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Brig i t t e F r e l a t - K a h n

LE LANGAGE

DLE-20040210-6384 2004-33740

Quintette

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La collection « Philosopher »

est dirigée pa r Jean-Paul Scalabre

Éditions Quintette

2 rue de Bigorre

75014 Paris

Tél. : 01 40 64 10 14

Tous droits réservés

Le Langage Paris 2002

Dépôt légal : novembre 2002

ISBN : 2 86 850 103 6

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I N T R O D U C T I O N

A qui chercherait une définition de la notion d'« homme » en extension, nous pourrions proposer deux énoncés : (1) — « l 'homme est un bipède sans plumes » (2) — « l 'homme est

un être par lant ».

Mais, précisément, ces deux propositions peuvent-elles être mises sur le même plan ? Il est clair que, lorsque nous disons

que la classe des hommes est numér iquement équivalente à la classe des bipèdes sans plumes, nous ne disons str ictement rien sur ce qu 'es t un homme. Concernant le second énoncé, lors-

que nous posons comme extensivement équivalents les prédi- cats « homme » et « être par lant », il semblerai t au contraire

que nous disions quelque chose et sur le langage et sur l 'homme. Car on trouvera toujours un naïf ou un béotien pour nous

« objecter » le « fait » d ' u n langage animal, et nous contrain- dre alors à justifier cette restriction de l 'extension du langage à l 'homme. Rendre compte de cette différence, nécessairement spécifique, nous fait alors dépasser les limites du domaine de

l 'extension pour nous faire entrer dans le royaume de l ' inten- tion ou de la compréhension.

Une discipline pourrait , semble-t-il, nous aider à cette jus- tification : la linguistique. En analysant tout à la fois la rela-

tion et la différenciation de la communicat ion et du langage, elle permet d 'é tayer cette caractérisation spécifique. Décrire

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ce phénomène, en analyser les éléments constituants, structu- rels à toute langue naturelle, relever les conditions empiriques de son déploiement : tout cela est l'affaire du linguiste. Mais qu'est-ce-qui, chez l'homme, et chez l'homme seul, rend possi- ble cette activité ou ce comportement ? Et surtout, quels critè- res nous permettent d'affirmer que nous parlons pour dire quel- que chose ? De telles questions regardent le problème du sens et mobilisent une réflexion sur la vérité, sur la connaissance. Car enfin, il ne suffit pas de proférer des paroles ou d'aligner des mots pour qu'il y ait langage. Combien de phrases ne veu- lent rien dire, ne sont que du bruit et du vent ? Qu'est-ce qui explique ce passage du son, même articulé, du graffiti au mes- sage, sinon le sens ?

La linguistique s'établit, dit-elle, sur le projet explicite de la constitution d'une « véritable science du langage pratiquée par des chercheurs bien décidés à étudier ce phénomène en lui-même et pour lui-même » (préface d'André Martinet au volume de l'Encyclopédie de la Pléiade consacré au Langage, p.VIII). Projet louable, en apparence proprement scientifique : traiter du langage comme d'un fait, comme d'une chose ; loin de toute préoccupation finaliste et de tout souci herméneuti- que, théologico-interprétatif. En cela, la linguistique paraît irremplaçable, étonnante pourvoyeuse d'informations. Mais de quoi nous instruit-elle ? Le propre d'une discursivité scientifi- que est d'expliquer et de prédire. Le linguiste s'interdit toute considération sur le possible et se cantonne volontairement dans le recensement des expressions linguistiques existantes.

Nous atteignons ici le cœur du problème : le langage peut-il être objet de science ? Le linguiste répond « oui », mais ce qu'il

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propose est une description empirique d'une chose : des phé- nomènes de langage « en eux-mêmes et pour eux-mêmes ». Or, les choses ne disent rien les unes sur les autres, aucun fait ne nous informe sur aucun autre ; il faut toujours la nécessaire médiation d'une loi, d'une explication, d'une généralisation, c'est-à-dire du langage.

L'analyse du langage ne peut donc être limitée au langage. Le langage est toujours traversé par autre chose que lui ; il doit toujours être rapporté à un autre ordre que celui de sa propre phénoménalité. Epuiser la nature du langage implique que l'on rende compte des deux facettes qui le constituent : d'une part, qu'on le spécifie comme activité, comme comportement, bref, comme phénomène ; d'autre part, que l'on situe la possibilité de distanciation, de prise de recul par rapport aux choses, de dépassement à l'égard d'un ordre ici-et-maintenant, qui per- met que le langage exprime le possible (« dieu », « la licorne », « la montagne d'or », « 2 », « triangle »...), l'abstrait (« homme », « langage », « atome », « Premier ministre »...) le souvenir ou l'avenir.

C'est que non seulement nous parlons à d'autres qui par- lent, mais que nous comprenons ce dont nous parlons. Et nous aurions beau apprendre par cœur tous les mots d'un diction- naire que nous n'atteindrions pas pour autant les conditions de la signification. Non que la tâche soit trop immense ; mais elle est trop immense parce qu'elle est circulaire. Toute défi- nition lexicographique renvoie à toutes les autres, de telle sorte que je ne pourrai jamais en achever la mémorisation, puisque je ne pourrai jamais la commencer. Et même si l'on pouvait articuler toutes les définitions les unes sur les autres en

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penser un « proprement humain ». Ce faisant, toutes font échap- per le langage à l'ordre des choses qu'il resterait s'il était clos sur lui-même. Toutes manifestent que c'est parce que nous sor- tons de la tyrannie du discours que nous avons quelque chance d'être soustraits à la tyrannie du monde.

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B I B L I O G R A P H I E

Linguistique

F. de Saussure, Cours de linguistique générale, Payot, 1974. Essais sur le langage (collectif, Minuit, 1969.

Roman Jakobson, Essais de linguistique générale (Cf. surtout le chapitre 1), Seuil coll. « point » 1963.

Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Gallimard, 1966.

André Martinet, Eléments de linguistique générale, Colin, 1960.

Georges Mounin, Clefs pour la linguistique, Seghers, 1970.

Encyclopédie de la Pléiade, volume consacré au langage (dir. A. Martinet).

Philosophie du langage :

Platon, le Cratyle.

Descartes, le Discours de la méthode, 5 partie.

J.L. Austin, Quand dire c'est faire, Seuil, 1970. Robert Blanché, Introduction à la logique contemporaine (chap. 1), Colin,

1957.

Noam Chomsky, Le langage et la pensée, Payot, 1968 ; La linguistique cartésienne, Seuil, 1969.

W.V.O. Quine, Le mot et la chose, Flammarion, 1977.

Bertrand Russell, Signification et vérité, Flammarion, 1969. L. Wittgenstein, le Tractatus logico-philosophicus, Gallimard « idées »,

1961.

La philosophie analytique, cahiers de Royàumont (coll.), Minuit, 1962.

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Achevé d'imprimer en novembre 2002 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery

58500 Clamecy Dépôt légal : novembre 2002

Numéro d'impression: 209148

Imprimé en France

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P H I L O S O P H E R

« La fonction de penser ne se délègue point »

disait Alain, c'est tout le sens de la réflexion

philosophique. Si philosopher c'est s'interroger

sur le sens des mots et des choses, cette collec-

tion est une invitation à l'effort de chacun pour

penser par soi-même. Chaque ouvrage de la

collection « Philosopher » aborde une notion

ou une question sous la forme d'un court essai

accessible à un large public.