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FRANCE Catholique FRANCE Catholique ISSN 0015-9506 Des familles qui prient ... Comment font-elles ? n La gauche selon Bernard-Henri Lévy n Charles Maurras et la foi n L’abbaye de Mondaye restaure son avenir... 84 e année - Hebdomadaire n°3100 - 4 janvier 2008 www.france-catholique.fr 2,90 FRANCE Catholique

Catholique · BRÈVES 2 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 FRANCE FiNANCES : Pour la première fois, le pré- sident de la République a présenté ses vœux en direct à la

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    001

    5-95

    06 Des familles qui prient ...Comment font-elles ?

    n La gauche selon Bernard-Henri Lévy

    n Charles Maurras et la foi

    n L’abbaye de Mondaye restaure son avenir...

    84e année - Hebdomadaire n°3100 - 4 janvier 2008 www.france-catholique.fr 2,90€

    FRANCECatholique

  • BRÈVES

    2 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    FRANCEFiNANCES : Pour la première fois, le pré-sident de la République a présenté ses vœux en direct à la télévision le 31 décembre.CoNjoNCtuRE : Selon l’ANPE, le chômage a reculé de 0,7 % en novembre, ce qui porte la baisse du nombre de demandeurs d’emploi à 9,6 % sur un an ; la France compte désormais 1 900 000 chômeurs. L'Insee a révisé à la hausse son estimation de croissance pour le troisième trimestre 2007 ; la croissance déjà acquise pour l’ensemble de l’année atteint 1,8 %.tRAVAil : Le Premier ministre, François Fillon souhaite que la définition du temps de travail soit intégrée à la négociation interprofessionnelle qui doit s’ouvrir le 24 janvier pour aboutir le 31 mars 2008.Une circulaire d’application de la loi de juillet 2006 précise les conditions dans lesquelles les préfectures peuvent délivrer des autorisations de travail aux étrangers dans les secteurs en proie à des pénuries de main-d’œuvre.PolitiquE : Selon la Commission natio-nale des financements politiques, les principaux partis politiques sont tous en déficit.tARiFS : Bercy a confirmé le 27 décembre une augmentation de 4 % du prix du gaz pour les particuliers à compter du 1er jan-vier 2008 ; GDF avait demandé 6,5 %.REtRAitES : Alors que les négociations se poursuivent sur les régimes spéciaux, le ministère du Travail a préparé des décrets détaillant l’allongement à 41 ans de la du rée de cotisations en 2016.SANS-PAPiERS : Un mouvement de pro-testation des sans-papiers contre leurs conditions de détention s’est étendu le 29 décembre à plusieurs centres de rétention accueillant 400 personnes.tRANSPoRtS : Les lignes TGV Nord et Méditerranée ont été l’objet d’actes de malveillance qui ont perturbé le trafic pendant les fêtes.Le gouvernement italien a donné son ac cord le 28 décembre à l’ouverture de négociations de fusion entre Alitalia et Air France-KLM.SANté PuBliquE : Éliminés à l’épreuve de français, 194 dentistes diplômés à l’étranger et candidats à l’autorisation d’exercice en France ont décidé le 27 décembre de saisir les autorités pour discrimination.PAtRimoiNE : Alors que le sculpteur Daniel Buren va jusqu’à demander la des-truction de ses colonnes mal entretenues

    au Palais royal à Paris, le ministère de la Culture a assuré qu’un plan de restaura-tion était prévu pour 2009.lAïCité : Après les critiques adressées par la gauche au discours du chef de l’État sur « la laïcité positive » et « les racines chrétiennes de l’Europe » lors de sa visite au Vatican, le parti socialiste a proposé le 27 décembre qu’une « charte de la laïcité soit adossée à la constitution ».

    moNdEPAKiStAN : L’ex–Premier ministre, Bé nazir Bhutto, a été tuée le 27 décembre par un attentat-suicide qui a visé l’un de ses meetings à deux semaines des élections législatives du 8 janvier ; l’attentat a fait 20 morts. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’est réuni d’urgence le jour même ; des émeutes faisant plus de 40 morts et d’importants dégâts ont éclaté dans plusieurs villes du pays ; Al-Qaïda, suspect numéro un, a démenti toute implication dans le crime. Le fils de Bénazir Bhutto, Bilawal, âgé de 19 ans, a été désigné le 23 décembre pour lui succéder à la tête de son parti.ColomBiE : Le président Uribe a donné son accord le 26 décembre à une opé-ration de libération des trois otages des Farc orchestrée par le président véné-zuélien Chavez, mais la récupération des otages a été retardée plusieurs fois par les chefs de la guerilla.ESPACE : Les astronomes américains ont estimé le 24 décembre que l’astéroïde 2007 WD5 découvert le 20 novembre a une chance sur 75 de s’écraser sur Mars le 30 janvier 2008.tChAd : Les membres français de l’Arche de Zoé ont été condamnés le 26 dé cembre à huit ans de travaux forcés ; les autorités tchadiennes ont accepté leur transfert en France le 28 ; ils ont quitté N’Djamena le même jour à destination du Bourget et ont été incar-cérés à Fresnes. Le tribunal de Créteil devrait décider de commuer leur peine de prison assortie de travaux forcés (qui n’existe plus en droit français) en peine d’emprisonnement, mais cette substi-tution devra recueillir l’aval du Tchad. Une instruction dis tincte pour exercice illégal de la profession d’in termédiaire en vue de l’adoption et escroquerie reste ouverte à Paris, certaines familles candidates à l'adoption ayant cru devoir porter plainte..mAuRitANiE : Quatre touristes français

    ont été tués le 24 décembre en Mauritanie par des salafistes proches d’Al-Qaïda ; un cinquième touriste bles-sé a pu être rapatrié en France le 26 décembre. Les organisateurs du rallye de Dakar ont rencontré les autorités de Nouakchott pour faire le point sur la sécurité dans le pays qui accueillera huit étapes du 11 au 19 janvier 2008. Quatre militaires ont été tués le 27 décembre lors d’une nouvelle attaque par des hommes armés qui ont pris la fuite.KoSoVo : La Serbie a annoncé le 26 décembre qu’elle refuserait tout rap-prochement avec l’Union européenne et l’Otan si les Occidentaux reconnais-saient l’indépendance du Kosovo.tuRquiE : Depuis la mi-décembre, l’avia-tion turque multiplie les raids meurtriers contre les combattants kurdes retran-chés dans le nord de l’Irak ; des agents de la défense israélienne spécialistes des drones (avions sans pilote) partici-peraient aux opérations selon le Turkish Daily News du 27 décembre.liBAN : L’élection du président libanais qui devait se tenir le 29 décembre a été reportée pour la onzième fois au 12 janvier 2008 ; le pays est sans pré-sident depuis le 23 novembre dernier ; le président Sarkozy a suspendu le 30 décembre les relations de la France avec la Syrie aussi longtemps que le Liban ne sera pas libre de désigner un président de consensus.étAtS-uNiS : Après avoir frôlé le seuil de 1,50 dollar pour un euro en novembre, la monnaie américaine est revenue à 1,45 dollar pour un euro en fin d’année et devrait, d’après les spécialistes, reve-nir à 1,40 début 2008.A la veille du processus de sélection des candidats pour l’élection présidentielle de novembre 2008, processus qui a commencé le 3 janvier dans l’Iowa, la plus grande incertitude règne dans les deux partis.KENyA : Le président sortant, Mwaï Kibaki, a remporté l’élection présiden-tielle du 27 décembre à la suite du scru-tin le plus disputé depuis l’indépendance du pays ; des émeutes ont éclaté après l’annonce des résultats.PRoChE-oRiENt : Nicolas Sarkozy a enta-mé le 29 décembre des entretiens politi-ques avec le président Moubarak.Dans un enregistrement audio mis en ligne le 29 décembre sur Internet, Ben Laden s’en est pris à l’État d’Israël, à la Force des Nations-Unies au Liban et aux « collaborateurs » des Américains en Irak.

    J.L.

  • SOMMAIRE ACTUALITÉ 4 EUROPE Le modèle slovène Yves La Marck 5 ECOnOMIE Rien de neuf ? Alice Tulle 6 In MEMORIAM Christian Ravaz René Laurentin

    dOSSIER 8 LITURgIE 100 prières pour les familles Frédéric Aimard

    ESPRIT 13 ECCLÉSIA La note sur l'Évangélisation Patrick de Laubier 15 MÉMOIRE dES jOURS Pleurs d'Ukraine Robert Masson 16 LECTURES Permis de rêver ? Père Michel Gitton 17 B.d. L'Aventurier de dieu, 32/36 Dominique Bar, Guy Lehideux 18 LIVRES gabrielle Bossis Patrick de Laubier 19 B.d. Sac au dos sans trêve,13/40 Albéric de Palmaert - Palmar

    MAgAzInE 20 MOnASTERES La ferme de Mondaye Frères Joël / Photos Eric Pouhier 23 IdÉES de Henri de Lubac à BHL Gérard Leclerc 26 LETTRES Charles Maurras et la foi Axel Tisserand / Frédéric Aimard 29 ExPOSITIOnS galerie Bansard Marie-Gabrielle Leblanc 30 ExPOSITIOnS Pharaon Ariane Grenon 33 CInÉMA "It's a free world", "Le chantage"

    "Filatures", "California dreamin'"M.-C. Renaud d'André - M.-L. Roussel

    34 THÉâTRE "debout dans la mer" Pierre François 35 TÉLÉVISIOn "Le diable s'habille en Prada",

    "Les sentiers de la perdition", "Les lumières du faubourg"

    "jeux de pouvoir" Marie-Christine Renaud d’André 36 TÉLÉVISIOn Votre début de soirée M.-Ch. R. d’A. 38 BLOC-nOTES Vie associative et d’Église Brigitte Pondaven

    CouvERTuRE : © LuDovIC LECuRu

    ÉdITORIAL

    FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 3

    Lors de la dernière assemblée de notre épiscopat à Lourdes, il y eut, pour les journalistes présents à cette occasion, comme un moment de vérité, qui suscita chez tous, quelle que fut leur sensibilité, une inquiétude qui ressemblait à de l'angoisse. Que seront nos diocèses dans dix ans, alors qu'il ne sera même plus possible de maintenir le maillage sacerdotal qui s'est imposé dans la période post-conciliaire à partir de grandes paroisses

    territoriales ? Les réponses apportées par deux évêques chargés d'une réflexion sur le rôle des prêtres dans l'avenir ne suffisaient pas à calmer les doutes, tant la perspective d'une France "post-chrétienne" et d'une Église très minoritaire se dessinait de façon implacable. Alors surgissaient les habituels subterfuges : quand se décidera-t-on à ordonner des hommes mariés, demandaient quelques-uns. Mais le véritable problème n'était-il pas d'un autre ordre ? une Église qui ne renou-velle plus ses générations de prêtres n'est-elle pas tout simplement en manque de fécondité spirituelle, et à vouloir compter sur des solutions alterna tives, ne se résigne-t-on pas à une fuite en avant sans beaucoup d'espoir ?

    Reconnaissons qu'il est difficile à nos évêques de "tout mettre sur la table" sur pareil sujet, d'autant que leur consensus n'est pas assuré, du fait de situations très diverses et même de divisions de fond chez les prêtres et les laïcs. Certains évêques ont accompli - tel le cardinal Lustiger - leur révolution, il y a un quart de siècle, créant un autre cadre de formation dans une perspective théologique et spirituelle bien définie. Le résultat est que Paris est aujourd'hui mieux pourvu que tous les autres diocèses en prêtres jeunes et bien formés. Cela n'a pas été sans effet d'attirance pour nombre de séminaristes qui ont choisi le dynamisme de la capitale au détriment des incertitudes de la Province. Quelques évêques sont en train de mettre en place un dispositif de type lustigérien, tandis que quelques autres ont adopté une stratégie atypique, qui fait de leurs diocèses des espaces singuliers avec un rôle plus important dévolu aux communautés nouvelles, l'appel à des éléments venus parfois de l'étranger, et ont, au total, un dynamisme qui contraste avec beaucoup de zones grises.

    Il ne sera pas possible de rester longtemps dans l'indécision ou la gestion de plus en plus malaisée de la pénurie. Les cadres de l’épiscopat se sont modifiés, et l'on doit s'attendre à la redéfinition de plus en plus commune des perspectives. C'est pourquoi cette année 2008 devrait être accueillie par les catholiques français avec cette confiance surnaturelle à laquelle Benoît XvI nous appelle dans sa belle encyclique sur l'Espé-rance. C'est sans doute sur la création et la multiplication des pôles de vitalité sur l'ensemble du territoire qu'il conviendra d'orienter les efforts, afin de montrer à tous qu'un nouvel âge d'évangélisation se profile. N'oublions pas que la visite annoncée du Saint-Père dans notre pays pour le cent-cinquantenaire des apparitions de Lourdes constituera un moment très fort pour cette année, avec d'autres étapes possibles dans les hauts lieux de notre pays. ■

    par Gérard LECLERC

    Perspectives

    Écoutez la chronique de Gérard Leclerc, chaque semaine sur :

  • Le modèle slovène

    ACTUALITE

    Premiere présidence d’un des nouveaux E ta t s membres , elle en sera aussi la dernière. En effet

    le nouveau traité signé à Lisbonne le 13 décembre abolit ce système de prési-dences tournantes de six mois pour mettre sur pied une présidence de l’Union stable analogue à celle de l’actuelle Commission européenne. Le cas slovène illustre à la perfection les avantages d’une telle réforme. L ’ E u r o p e d e s fondateurs, celle des Six, comptait certes en son sein le petit Luxembourg. On avait même pensé un temps conférer au Grand-Duc la présidence permanente de la Confédération euro-péenne dont le projet était bien a vancé. La construction européenne a emprunté d’autres voies. La multiplication des Etats membres n’est pas allée vers le regroupement mais au contraire semble favoriser la scissiparité. La Slovénie possède le douloureux privi-lège de la première séces-sion de l’ex-Yougoslavie, ex-Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. La Slovénie, qui était parvenue à la reconnaissance inter-nationale sous cet ensem-ble en 1920, a déclaré son indépendance dès 1991. Une

    brève guerre s’en était suivie qui paraît rétrospectivement une guerre d’opérette avec quelques chars défoncés sur une bordure d’autoroute aux abords du poste frontière avec l’Italie, comme dans les aven-tures de Tintin à la frontière de la Bordurie (l’Affaire Tournesol).

    Même si la séparation fut plus ou moins amiable, elle n’en annonçait pas moins des affrontements plus ter ribles dont les effets ne sont pas en core épuisés. Ceux qui pensent que la Slovénie serait bien placée pour sceller le rè glement définitif du conflit balkanique oublient par qui le mal est arrivé. Certes, la Slo vénie passe pour être le bon élève de l’Union. Elle est

    entrée dans la zone Euro au 1er janvier 2004 et dans la zone Schengen le 21 décem-bre 2007. Elle bénéficie de nombreux investissements étrangers dont elle assure le relais vers les autres répu-

    bliques issues de l’ex-You-

    goslavie.

    Elle peut donc être qualifiée de « cheval de Troie » de l’Oc-cidentalisation des Bal kans, au nom de Bruxelles comme hier elle l’était depuis Vienne, capitale de l’Empire (au sein de l’Autriche-Hongrie, il ne faut jamais oublier que seule la Slovénie dépendait de la Couronne autrichienne, la Croatie, elle, relevait de la couronne hongroise). A travers Ljubljana, c’est

    Bruxelles qui règne. La raison institutionnelle n’est pas la moindre. Quand la prési-dence tournante échoit à un pays qui ne dispose pas des moyens diplomatiques ou logistiques suffisants, ses dirigeants ne sont pas en mesure de concurrencer l’hydre qu’est la Commission. Certes, le petit pays peut s’entendre avec un grand pays que les hasards du calendrier et de l’alphabet auront placé avant ou après lui dans la suite des rota-tions.

    Ainsi en va-t-il cette année de la France à

    laquel le échoit la présidence au second s e m e s t r e 2 0 0 8 . Même chose ensuite pour la présidence suivante qui échoit à la « petite » répu-blique tchèque, une

    autre naissance par sc i s s ipar i té . La diplomatie fran-çaise est donc mobilisée à travers

    le monde pour repré-senter l’Union pendant au

    moins dix-huit mois là où ces deux pays n’ont pas d’am-bassade, c’est-à-dire à peu près partout. Il lui revien-dra surtout d’anticiper la nouvelle forme que prendra la présidence ultérieure. Le nouveau traité mettra un terme à ces incohérences en arrimant la présidence à un point fixe. Donner une tête à l’Union ne sera pas facile. Arrêter le mouvement de dé -membrement pour redonner au « corps » européen le sens de la réunion sera encore plus crucial.. n

    EUROPE

    Le nouveau traité mettra un termeà ces incohérences diplomatiques

    4 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    par Yves LA MARCK

    (

    La présidence tournante de l’Union Européenne pour le premier semestre 2008 est exercée par la Slovénie.

  • ACTUALITEpar Alice TULLE

    N ous avons retrouvé nos chers soucis : c’est le cas de le dire. La hausse des prix est une préoc-

    cupation quotidienne et le pouvoir d’achat était déjà un problème majeur au trimestre dernier. .

    Depuis le passage à l’euro, la hausse des prix des biens de consom-mation courante a été minorée par les autorités monétaires. Elle n’est plus contestable aujourd’hui. Les produits vendus dans les grandes surfaces ont connu des hausses inouïes entre 2004 et 2007. La plus forte concerne une marque d’olives dénoyau-tées : + 51,51% ! Pour tel steak haché surgelé, c’est 42, 72 %. Suivent des biscottes (+ 35 %), des pâtes coquillettes (+ 32,85 %), de la chicorée en grain (+ 22,93%), de l’huile de table (+ 14, 37 %). Sur un total de 280 produits, deux seulement n’ont pas du tout augmenté et onze ont baissé : sept entre – 1 et -10 %, et quatre entre -10 et – 24%.

    Comme nous subissons par ailleurs la hausse des prix de toutes les matières premières et notamment celles du carbu-rant, le taux officiel d’inflation a fini par prendre la voie ascen-dante : + 3% dans la zone euro en novembre dernier alors que le maximum toléré est de 2%. Ce mouvement continuera dans les mois qui viennent car

    les grandes surfaces ne respec-tent pas les quelques contrain-tes qui leur sont légalement imposées et aucune tendance à la baisse du prix des matières

    premières ne peut se dessiner en raison du niveau élevé de la demande mondiale. Preuve : au premier jour de l’année, le prix du gaz a augmenté de 4%.

    Pour anticiper une nouvelle baisse du pouvoir d’achat des ménages, les syndicats ont lancé un appel à la grève pour le 24 janvier, à l’intention des fonctionnaires et des salariés du secteur privé. Le climat social restera donc tendu dans

    les mois qui viennent, même si les principaux syndicats conti-nuent de suivre une ligne de modération masquée par de fermes propos.

    Est- i l permis d’es-

    pérer, comme Nicolas Sarkozy l’été dernier, une amélioration de notre taux de croissance ? Les mesures de relance par la fiscalité et par divers aména-gements d’horaires auront des effets minimes et le niveau de notre activité économique peut être amoindri par deux facteurs négatifs sur lesquels le gouvernement français n’a aucune prise.

    Le premier, c’est la suréva-

    luation de l’euro par rapport au dollar, qui pénalise les expor-tations et entraîne maintes délocalisations… La courbe ascendante du dollar devrait se prolonger en 2008, en raison du mauvais état de l’économie américaine, de la politique des autorités de ce pays (qui ont avantage quoi qu’ils en disent au dollar faible) et tout simple-ment parce que le mouvement

    de baisse du dollar s’auto-entretient : la méfiance à l’égard de la monnaie

    américaine se généralise dans le monde.

    Le second facteur néga-tif, c’est la crise américaine du crédit hypothécaire. On apprenait fin décem-

    bre que Citigroup, Merrill Lynch et JPMorgan Chase

    – trois établissements pres-tigieux - ont perdu pour plus de 33 milliards de créances au dernier trimestre de 2007. Enormes pertes aussi pour la

    banque suisse UBS… Et tous les comptes sont loin d’être

    faits ! Il faut donc s’attendre à des restrictions de crédits bancaires qui réduiront le niveau de l’activité économi-que.

    La bonne surprise serait que ces crises monétaires et ban caires se résorbent. Quant à la politique française, rien ne devrait fondamentalement changer quels que soient les événements économiques et sociaux : une opposition crédible ne se construit pas en quelques mois. Nicolas Sarkozy continuera de porter, seul, la responsabilité du meilleur et du pire. n

    Rien de neuf ?PERSPECTIVES

    FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 5

    Les questions économiques et sociales qui se posent à la France en ce début d’année nous préoccupaient déjà l’an passé. Les données connues n’incitent guère à l’optimisme.

    )Est-il permis d'espérer une amélioration de notre taux de croissance ?

  • Christian Ravaz

    MEDIAS

    Le 8 décembre, Christian Ravaz, en pleine vita-lité, était à Lourdes, au lancement du 150e

    anniversaire, pour une relance de Chrétiens Magazine qu’il espérait « mettre en kiosques » à l’échelle européenne. Il était enchanté de l’accueil.

    Cependant, il couvait un pro blème de santé, abusait de ses forces. Certains de ses amis l’avaient deviné en ces jours-là. À notre rencontre mensuelle de fin novembre, il n’était pas présent au rendez-vous. Il avait été contraint de s’arrêter à Lyon sur sa route vers la région pari-sienne. Une alerte sérieuse, sans faire l’hospitalisation qui me semblait souhai table.

    Le 25 décembre, j’avais ren dez-vous avec lui à 14 h. Le té léphone des jours précédents était resté sans réponse, son ré pondeur était saturé.

    Le 26, vers 16 h, toujours sans nouvelles mon téléphone sonne et j’entends : « ici Christian », mais ce n’était pas sa voix ferme et décidée. Je cherchais quel autre Christian pouvait bien m’appeler, cette voix ne lui ressemblait pas. Sur ce registre, il expliquait qu’il n’avait pu venir, il était au lit seul dans sa petite maison. Il avait eu au téléphone son ami médecin, qui devait venir le voir le lende-main, 27 décembre.RL.- « Mais comment n’êtes-vous pas à l’hôpital puisque les mêmes symptômes vous arrêtent pour la deuxième fois ? »

    CR.- « Il vient me voir de main . »Son extrême fatigue, son

    effort pour me téléphoner me convainquirent qu’il ne fallait pas prolonger son effort surhu-main.

    Le lendemain, son médecin me téléphone pour m’annoncer

    sa mort. Il avait toujours été de l’avant, face aux difficultés qui ne le lâchaient pas dans sa voie paradoxale, dans un monde différent.

    Christian Ravaz était un sur doué de naissance, il n’aimait pas qu’on le dise, il réagissait vi vement quand je prononçais ce mot devant lui. À la fin des années 70, il s’était lancé dans l’informatique. Il avait fait d’em-blée un brillant chemin, il gagnait un bon paquet de millions d’an-ciens francs par mois, roulait en

    voiture de sport. Il était engagé dans le mouvement charisma-tique. Il bifurqua vers le journa-lisme. Bien lancé dans la presse, il pu blia quelques ar ticles hauts payés, y compris dans le Figaro-magazine dont le titre l’inspira par sa terminaison pour fonder

    Chrétiens-magazine, avec des motivations désintéressées. Il avait toutes les cordes à son arc, l’espoir de parvenir vite aux grands tirages. Une voyante américaine bien connue l’encoura-geait dans cette espé-rance.

    Il fit un bon impact, une crois sance régu-lière dans un pu blic ex trêmement varié, près de grands mys- tiques, hommes de hauts niveaux, scien-tifiques (Olivier Costa de Beauregard, etc.) Il m’avait accompa-

    gné aux interviews que j’avais faites des cardinaux Billé puis Barbarin. Il répondait aux aspi-rations d’un peuple soucieux d’oxygène spirituel pour la foi asphyxiée d’aujourd’hui. Non sans contact avec Stella Maris, il assurait l’in formation sur les miracles eucharistiques, guéri-sons, apparitions, exorcismes, aujourd’hui laissés pour compte à de rares exceptions près.

    Dans ce cadre, il m’avait de mandé mon bloc-notes pour regarder l’actualité du point de

    vue de Dieu pour un réveil de l’Espérance, pour les discerne-ments fondamentaux y compris les mises en garde sur des voyants aventureux et bruits de miracles illusoires.

    Christian Ravaz avait de grands talents de communica-tion, un large réseau de relations dans la presse, dans la politique, dans l’Église, dans des orienta-tions très diverses ; des plans et projets à revendre, il dialoguait énormément au téléphone avec ses lecteurs, mais il passa à côté des grandes réussites.

    Chrétiens Magazine dépassa, par deux fois, les vingt mille abonnés : il avait des ennemis qui cherchèrent à l’arrêter par l’intérieur ou par l’extérieur. Il luttait en évitant d’accabler les adversaires. Il souffrait d’être gênant. Il supportait de moins en moins Paris. Il y avait progres-sivement liquidé ses bureaux. Ces dernières années, il résidait dans sa région occitane où il trouvait l’amitié, la paix, des fêtes populaires et religieuses réconfortantes : surtout Noël et Pâques.

    Il a gardé le secret des rudes combats qui ont altéré sa santé, il se croyait plus menacé de l’extérieur que de l’intérieur. Quoi qu’il en soit de la corréla-tion, sa vie a été abrégée. C’est délibérément qu’il avait large-ment sacrifié sa vie privée pour se consacrer à la percée des actions spirituelles qu’il menait avec l’appui de son journal es -timé. Arrivé à 64 ans il avait d'ail leurs très mal préparé sa re traite, se donnant un salaire mi nimum qu’il ne se versait pas tous les mois, selon l’état de ses finances. Christian Ravaz était un chrétien hors norme. Qui reprendra son flambeau ? n

    IN MEMORIAM

    Il répondait aux aspirations d'un peuple soucieux d'oxygène spirituel pour la foi

    6 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    par l'Abbé René LAURENTIN

    (

    Christian Ravaz avait fondé, en 1980, "Chrétiens-magazine"pour révéler ce qu'on s'acharne à cacher : l'authentique présence de Dieu et de la Vierge dans ce monde.

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    Christian Ravaz,dans les

    années 90

  • Cent prières inédites : l’auteur ne les a pas rédigées seul. L'ou vrage est en effet le fruit de "brainstor mings" successifs, cette mé thode qui consiste à laisser jaillir spontanément ce qui vient à l’esprit et à faire le tri ensuite. Le

    Père Ludovic Lécuru a tout naturellement fait appel à de jeunes familles pour cela. « Après un temps de prière à l’Esprit Saint pour lui confier ce petit exercice et toutes les familles qui, un jour ou l’autre, utiliseraient ce livre, les mots sont venus comme des pierres pour construire un mur ».

    Un livre pratique qui a donc vu le jour grâce à quelques familles d’une paroisse, celle de SanarysurMer, dans le diocèse de FréjusToulon. Investies dans des mouvements tels que les cellules paroissiales d’évangélisation, les Équipes NotreDame, l’adoration perpétuelle, l’aumônerie des collèges et des lycées, elles (et quelquefois leurs enfants avec elles) se

    sont mises à l’écoute du Seigneur pour apprendre à le prier en des circonstances auxquelles elles n’avaient pas forcément songé auparavant.

    Car les occasions et les raisons de prier en fa mille peuvent être beaucoup plus nombreuses qu'on ne l'imagine souvent. Certains pa rents, comme Étienne, se sont surpris à constater qu’ils n’avaient jamais songé à demander l’aide du Seigneur dans telle ou telle circonstance. « Aller au travail le matin est tellement habituel, que je ne m’étais jamais préoccupé de confier particulièrement ce moment au Seigneur ». Pareil pour Jeanne qui se rassure de savoir qu’elle peut continuer à prier lorsqu’elle ne « supporte plus son

    conjoint ». Dix chapitres offrent ainsi cent prières de circonstances, soit liturgiques, soit relatives aux événements de la vie et de la foi, soit pour « demander une grâce particulière », comme celle

    dossier

    Commençons l'année avec une bonne résolution, en nous demandant comment faire en sorte que les jeunes familles catholiques puissent avoir, régulièrement, un moment de prière en commun. Certaines familles y parviennent mieux que d'autres. Elles n'ont pas vraiment de truc, sauf que leurs membres tentent de jouer le jeu, ce qui n'a rien d'évident, ni au départ ni sur la distance. Toutes les familles n'ont pas la chance de recevoir le Père Ludovic Lécuru pour une petite visite d'amitié et de prière ! Celui-ci connaît en effet de nombreuses familles où sa visite et ses conseils sont appréciés. Cela lui a aussi permis de prendre conscience que les familles manquaient parfois de moyens pratiques pour renouveler leur prière. C'est pourquoi il met aujourd'hui à leur disposition un livre, qui s'inscrit dans la collection « 100 prières » des éditions Salvator. « 100 prières en famille », un livre pratique et utile appelé à faire partie du coin-prière et qui évitera, on l’espère, des « familles sans prières ».

    par Frédéric AIMARD

    8 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    LiTUrGie FAMiLiALe

    Ludovic Lécuru,100 prières en famille,Salvator-Diffusion128 pages, 12 e

    100 prières pour les familles

  • d’une nouvelle maison, la nécessaire confiance avant une rencontre importante ou en core pour demander la patience, vite !

    Un autre chapitre soutient la prière en faveur des différents membres de la famille des parents aux « personnes que l’on n’aime pas assez ». On trouvera également des prières pour l’Église, du SaintPère à la paroisse, et un autre avec une série de prières « pour quand ça ne va pas ».

    Ce livre est né sur le terrain, conduisant l’auteur à prier encore un peu plus avec les familles, en famille. « Cha cune a sa liturgie, son cadre, son moment, constatetil. Ce qui frappe

    le plus, c’est de voir combien la détermination des parents à mettre le Seigneur au cœur de la vie familiale entraîne les enfants dans cette démarche de foi. Il devient aussi normal de se rassembler autour du coinprière que de passer à table lorsque c’est l’heure ».

    Chez JeanPierre et Isabelle, les deux filles (9 et 7 ans) disposent les icônes et les bougies sur la table du salon, débarrassée un moment du gentil fouillis habituel. Chez Arnaud et Aurore, toute la famille (les trois garçons de 9 à 12 ans et les deux jumelles de 2 ans) se blottissent sous l’escalier, recoin suffisamment

    La détermination

    des parents à mettre le Seigneur au

    cœur de la vie familiale

    dossier

    FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 9

    100 prières pour les familles

  • spacieux pour y déposer une grande croix, une icône, une veilleuse et les figurines des saints patrons de la maison. « On fait simple, prévient Arnaud. Un chant, souvent le même, une parole d’action de grâce permettant à chacun de dire ce qui a marqué sa journée, une prière à Marie ». « C’est vrai qu’il nous manquait peutêtre un livre comme celuici auquel on a collaboré avec plaisir et même émerveillement, surtout le paragraphe de trois lignes à dire uniquement par les tout petits », ajoute Aurore. Chez Pascal et Fabienne, lorsque le téléphone sonne pendant la prière, Audrey, (élève en terminale), n’hésite pas à répondre : « Vous pouvez rappeler plus tard ? On fait la prière ».

    Même si ce livre est à la disposition des familles, les débutantes comme les "pro", pour les aider à trouver les mots nécessaires pour prier en toutes circonstances, il ne supplantera jamais le rôle du SaintEsprit, le véritable artisan de notre prière. C’est lui qui parlera plus profondément au cœur de chacun que ne le font les mots écrits de ces cent prières. C’est lui aussi qui apportera bien plus que ce qu’ils veulent exprimer.

    Ce livre emprunte beaucoup à la Parole de Dieu et à la liturgie de l’Église. C’est normal. La prière est toujours un héritage qui tire du neuf de l’ancien. Au gré des passages, on entend le psalmiste, saint Paul, et bien évidemment Jésus enseignant à ses apôtres. C’est aussi une caractéristique de ce livre que de faire passer une catéchèse à travers les demandes exprimées. Le secours demandé à Dieu en cas de difficultés avec l’autre, le conjoint ou un enfant, devient peu à peu une reconnaissance humble des raisons dues à soi qui ont pu conduire à cette situation. C’est un exemple.

    La plupart des prières de ce livre sont familiales, à lire par les parents ou les plus grands, avec une courte prière pour les petits. Cellesci sont peutêtre encore un peu compliquées ? On laissera à chaque enfant la liberté de se les approprier avec sa manière de les comprendre. Certaines prières sont plus personnelles et formulées à la première personne. Ce livre ne remplace pas la liturgie familiale. Il en est l’outil. Et, si Dieu le veut, il peut devenir l’indispensable outil du coin prière.

    Un dé bat a eu lieu, paraîtil, entre plusieurs parents : ce travail collectif ne pourraitil être la base d'un futur site internet où chacun pourrait déposer des intentions à confier à d'autres familles ? Mais le débat a vite dérapé sur les mérites et les inconvénients d'internet dans l'éducation des jeunes enfants, internet voleur de temps et facteur d'isolement à l'intérieur des familles... Pour l'instant il a paru sage de se limiter à ces 100 prières éditées sur papier, "filtrées" par l'usage des familles sanaryennes et validées par la sagesse du Père Lécuru. n

    dossier

    10 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    Prière pour la fête de la Maternité de Marie

    « Lorsque les temps furent accomplis, Dieu a envoyé son Fils ;il est né d’une femme » (Ga 4, 4)

    Seigneur, Dieu et Père, sur les pas des bergers venus adorer ton Fils,nous célébrons en ce jour cette Mère très pure qui a offert au monde l’Auteur de la vie.Elle a mis au monde le Roi des rois qui gouverne le ciel et la terre.Accorde-nous de retenir nous aussi ces événements dans nos cœurs.

    Merci de nous donner Marie pour Mère.Nous sommes ses enfants.Accorde-nous de croire de plus en plus que veille sur nous avec tendresseet intercède avec amourCelle qui a ouvert sur ton Fils un regard émerveillé.

    En ce 1er janvier, l’Église prie pour la paix dans le monde.Marie accordez-nous le don de la paix aux hommes de bonne volonté,vous qui êtes Reine de la paix.Que cette paix qui vient de votre foi en la Parole vienne régner dans notre famille.

    Notre Dame, nous nous confions à vous au seuil de cette année nouvelle :remplissez le temps qui passe de votre présence maternelle.Mettez tous les jours Jésus dans nos cœursAidez-nous à Le reconnaître comme le vrai Dieu qui s’est fait homme.

    Nous vous confions nos inquiétudes, nos attentes, nos joies à venir.Seigneur, Marie nous aide à Te faire confiance, Toi qui nous l’offres pour Mère. Amen

    À dire par les petits

    Vierge Marie, vous êtes notre Mère,sur la terre comme au ciel.Veille sur moi pour que je grandisseEn votre présence, comme Jésus.

    Je vous salue Marie…

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    FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 11

    Prière pour notre évêque

    « Je prendrai soin de mon troupeau, dit le Seigneur,je lui donnerai moi-même un berger pour le conduire.Et moi, le Seigneur, je serai leur Dieu » (Ez 34, 11.23.24).

    Seigneur, Toi qui as choisi les Douze Apôtres pour fonder et conduire ton Église, veille sur notre évêque N. qui accomplit sa mission à leur suite.

    Qu’il soit en communion avec tous les autres évêques de notre pays et du monde entier. Qu’ensemble, ils soient attentifs aux signes des temps.

    Notre évêque nous sanctifie par les sacrements, nous gouverne par sa présence et nous enseigne par sa parole.Dis-lui qu’il peut compter sur notre famille pour accomplirsa mission d’évangélisateur.Accorde-lui assez de temps pour se ressourcer dans la prière et le silence.

    Donne-lui de veiller sur les prêtres de notre diocèse comme un père, qu’il soit à leur écoute.Que sa parole et son exemple suscitent de nouvelles vocations.

    Protège-le durant ses voyages.Qu’il reste proche de nous et que nous puissions le rencontrer souvent.Éclaire-le sur la vie des gens de ce diocèse qui sont plus éloignés de l’Église, leurs activités, leurs soucis, leurs préoccupations.Qu’il devienne saint en accomplissant sa mission reçue de Toi. Amen

    À dire par les petitsSeigneur, par l’intercession des Apôtres, veille sur notre évêque Mgr…Le Saint-Père lui a demandé de guider notre diocèse.Qu’il accomplisse joyeusement sa mission malgré les difficultés.Qu’il nous transmette ta parole par son enseignement et ta sainteté par les sacrements. Notre Père…

    Prière de la famille devant la croix

    « Que notre seule fierté soit la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (Ga 6, 14)

    Seigneur, nous vénérons ta croix devant laquelle nous prions ce soir.Elle a chassé les ténèbres du péché et a ramené la lumière du salut.Elle montre le prix de ton amour pour nous. Par cette croix glorieuse, Tu veux que tous les hommes soient sauvés et retrouvent l’espérance de l’amitié avec Toi.

    L’arbre qui avait entraîné la mort est remplacé par la croix qui donne la vie.La croix touche et le ciel, et la terre.Élevée, elle nous porte vers les hauteurs,étendue, elle nous tourne vers les autres.Nous vénérons cette croix bienheureuse qui est la source des sacrements.

    Merci Seigneur de pouvoir signer notre corps de la croix du Christ depuis notre baptême où nous avons été baptisés au nom du Père, et du Fils,et du Saint-Esprit.En nous signant, nous éloignons le péché de notre volonté.

    Nous Te prions pour ceux qui sont rejetés comme Jésus.Nous prions aussi pour tous ceux qui, par les épreuves de la vie, portent une croix lourde et douloureuse. Soulage ceux qui ploient sous le poids du découragement.

    Que ta croix nous donne une foi droite,une espérance solideune charité fidèle les uns pour les autres. Qu’elle soit le centre de notre famille. Amen

    À dire par les petits

    Seigneur, comme ta croix est belle.Elle écrase la mort et renouvelle la vie. Elle est comme un manteau pour moi.Je suis fier(e) de savoir faire mon signe de croix,au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit !

    Amen

  • dossier

    12 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    Pour Papa

    « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre… » (Lc 10, 21)

    Nous te rendons grâce, Seigneur, pour Papa.Toi qui es Père, il est ton image à la maison.Comme Toi au Ciel, il est sur terre le pilier sur lequel nous pouvons nous appuyer, nous ressourcer, nous sentir aimés et protégés. Merci pour la peine qu’il se donne à son travail pour notre bien à tous.Fortifie-le lorsqu’il est fatigué.Nous te bénissons pour son amour, sa présence privilégiée avec chacun et les efforts qu’il fait pour nous comprendre. Qu’il Te mette au cœur de chacune de ses décisions familiales et professionnelles.Tu aimes sa prière ; apprends-lui à compter toujours plus sur Toi.Que saint Joseph le guide dans son rôle de père et d’éducateur.Que nous sachions l’accueillir lorsqu’il rentre le soir à la maison,que son travail ne lui cause pas trop de soucis et épanouisse toutes ses qualités.Que Papa sache, grâce à son amour pour toi, se rappeler ses priorités par rapport à la famille afin qu’il ne nous oublie pas lorsqu’il a beaucoup de soucis en tête.Qu’il sache être attentif aux attentes de Maman et participer à sa manière aux tâches de la maison.Que maman l’admire et l’encourage toujours.Aide-nous à comprendre les exigences et les décisions de Papa. Aide-nous à respecter son autorité, même si nous ne comprenons pas toujours très bien.Nous l’aimons car il est un cadeau pour nous.

    À dire par les petitsMerci pour notre Papa qui nous a donné la vie avec Toi, Seigneur.Donne-lui toujours un cœur magnifiquepour qu’il nous aime malgré nos faiblesses et nos bêtises. Fais qu’il n’ait pas trop de soucis et soit toujours le plus fort ! Notre Père…

    Les Éditions Salvator ont été fondées en 1924 par l’abbé Meyer et dirigées par la famille Zumbiehl à Mulhouse. À l’origine le projet éditorial était notamment de faire connaître la grande théologie allemande en France. Son catalogue compte nombre d’auteurs prestigieux de l’Église, tant française qu’allemande (Karl Rahner, Urs von Balthasar et Xavier Thévenot parmi bien d’autres).

    Depuis 1998, l'éditeur Yves Briend dirige cette maison, en assumant cet héritage européen. Il croit que le « média-livre » garde sa force pour éveiller les consciences et construire une opinion publique sensible à la joie que peut apporter l'Évangile. Il aime à rappeler que la prière est l'alpha et l'oméga de la vie chrétienne. « A la limite toute la vie doit devenir prière (" Priez sans cesse " 1Th5, 17). Le reste est secondaire. Le bois mort de nos vies est fait pour être jeté dans le brasier de la prière de l'Eglise qui est celle même du Christ. Chez Salvator nous imaginons publier 100 - ou 100 fois - « 100 prières ». Parmi les 11 titres de cette collection déjà parus, les plus grands succès à ce jour sont : « 100 prières des Pères de l'Église », « 100 prières d'urgence », « 100 prières pour ceux qui ont du mal à prier », « 100 prières pour les défunts »,« 100

    prières pour les malades ».Dans les projets éditoriaux importants à venir, Yves Briend signale : « Le statut de l'embryon », de Mgr Michel Aupetit, vicaire général de Paris, à paraître en janvier - un livre sur la renaissance du monastère de Tibhirine en Algérie : « Un signe sur la Montagne », de Raymond Mengus - « Tu peux croire à l'amour », qui est un livre pour les adolescents sur la sexualité par Charles Delhez et le Père Denis Sonet... et enfin une biographie de Charles Journet, par Guy Boissard en mars.

    Ed. SALVATOR, Yves Briend Editeur S.A103, rue N.-D. des Champs - 75006 ParisTéléphone : + 33 (0) 1 53 10 38 38http://www.editions-salvator.com

    Yves Briend

  • FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 13

    CROATIE Même si la loi concernant les interruptions volontaires de grossesse reste in changée, les avortements ont diminué de 88,5% en Croatie, entre la chute du communisme en 1989 et 2005, a affirmé Marijo Zivkovicc, président du Centre pour la Famille, de Zagreb, lors de la rencontre organisée le 11 décembre dernier à Strasbourg par le Mouvement pour la vie italien, dont le président est Carlo Casini, député européen. Le thème de cette rencontre, qui a rassemblé des représentants d'associations et de mouvements de France, d'Italie, d'Espagne, d'Alle magne, de Pologne, d'Autriche, de Belgique, de Hongrie, de Roumanie, de Slovaquie, de Suisse, de Chypre, de Slovénie et de Croatie était la défense de la vie et de la famille. Selon Marijo Zivkovicc, la baisse du taux d'avortements en Croatie est « entièrement le fruit du travail d'éducation et de formation à l'Évangile de la vie promu par l’Église et les associations catholiques ». En 1989, dernière année du régime communiste en Croatie, 40 000 avortements ont été enregistrés dans le pays alors qu'en 2005, il y en a eu 4 600. Marijo Zivkovicc a comparé les chiffres de deux villes industrielles ayant à peu près la même taille, comme Rijeka (330000 habitants) et Split (470000 habitants), et a observé que Split a en registré une baisse du nombre des avorte ments, des divorces et des suicides, une réduction de l'utilisation des moyens de contraception et près de deux fois plus de familles avec au moins trois enfants. Contrairement à l'ensemble de l'Europe, la Croatie a vu en 1995 une augmentation de 11% du nombre de jeunes âgés de moins de 14 ans ; de plus en plus de familles avec au moins trois enfants ; un faible taux de divorces, un taux très faible de personnes porteuses du virus du SIDA et un faible taux de personnes utilisant le préservatif. Selon le président du Centre croate pour la famille, ce changement culturel est dû en partie au travail réalisé par les catholiques dans les années 70 et 80 mais surtout depuis la chute du communisme. Des films, des dépliants, des brochures, des livres, ont été diffusés par milliers sous le régime communiste et par millions après la chute du régime. Le Centre pour la famille a distribué de puis 1993, quatre millions et demi de brochures avec des chapelets pour la vie,

    ÉvangélisationLa note doctrinale de la Congrégation pour la doctrine de la foi du 17 décembre 2007

    sur l’évangélisation revêt une importance toute spéciale dans trois domaines : l’anthropolo-gie, l’ecclésiologie, l’œcuménisme.

    La personne humaine créée à l’image de Dieu a droit à la vérité et annoncer la Vérité qui est le Christ n’est pas une atteinte à la liberté, au contraire c’est la connaissance du Christ qui libère et les chrétiens ont pour mission de l’annoncer.

    Le Règne de Dieu…c’est avant tout une personne qui a le visage et le nom de Jésus de Nazareth, Image du Dieu invisible.

    Le chrétien n’est pas l’homme d’un livre ni même d’une doctrine, mais le témoin d’une Personne.

    Notre temps fait du moi l’ultime mesure au point de le transformer en prison. Cet ab-solutisme du moi relativise la vérité au nom d’un pluralisme indifférencié laissant à chacun le soin de décider de sa vérité. Cet individualisme spirituel ne permet plus l’accueil de la Révélation et rend vaine l’évangélisation. L’Esprit Saint n’est plus reçu, on ne croit plus à l’Amour de Dieu. Il est vrai que le dialogue peut devenir intolérance en raison du péché qui marque la nature humaine comme le montre l’histoire, maîtresse de sagesse.

    L'Église, dans son mystère, à la fois visible et invisible, mais d’autant plus visible qu’elle est spirituelle, est le véhicule de la présence de Dieu. On ne peut pas disjoindre le Royaume et l’Église. Ce règne n’est pas une utopie politique, mais la germination ici-bas d’un avenir dans lequel Dieu sera tout en tous et cette totalité est déjà présente dans le Christ auquel il faut toujours revenir.

    Le respect de la liberté religieuse ne doit pas être une indifférence à l’égard de la vérité. Le Christ envoie les chrétiens dans le monde pour annoncer son Règne au risque d’être per-sécutés. Cette annonce n’est pas que doctrinale elle doit être incarnée dans la vie de celui qui la propose. Le saint est l’authentique témoin.

    L’œcuménisme implique le dialogue, la discussion théologique et la coopération, mais surtout la conversion toujours plus profonde de chacun. Le catholique ne doit pas renoncer à faire partager la pleine communion de d'Église catholique à ceux qui le voudront. Cette œuvre de préparation et de réconciliation des personnes individuelles avec la pleine com-munion catholique se distingue de l’œcuménisme proprement dit mais n’est pas contradic-toire parce que les deux attitudes procèdent « d’une disposition admirable de Dieu » sur les personnes que l’on doit admettre à condition de bannir toute pression ou comportement étrangers à la charité.

    Cette note très substantielle poursuit l’œuvre de clarification entreprise par le Magis-tère depuis Dominus Jesus en 2000. Plus la volonté d’unité se fait sentir plus les conditions de cette unité doivent être claires. Le compromis est une bonne chose en politique, mais il n’a pas sa place sur le plan doctrinal comme le montre l’histoire des conciles.

    Le consensus sur les droits de l’homme n’a été possible qu’en renonçant à en donner les fondements métaphysiques et religieux, avec toutes les conséquences que cela entraîne lorsque les découvertes scientifiques et le rôle croissant des traditions religieuses dans la politique ne cessent de modifier les conditions d’application des droits de l’homme.

    Dans le dialogue interreligieux qui n’est pas abordé explicitement ici, le problème est l’anthropologie. Pour réaliser l’unité des disciples du Christ les difficultés à résoudre re-lèvent de l’ecclésiologie et de la conception de l’œcuménisme.

    Du côté protestant la difficulté est d’abord d’ordre ecclésiologique puisque l’Église catholique ne leur reconnaît pas le titre formel d’Églises. Avec les Orthodoxes la question essentielle est proprement œcuménique : ce qu’ils appellent le « prosélytisme », l’Église ca-tholique le considère comme une légitime annonce de sa plénitude ecclésiale (subsistit in). Dans les deux cas la solution est repoussée dans l’avenir, mais on suggère une coopération de plus en plus étroite dans les questions sociales qui relève plus spécialement de la charité concrète. Au jugement dernier, selon l’Évangile, le critère décisif sera l’action caritative.

    Don Patrick de Laubier +

  • 14 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    ainsi que des textes et des images provie. Les autorités croates ont encouragé un renouvellement démographique, ex pliquant que les familles stables et nombreuses sont un bien pour l'ensemble du pays. Mario Zivkovic a précisé que la Croatie a reçu l'aide internationale de l'Académie pour la vie, de Lumières sur l'Est, de l'archidiocèse de Vienne, de Human Life International, de l'American Life League et de la Society for the Unborn (SPUC), mais aussi de la presse non catholique. Le directeur du Centre croate pour la famille a expliqué que ce succès est également dû à « l'utilisation, de la part de l’Église, d'un langage non clérical » même s'il a souligné l'importance des voyages de JeanPaul II en 1994, 1998 et 2003, pour promouvoir l'Évangile de la vie. Pour montrer combien la culture de la vie a imprégné la Croatie, Mario Zivkovic a raconté que la pièce croate de 25 Kuna (qui équivaut à trois euros), frappée en l'an 2000, représente un enfant dans le ventre de sa mère, avec une partie du cordon om bilical.

    Antonio GAspARIZF07122404

    LEGIONNAIREs Le 22 décembre, 48 séminaristes formés par les Légionnaires du Christ ont été ordonnés à Rome en la basilique SteMarieMajeure, au cours d'une cérémonie présidée par l'archevêque Luigi de Magistris, en présence des cardinaux Giovani Lajolo et Pio Laghi. Les nouveaux prêtres viennent du Mexique (19), des ÉtatsUnis (12), d'Espagne (8), du Brésil (4), du Salvador (1), de Singapour (1), du Chili (1), de France (1) et d'Allemagne (1).

    ZF07122305

    CHEVALIERs Benoît XVI a nommé le cardinal John Patrick Foley Grand Maître de l'Ordre Équestre du saint-sépulcre de Jérusalem. Le Message de Noël 2007 de la Lieutenance de France évoquait la nomination du cardinal Foley et le prochain changement au patriarcat latin de Jérusalem : « 2007 a vu un changement de Grand Maître, son Éminence Mgr John Foley recevant du SaintPère cette charge et accédant au car dinalat à cette occasion. En 2008, c'est le Grand Prieur de l'Ordre, Mgr sabbah, qui, aux environs de Pâques, mettra fin à l'exercice de ses fonctions de Patriarche latin de Jérusalem, pour être remplacé par son coadjuteur, Mgr Fouad Twal ». Le Message évoquait également le pèle rinage à Bethléem : « La grande fête de Noël, naissance du Christ Sauveur en terre Sainte est un moment essentiel dans la vie du chrétien. Nos pensées se porteront vers Bethléem et vers les chevaliers et dames de la Lieutenance de France qui, présents à l'occasion du pèlerinage des familles, ne manqueront

    pas de porter à l'Enfant de la crèche les prières de la communauté formée par les membres de l'Ordre ». Mais le message mentionnait aussi le Jubilé de Lourdes en disant : « En France, le cent cinquantenaire des Apparitions de la Vierge à Lourdes sera l'occasion d'un pèle rinage spécifique de la Lieutenance de France, dès février. Accueillis par notre Grand Prieur, Mgr Perrier, évêque du lieu, les participants auront à cœur de prier Marie et de lui demander d'intercéder auprès de son Fils pour que la paix et la justice règnent sur la terre où ils vécurent, et dans les cœurs de ceux qui y habitent aujourd'hui ». Enfin, le message concluait par cette parole de la dernière encyclique du Pape, Spe salvi : « Seul Dieu peut créer la justice. Et la Foi nous donne la certitude qu'il le fait » (n°44). Actuellement, l'Ordre compte plus de 24 000 membres, Chevaliers et Dames, dans 44 pays du monde, dont 800 en France, parmi lesquels une cinquantaine de Dames. Ils s'engagent à vie, mais ne prononcent pas de vœux. L'Ordre est placé sous l'autorité di recte du Successeur de Pierre, et il a pour mission « d'assister spirituellement et matériellement les chrétiens vivant sur le territoire du Patriarcat latin de Jérusalem », soit 4 % de la population d'Israël, de l'Autorité palestinienne, de Jordanie, et de Chypre. Il soutient des écoles, des hô pitaux, des foyers pour personnes âgées ainsi que des congrégations religieuses en Palestine, avec le souci constant de prémunir les populations chrétiennes de Palestine et Jordanie « contre la tentation de l'émigration ».

    Anita s. BOURDINZF07122403

    TONY BLAIR

    L'archidiocèse catholique de Westminster a fait savoir que la cérémonie privée d'accueil dans l’Église catholique de l'ancien premier ministre britannique, né au sein de l’Église anglicane, a eu lieu vendredi 21 décembre au cours d'une messe célébrée dans la chapelle de la résidence de l'archevêque. Le cardinal Cormac Murphy O'Connor a affirmé : « Je suis très heureux d'accueillir Tony Blair dans l’Église catholique. Il assistait depuis longtemps régulièrement à la messe avec sa famille et ces derniers mois il a suivi une formation pour se préparer à entrer dans la pleine communion ». Il s'agit d'une « bonne nouvelle, que nous accueillons avec respect », a précisé pour sa part le père Federico Lombardi, s.j., directeur de la salle de presse du SaintSiège. « Les catholiques sont heureux d'accueillir au sein de leur communauté ceux qui, à travers un cheminement sérieux et de réflexion, se convertissent au catholicisme », atil ajouté. L'archevêque de Cantorbéry et primat de la Communion anglicane, Rowan

    Williams, a quant à lui transmis ses meilleurs vœux à Tony Blair pour son cheminement spi rituel.

    Jesús COLINAZF071223060

    Ndlr : Selon une étude de l'Ins ti tut Christian Research, le nombre de catholiques pratiquants en GrandeBretagne dépasserait désormais celui des anglicans pratiquants, avec respectivement 862 000 et 852 000 fidèles allant à l'office tous les dimanches.

    INDE

    Fin décembre, dans l'État d'Orissa (côte Est de l'Inde sur la baie du Bengale), six églises ont été brûlées, quatre autres pillées, et un chrétien tué par des ex trémistes hin douistes. Ceuxci affirment qu'un dirigeant hindouiste avait auparavant été blessé par des chrétiens. Ces derniers, souvent d'anciens "intouchables" convertis, représentent 1% de la population de cet État de 37 millions d'habitants et qui connaît également des heurts fréquents entre hindouistes et musulmans (5 à 6% de la population).

    RÉpUBLIQUE TCHèQUE

    Le gouvernement de centredroit s'est mis d'accord, le 23 décembre, avec les 17 Églises chré tiennes enregistrées en République tchèques sur un projet de loi de res titution des biens confisqués par le régime communiste. Mais le chef de l'État, Va clav Klaus, et la minorité de gauche au Parlement, sont hostiles à un programme qui prévoit 3,2 milliards d'euros d'indemnisation en faveur des Églises dans un pays en principe majoritairement catholique, mais surtout l'un des plus déchristianisé d'Europe.

    pHILIppINEs

    Quatre muftis de l'archipel de Mindanao, théâtre d'une interminable rébellion musulmane au sud des Philippines et où un journaliste de radio, Ferdinand Lintuan, a été assassiné à Davao City par des in connus le jour de Noël avaient publié à la veille de Noël des fatwas rap pelant que le terrorisme est interdit par l'islam et que Mahomet a promis sa protection aux chrétiens. Des jeunes musulmans ont assuré des tours de garde pour protéger les lieux de culte chrétiens pendant les fêtes de Noël.

    IRAN

    Le 24 décembre, Haddad Adel, président du Parlement iranien, a présenté ses félicitations aux chrétiens à l'occasion des fêtes de la naissance du Christ : "Comme tous les autres prophètes divins, le vénéré JésusChrist (béni soitil) était porteur d'un message de félicité et de gloire pour l'Homme".

  • En mémoire des jours

    On croyait tout savoir de ce malheur contem-porain que l’on appelle la Shoah, ce nom qui épuise en nous jusqu’à la source des larmes. Auschwitz et tant d’autres lieux du genre ont résumé l’infamie. Le constat que l’on pouvait en faire n’était pas exempt d’insuffi-sances. Il manquait des victi-mes à l’appel, sur cette terre d’Ukraine en particulier, où s’était déployée une cruauté qui relevait tout simplement de l’indicible. Le silence dont on entourait l’événement avait quelque chose d’insou-tenable. La totalité ou pres-que de la population juive de l’Ukraine avait été exter-minée, et l’on en faisait si peu mémoire. Comme si la barbarie nous tétanisait.

    I l a v a i t f a l l u q u e Jean-Paul II vînt en pèle-rinage dans ces lieux, pour que l’on consente enfin à ériger dans les faubourgs de Kiev, ville capitale, un monu-ment, en mémoire de ceux qui avaient péri là. Tous ceux qui dans l’anonymat des vil-lages avaient payé de fait leur appartenance. À proxi-mité, et dans toute l'Ukraine, il y avait ces populations, qu’on prétendait rayer de la carte des vivants. En un

    rien de temps, comme tout ce que faisaient à l’époque ces guerriers du IIIe Reich, qui rappelaient Attila. Là où ils passaient, ces hordes ne laissaient que dévastation, et oubli de tout ce qui pouvait rappeler ce malheur.

    Un homme qui n’était pas né à l’époque, n’a pas pris par bonheur son parti d’un silence qui, à la limite, nous faisait complice d’un meurtre dont la démesu-re était encore inconnue à ce jour. Cet homme, qui se voulait mémoire des siens, avait bien des titres à cet égard : c’était un prêtre qui avait des ori gines familiales liées à l’Ukraine. Son grand-père était venu de là. Et son petit-fils, avait bien sûr entendu parler de ce loin-tain pays, qui lui devenait dès lors très proche. Il avait par ailleurs des responsa-bilités qui le rendaient plus accessible encore au malheur des juifs en Ukraine durant la dernière guerre. Les hor-des nazies, comment parler d’une armée à leur propos – submergeaient tout sur leur passage, et les juifs en pre-mier lieu bien sûr. Le projet, qui fut aussitôt mis à exécu-tion, était de supprimer sans laisser de trace tous ceux qui étaient juifs ou leur étaient proches.

    Les morts se multipliaient sur les pas de cette légion maudite, qui extirpaient, c’est le mot, tous ceux qui étaient sous leur lance. Pour le père Desbois, ce fut un devoir de tirer du néant ce peuple enseveli par le Dévastateur. Et dont on parlait si peu. Avec une méthode qui pour-rait faire envie à bien des archéologues, le père Desbois refit le parcours des villages

    en Ukraine. Il avait de quoi faire, car ce pays comme d’autres avait une longue tradition d’accueil et d’amitié envers ses populations juives. On voulait éteindre l’exis-tence même de ce peuple, avec lequel jusqu’alors tout le monde avait vécu en paix. Et c’était précisément cette paix-là que les dévasta-tions de l’heure ne suppor-taient plus. Himmler et les siens ouvraient le siège des vil lages, dont nul ne pou-vait plus échapper. La ter-reur était sur leur passage. Aujourd’hui encore, les plus anciens se souviennent de ces portes défoncées à coups de haches, et sans considé-ration pour quiconque était juif. Ils se souviennent avec précision de ces heures où l’enfer avait pris pied en Ukraine.

    Le degré de barbarie, un demi-siècle après, demeure stupéfiant. C’est vraiment la grande nuit des pleurs qui se lève dans ce livre des Martyrs d’Israël. Innovation d’épou-vante dans ces vil lages. Tandis qu’on rassemblait le peuple de Moïse pour un départ sans retour, une fois ensemble ce peuple se voyait privé de tout, y compris de ses vêtements, dans le froid au besoin, et surtout aux abords de ces trous fu nestes, où se voyaient précipités dans des tréfonds d’abîme, des hommes et des femmes nouveaux nés et vieillards. Sans pitié projetés dans les profondeurs en fonction du butin espéré. Comment supporter l’idée même de ces suppliciés ? Cette petite foule ne réalise pas encore le sort définitif qui est le sien, en cette heure où tout le monde doit souffrir des

    bourreaux. Le pire, c’est que nous ne savions pas de quoi ils étaient capables. Alors qu’on grelottait de froid, une petite fille suppliait qu’on lui rende sa veste, elle donnerait au besoin ses chaussures en retour. Les balles ne suffi-saient pas toujours, parfois elles ne faisaient que des blessés destinés à sombrer dans ces trous qui ne méri-taient même pas le nom de fosses. Les tirs des mitrail-lettes crépitaient de partout. On mobilisait parfois des jeunes, parfois des enfants, à tasser ces corps que l’on pressait comme le fruit de la récompense.

    Au fil des pages de ce livre du père Desbois, on réalise que tout ce que l’on croyait savoir de ce temps de l’horreur n’était pas en core terminé hélas. Il faut lire ce livre, quitte à perdre le sommeil, c’est le prix à payer pour acquitter si possible une dette qui se doit de faire rachat pour toutes nos omis-sions. Les bourreaux avaient volé leur vie à tous ces inno-cents, qui avaient eu l’in-fortune de naître aux jours des barbares. La mémoire et l’hommage que lui rend ce livre ont quelque chose d’un devoir de justice. On a volé leur vie à ces innocents, qu’au moins on leur rende leur mort.

    Rachel pleure et ne veut pas être consolée, et nous devons nous aussi la re joindre dans cette souve-nance. n

    Pleurs d’Ukraine

    ParRobert Masson

    Père Patrick Desbois, col lection Porteurs de Mémoire, Shoah par balles, éd Robert Laffont. Cf le dossier publié par France Catholique, le 7 septembre dernier. Le film racontant cette histoire passera sur France 3 en février.

    ESPRIT

    FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 15

  • Nous avons tous besoin de rêver un peu, car nous sommes des enfants. Le tout, c’est que ce rêve ne nous détourne pas de la

    réalité, qu’il ne nous enferme pas en nous-mêmes, mais au contraire nous prépare à affronter le monde qui nous entoure avec plus de profondeur et donc plus d’efficacité. L’ima-ginaire biblique est de ce type et nous n’avons nullement à le répudier.

    Nos pères dans la foi ont beaucoup rêvé autour de l’Épi phanie du Seigneur, leurs tableaux en portent la trace. En des temps où la chrétienté était resserrée sur l’Occident, coupée de l’Asie et de l’Afrique par le monde musulman, ils se sont plus à montrer aux pieds de l’Enfant Dieu et de sa Mère de riches visiteurs venus de toutes les contrées du monde connu. Ils se sont réjouis par avance de ce jour béni où les foules des quatre coins de l’horizon viendraient se joindre aux hommages de l’Église. Au lieu de croire que l’Église militante se ramenait décidément à quelques royaumes terrestres vaguement acquis à la cause du Christ, ils ont anticipé le moment des grandes retrouvailles que Jésus lui-même avait laissé entrevoir : "beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident..." (Matthieu 8,11).

    Notre foi manque de cette ouverture visionnaire. Tout au plus rêvons-nous aujourd’hui d’une cohabitation pacifique avec les religions non chrétiennes, ce qui est sans doute déjà fort souhaitable, mais ne répond pas aux perspectives que nous ouvre l’Épiphanie. Si le Verbe s’est manifesté

    dans la chair, c’est pour le salut de tous les hommes, et pas seulement pour le confort spirituel de quelques populations devenues catholiques on ne sait pourquoi. Le salut, c’est la rencontre de Jésus et rien d’autre, ce n’est pas la récompense d’une vie vertueuse ou même religieuse. Quand,

    comment, sous quelle forme se fera cette rencontre, nous ne le savons qu’à petite échelle : pour nous et pour ceux qui sont autour de nous et à qui nous devons présenter la Bonne Nouvelle. Pour ce qui est l’horizon le plus large, Dieu seul sait les temps et les moyens.

    Mais nous, au moins, rêvons de cette rencontre heureuse autour de l’Agneau, où nous nous retrouverons tous, ceux du Sud et ceux du Nord, de l’Est et de l’Ouest, les Papous et les Esquimaux, les anciens adorateurs de Shiva et les ex-sectateurs de Moon, les musulmans détrompés et les athées repentis, dans une commune adoration. Alors eux nous feront part de leurs richesses, ils nous expliqueront

    leurs poètes, ils nous feront entendre leurs instruments, ils nous diront le long chemin de leurs chercheurs de Dieu, ils verseront eux aussi leurs trésors, comme jadis l’or, l’encens et la myrrhe, tandis que notre Sainte Mère l’Eglise leur présentera toute fière le petit Jésus, comme Marie tenait son

    Enfant.Ce rêve est celui qu’on fait

    tous ceux qui sont partis au-devant de leurs frères pour leur partager la Bonne Nouvelle. C’est lui qui leur a permis de franchir les mers et les déserts et d’affronter la malaria, les prisons et la mort. Il n’avait rien d’insensé et peut-être que,

    certains jours, ils l’ont vu, en partie, réalisé : dans ces foules bigarrées qui se pressaient autour d’eux pour leur demander la Parole de Dieu, dans ces voix innombrables comme les eaux profondes s’élevant vers le ciel pour acclamer le Christ, dans ces tendues vers le ciel…

    Comme nous ne rêvons plus, nous ne voyons plus rien de ceci se produire, nous n’avons que des statistiques pour nous expliquer que, dans notre pays au moins, il y a toujours moins de baptêmes d’enfants, moins de mariages religieux, moins de vocations sacerdotales, que l’on regroupe les paroisses, avant de regrouper les diocèses. Et nous nous rendormons, en nous disant que c’est ainsi et que, s’il y a moins de chrétiens, ils seront nécessairement de meilleure qualité.

    L’Épiphanie nous fera-t-elle rêver un peu ? Il est temps. n

    Lecture du livre d’Isaïe (60, 1-6) - Psaume 71 - Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Éphésiens (3, 2-3a. 5-6) - Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (2, 1-12).

    Permisde rêver ? par le PèreMichel GITTON

    ESPRITdImanchE 4 janvIER ÉPIPhanIE

    (annÉE a)

    Retrouvez chaque jour, sur internet, les points d'oraison du Père Michel Gitton, et les commentaires des Pères Louis et Bernard Hurault, à partir des lectures du jour :

    www.france-catholique.fr

    16 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    Si le Verbe s'est manifesté dans la chair, c'est pour le salut de tous les hommes

    )

  • © Editions du Triomphe,7, rue Bayen, 75017 Paris

    L'Aventurier de DieuWerenfried van Straaten

    L'Aventurier de DieuWerenfried van Straaten

    32/36par Dominique Bar,Guy Lehideux,d'après l'œuvre originale de Jean-Yves Clouzet et Pierdec.

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    à suivre...

  • 18 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    LIVRES

    Les 140 pages de la fervente admiratrice de Gabrielle Bossis en tracent un portrait si vivant que le lecteur a l’im pression d’avoir ren contré cette merveilleuse

    amie de Dieu. Lucia Barocchi avait, depuis 1950, le fameux Padre Pio comme père spirituel. C’est en allant le voir qu’elle trouve un exemplaire du premier volume de Lui et moi dans une librairie voisine du lieu de rendezvous avec le bienheureux franciscain.

    Ce pre mier volume avait été publié du vivant de l’aut eur, en 1948. Sa lecture eut sur Lucia Ba rocchi un effet immédiat. Écoutons la narratrice dire pourquoi en s'adressant directement à son héroïne : Peut-être parce que tu as suggéré, Ga-brielle, que le Paradis peut commencer dès aujourd’hui en conversant avec Dieu ? Parce qu’on peut le trouver hors du cloître ? À cause de la poésie des textes ? Ou du contenu théologique si limpide ?

    Non : Nous sommes liés à toi, Ga-brielle, parce que rien dans ta vie n’a parlé de sainteté. Tu ne nous as pas émerveillés avec des prodiges, tu n’as pas eu le don de prophétie, ni la grâce de savoir scruter les cœurs, tu n’as pas été considérée comme un modèle spirituel, tu n’as pas eu de congrégation qui te perpétue, tu n’as pas fait étalage d’une belle âme… Toi vivante, tu ne t’es pas fait connaître et personne ne t’a connue : Lui Il t’a connue comme tu étais, toujours mendiante, toujours dans le besoin de pardon.

    Nous sommes liés à toi parce que tu as vécu jusqu’au dernier jour non dans les rangs des parfaits, mais dans les rangs des pardonnés où nous nous trouvons quotidiennement, et pas seulement pour les petites misères qui étaient les tiennes. Nous sommes enfin liés à toi, Gabrielle parce que tu as consigné pour nous une merveilleuse foi dans la Miséricorde ! Et tu nous as transmis les paroles de la Miséricorde.

    Les nombreuses citations qui illuminent le récit nous font aussi comprendre

    le secret de ce charme : c’est LUI qui parle, Gabrielle se borne à écrire ce qu’on lui dicte et à tenir compagnie à ce grand Ami, ce Frère, ce Père, cet Amant invisible qui est venu chez les siens, mais n’a pas été accueilli. Alors le Ciel est venu sur la

    terre et Gabrielle, pendant 15 ans, a eu pour mission de témoigner de la joie que donne la présence de Celui qui nous a aimés. Cette vocation à la joie a eu un prix et peu de temps avant la rencontre, elle a entendu dans un moment de dépression cet aveu : Quand même tu ne penserais plus à Moi, Moi je penserais à toi. Quand même tu m’abandonnerais, tu me renierais, tu te moquerais de Mes avances, tu piétinerais nos cahiers et tu en trouverais d’autres à ta suite faisant campagne contre ton Dieu, Moi Je t’ai-

    merais. Et si tu t’unissais à ceux qui ont résolu de mourir en m’insultant afin de montrer au monde leur suprême effort de rébellion orgueilleuse, Je t’aimerais encore, t’atten dant au dernier de tes soupirs pour qu’un regard plein de ton regret te jette dans Mon Cœur (20 août 1948).

    Lucia Barocchi a pu retrouver tout ce qu’on pouvait espérer sur la vie cachée de Gabrielle Bossis et même davantage grâce à des témoignages im prévus et à des découvertes improbables, comme un manuscrit original que l’on croyait perdu. C’est une peinture, Lucia est de Florence, qui est plus ressemblante qu’un album de photos. Mais ce n’est que le reflet d’une lumière qui en fait tout le prix, celle de LUI qu’elle ne vit jamais, mais accepta d’entendre, d’écouter, de croire et finalement d’aimer plus qu’ellemême. Jésus voulait toute la place, mais sans entrer par effraction, ce fut un voyage à deux, chacun apportant sa contribution en proportion de ses mo yens et on sait que ceux de Dieu sont infinis. Le 25 mai 1950, un mois

    avant de mourir elle demanda : « Où estu, amoureuse présence ? » « Et après, qu’estce que ce sera ? »

    Ce sera Moi, Ce sera toujours Moi. n

    Gabrielle Bossis, auteur des entretiens spirituels "Lui et moi"* est plus connue en Italie qu’en France grâce à la biographie de Lucia Barocchi qui vient d’être traduite en français.

    MYSTIQUE

    La vie de Gabrielle

    C'est LUI qui parle, Gabrielle seborne à écrire ce qu'on lui dicte

    * Sept petits volumes, au total en viron 1000 pages rédigées entre 1936 et la mort de Gabrielle en 1950. Beauchesne éditeur.** Lucia Barocchi : "Lui et Gabrielle Bossis“ Beauchesne",143 p.,19 e.(

    par don Patrick de LAUBIER +

  • © Editions Viltis - Albéric de Palmaert, 12 rue Botzaris, 75019 Paris - 01 42 41 37 75

    La vie de Jacques Sevinsac au dos sans trêve...

    1/40Texte de A. de PalmaertDessins de Palmar

    FRANCE CATHOLIQUE à suivre...

  • Bien sûr, pour se tourner avec tant d’as-surance vers l’avenir, c’est que nos ra cines sont profondes. Elles plongent au tout début du XIIIe siècle quand fut fondée une petite communauté de reli-

    gieux autour d’un ermite qui s’était établi non loin de Bayeux, sur la petite colline de Mondaye (le mont d’Ae, le mont de l’eau, pieusement trans-formé en Mons Dei, le Mont de Dieu). Ces reli-gieux s’agrégèrent très vite à un ordre du siècle pré cédent, alors en pleine expansion : l’ordre des chanoines de Prémontré, fondé en 1120, par un prince allemand converti, Norbert de Xanten.

    Mondaye n’a jamais fait beaucoup parler d’elle dans l’histoire, mais avec une humble fidélité, à travers les malheurs de la guerre de Cent Ans et des guerres de religions, la communauté tint bon jusqu’à la Révolution française, où elle fut, comme toutes les autres, dissoute, avec la disper-sion de la douzaine de religieux qui la composait alors. Cependant, au début du XVIIIe siècle - ce XVIIIe siècle qu’on caractérise trop facilement comme religieusement décadent voire irréligieux - grâce à un profond mouvement de rénovation spirituelle, mais aussi avec une succession d’ab-bés réguliers, résidant au monastère, l’abbaye connut un véritable développement qui se tra-duisit notamment par la construction de nou-veaux bâtiments : une église, un monastère, et une grande ferme.

    Cette rénovation fut l’œuvre du prieur de l’épo-que, le Père Eustache Restout ; il appartenait à une famille de peintres, dont des œuvres sont pré-sentes dans les musées de Caen et de Rouen, et était architecte. C’est lui qui conçut cet ensemble architectural, remarquable par son unité de style et sa simplicité classique, et qu’on découvre avec surprise au cœur de la campagne normande.

    Le 29 avril 1791, ces bâtiments furent lotis et vendus comme biens nationaux. L’église, devenue église paroissiale, mise à part la courte période de la Terreur, a toujours été affectée au culte : elle était alors toute neuve, mais cette conservation fut au prix de la ruine des quatre autres églises de la nouvelle commune de Juaye-Mondaye : la municipalité fut obligée de les laisser sans entre-tien sur l’ordre du ministre des cultes !

    Quant au monastère, après avoir été un moment collège, il abrita dès 1815 pour quelques dizaines d’années, une communauté de Trappistines. Ce n’est en 1859 que des Prémontrés venus de l’abbaye de Grimbergen en Belgique réta-blirent la vie canoniale en ce lieu : malgré de nom-breuses difficultés liées à la politique antireligieuse

    PATRIMOINEFONDATION DES MONASTèRES

    20 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    Au début du XVIIIe siècle,l'abbaye connut un véritable développe-ment avec la construction de nouveaux bâtiments

    Il peut paraître étrange d’associer le mot de restauration avec avenir, et pourtant c’est bienà l’avenir que notre communauté a pensé quandil s’est agi de se réapproprier, au sens exactdu terme, un témoignage de son passé pouren faire un emblème dynamique de son avenir.

    La ferme de Mondayeune restauration d’avenir !

    Les bâtiments de l'aile Ouest

  • PATRIMOINE

    de la IIIe République, et notamment un exil de près de vingt ans en Belgique, la vie commune non seulement n’a pas cessé, mais au XIXe des complé-ments de constructions témoignent de sa vitalité. En 1921, la communauté retrouvait sa chère col-line : elle ne l’a pas quittée depuis. Ces épreuves, dont la mémoire a été fidèlement transmise par les anciens, conduisent à relativiser les événe-ments historiques, même cataclysmiques, en s’en remettant totalement à la Providence. Non seu-lement la communauté est toujours là, mais avec l’aide de Dieu, ces cinquante dernières années, elle s’est accrue et elle a rajeuni : une cinquantaine de frères la compose, et c’est un chiffre qui n’a jamais été atteint dans nos huit siècles d’histoire. D’autre part, l’animation spirituelle et pastorale de quatre

    FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 21

    par Frère Joël HouqueLa ferme de Mondayeune restauration d’avenir !

    La poternede la ferme

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    Unecinquantainede frèrescomposeactuellementlacommunauté

  • PATRIMOINEprieurés (Conques en Aveyron, Laloubère dans les hautes-Pyrénées, Bonlieu dans la Drôme, Miasino dans le Piémont italien) occupent plus de la moitié des frères de la communauté.

    La ferme, quant à elle, depuis sa mise en vente comme bien national, a suivi pendant plus de deux siècles sa vocation agricole dans cette région plantureuse du Bessin, propice à l’élevage et aux cultures. Nous avons toujours eu la chan-ce d’entretenir les meilleures relations avec les propriétaires-exploitants, notamment la famille Lesage durant tout le XXe siècle : c’est ainsi que Maître Léopold Lesage a veillé discrètement sur l’état du monastère pendant notre exil en Belgique. Des décès rapprochés et tra giques ont amené la famille à cesser l’exploitation et à nous proposer de racheter les bâtiments, les terres étant vendues à d’autres agriculteurs. Grâce à la générosité de près de 1000 bienfaiteurs, et à la vente d’une maison qui nous servait à l’accueil des familles dans le village, en octobre 2007, les 420 000 e étaient réunis et l’acte de vente signé.

    Ce magnifique ensemble enserre une cour de plus d’un hectare : cette cour sera propice à la méditation de nos hôtes qui pourront contempler l’abbatiale construite sur les pentes de la col-line. La partie la plus remarquable est sans aucun doute le porche terminé en 1741 ; ses grandes portes sont dans l’axe du portail de l’église abba-tiale ; c’est l’entrée naturelle de l’abbaye sur un axe ouest-est, comme dans toutes les abbayes de l’ordre de Prémontré.

    on a encore dans le journal de l’abbé Reusse (1739-1743), des renseignements précis concer-nant la carrière et les bancs de pierre qui ont servi pour les corniches et les lucarnes des greniers ainsi que pour les auges des étables et des écuries : ces bâtiments, au-delà de leur utilité fonctionnelle, témoignent d’un véritable souci esthétique.

    L’immense grange aux dîmes laisse découvrir une charpente tout à fait impressionnante dans sa rude simplicité.

    Tant d’abbayes ne sont plus que des ruines, ou n’ont plus d’abbaye que le nom, puisque des communautés n’y mettent plus une âme.

    Le Père Restout dont l’œil vif nous salue toujours dans son autoportrait conservé à l’abbaye, peut se réjouir au ciel : son œuvre est toujours là, dans son harmonie classique, mais surtout y ha bitent encore des frères qui s’inspirent de son idéal de vie, et don-nent leur vrai sens à tous ces bâtiments.

    un sens de beauté et d’harmonie dont nous avons tous besoin, parce que cela donne des ailes à l’âme.

    un sens de fraternité et de partage, parce que non seulement ces bâtiments sont conçus pour que des frères y habitent, mais aussi parce qu’ils sont appelés à accueillir tous ceux qui ont besoin d’un vrai repos, dans l’acception avec laquelle saint Augustin utilisait ce mot, quand il écrit dans

    sa prière : notre cœur est sans repos, tant qu’il ne repose en Toi.

    un sens de mission et de témoignage, parce que nous n’oublions jamais que ces biens, au sens canonique du terme, sont des biens d’Église, c'est-à-dire qu’ils doivent être mis au service de la Bonne Nouvelle, de cette nouvelle évangélisa-tion qui doit marquer ce siècle commençant.

    Bien sûr, les projets ne manquent pas, mais ils doivent se couler dans les contraintes stric-tes des règles édictées par les monuments his-toriques, les commissions de sécurité, les nor-mes d’accessibilité aux personnes handicapées.

    La priorité sera donnée à l’accueil de nos hôtes : de nouvelles chambres individuelles, mais aussi des structures pour répondre à la demande de groupes, notamment de jeunes, qui souvent pour des raisons de petits moyens, souhaitent fonc-tionner de manière autonome. Cela implique des salles de réunions modulables, des réfectoires, des lieux de célébration et de silence.

    L’accueil concerne aussi les touristes de pas-sage qui apprécieront de découvrir notre vie religieuse dans une salle d’exposition dotée de moyens modernes de communication. Notre magasin-porterie actuel est très petit : l’opportu-nité nous est donnée de l’agrandir, pour proposer davantage de produits monastiques et de livres religieux. Il y a bien sûr l’aspect économique, mais c’est souvent l’occasion de rencontres et d’échanges intéressants.

    L’aménagement de la vaste cour en un grand jardin ouvert à tous sera aussi très soigneusement étudié : de la beauté de cet espace dépendra la tonalité de tout l’ensemble.

    Grands projets, et donc grands besoins ! C’est pourquoi la communauté doit continuer à faire appel à ses bienfaiteurs et en trouver de nou-veaux, comme elle l’a fait depuis huit siècles. Si vous voulez contribuer à leur réalisation, vous pouvez envoyer vos dons à "Economat-Abbaye de Mondaye, 14250 Juaye-Mondaye" en les libellant à "Fondation des Monastères", si vous voulez un reçu fiscal. D’avance merci ! ■

    Frère Joël Houque,abbé de Mondaye.

    [email protected]él. 02.31.92.58.11.

    22 FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008

    Tantd'abbayes ne sont plus que des ruines, ou n'ont plus d'abbaye que le nom,puisque des communautés n'y mettent plus une âme

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    La cour de la ferme

  • FRANCECatholique n°3100 4 janvier 2008 23

    IDEESLE JOURNAL DE GERARD LECLERC

    8 OCTOBRE

    Mais l'actualité de Lubac n'attend pas les Carnets du Concile ! Voici le premier tome de la monumentale biographie de l'auteur du Drame de l'humanisme athée, par le Père Georges Chantraine ! Trois autres suivront. Et à se plonger dans ce-lui-là, on s'aperçoit que le biographe a bien travaillé en s'emparant de toute la documentation possible, même celle qu'on croyait perdue. Il me semble que c'est peu après la mort du Cardinal que son ami de longue date, de la Compagnie de Jé-sus aussi, reçut de ses supérieurs mission de s'engager dans cette entreprise. Je me souviens de sa visite chez moi - que je serais bien incapable de dater - où il était venu recueillir mes propres souvenirs. Il aura fallu de longues années de labeur pour parvenir à cette synthèse impres-sionnante où l'historien est aussi témoin. Car il y a ce que Georges Chantraine a bien connu, a vécu, et ce qu'il a recons-titué avec les méthodes de la recherche historique. Né à la fin du XIXe siècle (20 février 1896), Henri de Lubac appartient à un autre temps par ses origines, sa for-mation, sa génération.

    Maintenant que cette génération a disparu, nous devons nous résigner à la retrouver en associant la mémoire et l'étude. Ce qu'il m'arrive de faire, au moins en pensée, lorsque je songe à mon oncle prêtre, frère aîné de mon père, qui était né cinq ans avant le père de Lubac et me racontait sa jeunesse, ses années d'études, la façon dont il avait traversé la guerre de 1914-1918. Je me souviens d'ailleurs d'avoir parlé une fois de mon oncle au Cardinal, en mentionnant qu'il avait fait le séminaire universitaire de Lille et qu'il avait été marqué pour toute sa vie par la pensée du père Pierre Rous-selot. Rousselot, un des maîtres essentiels du futur Maître !

    N'ayant lu que le premier tiers de ce volume, je ne m'engagerai pas encore dans une appréciation d'ensemble. Mais comme je viens de l'esquisser, le climat décrit de l'univers de l'enfant, de l'adoles-cent, de l'étudiant (une année de Droit à

    Lyon avant qu'il n'entre chez les jé suites) a pour moi comme un air de famille. Les parents d'Henri de Lubac devaient res-sembler à mes grands-parents, formés à la même éducation religieuse, plongés dans les luttes des débuts de la IIIe Ré-

    publique, profondément heurtés par l'an-ticléricalisme et les offensives contre les congrégations, notamment devant ce que Péguy appelait la dictature "combiste". Voilà qui est plutôt oublié aujourd'hui. Le Père Chantraine nous le rappelle oppor-tunément, en montrant que le de Lubac plein d'expérience et de sagesse ne reniait pas l'impression détestable qu'il avait gar dée de cette époque. À 60 ans de dis-tance, il parle de ce climat de laideur et de tyrannie mesquine qui caractérise ce qui fut si bien épinglé (par Millerand) comme

    "régime abject". Et d'ajouter : « Un certain "air du temps" aujourd'hui peu favorable à des victimes dont toutes n'étaient pas sans faute (loin de là !) nous porte éga-lement à l'édulcorer dans notre souvenir. On n'a plus sous les yeux le déchaînement

    d'ignominies qui le soutenait dans la presse. Sans doute ce régime n'avait-il pas encore en mains les puissants moyens dont dispose aujourd'hui le totalitarisme, mais son fana-tisme antireligieux n'était pas moindre. » [G. Chantraine, Henri de Lubac, tome I, De la naissance à la mobilisation, 1896-1919, Le Cerf.]

    9 OCTOBRE

    Une lettre transmise par le Figaro-magazine, d'un lecteur de ma chronique parue dans cet hebdomadaire après la mort du cardinal Lustiger me met dans un certain embarras. Ce n'est pas la première fois que je me trouve ainsi défié par des ob-jections qui demanderaient des heures de réponses ! Il ne m'est pas difficile de répondre à ce correspondant sur la foi du Car-dinal en ces dernières années. Ne prétend-il pas que "sa tris-

    tesse" traduisait l'incertitude qui devait être la sienne face au destin probable du christianisme et ne se permet-il pas de supputer une sorte d'éclipse de la foi chez un homme qui ne respirait que dans la prière et la présence du Dieu Trinité. Sur ce point, je puis protester avec énergie, comme témoin (avec tant d'autres) de l'indéracinable conviction et de la vie spi-rituelle de celui qui avait fait l'irrévocable choix de Dieu.

    Plus difficile est la réplique lorsque mon interlocuteur se lance dans une

    Ce climat de laideur et de tyranniemesquine d'un "régime abject"

    De Henri de Lubac à BHL...

    )

    Henri de Lubacet son frère Paul,hiver 1915

  • démonstration de critique exégétique à propos de la date de la Nativité, pour me prouver la fragilité de l'historicité des Évangiles ! Je n'ai pas le sentiment que ce Monsieur ait une culture très assurée dans ce domaine. Il doit se faire l'écho de quelques considérations qu'il a ramassées dans je ne sais quelle revue ou quel livre et qui lui ont paru barrer toute prétention à se fier à la véracité de l'Écriture. Je ne vais tout de même pas me risquer à un discours méthodologique qui serait soit inaudible, soit forcément trop rudimen-taire pour introduire à une connaissance exhaustive de problèmes difficiles dont la résolution requiert de longs apprentis – sages !

    Peut-être y a-t-il un moyen de s'expli-quer, mais j'ai peur qu'il ne soit trop subtil ou trop pointu pour convaincre ou même accrocher une personne visiblement peu familière de ce type de disci