, pour des raisons souvent subjectives, mais il est un devoir de s’exprimer quand le spectateur prend de plein fouet un grand moment de théâtre comme celui proposé par l’Estive.

Une salle pleine mardi 26 et jeudi 28 janvier, essentiellement par des jeunes lycéens de Foix et du Couserans pour assister aux représentations de l’extraordinaire pièce de Jacques Allaire, Le dernier contingent, librement adaptée du roman d’Alain Julien Rudefoucauld. Six comédiens et un guitariste nous entrainent dans des situations cauchemardesques auxquelles la jeunesse actuelle doit trop souvent faire face, que ce soit dans les mégapoles, leurs banlieues ou les villages isolés.

Ici pas de tabou, Sylvie, le géant Marco, Manon, Thierry, Malid ou Xavier sont en face d’une réalité sordide qui les confronte au suicide, à l’inceste, à la pédophilie, au viol, à la prostitution, à l’enfermement, la déchéance, la soumission morale ou physique… Ce sont les « uniformes » qui sont responsables de ces situations.

Mais qui sont-ils ces uniformes? Ils sont: nous ! Nous, en tant que parents, éducateurs, nous, aux commandes d’une société qui condamne nos jeunes à devenir des robots anxieux, imbibés de téléréalité, de réseaux sociaux et d’amis virtuels.

Les uniformes ne respectent pas ceux qu’ils accusent de ne rien respecter. Ce dernier contingent montre une jeunesse ayant perdu ses repères, car elle n’a plus confiance en ceux dont le rôle principal était de la protéger.

La prostitution est un vecteur d’argent facile, la violence conjugale un quotidien, le rejet de l’autre, car différent, une habitude, l’amour une utopie, car il a totalement disparu. Les uniformes finiront par détruire ces jeunes en perdition.

Perturbant. Mais vrai À l’ouverture du rideau, un guitariste sur une plateforme domine une longue cage grillagée. Le ton est donné au son métallique d’une « flying V ».

Arpèges, flanger, ça sent bon le rock et le rythme démarre, distorsion, violence. La cage s’illumine à peine et apparait Sylvie dans une ambiance sonore à la Blade Runner.

Tous les comédiens sont en scène, couchés, le décor, les costumes tout est dans la cage, dont les murs sont recouverts d’une tapisserie fleurie qui deviendra par la suite une peau retirée par les acteurs.

Le guitariste a rejoint l’ombre, mais jouera tout au long de la pièce. Le rythme est saisissant, pas de temps mort.

Les destins et les vies brisées de ces jeunes s’enchainent et le spectateur n’a pas le temps de voir les changements de costumes qui se font sous ses yeux tant le texte est prenant et le jeu de ces jeunes comédiens, dont c’est le premier contrat, totalement époustouflant. Ça sonne juste, c’est esthétiquement beau et nous ressentons des comédiens véritablement habités par leur personnage.

Le public a été conquis. Dans la bouche des jeunes spectateurs, «Perturbant» revenait continuellement. Le metteur en scène Jacques Allaire a sillonné la France pour trouver ses personnages. Il voulait de jeunes comédiens, sans expérience qui devaient répondre à ses attentes et à sa vision de la pièce.

On peut parler de vision puisque Allaire en a imaginé et peint les scènes en y décrivant les ambiances escomptées.

« Je dessine mes spectacles avant de les réaliser. Je ne veux pas que les comédiens cherchent des explications à ce que je demande, je n’ai rien à expliquer »

Edward Decesari, Évelyne Hotier, Chloé Lavaud, Gaspard Liberelle, Paul Pascot, Valentin Rolland sortent directement d’écoles de théâtre de renom et le musicien David Lavaysse a déjà participé a des performances en compagnie de Jacques Allaire.

Le spectacle continue sa tournée à travers la France. Il est certain que partout le succès sera au rendez-vous.

Tournée 2015-2016

4 - 5 novembre 2015 Création aux Scènes des 3 Ponts - Castelnaudary1er décembre 2015 CIRCa Pôle national des arts du cirque - Auch3 - 4 décembre 2015 Scène Nationale de Sète et du Bassin de Thau12 - 15 janvier 2016 Théâtre Dijon-Bourgogne - Centre Dramatique National19 janvier 2016 Scènes croisées de Lozère - Mende21 - 29 janvier 2016 L’Estive - Scène Nationale de Foix et de l’Ariège2 - 3 février 2016 Le Parvis - Scène Nationale Tarbes-Pyrénées1er - 3 mars 2016 La Comédie de Saint-Etienne - Centre Dramatique National22 mars 2016 Les Scènes du Jura - scène nationale

Disponible en tournée à partir de janvier 2017

Photographies © Marc Ginot

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