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PUBLICITÉ POUR MATRAN FOLK Du 26 août au 7 septembre NE TOURNEZ PAS AUTOUR DU POT ET DÉCOUVREZ LES SURPRISES QUI VOUS ATTENDENT! PUBLICITÉ Fribourg 026 460 86 00 Bulle 026 425 50 50 Payerne 026 662 04 04 ACTION FROID Prix imbattables sur frigos et congélateurs ! PLAGE DE VIE Un bambin schtroumpfement drôle La tension était à son comble! Dans cette salle de ciné, les spectateurs, enfants surtout, retenaient leur souffle. Insoutenables scènes où le méchant Gargamel et son cruel chat s’en prenaient aux innocents Schtroumpfs. L’écran de la salle même en tremblait, indifférent aux inquiétudes des gosses, bleus d’angoisse, qui regardaient le film des «Schtroumpfs 2». Tellement plus réaliste, plus prenant que sa première version. Dans la salle, muette, tout le monde avait cessé de puiser dans les cornets de pop-corn. Tout le monde, sauf un, qui, du haut de ses trois ans, avait des préoccupations bien différentes: «Maman, tu me grattes le c…». Il n’en fallut pas davantage pour détendre l’atmosphère d’une salle subitement décrispée par cette voix suppliante et spontanée, pour qu’un éclat de rire généralisé se propage parmi les pensionnaires de cette salle. Chatouillé dans son amour-propre, le bambin n’a pas ri: «Y se me moquent de moi.» Vexé! Mais assurément piqué au vif… APRO JA 1700 Fribourg 1 COLLECTION PARTICULIÈRE/DR BEAUX-ARTS Ce que disent les couples peints Un ouvrage s’intéresse aux représentations de couples dans la peinture figurative. On y lit l’évolution du rapport entre les sexes. > 29 SYRIE Le conflit se déplace au Liban Le double attentat perpétré hier au Liban semble confir- mer le pire: Assad chercherait à exporter le conflit pour détourner l’attention. > 4 GRANGES-PACCOT La police sera centralisée Le bâtiment qui abritera le cen- tre névralgique de la Police can- tonale fribourgeoise, projeté à Granges-Paccot, est devisé à 42 millions de francs. > 13 RENTRÉE BULLOISE Des bâtiments flambant neufs Quatre nouveaux bâtiments ont été construits à Bulle pour absorber le flux d’élèves ame- nés par la deuxième année enfantine. > 15 Forum lecteurs 6 Cinéma 20 Bourse 26 Radio-Télévision 34 Jeux et mots croisés 35 Avis mortuaires 27 SOMMAIRE Les spéléologues au sommet du Vanil des Artses, à l’issue de l’ascension. DAVID ANDREY KEYSTONE DR Dubai pique un groupe hôtelier à Genève HÔTELLERIE DE LUXE • Les bureaux de Global Hotel Alliance (GHA), le plus grand regroupement d’hôtels indépendant dans le monde, quitte définitivement Genève pour s’instal- ler à Dubai. Un coup dur alors que les touristes du Golfe arrivent ces jours en masse en Suisse. Sans compter que Genève perd égale- ment une dizaine d’emplois très qualifiés dans l’opération. > 7 Le catalogue dédié à Tintin doit être détruit FRIBOURG • La société Moulinsart, détentrice des droits sur l’œuvre d’Hergé, fait interdire le catalogue de l’exposition «Tintin à Fribourg: dits et interdits» visible depuis le 7 juin à la Bibliothèque cantonale et universi- taire. L’un des motifs évoqués est la trop grande ressemblance entre le graphisme du livre et un album original de Tintin. 2000 exemplaires seront détruits. > 11 GUIDE TV CINÉMA Aujourd’hui avec «La Liberté» pour 3 fr.70 TÉLÉVISION «Passe-moi les jumelles» fête ses 20 ans > 35 SAMEDI 24/DI 25 AOÛT 2013 | N o 269 • 142 e année | Samedi Fr. 3.70 | Semaine Fr. 2.70 Abonnements 026 426 44 66 | Rédaction 026 426 44 11 | www.laliberte.ch | Infomanie 026 426 44 44 | Publicité 026 426 42 42 CAHIER MAGAZINE > 29 À 35 VOLLEYBALL Sandra Stocker: l’été de tous les défis > 19 La montagne gravie de l’intérieur EXPLOIT • Des spéléologues ont réalisé hier la première ascension souterraine du Vanil des Artses, en Gruyère. «La Liberté» a pu participer en exclusivité à cette folle aventure qui a duré sept heures. > 2/3

CAHIER MAGAZINE > 29 À 35 La montagne gravie de l’intérieurmdemierre.speleologie.ch/wp-content/uploads/LI-24-08.pdfTintin doit être détruit FRIBOURG • La société Moulinsart,

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    POURMATRANFOLKDu 26 août au 7 septembreDu 26 août au 7 septembre

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    ET DÉCOUV

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    LES SURPR

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    Fribourg026 460 86 00

    Bulle026 425 50 50

    Payerne026 662 04 04

    ACTIONFROID

    Prix imbattablessur frigos et

    congélateurs !

    PLAGE DE VIE

    Un bambin schtroumpfement drôleLa tension était à son comble!Dans cette salle de ciné,les spectateurs, enfants surtout, retenaient leur souffle.Insoutenables scènes où le méchant Gargamel et soncruel chat s’en prenaient aux innocents Schtroumpfs.L’écran de la salle même en tremblait, indifférent auxinquiétudes des gosses, bleus d’angoisse, qui regardaientle film des «Schtroumpfs 2». Tellement plus réaliste, plusprenant que sa première version. Dans la salle, muette,tout le monde avait cessé de puiser dans les cornets de

    pop-corn. Tout le monde, sauf un, qui, du haut de ses troisans, avait des préoccupations bien différentes: «Maman,tu me grattes le c…». Il n’en fallut pas davantage pourdétendre l’atmosphère d’une salle subitement décrispéepar cette voix suppliante et spontanée, pour qu’un éclat derire généralisé se propage parmi les pensionnaires de cettesalle. Chatouillé dans son amour-propre, le bambin n’apas ri: «Y se me moquent de moi.» Vexé! Mais assurémentpiqué au vif… APRO

    JA 1700 Fribourg 1

    COLLECTION PARTICULIÈRE/DR

    BEAUX-ARTS

    Ce que disent lescouples peintsUn ouvrage s’intéresse auxreprésentations de couplesdans la peinture figurative. On y lit l’évolution du rapport entre les sexes.> 29

    SYRIE

    Le conflit sedéplace au LibanLe double attentat perpétréhier au Liban semble confir-mer le pire: Assad chercheraità exporter le conflit pourdétourner l’attention. > 4

    GRANGES-PACCOT

    La police seracentraliséeLe bâtiment qui abritera le cen-tre névralgique de la Police can-tonale fribourgeoise, projeté àGranges-Paccot, est devisé à42 millions de francs. > 13

    RENTRÉE BULLOISE

    Des bâtimentsflambant neufsQuatre nouveaux bâtimentsont été construits à Bulle pourabsorber le flux d’élèves ame-nés par la deuxième annéeenfantine. > 15

    Forum lecteurs 6

    Cinéma 20

    Bourse 26

    Radio-Télévision 34

    Jeux et mots croisés 35

    Avis mortuaires 27

    SOMMAIRE

    Les spéléologues au sommet du Vanil des Artses, à l’issue de l’ascension. DAVID ANDREY

    KEYS

    TONE

    DR

    Dubai pique un groupehôtelier à Genève HÔTELLERIE DE LUXE • Les bureauxde Global Hotel Alliance (GHA), leplus grand regroupement d’hôtelsindépendant dans le monde, quittedéfinitivement Genève pour s’instal-ler à Dubai. Un coup dur alors queles touristes du Golfe arrivent cesjours en masse en Suisse. Sanscompter que Genève perd égale-ment une dizaine d’emplois trèsqualifiés dans l’opération. > 7

    Le catalogue dédié àTintin doit être détruitFRIBOURG • La société Moulinsart,détentrice des droits sur l’œuvred’Hergé, fait interdire le catalogue del’exposition «Tintin à Fribourg: dits etinterdits» visible depuis le 7 juin à laBibliothèque cantonale et universi-taire. L’un des motifs évoqués est latrop grande ressemblance entre legraphisme du livre et un album original de Tintin. 2000 exemplairesseront détruits. > 11

    GUIDE TV CINÉMA

    Aujourd’huiavec «La Liberté»pour 3 fr.70

    TÉLÉVISION

    «Passe-moi lesjumelles» fêteses 20 ans > 35

    SAMEDI 24/DI 25 AOÛT 2013 | No 269 • 142e année | Samedi Fr. 3.70 | Semaine Fr. 2.70Abonnements 026 426 44 66 | Rédaction 026 426 44 11 | www.laliberte.ch | Infomanie 026 426 44 44 | Publicité 026 426 42 42

    CAHIER MAGAZINE > 29 À 35

    VOLLEYBALL

    Sandra Stocker:l’été de tousles défis > 19

    La montagnegravie de l’intérieur

    EXPLOIT • Des spéléologues ont réaliséhier la première ascension souterraine du Vanil des Artses, en Gruyère. «La Liberté» a pu participer en exclusivité à cette folleaventure qui a duré sept heures. > 2/3

  • REPÈRES

    > L’équipe Les principaux explorateurs de la grotte du Dragonsont Florian Ballenegger, Jacques et Michel Demierre, Anne-Cécile Hauser, Jérôme Hottinger, Luca Guglielmetti, Pierre Pel-laud, Pascal Huguenin et Gilles Rosselet.> Le réseau Il affiche un dénivelé de 225 mètres pour une lon-gueur de 733 mètres. Son entrée se situe côté Intyamon et sasortie de l’autre côté de la montagne, côté Léman. La galeriedébouche à environ 25 mètres sous le sommet du Vanil desArtses, qui culmine à 1993 mètres.> Pourquoi le nom de Dragon Les noms donnés à la grotte et àtous les éléments qui la composent (méandres, étroitures,salles…) sont le fruit de l’imagination des spéléologues et engénéral l’illustration d’anecdotes vécues durant l’exploration. Lagrotte s’appelle ainsi Dragon à cause d’un courant d’air. Plusparticulièrement à cause du «rugissement» qu’il générait ens’engouffrant dans une des étroitures avant qu’elle ne soitdébarrassée de son bouchon d’argile.CS

    «Depuis le temps que nousexplorons le secteur du FolliuBorna (voir carte ci-contre), nousavons pris l’habitude de passerpour des gens un peu bizarresparce que nous allons sous terre.Mais là, quand nous avons com-mencé à parler autour de nous denotre exploration souterraine duVanil des Artses, la perception aété totalement différente. Le faitque nous remontons une mon-tagne, cela parle beaucoup plusaux gens. Cela semble releverd’une certaine logique deschoses», constate JacquesDemierre. «Et quand on expliquequ’on va en plus ressortir ausommet, alors là, ça interpelle!»

    Si l’émerveillement est générale-ment de mise, d’aucuns n’ont pasmanqué non plus d’exprimer leurincrédulité. «Nous avons rencontré

    des personnes quinous ont traités d’affabula-teurs. Pour elles, la montagne,c’est quelque chose de compact,ça ne peut pas être plein de vide»,illustre le spéléologue.

    Malgré les innombrables expé-ditions déjà effectuées, lui et sesacolytes avouent volontiers êtreencore fascinés par l’idée mêmede cette ascension souterraine.«C’est assez amusant de se rap-peler que la face nord de l’Eiger,qui était alors considéré commel’un des derniers grands som-mets inviolés des Alpes, a étévaincue en 1938», raconteJacques Demierre. «Et de se direque 75 ans plus tard, la voie inso-lite que nous avons ouverte auVanil des Artses pourrait rajouterquelques lignes à l’histoire de laconquête des Alpes.» CS

    2 LE FAIT DU JOUR

    TROIS QUESTIONS À...

    Des spéléologues ont réalisé la première ascension

    CHRISTOPHE SUGNAUX

    Incroyable! Fabuleux! Exception-nel! Impossible de ne pas puiserau registre des superlatifs pourqualifier l’exploit réalisé hier auVanil des Artses. Après quatre an-nées d’intense exploration, cesommet des Préalpes fribour-geoises a été gravi de… l’intérieur!

    Héros de cette ascension sou-terraine inédite

    qui aura durésept heures:un groupe

    d’une petite dizaine de spéléo-logues passionnés auxquels «LaLiberté» a pu se joindre en exclusi-vité. Reportage parfois serré etrampant dans un monde fascinantet totalement hors du temps.

    La gueule du «monstre»Six heures et demie du matin.

    Le soleil se lève sur la Gruyère. Unpierrier casse-pattes ponctue no-tre marche d’approche et c’est ensuant à grosses gouttes que nousarrivons au pied du Vanil desArtses, côté Intyamon. A unevingtaine de mètres au-dessus denous dans la falaise, une cavitéagit comme un aimant sur notremotivation de fer. C’est l’entrée dela grotte du Dragon, point de dé-part de notre folle ascension sou-terraine, mais aussi première dif-ficulté de la journée. Le temps derevêtir nos équipements et nousvoilà partis vers la gueule du«monstre», à moitié suspendusdans le vide, défiant les lois de lagravité grâce à la voie d’escaladeéquipée par les spéléologues.

    Il est un peu plus de septheures lorsque nous nous

    engouffrons dans lamontagne. La ri-

    vière d’air froid

    qui se déverse sur nous lorsquenous posons notre premier pas auroyaume des chauves-souris con-traste avec la chaleur diffusée parles premiers rayons du soleil. Ilfaut dire que sous terre, les condi-tions climatiques ne varient guère.Eté comme hiver, il y fait entre 5 et7 degrés pour un taux d’humiditétutoyant les 100%. «Un vrai paradispour les asthmatiques et les gensqui souffrent du rhume des foins»,plaisantent les spéléologues.

    La lumière du jour s’est éva-nouie. Celle diffusée par noslampes frontales a pris le relais etéclaire de belles cavités, suffisam-ment grandes pour que nouspuissions entamer notre péripledebout. Difficile de ne pas s’émer-veiller devant ce spectacle acci-denté, fruit d’une lutte millénaireentre l’eau et la roche calcaire. Unmonde dominé par les tonsbeige-ocre, rehaussé ici d’unetraînée blanche de calcite, mar-qué là par un rognon de silex noir.Quelques concrétions aussi. Maispoint de grandes stalactites oustalagmites. Seuls quelques frag-ments tombés au sol. La preuveirrémédiable que la montagnebouge. Heureusement, à unrythme géologique…

    Durant la première demi-heure de notre ascension souter-raine, le réseau est suffisammentvaste et l’émerveillement si grand

    que rien ne vient titiller le senti-ment de claustrophobie que je saisprofondément enfoui dans monsubconscient. Nos premiers obsta-cles: un puits de 10 mètres de hautet un ressaut de 4 mètres. Nous lesfranchissons en puisant dans lestechniques d’alpinisme, suspen-dus à des cordes que nous remon-tons en nous aidant de nos blo-queurs ventraux et de nospoignées d’ascension.

    Le plafond de la montagnenous oblige soudain à courberl’échine et à évoluer à quatre pattesdans de la boue argileuse, puis àramper comme des serpents pourpasser nos premiers étrangle-ments. Des étroitures qui seraientinfranchissables aujourd’hui si lesspéléologues n’avaient pas passédes heures et des heures à creuserles bouchons d’argile qui les obs-truaient il y a quelques mois en-core (lire ci-après).

    Un vulgaire vermisseauDans ces moments de grande

    intimité avec la montagne, alorsque mon casque et ma combinai-son raclent des parois siliceuses etrugueuses, je me surprends àpenser aux tonnes de roches quise trouvent au-dessus de ma têteet qui pourraient m’écrasercomme un vulgaire vermisseau.Ça travaille sous mon casque…Mais pas assez pour m’empêcherd’avancer. L’argument qui balaietous mes doutes (ou presque): lesminuscules conduits qui m’enser-rent ont été patiemment creuséspar l’eau dans la masse. Ce quileur confère – en principe – unesolidité à toute épreuve.

    Mon raisonnement est écornéquelques méandres et étroituresplus loin, lorsque nous nous enga-

    Lamontagne gruérienne a été graviede l’intérieur en sept heures. «LaLiberté» a pu se joindre en exclusivitéaux spéléologues pour vivre cette folleaventure hors du temps. Reportage.

    L’entrée de la grotte. Une galerie.

    Ludovic Savoy

    > Ludovic Savoy est docteur en hydrogéologieet spéléologue. Il est spécialiste des sous-solskarstiques, ces réseaux souterrains résultant del’érosion des roches calcaires, comme celles quicomposent les Préalpes fribourgeoises.

    Que vous inspire cette ascension souterrainedu Vanil des Artses?Je n’ai pas vu la cavité, mais je sais en tant que spé-léologue que de telles explorations constituent desmoments forts. Les découvertes de nouvelles cavi-tés sont courantes en Suisse et il existe beaucoupde traversées à travers le monde, mais ce sont sou-vent des gouffres situés sur des plateaux calcaires,que l’on explore de haut en bas jusqu’à une source,comme cela existe dans le Jura ou le massif de laDent-de-Crolles, en France voisine. Il existe aussid’autres réseaux qui permettent de remonter lamontagne (notamment du côté du Vanil Noir ouprès du Sanetsch dans l’Oberland bernois, ndlr),mais je n’en connais pas qui permettent de ressor-tir aussi près du sommet. C’est ce qui est vraimentparticulier au Vanil des Artses.

    Comment expliquer qu’un réseau débouche ausommet d’une montagne? Pour que l’eau puissecreuser un trou, il lui faut quand même un cer-tain débit. Et donc un bassin versant…Il faut remonter à environ 5 millions d’années,lorsque ces roches calcaires ont été plissées, versla fin de la formation des Alpes. La grotte duVanil des Artses s’est creusée alors quela morphologie du sommet n’étaitabsolument pas comparable à celleque l’on connaît aujourd’hui. Onpeut imaginer qu’on se trouvaitalors sur un plateau où cou-laient des cours d’eau etque l’un d’eux a créé cesgaleries sous l’effet del’érosion. Cela a duré descentaines de milliersd’années, durant les-quelles la mon-tagne a aussipeu à peu pris laforme que nouslui connaissonsaujourd’hui.

    Peut-on estimeravec plus de préci-sion l’âge de lagalerie?Non. On ne peut pasdater une grotte qui pardéfinition résulte de la for-mation d’un vide, mais on peut dater sanstrop de problème les dépôts qu’on yretrouve, dans les sédiments ou les stalac-tites, par exemple. On peut ensuite endéduire que la formation de la grotte est plusancienne. L’analyse de la matière organiquepiégée dans de tels dépôts permet égalementd’apporter des informations sur la paléoclima-tologie, qui est la science qui étudie les climatsqu’il faisait autrefois et leurs évolutions.

    PROPOS RECUEILLIS PAR CS

    Le plafond de lamontagne nousoblige soudainà ramper commedes serpents

    LAVOIE INTÉRIEUREDU

    Cela fait une quinzaine d’années qu’ungroupe d’une dizaine de spéléologues chevron-nés explore la région du Folliu Borna depuis soncamp de base du chalet de Chenau. Réunie sousle nom d’Association des Folliu-Bornés, cetteclique de passionnés n’a qu’une idée en tête: trou-ver l’immense collecteur récupérant toutes leseaux du bassin versant allant de la Cape-au-Moine au Vanil Blanc. Source de leur motivationsans faille: il y a quelques années, un exercice decoloration des eaux a non seulement prouvél’existence de ce collecteur, mais il a aussi démon-tré que toutes les eaux qui s’y engouffrent ressor-tent à la source de la pisciculture de Neirivue.

    Les Folliu-Bornés ne comptent plus les kilo-mètres de galeries déjà explorés et cartographiésdans le secteur. Leurs multiples expéditions lesont déjà conduits à environ –560 mètres sousterre et de telles profondeurs leur permettentd’en déduire qu’ils se rapprochent inexorable-ment du but. Le hic? «On est bloqué par despoches de boue liquide», explique Jacques De-mierre. Et son frère Michel d’ajouter: «C’est dansce contexte qu’on est parti à la recherche d’autresaccès du côté du Vanil des Artses.»

    1.

    3.

    ENTRÉE

    SORTIE

    Le Vanil des Artses, vu depuis le chalet de Chenau, côté Intyamon.

    LA LIBERTÉSAMEDI 24 AOÛT 2013

    UNE SOURCED’INCRÉDULITÉ L’histoire

    2.

    DR

  • LA LIBERTÉSAMEDI 24 AOÛT 2013

    3LE FAIT DU JOUR

    souterraine du sommet fribourgeois

    Passage d’un bouchon d’argile. Progression dans une zone d’éboulis. La sortie de la grotte, au sommet du Vanil des Artses. PHOTOS AFB

    La salle du Dragon. AFB

    VANILDESARTSESgeons sur la rampe duGecko. A sa-voir un secteur d’éboulis coifféd’une immense dalle oppressantesous laquelle nous remontons àmoitié à quatre pattes en nous ai-dant d’une corde. Ce laminoir enpuissance marque notre entréedans la partie la plus instable et laplus pentue du réseau. Prudence.De nombreux blocs arrachés parl’érosion aux flancs de lamontagnedéfient autant les lois de la gravitéque le spéléologue intrépide.

    Le piège des trémiesNotre ascension est alors frei-

    née par plusieurs trémies. Des pas-sages délicats et chaotiques com-parables à des mikados géants, oùtout l’art du spéléologue consiste àdénicher des trous de souris aumi-lieu de rochers immobilisés dansdes équilibres absolument impro-bables. La trémie du «Mammut»,avec son empilement demenhirs àfaire pâlir de jalousie un célèbreGaulois de bande dessinée, estcelle qui m’impressionne le plus.Mais qui nous offre aussi la plusbelle récompense en nous ouvrantla porte de la salle du Dragon, unemajestueuse «cathédrale» de20mètres de haut. L’endroit parfaitpour effectuer une petite pausebien méritée et se cuisiner une pe-tite soupe sur un réchaud, les yeuxbéats d’admiration devant la plusgrande salle du réseau.

    Un coup d’œil à ma montrem’indique que toute tentative degarder la notion du temps est ab-solument superflue sous terre. J’aile sentiment d’avoir passé à peineune heure dans les entrailles duVanil des Artses, alors que nous yévoluons depuis bientôt... troisheures! Nous sommes grossomodo à la moitié de notre périple,

    qui compte environ 250mètres dedénivelé pour quelque 750mètresde galeries.

    La vapeur qui s’échappe de noscorps au repos renforce l’ambiancequasi lunaire qui habite la salle duDragon. Elle nous rappelle aussiqu’il ne faut pas y traîner trop long-temps, au risque de «choper» lacrève. Hop! Suspendus à descordes, nous faisons à nouveaujouer tous nos muscles et enta-mons une escalade vertigineusepour quitter la salle par son som-met. Une dizaine de puis nous at-tendent encore et près de quatreheures d’efforts supplémentairessont nécessaires pour gagner lasalle terminale. Plus que quelquesmètres de roche nous séparent en-core de l’extérieur.

    Nous nous engageons dans undernier méandre aux dimensionsmodestes. Le courant d’air qui s’yengouffre joue le rôle de fild’Ariane et nous indique la voievers la sortie. Les relevés topogra-phiques sont formels: nous allonssortir de la montagne du côté Lé-man cette fois, à environ 25 mè-tres sous le sommet. Ce qui signi-fie que nous n’avons passeulement traversé le Vanil desArtses de haut en bas, mais quenous avons également franchi laligne de partage des eaux entreRhône et Rhin durant notreascension.

    Reste un problème à régler: unrocher nous bloque encore l’accèsvers l’extérieur. Jacques et Jérôme

    passent à l’action avec un perfora-teur à accu. Ils percent un troudans le bloc et y glissent une

    charge qu’ils relient à undétonateur. Nous nousmettons tous à couvertet… BAOUUUMMMM!Le caillou récalcitrantvole en éclats. Quelquesefforts de désobstruc-

    tion, une belle étroiture et nouspouvons laisser exploser notrejoie. Nous sommes à l’air libre! Lepanorama, avec le lac Léman enarrière-plan, est grandiose. I

    > Les spéléologues déconseillent vive-ment de s’aventurer dans le réseau duVanil des Artses et les réseaux voisinsqu’ils explorent sans formation adéquate.Ils recommandent aux personnes inté-ressées par la spéléologie de participeraux activités proposées par les clubs,dont celui des Préalpes fribourgeoises oucelui de Lausanne, aussi actif dans la ré-gion. Plus d’infos sous www.speleo.ch.

    d’une découverteAprès une première tentative infructueuse

    dans une cavité baptisée la grotte des Bouque-tins à l’été 2008, l’équipe s’est lancée dans l’ex-ploration de celle du Dragon l’année suivante.Les volumes rencontrés s’annonçaient pro-metteurs, jusqu’à ce que les spéléologues se re-trouvent bloqués dans leur progression parplusieurs bouchons d’argile. «Il nous a falluplus de deux ans et une centaine de sortiespour franchir au total une soixantaine de mè-tres de bouchons», estime Jacques.

    Munis de pelles de pionniers et de seaux enplastique, les forçats du Vanil des Artses pas-sent facilement jusqu’à 15 heures d’affilée sousterre à creuser. A genoux quand ils le peuvent,couchés lorsque la montagne l’exige. Ils for-cent aussi des étroitures à l’explosif lorsquecela est nécessaire, équipent des voies d’ascen-sion et déplacent des tonnes d’éboulis insta-bles pour sécuriser leur progression.

    Petit à petit, les spéléologues gagnent del’altitude. Un constat qui ne les enchante pasplus que ça dans le sens où ils sont convaincusqu’ils vont finir par redescendre vers le fameux

    collecteur et qu’ils sont, par conséquent, entrain d’effectuer un détour. «Jamais nous n’au-rions imaginé sortir au sommet. Et plus ongrimpait, plus on se disait que les probabilitésétaient grandes pour que l’aventure s’arrête surun des trous qu’on avait repérés aumilieu de lafalaise», raconte Pascal Huguenin.

    En été 2012, à la lecture des relevés topogra-phiques, le doute n’est cependant plus permis.Les Folliu-Bornés sont à quelques encabluresdu sommet et un avion qu’ils entendent passerau-dessus de leur tête en apporte la preuve so-nore. La progression continue et ils découvrentdeux escargots. «Je me souviens avoir fait desrecherches sur internet pour connaître leurmode de vie, leur capacité à vivre sous terre etjusqu’à quelle profondeur. Je me suis mêmeamusé à mesurer la vitesse d’un escargot pourtenter d’évaluer l’épaisseur de la roche au-des-sus de nos têtes», rigole Michel. Verdict: «Jepensais que ça devait faire deux ou trois mè-tres. Mais vu la topographie, il nous restaitalors encore une dizaine demètres de galerie àexplorer.» CS

    Baouuuuummmm!Le caillou récalcitrantvole en éclats

    Les Sciernes

    Vanil Blanc

    Dent de Lys

    Folliu Borna

    Cape au Moine

    Montbovon

    VersChâteau-d’Œx

    Albeuve

    Neirivue

    Vanil des Artses1993m

    AB

    VANIL DES ARTSES

    Retrouvez les vidéos sur

    > www.laliberte.ch