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Les syndicats, qui réclament le retrait pur et simple de la réforme des retraites, appellent ce jeudi à une quatrième journée de manifestation depuis le début du conflit entré désormais dans son deuxième mois. Côté négociations, une voie étroite est explorée par l’exécutif et les syn- dicats réformistes afin d’avancer vers un compromis alors que la CFDT bute jusqu’ici sur l’âge pivot et que son leader, Laurent Berger, aver- tit qu’on est « encore loin d’un accord ». Les deux parties évoquent « un cocktail de mesures » qui pour- tes » mais s’est aussi félicité que Téhéran « semble reculer » et s’est dit « prêt à la paix ». Les 22 missiles lancés par l’Iran dans la nuit de mercredi n’ont pas fait de victimes et le ministre ira- nien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a indiqué que son pays ne cherchait ni l’escalade ni la guerre. Certains pensent toutefois que la réponse somme toute symbolique de l’Iran ne marque pas la fin du conflit. // PAGES 6-7 ET L’ÉDITORIAL DE LUCIE ROBEQUAIN PAGE 14 D-Wave JEUDI 9 JANVIER 2020 Enquête La Corée du Sud en route pour devenir un leader mondial avec la 5G // P 13 Distribution Bras de fer entre Coca-Cola et Intermarché, qui veut réduire la part des sodas // P. 20 DR ISSN0153.4831 112 e ANNÉE NUMÉRO 23112 32PAGES Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €. Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80. Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg 3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie 5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA. SUR ÉDITO ÉCO DU JOURNAL DE 7H DANS LE 6H-9H DE MATTHIEU BELLIARD NICOLAS BARRÉ Les transports demeurent très perturbés en Ile-de-France. Les banques européennes championnes du financement En 2019, les banques européennes ont maintenu leur position sur le marché des crédits syndiqués, ces prêts géants aux entreprises. Domi- nants dans le conseil, les géants de Wall Street sont plus discrets dans ce métier en Europe. // P. 27 Les recettes de la Bretagne pour juguler le chômage La région qui a essuyé plusieurs crises industrielles conserve le taux de chômage le plus bas, à 7,1 %. Une résilience née de la diversité de ses entreprises et de leur bonne répartition géographique. // P. 24 Vie privée : à Las Vegas, le match Facebook-Apple Le CES a réussi à faire débattre deux dirigeantes d’Apple et de Facebook sur la pro- tection de la vie privée. Tandis que le premier a joué les bons élè- ves, le réseau social a été mis sur le gril par une commissaire de la FTC. // P. 23 La France se saisit de l’informatique quantique Pour se projeter dans cette future révolution technologique, le pays a des atouts mais doit prendre la mesure de l’urgence, explique un rapport parlementaire dévoilé ce jeudi. Les Etats-Unis et la Chine ont pris de l’avance. // P. 21 rait notamment comprendre une accélération de l’allongement du nombre de trimestres cotisés. Alors que la circulation des trains et des transports publics parisiens reste très perturbée, la présidente d’Ile- de-France Mobilités, Valérie Pécresse, a annoncé mercredi avoir trouvé un accord avec la RATP et la SNCF pour que les abonnements Navigo des usagers soient intégrale- ment remboursés pour décembre. // PAGES 2 À 4 ET L’EDITORIAL D’ÉTIENNE LEFEBVRE SUR LESECHOS.FR SOCIAL Retour des manifestations ce jeudi contre la réforme des retraites. Une voie étroite se dessine vers un compromis entre l’exécutif et les syndicats réformistes. Retraites : journée test pour Macron Donald Trump calme le jeu au Moyen-Orient MOYEN-ORIENT Le président amé- ricain a joué l’apaisement après les tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats améri- cains en Irak. Dans une déclaration solennelle à la Maison Blanche, mercredi, il a annoncé de nouvelles sanctions économiques « immédia- L’empreinte carbone des ménages décortiquée Les ménages les plus riches ont une empreinte deux fois plus forte que les plus modestes, mais ce chiffre s’avère inférieur aux estimations précédentes. De fait, le revenu n’explique pas à lui seul le niveau d’empreinte carbone des Français. // P. 5 Pesticides : des ventes en forte hausse en 2018 Les ventes de pesticides ont beau- coup augmenté en 2018, mais il est difficile de savoir de combien. Les estimations varient du simple au triple, selon les sources. Reste à comprendre les raisons d’une telle hausse en plein essor de l’agricul- ture dite « bio et raisonnée ». // P. 17 Le président américain, mercredi, à la Maison-Blanche. Photo Saul Loeb/AFP Martin Bureau/AFP Les banques redécouvrent le coût du risque L’analyse Thibaut Madelin Alors que les banques ont pu prêter depuis plusieurs an- nées aux entreprises sans trop s’exposer, notamment grâce aux taux bas, la part des prêts risqués repart à la hausse. Une pente glissante pour le secteur. // PAGE 9 Versements record pour les actionnaires du CAC 40 BOURSE Les actionnaires des groupes du CAC 40 n’ont jamais été aussi bien rémunérés. En 2019, les géants de la cote pari- sienne leur ont redistribué plus de 60 milliards d’euros, dont 49,2 milliards sous forme de dividendes, un record. A 11 mil- liards d’euros, les rachats d’actions sont à un niveau com- parable à celui de 2018. Total (8,5 milliards d’euros), Sanofi (3,8 milliards) et BNP Paribas (3,7 milliards) sont les trois groupes qui rendent le plus de liquidités à leurs actionnaires. // PAGE 26 l’essentiel Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé l L’ex-dirigeant de Renault et de Nissan s’est exprimé librement pour la première fois depuis son arrestation l’an dernier. l Il s’estime victime d’un complot japonais et peint un sombre tableau de l’Alliance entre Renault et Nissan, « une mascarade ». Carlos Ghosn lors de sa conférence de presse à Beyrouth, mercredi. Toujours aussi combatif, l’ancien PDG n’a pas épargné la fierté japonaise. Photo Joseph Eid/AFP // PAGE 18 ET « CRIBLE » PAGE 32

Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

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Page 1: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les syndicats, qui réclament le retrait pur et simple de la réforme des retraites, appellent ce jeudi à unequatrième journée de manifestationdepuis le début du conflit entré désormais dans son deuxième mois.Côté négociations, une voie étroite est explorée par l’exécutif et les syn-dicats réformistes afin d’avancer vers un compromis alors que la CFDT bute jusqu’ici sur l’âge pivot etque son leader, Laurent Berger, aver-tit qu’on est « encore loin d’un accord ». Les deux parties évoquent « un cocktail de mesures » qui pour-

tes » mais s’est aussi félicité que Téhéran « semble reculer » et s’est dit « prêt à la paix ».

Les 22 missiles lancés par l’Irandans la nuit de mercredi n’ont pas fait de victimes et le ministre ira-nien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a indiqué que son pays ne

cherchait ni l’escalade ni la guerre. Certains pensent toutefois que la réponse somme toute symbolique de l’Iran ne marque pas la fin du conflit. // PAGES 6-7ET L’ÉDITORIAL DE LUCIEROBEQUAIN PAGE 14

D-W

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JEUDI 9 JANVIER 2020

Enquête La Corée du Sud en route pour devenir un leader mondial avec la 5G // P 13

Distribution Bras de fer entre Coca-Cola et Intermarché, qui veut réduire la part des sodas // P. 20

DR

ISSN0153.4831 112e ANNÉENUMÉRO 23112 32PAGES

Antilles Réunion 4,10 €. Belgique 3,50 €.Espagne 4,40 €. Grande-Bretagne 3£80.Grèce 4,20 €. Italie 4,40 €. Luxembourg3,80 €. Maroc 31 DH. Suisse 5,90 FS. Tunisie5,00 TND. Zone CFA 3100 CFA.

SUR

ÉDITO ÉCO DU JOURNAL DE 7HDANS LE 6H-9H DE MATTHIEU BELLIARD

NICOLAS BARRÉ

Les transports demeurent très perturbés en Ile-de-France.

Les banqueseuropéenneschampionnes

du financementE n 2 0 1 9 , l e s b a n q u e s

européennes ont maintenuleur position sur le marché descrédits syndiqués, ces prêtsgéants aux entreprises. Domi-nants dans le conseil, les géantsde Wall Street sont plus discretsdans ce métier en Europe. // P. 27

Les recettes de la Bretagne pour juguler le chômageLa région qui a essuyé plusieurscrises industrielles conserve letaux de chômage le plus bas, à7,1 %. Une résilience née de la

diversité de ses entreprises etde leur bonne répartition

géographique. // P. 24

Vie privée : à Las Vegas, le match Facebook-AppleLe CES a réussi à fairedébattre deux dirigeantesd’Apple et de Facebook sur la pro-tection de la vie privée. Tandisque le premier a joué les bons élè-ves, le réseau social a été mis surle gril par une commissaire de laFTC. // P. 23

La France se saisit de l’informatique quantiquePour se projeter dans cette futurerévolution technologique, le paysa des atouts mais doit prendre lamesure de l’urgence, explique unrapport parlementaire dévoiléce jeudi. Les Etats-Unis etl a C h i n e o n t p r i s d el’avance. // P. 21

rait notamment comprendre une accélération de l’allongement du nombre de trimestres cotisés. Alors que la circulation des trains et des transports publics parisiens reste très perturbée, la présidente d’Ile-de-France Mobilités, Valérie Pécresse, a annoncé mercredi avoir trouvé un accord avec la RATP et la SNCF pour que les abonnements Navigo des usagers soient intégrale-ment remboursés pour décembre.// PAGES 2 À 4 ET L’EDITORIALD’ÉTIENNE LEFEBVRESUR LESECHOS.FR

SOCIAL Retour des manifestations ce jeudi contre la réforme des retraites. Une voie étroite se dessine vers un compromis entre l’exécutif et les syndicats réformistes.

Retraites : journée test pour Macron

Donald Trump calme le jeu au Moyen-OrientMOYEN-ORIENT Le président amé-ricain a joué l’apaisement après les tirs de missiles iraniens sur des bases abritant des soldats améri-cains en Irak. Dans une déclarationsolennelle à la Maison Blanche, mercredi, il a annoncé de nouvellessanctions économiques « immédia-

L’empreinte carbonedes ménages décortiquéeLes ménages les plus riches ontune empreinte deux fois plusforte que les plus modestes, maisce chiffre s’avère inférieur auxestimations précédentes. De fait,le revenu n’explique pas à lui seulle niveau d’empreinte carbonedes Français. // P. 5

Pesticides : des ventesen forte hausse en 2018Les ventes de pesticides ont beau-coup augmenté en 2018, mais il estdifficile de savoir de combien. Lesestimations varient du simple autriple, selon les sources. Reste àcomprendre les raisons d’une tellehausse en plein essor de l’agricul-ture dite « bio et raisonnée ». // P. 17

Le président américain, mercredi, à la Maison-Blanche. Photo Saul Loeb/AFP

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Les banques redécouvrent le coût du risqueL’analyseThibaut Madelin

Alors que les banques ont pu prêter depuis plusieurs an-nées aux entreprises sans trop s’exposer, notamment grâce aux taux bas, la part des prêts risqués repart à la hausse. Une pente glissante pour le secteur. // PAGE 9

Versements recordpour les actionnaires du CAC 40 BOURSE Les actionnaires des groupes du CAC 40 n’ont jamaisété aussi bien rémunérés. En 2019, les géants de la cote pari-sienne leur ont redistribué plusde 60 milliards d’euros, dont 49,2 milliards sous forme de dividendes, un record. A 11 mil-liards d’euros, les rachats d’actions sont à un niveau com-parable à celui de 2018. Total (8,5 milliards d’euros), Sanofi (3,8 milliards) et BNP Paribas (3,7 milliards) sont les trois groupes qui rendent le plus de liquidités à leurs actionnaires. // PAGE 26

l’essentiel

Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

l L’ex-dirigeant de Renault et de Nissan s’est exprimé librement pour la première fois depuis son arrestation l’an dernier.l Il s’estime victime d’un complot japonais et peint un sombre tableau de l’Alliance entre Renault et Nissan, « une mascarade ».

Carlos Ghosn lors de sa conférence de presse à Beyrouth, mercredi. Toujours aussi combatif, l’ancien PDG n’a pas épargné la fierté japonaise. Photo Joseph Eid/AFP

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Page 2: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Grégoire Poussielgue @Poussielgue

En 2017, Emmanuel Macron, échaudé par l’épisode des députés frondeurs sous le quinquennat de François Hollande, avait promis une majorité stable et unie pour mener à bien ses réformes. A part quelques moments de tension, notamment sur les questions liées àl’immigration, le groupe La Répu-blique En marche (LREM) a tant bien que mal joué le jeu depuis son arrivée au Palais-Bourbon : il y a eu des différends, mais, dans la plu-part des cas, ils n’ont pas (trop) été étalés sur la place publique.

Quand certains députés prennent position contre l’âge pivot, d’autres le leur reprochent. Les élus de la majorité traversent une période compliquée avec cette réforme des retraites, dans l’attente de l’arrivée du texte au Palais-Bourbon.

Le Premier ministre et le secrétaire général de la CFDT ne seraient pas si loin qu’il y paraît d’un accord. Photo Denis Allard/RÉA

monde et même Edouard Philippe estprêt à désarmer sur l’âge pivot si nous avons un engagement solennel de nos partenaires d’un retour à l’équilibre avant la Saint-Glinglin grâce à la conférence des finan-ceurs », avance un marcheur de la première heure. « Je vois difficile-ment comment Berger peut signer unallongement de la durée du travail dans ce texte », tempère un pilier dela majorité.

Ce « cocktail de mesures », évoquépubliquement par le Premier minis-tre, est la planche de salut de la con-certation. Laurent Escure à l’Unsa, qui lui a soufflé ce mot, plaide pour augmenter la cotisation de 2,8 % au-delà de 10.000 euros de revenus mensuels, puis récupérer quelques milliards de CRDS lorsque la dette sociale sera éteinte et piocher dans leFonds de réserve des retraites. La CFDT aussi regarde du côté des coti-sations, et surtout ne trouve pas

anormal de viser un retour à l’équili-bre à moyen terme – aux alentours de 2027. En échange, la Confédéra-tion semblerait prête à concéder quelques trimestres de durée de coti-sation supplémentaires pour contri-buer au redressement des comptes –via l’accélération de la réforme Tou-raine, qui prévoit de monter à 43 annuités pour la génération 1973.

« Tout le monde accepte implicite-ment la solution de l’autre. Le pro-blème, c’est de concrétiser », com-mente un protagoniste de la concertation. Côté exécutif, on souli-gne qu’il faudra qu’une partie des Français travaillent plus longtemps d’une manière ou d’une autre. Côté syndical, on s’offusque du manque de confiance de l’exécutif, qui vou-drait des engagements par avance. Des débats très éloignés des préoc-cupations des grévistes et dont l’issue ne signera pas la fin de la mobilisation. n

l En amont de la réunion sur la conférence de financement de vendredi, les principaux protagonistes de la concertation sur la réforme des retraites tentent de faire oublier la querelle sur l’âge pivot.l Une issue se dessine autour du principe du retour à l’équilibre des comptes de l’assurance-vieillesse.

Retraites : la voie étroite explorée par l’exécutif et la CFDT pour trouver un accord

Solveig Godeluck @Solwii

et Isabelle Ficek @IsabelleFicek

Ils ont peut-être la tête dure, mais aussi les pieds sur terre. Alors qu’une partie serrée s’engage sur lesmesures d’économie que voudrait enclencher le gouvernement pour équilibrer les comptes de l’assuran-ce-vieillesse, Edouard Philippe et Laurent Berger ne seraient pas si loin qu’il y paraît d’un accord. Et ce, même si, d’un côté comme de l’autre, la prudence, pour ne pas direla méfiance, demeure importante.

« On est encore loin d’un accord »,a ainsi encore lâché Laurent Berger mercredi soir sur franceinfo, à la veille d’une nouvelle journée de mobilisation des syndicats récla-mant le retrait pur et simple de la réforme. Le Premier ministre et le secrétaire général de la CFDT vont se retrouver vendredi pour la « con-férence de financement » sur les retraites, qui se tiendra à Matignon avec l’ensemble des partenaires sociaux – une proposition de Lau-rent Berger, dimanche – afin d’en discuter le mandat et le calendrier.

Compromis rapideD’autres organisations vont jouer un rôle important, comme l’Unsa et la CFTC, qui ne sont pas opposées à la réforme, ou le Medef, a priori favo-rable. Mais ces deux protagonis-tes-là sont ceux qui ont le plus d’inté-rêt à aboutir à une solution. EdouardPhilippe, parce qu’Emmanuel Macron lui a demandé « un compro-mis rapide », Laurent Berger, parce que son syndicat milite depuis dix ans pour l’instauration d’un régime universel par points.

Pour l’instant, l’accès à un accordest verrouillé parce que l’exécutif a inscrit l’âge pivot – la décote liée à l’âge – dans le projet de loi transmis au Conseil d’Etat vendredi. « Ce serait de bon ton d’avoir une annonceque l’âge pivot est retiré du projet de loiactuel, sinon la CFDT ne s’inscrira pasdurablement dans cette discussion », a déclaré Laurent Berger mardi.

Message reçu au gouvernement.Sur RMC/BFM mercredi, la minis-

SOCIAL

Les malheurs de l’un font le malheur des autres

LE FAITDU JOURPOLITIQUE

CécileCornudet

L es difficultés d’unexécutif ne font pasforcément les affaires

des opposants, voilà peut-être l’une des leçons du conflit sur les retraites. Ou dit autrement, il n’y a pas de vases communicants. De gauche comme de droite, tous les adversaires politiques d’Emmanuel Macron se sont précipités dans le « non » à la réforme qu’il proposait, mais aucun n’en sort complètementindemne. Le plus long conflit social de ces dernières années ne fait pas de gagnants évidents, pour l’instant du moins.La gauche a sans doute été la plus active à soutenir les manifestants et à soulever des lièvres plus ou moins fabriqués que contenait le projet : part du PIB consacré aux retraites, développement de la capitalisation… Globalement, elle a marqué des points contre le gouvernement, en cassant le principal argument qu’il avait pour justifier sa réforme, celui de la justice. Que celui qui retient le caractère redistributif de la réforme lève le doigt ! Mais elle n’en tire pas forcément bénéfice pour autant. Si la retraite par points est née dans les think tanks socio-

démocrates, le Parti socialiste a choisi de coller au Parti communiste et à la gauche de la gauche, par anti-macronisme bien sûr, par suspicion vis-à-vis de la parole gouvernementale et par allergie aux mesures d’âge. Il n’empêche, il ressort de la séquence déporté sur sa gauche, sans avoir ni redonné corps à la social-démocratie ni vraiment pu porter une parole autonome.Les Républicains se sont opposés pour des raisons inverses, contre un système par points jugé trop complexe, pour un report de l’âge de départ à la retraite. Tout à l’envie de voir Macron trébucher, ils ont crié à la fin de « l’audace » dès qu’ils sentaient l’exécutif près de fléchir. Ce faisant, ils ont réussi à compliquer la négociation d’Edouard Philippe sur l’âge pivot : comment y renoncer quand LR en fait le marqueur du recul ? Mais ils se sont aussi redonnés une image libérale qui ne se porte pas toujours bien ces temps-ci. Mercredi, le parti a choisi d’atténuer le trait en présentant des mesures sociales.Quant au Rassemblement national, il est parti bille en tête en soutien aux grévistes, avant que Marine Le Pen ne revienne à la posture de retrait qui lui avait réussi dans la crise des « gilets jaunes ». CQFD, on ne passe pas d’un coup d’une culture antisyndicale à une culture de la grève et des [email protected]

Le débat sur les retraites a bousculé les oppositions politiques dans leurs fondements, plus qu’il ne les a vraiment servies.

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La réforme des retraites changela donne et alourdit l’ambiance au sein de LREM. Si, sur le fond, les députés de la majorité sont tous pour la mise en place d’un nouveau système, plusieurs élus issus de l’ailegauche se sont manifestés, depuis l’annonce du projet en décembre, pour dénoncer la mise en place d’unâge pivot. Le 31 décembre, ils étaient 15 à signer une tribune dans « Libération » pour demander une « alternative à l’âge pivot ».

Le 5 janvier, ils étaient 21 à deman-der dans une lettre ouverte au Pre-mier ministre parue dans le « Jour-n a l d u d i m a n c h e » u n e « modulation » de l’âge pivot. Nom-breux sont ceux qui estiment que c’était une erreur de « lâcher » la CFDT. « Il ne faut pas s’arc-bouter surl’âge pivot et trouver une entente au plus vite entre les syndicats réformis-tes et le gouvernement », a déclaré mercredi, sur LCI, Cédric Villani, député LREM de l’Essonne et candi-dat (dissident) à la Mairie de Paris. « Aucune divergence idéologique », a

tenu à déminer le patron du groupe,Gilles Le Gendre, qui voit dans ses initiatives une « divergence sur la façon de faire et sur la méthode [plus]qu’une divergence de fond ». Gilles LeGendre concède que ces initiatives ne sont « pas idéales », mais d’autresdéputés ne cachent pas leur agace-ment. En réunion de groupe, mardi,l’ambiance a été tendue. Les députésLREM, Guillaume Kasbarian et Aurore Bergé, sont montés au cré-neau. « On en a ras-le-bol que quel-ques-uns donnent le sentiment de représenter la majorité du groupe »,

explique cette dernière. D’autres sont plus sévères. « Tout le monde veut jouer aux négociateurs avec la CFDT. De plus, certains députés de l’aile gauche n’ont pas fait le deuil de leur gauchitude », estime Bruno Bonnell, député du Rhône.

« Ces sorties dans la presse ne ser-vent pas à grand-chose. Elles sont inutiles pour le gouvernement, pour le groupe et ne font pas avancer le dossier des retraites, si ce n’est intro-duire l’idée qu’il y a un hiatus entre l’exécutif et le groupe majoritaire », regrette Roland Lescure, élu des Français d’Amérique du Nord.

Si les députés presque frondeursrestent très minoritaires, beaucoup évoquent une situation « compli-quée » au sein du groupe LREM, deux ans et demi après leur arrivée au Palais-Bourbon et un an après la crise des « gilets jaunes ». La pers-pective des élections municipales n’arrange rien. « Sur le terrain, cons-tate un macroniste, on leur demandedes comptes sur la réforme des retrai-tes et ils n’ont rien à répondre. » n

La réforme qui fait tanguer la majorité

« Certains députés de l’aile gauche n’ont pas fait le deuil de leur gauchitude. »BRUNO BONNELLDéputé du Rhône

tre du Travail, Muriel Pénicaud, a ouvert un peu la porte, en souhai-tant « qu’on trouve un moyen […] partoutes les solutions nécessaires », qu’elles soient « alternatives » ou « complémentaires à l’âge pivot ». Le« complément », ce sont les exemp-tions éventuelles, notamment pour les carrières longues ou la pénibi-lité. Mais cela ne suffira pas à faire désarmer la CFDT, après l’escalade des derniers mois. La pétition lan-cée mardi contre l’âge pivot a déjà recueilli 60.000 signatures, et agaceconsidérablement le pouvoir.

Au départ, la CFDT n’est pourtantpas opposée à l’instauration de ce qu’elle préfère appeler un « âge de référence » dans le système univer-sel. Car dans un régime par points, loin d’être une mesure punitive, l’âge pivot prend tout son sens. Ce n’est plus qu’un repère collectif, n’influant pas sur la valeur des points acquis. Mais foin de ces sub-tilités : 2037, c’est loin, et ce n’est pasle moment d’embrouiller tout le monde. Pour la CFDT, il faudra donc les « alternatives ».

Un chemin se dessine, selon unesource gouvernementale : « Le Pre-mier ministre a toujours dit que si les syndicats proposaient autre chose quel’âge pivot, peut-être avec un cocktail de mesures plutôt qu’une seule, peut-être avec des mesures plus individuali-sées, plus progressives, ça ira – du moment qu’on dit comment on arriveà l’équilibre en 2027 en même temps qu’on réforme le système. » Et du moment que la conférence de finan-cement se termine avant l’été, et que ses conclusions sont reprises dans leprojet de loi au Parlement. Un scéna-rio plausible si, de son côté, l’exécutifenlève l’âge pivot du projet initial.

« Le président de la Républiqueveut un compromis, tout le monde dans la majorité le souhaite. Tout le

Au départ, la CFDT n’était pourtant pas opposée à l’instauration de ce qu’elle appelle un « âge de référence » dans le système universel.

FRANCE Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Page 3: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 FRANCE // 03

de carrière et, surtout, de la pénibi-lité dans la fonction publique. Ce dossier est éminemment sensible car sur les quelque 4 millions d’agents statutaires bénéficiant de la retraite de la fonction publique, de 800.000 à 900.000 selon Olivier Dussopt appartiennent à des caté-gories dites « actives », qui bénéfi-cient de validation gratuite de tri-mestres et peuvent partir avant l’âge légal de 62 ans.

Pour les syndicats, le compte n’y est pasMotivant le départ de la CGT, de la FSU et de la CGC de la réunion, le secrétaire d’Etat a confirmé que cescatégories seraient supprimées « à compter de la génération née en 1975 ». Sauf pour les quelque 300.000 « métiers en uniforme » – policiers, militaires et pompiers – au motif de la « dangerosité de leur métier », a-t-il expliqué à l’issue de laréunion. Il a aussi exclu un régime de transition pour les agents « actifs » nés après 1975 déjà en poste qui basculeront dans le futur régime. Pour les syndicats, le compte n’y est pas. Tous ont pro-testé contre le faible nombre de cri-tères retenus dans le compte péni-bilité actuellement en vigueur dansle privé que le gouvernement veut transposer dans la fonction publi-que, à l’image de Benoît Teste, le nouveau secrétaire général de la FSU, qui a dénoncé une « harmoni-sation par le bas ».

Peu après l’arrivée d’EmmanuelMacron à l’Elysée, quatre des 10 cri-tères de ce compte ont été suppri-més. Si les vibrations mécaniques concernent a priori peu les fonc-tionnaires, il n’en est pas de même pour les ports de charges, les postu-res pénibles (pour les aides-soi-gnantes notamment) ou les agents chimiques dangereux, avec la manipulation de bitume par cer-tains agents territoriaux et celle d’autres produits nocifs par des agents hospitaliers.

Comme pour le privé, OlivierDussopt a refusé catégoriquement de réintégrer ces critères dans le futur compte des agents publics, même s’il a annoncé une négocia-tion spécifique au ministère de la Santé pour les personnels hospita-

Fonction publique : l’exécutif enterre les départs anticipés

Leïla de Comarmond @leiladeco

Policiers, enseignants, certaines corporations de la fonction publi-que ont largement fait parler d’ellesdepuis le début du conflit sur les retraites… Et obtenu des conces-sions de la part du gouvernement. Mais pas le gros des troupes. Tous les agents de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux seront pour-tant concernés au premier chef par la réforme. Au regard de l’évolutiondes taux de grévistes communiquéspar le gouvernement, ils semblent pour beaucoup être restés l’arme aupied. Cela va-t-il durer ?

En tout cas, cela n’a pas incité legouvernement à ouvrir rapidementle dossier. C’est désormais chose faite. Après le lancement la veille par le Premier ministre, Edouard Philippe, d’une nouvelle phase de concertation, le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Olivier Dus-sopt, et son homologue en charge de la réforme des Retraites, LaurentPietraszewski, ont réuni mercredi matin à Bercy les fédérations (sauf FO et Solidaires). La réunion avait pour but de traiter les sujets de fins

Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, a reçu mercredi les fédérations de fonction-naires pour ouvrir les discussions sur les fins de carrière et la pénibilité. Il a confirmé que les catégories dites « actives » seraient supprimées pour les agents nés à partir de 1975 et exclu un régime transitoire pour ceux à cheval sur les deux régimes.

interprofessionnel au milieu des années 2000.

Prise en compte des primes dans le calcul des retraitesIl faut préciser que la raison tient non pas en une perte de pouvoir d’achat des agents, mais au fait que le SMIC a progressé plus vite que la rémunération de l’échelon le plus bas des grilles de rémunération descatégories C comme B.

Reste que la tendance n’est pasprès de s’inverser. Alors que le SMICcontinue à progresser, la politique de non-revalorisation de la valeur dupoint de la fonction publique en vigueur depuis 2010, à l’exception dugeste électoral de François Hol-lande à la fin de son quinquennat, va même la renforcer. Avec, pour l’encadrement intermédiaire, la perspective d’un début de carrière qui n’apportera pas forcément plus de droits à retraite que pour les moins qualifiés dans le cadre du nouveau calcul des droits à retraite et un écart de pension qui pourrait se réduire.

Cela renforce encore l’enjeu del’intégration des primes dans le cal-cul de la retraite. « La prise en compte des primes assure que, dans les faits, l’essentiel des fonctionnairesdont le traitement indiciaire se trouveau niveau du SMIC a un niveau de rémunération effective supérieur à cedernier », note le rapport. — L. de C.

Passer des six derniers mois de salaire hors primes à la totalité de lacarrière, primes comprises, pour le calcul de la retraite. Ce sera le prin-cipal bouleversement que va provo-quer la réforme des retraites pour les fonctionnaires de l’Etat, des col-lectivités territoriales et des hôpi-taux. Alors que jusqu’à présent, les salaires à l’entrée dans la fonction publique n’étaient pas un enjeu pour les retraites, ils vont désor-mais le devenir puisque chaque euro gagné produira un droit à pen-sion, cette dernière étant assise sur l’ensemble de la vie professionnelle.

Cette réforme menace de pénali-ser particulièrement les enseignantsdu fait du faible poids des primes dans leur rémunération. Un sujet que le gouvernement a promis de traiter. Mais d’autres problèmes pourraient émerger, et notamment le faible niveau des salaires d’embau-che qui pèsera désormais sur le montant final des pensions. D’autantque l’accord sur les carrières conclu sous le précédent quinquennat les

Dans son dernier rapport, le groupe d’experts sur le SMIC s’est penché sur les rémunérations des fonctionnaires. Il note que les salaires d’entrée dans la fonction publique ont été rattrapés par le SMIC. Seules les primes permet-tant de faire la différence.

Les salaires de début de carrière des fonctionnaires rattrapés par le SMIC

liers. Face à lui, Jean-Marc Canon pour la CGT, a chiffré à « 200.000 ou300.000 » le nombre d’agents en catégorie active qui « n’auront plus rien », chiffre qu’Oliver Dussopt juge« exagéré ».

Ce dernier a proposé aux syndi-cats un calendrier de rencontres « très resserré » et « insuffisant », selon la CFDT et l’Unsa, « un passageen force », selon la CGT. Le secrétaired’Etat va recevoir chacune des orga-nisations de fonctionnaires en bila-térale la semaine prochaine avant un point intermédiaire multilatéral la semaine suivante. n

Le secrétaire d’Etat à la Fonction publique, Olivier Dussopt, a proposé aux syndicats un calendrier de rencontres « très resserré » et « insuffisant », selon la CFDT et l’Unsa, « un passage en force », selon la CGT. Photo Hamilton/RÉA

concerne peu. Une étude publiée dans le rapport 2019 du groupe d’experts sur le SMIC, passée inaper-çue, permet de mesurer le problème.Elle s’est penchée sur l’évolution des rémunérations indiciaires brutes des catégories C (emplois d’exécu-tion) et B (encadrement intermé-diaire) par rapport au SMIC et mon-tre que l’écart s’est fortement réduit.

Pour la catégorie C, au début desannées 1970, le niveau d’entrée dans la fonction publique se situait à 1,4 SMIC. L’écart a baissé jusqu’à s’annuler au début des années 1990. Et depuis qu’en 1998 a été actée défi-nitivement l’extension de l’applica-tion du SMIC à la fonction publique, « on observe […] une évolution quasi-ment identique du SMIC et de la rémunération indiciaire la plus basse de la catégorie C », note le groupe d’experts. Du côté de la catégorie B, leniveau minimum était de 1,5 SMIC au début des années 1970. Il a été rejoint par le salaire minimum

Si le SMIC continue à progresser, la non-revalorisation de la valeur du point de la fonction publique en vigueur depuis 2010 contribue à resserrer encore l’écart.

« De 200.000 à 300.000 » agents en catégorie active « n’auront plus rien ».JEAN-MARC CANON CGT

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04 // FRANCE Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

RETROUVEZ DOMINIQUE SEUXDANS « L’ÉDITO ECO »À 7H45DU LUNDI AU VENDREDI

SUR

Pierre-Alain Furbury @paFurbury

Pas question de n’offrir comme perspective que du sang et des lar-mes à un électorat de droite déjà bien difficile à reconquérir. Quel-ques semaines après avoir tenté de revendiquer l’« audace réforma-trice » en prônant un report, sur douze ans, de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, Les Républicains ont enrichi mercredi leur contre-projet de nouvelles mesures de jus-tice sociale. « Il n’y a pas de réforme tenable si elle n’est pas juste », a plaidé Aurélien Pradié, le secrétairegénéral de LR, lors d’une confé-rence de presse au siège de parti, cherchant à se frayer un chemin entre les « anti-tout » (comprendre :les extrêmes) et « les réformistes quisont capables de tout casser » (une allusion aux macronistes). Mais « vous ne nous trouverez jamais dansle camp des antiréformateurs », a insisté Damien Abad, le chef de file des députés LR. Même s’il rappelaitles propositions de la droite, l’appel à « retirer » la réforme de l’exécutif – lancé à la rentrée de janvier par le président du parti, Christian Jacob, dans « Les Echos » – a crispé une partie des troupes, soucieuses de sedistinguer des autres oppositions.

Outre les promesses déjà formu-lées de garantir la revalorisation de« toutes les pensions » au niveau de

l’inflation, d’indexer les 1.000 pre-miers euros de retraite sur les salai-res et de « sanctuariser » les droits familiaux, Les Républicains ont mis sur la table la création d’un « régime universel de pénibilité ». Inspiré de la bonification du cin-quième dont bénéficient policiers et militaires, ce système repose sur un principe simple : cinq années cotisées à un poste pénible permet-tent de partir un an plus tôt à la retraite. Exemples : « Un maçon quitravaille pendant vingt ans aura quatre années de départ anticipé » et« un livreur qui travaille après 20 heures pendant cinq ans aura uneannée de départ anticipé ».

« Triple renoncement »Les modalités d’accès dans le dispo-sitif, qui seraient visiblement bien plus favorables que le système actuelde pénibilité, seraient définies par le dialogue social, en s’appuyant sur lesdix facteurs inscrits dans le Code du travail (travail de nuit, travail répéti-tif, bruit, températures extrêmes ou vibrations…) et en lien avec la méde-cine du travail, dont LR souhaite « une réforme ambitieuse ». Le coût de ce « régime universel de pénibilité »est évalué autour de 1 milliard par anpar le parti, qui souligne que la mesure d’âge permettrait, elle, de dégager « à terme plus de 30 mil-liards de marges de manœuvre ». Entouré pour l’occasion d’une poi-

gnée de parlementaires, Damien Abad en a profité pour pilonner le « triple renoncement » de l’exécutif, sur « l’équilibre du système » de retraite avec l’âge pivot (« Une demi-mesure qui risque de disparaître »), sur « l’universalité » (« A la fin de la réforme, il y aura plus de régimes spé-ciaux qu’avant ») et sur « la justice et l’équité » (« La mise à terre des caissesautonomes »). Les Républicains pré-disent une « rude bataille » au Parle-ment, persuadée que la droite a une carte à jouer, alors qu’Emmanuel Macron est, selon eux, « enlisé » et Edouard Philippe « isolé ». Mon-

dage Elabe pour BFMTV, publié lundi, 74 % des sympathisants de droite et 76 % des électeurs de Fran-çois Fillon à la présidentielle de 2017 se disent « favorables à la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre ». C’est plus qu’ily a quatre semaines, lorsqu’ils étaient respectivement 65 % et 74 %. « Sur le terrain, le thème de la déconnexion d’Emmanuel Macron est bien ancré. nos électeurs sont inquiets. Mais ça reste compliqué, confie un ténor de LR. Pour notre électorat, le pouvoir apparaît tou-jours comme une valeur refuge. » n

trant du doigt le conservateur Boris Johnson, grand vainqueur des élec-tions législatives en décembre au Royaume Uni , ils observent aussi que « la droite qui gagne en Europe », sans oublier le régalien et l’autorité, est « sociale » et « populaire ».

« Ça reste compliqué »Mais pour le parti, relégué dans l’opposition depuis 2012 et tombé à8,48 % des voix aux dernières euro-péennes, la bataille des retraites esttoute aussi « rude ». Difficile de se faire entendre, et plus encore de convaincre. Selon le dernier son-

La droite cherche à se définir face à Macronl Les Républicains font de la création d’un « régime universel de pénibilité » très avantageux le pendant social de leur proposition de report de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans.l Cinq années travaillées à un poste pénible permettraient de partir un an plus tôt à la retraite.

Damien Abad, le chef de file des députés LR, et Aurélien Pradié, le secrétaire général du parti. Photo Jacques Witt/Sipa

La droite veut croire qu’elle a une carte à jouer, alors qu’Emmanuel Macron est, selon elle, « enlisé » et Edouard Philippe « isolé ».

La fiscalité des dons en question

Les quelque 3 millions d’euros versés sur les cagnottes en ligne vont-ils échapper à l’impôt ? Sauf cas très spécifique, les particu-liers ne pourront pas défiscaliser leurs dons en faveur des grévistes, puisque la cause n’est pas considérée comme « d’intérêt général » (une notion très encadrée par la loi française).En ce qui concerne les sommes reversées aux salariés, la situation est plutôt floue. « Théoriquement, c’est taxable, indique un avocat fiscaliste aux “Echos”, mais l’admi-nistration pourrait se montrer souple dans ce genre de cas. » Si tel n’est pas le cas, ces sommes pourraient devoir être prises en compte dans le calcul de l’impôt sur le revenu, ou être considérées comme des donations. Elles seraient alors taxées à 55 ou 60 %.

Dans ce contexte, la mannedes cagnottes est d’importance.Un peu partout, des caisses degrève ont fleuri. La plus popu-laire, lancée en 2016 par la CGT-info’com dans le cadre des grèvescontre la loi El Khomri, a réuniplus de 1,7 million d’euros depuisle 5 décembre. De nombreusesautres cagnottes en ligne, recen-sées sur un site dédié, sont égale-ment actives. Au total, plus de47.000 personnes ont déjà donnél’équivalent de 3 millions d’euros.

Plusieurs versements ont déjà été effectuésComment cet argent est-il réparti ? « Ce n’est pas une science exacte. Toutle monde peut y prétendre au-delà dudeuxième jour de grève et sur présen-tation de justificatifs », indique Romain Altmann, secrétaire géné-ral de la CGT-info’com. La plupart du temps, les sections syndicales déposent un dossier, puis répartis-sent elles-mêmes les fonds. « Les syndicats sont souverains dans la répartition de l’argent », poursuit le responsable. « Les sommes distri-

buées vont varier en fonction des critères choisis : nombre de grévistes, niveau de salaire, ou simple forfait par jour de grève. »

Depuis le début de la mobili-sation, plusieurs versements ont déjà été effectués. Les grévistes de la RATP ont ainsi reçu un chèque de 250.000 euros, remis symboli-quement devant le siège de l’entre-prise. Les cheminots de la gare de Lyon ont, eux, bénéficié de 50.000 euros, ceux d’Hendaye-Bayonne de 30.000 euros, etc. Les salariés de l’Opéra de Paris, très mobilisés depuis le début de la con-testation, ont reçu 40.000 euros de la part de la CGT-info’com. Une somme importante rapportée au faible nombre de salariés. « Mais eux n’ont pas de caisse de grève », justifie Romain Altmann. Beaucoupde syndicats, en effet, possèdent leur propre cagnotte, alimentée tout au long de l’année.

Outre la CGT, d’autres syndicatss’organisent pour venir en aideaux grévistes. Du côté de Forceouvrière, une somme journalièrede 12 euros est allouée à partir du4e jour de grève. La CFDT, de soncôté, accorde 7,30 euros par heureà ses adhérents pour les grèves deplus de 7 heures. Contrairement àses homologues, la confédérationpossède une caisse de grève cen-tralisée, nourrie par une partiedes cotisations de ses adhérents.Elle est actuellement dotée de plusde 120 millions d’euros.

aLire l’éditorial d’Etienne Lefebvre surlesechos.fr/

Comment les cagnottes aident les grévistes à tenir

Yann Duvert @yann-duvert

Si la durée exceptionnelle de lamobilisation contre la réformedes retraites montre la détermi-nation des grévistes, elle n’enaffecte pas moins leurs finances.La paye de la fin janvier devraitainsi porter les stigmates de ceconflit social, alors que le 13e mois(à la RATP) ou la prime de find’année (à la SNCF) ont atténuéles effets financiers du conflit lemois dernier. Et ce même si, dans bien des cas, les grévistes s’orga-nisent pour cesser le travail demanière « optimale », en effec-tuant des rotations ou en prenantd e s v a c a n c e s – p ay é e s – a umoment où les effectifs sont soustension.

Le mouvement social contre la réforme des retraites est entré dans son deuxième mois.Privés de salaires, les grévistes tentent de faire face.

jet du gouvernement en lui-même, encore obscur quant aux conséquences sur le niveau des pensions futures inquiète les Français. C’est classique dans ce type de situation.

En décembre 1995, lors dugrand conflit contre la réforme Juppé, le moral des ménages avaitflanché de 4 points. Il était resté fai-ble pendant toute l’année 1996. Plus tard, l’Insee avait estimé les conséquences du mouvement sur la croissance au quatrième tri-mestre de cette année -là à 0,2 point. Mais toute la chaîne de production de l’industrie avait alors été désorganisée par les grè-ves. Actuellement, il semble que cela ne soit pas le cas.

Faible capacité prédictiveReste à savoir quelles seront les conséquences de la baisse de la fin 2019. Le moral des ménages est certes un indicateur impor-tant permettant d’estimer leur niveau de confiance , maissa capacité prédictive de l’activité économique future est, elle,relativement faible.

Si certains commerces peuventconnaître des difficultés, princi-palement en Ile-de-France, les dépenses des ménages peuvent n’être que retardées. La Banque deFrance ne prévoit que des consé-quences macroéconomiques minimes. Les économistes d’UBS,eux, reconnaissent qu’il est aujourd’hui impossible d’estimer l’impact sur l’économie française de ce conflit mais considèrent quele risque que la croissance de 2020soit revue à la baisse existe bien. n

Guillaume de Calignon @gcalignon

C’est la première fois, depuis le début du conflit social contre la réforme des retraites, que les con-séquences du mouvement se voient dans une enquête de l’Insee.L’indice de la confiance des ména-ges, calculé chaque mois par l’ins-titut national de la statistique, s’est replié de3 points au mois de décembre, à 102 points. Certes, cet indicateur reste au-dessus de sa moyenne de long terme, mais son recul est le premier depuis un an. Le moral des consommateurs français avait été durement affectépar le mouvement des « gilets jau-nes », mais il était remonté assez vite au cours de l’année 2019.

Plus en détail, le solde d’opiniondes ménages quant à leur situa-tion financière future a perdu 4 points et rejoint sa moyenne de longue période. Et la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants a diminué par rapportau mois précédent.

Le point d’inflexion est doncindéniable. Les grèves dans les transports en commun sont en cause, mais aussi la teneur du pro-

L’indice du moral des ménages a baissé de 3 points en décembre. Si certains commerces peuvent connaître des difficultés avec la grève dans les transports, les dépenses des ménages pourraient toutefois n’être que retardées.

Premier recul de la confiance des ménages depuis un an

Page 5: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 FRANCE // 05

Muryel Jacque @MuryelJacque

Face à l’urgence climatique, la France doit réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre.Encore faut-il pouvoir faire une m e s u r e p r é c i s e e t f i a b l e d e l’empreinte carbone du pays – qui regroupe les émissions liées à tous les produits et services consom-més, y compris ceux qui sont importés. C’est la tâche à laquelle sesont attelés l’OFCE et l’Ademe dans un rapport publié ce jeudi.

« L’essor des échanges commer-ciaux et la globalisation de la chaîne de valeur rendent de plus en plus dif-ficile la traçabilité des impacts clima-tiques et environnementaux des

ENVIRONNEMENT

L’empreinte carbone totale de la France s’élevait à 732 millions de tonnes d’équivalent CO2 en 2011.

Claire Garnier @claire-garnier

—Correspondante à Rouen

A Rouen, ville de 110.000 habitants, où le maire socialiste sortant Yvon Robert, 70 ans, ne se représente pas,les candidats jouent à cache-cache avec les partis politiques. L’autodi-dacte Jean-Louis Louvel, 53 ans, fondateur de PGS – une entreprise de reconditionnement de palettes usagées qui réalise 286 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 1.300 collaborateurs dans six pays – a fait irruption dans la campagne enaffirmant : « Je ne suis, et ne serai, le candidat d’aucun parti. » Il a pour-tant reçu le soutien de La Républi-que En marche – qui l’a préféré à l’UDI Marine Caron, 29 ans, laquellemaintient sa candidature –, des cen-tristes (via Hervé Morin, le prési-

dent de la région Normandie) et de LR. Ce qui n’empêche pas le candi-dat LR initialement pressenti, Jean-François Bures, déjà candidat en 2014, de repartir au combat… mais sans étiquette.

Une « référence »A gauche, Nicolas Mayer-Rossignol, 42 ans, ancien président socialiste de la région Haute-Normandie (2013-2015), part à l’assaut de la mai-rie en « candidat libre » avec des sou-tiens qu’il annoncera « bientôt ». Soncollectif « Citoyens fiers de Rouen », très ouvert sur la société civile, ras-semble 2.000 personnes dont des personnalités telles que le cardiolo-gue Alain Cribier et Daniel Havis, le président de la Matmut, dont le siègesocial est à Rouen. Ce candidat au parcours académique brillant (Nor-male sup, ingénieur des Mines et agrégé de sciences de la vie et de la Terre) entend faire de Rouen une « référence » dans la transformation écologique du paysage économique tout en « évitant les démagogies »consistant à « fermer les usines ». Il estime par ailleurs « avoir les

biens et des produits que nous con-sommons en France », retrace Paul Malliet, économiste à l’Observa-toire français des conjonctures éco-nomiques (OFCE). Il a donc entre-pris de décortiquer précisément l’empreinte carbone des ménages. Sujet prégnant, aussi, à l’heure où l’Europe ambitionne, dans le cadre de son « Green Deal », de déployer un mécanisme de fiscalité carbone aux frontières.

D’après ses calculs, l’empreintecarbone totale de la France s’élevaità 732 millions de tonnes d’équiva-lent CO2 en 2011. Soit, en extrapo-lant, 11,3 tonnes par habitanten moyenne, chiffre ramené à 10,5 tonnes en 2015 grâce à la baissedes émissions domestiques… C’est en tout cas bien davantage que les 7,5 tonnes obtenues en adoptantla méthode de référence dite « des inventaires nationaux », note Paul Malliet.

Quelque 17,5 % de nos émissionsde gaz à effet de serre proviennent des émissions directes issues de la combustion de produits fossiles,

35,3 % des émissions domestiques et les 47,2 % restants des émissions importées. D’où viennent nos émis-sions importées ? D’abord de l’Union européenne (pour 21,4 %), puis de Chine (17,9 %), qui repré-sente quasiment autant à elle seule que les autres pays d’Asie et du Paci-fique, enfin de Russie (9 %), du Moyen-Orient (8,9 %), d’Afrique (7,9 %) et des Etats-Unis (7,3 %).

Deux types d’émissionsSurtout, en distinguant deux types d’émissions importées – les « émis-sions indirectes » qui résultent de laproduction d’un bien final, et les « émissions grises » qui sont indui-tes par la production d’un bien intermédiaire intervenant dans la production d’un bien final produit en France –, l’OFCE révèle que ces dernières sont nettement plus volu-mineuses. Peu importe l’origine géographique.

En moyenne, l’empreinte car-bone d’un ménage est de 24,5 ton-nes d’équivalent CO2, dont 5 tonnes proviennent des biens de consom-

mation, 4,6 de l’alimentation, et2,3 de la consommation de services.

Si l’on s’intéresse aux émissionsen fonction du niveau de vie, on s’aperçoit que les 10 % de ménages les plus riches ont une empreinte carbone deux fois plus forte (2,11) que les 10 % les plus modestes. En tenant compte du fait que les ména-ges les plus aisés comptent moins de personnes, le rapport est de 3,9 entre les deux catégories de popula-tion. Dans tous les cas, cela reste bien inférieur aux estimations anté-rieures réalisées par Thomas Piketty et Lucas Chancel, qui par-laient notamment d’un rapport de un à huit entre les ménages du der-nier décile et ceux du premier décile.

Paul Malliet note toutefois qu’ilexiste « une forte hétérogénéité au sein même des déciles de niveau de vie », ce qui tend à accréditer l’idée que « le revenu ne saurait expliquer àlui seul le niveau d’empreinte car-bone des ménages ». Une complexitésupplémentaire à traiter pour les pouvoirs publics. n

L’empreinte carbone des ménages ne dépend pas que des revenus

Municipales : à Rouen, les « sans étiquette » jouent des coudes

nous ne surfons pas sur Lubrizol », assure-t-il : « Nous avons été des lan-ceurs d’alerte en disant que ce site n’était pas assez sécurisé. » Déjà can-didat en 2014 – avec un score de 11 % –, ce professeur des écoles de 53 ans estime que l’urgence est de réaliser un « choc d’investissement ».

La sécuritéAvec son projet « Rouen autre-ment », Jean-Louis Louvel veut s’employer à corriger le « manque d’attractivité » de la ville et entend jouer la carte de la sécurité, de l’inclusion par le sport et l’économieet de la formation au risque indus-triel. Mais il a un caillou dans sa chaussure : celui d’être le proprié-taire du quotidien régional « Paris-Normandie », repris en 2017 alors qu’il se trouvait en redressement judiciaire. Pour s’en désengager, il aengagé des discussions avec le pro-ducteur Pierre-Antoine Capton. « Le contrat devrait être signé sous huit-dix jours », a-t-il confié aux « Echos » le 31 décembre : « Il pren-drait la majorité et je resterais action-naire minoritaire. » n

POLITIQUE

A Rouen, le maire socialiste sortant ne se représente pas.

A compter de cette année,l’Ademe publiera donc chaque année en juin la mesure la plus récente du taux de collecte des collectivités locales, pour juger de leur capacité à atteindre, sansrecours à la consigne, les objec-tifs européens de 77 % des bou-teilles en plastique collectées en 2025, puis de 90 % en 2029.

Si les collectivités locales nesont pas sur une trajectoire per-mettant d’atteindre ces objec-tifs, le gouvernement pourra décider de mettre en place la consigne des bouteilles en plas-tique. « Le texte issu de l’Assem-blée nationale prévoyait que cetteéventuelle décision intervienne en 2023, donc potentiellement sur la base des performances de collecte de 2021 parues en juin 2022. Ce délai était trop court, explique Hervé Mau-rey. L’accord trouvé en commis-sion prévoit d’attendre l’évalua-tion de l’Ademe de juin 2023. » Aucune décision ne sera donc prise avant le second semestre 2023, puis il faudra compter plusieurs mois pour qu’une éventuelle consigne soit opéra-tionnelle, le temps de déployer les automates.

Elus locaux circonspectsReste à voir si les associations d’élus locaux se satisferont de cet accord qui leur tord un peu le bras mais moins que prévu. Elles avaient prévenu depuis longtemps que si le projet de consigne du plastique per-durait, il constituerait une épée de Damoclès susceptible de ralentir ou de geler la moderni-sation des centres de tri des déchets, car ne plus recevoir certains matériaux ayant une valeur de revente – comme la résine PET incolore des bou-teilles en plastique – modifieraitleur modèle économique.

Dans un communiqué parumardi, à la veille de la commis-sion mixte paritaire, les associa-tions de collectivités (AMF, AdCF, APVF, ANPP, France urbaine, Villes de France, Amorce et CNR) avaient souli-gné souhaiter « que soient trans-crits fidèlement et précisément lesengagements du président de la République et du Premier minis-tre, […] qui donnaient priorité auxdispositifs existants et condition-naient la mise en œuvre de la con-signe à l’accord des associations de collectivités ». n

Myriam Chauvot [email protected] Jacque

@MuryelJacque

La consigne des bouteilles en plastique n’est pas écartée. Mais si elle se fait, ce sera plus tard queprévu, et aucune décision ne sera prise avant mi-2023. Sur cesbases, la hache de guerre a été enterrée entre sénateurs et députés sur le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire.

Le texte a été adopté mercredimatin lors d’une commission mixte paritaire d’à peine plus de deux heures. La députée et rap-porteure Stéphanie Kerbarh souligne « la volonté de dialogue, d’écoute », et l’idée de « ne pas détricoter des mois et des mois de travail » sur le texte. « Ce n’était pas gagné, mais le temps a fait mûrir un certain nombre de sujets », reconnaît la députée LREM Laurence Maillart-Mé-haignerie. « Au final, c’est un texte de consensus qui satisfait tout le monde. »

La commission mixte pari-taire s’est tenue au Sénat sous laprésidence du sénateur Hervé Maurey, par ailleurs président de la commission développe-ment durable de cette cham-bre. « Chacun a fait un effort pour parvenir à un accord, même si ce n’est pas celui envi-sagé à l’origine », a confirmé Hervé Maurey. Lui-même était jusqu’à présent une des figures de proue de la résistance à la consigne, reflétant en cela la position des maires, vent debout contre ce dispositif.

Rapport AdemeLa France ne disposant pas actuellement de statistiques nationales fiables sur la collecteet le traitement des déchets, notamment plastiques, le pro-jet de loi charge l’Agence de l’environnement et de la maî-trise de l’énergie (Ademe) d’éva-luer tous les ans les performan-ces nationales en la matière.

ENVIRONNEMENT

Le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire a été adopté mercredi.

Députés et sénateurs trouvent un accord sur la consigne des bouteilles en plastique

atouts » pour prendre la Métropole de Rouen (500.000 habitants), dont le centre de gravité penche nette-ment à gauche. Il vient de se mettre en congé sabbatique de son poste dedirigeant de Nutriset, entreprise rouennaise spécialisée dans la fabri-cation d’aliments thérapeutiques contre la malnutrition.

L e s é c o l o g i s t e s , e u x , n ecachent pas leur étiquette. Et ils ont le sourire. Dans une enquête Ifop commandée par LREM, la tête de liste EELV, Jean-Michel Beregovoy, est créditée de 23 % des intentions devote, contre 22 % pour Jean-Louis Louvel (avant le soutien de LR), 20 %pour Nicolas Mayer-Rossignol et 13 % pour le Rassemblement natio-nal. Jean-Michel Beregovoy ne man-que pas de rappeler que ce sondage aété réalisé avant l’incendie, fin sep-tembre, des entrepôts de Lubrizol etde Normandie Logistique. « Mais

Les écologistes ont le sourire, ils ont le vent en poupe.

Municipales : Dati furieuse contre LRPOLITIQUE Rachida Dati, la candidate LR à Paris, a tapé dupoing sur la table mercredi contre les instances de son parti quiont décidé d’une investiture d’arrondissement en son absence,et a assuré qu’elle prenait « toute [sa] liberté dans cette campa-gne ». La commission nationale d’investiture avait apporté sonsoutien à Geoffroy Boulard dans le 17e arrondissement. « Lechoix de la CNI de statuer en mon absence est une décision claire etlourde de sens », a-t-elle fustigé. Elle « reste la candidate LR »mais « ne veut pas se faire imposer des choix d’appareil », a expli-qué son entourage. Plus d’information sur lesechos.fr

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AFP

Page 6: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

« très dissuasifs car pouvant frapperdes villes ou des infrastructures criti-ques, telles que raffineries, aéroports,sites de dessalinisation ». Tous sont opérés par les Pasdarans (Gardiensde la révolution).

Drones tueursPour des frappes plus ciblées, Téhé-ran dispose aussi d’un nombre con-sidérable de missiles de croisière et balistiques de courte portée (une centaine de km) capables de frap-per des cibles navales et terrestres, tel le Fateh 110 (Nuit du Destin), en sus des drones tueurs. L’Iran en a fait une démonstration impres-sionnante en septembre dernier, enfrappant un complexe pétrolier surles sites saoudiens d’Abqaïq et Khurais, à plusieurs centaines de kilomètres du territoire iranien, même s’il ne l’a pas officiellement revendiqué. Un essaim d’une ving-taine de missiles de croisière et de drones avait contourné le système de défense saoudien pour frapper leurs cibles par le sud, illustrant unecapacité de manœuvre et de furti-vité de haut niveau. Revers de la

médaille, les drones portent géné-ralement des charges explosives de faible puissance.

Ne pas oublier d’autres scéna-rios de riposte : Téhéran en a évo-qué treize, mardi, sans autres précisions. Le plus évident consis-terait à faire commettre des atten-tats contre des cibles américaines vulnérables, tels qu’entreprises ou citoyens américains. Téhéran pourrait compter pour cela sur ses« proxies », des cellules terroristes au Proche-Orient et des milices chiites en Irak, Syrie, Liban, Pakis-tan et Afghanistan.

Téhéran dispose aussi de capaci-tés de cyberattaques présumées de bon niveau mais peu utilisées jus-qu’ici. Il pourrait, enfin, miner le détroit d’Ormuz, par lequel passe un sixième du pétrole mondial, ou ymener des attaques avec une noria d’embarcations rapides. Mais les marines occidentales disposent de capacités non négligeables de démi-nage et de riposte contre des cibles multiples, y compris des drones dont les systèmes GPS peuvent être perturbés à distance. n

L’Iran confiant dans ses capacités militaires

Yves Bourdillon @yvesbourdillon

Ils sont au cœur de l’appareil de dis-suasion et de représailles du régime iranien. Missiles et drones constituent la partie la plus redou-table de sa panoplie si ses tirs contre une base américaine à Bag-dad, mercredi matin, n’étaient que le prélude de raids et de ripostes entre Washington et Téhéran.

Les Shahab (étoiles filantes en per-san), de conception nord-coréenne, constituent l’essentiel de cette artille-rie. Téhéran dispose d’environ trois cents Shahab 1 et 2 d’une portée de 500 km, d’une centaine de Shahab 2, d’une portée double, et de cinquante à trois cents missiles Shahab 3 capa-bles de transporter une charge d’une

Les Iraniens disposent de centaines de missiles d’une portée de 500 à 2.000 kilo-mètres, capables de frapper des bases américaines au Proche-Orient, voire des infrastructures clefs en Arabie saoudite et en Israël.

Donald Trump a défendu, mercredi à la Maison-Blanche, le raid américain contre l’un des hommes clefs du régime de Téhéran, et noté que l’Iran « semble reculer ».

l’Irak, de l’Iran et du Golfe, dans la foulée des attaques.

Ces restrictions de vol inter-viennent après l’envoi par l’Iran de quinze missiles contre deux bases utilisées par l’armée améri-caine en Irak, en représailles à la frappe américaine qui avait tué à Bagdad le général iranien Qassem Soleimani la semaine dernière… Mais aussi quelques heures après le crash d’un Boeing 737-800 de la compagnie Ukraine International Airlines mercredi matin, quelquesminutes à peine après son décol-lage de Téhéran. Les causes de cette catastrophe, qui a entraîné la mort des 176 passagers et membres d’équipage, sont encore inconnues.

Interrogations sur le crash du vol Téhéran-KievL’ambassade ukrainienne en Iran a évoqué une possible panne de moteur. Mais, sur les réseaux sociaux, l’hypothèse d’un tir de missile iranien, dont la défense anti-aérienne est en état d’alerte, estaussi largement évoquée, essen-tiellement sur la base de quelques photos des débris de l’appareil. Tout en mettant en garde contre cegenre de spéculations, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a réclamé l’ouverture d’une enquête internationale pour examiner « toutes les causes possibles » du crash. De son côté, Ukraine International Airlines a suspendu tous ses vols pour Téhéran.

Les conséquences pour letransport aérien de cette crise entre les Etats-Unis et l’Iran ne se limitent toutefois pas à ce dérou-tement. Déjà fortement affectées par la hausse du prix du pétrole ces derniers jours, les principales compagnies aériennes ont vu leurs cours de Bourse encore piquer du nez mercredi. n

Elsa Dicharry @dicharry_e

et Bruno Trévidic @BrunoTrevidic

Quelques heures après des frap-pes iraniennes contre deux bases abritant des soldats américains enIrak, Air France a annoncé mer-credi matin dans un communiquésuspendre « par mesure de pré-caution » et « jusqu’à nouvel ordre tout survol des espaces aériens ira-nien et irakien ». « Cette mesure concerne moins de 10 vols à destina-tion du Proche et de l’Extrême-Orient, précise un porte-parole de la compagnie. Elle engendrera un allongement du temps de par-cours de 30 minutes maximum. » Air France avait déjà cessé de desservir Téhéran depuis sep-tembre 2018, faute de rentabilité.

ReprésaillesLe transporteur français n’est pas le seul à jouer la carte de la sécurité. Outre sa consœur KLM,Lufthansa, British Airways, Sin-gapore Airlines et l’australienne Qantas ont également décidé de contourner l’espace aérien iranien. La compagnie alle-mande a annulé son vol quoti-dien à destination de Téhéran, qui n’est plus desservie que par Iran Air au départ de l’Europe. Deux vols Emirates à destinationde New York et Milan ont aussi changé de route.

De son côté, l’agence fédéralede l’aviation américaine (FAA) a interdit dès mardi soir aux avionscivils américains le survol de

A l’instar d’Air France, les principales compa-gnies occidentales ont également décidé de contourner l’espace aérien iranien.

Air France suspend ses vols vers l’Iran et l’Irak

soit un solde de tout compte des mois de tensions entre les deux pays. « En aucun cas ce n’est la fin duconflit, et tout indique qu’il va conti-nuer. La question est plutôt de savoirsi l’Iran agira directement ou par l’intermédiaire de ses partenaires », anticipe Seth Jones, senior adviser au sein du Centre d’études stratégi-ques et internationales (CSIS). Des factions pro-iraniennes en Irak, où a eu lieu le raid contre Qassem Soleimani ont déjà indiqué que c’était maintenant à leur tour d’agir.

Le guide suprême, l’ayatollah AliKhamenei, qui a salué une « gifle à laface » des Etats-Unis, a jugé que ce n’était « pas suffisant » et qu’il fallait désormais que « la présence corrom-pue des Etats-Unis dans la région prenne fin ». « Si l’herbe est coupée

politique à suivre avec l’Iran. « Nousdevrions repenser notre présence là-bas en fonction de l’évolution de la situation, de l’équilibre des intérêts américains au Moyen-Orient par rapport à d’autres régions et des résultats relativement médiocres de nos efforts », estime Paul R. Pillar, expert auprès du Centre des études de sécurité de l’université de Geor-getown. « Il devrait y avoir beaucoupde résistance pour négocier des deux côtés, à Washington comme à Téhé-ran », estime Seth Jones. Indiquant que l’Iran pourrait aussi attendre le résultat de l’élection présidentielle américaine, en novembre prochain.

(Lire l’éditorial de Lucie RobequainPage 14

l Donald Trump a promis de nouvelles sanctions économiques mais il a assuré que les Etats-Unis étaient « prêts à la paix ».l L’ayatollah Ali Khamenei a jugé qu’il fallait que « la présence corrompue des Etats-Unis dans la région prenne fin ».

Washington et Téhéran marquent une pause dans l’escalade

Véronique Le Billon @VLeBillon

— Bureau de New York

La mise en scène était solennelle. Flanqué du vice-président, Mike Pence, et du secrétaire à la Défense, Mark Esper, Donald Trump a pro-mis mercredi à l’Iran de nouvelles sanctions économiques « immédia-tes », après les tirs de missiles ira-niens sur des bases américaines en Irak, eux-mêmes lancés en repré-sailles à l’assassinat du général ira-nien Qassem Soleimani. Durant quelques minutes, le président amé-ricain a défendu le raid américain contre l’un des hommes clefs du régime de Téhéran, un « terroriste », et noté que l’Iran « semble reculer ». Rappelant en préambule que « l’Iranne serait jamais autorisé à avoir l’arme nucléaire » sous sa prési-dence, Donald Trump a demandé aux signataires de l’accord de 2015, dont les Etats-Unis se sont exclus, des’en « détacher » à leur tour. Mais il a aussi appelé l’Otan à « s’impliquer davantage » dans la zone, assurant que les Etats-Unis étaient « prêts à la paix » avec ceux qui la voulaient.

« Mesures proportionnées »L’Iran avait indiqué, dès l’envoi de ses missiles dans la nuit de mer-credi, que ses représailles avaient été mesurées, replaçant même son action dans le cadre du droit inter-national. « L’Iran a pris et conclu desmesures proportionnées d’autodé-fense en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations unies en visant labase d’où ont été lancées de lâches attaques armées contre nos citoyens et nos hauts fonctionnaires », a tweeté dans la nuit, Javad Zarif, le ministre des Affaires étrangères d’Iran. Les missiles n’ont d’ailleurs pas fait de victimes, a reconnu Donald Trump, renforçant la thèse d’une riposte volontairement mesurée de Téhéran. « Nous ne cherchons pas l’escalade ou la guerre,mais nous nous défendrons contre toute agression », a rappelé le minis-tre. Certains experts américains doutent toutefois que la réponse somme toute symbolique de l’Iran

MOYEN-ORIENT

sous le pied de l’Amérique dans cette région et que sa main [malfaisante] est coupée pour de bon [alors nous aurons là] la réponse véritable et finale des nations de la région à l’Amérique », a également plaidé le président iranien, Hassan Rohani.

Alors que s’ouvre la campagneélectorale pour la présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis,le débat pourrait s’amplifier sur la

Certains experts américains doutent que la réponse de l’Iran soit un solde de tout compte.

tonne sur 2.000 km. Si les premiers ne peuvent frapper que des cibles en Irak et en Arabie saoudite, le rayon d’action des derniers englobe Israël, tous les pays du golfe Persique, voire le sud-est européen, l’ouest de la Chine ou la Russie.

L’industrie nationale du missile aaussi développé les missiles Sou-m a r / S a j j i l d ’u n e p o r t é e d e 2.500 km, et aurait conçu, mais pastesté, le Sajjil 3 d’une portée de 4.000 km. En raison de leur impré-cision, tous ces missiles sont d’une utilité limitée sur un champ de bataille, souligne le Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm). Mais ils sont

2.500KILOMÈTRESLa portée maximale des missiles iraniens Soumar/Sajjil. Leur rayon d’action leur permet d’atteindre Israël et tous les pays du golfe Persique.

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MONDE Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Page 7: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

mais aussi aux Philippines (77 %) eten Corée du Sud (46 %).

Au-delà du sentiment générald’insécurité vis-à-vis de la politique extérieure du président Trump, la plupart de ses décisions concrètes sont sévèrement jugées. La hausse des droits de douane sur les produitsimportés est rejetée à 68 %, son retrait de l’Accord de Paris sur le changement climatique à 66 %, la dénonciation du traité nucléaire de 2015 avec l’Iran à 52 %, la construc-tion du mur à la frontière mexicaine à 60 % et sa politique migratoire res-trictive à 55 %. La seule action diplo-matique qui recueille une courte majorité de soutiens concerne sa stratégie de « négociation » avec le leader nord-coréen Kim Jong-un, particulièrement plébiscitée au Japon et en Corée du Sud.

Soutien des populistes de droiteLes analystes du Pew Research Cen-ter n’ont pas manqué de repérer des filiations entre le soutien à Trump etles partis ou gouvernements popu-listes de droite. La sympathie à l’égard du président américain a augmenté de 15 points et plus en un an dans les partis classés à droite en Hongrie, au Brésil et en France où laconfiance s’établissait à 9 % en 2018. Dans l’Hexagone, 30 % des partisansde Marine Le Pen font aujourd’hui confiance à Trump contre 13 % en 2018. Comme si la popularité du mil-liardaire américain tenait de plus enplus à son idéologie et de moins en moins aux implications de son action politique. — C.C.

Alors qu’il vient de s’engager dans une offensive à l’issue incertaine enIran, la cote de popularité du prési-dent des Etats-Unis reste très faible à travers le monde. L’enquête menée par le think tank américain Pew Research Center dans 33 pays, entre mai et octobre 2019, révèle que 64 % des citoyens interrogés nefont pas confiance au leader de la première puissance mondiale pourgérer les affaires du monde tandis que 29 % la lui accordent. Sur l’échelle de la défiance, Donald Trump se situe en tête des princi-paux dirigeants mondiaux devant le Russe Vladimir Poutine et le Chi-nois Xi Jinping.

La méfiance est particulièrementancrée en Europe, et plus encore enEurope de l’Ouest où seulement 13 % des Allemands, 18 % des Sué-dois, 20 % des Français et 21 % des Espagnols approuvent sa politique internationale. A l’Est, le soutien estplus marqué, en particulier en Polo-gne, seul pays d’Europe où Trump remporte une majorité (à 51 %) de réponses positives.

Dans le reste du monde, le prési-dent des Etats-Unis jouit d’une bonne image chez ses traditionnelsalliés, en Israël (71 %) où la décision des Etats-Unis de transférer leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalema été particulièrement appréciée,

Une enquête internationale du Pew Research Center souligne le très faible ni-veau de confiance des opinions publiques à l’égard du président américain.

Trump suscite une large méfiance dans le monde

face à la menace. Il s’agit d’une stra-tégie calculée de flexibilité, car il ne veut pas dépendre uniquement des décisions qui seront prises par Washington », remarque Rachel Suissa, spécialiste des questions de sécurité à l’université de Haïfa.

Quant aux Israéliens, ils conti-nuent de vivre comme si de rien n’était. D’abord, pour eux, la menace n’est pas nouvelle . Ensuite, beaucoup pensent qu’Israël est plus fort et que l’Iranne prendra pas le risque de déclencher une attaque contre Israël comme il l’a fait contre l’Arabie saoudite cet automne. Enfin, plutôt qu’inquiets, les Israéliens ont été surpris et satis-faits par la mort du général Qas-sem Soleimani.

Une menace pour la sécurité d’IsraëlSurpris, d’abord, car le président Donald Trump semblait ces der-niers mois vouloir désengager les forces militaires américaines du Moyen-Orient et avait évité de riposter à plusieurs attaques ira-niennes contre les intérêts de plu-sieurs alliés américains dans le golfe Persique. Une situation que déplorait récemment le chef d’état-major israélien, Aviv Kochavi, lors d’une conférence. Il avait souligné à regret qu’Israël était seul à réagir en Irak face aux actions de plus en plus « agressi-ves » menées par les Iraniens : pour la première fois, il avait ainsi reconnu l’existence d’actions israéliennes dans ce pays.

Surtout, les Israéliens sont trèsmajoritairement satisfaits, car le général Qassem Soleimani cha-peautait plusieurs mouvements qui menacent la sécurité d’Israël àses frontières : le Hezbollah au nord, le Hamas et le Djihad isla-mique au sud. D’ailleurs, certains prêtent aux Israéliens des tentati-ves d’assassinat du général ira-nien. En tout cas, ils souhaitaient ardemment sa disparition. La liquidation américaine de Solei-mani a donc été saluée par la classe politique israélienne à la quasi-unanimité.

B e n y a m i n N e t a n y a h u adéclaré que « de la même manièrequ’Israël a le droit de se défendre, les Etats-Unis ont exactement le

même droit ». Approbation aussi de Benny Gantz, ancien chef d’état-major et chef de Bleu Blanc, principal parti d’opposi-tion à Benyamin Netanyahu et aussi par Amir Peretz, chef du Parti travailliste et ancien minis-tre de la Défense. Les rares qui critiquent l’action américaine soulignent que ces opérations ciblées ne règlent rien, car les hommes sont toujours rempla-cés, a fortiori dans un pays aussi structuré que l’Iran. D’ailleurs, Esmail Ghaani, le second du général Soleimani, a déjà été nommé comme successeur. n

Israël affiche son calme

Catherine Dupeyron—A Jérusalem

« Si l’Amérique prend la moindre mesure après notre riposte mili-taire, nous réduirons Tel-Aviv et Haïfa en poussière », a déclaré Mohsen Rezaï, homme fort du régime iranien. Dans ce cas, l’Iran s’appuierait sur l’un de ses alliés, leHezbollah, qui dispose d’un arse-nal important au Liban et en Syrie,deux pays qui, contrairement à l’Iran, ont des frontières commu-nes avec Israël.

Israël se prépare donc à uneriposte iranienne, d’autant que le pays est plus que jamais l’allié des Etats-Unis, ce que le président Trump et le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, ne cessent de répéter. Le niveau d’alerte de l’armée israélienne a été relevé. Mais il n’y a pas eu de rappel des réservistes, qui serait le signe d’une détérioration majeure.

Stratégie de flexibilité pour NetanyahuCependant, Israël affiche son calme. Benyamin Netanyahu a demandé à ses ministres de s’abs-tenir de tout commentaire. « Le gouvernement israélien reste coi

L’Etat hébreu a relevé son niveau d’alerte depuis l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani. Mais la satisfaction de voir disparaître cet ennemi majeur l’emporte sur l’inquiétude.

« Si l’Amérique prend la moindre mesure après notre riposte militaire, nous réduirons Tel-Aviv et Haïfa en poussière. »MOHSEN REZAÏSecrétaire du Conseil de discernement et homme fort du régime iranien

C’est une crise comparable à celle de la Syrie qui se prépare en Libye, àune journée de bateau de l’Europe. Certes, le pays est trois fois moins peuplé que la Syrie, où sont enga-gées militairement toutes les gran-des puissances régionales et mon-diales, hormis la Chine. Mais la Libye est stratégique : troisième exportateur africain d’or noir, elle est cruciale pour le partage des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale et située sur la principale route de migrants du continent vers l’Europe. Y sont impliqués la Russie, l’Egypte, l’Ara-bie saoudite, l’Algérie, la France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que la Turquie. Une cin-quantaine de milices ajoutent à la volatilité sur le terrain.

Ankara a annoncé, mercredi,qu’elle venait d’y déployer un petit contingent militaire en soutien au Gouvernement d’union natio-nale (GNA) dirigé par Fayez Al Sar-

raj, face aux forces du maréchal Khalifa Haftar. Ce dernier tient l’estdu pays, notamment le croissant pétrolier, et prend le dessus depuis quelques mois, comme l’illustre sa prise du port de Syrte, lundi. Haftarest soutenu par la Russie, qui auraitdépêché 2.500 mercenaires, ainsi que l’Egypte, l’Arabie saoudite et lesEmirats arabes unis.

Le GNA n’a pas d’appuis militai-res officiels, mais c’est le seul à êtrejugé légitime par la communauté internationale. « Nous voulons empêcher la Libye de devenir le théâtre d’une guerre par procura-tion. Et faire en sorte que la Libye nedevienne pas une seconde Syrie », a estimé à Bruxelles, mercredi, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, aux côtés du chef de la diplomatie de l’Union, Josep Borrell, à l’issue d’une réunion avec Fayez Al Sarraj.La veille, Heiko Maas avait estimé que l’intervention turque risquait

« d’envenimer la situation », de concert avec ses homologues bri-tannique Dominic Raab, français Jean-Yves Le Drian et italien Luigi Di Maio, avant que ces deux der-niers ne s’envolent pour une réu-nion au Caire consacrée à la crise.

La France soupçonnée de jouer un rôle ambiguL’Egypte considère que la situa-tion chez son voisin libyen relève de sa sécurité nationale et a mis engarde la Turquie contre « les conséquences d’une quelconque intervention militaire ». Paris, de son côté, a été soupçonné de jouerun rôle ambigu, soutenant officiel-lement le GNA mais complaisant avec Haftar en raison de son rôle contre les djihadistes au Sahel.

Moscou et Ankara sauront sansdoute éviter un affrontement en Libye malgré leur rivalité. Le prési-dent russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep TayyipErdogan, ont appelé ensemble, mercredi, à un cessez-le-feu dès lundi en Libye. Tous deux inaugu-raient à Istanbul le gazoduc Turk-Stream, d’une capacité de 31 mil-liards de mètres cubes par an, dontla construction a débuté en 2017 etqui passe sous la mer Noire. Il per-met à la Russie d’exporter son gaz vers l’Europe en contournant l’Ukraine. — Y. B.

Les grandes puissances s’impliquent dans la crise libyenneLa guerre civile libyenne menace de déraper sur le modèle de la crise syrienne. Plongées dans d’intenses pour-parlers, la Turquie, la Russie, l’Egypte, l’Arabie saoudite, la France et l’Italie essaient d’éviter ce scénario catastrophe.

La Libye est cruciale pour le partage des gisements d’hydrocarbures en Méditerranée orientale.

Des manifestants brûlent les drapeaux israéliens et américains, à Téhéran, le 4 janvier, au lendemain de la mort de Qassem Soleimani.

Videz-vous la tête avecun magazine qui la remplitun magazine qui la remplit

Videz-vous la tête avec un magazine qui la remplit

Vendredi

avec

Les Echos

Atta

Ken

are/

AFP

MONDE Les Echos Jeudi 9 janvier 2020

Page 8: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

08 // MONDE Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

côtés d’organisations d’agriculteurs. Mais cette fois-ci, de nombreux étu-diants sont venus gonfler leurs rangs. Ces derniers sont depuis des semaines en tête de la contestation contre la loi sur la citoyenneté votée en décembre et qui introduit des cri-tères religieux pour l’obtention de la

nationalité indienne. « Je manifeste contre la loi sur la citoyenneté et je suis solidaire des travailleurs, moi-même j’appréhende le futur, je ne trouverai probablement pas de travailà la fin de mon master », craint Ishita,une étudiante de vingt ans, présente aux côtés d’employés de banques

publiques, de fonctionnaires et de retraités.

Cette « grève générale » inter-vient alors que le gouvernement vient tout juste de dévoiler ses prévi-sions de croissance pour l’année fis-cale en cours. La croissance ne devrait pas dépasser les 5 %, soit

son r ythme le plus faible en onze ans, alors que le taux chômagea atteint son plus haut niveau en quarante-cinq ans. « Nous sommes extrêmement proches d’un point de basculement dans une récession majeure », a d’ailleurs jugé Abhijit Banerjee, prix Nobel d’économie, à

Carole Dieterich — Correspondante à New Delhi

« A bas le gouvernement de Naren-dra Modi ! », scandent les manifes-tants qui ont bravé la pluie et le froid, ce 8 janvier, à New Delhi. A travers tout le pays, des millions de personnes ont répondu à l’appel de dix syndicats de gauche, selon les évaluations des organisateurs. Ces derniers s’opposent à la réforme dudroit du travail, aux privatisations d’entreprises publiques, comme Air India, ou encore à la fusion de plusieurs banques publiques. Ils réclament, par ailleurs, une aug-mentation du salaire minimum et des retraites.

Ces revendications ne sont pasnouvelles et les syndicats les font résonner depuis des années déjà aux

ASIE

Des millions de tra-vailleurs ont protesté, mercredi, contre la politique économique du gouvernement de Narendra Modi.

Malgré les tentatives de relance, la crois-sance demeure au ralenti dans un contexte de fortes tensions sociales.

En Inde, la grogne monte contre la politique économique des nationalistes hindous

thèmes qui ne sont pas couvertspar des accords internatio-naux, juge Ursula von der Leyen.

La relation commerciales’annonce comme le cœur de cefutur bras de fer, qui promet de donner des sueurs froides aux négociateurs durant la secondemoitié de 2020. Pour les Euro-péens, les choses sont claires : pas question que Londres con-tinue à bénéficier d’un accès privilégié au marché unique si elle refuse de respecter les règles qui le gouvernent. Ce quela présidente a résumé en pro-posant aux Britanniques de s’engager pour « un partenariat sans tarif, sans quota »… mais aussi sans dumping ». « Sans liberté de circulation des person-nes, vous ne pouvez pas avoir de liberté de circulation des capi-taux, des biens et des services », a-t-elle également martelé.

Pas d’alignementPour Boris Johnson, l’objectif est double. Mettre rapidement en pratique, d’abord, la volonté exprimée par le peuple au réfé-rendum de 2016. « Après avoir attendu plus de trois ans pour réaliser le Brexit, les citoyens bri-tanniques comme européens s’attendent à juste titre à ce que les négociations sur un ambi-tieux accord de libre-échange s’achèvent dans les temps », devait-il dire à la présidente de la Commission européenne.

Donner à l’opinion publiquedes signes tangibles de la sortie de l’UE, ensuite. Il vise un accord commercial « ambi-tieux », pour limiter les dégâts collatéraux sur les entreprises britanniques qui commercent avec l’UE, mais « pas un aligne-ment » sur les règles européen-nes, a fait savoir Downing Street. Le risque serait alors d’aboutir à un Brexit qui n’en aurait plus que le nom et qui priverait le Royaume-Uni de la liberté à laquelle il aspire. n

Alexandre Couniset Gabriel Grésillon

Boris Johnson veut aller vite, Bruxelles lui répond qu’il va fal-loir faire des choix. En déplace-ment à Londres, mercredi, la nouvelle présidente de la Com-mission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu le Pre-mier ministre britannique que son souhait d’empêcher toute extension de la future période de transition – qui doit prendre fin le 31 décembre 2020 – n’étaitguère réaliste pour négocier la relation future du pays avec l’Union européenne. La périodeest « très, très courte », a-t-elle estimé, confirmant une inquié-tude qu’elle avait révélée aux « Echos ». « Sans une extension de la période de transition au-delà de 2020, on ne peut pas espé-rer s’accorder sur tous les aspectsde notre nouveau partenariat », a expliqué l’Allemande.

Le spectre du dumping« Nous allons devoir établir des priorités » , prévient donc Ursula von der Leyen, énonçantdésormais sans détour ce qui semurmurait depuis plusieurs semaines à Bruxelles. Puisque le Premier ministre britanni-que propose d’ancrer dans la loi d’application de l’accord de sortie l’interdiction d’étendre la période de transition, il faudra se concentrer, d’abord, sur les

EUROPE

Ursula von der Leyen a prévenu quela volonté d’aller vite de Boris John-son rendait impossi-ble la conclusion d’un accord complet sur la relation future dans les temps impartis.

Brexit : Bruxelles veut des négociations ciblées

Richard Hiault @RHIAULT

Le pire est passé. En dévoilant, mer-credi, ses nouvelles prévisions de croissance, la Banque mondiale attend un léger mieux. Pour 2020, lahausse du produit intérieur brut (PIB) mondial devrait atteindre 2,5 % après 2,4 % l’an dernier. Une croissance qui sera à mettre à l’actif

des pays émergents et en développe-ment crédités d’un taux de 4,1 %, après 3,5 % en 2019, plutôt qu’aux pays développés. Le PIB de ces der-niers croîtra de seulement 1,4 %, soitun recul de 0,2 point de pourcentagepar rapport à la performance de 2019. Le redressement progressif ducommerce et des investissements soutiendra cette timide reprise. Ris-que de conflits, exacerbation des

CONJONCTURE

La croissance mon-diale atteindrait, cette année, 2,5 % après 2,4 % en 2019. Mais la Banque s’inquiète de la faible croissance de la productivité.

tensions commerciales, hausse excessive de l’endettement et crise financière potentielle sont au nom-bre des fragilités qui pourraient toutremettre en cause. Dans son rap-port, la Banque s’inquiète particuliè-rement de la faible croissance de la productivité.

Depuis la crise de 2008, « la crois-sance de la productivité, principale source de progression des revenus et moteur de la réduction de la pauvreté,accuse un ralentissement plus généra-lisé et plus marqué qu’au cours des quatre décennies précédentes », s’alarme-t-elle. Dans la période pré-cédant la crise financière, les pays pauvres ont réussi, en partie, à com-bler le fossé les séparant des pays industrialisés. Reste qu’aujourd’hui, en moyenne, la productivité des pre-miers n’atteint même pas 20 % de celle constatée dans les seconds.

Même si en 2018, globalement,leur productivité a progressé de 3,6 % (quatre fois plus que le niveau observé dans les pays industrialisés),le résultat est bien inférieur aux 6,6 % observés en 2007. En excluant des calculs la Chine et l’Inde, la crois-sance de la productivité des pays en développement est supérieure de seulement 0,5 % à celle des pays riches. Bref, au rythme actuel, il fau-dra plus d’un siècle pour combler définitivement le fossé.

La mondialisation stagneLa faute en revient au manque d’investissement constaté dans ces pays en développement. L’arrêt du développement des chaînes de valeur internationales par les multi-nationales est également pointé comme un phénomène restrictif.

A plus long terme, la Banquemondiale s’inquiète de l’impact du réchauffement climatique. Dans les pays en développement fortement dépendants de l’agriculture, séche-resses et inondations pourraient sévèrement impacter la producti-vité. En filigrane de cette analyse, la réduction des inégalités risque de subir un coup d’arrêt. n

Croissance : la Banque mondiale se montre prudemment optimiste

Des millions d’Indiens ont manisfesté, mercredi, alors que le chômage est à son plus haut niveau depuis 45 ans. Photo Money Sharma / AFP

Bombay cette semaine. Depuis plu-sieurs mois, le gouvernement tente pourtant de relancer l’économie : il a notamment procédé à une baisse surprise de l’impôt sur les sociétés…sans grand succès. « Les entreprises sont assises sur un paquet de liquidi-tés, et elles ne l’utilisent pas pour la bonne et simple raison qu’il n’y a pasde demande », a ainsi fait remarquerAbhijit Banerjee.

Le 31 décembre, la ministre desFinances a également dévoilé le détail du grand plan d’investisse-ment dans les infrastructures qui figurait au programme des natio-nalistes hindous lors des dernières élections générales, en mai 2019. S elon cette feui l le de route, 1.300 milliards d’euros seront injec-tés dans les infrastructures d’ici à 2024 et les crédits publics devraientassurer la majorité de ces investis-sements. Les économistes parient sur une possible baisse des impôts des ménages lors de la présentationdu budget, le mois prochain. Des propositions qui ne suffiront peut-être pas à calmer l’opinion publiquechauffée à blanc par la violente répression des manifestations con-tre la loi sur la citoyenneté. n

La croissance ne devrait pas dépasser 5 %, son rythme le plus faible en onze ans.

Page 9: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

(« covenant »). Résultat : l’endette-ment des entreprises a explosé.

Dans certains cas, les industrielsont profité de cet argent pas cher pour mener des acquisitions coû-teuses qu’ils n’auraient pas forcé-ment réalisées autrement. Dans d’autres, ce sont les fonds de capital-investissement qui ont puisé dans cette source apparemment intaris-sable pour financer des achats de sociétés à des prix astronomiques.

Les analystes d’UBS voient déjàun risque majeur et sous-estimé parles grandes banques d’investisse-ment, qui se disent plus prudentes qu’avant la crise. « La part totale desprêts à risque (notés “BBB”) dans les économies avancées progresse et dépasse 50 % », remarquent-ils dans une note récente. Un ralentis-sement du PIB et des cash-flows en baisse pourrait déclencher un cer-cle vicieux.

C’est aussi une opportunité pourles banques. « On commence à voir de plus en plus de sociétés dans des situations de stress financier », souli-gne Daniel Rudnicki Schlumber-ger, responsable du « leveraged finance » (financement à effet de levier) pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient chez JP Morgan. La banque américaine, qui conseille ces sociétés pour restructurer leur dette, est justement en train d’étof-fer ses équipes en Europe. n

LE COMMENTAIRE

de Hélène Rey

Le terrible déclin qui frappe l’Amérique

L ors de la récente assembléeannuelle de l’Associationaméricaine de sciences

sociales à San Diego, on a assisté à une convergence de vues remar-quable entre de prééminents cher-cheurs en sciences politiques (Robert Putnam) et en économie (Anne Case et le prix Nobel Angus Deaton) sur la désintégration du tissu social dans la société améri-caine et ses conséquences.

Cela fait maintenant trois ansque l’espérance de vie aux Etats-Unis décline. C’est la première fois que cela arrive depuis la Première Guerre mondiale et l’épidémie de grippe de 1918. Ce déclin est dû en bonne part à la mortalité accrue desadultes américains blancs en rai-son du nombre de morts par sui-cide, drogue (opioïde) ou alcool qui s’accroissent pour les hommes comme pour les femmes.

La crise de 2008 ne conduit pas àun accroissement notable de ces

morts. Il s’agit bien d’une tendance de long terme.

Case et Deaton soulignent la dis-location du monde du travail, la sta-gnation du revenu médian des moins qualifiés sur une longue période, la dégradation de leur sta-tut social, la perte de pouvoir des syndicats. Mais ils mettent aussi en avant la perversité du système de santé américain qui a permis la dif-fusion à grande échelle des opioïdeset enrichi démesurément quel-ques-uns aux détriments de la vie de beaucoup d’autres.

Les dépenses de santé aux Etats-Unis sont bien plus élevées que par-tout ailleurs (plus du double de la France par habitant en 2015), elles s’accroissent beaucoup plus vite qu’ailleurs depuis les années 1980 alors que l’espérance de vie améri-caine diverge vers le bas. Selon eux,c’est à cause (et non pas en dépit) deces larges dépenses de santé – qui permettent les larges profits de

Robert Putnam fait un constattrès similaire. Il montre qu’entre 1890 et nos jours toutes les mesuresde coopération, de liens sociaux ontune forme de U inversé avec un pic aux alentours des années 1950 ou 1960. Cela est vrai pour l’apparte-nance à des associations (scouts, etc.), à des syndicats, à une église, pour les mariages, les compromis bipartisans à la Chambre des repré-sentants et au Sénat.

Ayant fait une étude linguistiquesur la fréquence d’apparition des mots « je » et « nous » dans toute la littérature américaine, il trouve de façon remarquable exactement la même forme en U inversé avec une dominance du « je » qui décroît de 1890 aux années 1960 puis s’accroît de la fin des années 1960 jusqu’à nos jours.

Selon Putnam, l’individualismeculturel précède, dans les données, l’inégalité économique. Plusieurs questions découlent de ces analy-

ses : quels sont les déterminants de long terme des fluctuations de l’individualisme culturel, de l’inten-sité des liens sociaux aux Etats-Unis ? Le XXe siècle a vu dans sa pre-mière moitié une densification du tissu social, la création de nombre d’associations et une croissance dessyndicats aux Etats-Unis.

Pouvons-nous apprendre de cepassé et renverser la tendance de dislocation de la société et ses conséquences dramatiques à laquelle nous assistons actuelle-ment ? Une deuxième question importante est de savoir si ces ten-dances sont spécifiques aux Etats-Unis ou, si, comme souvent, elles préfigurent une tendance qui gagne les autres économies avan-cées, en particulier l’Europe. Ces questions ont besoin de réponse. C’est urgent.

Hélène Rey est professeure à la London Business School.

l’industrie pharmaceutique et de certains membres du corps médi-cal – que la santé publique se dété-riore à travers la diffusion excessivede médicaments dangereux.

Mais Case et Deaton insistentaussi grandement sur la disparitiondes liens sociaux pour expliquer les « morts par désespoir ». Ils remarquent que les zones du cer-veau qui sont activées en cas d’exclusion sociale sont les mêmes que celles qui sont activées en cas dedouleur physique.

Cela fait trois ans que l’espérance de vie recule aux Etats-Unis.

C’est du jamais vu depuis 1918 et l’épidémie de grippe.

L’ANALYSE DE LA RÉDACTION Alors que les banques ont pu prêter depuis plusieurs années sans prendre de gros risques, du fait des taux bas notamment et des facilités de refinancement, l’année 2020 s’an-nonce bien différente. Certaines faillites retentissantes en 2019 en sont les premiers signes. La part des prêts risqués repart à la hausse. Une pente glissante pour le secteur bancaire mais aussi des oppor-tunités pour les sociétés de restructu-ration de dettes.

DLes points à retenir

•Au troisième trimestre 2019, les banques européennes ont surpris en provisionnant plus que de coutume pour faire face à des procédures de sauvegarde ou de redressement de grandes entreprises comme celle de Thomas Cook.•Pendant des années, la politique non conventionnelle des banques centrales a favorisé une compétition à la baisse sur le marché du crédit permettant aux entreprises de s’endetter à bas coût.•En cas de choc, impliquant une envolée des faillites et du chômage, la facture pourrait être salée pour les banques.•D’où un resserrement logique constaté dans la dernière étude de la BCE sur les prêts en zone euro.•Les sociétés de conseil en restructuration de dette pourraient au contraire en profiter.

Thibaut Madelin @ThibautMadelin

Depuis quelques années, les ban-ques européennes jouissent d’une anomalie : leur coût du risque est extrêmement faible. Autrement dit, quand elles prêtent de l’argent, elles sont quasi sûres d’être remboursées.En 2018, certaines ont même vécu lasituation pour le moins étonnante de reprendre des provisions sur des crédits qu’elles avaient dans un pre-mier temps considérés comme dou-teux. Cette situation extraordinaire devrait disparaître en 2020.

La normalisation a déjà com-mencé à opérer. Au troisième tri-mestre 2019, les banques européen-nes ont surpris les analystes avec uncoût du risque plus élevé que prévu.Les provisions ont été essentielle-ment liées à des dossiers spécifi-ques : des entreprises de taille importante en procédure de sauve-garde ou en redressement. L’an dernier, ce fut le cas de Casino, Bour-bon ou encore Thomas Cook, mêmesi les banques ne les nomment pas.

Toute la question est de savoir si,avec la fin de cycle qui se profile, cescas isolés vont se généraliser ou s’ilsresteront cantonnés à des sociétés ou secteurs identifiés. « Le coût du risque n’est certainement plus un vent arrière pour les banques, c’est unvent de face, juge Jon Peace, analystebancaire chez Credit Suisse. Mais il faudrait un grand choc économique pour qu’il se détériore gravement. »

Jusqu’à présent, les taux faiblesde la Banque centrale européenne (BCE) ont permis aux emprunteursde se financer ou se refinancer à bon compte, repoussant le risque de défaut. Mais à mesure que l’éco-nomie mondiale ralentit, cette béquille ne suffit plus. En cas de choc, qui impliquerait une envolée des faillites et du chômage, la fac-ture pourrait être salée pour les banques, déjà fragilisées par le bouleversement de leur secteur.

Les tensions commerciales etgéopolitiques ont déjà impacté les clients industriels. Entre janvier et septembre, l’assureur-crédit Euler Hermes a recensé dans le monde

gne – les deux premières économiesde la zone – même si d’autres pays comme les Pays-Bas ou l’Espagne ont été épargnés par ce mouvement.

Sur le fond, un resserrementserait logique. Pendant des années, la politique non conventionnelle des banques centrales a permis auxentreprises de s’endetter à bas coût.Par ailleurs, l’appétit du marché obligataire et l’émergence de fonds de dette ont créé une compétition à la baisse sur les conditions d’octroi

ayant refusé de financer l’acheteur. « Il a fallu trouver un fonds de dette »,ajoute-t-il, soulignant que l’appétit des établissements bancaires s’est surtout dégradé dans la distribu-tion et l’automobile.

Son observation semble corrobo-rer l’analyse de la BCE. Dans sa der-nière étude sur les prêts en zone euro, celle-ci a constaté au troisièmetrimestre un léger resserrement desconditions d’octroi de crédit aux entreprises en France et en Allema-

249 faillites d’entreprises de plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Si leur nombre est resté stable, la taille des entreprises a augmenté et leur chiffre d’affaires cumulé a bondi à 145 milliards, en hausse de 37 %.

Les banques ont commencé àréagir. « On sent le retour des comitésdes risques », témoigne le patron d’un fonds d’investissement, dont une cession d’entreprise a capoté à la suite du retrait d’une banque

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Prêts aux entreprises : les banques retrouvent le coût du risque

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idées&débats

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10 // IDEES & DEBATS Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

opinions

la mer de Chine orientale. Les Etats-Uniscraignent qu’après avoir abandonné le précepte de Deng Xiaoping, « cacher sa force et prendre tout le temps nécessaire »,le président Xi Jinping se lance dans unestratégie d’expansionnisme agressif. La Chine, quant à elle, craint que les Etats-Unis ne s’opposent à sa montée en puis-sance, et ne reconnaissent pas ses préoc-cupations légitimes de sécurité en Asie.

Comment cette rivalité va-t-elle évo-luer ? Une concurrence stratégique débridée conduirait presque certaine-ment à une escalade de la guerre froide àun véritable conflit – avec toutes ses conséquences désastreuses pour le monde.

Espoir de coopérationExiste-t-il des alternatives réalistes ? A l’image de l’ancien Premier ministre australien Kevin Rudd, certains obser-vateurs occidentaux proposent une « concurrence stratégique contrô-lée ». D’autres parlent d’une relation sino-américaine basée sur une « coopéti-tion ». Il s’agit là de variantes de la mêmeidée : les relations sino-américaines doi-vent inclure la coopération dans cer-tains domaines (notamment en matièrede biens communs tels que le climat, le système financier et le système commer-cial international) et une concurrence constructive dans d’autres.

Mais le président Trump ne com-prend pas qu’une « concurrence stratégi-que contrôlée » avec la Chine nécessite bonne foi et coopération avec d’autres pays. Protectionniste, unilatéraliste, illi-béral, il préfère s’opposer aux amis et alliés des Etats-Unis, quitte à laisser l’Occident divisé et mal préparé à défen-dre et réformer, comme il le faudrait, l’ordre libéral mondial qu’il a créé.

Les Chinois espèrent, sans doute, qu’ilsera réélu en 2020. Certes, il présente desinconvénients à court terme, mais avec suffisamment de temps, il détruira les alliances stratégiques qui constituent le socle de la puissance militaire et de l’influence des Etats-Unis dans le monde. Tel un cheval de Troie au servicede l’empire du Milieu, Trump « will make China great again ».

Nouriel Roubini est président de Roubini Global Economics.

Ce texte est publié en collaboration avecProject Syndicate, 2020. www.project-syndicate.org

ter de freiner la croissance de la haute technologie chinoise.

En raison de la suspicion croissantedes Etats-Unis, les investissements directs chinois en Amérique ont chuté de 80 % depuis 2017. Et maintenant des propositions de loi américaines pour-raient interdire aux fonds de pension publics américains d’investir dans les firmes chinoises, limiter les investisse-ments chinois en capital-risque aux Etats-Unis et contraindre certaines entreprises chinoises à se retirer des Bourses américaines.

Souveraineté financièreLa Chine, de son côté, va chercher à contourner les obstacles que dressent contre elle les Etats-Unis au sein du sys-tème financier international qu’ils contrôlent, et à se protéger de l’utilisa-tion du dollar à son encontre. Pour cela, elle pourrait créer une monnaie numéri-que ou une alternative au système SWIFT utilisé pour les règlements finan-ciers internationaux. Elle pourrait aussi essayer d’étendre à l’international Ali-pay et WeChat, ses plates-formes de payement numérique sophistiquées qui remplacent déjà la plupart des paye-ments en liquide en Chine même.

Dans toutes ses dimensions, l’évolu-tion des relations sino-américaines sem-ble traduire une démondialisation, une fragmentation économique et finan-cière et une balkanisation des chaînes d’approvisionnement. La stratégie de sécurité nationale de la Maison-Blanchede 2017 et la stratégie de défense natio-nale des Etats-Unis de 2018 considèrent la Chine comme un « concurrent stratégi-que » qu’il faut contenir.

La tension sino-américaine affectetoute l’Asie, de Hong Kong et de Taïwan jusqu’à la mer de Chine méridionale et à

L’évolution des relations sino-américaines semble traduire une démondialisation, une fragmentation économique et financière et une balkanisation des chaînes d’approvisionnement.

Et Trump permit à la Chine de devenir « great again »L’annonce d’un accord commercial partiel entre les Etats-Unis et la Chine est une illusion. Il s’agit en réalité d’une trêve temporaire qui n’empêchera nullement les deux pays de continuer à diverger, écrit Nouriel Roubini.

DANS LA PRESSEÉTRANGÈRE

• Quelque 393 millions d’armes à feu seraient en circulation aux Etats-Unis, plus que la population (327 millions d’habitants). Mais pour les Américains,inquiets de cette prolifération qui repose sur une interprétation du deuxième amendement de la Constitu-tion votée avec d’autres aménagementsconstitutionnels en 1791, une limitation du port d’arme est un rêve lointain. Ce qui n’empêche pas certaines villes de sedéfendre.

Ainsi, raconte le « Wall Street Jour-nal », Kansas City (Missouri) a porté plainte contre un fabricant d’armes et plusieurs vendeurs en les accusant de trafic illégal. Ce procès contre un fabri-cant, et non pas contre une personne, est « une première depuis plus de dix anspour une grande ville américaine », selonle maire démocrate Quinton Lucas. L’entreprise citée dans cette affaire est une société du Nevada, Jimenez Arms Inc., qui vend des armes à feu à bon marché. D’après l’acte d’accusation, la société a vendu à des prix de gros des armes à James Samuels, un ancien pompier de Kansas City. Or celui-ci ven-dait des armes à des particuliers sans avoir une licence l’y autorisant. Ce que savait la société Jimenez.

D’autres revendeurs, qui ont euaffaire avec James Samuels, sont égale-ment poursuivis par la ville pour des « trafics » allant de 2013 à 2018. James Samuels a pour sa part a été poursuivi dans le Missouri pour avoir violé les législations fédérales sur les ventes d’armes. Il est actuellement en détentiondans l’attente de son procès. En 2006, rappelle le journal, Michael Bloomberg,alors maire de New York, avait intenté des procès à des vendeurs d’armes. Cer-tains ont fait faillite. D’autres ont passé des accords à l’amiable. En outre, le mil-liardaire a financé un fonds Everytown for Gun Safety qui épaule la ville de Kan-sas City dans son procès. —J. H.-R.

Etats-Unis : une ville poursuit un fabricant d’armes à feu

LE MEILLEUR DUCERCLE DES ÉCHOS

Pourquoi l’économie française est grippée ?

Claude Sicard, économiste, explique que l’effondrement du secteur industriel français est à l’origine des maux de notre économie.

RICHESSE « Dans tous les pays la production industrielle joue un rôle moteur. Il existe une corrélation extrêmement forte entre la production industrielle des pays et leur PIB par tête. […] D’une façon tout à fait inattendue, c’est la Suisse qui a le ratio de production le plus fort, et il en résulte un PIB/tête extrêmement élevé : un peu plus de 80.000 dollars, alors que celui de la France n’est que de 41.000 dollars. »

EMPLOI « Il manque dans notre secteur industriel, pour le moins, 1.800.000 emplois. S’ils existaient, le secteur des services s’en trouverait renforcé de 3.600.000 postes supplémentaires, les économistes considérant qu’un emploi dans le secteur secondaire génère deux emplois dans le secteur tertiaire. Il n’y aurait donc, ainsi, plus de chômage en France. »

COMPÉTITIVITÉ « Les dépenses sociales n’ont pas cessé de gonfler les dépenses publiques […]. Pour boucler ses budgets l’Etat s’est trouvé contraint, chaque année, de s’endetter un peu plus, malgré l’accroissement régulier des prélèvements obligatoires. Les entreprises ont été mises à contribution, bien plus qu’il n’aurait fallu, en sorte que notre secteur productif depuis des années a cessé d’être compétitif. »

REMÈDE « La France est l’un des pays d’Europe le plus désindustrialisé. Si le pays voulait se redresser, il faudrait qu’il parvienne à remonter son secteur industriel à 18 % au moins du PIB, alors que l’on est tombé actuellement à 10 %. Il en résulterait une réduction, en valeur relative, des dépenses sociales : le budget de l’Etat reviendrait à l’équilibre, et la dette de la nation se réduirait. »

aA lire en intégralité sur Le Cercle :lesechos.fr/idees-debats/cercle

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L ’annonce de la « première phase »d’un accord commercial entre lesEtats-Unis et la Chine a regonflé

les marchés financiers qui craignaient une escalade du conflit commercial entre les deux puissances. Pourtant il n’ya pas de quoi se réjouir. La Chine s’engage vaguement à acheter davan-tage de produits agricoles et d’autres biens aux Etats-Unis et ferait de modes-tes concessions concernant le droit de propriété intellectuelle et le yuan. En échange de quoi Washington a accepté de suspendre une hausse des tarifs douaniers qui auraient été appliquée à des produits exportés par la Chine repré-sentant une valeur totale de 160 mil-liards de dollars.

Heureusement pour les investisseurs,l’accord évite une nouvelle hausse des droits de douane qui aurait pu pousser les Etats-Unis et l’économie mondiale dans la récession, et provoquer l’effon-drement des Bourses un peu partout dans le monde. Néanmoins, il ne s’agit que d’une nouvelle trêve temporaire qui s’inscrit dans le cadre d’une rivalité stra-tégique qui englobe le commerce, la technologie, les investissements, la monnaie et les questions géopolitiques. Beaucoup de droits de douane restent enplace et l’escalade pourrait reprendre si l’une ou l’autre des deux puissances ne respecte pas ses engagements.

Découplage sino-américainAussi, le découplage sino-américain va-t-il probablement se poursuivre – c’est d’ailleurs une quasi-certitude dans le secteur technologique. Les Etats-Unis considèrent l’ambition chinoise de par-venir à l’autonomie et par la suite à la suprématie dans les techniques de pointe (l’intelligence artificielle, les réseaux 5G, la robotique, l’automatisa-tion, les biotechnologies et les véhicules autonomes) comme une menace à l’égard de leur économie et de leur sécu-rité. Après avoir blacklisté Huawei (un leader de la 5G) et d’autres entreprises chinoises de haute technologie, ils vont continuer dans la même direction et ten-

LA CHRONIQUEde Nouriel Roubini

LE LIVREDU JOUR

Comprendre les multiples facettes du Japon

L’INTÉRÊT Résumer le Japon en 100 questions et autant de réponses est un exercice périlleux car le risque de la caricature est grand. L’affaire Ghosn, qui met au grand jour les spécificités judiciaires du système japonais, montre combien l’Archipel reste difficile à décrypter. L’auteur, qui partage sa vie entre Tokyo et Paris, aborde des sujets spécifiques à la société japonaise comme celui des « otakus », ces jeunes terrés dans leur chambre face à leurs écrans ou celui des « évaporés », ces individus qui, par dizaine de milliers, disparaissent chaque année des radars. Pour comprendre ce Japon contemporain, l’universitaire aborde, bien sûr, les sujets économiques et politiques sans occulter les thèmes hypersensibles comme les excuses présentées par l’empereur à la Chine et à la Corée, sans convaincre. La question des femmes de réconfort qui continue de plomber la relation de Tokyo avec la Corée du Sud constitue un autre volet du livre.

L’AUTEUR Valérie Niquet est spécialiste des relations internationales et des questions

stratégiques en Asie. Elle est responsable, depuis 2010, du pôle Asie à la Fondation pour la recherche stratégique.

LA CITATION « Le Japon a du mal à faire accepter la légitimité de son statut de puissance “normale”, soixante-quinze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. [...] Pourtant face à une Chine qui inquiète la quasi-totalité de ses voisins [...], l’ambition qu’a le Japon de revenir sur la scène internationale est mieux comprise. » — Michel De Grandi

Le Japon, un modèle en déclin ? En 100 questionsValérie Niquet, Tallandier, 320 pages, 16,90 euros

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Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 IDEES & DEBATS // 11

art&culture

L’œil exceptionnel d’Helena RubinsteinJudith Benhamou-Huet

@judithbenhamou

Tout dans sa vie semble un défi. A l’heure où les fem-mes restaient à la maison, Helena Rubinstein (1872-1965), née dans une famille modeste de Pologne, fait for-tune en Australie et consolide son empire cosmétique aux Etats-Unis. Les avions de ligne sont loin d’exister que, déjà, son terrainde chasse est le monde et elle s’installe tantôtà Melbourne, à Paris ou New York. Mais sur-tout « l’impératrice de la beauté », comme lasurnommait Cocteau, a une vision esthéti-que qui ne s’arrête pas à ses salons de beautédont elle a créé le concept. En 2014, le muséejuif de New York titrait une exposition qui luirendait hommage : « Beauty is power ». C’estexactement cela : Madame, comme elle aimait qu’on l’appelle, va faire de la beauté un pouvoir en s’appuyant sur la science, sur une société qui s’émancipe pour ses cosméti-ques et sur les arts d’avant-garde pour sa col-lection qu’elle médiatise amplement.

Sa vision n’est jamais orthodoxe. Lemusée du Quai Branly lui consacre une petite exposition en 65 objets, centrée sur son goût pour l’art africain à une époque où ils’agissait d’un engagement singulier. Ce qui frappe est la qualité exceptionnelle des œuvres rassemblées parmi les 400 dont elleavait fait à l’époque l’acquisition. Son ami, le sculpteur moderne Jacob Epstein, l’intro-duit au domaine dès 1908. Sa vision est aussinourrie par sa fréquentation des peintres parisiens grands amateurs du genre, comme Picasso. La spécialiste de la beauté de la femme est particulièrement sensible aux représentations figuratives et aux mas-ques.

Enchères recordL’e x p o s i t i o n c o n t i e n t p l u s i e u r s chefs-d’œuvre, qui ont été consacrés par le temps. C’est le cas d’un masque Fang du Gabon composé de quatre visages blancs accolés, au dessin particulièrement dépouillé. Ou encore d’une extraordinaire marionnette féminine de fertilité Sogo Bo duMali. Son buste sculpté dans le bois est com-posé de deux seins massifs et oblongs et d’une coiffe volumineuse. Son auteur aurait pu concurrencer Constantin Brancusi, un artiste qu’Helena appréciait, aussi. En 1966 toutes ses pièces seront, selon sa volonté, dis-

persées à New York à l’occa-sion d’enchères qui engen-dreront plusieurs recordsdans l’art africain. Et c’estl ’é c r i va i n B r u c e C h a -twin (pas encore célèbre)qui est chargé du catalogue.Jusqu’au 25 août dernier, leMusée d’art et d’histoire du

judaïsme à Paris présentait une excellente exposition dédiée à la figure Rubinstein. Dommage qu’il n’y ait pas eu une coordina-tion entre ces deux établissements parisienspour mieux nous expliquer le cas de cette personnalité hors norme. n

Marionnette féminine de fertilité Sogo Bo du Mali, XIXe-début du XXe siècle. Photo Collection privée. Tenafly, collection Malcolm. Avec l’aimable autorisation de Schweizer Premodern, New York.

EXPOSITIONHelena Rubinstein. La collection de Madame.Paris, musée du Quai Branly - Jacques Chirac. Jusqu’au 28 juin.www.quaibranly.fr

Le grand chœur des âmesPhilippe Chevilley

@pchevilley

Dans « Le Champ », la terre est remplie d’âmes. Le champ est un cimetière, celui de la bourgade autri-chienne de Paulstadt. Un vieil habitant a noué une relation particulière avec l’endroit, parce qu’il y entend des voix. La voix des morts. Alors que rentré chez lui, il s’assoit, tour-nant le dos à la fenêtre et au monde, pour pouvoir tranquillement suivre le cours de sapensée, le champ se met à parler. Vingt-neufmorts vont se raconter, en autant de chapi-tres, dans le bouleversant roman d’outre-tombe signé Robert Seethaler.

L’écrivain autrichien, qui nous avaitenchantés avec « Le Tabac Tresniek » (en 2014) et « Une vie entière » (en 2015), réussit un nouveau prodige avec ce chœur funèbre hypnotique, qui est tout sauf un exercice de style vain. Les morts ont leur propre voix, une façon de s’exprimer singulière. Plutôt que de brosser une série de portraits mono-tones, Robert Seethaler leur fait évoquer un souvenir fulgurant, l’acmé d’une vie, bon-heur ou drame… Si certains défunts font allu-sion à leur trépas, la plupart ne parlent que de la vie. Avec une émotion contenue dans chaque mot. La voix peut être un vrai chant d’amour, telle celle d’Hanna Heim qui « revit » ses derniers instants auprès de son cher mari. D’autres ressassent leurs amours déçues, impossibles ou tuées dans l’œuf –

combats contre la solitude.La mort s’avère un mystèrepour cet enfant qui s’estvolontairement noyé dansles marais. Elle revêt uncaractère poignant et poéti-que avec le dernier soufflede la fantasque Henriettedans sa maison de retraite :

« Dans le lit baigné de lune, son corps était comme couvert de neige. » Quant à Dieu, il parait bien loin : la quête mystique désespé-rée du père Hoberg a fini dans les flammes deson église…

Le monde et ses traversA travers les voix, se révèlent les (r) évolu-tions de la petite communauté. Les « exploits » du maire corrompu Heiner Joseph Landmann, les chroniques du jour-naliste Hannes Dixon, la bataille perdue de l’agriculteur Karl Jonas… les morts en disentplus long que les vivants – sur eux-mêmes, mais aussi sur le monde et ses travers. Les exactions racistes à l’égard du doux mar-chand de légumes arabe Navid Al-Bakri, le calvaire vécu pendant la guerre par Stépha-nie Stanek et sa petite fille renvoient aux démons de notre temps. Les voix fantômes sont plus ou moins philosophes ou bavar-des. Celle de feue Sophie Breyer n’a que deuxmots à dire : « Des idiots ». Apaisés ou en colère, les morts n’en ont jamais fini avec la vie. Robert Seethaler fait refleurir leurs sou-venirs enracinés. Les cimetières sont des champs de fleurs. n

ROMAN AUTRICHIENLe Champde Robert Seethalertraduit par Elisabeth LandesSabine Wespieser Editeur,276 pages, 21 euros.

LE POINTDE VUE

de Jean-Hervé Lorenzi

Quatre idées fausses autour de la réforme des retraites

L es centaines de chercheurs, éco-nomistes, sociologues, histo-riens, qui, par le monde, tra-

vaillent sur les problèmes de retraites n’en reviennent pas. Jamais i ls n’auraient pu imaginer qu’un pays comme la France débatte depuis main-tenant plusieurs mois des retraites dansla confusion la plus extrême, où les ter-mes et raisonnements apparaissent souvent inexacts ou imprécis. En un mot la population ne peut ni compren-dre, ni juger de manière solide ce qui luiest proposé de part et d’autre.

Prenons quatre exemples qui tousdatent des tout derniers jours. Le diri-geant d’un mouvement politique très à droite développe pendant plusieurs minutes sur une radio le raisonnement suivant : puisque dans un régime par points on calcule les droits sur l’ensem-ble de la carrière et non sur les vingt-cinqmeilleures années, on serait tous per-dants. Le seul oubli est que l’on ne con-naît pas la valeur du point et si l’on prendl’année en cours, environ 14 % du PIB estconsacré aux retraites. On retrouverait évidemment ces 14 % comme le produit entre nombre de points global et la valeur du point. Ceci signifie qu’on ne peut en aucun cas affirmer que tout le monde est perdant mais que la réparti-tion de la retraite par points conduit à avoir des gagnants et des perdants.

Deuxième exemple encore plusattristant, le secrétaire général d’un parti de gauche évoque le côté obscur de cette réforme sous-entendant qu’elleest, de fait, dictée de manière cachée pardes intérêts financiers, les banques ou

capitalisation allait réapparaître. Enfin,dernier exemple, la confusion porte aussi sur la proposition même de régime par points. Rappelons que l’Agirc et l’Arrco, qui l’ont mis en œuvre,ont été promus par la CGT et FO. Certes,c’était il y a soixante-dix ans et tout le monde a le droit de changer d’avis. Maisce qui est le plus étonnant c’est que le concept même de régime par points a été développé par des économistes très remarquables, situés clairement à gau-che de l’échiquier politique, ce qui rend très peu crédible l’idée que dans son principe la réforme est antisociale.

Quelle que soit l’opinion des uns etdes autres, on en revient à la question initiale : pourquoi réformer partout dans le monde et quatre fois en France depuis 1993 les systèmes de retraite ? Laréponse est très simple : en raison du viei l l issement de nos so ciétés . La France compte environ 20 % de plusde 60 ans. Dans trente ans, elle en comp-tera 30 % de plus. Si l’on veut maintenir exactement le niveau de vie relatif des retraités, il faudrait y consacrer au moins 7 points de PIB supplémentaires.

Aucun système fiscal ne peut résou-dre un problème d’une telle ampleur, surtout dans un pays qui se juge unani-mement trop taxé. Le débat est donc lar-gement celui de l’équité entre les géné-rations et il serait bien d’en parler dans ces termes.

Jean-Hervé Lorenzi est président du Cercle des économistes et titulaire de la chaire Transitions démographiques, transitions économiques.

les assurances. Il faut rappeler ici que les Français épargnent environ 15 % de leurs revenus en les utilisant soit à l’acquisition d’un bien immobilier, soit en investissant dans de l’assurance-vie ou des Livrets A. Il s’agit donc là du métier depuis toujours des banquiers etdes assureurs.

En revanche, là où on peut être stupé-fait c’est la confusion qu’il introduit entre capitalisation et fonds de pen-sions. La capitalisation, c’est le place-ment de son épargne, la plupart des Français le fait et continuera à le faire. Quant aux fonds de pension c’était l’objet d’un débat il y a quelques décen-nies, débat purement théorique puis-que personne de raisonnable n’a jamaisimaginé qu’on allait sacrifier le régime par répartition.

Troisième exemple, un grand quoti-dien évoquait en titre la baisse des coti-sations sur les hauts revenus. C’est exac-tement l’inverse qui se passe puisque dans la proposition actuelle, les revenussupérieurs à 120.000 euros continue-ront à cotiser sans acquérir de nou-veaux droits. Bel exemple d’erreur fac-tuelle qui permettait à l ’auteur d’introduire l’idée que la retraite par

Le débat est celui de l’équité entre les générations et il serait bien d’en parler dans ces termes.

LE POINTDE VUE

de Chloé Morin

Pourquoi les Français fantasment leur retraite

L ’observation de la presse étran-gère nous renvoie l’image d’unpeuple pour qui « manifester

(ferait) partie de l’ADN » (« Corriere della Sera »), où « la rue finit par déciderdes réformes acceptables ou non » (« Le Temps »), où les grévistes « rendent la vie impossible, difficile aux travailleurs »(« El Pais »). Autant de clichés qui pei-nent à saisir certaines spécificités natio-nales, parmi lesquelles figure notre rap-port au travail.

Car ce qui se joue, en surplomb decette réforme des retraites tant contes-tée et débattue depuis plusieurs mois, c’est bien la manière dont nous envisa-geons notre travail, notre carrière. Un étranger dira, heures travaillées à l’appui, que le Français – disposant déjàde vacances très longues, et de multi-ples avantages sociaux que lui envient ses voisins – manifeste par paresse. Il n’apas envie de travailler, et son objectif ultime serait de se complaire dans une vie de loisirs. La retraite à vie comme nouvel eldorado, utopie politique ultime d’un pays au surmoi socialiste.

Rien n’est plus faux. Certaines études– parmi lesquelles une note de la Fonda-tion Jean Jaurès publiée en 2018, réali-sée avec Alain Mergier et Jérôme Four-quet – montrent à l’inverse que le travailest très important – voire trop ? – pour de nombreux Français (1). Ils en atten-dent non pas seulement un salaire, mais aussi une « place » dans la société,une utilité, une reconnaissance. Le tra-vail a une fonction identificatoire forte,

Chez un peuple de fainéants, dont lebut ultime serait l’oisiveté, il n’y aurait pas eu de scandale France Télécom. Nulne se suiciderait pour des raisons pro-fessionnelles si le travail n’avait pas unefonction sociale centrale. Et le malaise suscité par ce fossé entre utilité perçue et déficit de reconnaissance est amplifiépar l’intensification du travail et des concurrences internes, liées aux méthodes modernes de management.

C’est là que se trouve le lien avec laréforme des retraites actuelle : plus l’onest frustré au travail, plus l’on a le senti-ment de ne pouvoir s’accomplir dans savie active, plus on investit la période de la retraite d’avantages – réels ou fantas-mes – conséquents. La retraite devient cet eldorado, où s’inscrivent en miroir inversé toutes les aspirations générées par la frustration du moment : un moment sans patron, un moment d’uti-lité et de reconnaissance sociale réelle, un moment de liberté, en dehors des process et des contraintes managéria-les, un moment, enfin, sans souffrance, psychologique ou physique.

Dès lors, lorsque le gouvernement asemblé s’attaquer à ce moment, il ne pouvait que faire ressurgir les craintes et libérer les aspirations contenues. Traiter la retraite, sans traiter la ques-tion du travail, ne serait-ce finalement pas là la principale erreur politique de cette réforme ?

Chloé Morin est directrice de projets internationaux chez Ipsos.

et le fait que la « valeur travail » se soit trouvée au cœur du programme de Nicolas Sarkozy en 2007, puis d’Emma-nuel Macron en 2017, ne relève en rien du hasard.

Or, 44 % des actifs français interro-gés pour cette étude déclarent avoir le sentiment que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur, alors que 88 % le jugent par ailleurs « utile à leur entreprise ». Ce déficit de reconnais-sance nous distingue de nos voisins : 20 points de moins qu’en Grande-Bre-tagne et plus de 30 points de moins quel’Allemagne ou les Etats-Unis.

Bien que les cultures sociales de cestrois pays soient très différentes entre elles, tous parviennent à donner aux salariés une satisfaction nettement majoritaire concernant le degré de reconnaissance dont ils bénéficient de la part de leurs employeurs. Et de cet écart entre utilité perçue et déficit de reconnaissance naît une souffrance dont les symptômes sont connus : absentéisme, arrêts maladie, burn-out…

La sensibilité des Français à la retraite vient du manque de reconnaissance au travail dont ils disent souffrir.

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stratégie

BOISSONS // Dans les rayons des supermarchés, les spiritueux sans alcool commencent à prendre une place sérieuse. Une réponse de l’industrie aux modes de consommation toujours plus sains.

Les géants de l’alcool parient sur la modération

taxes qui pèsent d’ordinaire sur les spiri-tueux. De quoi booster les marges déjà importantes sur des produits catalogués dans la catégorie dite « premium ». Celles-civendent autant leur contenu que l’histoire qui va avec, comme Seedlip qui évoque les terres tricentenaires encore cultivées par la famille de son fondateur dans le nord de l’Angleterre, ou Ceder’s qui marie des plan-tes sud-africaines aux eaux montagneuses de Suède.

« Un secteur complémentaire »Derrière ce boum, il y a l’effet conjoint de la mode d’une consommation plus modérée etplus saine (dans tous les domaines) et de l’arrivée de générations qui boivent particu-lièrement peu d’alcool. Plus de la moitié des Britanniques tentent en effet de réduire leurconsommation, selon l’IWSR. Près des deuxtiers des 25-34 ans, la catégorie qui con-somme d’ordinaire le plus, affirme égale-ment chercher à moins boire. « Le marché du Royaume-Uni est mature, commente Ian Peart, chez Pernod Ricard. Mais il ne s’agit nullement d’un repositionnement. C’est un secteur complémentaire. »

Les Français ne boivent pas encore autantde spiritueux sans alcool. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, la consommation d’alcool a cessé de baisser entre 2013 et 2017, de quoi inquiéter. Les jeu-nes de l’Hexagone ne sont pas pour autant imperméables à la mode du « healthy ». « On n’a jamais eu une génération de moins de30 ans qui buvait aussi peu, constate MaximeCostille, délégué général du syndicat des brasseurs de France. Il y a une très forte recherche de boissons moins alcoolisées et moins sucrées. » En 2017 et 2018, le marché français des boissons peu ou pas alcoolisé a progressé d’environ 20 %, puis de 30,5 %, pour, respectivement, 2,6 % et 3,5 % de part de marché en volume.

Les alternatives à l’alcool ont longtempspâti de la très mauvaise image des premiè-res bières sans alcool, arrivées sur le marchéau début des années 2000. « Les premiers produits étaient quasiment imbuvables, reconnaît Maxime Costille. Aujourd’hui, il y a une convergence entre une technologie qui arrive enfin à produire de bonnes boissons autitrage nul et une forte demande. » Pernod Ricard l’a bien compris : le groupe vient d’annoncer l’arrivée sur le marché hexago-nal de ses bouteilles de Ceder’s. Le timing parfait pour ceux qui voudraient copier les Anglais durant ce mois de janvier. n

Les chiffres clefsl 1.000, c’est le nombre de bouteilles de Seedlip, le pionnier du genre, lors de sa première année de commercialisation, en 2015.l 80 %, le taux de croissance de la filière des spiritueux sans alcool anticipé par les analystes entre 2018 et 2022.l 10 nouvelles marques de spiritueux sans alcool se sont lancées rien que sur l’année 2019. Le secteur en compte près d’une quarantaine aujourd’hui.l 65 % des jeunes Britanniques de 25 à 34 ans, la catégorie d’âge qui boit le plus, affirment vouloir réduire sa consommation d’alcool.l 23,5 % des Européens de plus de 15 ans ne consomment pas d’alcool, selon les derniers chiffres de l’OMS.l 30 %, c’est la croissance en 2018 du secteur des boissons contenant peu ou pas d’alcool en France. En part de marché, le secteur est passé de 2,6 % en 2016 à 3,5 % en 2018.

per chez Pernod Ricard UK. Aujourd’hui, nous distribuons Ceder’s dans tous les super-marchés du Royaume-Uni. Nous sommes également présents dans une vingtaine d’autres pays. » En juillet dernier, le français,qui affiche plus de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, a élargi sa gamme en lan-çant Celtic Soul, une boisson non alcoolisée censée charmer les amateurs de whisky.

Tous les acteurs du secteur tentent des’imposer dans ce secteur en plein boom. C’est le cas, par exemple, de la distillerie William Grant & Son – derrière Glenfiddichnotamment –, ou, plus surprenant, du distri-buteur Lidl. Ce dernier a cependant choisi un positionnement tarifaire différent : quand Diageo et Pernod Ricard visent le marché premium – leurs flacons aux desi-gns léchés se vendent environ 30 livres – le spécialiste du low cost a choisi de vendre sonéquivalent gin CeroCero pour un peu moinsde 10 livres. Au total, pas moins de dix nou-velles marques de spiritueux sans alcool ontvu le jour rien que cette année, selon le décompte du site spécialisé The Spirit Busi-ness, et plus de 40 depuis 2015.

Il faut dire que cette toute nouvelle catégo-rie a de quoi susciter l’appétit : selon le cabi-net IWSR, les ventes de spiritueux sans alcool devraient bondir de 80 % entre 2018 et2022 sur le marché britannique. Tandis que,plus largement, le marché des boissons con-tenant peu ou pas d’alcool devrait croître de39 %. Parallèlement, l’alcool traditionnel devrait afficher une timide hausse de 1,2 %. « En un an, nos ventes ont progressé de près de400 % et le secteur a atteint le million de livrescette année », souligne Ian Peart.

Le secteur est d’autant plus intéressantqu’avec une alcoolémie nulle, cette nouvelle catégorie de boissons échappe aux lourdes

Cette nouvelle catégorie de boissons échappe aux lourdes taxes qui pèsent d’ordinaire sur les spiritueux.

De quoi booster les marges déjà importantes sur des produits catalogués dans la catégorie dite « premium ».

N on, il n’y aura pas de « Dry January »officiel en France. Malgré le lobbydes organisations de santé et de plu-

sieurs associations, le gouvernement fran-çais n’a pas soutenu cette campagne qui viseà inciter les consommateurs à l’abstinence éthylique après les fêtes de fin d’année. Le « janvier sobre » est né chez nos voisins bri-tanniques qui n’ont pas la réputation d’être avares en excès d’alcool. La nuit de la Saint-Sylvestre fait, d’ailleurs, chaque année le bonheur des photographes du « Guardian »qui sillonnent Londres. C’est au réveil de l’une de ces nuits éprouvantes, en 2014, qu’environ 17.000 Britanniques ont choisi demettre leur foie au repos pendant un mois, lançant officiellement le mouvement. Aujourd’hui, le phénomène a pris une telle ampleur que les géants de la boisson alcooli-sée ne peuvent plus faire l’impasse sur cette mode.

Dans les rayons des supermarchés, aucôté des spiritueux classiques, une nouvelle catégorie de bouteilles commence à s’impo-ser : des spiritueux sans alcool. A part la der-nière étape, qui consiste à laisser s’échapperl’éthanol, le procédé de fabrication est le même que pour une eau-de-vie tradition-nelle. Ces breuvages sont issus d’un subtil assemblage de plantes et promettent d’être quasiment aussi complexes en saveurs que n’importe quelle autre liqueur. Au-delà du « janvier sobre », ces boissons séduisent un public de plus en plus large au Royaume-Uni et ailleurs. Un public soucieux d’adopterun mode de vie plus sain (la mode du « heal-thy », disent les acteurs du secteur), sans pour autant se priver des moments de socia-bilité où l’alcool est souvent invité.

L’expérience plutôt que l’ivresseLe premier de ces breuvages est né dans les alambics de Ben Branson qui, en 2015, a décidé d’arrêter totalement de boire. Cher-chant une alternative au soda, le jeune entrepreneur britannique constate un man-que dans l’industrie de la boisson et décide de prendre les choses en main. Seedlip vientde naître. La première année, sa société vend un petit millier de bouteilles de son simili-gin mais ne séduit, dans un premier temps, que quelques bars à cocktail exi-geants qui cherchent à se passer des mock-tails – des cocktails dont on a retiré la liqueur. Ainsi que quelques curieux à l’étranger, comme le Little Red Door à Paris,l’un des bars à cocktail les plus réputés de lacapitale et dont la majorité du personnel est… britannique. « En tant que buveur, je suisplus attiré par l’expérience que par l’ivresse, souligne Rory, derrière le comptoir. Et c’est lecas de plus en plus de nos clients. »

Quatre ans plus tard, la machine s’estemballée : les bouteilles de Seedlip s’écou-lent par dizaines de milliers (environ 30.000l’année dernière) dans plus d’une vingtaine de pays. Plus significatif encore, Diageo, le mastodonte anglais, propriétaire de Guin-ness ou Johnnie Walker, a pris une part majoritaire dans la petite société au mois d’août dernier. Le symbole d’une tendance ?Diageo y croit en tout cas. Le groupe avait déjà pris une participation dans Seedlip dès 2016, conscient que la jeune pousse pouvait lui fournir le chaînon manquant dans son catalogue. Pas question de la laisser s’échap-per. D’autant qu’entre-temps, un autre géants’est réveillé.

En 2018, Pernod Ricard, qui contrôle desmarques emblématiques du monde de l’alcool comme Jameson, Clan Campbell ouAbsolut, a jeté son dévolu sur le principal concurrent de Seedlip, la petite société Ceder’s. « Ceder’s est une boisson complexe qui résulte de la distillation d’une dizaine de plantes, affirme Ian Peart, business dévelop-

LEDÉCRYPTAGEdeGabriel Nedelec

oLA PUBLICATION

Le « Green Deal » de von der Leyen est-il réaliste ?

L e climat est le nouveau mantra de l’Europe.Et la Commission européenne fraîchementélue s’est donné des objectifs très ambitieux

en la matière. Trop peut-être ? C’est la question que pose Jean Pisani-Ferry dans une note d’analyse qui vient de sortir sur le site du think tank Terra Nova.« Climat, l’Europe a brûlé ses vaisseaux », écrit l’économiste professeur à Sciences Po. En d’autres termes, la Commission européenne, à l’image du conquistador Hernán Cortés accostant au Mexique il y a 500 ans, a mis un tel accent sur son « plan vert » que ne pas tenir ses engagements affaiblirait terriblement sa légitimité. De quel objectif s’agit-il ? Diminuer les émissions de gaz à effet de serre d’environ 40 % entre 2017 et 2030. Pour Jean Pisani-Ferry, « la triste vérité est que l’objectif d’une augmentation des températures qui ne dépasse pas le seuil critique de 1,5 °C est déjà hors d’atteinte et que l’objectif européen, aussi louable soit-il, est le strict minimum ». Et cela sans compter les difficultés à mettre en place des politiques communes dans des domaines – mix énergétique, normes en matière de logement, incitations fiscales – où l’UE n’est pas décisionnaire. Si l’Europe n’a plus d’autres choix que de réussir son pari vert, la route sera semée d’embûches.—Marie Bellan

« Climat, l’Europe a brûlé ses vaisseaux », Jean Pisani-Ferry, 2 janvier 2020, Terra Nova.

L a liberté, respectueuse de celle des autres,est assurément notre bien le plus précieux ;c’est elle qui permet l’initiative individuelle

et la prise de décision, elle développe le jugement et forge la personnalité de chacun de nous.Dans la vie professionnelle, pour la grande majorité d’entre nous, liberté veut dire concurrence. En France on ne l’aime pas, on la présente comme la loi du plus fort. On se méfie également de l’intérêt particulier, décrit comme l’expression de l’égoïsme. Pourtant, quand on y réfléchit, c’est bien l’intérêt particulier qui suscite la concurrence et, en retour, cette même concurrence contrôle très efficacement l’intérêt particulier en redistribuant aux clients les gains de productivité. Accepter de faire jouer la concurrence (c’est-à-dire la liberté) fait converger naturellement les intérêts particuliers vers l’intérêt général.Nous avons aujourd’hui sous les yeux la preuve quel’absence de concurrence détruit jusqu’à l’idée même d’intérêt général. Des salariés d’entreprises publiques, à qui on a confié, en exclusivité, la mission essentielle de transporter les personnes, par le rail, sur de courtes, moyennes et longues distances, profitent de leur monopole pour faire pression sur la société tout entière afin de servir leurs intérêts particuliers d’employés et de retraités.

Incitation à l’humilitéLa liberté a un prix qui est d’accepter de vivre en concurrence et ce n’est pas facile ! On peut même dire que c’est une ascèse quotidienne et une incitation à l’humilité puisqu’il faut être en permanence efficace et se mettre au service de clients libres de traiter ou de ne pas traiter avec vous. C’est en revanche l’assurance que les relations économiques ainsi créées sont justes puisque les clients ont pu exercer librement leur choix. C’est pourquoi les entrepreneurs, les artisans et les agriculteurs (grands ou petits), qui peinent mais continuent à travailler, sont les authentiques porteurs de la flamme de la liberté et méritent d’être chaudement célébrés en ce début d’année.

Xavier Fontanet est professeur de stratégie à HEC.

Vive la concurrence !

LA CHRONIQUEde Xavier Fontanet

Page 13: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Michel De Grandi @MdeGrandi

— A Séoul

U n dragon dans un stade ! SK Tele-com, un des trois opérateurscoréens de téléphonie mobile, a fait

les choses en grand. Pour le championnat dela Korea Baseball Organization, l’opérateur afait débarquer un animal fantastique en plein stade. Pour cette prouesse, SK Telecoma utilisé une technologie holographique 3D, diffusée en 5G directement sur les smart-phones des spectateurs. En pointant son téléphone vers le stade, chacun pouvait aper-cevoir le monstre, crachant des flammes et égratignant l’architecture de l’enceinte.

Les fans de base-ball sont assurément leschouchous de la 5G en Corée. Pour l’instant du moins. Ils peuvent non seulement suivre un match en direct confortablement instal-lés derrière leur écran, mais aussi, grâce auxdizaines de caméras haute définition dissé-minées dans un stade, visualiser le match à 360 degrés ou suivre plus spécifiquement leur joueur favori. Les passionnés de vitesse peuvent eux aussi décharger leur adréna-line. A bord d’un bobsleigh, par exemple, ils peuvent suivre sur leur smartphone une des-cente en direct et même se retrouver dans la position du conducteur pour avaler la piste àla vitesse de la machine. Emotion garantie. Les médias immersifs ne sont qu’un aspect des services que propose la 5G dans l’Inter-net des objets connectés. Et les perspectives vont bien au-delà avec les véhicules connec-tés, les villes et les usines intelligentes.

Vers les cinq millions d’abonnésLa Corée n’est pas peu fière d’avoir été le pre-mier pays au monde à lancer, le 3 avril, sa technologie 5G, bien aidée par son compa-triote Samsung, premier fabricant mondialde smartphones. De justesse, certes, mais dans un bel ensemble du côté des opéra-teurs. SK Telecom, LG U+ et KT ont démarré, avec l’appui de Samsung Electro-nics, leur offre de 5e génération à la barbe deleur concurrent américain Verizon Com-munications et bien avant la Chine.

Six mois plus tard, le pays affichait près de4 millions d’abonnés, selon le ministère des Sciences et Technologies, et espérait fran-chir le seuil des 5 millions au tournant de l’année. SK Telecom (44 % de part de mar-ché) devance KT (30 %) et LG U+ (25 %), le reste étant disputé par des opérateurs sans réseau propre. Quelques mois après le démarrage, une certaine déception pointe chez les utilisateurs. Actuellement, près de 100.000 antennes-relais (chiffre arrêté début octobre) sont installées dans les gran-des métropoles, mais la couverture du terri-toire n’est pas totale. Beaucoup regrettent dedevoir basculer sur le réseau 4G en dehors des grandes zones urbaines. L’autre repro-che vient bien sûr du faible catalogue de ser-vices disponibles. « La Corée est pour l’ins-tant le leader avec cette technologie. Lorsque les autres pays seront connectés, les offres seront plus larges. Dès l’an prochain, des déve-loppeurs extérieurs vont pousser vers une plus grande diversification », estime Jae-hyeon Jang, analyste chez LG Economic Research Institute à Séoul. Il faut laisser à latechnologie le temps de monter en puis-sance. « Le développement des services et des smartphones 5G a été nettement plus rapide au cours des douze derniers mois que ne l’a étéen son temps la 4G », relève Peter Richard-son, analyste de Counterpoint Research.

Hologramme et voiture connectéeParmi les services les plus exploités par les particuliers : la musique, les vidéos et le sport en streaming. Les trois opérateurs surfent sur la capacité des réseaux de traiter100 fois plus de données à un débit 20 fois supérieur que la 4G, avec un temps de latence ramené à 1 milliseconde. Même s’ilsne sont pas pour l’instant le cœur de cible, des professionnels ont très tôt fait le choix de la 5G. Myunghwa Industry, un construc-teur de pièces automobiles, l’utilise pour transmettre des vidéos haute définition de sa chaîne de production afin de vérifier la qualité des produits fabriqués. KT, l’un des trois opérateurs, a célébré à sa manière le lancement de son réseau avec un robot comme premier client : Lota, le robot intelli-gent de la Lotte World Tower, guide les visi-teurs jusqu’à l’observatoire de la tour. Mais, au fond, « c’est trop tôt, les industriels n’en ontpas un réel besoin, la 4G suffit », explique Guillaume Weill, directeur de projet à Intra-link, une entreprise de conseil basée à Séoul.

gies. « Quelque 14 % des emplois pourraient disparaître d’ici à une vingtaine d’années du fait de la montée en puissance de l’intelligence artificielle pendant qu’un autre tiers devrait évoluer radicalement », prédit Chung Jin-taek, le président de la Korea University. Ce pays de 45 millions d’habitants, 11e économiemondiale, n’est pas peu fier d’avoir une nou-velle fois décroché la première place dans le classement Bloomberg pour l’innovation.

Depuis 2013, la péninsule a mis en placeune « économie créative » en mêlant le privéet le public, les petites et les grosses structu-res. L’enjeu est de valoriser au mieux un environnement de recherche et d’innova-tion associant un maximum d’acteurs. L’enjeu est énorme. Cette mutation est enga-gée et les Coréens considèrent la 5G commeune technologie de base de la quatrième révolution industrielle. Et les choses avan-cent vite : « Les investissements étrangers dans les nouvelles technologies sont passés de 7,6 milliards de dollars en 2017 à 11,9 milliardsl’an dernier », a déclaré Kim Jeong-hwa, directeur au ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Energie, chargé des inves-tissements étrangers. Il intervenait lors d’une semaine organisée par l’Agence de promotion du commerce et de l’investisse-ment (Kotra) ouverte aux étrangers. La Corée, qui a conclu des accords de libre-échange avec 55 pays (77 % du PIB mondial)a bien compris les défis à relever si elle veut survivre à côté d’une Chine qui accélère, elleaussi, vigoureusement dans l’intelligence artificielle et les véhicules électriques. Les autorités coréennes ont fait leurs comptes : la 5G doit permettre de créer quelque 600.000 emplois et générer un chiffre d’affaires de 73 milliards de dollars d’ici à 2026. C’est le nouveau tremplin pour le gou-vernement coréen, dont les exportations de semi-conducteurs commencent à stagner.

Adaptations multiplesSi elle peut créer de la croissance, la 5G impli-que aussi de nombreuses adaptations. A commencer par la distribution des fréquen-ces dont certaines aujourd’hui sont bannies pour éviter précisément les interférences. Il ya aussi évidemment les questions de cyber-sécurité, tant le nombre accru d’objets con-nectés multiplie les risques d’attaques et de prise de contrôle d’un système. Voilà quel-ques années, une attaque de la Corée du Nord sur les serveurs sud-coréens a provo-qué la perte de beaucoup de données bancai-res. Une claque pour les dirigeants coréens, qui sonne comme un rappel à l’ordre. n

Les opérateurs coréens (ici, KT) surfent sur la capacité des réseaux à traiter 100 fois plus de données à un débit 20 fois supérieur que la 4G, avec un temps de latence ramené à 1 milliseconde. Photo Bruno Arbesu/REA

TÉLÉCOMS // Premier pays au monde à avoir déployé la 5G, la Corée du Sud met les bouchées doubles pour développer la voiture connectée, les « smart cities »

et les usines intelligentes. Itinéraire dans le monde de demain.

En Corée, dans les laboratoires de la 5G

L’hyperconnectivité qu’offre la 5G, l’opé-rateur KT la décline dans son showroom par un ensemble de fonctionnalités domo-tiques. Un hologramme répond aux ques-tions de l ’utilisateur comme le fait aujourd’hui n’importe quel appareil con-necté à commande vocale. « On a l’impres-sion de parler à une personne et non plus à une machine », se félicite la personne char-gée de la présentation. Le système n’est pas encore sur le marché. La TV intelligente estun autre développement potentiel. A partir d’une capture d’image, elle effectue d’elle-même les recherches sur Internet, ou trouve, pour le spectateur, le plat qu’est en train de déguster l’acteur d’une série. L’opé-rateur comme ses concurrents glissent à grands pas vers le monde de l’industrie.

Les promesses dans le secteur automo-bile sont tout aussi grandes, comme l’attes-tent les nombreux exercices de simulation accessibles à Séoul. Bien calé dans le siège d’un simulateur, le conducteur s’intègre dans la circulation, sans avoir à se préoccu-per ni des feux tricolores, ni de la direction àsuivre et encore moins du flot de véhicules qui l’entoure. Et si à un croisement survient un obstacle inattendu, le système embarquéa tôt fait de le détecter et d’éviter la collision.

Si finalement les deux voitures se percutent,le véhicule accidenté a non seulement appelé l’ambulance en géolocalisant l’acci-dent, mais aussi établi un prédiagnostic des blessés avant que les secours n’arrivent. Entre-temps, un drone peut venir survoler la zone pour la sécuriser, par exemple. Une fonction qui pourrait tout à fait être dupli-quée pour les incendies. Dès l’an prochain, la ville de Séoul va mettre en service une cen-taine de kilomètres de tronçons d’autorou-tes qui seront gérés par un algorithme. Parallèlement, des flottes de bus et de taxis seront équipées de capteurs pour tester le premier réseau grandeur nature de véhicu-les connectés. L’ensemble alimentera une base de données qui mettra à jour en perma-nence et en temps réel une carte intelligente.

La voiture connectée constitue, avec la villeet les usines intelligentes, l’un des débouchés les plus évidents et parmi les plus visibles de la5G. Une partie des recherches sont menées à Pangyo Techno Valley, la Silicon Valley ultra-moderne coréenne, située dans la province de Gyeonggi, dans le sud de Séoul à Seon-gnam. Là cohabitent quelque 1.270 entrepri-ses parmi lesquelles beaucoup de start-up et de chercheurs. Pangyo Zero City est un élé-ment de cet ensemble. C’est un complexe de démonstration de conduite autonome basé sur une plate-forme ouverte avec quatre axesde recherches : zéro accident, zéro coût, zéro réglementation et zéro émission. L’endroit estun écosystème qui associe un data center et un business center qui aide les acteurs jus-qu’au démarrage de leur activité.

L’e-santé est un autre domaine que laCorée explore mais avec des applications à plus long terme. « Il faut des produits phar-maceutiques meilleur marché et un accès faci-

lité aux soins », explique Chang Shin-jae, vice-président de Celltrion. Pour progresser dans cette voie, il faut déjà amender une réglementation vieillotte. Une communica-tion téléphonique n’est pour l’instant autori-sée que lorsqu’elle permet à deux profession-nels de santé de se parler. On est bien loin dela téléconsultation. Dans ce pays à l’Internet ultrarapide, où 91 % de la population pos-sède un smartphone, les promoteurs de l’e-santé font face à une opposition farouchedu personnel médical. Ils craignent que la télémédecine ne porte un coup fatal aux petits hôpitaux. Par ses actions répétées, le corps médical a ainsi réussi à bloquer depuisdix ans une loi autorisant la télémédecine.

Les réticences à la médecine à distanceDans son esprit, le système médical coréen doit évoluer vers la domo-médecine avec une partie de soins et de consultations à dis-tance, l’hôpital restant le point fixe pour les interventions lourdes. En Corée, où les dos-siers médicaux circulent sous forme numé-rique depuis 2005, les smartphones peu-vent être utiles aussi bien pour mesurer la glycémie que pour prendre la tension arté-rielle ou tout autre examen de base dont lesdonnées peuvent être immédiatement envoyées aux équipes médicales. Avec l’imagerie et la robotique médicales, la Corée veut s’ancrer comme un leader mon-dial et compte bien profiter de la 5G pour y parvenir. Elle y a d’autant plus intérêt que sapopulation est, comme celle du Japon, parmi les plus vieillissantes au monde.

Coincée entre deux géants, la Chine et leJapon, la Corée du Sud n’a d’autre solution que d’accélérer dans les nouvelles technolo-

La voiture connectée constitue, avec la ville et les usines intelligentes, l’un des débouchés les plus évidents et parmi les plus visibles de la 5G.

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 // 13

enquête

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La nouvelle Commission européenne a promis d’être plus géopolitique que les précédentes. Les tensions qui bousculent le Moyen-Orient lui donnent une – triste – occasion de concrétiser cette ambition. Elle y a profondément intérêt : d’abord, parce que la montée du prix du pétrole menace son économie bien plus que les Etats-Unis, qui ont gagné leur indépendance énergétique avec le gaz de schiste. Ensuite, parce que la radicalisation de l’Iran pénalise en premier lieu les entreprises du Vieux Continent, qui se voient bloquées dans leurs ambitions par l’embargo américain. Enfin, parce que les Européens restent la cible la plus accessible de Daech et que les Américains sont en train de les abandonner dans ce combat contre le terrorisme, pour défendre leur propre sécurité.

Alors qu’une fracturecroissante la sépare deWashington, l’Europea heureusement une carteà jouer au Moyen-Orient.Ou plutôt trois. Elle a d’abordune grande initiative à meneren Irak, qui constituela principale victime duconflit. Si les Américainsquittent le pays, il sera de factoplacé sous l’orbite directe deTéhéran. S’ils restent,il deviendra le théâtre d’uneguérilla irano-américaine.Entre ces deux options, toutaussi cauchemardesques,Bagdad aura besoin d’unpartenaire, en l’occurrencel’Europe, pour jouer le rôle destabilisateur. Les autorités dupays, d’autant plus fragiles

qu’elles sont intérimaires, devront être aidées sur le plan constitutionnel, mais aussi sur celui des infrastructures et de l’enseignement. L’occasion pour Josep Borrell et les autres commissaires européens de renforcer le poids de l’Union au Moyen-Orient.

L’Europe sera également appelée à redéfinir la lutte contre le terrorisme – une mission d’autant plus cruciale si les Etats-Unis quittent l’Irak et la Syrie, ce qui sonnera la mort de la coalition contre Daech. C’est à elle que reviendra la tâche de reconfigurer le dispositif militaire contre l’islamisme, via, pourquoi pas, un accroissement marginal des troupes européennes dans la région. L’Europe, enfin, est la seule à même d’exhorter à la retenue les Iraniens, et de les convaincre que le développement de l’arme nucléaire serait suicidaire dans le contexte actuel. Une concertation avec la Russie, la Chine, l’Inde et le Japon, qui ont tout autant intérêt que l’Europe à une désescalade, serait bienvenue. Ne serait-ce que pour prouver à Donald Trump qu’il ne gouverne pas à lui seul la marche du monde.

(Lire nos informationsPages 6 et 7

L’ÉDITORIAL DES « ÉCHOS »

Moyen-Orient : les intérêts de l’Europe

Face à Trump, l’Europe a une carte à jouer au Moyen-Orient. Ou plutôt trois.

Par Lucie Robequain

LA PHOTO DU JOUR

LES SOLDES, C’EST PARTI ! On a beau dire que les soldes ne sont plus ce qu’ils étaient, la faute à Internet et aux sites de déstockage, leur lancement symbolique,mercredi matin à Paris, a suscité la ruée d’acheteurs chinois dans le grand magasin Galeries Lafayette du boulevard Haussmann. Particulièrement importants pourles spécialistes de l’habillement, les soldes d’hiver, ramenés cette année à quatre semaines, pourraient souffrir des mouvements sociaux affectant les transports, etsingulièrement en Ile-de-France. Photo Simon Lambert/Haytham-RÉA

DERNIÈRE HEURE

L’Indonésie réaffirme sa souveraineté sur les îles Natuna

'ASIE DU SUD-EST – L’Indo-nésie a déployé des chas-seurs et des bâtiments de

guerre autour des îles Natuna, proches de la mer de Chine méri-dionale, a indiqué l’armée indoné-sienne mercredi, après l’incursion de bateaux de pêche chinois qui ont provoqué des tensions diplo-matiques avec Pékin. « J’ai affirmé à de nombreuses reprises que Natuna était notre territoire souve-rain », a déclaré le président Joko Widodo. « Il n’y a rien à débattre, j’espère que c’est clair », a-t-il ajouté.

L’Algérie en route pour réviser sa Constitution

'MAGHREB – Le présidentalgérien Abdelmadjid Tebboune a nommé mer-

credi une commission d’experts chargée d’établir des propositions pour amender la Constitution, l’une de ses principales promesses de campagne grâce à laquelle il espère calmer la contestation qui ébranle le pays depuis février dernier. La présidence précise que cette commission de 17 membres aura trois mois pour présenter ses propositions, avec pour mission de réexaminer le rôle du Parle-ment et de l’appareil judiciaire.

Affaire des « écoutes » : Sarkozy jugé en octobre

'ENQUÊTES – Pour la pre-mière fois sous la Ve Répu-blique, un ancien président

de la République sera jugé pour corruption : le procès de Nicolas Sarkozy dans l’affaire dite des « écoutes » se tiendra du 5 au 22 octobre, a décidé mercredi le tribunal correctionnel de Paris. Il est soupçonné d’avoir tenté d’obtenir, début 2014, des informa-tions secrètes auprès de Gilbert Azibert, alors haut magistrat, dans une procédure concernant la saisie de ses agendas en marge de l’affaire Bettencourt.

Roissy : un enfant trouvé mort dans un train d’atterrissage

'MIGRATIONS – Il s’étaitcaché mardi dans le traind’atterrissage d’un Boeing

777 d’Air France reliant Abidjan à Paris : le corps d’un jeune garçon, légèrement vêtu, a été retrouvé mercredi à l’aube à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. L’avion avait décollé de la capitale éco-nomique ivoirienne mardi soir. Ces dernières années, plusieurs passagers clandestins, notamment des adolescents en provenance d’Afrique, ont été retrouvés morts de froid ou écrasés dans des soutes de train d’atterrissage.

« L’Australie en flammes » par Mathieu Persan pour « Les Echos ».

Page 15: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Jeudi 9 janvier 2020www.lesechos.fr

Olivier Tosseri @OlivierTosseri

— Correspondant à Rome

Nouvelle année, mais vieille histoire… Celle du sauvetage de la compagnie aérienne publique Alitalia, placée sous tutelle depuis2017. L’opération survie se complique encore un peu plus en 2020. La mission de trouver un repreneur à la compagnie ita-lienne d’ici au 31 mai prochain – huitième date butoir d’affilée consentie par le gouver-nement avec un nouveau prêt relais de 400 millions d’euros afin de lui permettre de continuer à opérer d’ici là – s’avère doré-navant pratiquement impossible à la suite du naufrage du consortium imaginé par l’exécutif de Giuseppe Conte.

Difficultés du dossier« Pour nous, cette procédure est close, nous sommes sortis de l’opération », a en effet déclaré le patron du groupe public des che-mins de fer italiens Ferrovie dello Stato (FS),Gianfranco Battisti, lors d’une audition devant la commission Transports de la chambre des députés italienne. Y figu-raient, au côté de la « SNCF italienne » qui aurait détenu 37,5 % du capital d’une nou-velle Alitalia, le ministère de l’Economie, avec 15 %, l’américain Delta Air Lines, avec 10 % des actions, et Atlantia, holding de la famille Benetton, avec 37,5 %.

Le patron de FS a mis en exergue les diffi-cultés du dossier. Lufthansa, avec laquelle des contacts avaient été noués, a confirmé le7 janvier ne pas vouloir investir pour le moment dans Alitalia, soulignant que la compagnie italienne avait besoin d’une pro-fonde restructuration. Quant à Atlantia, « ilest apparu clairement que (son) approche était conditionnée à la résolution d’autres dossiers », a déclaré Gianfranco Battisti, en référence à la menace du gouvernement de

retirer au holding de la famille Benetton sa concession autoroutière après l’effondre-ment meurtrier du pont de Gênes à l’été 2018.

Situation préoccupanteAtlantia avait de toute façon fait savoir que l’offre de 100 millions d’euros avancée par Delta était « non attrayante » et « insuffi-sante ». Le groupe d’infrastructures partage

en outre les vues de Lufthansa sur les hypo-thèses de réduction drastique des coûts et dela masse salariale qui effraient les syndicats.

La situation d’Alitalia est préoccupante.La compagnie a perdu 600 millions d’eurosen 2019. Avec une centaine d’avions et 21 millions de passagers, c’est devenu un petit opérateur dans un marché de plus en plus compétitif avec des acteurs de plus en plus gros. « FS n’a jamais été intéressé, on lui

JCAC 406.031, points0,3102 % J

DOW JONES28.793,44 points0,7338 % n

EURO/DOLLAR1,1126 $-1,4396 % J

ONCE D’OR1.571,95 $0,2615 % n

PÉTROLE (BRENT)65,81 $-3,941 %

DEVISES EUR/GBP 0,8482 EUR/JPY 1,2131 EUR/CHF 1,0813 GBP/USD 1,3118 USD/JPY 1,0904 USD/CHF 0,9726 TAUX EONIA -0,454 LIFFE EURIBOR 3 MOIS -0,387 OAT 10 ANS -0,0641 T-BONDS 10 ANS 1,784

AÉRIEN

Alibaba 21Amazon 20, 21, 22Antésite 25Apple 22Atland 25Atos 21Baidu 21Barclays 27Bristol-Myers Squibb 23Coca-Cola 20Dessange International 29

D-Wave 21Eureden 24Facebook 22Fiat Chrysler Automotive 16France Télévisions 22Gad 24General Electric 23Google 21, 22Huawei 21IBM 21Intermarché 20, 24

IonQ 21Klaxoon 23, 24KT 13LG U+ 13Lituus 25L’Oréal 23Microsoft 21Netflix 22Nissan 16Nogent Trois Etoiles 25Novadiscovery 25

Pavé Parisien 23Procter & Gamble 22, 23PSA 24RATP 18Renault 16Rigetti 21Samsung 22SK Telecom 13SNCF 18Unilever 23Wello 23

= LES ENTREPRISES CITÉES

l’essentiel

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nics

La prime à la rénovation énergétique des logements monte en puissanceMa Prime Rénov’, la nouvelle prime rem-plaçant le crédit d’impôt transitionénergétique pour la moitié desménages, a été lancée le 2 jan-vier. // P. 19

Un grand Salon des vins pour la FranceComexposium et le salon deBordeaux Vinexpo mettentleurs moyens en commun pourmieux répondre à la concurrence,notamment de l’allemand ProWein. Lanouvelle entité offrira une dizaine d’évé-nements et toute la gamme des vins fran-çais sous une même bannière. // P. 20

Samsung toujours pénalisé par la baisse du prix des puces en 2019Le résultat d’exploitation du géant sud-coréen devrait baisser de 34 % au qua-

trième trimestre pour tomber à7.100 milliards de wons (soit

6,1 milliards de dollars). Lesventes devraient stagnerautour de 50 milliards dedollars. // P. 22

Immobilier : les Françaistoujours plus nombreux

à renégocier leur prêtPortées par des taux historique-

ment bas, les demandes de renégociationdes crédits en cours de remboursementsont au plus haut depuis juillet 2017. // P. 28

L’avenir d’Alitalia remis en cause par le retrait du dossier de la « SNCF italienne »

a forcé la main. Plus le temps passe, plus les reports se succèdent et plus le gouvernement est dans une situation de faiblesse pour négo-cier une sortie de crise honorable », estime leprofesseur d’économie des transports à l’université de Milan-Bicocca, Andrea Giu-ricin. Selon lui, « les contribuables en ont assez d’éponger les dettes d’Alitalia et, avec simplement 8 % du marché italien, ils savent qu’elle n’est plus indispensable ». n

La compagnie a perdu 600 millions d’euros en 2019. Avec une centaine d’avions et 21 millions de passagers, c’est devenu un petit opérateur dans un marché de plus en plus compétitif avec des acteurs de plus en plus gros. Photo Alberto Pizzoli / AFP

Dominique [email protected]

Birchbox France, connue pour son sys-tème d’abonnement à des coffrets de produits beauté livrés chaque mois, redevient indépendante. En 2012, un an après sa création, la start-up tricolore avait été rachetée par son homologue américaine. Depuis 2017, cette dernière est contrôlée par un fonds déjà à son capital, après avoir cherché en vain un repreneur.

Différences de stratégies, spécificitésde marchés, les deux cofondateurs de Birchbox France, Quentin Reygrobellet et Martin Balas, ont décidé de reprendreles rênes, avec, à leur côté, Otium Capital.La répartition du capital entre les entre-preneurs et le fonds familial de Pierre-Edouard Stérin (fondateur de Smartbox,lafourchette. com) n’est pas connue, ni lemontant de l’opération. « Nous retrou-vons l’adrénaline des débuts, avec en même temps une maturité en termes de management et sommes prêts à ouvrir le 3e chapitre de notre histoire », résume Quentin Reygrobellet. Avec ce rachat, Birchbox veut continuer de grandir et capitaliser sur son expérience. Car la filiale française connaît une progressionrégulière de 20 % par an depuis plu-sieurs années, avec un chiffre d’affaires estimé à plus de 40 millions d’euros en 2019, et 220.000 abonnées. « Nous som-mes rentables depuis quatre ans, ce qui nous permet de nous autofinancer et d’investir côté technologie et marketing », reprend le directeur général.

Birchbox marie abonnements (3 mil-lions de colis envoyés l’an dernier), et e-commerce. Après avoir testé 5 pro-duits en mini-format (15 à 20 ml), ses clientes peuvent acheter en grand for-mat ceux qu’elles préfèrent sur son site (40 % des ventes). Il est en effet très com-pliqué d’acheter une crème ou un par-fum en ligne, sans l’avoir préalablement utilisé. D’où le fait que les ventes en lignede cosmétiques soient encore en France essentiellement du réachat.

Aujourd’hui, Birchbox revendique laplace de leader des pures players de la beauté, avec « la plus forte accélération en France ». Car la start-up connaît bien ses clientes, grâce à des questionnaires sur leurs attentes. Ce qui lui permet de per-sonnaliser son offre en fonction de leur profil. « Aujourd’hui, les femmes sont en quête de marques plus niches. Nous avons été les premiers à voir monter la demande pour des labels naturels », indique QuentinReygrobellet. Une information précieuse que ses dirigeants sont décidés à partager cette année avec les 300 marques avec les-quelles ils collaborent. La start-up va créerune plate-forme d’analyse à la disposition de ses partenaires, dont les données seront gratuites. Un moyen aussi pour en séduire de nouvelles.

Autre priorité pour l’entreprisse, déve-lopper ses abonnements avec des servi-ces « plus premium », sur lesquels elle travaille. L’export en Europe est un autrelevier. Après une présence en Espagne eten Angleterre, Birchbox vise notam-ment l’Allemagne et l’Italie. Elle réfléchitpar ailleurs à un nouveau nom. n

Birchbox France racheté par ses fondateursBEAUTÉ

La start-up tricolore revendique la place de leader des pures players de la beauté.

partie du quotidien du secteur. Mais les syndicats redoutent un nouveau plan d’économies, après celui annoncé en février et précisé en avril dernier, pré-voyant la suppression de 1.600 postes, essentiellement dans la Banque de finan-cement et d’investissement.

Plan IthaqueEn septembre, la banque annonçait un plan supplémentaire, prévoyant la sup-pression de 530 postes dans sa division debanque de détail en France dans le cadre d’une réorganisation de ses centres de services. « Une menace continue de peser sur les fonctions transverses, s’inquiète un syndicaliste. Nous attendons toujours la concrétisation du plan Ithaque. »

Ce plan pourrait notamment débou-cher sur le regroupement de systèmes informatiques de plusieurs divisions ou la réorganisation des directions financiè-res ou des ressources humaines. Le cabi-net de conseil Bain a mené l’an dernier une mission sur le sujet. En septembre, l’agence Bloomberg avait évoqué des éco-nomies potentielles de l’ordre de 600 mil-lions d’euros. n

Société Générale veut renforcer sa discipline en matière de coûts

Thibaut Madelin @ThibautMadelin

Près d’un an après avoir annoncé un pland’économies de 500 millions d’euros, Société Générale est décidée à maintenir le rythme en matière de baisse des coûts. « Nous avons redressé la barre en termes decapital, mais nous devons faire mieux en matière de rentabilité », a écrit son patron,Frédéric Oudéa, mercredi dans un mes-sage de vœux interne adressé aux colla-borateurs du groupe.

« De ce point de vue, nous devons renfor-cer notre discipline et efficacité en matière de coûts, a ajouté le directeur général de labanque de la Défense. Dans cet environne-ment incertain, qui peut rendre la généra-tion de revenus plus difficile, la discipline enmatière de coûts est le levier de rentabilité qui est dans nos mains et sur lequel nous sommes attendus par nos actionnaires. »

La banque a cherché mercredi soir àminimiser l’importance du message, jugeant que la chasse aux coûts faisait

BANQUE

Page 16: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

John Elkann [le président de Fiat Chrysler Automotive (FCA)], nous nous préparions à intégrer FCA. »

Mais « aujourd’hui, il n’y a plus decroissance, plus de croissance des profits, plus d’innovation, plus d’alliance », a-t-il avancé, évoquant même une « mascarade d’alliance, qui n’ira pas très loin. ». Et l’ex-diri-geant d’ajouter : « Chez les trois constructeurs, la croissance a dis-paru, les revenus sont en baisse. Et l’Alliance a raté FCA ! C’était totale-ment complémentaire. Comment peut-on manquer cette occasion uni-que ? C’est incroyable que cela ne se soit pas produit. »

« Des solutions très différentes »Côté cours de Bourse, « la valorisa-tion de Nissan depuis mon arresta-tion a baissé de plus de 10 milliards de dollars. Ils ont perdu plus de 40 millions de dollars par jour pen-dant cette période, a-t-il affirmé. Ce n’est pas mieux pour Renault, parce que la valorisation de Renault a baissé, depuis mon arrestation, de plus de 5 milliards d’euros, ce qui signifie 20 millions d’euros par jour ».

Interrogé sur ce qu’il faudraitfaire pour redresser la firme au losange, l’ex-dirigeant a répliqué que « ce n’est pas le lieu pour parler de Renault »… mais il n’a pu s’empê-cher d’ajouter que « (s) es solutions seraient très différentes de celles qu’ils sont en train de faire ». Il a glissé au passage quelques consi-dérations managériales. « Oui, l’Alliance Renault-Nissan peut réus-

sir sans moi. Mais elle doit respecter certaines règles. […] Elle ne fonction-nera pas sur des règles de consensus.Ils se trompent ! Regardez les résul-tats ! » Une grosse pierre dans le jar-din de Jean-Dominique Senard,qui a fait de la restauration de la confiance avec les Japonais l’un de ses mantras.

Dans la foulée, le patron déchu aégalement vivement critiqué la capacité de l’Etat français à jouer correctement son rôle d’action-naire. « Quand vous avez des gens qui ne sont pas compétents qui disent “nous voulons faire la straté-gie de Renault”, ça fait très peur », a-t-il lâché. Bercy a dû apprécier…

« Une forfaiture »Carlos Ghosn a par ailleurs assuré qu’il n’avait pas démissionné de sonposte le 24 janvier 2019, contraire-ment à ce qu’avait indiqué à l’épo-que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, puis Renault. Il a sous-entendu une possible mani-pulation des faits, indiquant que « (s) a lettre n’a pas été distribuée auxmembres du conseil d’administra-tion, elle a été lue. C’est une forfaiturede dire que j’ai démissionné. »

Objectif manifeste : faire valoirses droits à sa retraite chapeau, d’un montant de 765.000 euros annuels. « J’ai demandé à partir à la retraite et je défendrai mes droits en tant que personne qui a travaillé autant d’années […] J’ai des droits vis-à-vis de Nissan, vis-à-vis de Renault, qui n’ont pas été respectés, et je compte bien les réclamer enjustice. »

Interrogée, la direction deRenault n’a pas souhaité réagir. Selon une source proche du dos-sier, Carlos Ghosn a envoyé deux lettres, les deux signées de sa main.La première le 23 janvier annonçait« la cessation de (m) es mandats » deprésident du conseil d’administra-tion et de directeur général, la seconde, le 2 avril, actant sa démis-sion du conseil d’administration. Le conseil avait détaillé dans un communiqué le lendemain la rémunération de l’ex-patron pour 2018, pointant que « les conditions de départ de M. Carlos Ghosn » ne correspondaient pas à celles don-nant droit à une retraite chapeau.

(Lire « Crible »Page 32

L’ancien patron du Losange se lâche sur Renault et l’Etat actionnaire

Lionel Steinmann @lionelSteinmann

La conférence de presse de Carlos Ghosn, mercredi à Beyrouth, a fait siffler certaines oreilles à Paris et Boulogne-Billancourt, au siège de Renault. Dans son plaidoyer véhé-ment pour tenter de blanchir son honneur, l’ancien dirigeant du constructeur automobile s’est montré extrêmement critique sur la situation de Renault et sur l’action du gouvernement français.

Le message a été martelé à plu-sieurs reprises : suite à l’arrestationde son patron, Renault et Nissan sont allés de Charybde en Scylla. « En 2017, l’Alliance [Renault-Nissan-Mitsubishi, NDLR] était le premier groupe mondial, il y avait dela croissance, de la rentabilité, une bonne stratégie. Et je négociais avec

Lors de sa conférence de presse à Beyrouth, Carlos Ghosn n’a pas ménagé ses critiques sur les nouveaux dirigeants de son ex-entre-prise, stigmatisant notam-ment « une mascarade d’alliance » avec Nissan.

Carlos Ghosn veut faire son procès. Affirmant qu’il n’avait pas fui « la jus-tice mais l’injustice » en s’évadant du Japon (où il devait comparaître pourrépondre de ses quatre mises en exa-men), l’ex-patron de Renault et Nis-san a laissé entendre, mercredi à Beyrouth, qu’il serait disposé à se présenter devant un tribunal pour « laver son honneur ».

« J’y suis prêt mais seulement si onpeut me garantir un procès équita-ble », a-t-il martelé, après avoir assuré que le système nippon ne l’aurait jamais laissé accéder à un jugement impartial. Estimant qu’une comparution formelle et offi-cielle devant une vraie cour serviraitsa stratégie de reconstruction de sa réputation, Carlos Ghosn pourrait être tenté de faire organiser ce pro-cès directement au Liban. « C’est tout à fait possible. Une procédure légale existe », explique la juristePhilomène Nasr.

Beaucoup moins risquéEn premier lieu, le Japon devrait offi-ciellement demander au Japon une extradition de Carlos Ghosn. Ce qui sera automatiquement refusé puis-qu’une loi interdit au gouvernement libanais de faire extrader l’un de ses ressortissants. Une fois ce refus acté,les autorités nippones devraient demander à Beyrouth de juger, pourelles, le mis en examen sur les faits qui lui sont reprochés, selon le prin-cipe de la « compétence person-nelle ». « Tokyo devrait transférer au parquet libanais la totalité des procé-dures et des pièces ou preuves qu’il a amassé contre l’accusé », explique l’ancienne doyenne de la faculté de droit de l’Université libanaise.

Les procureurs libanais applique-raient ensuite leur propre lecture à ces éléments et décideraient s’ils constituent oui ou non une violationdes lois libanaises. « Ils ne feraient pas d’enquête supplémentaire et ne seprononceraient pas sur la légalité au Japon », précise Philomène Nasr. La procédure pourrait alors débouchersoit sur des non-lieux, soit sur un procès, probablement beaucoup moins risqué pour Carlos Ghosn. « En aucun cas, il n’écoperait d’une peine de prison pour ces faits qui sont présentés comme des délits financiers.Cela pourrait déboucher sur une lourde amende », analyse un autre expert, sous couvert d’anonymat. « Au Liban, la justice peut être très politique et Carlos Ghosn a des appuisau pouvoir », sourit-il. — Y. R.

L’hypothèse d’un procès libanaisAccusé d’avoir fui la justice japonaise, Carlos Ghosn pourrait, pour rétablir sa réputation, chercher à répondre à Beyrouth des faits qui lui sont reprochés à Tokyo.

Fébrile, impatient, Carlos Ghosn a lâché ses coups tous azimuts, accusant de multiples personnes et institutions dans plusieurs pays de l’avoir injustement accusé et de l’avoir ensuite abandonné à « sa persécution » et à « son calvaire ». Photo Maya Alleruzzo/AP/Sipa

Yann Rousseau @yansan

— Envoyé spécial à Beyrouth

Frustré par treize mois de silence, Carlos Ghosn est réapparu pour la première fois en public tel un tigre blessé sorti de sa cage. L’homme d’habitude si policé, froid et contenu a libéré pendant 2 heures et 30 minutes la rage qu’il avait accumulée depuis l’humiliation de son arrestation au soir du 19 novembre 2018. « Vous savez, j’aiété comme mort, anesthésié entre cette journée et le 30 décembre 2019 quand j’ai pu revoir ma femme », a lâché l’homme d’affaires, le visage empourpré et lèvres serrées par l’émotion. « Aujourd’hui, j ’ai l’impression de revivre », a-t-il souf-flé devant un parterre de 130 jour-nalistes qu’il avait sélectionnés, prenant soin de refuser l’entrée à ceux jugés trop sévères à son encontre.

« Enfer » judiciaireEn terrain conquis, parfois encou-ragé par quelques étranges applau-dissements d’une partie de la salle, il s’est déchaîné en français, en anglais, en arabe et aussi en portu-gais. Fébrile, impatient au point d’être parfois confus dans son pro-pos, l’ancien patron a lâché ses coups tous azimuts, accusant de multiples personnes et institutionsdans plusieurs pays de l’avoir injus-tement accusé et de l’avoir ensuite abandonné à « sa persécution » et à « son calvaire » dans un système judiciaire japonais qu’il décrit comme « anachronique » et « bru-tal ». Il a ainsi rappelé les longues heures d’interrogatoire sans avo-cat, les pressions morales pour encourager les confessions, le silence de la prison ou encore la cruauté des procureurs qui lui ont interdit, pendant des mois, de voir sa femme. « Ils voulaient juste me mettre à terre », a-t-il grincé.

L’ex-président de l’AllianceRenault-Nissan a répété la ligne de défense qu’il développe depuis son interpellation fin 2018. Il s’est claméinnocent de l’ensemble des chargesavancées contre lui, dans quatre mises en examen, par le parquet

japonais. « Elles ne reposent sur aucune base », a-t-il martelé en agi-tant les bras, avant de se dire égale-ment innocent de l’ensemble des accusations de malversations por-tées contre lui dans le cadre d’un audit interne commandé par Renault et Nissan. « Mais jamais ilssont venus me demander la moindreexplication », s’est-il offusqué.

Comme il le faisait il y a déjà an, ilassure être victime d’un complot orchestré par une poignée de cadres de Nissan et quelques hauts fonctionnaires du ministère de l’Industrie qui ne voulaient pas d’un rapprochement capitalistiqueentre le constructeur japonais et

Renault, son principal actionnaire. Pour la première fois, il a nommé-ment accusé son successeur HirotoSaikawa, l’ancien responsable des services légaux de Nissan Hari Nada, l’ancien vice-président du groupe Hitoshi Kawaguchi ou encore l’auditeur statutaire Hide-toshi Imazu d’avoir été les grands architectes de sa destruction.

Machination ?Il a expliqué que ces « personnages sans scrupule et vindicatifs » avaientmanigancé pour mettre un terme àson projet de création d’une forme de « holding » dans lequel auraientcohabité les deux entreprises tout

en conservant leurs propres mar-ques et leurs propres directions exécutives. Interrogé par un jour-naliste, il a indiqué que ce « com-plot » ne remontait pas, selon lui, jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir japonais. Il a notamment exclu toute implication de Shinzo Abe, le Premier ministre.

Assurant qu’il n’avait pas vuvenir son arrestation, il s’est même dit victime d’un Pearl Harbor poli-tique, dans une référence, très bles-sante pour les Japonais, à l’attaque surprise lancée en décembre 1941 par l’armée impériale nippone sur une base américaine dans une île d’Hawaï. Projetant quelques docu-

ments tirés de la procédure, il a essayé de démonter brièvement le contenu des mises en examen qui devaient déboucher sur ses deux procès au Japon. Mais il a pris soin de ne pas s’aventurer dans le détail de ce que lui reproche le parquet nippon, notamment sur la com-plexe affaire d’« abus de confiance aggravé », dans laquelle les procu-reurs l’accusent d’avoir profité de fonds versés par Nissan à un distri-buteur automobile basé à Oman.

Fermement décidé à « laver sonhonneur » et « à restaurer sa réputa-tion », il a promis de multiplier les initiatives dans les prochains mois et même évoqué d’éventuels dépla-

cements au Brésil et en France, deux pays dont il est ressortissant, qui ne pourraient pas l’extrader vers le Japon – même si Tokyo venait à le demander.

Prisonnier jusqu’à la mortPressé à plusieurs reprises de raconter le déroulé de son évasion du Japon, fin décembre, il s’est refusé à livrer le moindre détail, se contentant d’expliquer qu’il avait pris la décision de fuir tardivement,lorsqu’il avait compris qu’il risquaitd’être prisonnier du système judi-ciaire japonais jusqu’à sa mort. « Quand j’ai réalisé ça, j’ai décidé de partir. » n

l Frustré par treize mois de quasi-silence, l’ancien patron de l’Alliance Renault-Nissan a assuré, mercredi à Beyrouth, qu’il était totalement innocent des charges dont l’accuse le parquet japonais.l Et a répété qu’il avait été victime d’un complot politico-industriel.

Carlos Ghosn règle ses comptes

JUSTICE

« Oui, l’Alliance Renault-Nissan peut réussir sans moi. Mais elle doit respecter certainesrègles. […] Elle ne fonctionnera pas sur des règles de consensus. Ils se trompent ! Regardez les résultats ! »

ENTREPRISES Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Page 17: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 ENTREPRISES // 17

Les associations écologistes, dont la Fondation Nicolas Hulot, ont vive-ment réagi, concluent à une nou-velle intensification des pratiques agricoles et réclament un change-ment radical de politique via l’affec-tation des 9 milliards de la politique agricole commune (PAC). Interro-gée sur les incohérences de chiffres, la Fédération nationale des syndi-cats d’exploitants agricoles (FNSEA)affirme « ne plus rien comprendre ».

ExplicationsQuels sont les bons chiffres ? Et pourquoi de telles différences ? Sol-licité sur le sujet, le cabinet du ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, était indisponible. Selon nos informations, ce dernier aurait reconnu mardi dans le cadredu comité d’orientation stratégiqueet de suivi (COS) du plan Ecophyto, qui vise une réduction de 50 % des pesticides d’ici à 2025, « la nécessité d’un travail de révision de tous ces chiffres ». Pour l’UIPP, le différentielentre les données du gouverne-

ment et celles des industriels vient de « l’utilisation de bases différen-tes ». Sans toutefois pouvoir en direplus. « Nous comptabilisons les ven-tes des entreprises adhérentes à l’UIPP aux producteurs. Nos mem-bres représentent 96 % du marché », a précisé une porte-parole de l’orga-nisation professionnelle.

Plan EcophytoQuels que soient les modes de cal-cul des uns et des autres, la ten-dance qui se dégage est à la hausse. L’UIPP, comme le gouvernement, explique le phénomène par « une anticipation des achats des agricul-teurs en fin d’année 2018 en prévisionde l’augmentation de la redevance pour pollution diffuse ». Ce à quoi la Fondation Nicolas Hulot rétorque que l’augmentation des ventes de pesticides s’observe depuis la mise en place du plan Ecophyto il y a onzeans – même en dehors des phéno-mènes d’anticipation constatés en 2008 et en 2015 (et donc en 2018).

« La politique menée depuis dix

ans ne produit pas les résultats atten-dus », a, pour sa part, tweeté Elisa-beth Borne, la ministre de la Transi-tion écologique et solidaire. Si l’on ajoute à cela que le communiqué interministériel ouvre sur le cons-tat d’une hausse des ventes de pesti-cides en 2018 et conclut que « les substances phytosanitaires les plus préoccupantes ont diminué de 15 % entre 2009 et 2011, puis entre 2016 et 2018 », il y a pour le moins matièreà quelques interrogations. n

Kleffmann au Brésil. Ce dernier souligne « l’intensification des traite-ments dans certains segments comme les fongicides touchant le soja, en raison de la résistance à cer-taines maladies. »

Soja, maïs, canne à sucre, café,coton… toutes ces cultures sont devenues gourmandes en insectici-des, fongicides ou encore herbici-des, glyphosate en tête, dont l’usage est autorisé par l’Agence de vigi-lance sanitaire brésilienne (Anvisa).Conséquence, les prix de ces der-niers ont grimpé et correspondent actuellement à 30 % des coûts de production d’une exploitation, selon le ministère brésilien de l’Agriculture.

C’est justement pour lutter contrela flambée des prix que le gouverne-ment affirme avoir accéléré la pro-cédure d’autorisation de nouveaux produits de cette catégorie. En 2019,première année de l’administration Bolsonaro, 454 nouveaux pestici-des ont ainsi été mis sur le marché. Un record, même si cela concerne essentiellement des produits géné-

« La politique menée depuis dix ans ne produit pas les résultats attendus. »TWEET D’ÉLISABETH BORNEMinistre de la Transition écologique et solidaire

A l’occasion de la conférence de presse organisée mercredi, au siège du syndicat de la presse libanaise à Beyrouth, Carlos Ghosn tenait à « laver son honneur ». Voici ses principales déclarations.

Pearl Harbor, Versailles et Netflix : morceaux choisis

Les chiffres clefs

810TONNES ENVIRONLa vente de pesticides au Brésil a augmenté de 7 % en volume par rapport à la récolte antérieure (2017-2018).

454NOUVEAUX PESTICIDES ont été mis sur le marché en 2019.

Cacophonie sur l’évolution des ventes de pesticides en Francel Le gouvernement a annoncé un bond de 23 % des ventes de pesticides en 2018. L’Union des industries du secteur (UIPP) estime la hausse à 8 %.l La FNSEA dit « ne rien comprendre à la différence entre les chiffres ».

Marie-Josée Cougard @CougardMarie

L’épineux dossier des pesticides, après avoir connu une période un peu plus calme, est revenu en boo-merang sur la scène avec la publica-tion d’un communiqué interminis-tériel mardi. Selon le gouvernement,les ventes de « substances actives » à usage agricole ont fait un bond de +23 % en 2018 après avoir diminué de –3 % l’année précédente. Ceci alors même que l’agriculture raison-née et les pratiques bio se dévelop-pent fortement et que la vente des traitements de biocontrôle (à faible risque) a augmenté de +20 % en 2018…

Le même jour, l’Union des indus-tries de la protection des plantes (UIPP), qui représente 96 % du mar-ché des phytosanitaires, annonce pour sa part une hausse de 8 % des ventes de pesticides à 68.000 tonnes.

AGRICULTURE

Thierry Ogier— Correspondant à São Paulo

La reine des pesticides ? Si l’on en croit les statistiques publiées par le cabinet de consultants spécialisé Kleffmann Group, c’est bien l’agri-culture brésilienne qui rafle le tro-phée pour la deuxième année d’affi-lée, devant les Etats-Unis et la Chine.La France est classée en 8e position.

Au Brésil, la vente de pesticides aaugmenté de 7 % en volume par rap-port à la récolte antérieure (2017-2018), pour atteindre 809.700 ton-nes. Les producteurs brésiliens ont déboursé 11,5 milliards de dollars dans un marché en pleine expan-sion. Une tendance qui reflète « les meilleures pratiques de culture et d’usage de la technologie au Brésil », selon Leonardo Antolini, gérant de

riques, précise-t-on au ministère de l’Agriculture. Cela fait quand mêmebondir les défenseurs de l’environ-nement, qui accusent le gouverne-ment de « donner la priorité à l’agro-business, qui veut inonder le marché de pesticides plutôt que de défendre

une agriculture durable », s’agace la branche locale de Greenpeace. Plu-sieurs de ces produits étant par ailleurs interdits en Europe ou dansd’autres régions du monde.

Illusion d’optiqueDe son côté, le gouvernement brési-lien préfère mettre en avant les spé-cificités de l’agriculture locale. Si, d’une part, le climat tropical favo-rise la prolifération des maladies, il n’est pas rare que les agriculteurs réalisent deux, voire trois récoltes par an, ce qui augmente les rende-ments et les besoins de produits.

Pour relativiser les chiffres, leministère de l’Agriculture met éga-lement en avant d’autres données de la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) portant sur la con-sommation relative de pesticides : selon une étude publiée en juin der-nier : le Brésil apparaît en 44e posi-tion, avec 4,3 kilos de pesticides par hectare cultivé. Le leader étant dansce cas les Pays-Bas, avec 9,4 kilos parhectare cultivé. n

Le Brésil, champion du mondeLa puissante agriculture brésilienne a utilisé plus de 800.000 tonnes de pesticides lors de la dernière récolte, selon le cabinet spécialisé Kleffmann.

fusion Renault-Nissan, mais un holding avec un seul président. C’était un bon équilibre entre le souhait de fusion (français) et le souhait d’autonomie (japonais). Aujourd’hui, i l n’y a rien. L’Alliance a reculé au lieu d’avancer. »« L’Alliance peut réussir sans moi, mais elle doit respecter cer-taines règles. Elle ne fonction-nera pas sur la base de consen-sus, on se trompe actuellement. »

• L’OCCASIONFIAT CHRYSLER« En 2017, l’Alliance était le pre-mier groupe automobile. Nous nous préparions à ajouter Fiat Chrysler à notre groupe parce que je négociais avec John Elkann [le président de Fiat Chrysler Automobiles, NDLR] pour que Fiat Chrysler nous rejoigne. »

« I l n ’y a plus d ’Al l iance . L’Alliance a raté l’immanquableavec Fiat Chrysler. C’est incroya-ble. »« C’est une opportunité formi-dable pour PSA, un immense gâchis pour Renault. »

• LE « SOUTIEN » DE L’ÉTAT FRANÇAIS« A ma place vous vous seriez senti comment ? […] Je suis un citoyen français comme les autres mais je ne souhaite pas être en dessous de qui que ce soit. »« Mon sentiment est que le gou-vernement français dit vouloir améliorer ses relations avec les Japonais et c’est pourquoi il ne prend pas d’initiative qui pour-rait être mal perçue. »« Je ne demande rien au gouver-nement français. »

• LE TRAITEMENT DE LA PRESSE JAPONAISEUn seul journaliste japonais avait été autorisé, mercredi, à entrer dans la salle où se tenait la conférence de presse.« J’ai été dénigré par la presse japonaise. »« J’ai été qualifié de dictateur froid et cupide. »

• LE REGRET GENERAL MOTORSCarlos Ghosn a été approché, en 2009, pour prendre la tête deGeneral Motors. Une offre déclinée par « fidélité ».« J’ai fait une connerie. J’aurais gagné beaucoup plus d’argent et vécu plus tranquillement. »« Mary Barra, qui est patronne de GM, a gagné 26 ou 27 millionsde dollars l’année dernière, il n’y a pas eu une ligne dans un jour-nal là-dessus. Elle est une citoyenne respectée, elle a un job beaucoup plus facile parce qu’elle n’avait qu’une entreprise à gérer. Elle est dans son pays. »

• RIEN AVEC NETFLIX« Aucun contrat n’a été signé avec Netflix. »

• BIENTÔT LA POLITIQUE ?« Je n’ai aucune ambition politi-que. Mais si une demande de mise à disposition de mon expé-rience est formulée par mon pays pour améliorer sa situa-tion, je suis prêt. » n

« Vous avez vu Pearl Harbor ? Vous l’aviez senti venir ? Moi je ne l’ai pas vu venir… »

Julien Dupont-Calbo et Enrique Moreira

« J’ai beaucoup d’interviews télé-visées à faire, je voudrais qu’on arrête. » Pour sa première prise de parole depuis sa fuite du Japon, Carlos Ghosn a eu tout loisir d’exposer sa version des faits.

• POURQUOI IL A FUI LE JAPON« Je ne suis pas là pour parler de la façon dont j’ai quitté le Japon, je suis ici pour dire pourquoi, pour faire la lumière sur un sys-tème qui viole les [droits de l’homme] les plus fondamen-taux, je suis ici pour laver mon nom. »« Quand j’ai demandé à mes avo-cats […], ils ont dit qu’ils crai-gnaient que cinq ans s’écoulent peut-être au Japon avant que je n’obtienne un verdict. »« Je ne suis pas au-dessus des lois. Je n’ai pas fui la justice, maisl’injustice. »« Je n’avais pas d’autre choix quela fuite pour me protéger. »« Je serais prêt à me présenter à un procès n’importe où, du moment qu’il est équitable. »

• « VICTIME D’UN COMPLOT »« Vous avez vu Pearl Harbor ? Vous l’aviez senti venir ? Moi je ne l’ai pas vu venir… »« Je n’aurais jamais dû être arrêté, les accusations portées contre moi sont fausses. »« Certains de nos amis japonais ont pensé que la seule manière dese débarrasser de l’influence de Renault sur Nissan était de se débarrasser de moi. Ils avaient raison, quand on voit ce qui s’est passé ensuite. »

« Qui faisait partie de ce com-plot ? A l’évidence (Hiroto) Sai-kawa, Hari Nada et (Toshiaki) Onuma. Mais il y a bien d’autres personnes. »« On a tué mon image. Avec beaucoup de réussite. 200 mil-lions de dollars ont été dépensés pour cette enquête ! »

• LES SOIRÉES À VERSAILLES« Catherine Pégard [la prési-dente du château] m’a proposé de mettre à disposition une pièce pour moi. Je me suis dit c’est bien,c’est un geste commercial. »« Je n’ai pas fait ça pour faire comme Louis XIV. »« Si je pensais qu’il y avait un pro-blème d’éthique, je ne l’aurais pasfait. »

• « IL N’Y A PLUS D’ALLIANCE »« On voulait tourner la page Ghosn ? C’est réussi. Pour Renault et Nissan, il n’y a plus decroissance, plus de ligne stratégi-que, plus d’innovation, plus rien.C’est une mascarade qui n’ira pas très loin. »« Je n’ai jamais proposé de

« Je ne suis pas au-dessus des lois. Je n’ai pas fui la justice, mais l’injustice. »

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18 // ENTREPRISES Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Après plus d’un mois de grève, le conflit s’enlise à la SNCF et à la RATPl Le mouvement, d’une durée historique va se durcir jeudi à l’occasion de la nouvelle journée d’action.l Mercredi, 6,8 % des cheminots étaient encore en grève, un chiffre à peu près stable depuis début janvier.

Elsa Dicharry @dicharry_e

avec Lionel Steinmann @lionelSteinmann

Après plus d’un mois de grève contre la réforme du système des retraites, la mobilisation plie mais ne rompt pas à la SNCF et à la RATP. Mercredi matin, à la veille de la quatrième journée nationale d’action, l’entreprise ferroviaire faisait état d’un taux de grévistes de6,8 %, à peu près stable depuis le début du mois de janvier.

Certes, la mobilisation est bienplus faible qu’au démarrage du mouvement (55,6 % le 5 décembre au premier jour de la grève) – alorsque les effets financiers se font sen-tir pour les agents. Mais pour l’heure, nul ne se risque à prédire lafin prochaine du conflit, qui s’avèredéjà le plus long de l’histoire de l’entreprise. Il a dépassé en durée lagrève de 1995 sur la réforme des retraites, celle de 1986-1987 pour ladéfense des salaires et des condi-tions de travail, et égale désormais le mouvement à épisodes de 2018 contre la réforme du rail.

L’implication des cheminotsindispensables à la circulationd e s t r a i n s r e s t e e n o u t r enettement plus élevée que celledes autres catégories de person-nels : 38 % de grévistes chez lesconducteurs, 24,3 % chez lescontrôleurs et 12,2 % chez lesaiguilleurs mercredi.

Entre résignation et abattementUn regain de mobilisation devraitpar ailleurs être observé jeudi, autrente-sixième jour de grève.L’état du trafic va en tout cas sedégrader par rapport à mercredi.La SNCF prévoit ainsi la circula-tion de 3 TGV sur 5, 1 Intercitéssur 5, 2 TER sur 5 et 1 Transiliensur 3 en moyenne.

Dans un communiqué, SNCFTransilien a déjà alerté sur « les conditions difficiles de trafic » attendues en Ile-de-France jeudi. En raison de la forte affluence pré-

TRANSPORTS

Le Medef pour le remboursement du versement transport à ParisAlors que la grève dans les transports en commun en région parisienne a fortement perturbé le déplacement des salariés, le Medef Paris demande à Ile-de-France Mobilités « le rem-boursement du versement transport des entreprises parisien-nes pour le mois de décembre ». « Il n’est pas raisonnable de faire peser sur [elles] le montant d’une taxe équivalente à pres-que 3 % de leur masse salariale pour financer des transports qui ne circulent pas ! », affirme Jean-Louis Schilansky, son prési-dent. Le versement transport est une contribution locale des employeurs au financement des transports en commun. En décembre, il a représenté 330 millions d’euros pour les entreprises franciliennes, selon l’organisation patronale.

Les deux entreprises avaientd’abord évoqué un rembourse-ment prenant « en compte les moda-lités du service effectué [pour la RATP] et réservé aux usagers des lignes “sur lesquelles le service mini-mum n’a pas été respecté” [pour la SNCF] ». Valérie Pécresse estimait au contraire qu’un rembourse-ment intégral pour tous les usagersétait justifié, étant donné le niveau de contraintes imposées aux voya-geurs par ce mouvement social de grande ampleur – et d’une durée inédite. Ce remboursement inté-gral – qui coûtera au total 200 mil-lions d’euros, selon Ile-de-France

Mobilités –, va cependant au-delà des obligations des deux entrepri-ses. Selon le contrat conclu entre l’autorité organisatrice des trans-ports en région parisienne et la RATP pour 2016-2020, cette der-nière est en effet tenue de garantir au moins 50 % du service normal aux heures de pointe sur ses réseaux de métro, bus et tramway. La SNCF se doit de son côté d’assu-rer au moins un tiers du service habituel sur le réseau Transilien.

Pour l’heure, les parties prenan-tes n’ont pas détaillé les conditionsfinancières de leur accord, maisselon nos informations, Ile-de-

France Mobilités aurait finale-ment accepté d’apporter sa contri-bution aux côtés de la SNCF et dela RATP.

Un précédent en 2018Avant le début de la réunion, Cathe-rine Guillouard, la patronne de la RATP, avait indiqué souhaiter « que toutes les pénalités que nous allons verser [à Ile-de-France Mobilités du fait de la réduction du service pen-dant la grève, NDLR] soient directe-ment versées aux voyageurs pour par-venir à boucler le financement ». Anticipant cette demande, Valérie Pécresse avait rappelé qu’« Ile-de-France Mobilités n’a pas fait grève », etque celle-ci est un « client » face à des« fournisseurs » de transport.

Après la grève à épisodes de 2018à la SNCF contre la réforme du rail, l’ex-Stif avait déjà consenti à partici-per à l’indemnisation des voya-geurs. La SNCF avait remboursé auxusagers du Transilien 50 % du passeNavigo et de la carte Imagine R pourles mois d’avril et mai. Ile-de-FranceMobilités y avait ajouté 25 euros supplémentaires pour les abonnés Navigo (12,50 euros pour les abon-nés Imagine R) empruntant l’une des six lignes les plus touchées par lemouvement.— E. Di.

Le passe Navigo remboursé à tous les usagers

Etait-il possible de faire autre-ment ? Valérie Pécresse, la prési-dente d’Ile-de-France Mobilités, avait réclamé de la SNCF et de la RATP un geste fort envers les usa-gers des transports pénalisés par le mouvement social contre la réforme des retraites. Elle a eu gainde cause. « Ce soir il y aura au moinsune bonne nouvelle pour tous les voyageurs des transports en com-mun d’Ile-de-France. J’ai obtenu de la RATP et de la SNCF le rembourse-ment d’un mois d’abonnement men-suel du passe Navigo [75,20 euros, NDLR] pour la grève de décembre », a-t-elle annoncé dans la soirée à l’issue de longues discussions. Les cartes Imagine R seront également remboursées.

Une plate-forme dédiée, baptiséeMondédommagementNavigo.com, sera mise en place d’ici à la fin jan-vier, afin de permettre aux Franci-liens d’effectuer leur demande d’indemnisation.

Ile-de-France Mobilités a accepté de participer au financement aux côtés de la SNCF et de la RATP. Une plate-forme dédiée sera mise en place d’ici à la fin janvier.

pour 2019 et 2020, du fait du ser-vice non assuré.

Ces chiffres sont à rapprocherdes quelque 200 millions d’euros de bénéfice net part du groupe enregistrés en 2018 par la RATP. Dans ces conditions, selon une source proche du dossier, la capa-cité d’investissements de l’entre-prise risque d’être affectée – notamment s’agissant de la réno-vation du réseau de métro.

La SNCF, de son côté, évaluait endébut de semaine l’impact écono-mique de la grève à 700 millions, sans compter les rembourse-ments à effectuer aux autorités organisatrices de trains régio-naux, en Ile-de-France, comme dans le reste de la France. L’entre-prise devrait ainsi enregistrer en 2019 un résultat net négatif et ses ressources pour investir seront, elles aussi, rognées..

Dans ce contexte, les discus-sions menées mercredi entre Ile-de-France Mobilités, la SNCF et la RATP, sur les modalités d’indem-nisation des voyageurs franciliensont duré. Les parties ont abouti à un accord : le remboursement intégral du passe Navigo à tous lesusagers a été acté pour décembre.Selon nos informations, Ile-de-France Mobilités a accepté de mettre la main à la poche.— E. Di.

La grève des agents de la SNCF et dela RATP qui dure depuis plus d’un mois frappe durement l’équilibre financier des deux entreprises. Les comptes de la RATP pourraient être dans le rouge en 2019 – commeceux de la SNCF. Du jamais vu depuis au moins vingt ans. Et le mouvement social aura aussi un impact sur ses résultats de 2020.

Mercredi, l’entreprise évaluaitdéjà le coût potentiel de la grève à150 millions d’euros : 90 millions de perte nette de billetterie et 60 millions de dédommage-ments aux usagers sur un mois, dans l’hypothèse d’un rembour-sement intégral du passe Navigo et de la carte Imagine R à tous les voyageurs, comme le deman-daient les associations d’usagers et la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. Il faut ajouter 27 millions d’indem-nités dues à Ile-de-France Mobili-tés, l’autorité organisatrice des transports en région parisienne,

La grève pourrait mettre les comptes de la RATP dans le rouge en 2019, comme ceux de la SNCF. Les deux entreprises craignent de voir leurs capacités d’investissements réduites.

Les comptes des deux transporteurs fragilisés

sur franceinfodans C’est mon argentà 5h51 le vendredi

vue, elle recommande aux usagersdes trains « de ne pas venir en gare et d’utiliser d’autres solutions de transport, comme le covoiturage ». Depuis le début de la grève, les res-ponsables de l’entreprise sont hantés par le risque de mouve-ments de foules qui pourraient compromettre la sécurité des voyageurs.

De son côté, la RATP ne com-munique pas sur la mobilisation de ses agents. Mais si le trafic s’est nettement amélioré sur son réseau, les perturbations restent fortes, en particulier dans le métro. Jeudi, toutes les lignes de

métro seront ouvertes, mais la plupart ne fonctionneront que partiellement durant les heures de

pointe. « Sur le réseau de surface, l’offre de trafic sera en baisse par rapport aux jours précédents sur le

tramway et environ 1 bus sur 2 cir-culera en moyenne » , indique l’entreprise dans un communiqué.

Face à la persistance d’une forteminorité de grévistes, qui gêne considérablement le trafic, les directions des deux entreprises publiques semblent osciller entre résignation et abattement. SNCF et RATP sont coincées dans un conflit qui les dépasse largement. Pendant ce temps-là, les pertes d’exploitation ne cessent de croî-tre (Jean-Pierre Farandou évoque désormais 700 millions d’euros pour la SNCF), ce qui les fragilise pour l’avenir. n

Ce mercredi, 38 % des conducteurs étaient en grève, 24,3 % des contrôleurs et 12,2 % des aiguilleurs.

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Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 ENTREPRISES // 19

Du lundi au vendredi avec Sonia Mabrouk, Nicolas Canteloup et toute la rédaction.

DE 6H À 9H AVEC MATTHIEU BELLIARD

tallation plus longs que dans des pays voisins, l’atomisation de la filière, ou encore les coûts du trans-port routier défavorables. Et sans doute aussi un certain manque de réflexion stratégique à long terme. Une position inconfortable, alors que la filière logistique pèse 1,8 mil-lion d’emplois dans l’Hexagone (4 fois la filière automobile), et 10 % du PIB national.

Suites d’un récent rapportPour remédier à ses carences, reve-nir dans le Top 10 et regagner à terme en compétitivité face à cette concurrence de l’Europe du Nord, le gouvernement a endossé la créa-tion de France Logistique, « une plate-forme de coordination, d’ani-mation et d’échange » des acteurs privés du secteur. Celle-là sera pré-sidée par Anne-Marie Idrac, ancienne secrétaire d’Etat aux Transports, au Commerce exté-rieur, et ex-présidente de la RATP, puis de la SNCF.

Cette nouvelle entité figuraitparmi les recommandations du rapport sur la filière, remis à la mi-septembre à Edouard Philippe et réalisé par deux patrons de la « sup-ply chain », Eric Hémar et Patrick Daher. Elle n’a pas vocation à se substituer aux nombreuses organi-sations sectorielles existantes (FNTR, TLF, Aslog, AUTF, etc.), mais plutôt à faire mieux l’interfaceavec les nombreuses administra-tions impliquées (Douanes, trans-

ports, direction des entreprises…), et faire remonter des demandes concrètes.

« Notre but n’est pas de refaire uninventaire à la Prévert de tout ce qui ne marche pas, mais de faire émergerdes solutions, sur les sujets impor-tants », souligne Anne-Marie Idrac. Parmi ceux-ci, la recherche, les questions de formation, d’attracti-vité de la branche, de fiscalité, de verdissement des véhicules, d’orga-nisation de la logistique urbaine du « dernier kilomètre ». « La logistique

a également besoin de simplification,de ne pas en rajouter, et de stabilité fiscale », ajoute l’ancienne ministre.

Dans son propos de présenta-tion, celle-ci n’a pas fait allusion auxmouvements de grève en France, qui paralysent depuis plus d’un mois une grande part de l’activité de fret de la SNCF et perturbent certains grands ports. Un élément certainement pas de nature à redo-rer la compétitivité des transports français et de la « supply chain » à l’import-export. n

Denis [email protected]

Le constat est cruel : malgré ses investissements réguliers dans les infrastructures et la présence de nombreux champions nationaux très internationalisés, comme Geodis, Gefco ou ID Logistics, la France n’occupe dorénavant que le 15e rang mondial en matière de logistique, selon le classement de la Banque mondiale (Logistics Performance Index) sur la période 2012-2018. Très loin derrière ses voisins immédiats, l’Allemagne (1er du classement), les Pays-Bas (2e)et la Belgique (4e).

Parmi les nombreuses faiblessesconnues des professionnels, les coûts de l’immobilier logistique éle-vés, notamment en raison de la fis-calité sur ses actifs, les délais d’ins-

LOGISTIQUE

Une nouvelle plate-forme, France Logistique, vient de voir le jour.

Elle rassemble les acteurs privés de l’ensemble de la chaîne logistique, pour jouer un rôle d’interface auprès de l’administration.

La France veut coordonner ses efforts dans la logistique

mière analyse des natures de travauxles plus demandés. »

Prime en quinze joursLe gouvernement vise la distribu-tion de 200.000 primes cette année et de 350.000 à 400.000 CITE avec, àla clef, 400 millions d’euros de cré-dits budgétaires pour chacun des deux dispositifs. L’objectif passera à500.000 primes annuelles en 2021 du fait de leur fusion.

Le lancement passé, l’heure est àla montée en puissance. L’équipe decinq personnes de l’Anah pilotant Docapost BPO, le prestataire externe qui gère et distribue les pri-mes, va s’étoffer d’une quinzaine de collaborateurs et « en rythme de croisière, d’ici à l’été, l’objectif est de

verser la prime sous quinze jours après la fin des travaux, contre qua-tre mois actuellement », souligne Julien Denormandie. Ceci est à com-parer aux dix-huit mois de délai actuellement nécessaires avec le cré-dit d’impôt, qui pénalise les plus modestes. »

A compter de mai, la prime pren-dra aussi en compte les acomptes sur travaux. « On pourra demander une avance sur prime allant jusqu’à 70 % du montant du devis, a précisé Emmanuelle Wargon. La prime pourra aussi être perçue par un man-dataire, avec un circuit qui sera de surcroît amélioré à compter de jan-vier 2021 pour certains mandataires de confiance habilités, via une con-tractualisation avec l’Etat. »

Le but, au final, est d’accroître lapart des ménages modestes dans lesbénéficiaires des aides à la rénova-tion énergétique. « Un Français sur

six a froid chez lui l’hiver, or plus de 50 % de l’aide distribuée au travers duCITE allait aux 20 % des ménages les plus aisés, ceux des 9e et 10e déciles de revenus, tandis que 10 % seulement duCITE bénéficiait aux ménages modes-tes », rappelle Julien Denormandie.

Les deux ministres ont signé cemercredi le décret fixant les modali-tés du dispositif et « un indicateur de la rénovation, en cours de finalisation,sera publié au premier trimestre, pourmesurer l’effort de rénovation d’un ansur l’autre », a-t-il annoncé. Pour quela rénovation énergétique décolle enfin en dépit des risques d’arnaqueset de malfaçons, deux autres chan-tiers sont en cours. « Le réseau Faire, de conseillers spécialisés, se déploie et à terme, aucun ménage ne sera à plus de 20 ou 30 kilomètres d’un espace-conseil, a indiqué Emmanuelle War-gon. Nous travaillons aussi avec les associations de consommateurs à la lutte contre les pratiques frauduleuseset on étudie une éventuelle interdic-tion du démarchage téléphonique. » n

Myriam [email protected]

C’est parti pour Ma Prime Rénov’, lanouvelle aide à la rénovation éner-gétique des logements remplaçant le crédit d’impôt transition énergé-tique (CITE). Mercredi, les minis-tres Julien Denormandie et Emma-nuelle Wargon ont fait le bilan de son lancement dans les locaux de l’Agence nationale pour l’habitat (Anah), en charge de sa distribution.Elle ne concerne encore cette annéeque 50 % de ménages français, ceuxdes cinq premiers déciles de reve-nus, respectant les plafonds de res-sources de l’Anah. Les 50 % plus aisés, eux, attendront janvier 2021 etconservent, d’ici là, le bénéfice du CITE, qui a toutefois été restreint pour les 20 % les plus aisés.

La plate-forme Internet mapri-merenov.gouv.fr où déposer les demandes de prime a été opéra-tionnelle en temps et en heure. « Lapremière demande a été déposée le 2 janvier à 1 heure du matin ! souli-gne l’Anah. Depuis, le site a fait l’objetde 26.000 visites, 1.230 comptes ont été créés et 450 demandes ont été déposées, correspondant à un mon-tant estimé de prime de plus de 2 mil-lions d’euros. Il faudra attendre la semaine prochaine pour une pre-

HABITAT

Ma Prime Rénov’, la nouvelle prime remplaçant le crédit d’impôt transition énergétique pour la moitié des ménages, a été lancée le 2 janvier.

Julien Denormandie a fait le bilan du lancement et détaillé la suite pour atteindre 200.000 primes cette année, et 500.000 de plus en 2021.

La prime à la rénovation énergétique des logements monte en puissance

Depuis le début de l’année, le site a fait l’objet de 26.000 visites, 1.230 comptes ont été créés et 450 demandes déposées, correspondant à un montant estimé de prime de plus de 2 millions d’euros. Photo Sestovic/Getty Images

à suivreDjebbari annonce un plan pour les petites lignes de trains en février

FERROVIAIRE Le secrétaired’Etat aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a indiqué,lors d’un débat au Sénat,qu’un plan d’action concertédevrait être signé d’ici à la mi-février avec les régions etSNCF Réseau pour décider del’avenir des petites lignes detrains. Des plans d’actionsrégionaux doivent être signés« avant le 15 février » avec lesexécutifs régionaux « pourlesquels les travaux sont suffi-samment matures et qui sontv o l o n t a i re s » , a d é t a i l l éM. Djebbari, évoquant « plu-sieurs milliards d’euros ». Lanouvelle loi d’orientation desmobilités (LOM) permet auxrégions de récupérer la ges-tion de certaines voies ferrées.

Alstom : contrat de maintenance au Royaume-UniFERROVIAIRE Le construc-teur ferroviaire français Alstoma annoncé, mercredi, avoirdécroché un contrat d’envi-ron 755 millions d’euros sursept ans pour la rénovation etl’entretien de trains déployéssur la West Coast Mainline,qui relie Londres à l’Ecosse.Les 56 trains électriques Pen-dolino déployés sur la WestCoast Mainline vont être révi-sés dans le cadre d’un contratsigné par Avanti West Coast,nouvel opérateur de la ligne,et Alstom, le constructeur dela f lot te . Ce contrat doi te n t r a î n e r l a c r é a t i o n d e« 100 postes hautement quali-fiés », basés pour l’essentiel àWidnes en Angleterre.

Les grands magasins Macy’s vont encore fermer 29 points de venteDISTRIBUTION Si les ventes de la chaîne de grands maga-sins américaine Macy’s ont étémoins mauvaises qu’attendu en f in d ’année, en baisse de 0,6 % en comparable sur l e s m o i s d e n ove m b r e e t de décembre, entraînant du coup une hausse du cours de l ’action à Wall Street , son directeur général, Jeff Genette, n’en a pas moins annoncé mercredi la ferme-ture prochaine de 28 magasinsà son enseigne et d’un magasinBloomingdale’s. Le distribu-teur prévoit d’annoncer le mois prochain un plan straté-gique sur trois ans. La valeur du titre Macy’s a perdu 43 % en2019, la deuxième pire perfor-mance de l’indice S&P 500.

« La logistique a également besoinde simplification, de ne pas en rajouter, et de stabilité fiscale. »ANNE-MARIE IDRACPrésidente de France Logistique

A compter de mai, la prime prendra aussi en compte les acomptes sur travaux.

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20 // ENTREPRISES Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

matique des défis que lancent aux professionnels les nouvelles ten-dances de consommation.

Intermarché et son enseigne dediscount Netto indiquent par la voix de leur président, Thierry Cotillard, dans une note interne dévoilée par le magazine spécialisé« LSA », que Coca-Cola « a décidé unilatéralement d’arrêter de livrer [les magasins] sur l’ensemble de ses gammes (Coca-Cola, Fanta, Sprite, Fuze Tea, Honest, Tropico, Capri-Sun et Monster) ».

Des produits plus sains fabriqués par des PME« Cet arrêt brutal et sans préavis des livraisons a pour origine un désac-cord sur les gammes », écrit le diri-geant qui exploite deux supermar-chés à Issy-les-Moulineaux, près deParis. Il accuse l’industriel des sodas dans le document que nous avons pu consulter de vouloir « con-traindre par tous les moyens à déte-nir une gamme 2020 que nous ne souhaitons pas ».

« Intermarché a pris le parti dumanger sain pour répondre aux demandes des consommateurs », explique aux « Echos » Thierry

Cotillard. « Or dans une canette de Coca-Cola, il y a l’équivalent de 4,5 morceaux de sucre. » « Le mar-ché des sodas est en baisse de –3,2 % en volume sur les 12 derniers mois, constate-t-il Cette baisse atteint environ 4 % chez Intermarché à qui Coca-Cola refuse des promotions. » « Nos clients souhaitent des pro-duits plus sains […]. Ils arbitrent éga-lement en défaveur des produits qui ont un impact négatif sur l’environ-nement, délaissant de plus en plus les contenants en plastique et privi-légiant les aliments peu transfor-més, issus des filières agricoles loca-les », écrit-il à ses adhérents. « Noussouhaitons faire de la place dans nosmagasins qui ne sont pas immensespour des produits plus sains fabri-qués par des PME », résume le dis-tributeur.

Intermarché souhaite donc pas-ser de 92 références pour les pro-duits du groupe Coca-Cola à 40 ou 50, précise Stéphane de Fontenay, adhérent à Sainte-Maure-de-Tou-raine (37) chargé du commerce du réseau. L’enseigne avance son droit et sa vocation à établir l’offre qu’elle souhaite. Cette réduction de la gamme provoquerait une chute de

20 % des ventes de Coca-Cola dans leurs magasins, estiment Les Mous-quetaires. Celles-ci représentent environ 9 % des ventes de l’indus-triel en France.

A l’inverse, l’absence de Coca-Cola dans les rayons pourrait entraîner, selon le distributeur, la perte de 0,2 % de part de marché surle périmètre des produits de grandeconsommation, les clients allant faire leurs courses ailleurs.

Dialogue ou action en justiceIntermarché affirme avoir pré-venu Coca-Cola dès l’été 2019 dans la perspective des négociations commerciales 2020 qui s’achèvent fin février. L’usage veut qu’en l’absence de nouvel accord au 1er janvier, les accords précédents se prolongent jusqu’à la fin de la période de négociations. Thierry Cotillard affirme que « Coca-Cola abuse de sa position dominante ». Son fournisseur voudrait lui impo-ser, en cas de désaccord sur les gammes, une hausse de 60 % de sestarifs, ce qu’il juge commerciale-ment inacceptable. Il se réserve le droit d’entamer une action en jus-

PGC en ligne en France ont pro-gressé de 6 % en 2019, contre une hausse de 1,2 % seulement pour lesmagasins. L’e-commerce alimen-taire possède 6,2 % de part de mar-ché. Le chiffre sera de 8 % en 2025.Sur le Vieux Continent, le Royau-me-Uni montre la plus grande ouverture à ce canal qui pèse déjà 7,4 % des ventes.

« Nous prévoyons que d’ici à2025, les ventes d’alimentation enligne doubleront, ce qui signifieque 10 % des ventes mondiales deproduits de grande consommationauront lieu en ligne. La demandecontinue de commodité dans leszones urbaines, l’intégration entrele “en ligne” et le “hors-ligne”, […]davantage de technologie aiderontà atteindre de nouveaux objectifsa u - d e l à d u p ro f i l a c t u e l d e sfamilles aisées avec enfants »,explique Stéphane Roger, direc-teur en charge de la distributionde la branche Worldpanel deKantar. — P. B.

En Chine, un tiers de l’alimentation sera vendu en ligne en 2025

celle de l’activité des magasins« en dur ».

Cela n’étonne pas quand on partde très bas. Au Brésil, par exemple, l’e-commerce alimentaire ne tient que… 0,1 % du marché. Kantar pré-voit une montée à 3 % en 2025.

Un vrai virage pour la distribu-tion dans certains pays est néan-moins observable. En Chine, les ventes de produits du quotidien enligne ont grimpé de 36 % en un an.Elles représentaient déjà 11,8 % du marché en 2018. La part monte à 15,2 % en 2019. En 2025, c’est un tiers (31 %) des achats du quotidienqui seront effectués sur un ordina-teur, ou plutôt un smartphone. Le canal digital représentera dans l’Empire du Milieu l’équivalent pour la France de Carrefour et la moitié de Leclerc réunis !

« Trois ménages chinois sur qua-tre achètent des produits d’épicerie en ligne », écrit Kantar. Les observa-teurs comprennent mieux l’échec – relatif – des hypermarchés Carre-four ou Tesco dans le pays… « Le

La vente de produits alimentairesen ligne n’a plus rien de marginal.Le panéliste Kantar le confirmeavec des chiffres publiés mardiqui synthétisent des donnéesissues de quelque 150.000 ména-ges dans 21 pays. La croissancedes achats de produits de grandeconsommation (PGC) sur la Toilese trouve sept fois supérieure à

E-COMMERCE

Une étude de Kantar montre l’explosion de l’e-commerce de produits de grande consommation.

Ce canal pèsera 8 % en France dans cinq ans, mais sera devenu le principal avec 31 % de part de marché en Chine.

Amazon à la peine en FranceKantar indique que la hausse des ventes de pro-duits de grande consom-mation d’Amazon en France est tombée à 14 %, contre 44 % il y a un an.La menace s’essouffle pour les distributeurs traditionnels, malgréles accords signés avec Monoprix. Au total, Amazon ne contrôle que 5 % du marché de l’e-commerce alimentaire (460 millions d’euros de chiffre d’affaires), contre 20 % pour l’e-commerce non alimentaire (6,9 mil-liards d’euros). « Cela est dû au dynamisme de ses concurrents, notamment Carrefour et Intermar-ché », écrivent les experts du panéliste.

Philippe Bertrand @Bertra1Philippe

et Marie-Josée Cougard @CougardMarie

L’affaire n’est pas exceptionnelle. Les négociations entre industriels et distributeurs sont fréquemment source de conflits et parfois de déré-férencements. Mais elle est sympto-

DISTRIBUTION

Le distributeur accuse le géant américain d’avoir unilatérale-ment décidé d’arrêter de livrer l’ensemblede ses produits afin de lui imposerun accord de gamme, ce que Coca-Cola réfute.

Les Mousquetaires défendent leur droit d’adapter leur offre aux nouvelles tendan-ces de consommation.

Bras de fer entre Coca-Colaet Intermarché

Intermarché veut diminuer de moitié la gamme des produits et marques de Coca-Cola dans ses supermarchés.

Marie-Josée Cougard @CougardMarie

Le monde du vin bruissait depuis des mois de la rumeur d’un rapprochement des deux salons, Wine Paris (issu du rap-prochement de Vinisud et de VinoVision) et de Vinexpo en perte de vitesse. C’est chose faite.Les deux organisations, Comex-posium, qui gère notamment Wine Paris, et Vinexpo Holding, sont entrées en négociation exclusive afin de donner nais-sance à une nouvelle entité. Cel-le-ci s’affiche comme « le pre-mier organisateur mondial d’événements dédiés aux vins et aux spiritueux ». Elle devrait accueillir 78.000 visiteurs issus de 140 pays et 5.900 exposants, soit 30 % de plus que l’alle-mand ProWein, devenu le plus grand Salon des vins au monde. Une situation très mal vécue parle monde français du vin.

Jouer collectifDétenue à parts égales par les deux acteurs, la nouvelle entité « réunira l’expertise et l’ancrage international de Comexposium, 3e organisateur d’événements au monde, et de Vinexpo, qui se décline en plusieurs éditions dont New York, Hong Kong et Shan-ghai ». La structure, pas encore rebaptisée, donnera naissance à« de nouveaux rendez-vous pour accompagner les entreprises du secteur sur les marchés interna-tionaux à fort potentiel de crois-sance, comme l’Asie et les Etats-Unis », précise le président du conseil d’administration de Vinexpo, Christophe Navarre.

« Nous avons décidé de nousbattre ensemble plutôt que de nous affronter sur les mêmes marchés et de jouer la carte de la totalité des vignobles », ajoute le dirigeant. Le holding, né de l’accord en voie de finalisation, gérera une dizaine d’événe-ments, couvrant la palette entière des vins et des terroirs, y compris le vrac avec World Wine Bulk Exhibition.

La première traductionconcrète sera Wine Paris-Vi-nexpo du 10 au 12 février 2020, porte de Versailles à Paris, qui « à cette date ouvrira le bal des grands Salons des vins euro-péens », explique le directeur général de division de Comexpo-sium, Laurent Noël. Cet événe-ment aura lieu chaque année mi-février. Le choix de la capitaleest stratégique. L’idée est de faci-liter la venue des grands impor-tateurs et de leur éviter la multi-plication des déplacements.

Vinexpo Bordeaux, dontl’actionnaire est la chambre de commerce de la ville, conti-nuera néanmoins de se dérouleren juin tous les deux ans sous « une forme revisitée ». Pas de changement pour la Semaine des primeurs, qui se déroulera dans les mêmes conditions en avril à Bordeaux. L’édition 2020 de Vinexpo Bordeaux mettra « l’accent sur les spiritueux pour attirer les grandes maisons et créer de nouvelles opportunités »,a encore indiqué le président duconseil d’administration de Vinexpo. n

Un grand Salon des vins pour la FranceÉVÉNEMENTIEL

Comexposium (Wine Paris) et le salon de Bordeaux Vinexpo mettent leurs moyens en commun pour mieux répondre à la concurrence, notamment de l’allemand ProWein.

online sera le principal canal de dis-tribution en Asie en 2025 », indique l’étude.

6 % de croissance en FranceLa barre sera plus haute encore en Corée du Sud, où l’e-commerce pèsedéjà 20,3 % des ventes d’alimenta-tion et de produits d’entretien. Dansdes contrées moins développées sur ce plan, la croissance peut être très rapide : + 43 % en 2019 au Mexi-que et en Thaïlande, + 53,5 % en Colombie.

L’Europe est en recul, mais n’estpas épargnée par le phénomène. Kantar calcule que les ventes de

75 %Trois ménages chinois sur quatre achètent des produits d’épicerie en ligne, selon Kantar.

tice pour ce qu’il estime s’apparen-ter à un refus de vente.

Sollicité par « Les Echos », Coca-Cola a répondu que les déclarationsd’Intermarché « sont inexactes ». Legroupe d’Atlanta affirme n’être « à l’origine ni d’une quelconque rupturede nos relations commerciales avec Intermarché, ni d’une quelconque tentative d’imposer ses gammes ». Son contrat avec Intermarché est arrivé à échéance le 31 décembre 2019. « Malgré nos propositions, nous n’avons pas trouvé d’accord au 1er janvier 2020 dans un contexte où Intermarché avait annoncé un déré-férencement massif de nos pro-duits. Dans l’attente de la position d’Intermarché sur les conditions applicables aux commandes livrées àcompter du 1er janvier 2020, nous avons mis les livraisons en attente. »

Intermarché ne nie pas que leslivraisons ne sont, pour l’heure, que« suspendues ». L’industriel conclut en se disant « bien entendu prêt à livrer dès que nous serons parvenus àun accord sur les conditions de vente postérieures au 1er janvier 2020 ». Coca-Cola souligne enfin qu’il continue de « privilégier le dialogue avec Intermarché ». n

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n’a réussi à le faire. A ce stade, Atos est le seul acteur français à être par-venu à se distinguer au plan euro-péen dans l’industrie quantique.

« Mon premier message, c’estl’urgence », déclare Paula Forteza, résumant l’appel de la mission. Car tout se joue maintenant, alors que cemarché de l’informatique quanti-que n’en est qu’à ses prémisses et qu’il pourrait peser, suivant les pré-visions, entre 500 millions et 10 mil-liards de dollars d’ici à 2024. Une goutte d’eau, certes, en comparaisondes 675 milliards de l’informatique traditionnelle (selon Gartner), mais l’enjeu est avant tout d’assurer la souveraineté technologique de la France et de préserver sa compétiti-vité économique par rapport aux autres pays qui seraient plus avan-cés qu’elle en matière d’innovation…

Ce n’est pourtant pas faute pourl’Hexagone de posséder des atouts majeurs, notamment des cher-cheurs très pointus en la matière, comme le souligne le rapport et ses 50 propositions et recommanda-tions, dont « Les Echos » ont eu con-naissance. La France a été la pion-nière de la recherche amont en physique quantique, dont la pre-mière révolution a permis l’inven-

tion du transistor, des lasers ou encore du GPS, rappelle la mission.

D’après ses conclusions, laFrance pourrait même se distin-guer au plan international dans cette technologie de rupture en devenant le leader mondial des cal-culateurs quantiques tolérants aux défauts, qui « visent à rendre possi-ble des calculs et modélisations de plusieurs ordres de grandeur plus complexes que ce qui est aujourd’huienvisageable avec les supercalcu-lateurs traditionnels », pointe la mission. La France pourrait aussi « développer et diffuser dès 2023 la première offre européenne d’accé-lération quantique pour le marché du calcul intensif ».

Trois pôles d’excellence à Paris, Saclay et GrenoblePuissance de calcul, téléportation des informations, mesures ultra-précises sont autant de possibilités permises par le quantique qui pro-met de révolutionner des branches industrielles entières comme la chi-mie, l’énergie l’aéronautique ou encore les communications.

Cela suppose d’avoir réussi àstructurer le marché. A ce sujet, la mission propose notamment de

créer trois instituts interdisciplinai-res en information quantique à Paris, Saclay et Grenoble, mélan-geant chercheurs en physique quantique, en informatique théori-que et appliquée, et autres ingé-nieurs et industriels des filières technologiques.

Sur la question des fonds consa-crés au quantique, le rapport est peuloquace : il a été expurgé des don-nées financières, trop sensibles pour être rendues publiques… Tout juste préconise-t-il de faire émer-ger un fonds d’investissement « late stage » de confiance de 300 à 500 millions d’euros, dédié aux start-up du quantique. Le sujet est pourtant déterminant, alors que la France n’investirait à ce stade que 60 millions d’euros annuels dans cette industrie.

La balle est désormais dans lecamp du gouvernement pour tracerla feuille de route. Il ne faut cepen-dant pas s’attendre à de grandes annonces ce jeudi. Dans un premiertemps, il devrait se contenter d’annoncer la mise en place d’un groupe d’experts dont la mission serait de répondre aux propositionsdu rapport, d’après une source au fait du dossier. n

Google, IBM, Amazon et Microsoft participent activement aux recherches sur cette nouvelle technologie.

La France cherche sa place dans la révolution de l’informatique quantiquel La mission relative aux technologies quantiques pré-sente ses conclu-sions ce jeudi.l Le gouverne-ment doit annon-cer dans la foulée ses mesures pour positionner l’Hexagone au cœur de ce futur bouleversement.

Florian Dèbes @FL_Debes

et Fabienne Schmitt @FabienneSchmitt

La France peut-elle jouer un rôle majeur dans la future révolution de l’informatique quantique qui se pré-pare ? Et quelle politique nationale ambitieuse mettre en place pour y parvenir ? Telles sont les questions auxquelles le gouvernement doit répondre ce jeudi, dans la foulée de la publication des conclusions de la mission relative aux technologies quantiques, confiée en avril 2019 par Edouard Philippe à la députée LREM Paula Forteza, à l’ex-PDG de Safran Jean-Paul Herteman et au directeur de recherche du CNRS Iordanis Kerenidis.

Souveraineté technologique« Quantique : le virage technologi-que que la France ne ratera pas », titre le rapport. Pourtant, alors que les Etats-Unis, la Chine, le Royau-me-Uni ou encore l’Allemagne ont tous déjà élaboré des programmes nationaux en matière de technolo-gies quantiques, la France tarde, pour l’heure, à prendre le train des ordinateurs « supercalculateurs du futur » qui promettent des proues-ses spectaculaires sur leur capacité à traiter des masses de données comme jamais aucun ordinateur

INFORMATIQUE

ordinateurs quantiques cachés dansleurs caissons métalliques blancs. Sobrement appelés « IBM Q », « IBMen possède quinze autres à New York, disponibles pour ses clients les plus enavance, mais ces deux-là sont réservéspour ses chercheurs », explique Alessandro Curioni, vice-président Europe d’IBM Research.

Maîtriser les algorithmesDans des salles qui ressemblent davantage à des ateliers parsemés d’appareils en tout genre qu’à des laboratoires bien nets, les cher-cheurs d’IBM travaillent d’arrache-pied pour maîtriser le plus tôt possible les lois de la physique quantique. Elles pourraient régir demain ces ordinateurs appelés à setailler une part considérable sur le marché des supercalculateurs.

Suspendus pour se protéger desvibrations du sol, ces deux ordina-teurs sont dédiés aux travaux des chercheurs d’IBM dans le quanti-que. Issus de quarante pays diffé-rents, bardés de diplômes des plus prestigieuses universités, ils s’en ser-vent pour tester des algorithmes et trouver les matériaux qui garanti-ront, à l’intérieur de l’ordinateur, la

meilleure stabilité au qubit, brique de base de l’informatique quantique.

Pauline Ollitrault, qui termineson doctorat en chimie à Zurich chez IBM, note que « personne ne saitvraiment quand on saura faire fonc-tionner efficacement un ordinateur quantique, peut-être dans cinq ans, peut-être dans quarante ans ».

A l’intérieur des caissons, c’estpourtant déjà un autre monde : l’air a été évacué pour créer un environ-nement de vide absolu, la tempéra-ture a été baissée à 0,015 degré Kelvin, soit à la limite du zéro absolu(–273,15 degrés Celsius), la tempéra-ture la plus basse possible dans la nature. Le souffle de la climatisation

recouvre presque les tintements saccadés de l’ordinateur en fonc-tionnement.

Résoudre des équations inéditesMais tout cela n’est pas encore suffi-sant pour que l’informatique quan-tique réussisse, comme promis par ses architectes, à résoudre des équations inédites. Elle doit aider les banques à affiner leurs calculs de risque en tenant compte de davantage d’inconnues, et les grou-pes pétroliers à analyser les sous-sols dans toute leur complexité. L’instabilité des systèmes quanti-ques ne permet pas à ce jour de lan-cer de longs calculs. « Nous devons trouver des algorithmes très efficacespour répondre aux questions en un temps très limité », reprend Pauline Ollitrault. Ses travaux mêlant infor-matique quantique et chimie pour-raient permettre la conception de nouveaux médicaments ou de nou-velles matières. Des nouveaux com-posants qu’IBM pourrait lui aussi exploiter pour améliorer la perfor-mance de ses ordinateurs… y com-pris ceux de l’informatique tradi-tionnelle. — Fl. D.

IBM et les architectes des nouveaux supercalculateurs

Dans les sous-sols de ce centre de recherche à flanc de colline, on pas-serait presque à côté des machines quantiques d’IBM sans les voir. Sur-plombé par la montagne suisse, au-dessus du lac de Zurich, ce complexe sur trois bâtiments est devenu depuis quelques années l’undes QG de l’innovation de l’entre-prise américaine en matière d’infor-matique quantique, cette nouvelle technologie qui promet de rendre possible des calculs jusqu’ici trop complexes pour être envisagés par une machine dans le temps d’une vie humaine.

Dans une pièce trop petite pourtout ce qui s’y trouve, des étagères deserveurs informatiques tradition-nels alimentent en données deux

Surplombé par les monta-gnes, le laboratoire d’IBM à Zurich renferme deux ordi-nateurs quantiques réservés à ses chercheurs. Dans des ateliers parsemés d’outils, ils travaillent pour maîtriser le plus tôt possible les lois de la physique quantique appelées à régir ces super-ordinateurs de demain.

De belles batailles de géants en perspective

Microsoft et Amazon viennent tous deux d’annoncer le lance-ment de services similaires, en partenariat avec des sociétés spé-cialisées comme IonQ, QCI, D-Wave et Rigetti.

Séduire les talentsPour les géants, ces annonces en rafales ont surtout pour objectif de fédérer sur leurs technologies respectives – et avant leurs concurrents – un maximum d’experts capables d’utiliser ou de créer des logiciels. Pour séduire les chercheurs et leurs étudiants, IBM et Microsoft donnent libre accès à leurs outils de program-mations en quantique. Objectif : les inciter à coder les logiciels qui rendront utiles leurs systèmes. Enchallenger très sérieux de ces géants, le français Atos a pris la même décision au printemps der-nier pour ses simulateurs quanti-ques. Mais ni IBM, ni Google, ni Microsoft, ni Amazon ne divul-guent les montants qu’ils investis-sent sur cette technologie critique,mais qui ne leur rapporte pas d’argent dans l’immédiat.

En pointe, les américains ontaussi de gros concurrents asiati-ques. Alibaba apparaît en avance avec son ordinateur quantique co-développé avec l’Etat. Mais Huawei a également lancé un simulateur quantique. Baidu et Tencent ont ouvert chacun un laboratoire de recherche.

Mais il reste beaucoup de tra-vail aux chercheurs. La maîtrise de l’informatique quantique n’en est qu’à ses prémisses. Les ordina-teurs quantiques existants font encore beaucoup d’erreurs. Pour certains observateurs pessimis-tes, ce défi est trop grand, même pour de tels géants. — Fl. D.

C’est peut-être la bataille du siècle dans l’informatique, qui sait ? De Google à IBM en passant par Microsoft et, plus récemment, Amazon, les géants de l’informati-que traditionnelle se déploient vers la technologie de l’informati-que quantique, qui promet de sur-performer comme jamais leurs ordinateurs les plus puissants à cejour. Et de rendre obsolète tout ce qu’ils ont déjà inventé.

L’enjeu est tel qu’en coulisse,chacun affûte sa stratégie indus-trielle tout en soignant particuliè-rement ses coups d’éclat en matière de communication. On a ainsi récemment entendu Google se vanter d’avoir atteint la « supré-matie quantique », après avoir réussi à réaliser en trois minutes un calcul qui aurait pris 10.000 ansau système classique ! La passe d’armes avec IBM qui a suivi l’annonce – « Big Blue » affirmant qu’un supercalculateur tradition-nel optimisé aurait réussi le mêmeexploit en deux jours et demi – illustre à merveille le type de com-bats de titans auxquels il faut s’attendre à mesure de la montée en puissance de la technologie.

Pionnier du secteur, IBMn’entend rien céder alors qu’il a déjà convaincu 80 premiers clients d’utiliser à distance les 15 ordinateurs quantiques qu’il leur met à disposition via sa plate-forme de cloud computing. Ce modèle fait d’ailleurs des émules :

Les grands groupes informatiques sont déjà impliqués dans cette future révolution du quantique qui doit aboutir à des ordinateurs pouvant rendre obsolètes leurs précédentes inventions.

« Personne ne sait vraiment quand on saura faire fonctionner effica-cement un ordina-teur quantique. »PAULINE OLLITRAULTChercheuse chez IBM

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HIGH-TECH & MEDIASLes Echos Jeudi 9 janvier 2020

Page 22: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

22 // HIGH-TECH & MEDIAS Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Anaïs Moutot @AnaisMoutot

— Envoyée spéciale à Las Vegas

Drôle de match au Convention Center de Las Vegas. Mardi, l’orga-nisateur du CES a réussi une pre-mière : faire débattre deux diri-geantes d’Apple et de Facebook sur la protection de la vie privée. Si les salariés du fabricant de l’iPhone arpentent discrètement les allées duCES chaque année à la recherche des dernières tendances, le groupe de Cupertino n’avait pas envoyé un représentant s’exprimer de manièreofficielle depuis 1992.

Le géant à la pomme a com-mencé à changer son fusil d’épaule l’année dernière, installant une gigantesque affiche « Ce qui est sur votre iPhone reste sur votre iPhone » face aux trams aériens recouverts de publicités « Hey Google ». Cette année, il a décidé d’aller plus loin en envoyant sa directrice juridique chargée de la protection de la vie privée. Objectif : souligner encore plus sa différence avec les autres Gafa, et notamment Facebook, que Tim Cook, le PDG d’Apple, ne cesse de critiquer. Sur scène, la tension était palpable entreles deux directrices juridiques, que l’intervieweur avait judicieusement placées côte à côte, à gauche de deuxautres intervenantes, leur homolo-gue chez Procter & Gamble et une commissaire de la FTC.

« Privacy by design »Après avoir défendu l’approche « privacy by design » d’Apple – l’intégration du souci de protec-tion de la vie privée dès la concep-tion d’un nouveau produit –, Jane Horvath a écouté avec un visage f i g é E r i n E g a n , s o n é q u i va -lent chez Facebook, déclarer : « L’approche d’Apple résonne avec la manière dont nous approchons les choses chez Facebook. » Son affir-mation selon laquelle « Facebook a un business model différent de celui d’Apple mais [...] les deux sont protecteurs de la vie privée » n’a pas détendu l’atmosphère.

Le réseau social, qui a défenduses efforts de « transparence » pour informer les utilisateurs du traite-ment de leurs données via la créa-tion de l’outil Checkup, s’est fait pas-

DONNÉES

peut disparaître dans l’éther », a plaidé la responsable de l’organismede régulation.

Pas de minimisation de la collecteApple a joué les bons élèves en met-tant en avant la conservation des données sur l’iPhone plutôt que sur les serveurs d’Apple. Erin Egan a répliqué : « Nous stockons aussi cer-taines données sur nos produits, par exemple pour les casques Oculus, mais cela n’est pas toujours logique defaire cela et pas nécessairement plus protecteur de la vie privée. Nous devons centraliser les données dans le cloud pour certains usages. Vous venez sur Facebook parce que vous voulez montrer vos photos aux autres », a revendiqué la « chief pri-vacy officer » en indiquant ne pas envisager de minimiser la collecte. « Nous collectons les données dont nous avons besoin pour servir nos uti-

meau de douche de Kohler à la sta-tion d’essence d’Exxon, en passant par les téléviseurs de Samsung et LG. Google n’a pas voulu être en reste et a annoncé que son assistant était utilisé par 500 millions de per-sonnes chaque mois, le premier chiffre communiqué par l’entre-prise à ce sujet.

Malgré la multiplication desenquêtes des autorités, le secteur continue d’afficher son optimisme. Dans les hôtels de Las Vegas, l’impression qui se dégage est que rien ne va changer drastiquement dans un avenir proche. La majorité des participants assure de toute façon que pour développer des ser-vices reposant sur l’intelligence arti-ficielle, la collecte de données est iné-vitable. « Les révélations sur l’écoute de certains enregistrements audio pardes salariés d’Apple ou Amazon ne vont pas empêcher l’adoption des enceintes intelligentes. Un sondage

montre que le premier obstacle à l’adoption des haut-parleurs intelli-gents, c’est que ces objets ne sont pas encore assez intelligents. Le respect dela vie privée arrive en deuxième seule-ment. Mais plus les objets sont intelli-gents, plus les problèmes de vie privée se posent », souligne Razvan Todor, directeur de la sécurité de la maisonconnectée chez l’entreprise de cybersécurité Bitdefender.

Pouvoirs limitésLes débats avec la FTC (l’agence fédérale chargée du commerce et donc des droits du consommateur) ont aussi clairement montré que sespouvoirs étaient limités et loin de seséquivalents européens. « La FTC est une agence très petite, avec un budget de 300 millions de dollars annuel, qui avait 50 % de salariés de plus au début de l’administration Reagan qu’aujourd’hui, alors que l’économie a grossi considérablement et notre

Pour cette 53e édition, le CES a vouludonner davantage de place aux questions de protection de la vie pri-vée et de régulation. Dans les allées du Salon, cependant, les entreprisesont poursuivi leurs annonces de produits collectant toujours plus de données, notamment autour de la maison connectée. Amazon a annoncé lundi que son assistant intelligent Alexa était désormais intégré à 200 millions d’appareils, un nombre qui a doublé en un an.

Le géant de Seattle a annoncé denouvelles intégrations, du pom-

Cette année, le CES a voulu donner plus de place aux questions de protection de la vie privée et de régulation. Mais malgré la multiplica-tion des enquêtes, le secteur continue de produire des objets connectés reposant sur la collecte de données.

désormais une commodité. Les moindres fluctuations des prix ont donc un impact direct sur Samsung qui vend ces compo-sants au monde entier. « L’annéedernière, le prix des puces a baisséde 30 % à 40 % », rappelle VeyselTaze, analyste spécialiste des semi-conducteurs chez Ban-khaus Lampe.

Des prix qui repartent à la hausseAu troisième trimestre, le profit opérationnel de Samsung avait déjà baissé de 56 %. Une fois n’est pas coutume, ces mauvai-ses prévisions n’ont pas empê-ché le titre de clôturer en haussede 1,8 % en Bourse. Car pour Samsung, le plus dur est peut-être derrière lui : les analystes s’attendent en effet à une remon-tée des prix des puces. L’arrivée des téléphones 5G en 2020 (qui nécessitent des puces plus per-formantes avec aussi plus de stockage) ainsi que le grand virage des entreprises vers le cloud (puces dans les centres dedonnées) doivent donner un coup de fouet à la demande.

En attendant, le groupe aenregistré un certain succès avec ses premiers téléphones 5G. Samsung a lancé cinq télé-phones compatibles avec le pro-chain standard de téléphonie mobile, dont le dernier Galaxy Note 10 et son modèle pliable, le Galaxy Fold. Au global, Sam-sung a écoulé 6,7 millions de smartphones 5G. S’arrogeant plus de la moitié (53,9 %) de ce nouveau marché. n

Raphaël Balenieri @RBalenieri

Retour à la réalité pour Sam-sung. Un jour après avoir fait sensation au CES de Las Vegas en présentant un avatar humainultraréaliste, ainsi qu’un nouvel assistant personnel en forme deballe de tennis, le groupe sud-coréen se prépare à un violent atterrissage. Au quatrième tri-mestre, le résultat d’exploitationde Samsung devrait baisser de plus d’un tiers (34 %) pour tom-ber à 7.100 milliards de wons (soit 6,1 milliards de dollars), selon les prévisions publiées mercredi. Les ventes, elles, devraient stagner autour de 50 milliards de dollars.

Le conglomérat continued’être pénalisé par la baisse du prix des puces mémoire. Sam-sung en est le premier produc-teur mondial et cette activité génère les trois quarts de ses pro-fits. Or après une forte augmen-tation des prix entre 2016 et 2018,liée à une demande en hausse, lasurcapacité accumulée les a fait baisser à partir de la mi-2018, puis tout au long de 2019.

Comme l’or ou le baril depétrole, les puces mémoire sont

ÉLECTRONIQUE

Le résultat d’exploi-tation du géant sud-coréen devrait baisser de 34 % au quatrième trimestre.

Samsung toujours pénalisé par la baisse du prix des puces en 2019

n’ait pas été repris dans la loi française sur l’audiovisuel. « Onattend quelque chose de vous », a-t-elle lancé aux députés.

France Télévisions demandeà la fois que ses programmes ou son offre d’information ne soient pas relégués au fin fond des résultats de requêtes sur des moteurs de recherche, en particulier sur les assistants vocaux, mais aussi que l’inté-grité de son offre soit respectée.« Sur Apple TV, je dois retrouverun de nos programmes mais aussi toute notre offre, laquelle fait notre spécificité », a-t-elle dit.

« La porte n’est pas fermée » avec NetflixL’ex-dirigeante d’Orange Francea par ailleurs demandé l’accès aux données de visionnage de ses programmes. « Nous avons besoin des données de consom-mation de nos programmes que collectent les Orange, SFR, Free, Bouygues sur leur box », a dit Delphine Ernotte. Aujourd’hui, France Télévisions est obligé de négocier ces données avec les « telcos » et ceux-ci peuvent vouloir les garder.

Delphine Ernotte en a aussiprofité pour clarifier sa positionvis-à-vis de Netflix, à qui elle ne voulait plus vendre ses pro-ductions, avait-elle dit en sep-tembre 2018, après l’affaire « Dix pour cent ». Maintenant que le groupe a l’exclusivité des programmes qu’il a finan-cés pour plus de douze mois, et si Netflix ne leur appose pas le sigle Netflix Originals, « la porte n’est pas fermée », a-t-elle déclaré. n

Nicolas Madelaine @NLMadelaine

« C’est un enjeu existentiel. » Delphine Ernotte, la PDG de France Télévisions, insiste pourque la grande loi sur l’audio-visuel lui « garantisse de pouvoirexercer son métier d’éditeur », c’est-à-dire de média pouvant présenter, organiser et hiérar-chiser lui-même tous ses pro-grammes, dans un monde numérique dominé par les géants du Net. C’est pour le groupe audiovisuel, qui voit son avenir dans le portail Web France.tv, une question de « garantie du lien direct avec son public ».

Auditionnée mercredi matinpar la commission des Affaires culturelles et de l’Education de l’Assemblée nationale, la PDG de France Télévisions, qui a annoncé la veille qu’elle souhai-tait prolonger son mandat jus-qu’à la fin de 2022, s’est étonnée que ce thème de la « mise en avant des contenus et des servi-ces d’intérêt général » défendu à l’article 7 bis par la directive européenne des services de médias audiovisuels (SMA),

AUDIOVISUEL

Pour la PDG, Delphine Ernotte, il manque dans la loi des obligations d’exposition des offres complètes de programmes de son groupe.

France Télévisions veut modifier la loi sur l’audiovisuel

lisateurs et les annonceurs », a-t-elle assuré. Sur la défensive, elle a aussi défendu sa vision de l’équivalent du RGPD qui vient d’entrer en vigueur en Californie, alors que certains accusent l’entreprise de se sous-traire à son application. En cause : son refus d’ajouter un bouton per-mettant aux utilisateurs d’indiquer qu’ils ne veulent pas que la plate-forme vende leurs données. « Quandnous recevons des données de nos par-tenaires, nous agissons comme un fournisseur de services pour délivrer leurs publicités. Ce n’est pas une vente.Le texte est clair sur le fait que nous n’avons pas à créer cette fonctionna-lité dans ce cas », a garanti Erin Egan.

Les participants se sont cepen-dant entendus sur un point : la nécessité d’adopter une législation fédérale rapidement. « Que va-t-il se passer quand l’Etat A va dire qu’il fautfaire X et l’Etat B l’opposé de X ? » s’estinquiétée Rebecca Slaughter. n

l Mardi, l’organisateur du CES a réussi une première : faire débattre deux dirigeantes d’Apple et Facebook sur la protection de la vie privée.l Tandis que le fabricant de l’iPhone a joué les bons élèves, le réseau social a été mis sur le gril par une commissaire de la FTC critique des Gafa.

Vie privée : au CES, Facebook sur la défensive face à Apple

mandat aussi », a déploré Rebecca Slaughter, l’une des commissaires de l’agence. L’une de ses collègues s’est, elle, montrée opposée à l’idée de « casser la Big Tech » : « Déman-teler les grosses entreprises parce qu’elles sont grosses et rencontrent le succès, c’est une approche avec laquelle je ne suis pas à l’aise. Nous devons identifier les préjudices causéset un procès doit déterminer les remè-des. Si le remède correspondant est undémantèlement, alors je ne l’exclus pas », a déclaré Christine Wilson.

Au final, beaucoup voient dans lesdéboires des Gafa une opportunité de nouveaux business. « Nous avonscréé un mode “privacy” pour notre système de gestion de la maison con-nectée. Quand je le veux, tous mes sys-tèmes sont coupés d’Internet et je sais qu’on ne m’écoute pas. Nous allons avoir besoin de tierces parties pour garantir la tranquillité d’esprit », pré-dit Razvan Todor. — A. M.

Malgré les discussions sur les données personnelles, le secteur continue d’afficher son optimisme

Le Consumer Electronics Show se tient à Las Vegas jusqu’au 10 janvier. Photo David McNew/AFP

ser au gril par Rebecca Slaughter, une commissaire de la FTC critique des Gafa. « Même pour une personneéduquée comme moi, qui travaille surces questions, c’est impossible de savoir précisément qui a toutes mes données et comment elles sont utili-sées, vu le partage avec de nombreuses

tierces parties. Il faut donc s’assurer que le fardeau ne repose pas seule-ment sur les internautes mais sur les plates-formes pour qu’elles minimi-sent ce qui est collecté et ne créent pas cette montagne infinie de données qui

Apple n’avait pas envoyé un représen-tant s’exprimer de manière officielle au CES de Las Vegas depuis 1992.

Page 23: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

L’outil de Klaxoon, baptisé « Teamplayer », est composé d’un « pad » avec 9 mini-écrans sous forme de touches. Photo Klaxoon Teamplayer

Squibb. La plate-forme permet à chaque participant de proposer des idées en amont, de collaborer en direct en élaborant un mur virtuel de Post-it, d’organiser des quiz…

Habitué du CES, Klaxoon y a déjàconnu un grand succès en 2016 lors de sa première participation. Depuis, Matthieu Beucher reste fidèle à l’événement et dresse un bilan positif de cet investissement, àl’opposé d’autres pépites tricolores, moins nombreuses cette année : « Ici, il y a vraiment des personnes quiveulent goûter à l’innovation, donc çafacilite les échanges. 50 % de nos partenariats technologiques sont nés de discussions démarrées ici, avec Samsung pour les téléviseurs et Dropbox pour l’intégration de nos logiciels, notamment. En Europe, nous n’avons pas trouvé d’équiva-lent », raconte le patron.

La jeune pousse de Rennes a,depuis, ajouté un écran tactile à sa gamme, une option utilisée par

environ 20 % de ses clients. Mais les équipes ont toujours besoin de smartphones et d’ordinateurs pour les diriger. Or, Matthieu Beucher estime que ce ne sont pas « les bon-nes interfaces pour la collaboration. Ils finissent par constituer des murs entre nous. Sur notre interface, nous avons éliminé tous les menus pour vraiment se concentrer sur le contenuet donc on ne voit plus le curseur de lasouris », explique-t-il.

Inspiré de l’univers du jeu vidéoSa nouvelle solution vise à mieux répondre à cet environnement immersif. Elle est composée d’un pad avec 9 mini-écrans sous forme de touches. L’utilisateur peut assi-gner une action à chacune et voir la tâche associée démarrer sur l’écran avec lequel le pad est connecté via une petite console. Une fois un bou-ton pressé, les 9 mini-écrans interac-tifs du pad s’adaptent en temps réel

pour proposer le nouveau menu d’actions. « Nous voulons que les développeurs d’entreprises extérieu-res créent eux-mêmes leurs propres sets de raccourcis, permettant aux salariés d’accéder à Dropbox, Google Docs ou Teams de Microsoft », expli-que Matthieu Guillou, l’un des com-merciaux du groupe de 240 salariés.Un contrôleur en forme de gros bou-ton, recouvert d’un écran et doté d’une bague rotative, accompagne lesystème. Il permet de recevoir des notifications, de naviguer entre les différentes options du pad, de voter àun sondage en appuyant dessus…

Le système, inspiré des consolesde jeux vidéo, semble complexe à uti-liser, mais Matthieu Beucher assure qu’il changera le travail comme les « instruments ont changé la création artistique ». « Regardez les claviers Midi nés dans les années 1970. Avec leurs touches personnalisables, asso-ciées à des boucles, ils ont changé la façon de faire de la musique. » n

Anaïs Moutot @AnaisMoutot

— Envoyée spéciale à Las Vegas

Après un camion géant dans le désert du Mojave l’année dernière, Klaxoon tente à nouveau de se démarquer au CES de Las Vegas. Cette fois, c’est dans un stade, habi-tuellement réservé aux matchs de basket-ball de la NBA, que la jeune pousse bretonne a levé le voile sur son nouveau produit : Teamplayer, une « console réinventant l’espace de travail », sera commercialisée pour 890 dollars à partir du mois de juin. L’organisateur du Salon lui a remis deux prix d’innovation pour ce pro-duit, dans la catégorie « Mobile Device » et « Computer Hardware ».

Pour Matthieu Beucher, le fonda-teur et PDG de l’entreprise ayant levé près de 50 millions d’euros depuis sa création en 2014, l’outil de management visuel est une nou-velle étape dans sa mission pour « révolutionner » la réunion en entreprise. Depuis sa première création lancée en mai 2015 – un logiciel repensant le déroulé d’une réunion afin de mieux répartir la parole et d’obtenir des débats vrai-ment efficaces –, la start-up a séduit 3.000 entreprises, dont General Electric, L’Oréal ou le laboratoire pharmaceutique Bristol-Myers

ÉVÉNEMENT

l La jeune pousse bretonne a dévoilé un dispositif permet-tant d’améliorer la collaboration au travail.l Le système, inspiré des conso-les de jeux vidéo, sera commercia-lisé pour 890 dol-lars à partir du mois de juin.

Klaxoon présente au CES un outil d’amélioration du travail collaboratif

neur doit se séparer de 5 mem-bres de son équipe, dont il ne resteaujourd’hui que deux cofonda-teurs, son frère et lui.

« Le hardware coûte extrême-ment cher, pour le moment, nous avons dépensé 500.000 euros, mais les coûts de développement s’élèvent à plusieurs millions pour accéder au marché », décrit Pierre-Axel Izerable. S’accro-chant à son projet malgré les diffi-cultés, l’entrepreneur se lance aujourd’hui dans une levée de fonds, au cours de laquelle il espère récolter 2 millions d’euros.

Quelques signes positifs Si l’avenir de la start-up est incer-tain, quelques signes positifs ont ponctué la fin de l’année 2019 : près de 50 pièces du Pavé Parisienont été vendues en décembre, et lajeune pousse a remporté le prix de l’innovation du label « Fabri-qué à Paris » remis par la Ville. « La situation ne fait pas rêver, mais tous les matins je me réveille en me demandant comment on peut faire pour que ça marche, parce que j’y crois, lance-t-il. C’est un beau produit, et il est nécessaire,en tant que société, que l’on puisse fabriquer du hardware localementet que l’on lutte contre l’obsoles-cence programmée. » Loin des lumières artificielles de Vegas, c’est aujourd’hui les investis-seurs que l’entrepreneur devra convaincre. — D. L.

Un an après son passage au CES, le Pavé Parisien se bat pour survivre

Avec leurs nœuds papillons et leurs bretelles, l’équipe du Pavé Parisien faisait partie, il y a un an,des start-up françaises ayant su attirer l’attention sur elles dans les allées de l’Eureka Park, l’espace dédié aux jeunes pous-ses au CES de Las Vegas. Elle y pit-chait son produit : une enceinte entourée de béton, entièrement fabriquée à Paris et totalement réparable, dans le but de lutter contre l’obsolescence program-mée. « Le CES nous a apporté beaucoup de visibilité, et surtout de crédibilité, indique le cofon-dateur de la start-up Pierre-Axel Izerable. Avant le salon, nous étions dans notre coin avec notre idée, là nous faisions partie de l’éco-système French Tech. »

Mais ni la marque au coq rougeni l’effusion de Vegas ne seront parvenues à faire décoller les acti-vités commerciales de la jeune pousse. « Nous aurions pu y ren-contrer des distributeurs, mais notre projet n’était pas calibré pourcela à ce moment-là, nous n’étions pas capables de fournir les stocks ni les certifications demandées », explique l’entrepreneur. De retour en France, la start-up livre les personnes ayant acheté des enceintes à travers sa campagne de crowdfunding, mais peine ensuite à faire décoller ses ventes.

Pierre-Axel Izerable fait alors leconstat que « lancer du hardware simplement en ligne est impos-sible » et qu’il doit absolument trouver le chemin de la grande distribution. Mais les moyens manquent. Avant l’été, l’entrepre-

La start-up était sous le feu des projecteurs il y a un an grâce à sa participation au Salon de Las Vegas. Cela n’a pas suffi à faire décoller ses ventes en ligne, et elle cherche, aujourd’hui, à lever des fonds pour trouver des réseaux de distribution.

« A Las Vegas, il y a moins de start-up françaises, mais avec des propositions de valeur plus avancées »Propos recueillis par Déborah Loye

@Loydeborah

P our Jérôme Grondin, leCES 2020 marque l’arrivéede l’intelligence artificielle

sur le marché consommateur. L’analyste y a, en outre, rencontré des start-up pertinentes dans le domaine de la mobilité.

Quelles sont les grandes tendances du CES cette année ?Le thème central est l’intelligence artificielle et cela se voit dans les produits présentés, qui ont l’ana-lyse de donnée comme base de leurproposition de valeur. C’est très marquant dans le secteur de la beauté cette année, avec de grands groupes comme Procter & Gamble ou Unilever qui proposent des cho-ses intéressantes à base d’analyse d’images. Mais on le voit aussi dansla « silver economy » [les technolo-gies dédiées aux personnes âgées, NDLR] ou même dans les produits liés aux animaux domestiques !

Cela signifie-t-il que les technologies d’intelligence artificielle touchent enfin les marchés consommateurs ?Effectivement, nous avons dépassé l’émerveillement technologique pour arriver à des produits com-mercialisables sur le marché. Ces entreprises ont trouvé une manièred’allier le « deep learning » à une expérience utilisateur design. Si, sur les briques technologiques, les Gafa mènent le jeu, je pense que la France a une carte à jouer sur le design. La french touch réside dansla création d’une expérience bien construite qui mobilise ces techno-logies existantes.

Les start-up européennes se distinguent-elles sur ce sujet ?Il y en a, je pense notamment à la

start-up anglaise Valerann, qui tra-vaille à rendre les routes intelligen-tes. Ils remplacent les points lumi-neux des routes par des capteurs capables de récolter tout un tas d’informations, comme le nombre de véhicules. Cela rend les routes intelligentes, et le développement du véhicule autonome ne se fera que dans une ville intelligente. Dansla mobilité également, j’ai eu un coup de cœur pour Wello, une start-up réunionnaise qui a créé un

triporteur solaire, et a profité d’être à Las Vegas pour le tester dans le Grand Canyon !

Est-il toujours utile pour une start-up de se rendre au CES ?C’est indispensable pour les socié-tés qui visent vraiment le marché américain, car tous les distribu-teurs du continent y sont. Mais c’estaussi, paradoxalement, utile pour être visible en France, car la couver-ture médiatique est très impor-tante. Enfin, certaines y trouvent leurs investisseurs.

Les start-up françaises sont moins nombreuses cette année, la French Tech s’essouffle-t-elle au CES ?Il y a effectivement moins de Français que l’année dernière. Et pour beaucoup, un quart je dirais, c’est déjà le deuxième CES. Il y a donc moins de nouveaux, mais avec des propositions de valeur et des modèles d’affaires plusavancés et mieux construits. n

JÉRÔME GRONDIN Responsable du Lab chez Niji

« Nous avons dépassé l’émerveillement technologique pour arriver à des produits commercialisables sur le marché. »

« Le CES nous a apporté beaucoup de visibilité, et surtout de crédibilité. »PIERRE-AXEL IZERABLECofondateur du Pavé Parisien

START-UP Les Echos Jeudi 9 janvier 2020

Page 24: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Chômage : les recettes de la Bretagne pour limiter la casse

Audiar, « l’écosystème numérique rassemble 38.000 emplois confortés par 1.100 créations supplémentaires par an ».

Autre indicateur clef du secteurdu digital rennais, il est fort de plus de 300 start-up dont certaines « sont de véritables pépites », insiste Jean-Yves Carillet, le directeur du Crédit Agricole d’Ille-et-Vilaine.

Il fait référence à la sociétéKlaxoon. Elle a créé une solution digitale de rupture qui modernise les réunions d’entreprise. Il y a dix-huit mois, Klaxoon, qui fait partie de

l’indice NEXT 40 des champions du numérique, a levé 43 millions d’euros. Composée d’un effectif de 250 personnes, elle a prévu 150 pos-tes supplémentaires en 2020. Le cabinet Arthur-Loyd a dressé la listedes grandes villes qui ont le plus crééd’emplois privés entre 2014 et 2018. Nantes fait état de 14.477 créations nettes, Rennes de 7.615.

Dans ces conditions, la Bretagnea pu absorber les crises des derniè-res années. Près de Rennes, l’usine P SA , q u i e m p l o y a i t p l u s d e 10.000 personnes dans les années 1990, est désormais profilée pour 3.000 collaborateurs. « N’oublions pas, insiste Loïg Chesnais-Girard, leprésident du Conseil régional de Bretagne, que PSA voulait fermer le site. On l’a sauvé grâce à la bonne entente entre l’Etat, les collectivités, les syndicats et le patronat. » La région a mis la main à la poche en rachetant, pour plus de 13 millions d’euros, les 52 hectares de l’emprise

foncière dont le constructeur ne voulait plus.

Les collectivités de taille moyenne impliquées Portée par une démographie posi-tive, la Bretagne bénéficie d’un amé-nagement du territoire équilibré. « Les grandes villes n’ont pas l’apa-nage de la croissance, la densité entre-preneuriale est répartie sur l’ensem-ble du périmètre régional », note Jean-Yves Carillet. Cela passe par des engagements forts des collectivi-tés de taille moyenne. Lannion-Tré-gor Communauté investit depuis des années pour soutenir les entre-prises. Elle vient de reprendre à Orange une emprise immobilière etfoncière qu’elle va aménager. « Glo-balement, indique-t-on à Lannion-Trégor Communauté, la collectivité possède 139.000 m² de locaux, ils sontoccupés à 90 %. » Chaque année, elleperçoit 3,9 millions d’euros de loyersrépartis entre 262 locataires. n

Il est à l’origine de la création de l’AICB, Association investir en cœur de Bretagne, dont l’ambition est celledu retour à la croissance de l’emploide son territoire. « Nous avons refusétout fatalisme et mis en avant nos atouts », continue Tony Madic.

Grâce à de multiples rencontresavec des directions de groupes et dessociétés de taille moyenne, mais aussi des élus de la région, ces chefs d’entreprise ont réussi, de façon bénévole, à revitaliser le site. « 250 emplois ont été créés », vante Tony Madic.

L’AICB est intervenue en com-plément de la convention de revitali-sation signée avec Intermarché. Ellea notamment réussi à attirer le groupe coopératif Eureden (ex-T r i s k a l i a) , q u i a r e p r i s l e s 33.000 mètres carrés de l’ex-base Intermarché où il a installé une plate-forme de logistique dédiée à sa

filiale de gestion de jardineries. 60 emplois ont été créés et 60 % des postes sont occupés par d’anciens salariés d’Intermarché.

Breizh PR a investi 3,7 millions d’eurosDe leur côté, 4 concessionnaires de Bretagne des marques Peugeot et Citroën ont investi 3,7 millions d’euros dans la création, toujours à Rostrenen, de la société Breizh PR, une plate-forme de stockage et de livraison de pièces de rechange. Elle est composée de 49 salariés dont unedizaine arrive de la base Intermar-ché. « Globalement, continue Tony Madic, 30 autres entreprises ont été accompagnées » qui se partagent unecentaine de nouveaux emplois.

Non satisfaits de ce premier résul-tat, les quatre membres de l’AICB se lancent un nouveau défi. Ils veulent arriver à créer, d’ici à deux ans, un

Comment des petits patrons ont sauvé 250 emplois dans le Kreiz Breizh

Coup dur pour la petite commune de Rostrenen (Côtes-d’Armor) située dans le centre de la Bretagne, une zone rurale parfois boudée. Ellea vu se fermer en 2018 la plate-formede logistique du groupement Inter-marché avec la suppression de 200 emplois.

Il s’agissait du premier employeurdu gros bourg de 3.500 habitants. « Avec une poignée de dirigeants, nous n’avons pas accepté la décision du groupe », indique Tony Madic, le propriétaire de l’Intermarché local.

La fermeture en 2015 de la plate-forme de logistique d’Intermarché à Rostrenen n’a pas été du goût d’une poignée de dirigeants locaux. Ils ont crée l’AICB, Association investir en cœurde Bretagne, pour attirer d’autres entrepreneurs.

Stanislas du Guerny— Correspondant à Rennes

Depuis des mois, la Bretagne fait la course en tête en matière de baisse du chômage. Les dernières statisti-ques de l’Insee le confirment, mêmesi sa progression se tasse un peu. Aucours du troisième trimestre de 2019, le taux de chômage en Breta-gne de 7,1 % a encore bénéficié d’une très légère baisse de 0,3 %. Avec 7,2 %, sa voisine des Pays de la Loire est au deuxième rang, la moyenne nationale étant de 8,3 %.

Chaque trimestre depuis 2014,indique l’Insee, « la Bretagne crée de l’ordre de 1.200 emplois supplémen-taires », répartis entre l’industrie, qui a stoppé son érosion, le secteur de la construction, toujours en quête de compétences supplémen-taires, et le tertiaire.

Benoît de Lapasse, responsablede l’Observatoire des territoires au sein de l’Agence nationale de la cohésion des territoires, modère la situation bretonne. « L’évolution de l’emploi a faibli après 2011 comme dans le reste de la France, mais davantage en Bretagne. Elle était la quatrième région métropolitaine, elle a rétrogradé ensuite à la 8e place »,indique le spécialiste.

Sa position favorable est surtoutdue au département de l’Ille-et-Vi-laine, 8e de France pour l’évolution de l’emploi entre 2011 et 2016 alors que les trois autres départements ont une évolution négative ou stable.

Nouvelles technologiesLe nombre des créations d’entrepri-ses – hors microsociétés – progressede 19,5 % sur un an quand la moyenne nationale affiche une hausse de 14,7 %.

Pour expliquer la bonne santééconomique de la région, Jean Olli-vro, professeur de géographie à l’université de Rennes-II, met en exergue « la diversité des activités, même s’il manque encore d’emplois stratégiques de haut niveau ».

A côté de l’industrie agroalimen-taire, du naval, du transport de mar-chandises et du tourisme, les nou-velles technologies sont porteuses de créations de postes. En Ille-et-Vi-laine, indique l’agence d’urbanisme

l Avec un taux de chômage de 7,1 %, la Bretagne reste depuis des mois au premier rang des régions en matière d’emploi. l La diversité des activités économiques, sa bonne répartition sur le territoire et la percée des hautes technologies expliquent la résilience d’une région pourtant pas épargnée par les crises industrielles ces dernières années.

EMPLOI

Le groupe norvégien Mowi va redonner vie au site de l’ex-Gad. La liquidation judiciaire il ya six ans du groupe de transfor-mation porcine s’était traduite par la disparition de plus de 800 emplois principalement desopérateurs de production. Le site concerné était celui situé à Lampaul-Guimiliau, une petite commune isolée du Finistère.

P o u r r é i n d u s t r i a l i s e rl’ensemble, la région Bretagne en a fait l’acquisition via un por-tage effectué par le biais de l’Etablissement foncier public de Bretagne. Une surface de 20.000 m² de l’usine initiale de 60.000 m² a ensuite été décons-truite pour en conserver seule-ment les 40.000 m² en bon état.

Plusieurs tentatives d’instal-lation d’entreprises ont avorté, comme Cocorette qui projetait d’y ouvrir un centre de condi-tionnement d’œufs moyennant un investissement de 3 millions d’euros. Le groupe norvé-gien Mowi (ex-Marine Harvest) va y ouvrir, en février prochain, une unité de transformation de saumons sur 4.400 m².

Une aide de 400.000 euros« Ce sera de façon temporaire jusqu’en 2021, sachant que le groupe fait reconstruire son usine voisine Marine Harvest

La disparition du groupe de transformation porcine Gad s’était traduite par la fermeture de son abattoir de Lampaul-Guimiliau. Il est temporairement repris par le transfor-mateur de saumons norvégien Mowi.

Six ans après, la friche Gad peine à se réinventer

total de 250 emplois supplémentai-res à Rostrenen et dans les autres collectivités de la communauté de communes du Kreiz Breizh.

Ils mettent en exergue les 10 hec-tares disponibles d’espaces fonciers prêts à accueillir de nouveaux arri-vants. « Une dizaine de contacts sont en cours et bien avancés », insiste Tony Madic. — S. du G.

« Nous avons refusé tout fatalisme et mis en avant nos atouts. »TONY MADICA l’origine de la création de l’AICB

Kritsen, victime d’un incendie à Landivisiau. En accueillant cette activité à Lampaul-Guimiliau, nous avons évité que l’industriel ne quitte la région comme c’était son intention », indique Loïg Chesnais-Girard, le président du Conseil régional de Breta-gne. Cette institution apporte une aide de 400.000 euros au projet du transformateur de saumons à Lampaul-Guimi-liau qui va traiter plus de 7 ton-nes par jour de poissons fumés.De son côté, la communauté decommunes du Pays de Landivi-siau engage 260.000 euros dansles travaux de modernisation de l’assainissement.

Dans l’ex-usine Gad, MarineH a r ve s t K r i t s e n a p r é v u l’embauche de plus de 160 per-sonnes, notamment des colla-borateurs qui étaient précé-demment affectés au site de Landivisiau où 23 millions d’euros sont investis dans la réa-lisation du nouvel ensemble.

La restructuration de l’ex-site de Gad est encore bien loind’être achevée, mais la région estime que l’arrivée de Marine Harvest Kritsen n’est qu’une première victoire, d’autres industriels sont attendus. « Descontacts sérieux sont en cours »,continue Loïg C h e s n a i s -Girard. « C’est une véritable résurrection de la commune », se réjouit de son côté Jean-Marc Puchois, le maire du bourg composé de 2.000 habi-tants. — S. du. G.

Après Mowi, d’autres industriels sont attendus.

150EMPLOISseront créés par la société Klaxoon, basée à Rennes, en 2020.

PME & REGIONS Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

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Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 PME & REGIONS // 25

innovateurs

environ 80 %, au développement de l’activité de foncière et notamment à financer plusieurs projets de cons-truction pour compte propre », explique-t-on chez Atland.

Développer d’autres métiersLe reste doit lui permettre de co-in-vestir dans des opérations réalisées par des clients investisseurs profes-sionnels, mais aussi de développer d’autres métiers « par le biais de prêts intragroupe ou d’augmenta-tion de capital », indique Atland.

« Il y a beaucoup de synergies entrenos différents métiers que sont la conception, la fabrication de pro-duits d’investissement pour profes-

sionnels et particuliers, la promotionou la gestion, explique Georges Roc-chietta. Nous sommes sur des cré-neaux de marché où tout le monde cherche des produits. »

Ce sont, par exemple, sur quel-que 3.000 logements en produc-tion en Ile-de-France dans le cadred’une cinquantaine d’opérations, un peu plus de 1.000 ventes en 2019réalisées pour 70 à 80 % d’entre elles en accession à la propriété. Georges Rocchietta évoque aussi, notamment dans le cadre du Grand Paris, « beaucoup d’opéra-tions consistant à construire des bouts de ville, des quartiers, pour lesquelles il faut savoir mixer entre les acteurs ».

Gabrielle Serraz— Correspondante à Grenoble

La célèbre boisson à la réglisse Antésite, qui a plus d’un siècle, change d’actionnaires. L’entreprise de Voiron, dans l’Isère, vient d’ouvrir et d’augmenter son capital de 1 million d’euros. Issus de la grande distribution, ses quatre nouveaux actionnaires détiennent, à titre personnel, 65 % du capital de

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

La PME familiale, célèbre pour son concentré de réglisse, a ouvert son capital et va produire des gammes de boissons bio et prêtes à boire pour Têtes Brûléeset Colombus Café & Co.

couteau d’art, mais aussi d’une pro-duction industrielle que Nogent Trois Etoiles est aujourd’hui l’un des rares à assurer, sinon le dernier.Né en 1923, devenu Entreprise du Patrimoine Vivant, il assure une fabrication 100 % française. Instal-lée à Biesles, le fabricant perpétue lagrande tradition des couteaux de table et de cuisine, ainsi que d’ustensiles, tels que ciseaux, éplu-che-légumes et ouvre-boîtes.

Une usine de 5.000 m2, sur deuxniveaux, située sur un site de deux hectares. Ses bureaux étaient jadis l’atelier de Louis André, fondateur en 1923. Nogent Trois Etoiles ne sous-traite qu’un type de petit res-sort. Très intégré, il dispose d’un parc de machines-outils ancestrales

ou très modernes. Toutes les tâches s’opèrent avec 30 salariés. On découpe, emboutit, décollette, frappe à froid, trempe, usine, crante,tamponne, émoudre, monte et sur-tout affile une lame. « Nous planons aussi et tournons nos manches en bois de charme, vieilli sur parc, ou lesplastifions », complète Eric Sirvin, président de Nogent Trois Etoiles. Mais l’industriel ne joue pas que surson côté vintage, il innove régulière-ment. C’est entre autres à lui que l’ondoit, au début des années 1990, les manches en couleur et translucides,une exclusivité mondiale.

1,5 million d’unités par anLes couteaux avec quatre dents au millimètre invisibles à l’œil nu, c’est

Date de création : 2010Président et cofondateur : François-Henri BoisselEffectif : 30 personnesSecteur : R&D

Léa Delpont— Correspondante à Lyon

Novadiscovery et Debiopharm Innovation Fund étaient faits pour s’entendre : le fonds suissespécialisé depuis 2017 dans les solutions digitales au service dela santé investit, ce jeudi, les 5 premiers millions d’euros au capital de la medtech lyonnaise,pionnière de la recherche in silico. Novadiscovery déve-loppe des modèles mathémati-ques prédictifs, alternatifs à la recherche in vivo ou in vitro, pour maximiser les chances de succès des études cliniques.

Leur compatibilité est bienplus profonde qu’un cousinage numérique : le fonds est adossé au groupe Debiopharm à Lau-sanne, lui-même expert du développement de candidats médicaments, avec 17 molécu-les dans son pipeline actuelle-

Nov

adis

cove

ry

ment. Ironie du sort : Debio-pharm Group « n’était même pas client de Novadiscovery, maisplus pour très longtemps », s’amuse son président et cofon-dateur, François-Henri Boissel.

Créée en 2010 et rentabledepuis 2017, l’entreprise, qui ne dévoile pas son chiffre d’affai-res, discute étroitement avec lesautorités de santé américaines dans le cadre du programme MIDD (« Model-Informed Drug Development »), visant à formaliser les procédures d’essais cliniques des nouvelles thérapies. Malgré sa proximité avec la FDA, « qui accrédite auprès du marché la maturité dumodèle in silico », Novadisco-very n’avait pas encore franchi l’Atlantique sur le plan com-mercial, limité par ses ressour-ces en fonds propres.

Deux autres millions« Pénétrer le marché améri-cain » : c’est donc le premier objectif de cette ouverture de capital. Le second est de déve-lopper une version commercia-lisable du logiciel en mode SaaS,pour le mettre entre les mains d’un maximum de clients et contribuer « à massifier le recours à la technologie in silico. Le volet fonctionnel de la plate-forme est opérant, mais il faut construire tout le volet utilisa-teur », explique François-Henri Boissel, qui espère parvenir à un produit à la mi-2021. Le diri-geant cherche encore 2 millionsd’euros « auprès de partenaires ayant, comme Debiopharm, une expertise métier », précise-t-il. n

LA LEVÉE DE FONDS NOVADISCOVERY

Debiopharm Innovation Fund investit 5 millions

Pour ce professionnel, l’impôtsur la fortune immobilière, l’IFI, n’a« pas ralenti le marché des SCP qui demeurent un très beau produit de placement à très long terme ». D’autant qu’avec un taux d’épargne actuellement très élevé, « le pro-blème est de trouver un projet pour investir », poursuit-il. Les besoins du Grand Paris en matériaux et en main-d’œuvre font aussi monter lesprix, « notamment chez les majors du bâtiment et pour les très grosses opérations », observe Georges Roc-chietta. Dans ces conditions, le tra-ditionnel ralentissement observé lors des élections municipales ne devrait pas avoir d’effet très marquésur le marché. n

spécialisés bio dès janvier et dans leslinéaires bio des GMS (grandes et moyennes surfaces) courant 2020.

La force de vente sera consoli-dée : Stéphane Lacourt, qui devient directeur général d’Antésite, amène avec lui 15 commerciaux quivont s’ajouter aux 26 salariés de l’entreprise. L’activité B to B d’Anté-site va aussi être développée, elle représente 20 % du chiffre d’affai-res avec la vente d’arômes et extraits végétaux aux industriels del’agroalimentaire. « Pour faire face aux majors de l’industrie des bois-sons et aux exigences du marché, nous avons fait le choix de la meilleure proposition pour booster notre force commerciale, mais aussi pour préserver l’ancrage local iséroiset sans faire appel à des fonds spécu-latifs », précise Adrien Mollard. Il garde le titre de président, tandis que François Lévêque prend la pré-sidence du conseil de surveillance de la société Antésite de la nouvelleSAS Antésite. n

Antésite change de modèle économiquela société. Le reste demeure dans le giron de la famille Mollard. Ils apportent aussi de nouveaux débouchés à Antésite, qui se posi-tionne sur les marchés du bio et du prêt-à-boire avec des boissons pourles marques Têtes Brûlées et Colombus Café & Co.

En apportant ces marchés, lesnouveaux partenaires François Lévêque, Stéphane Lacourt et Jérôme Poisson (directeur général de Columbus Retail), accompagnés d’Adrien Mollard, espèrent faire bondir le chiffre d’affaires d’Antésitede 6,5 millions d’euros aujourd’hui à20 millions d’euros d’ici à cinq ans. La part de l’export de 10 % – Antésiteest présent en Afrique du Nord – devrait aussi s’élargir en Europe afinde représenter 35 % de son chiffre d’affaires.

Eté ou hiverUne croissance est attendue de la nouvelle gamme de concentrés bio à base de thé, d’hibiscus et de

toujours lui. Et c’est de nouveau Nogent Trois Etoiles avec ce cou-teau à poisson à usage multiple : coupe, découpe et écaillage. « Nous fabriquons également des ouvre-boî-tes avec un vrai couteau intégré et desouvre-boîtes à anneau qui évitent blessures et crises de nerfs si l’anneaucasse », indique le dirigeant. Au total, 1,5 million d’unités sortent annuellement des ateliers en 200 références. Il y en aura sans doute une nouvelle prochaine-ment, dotée d’une nouvelle lame et d’un nouveau manche, pour laquelle 20.000 euros d’investisse-ment ont été nécessaires. Nogent Trois Etoiles réalise 2,8 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont untiers d’exportation. n

Dominique Malécot @DMalecot

Augmentation de capital réussie pour le groupe parisien Atland. Pro-moteur, investisseur et gestionnaired’actifs immobiliers, ce groupe qui intervient sur les marchés du loge-ment, de l’immobilier d’entreprise et de l’hôtellerie a bouclé en décem-bre dernier une augmentation de capital de son entité cotée Foncière Atland, dont le produit brut s’est élevé à 41,6 millions d’euros.

Détenu en majorité par son prési-dent Georges Rocchietta, le groupe qui emploie 170 salariés a pour clients des particuliers, des investis-seurs institutionnels et des entre-prises. Il revendique près de 800 millions d’euros d’investisse-ments en 2019 et 1,5 milliard d’eurosd’actifs sous gestion ainsi qu’une soixantaine d’opérations de promo-tion en Ile-de-France.

« Cette augmentation de capitalest essentiellement destinée, pour

ÎLE-DE-FRANCE

Ce groupe familial intervient sur les marchés du logement, de l’immobilier d’entre-prise et de l’hôtellerie.

Il a investi près de 800 millions d’euros en 2019 et revendique 1,5 milliard d’euros d’actifs sous gestion.

Atland lève plus de 40 millions d’euros pour financer ses projets immobiliers

Atland construit actuellement 3.000 logements en Ile-de-France. Illustration Atland

Nogent Trois Etoiles perpétue l’industrie coutelière de Haute-Marne

Date de création : 2018Président : Roman IgualEffectif : 5 personnesSecteur : agtech

Nicole Buyse— Correspondante à Lille

Au CES de Las Vegas cette semaine, Lituus présente en première mondiale son collier connecté conçu pour surveiller les élevages, à commencer par les bovins. Il est muni de cap-teurs qui détectent des troubles de santé chez les bêtes, les cycles d’ovulation pour optimi-ser les inséminations ou la proximité d’un vêlage, mais aussi informent sur le bien-être animal, notamment par rap-port à des paramètres environ-nementaux. Après avoir enre-g i s t r é l e c o m p o r t e m e n t habituel de chaque vache, un algorithme peut instantané-ment repérer et signaler, par SMS sur le smartphone ou mes-sage sur l’ordinateur de l’exploi-tant, un trouble révélateur d’un

Litu

us

problème de santé. Une sur-veillance 24 heures sur 24 qui sefait donc à distance, à 2 kilomè-tres au maximum. Tout est enregistré sur une plate-forme en ligne que l’agriculteur peut ensuite visualiser.

Deuxième série en productionCe collier breveté fait gagner beaucoup de temps à l’éleveur etp eut aussi lui assurer de meilleurs rendements. « Si une vache est malade, on ne peut pas mélanger son lait à celui des autres bêtes. Si l’éleveur s’en rend compte trop tard, il faut jeter toutela production de la journée », sou-ligne Roman Igual, cofondateur avec Viktor Toldov de la start-up,dont ils restent majoritaires après une première levée de fonds l’an dernier – au montant confidentiel – avec des business angels. Portant ce projet depuis 2016, les deux ingénieurs ont créé Lituus, début 2018, après unpassage au sein de l’incubateur Cré’Innov de l’université de Lille puis d’AgTech, celui d’Eura-Technologies. « C’est le premier objet connecté capable d’évaluer le bien-être de l’animal à partir duconfort thermique, lumineux et du pâturage », ajoute Roman Igual. Après une phase de tests, l’entreprise a lancé l’industriali-sation de son collier. Elle en a fabriqué une première série de 100 testés actuellement dans deux élevages et compte lancer rapidement une deuxième série en production. n

L’INVENTION LITUUS

Un collier connecté qui surveille la santé des bovins

Didier Hugue — Correspondant à Dijon

L’activité coutelière de Nogent, en Haute-Marne, ne vit pas que du

LA PME À SUIVREBOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

Plus de 1,5 million de couteaux sortent tous les ans des ateliers de cette entreprise qui réalise toutes les opérations nécessaires à la production de ces pièces.

réglisse que les consommateurs pourront utiliser dans l’eau fraîche l’été, ou en tisane dans l’eau chaude l’hiver. Ces nouveaux produits seront dans les premiers magasins

« Nous avons fait le choix de la meilleure proposition pour booster notre force commerciale, mais aussi pour préserver l’ancrage local isérois et sans faire appel à des fonds spéculatifs. »ADRIEN MOLLARDPrésident d’Antésite

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Versements record aux actionnaires du CAC 40 en 2019

Sophie Rolland @Sorolland

Les actionnaires des groupes du CAC 40 n’ont jamais été aussi bien rémunérés. En 2019, les cham-pions de la cote parisienne leur ontredistribué plus de 60 milliards d’euros, dont 49,2 milliards sous forme de dividendes, un record, selon la dernière étude annuelle réalisée par les auteurs de la lettre Vernimmen.net. Les rachats d’actions, eux, ont atteint 11 mil-liards d’euros, un montant compa-rable à celui de 2018.

La page de la crise est tournéeCes versements record sonten très nette hausse (+12 %)par rapport à l’année der-

nière. Il aura fallu attendre 2018pour que les distributions auxactionnaires approchent à nou-veau leurs niveaux de 2007. Cettefois, ils sont largement dépassés.« Cela rappelle en creux la violencede la dernière crise financière :en douze ans, les liquidités renduespar les 40 plus grands groupes cotésà Paris ont crû de seulement 0,5 %par an en moyenne », commentePascal Quiry, professeur à HEC etcoauteur de la lettre spécialisée enfinance avec Yann Le Fur.

Un signal positif surla santé des groupesdu CAC 40Pour lui, cette distribu-tion n’est pas surpre-

nante, « compte tenu des très bonsrésultats des sociétés du CAC 40 à ce

BOURSE

A 60 milliards d’euros, les liquidités restituées aux actionnaires du CAC 40 dépassent le niveau record de 2007.

Elles ont augmenté de 12 % par rapport à l’année dernière, et compte tenu des bons résultats 2019 atten-dus, les dividendes et les rachats d’actions devraient encore progresser cette année.

Distribution et investissementvont de pair« Contrairement à ce

qu’on entend parfois, aucun groupe du CAC 40 ne choie ses actionnaires au détriment du développement de son activité. » Le débat fait rage, tanten Europe qu’aux Etats-Unis. Les auteurs du Vernimmen se sont donc penchés sur l’investissement en immobilisations corporelles et incorporelles réalisé par les grou-pes du CAC 40, à l’exclusion des investissements financiers et de croissance interne.

A les entendre, le constat estsans appel. Pour ces sociétés large-ment internationales – souvent plus des deux tiers de l’activité –, des marges élevées et un endette-ment modéré « permettent de con-juguer dividendes et investisse-ments dans un cercle vertueux ». L’idée selon laquelle « les groupes du CAC 40 sacrifieraient le montantde leurs investissements au verse-ment de dividendes et aux rachats d’actions pour le plus grand profit d’actionnaires […] est contredite parles chiffres », ajoutent-ils.

En 2018, les entreprises duCAC 40 ont non seulement reversé des liquidités record à leurs action-naires mais ont aussi investi 82 mil-liards d’euros, soit 9,7 % de plus qu’en 2017. Autre illustration mon-trant que distribution et investisse-ments vont de pair : ceux des grou-pes qui ont procédé aux dix plus gros versements ont aussi davan-tage progressé (+16,3 %). « Plus les groupes du CAC 40 ont rendu des liquidités à leurs actionnaires en 2019, plus ils ont accru leurs investis-sements. »

Seulement 8 sociétésà l’origine de plus de la moitié des versementsLes trois groupes qui redis-

tribuent le plus de capitaux propresà leurs actionnaires sont, comme souvent ces dernières années, Total(8,5 milliards d’euros), Sanofi (3,8 milliards), et BNP Paribas (3,7 milliards). Ils représentent à eux trois 27 % des volumes. En ajou-tant cinq autres groupes (3,2 mil-liards pour Vivendi et AXA, 3 pour LVMH, 2,9 pour L’Oréal et 2,8 pour Engie), la barre des 50 % des fonds redistribués est franchie.

Ce n’est pas un hasard s’il s’agitsouvent d’entreprises matures.

ques a versé 2,4 milliards de divi-dendes en actions en 2019 pour poursuivre la scission avec son ancienne filiale Wordline. Il a ainsi distribué 23,5 % du capital de Worl-dline à ses propres actionnaires, réduisant ainsi sa participation à 27,3 %.

Des rachats d’actions dus pour moitié à Total et VivendiLes sociétés du CAC 40 ont

racheté pour 10,7 milliards d’euros de leurs propres actions, ce qui représente 0,6 % de leur capitalisa-tion boursière. Au total, 16 groupes ont procédé à des rachats d’actions significatifs, c’est-à-dire d’au moins 100 millions d’euros.

Mais les 10,7 milliards d’euros derachats d’actions s’expliquent sur-tout par Total et Vivendi, qui ont à eux deux réalisé la moitié de ces opérations. Une partie des rachats d’actions de Total neutralise la dilu-tion induite par ses dividendes payés en actions. Vivendi, de son côté, restitue des liquidités suite à des cessions d’actifs (Ubisoft). « Le groupe s’efforce aussi de conforter la position de l’actionnaire minoritaire contrôlant, Bolloré », explique Pas-cal Quiry. Quatre groupes – Safran, Vinci, L’Oréal, et Accor – ont consa-cré entre 500 millions et 1 milliard d ’euros chacun aux rachats d’actions.

Les dividendes progressent plusvite que les résultatsnets

En 2019, les dividendes ont pro-gressé plus vite que les résultats nets courants : +13 % contre +7 %. Les auteurs de l’étude expliquent que 40 % de la hausse des dividen-des est liée aux choix de quatre groupes, « trois – Kering, LVMH et L’Oréal – en raison de l’excellence de leurs performances opérationnelles, et un – Engie – en raison d’un effet de rattrapage ». Le groupe énergétiqueavait réduit son dividende par action de 53 % depuis 2013.

Les taux de distribution (divi-dendes) des entreprises du CAC 40,eux, restent stables. Le taux moyena progressé d’un point à 47 %. En t e n a n t c o m p t e d e s r a c h a t s d’actions et des dividendes extra-ordinaires, ce taux de distribution recule légèrement, à 58 %, soit un point de moins qu’en 2018. n

point du cycle. Hors élémentsexceptionnels et non récurrents, lesrésultats nets ont augmenté de 7 %en 2018 ». Cette année-là, les entre-prises ont dégagé un total de88,5 milliards de profits, selon leschiffres compilés par EY pour« Les Echos ». L’activité, l’investis-sement et les marges opération-nelles étaient dans l’ensemble trèsbien orientés.Autre signe positif,au-delà du montant absolu deredistributions : en 2018, la partdes rachats d’actions est restéerelativement modérée. Ils ont étéq u a s i m e n t d e u x f o i s m o i n simportants qu’en 2007 : 10,7 mil-liards contre 19,2 milliards, il y adouze ans. « Cela montre unemeilleure confiance dans l’avenirimmédiat, car un dividende seréduit moins aisément qu’un pro-gramme de rachat d’actions », ana-

lyse Pascal Quiry. Un dividende nes’augmente en effet qu’après mûreréflexion. Le risque est trop grandde décevoir les actionnaires en lebaissant l’année suivante. Ainsi,lorsque l’environnement s’estdégradé entre 2007 et 2009, lesdividendes ont seulement étéréduits de 38 à 27 mil l iardsd’euros, alors que les rachatsd’actions, eux, ont disparu.

La tendance devraitse poursuivre« Il est probable que l’anprochain les chiffres que

nous publierons seront encoremeilleurs compte tenu de la pro-gression des résultats 2019 que l’onentrevoit. » Compte tenu de leurp a r t e n c o r e r e l a t i v e m e n tmodeste, les rachats d’actionspourraient alors progresserencore plus vite que les dividen-des. Ils ne représentent que 18 %du total des redistributions auxactionnaires de 2019. Une pro-portion inférieure à ce que l’onobservait par exemple en 2007,2008, 2016 et 2018.

Distribution et investissements vont de pair : ceux des groupes qui ont procédé aux dix plus gros versements ont aussi davantage progressé (+16,3 %).

« Elles génèrent des capitaux pro-pres importants, que leur faible croissance rend inutiles en leur sein. Il est plus sain de les reverser àleurs actionnaires, plutôt que de lesgaspiller en surinvestissements ou en placements oisifs de trésorerie etde priver ainsi de capitaux propres d’autres groupes qui en auraient besoin pour se développer et vers qui les dividendes et rachats d’actions de ces mastodontes serontréinvestis. »

Des dividendes en actions pourpréserver la structure financière

« Aucun groupe du CAC 40 n’a dû s’endetter au-delà du raisonnable pour verser un dividende », poursuitle coauteur du Vernimmen. Les groupes soucieux de ne pas mettre sous tension leur structure finan-cière ou de préserver intacte leur capacité à réaliser des opérations de croissance externe – dans l’ensemble les groupes du CAC 40 sont peu endettés – ont souvent choisi de verser leur dividende en actions.

Total, notamment – qui n’a pasréduit son dividende depuis 1981 –, ya eu recours à hauteur de 1,8 mil-liard (sur un total de 7,8 milliards dedividendes). Le paiement en actionslui a ainsi permis de maintenir son dividende constant en dépit des variations des cours du pétrole. De quoi satisfaire des actionnaires comme les fonds de pension améri-cains et britanniques, qui ont besoin de recevoir des flux de tréso-rerie réguliers pour remplir leurs engagements en matière de retraite.

Société Générale, Publicis et Car-refour ont, eux, payé la majeure partie de leurs dividendes en actions. « Ce sont autant de débours de trésorerie évités pour ces grou-pes. » Le cas d’Atos est particulier. L’entreprise de services informati-

Les groupes soucieux de ne pas mettre sous tension leur structure financière ont souvent choisi de verser leur dividende en actions.

FINANCE & MARCHES Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Page 27: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 FINANCE & MARCHES // 27

BANQUE

Edouard Lederer @EdouardLederer

Des banques américaines biendiscrètes. Voilà un qualificatifque l’on associe rarement auxchampions de Wall Street, quidominent désormais en Europele marché des fusions-acquisi-tions (M&A). Mais ils se fontmoins menaçants dans une autrediscipline reine en Europe :l’octroi de crédits syndiqués auxentreprises, ces prêts bancairesgéants pour lesquels plusieursbanques s’organisent en pool,chacune prenant en charge uneportion de ce prêt.

Ce marché a représenté pourl’Europe, le Moyen-Orient et l’Afri-que (EMEA) 662,5 milliards dedollars de prêts en 2019 (autour de600 milliards d’euros), selon desdonnées Refinitv, en baisse de 6 %

des activités des médiateurs de branche, dont celle de l’assu-rance, a adressé plusieurs cour-riers, notamment en décem-b r e 2 0 1 8 , a o û t 2 0 1 9 e t octobre 2019, faisant part de nombreuses observations sur les procédures de traitement des saisines (environ 15.000 chaque année). Le médiateur de l’assurance aurait pris acte de ces observations et com-mencer à mettre en œuvre les réformes souhaitées.

La CECMC aurait égalementmis en avant des courriers d’assurés reprochant à PhilippeBaillot d’avoir travaillé dans descompagnies d’assurances avec lesquelles ils étaient en litige. L’information n’était pas dissi-mulée, puisque son CV figurait sur le site de la médiation. Cer-tains font en outre valoir que la fonction de médiateur impli-que une certaine expertise du monde de l’assurance.

Conflit de personnes ou conflit d’intérêts ?Selon un observateur, cette démission, très inhabituelle, pourrait relever davantage du « conflit de personnes » que du conflit d’intérêts. Toutefois, le conseil d’administration de la médiation de l’assurance s’est engagé à revoir les procédures de médiation.

La médiation, qui existedepuis les années 1990, offre aux assurés une possibilité de recours sur des conflits avec desassureurs, après avoir épuisé toutes les démarches de média-tion interne à l’entreprise. La directive européenne sur la médiation, entrée en applica-tion en 2015, a cependant ren-forcé le cadre juridique de la médiation, avec une certaine formalisation des démarches, sous le contrôle du CECMC. Ce dernier a également le pouvoir de ne plus « référencer » un médiateur. En clair, de le démet-tre de ses fonctions. n

Eric Benhamou @eric-benhamou

La médiation de l’assurance est une activité discrète. Mais « Le Canard enchaîné », dans son édition du 8 janvier, parle « d’unpetit séisme ». L’hebdomadaire satirique révèle en effet la démission de Philippe Baillot de son poste de médiateur de l’assurance.

Cette décision a été annoncéele 23 décembre dernier par le conseil d’administration de la médiation à la Commission d’évaluation et de contrôle de médiation de la consommation(CECMC), qui dépend de Bercy.

Nommé médiateur de l’assu-rance en novembre 2015, et renouvelé pour un nouveau mandat de trois ans en novem-bre 2018, Philippe Baillot assume cependant toujours sesfonctions, le temps de lui trou-ver un successeur, ce qui pour-rait prendre plusieurs mois.

Plusieurs lettres d’observations« Le Canard enchaîné » évoque des tensions entre le médiateuret la CECMC. De son côté, Phi-lippe Baillot affirme avoir démissionné pour des « raisonspersonnelles » et parle d’« une tempête dans une tasse de thé ». La CECMC, chargée du contrôle

RÉGULATION

Médiateur de l’assurance depuis 2015, Philippe Baillot a annoncé son départ pour des « raisons personnelles ».

Les procédures de médiation étaient dans le collimateur de Bercy.

Le médiateur de l’assurance démissionne

en brefLes députés demandent une inflexion des futures règles de Bâle IIIRÉGLEMENTATION L’Assemblée nationale a adopté mardi laproposition de résolution de 66 députés demandant au gouver-nement d’aménager les derniers accords de la réglementationBâle III lors de leur transposition en droit français. Dans leurtexte, les députés, pour beaucoup membres de la majorité, ontrappelé que les banques américaines demeuraient beaucoupmoins touchées par cette réglementation que leur homologueseuropéennes. Avec une hausse probable des exigences de 24 %pour les banques européennes, « cela représenterait 400 mil-liards d’euros additionnels », ont-ils avancé. L’entrée en vigueurde ce « Bâle IV », comme le surnomment les banques, est prévuepour 2022.

Elliott n’a pas l’intention d’apporter ses titres Altran à CapgeminiOPA Le fonds activiste américain Elliott, qui revendique repré-senter 14 % du capital d’Altran, a expliqué mercredi pourquoi iln’avait pas l’intention d’apporter ses titres à Capgemini. Il juge leprix de 14 euros par action encore moins attractif qu’aupara-vant, car il ne tient pas compte de la récente hausse des mar-chés. De son côté, Capgemini n’a pas du tout l’intention de rele-ver son prix. L’OPA est ouverte jusqu’au 22 janvier. Si, à cettedate, le groupe dirigé par Paul Hermelin ne détient pas 50 % ducapital, l’offre sera caduque.

Trump fait chuter le pétroleÉNERGIE Le WTI, référence américaine du pétrole, a reculé deplus de 4 % sous les 60 dollars ce mercredi. Le président améri-cain Donald Trump a assuré que les Etats-Unis étaient « prêts àla paix », éloignant le risque d’escalade. Dans la nuit, Téhéranavait tiré des missiles sur des bases américaines. Les cours ontégalement flanché sous l’effet des stocks de brut outre-Atlan-tique. Ils ont progressé de 1,2 million de barils alors que lesanalystes anticipaient en moyenne une baisse de 3,25 millions.

sur un an. Il reste dominé par lesbanques européennes, et notam-ment françaises.

Les deux principales banquesaméricaines, Bank of America-Mer-rill Lynch et JP Morgan, en tête au niveau mondial, arrivent respective-ment en quatrième et neuvième position du classement des princi-paux « teneurs de livres » sur la zoneEMEA. C’est un progrès pour la pre-mière, mais une forte déconvenue pour la seconde, qui chute de six pla-ces en un an. Goldman Sachs, enfin, n’arrive qu’en quatorzième position. Il faut dire qu’elles ont déjà fort à faireà domicile, où elles règnent sans par-tage sur ce métier, les Etats-Unis pesant à eux seuls plus de 50 % du marché mondial des crédits syndi-qués. « Les banques américaines cherchent avant tout en Europe des mandats d’émission obligataire, d’introduction en Bourse ou de fusion-acquisition, auprès des grandes entre-prises. Elles ne participent à leurs cré-dits syndiqués que dans cette optique », Matthieu Guillot, senior

director au cabinet Redbridge. Or, les mandats de M&A se sont faits jus-tement plus rares l’année dernière, rendant le marché européen du cré-dit aux très grandes entreprises mécaniquement moins attrayant pour les chasseurs de mandats de conseil. « Les financements destinés àune acquisition ont diminué de 23 % dans le monde en 2019 », indique encore Refinitiv.

Les banques françaises en têteSymétriquement, ce sont donc bien les banques européennes et surtout françaises qui ont dominé l’année : BNP Paribas maintient sa position de numéro 1 avec près de 60 mil-liards de dollars de financements arrangés en Europe (EMEA), et affi-che une part de marché de 8,9 %. Elle est talonnée par Crédit AgricoleCIB (6,9 %) avec 46 milliards de dol-lars de financements. Avec 35 mil-liards de dollars arrangés, UniCreditclôt ce podium décidément favora-ble aux grandes banques de la zone

euro. Société Générale est cin-quième (30,6 milliards). Cette domi-nation européenne est évidemmentliée à son ancrage local. BNP Paribasaffirme également avoir tiré profit de la mise en place, depuis un an, d’une organisation regroupant en un même lieu la dette obligataire et la dette bancaire, afin de répondre plus v i te aux demandes des emprunteurs, explique Valérie Jourdan, coresponsable des mar-chés de dette pour la zone EMEA.

Mais cette position de force desEuropéens est aussi liée aux com-portements des emprunteurs :exactement comme les ménagesqui renégocient leur crédit immo-bilier pour profiter des taux fai-bles, les entreprises ont animél’année à coups de refinance-ments opportunistes. Enfin, cetteforte présence dans le crédit souli-gne en creux la faiblesse des ban-ques européennes dans le conseil.Un acteur comme BNP Paribasboxe pour l’heure en dessous de sacatégorie dans le domaine. n

l Les banques européennes ont maintenu leurs positions historiques sur le marché du crédit géant aux entreprises en Europe l’an dernier.l Dominants dans le conseil, les géants de Wall Street sont, en revanche, plus discrets dans ce métier sur le Vieux Continent.

Les banques européennes dominent le crédit syndiqué

Gabriel Nedelec @GabrielNedelec

La pression s’accroît sur le secteur bancaire européen. Un groupe d’investisseurs – composé d’une centaine d’actionnaires individuels et de 11 institutionnels pesant pour un total de 130 milliards de livres – vient en effet de réclamer à la ban-que britannique Barclays qu’elle cesse de financer le secteur des éner-gies fossiles. C’est le dernier exempleen date d’un groupe d’actionnaires tentant d’infléchir la politique d’unesociété pour des questions environ-nementales. Mais c’est la première

fois qu’une résolution sur le change-ment climatique sera proposée au vote auprès d’une banque euro-péenne, affirme l’ONG ShareAction,qui coordonne cette opération.

La résolution devrait être votée aumois de mai prochain, lors de la réu-nion annuelle de la banque. Selon ShareAction, Barclays a financé à hauteur de plus de 85 milliards de dollars les énergies fossiles depuis 2015. Au-delà des questions environ-nementales, le secteur bancaire a déjà entamé sa mue, notamment viala prise en compte de plus en plus fré-quente des critères ESG (environne-ment, social, gouvernance) dans ses choix de financements. Ces critères mesurent la soutenabilité et l’impactéthique d’un investissement dans une société ou dans un domaine économique.

Selon une étude de l’agence Fitch,publiée mercredi, quasiment la

moitié des crédits bancaires mon-diaux et des nouveaux flux de prêts intègrent ces critères. Ce qui fait direà l’agence que « la prise en considéra-tion des critères ESG lorsqu’une banque effectue un prêt est presque lanorme aujourd’hui ».

Création de valeurReste que ce sont principalement les banques de taille moyenne (entre 100 et 500 milliards de dollarsd’actifs), ainsi que les grandes ban-ques (plus de 500 milliards de dol-lars d’actifs), qui prennent ces critè-res en compte. Et qu’il reste de grandes disparités régionales : selon Fitch, si l’Europe de l’Ouest, l’Amérique latine et l’Afrique font figure de bons élèves, l’Amérique duNord et l’Asie-Pacifique sont à la traîne. Outre leurs actionnaires, ce sont également les régulateurs – en particulier les banques centrales –

qui poussent le secteur bancaire à adopter un comportement éthique dans leur politique de financement.

Certains experts affirment que detelles pratiques sont créatrices de valeur. Selon une étude du Boston Consulting Group, « il existe une relation positive entre la performanceESG et les marges ». Concrètement, dans le commerce de détail et la ban-que, les acteurs ayant mis le plus l’accent sur la promotion de l’inclu-sion financière affichent des margesde 0,5 % supérieures à la moyenne. Celles qui ont mis l’accent sur l’envi-ronnement ont même dépassé leurspairs de 3,4 %. Début décembre, Nicolas Hulot, s’exprimant lors d’une conférence à la Banque de France, a rappelé le rôle primordial du secteur dans l’orientation du cré-dit. Un message également distillé par Christine Lagarde lors de sa prise de fonction à la tête de la BCE. n

Financement des énergies fossiles : les établissements du Vieux Continent sous pressionUn groupe d’actionnaires de Barclays veut pousser la banque britannique à arrêter de financer les énergies fossiles compte tenu de l’urgence climatique.

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28 // FINANCE & MARCHES Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

d’accélérer la prise de décision des banquiers privés, en augmentant l’autonomie de ses activités. « Les banquiers passeront plus de temps avec leurs clients », explique une source proche de la banque.

Cette réorganisation s’inscritdans le cadre d’une revue d’activitésdemandée il y a quelques mois par le directeur général, Sergio Ermotti,à Tom Naratil et Iqbal Khan, les deux codirigeants de la gestion de fortune. Iqbal Khan, ancienne star de Credit Suisse, a rejoint UBS à l’automne.

Comme toutes les banques pri-vées, UBS est victime du contexte économique. Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice de l’acti-vité gestion de fortune a reculé de 10 %. Iqbal Khan, perçu comme un dauphin potentiel de S ergio Ermotti, a justement pour mandat de redresser l’activité de gestion de fortune.

En Bourse, l’annonce de cetteréorganisation a, en tout cas, été favorablement accueillie : en deux séances, le titre de la banque a pro-gressé d’un peu plus de 3 % à 12,70 francs suisses. Un nouveau plus haut depuis sept mois. — R. B.

Le projet était dans les tuyaux depuis des mois. Il est désormais officiel. Pénalisée par les taux néga-tifs et les contraintes réglementai-res, UBS va supprimer près de 500 emplois dans sa branche de « gestion de fortune » en Europe, soit 2 % des effectifs de son activité (25.000 personnes). « Le détail par pays n’a pas été donné » , explique UBS.

L’annonce a été faite mardi auxsalariés de la banque. Selon la note transmise en interne, que « Les Echos » ont pu consulter, la banqueveut se « réorganiser » en suppri-mant les doublons qui existent

BANQUE

Pour faire des écono-mies, la banque suisse veut mettre fin aux doublons entre ses activités de gestion de fortune et celles d’investissementet de gestion d’actifs.

Près de 500 emplois sont menacés.

C O M P R E N D R E L ’ A R T M O D E R N E

27FÉV

Dada et lesSurréalistes, l’art

comme terrain de jeu

19MAR

L’Art Déco etles Expositions

internationalesde 1925 et 1937

23AVR

De Pollockà Soulages :

abstraction américaineet reconstructioneuropéenne

28MAI

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Animée par Sybille Bellamy-Brown,Historienne de l’art et chargée de coursà l’École du Louvre

28 L’objet du quotidien, entre

Nouveau Réalisme et Pop cultureet Pop culture

25JUIN

L’éclatement L’éclatement des pratiques des pratiques

dans les années 1960 et 1970

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Les révolutions dans l’art : Bauhaus, Constructivisme,

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10, boulevard de Grenelle - Paris 15e

Sybille Bellamy-BrownSybille Bellamy-Brown,Historienne de l’art et chargée de cours

Raphaël Bloch @Bloch_R

Les renégociations de crédit sont bel et bien de retour. Après les haus-ses observées en septembre et en octobre, les demandes de rabais desemprunteurs sur les crédits en cours de remboursement ont une nouvelle fois progressé en novem-bre. « La tendance est clairement là », confirme un courtier.

Selon des données publiées mer-credi par la Banque de France, près d’un tiers (29 %) des crédits immo-biliers produits en novembre (en montants) correspondent à une renégociation. Le reste correspond à l’achat effectif d’un bien immobi-

CRÉDIT

Portées par des taux historiquement bas, les demandes de renégociation des crédits en cours de remboursement sont au plus haut depuis juillet 2017.

En novembre, ces opérations ont repré-senté près d’un tiers (29 %) des crédits à l’habitat octroyés, selon la Banque de France.

Les Français toujours plus nombreux à renégocier leur crédit immobilier

bon connaisseur du secteur. Mais les volumes ne cessent de progres-ser. Le gâteau de la production de crédit flirte de nouveaux avec les sommets. Selon les professionnels du secteur, celui-ci devrait dépasserles 250 milliards d’euros cette année. « On va y être », confirme l’undes plus gros courtiers. Dans ce contexte, les renégociations, même

si leur part reste plus encore limi-tée, s’envolent par les montants concernés. En novembre, le mon-tant des renégociations a atteint 7 milliards d’euros, à un plus haut depuis mai 2017 (10,3 milliards). Début 2019, il n’était encore que de 3,2 milliards d’euros…

« Le gros problème des banques,c’est qu’elles doivent gérer une nou-velle vague de renégociations alors que les taux sont encore plus bas qu’en 2017, résume un bon connais-seur du secteur. Elles ont beaucoup moins de marges. Certaines doivent être à perte sur des dossiers. »

Conscientes du problème, lesautorités, qui craignent justement une trop forte érosion de la rentabi-lité future des banques, ont réagi. Fin décembre, le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), présidé par le ministre des Finances, BrunoLe Maire, a publié ses recomman-dations pour tenter d’éviter toute surchauffe. Le HCSF demande désormais aux banques de ne pas

octroyer de crédit immobilier sur plus de vingt-cinq ans et que les remboursements ne représentent pas plus d’un tiers des revenus du ménage. Des recommandations qui concernent aussi les crédits renégociés.

« La profession prend note desrecommandations », avait indiqué mi-décembre la Fédération fran-çaise des banques (FBF). Le sujet estsensible aux yeux de la profession, qui estime que, malgré sa forte dynamique, le marché du crédit reste sain.

Les autorités se veulent d’ailleurssouples dans l’approche, laissant une certaine marge de manœuvre aux banques. Le Haut Conseil accepterait ainsi qu’une part de la production – jusqu’à 15 % – s’écarte du strict respect de ces critères, principalement pour aider les pri-mo-accédants et uniquement pour l’acquisition d’une résidence princi-pale. Un bilan doit être dressé en 2020. n

« Le gros problème des banques, c’est qu’elles doivent gérer une nouvelle vague de renégociations alors que les taux sont encore plus bas qu’en 2017. Elles ont beaucoup moins de marges. Certaines doivent être à perte sur des dossiers. »Un connaisseur du secteur

Gestion de fortune : UBS taille dans ses effectifs en Europe

entre ses activités de gestion de for-tune, de banque d’investissement etde gestion d’actifs.

Historiquement, chaque bran-che d’UBS dispose en interne de res-sources dites externes. Autrement dit, l’activité de gestion de fortune dispose d’équipes capables de faire de la banque d’investissement ou dela gestion d’actifs… Et vice-versa. « Ce n’est plus utile, ça ne correspondplus à l’époque », explique une source proche de la banque.

Le but de cette réorganisation estde mettre fin à cette situation et de faire des économies. UBS justifie ces changements par la volonté

Comme toutes les banques privées, UBS est victime du contexte économique.

Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice de l’activité gestion de fortune a reculé de 10 %.

lier. Ils représentaient 26 % en octo-bre et 23,5 % en septembre.

Pour un emprunteur, renégocierson crédit permet de raccourcir la durée de remboursement (tout en maintenant les mêmes mensuali-tés), ou alors de maintenir la durée de son prêt initial, mais de réduire les mensualités.

Taux historiquement basL a c h u t e c o n t i n u e d e s t a u x d’emprunt a joué à plein. Les taux ont atteint un nouveau plus bas his-torique en novembre, à 1,20 % (horsassurance et coût des garanties), selon les chiffres de la Banque de France. Pour l’Observatoire Crédit Logement/CSA, qui couvre autour de la moitié du marché, ils sont même tombés à 1 , 12 % sur la période.

Très prisées des emprunteurs,les renégociations, qui avaient atteint un pic en janvier 2017 (62 %),ont profité de cette tendance. « C’estlogique, les emprunteurs veulent profiter de la nouvelle baisse. Après, on est encore loin des records de 2017 », veut toutefois rassurer un

Les autorités, qui craignent justement une trop forte érosion de la rentabilité future des banques, ont réagi.

Page 29: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 FINANCE & MARCHES // 29

parallèle, elle préside notam-ment l’Observatoire de la res-ponsabilité sociétale des entre-prises (Orse) depuis 2018.

LVMHHélène Valadeest, depuis lundi, directrice développement environnement.

Hélène Valade, 53 ans, diplôméede l’IEP de Paris, a débuté, en1995, à l’Ifop où elle a pris ladirection du département politi-que en 2000. Elle a été nomméedirectrice du développementdurable de la Lyonnaise desEaux en 2005, puis vice-prési-dente du développement dura-ble du groupe Suez en 2014. En

PORTRAIT

par Laurance N'Kaoua @LauranceNKaoua

Jacques Dessange, coiffeur des stars, est mortIl avait coupé les cheveux de Brigitte Bardot, de Jeanne Moreau, de Marlene Dietrich ou d’Ava Gardner. Il avait aussi inventé le « coiffé-décoiffé », donné son nom à un « Blond » et conçu des produits de soin. Surtout, JacquesDessange avait fondé un empire, qui abrite aujourd’hui plus de 1.700 salons de coiffure dans 43 pays. Il s’est éteintmardi à l’âge de 94 ans. « Nous rendons hommage aujourd'hui [...] à un grand monsieur de la coiffure qui a sufaire rayonner dans le monde entier l'élégance parisienne »,a réagi Emmanuel Gasnot, président du directoire de Dessange International, mardi soir.

L’homme avait certes revendu ses parts à un fondsentre 2008 et 2010, et passé, dès 2004, la main à son cadet,Benjamin. Et dernièrement, il avait plutôt fait parler de lui lorsque père et fils s’étaient déchirés au grand jour, à coups d’accusations de diffamation et de démêlés judi-ciaires. Mais le nom de Jacques Dessange, « ambassa-deur du glamour à la française », restera lié à un « esprit pionnier » qui a donné « ses lettres de noblesse à toute une profession », a souligné le groupe. Né à Souesmes, en Sologne, un hiver de 1925, il avait, lui-même, un père coif-feur et une mère patronne de bistrot. C’est dans le salon paternel que le jeune Hubert, de son premier prénom, a débuté, faisant des shampoings, le soir, en sortant de l'école. Après la guerre et son certificat d'études, il monteà Paris pour « y coiffer les dames ». Ses premiers pas sont laborieux : il se fait renvoyer 12 fois en un an avant d’être embauché, en 1946, par un coiffeur à la mode, Louis Ger-vais. « Je savais très bien couper les cheveux mais pas coif-fer, avait confié, un jour, Jacques Dessange aux « Echos ». C’est mon incompétence qui m’a certainement valu un succès immédiat. »

Armé de culot, il improviseDes laquages épais ou crêpages en vogue, il n’a pas l’expé-rience. Qu’importe ! Armé de culot, il improvise des coif-fures courtes, légères et floues. Les clientes sont conqui-ses. On se l’arrache, on l’exige. Hubert, qui devient alors Jacques, coiffe les femmes du monde, les call-girls, les

anonymes. La mort brutale de Louis Gervais rebat les cartes. Jacques Dessange, doué pour les affaires, emprunte alors de l’argent pour ouvrir, dès 1954, son pro-pre salon, avenue Franklin-Roosevelt. Et tout s’accélère. Grâce à sa première épouse, Corinne de Boissière, agent de Brigitte Bardot, il coiffe des stars, jusqu’à devenir le coiffeur officiel du Festival de Cannes. En 1958, iI fonde unsalon en Tunisie, le premier à l’étranger, puis a l’idée de faire des shows. « Des coiffeurs du monde entier venaient etpayaient pour me regarder coiffer », racontait encore l’entrepreneur, que certains jugeaient autocentré. En 1975, un artisan du Havre, Michel Cauvin, lui propose delui « louer » son nom. Démarre alors la formidable aven-ture de la franchise qui a fait le succès du groupe. « Il a étésuivi et, au bout de quelques mois, une cinquantaine de salons s'appelaient Jacques Dessange. La redevance était modique, cela a marché très vite », disait Jacques Des-sange, qui, année après année, faisait de collaborateurs avides de voler de leurs propres ailes des associés en fran-chise plutôt que des concurrents. Dès lors, il a rangé ses ciseaux, devenant homme d'affaires, créant des écoles deformation, des procédures, des couleurs standardisées, lançant des enseignes dont Camille Albane et Frédéric Moréno… Il deviendra une légende, se dira plutôt « arti-san ». « J'ai conscience d'être arrivé au bon moment : Alexandre et Carita décédés, il n'y avait personne sur le marché pour Mme Tout-le-Monde », avait-il déclaré à « Libération » en 2009. Travailleur, impatient et simple, pourtant, l’entrepreneur, qui avouait ne s’être guère occupé de ses deux fils, s’était remarié. Dernièrement, cejoueur de poker, de Scrabble et de golf, qui croisait ValéryGiscard d’Estaing à la chasse et collectionnait les Rolls, seconsacrait à la peinture, reproduisant des toiles de Male-vitch mais aussi de Miró, de Fernand Léger… De son entreprise il avait lâché prise. n

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CRÉDIT COOPÉRATIFEmmanuel Gagnerotprend la direction du marché de l’économie sociale et solidaire.

Emmanuel Gagnerot, 42 ans,détient un master d’études euro-péennes, un master de sciencespolitiques et le certificat fran-çais de directeur de la collecte defonds et du mécénat. Il a dirigéFrance Active Ile-de-France de2012 à 2016 puis le Club RSE deSeine Saint-Denis. Un temps res-ponsable de la collecte de donspour le groupe hospitalier Dia-conesses Croix Saint-Simon, il arejoint en 2018 le Crédit Coopé-ratif pour se charger des mar-chés de l’insertion par l’activitééconomique, de l’entrepreneu-riat social, de la philanthropie etsuperviser le développementpartenarial et commercial dessecteurs de l’ESS.

ENTREPRISES

INTERFACESMaria Hartiest nommée présidente.

Maria Harti, 55 ans, diplômée del’Ensae PariTech, titulaire d’unDEA de l’université Paris-Dau-phine et d’un certificat de l’ESCPEurope en transformation digi-tale des entreprises, est ingé-nieure de formation. Au coursde sa carrière, elle a notammentcréé et dirigé IDTGV et Ouibus.Plus récemment, elle était direc-trice des nouvelles mobilitésrégionales SNCF.

DBV TECHNOLOGIESRamzi Benamardevient directeur financier, membre du comité exécutif.

Ramzi Benamar, 47 ans, est titu-laire d’un MBA et d’un BBA enmarketing et en finances deTemple University, ainsi qued’un master en administrationdes affaires (soins de santé etproduits pharmaceutiques) del’Université des sciences de Phi-ladelphie. Il a occupé divers pos-tes en finance, R&D, stratégie etopérations chez Merck, John-son & Johnson et Shire Plc. Ilétait dernièrement vice-prési-dent et directeur de la planifica-tion et de l’analyse financièreschez Spark Therapeutics.

VMWAREJean-Pierre Brulardsera vice-président exécutif des ventes mondiales de VMware à partir du 1er février.

Jean-Pierre Brulard, 60 ans,diplômé de l’ESC Normandie, aoccupé des postes de directionau sein d’entreprises telles Busi-ness Objects, SAP, IBM, SunMicrosystems et Unisys. Aprèsavoir dirigé six ans la zone sudEmea de VMware, il s’était vuconfier l’activité stratégique etopérationnelle de la régionEmea.

Etienne Goetz @etiennegoetz

Pendant la crise financière, le démo-crate Henry Waxman s’était illustré au Congrès américain en passant sur le gril la rémunération de Dick Fuld, l’ancien patron de Lehman Brothers. Retourné dans la société civile, le parlementaire, qui préside l’ONG Mighty Earth, a décidé de

tonne de produit d’ici à 2030. Jus-que-là il visait une réduction de 10 %d’ici à 2025. La société promet aussi de redoubler d’efforts pour aider les agriculteurs à maintenir des sols sains et à séquestrer davantage de carbone.

Simple verdissement de façade ?Le PDG Dave MacLennan semble prendre la mesure des risques com-merciaux pour son activité. « Sans des décisions courageuses et décisives par tout le secteur de la production alimentaire, le changement climati-que va déstabiliser les systèmes ali-mentaires », a-t-il prévenu lors de la présentation de ses résultats semes-triels en milieu de semaine.

L’effet de la peste porcine africaine« Comme dans tous les autres sec-teurs, nous parions sur l’innovation avec nos partenaires […] afin d’être sûrs de pouvoir nourrir une popula-tion mondiale en croissance dans les années à venir », a encore détaillé le dirigeant. Cargill est l’un des quatre géants mondiaux de l’agrobusiness et du trading agricole aux côtés d’ADM, Bunge et de Louis Dreyfus Company. A court terme, cepen-dant, ses profits sont loin d’être verts.

Pour le deuxième trimestre de son exercice décalé, Cargill a enregistré un résultat net ajusté en hausse de 19 % à 1,02 milliard de dollars. Le principal moteur de cette perfor-mance ? La division de protéines animales, les plus émettrices en gaz à effet de serre et consommatrices en eau. Le trader a non seulement bénéficié d’une solide demande en bœuf aux Etats-Unis, notamment pour l’exportation, mais aussi de la peste porcine africaine qui sévit en Chine. L’épidémie a provoqué une flambée de 17 % des cours de la viande à travers la planète, selon l’indice des prix alimentaires des Nation unies. La production austra-lienne de bœuf, traditionnellement exportée vers les Etats-Unis, a été réorientée vers l’Asie. Le négociant connaît les limites environnemen-tales de l’élevage de viande. Il a d’ailleurs investi 75 millions de dol-lars dans l’un des principaux four-nisseurs de Beyond Meat, un fabri-cant de viande végétale. Cela n’empêche pas Cargill de miser sur une hausse globale de la consom-mation de chair animale liée à la progression des revenus dans les pays émergents. Ce pari aussi perti-nent soit-il, sera difficile à verdir. n

s’attaquer à Cargill, le géant améri-cain du négoce et de la transforma-tion de matières premières agrico-les. Henry Waxman n’a pas hésité à qualifier ce mastodonte de « pire entreprise au monde ». Dans un rap-port publié cet été, l’association a

dressé la longue liste de ses excès : pollution des rivières, travail des enfants, déforestations massives, viande contaminée, manipulation des cours…

Cargill, qui est né dans le sillage dela guerre de Sécession en 1865, peine

à se défaire de cette réputation. Dansla lutte contre le dérèglement clima-tique, le négociant est bien décidé à verdir son image. En décembre der-nier, la firme a ainsi pris l’engage-ment de réduire de 30 % les émis-sions de gaz à effet de serre par

En décembre dernier, la firme a pris l’engagement de réduire de 30 % les émissions de gaz à effet de serre par tonne de produit d’ici à 2030. Photo Leo Correa/AP/Sipa

MATIÈRES PREMIÈRES

Le plus grand négociant en matières premières agricoles au monde appelle la filière à prendre des décisions courageuses pour préserver le climat et la production alimentaire.

Pourtant, le géant américain enregistre des profits exceptionnels grâce au négoce de viande.

Climat : Cargill, le négociant schizophrène

,Envoyez vos nominations à[email protected]

carnetf r

+Ils sont nésun 9 janvier

•Nicolas Aubagnac, décorateur, 49 ans. •Joan Baez, chanteuse, 79 ans. •Michel Barnier, ex-minis-tre, ex-commissaire euro-péen, négociateur en chef chargé du Brexit, 69 ans. •Pascal Bazin, ex-PDG d’Avis Europe, 63 ans. • Isabelle Bordry, ex-direc-trice générale de Yahoo ! Fran-ce, cofondatrice de Retency, tête de liste de Cédric Villani pour le 8e arrondissement de Paris, 50 ans. •Lara Fabian, chanteuse, 50 ans. •Eric Jacquet, président de Jacquet Métal Service, 61 ans. •Farah Khan, réalisatrice, 55 ans.•Claude Mandil, ancien di-recteur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 78 ans. •Rigoberta Menchù, activiste, prix Nobel de la paix, 61 ans.•Catherine « Kate » Elizabeth Middleton, du-chesse de Cambridge, 38 ans.•Christian Nibourel, ex-président d’Accenture France, 62 ans. •Jimmy Page, guitariste de rock, 76 ans. •Vincent Riou, navigateur, 48 ans. •François Roussely, ancien président d’EDF, 75 ans.

SERVICE ABONNEMENTS LES ECHOS 4, rue de Mouchy 60438 Noailles Cedex. Tél. : 01 70 37 61 36 du lundi au vendredi de 9h à 18h. IMPRESSION L’Imprimerie (Tremblay-en-France), Midi Libre (Montpellier). TIRAGE DU 08 JANVIER 2020 : 88.240 exemplaires. Origine du papier : Belgique. Taux de fibres recyclées : 100%. Ce journal est imprimésur du papier porteur de l’Ecolabel européen sous le numéro FI/37/002. Eutrophisation : P

tot0.013kg/tonne de papier Membre de membre ACPM OJD CPPAP : 0421 c 83015. Toute reproduction, même partielle, est interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur (loi du 11 mars 1957).

ÉDITRICE Marie Van de Voorde-LeclercqÉDITRICE ADJOINTE Clémence CalliesDIRECTEUR DES DÉVELOPPEMENTSÉDITORIAUX DU PÔLE LES ECHOS Henri GibierDIRECTEUR DES RÉDACTIONS Nicolas BarréDIRECTEURS DÉLÉGUÉS DE LA RÉDACTIONDominique Seux et François VidalRÉDACTEURS EN CHEFDavid Barroux (Entreprises)Julie Chauveau (Entreprises)

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Page 30: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

30 // FINANCE & MARCHES Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

CAC 40

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

ACCOR (AC) R A 40,15 40,4 + 0,12 - 3,23842284 40,4 + 4,23 42,24

FR0000120404 10/05/19 1,05 270.673.406 39,83 + 8,92 39,83 2,6AIR LIQUIDE (AI) R A 122,7 125 + 0,08 - 0,95

915731 125,25 + 2,12 127,3FR0000120073 20/05/19 2,65 473.069.734 122,1 + 28,99 122,1 2,12AIRBUS GROUP (AIR) R A 131,5 134,38 + 1,8 + 2,99 3,4

1281161 134,92 + 5,78 135,72 39,58NL0000235190 15/04/19 1,4 783.173.115 130,5 + 55,08 130,5 1,23ARCELORMITTAL (MT) R A 14,944 15,24 + 1,18 - 2,57

6134375 15,298 - 5,34 16,122LU1598757687 16/05/19 0,15 1.021.903.623 14,856 - 20,59 14,706ATOS SE (ATO) R A 76,34 77,02 + 0,03 + 3,63

399073 77,38 + 1,85 77,52FR0000051732 03/05/19 1,7 107.157.904 75,88 + 44,46 71,94 2,21AXA (CS) R A 25,14 25,28 - 0,04 + 0,68

5292085 25,375 + 1,73 25,585FR0000120628 02/05/19 1,34 2.417.597.067 25,1 + 31,52 24,905 5,3BNP PARIBAS (BNP) R A 52,27 52,78 + 0,23 - 0,09

2893097 53,02 + 3,61 54FR0000131104 29/05/19 3,02 1.249.798.561 52,01 + 29,09 51,64 5,72BOUYGUES (EN) R A 37,78 37,97 - 0,05 + 0,24

586454 38,1 + 1,66 38,79FR0000120503 30/04/19 1,7 379.500.981 37,62 + 25,31 37,34 4,48CAP-GEMINI (CAP) R A 109,3 109,05 - 0,27 + 0,14

506436 110,1 + 2,25 111,65FR0000125338 05/06/19 1,7 169.345.499 108,45 + 24,66 108,35 1,56CARREFOUR (CA) R A 15,15 15,17 + 0,13 + 1,47

2555966 15,33 + 0,73 15,41FR0000120172 20/06/19 0,46 707.265.504 15,01 - 3,38 14,685CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 12,865 13,005 + 0,46 + 0,62

3526669 13,01 + 3,42 13,22FR0000045072 24/05/19 0,69 2.884.688.712 12,775 + 32,56 12,74 5,31DANONE (BN) R A 73,8 72,56 - 2,03 - 1,81

2114259 73,84 - 2,58 75,16FR0000120644 07/05/19 1,94 686.120.806 72,34 + 18,33 72,34 2,67DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 147,75 150,5 + 1,21 + 2,7

344608 151,35 + 3,58 151,35FR0000130650 29/05/19 0,65 262.927.968 147,55 + 45,41 146,55ENGIE (ENGI) R A 14,85 14,87 - 0,13 + 3,26 1,21

5766836 14,895 + 1,85 15,03 12,33FR0010208488 21/05/19 0,75 2.435.285.011 14,74 + 12,99 14,44 5,04ESSILORLUXOTTICA (EI) R A 136,8 138,9 + 1,35 + 2,28

387652 138,9 + 0,11 139,15FR0000121667 26/04/18 1,53 437.533.516 136,5 + 24,91 134,25 1,47HERMES INTL (RMS) R A 675,6 684,2 + 0,89 + 2,7

34952 684,6 + 2,76 684,6FR0000052292 07/06/19 3,05 105.569.412 674,4 + 42,57 662,8 0,45KERING (KER) R A 585 597,3 + 0,17 + 2,07

201239 597,3 + 8,78 601,4FR0000121485 02/05/19 7 126.279.322 576,3 + 45,51 576,3 1,17L.V.M.H. (MC) R A 414,7 418,8 + 0,67 + 1,11

360741 418,8 + 4,35 421,55FR0000121014 06/12/19 2,2 505.431.285 413,55 + 61,98 408,6 0,53LEGRAND (LR) R A 72,22 72,84 - 0,16 + 0,28

596918 72,84 - 0,05 73,9FR0010307819 03/06/19 1,34 266.945.149 71,44 + 45,1 71,44 1,84L'ORÉAL (OR) R A 260,1 261,2 + 0,62 - 1,06

431996 261,2 + 1,75 266,7FR0000120321 26/06/19 3,85 558.071.846 257,8 + 31,49 257,8 1,47

MICHELIN (ML) R A 107,05 110,25 + 2,04 + 1,05422039 111 + 1,33 111

FR0000121261 21/05/19 3,7 178.601.169 107 + 25,37 105,95 3,36ORANGE (ORA) R A 13,17 13,11 - 0,68 - 0,08

7069418 13,205 - 3,53 13,305FR0000133308 02/12/19 0,3 2.660.056.599 13,105 - 4,86 13,105 2,29PERNOD-RICARD (RI) R A 159,75 159,45 - 0,69 + 0,03

285332 160,4 - 2,3 162,3FR0000120693 25/11/19 1,94 265.421.592 159,2 + 14,96 159 1,22PEUGEOT (UG) R A 21,05 20,94 - 1,13 - 1,69

2266811 21,19 - 2,65 22,01FR0000121501 02/05/19 0,78 904.828.213 20,78 + 6,65 20,53 3,73PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 42 42,19 - 0,17 + 4,53

521304 42,37 + 5,24 42,8FR0000130577 25/06/19 2,12 240.434.797 41,74 - 18,27 40,26 5,03RENAULT (RNO) R A 42,995 42,635 - 0,41 + 1,08

1388072 43,365 + 1,95 43,365FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 42,405 - 23,8 40,2 8,33SAFRAN (SAF) R A 135,9 137,5 - 0,15 - 0,11

762013 137,65 - 7,35 138,35FR0000073272 27/05/19 1,82 400.554.037 135,45 + 29,17 135,45 1,32SAINT-GOBAIN (SGO) R A 35,5 35,9 + 0,13 - 1,64

1736104 35,9 - 4,7 37,255FR0000125007 10/06/19 1,33 544.683.451 35,115 + 20,98 35,115 3,71SANOFI (SAN) R A 90,55 91,34 + 0,34 + 1,92

1709611 91,41 + 9,31 92FR0000120578 09/05/19 3,07 1.253.197.594 90,48 + 22,74 89,58 3,36SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 91,78 92,56 + 0,26 + 1,16

1124353 93,08 + 2,19 93,56FR0000121972 30/04/19 2,35 581.982.902 91,4 + 54,47 91,3 2,54SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 31,205 31,77 + 0,99 + 2,43

2938644 31,79 + 8,23 31,825FR0000130809 27/05/19 2,2 853.371.494 31,1 + 11,03 30,5 6,93SODEXO (SW) R A 105,1 107,25 + 2,48 + 1,51

454825 107,25 + 2,53 107,25FR0000121220 30/01/19 2,75 147.454.887 104,25 + 20,21 103,25 2,56STMICROELETRONICS (STM) R A 24,04 24,6 - 0,12 + 2,63 0,23

2563718 24,67 + 6,96 24,94 108,25NL0000226223 16/12/19 0,05 911.181.920 23,97 +116,36 23,41 0,24TECHNIPFMC (FTI) R A 19,005 18,495 - 2,68 - 2,19

1912566 19,02 + 8,44 19,475GB00BDSFG982 18/11/19 0,13 447.064.767 18,405 - 4,86 18,405THALES (HO) R A 94,86 96,18 + 1,46 + 3,96

406563 96,32 + 9,35 96,32FR0000121329 03/12/19 0,6 213.181.224 94,44 - 5,24 92,42 0,62TOTAL (FP) R A 50,75 50,24 + 0,26 + 2,11

4922510 50,75 + 4,76 50,93FR0000120271 06/01/20 0,66 2.601.881.075 50,01 + 6,44 49,41 1,31UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 138,6 135,7 - 2,65 - 3,52

726411 138,65 - 4,4 142,05FR0013326246 03/07/19 5,4 138.362.710 135,45 - 4,21 135,45VEOLIA ENV. (VIE) R A 23,67 23,58 - 0,51 - 0,55

1832155 23,71 + 2,7 24,07FR0000124141 14/05/19 0,92 567.266.539 23,23 + 31,26 23,23 3,9VINCI (DG) R A 97,54 99,92 + 1,92 + 0,93

1005643 100,1 + 1,71 100,1FR0000125486 05/11/19 0,79 605.237.689 97,54 + 36,61 97,36 0,79VIVENDI (VIV) R A 25,7 25,75 - 0,39 - 0,27

2210965 25,81 + 4,25 26,42FR0000127771 16/04/19 0,5 1.183.753.502 25,63 + 18,66 25,63 1,94

A.S.T. GROUPE (ASP) g C 3,89 3,905 + 0,64 + 8,776391 3,935 +24,36 4,05

FR0000076887 19/06/19 0,25 12.903.011 3,87 - 33,81 3,68 6,4AB SCIENCE (AB) g B 5,32 5,25 - 0,94 - 2,42

65243 5,37 + 2,94 5,48FR0010557264 43.493.433 5,12 + 31,91 5,12ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,68 6,7 + 0,3

42745 6,71 + 0,15 6,73FR0004040608 10/12/19 0,1 58.512.053 6,66 + 8,41 6,65 1,49ABIVAX (ABVX) g B 20,3 20,8 - 3,03 - 7,76

30069 21,3 +49,86 24,2FR0012333284 11.788.939 20,15 + 82,14 20,15ACTIA GROUP (ATI) g C 4,35 4,35 + 0,93

13269 4,375 +12,26 4,395FR0000076655 12/06/19 0,1 20.099.941 4,35 + 31,02 4,31 2,3ADOCIA (ADOC) g B 10,14 10,02 - 1,77 + 1,21

8297 10,14 +19,71 10,88FR0011184241 6.945.719 9,9 - 37,3 9,64AÉROPORTS DE PARIS (ADP) G A 171,8 173,6 + 0,87 - 1,42

56082 173,6 - 2,09 178,1FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 171,3 + 1,7 170,9 0,4AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 9,16 9,44 + 0,49 - 4,88

3595370 9,44 - 8,08 10,27FR0000031122 14/07/08 0,58 428.634.035 9,124 - 2,14 8,966AKKA TECHNOLOGIES (AKA) g B 64,5 64,6 - 1,37

34187 65,7 +11,57 66,5FR0004180537 28/06/19 0,49 20.291.990 63,8 + 38,63 62,8 1,08AKWEL (AKW) g B 19,42 19,5 + 0,41 - 3,47

5728 19,54 - 2,99 20,8FR0000053027 05/06/19 0,3 26.741.040 19,06 + 14,44 18,5 1,54ALBIOMA (ABIO) g B 26 26 + 0,97

20463 26 + 8,33 26,4FR0000060402 11/06/19 0,33 30.930.644 25,55 + 37,28 25,25 1,25ALD (ALD) G A 13,42 13,84 + 2,82

50907 13,84 + 2,06 14,12FR0013258662 29/05/19 0,58 404.103.640 13,32 + 25,82 13,26 4,19ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 30 30,45 + 1,5 + 2,01

8363 30,45 + 3,92 30,45FR0000053324 12/03/19 0,65 24.457.051 29,8 + 30,41 29,5ALSTOM (ALO) LR A 43,12 43,31 + 1,91 + 2,56

765403 43,56 + 6,89 43,56FR0010220475 15/07/19 5,5 224.469.442 43 + 26,93 41,85 12,7ALTAREA (ALTA) A 204 203,5 - 0,73 + 0,49

2282 204 + 4,68 205FR0000033219 29/05/19 12,75 16.700.762 202 + 19,42 201,5ALTEN (ATE) G A 112,6 113,8 + 0,98 + 1,16

31324 113,9 + 5,18 114,8FR0000071946 20/06/19 1 34.153.067 112,1 + 52,14 111,7 0,88AMPLITUDE SURG. (AMPLI) g 1,73 1,685 - 2,6 - 0,3

33907 1,73 + 8,01 1,8FR0012789667 47.804.841 1,6 - 41,08 1,6AMUNDI (AMUN) G A 69,25 69,5 - 0,07 - 0,57EX-DS 15/03/17 133295 69,55 + 0,22 71,45FR0004125920 24/05/19 2,9 202.163.305 68,6 + 43,33 68,6 4,17ARCHOS (JXR) g C 0,1 0,099 - 0,4 - 7,85

556679 0,1 +35,07 0,115FR0000182479 86.009.898 0,097 - 71,46 0,097ARKEMA (AKE) LR A 91,58 91,5 - 0,97 - 3,38

214580 92,26 - 4,03 95,66FR0010313833 27/05/19 2,5 76.624.220 90,88 + 13,21 88,7 2,73ARTMARKET.COM (PRC) g C 9,8 9,9 - 1 + 4,1

12116 9,99 +11,11 10,1FR0000074783 6.651.515 9,76 - 32,56 9,51ASSYSTEM (ASY) B 32,55 32,5 - 0,61 + 0,62OPA 24/11/17 6887 32,65 + 4,5 33,8FR0000074148 17/06/19 1 15.668.216 31,9 + 23,11 31,9 3,08ATARI (ATA) g C 0,345 0,356 + 3,13 + 8,01

981394 0,357 +17,57 0,36FR0010478248 256.109.260 0,343 - 4,04 0,32AUBAY (AUB) g C 33 33,7 + 2,12 + 0,75

9573 33,8 - 1,32 33,8FR0000063737 08/11/19 0,33 13.193.296 32,7 + 17,42 32,65 0,98AVENIR TELECOM (AVT) g C 0,014 0,014 + 1,43 + 16,39

12472636 0,015 +31,48 0,015FR0000066052 21/10/11 0,05 338.297.338 0,014 - 90,84 0,012AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 12,1 12,1 - 0,82 - 2,42

1824 12,1 + 2,98 12,5FR0011040500 02/07/19 0,4 21.210.546 11,8 - 3,66 11,8 3,31BAINS MER MONACO (BAIN) B 59,2 59,8 + 0,67 + 4,18

1876 59,8 + 9,52 60MC0000031187 26/09/14 0,01 24.516.661 59 + 25,63 58BÉNÉTEAU (BEN) g A 10,61 10,75 + 0,09 - 0,74

129187 10,78 + 2,58 10,9FR0000035164 13/02/19 0,26 82.789.840 10,38 - 12,74 10,32 2,42BIC (BB) G A 61,5 61,2 - 0,81 - 1,29

76709 61,8 - 2,16 62,9FR0000120966 03/06/19 3,45 45.532.240 60,8 - 31,58 60,8 5,64BIGBEN INT. (BIG) g C 15,26 15,34 - 0,13 - 4,36

17749 15,42 + 3,23 16,04FR0000074072 24/07/19 0,2 19.718.503 15,06 + 70,82 14,98 1,3BIOMÉRIEUX (BIM) G A 85,3 85,7 + 0,53 + 8

110824 86 + 4,32 86FR0013280286 04/06/19 0,35 118.361.220 84,25 + 49,04 79 0,41BIOM UP (BUP) g C /221019

FR0013284080 14.436.249 - 93,97BOIRON (BOI) g A 35,3 35,2 - 0,28 - 3,3

3712 35,75 + 6,02 37,15FR0000061129 30/05/19 1,45 17.565.560 34,9 - 31,91 34,9 4,12BOLLORÉ (BOL) G A 3,92 3,882 - 1,52 - 0,21

1023155 3,932 + 0,94 3,996FR0000039299 19/09/19 0,02 2.941.500.778 3,846 + 6,65 3,846 1,03BONDUELLE (BON) g B 23,45 23 - 1,5 - 1,29

20129 23,45 - 0,22 23,9FR0000063935 06/01/20 0,5 32.538.340 22,85 - 24,59 22,8 2,17BUREAU VERITAS (BVI) LR A 23,27 23,53 + 0,56 + 1,16

614496 23,6 - 0,76 23,75FR0006174348 20/05/19 0,56 452.092.988 23,22 + 31,49 23,16 2,38BURELLE SA (BUR) A 838 820 - 0,24 + 0,24

119 838 + 6,22 842FR0000061137 05/06/19 20 1.757.623 810 810 2,44CARMILA (CARM) g C 19,5 19,06 - 2,85 - 4,7

74728 19,5 + 4,5 20FR0010828137 21/05/19 1,5 136.561.695 18,96 + 18,39 18,96

CASINO (CO) G A 39,19 38,42 - 2,24 - 7,87380380 39,2 -11,06 42,85

FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 38,1 + 6,75 38,1 4,06CATANA GROUP (CATG) g C 4,08 4,3 + 5,01 - 0,69

311594 4,31 +35,22 4,49FR0010193052 30.514.178 4,055 + 65,38 3,89CGG (CGG) G A 3,01 3,028 + 2,75 + 4,59

9430124 3,121 +24,35 3,121FR0013181864 709.952.726 2,958 +133,28 2,891CHARGEURS (CRI) g C 16,94 16,8 - 1,06 - 2,78

12044 16,94 +10,53 17,38FR0000130692 18/09/19 0,2 23.848.641 16,72 - 5,62 16,32CHRISTIAN DIOR (CDI) A 457,2 463,2 + 0,43 + 1,4EX D OP 08/06/17 14214 463,2 + 3,35 466,6FR0000130403 06/12/19 31,4 180.507.516 456,6 + 34,22 454,2 6,78CNP ASSURANCES (CNP) G A 17,5 17,48 - 0,34 - 1,41

373114 17,53 - 2,51 18,17FR0000120222 26/04/19 0,89 686.618.477 17,35 - 7,71 17,35 5,09COFACE (COFA) G A 11,2 11,55 + 2,67 + 5,29

204898 11,55 + 9,58 11,55FR0010667147 22/05/19 0,79 152.031.949 11,1 + 46,2 10,63 6,84COLAS (RE) A 138,2 138 - 1,99

250 139,4 - 2,54 143FR0000121634 29/04/19 5,55 32.654.499 137,6 + 0,73 137,6 4,02COVIVIO (COV) G A 103,5 101,9 - 1,64 + 0,69

82305 103,6 + 0,79 103,7FR0000064578 13/05/19 4,6 87.219.906 101,8 + 18,76 101,4COVIVIO HOTELS (COVH) A 28,9 28,9 + 0,35 + 1,4

698 29 + 0,7 29,1FR0000060303 10/04/19 1,55 121.036.633 28,9 + 17,48 28,3DASSAULT AV. (AM) G A 1137 1129 - 0,35 - 3,5

5558 1147 - 2,08 1192FR0000121725 22/05/19 21,2 8.348.703 1123 - 7,08 1123 1,88DBV TECHNOLOGIES (DBV) G B 20,06 20,18 - 0,4 + 2,8

142850 20,78 +41,02 21,04FR0010417345 47.028.510 19,98 + 55,11 19,32DERICHEBOURG (DBG) g B 3,57 3,65 + 1,84

475069 3,664 + 4,89 3,716FR0000053381 12/02/19 0,14 159.397.489 3,55 - 10,89 3,532DEVOTEAM (DVT) g C 92,5 94 + 1,18 - 0,53

9291 94 + 4,1 96FR0000073793 03/07/19 1 8.332.407 92 + 8,8 91,7EDENRED (EDEN) LR A 46,4 46,62 + 1,44 + 1,13

499305 46,66 + 5,69 46,66FR0010908533 20/05/19 0,86 243.331.707 46,06 + 35,92 45,76 1,85EDF (EDF) LR A 9,892 9,914 + 0,22 - 0,14EX-DS 7/03/17 1366328 9,94 + 5,24 10,105FR0010242511 26/11/19 0,15 3.103.621.086 9,752 - 26,94 9,752 1,61EIFFAGE (FGR) LR A 101,8 103,8 + 1,57 + 1,76

333666 103,8 + 4,62 103,8FR0000130452 21/05/19 2,4 98.000.000 101 + 37,52 101 2,31EKINOPS (EKI) g 5,95 5,91 - 1,5 - 10,59

56514 6,05 +22,74 6,8FR0011466069 24.106.504 5,85 +111,83 5,68ELIOR (ELIOR) G A 12,7 12,98 + 3,84 - 0,92

362914 12,98 + 1,49 13,2FR0011950732 27/03/19 0,34 174.092.839 12,67 - 3,42 12,5 2,62ELIS (ELIS) G A 17,98 18,11 - 0,33 - 2,11

420852 18,19 - 1,47 18,82FR0012435121 27/05/19 0,37 221.297.797 17,54 + 17,9 17,54 2,04EOS IMAGING (EOSI) g C 2,645 2,825 + 5,21 + 27,54

527034 2,9 +38,14 2,9FR0011191766 26.569.946 2,555 - 4,24 2,215ERAMET (ERA) G A 43,27 43,41 - 0,46 - 5,3

72324 43,99 + 7,99 47,18FR0000131757 29/05/19 0,6 26.635.884 43,15 - 29,47 42,77 1,38ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 5,91 6,64 + 10,67 - 0,9

128138 6,64 +58,47 6,96FR0011471135 17.940.035 5,91 + 0,61 5,59ESI GROUP (ESI) g C 31,1 30,8 - 0,65 - 5,23

1939 31,1 + 6,94 32,8FR0004110310 6.017.892 30,5 + 9,22 30,2EURAZEO (RF) G A 60,4 59,9 - 0,66 - 1,8

67352 60,4 - 2,68 61,9FR0000121121 08/05/19 1,25 78.621.469 59,7 - 0,17 59,6 2,09EUROFINS SCIENTIFIC (ERF) G A 494 489,4 - 1,25 - 0,97

28928 496 - 0,33 507FR0000038259 03/07/19 2,45 17.844.871 481,8 + 39,35 481,8 0,59EUROPCAR GROUPE (EUCAR) G A 4,48 4,6 + 1,86 + 6,14

1220616 4,684 +13,3 4,688FR0012789949 21/05/19 0,26 163.884.278 4,374 - 43,42 4,338 3,48EUTELSAT COM. (ETL) G A 14,27 14,18 - 0,35 - 2,14

605982 14,29 - 4,09 14,705FR0010221234 21/11/19 1,27 232.774.635 14,085 - 20,91 14,085 8,96EXEL INDUSTRIES (EXE) B 43,4 42,8 - 1,38 - 8,15

154 43,4 + 2,15 46,6FR0004527638 13/02/19 1,14 6.787.900 42,8 - 36,12 42,8 2,66FAURECIA (EO) LR A 47,5 48,54 + 1,42 + 1,06

277728 48,92 + 1,65 49,36FR0000121147 31/05/19 1,25 138.035.801 47,44 + 38,77 45,78 2,58FDJ (FDJ) A 23,85 23,975 + 0,34 + 0,63

96167 24,045 + 8,12 24,2FR0013451333 191.000.000 23,795 + 22,95 23,46FFP (FFP) g A 102 101,4 - 0,39 - 2,5

4452 102 - 1,93 105,6FR0000064784 20/05/19 2,15 24.922.589 101,2 + 20,14 100,8 2,12FIGEAC AERO (FGA) g B 9,45 9,4 - 0,11 + 1,08

14209 9,45 -16,52 9,69FR0011665280 31.839.473 9,35 - 14,55 9,3FIN. ODET (ODET) A 796 794 - 1,73 + 1,53

62 800 + 0,51 810FR0000062234 04/06/19 1 6.585.990 792 - 0,75 788 0,13FNAC DARTY (FNAC) G A 50,6 50,75 - 3,88

43217 50,75 - 2,03 53,85FR0011476928 26.615.572 49,64 - 16,05 49,64FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 77,2 79,2 + 2,59 + 7,32

1967 81 +11,24 81FR0000033409 23/04/19 2,65 46.528.974 77 + 35,62 73,8GECI INTERNATIONAL (GECP) g C 0,033 0,034 - 0,89 + 2,44

706318 0,034 + 6,67 0,036FR0000079634 01/10/01 0,1 207.243.863 0,033 - 69,73 0,032GECINA (GFC) LR A 163,6 162,2 - 0,92 + 1,63

136043 163,6 + 3,71 164FR0010040865 01/07/19 2,75 76.265.492 160,1 + 37,46 154,5

GENFIT (GNFT) G B 17,87 17,68 - 1,78 + 0,17352959 17,91 +22,61 18,92

FR0004163111 38.858.617 17,56 - 5,2 17,56GENSIGHT (SIGHT) g C 3,22 3,21 - 2,13 + 29,18

1117918 3,335 +171,11 3,5FR0013183985 32.827.362 3,03 - 2,73 2,49GETLINK (GET) LR A 15,5 15,73 + 1,16 + 1,42

894348 15,76 + 3,15 15,76FR0010533075 23/05/19 0,36 550.000.000 15,43 + 32,63 15,33 2,29GL EVENTS (GLO) g B 23,95 23,8 - 0,63 - 1,04

6988 24 + 2,15 24,45FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 23,6 + 37,57 22,95 2,73GROUPE CRIT (CEN) g B 74 74,2 + 0,27 + 0,82

439 74,2 + 4,8 74,4FR0000036675 26/06/19 1 11.250.000 73,8 + 38,43 73,5 1,35GROUPE GORGÉ (GOE) g B 17,3 17,24 - 0,12 + 1,17

6243 17,4 + 8,98 17,66FR0000062671 04/07/19 0,32 13.502.843 17,18 + 82,63 16,2 1,86GTT (GTT) G A 88,2 88,9 + 0,85 + 4,1

46330 89,05 + 9,08 89,6FR0011726835 25/09/19 1,5 37.028.800 87,5 + 30,83 86 1,69GUERBET (GBT) g B 43,9 43,85 + 0,46 + 6,17

12212 44,1 -16,63 44,1FR0000032526 03/06/19 0,85 12.581.261 42,6 - 14,69 40,55 1,94HAULOTTE GROUP (PIG) g B 5,39 5,41 - 0,55 + 2,08

18406 5,45 +10,18 5,6FR0000066755 10/07/19 0,22 31.371.274 5,34 - 41,51 5,2 4,07HEXAOM (HEXA) g B 37 36,7 - 0,81 - 0,27

3081 37 +10,04 37,3FR0004159473 11/06/19 1,5 6.937.593 36 + 20,33 36 4,09HIGH CO (HCO) g C 6,18 6,28 + 1,29 + 3,29

14597 6,28 + 4,67 6,28FR0000054231 24/05/19 0,16 22.421.332 6,18 + 30,83 5,84 2,55ICADE (ICAD) G A 97,75 96,95 - 1,12 - 0,1

99200 97,8 + 3,69 98,2FR0000035081 02/07/19 2,3 74.535.741 96,2 + 41,02 95,85ID LOGISTIC (IDL) g B 183,2 180,4 - 1,96

1583 183,2 - 6,14 185,6FR0010929125 5.645.301 179,6 + 45,48 177,4IMERYS (NK) G A 37,1 37,36 + 0,32 - 0,85

84216 37,5 + 3,03 39,26FR0000120859 20/05/19 2,15 79.485.694 36,74 - 14,94 36,54 5,76INGENICO GROUP (ING) LR A 98,38 98,28 - 0,28 + 1,53

160027 98,5 + 2,35 99,06FR0000125346 17/06/19 1,1 63.713.047 97,7 + 90,83 95,8INNATE PHARMA (IPH) g B 6,77 6,885 + 1,7 + 15,52

443427 6,97 +21,43 7,48FR0010331421 78.560.464 6,67 - 12,35 6,4INTERPARFUMS (ITP) g A 36,8 37,35 + 0,95 + 0,95

17900 37,35 + 2,33 37,65FR0004024222 02/05/19 0,71 47.262.190 36,4 + 12,5 36,2 1,9IPSEN (IPN) G A 83,05 82,3 - 1,08 + 4,18

122075 83,25 - 2,08 83,35FR0010259150 31/05/19 1 83.814.526 81,3 - 28,31 76,65 1,22IPSOS (IPS) G A 29,35 29,4 - 0,51 + 1,55

34396 29,45 + 5,57 29,6FR0000073298 01/07/19 0,88 44.436.235 29 + 34,74 28,4 2,99JACQUET METAL SERVICE (JCQ) g B 15,34 15,66 + 1,69 + 1,56

12003 15,66 + 6,68 15,78FR0000033904 02/07/19 0,7 24.028.438 15,14 - 7,23 15,14 4,47JCDECAUX (DEC) G A 27,14 27,14 - 0,37 - 1,24

124110 27,22 + 3,75 27,74FR0000077919 21/05/19 0,58 212.813.204 26,94 + 6,18 26,94 2,14KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 37,84 38,82 + 3,52 + 4,92

31195 38,82 + 5,43 38,82FR0004007813 15/05/19 2,5 22.088.023 37,4 + 9,6 37,12 6,44KLEPIERRE (LI) LR A 34,19 33,1 - 3,44 - 2,22

1000797 34,19 + 0,21 34,66FR0000121964 08/07/19 1,05 302.664.095 33,1 + 17,92 33,1KORIAN (KORI) G A 42,3 42,14 + 0,1 + 0,52

69370 42,3 + 2,83 42,66FR0010386334 11/06/19 0,6 82.728.270 41,72 + 31,77 41,72 1,42LAGARDÈRE (MMB) G A 19,14 19,09 - 0,16 - 1,75

215995 19,19 - 3,59 19,76FR0000130213 14/05/19 1,3 131.133.286 18,79 - 13,58 18,79 6,81LDC (LOUP) A 108,5 107 - 1,84 + 2,39

1094 109 - 0,47 109FR0013204336 27/08/19 1,6 16.713.242 106,5 - 0,93 102 1,5LE BÉLIER (BELI) g C 35,75 36,85 + 3,22 + 1,24

11211 37,7 +24,49 37,7FR0000072399 21/05/19 1,18 6.582.120 35,75 + 18,3 35,35 3,2LNA SANTÉ (LNA) g B 50,2 49,25 - 1,7 - 0,61

11300 50,2 + 0,82 50,5FR0004170017 08/07/19 0,38 9.705.937 48,85 + 2,39 48,85LECTRA (LSS) g B 22,3 22,75 + 1,56 + 1,79

8501 23 + 1,56 23,1FR0000065484 03/05/19 0,4 31.885.155 22,25 + 21,27 22,2 1,76LINEDATA SVICES (LIN) g B 27,6 27,6 + 3,37

470 27,7 + 6,56 28,3FR0004156297 05/07/19 1,35 6.625.726 27,5 - 22,25 26,7 4,89LISI (FII) g A 29,7 29,5 - 0,34 - 1,83

28861 30,15 - 5,75 30,75FR0000050353 30/04/19 0,44 54.114.317 29,3 + 19,19 29,1 1,49LUMIBIRD (LBIRD) g C 14,4 14,28 - 1,25 - 6,05

14716 14,44 +11,74 15,2FR0000038242 18.429.867 14,24 + 22,26 14,24M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 16,7 16,72 - 0,77 - 0,36

69805 16,77 + 6,56 17,07FR0000053225 15/05/19 1 126.414.248 16,46 + 19,51 16,46 5,98MAISONS DU MONDE (MDM) G B 12,82 12,74 - 1,09 - 1,77

184940 12,96 + 0,47 13,38FR0013153541 02/07/19 0,47 45.241.894 12,61 - 33,12 12,53 3,69MANITOU (MTU) g B 22 22,1 + 0,91 + 3,03

15152 22,25 +13,57 22,3FR0000038606 17/06/19 0,78 39.668.399 21,75 - 3,7 21,3 3,53MARIE BRIZARD W & S (MBWS) g C 1,6 1,568 - 1,38 - 2,12

17137 1,6 -19,51 1,64FR0000060873 27/09/07 0,5 37.767.044 1,56 - 14,85 1,56MAUNA KEA (MKEA) g C 1,66 1,75 + 1,74 + 28,11

1099856 1,82 +85,77 1,93FR0010609263 30.558.480 1,622 - 25,53 1,324MEDIAWAN (MDW) g B 10,54 10,5 + 0,38 + 0,57

11556 10,54 +15,01 10,8FR0013247137 31.922.723 10,3 - 7,08 10,08MERCIALYS (MERY) G A 12,42 12,26 - 1,37 - 0,57

297614 12,43 + 2 12,64FR0010241638 21/10/19 0,47 92.049.169 12,08 - 4,07 12,08MERSEN (MRN) g B 34,9 35,15 + 0,57 + 2,93

26650 35,15 + 3,99 35,15FR0000039620 03/07/19 0,95 20.833.944 34,65 + 35,45 34 2,7METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,498 1,482 - 1,2 - 3,77

20102 1,516 + 6,16 1,56FR0004177046 23.261.500 1,48 - 10,18 1,47NANOBIOTIX (NANO) g B 9,19 8,925 - 1 + 7,79

260473 9,42 +18,6 9,42FR0011341205 13/05/19 22.200.039 8,88 - 30,16 8,21NATIXIS (KN) LR A 3,95 3,985 + 0,15 + 0,68

4863108 3,985 + 6,35 4,054FR0000120685 31/05/19 0,78 3.153.078.482 3,922 - 6,89 3,873 19,57NEOEN (NEOEN) g A 30,3 30 - 0,17 - 2,91

26379 30,3 +18,58 31,25FR0011675362 85.049.998 29,75 + 53,85 29,65NEXANS (NEX) G A 43,47 43,44 - 0,73 - 0,11

86232 43,56 +10,82 44,15FR0000044448 17/05/19 0,3 43.606.320 43,17 + 82,21 42,83 0,69NEXITY (NXI) G A 43,4 43,44 - 0,32 - 2,99

116499 43,44 - 4,44 45,26FR0010112524 27/05/19 2,5 56.129.724 42,98 + 9,26 42,98 5,76NICOX (COX) g B 4,47 4,455 - 0,67 + 2,3

42463 4,48 +14,97 4,745FR0013018124 33.230.570 4,4 - 33,26 4,4NRJ GROUP (NRG) B 6,76 6,78 + 0,3 + 1,19

8433 6,8 +12,62 6,88FR0000121691 03/06/19 0,17 78.107.621 6,74 - 11,95 6,7 2,51OENEO (SBT) g B 13,6 13,68 + 0,15 - 0,73

54711 13,7 +13,06 13,8FR0000052680 31/07/19 0,15 65.052.474 13,6 + 40,02 13,6 1,1ONXEO (ONXEO) g B 0,532 0,552 + 2,79 - 0,54

86965 0,552 + 4,94 0,559FR0010095596 58.517.851 0,532 - 45,4 0,528ORPÉA (ORP) G A 116,2 116,1 - 0,17 + 1,57

187772 116,6 + 2,2 117,6FR0000184798 12/07/19 1,2 64.615.837 115,2 + 27,36 114,3 1,03PHARMAGEST INT. (PHA) g 61,5 61,7 + 0,33 + 1,82

3973 61,8 + 4,4 61,8FR0012882389 01/07/19 0,85 15.174.125 61,2 + 17,97 60,3 1,38PIERRE & VACANCES (VAC) g B 19,82 19,72 - 0,61 - 2,38

3308 19,92 +14,92 20,2FR0000073041 19/03/12 0,7 9.805.232 19,72 + 20,69 19,64PIXIUM VISION (PIX) g C 0,822 0,816 - 0,85 + 5,02

63645 0,83 +53,1 0,899FR0011950641 24.179.021 0,796 - 54,36 0,75PLASTIC OMNIUM (POM) G A 25,9 25,76 - 0,19 + 3,45

170603 26,07 + 3,25 26,41FR0000124570 02/05/19 0,74 148.566.107 25,55 + 22,78 23,86 2,87PLASTIVALOIRE (PVL) g B 7,14 7 - 1,13 + 1,16DIV 8 02/05/17 17768 7,14 - 1,41 7,48FR0013252186 18/04/19 0,2 22.125.600 7 - 24,65 6,86 2,86PROLOGUE (PROL) g C 0,338 0,343 - 0,29 + 0,29

59151 0,345 - 5,77 0,35FR0010380626 46.584.034 0,335 - 19,1 0,32QUADIENT (QDT) G B 21,7 21,48 - 0,65 - 0,46

48052 21,7 + 7,51 22,44FR0000120560 02/08/19 0,53 34.562.912 21,3 - 16,61 21,1 2,47RALLYE (RAL) A 8,78 8,52 - 3,29 - 15,81

90192 8,85 +21,71 10,3FR0000060618 20/05/19 1 52.181.769 8,5 - 6,12 8,5 11,74RAMSAY GDS (GDS) A 17,1 17,2 + 0,59 + 2,38

440 17,2 + 2,99 17,2FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 16,6 - 18,87 16,5RECYLEX SA (RX) g C 3,445 3,43 + 1,03

37467 3,49 +12,83 3,66FR0000120388 04/07/90 0,61 25.886.482 3,405 - 51,31 3,405

RÉMY COINTREAU (RCO) G A 108,6 109,4 + 0,74 - 0,0955182 109,7 - 5,36 110,8

FR0000130395 12/09/19 2,65 50.149.787 107,9 + 9,78 107,9 3,34REXEL (RXL) G A 12,065 12,165 + 0,33 + 2,7

761894 12,21 + 3,97 12,235FR0010451203 03/07/19 0,44 304.102.013 11,91 + 28,76 11,65 3,62ROBERTET (RBT) g B 889 891 - 0,67 - 3,47

521 897 + 3,6 924FR0000039091 27/06/19 5,6 2.164.513 880 + 72,67 835 0,63ROTHSCHILD & CO (ROTH) G A 25,25 25,65 + 1,18 + 0,2

13575 25,75 + 1,79 25,85FR0000031684 20/05/19 0,79 77.617.512 25,25 - 13,34 24,45 3,08RUBIS (RUI) G A 54,15 54 - 0,64 - 1,37DIV 2 28/07/17 134054 54,3 + 5,06 55,55FR0013269123 17/06/19 1,59 100.083.076 53,4 + 9,36 53,35 2,94SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 148,6 149,9 + 0,47 + 1,49DIV 6 10/05/16 31870 149,9 + 2,46 150,4FR0013154002 29/03/19 0,57 92.180.190 147,6 + 70,73 145,1SAVENCIA (BH) B 63,8 64,2 + 0,31 + 4,56

1101 64,2 + 9,56 64,2FR0000120107 13/05/19 1 14.032.930 63,6 + 9,18 61 1,56SCOR (SCR) LR A 37,55 37,88 + 0,37 + 1,23

246402 37,92 - 0,21 38,03FR0010411983 30/04/19 1,75 187.000.516 37,38 - 2,55 37,03 4,62SEB (SK) G A 135,9 135,7 - 0,22 + 2,49

40049 136,3 - 0,66 137,2FR0000121709 27/05/19 2,14 50.307.064 134,8 + 19,14 128,9 1,58SES-IMAGOTAG (SESL) g B 30,05 29,8 - 0,67 - 5,99

2624 30,05 + 2,58 31,7FR0010282822 25/06/12 0,5 15.755.008 29,5 + 52,04 29,5SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 1,414 1,428 + 10,02

133529 1,458 - 9,16 1,484FR0013006558 50.744.030 1,378 - 47,11 1,286SOITEC (SOI) G A 98,05 97,2 - 1,42 + 3,74EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 70755 98,6 + 3,74 99,7FR0013227113 30.311.510 96,85 + 83,57 92,85SOLOCAL GPE (LOCAL) g B 0,546 0,545 - 0,09 - 1,36REGR. 1387959 0,546 - 1,36 0,583FR0012938884 585.126.276 0,531 + 3,22 0,531SOMFY (SO) A 88,5 90,8 + 3,07 + 3,77

9551 91,8 + 7,97 91,8FR0013199916 03/06/19 1,4 37.000.000 87,7 + 38,41 85,5 1,54SOPRA STERIA GP (SOP) G A 141,8 143,5 + 0,21

43261 143,5 + 5,51 148,6FR0000050809 02/07/19 1,85 20.547.701 140,8 + 70,63 140,8 1,29SMCP (SMCP) g A 9,45 9,5 - 0,21 + 0,53

293072 9,58 +18,45 10,08FR0013214145 74.114.230 9,12 - 35,61 9,12SPIE (SPIE) G A 17,57 17,78 - 2,09

181823 17,78 - 3 18,52FR0012757854 24/09/19 0,17 157.698.124 17,49 + 50,04 17,49 0,96SQLI (SQI) g 23,2 23,15 - 1,07 - 5,51

2588 23,2 +35,54 24,5FR0011289040 21/07/17 0,88 4.613.975 23 + 40,99 23STEF (STF) g B 81,5 80,7 + 0,12 + 0,37

2000 81,5 - 3,81 82FR0000064271 03/05/19 2,5 13.000.000 80,4 + 5,91 79,6 3,1STENTYS (STNT) C /220719

FR0010949404 26.824.657 + 3,95SUEZ (SEV) LR A 13,45 13,365 - 0,67 - 0,89

1188698 13,45 + 1,6 13,7FR0010613471 20/05/19 0,65 621.362.579 13,325 + 14,23 13,32 4,86SWORD GROUP (SWP) g B 32,65 33,85 + 3,52 - 0,73

7871 33,95 + 0,3 34,55FR0004180578 07/05/19 1,02 9.544.965 32,65 + 5,29 32,65 7,09SYNERGIE (SDG) g B 30,05 31,3 + 4,16 + 7,19

2950 31,3 + 7,01 31,3FR0000032658 19/06/19 0,8 24.362.000 29,85 + 18,79 28,7 2,56TARKETT (TKTT) G A 13,66 13,73 - 0,44 - 4,65

57433 13,77 + 4,73 14,67FR0004188670 12/06/19 0,6 65.550.281 13,51 - 27,39 13,51 4,37TECHNICOLOR (TCH) g A 0,683 0,694 + 1,54 + 1,31

1826673 0,698 - 2,26 0,73FR0010918292 21/06/17 0,06 414.461.178 0,671 - 25,03 0,659TELEPERFORMANCE (RCF) LR A 218,6 222,4 + 1,74 + 2,3

184437 224,2 + 4,02 224,2FR0000051807 13/05/19 1,9 58.719.000 218,2 + 53,59 214,6 0,85TF1 (TFI) G A 7,325 7,24 - 1,23 - 2,16

296161 7,355 - 8,41 7,72FR0000054900 29/04/19 0,4 210.242.074 7,235 + 2,48 7,235 5,53TFF GROUP (TFF) B 37,3 37,5 + 2,18

1462 37,5 + 0,27 38,2FR0013295789 06/11/19 0,35 21.680.000 37,1 + 4,17 36,7 0,93THERMADOR GROUPE (THEP) B 51,8 51 - 1,16 - 3,77

3947 52,2 - 4,14 53,2FR0013333432 23/04/19 1,75 9.109.752 51 + 8,97 51 3,43TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 21,2 21,1 - 0,94 - 4,09EX D S 03/07/17 17371 21,3 -10,59 22FR0013230612 24/05/19 0,25 136.673.408 20,7 + 7,11 20,7 1,19TRANSGÈNE (TNG) g B 1,638 1,612 - 1,71 + 4

33707 1,648 -14,62 1,728FR0005175080 83.265.464 1,608 - 44,98 1,538TRIGANO (TRI) G A 90,8 94,35 + 4,2 + 0,27

30315 94,7 - 0,05 97,45FR0005691656 11/01/19 2 19.336.269 90,25 + 27,07 89,2 2,12UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 61,3 63,9 + 4,69 + 3,77

637279 63,9 +10,17 63,9FR0000054470 120.653.058 61,2 - 15,16 60,96VALEO (FR) LR A 32,25 32,75 + 0,74 + 4,27

791107 32,84 - 7,09 32,87FR0013176526 30/05/19 1,25 241.036.743 32,05 + 24,76 30,69 3,82VALLOUREC (VK) G A 2,656 2,68 + 0,26 - 4,69

4416936 2,692 +12,98 2,867FR0000120354 04/06/15 0,81 457.987.760 2,632 + 46,45 2,632VALNEVA (VLA) g B 2,56 2,545 + 1,8 - 0,97

179795 2,57 + 3,46 2,63FR0004056851 90.920.173 2,495 - 26,23 2,485VERALLIA (VRLA) A 30,6 30,68 - 0,29 + 1,39

11595 30,77 + 2,82 31FR0013447729 118.393.942 30,51 + 13,63 30,2VERIMATRIX (VMX) g C 1,914 1,93 + 0,52 - 2,53

92621 1,93 - 2,23 2,09FR0010291245 84.911.882 1,9 + 27,68 1,87VICAT (VCT) G A 40,55 40,9 + 0,62 + 1,36

25761 40,9 + 4,34 41,2FR0000031775 25/04/19 1,5 44.900.000 40,15 - 5,37 39,6VILMORIN & CIE (RIN) g A 48 48 - 0,52

8680 48,15 - 4 49FR0000052516 11/12/19 1,35 22.917.292 47,65 - 6,05 47,65 2,81VIRBAC (VIRP) G A 229,5 218 - 7,43 - 7,82

36381 229,5 - 6,24 238FR0000031577 26/06/15 1,9 8.458.000 213 + 81,97 213WAVESTONE (WAVE) g B 25,95 25,8 - 1,15 - 0,77

2098 26 + 3,2 26,75FR0013357621 19/09/19 0,23 20.196.492 25,4 - 2,82 25,1 0,89WENDEL (MF) G A 117,6 118,5 + 0,51

43095 118,5 - 3,11 119,9FR0000121204 21/05/19 2,8 44.682.308 116,7 + 11,37 116,7 2,36WORLDLINE (WLN) G A 64,7 65,9 + 1,07 + 4,35

441051 66,25 +12,65 66,25FR0011981968 182.731.457 64,55 + 63,6 62,8XPO LOGISTICS (XPO) A 260 260

10 260 + 1,56 264FR0000052870 20/06/19 0,6 9.836.241 260 - 18,75 256 0,23

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROEURONEXT (ENX) G A 74,45 75,5 + 1,41 + 3,92

131850 75,5 + 8,79 75,5NL0006294274 22/05/19 1,31 70.000.000 74 + 48,92 72,7 2,04NOKIA (NOKIA) R A 3,572 3,629 + 1,21 + 9,74 0,3

726825 3,649 +13,96 3,649 12,26FI0009000681 29/07/19 0,02 5.640.536.159 3,53 - 31,01 3,331 1,38SES (SESG) LR 12,645 12,62 + 0,24 + 0,96

678111 12,645 + 6,01 12,805LU0088087324 23/04/19 0,68 370.693.490 12,495 - 27,89 12,37 6,34X-FAB SILICON (XFAB) g A 4,25 4,46 + 3,72 + 6,95

101352 4,475 + 7,47 4,475BE0974310428 130.781.669 4,25 - 0,89 4,13

VALEURS ZONE INTERNATIONALEGENERAL ELECTRIC (GNE) 10,75 10,708 - 1,15 + 8,73 1,29

6284 10,864 + 7,08 10,978US3696041033 USD 20/12/19 0,01 8.733.549.000 10,622 + 41,27 9,751HSBC (HSB) 6,9 6,855 - 0,2 - 2,28 52,19

10432 6,9 + 2,85 7,045GB0005405286 USD 10/10/19 0,1 20.313.240.317 6,805 - 5,29 6,805LAFARGEHOLCIM LTD (LHN) A 49 49,07 - 0,06 + 0,25 4

84718 49,39 + 3,83 49,74CH0012214059 CHF 20/05/19 2 615.929.059 48,77 + 30,92 48,44SCHLUMBERGER (SLB) A 36,4 36,7 + 2,23 + 2,23 3,45

13542 36,7 +13,62 36,9AN8068571086 USD 03/12/19 0,5 1.385.122.304 35,7 + 3,67 35,7

SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates. Mise en ligne intégrale des informations réglementées sur www.lesechos-comfi.fr

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

euronext SÉANCE DU 08 - 01 - 2020CAC 40 : 6031 (0,31 %) NEXT 20 : 12599,36 (0,57 %)

CAC LARGE 60 : 6658,41 (0,33 %)CAC ALL-TRADABLE : 4646,31 (0,30 %)DATE DE PROROGATION : 28 JANVIER

SRD VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPAOST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PERISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT

Page 31: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

Les Echos Jeudi 9 janvier 2020 FINANCE & MARCHES // 31

CHANGES : COURS AU COMPTANTVAR. VAR.

COURS VEILLE ANNÉE1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %

COURS DE CHANGES CROISÉSEUR USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD08-01-2020

COURS A TERME DE L’EURO CONTRE LES PRINCIPALES DEVISES

USD GBP CHF SEK DKK JPY (100) CAD08-01-2020

TAUX BONS DU TRÉSOR

MARCHÉ OBLIGATAIRE

EUROMTS INDICE VAR % 31/12 VAR %

INDICES DE RÉFÉRENCE DES EMPRUNTS À TAUX VARIABLESMOY. TMM EURIBOR TME TMOR.MENS. 1 MOIS 3 MOIS PUB. PRIV.

SOURCE CDC IXIS

MOY. EONIA EURIBOR TEC THE THOR.HEBDO 1 MOIS 3 MOIS 10 PUB. PRIV.

TAUX MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISESMARCHÉS MONÉTAIRES

JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN

PAYS TAUX DE RÉFÉRENCE TAUX EN %

PRINCIPAUX TAUX DIRECTEURS

08-01-202008-01-2020

ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS08-01-2020

ALLEMAGNE 100,30 -0,61 -0,57 -0,46 -0,32PORTUGAL -0,30 0,45 0,39 0,53 0,64FRANCE -0,03 -0,02 0,10 0,20 0,26ESPAGNE -0,10 0,23 0,47 0,58 0,72ITALIE -0,17 0,51 0,57 1,39 1,70

DOLLAR US 1,1116 -0,29 -0,93LIVRE STERLING 0,8481 -0,23 0,18FRANC SUISSE 1,0812 -0,12 -0,40COURONNE DANOISE 7,4728 -0,01 0,00COURONNE NORV. 9,8591 -0,19 -0,19KUNA CROATE 7,4494 -0,01 0,05COURONNE SUEDOISE 10,5083 -0,36 0,12DOLLAR CANADIEN 1,4481 -0,13 -0,61YEN JAPONAIS 121,2295 0,24 -0,60DOLLAR AUSTRALIEN 1,6181 -0,32 1,18ROUBLE RUSSE 68,3158 -1,12 -1,65ROUPIE INDIENNE 79,508 -0,85 -0,63DOLLAR NEO-ZELANDAIS 1,6739 -0,29 0,32COURONNE TCHEQUE 25,2365 -0,01 -0,68FORINT HONGROIS 331,015 -0,24 -0,03ZLOTY POLONAIS 4,2401 -0,13 -0,66LEV BULGARE 1,9569 -0,05 0,03DOLLAR HONG-KONG 8,6436 -0,34 -1,06WON SUD COREEN 1292,5692 -0,74 -0,25PESO MEXICAIN 20,869 -0,95 -1,76REAL 4,4996 -0,81 -0,17DOLLAR SINGAPOUR 1,5012 -0,33 -0,54RAND SUD-AFRICAIN 15,7445 -1,26 0,22LIVRE TURQUE 6,5781 -1,23 -1,45RENMIBI YUAN 7,7207 -0,29 -1,12RUPIAH 15444,1545 -0,18 -0,86PESO PHILIPPIN 56,2038 -1,01 -1,06RINGGIT MALAIS 4,5603 -0,15 -0,70BATH THALANDAIS 33,7559 -0,09 1,27

EUR 1 0,8996 1,1791 0,9249 0,0952 0,1338 0,8249 0,6906USD 1,1116 1 1,3106 1,0281 0,1058 0,1488 0,917 0,7677GBP 0,8481 0,763 1 0,7846 0,0807 0,1135 0,6997 0,5857CHF 1,0812 0,9726 1,2746 1 0,1029 0,1447 0,8919 0,7465SEK 10,5083 9,4515 12,3871 9,7188 1 1,4063 0,0867 7,255DKK 7,4728 6,7223 8,8101 6,9123 0,7111 1 6,1648 5,16JPY 1,2123 1,0905 142,9104 112,115 11,537 0,1622 1 0,837CAD 1,4481 1,3026 1,7074 1,3396 0,1378 19,3798 1,1948 1

BCE TAUX PRET MARGINAL 0.25 %Taux repo (refi) 0.00 %Taux depoT -0.50 %

ROYAUME UNI TAUX JOUR LE JOUR 0.50 %Taux de base 0.75 %

USA TAUX JOUR LE JOUR 1.48 %fonds federaux 1.75 %2 ans 1.58 %10 ans 1.78 %

JAPON BOJ TOKYO -0.10 %Taux jour le jour -0.25 %Taux repo (refi) -0.10 %10 ans -0.02 %

FRANCE 258,37 -0.19 256,93 0.74

1-3 ANS 171,46 -0.25 171,44 1.11

5-7 ANS 247,12 -0.08 246,41 0.37

10-15 ANS 320,72 -0.16 319,09 0.69

PLUS 15 ANS 399,53 -0.38 395,77 1.34

PLUS 25 ANS 427,45 -0.48 422,19 1.74

EMTXI-BE 251,04 -0.11 250,19 0.45

ZONE EURO -0,45/-0,75-0,35/-0,65 -0,24/-0,54 -0,24/-0,54 -0,22/-0,52

COMPTANTACHAT 1,1116 0,8481 1,0810 10,5053 7,4712 121,2260 1,4480VENTE 1,1117 0,8481 1,0813 10,5112 7,4744 121,2330 1,4481

A 1 MOISACHAT -0,0090 -0,0034 -0,0036 -0,0239 0,0003 0,0980 -0,0059VENTE -0,0093 -0,0036 -0,0039 -0,0210 0,0027 0,0617 -0,0063

A 3 MOISACHAT -0,0133 -0,0030 -0,0031 -0,0338 0,0032 0,0588 -0,0110VENTE -0,0133 -0,0054 -0,0034 -0,0311 0,0054 0,0192 -0,0115

A 6 MOISACHAT -0,0193 -0,0078 -0,0021 -0,0492 0,0082 0,0003 -0,0192VENTE -0,0198 -0,0082 -0,0026 -0,0469 0,0094 -0,0573 -0,0196

A 12 MOISACHAT -0,0319 -0,0131 -0,0003 -0,0819 0,0178 -0,0996 -0,0357VENTE -0,0322 -0,0138 -0,0012 -0,0817 0,0173 -0,1540 -0,0364

SEPT. 17 -0,3573 -0,372 -0,329 0,77 0,97 0,97OCT. 17 -0,3589 -0,372 -0,33 0,77 0,97 0,97NOV. 17 -0,3513 -0,372 -0,329 0,65 0,85 0,85DÉC. 17 -0,3411 -0,369 -0,328 0,62 0,82 0,82JANV. 18 -0,3614 -0,369 -0,328 0,82 1,02 1,02FÉV. 18 -0,3649 -0,37 -0,329 0,97 0 1,17MARS 18 -0,3628 -0,371 -0,328 0,85 0 1,05AVR. 18 -0,3648 -0,372 -0,329 0,80 0 1,00MAI 18 -0,3628 -0,371 -0,326 0,83 0 1,03JUIN 18 -0,3614 -0,37 -0,322 0,83 0 1,03JUIL. 18 -0,3636 -0,37 -0,321 0,68 0 0,88AOÛT 18 -0,359 -0,369 -0,319 0,73 0 0,93SEPT. 18 -0,3609 -0,371 -0,319 0,79 0 0,99OCT. 18 -0,3662 -0,37 -0,318 0,86 0 1,06NOV. 18 -0,3614 -0,369 -0,316 0,81 0 1,01DÉC. 18 -0,3608 -0,367 -0,312 0,74 0 0,94FÉV. 19 -0,3668 -0,366 -0,308 0,58 0 0,78MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,44 0 0,64MARS 19 -0,3671 -0,367 -0,309 0,35 0 0,55MAI 19 -0,3657 -0,369 -0,311 0,34 0 0,54JUIN 19 -0,3548 -0,369 -0,311 0,14 0 0,34JUIL. 19 -0,3669 -0,395 -0,365 -0,01 0 0,19AOÛT 19 -0,3608 -0,41 -0,408 -0,27 0 -0,07SEPT. 19 -0,4036 -0,448 -0,416 -0,21 0 -0,01OCT. 19 -0,4643 -0,448 -0,416 -0,10 0 0,10NOV. 19 -0,4525 -0,457 -0,413 0,02 0 0,22DÉC. 19 -0,4565 -0,453 -0,395 0,08 0 0,28

29-11 -0,448 -0,439 -0,397 -0,06 -0,01 0,19 0,1902-12 -0,446 -0,437 -0,401 0,02 -0,01 0,19 0,1903-12 -0,447 -0,439 -0,4 0,02 -0,01 0,19 0,1904-12 -0,456 -0,448 -0,397 -0,02 -0,01 0,19 0,1905-12 -0,454 -0,45 -0,393 0,01 -0,01 0,19 0,1906-12 -0,455 -0,453 -0,395 0,02 0,06 0,26 0,2609-12 -0,455 -0,456 -0,393 0,01 0,06 0,26 0,2610-12 -0,456 -0,451 -0,392 0,03 0,06 0,26 0,2611-12 -0,456 -0,448 -0,393 -0,01 0,06 0,26 0,2612-12 -0,459 -0,456 -0,393 -0,01 0,06 0,26 0,2613-12 -0,459 -0,464 -0,395 0,05 0,04 0,24 0,2416-12 -0,459 -0,467 -0,4 -0,01 0,04 0,24 0,2417-12 -0,458 -0,466 -0,396 0,01 0,04 0,24 0,2418-12 -0,458 -0,465 -0,4 0,01 0,04 0,24 0,2419-12 -0,451 -0,461 -0,403 0,08 0,04 0,24 0,2420-12 -0,455 -0,453 -0,398 0,08 0,13 0,33 0,3323-12 -0,455 -0,449 -0,388 0,04 0,13 0,33 0,3324-12 -0,455 -0,451 -0,399 0,04 0,13 0,33 0,3326-12 -0,46 -0,452 -0,398 0,04 0,13 0,33 0,3327-12 -0,46 -0,452 -0,398 0,05 0,10 0,30 0,3030-12 -0,464 -0,444 -0,39 0,09 0,10 0,30 0,3031-12 -0,457 -0,447 -0,388 0,09 0,10 0,30 0,3002-01 -0,456 -0,438 -0,383 0,13 0,10 0,30 0,3003-01 -0,446 -0,436 -0,379 0,03 0,18 0,38 0,3806-01 -0,454 -0,443 -0,384 0,02 0,18 0,38 0,3807-01 -0,452 -0,45 -0,385 0,03 0,18 0,38 0,3808-01 -0,454 -0,452 -0,387 0,02 0,18 0,38 0,38

euronext//taux&changes

TAUX ET CHANGES

FR0013341781 2CRSIg C 4,8 4,9 4,78 4,86 + 1,25 9557

FR0013185857 ABEOg C 17,5 17,8 17,4 17,55 + 0,29 1308

FR0012616852 ABIONYX PHARMAg B 0,429 0,448 0,419 0,427+ 10,48 1369202

FR0000064602 ACANTHE DEV. C 0,471 0,474 0,471 0,471 - 0,84 7917

FR0000076861 ACTEOSg C 1,64 1,64 1,525 1,535 + 0,99 25624

BE0974269012 AD CAPITAL 0,125 0,125 0,125 0,125 - 15,54 3286

FR0000062978 ADL PARTNERg C 14 14,2 14 14 - 1,41 1102

FR0012821890 ADUX (EX:HI MEDIA)g C 1,345 1,39 1,335 1,345+ 1,89 18634

FR0004152874 ADVENISg C 1,29 1,32 1,29 1,32 713

FR0013296746 ADVICENNEg C 10 10 9,92 10 810

FR0000053043 ADVINI C 26 26 25,8 26 46

FR0000044612 AFONE PART.g C 13 13 13 13 31162

FR0013421286 ALPHA MOS C 1,17 1,2 1,03 1,2 1581

FR0000053837 ALTAMIR B 16,652 16,75 16,652 16,75 + 0,6 458

FR0000039216 ALTAREIT B 530

FR0000034639 ALTRAN TECHNOLOGIESG A 14,1 14,18 14,1 14,145+ 0,28 715658

FR0011051598 AMOEBAg C 0,519 0,52 0,497 0,515 - 0,77 136972

FR0013258589 ANTALISg B 0,786 0,786 0,772 0,784 7231

FR0004037125 APRIL GROUP B 22,1 22,6 22,1 22,2 - 1,77 539

FR0010481960 ARGAN B 80 80 79 80 1311

FR0012185536 ARTEA C 11,4 11,4 11,3 11,3 + 3,67 37

FR0000076952 ARTOIS A4380 4380 4380 4380 - 1,35 2

FR0011992700 ATEMEg C 11 11,14 10,92 11,1 + 0,91 8253

FR0000061780 AUGROS CP C 6,7

FR0000039232 AUREA g C 6,76 7 6,58 6,74 - 1,17 2977

FR0013183589 AURES TECH.g C 24,8 24,8 24,4 24,4 - 1,01 1065

FR0011800218 AWOXg C 0,95 0,968 0,91 0,954+ 0,42 39909

FR0000064123 BACCARAT B 208

FR0013258399 BALYOg C 2,195 2,21 1,976 2,2 - 2,66 1010851

FR0000062788 BARBARA BUI C 7,05

FR0000035370 BASTIDEg C 38 38,1 37,65 38 13128

FR0000121857 BEL A 308

FR0000062150 BLEECKER C 149

FR0011592104 BLUE SOLUTIONS B 17 17 16,9 16,9 920

FR0011814938 BOOSTHEAT C 19,05 19,4 18,9 18,9 - 1,31 3893

FR0004548873 BOURBONg A 3,675

FR0000074254 BOURSE DIRECT C 1,13 1,15 1,13 1,15 630

FR0000078958 BUSINESS ET DEC.g C 7,7 - 1,27

FR0010151589 CAFOM C 5,25 5,25 5,25 5,25 + 0,96 1

FR0012969095 CAPELLIg 31,2 31,3 31 31 - 0,96 439

FR0000064156 CARP.DE PARTIC. C 33,4

FR0000072894 CASTg C 3,16 3,16 3,16 3,16 74

FR0000064446 CATERING INTER.g B 13,5 13,5 13,3 13,3 - 1,48 4020

FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,82 3,84 3,79 3,84 + 0,79 32195

FR0000053506 CEGEDIM B 29,5 29,5 29,05 29,5 1041

FR0010309096 CEGEREAL B 42,8 43,2 42,8 43,2 + 0,94 121

FR0012633360 CELLNOVO C 0,128

FR0000037475 CFI C 0,5 0,5 0,5 0,5 1

FR0000060907 CHAUSSERIA SA C 4,1

FR0000054322 CIBOX INTER.g C 0,142 0,145 0,142 0,144 49908

FR0000079659 CIE DU CAMBODGE A 6200

FR0013426004 CLARANOVAg B 7,82 7,95 7,66 7,92 + 0,51 143346

FR0000060824 CLAYEUX C 0,336 0,336 0,336 0,336 - 1,18 10

FR0000053399 CNIM GROUP B 18,15 19,4 18,15 18,3 + 1,39 3864

FR0013335742 COGELECg C 6,3 6,4 6,28 6,4 + 1,91 3131

FR0004031763 COHERISg C 2,03 2,03 1,995 2 - 1,48 1584

FR0000065393 COURTOIS C 128 129 128 129 + 0,78 434

FR0000044323 CR ALPES PROV. C 125,02 125,02 125,02 125,02 - 0,57 40

FR0000185506 CR ATL. VENDÉE C 157,98 158 156,06 158 + 0,01 173

FR0010483768 CR BRIE PICARD. B 30,55 30,8 30,5 30,8 + 0,82 2451

FR0000045213 CR ILLE VILAINE C 116,3 117 116,24 116,26 - 0,03 370

FR0010461053 CR LANGUEDOC C 86,79 86,79 83,7 83,7 - 3,79 900

FR0000045239 CR LOIRE HTE-LOIRE C 101,7 101,7 101,5 101,5 - 0,2 221

FR0000045551 CR MORBIHAN C 101,24 102,62 101,24 102,62 - 1,33 484

FR0000185514 CR NORD FRANCE B 28,46 28,7 28,455 28,6 - 0,69 1113

FR0000044364 CR NORM. SEINE C 157,08 157,08 156,5 157 - 0,05 348

FR0000045528 CR PARIS IDF B 98,5 98,86 98,41 98,41 - 0,08 407

FR0000045346 CR RHÔNE-ALPES C 229,95 229,95 228,7 228,7 + 0,31 35

FR0000045544 CR TOULOUSE C 134,26 134,5 133,7 133,7 - 0,42 112

FR0000045304 CR TOUR. POITOU C 128 128 128 128 31

FR0000050395 CROSSWOOD C 4,8

FR0007317813 CS GROUPg C 4,5 4,5 4,36 4,45 - 1,11 4852

FR0011026749 DALETg C 12,35 12,45 12,35 12,45 + 0,81 345

FR0013283108 DELTA PLUS GROUPg B 48,3 48,4 47,6 48 + 0,84 2634

FR0000035784 DIGIGRAM C 0,61

FR0012202497 DMSg C 1,21 1,23 1,205 1,205- 0,41 7965

FR0000065260 DOCKS PÉTROLES A C 452 456 452 456 + 0,89 154

FR0010099515 ECA B 31,2 31,8 31,2 31,6 1268

FR0000072373 EGIDEg C 0,85 0,86 0,85 0,86 - 2,05 2557

FR0000031023 ELECT. STRASBOURG B 117,5 117,5 116,5 116,5 - 0,43 96

FR0012650166 ENGIE EPSg C 8,76 8,76 8,2 8,7 + 1,75 8774

FR0000120669 ESSOg B 21,8 22,2 21,8 22 + 0,46 1034

FR0000061475 EURASIA FONC INV C 0,238 0,238 0,238 0,238 + 0,85 67

FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 4,6 4,6 4,6 4,6 - 0,43 151

FR0010490920 EUROPACORPg C 0,95 0,99 0,885 0,95 + 8,2 362259

FR0000054678 EURO RESSOURCES C 3 3,06 2,98 3,03 - 0,98 6196

FR0000064164 EXACOMPTA CLAIREF. C 115 115 115 115 + 0,88 147

FR0000037343 EXPL. PROD. CHIM. C 835 835 835 835 + 20,49 5

FR0000039026 EXPL. PROD. CHIM. C 765

FR0000062341 F.I.E.B.M. C 5,3

FR0000062507 F.I.E.B.M. C 104

FR0000038184 F.I.P.P. C 0,282 0,29 0,282 0,29 - 1,36 2200

FR0000063034 FAUVET-GIREL C 31,4

FR0011271600 FERMENTALGg C 1,698 1,724 1,656 1,69 - 0,47 66340

FR0000062101 FERMIÈRE CANNES B 1690

FR0000061418 FIDUCIAL OFFICE C 28,2 28,2 28,2 28,2 1

FR0000060535 FIDUCIAL RE B 196 196 196 196 1

FR0000076986 FIN. MONCEY A 5000

FR0000035123 FINATIS B 29,4

FR0000074759 FLEURY MICHON B 32 32,1 31,8 31,8 - 0,94 182

FR0000065930 FONCIÈRE 7 INV. C 1,01 1,01 1,01 1,01 + 9,78 10

FR0000064362 FONCIÈRE ATLAND C 174 174 171 174 + 0,58 18

FR0000038499 FONCIÈRE EURIS B 16,8 16,8 16,8 16,8 + 0,6 28

FR0010341032 FONCIÈRE INEA B 40,8 41,4 40,6 40,6 - 0,49 915

FR0011277391 FONCIÈRE PARIS NORDg C 0,03 0,03 0,029 0,029 - 2,67 3512

FR0000053944 FONCIÈRE VOLTA C 7,2

FR0013030152 FRANÇAISE ENERGIEg C 17,7 17,7 17,45 17,45 - 1,41 4104

FR0010588079 FREY B 34,2 34,2 34,2 34,2 + 0,29 61

FR0000031973 FSDV C 30

FR0000030611 GALIMMO C 18,2 18,2 18,2 18,2 1

FR0000034894 GAUMONT B 134 134 131 133 - 1,48 188

FR0000053035 GEAg C 104 104 104 104 + 0,97 1

FR0010501692 GENERIXg C 6,8 6,84 6,74 6,74 - 0,88 5560

FR0013399474 GENKYOTEXg C 2,045 2,065 1,986 2,065+ 0,73 14521

FR0011799907 GENOMIC VISIONg C 0,334 0,334 0,32 0,323 - 2,12 638100

FR0000061459 GÉRARD PERRIER B 64 65 64 64,6 + 0,94 346

FR0000065971 GRAINES VOLTZ C 68,5 68,5 68,5 68,5 77

FR0004076891 GROUPE FLOg B 0,207 0,207 0,207 0,207 - 2,82 637

FR0000124232 GROUPE IRD C 26,765 26,775 26,755 26,755 - 0,04 117

FR0004010338 GROUPE JAJ C 1 1 1 1 - 25,37 252

FR0004050300 GROUPE OPENg C 11,08 11,08 10,8 10,82 - 2,35 7265

FR0012612646 GROUPE PARTOUCHE 28,3 28,3 27,6 28 - 1,06 802

FR0010214064 GROUPE PIZZORNO C 13,15 13,15 13,15 13,15 161

FR0004155000 GROUPE SFPIg C 1,745 1,79 1,72 1,74 19412

FR0000066722 GUILLEMOT CORP.g C 2,56 2,57 2,49 2,52 12307

FR0000038531 HF COMPANY C 4,96 4,96 4,89 4,89 - 1,21 1660

FR0012821916 HIPAY GROUPg C 5,32 5,34 5,28 5,3 + 3,52 1835

FR0000065278 HOPSCOTCH GROUPEg C 8,8 8,82 8,8 8,82 + 0,46 790

FR0000051393 IDI B 44,5 45,1 44,5 45 + 0,9 1315

FR0000030827 IGE + XAOg C 165 165 164 164 28

FR0004035913 ILIADG A 117,1 117,95 116,85 117,7 + 0,43 335092

FR0000033243 IMMO. DASSAULTg B 69,5 69,5 68,5 69 - 1,43 175

FR0000066219 IND. FIN. ENT. C 50

FR0000071797 INFOTELg C 38,6 38,9 38,4 38,9 + 0,26 2235

FR0000064297 INNELEC MULT.g C 4,96 5,1 4,96 5,1 + 2,82 2219

FR0000060451 INSTALLUX SA C354 354 354 354 - 1,67 4

FR0000064958 INTEXA C 2,5

FR0013233012 INVENTIVAg B 4,3 4,5 4,1 4,25 - 4,06 73263

FR0000072597 IT LINKg C 15,8 15,8 15,5 15,55 - 1,89 1071

FR0004026151 ITESOFTg C 2,92 2,92 2,92 2,92 1

FR0000073843 ITS GROUPg C 6,62 6,62 6,62 6,62 192343

FR0012872141 JACQUES BOGART g C 10,7 10,95 10,5 10,55 + 0,48 5094

FR0004029411 KEYRUSg C 2,91 2,91 2,91 2,91 1136

FR0000039638 LA FONCIÈREVERTE C 84

FR0000066607 LACROIX SAg C 27,4 27,7 27,4 27,7 + 1,1 623

FR0000035263 LAFUMA C 18,5 18,5 18,5 18,5 + 4,52 150

FR0000032278 LATECOEREg C 3,72 3,825 3,72 3,825 + 2,82 56231

FR0006864484 LAURENT-PERRIER B 88 88,4 87,8 87,8 - 0,23 971

FR0000121295 LEBON C 121 121,5 120,5 121,5 + 0,41 305

FR0004165801 LES HÔTELS DE PARIS C 4,24

FR0004023208 LES NX CONSTR. B 46 47,7 46 46,7 - 2,3 3418

FR0013233475 LYSOGENE g C 1,995 2,04 1,95 2,01 - 0,5 32776

FR0000030074 MALTERIES FR-B C 630

FR0000032302 MANUTAN INTER. B 63,4 64,8 63,4 64 - 1,24 193

FR0000051070 MAUREL & PROMg A 2,91 2,93 2,89 2,925 + 1,21 267409

FR0011742329 MCPHY ENERGYg 3,64 3,7 3,57 3,61 - 0,82 53831

FR0000052623 DEDALUSg C 0,409 0,409 0,409 0,409+ 0,25 220

FR0000064404 MÉDIA 6g C 10,8 10,8 10,8 10,8 2124

FR0004065605 MEDINCELL C 6,6 6,68 6,6 6,68 - 0,89 9274

FR0010298620 MEMSCAPg C 1,755 1,755 1,75 1,75 - 0,29 490

FR0000077570 MICROPOLEg C 1,285 1,285 1,23 1,25 - 2,34 67794

FR0004034320 MR BRICOLAGE SA B 3,27 3,3 3,14 3,3 + 0,92 5117

FR0000060196 MRM C 1,46 1,46 1,46 1,46 - 2,67 22001

FR0000037970 MUSÉE GRÉVIN C 67 67 67 67 21

FR0013018041 NAVYAg B 0,95 0,96 0,91 0,95 - 3,06 49324

FR0004154060 NETGEMg C 0,926 0,934 0,926 0,932+ 0,22 1917

FR0004050250 NEURONES B 20,4 20,5 20,3 20,5 + 0,49 2021

FR0012789386 NEXTSTAGE C 96,5 96,5 96,5 96,5 9

FR0010428771 OL GROUPEg C 3,05 3,07 3,05 3,07 + 0,66 11217

FR0000075392 ORAPIg C 3,59 3,6 3,56 3,56 - 0,84 2277

FR0013190410 ORCHESTRA-PRE.g C 0,177 0,182 0,174 0,182 + 2,83 60120

FR0010609206 OREGE 1,32 1,325 1,22 1,22 - 7,58 10367

FR0012127173 OSE PHARMAg C 3,9 3,9 3,83 3,88 4184

FR0013318813 PARAGON IDg C 34,8 35 34,6 34,8 326

FR0010263202 PAREF C 87 89 87 89 + 0,57 83

FR0004038263 PARROT B 2,77 2,825 2,77 2,8 + 0,72 1200

FR0000038465 PASSATg C 5,1 5,16 5,08 5,16 - 0,39 1545

FR0011027135 PATRIMOINE & COM B 19,5 19,5 19,2 19,25 + 0,26 1664

FR0000053514 PCAS B 13,8 13,9 13,8 13,9 - 2,11 142

FR0012432516 POXELg C 12,34 13,26 12,34 12,88 + 2,55 272231

FR0000060832 PRECIA C 197 199 197 199 + 1,53 301

FR0010641449 AGROGENERATION 0,072 0,09 0,07 0,088+ 25,71 499479

FR0013410370 AUPLATA 0,231 0,235 0,23 0,232+ 1 799341

FR0012788065 BIOCORP 12,6 12,8 12,5 12,7 2821

FR0012816825 BIOPHYTIS 0,193 0,195 0,184 0,194 - 1,12 418704

FR0011053636 BLOCKCHAIN GROUP 0,336 0,346 0,319 0,325- 4,56 510501

FR0011648716 CARBIO 9,76 9,88 9,72 9,76 25697

FR0010907956 CARMAT 19,64 19,7 19,52 19,6 - 0,51 1660

FR0010879056 DEINOVE 0,888 1,05 0,87 0,97 + 12,92 921994

FR0010436584 DNXCORPg 5,08 5,16 5 5,16 + 2,79 4108

FR0004030708 ENCRES DUBUITg 4,32 4,5 4,32 4,4 + 2,56 2485

FR0000035818 ESKER 93,6 93,9 93,5 93,5 - 0,32 2298

FR0004166197 EVOLIS 30,1 31,3 30,1 31,3 - 0,32 80

FR0013256518 EUROFINS CEREP 6200

FR0000044810 EUROPLASMA 0,007 0,007 0,006 0,006+ 1,82 92891755

FR0010342329 GAUSSIN 0,196 0,196 0,186 0,193 - 1,53 434506

FR0012819381 GROUPE GUILLIN 16,86 17 16,64 17 + 0,83 7591

FR0000075442 GROUPE LDLCg 12 12,45 11,5 12,45 + 3,75 13724

FR0013204070 GROUPE PAROT 4,4 4,47 4,4 4,47 + 1,59 135

FR0000077562 HIOLLE INDUSTRIES 5,05 5,05 4,84 4,96 - 2,75 5790

FR0004153930 HYBRIGENICS 0,095 0,095 0,091 0,094+ 0,43 102368

FR0010458729 IMPLANET 0,064 0,065 0,063 0,065+ 0,62 340040

FR0004027068 LANSON-BCC 24,6 24,8 24,6 24,8 + 0,81 189

FR0000075673 LE TANNEUR 3,56

FR0004155687 MASTRAD 0,445 - 1,38

FR0000061244 MECELEC 2,04 2,06 1,97 2,04 8451

FR0011584549 MNDg 0,355 0,36 0,352 0,36 + 1,41 41744

FR0004032746 NEOVACS 0,058

FR0004171346 NEXTEDIA 0,732 0,752 0,712 0,74 50433

FR0000064529 NSC GROUPE 74

FR0000061608 PISCINES DESJOYAUX 14 14,1 13,9 14 1550

FR0000066441 POUJOULAT 24,6 24,6 24,6 24,6 1

FR0004044600 PRISMAFLEXg 7,4 7,48 7,14 7,14 - 0,28 941

FR0012452746 SAFE ORTHOPAEDICSg 0,012 0,014 0,011 0,012- 13,43 29206696

FR0004197747 THERADIAG 1,24 1,25 1,2 1,245+ 5,06 30714

FR0013263878 UMANIS 5,72 5,72 5,7 5,72 + 0,35 1243

FR0004155240 VERGNET 0,223 0,223 0,213 0,216 - 3,14 149688

FR0004045847 VOY. DU MONDE 116,5 117 116 117 375

ACTIONSEURONEXT HORS SRD FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

EURONEXT GROWTH (Sélection)

FR0004052561 PROACTIS C 0,122 0,125 0,12 0,125 + 2,46 33487

FR0012613610 PRODWAYS GROUPg B 2,75 2,77 2,665 2,68 - 1,83 24690

FR0000060329 PSB INDUST.g B 20 20 19,65 20 + 0,25 272

FR0000075954 RIBERg C 2,46 2,46 2,38 2,41 - 2,03 25312

FR0000045601 ROBERTET B 770

FR0000045619 ROBERTET B 44

FR0013344173 ROCHE BOBOIS B 17,5 18 17,3 17,35 - 2,8 2001

FR0000060071 S.A.M.S.E. B 167,5 168,5 167 167,5 194

FR0000060121 SABETON C 23,4 23,4 23,4 23,4 157

FR0006239109 SCBSMg C 9,7 9,7 9,65 9,65 - 0,52 891

FR0000039109 SÉCHÉ ENV.g B 38 38,1 37,5 37,6 - 0,27 4705

FR0004175842 SELECTIRENTE C 88,5 88,5 88,5 88,5 1

FR0011950682 SERGEFERRARI GROUPg C 6 6 5,95 5,95 118

FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 11,85 11,85 11,85 11,85 274

FR0000074122 SIIg C 28,9 29,1 28,8 29 1343

FR0004016699 SMTPCg B 20,6 20,8 20,5 20,7 3278

FR0010209809 SOC. FR. CASINOS C 1,7

FR0000072563 SODIFRANCE C 16,7 16,7 16,7 16,7 + 0,6 551

FR0000078321 SODITECH ING. C 0,625

FR0000038804 SOFIBUS C 218

FR0000065864 SOGECLAIRg C 31 31,7 30,8 31,3 + 0,97 1314

FR0000131732 SPIR COM.g C 4,6 4,6 4,5 4,5 - 3,02 761

FR0000054199 ST DUPONT C 0,114 0,114 0,112 0,114 + 0,44 35583

FR0010526814 SUPERSONIC IM.g C 1,448 1,45 1,448 1,45 + 0,28 3846

FR0000063307 TAYNINH C 1,08

FR0004529147 TESSI B 144,5 144,5 143,5 143,5 - 0,69 18

FR0000066482 TIPIAK C 65 65 65 65 - 1,52 320

FR0000060949 TIVOLY C 23 23,2 22,8 22,8 - 0,87 43

FR0000033003 TOUAXg C 5,28 5,42 5,28 5,42 + 2,65 4703

FR0000039240 TOUPARGEL GROUPE C 0,64

FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 39,9 40 39,7 40 + 0,25 2000

FR0000054215 UNIBEL A 580

FR0000034548 UNION FIN.FRANCE g B 19,95 19,95 19,5 19,8 - 1,49 2861

FR0000074197 UTIg C 0,49 0,54 0,49 0,53 + 8,16 26252

FR0000062465 VERNEUIL PART. C 1,62

FR0004186856 VETOQUINOL B 64,8 65,2 61,8 64 - 1,54 5044

FR0000066680 VIDELIO (EX:IEC) C 1,91 1,91 1,91 1,91 + 0,53 1

FR0000050049 VIEL ET CIE C 4,75 4,79 4,73 4,79 - 1,64 5324

FR0000035719 VIKTORIA INVEST C 3,38 3,38 3,38 3,38 - 0,59 10

FR0000065765 VISIODENT C 2,5

FR0004183960 VOLUNTISg C 2,29 2,37 2,23 2,32 - 1,28 42359

FR0011995588 VOLTALIA B 13,35 13,4 13,15 13,25 + 0,38 20733

FR0000062796 VRANKEN-POMMERY M. B 20,4 20,4 20,1 20,4 766

FR0004034072 XILAM ANIMATIONg C 46,6 46,6 45,5 46,3 + 0,54 10344

FR0011471291 YMAGISg 2,05 2,19 1,99 2,12 + 6,53 41318

AUTRES VALEURS DE LA ZONE EUROLU0569974404 APERAMG A 28,21 28,75 28,2 28,59 + 0,21 196433

BE0974260896 CELYAD C 9,35 9,46 9,3 9,44 + 0,75 21129

NL0010949392 CNOVA A 2,4 2,4 2,3 2,4 1506

IE00BJYS1G50 MAINSTAY MEDICAL 2,62 - 1,52

BE0003853703 MONTEA CVA 83,4 83,4 80,7 81 - 2,64 16242

VALEURS ZONE INTERNATIONALEUS00774B2088 AERKOMM INC. C 38

CH0008853209 AGTA RECORD B 68 + 0,73

CM0000035113 BRASS. CAMEROUN B 85

US1491231015 CATERPILLAR INC. 129,5 134 129 133,5 + 1,52 48

SN0000033192 CFOA C 8,9 8,9 8,9 8,9 - 1,66 150

GB0002374006 DIAGEO 36,8 + 0,47

CI0000053161 FORESTIÈRE EQ. C 680

CH0308403085 GENEURO B 3,64 3,66 3,49 3,49 - 3,06 4416

MA0000011488 MAROC TELECOM 14,25 14,35 14,25 14,35 2527

US58933Y1055 MERCK AND CO INC 80 80,8 78,2 78,2 - 2,74 3448

CH0008175645 TELEVERBIER C 45

ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL

ACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISESACTIONSEURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES

GA0000121459 TOTAL GABON A 134 135 133,5 133,5 - 0,37 646

BMG9887P1068 ZCI LIMITED C 0,02

CERTIFICAT/FONDS INVESTIR 10INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 134,35 0,04

INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 106,16 -0,44

BTF TAUX

1 MOIS -0,363 MOIS -0,636 MOIS -0,609 MOIS -0,621 AN -0,602 ANS -0,615 ANS -0,3710 ANS 0,02

Valeur unitaire hors frais : valeur de la part ou de l’action hors droits d’entrée ou de sortie éventuels. Les SICAV éligibles au PEA sont signalées par un astérisque *. Le pictogramme P indique la cotation d’un FCP.Classification des OPCVM : actions françaises (AF), actions de la zone EURO (AE), actions internationales (AI), monétaires EURO (ME), monétaires à vocation internationale (MI), obligations et autres titres de créances libellés en EURO (OE), obligations et autres titres de créances internationaux (OI), sicav luxembour-geoises (LX), diversifiés (DI), garantis ou assortis d’une protection (GP). ** : en euros ou dans la devise indiquée dans la colonne «DÉSIGNATION DES VALEURS».

Banque Cantonalede Genève (France) SATél. 04 72 07 31 50bcgef.fr/fonds

sicav//fcp

CLA

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DÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NETCODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**

MONT. DATE

Mirabaud Asset ManagementTél. +41 058 200 60 [email protected]

LU0935268721 RAM (L) SF EM MKT CORE EQ 105,42 07/01

LU0704154292 RAM (L) SF EM MKT EQ 185,17 07/01

LU0375629556 RAM (L) SF EUROPEAN EQ 478,46 07/01

LU1048876350 RAM (L) SF GB STB INCOME EQ 134,31 07/01

LU0705072691 RAM (L) SF L/S EM MKT EQ 113,51 07/01

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATE

VAL. UNIT DATE DERNIERDÉSIGNATION HORS FRAIS DE LA DIVIDENDE NET

CODE ISIN DES VALEURS EN EUROS** VALOR. EN EUROS**MONT. DATEC

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LU1626130063 SWISS SMALL & MID CAPS (CHF) 117,75 07/01

LU1626129727 SWISS ALL CAPS (CHF) 128,99 07/01

LU1626130816 SILK ROAD ZONE STOCKS (USD) 99,42 07/01

LU0851564897 EUROPEAN EQUITY (EUR) 174,89 07/01

LU1626130220 HIGH DIV. EUROPE STOCKS (EUR) 108,92 07/01

LU0851564541 WORLD EQUITY (EUR) 172,85 07/01

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LU0705071701 RAM (L) SF L/S EUROPEAN EQ 144,37 07/01

LU0375630729 RAM (L) SF NORTH AM EQ 323,99 07/01

LU0419186167 RAM (L) TF GB BD TOT RET 148,56 07/01

LU0935723782 RAM (L) TF II ASIA BD TOT RET 151,91 07/01

SYNCHRONY (LU)

Page 32: Carlos Ghosn : le plaidoyer d’un tigre blessé

32 // Jeudi 9 janvier 2020 Les Echos

Carlos Ghosn va rendre difficile l’exercice d’un droit d’inventaire chez Renault.

Le fauve n’a pas été lâché, il s’est évadé. Sa fureur n’en est que décuplée. Les actionnaires de Renault pouvaient s’y attendre. Les tirs à vue de Carlos Ghosn, retranché dans sa redoute beyrouthine, n’ont pas épargné l’ex-Ré-gie. La charge contre la « forfaiture » de sa démission – « je n’ai pas démis-sionné de Renault », a affirmé mercredi l’ancien PDG –, la salve contre les « audits truqués », dont celui sur le holding néerlandais RNBV conduit sans qu’il « puisse [se] défendre », et l’intention de « faire valoir [ses] droits », dont ceux à sa « retraite chapeau » refusée par le conseil d’administration, ont ouvert le chapitre d’une future bataille devant les tribunaux avec son ancien employeur. Le précédent de Jean-Marie Messier chez Vivendi (qui n’a finalement rien touché des 20 millions d’indemnités qu’il réclamait) rappelle toutefois que le seul gagnant de ce genre de différend exposé au public est la chronique judiciaire. Entre livrer sa version de l’histoire et la réécrire à son avantage, la ligne est si mince que Carlos Ghosn l’a franchie presque par inadvertance. A l’entendre, tous les maux de l’Alliance Renault-Nissan remonteraient à son arrestation. L’échec du Japonais tient pourtant en partie à la stratégie américaine qu’il avait mise en place, et les objectifs à moyen terme qu’il avait définis pour Renault se sont vite révélés trop ambitieux. Maintenant que la défense a la parole, c’est le constructeur qui risque d’être privé de son droit d’inventaire.

Redoute à Beyrouth

Les derniers échanges du dialo-gue de sourds entre Elliott et Capgemini ont fini d’enfermer un peu plus les actionnaires d’Altran dans un classique dilemme du prisonnier. Ceux qui feraient réussir l’offre, en apportant leurs titres au prix de 14 euros pièce, jugé sous-évalué d’au moins 4 euros par l’activiste américain, contribueront à la création de valeur dont bénéficieront ceux qui conserveraient leurs actions. A moins qu’en remettant en cause le feu vert réglementaire, la justi-ce ne relance la roue d’une nou-velle OPA forcément différente. Les valeurs technologiques ont gagné 13 % depuis, et Elliott souli-gne que par rapport à la valeur d’Altran en cas d’échec, estimée par cinq courtiers, la prime offer-te se trouve ramenée de 25 % à 7 %, pour une moyenne de 38 dans des transactions comparables. La partie de poker continue…

Le poker entre Elliott et Capgemini se poursuit autour du prix de l’offre sur Altran. Reporting en solGoldman Sachs essaie de mieux faire voir ses métiers, avec une nouvelle organisation.

Il connaît bien le tintamarre des discothèques, où il officie parfois comme DJ sous le nom de D-Sol. C’est néanmoins sa connaissance intime de la musique de Wall Street qui doit permettre à David Solo-mon de requinquer le standing boursier de Goldman Sachs, à la traî-ne des multiples de valorisation du secteur bancaire (environ 1,1 fois l’actif net par action). Seul Citigroup (un peu moins de 1 fois) fait pire. Recruter « the Best and the Brightest » pour se muer en une « tech company », tout cela n’a procuré qu’un rendement dans la moyenne par rapport au pic d’avant la crise financière, très loin derrière JP Morgan. La nouvelle segmentation des activités, officialisée en pré-lude à la présentation stratégique de la fin du mois – une première pour « Government Sachs » – espère renverser la vapeur. Cette nou-velle communication est bien venue, vu la transformation du modè-le d’affaires, même si le chemin à parcourir dans la banque de détail et la gestion de fortune deviennent flagrants (10 % du bénéfice avant impôt en 2018 seulement). Le nouveau « reporting » fait aussi dispa-raître la division mal aimée « Investing and Lending ». Sortie du gi-ron du trading en 2011 au nom de la transparence, elle rassemblait les activités de prêts et d’investissements. De quoi accroître la volati-lité perçue de l’histoire boursière, sans permettre de mieux saisir la diversification à l’œuvre des sources de revenus.

// Budget de l’Etat 2020 : 399,2 milliards d’euros // PIB 2019 :2.479,4 milliards d’euros courants// Plafond Sécurité sociale :3.428 euros/mois à partir du 01-01-2020 // SMIC horaire :10,15 euros à partir du 01-01-2020 // Capitalisation boursière de Paris :1.827,78 milliards d’euros (au 06-01-2020)// Indice des prix (base 100 en 2015) :103,55 en décembre 2020 // Taux de chômage (BIT) :8,6 % au 3etrimestre 2019 // Dette publique :2.415,1 milliards d’euros au 3etrimestre 2019

= Les chiffres de l’économie

Les prisonniers dans leur dilemmecrible

EN VUE

Mike Pompeo

L a terre a vraiment tremblé en Iran.Un séisme d’une profondeur de10 kilomètres, magnitude 4,5, a

frappé le pays, mercredi, non loin d’une centrale nucléaire. Plus de 50 personnes sont mortes lors des funérailles du géné-ral Soleimani. Vingt-deux missiles se sont abattus sur deux bases irakiennes abritant essentiellement des soldats américains. La violence est à son comble.Le « faucon » Mike Pompeo, pour qui l’Iran est « le plus grand sponsor du terro-risme du monde », ne la déplore certaine-ment pas. Le natif d’Orange en Californievoit facilement rouge. Après une série d’attaques à la roquette contre des bases militaires en Irak, Pompeo avait, mi-dé-cembre, promis « une réponse ferme ». Celle-ci, on l’a vu, n’a pas tardé. Sa com-munion de pensée avec le président amé-ricain sur le sujet ainsi que sur la Corée du Nord est la raison pour laquelle Donald Trump lui confia, en mars 2018, le poste de secrétaire d’Etat lorsque RexTillerson, l’ex-PDG d’Exxon, cessa de lui

plaire. A l’image de son patron, le massif Mike ne fait pas dans la dentelle. Lors-qu’il évoque l’Europe, il cible naturelle-ment « les bureaucrates de Bruxelles ». Son parcours est typique des réussites américaines. Le petit-fils d’immigrés ita-liens a fait ses classes à Harvard, est sortimajor de West Point, il est brillant, devient avocat à Washington, crée suc-cessivement deux entreprises dans l’aérospatial, puis la recherche pétro-lière. Fortune faite, il se lance en politi-que, se rapproche du Tea Party. En 2011, ilest élu représentant républicain du Kan-sas. Malgré ses coups de chaud, l’ancien des blindés doute du réchauffement cli-matique. Tout pour plaire à Donald qui lenomma à la tête de la CIA. Mike voulait une agence « plus agressive, brutale, impi-toyable, implacable, vous choisissez le mot ». Un ami véritable n’est pas toujoursune douce chose.

(Lire nos informationsPages 6-7

Le CAC 40 reprend sa hausse

• La Bourse de Paris a terminé en légère hausse mercredi après avoirfait du sur-place la veille. Le CAC 40, l’indice phare de la place de Paris, a terminé la séance en haussede 0,31 % à 6.031 points, dans un volume d’échanges de 3,2 milliardsd’euros. Ailleurs en Europe, le DAXallemand a pris 0,71 %, alors que le Footsie britannique a fini la jour-née stable (+0,01 %).

Les marchés avaient démarré lajournée dans le rouge avant de se reprendre au cours de séances. La probabilité de plus en plus faible d’une escalade militaire au Moyen-Orient a redonné le goût du risque aux investisseurs. Ils ont égalementété rassurés par les bons chiffres de

création d’emplois aux Etats-Unis pour le mois de décembre.

Du côté des valeurs, Sodexo(+2,48 %) a terminé en tête de l’indice CAC 40, soutenu par un relèvement de la recommanda-tion de JP Morgan. Deuxième plusforte hausse, Michelin a pris 2,04 %, suivi par Vinci (+1,92 %) et Airbus (+1,80 %). Les foncières ont été malmenées. Unibail-Ro-damco a cédé 2,65 % et hors du CAC 40, Klépierre a perdu 3,44 %.Lanterne rouge du CAC 40, Tech-nip a lâché 2,68 %. Danone, lui a abandonné 2,03 %. Alors que Car-los Ghosn exposait sa vérité lors desa conférence de presse, Renault aperdu 0,41 %.