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BLOGUE À P’ART TREIZIÈME NUMÉRO - 20 avril 2018 Pour commenter, s’abonner, se désabonner ou obtenir d’anciens numéros : [email protected] BLOGUE À P’ART Gazette numérique écrite et illustrée par Guillaume le Baube NUMÉRO SPÉCIAL MÉTROPOLITAIN Pour ce treizième numéro, Blogue à p’Art vous invite à passer sous l’édicule Guimard pour entrer dans les profondeurs du métro parisien. La station Abbesses. Encre de Chine sur carton. Des portraits furtifs Si le métro parisien est bien pratique, c’est un lieu contre nature. L’individu y circule sous terre éclairé par une lumière artificielle, il y respire un air vicié, il souffre du bruit et de la laideur des lieux, il y côtoie des individus qu’il n’a pas souhaité rencontrer, se serre, se presse souvent involontairement contre eux et cherche le plus souvent à se prémunir de leurs présences. C’est ainsi que beaucoup de voyageurs s’évadent grâce à des écouteurs dans les oreilles, le regard absent, semblant ne pas voir ce qui les entoure, ou s’échappent par l’écran de leurs téléphones portables.

BLOGUE À P’ART TREIZIÈME NUMÉRO - 20 avril … · 2018-05-22 · disparurent les premiers, il y a ... lorsqu’il existe encore, ne vend plus de billets et regarde, avec apathie,

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BLOGUE À P’ART Gazette numérique écrite et illustrée par Guillaume le Baube

NUMÉRO SPÉCIAL MÉTROPOLITAIN Pour ce treizième numéro, Blogue à p’Art vous invite à passer sous l’édicule Guimard

pour entrer dans les profondeurs du métro parisien.

La station Abbesses. Encre de Chine sur carton.

Des portraits furtifs

Si le métro parisien est bien pratique, c’est un lieu contre nature. L’individu y circule sous terre éclairé par une lumière artificielle, il y respire un air vicié, il souffre du bruit et de la laideur des lieux, il y côtoie des individus qu’il n’a pas souhaité rencontrer, se serre, se presse souvent involontairement contre eux et cherche le plus souvent à se prémunir de leurs présences. C’est ainsi que beaucoup de voyageurs s’évadent grâce à des écouteurs dans les oreilles, le regard absent, semblant ne pas voir ce qui les entoure, ou s’échappent par l’écran de leurs téléphones portables.

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Le dessinateur peut passer un agréable moment dans le métro en saisissant quelques portraits sur le vif. C’est l’expression qui est cherchée, pour des dessins toujours sincères, mais

qui exigent rapidité d’exécution et absence de reprise, en raison de la fugacité des modèles qui descendent du wagon avant même que l’on ait le temps de saisir la totalité de leurs visages. De plus, certaines rames plus bringuebalantes que d'autres nuisent à la précision du trait, ce qui aboutit à des dessins qui, s ’ i l s c h e r c h e n t à s a i s i r l’expression du visage, peuvent parfois souffrir d’écarts de proportions les rapprochant de la caricature. Blogue à p’Art vous propose quelques portraits réalisés ces derniers temps par

votre serviteur : Français ou individu venu de toutes les parties du monde, travailleur manuel ou employé de bureau, être au visage marqué par la souffrance ou belle passante « dont les yeux, charmant paysage, font paraître court le chemin* » : tous gardent leur mystère.

* Les passantes de Georges Brassens

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Galerie de portraits de voyageurs du métro parisien, automne et hiver 2017/2018, feutre, crayons de couleur et graphite

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Ceux qui ont connu l’ancien métro se souviennent qu’on y achetait un ticket (de première ou de deuxième classe) auprès d’un guichetier, pour se le faire ensuite poinçonner par un autre agent assis dans une petite guérite ; puis on prenait un train servi par un conducteur et un portier.

Tous ces employés (en uniforme) ont été progressivement remplacés par des machines. Le poinçonneur et le portier disparurent les premiers, il y a quarante-cinq ans. Aujourd’hui les rames sont progressivement robotisées et les automates remplacent le guichetier qui, lorsqu’il existe encore, ne vend plus de billets et regarde, avec apathie, les resquilleurs sautant par-

dessus les tourniquets. Le coût de cette fraude est-il inférieur à celui de l’ancien poinçonneur ? 1945-1974 : les Trente Glorieuses et le plein emploi. 1974-2018 : les Quarante Piteuses. Le baby boom laisse la place au papy boom. L’économie s’essouffle et s’endette, la finance détruit l’économie réelle et les crises se succèdent. Au moment où la population se mit à vieillir, on commença à remplacer par des robots des métiers qui, s’ils pouvaient être considérés comme aliénants, procuraient néanmoins du lien social. Cette mutation a détruit du pouvoir d’achat en générant un chômage massif et un monde plus inhumain. Parallèlement, par un fait étrange, on fit venir, en grand nombre, une main d’œuvre majoritairement africaine qui, souvent mal formée, peine à trouver du travail puisque celui-là demande des compétences plus exigeantes, à cause de la disparition de ces métiers répétitifs, justement occupés par les machines. De ce fait, afin d’apaiser

la banlieue désœuvrée qui souffre et qui gronde, certaines stations importantes, aux heures d’affluence, embauchent du personnel à qui on demande d’adopter un comportement de robot dans l’exercice d’un travail parfaitement inutile consistant à barrer le passage, lors de la fermeture automatique des portes. Un emploi sans avenir pour un exercice déjà opéré par les portiques des lignes automatisées.

La logique du Kapital appliquée au métro

Poinçonneur et usager Conducteur et portier

Station Havre Caumartin vers dix heures du matin

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Métro Monceau

Un hôtel est un havre où le voyageur fait halte pour dormir mais c’est aussi un lieu dans lequel des amants de passage peuvent se retrouver pour d’éphémères ébats. C’est ainsi qu’une des plus puissantes entreprises hôtelières du monde, le groupe Accor, a tenu à soutenir un concert dont l’affiche montre un enfant et un chimpanzé - peut-être de futurs clients - en train de s’embrasser sur la bouche. Après le mariage «pour tous», la procréation médicalement assistée sans père, la gestation pour autrui, l’abaissement de la majorité sexuelle, il semblerait qu’il se trame quelque chose avec des animaux. Il serait prudent de commencer à s’en protéger. Heureusement ma chienne vit à la campagne...

Ce groupe de musique rock sait f a i r e s a p ro m o t i o n e n m a rq u a n t l e s esprits. Photo prise dans le métro parisien e n n o v e m b r e 2017

Violence publicitaire

Métro Monceau, plume et aquarelle sur papier (1999), collection particulière.

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Il y eut deux stations de métro dédiées à Robespierre dans le monde : la première ouverte en 1937 sous l’égide de la mairie communiste de Montreuil et la seconde inaugurée à Léningrad, sous Kroutchev, en 1958.

Lorsque la Russie se libéra de la dictature soviétique, Saint-Petersbourg supprima le nom du révolutionnaire, alors que la France, vivant toujours sous le même régime, le maintint. On peut être surpris que la RATP rende hommage à celui qui fut l’instigateur de la Grande Terreur. Sur le quai, un petit texte - que certains pourraient qualifier de propagande - justifie ce choix en expliquant qu’il s’agissait de rétablir une anomalie puisqu’aucun lieu de Paris ne portait le nom de Robespierre, alors que « Mirabeau a son pont et Danton sa statue ». D’emblée, la question est posée : « tyran sanguinaire ou révolutionnaire inspiré ? » ; sans dire par qui il put être inspiré - Être suprême ou Satan -, le texte poursuit en notant que « Robespierre a fait couler beaucoup d’encre » ; cette encre, de même consistance que le sang qu’il fit couler abondamment, mais qui n’est pas cité ici. On apprend ensuite qu’orphelin de mère, Maximilien de Robespierre fut abandonné par son père. Le voyageur est alors plus à même de comprendre son acharnement à condamner à mort le Roi, père de la nation. L’administration de l’Ancien Régime, bonne fille, avait pourtant octroyé à l’enfant une bourse, lui permettant de mener à bien ses études, jusqu’à lui permettre de devenir avocat. Puis, est relaté le parcours politique du député d ’ A r t o i s , p o r t é p a r « l a p h i l o s o p h i e d e s Lumières » (Lumières est écrit en caractères gras), dont les « mesures permirent de sauver la patrie ». Rappelons que certaines de ces mesures consistèrent à supprimer l'interrogatoire de l'accusé, à lui refuser l'aide d'un défenseur et à n'offrir au juge qu'une alternative : l'acquittement ou la mort (loi du 22 prairial de l’an II ou 10 juin 1794). Enfin, le lecteur indigné apprend, avec émotion, que « l’Incorruptible » fut « traité de dictateur », mais il se console en sachant qu’en montant à l’échafaud, Robespierre eut le réconfort de savoir qu’il donnerait « son nom à une station de métro ».

La station Robespierre : « qu’un sang impur abreuve nos sillons ! »

Panneau justifiant la glorification du nom de Robespierre donné à une station. On remarquera que la Révolution est symbolisée par un assassinat , sur un fond de guillotines, ce qui semble être ici un objet de fierté.

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« La beauté sauvera le monde ! ». Cette phrase de Dostoïevsky s’inscrit dans la trilogie du Beau, du Bien et du Vrai née dans la Grèce antique et vivifiée

par la chrétienté. L’humanisme de la Renaissance voulut faire de la beauté un projet de société portant l’être humain vers le Bien et le Vrai et dans lequel les artistes y jouaient un rôle majeur. C’est dans cette démarche que s’inscrivent les somptueuses décorations des métros de Moscou et de Saint-Pétersbourg et aussi celles, plus modestes, de la station Louvre, probablement la plus belle de Paris. Celle-ci fut vandalisée en 1992 et resta en travaux pendant de nombreuses années, pour renaître il y a deux ans et demi, en 2015. Comme entretemps, le vandalisme n’a fait que progresser, de très nombreuses caméras de surveillance ont été placées pour s’en prémunir. Hélas, rien n’y fait ! Des

statues ont de nouveau été détériorées, alors que des tags* ont été gravés sur toutes les vitrines. Il suffit de quelques individus pour gâcher ce qui contribue à la joie du plus grand nombre et il faut croire que les destructeurs sont à ce point envahis par le mal et le mensonge qu’ils sont insensibles à la beauté. Si construire est long et coûteux, détruire est rapide et gratuit ! S’il faut imposer les limites en punissant le vice, il faut aussi, inlassablement, reconstruire l’œuvre

civilisatrice : c’est l’éternelle lutte du Bien et du Mal ! Le Beau s’adresse à tout un chacun, puissant ou misérable. Au XVIIe siècle, la simple paysanne qui allait vendre ses légumes, passait sous un arc de triomphe en entrant dans Paris, et elle s’en sentait grandie d’une plus grande estime d’elle même. Pour ceux qui ne seraient pas encore persuadés de l’apaisement que procure la beauté et de l’utilité de l’art dans la société, l’anecdote suivante pourrait les convaincre. Une de mes amies, peintre en décor de talent, travailla dans la rue pour réaliser une commande. Alors qu’elle terminait la transformation de mobiliers urbains en une ordonnance inspirée du classicisme français, des clochards qui vivaient en face sont venus la voir pour lui dire : « ce que vous avez peint nous fait du bien ! »

* Tag : excrément graphique

La station Louvre-Rivoli : la beauté sauvera le monde !

La porte Saint-Denis, une des entrées de Paris en 1675, dessin de Gabriel Pérelle

(1603-c.1677) .

Statue cassée, mars 2018

Graffiti gravés, mars 2018

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Métro Blanche, huile sur toile (2007), 81 X 65 cm.

Métro Blanche

Comment soutenir Blogue à p'Art ? Si Blogue à p'Art est une revue entièrement gratuite, certains souhaiteraient peut-être

soutenir leur gazette préférée ; opportunité leur est alors offerte de commander des reproductions des travaux de son auteur : des cartes doubles, des cartes postales, des affiches ou des livres.

Un devis peut vous être fourni sur demande.

Sur le thème du métro, deux cartes postales sont disponibles : l’une représentant une scène de rue, l’autre, faisant partie d’une série sur les animaux de Paris. La carte coûte 1 € auquel s’ajoutent des frais de port de 0,80 € pour un ou deux exemplaires, puis de 1,60 € jusqu’à 20 cartes ; au-delà, le port est offert.

Imprimée sur un beau papier, de format 44 X 64 cm, l’affiche « Les jardins de Paris » s’inspire des p o r t u l a n s d e l a Renaissance en mettant en scène des monuments et des animaux vivant dans la capitale.

Prix de l’affiche : 20 € ( frais de port compris )

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Cours de peinture ou de dessin, en plein air Au retour des beaux jours, j’organiserai des séances de trois heures, sur le motif, au parc de Sceaux ou à Paris, certains samedis ou dimanches. La confirmation sera donnée par courriel 48 heures auparavant, après consultation du bulletin météorologique et selon un nombre suffisant de participants (un accord de principe sera demandé une semaine à l’avance). Prix pour trois heures : 50 € par personne.

L’église du Cœur-Eucharistique-de-Jésus, située Porte de Bagnolet et construite en 1938, comporte une belle unité de style Art déco. Une statue de saint-Joseph et l’enfant Jésus avait perdu des doigts. Ceux-ci furent refaits, puis patinés en faux granit. Avant Après

Actualité du Baube

Restauration d’une sculpture

Cours et stage

Stage d’été en Charente Hélène et moi même, vous proposons une semaine unique de dessin et de peinture, en pleine nature, du lundi 2 juillet au vendredi 6 juillet. Renseignements au 06 18 97 10 55 ou à [email protected]

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Les chiens, munis d’un billet au tarif préférentiel, peuvent voyager dans le métro. Puisqu’il nous reste un peu de

place, terminons par ce croquis dessiné dans une rame quelconque. Tout comme l’être humain, ce sympathique animal est capable de s’adapter à des lieus contre-nature…

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Médias

Radio Courtoisie

Vendredi 2 février, votre serviteur était invité par Jean-Bernard Cahours d'Aspry sur Radio Courtoisie, pour parler d’art : https://www.youtube.com/watch?v=8yGDuPj9lBc

TVLibertés

Le 14 février, Blogue à P’Art était invité par Anne Brassié, dans son émission Perles de Culture, sur TVLibertés : https://www.youtube.com/watch?v=sXdIzHMIVhI

Réédition

L’Aquarelle, ouvrage que j’ai écrit et illustré en 2001 vient d’être édité pour la quatrième fois, ici dans une version réduite, au titre suivant : « Peindre à l’aquarelle, pas à pas » (édition Les Mini Larousse). Il est en vente au prix modique de 3,95 €. Si cet ouvrage vous intéresse, pensez à vous le procurer chez un libraire indépendant car il est un résistant qui lutte vaillamment contre des prédateurs aux pratiques déloyales. Dotés d’un appétit féroce, ces derniers sont en train de dévorer tous les petits commerces ; pensez-y avant qu’ils ne suppriment encore davantage le peu de liberté qu’il nous reste.

Un chien voyageur