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3S32 COMMUNICATIONS LIBRES Journal des Maladies Vasculaires C21 INTÉRÊT DE LA RECHERCHE D’ANTICORPS ANTI- PHOSPHOLIPIDES À DISTANCE D’UN ÉPISODE THROMBOTIQUE VEINEUX : SUIVI D’UNE COHORTE DE 51 PATIENTS. D. BARCAT (1), V. GUERIN (2), J. CONSTANS (1), C. CONRI (1) (1) Médecine Interne et Médecine Vasculaire, Hôpital St André, 1 rue Jean Burguet, 33075 Bordeaux. (2) Hématologie, Hôpital Pellegrin, 3 place Amélie Raba-Léon, 33076 Bordeaux. Le diagnostic de syndrome des antiphospholipides (SAPL) défini nécessite la présence d’APL sur 2 prélèvements du fait de l’exis- tence d’APL transitoires au cours de la thrombose. Pour évaluer le délai optimal entre ces prélèvements, la recherche d’APL a été effectuée à différents temps dans une cohorte de 51 patients con- sécutifs hospitalisés pour un événement thrombo-embolique vei- neux. Matériel et méthode. 28 femmes et 23 hommes d’un âge moyen de 66,7 +/- 16,6 ans ont été inclus. Le diagnostic était une TVP (n = 19) ou une embolie pulmonaire (n = 32) avec (n = 26) ou sans (n = 6) TVP. La recherche d’antiphospholipides (APL), d’anti 2GPI et d’antiprothrombine a été faite à l’inclusion (M0) puis à 3 (M3), 6 (M6) et 12 mois (M12). Pour l’anticoagulant cir- culant type lupique (LA), la recherche à M0 n’a été faite que chez 20 patients sur 51 du fait du traitement par héparine. Résultats. 2 patients sur 20 ont un LA à M0, persistant jusqu’à un an chez l’un, non retrouvé à partir de M3 chez l’autre. 2 pa- tients sous héparine à M0 ont un LA à M3, disparaissant à M6 chez l’un, persistant chez l’autre. En aucun cas le LA n’apparaît à distance (plus de 3 mois) de la thrombose. Un APL à taux faible (> 10UGPL) est présent chez 4 patients à M0, persistant à un an chez 2 patients (patients ayant en plus un LA), disparaissant à M3 chez 1 patient et à M6 chez le dernier (patients sans autre anticorps). Chez 3 patients négatifs à M0, un APL est détecté à taux faible à M3 puis n’est plus retrouvé. Aucun APL n’apparaît à plus de 3 mois de la thrombose. Un anti- 2GPI est trouvé 3 fois à M0, non retrouvé à M3 dans 1 cas et persistant à un an dans 2 cas, soit de façon isolée, soit as- socié à un LA. Chez 1 patient avec un LA persistant, un anti- 2GPI n’est détecté que tardivement à M12. Un APT est présent chez 5 patients à M0, non retrouvé à partir de M3 dans 2 cas, persistant dans 2 cas. Une fois, la recherche est négative à M3 et M6 et à nouveau positive à M12. Aucun APT n’apparaît après 3 mois. Finalement, sur 6 patients ayant un LA et/ou un APL à M0 et/ou M3, seuls 2 ont finalement un SAPL défini selon les critères de Sapporo. Commentaire. Les anticorps anti-phospholipides et anti-cofac- teurs détectés proche d’un événement thrombotique veineux sont le plus souvent transitoires. La négativation de leur recherche survient parfois tardivement après l’événement thrombotique. Il faut donc répéter les dosages pour ne pas porter par excès le dia- gnostic de SAPL. Une recherche 3 et 6 mois après la thrombose paraît pertinente. C22 DEVENIR DE 105 PATIENTS PORTEURS ASYMPTO- MATIQUES D’ANTICORPS ANTIPHOSPHOLIPIDES : UN SUIVI DE 5 ANS. M. LAMBERT (1), M. SAMOR (1), T. HERRENG (1), S. DUBUCQUOI (2), E. HACHULLA (1), L. PRIN (2), P.Y. HATRON (1) (1) Service de Médecine Interne, Hôpital Huriez. (2) Laboratoire d’Immunologie, Pôle Eurasanté, CHRU, 59035 Lille Cedex. La présence d’anticorps antiphospholipides (APL) asymptomati- ques est estimée à environ 3 % de la population générale. La pré- sence de ces anticorps, pourtant associés à un risque thrombotique significatif, n’a pas justifié de recommandations de prévention primaire de la thrombose. Il semble légitime de pro- poser une anti-agrégation plaquettaire à ces patients qui n’est pourtant pas validée. Nous avons donc analysé le devenir de tous nos patients porteurs asymptomatiques d’APL, retrouvés à au moins 2 reprises, à taux significatif, avec une période de recrute- ment de 5 ans et un suivi d’au moins 4 ans. La population est composée de 105 patients (92 femmes pour 13 hommes), d’âge moyen 41,7 +/- 16,7 ans, comprenant 57 maladies systémiques, 19 allongements du TCA isolés, 16 thrombopénies auto-immunes (TAI)… Le suivi moyen est de 5,33 +/- 2,06 années. Les APL persistent au cours du suivi chez 86 % des patients. Dix-neuf patients (18 %) se sont com- pliqués au cours du suivi (32 +/- 17 mois) et ont présenté 24 événements : 9 thromboses veineuses, 11 thromboses arté- rielles, 4 événements obstétricaux. Aucun n’a révélé de patho- logie néoplasique au cours du suivi. Le groupe des patients symptomatiques ne diffère statistique- ment en rien du groupe « asymptomatique ». Par contre 35 % des patients sans anti-agrégant plaquettaire vont thromboser contre 12 % des patients ayant un anti-agrégant plaquettaire (p = 0,022). Il convient de noter que 7 lupus érythémateux aigus disséminés (LEAD) et 5 TAI sur les 19 patients compliqués vont thromboser. Seuls 2/19 patients ayant un allongement du TCA vont thromboser. Notre étude apporte plusieurs informations pratiques sur une po- pulation de patients consécutifs avec un suivi prolongé : d’une part le délai de survenue de la thrombose (32 mois en moyenne), d’autre part la fréquence des événements (18 %) qui n’est pas bien définie dans la littérature, enfin le profil clinique des pa- tients qui vont thromboser (formé essentiellement de LEAD et TAI). Une prévention semble donc légitime dans ces 2 dernières populations mais est plus discutable pour les autres patients com- me le suggère la littérature. Mots-clés : Anticorps antiphospholipides. Syndrome des anti- corps antiphospholipides. Maladie thrombo-embolique veineuse. Mots-clés : Anticorps antiphospholipides. Syndrome des anti- corps antiphospholipides.

C22 - Devenir de 105 patients porteurs asymptomatiques d’anticorps antiphospholipides : un suivi de 5 ans

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Page 1: C22 - Devenir de 105 patients porteurs asymptomatiques d’anticorps antiphospholipides : un suivi de 5 ans

3S32 COMMUNICATIONS LIBRES Journal des Maladies Vasculaires

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INTÉRÊT DE LA RECHERCHE D’ANTICORPS ANTI-PHOSPHOLIPIDES À DISTANCE D’UN ÉPISODETHROMBOTIQUE VEINEUX : SUIVI D’UNE COHORTEDE 51 PATIENTS.

D. BARCAT (1), V. GUERIN (2), J. CONSTANS (1), C. CONRI (1)

(1) Médecine Interne et Médecine Vasculaire, Hôpital St André, 1rue Jean Burguet, 33075 Bordeaux.(2) Hématologie, Hôpital Pellegrin, 3 place Amélie Raba-Léon,33076 Bordeaux.

Le diagnostic de syndrome des antiphospholipides (SAPL) défininécessite la présence d’APL sur 2 prélèvements du fait de l’exis-tence d’APL transitoires au cours de la thrombose. Pour évaluerle délai optimal entre ces prélèvements, la recherche d’APL a étéeffectuée à différents temps dans une cohorte de 51 patients con-sécutifs hospitalisés pour un événement thrombo-embolique vei-neux.

Matériel et méthode. 28 femmes et 23 hommes d’un âge moyende 66,7 +/- 16,6 ans ont été inclus. Le diagnostic était une TVP(n = 19) ou une embolie pulmonaire (n = 32) avec (n = 26) ousans (n = 6) TVP. La recherche d’antiphospholipides (APL),d’anti 2GPI et d’antiprothrombine a été faite à l’inclusion (M0)puis à 3 (M3), 6 (M6) et 12 mois (M12). Pour l’anticoagulant cir-culant type lupique (LA), la recherche à M0 n’a été faite que chez20 patients sur 51 du fait du traitement par héparine.

Résultats. 2 patients sur 20 ont un LA à M0, persistant jusqu’àun an chez l’un, non retrouvé à partir de M3 chez l’autre. 2 pa-tients sous héparine à M0 ont un LA à M3, disparaissant à M6chez l’un, persistant chez l’autre. En aucun cas le LA n’apparaîtà distance (plus de 3 mois) de la thrombose.

Un APL à taux faible (> 10UGPL) est présent chez 4 patients àM0, persistant à un an chez 2 patients (patients ayant en plus unLA), disparaissant à M3 chez 1 patient et à M6 chez le dernier(patients sans autre anticorps). Chez 3 patients négatifs à M0, unAPL est détecté à taux faible à M3 puis n’est plus retrouvé.Aucun APL n’apparaît à plus de 3 mois de la thrombose.

Un anti- 2GPI est trouvé 3 fois à M0, non retrouvé à M3 dans1 cas et persistant à un an dans 2 cas, soit de façon isolée, soit as-socié à un LA. Chez 1 patient avec un LA persistant, un anti-

2GPI n’est détecté que tardivement à M12.

Un APT est présent chez 5 patients à M0, non retrouvé à partir deM3 dans 2 cas, persistant dans 2 cas. Une fois, la recherche estnégative à M3 et M6 et à nouveau positive à M12. Aucun APTn’apparaît après 3 mois.

Finalement, sur 6 patients ayant un LA et/ou un APL à M0 et/ouM3, seuls 2 ont finalement un SAPL défini selon les critères deSapporo.

Commentaire. Les anticorps anti-phospholipides et anti-cofac-teurs détectés proche d’un événement thrombotique veineux sontle plus souvent transitoires. La négativation de leur recherchesurvient parfois tardivement après l’événement thrombotique. Ilfaut donc répéter les dosages pour ne pas porter par excès le dia-gnostic de SAPL. Une recherche 3 et 6 mois après la thromboseparaît pertinente.

C22

DEVENIR DE 105 PATIENTS PORTEURS ASYMPTO-MATIQUES D’ANTICORPS ANTIPHOSPHOLIPIDES :UN SUIVI DE 5 ANS.

M. LAMBERT (1), M. SAMOR (1), T. HERRENG (1), S. DUBUCQUOI (2), E. HACHULLA (1), L. PRIN (2), P.Y. HATRON (1)

(1) Service de Médecine Interne, Hôpital Huriez.(2) Laboratoire d’Immunologie, Pôle Eurasanté, CHRU, 59035Lille Cedex.

La présence d’anticorps antiphospholipides (APL) asymptomati-ques est estimée à environ 3 % de la population générale. La pré-sence de ces anticorps, pourtant associés à un risquethrombotique significatif, n’a pas justifié de recommandations deprévention primaire de la thrombose. Il semble légitime de pro-poser une anti-agrégation plaquettaire à ces patients qui n’estpourtant pas validée. Nous avons donc analysé le devenir de tousnos patients porteurs asymptomatiques d’APL, retrouvés à aumoins 2 reprises, à taux significatif, avec une période de recrute-ment de 5 ans et un suivi d’au moins 4 ans.

La population est composée de 105 patients (92 femmes pour13 hommes), d’âge moyen 41,7 +/- 16,7 ans, comprenant57 maladies systémiques, 19 allongements du TCA isolés,16 thrombopénies auto-immunes (TAI)… Le suivi moyen estde 5,33 +/- 2,06 années. Les APL persistent au cours du suivichez 86 % des patients. Dix-neuf patients (18 %) se sont com-pliqués au cours du suivi (32 +/- 17 mois) et ont présenté24 événements : 9 thromboses veineuses, 11 thromboses arté-rielles, 4 événements obstétricaux. Aucun n’a révélé de patho-logie néoplasique au cours du suivi.

Le groupe des patients symptomatiques ne diffère statistique-ment en rien du groupe « asymptomatique ». Par contre 35 % despatients sans anti-agrégant plaquettaire vont thromboser contre12 % des patients ayant un anti-agrégant plaquettaire(p = 0,022). Il convient de noter que 7 lupus érythémateux aigusdisséminés (LEAD) et 5 TAI sur les 19 patients compliqués vontthromboser. Seuls 2/19 patients ayant un allongement du TCAvont thromboser.

Notre étude apporte plusieurs informations pratiques sur une po-pulation de patients consécutifs avec un suivi prolongé : d’unepart le délai de survenue de la thrombose (32 mois en moyenne),d’autre part la fréquence des événements (18 %) qui n’est pasbien définie dans la littérature, enfin le profil clinique des pa-tients qui vont thromboser (formé essentiellement de LEAD etTAI). Une prévention semble donc légitime dans ces 2 dernièrespopulations mais est plus discutable pour les autres patients com-me le suggère la littérature.

Mots-clés : Anticorps antiphospholipides. Syndrome des anti-corps antiphospholipides. Maladie thrombo-embolique veineuse.

Mots-clés : Anticorps antiphospholipides. Syndrome des anti-corps antiphospholipides.