14
QUAND LES ALIZÉS SE TRANSFORMENT EN CYCLONE… Barbara Kreol’

Barbara Kreol’ QUAND LES ALIZÉS - static.fnac … · Il fut intraitable et imposa à son fils ... Gonaïves ne s’attarda pas sous la douche, comme ... Puis, il se précipita

Embed Size (px)

Citation preview

2

Quan

d les

alizé

s se t

rans

form

ent e

n cyc

lone..

.

QUAND LES

ALIZÉS SE TRANSFORMENT EN

CYCLONE…

Barbara Kreol’

11.94 514406

----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (134x204)] NB Pages : 142 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,07 mm) = 11.94 ----------------------------------------------------------------------------

Quand les alizés se transforment en cyclone…

Barbara Kreol’

Barb

ara

Kreo

l’

2 2

2 3

Partie I

Gonaïves Haïtian marchait vite, pressé de rentrer au bercail. Malgré la fatigue, son rythme de marche était plutôt soutenu. Il se sentait pourtant las, affamé, et rêvait d’un bon repos bien mérité. Sa bicyclette lui avait fait faux bond le matin. Il n’avait pas eu le temps de la réparer.

Son premier réflexe, une fois chez ses parents, serait de se précipiter sur le repas du midi qu’il savait comme toujours délicieux, avant de s’attaquer aux multiples fruits qui garnissaient le fruitier comme les mangues, les pommes d’eau, les bananes, les ananas, etc. Le seul fait d’y penser le faisait saliver. Habituellement, il prenait soin de passer par la douche avant de se restaurer, mais la faim lui dévorait tellement la poitrine qu’il ne pouvait pas attendre.

Chaque année, durant les grandes vacances scolaires, il remplaçait son père dans les plantations de cannes à sucre. Gonaïves n’aimait pas ce travail éprouvant pour un jeune homme de son âge. Mais s’il souhaitait gagner un peu d’argent pour assurer ses vacances et même la rentrée, il n’avait guère le choix.

2 4

En réalité, même s’il se gardait d’en faire état devant ses parents, il mettait tout en œuvre pour soulager ces derniers des charges financières quotidiennes. Une des raisons pour lesquelles il avait sérieusement envisagé d’arrêter ses études pour rechercher un emploi. Il faut dire qu’il était depuis peu titulaire de son baccalauréat professionnel de mécanique. Une formation qu’il avait choisie pour entrer au plus vite sur le marché du travail et être opérationnel. Il était un élève brillant en mathématique, physique et chimie. Très apprécié de ses professeurs pour le sérieux de ses études, sa préoccupation essentielle d’entrer au plus vite sur le marché du travail, l’avait amené à contourner l’attente de ses professeurs et parents qui l’encourageaient à poursuivre ses études générales. Il leur avait menti en leur faisant croire qu’il ne se plaisait plus au lycée général afin d’intégrer le lycée professionnel. Mais son père veillait au grain. Il fut intraitable et imposa à son fils de préparer une formation diplômante après le bac afin d’augmenter ses chances sur le marché du travail. Gonaïves se remémorait le visage de son père quand il lui avait annoncé qu’il souhaitait arrêter les études.

« Hein !!! s’était écrié ce dernier, Ou konpren sé ban mwen ou ka alé l’ékol, en ni fè kon si ou pa di mwen ayen ? », (Tu penses peut-être étudier pour me faire plaisir, faisons comme si tu n’avais rien dit) avait lâché sévèrement son père. Le jeune homme s’était bien gardé de le contrarier encore plus en s’abstenant de lui révéler ses raisons. Assis sous la véranda, tête baissée, Jojo se laissait docilement gronder par son père, attendant patiemment que l’orage passe. Il n’ignorait pas pour autant qu’il devait subir pour un moment encore les foudres du

2 5

patriarche tant qu’il ne lui aurait pas donné l’assurance qu’il reprendrait les cours à la rentrée.

Alors pour le calmer, il avait accepté sans sourciller de travailler dans les champs de cannes à sucre. Jusque-là, il s’était contenté d’accompagner son père pour de courtes durées. C’était bien la première fois qu’il y travaillait pour une si longue durée.

Gonaïves marchait d’un pas pressé, rien dans sa démarche ne laissait entrevoir qu’il revenait d’une longue journée de travail. C’était un grand gaillard noir, musclé, cheveux coupés à ras, affable et serviable à volonté. Dans son quartier, il faisait le bonheur de ses voisins, qui n’hésitaient pas à faire appel à ses services pour toutes sortes de petits jobs : tailler leur gazon, faire un peu de peinture, du bricolage ou même réparer leur voiture. C’est ainsi qu’il se faisait un peu d’argent de poche depuis l’âge de seize ans. Mais cette année, son père était si mécontent de son fils qu’il ne lui avait pas laissé le choix. Il lui avait ni plus ni moins imposé de travailler dans les champs, en plus de ses petits jobs pour lui « apprendre la vie », selon ses dires.

Gonaïves marchait donc, le visage en sueur, son sac bien ajusté sur son dos, pressé de rentrer au bercail. Il était parti un peu plus tard, ce jour-là, en raison de quelques heures supplémentaires qu’il avait acceptées de faire. Il était presque 16 heures. Voilà, pourquoi, il avait si faim. Il avait débuté sa journée à cinq heures du matin, et avait accepté à la dernière minute de faire quelques heures supplémentaires. Il avait tenté de calmer sa faim avec quelques cannes à sucre, mais l’effet de satiété s’était déjà dissipé.

2 6

Il espérait que sa mère avait préparé un bon « dombré haricots rouges », ou un bon gratin morue aux ignames, ou un gombo au bœuf, un poulet à l’ananas et au coco, la liste était encore longue. Il finirait par devenir fou à force de penser à la nourriture. Il tenta donc d’en détourner son attention un instant. « Dieu qu’il faisait chaud ! ne put-il s’empêcher de se plaindre. Bien que ce fusse le coucher du soleil, la chaleur émise par les rayons du soleil se faisait encore sentir. Heureusement sa route était jalonnée d’arbres qui lui apportaient de l’ombre.

De temps à autre, pourtant, le vent soufflait doucement, faisant plier doucement les arbres sur son passage. Mais Gonaïves ne prêtait guère attention à ce paysage si familier. Il ne poursuivait qu’un objectif : arriver chez lui au plus vite. Une belle voiture, qui le dépassait, détourna son attention un instant de sa faim. Un jour viendrait où il pourrait, lui aussi, s’offrir une voiture tout aussi belle. Déjà les pensées du jeune homme s’envolaient sans pouvoir s’arrêter.

Enfin, il emprunta la rue des Glouglou qui le menait à la demeure de ses parents. Tellement heureux de n’être plus qu’à quelques mètres de son lieu de résidence, il se mit à courir, comme pour accélérer son arrivée. Quelques minutes plus tard, il poussait la barrière en bois de la modeste maisonnée de ses parents tout en s’écriant :

– Maman, Papa c’est moi.

Son père était étendu sur un canapé situé sous la véranda et sa mère se reposait sur sa chaise longue préférée. Monsieur Haïtian ouvrit les yeux avant de remarquer :

2 7

– Ou ka rentré tà jodi a, sa ki passé ? (tu rentres tard aujourd’hui, que s’est-il passé ?)

– J’ai fait quelques heures supplémentaires, répondit le garçon tout en déposant son sac sur le sol, avant de se diriger vers la fontaine, située non loin de la terrasse, pour se rafraichir un peu.

– Tu dois avoir faim mon enfant, fit sa mère, ton repas est dans la cuisine.

– Merci maman, répondit le jeune homme, mais je crois que je vais me doucher d’abord, j’ai trop chaud.

– Alors fais chauffer ton repas pendant ton bain. – Oui maman.

Madame Haïtian, la mère de Gonaïves, vendeuse de fruits et légumes sur le marché de Fort-de-France, se contentait d’observer tristement son fils. Elle était inquiète pour son avenir, l’unique enfant, hélas ! Le bon Dieu, pour une raison qu’elle ignorait, n’avait pas voulu lui accorder d’autres enfants. Elle le fixa longuement, avant d’en détourner son regard, et se lancer dans l’inventaire des produits qu’elle serait amenée à vendre sur le marché dans quelques jours.

Gonaïves ne s’attarda pas sous la douche, comme il avait coutume de le faire. Ce fut une douche express, juste pour se débarrasser de la fatigue et de la poussière. Puis, il se précipita dans la cuisine, remplit son « coui »1 de fruit à pain, de bananes jaunes, d’avocats, du morceau de poisson grillé, tout cela est agrémenté d’un petit bout de piment pour relever un peu plus le goût d’un plat déjà très épicé. Ensuite, il

1 Coui : demi-calebasse, employée comme récipient dans la cuisine.

2 8

s’installa sur la table de la véranda et avala goulûment sa première bouchée.

Sa faim était si tenace que Gonaïves engloutit en un temps record le contenu de son assiette, avant de s’attaquer enfin au dessert qu’il dévora tout aussi vite. Il ne put avaler qu’une mangue. Après le repas copieux et le verre de jus frais qu’il venait d’avaler, il lui était impossible de déguster plus de fruits. Il s’était emparé d’une mangue par pure gourmandise.

– Ou sé dit ou té fin ich mwen (de toute évidence, tu avais faim mon enfant !), remarqua son père, tout en fixant son fils de ce regard impassible.

– Oui papa, je n’en pouvais plus. – Tu as pensé à te servir du jus, j’ai préparé du jus

de tamarin, continua sa mère. – C’est fait, merci maman. – Alors comme ça tu fais des heures

supplémentaires, commenta son père. Tu commences à devenir un homme responsable. Le travail assure l’indépendance de l’homme, tout le contraire de la paresse qui est la reine des vices. Cela ne signifie pas, non plus, travailler sans jamais s’arrêter. Il faut savoir fixer des limites pour ne pas se laisser envahir. Mais bon, pour l’instant, le travail que tu effectues est raisonnable. Il faut veiller à ce que ces heures soient bien répercutées sur ta fiche de paie. Il est malin le béké ! Mais à malin, malin et demi, poursuivit le patriarche, avant de se laisser choir dans son hamac.

* * *

2 9

Assise au beau milieu de son fouillis, Marigot ne finissait pas de ranger l’amoncellement de documents accumulés durant plusieurs années. Dieu, qu’il y en avait, se plaignait-elle en son for intérieur ! La jeune femme ne savait plus où mettre la tête. Elle repoussait cette tâche ingrate depuis des semaines. La grosse pendule accrochée dans la salle à manger, héritage de ses grands-parents paternels, résonna bruyamment pour annoncer l’heure de l’après-midi. Il était tout juste seize heures.

– Caroline, tu veux bien préparer les légumes à soupe afin que je vous concocte une bonne soupe pour ce soir.

– Maman, je suis occupée, riposta la jeune femme, comme à l’accoutumée, avant de s’exécuter.

Madame Mathurin, la mère de la jeune femme, assise sous la véranda, s’adonnait à la couture tout en écoutant la radio. Une pluie subite s’abattit sur le toit de la maison obligeant la maîtresse des lieux à se lever précipitamment de sa chaise tout en appelant Caroline à l’aide.

– Caroline, viens d’abord m’aider à rentrer le linge sec.

– Maman !!! – Allez, on se dépêche, imposa Mme Mathurin sur

un ton ferme.

Quelques instants plus tard, la pluie s’arrêtait tout aussi brusquement qu’elle était venue.

Madame Mathurin était une grande femme noire au visage sévère. Depuis la mort de son mari, elle élevait seule ses deux filles. Femme au foyer,

2 10

elle courait de petits boulots en petits boulots pour subvenir aux besoins de sa petite famille.

Quelques années plus tôt, elle avait tenté de reconstituer un foyer avec un autre homme. L’expérience s’était soldée par un échec. Depuis elle avait décidé de maintenir une certaine distance entre sa vie de famille et sa vie amoureuse.

Le klaxon de la voiture de Rosita résonna brièvement devant l’entrée de la petite maison de Marigot, avant que le véhicule ne s’immobilise enfin. La conductrice saisit son sac avant de descendre du véhicule. Elle franchit le modeste portail de la maisonnée de son amie, et longea la petite allée qui menait au domicile de cette dernière.

– Toc, toc, toc s’annonça Rosita debout sous la véranda des Mathurin. Y a-t-il du monde ici ?

Un peu à l’image des jeunes Antillaises, Rosita est une jeune fille dans la pleine fleur de l’âge. Elégante, féminine, sexy et élancée, « chabine » aux yeux marrons clairs, qu’on surnommait « popot » (poupée), elle constituait un véritable ravissement pour les yeux.

D’une beauté plus discrète, Marigot était tout aussi élancée que son amie. C’était une jeune fille au teint mat, affable, qui s’amusait beaucoup du succès de son amie auprès de la gente masculine.

Rosita et Marigot s’étaient connues au collège. Rosita, fille d’enseignants, plutôt gâtée avait pour habitude de n’en faire qu’à sa tête. Marigot, plus raisonnable, passait son temps à calmer les esprits. Bien des gens se demandaient ce qui pouvait bien rapprocher ces deux jeunes filles aux caractères si opposés en apparence. En réalité, sous ses dehors de

2 11

petite fille docile, Marigot avait un caractère bien trempé et n’hésitait pas à faire part de sa désapprobation quand le besoin se faisait sentir. Mais il fallait bien reconnaître que contrairement à son amie, Marigot était d’une nature bien plus conciliante.

Occupée en cuisine, Caroline, la cadette de Marigot sortit de la pièce pour se diriger vers la véranda.

Caroline était encore étudiante sur le campus de Schoelcher. Bien que studieuse, la jeune fille se caractérisait par son caractère plutôt tête en l’air et sa forte propension à privilégier l’amusement au travail. Une des raisons pour laquelle elle ne parvenait toujours pas à se décider sur la branche professionnelle à choisir, au grand désespoir de sa mère.

– Ah ! c’est toi Rosita ! Comment vas-tu ? – Et toi ? Quoi ? Tu n’es pas prête ? – Eh bien ! comme tous les dimanches, je

m’occupe de la préparation de la soupe. Tu parles d’une corvée. Je vais vous rejoindre un peu plus tard.

– L’incontournable soupe du dimanche, n’est-ce pas ? Mais ta mère sait si bien la faire.

– C’est vrai. Et Marigot a une excellente excuse pour y échapper aujourd’hui. Elle est enfermée depuis ce matin dans sa chambre. Mademoiselle range, s’il vous plaît.

– La pauvre ! – Je vais te la chercher ! – D’accord. – Marigot, s’écria Caroline, Rosita est là !

2 12

Marigot ne tarda pas à s’extirper de sa chambre, un grand sourire aux lèvres.

– Tu as terminé ton rangement au moins ? s’inquiéta Rosita.

– Ne t’inquiète pas ! Je l’ai commencé depuis hier. J’ai bien avancé. C’est bon pour aujourd’hui, il me reste encore un peu de tri, mais ça va aller. Ça va ? Tu as l’air toute excitée. Que se passe-t-il ?

– Moi, excitée, mais non. Je me sens d’humeur joyeuse, c’est tout. Je ne travaille pas demain, alors penses-tu ?

– Ah bon ! j’avais cru comprendre que tu adorais ton travail !

– J’aime tout autant les congés ! Voyons Marigot, tu en connais beaucoup de salariés qui boudent leurs congés ?

Marigot laissa échapper un léger sourire avant de poursuivre :

– Tu veux boire quelque chose ? – Ça va ! je n’ai pas soif, je viens de vider presque

un demi-litre de jus de « madou »2, c’était trop bon. – Il nous reste encore du gâteau au coco, si tu

veux. – C’est tentant, mais je préfère en finir avec ma

digestion avant de m’attaquer à une quelconque friandise.

– Comme tu veux, mademoiselle !

Le bruit d’une percussion non loin du domicile des Mathurin interrompit quelques instants la conversation des deux jeunes filles.

2 Madou : Jus réalisé à base de feuilles d’oranger.

2 13

– J’ai l’impression que Gonaïves s’impatiente… Il faut dire que nous commençons à accuser un certain retard.

– Tu sais, ce matin nous sommes allées à la messe de huit heures. Ce n’est pas surprenant si j’affiche un petit air fatigué.

– Longue journée, hein ! Tu risques d’avoir un peu de mal à la danse aujourd’hui. C’est quoi ça ? demanda Rosita en fixant le paquet en aluminium que tenait Marigot dans les mains.

– Une part de gâteau pour contribuer à la petite fête. On y va !

– Je n’ai pas salué ta maman ! – Elle est en plein rangement dans la chambre.

Inutile de la déranger. A tout à l’heure maman, s’écria Marigot.

– Ok, répondit Caroline, amusez-vous bien.

La petite maison en bois des parents de Gonaïves se trouvait seulement à quelques mètres de celle des Mathurin.

Installé au bord de la route, la chemise entrouverte sur son torse nu, ses pieds nus contre son tambour, la tête légèrement penchée en arrière, Gonaïves s’adonnait à son passe-temps favori. Les yeux fermés, le jeune homme semblait en transe. Il frappait encore et encore sur son instrument de musique, de plus en plus vite, de plus en plus fort.

Les deux jeunes filles, qui s’étaient rapprochées sans bruit du jeune musicien, le regardaient avec un ravissement non dissimulé. Elles ne pouvaient s’empêcher de se balancer au rythme de cette musique traditionnelle, empreinte d’une histoire si

2 14

riche, si douloureuse. Une musique viscérale qui vous prend aux tripes, vous envoûte, s’empare de votre être, de votre âme.

Gonaïves ouvrit enfin les yeux, quelque peu surpris par les applaudissements de son modeste public.

– Vous êtes prêtes… Je commençais à désespérer. – Ça va… salua Rosita tout sourire. – Très bien, merci et vous… Marigot, tu sembles

un peu fatiguée. – Ça va… Je fais beaucoup de rangement ces

temps-ci. C’est plutôt fastidieux. Mais ça va, merci et toi ?

– Moi, regardez !!!

Et au jeune homme de se mettre à frapper sur le tambour de plus belle, boosté par les encouragements des deux jeunes filles qui, excitées par la musique, se balançaient au rythme du tambour, tout en marchant en direction du groupe qui les attendait dans la petite savane non loin de leur résidence.

L’immense prairie verdoyante du quartier de Fort-de-France, les Glouglous, remplie d’arbres fruitiers, constituait le terrain de jeux privilégiés des enfants et un lieu de balade pour les adultes.

En contrebas, la rivière coulait doucement à travers des rochers profondément enfoncés dans le sol. Elle était bordée, de part et d’autre, d’interminables bambous, qui se balançaient lentement au gré du vent.

Les cris joyeux des enfants qui s’amusaient ici et là se mêlaient au chant des oiseaux. A l’ombre d’un majestueux flamboyant aux fleurs d’un rouge