Bruxisme Et Restauration Prothétique _ Inf Dentaire 99

Embed Size (px)

Citation preview

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    1/15

    2839Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    Bruxismeet restaurations

    prothtiques

    Le bruxisme du sommeil est connu depuis fort longtemps,

    mais son tude clinique approfondie est relativement

    rcente. En pratique dentaire, le praticien hsite souvent

    entreprendre une reconstruction prothtique cest pour-

    quoi trois situations sont distingues.

    La premire intresse les patients bruxomanes avec une

    usure modre des dents sans reconstruction prothtique.

    Dans le second cas, lusure est toujours modre, maisune couronne ou un bridge de faible tendue doit tre

    ralis. Enfin, dans la troisime situation, lusure coronaire

    est trs importante, et des prothses de grande tendue

    sont souhaites par le patient.

    FORMATION

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGESDU

    B. CHAPOTAT*Docteur en Chirurgie Dentaire,

    Ancien Assistant des Universits

    F. BAILLYDocteur en Chirurgie Dentaire

    *Le Cristal 2, place Pierre Smard

    38200 Vienne

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    2/15

    La clinique du sommeil avec du bruxisme est

    aujourdhui mieux connue. Il est bien tabli, par

    exemple, quil existe deux types dactivit musculaire

    pendant le sommeil. La premire consiste en des contrac-

    tions rythmiques toniques et phasiques des muscles lva-

    teurs, semblables du mchonnement, sans fonction

    apparente ; elle est asymptomatique et concerne 56% de

    la population. La seconde se caractrise par une frquence

    leve des pisodes dactivit tonique et phasique (fr-

    quence pratiquement double chaque nuit) associe au

    serrement ou au grincement des dents ; elle correspond

    au bruxisme. Elle est surtout observe durant le stade 2 du

    sommeil (80 %) et concerne 6% environ de la population

    (Lavigne et coll 1993).

    Les consquences dentaires du bruxisme sont bien tablies

    avec notamment cette usure excessive des dents si caract-

    ristique. Ce qui lest moins, en revanche, cest la dcision

    thrapeutique que doit prendre lodontologiste en vue

    dune reconstruction prothtique de faible ou de grande

    tendue, surtout si le patient est jeune.

    Consquences oro-facialesdu bruxisme

    Lusure ou abrasion dentaire

    Elle est physiologique (Woda et coll 1987, Planas 1992)

    mais devient un lment caractristique du bruxisme

    quand elle est trop marque. Elle sobserve essentiellement

    sur les incisives et les canines maxillaires car lactivit para-

    fonctionnelle la plus courante est celle de la latro-propul-

    sion. Il existe cependant dautres mouvements de propul-

    sion-rtropulsion, de latralit pure ou une combinaison

    de lensemble de ces mouvements (Lytle 1990). Cette

    usure est distinguer des rosions intrinsques provo-

    ques par les acides gastriques, observes dans des mala-

    dies comme lanorexie, la boulimie ou encore dans

    diverses pathologies digestives tels que les reflux gastro-

    oesophagiens (Colon et Pradelle 1998).

    Les problmes musculaires et articulaires

    Labrasion excessive est souvent associe une hyperacti-

    vit musculaire, avec pour consquence des douleurs mus-

    culaires (palpation douloureuse des massters et des tem-

    poraux au rveil) et plus rarement des douleurs articulaires

    associes des difficults douverture ou de fermeture

    (Lavigne et coll 1994). Dans ce dernier cas, il semble

    mme quil nexiste pas de corrlation directe entre le

    bruxisme et les pathologies articulaires (Lobbezoo et

    Lavigne 1997).

    Dcalage entre lOcclusion dIntercuspidation

    Maximale (O.I.M) et lOcclusion de Relation

    Centre (O.R.C)

    La modification des morphologies dentaires augmente les

    surfaces de contacts entranant ainsi une instabilit occlu-

    sale et un dcalage parfois important entre lO.R.C et

    lO.I.M, qui est la position de rfrence (Brocard et Laluque1997).

    Modification de la dimension verticale

    Pour de nombreux auteurs, comme Dawson (1989) ou

    Dahl (1995), la dimension verticale est considre comme

    une constante individuelle, lusure dentaire tant compen-

    se par une gression physiologique. Cette opinion nous

    semble trop gnrale car, mme si globalement ce

    concept peut tre considr comme vrai, ce processus ne

    se produit pas systmatiquement. Dautres paramtres

    comme des anomalies anatomiques (patient brachycpha-

    le), la perte de calage postrieur ou des reconstructions

    prothtiques dfectueuses peuvent modifier la dimensionverticale dun bruxomane, comme nous le verrons plus

    loin dans cet expos.

    Les problmes parodontaux

    Quand un bruxomane ne prsente pas de maladies syst-

    miques et que son parodonte est sain, des forces occlu-

    sales importantes, mais bien rparties occlusalement, vont

    entraner une raction prioste et los alvolaire va

    paratre plus dense (Rozencweig, 1995). A linverse, si le

    trauma occlusal gnr par le bruxisme est limit

    quelques dents, il peut modifier tout ou partie des tissus

    parodontaux sans toutefois entraner de pertes dattache,

    cest--dire une destruction parodontale dorigine infectieu-se (Socransky 1992) contrairement ce quont pens cer-

    tains auteurs comme Schafer (1974). Si une mobilit den-

    taire existe en raison du trauma, elle est due une hyalini-

    sation du ligament parodontal, puis de los, identique

    celle observe dans les mouvements dorthodontie (Cha-

    ron et coll 1995).

    En fonction de ces lments, nous distinguerons trois

    types de patients lorsque nous serons confronts un pro-

    blme de bruxisme.

    Patients bruxomanes avec usure

    modre des dents ne ncessitantpas de reconstruction prothtique

    Traitement local

    Comme il nexiste pas dindices trs prcis dabrasion occlu-

    sale aux diffrents stades de la maladie, le problme est

    souvent lud pour ntre trait hlas, qu un stade

    avanc de labrasion.

    2840Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    3/15

    2841Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    Si la destruction est peu importante, il est tout fait possible

    dintervenir sans avoir recours systmatiquement des

    techniques prothtiques, en arrondissant et en polissant

    les bords libres caills ou fissurs. Il conviendra cepen-

    dant de ne pas abuser de ces techniques par soustraction.

    Il est prfrable, en effet, davoir recours des techniques

    par addition comme les collages amlo-dentinaires(Owens et Gallien 1995), dont la dure de vie sera cepen-

    dant dpendante du port dune gouttire nocturne, sur-

    tout si ces collages ont t effectus sur les zones occlu-

    sales postrieures.

    Certains auteurs, comme Ramfjord (1961) ou Planas

    (1992), ont avanc que les facteurs locaux sont des l-

    ments prpondrants dans la gense du bruxisme. En fait,

    le schma occlusal a peu dincidence sur le bruxisme

    puisque llimination de toutes les prmaturits et interf-

    rences par le praticien ou par lusure dentaire ne fait pas

    cesser le bruxisme (Solberg et coll., 1975 ; Rugh et

    coll.,1984). Ainsi le bruxisme est un processus induction

    centrale (Chapotat et coll., 1999), locclusion ne joue prati-quement aucun rle (Selignam et Pullinger 1991).

    Les gouttires de reconditionnement

    neuro-musculaire

    Les gouttires permettent au patient de protger sa dentu-

    re (Johansson 1992). Il existe plusieurs formes de gout-

    tires comme le plan rtro-incisif ou la gouttire de Ramf-

    jord et Ash la mandibule.

    Cette dernire, trs classique, rpond des principes clai-

    rement tablis. La surface occlusale est lisse, sans concavit

    (ce qui ne veut pas dire plane) ; elle doit tablir, en O.I.M,

    des contacts simultans avec toutes les cuspides des dents

    antagonistes. Cette gouttire doit permettre le guidage desdplacements mandibulaires : le contact canin travaillant

    guide le mouvement de latralit ce qui empche tout

    contact postrieur et une dsocclusion postrieure est obte-

    nue en propulsion (Unger et Brocard 1996).

    Nous utilisons pour notre part des gouttires thermofor-

    mes les plus minces possibles avec les mmes caractris-

    tiques que celles dcrites prcdemment. Ce type de gout-

    tires est plus facile supporter mais prsente linconv-

    nient dtre plus fragile.

    Thrapeutique psychologique globale

    La prise de conscience

    Il est souvent difficile de faire prendre conscience unpatient de son bruxisme. Ceci nest pas tonnant dans la

    mesure o le bruxisme serait lexpression dune tension

    motionnelle due lincapacit du sujet surmonter des

    problmes comme la peur, le rejet, la haine, lagression

    (Kail, 1985) ou tout simplement les tensions de la vie quo-

    tidienne.

    Dans un premier temps, il convient dexpliquer au bruxo-

    mane quun lger espace doit exister entre les arcades

    dentaires (lespace libre de repos) lexception de

    quelques contacts durant la mastication, la dglutition, la

    phonation ou encore loccasion dternuement. Il faudra

    linviter ensuite rechercher, lveil, une contraction par-

    ticulire des muscles lvateurs avec une difficult ouvrirla bouche ou encore une sensation de dents molles ou

    enfin le tmoignage des personnes proches du dormeur.

    Cette prise de conscience ralise, il peut tre ncessaire

    de chercher dans un deuxime temps une solution psy-

    chologique au bruxisme, en utilisant une approche com-

    portementale base sur la sophrologie, lhypnose, lauto-

    suggestion, ou encore une psychothrapie.

    Lautosuggestion

    Elle utilise linconscient : la rptition dune pense positi-

    ve fixe exprime dune certaine faon durant la phase

    consciente va modifier linconscient. Ce dernier ayant

    perdu le pouvoir de raisonner accepte et agit sur les sug-

    gestions qui lui sont faites par lesprit conscient.Le patient devra ainsi rpter, par exemple, plusieurs fois

    avant de sendormir, priode la plus propice lauto-

    suggestion, la phrase je vais tenir mes dents cartes

    (cette technique est souvent utilise pour se rveiller une

    heure prcise). Si lhabitude rapparat, elle est nouveau

    facilement contrle en appliquant les mmes phrases, la

    motivation ayant dj t tablie. Enfin, toujours grce

    lautosuggestion, le bruxisme peut tre remplac par une

    autre activit comme celle consistant serrer deux doigts,

    par exemple.

    Mais ce traitement psychologique du bruxisme va beau-

    coup dpendre du degr de conscience et de coopra-

    tion du patient.

    La psychothrapie

    Elle peut permettre de modifier le comportement du

    patient et donc de diminuer la source de tension nuisible

    ltat dentaire. Pour Slavicek (1996) cependant, une thra-

    pie comportementale nest pas conseille car les serre-

    ments et les grincements sont des mcanismes indispen-

    sables la libration du stress que le systme masticateur

    met en place dans les situations dangoisse psychique. Si le

    stress nest plus rationnellement apprhend, il ne peut

    plus tre somatis vers lappareil manducateur. Le risque

    surajout sera de voir une symptomatique de transposition

    se mettre en place avec des dysfonctions organiques plussvres. Cest pour ces mmes raisons quil considre le

    bruxisme chez lenfant comme une raction saine vis--vis

    du monde extrieur.

    Pour notre part, nous pensons que le rle du chirurgien

    dentiste devant un bruxisme trs marqu est dapprhen-

    der globalement la personnalit de son patient. Si le

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    4/15

    bruxisme permet lappareil manduca-

    teur de jouer le rle de soupape contre le

    stress, il pourra tre considr comme

    une fonction normale de lappareil man-

    ducateur ; linverse, si le chirurgien-den-

    tiste peroit le bruxisme comme lexpres-

    sion dune tension dramatique, il se devradorienter le patient vers des psychothra-

    peutes. Mais le diagnostic differentiel

    nest pas ais car lodontologiste manque

    souvent de comptences psycholo-

    giques.

    Les traitements mdicamenteux

    Lutilisation de mdicaments comme les

    benzodiazpines, les myorsolutifs ou enco-

    re les antidpresseurs ne peut tre que trs

    ponctuelle et en cas de phase aigu. Elle

    devra en tout cas tre limite quelques

    jours, pour viter laccoutumance.Depuis quelque temps linjection de toxi-

    ne botulinique, capable de bloquer les

    jonctions neuro-musculaires, est prati -

    que dans les muscles masticateurs pour

    diminuer les contractions musculaires

    nocturnes du bruxomane (Rogers et

    Whear, 1995). Cette nouvelle approche,

    onreuse et relativement dlicate, parait

    devoir tre rserve des cas particuliers

    accompagns de signes neurologiques

    (Lavigne et coll 1994).

    Reconstructionprothtique de petitetendue chez un patientbruxomane avec uneusure dentaire modre

    Quand il existe des glissements en latrali-

    t ou des interfrences, il est impratif de

    les supprimer. Si, par contre, seuls de

    petits glissements en propulsion entre

    lO.R.C et lO.I.M sont observs, il nest

    pas indispensable de chercher les modi-fier car le patient nest pas demandeur.

    Il nexiste pas, pour lui, de symptomatolo-

    gie invalidante fonctionnelle ou esth-

    tique et la correction de locclusion, effec-

    tue par soustraction, est souvent mal

    vcue car elle donne limpression daug-

    menter lusure.

    2842Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

    Fig. 1a - Absence de la 13 avec perte de la paroi osseuse vestibulaire chez ce patientg de 50 ans.

    Fig. 1b - Facettes dusure marques sur le bloc incisivo-canin de ce mme patient.

    Fig. 1c - Reconstruction osseuse de la zone ddentatoin aprs prlevement dungreffon dans la symphyse mentonnire. Cicatrisation 3 mois.

    Fig. 1a

    Fig. 1b

    Fig. 1c

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    5/15

    2843Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    La reconstruction prothtique va sintgrer dans le schma

    occlusal avec des cuspides peu marques, des guidances

    a minima (fig. 1a fig. 1f). La qualit des matriaux utili-

    ss est trs importante : il est ncessaire que leur duret

    soit semblable celle de lmail pour que lusure potentiel-

    le soit identique. Il existe des matriaux mtalliques

    comme lor et non mtalliques inorganiques qui peuvent

    tre opposs une denture naturelle si lon veut viter

    une usure rapide des dents antagonistes. Malheureuse-

    ment, ils sont difficilement accepts par nos patients car

    trop visibles ou trop fragiles.

    Si lon choisit des reconstructions cramiques, leurs tats

    de surface et leurs finitions doivent tre parfaitement adap-

    ts pour viter une dgradation rapide

    des surfaces antagonistes (Tavernier et

    Fromentin 1997). Il sera aussi indispen-

    sable dastreindre nos patients des

    visites trs rgulires , pour viter le

    moindre problme occlusal. Enfin denouveaux matriaux comme les poly-

    mres chargs, semblent ouvrir de nou-

    veaux horizons (cependant leur htro-

    gnit apparat, pour ces mmes

    auteurs, comme un inconvnient long

    terme).

    Reconstructionprothtique de grandetendue en prsencedun bruxisme trsimportant

    Lorsque lusure dentaire est trs pronon-

    ce et que le patient souhaite une rha-

    bilitation esthtique, il faut envisager

    une ralisation prothtique, mais il faut

    aussi en assurer la prennit. Des points

    importants, comme la qualit des mat-

    riaux ou la recherche dune occlusion idale, seront abor-

    ds dans ce paragraphe mais deux lments nous sem-

    blent fondamentaux : la recherche de la position en O.I.M

    et la dimension verticale).

    La recherche de la position en O.I.M.

    La dtermination dune relation maxillo-mandibulaire stable

    en O.I.M. est llment important. Lutilisation dune goutti-

    re occlusale permettra une dcontraction musculaire et vi-

    tera les glissements antrieurs. Si lexamen clinique fait appa-

    ratre une dysfonction de larticulation temporo-mandibulai-

    re ncessitant un repositionnement mandibulaire, une cor-

    Fig. 1d - Reconstruction prothtique de la 13sur un implant de type Frialit II.Remarquez la guidance de groupe pourviter les forces dltres

    Fig. 1e - Contrle 6 mois.Lapposition osseuse pr-implantaire a permis

    une parfaite intgration de la reconstructionimplanto-prothtique

    Fig. 1f - Radiographie de contrle

    Fig. 1d

    Fig. 1e Fig. 1f

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    6/15

    2844Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

    Fig. 2a - Consquences du bruxisme chez un patient de 40 ans. Ladimension verticale docclusion na pas t modifie par lusuredentaire

    Fig. 2b - Mme patient aprs la ralisation dun bridge complet aumaxillaire suprieur et de deux bridges prmolo-molaires lamandibule. Des allongements coronaires, par chirurgie osseusesoustractive, ont t raliss sur le bloc inciso-canin au maxillairesuprieur pour conserver la mme dimension verticale docclusion

    Fig. 2c - Mme patient 3 ans aprs

    rection de lO.I.M. sera ncessaire. Une tude axiographique

    permettra la confirmation du diagnostic, la programmation

    de larticulateur, ainsi que le montage en axe rel.

    La dimension verticale

    Il est important, dans un premier temps, de vrifier si la

    dimension verticale docclusion est satisfaisante. Il nexiste pas

    de mthodes scientifiques sres et incontestables pour dter-

    miner cette dimension verticale (Palla 1995). Pour notre part,

    nous utilisons les rgles de proportion avec la tlradiogra-phie de Wylie, lanalyse cphalomtrique de Ricketts, les tests

    phontiques de Silvermann, de Pound. Si la D.V.O est nor-

    male, un espace interocclusal satisfaisant doit tre obtenu en

    posture de repos, avec une absence de contact entre les

    arcades dentaires durant lactivit phontique.

    Mais quelle que soit la mthode choisie, la satisfaction

    esthtique du patient reste un lment privilgi.

    La dimension verticale nest pas modifie

    Les mouvements de latro-propulsion ont entran un

    laminage des guidances incisives et canines et donnent

    la fausse impression que la dimension verticale est dimi-

    nue par lusure dentaire (fig. 2a). Dans ce cas, ou si le

    bruxisme est constitu uniquement par des mouvementsde latralit (fig. 3a et fig 3c), les dents postrieures sont

    touches par lusure dentaire. Mais, cette usure peut tre

    compense par une gression des dents concernes (Ste-

    ward 1998). Ce phnomne est loin dtre systmatique,

    tout comme lgression dune dent ne se produit pas

    ncessairement en labsence des dents antagonistes.

    La hauteur coronaire tant trs diminue, notamment sur

    les dents antrieures, certains auteurs comme Dahl et

    Krogstad (1985), De Boever (1989), ou encore Rivera et

    Morales (1991), avancent quil est possible daugmenter la

    dimension verticale pour permettre une ralisation proth-

    tique esthtique. Il est possible, en effet, de surlever lg-

    rement la dimension verticale chez un patient dont la

    D.V.O est normale, mais la marge de manoeuvre est

    troite chez le bruxomane. Le risque est grand de provo-

    quer court terme des problmes dlocution, longterme, une incoordination de la musculature oro-faciale

    (Dawson 1989) ou enfin des problmes dingression des

    dents (Steward 1998). Mais llment qui nous parat le

    plus important, vient du fait que la ralisation de prothses

    (mobiles ou fixes) en surlvation est, la plupart du temps,

    inesthtique et donne cette curieuse impression de

    bouche pleine de dents.

    Il est prfrable de procder des chirurgies dallonge-

    ments coronaires, faciles raliser et sans aucun risque.

    Ces dernires vont permettre de retrouver une hauteur

    coronaire normale (fig. 2b, 2c, 3b, et 3d), dobtenir des

    embrasures interdentaires satisfaisantes et surtout de

    conserver une dimension verticale physiologique.La stabilit occlusale est un lment important de ces

    reconstructions, cest pourquoi nous prfrerons une rha-

    bilitation globale qui permet de mieux matriser les para-

    mtres prcdemment voqus comme une position en

    O.I.M. stable, une dimension verticale satisfaisante, mais

    aussi de chercher une meilleure occlusion (Plan occlusal

    Fig. 2a Fig. 2b

    Fig. 2c

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    7/15

    2845Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    le plus proche du Plan de Francfort, courbe de Spee

    presque plate etc...). Cette stabilit occlusale sera aussi

    obtenue en utilisant des matriaux de mme duret (cra-

    mique oppose de la cramique, par exemple). Toute-

    fois, Brocard et Laluque (1997), mme sils prconisent

    logiquement des oppositions de couple de matriaux

    ayant des coefficients dusure relativement quivalents,

    avancent lhypothse quune opposition mail-or ou cra-

    mique-or serait plus proche des conditions naturelles. Pour

    diffrentes raisons, comme une usure plus marque sur

    lun des maxillaires ou encore des raisons financires, il

    arrive quune seule arcade soit rhabilite. Il faudra alors

    que le patient soit conscient de lusure plus rapide des

    dents naturelles antagonistes surtout sil na pas opt pour

    des matriaux avec des coefficients dusure identiques

    celui de lmail.

    Lutilisation dimplants dans ces rhabilitations proth-

    tiques peut apparatre comme une prise de risques exag-

    re. Il a t montr, en effet, chez les bruxomanes, que le

    risque de fracture des implants ou de la prothse tait

    Fig. 3a - Patient g de 34 ans avec une usuredentaire principalement sur le secteur postrieur.La dimension verticale docclusion est restestable grce lruption compensatrice

    Fig. 3b et 3 d - Reconstruction prothtique,aprs remodelage osseux, chez ce mme patient.Seules les deux incisives centrales

    ont t conserves en ltatFig. 3c - Vue latrale oppose de ce mmepatient. La 44 devra tre extraite

    Fig. 3d - Reconstruction prothtique.3 Implants de type Frialit II ont t mis en placeen position de 44 - 45 - 47

    Fig. 3e - Radio panoramique de contrle.Les implants nont pas t relis aux dents naturelles

    Fig. 3a Fig. 3b

    Fig. 3c Fig. 3d

    Fig. 3e

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    8/15

    2846Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

    Fig. 4a - Patient de type brachycphale(41 ans) avec une usure dentaire excessive.La dimension verticale docclusionest considrablement diminue

    Fig. 4 b - Diminution de ltage intrieurde la face en position dintercuspidation

    maximum (O I M)

    Fig. 4c - Les dents suprieures et infrieuresne sont pas visibles lors de llocutionet du sourire

    Fig. 4d - Reconstructions prothtiques hautet bas aprs augmentation de la dimensionverticale docclusion.Les couronnes cramiques ont t ralisesunitairement quand cela tait possible.Photographie prise lors dune visite decontrle 6 ans aprs la ralisation prothtique

    augment dans les zones postrieures (Rangert 1995).Pour notre part, ce risque est identique celui de toutes

    reconstructions prothtiques fixes chez le bruxomane et

    notamment, sil est g de moins de 50 ans : chez les

    enfants et les adultes jeunes la frquence du bruxisme

    peut atteindre 13 %, elle dcline nettement 50 ans pour

    atteindre 3 % 60 ans (Lavigne et coll 1996).

    Le port dune gouttire nocturne, deviendra toutefois unlment incontournable si lon veut viter des forces dl-

    tres sur les lments prothtico-implantaires (encore que

    ces ralisations complexes et... dun cot lev puissent

    jouer un rle de rupteur psychologique !).

    La dimension verticale est modifie

    Nous avons vu que lgression pouvait compenser lusure

    Fig. 4a

    Fig. 4b Fig. 4c

    Fig. 4d

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    9/15

    des dents postrieures. Mais, si cette gression com-

    pensatrice ne se ralise pas (ce qui est difficile va-

    luer), il existe alors une perte relle de la D.V.O.(fig. 4a et 5a), dautant que la perte de dimension

    verticale a souvent des causes plus complexes que la

    simple usure dentaire. En effet, dans certains cas,

    cette usure a aggrav un problme prexistant tel

    un problme squelettique chez des patients de type

    brachicphale (chez qui la D.V.O est anatomique-

    ment diminue), (fig. 4a), des pertes de dents non

    compenses, (fig. 5a) ou lorsque des ralisations

    prothtiques successives et de mauvaise qualit ont

    t ralises.

    Il faudra alors, avoir recours toutes les techniques

    dj dcrites pour retrouver une D.V.O. la plus satis-

    faisante possible avant de ra-

    liser les prothses transitoires.

    Ces dernires permettront de

    tester le choix effectu et

    quand elles donneront toute

    satisfaction sur le plan esth-

    tique et sur le plan fonction-

    nel, le bridge dfinitif pourra

    tre construit. Il sera ncessai-

    re de sentourer de toutes les

    prcautions habituelles : mon-

    tage crois (les bridges provi-

    soires et les bridges dfinitifspeuvent tre utiliss indiff-

    remment comme antago-

    nistes), utilisation de clefs en

    silicone pour la reproduction

    des formes des dents provi-

    soires, programmation des

    botiers condyliens darticula-

    2847Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    Fig. 4h - Radio panoramique de contrle 6 ans. Remarquez la qualit de los

    Fig. 4e et 4 f - Reconstitutions prothtiques. Vues latrales

    Fig. 4g - Sourire du patient aprs reconstruction prothtique.On remarquera les bords libres des dents suprieuresdont laspect parat naturel

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    10/15

    teur, table incisive individuelle (Brocard et Laluque 1997)

    et bien sr des guidances a minima et des versants cus-

    pidiens rduits pour viter les problmes occlusaux (fig. 4

    b, 4c, 4d et 5c). Les ralisations prothtiques dfinitives

    pourront tre constitues, soit par des reconstructions

    totales ou segmentes (fig. 2b et 2c), quand cela est pos-sible afin de faciliter la dpose en cas de flure ou de frac-

    ture importante, soit par des reconstitutions unitaires (fig.

    4b et 5c). Ces dernires seront prfres chez le sujet g

    de plus de 50 ans car les forces dltres masticatoires

    sont alors moins importantes. Elles auront lavantage, de

    faciliter la mise en vidence dune prmaturit car la dent

    causale va rapidement se desceller.

    2848Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

    Fig. 5a - Patient bruxomane de 68 ans. Des reconstructions prothtiques dfectueuses, associes des extractions, ont entran unediminution importante de la dimension verticale docclusion. Remarquez la gencive blanchie lors du contact avec la 21Fig. 5b - Les faces vestibulaires des incisives latrales ont t totalement lamines

    Fig. 5c - Reconstructions prothtiques haut et bas aprsaugmentation de la dimension verticale docclusion. Seules lescouronnes molaires 27 - 28 et 47 - 48, ont t soudes ainsi queles deux implants de type IMZ et Fr ialit II en position de 25-26

    Fig. 5d - Radio panoramique de contrle.Notez la qualit de los chez ce patientde 68 ans

    Ce quil faut retenir- Le bruxisme durant le sommeil concerne 6 % de la population.

    - Le bruxisme est un processus induction centrale, locclusion ne joue pratiquement aucun rle.- Lautosuggestion peut diminuer les effets du bruxisme, une psychothrapie nest pas souhaitable.- Lutilisation dune gouttire nocturne reste un excellent moyen de prvention contre lusure dentaire.- Si une reconstitution prothtique est ncessaire, et si lusure est modre, respecter le schma occlusal.- Si une rhabilitation prothtique globale est indispensable, il conviendra :- de conserver la dimension verticale si elle nest pas modifie, et de raliser ventuellement des allongements coronaires- de laugmenter si elle est diminue, soit pour des raisons squelettiques, soit par une usure excessive non compenseou encore la suite de pertes de dents non compenses.

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    11/15

    2849Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    Conclusion

    Psychologiquement, le bruxisme peut tre considr

    comme une fonction destine librer le stress, presque

    comme un mal ncessaire et non comme un trouble psy-

    chologique. Cliniquement, le bruxisme est de toute viden-

    ce une parafonction trs nfaste aux organes dentaires.Sur le plan de la prvention, ladulte jeune doit chercher

    diminuer son niveau de tension ou, en tout cas, porter le

    plus souvent possible une gouttire occlusale pour limiter

    lusure dentaire.

    Lorsquune solution prothtique complexe est devenue

    indispensable, certains paramtres devront imprative-

    ment tre pris en compte avant la ralisation prothtique

    dfinitive et notamment la dimension verticale docclusion

    beaucoup plus variable, notre avis, que certains auteurs

    ne le prtendent. Le port dune gouttire protectrice sera

    un impratif incontournable, lors des ralisations proth-

    tiques ou implanto-prothtiques.Ralisations prothtiques : Laboratoire Bienfait (Francheville)

    Remerciements : Nous remercions les Drs Olivier Robin et JeanClaude Juzon pour leurs prcieux conseils lors de la ralisationde ce manuscrit ; Sandrine Jury, Nathalie Geoffray et Nurjan Kor-kulu pour leur assistance technique.

    BROCARD D. et LALUQUE J.F. - Bruxisme et prothse conjointe :quelles attitudes avoir ? Cah.Prothse,100 : 93- 106, 1997.

    CHAPOTAT B., LIN J.S., ROBIN O. et JOUVET M. - Bruxisme dusommeil : aspects fondamentaux et cliniques. J. Parodontal Impl.Oral, 18 : 277-289, 1999.

    CHARON J., JOACHIN F. et SANDELE P. - Parodontie cliniquemoderne. Ed. C.D.P., Paris, 1995.

    COLON P. et PRADELLE N. - Les lsions cervicales noncarieuses. lnf dent, mai 1998.

    DAHL B.L. et KROGSTAD O. - Long-term observations of anincreased occlusal face height obtained by a combined ortho-dontic/prosthetic approach. J. Oral Rhabilit, 12 : 173-176,1985.

    DAHL B.L. - The face height in adult, dentale humans. A discus-sion of physiological and prosthodontic principles illustratedthrough a case report. J.Oral. Rehabil. 20 : 565-9, 1995.

    DAWSON P.K. - Evaluation, diagnosis and treatment of occlusalproblems. Ed 2. St.Louis , Mosby, 56-71, 1989.

    DE BOEVER J.A., ADRIANS P.A. et SEYNHAVE T.M. - Raising thevertical Dimension of occlusion with fixed bridges (abstract).

    J. Dent ; 68 : 902, 1989.JOHANSSON A. - A cross cultural study of occlusal tooth wear.

    Swed Dent J. (Suppl. 86), 1992.

    KAIL K. - Behandlungserfholg bei Kierfergeleksbeschwerden inAbhngigkeit von organischen und psychischen Faktoren.Diss, aus d. Hpt.fach Psychologie, eingereicht and, grund-u.integralwiss. Univ. Wien.1985.

    LAVIGNE G.J. et MONTPLAISIR J.Y. - Rhytmnic leg and jawmovements during sleep : epidemiologic and polysomnogra-phic observations. Am. Physiol. Soc., 36 : 8-3, 1993.

    LAVIGNE G.J., GOULET J.P. et MORISSON F. - Le bruxisme : unvieux problme vu sous une nouvelle perspective. RalitsCliniques2 : 199-207,1994.

    LAVIGNE G.J., ROMPRE P.M. et MONTPLAISIR J.Y. - Sleep

    bruxism : Validity of clinical research diagnostic criteria ina controlled polysomnographic study. J. Dent Res. 75 :546-552, 1996.

    LOBBEZOO F. et LAVIGNE G. - Do bruxism and temporomandi-bular disorders have a cause and effect relationship ? J. Oro-facial Pain11 :15-23, 1997.

    LYTLE J.D. - Lindice clinique de pathologie occlusale : dfini-tion, dtection et traitement. Revue internationale de Paro-dontie - dentisterie restauratrice.10 : 103-122. 1990.

    OWENS B.M. et GALLIEN G.S. - Non carious dental abfractionlesions in aging population. Compend. Contin. Educ. Dent. 16 :552-562, 1995.

    PALLA S. - Quelle dimension verticale en prothse ? Principesthoriques et considrations cliniques. XIImes journes duC.N.O, 3.12, 1995.

    POLSON A.M., MEITNER S.W. et ZANDER H.A. - Trauma andprogression of marginal periodontis in squirrel monkeys.111.Adaptation of interproximal bone to repetitive injury. J. Perio-dont Res. 11 : 279-89, 1976.

    PLANAS P. - La rhabilitation neuro-occlusale. Paris, Mas-son,1992.

    RAMFJORD S.P. - Bruxism : a clinical and electromyographicstudy. J.A.D.A., 62 : 21,1961.

    RANGERT B., KROGH P.H., LANGER B. et Van ROEKEL N. - Ben-ding overload and implant fractures : a retrospective clinicalanalysis. Int. J. Oral. Maxillofac., lmplants(US) 3, 326-334,1995.

    RIVERA MORALES W.C. et MOHL N.D. - Relationship of occlusalvertical dimension to the health of the masticatory system. JProsthet Dent65 : 547-53, 1991

    ROGERS B.A. et WHEAR N.M. - Medical management of masse-

    teric hypertrophy.J. Oral Maxillofacial. Surg. 53 : 492,1995.ROZENCWEIG D. - Algies et dysfontionnement de lappareil

    manducateur. C.D.P. Paris 1995.

    RUGH J.D., BARGHI N. et DRAGO C. J. - Experimental occlusaldiscrepancies and nocturnal bruxism. J. Prosthet Dent., 51 :548-553,1984.

    SHAFER W.G., HINE K. et LEVY B.M. - A Textbook of oral patho-logy. (3me ed) Philadelphia, Saunders Co 491p, 1974.

    SOCRANSKY S.S. - The bacterial etiology of destructive perio-dontal disease : current concepts. J Periodontol 63 : 322 -31,1992.

    SOLBERG W.K., CLARK G.T. et RUGH J.D. - Nocturnal electro-myographic Evaluation of bruxism patients undergoing shortterm splint therapy. J. Oral Rehabil., 2 : 215-223, 1975.

    SLAVICEK R. - Reflexion sur les soi-disant parafonctions. RevOrthop Dent Faciale30 : 75-88,1996.

    STEWARD B. - Systmatisaton et prvisibilit thrapeutiquepour une denture abrase. Parod. Dent. Rest. 18 : 47-57, 1998.

    TAVERNIER B. et FROMENTIN O. - Maintien de locclusion : lesmatriaux. Cah. Prothse100 : 15- 22, 1997.

    UNGER F. et BROCCARD D. - Rle des gouttires occlusalesdans le traitement des dsordres temporo-mandibuiaires.Ralits cliniques7 : 219-228, 1996.

    WODA A. GOURDON A.M. et FARAJ M. - Occlusal contacts andtooth wear. J. Prosthetic Dent., 57 : 85.93, 1987.

    Bibliographie

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    12/15

    Spcificit et richesse du C.N.O.

    E

    lles sont lies sa diversit : sections locales etstructure nationale et lorigine de ses membres :

    praticiens, prothsistes, orthodontistes, chirur-giens-maxillo-faciaux, physiologistes ... libraux, cher-cheurs ou universitaires.

    Les 16 structures locales rparties aux quatre coinsde la France, organisent des sances thmes :sances magistrales avec confrenciers ou discussionsautour de cas cliniques, des formations pratiques ...dans chaque rgion, le CNO est un lieu important dediffusion et dchange de connaissances.

    Autre part importante de la vie du Collge : les Jour-nes annuelles avec un thme central et des commu-nications libres et affiches.

    17 et 18 mars 2000 : Nice Occlusion et posture

    2001 : Reims Occlusion, croissance et snescence

    Une large part est donne la confrontation desconnaissances fondamentales et cliniques, auxchanges dides, aux interrogrations : les experts ouargumentateurs animent les dbats ! Au cours de ses

    Journes, le Collge remet une bourse de soutien surun projet de recherche prsent par un ou plusieursmembres du CNO.

    Le CNO a toujours port ses efforts sur ldition qui est

    un important vhicule dinformations. Ainsi sont distri-bus aux membres du Collge un rapport pr-congrs,les comptes rendus des journes, une revue de biblio-graphie sur locclusion, un annuaire, le IAM (Info

    Appareil Manducateur).

    Cette anne, le mode de diffusion du compte rendudes Journes de Tours Occlusion et manducation setrouve sur CD Rom : le son (toutes les confrences),limage (toutes les diapositives) les textes, une biblio-graphie sur le thme et mme les dbats.

    Le CNO se veut ainsi un carrefour dides, un lieu dedbat, un vecteur de diffusions des connaissances

    autour de lOcclusodontologie, qui, prise au senslarge, son vrai sens, vous concerne tous.

    Armelle Manire-Ezvan, Prsident du CNO

    2852Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

    Compte rendu

    Orthodontie et

    dysfonctionnementsmusculo-articulairesCe sujet reprsentant un motif de consulta-tion frquent a suscit lorganisation dunesoire par le C.N.O. Paris Ile de France.Les trois intervenants ont apport quelqueslments de rflexion sur les possibilits demieux prserver et restaurer lquilibre

    anatomique et fonctionnel de lappareilmanducateur par une ventuelle prise encharge des dysfonctionnements musculo-articulaires au cours des traitementsdorthopdie dento-faciale.

    Dpistage desdysfonctionnementsmusculo-articulaires

    Philippe Amat (Paris V)Un des objectifs des traitements dorthopdie dento-

    faciale est lamlioration des relations occlusales sur

    les plans esthtique et fonctionnel, en prenant en

    compte les rfrentiels tant articulaires que muscu-

    laires. De nombreuses tudes pidmiologiques met-

    tant en vidence une importante prvalence des

    signes et des symptmes de dysfonctionnements

    musculo-articulaires (D.M.A.) au sein de la popula-

    tion gnrale, ces traitements sadressent, de fait,

    une patientle risque. Bien que lvaluation et la

    prise en charge de ces D.M.A. soient dlicates (tiolo-

    gie multifactorielle et nombreuses approches thra-

    peutiques, possibilit de rversibilit adaptative, forte

    intrication des domaines physiologique et psycholo-

    gique, absence ou caractre artificiel dune limite

    nette entre sant et maladie), leur dpistage syst-

    matique par un entretien et un examen cliniques est

    donc indispensable.

    Lentretien clinique permet de rechercher des

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    13/15

    informations prcises sur le motif de la

    consultation et les attentes du patient,

    sur la prsence ventuelle dune dou-

    leur, de symptmes de dysfonctionne-

    ment (gnathosonies ou dyskinsies),

    dhabitudes nocives, de parafonc-

    tions, dautres problmes musculo-arti-

    culaires, dantcdents de trauma-

    tismes, sur ltat gnral, les traite-

    ments mdicaux ou paramdicaux en

    cours, les rsultats dexamens ou de

    traitements prcdents, et les facteurs

    psychosociaux.

    Lexamen clinique comprend :

    - lexamen de la symtrie faciale

    - lexamen des mouvements mandibu-

    laires qui a pour but dapprcier les

    possibilits fonctionnelles de lappareil

    manducateur : plac derrire le pa-

    tient allong, le praticien place ses

    majeurs sur les ples latraux des

    condyles lors des diffrents mouve-ments de la mandibule, en mesure lam-

    plitude et note la prsence ventuelle

    de douleurs ou de signes de dysfonc-

    tionnements (gnathosonies ou dyski-

    nsies).

    On recherche ensuite la prsence

    ventuelle de douleurs : lors de la pal-

    pation des A.T.M. (au niveau des

    ples latraux (fig. 1), des interlignes

    articulaires et des zones rtro-condy-

    liennes), lors de la palpation musculai-

    re des massters (fig. 2), des tempo-

    raux (fig. 3), des sterno-cldo-masto-

    diens et lors de la manipulation fonc-

    tionnelle des ptrygodiens latraux

    et mdians.

    Par lexamen occluso-fonctionnel, on

    recherche les cofacteurs occlusaux des

    D.M.A. (intercuspidation mal dtermi-

    ne, occlusions croises postrieures,

    dysmorphoses majeures des arcades,

    dentements postrieurs importants,

    inefficacit du guide antrieur, supra-

    clusie majeure sans surplomb).

    La radiographie panoramique, dispo-nible dans le dossier orthodontique

    permet un examen paraclinique de

    dbrouillage la recherche dune

    pathologie dentaire, dune fracture,

    dun trouble de croissance, dune

    arthrose dgnrative etc.

    Cet examen de dpistage permet de

    diffrencier les patients asymptoma-

    tiques des patients prsentant des

    signes ou des symptmes de D.M.A.Parmi ces derniers, la distinction entre

    patients dont les signes ou les symp-

    tmes sont discrets, et patients nette-

    ment dysfonctionnels, ne peut se faire

    quen compltant cet examen de

    dpistage par un entretien et un exa-

    men cliniques approfondis, menant

    un diagnostic. Celui-ci permettra de

    dterminer si le traitement dorthop-

    die dento-faciale doit tre diffr, arr-

    t, poursuivi avec une simple sur-

    ve il lance des signes ou des symp-

    tmes et de leur ventuelle volution,

    ou bien saccompagner dun traite-

    ment psychosocial, musculaire, occlu-

    sal ou articulaire.

    Facteurs de risques :abstention ouinterventionorthodontiqueFrank Pourrat (Bordeaux)

    Malgr lidentification de certains fac-teurs de risques des pathologies dys-

    fonctionnelles, la prise de dcision

    entre abstention ou intervention th-

    rapeutique, particulirement dans les

    traitements irrversibles comme

    lorthodontie, est dlicate.

    Le confrencier dveloppe trois

    2853Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    Fig. 1 - Palpation des ATM

    Fig. 2 - Palpation des masseters

    Fig. 3 - Palpation des temporaux

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    14/15

    2855Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    FORMATION

    C O N T I N U E

    rflexions pour souligner cette ambi-

    gut de la prise de dcision mdicale

    et du choix thrapeutique qui sont

    forgs, comme le dit C.M. Valentin,

    de savoir, dintuition et de raison :

    le principe de prcaution, dnomina-

    tion juridique correspondant au

    primum non nocere irait dans le sens

    de lA.A.P., (Acadmie Amricaine de

    Pdodontie), qui recommande de ne

    pas traiter les patients dysfonctionnels

    par des thrapeutiques irrversibles.

    In fine ce principe de prcaution

    sopposerait au principe de prvention.

    malgr la publication de quelques

    cas mme excellemment traits, le

    peu darticles consacrs la recherche

    clinique odontologique gne llabo-

    ration de protocoles de traitement

    prcis des patients dysfonctionnels. en dpit de l information des

    patients, nos traitements exclusive-

    ment bass sur la mthode essai-

    erreur peuvent, sils sont irrversibles,

    tre lourds de consquences.

    Sappuyant sur un schma de synth-

    se (voir schma ci-dessus) le confren-

    cier expose les diffrents facteurs de

    risques rvls par les tudes pid-

    miolologiques : facteurs traumatiques,

    anatomiques, physiopathologiques et

    psychosociaux, dont la succession

    et/ou le cumul augmentent la patho-

    gnicit et empchent lapplication de

    conduites tenir standardises. Ds

    lors, apparat limportance de lvalua-

    tion fine du motif de la consultation,

    exprim, magnifi, ou cach, pour

    laquelle le confrencier prconise

    lemploi dchelles visuelles analo-

    giques. Les motivations dordre esth-

    tique sont apprhendes travers

    trois questions sur le sourire, lappa-

    rence dentaire et les artifices proth-

    tiques. Deux autres questions sur le

    confort dentaire et la douleur oro-faciale aident cerner les motivations

    dordre fonctionnel. Cette approche a

    le mrite daider une thrapeutique

    raisonne des D.M.A.

    Conduite destraitementsorthodontiquesen prsence dedysfonctionnements

    musculo-articulairesAlain Decker (Paris V)Les patients prsentant des dysfonc-

    tionnements temporo-mandibulaires

    (D.T.M.), bnficient dun meilleur

    pronostic fonctionnel quand ils sont

    pris en charge dans le cadre dun trai-

    tement dorthopdie dento-faciale. En

    effet, bien que souvent exprim en

    termes damlioration fonctionnelle, le

    motif de la consultation de nos

    patients est gnralement dordre

    esthtique et lobjectif thrapeutique

    esthtique permet un gain secondai-re, qui contribue efficacement

    lamlioration dun bien-tre psycho-

    social, lui-mme en relation avec les

    D. T. M.

    Plus rarement, la demande de soins

    peut tre purement fonctionnelle : lors

    dune rhabilitation occlusale pluridis-

    ciplinaire, ou, lors dun traitement sta-

    bilisateur aprs orthopdie cranio-

    mandibulaire.

    Illustrant ses propos de nombreux cas

    cliniques, le confrencier dtaille plu-sieurs protocoles de traitements occlu-

    saux-orthodontiques, et expose sa

    conviction que malgr le rle limit

    des malocclusions dans ltiologie des

    D.T.M. mis en vidence par de nom-

    breuses tudes pidmiologiques, le

    traitement et la prvention de ces

    D.T.M. passent par des traitements

    occlusaux de qualit. Sont ainsi abor-

    ds la prparation occlusale initiale,

    lemploi des gouttires de libration

    occlusale ou de repositionnement,

    lajustement occlusal orthodontique,

    et lquilibration occlusale.Le confrencier expose alors les avan-

    tages et les limites du repositionne-

    ment /suture par arthrotomie du com-

    partiment infrieur. Les meilleurs

    rsultats de cette technique de chirur-

    gie articulaire, ralise de faon aussi

    conservatrice que possible, sont obte-

    nus sur des luxations rcentes.

    Rpondant aux questions poses, il

    rappelle quun bruit articulaire est un

    signe dalarme appelant une investi-

    gation spcifique et quun traitement

    orthodontique doit tre suspendu encas dapparition de douleurs.

    Enfin, linvers darticul unilatral, qui

    entrane une asymtrie fonctionnelle

    et parafonctionnelle, est bien un fac-

    teur de risque. Pullinger et coll. ont

    mis en vidence un niveau significatif

    dassociation de cette modalit occlu-

    sale avec les D.T.M.

    Pour finir, le confrencier dtaille une

    approche prventive des troubles tem-

    poro-mandibulaires au travers du trai-

    tement des dissymtries mandibu-

    laires acquises dorigine fonctionnelle.

    Lexamen clinique, endobuccal et exo-

    buccal, associ un examen radiogra-

    phique permettent den poser le dia-

    gnostic. La mastication unilatrale pr-

    frentielle en est un signe quasi cons-

    tant plutt que la cause. Les signes de

    dissymtrie sobservent aux niveaux

    dentaire, articulaire, squelettique, mus-

    culaire, et cutan. Ils sont acquis et

    lis une asymtrie fonctionnelle et

    parafonctionnelle (Planas, Mongini).

    Le traitement passe par la correctionde la dysharmonie du sens transver-

    sal, une phase orthopdique par

    gouttire de repositionnement mandi-

    bulaire, une phase orthodontique de

    dcompensation dento-alvolaire et

    dajustement occlusal, la contention

    et la maintenance occlusale.

    Evaluation des facteurs de risque

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

  • 7/24/2019 Bruxisme Et Restauration Prothtique _ Inf Dentaire 99

    15/15

    2856Information Dentaire n 38 du 3 novembre 1999

    PRATIQUE CLINIQUE

    LESPAGES DU

    Nouveau bureau

    A lissue du dernier congrs, un nou-veau bureau a t lu pour 2 ans :

    Prsidente : Armelle Maniere

    Vice-prsident : Jean Schittly

    Secrtaires : Michel Dabadie et

    Charles Pianello

    Trsorier : Bruno Garnier

    Occlusion et posture

    Ce sera le thme des 17mes Journes

    Internationales du C.N.O. qui auront

    lieu Nice les 24 et 25 Mars 2000.

    Sance Posters ouverte tous lesmembres du Collge. Attribution de Prix

    Thmes en relation avec locclusodon-

    tologie dans les domaines de la cli-

    nique, la recherche, la pdagogie.

    Demander les formulaires de rsums :

    Jean Schittly 40, rue de Buirette 51000

    Reims. Date et limite de rception des

    rsums : 31 dcembre 1999. Le

    bureau du CNO se rserve le choix des

    communications affiches.

    Du nouveau au CNO

    Les 16mes Journes du C.N.O. se

    sont tenues Tours en mars dernier

    sur le thme occlusion et manduca-

    tion.

    Le C.N.O., depuis toujours, est une des

    rares socits scientifiques avoir diffu-

    s aprs de ses membres des comptes

    rendus exhaustifs de son congrs

    annuel.

    Pour obtenir le CD-Rom dit cette

    occasion, adressez-vous au trsorier

    du CNO Bruno GarnierTl. 01 45 99 15 52 Fax 01 64 97 26 19

    ou Calliscope au : 04 67 02 10 00

    Fax 04 67 02 87 24

    e-mail : [email protected]

    Les brves .....

    Prochaines manifestations

    des structures locales du C.N.O.

    C.N.O. AIX-MARSEILLE-PROVENCE

    6 novembre : Prothse totale : stage de formation clinique et de laboratoire

    avec P. Mariani (Marseille)

    9 dcembre : Prsentation des mmoires du D.U.O.

    Renseignements : B. Mantout Tl. 04 91 22 72 34 - Fax. 04 91 22 72 34

    C.N.O. ALSACE

    4 dcembre : Forum des ides par les membres du C.N.O.

    Renseignements : R. Joerger Tl. 03 88 32 14 62 - Fax 03 88 22 57 29

    C.N.O. AQUITAINE6 novembre : Traitements non invasifs des D.C.M avec Ch. Pianello

    (Clermond-Ferrand) et prsentation du Centre anti-douleur par P. Henry

    (Bordeaux)

    Renseignements : D. Morisset Tl. 05 53 59 28 07 - Fax 05 53 29 64 29

    CNO AUVERGNE

    10,11,12 dcembre : Dissection et imagerie de lATM avec V. Rabischong

    (Montpellier), O. Galet De Santerre (Montpellier) et J.M. Garcier (Clermont-

    Ferrand)

    Renseignements : C. Pianello Tl. et fax 03 73 93 51 17

    CNO BRETAGNE OCCIDENTALE

    9 dcembre : Interprtation clinique et radiologique des dysfonctions cranio-

    mandibulaires avec Ph. Meriot et la participation de R. Penduff, J.F. Lauret et

    A. Begasse (Brest)

    13 janvier : Parodontie et occlusion avec D. Brocard (Ondres)

    Renseignements : R. Penduff Tl. 02 98 44 79 62 - Fax 02 98 80 57 09)

    C.N.O. CENTRE

    9 dcembre : Examen clinique et diagnostic des D.T.M. avec B. Fleiter (Paris)

    Renseignements : A. Hoornaert Tl. 02 47 45 14 12 - Fax 02 47 50 72 24

    C.N.O. HAUTE ET BASSE BRETAGNE

    janvier : lexamen clinique : les points clefs ; les examens complmentaires :

    quand ? pourquoi ? avec P. Auroy (Rennes)

    Renseignements : Y. Merlet Tl. 02 99 59 25 22

    C.N.O. REIMS CHAMPAGNE ARDENNE

    16 dcembre : Traitement des dentements sectoriels, approche rationnelle

    des cas difficiles. Sance interactive par groupes avec J. Schittly

    Renseignements : J. Schittly Tl. 03 26 47 23 64 - Fax : 03 26 40 49 69