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C) Des inégalités qui se cumulent et font système Doc. 1 : Un système des inégalités Doc. 2 : Le poids de la naissance Doc. 3 : Lieux de résidence et inégalités Le lieu de résidence est aujourd'hui plus que jamais un marqueur social. Peut-être même le principal marqueur pour beaucoup de familles. (…) C'est peut-être la raison pour laquelle, contrairement à une idée reçue, les personnes les plus démunies de ressources matérielles sont finalement moins concentrées sur le territoire que les personnes les plus favorisées. Tandis que celles-ci mobilisent leurs ressources pour s'isoler, celles-là subissent des dynamiques de relégation. Les ghettos les plus fermés sont des ghettos de riches. La richesse - et notamment celle, immatérielle, que confèrent les diplômes des grandes écoles - est moins visible à l'œil nu que la pauvreté - et notamment celle qu'impose dans notre société le fait de ne pas être blanc ou de ne pas avoir la nationalité française. C'est sans doute ce qui explique la relative transparence sociale des enclaves chics. (… )

C) Des inégalités qui se cumulent et font système...C'est peut-être la raison pour laquelle, contrairement à une idée reçue, les personnes les plus démunies de ressources matérielles

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Page 1: C) Des inégalités qui se cumulent et font système...C'est peut-être la raison pour laquelle, contrairement à une idée reçue, les personnes les plus démunies de ressources matérielles

C) Des inégalités qui se cumulent et font système Doc. 1 : Un système des inégalités

Doc. 2 : Le poids de la naissance

Doc. 3 : Lieux de résidence et inégalités Le lieu de résidence est aujourd'hui plus que jamais un marqueur social. Peut-être même le principal marqueur

pour beaucoup de familles. (…) C'est peut-être la raison pour laquelle, contrairement à une idée reçue, les personnes les plus démunies de

ressources matérielles sont finalement moins concentrées sur le territoire que les personnes les plus favorisées. Tandis que celles-ci mobilisent leurs ressources pour s'isoler, celles-là subissent des dynamiques de relégation. Les ghettos les plus fermés sont des ghettos de riches. La richesse - et notamment celle, immatérielle, que confèrent les diplômes des grandes écoles - est moins visible à l'œil nu que la pauvreté - et notamment celle qu'impose dans notre société le fait de ne pas être blanc ou de ne pas avoir la nationalité française. C'est sans doute ce qui explique la relative transparence sociale des enclaves chics. (… )

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La lenteur des évolutions du paysage urbain s'explique paradoxalement par l'implacable propension avec laquelle chacun, à chacune de ses mobilités, fuit ceux qui se situent immédiatement au-dessous de lui dans l'échelle supposée des réalisations, et cherchent la proximité rassurante de ceux immédiatement au-dessus. (…)

La qualité de l'environnement social ne se résume pas au calme, à la sécurité ni à la proximité des équipements. L’enjeu du lieu de résidence va aujourd'hui bien au-delà de ces considérations. (…)

Le fait que pauvres et riches n'habitent pas du tout les mêmes quartiers représente une source d'inégalités considérables entre les enfants des différents milieux sociaux. Certains grandissent et interagissent au sein de voisinages où le chômage, la pauvreté et les difficultés d'intégration culturelle sont la norme, d'autres au sein de voisinages où ces problèmes sont inexistants. Autrement dit, le drame de la ségrégation territoriale, c’est qu’en conditionnant l’environnement social de chacun, elle pèse aussi de tout son poids sur le destin de chacun. (…)

La conséquence majeure de ces phénomènes est que les enfants de familles pauvres ou exposées aux problèmes d'intégration sont condamnés à interagir avec un voisinage où l'échec scolaire est la règ le, tandis que les enfants de familles aisées grandissent dans des voisinages où l'échec scolaire n'existe presque pas. L'échec est en effet par construction beaucoup plus répandu dans les voisinages défavorisés. Les adolescents dont l'un des parents au moins est diplômé du supérieur vivent en moyenne dans des voisinages où le taux de retard à 15 ans est d'environ 13 %. À l'opposé les adolescents dont l'un des proches est sans diplôme vivent dans des voisinages où le taux de retard à 15 ans est plus de quatre fois plus élevé (56 %). (…)

À l'entrée dans l'âge adulte, les enfants des diplômés du supérieur résident dans des quartiers où l'immense majorité des jeunes de leur âge poursuivent des études supérieures, tandis que les enfants des personnes sans diplôme vivent dans des contextes où la plupart des jeunes de leur âge sont déjà sur le marché du travail.

On conçoit l'importance tout à fait décisive de l'environnement social, notamment au collège, au cours de l'adolescence, lorsque chacun essaie de trouver ses repères en dehors de la sphère familiale, auprès de ses pairs. (…) Le voisinage immédiat, l'immeuble où l'on habite, représentent des éléments de socialisation tout à fait centraux, notamment pour les jeunes des classes populaires et, plus généralement, pour tous ceux qui n'ont guère les moyens de se donner d'autres terrains de socialisation. L'influence du lieu de résidence ne se limite pas aux interactions extra-scolaires ayant lieu dans ces abords immédiats. Les enfants sont dans leur majorité scolarisés dans un établissement de leur quartier et la composition sociale de leur école et de leur classe est quasi mécaniquement à l'image de celle de leur quartier. Il en résulte des inégalités devant la composition sociale des écoles fréquentées tout aussi considérables que devant la composition sociale du voisinage de résidence.

Eric Maurin, Le Ghetto français, enquête sur le séparatisme social, Seuil, 2004.

1) Expliquez les deux causes du développement de la ségrégation spatiale. 2) Citez trois éléments permettant de stimuler l’attrait d’un quartier. 3) Expliquez le lien existant entre ségrégation spatiale et reproduction sociale. Montrez que les inégalités peuvent être considérées comme cumulatives.

Doc. 4 : Les inégalités s’entretiennent

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Question de cours. Les inégalités sont économiques (revenus, patrimoine), sociales (travail, mode de vie), mais aussi culturelles (école, pratiques sociales) et politiques. Ces trois types d’inégalités se cumulent et se renforcent mutuellement, ce qui peut donner le sentiment d’une origine unique (le niveau de revenu expliquerait les écarts d’accès aux autres ressources rares comme la culture, la santé…). Or, le cumul des inégalités n’est pas univoque : l’inégal accès à la culture peut rendre difficile l’accès à l’emploi et donc renforcer des inégalités économiques. Dire que les inégalités sont multiformes souligne à la fois la diversité des situations et la pluralité des causes.

Doc. 5 : Des inégalités économiques et sociales qui se cumulent

A plusieurs reprises, cependant, nous avons eu l'occasion de relever entre ces différents aspects (des inégalités entre catégories sociales) des relations étroites et complexes. Ainsi les inégalités de revenu disponible ne peuvent qu'engendrer des inégalités de patrimoine ; inversement, ces dernières contribuent aux premières par le biais des revenus patrimoniaux. De même, des inégalités de conditions de travail découlent des inégalités face à la maladie et à la mort ; et les inégalités face au logement contribuent aux inégalités face à la santé et face à l'école. Ou encore les inégalités de situation dans la division sociale du travail engendrent dans la descendance des dispositions ou des capacités diverses face à la formation scolaire, qui se traduiront par des résultats scolaires inégaux, débouchant sur des qualifications professionnelles inégales et des insertions inégales dans la division sociale du travail, la boucle étant bouclée. Ces quelques exemples suggèrent que les inégalités forment système. D'une part, elles s'engendrent les unes les autres ; d'autre part, elles contribuent à former un processus cumulatif, au terme duquel les privilèges se regroupent à l'un des pôles de l'échelle sociale tandis qu'à l'autre pôle se multiplient les handicaps ; enfin, elles tendent à se reproduire dans le cours des générations.

Alain Bihr et Roland Pfefferkorn, Déchiffrer les inégalités, Syros, 1999.

1) Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités sociales peuvent engendrer des inégalités économiques. 2) Montrez à l’aide d’un exemple que les inégalités économiques peuvent engendrer des inégalités sociales. 3) Complétez le schéma avec les expressions suivantes : emploi stable et qualifié, revenus élevés, revenus du patrimoine, épargne, capital culture élevé, niveau de diplôme élevé, santé, logement et lieu de résidence privilégiés.

4) Expliquez la phrase soulignée.

Origine sociale

favorisée

Constitution d’un

patrimoine

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Doc. 6 : l’exemple des inégalités de genre

Question supplémentaire (à traiter après la question 2) : A partir de vos cours de seconde et première sur le genre, expliquez d’où proviennent les inégalités de répartition des tâches domestiques.

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L’objectif de ce TD est d’offrir un exemple de « cumul » des inégalités. Les enfants d’immigrés souffrent ainsi de nombreux handicaps qui vont de leur lieu de résidence (surreprésentation dans les banlieues) à un taux de chômage bien plus élevé que la moyenne. En conséquence de quoi leur niveau de vie est plus faible que celui de l’ensemble des Français.

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Doc. 7: Les inégalités territoriales : des inégalités cumulatives ?

Doc. 8 : Le système des inégalités

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Doc. 9 : Des inégalités liées au poids de l’héritage

Doc. 10 : Le système des inégalités : reproduction et effets cumulatifs

1) Qu’est-ce que le capital culturel et le capital social selon Bourdieu ? Recherchez la définition du mot « homogamie ». 2) Donnez des exemples permettant d’illustrer les liens représentés par a) les flèches rouges, b) les flèches bleues, c) les flèches vertes. 3) Montrez, à l’aide d’un exemple, que la relation (1) est à double sens. 4) Pour un élève issu d’une famille dotée d’un capital culturel et économique élevé, montrez comment s’effectue la reproduction de sa position sociale.

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Doc.11 : Les inégalités, résultats de rapports sociaux

1) Sur quelle inégalité fondamentale les rapports sociaux de production capitaliste reposent-ils selon Marx ? 2) Comment les auteurs du texte expliquent-ils la réduction, puis l’augmentation des inégalités sociales depuis 1945 ?

Maîtriser les notions

Nos sociétés modernes sont caractérisées, selon Alexis de Tocqueville, par « le triomphe obstiné de l’égalité ». Au-delà des inégalités réelles, un principe s’étend : celui de « l’égalité des conditions ». Cette égalité des conditions signifie surtout une mobilité des conditions, qui peut s’apprécier sous l’angle d’une circulation des richesses, et pas seulement sous l’angle de la distribution des richesses. Cette mobilité est au fondement d’un brouillage des communautés de vie. Aux inégalités juridiques se substituent des inégalités tenant aux succès et aux activités des individus. Cela ne signifie pas qu’elles sont moins grandes mais qu’elles sont liées à des positions ouvertes. Les approches sociologiques, se réclamant de l’analyse de Tocqueville, mettent en exergue la moyennisation de nos sociétés dans lesquelles seule subsiste la tyrannie des petites différences : marques de vêtements, cylindrées de

voitures, etc.

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Aux approches centrées sur le recul des inégalités, s’opposent celles qui insistent sur la permanence, l’accentuation des inégalités ou sur l’apparition de nouvelles inégalités. Elles peuvent être liées aux structures de production de nos économies : des structures capitalistes, au poids de l’héritage, aux stratégies de certains acteurs sociaux inscrits dans certains secteurs (exemple : la finance). Aux inégalités structurelles liées à la hiérarchie des professions et catégories socioprofessionnelles, sont venues s’ajouter de nouvelles inégalités : des inégalités dynamiques liées au développement du chômage et des nouvelles formes d’emploi qui tendent a créer des clivages inter-catégoriels. Concourant à accentuer les inégalités, le poids de l’apparence tend également à se renforcer dans des sociétés caractérisées par l’importance numérique des emplois fondés sur le relationnel et sur de nouvelles mobilisations des salaries valorisant le savoir-être. Elle contribue à redistribuer les cartes du jeu social.

Inégalités : Quelques indicateurs