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  • Campagnes solidaires I N 250 avril 2010

    Dossier

    Dans la proximit des nouveaux templesdindustrie, la terre fut longtemps nour-ricire, avant dtre souille et btonne.La gnrosit patronale, mesquine, pater-naliste et intresse, a distribu un sem-

    blant de guret ces paysans devenus proltaires.Les jardins ouvriers ont en leur temps quadrill les-pace avec un souci dgalit. Ils ont apport alors,avec un peu de subsistance, le souffle vacillant dela Commune de Paris et de lme paysanne. Il y adans les entrailles des villes devenues tentacu-laires, des traces encore visibles, vivantes, commela persistance ttue de lhistoire rurale. Montreuil, banlieue au pass paysan, des mursde pierre protgeaient des plantations darbresfruitiers, mais aussi de la vigne et des potagers.Ils sont aujourdhui trs dlabrs. Des urbains,avec peut-tre une empreinte gntique rustiquersistante en mmoire, se proposent leur remiseen tat.Les projets abondent, sympathiques ou dlirants.Nouvel an 01, ils veulent se sai-sir de la moindre possibilitde rsurrection du vivantagricole. Dans cette ban-lieue aux visages poly-chromes, chacunamne ses rves,ses souvenirsvivaces ou brouillspar le temps, la soli-darit comme lien,la gourmandise dela terre comme des-sert. Semblables ces paysansdAfrique qui fontpousser dton-nantes plantationssur du roc recou-vert de terre, des

    associations de citoyens tentent ces gestes impos-sibles sur des dalles de bton au cur de la ville.Les usines qui avaient recouvert les espaces fer-tiles, soumises la pression capitaliste, ont fermet ont t dlocalises : sur les friches industriellesdes volonts politiques convergentes veulent di-fier un nouveau quartier agriculturel.Pendant ce temps, dans lHexagone, deux cents hec-tares de terre arable disparaissent chaque jour,engloutis dans le gouffre de la modernit urbaine.Face cette situation, chaque arpent rcupr estun geste modeste mais puissamment symbolique,mme sil ne doit pas occulter que dans nombrede territoires, les paysans broys par la machinelibrale abandonnent dans le dsespoir leurs terres la friche.Face aux troubles du monde ici et dans la profon-deur des campagnes, sauver la terre pour nourrirles tres est un acte essentiel, vital. Et si lim-plantation du sige national de notre syndicatdans la ville voisine de Bagnolet, ct de cette

    renaissance et de ces projetsagricoles urbains, ntait pas

    le seul fait du hasard mais laf-firmation inconsciente et

    emblmatique de la rsis-tance, comme le perce-

    neige dans la lumirefinissante des frimas?

    Michel Curade,paysan retrait

    dans lAude

    NB : La Confdration pay-sanne tiendra son assem-ble gnrale nationale Montreuil, les 4 et 5 maiprochains. Loccasion devoir cette banlieue de Paris travers son pass, sonprsent et son futur agri-cole.

    Banlieue paysanne

  • Campagnes solidaires II N 250 avril 2010

    Dossier

    La culture des pchers en espalierapparatrait Montreuil ds la findu XVe sicle. Elle atteint son gedor au XIXe.

    Autour du clos, unit de base, sontdifis des murs orients au sud. Lorien-tation est calcule pour tenir comptede la pente et de lensoleillement ; les

    murs emmagasinent la chaleur dans lajourne pour la restituer aux arbresdurant la nuit. Assis sur des fondationsde soixante centimtres de large, ilssont levs deux mtres soixante-dixde haut, recouverts dun enduit depltre (de grandes carrires de gypsesont alors exploites sur la commune).

    Les pchers, plants le long des murs,vont donner des varits locales tellesle Tton de Vnus, la Grosse Mignonne,la Belle Beausse, la Madeleine Rouge oula Belle Impriale. Les horticulteursexperts de Montreuil taient capablesde produire des pches de plus de400 grammes.

    Au dbut du XIXe sicle, comme

    la plupart de ses voisines quientourent Paris, Montreuil est

    une commune agricole, voue lap-provisionnement de la capitale. Les troismille habitants sont essentiellementregroups dans le bourg ; le reste duterritoire est recouvert de vignes, dezones marachres et arboricoles. Prsde Paris, les terres de la plaine produi-sent un vin aigrelet bu dans les guinguettes

    du village de Cha-ronne, situes horsde lenceinte pari-sienne et des droitsde loctroi (taxe surles alcools entrantdans la ville).

    Plus lEst, sur lescoteaux et les pla-teaux, se trouvent lesmurs pches, perti-nent systme mis enplace pour la culturedun fruit par natureplus mridional. En1825, on compte 600kilomtres de ces murspour une productionde 15 millions depches, trs la mode lpoque sur lestables bourgeoises ouaristocrates. En 1851,les travaux agricolesoccupent prs de neufpersonnes sur dix Montreuil. Cette agri-culture locale gnrelactivit de dizainesdartisans charretiers,

    de fabricants doutils ou de paniersNous sommes alors lapoge de la Mon-

    treuil paysanne. La loi du 6 juin 1859 dcr-tant lannexion Paris de onze com-munes et treize fractions de communesvoisines rorganise la cit en vingt arron-dissements par une nouvelle loi adopteen janvier 1860. Cest le Paris actuel. Lapousse urbaine et la hausse des taxesamnent Montreuil de nombreux ta-blissements industriels, ltroit dans la

    nouvelle cit capitale. Lessor fulgurantdun autre Montreuil dbute, celui de laville ouvrire.

    Aux dbuts des annes 1950, trente usinesemploient plus de cent salaris chacune,aux cts de cinq cents entreprises demoins de vingt salaris. Mais un sicleaprs le dbut de la vague industrielle,cest le ressac. partir des annes 1960,lindustrie de la ville connat un premierflchissement. Entre 1962 et 1966, unecinquantaine dtablissements fermentleurs portes. En une dcennie, cest letiers des entreprises montreuilloises quiarrte ses activits. La ville rouge quiesprait accueillir cent trente mille habi-tants en 1970 tente de reprendre lamain, travers son Bureau du plan oula mise en place de socits dconomiemixte. En vain, ou presque, malgr desluttes syndicales mmorables : la crisedes annes 1970 est globale.

    Le capital qui nest plus local dlo-calise et ferme sans complexe. Les plusanciennes industries sont les premiresfrappes : la peausserie, le jouet mtal-lique, la cramique dcorative. Puis som-breront les navires amiraux, comme Gran-din, filiale de Thomson, la confiserieKrma ou les machines-outils Dufour.

    Une autre page de lhistoire de la villesouvre dans la douleur. Les friches indus-trielles sont converties en bureaux, enlogements, en ateliers dartistes, en no mansland encore ce jour pour certaines. Aunord-est, de vastes terrains portent sur plu-sieurs dizaines dhectares les traces desmurs pche. Lenvie dagriculture revientchez certains habitants

    Benot Ducasse

    Des racinespaysannes

    Les murs pches

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  • Campagnes solidaires III N 250 avril 2010

    Ce mode de culture original estune grande trouvaille des arbori-culteurs montreuillois qui saf-franchissent quasiment de la natureen se protgeant des deux grandsprils de la production : la grlesur les fruits, protgs par un petitauvent en haut des murs contrelesquels ils sont palisss, et lagele sur les fleurs, des toiles pou-vant tre tendues du sol en hautdes murs aux priodes critiques.

    Dans les clos sont cultivs desfleurs couper ou des plantesen pots, elles aussi destines la vente sur la capitale. Des pommierset poiriers se trouvent aussi le longdes murs.

    la fin du XIXe sicle, la grande poquede Montreuil aux pches se termine :la ville pousse vers les faubourgs, leschemins de fer permettent aux fruits

    de Provence darriver Paris avant lamaturit des pches de Montreuil quirestent nanmoins un produit de luxerput.

    La culture vit encore durant quelquesdcennies. Sur une quarantaine dhec-tares une agriculture urbaine se main-

    tient de faon active jusque dans lesannes 80-90. La dernire horticultriceprofessionnelle prend sa retraite la findes annes 1990. Dix-sept kilomtresde murs fortement dgrads subsis-tent ce jour. Huit hectares et demi sontdsormais classs.

    Le marquage des fruits estpratiqu Montreuil depuisle XVIIIe sicle o chaqueanne quelques cultivateursoffraient des fruits marqus auRoi. Mais cest la fin duXIXe sicle que le marquageconnat son apoge : il est alorsdestin aux ttes couronnes ouaux piceries de luxe. Lespommes portent les portraitsdu Tsar Nicolas II, de la ReineVictoria, du Kaiser Guillaume II,elles reprsentent les monu-ments de Paris ou des vne-ments marquant comme latraverse de la Manche par Bl-riot.

    Le marquage consiste lapose dun masque ou pochoirsur le fruit. Ce sont surtoutles pommes, plus que lespches, qui servent de sup-port. Le fruit se colore ausoleil sur les surfaces expo-ses. Le dessin apparat enngatif. Le rsultat, bien

    que comestible, est essentiellement unobjet-cadeau.

    Cette production prend fin dans lesannes 1950. Quelques arboriculteursfranciliens tentent aujourdhui de relan-cer une petite production de niche, souslimpulsion de la Socit rgionale dhor-ticulture de Montreuil et son dynamiquesecrtaire gnral, Philippe Schuller. Onretrouve chez Fauchon des fruits mar-qus dIle-de-France.

    Les fruits marqus

    Dossier

    Une banlieue rougepasse au vert

    Politiquement, Montreuil a au moins deuxparticularits : cest la seule ville franaisede plus de 100 000 habitants (102 400) aavoir un conseil municipal uniquementcompos dlus de partis de gauche et laseule avoir un maire, en loccurrence unemaire, cologiste. En 2008, Dominique Voy-net a t lue maire au second tour la ttedune liste verte, associative et socialiste, faceau sortant Jean-Pierre Brard, maire pen-dant 20 ans, la tte dune liste commu-niste, socialiste et apparents.

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  • Campagnes solidaires IV N 250 avril 2010

    Dossier

    Quand il sera ralis, pour lessen-tiel dici 2020, lcoquartier int-grera sur un primtre dtude de200 hectares, 3000 logements, 250000 m2

    dactivits (autour de lcohabitat notam-ment), des quipements publics (un bas-sin de baignade cologique, entre autres)Le tramway le traversera en 2015-2016.En son cur, une trentaine dhectaresdont 21,3 hectares constructibilit limi-te (ou en zone naturelle ) serontconsacrs lagriculture urbaine et aupatrimoine.

    Les terrains portent encore des murs pche, plutt dlabrs. Ils ont t sau-vs de lurbanisation par divers concoursde circonstance: la prsence darboriculteurset dhorticulteurs jusque dans les annes 80-90, labandon dun lourd amnagementemport par le dclin industriel desannes 70-80 et la mobilisation des habi-tants, puis celui dun vaste projet pavillon-naire dans les annes 90, sous la pres-sion dassociations citoyennes (1). En 2000,une procdure de classement au titredes sites et paysages pittoresques estlance sous la houlette de la ministre delEnvironnement, aujourdhui maire dela ville ; elle aboutit en 2003 au classe-ment de 8,6 hectares.

    Le projet dagriculture urbaine drouteles urbanistes: L o ils voyaient du vide,nous voyions du plein : pas de construc-tion, mais plein dactivit! , explique vePoulteau, charge de mission sur lave-nir du secteur des murs pches pourla mairie de Montreuil.

    La remise en culture des terres dpen-dra de plusieurs processus politiques, juri-diques et financiers. Tout dabord de ladop-tion avant fin 2010 du plan local durbanisme

    (PLU). Celui-ci remplacera le plan doccu-pation des sols (POS) qui, bien que plu-sieurs fois rvis ces quinze derniresannes, autorise toujours lurbanisation 80 % du secteur des murs pches.

    Ensuite, la ville souhaite proposer largion dtablir un partenariat autourdun primtre rgional dintervention fon-cire (Prif) : il permettrait lacquisition dufoncier par lAgence des espaces vertsdIle-de-France, cest--dire par le conseilrgional. Il faudra au pralable trouverun accord avec les diffrents propri-taires des terrains. Actuellement, la villepossde environ le tiers des surfaces, leconseil gnral un autre tiers et plusieurspetits propritaires privs, souvent par hri-tages, le dernier tiers.

    Durant lanne qui vient, le Conserva-toire botanique national du Bassin Pari-sien se prononcera sur le site de sa futureimplantation : Montreuil est en concur-rence avec Bobigny pour laccueillir. Sonarrive sur les murs pches donneraitune identit forte au projet densembleet permettrait des synergies diverses avecles parties dvolues lagriculture.

    Lactivit existante sera conserve : desjardins familiaux (ils sont 170 sur la com-mune, en bonne partie ici) ou partags,des jardins associatifs ddis au patrimoineet aux activits culturelles de plein air, maisaussi les Jardins du cur (2) ou ceux ducaf social (3).

    Une agriculturemultifonctionnelle

    Viendra ensuite ltude des nouveauxprojets. Ils sinscriront dans une rflexiongnrale sur la nature dans la ville dedemain , clarifie ve Poulteau. Ce nestpas avec ces terres que nous pourronsnourrir toute la ville. Le projet porte avanttout une motivation sociale et culturelle.Ce qui poussera, ce sera aussi du lien entreles gens, avec la terre, en rapport avec leursracines. Les notions douverture, de pda-gogie, dchanges, seront essentielles.

    Pour que cette agriculture remplisseaussi une fonction conomique, il la fau-dra multifonctionnelle, avec une partie

    de transformation. Les surfaces concer-nes seront forcment petites. Do lemlange de productions de niches avecles jardins familiaux ou associatifs. Ungroupe dassociations porte dj un pro-jet dinstallation dun maracher en amap,avec un volet dinsertion sociale. Uneautre proposition repose sur une ppi-nire de plantes vivaces en bio. La pro-duction de fruits marqus, en lien avecla conservation danciennes varits, peutaussi tre relance. Nous commenons recevoir aussi des projets professionnelssortant franchement des sentiers battus,tel celui dune ferme suspendue.

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    (1) Parmi lesquelles lassociation des habitantsde Montreuil (ADHM) et lassociation MAP,comme Murs pches.(2) Une douzaine de salaris en parcours dinser-tion travaille 5000 m2 de terre pour y produiretoute lanne des lgumes destins tre redistri-bus aux bnficiaires des Restaurants du Cur.(3) Le caf social accueille des personnes ges,essentiellement de vieux migrants rests laretraite coincs en France. Sur une parcellede 700 m2, ils viennent au moins une fois parsemaine cultiver fleurs, fruits et lgumes quisont ensuite partags.

    NB : Le projet donne suite au rapport dune com-mission extra-municipale, rendu public en avril 2009.La commission tait compose de treize lus muni-cipaux, six personnes ressources et six associa-tions actives sur le site des murs pche. Son rap-port est tlchargeable sur :www.montreuil.fr/1-8688-Les-Murs-a-Peches.php

    50 hectares?Lassociation Montreuil environnement sebat pour un largissement du projet agri-cole sur lensemble du secteur des murspche, soit 50 hectares (incluant une zoneindustrielle existante). Elle propose ladop-tion pour ce territoire du statut de zone agri-cole protg, pour saffranchir des incerti-tudes lectorales et garantir la vocationagricole du site.http://montreuil-environnement.blogspot.com

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    Vers un coquartier agriculturelPlus de vingt hectares vont renatre lagriculture Montreuil,au cur du plus grand coquartier dEurope en projet ce jour.

    Une image virtuelle qui sera peut-tre ralit dici2020 : celle du quartier agriculturel de Montreuilet ses 21,3 ha en production.

  • Campagnes solidaires V N 250 avril 2010

    Dossier

    Un paysage comestible au cur dela ville : la formulation potiquersume lesprit du projet. Trois asso-ciations (1) ont dcid de mutualiser leurssavoir-faire dans une ralisation com-mune, la dmarche demeurant ouverte toute autre association intresse por-ter une nouvelle complmentarit.

    Quatre buts structurent le projet: la pr-servation dun patrimoine vgtal, histo-rique et culturel; lexprimentation de nou-velles techniques de culture, de restaurationdes sols et de modes de distribution; lap-prentissage de pratiques agricoles inter-urbaines, notamment par la reconstructionsociale et professionnelle; lducation popu-laire sur les thmes de la nutrition, du jar-dinage et de lagro-cologie.

    La fin sera bien dans les moyens: Nousne voulons tre ni une vitrine cologiquepropre blanchir des dmarches qui nele sont pas, ni un lieu de formation etdinsertion qui profiterait dune main-duvre bon march et prcarise.

    Concrtement, la ferme urbaine sap-puiera sur une production marachre,proposant un apprentissage pour des can-didats linstallation dans la rgion (unepersonne en couveuse sous contrat dap-pui au projet dentreprise) et des parcoursde resocialisation ou de formations qua-lifiantes. Lencadrement sera assur par unmaracher professionnel, rfrent de la

    couveuse et du chantier de recons-truction sociale, et par une personneplus particulirement en chargede laccueil et du suivi des par-cours de ce chantier. Pour Frd-ric Gral, de lassociation Le Sensde lHumus, lide nest pas defaire concurrence aux autres mara-chers. Elle est de contribuer la pro-motion dune agriculture paysanne,et dy contribuer l o on est, cest--dire dans lurbain et lpoqueo on est qui va devoir repenserson agriculture et son alimentation,de gr ou de force .

    Sur le site historiquement marqupar larboriculture, 500 arbres seront replan-ts, palisss la loque sur trois ouquatre kilomtres de murs. Les fruits serontvendus sur place, au kilo en t, et en par-tie transforms en sorbet, sirops et autresdrivs, transformation conduite en par-tenariat avec des professionnels locaux.

    Varits locales et circuits courts

    Les varits seront slectionnes en fonc-tion de leur existence historique sur lesite (les pches Grosse Mignonne ou Ttonde Vnus), de leur prcocit compl-mentaire (la pche Gypse qui donne desfruits ds juin) ou sur une dmarche desauvetage dune varit en voie de dis-parition (la pomme Calville blanc dhiver,autrefois trs prsente Montreuil). Lesfleurs ayant aussi fait la fiert des murs pches ne seront pas oublies dans les futuresproductions.

    La distribution se construira en circuitscourts, en vente directe sur le site ou surle modle des paniers pratiqu par lesamaps. Le projet souhaitant privilgier lac-cs une alimentation de qualit pourdes foyers socialement et conomique-ment malmens, un systme de panierssolidaires sera mis en place avec des prixinfrieurs, la diffrence tant prise encharge par des subventions publiquesou la mutualisation. Des livraisons domi-cile sont envisages, notamment pourles clients-partenaires handicaps, en col-laboration avec lassociation locale Vivre vlo en ville (VVV). Une Maison des saveurset terroirs dIle-de-France trouverait per-tinemment sa place au voisinage, vitrinedes productions locales, march de pro-duits complmentaires ceux propossdans les paniers, lieu dchanges multiples.

    Enfin (mais peut-on utiliser ce terme tantle projet gnre dinitiatives?), les familleset les enfants des coles voisines trou-veront dans Montreuil aux pches des animations sur le jardinage, la cui-sine, la biodiversit des gots

    Entre trois et quatre hectares et demi suf-firaient sur les 21,3ha du futur quartier agri-culturel de Montreuil. Avec quatre emploisquivalent temps plein ds le dpart et desides fleurissant chaque pied de pcher,avec des connexions et interconnexions toutes les autres associations locales et leursrseaux: on a hte de voir a!

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    (1) La socit rgionale dhorticulture de Mon-treuil (SRHM) (www.srhm.fr), le Sens de lhumus(senshumus. wordpress. com) et Rve de terre

    Un projet multipleParmi les premiers projets qui mergent en prvision de la ralisation du nouveau quartier agriculturel urbain, Montreuil aux pches semble le plus abouti et montrece que pourrait tre dans les annes venir une agricultureurbaine aux finalits tant sociales quenvironnementales.

    Des seigneurs des pches Miss PommeLa socit rgionale dhorticulture de Montreuil (SRHM) est cre en 1878. Cest lassociationhistorique des cultivateurs des murs pches. Ils taient lpoque les meilleurs professionnelsde leur camp , senthousiasme Philippe Schuller, actuel secrtaire gnral de la socit (1). En 1921, elle cre un jardin-cole de 5000 m2 et sera lorigine du lyce horticole tout ct.Le jardin vit aujourdhui une nouvelle jeunesse. Il souvre chaque anne davantage aux habi-tants des cits voisines dont les tours le dominent, les liens avec les professionnels franciliensdes filires concernes sont ractivs et les initiatives fleurissent, telle la relance de la pro-duction de fruits marqus ou llection de Miss Pomme: chaque anne un millier dcoliersmontreuillois sont invits dvelopper leur got et lire leur varit de pomme prfre.(1) www.srhm.fr ; (2) http://lyceehorticulture93.fr

  • Depuis avril 2009,se cultivent fruitset lgumes surun terrain insolite : letoit dun magasin desport prs de la Porte-de-Montreuil.

    La moiti des trentejardiniers est membrede lassociation desFemmes maliennes, la recherche dun boutde terre cultiver pournourrir en partie leurfamille (1). Linitiative estsoutenue par la mairiede Montreuil qui pro-pose un terrain insoliteau cur de leur quar-tier: une vaste dalle bat-tue par les vents qui devait, ily a quelques annes, servir deplace publique mais est res-te un dsert.

    Au-dessus des ttes saffairentles salaris du centre dappel dAirFrance. Ils peuvent regarder

    lvolution des saisons dans cegrand bac de 800 mtres car-rs, dune soixantaine de cen-timtres de profondeur. La pre-mire anne est dj riche encultures : piment, persil, gro-seilles, tomates, fraises, cassis,

    salades, mas, et mme dugombo ou du bl issu desemences paysannes.

    Le site bnficie des conseilsde lassociation Le Sens delHumus, militant pour la recon-qute despaces agricoles

    publics dans la ville. Une haiea t plante pour protger duvent la bande de terre, un sitede compostage mis en place.

    La parcellisation par petitslots fait dbats, parfois dis-putes. Mais la grande majo-rit des participants est firede ce qui est fait.

    Jrmie Ancelet, du Sens delhumus, est optimiste: Lideest bien l de recrer un pay-sage urbain en y mettant lanature et lagriculture, quil yait rappropriation de les-pace urbain par ceux qui yvivent. On pourrait parler depaysannerie urbaine, le pay-san tant celui qui faonne lepaysage.

    Jonathan Rochwerg

    (1) 7000 9000 Maliens environvivent Montreuil, originaires 80 % du Cercle de Yliman,rgion prs du Sngal et de laMauritanie.

    Cultures sur toit

    Campagnes solidaires VI N 250 avril 2010

    Le sol des murs pches se caract-rise la fois par une grande fertilit,mais aussi par une certaine pollution.Il y a plus de cent ans, sous la pression

    de la ville et de la concurrence du Sudde la France, les arboriculteurs tentent daug-menter leurs rendements afin de restercomptitifs pour une partie de leur pro-duction. Ils utilisent ce quils ont sous lamain, dont sans doute les gadoues issues

    de lactivit humainede Paris. Le toutcontient beaucoupde matires fertili-santes, mais aussides polluants,notamment desmtaux lourds.

    Des tests sont ra-liss en 2008 pourvaluer cette pollu-tion. Les rsultats

    sont moins inquitants que ce qui taitcraint. Par prcaution, la municipalit ainterdit la distribution et la vente de cer-tains lgumes feuilles (salades, poireaux,rhubarbe, menthe et thym) et en dcon-seille la consommation importante etrgulire.

    Un projet exprimental propose la res-tauration des sols par les plantes. Les asso-ciations Rve de Terre, Le Jardin de la lune

    et Le Sens de lHumus souhaitent redon-ner lurbain sa part dhumus, refairevivre la terre , selon les mots de PeterBenot, lun de membre de deux de cesassociations.

    Des chercheurs ont t contacts et uncomit scientifique de six spcialistes at constitu. Un protocole encadreralexprimentation sur quatre axes : de laphyto-extraction (extraction de la pollu-tion par les plantes), de la phyto-rem-diation (fixation et neutralisation par lamatire organique), un travail sur lesmicro-organismes et sur les mthodesde culture (par exemple autour des prin-cipes de la permaculture, dvelopps parune des associations). La municipalitfournira un soutien technique et financedj un plan de surveillance annuel.

    Le projet devrait commencer courant2010.

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    Refaire vivre la terre

    Dossier

    Dans le jardin de lassociation Le Sens de lHumus, au cur de murs pches aujourdhui trs dgrads mais la veille dune nouvelle vie.

    Au pied du centre dappel dAir France, une trentaine de Montreuillois de toutesorigines sociales cultivent des lgumes de toutes formes et toutes couleurs.

  • Campagnes solidaires VII N 250 avril 2010

    Eugne, cest Varlin, fondateur de laPremire internationale en 1864, maisaussi en 1868 de la Marmite, un res-taurant coopratif. Dans le Paris ouvrier,il comptera jusqu 8000 cooprateursavant de disparatre dans les ruines dela Commune, ne survivant pas lassas-sinat de son crateur, fusill le 28mai1871.

    Cent trente ans aprs, la Marmitereprend le chemin des cuisines. Fournirdes repas de qualit des clients coop-rateurs de toutes origines est lobjectifque se sont donn Amandine Henrionet Clotilde Gombault.

    Les deux amies ont jusquici un par-cours trs urbain assistante de productiondans laudiovisuel pour la premire,assistante de direction dans divers sec-teurs pour la seconde mais partagentdes racines, des souvenirs de campagneet des convictions environnementales etsociales fortes. Nous voulons fairequelque chose qui se rapproche de la Mar-mite de Varlin, mais en rponse auxbesoins de notre poque. La nourritureest une matire idale : il y est questiondagriculture, de sant, de convivialit,de biodiversit, de partage

    En 2008, elles lancent un appel et ras-semblent en novembre une premirevingtaine de personnes intresses par leprojet, parmi les rseaux sociaux et mili-tants de Montreuil. Lassociation LaMarmite dEugne est officiellement crele 6 fvrier 2009. Rapidement, la Ruche,structure aidant les associations construireleur projet conomique, les dirige vers Antro-pia, ppinire dentreprises de lcono-mie sociale et solidaire accompagne parlEssec, une cole de commerce.

    Un premier repas festif en juin 2009, avecun rseau de proximit, permet de tester

    le coup de feu, avec une soixantaine derepas et une autre soixantaine servis en petiterestauration. Loccasion de confirmer quecest bien ce que lon a envie de faire, quecest jouable. Laventure peut continuer.

    Aujourdhui, les choses se prcisent. Unlocal a t trouv, avec laide de la muni-cipalit, Mozinor. Le site industriel duHaut-Montreuil rassemble une quarantainede structures et en tout pas loin de 500 tra-vailleurs. Le public est vari, du designerou peintre de baby-foot la mcaniqueautomobile ou limprimerie. Ce sera unbeau noyau de clients potentiels.

    Pour 20 euros dabonnement, les clientsauront droit 22 repas prix prfren-

    tiel et au caf offert. Le plat principal sera 5,50 euros et devrait tre roboratif. Unchoix sera possible entre deux entres,deux plats et deux desserts. Une formule deux plats (entre/plat, plat/dessert) serapropose (1). Les chques repas serontaccepts. Les employeurs de Mozinorseront sollicits pour prendre en chargelabonnement de leurs salaris

    Quelques travaux sont raliser pourlouverture des portes le 6 septembre 2010.Une Scop (2) sera constitue dici l et lan-cera en avril une souscription la recherchede porteurs de parts. Trois personnesdbuteront la cuisine et au service.

    Une dernire tape est franchir : trou-ver les paysans capables de fournir lesproduits de saison, varis et de proximit(350 kg de lgumes par semaine) dansune rgion o 94 % des terres encoreagricoles sont dvolues aux grandes cul-tures. Une ppinire damap installedans la Seine-et-Marne pourrait tre par-tenaire (cf. p. 14-15). Le pain bio serafourni via le GAB dIle-de-France. Des le-veurs et marachers de dpartementsvoisins sont contacts. Montreuil auxpches sera sans doute de laventure(cf. p.IV).

    La Marmite mettra ensuite sur la table sesautres projets: des ateliers pour enfantsdans le cadre du programme De la pla-nte mon assiette et la cration duneamap solidaire, avec au moins 10 % despaniers moiti prix. La Marmite bouillonnedides et dnergie.

    BD(1) Ces tarifs sont la base de la rflexion actuelledu modle conomique, ils peuvent voluer diciseptembre et louverture au public de la Marmite. (2) Socit cooprative de production :www.scop.coop

    http://lamarmitedeugene.fr 0660299562

    La ferme de Moyembrie se trouve Coucy-le-Chteau, dans lOise. Cestun lieu dagriculture, mais surtout depassage pour des personnes en rinsertion,principalement leur sortie de prison. Ainsilassociation les Pirates de Moyembrie nepeut tre considre comme une amap entant que telle, mme si le fonctionnement

    sen rapproche beaucoup, avec 50 panierslivrs chaque semaine Montreuil.

    La ferme a t cre il y a une dizainedannes par Jacques Pluvinage, aujour-dhui octognaire multi-casquettes: agro-nome, psychologue, historien des civili-sations. Elle accueille dix-huit personnesqui travaillent sur diffrents chantiers :

    construction, bois, poulets-ufs et mara-chage. Les chvres et leur fromage arri-veront bientt.

    Aux cts des Pirates, quatre associationspour le maintien de lagriculture paysanne(amap) vivent sur Montreuil, en partenariatavec des marachers de lOise et de Seine-et-Marne (voir pages 14-15).

    Dossier

    Des Pirates Montreuil

    La Marmite dEugneUn restaurant coopratif ouvrira dans le Haut-Montreuil en septembre 2010. Le projet portedes proccupations sociales et environnementales fortes. Lagriculture paysanne en fait partie.

    Eugne Varlin (1839-1871): "Tant quun hommepourra mourir de faim la porte dun palaiso tout regorge, il ny aura rien de stable dansles institutions humaines."

  • Campagnes solidaires VIII N 250 avril 2010

    Ils quittent un unleur pays, pour senaller gagner leurvie, loin de la terre ou ilssont ns , chantait JeanFerrat. Ils partent parce quelagriculture, cest sale,difficile, a ne rapporte rien.Ce sont les ploucs quirestent au village, ceux quisont incapables de faireautre chose.

    Beaucoup lont cru etont dsert le bourg,les champs, le mtier.

    Des visiteurs de pas-sage dans nos fermesexpriment frquemmentleur nostalgie, voire leursregrets. Ils se rendentcompte quon leur a menti: quand lheurede la retraite sonne , leur vie na fina-lement pas eu le sens dont ils avaient rv.

    Aujourdhui, nous assistons un revi-rement. Non, seulement on ne veut plusmanger du poulet aux hormones , maisen plus on a envie dlever des poulets,de bons poulets.

    Les priorits changent : lAvoir estprfr ltre ; cest tout un projet debien vivre, et donc de bien manger quise dessine. Le mouvement Reclaim thefields (1) atteste de cette lame de fond.Des jeunes (ou moins jeunes) font le choixde devenir paysans avec une vision delagriculture en totale rupture avec lemodle productiviste dominant.

    Ce qui se passe Montreuil en est aussiune illustration : fourmillement dinitia-tives qui naissent tant du pass que delinnovation. Dans beaucoup de villes, desprojets de remise en service des ceinturesmarachres voient le jour, souvent mensde concert avec des volets ducatifs,sociaux et culturels.

    Laspect ducatif est fondamental carles liens la terre se sont effacs. Du fait

    de la disparition massive des agricul-teurs ces dernires annes, il ny a quepeu de familles qui comptent encoredes paysans actifs parmi leurs membres.La campagne sest transforme en lieude loisirs, de dtente. On vient sy res-sourcer, on la consomme, mais on ne laconnat plus.

    Construire ensemble une nouvelle urbanit

    Beaucoup durbains nont pas appris lebien-manger, et quil est ncessaire davoiraccs des aliments sains produits loca-lement dans le respect de lenvironne-ment, des animaux, des cultures et desproducteurs. Laspect social est tout aussiimportant car lagriculture a cette capa-cit de redonner le got du travail, le plai-sir de produire pour soi et la collectivit.Mais ces aspects ducatifs, sociaux et cul-turels ne doivent pas prendre le dessus,ni se suffirent eux-mmes.

    Il faut absolument viter lcueil duneimage idalise de lagriculture, avec desexpriences semi-ludiques qui apaisent

    les citoyens, donnentbonne conscience auxlus mais continuent laisser lalimentationquotidienne aux mainsdes industries agro-ali-mentaires et de la grandedistribution. Il est fon-damental de mener defront un projet globalde socit dans lequellagriculture tient uneplace primordiale, etnon marginale ou com-pensatoire.

    Les citoyens initiateursdes projets montreuilloissemblent avoir bien com-pris les piges: tout pro-jet dconnect du

    monde dans la globalit duquel il estcens sinscrire aura des rsultats sou-vent en totale contradiction avec le butrecherch. Mais on peut tre surpris etinterrogateurs sur certaines trouvailles :que penser au juste de jardins sur les toits?Si on peut comprendre leur ncessit Gaza, est-il srieux de les promouvoir Paris ? Espaces artificiels en atmosphrepollue, quelle sera la qualit des pro-duits ?

    Dclencher des vocations, montrer auxenfants, ceux qui sont en recherche dave-nir, qutre paysan est un choix noble,utile et surtout possible, offrir la perspectivede le devenir, est un des buts de cettedmarche. Mener de pair la rflexioncollective pour construire leur avenir,notre avenir, est fondamental. Construireensemble une nouvelle urbanit et unenouvelle ruralit, en coopration, endcloisonnement, en porosit, cest pas-sionnant.

    Josie Riffaud,Paysanne en Gironde

    (1) www.reclaimthefields.org

    Point de vue

    Retrouver le got de vivre, de crer,de partagerLes initiatives citoyennes pour faire revivre lagriculture urbaine doivent viter le pige de lidalisation et sinscrire dans un projet global de socit.

    Dossier

    Pho

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    Maracher dans les murs pches, Montreuil en 1976 : dans beaucoup de villes, desprojets de remise en service des ceintures marachres voient le jour, souvent mensde concert avec des volets ducatifs, sociaux et culturels.

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