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Baleines et pêcheries

Baleines et pêcheries · Il y a quelques annØes à peine, ... sans les remettre en question, ... ~ Site Internet du Ministère norvégien de la pêche

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Baleines et pêcheries

© Fonds international pour la protection des animaux, 2001

Cette brochure est disponible en anglais, espagnol, français, japonais et arabe.

Photo de couverture, petit rorqual par R. Sobol, ©IFAW

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Baleines et pêcheriesIl y a quelques années à peine, les appels à la réduction délibérée des populations de baleinesauraient été impensables. Aujourd�hui, ils sont de plus en plus fréquents. Les baleines,nous explique-t-on, « consomment entre 280 et 500 millions de tonnes de faune et flore marineschaque année »1 soit « 3 à 6 fois la capture mondiale annuelle de poissons destinés à laconsommation humaine »2. De son côté, l�Organisation des Nations Unies pourl�alimentation et l�agriculture (FAO) déclare que soixante-quinze pour cent des ressourceshalieutiques mondiales sont pleinement exploitées voire surexploitées3. Si nous voulonspréserver les stocks pour les générations futures, il nous faudra « gérer différemment lesressources marines mondiales »2. Elle nous conseille également de « baser nos décisions surdes vérités scientifiques qui tiennent compte de la complexité de l�ensemble de l�écosystème ».Pour les pays baleiniers comme le Japon et la Norvège, cela signifie la reprise de la chasseà la baleine à des fins commerciales et une capture sélective (en fait l�élimination) d�unplus grand nombre de baleines. Pour d�autres pays, cela signifie constater la complexité desécosystèmes marins et adopter une attitude prudente en matière de gestion des pêches et dechasse sélective des baleines. Cela revient aussi à accepter la preuve scientifique selonlaquelle la chasse sélective des baleines non seulement n�augmenterait pas les fonds depêche, mais pourrait en fait nuire aux intérêts de la pêche en général. L�initiative d�unereprise de la chasse sélective ne doit donc pas être prise sans tenir compte des conséquenceséventuelles qu�elle ne manquerait pas d�entraîner.

Le désir de certains pays de lever le moratoire imposépar la Commission baleinière internationale (CBI)sur la chasse commerciale et sélective (en fait,l�élimination) d�un plus grand nombre de baleines,coïncide avec le déclin général des stocks de poissonsessentiels aux intérêts commerciaux, et le déclinsimultané de la pêche professionnelle.

D�emblée, il convient de rappeler qu�autrefois lesocéans du monde étaient peuplés d�un plus grandnombre de mammifères marins (baleines, dauphins,marsouins et phoques, notamment) qu�ils n�enabritent aujourd�hui4. Parallèlement, les peuplementsde poissons étaient pour la plupart plus abondantsl.Rappelez-vous, par exemple, les récits des premièresexpéditions de John Cabot dans l�Atlantique Nord-

Ouest, au large de la côte est de l�Amérique du Nord.Les mammifères marins y étaient nombreux et nefaisaient pas l�objet d�exploitations commerciales. Lamorue y était si abondante, qu�il suffisait de sepencher pour en ramasser des paniers pleins.

Aujourd�hui, les mammifères marins sont plus raresdans ces eaux. Les XVIIIè et XIXè siècles ont vul�extinction de la baleine grise (Eschrichtius robustus)et le morse (Odobenus rosmarus) a disparu du Golfedu Saint-Laurent et du Nord-Est des Etats-Unis.Bien qu�elles soient protégées depuis 19725, d�autrespopulations de grosses baleines dans ces eaux ne sesont pas encore remises des effets de la chassecommerciale. Entre temps, les stocks de morue

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(Gadus morhua) se sont épuisés au début des années1990 par une surexploitation des fonds de pêche6 etun moratoire est imposé depuis 1992 sur la pêchecommerciale à la morue au Canada.

Tous les océans du monde connaissent le même sort.La plupart des peuplements de grosses baleinesétaient beaucoup plus denses qu�ils ne le sontaujourd�hui ; de toute évidence, les réserves depoissons et de plancton étaient suffisantes pourassurer leur survie et pour alimenter lesimpressionnants stocks halieutiques mondiaux quisont depuis lors exploités par les pêchesprofessionnelles7. Aucun rapport scientifique ne peutcorroborer de façon certaine que les cétacés nuisentà la pêche commerciale8 et la restauration partiellede certaines populations de baleines au cours des 30dernières années ne peut vraiment pas expliquer ledéclin des fonds de pêche dans le monde7.

À l�échelle mondiale, près de 75 pour cent del�ensemble des stocks de poissons exploitables sontaujourd�hui pleinement exploités voire surexploités3.Les personnes et les organisations intéressées par la

préservation de la biodiversité et le fonctionnementdes écosystèmes marins sont nullement préoccupéespar le fait que les mammifères marins se nourrissentde la faune et de la flore marines. Leurs inquiétudesse portent plutôt sur la surexploitation commercialedes fonds de pêche4, qui continue de dépeupler lesocéans, et sur la menace que pourrait constituer lachasse sélective pour les grosses baleines quisubsistent.

Qui revendique la reprise de lachasse sélective des baleines ?Alors que la chasse sélective des phoques au profitdes pêcheries fait l�objet de revendications depuisdes années, le phénomène est plus récent en ce quiconcerne les grosses baleines. Jusqu�ici,pratiquement toutes les requêtes formulées dans cesens peuvent être attribuées directement aux grandspays baleiniers, tels que la Norvège, le Japon etl�Islande [cf. encadré à droite]. Les propositions enfaveur de la chasse sélective des baleines sont aussiappuyées par des articles de commentairesjournalistiques, dont certains sont rédigés parl�industrie des produits de la mer, qui reprennentles arguments présentés par les partisans de la chassesans les remettre en question, et par des journalistes,qui font l�amalgame entre la défense de la chasse àla baleine et l�actualité.

Les partisans de la chasse sélective donnent souventl�impression, erronée, que la capture sélective (enfait, l�élimination) d�un grand nombre de baleinesest nécessaire pour maintenir ou restaurerl�« équilibre naturel ». Ceux qui ont des rudimentsd�histoire savent cependant que cet argument a étéabandonné depuis longtemps par les écologistes decourant majoritaire. Comme l�a écrit Charles Elton,écologiste britannique de renom, en 1930,« L�équilibre naturel n�existe pas, et n�a peut-êtrejamais existé »9.

Les défenseurs de la chasse sélective des baleinesprétendent aussi que ces mammifères marins videntles océans de leurs réserves halieutiques, engendrantainsi une pénurie alimentaire à l�échelle mondiale.

• Aujourd’hui, plus de 75 %des fonds de pêche mondiauxsont pleinement exploitésvoire surexploités. (FAO 2000).

• La surpêche commercialeest la cause principale del’épuisement des stocks depoissons.

• Avant la déplétion desgrosses baleines par la chassecommerciale, les stocks depoissons marins ne man-quaient pas.

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Oui, les baleines mangent dupoisson… et d’autres organismesvivants de la faune et de la floremarines… mais…La sagesse populaire d�antan prétendait que lesmammifères marins avaient un appétit vorace. Detels appétits, soutenait-on, contribuaient à soutenirun taux de métabolisme élevé qui, pensait-on alors,était nécessaire pour que les mammifères à sangchaud, comme la baleine, puissent maintenir unetempérature physique constante dans les eauxfroides des océans. Certains scientifiques allaientmême jusqu�à suggérer que les mammifères marinsétaient « de piètres convertisseurs de chair depoisson »10. Il n�est donc pas surprenant qu�unouvrage ancien sur les baleines les traitent de« gloutons »11.

Bien qu�on fasse encore parfois référence à de tellesidées, les scientifiques ont démontré depuis que lesmammifères marins présentent en fait des taux demétabolisme « normaux »12, des taux deconsommation alimentaire « normaux »13 et uneefficacité digestive similaire à celle des autresmammifères14. En d�autres termes, compte tenu deleur taille, les baleines ont les mêmes besoinsénergétiques que les autres mammifères, y comprisles humains15.

Néanmoins, certaines comparaisons récentes entrela quantité de poissons ingurgitée par les baleines etcelle capturée par les pêcheurs professionnels1 ontété utilisées pour valider la théorie selon laquelle s�ily avait moins de baleines, les ressources halieutiquesseraient plus abondantes2. À vrai dire, les estimationsconcernant la consommation alimentaire desbaleines (même si elles étaient basées sur des donnéessuffisantes, ce qu�elles ne sont pas) ne pourraientpas vraiment nous dire si les mammifères marinsont un effet direct ou indirect sur le niveau de stocksdes différentes espèces piscicoles ou sur les prisesdes pêcheurs professionnels.

Bien entendu, les baleines, comme tous les animaux,doivent manger pour subsister et se reproduire. Dans

Les pays baleiniers tentent dejustifier la chasse sélectivedes baleines :

« La capture sélective des petits rorqualspourrait largement contribuer à larestauration des peuplements de grossesbaleines mysticètes. »

~ Ministre japonais des Affaires étrangères, 2000

« La création d’un sanctuaire pour lesbaleines… pourrait avoir des effetsadverses importants sur les ressourceshalieutiques car il offrirait une protectionexcessive et inutile aux cétacés quiconsomment de grandes quantités deressources marines vivantes. »

~ D. Goodman, Institut de recherche sur les cétacés,

Japon, 2000

« …pour obtenir un équilibre optimal dansla chaîne alimentaire, les espèces debaleine dont la population estsuffisamment importante devraient êtrecapturées. »

~ Site Internet du Ministère norvégien de la pêche

« On estime qu’une augmentation de 10 %de la population des petits rorquals setraduit par une perte annuelle de prèsde 19 millions de dollars EU pour lespêcheurs d’espèces consommées par cesmammifères marins. »

~ Rapport périodique du gouvernement norvégien à la

CBI, 1997

« La consommation alimentaire totale descétacés correspondait approximativementà trois à six fois la capture commercialemondiale récente. »

~ Institut de recherche sur les cétacés, Japon, 1999

« La recherche en Islande indique que lerendement à long terme de la morue estnettement compromis par la croissancecontinue de la population des baleines. »

~ Site Internet du Ministère islandais de la pêche

« … on assisterait à une augmentationde 10 à 20 % du cheptel ichtyologique defond en Islande si la chasse à la baleineétait restaurée et si les peuplementsbaleiniers étaient ramenés aux niveauxatteints au moment de l’imposition dumoratoire. »

~ Ministre islandais de la pêche, 2001

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le cas des grosses baleines, la majorité des populationsde proie consommées sont des invertébrés,zooplancton compris, comme l�euphausia(Euphausiacés) et le calmar (Teuthoidea)16. Certainesbaleines mangent en effet du poisson mais la plupartdes espèces qu�elles consomment, invertébrés oupoissons, n�ont actuellement aucun intérêtcommercial pour les pêcheurs professionnels. Dansles cas où les baleines, comme certains phoques,consomment effectivement des espèces exploitables,ou leurs proies, il n�est pas du tout clair que la chassesélective des baleines aille dans le sens des intérêtsde la pêche ou y soit contraire.

Quoi qu�il en soit, si l�on tenait vraiment, pour uneraison ou une autre, à évaluer la quantité totale denourriture consommée par les baleines dans tous lesocéans du monde, il faudrait connaître la taille de lapopulation des quelques 80 espèces de cétacés marinsrépertoriés (baleines, dauphins et marsouins), leursbesoins énergétiques quotidiens, la quantité despopulations de proies variées consommées et lavaleur énergétique de chacune d�entre elles. Étantdonné que la taille des populations de la plupart descétacés nous est inconnue, tout autant que lesparticularités de leur régime alimentaire, il devientvite évident qu�il nous est impossible d�évaluer avecprécision la quantité totale de nourriture consomméepar l�ensemble des baleines.

Ainsi, lorsque les partisans de la chasse sélectivelaissent entendre que ces mammifères marinsdévorent une grande partie de la faune et de la floremarines (280 à 500 millions de tonnes comme il a étémentionné plus haut1), le chiffre qu�ils donnent nesignifie rien. Il ne nous indique nullement combiende poissons exploitables sont consommés par lesbaleines. Il nous éclaire encore moins sur les effetsd�une éventuelle chasse sélective sur l�abondancefuture des stocks de poissons exploitables et desprises qui pourraient en résulter. Ce chiffre masqueégalement le fait que les principaux prédateurs desressources halieutiques ne sont pas les baleines maisles autres poissons17. L�argument « pro-chassesélective » soulève d�autres problèmes qui sontsoulignés aux pages suivantes.

· Les baleines étant des mammifèresde grosses tailles, leurs besoinsénergétiques sont importants. Il acependant été prouvé scientifique-ment que leurs taux de métabolismene sont pas pour autant dispropor-tionnellement élevés ; ils ne sont pasde « piètres convertisseurs de chairde poisson », et leur appétit n’est pasplus vorace pour leur taille que celuides autres mammifères, y compris leshumains. En bref, ils ne sont pas les« gloutons » que l’on prétend êtreparfois.

· Bien entendu, les baleines doiventmanger pour survivre et sereproduire. La majorité de leurnourriture est composée d’inverté-brés et d’espèces piscicoles qui nesont pas utilisés par les hommes.Dans le cas où elles consomment desespèces exploitables, il n’est pas pasdu tout clair que la chasse sélectivedes baleines aille dans le sens desintérêts de la pêche ou y soitcontraire.

· Aucune preuve n’existe que lesbaleines nuisent à la pêchecommerciale et la restaurationpartielle de certaines populations debaleines au cours des 30 dernièresannées ne peut en aucune manièreexpliquer le déclin des fonds de pêchedans le monde.

· Les grands prédateurs de la viemarine ne sont pas les baleines maisd’autres poissons marins.

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« Le bon sens » …et pourquoi ilpeut être fautifL�opinion selon laquelle la diminution du nombredes baleines se traduirait par une augmentation desstocks de poissons marins et des ressourceshalieutiques destinées à la consommation humaine,est soi-disant basée sur le « bon sens ». En réalité,elle se fonde sur un modèle extrêmement simplistedu monde, où les océans ne renferment que desbaleines et des poissons (figure 1a). Étant donné queles baleines consomment des poissons, unediminution de leur nombre doit donc signifier uneaugmentation des stocks de poissons pour leshommes (figure 1b).

Un argument tout aussi « sensé » nous indique,cependant, que dans les cas où les baleines mangentles prédateurs (ou compétiteurs) des espèces depoissons exploitables (figure 2a), une diminution despeuplements baleiniers signifierait en fait uneréduction des ressources halieutiques pour lespêcheurs (figure 2b). L�ajout d�un seul autre facteurau système modifie les résultats escomptés par lachasse sélective15, 18.

Bien entendu, les deux cas de figure ci-dessus sontsimplistes. Dans les écosystèmes océaniquesbeaucoup plus que deux ou trois facteurs sont àconsidérer. Même lorsque l�on observe un réseautrophique simplifié de l�Atlantique Nord-Ouest(figure 3, page suivante), par exemple, il est évidentqu�il serait ridicule de prédire les répercussions d�unereprise de la chasse sélective des baleines en se basantsur l�un ou l�autre des arguments de « bon sens ».Les rapports alimentaires dans les océans sontcomplexes et il est extrêmement difficile de prédirequels seront les effets d�une diminution d�un desfacteurs, à savoir les baleines, sur le reste du système.

Supposons, par exemple, que l�on ne tienne pascompte des problèmes évidents et que l�on décidede reprendre la chasse sélective des baleines. Est-ceque tous les poissons qui auraient dû être consomméspar les baleines capturées aboutiront désormais dansles filets des pêcheurs ? Certainement pas ! La

a. Les baleines mangent les poissons

b. Moins de baleines = plus de poissons

a. Les baleines mangent les prédateursdes poissons

b. Moins de baleines = moins de poissons

Figure 1. Vue extrêmement simpliste desécosystèmes marins.

Figure 2. Autre vue extrêmement simpliste desécosystèmes marins.

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proportion supplémentaire desstocks de poissons résultant d�uneéventuelle reprise de la chassesélective risque plus d�être dévoréepar d�autres prédateurs (poissonsprédateurs, oiseaux marins, autresbaleines et phoques, notamment) qued�être pêchée. D�autres poissons,parmi les éventuels « réchappés » nese trouveront jamais dans le sillagedes bateaux de pêche commerciauxet finiront par mourir d�une formeou d�une autre de mort naturelle. Lesavantages possibles que peuventapporter une reprise éventuelle de lachasse sélective des baleines pour lespêcheries, ne peuvent représenterqu�une proportion infime desbénéfices escomptés lorsqu�oncalcule uniquement - et sans tenircompte de son inexactitude - laquantité totale de nourritureconsommée par les baleines. D�autrepart, il y a toujours la possibilitégênante que la chasse sélectivebaleine pourrait en fait s�avérerpréjudiciable aux intérêts despêcheurs.

Un cas d’espèceLes récentes analyses scientifiquesn�ont fait que confirmer l�incertitudeinhérente aux résultats projetés parune reprise éventuelle de la chassesélective des baleines. L�étude la plusdétaillée concerne les avantagesespérés d�une chasse sélective del�otarie du Sud (Arctocephalus pusilluspusillus) en Afrique du Sud, pourl�importante industrie de la pêche aumerlu. Le « bon sens » dicterait que,étant donné que les otaries du Sudconsomment du merlu (Merlucciuscapensis et M. paradoxus), unediminution des populations d�otariesreviendrait à une augmentation des

Figure 3. Réseau trophique partiel pour la plate-forme Scotian dansl�Atlantique Nord-Ouest, au large de la côte est du Canada. Les espècesentourées d�un rectangle sont aussi exploitées commercialement. Ce réseautrophique est incomplet car les habitudes alimentaires de tous les composantsne sont pas décrites en détail. En outre, les espèces illustrées ne séjournentpas toutes de façon permanente dans cette zone. Compilé à partir de sourcesvariées par D. Huyck - cf. note bibliographique 15.

réserves en merlu pour les pêcheurs. À l�issue d�une rencontrescientifique internationale19, de deux ans de recherchecomplémentaire et d�une étude scientifique indépendante desrésultats, il a été conclu que la chasse aux otaries du Sud pourraiten fait être préjudiciable à la pêche au merlu20. À la suite de cetteconstatation, et fidèle au principe qui consiste à baser ses décisionsen matière d�aménagement halieutique sur les meilleurs conseilsscientifiques disponibles, le gouvernement d�Afrique du Sud a

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Rorquals à bosse (Megaptera novaeangliae) dansl�Atlantique Nord-Ouest

déclaré l�imposition d�un moratoire sur la reprise dela chasse sélective aux otaries en 1992. Dix ans plustard, ce moratoire est toujours en vigueur.

Ce qu’en disent les scientifiquesLes arguments « Les baleines mangent les poissons »(figure 1), et « Les baleines mangent les prédateursde poissons exploitables » (figure 2) donnent tousdeux des résultats « sensés ». Pourtant, aucun d�euxne constitue une base suffisante pour justifier ladécision de reprendre ou non la chasse sélective desbaleines car les écosystèmes marins sont beaucoupplus complexes que ces modèles ne le laissententendre (cf. figure 3). C�est en raison de cettecomplexité que depuis plus de 20 ans, lesscientifiques ne cessent de répéter que, pour certainssystèmes marins, il leur est impossible de prédirequels seraient les effets d�une reprise de la chassesélectives des populations de poissons et sur lesrendements commerciaux en découlant.

À l�heure actuelle, les scientifiques essaient dedéterminer les meilleurs moyens de modéliser lesinteractions entre les mammifères marins (baleinescomprises) et la pêche, et des progrès ont été réalisésen ce sens récemment. Il a été reconnu, par exemple,que deux ou trois modèles de composants (figures 1et 2 ci-dessus) ne sont pas suffisants pour prédireles résultats d�une reprise de la chasse sélective desbaleines (ou des phoques) et qu�il convient de tenircompte d�un degré minimum de complexité, commedans le cas de l�interaction entre l�otarie du Sud et lemerlu, ci-dessus19, 20. À l�extrême opposé, la théoriedu réseau trophique a été utilisée pour étudier lesinteractions complexes à l�échelle d�écosystèmesentiers (tant soit peu qu�on les comprenne, cf. figure3)21. En outre, un certain nombre de méthodes demodélisation sont actuellement à l�étude afin dedéterminer si elles pourraient faire avancer le débat(cf. note bibliographique 21).

Dans l�intervalle, il n�existe aucun exempledocumenté illustrant les profits mesurables récoltéspar des pêcheries commerciales suite à la reprise dela chasse sélective des mammifères marins. En

conséquence, William Montevecchi, professeur à laMemorial University de Saint-Jean (Terre-Neuve)s�est empressé d�écrire, « Il n�existe aucune preuvescientifique que la chasse sélective des grosprédateurs marins profite à une société de pêche. »22

Pourquoi, alors, un appel à lareprise de la chasse sélectivedes baleines ?Si l�on considère l�incertitude scientifique quant auxconséquences éventuelles d�une chasse sélective desbaleines et la possibilité d�une incidence néfaste surles intérêts de la pêche, on arrive à une pétition deprincipe : Pourquoi une personne réellementintéressée par les pêcheries mondiales soutiendrait-elle la reprise de la chasse sélective des baleines ?

Parce que, entre autres, l�intérêt que suscitent lesréserves halieutiques n�est pas la motivationpremière des propositions de reprise de la chassesélective. L�objectif réel est de fournir une raisonapparente (et apparemment urgente) à la levée dumoratoire imposé par la CBI sur la chassecommerciale à la baleine. Si cet objectif était atteint,la même stratégie serait presque certainement utiliséepour plaider la cause des prises plus grosses que cellesprescrites par le nouveau système de calcul descaptures (Revised Management Procedure, RMP)élaboré par le Comité scientifique de la CBI afin degarantir que toute reprise de la chasse sélective desbaleines soit viable sur le plan biologique23.

R. Sobol / IFAW

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En fin de compte, les partisans de la chasse sélectivedes baleines désirent justifier la capture d�un nombrede mammifères marins plus important que les quotasautorisés par tout système de calcul des capturesbiologiquement viable. Pour défendre leur cause, ilsutilisent le langage scientifique et celui de la biologieconservationniste. S�ils affirment que nous devrions« baser nos décisions sur des vérités scientifiques,en tenant compte de la complexité de l�ensemble del�écosystème »2, les données qu�ils présentent (laquantité de nourriture consommée par les baleines,par ex.) sont tout simplement insuffisantes, et leursrevendications (la reprise de la chasse sélective desbaleines, par ex.) font fi � et c�est un risque pour les

pêcheries elles-mêmes - de l�incertitude scientifiqueet de la « complexité » des écosystèmes marins.

Une conception scientifiquemoderne de la gestion desécosystèmes« �bien que nous souhaitions peut-être gérer les animauxmarins sauvages ou leur environnement, nous ne savonspas encore comment faire. Ce que nous pouvons peut-êtregérer, en tant qu�humains, ce sont nos propres activités,celles qui affectent les mammifères marins, à notreavantage ou inconvénient propres. »

S.J. Holt, 1978

Les personnes qui entendent réellement conserverla « vie marine » pour les générations présentes etfutures, abonderont néanmoins dans le sens despartisans de la chasse sélective des baleines2 surplusieurs points. Ils conviendront, par exemple, quela « gestion des ressources marines mondiales doitêtre révisée ». Comme eux ils seront d�avis que nousdevons « baser nos décisions sur des véritésscientifiques, en tenant compte de la complexité del�ensemble de l�écosystème ».

Pour la pêche professionnelle, cela signifie réduirela surcapacité actuelle de la flotte de pêche mondialede manière à ce que l�on ne dispose plus d�autant debateaux de pêche et de pêcheurs à la poursuite d�aussipeu de poissons. Cela signifie aussi faire plusattention aux avis des scientifiques et auxenseignements de l�histoire, reconnaître lacomplexité des écosystèmes marins, et aborder lagestion de la pêche commerciale avec une plus grandeprudence. En écoutant les scientifiques et en pêchantpar excès de prudence, on aurait pu éviter, parexemple, l�effondrement des stocks de morue aularge de la côte est du Canada et les douloureuxbouleversements économiques et sociaux qui ontsuivi24.

Pour les baleines, cette démarche signifie aussi faireplus attention aux avis des scientifiques et auxenseignements de l�histoire, et adopter une attitudeprudente. Elle signifie gérer les activités humaines

Si l’on considère l’incertitude scientifiquequant aux conséquences éventuelles d’une

chasse sélective des baleines et la possibilitéd’une incidence néfaste sur les intérêts de lapêche, on arrive à une pétition de principe :

Pourquoi une personne réellementintéressée par les pêcheries mondialessoutiendrait-elle la reprise de la chasse

sélective des baleines ?

Il est clair que l’intérêt que suscitent lesréserves halieutiques n’est pas la motivationpremière des propositions de reprise d’une

chasse sélective. L’objectif réel est de fournirune raison apparente (et apparemment

urgente) à la levée du moratoire imposé parla CBI sur la chasse commerciale à

la baleine.

Petit rorqual (Balaenoptera acutorostrata), cible dela chasse commerciale et de la plupart des appels à

la reprise de la chasse sélective.

R. Sobol / IFAW

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(pêche professionnelle, transport maritime,développement et chasse commerciale à la baleine,par ex.) de manière à minimiser leur impact sur lesespèces encore abondantes, tout en encourageant larestauration des populations appauvries, comme lestipulent la Convention des Nations Unies sur ledroit de la mer (CNUDM)25 et l�Action 2126.

Une approche scientifique moderne de la gestiondes activités humaines dans les océans nécessite aussiune attention rigoureuse aux revendications dereprise de la chasse sélective des mammifères marinspour le bénéfice des pêcheries commerciales.S�inspirant de l�exemple de l�Afrique du Sudmentionné ci-dessus, le Plan d�action du Programmedes Nations Unies pour l�environnement (PNUE)sur les mammifères marins a créé en 1992 un comitéconsultatif scientifique pour établir un protocoled�évaluation scientifique des revendications dereprise de la chasse sélective des mammifèresmarins27. Ce protocole, disponible par Internet àwww.cull.org, définit la quantité minimaled�informations nécessaires pour effectuer une telleévaluation. Pour garantir une évaluation scientifiqueexacte, le protocole note que les revendications dereprise de la chasse sélective doivent être formuléespar écrit et doivent inclure certaines informationsspécifiques, avec références aux sources originales.

Un examen rapide du protocole met clairement enévidence le fait que, d�un point de vue scientifique,les appels actuels à la chasse sélective des baleinesne satisfont pas aux conditions imposées par lePNUE.

L�évaluation d�une proposition de reprise de la chassesélective des baleines doit tenir compte d�unequantité considérable de données et d�analysescomplexes avant de pouvoir affirmer avec certitudeque cette initiative proposée a des chancesd�atteindre ses objectifs et de profiter vraiment, etnon nuire, aux intérêts de la pêche professionnelle.Dans le cas des pêcheries mal gérées et qui dépendentd�indemnités élevées, le protocole note aussi quel�accroissement du rendement potentiel d�un cheptel

piscicole, par le biais de la capture sélective demammifères marins ou par d�autres moyens, peuten fait exacerber les pertes financières nettes de cessociétés.

Conclusions« Parfois, lorsque nous modifions l�écosystème, nouscréons d�autres problèmes que nous n�avions pas prévus.Il ne faut pas l�oublier � certaines personnes revendiquentla reprise d�une vaste chasse sélective des phoques. Lesphoques consomment du hareng, les harengs consommentdes larves et cela affecte la morue. Mais vous modifiezd�autres facteurs sans le vouloir et cela peut nuire à votreobjectif. Je me méfie toujours des tentatives de contrôlede l�écosystème. Nous devons nous assurer de disposerde faits scientifiques établis avant de prendre ce genre dedécisions. »

Herb Dhaliwal, Ministre canadien de la pêche

Rapport auprès de la Commission permanente du Sénat,

15 février 2000

Peter Yodzis, professeur d�université, dans un articlerécent paru dans Trends in Ecology and Evolution, noteque l�on dispose actuellement d�un « ensembleconsidérable d�opinions courantes qui affirment queles pêcheries doivent être gérées de manière à éviterde porter préjudice aux populations naturelles,plutôt que le contraire »21. Cette vue se reflète dansdes accords internationaux en vigueur, tels que laConvention pour la conservation des ressourcesbiologiques marines de l�Antarctique et la

Cachalot (Physeter macrocephalus), autrecandidat visé par la reprise de la chasse

sélective

J. Gordon / IFAW

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• L’argument qui prétend que du fait que les baleines mangent des poissons,une réduction de leur nombre signifierait une augmentation des ressourceshalieutiques pour les pêcheurs est extrêmement simpliste. Dans les casoù les baleines consomment les prédateurs ou les compétiteurs depoissons exploitables, leur capture sélective peut en fait se traduire parune réduction des stocks de poissons pour les pêcheurs. La réalité,cependant, est beaucoup plus complexe que l’un ou l’autre de ces cas defigure, ce qui complique encore l’évaluation des effets que peut avoir lachasse sélective des baleines sur la pêche professionnelle.

• Bien que l’on laisse entendre parfois que la capture sélective des baleinesest nécessaire à la restauration ou au maintien de l’« équilibre naturel »,les écologistes nous répètent depuis longtemps que ce conceptn’existe pas.

• L’ironie, c’est que la chasse sélective des baleines pourrait en faitcompromettre la disponibilité des poissons exploitables et, en conséquence,réduire la quantité de poissons pêchés. La chasse à la baleine pourraitdonc en fait être préjudiciable aux intérêts de la pêche.

• En outre, « Il n’existe aucune preuve scientifique que la chasse sélectivedes gros prédateurs marins profite à une société de pêche. » (WilliamMontevecchi 1996)

• « … il existe [cependant] un ensemble considérable d’opinions courantesqui affirment que les pêcheries doivent être gérées de manière à éviter denuire aux populations naturelles, plutôt que l’inverse. » (Peter Yodzis 2001).

• Une commission consultative scientifique attachée au Plan d’action duProgramme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) sur lesmammifères marins a établi un protocole qui permet d’évaluerscientifiquement les appels à la reprise de la chasse sélective desmammifères marins. Dans le cadre d’une approche prudente de la gestiondes activités humaines dans les écosystèmes marins, toute revendicationde reprise de la chasse sélective doit être évaluée à l’aide de méthodessimilaires à celles soulignées dans le protocole du PNUE, avant que toutemesure ne puisse être prise.

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Convention des Nations Unies sur le droit de la mer(CNUDM). Ces deux textes reconnaissentl�importance des « espèces dépendantes » et exigentque ceux qui désirent exploiter les ressourceshalieutiques s�assurent de laisser suffisamment depoissons pour les autres prédateurs, comme labaleine.

Lorsqu�il s�agit des appels à la reprise de la chassesélective des mammifères marins, phoques oubaleines, la conclusion est claire. La capture sélectivede ces mammifères risque de ne pas produire leseffets escomptés sur les populations de poissons ousur les pêcheries commerciales. En fait, lesrépercussions pourraient très bien nuire aux intérêtsde la pêche.

Dans le cadre d�une approche prudente de la gestiondes activités humaines dans les écosystèmes marins,toute revendication de reprise de la chasse sélectivedoit être évaluée à l�aide de méthodes similaires àcelles soulignées dans le protocole du PNUE, avantque toute mesure ne puisse être prise. S�engager dansune campagne de chasse à la baleine sans avoirauparavant effectué une telle évaluation pourraitavoir des conséquences biologiques et économiquesimprévues et graves. Ces conséquences devront êtresupportées, en fin de compte, non pas par les groupespro-chasse sélective qui revendiquent la reprise descaptures sélectives pour leurs intérêts personnels,ni par les politiciens qui prennent ce genre dedécisions, mais par les pêcheurs côtiers et lespopulations de baleines décimées dont la survie, desuns comme des autres, dépend de la mer.

8 Katona S. and H. Whitehead. 1988. Are Cetacea ecologicallyimportant? Oceanogr. Mar. Biol. Annu. Rev. 26:553-568.

9 Elton, C. 1930. Animal Ecology and Evolution. Oxford Uni-versity Press, New York.

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