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CHAPITRE PRELIMINAIRE : INTRODUCTION EPISTEMOLOGIQUE A LA SOCIOLOGIE POLITIQUE Partant d'une définition très générale, selon laquelle la sociologie politique est la connaissance scientifique de la société dans ses aspects politiques, il est rappelé en avant- propos que la sociologie politique est la plus ancienne et la plus neuve des sciences de l'homme, le vocable même "Sociologie" ayant été forgé à l'époque moderne, en 1839, par Auguste Comte, au tome IX de son cours de philosophie positive. Cela posé, préciser la signification de l'expression "Sociologie politique" pose un certain nombre de difficultés étymologiques et conditionne la nature même de la discipline, chaque politologue étant enclin à user de cet outil scientifique à partir de la conception qu'il s'en fait. A cet égard, si la question du caractère scientifique de la sociologie politique et celle de sa spécificité dans l'approche des faits politiques ne semblent plus poser problème, tant les procédés méthodologiques que les résultats acquis ont été largement reconnus, il n'en reste pas moins que les querelles sont encore vives sur le contenu du terme "politique". Que l'on parle de “sociologie politique” ou de “science politique”, la démarche, en ce qui concerne cet enseignement, consiste à replacer les phénomènes politiques dans l'ensemble des phénomènes sociaux, et à les étudier tout à la fois, d'une manière autonome, sans pour autant se priver des acquis des autres sciences sociales et, notamment de la sociologie générale, dont notre spécialité est une branche. (1) Définition liminaire L’objet de la sociologie politique, comme toute première approche c’est la Société dans toute sa dimension politique et partant de ce postulat de base, qui demandera bien entendu à être précisé, la sociologie politique peut être considérée, et c’est le parti prit de cet enseignement comme l’approche Sociologique des phénomènes politiques. Autrement dit, comme l’ensemble des conceptions et des méthodes d’analyse dégagé par la sociologie générale, pour l’étude des rapports sociaux. L’on va user ces conceptions et ces méthodes, dans le cadre de notre discipline pour tenter d’expliquer parmi l’ensemble des rapports sociaux, comment fonctionnent les seules relations spécifiques qui présentent un caractère politique. Affiner cette définition liminaire qui tient de l’évidence n’est pas sans poser à partir de là, quelques difficultés étymologiques, et à conditionner la nature même de la sociologie politique. Chaque politologue en effet étant enclin à user de cet outil Scientifique à partir de la conception qu’il s’en fait. (2) Contenu du terme politique Première difficulté a trait au contenu même du terme politique, dont l’emploi devrait être accepté par tous les politologues, car de sa

cdn.reseauetudiant.comcdn.reseauetudiant.com/.../762,135/Sociologie_politique.docx · Web viewL'accent est mis sur la professionnalisation de l'élite dirigeante chez Roberto Michels,

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CHAPITRE PRELIMINAIRE : INTRODUCTION EPISTEMOLOGIQUE A LA SOCIOLOGIE POLITIQUEPartant d'une définition très générale, selon laquelle la sociologie politique est la connaissance scientifique de la société dans ses aspects politiques, il est rappelé en avant-propos que la sociologie politique est la plus ancienne et la plus neuve des sciences de l'homme, le vocable même "Sociologie" ayant été forgé à l'époque moderne, en 1839, par Auguste Comte, au tome IX de son cours de philosophie positive.Cela posé, préciser la signification de l'expression "Sociologie politique" pose un certain nombre de difficultés étymologiques et conditionne la nature même de la discipline, chaque politologue étant enclin à user de cet outil scientifique à partir de la conception qu'il s'en fait. A cet égard, si la question du caractère scientifique de la sociologie politique et celle de sa spécificité dans l'approche des faits politiques ne semblent plus poser problème, tant les procédés méthodologiques que les résultats acquis ont été largement reconnus, il n'en reste pas moins que les querelles sont encore vives sur le contenu du terme "politique".Que l'on parle de “sociologie politique” ou de “science politique”, la démarche, en ce qui concerne cet enseignement, consiste à replacer les phénomènes politiques dans l'ensemble des phénomènes sociaux, et à les étudier tout à la fois, d'une manière autonome, sans pour autant se priver des acquis des autres sciences sociales et, notamment de la sociologie générale, dont notre spécialité est une branche.

(1) Définition liminaire

L’objet de la sociologie politique, comme toute première approche c’est la Société dans toute sa dimension politique et partant de ce postulat de base, qui demandera bien entendu à être précisé, la sociologie politique peut être considérée, et c’est le parti prit de cet enseignement comme l’approche Sociologique des phénomènes politiques. Autrement dit, comme l’ensemble des conceptions et des méthodes d’analyse dégagé par la sociologie générale, pour l’étude des rapports sociaux.

L’on va user ces conceptions et ces méthodes, dans le cadre de notre discipline pour tenter d’expliquer parmi l’ensemble des rapports sociaux, comment fonctionnent les seules relations spécifiques qui présentent un caractère politique. Affiner cette définition liminaire qui tient de l’évidence n’est pas sans poser à partir de là, quelques difficultés étymologiques, et à conditionner la nature même de la sociologie politique. Chaque politologue en effet étant enclin à user de cet outil Scientifique à partir de la conception qu’il s’en fait.

(2) Contenu du terme politique

Première difficulté a trait au contenu même du terme politique, dont l’emploi devrait être accepté par tous les politologues, car de sa signification dépend de la fixation même du domaine de la discipline.

Or le concept est si ambigu, sa polysémie si difficile à cerner et fluctuante que la délimitation même de l’univers politique, ie du champs d’investigation que la science politique est amenée à embrasser, varie suivant les auteurs avec un certain degré d’arbitraire dans le choix des notions de référence d’état et de pouvoir. Mot politique est équivoque (étymologie grecque : cela concerne la cité et le gouvernement du groupe). Substantif féminin, la politique désigne l’espace symbolique de compétition entre les hommes et la manière que les gouvernants ont de gérer la société qui les a portés à sa tête. Au masculin, le politique renvoie généralement a une réflexion objective sur le pouvoir, dégagé des contingences du quotidien, c’est à cette déf qu’on réfère pour sociologie politique.

Pour autant, toute ambiguïté n’est pas levée pq peut pas réduire à opposition de 2 domaines séparés (la politique au sens actif d’art politique comme « faire de la politique » domaine des rivalités et gestion

au jour le jour, et celui du politique (notre étude) car ce dernier serait l’essence même cad des cond immuables du jeu politique quel qu’il soit, partout, en tout temps, et abstraction immuable serait le seul cadre de réflexion possible, suffisamment général pour livrer les clé explicatives de toutes les manif ext particulières. Or choses pas aussi tranchées et simples : le politique ne peut ignorer ce qui est contingent et la politique ne pourrait sans réflexion sur elle-même.

(3) Notion de sociologie politique

D’autre part, la notion de sociologie politique est encore obscurcie par le fait que certains auteurs comme Danquin dans son ouvrage de SC PO de 1992 penche plutôt pour faire de la discipline, la science de la politique de préférence à celle du politique.

Diverses conceptions sur le fond même de la matière incitent à rester sur une certaine imprécision. Ce que reconnait Danquin dans son ouvrage : « le but recherché est seulement d’avancer dans la compréhension de ce qu’est la politique réelle, par l’élucidation de ce qu’elle ne peut pas, ne pas être. C’est pourquoi nous utiliserons l’expression vague mais commode d’univers politique. L’univers politique, c’est ce qui englobe toute politique et la conditionne, c’est-à-dire, la détermine non point positivement, mais négativement ».

Deuxième difficulté concernant la qualité de la recherche : caractère scientifique de la sociologie politique et celle de sa spécificité dans l’approche des faits politiques : est-il pertinent de définir cette discipline comme une science, en mesurer les apports mais aussi les limites comme l’ont fait des auteurs comme Béatrice Mabilon-Bonfils, et Bruno Etienne.

Sur cette deuxième interrogation là encore, les certitudes ne vont pas sans quelques points faibles.

Ainsi en est-il de l’intitulé même de la Discipline. En effet, l’Action Politique étant d’abord une Activité Sociale et le Fait Politique un Fait Social. La sociologie politique est d’abord une sociologie, et l’expression même de sociologie politique symbolise l’intention de replacer les phénomènes Politiques, dans l’ensemble des phénomènes sociaux.

Cette démarche largement répandue chez un grand nombre de Professeurs, comme notamment Maurice Duverger, Roger-Gérard Schwartzenberg ou encore Claude Leclerc que nous avons cité il y a un instant, cette démarche traduit en toute logique, d’une part le souci de supprimer les frontières entre ces deux disciplines, à savoir Sociologie Générale et Sociologie Politique, dans la mesure où ils estiment qu’il y a une unité profonde entre ces deux Sciences Sociales, et d’autre part celui connexe d’utiliser la méthode sociologie pour l’approche politique.

Il faut dire que leur argument ne manque pas de pertinence. Ne serait-ce qu’au seul rappel de la naissance de la sociologie politique au rang de Sciences.

A l’Etat Civil épistémologique, le terme Sociologie appliqué au traitement de la Constitution et du Développement des Sociétés Humaines apparaît tardivement, puisque c’est Auguste Comte, qui dans le volume 4 de son cours de Philosophie Positive, le forge en 1839, et cela pour concrétiser une véritable discipline Scientifique, l’intention objective et positive qui va guider sa recherche.

C’est ainsi qu’il précise d’ailleurs le caractère scientifique de cette nouvelle Science Sociale qu’il ébauchait en écrivant, « quelle sera l’étude positive de l’ensemble des Lois Fondamentales propres au phénomène sociaux ».

En ce qu’il a affirmé et consacré une méthodologie, la sociologie moderne doit par conséquent beaucoup à l’héritage qu’on tient. C’est ainsi que Raymond Aron qualifie la sociologie de : « l’Etude qui se veut Scientifique du Social en tant que tel ». Et cela dans un ouvrage de 1967, intitulé « Les étapes de la Pensée Sociologique ».

De la même façon dans son manuel de Sociologie de 1958, un autre Sociologie Français Armand Cuvillier définit cette Science comme la Science Positive des Faits Sociaux. C’est sur cette base méthodologique que la sociologie politique dont on a dit qu’elle traitait de la Constitution et du Développement des Sociétés Politiques s’est constituée dans les années 50.

(4) La sociologie politique

Caractérisé comme l’une des branches de la Sociologie Générale tout comme ces autres branches Sociales particulières nées de l’éclatement de cette dernière que sont par exemple la Sociologie Economique, la Sociologie Juridique, la Sociologie Criminelle ou encore la Sociologie Religieuse, et bien la sociologie politique emprunte nombre de concepts et de théories à la discipline mère, la sociologie générale.

A vrai dire, à plus d’un titre là encore des incertitudes subsistent et cela sur l’intitulé même de la matière et sur son contenu. Ainsi en ce qui concerne le premier point, il est à relever que des chercheurs comme Jean-marie Denquin ou encore Dominique Chagnollaud préfèrent l’expression sciences politiques, pour caractériser des recherches empreintes davantage de connotation juridique dans l’esprit de la somme que le Professeur de Droit Constitutionnel Georges Burdeau publia en 1966/1967 sous le titre « Traité de Sciences Politiques en sept volumes ».

Certains par ailleurs compliquent la filiation Sociologie Générale-Sociologie Politique, en affirmant soit comme Dominique Chagnollaud et Philippe Braud que la Sociologie Politique, n’est pas une simple dimension de la Sociologie, mais une branche particulière de la Science Politique. Soit selon les représentants de tout un courant de recherche après la Seconde Guerre Mondiale, qu’il y aurait une division Institutionnelle entre Sciences Politiques et Sociologie, comme si le remarque le Sociologie Pierre Ansard dans un ouvrage de 1990 Les Sociologies contemporaines, « l’on pouvait dissocier les relations de pouvoir, des attitudes et des représentations, séparer le fonctionnement de l’Etat, des structures Sociales ».

Cette controverse et ses ambiguïtés devaient être signalées.

(5) Sociologie politique et science politique

Aujourd’hui disons que pour simplifier les choses, l’on préfère considérer les deux formules comme synonymiques et parler plutôt de Sociologie Politique à propos de laquelle Raymond Aron, pouvait si justement écrire en 1965, dans le N°1 de la Revue de l’Enseignement Supérieur, c’était pages 21 et suivantes, « à la limite, on pourrait dire que la Science Politique, considéré globalement se confond avec la Sociologie Politique. Elle est le chapitre Politique de la Sociologie ».

Cela posé, le contenu de la discipline présente aussi des zones d’ombre. Certes le développement de la Sociologie est-il lié à l’idée que les phénomènes Sociaux peuvent être étudiés par les mêmes Méthodes Scientifiques qu’emploient les Sciences de la Nature. Et que la Sociologie est une Science dans la mesure où comme dans les Sciences de la Nature, elle décrit ces phénomènes tels qu’ils existent en formulant dans un Discours cohérent, positif et hétérogène à son objet, des jugements de Réalité en adéquation avec les Faits observés et non pas de simples jugements de valeur.

Il n’en resta pas moins que le savoir à prétention scientifique, que la SP construit ne peut être que relatif et révisable.

A cela il y a au moins trois raisons :

- D’abord parce que le Discours Scientifique s’appliquant à l’examen concret de ce qui est réel, c’est-à-dire palpable, tangible s’agissant du cas particulier de notre discipline, il est difficile en l’occurrence de concevoir et de définir la Réalité des Faits Sociaux Politiques. Par exemple qu’est-ce qu’un Parti Politique sinon l’idée que chacun s’en fait.

- Deuxième raison ensuite, parce que si la Science en général et la Sociologie Politique en particulier est dans la recherche de l’Explication, construit une Vérité, celle-ci ne peut jamais être Absolue, quand il s’agit d’analyser de mettre en équation et de prédire les comportements Humains et cela dans la mesure en effet ou l’Homme est un Etre Libre, voir imprévisible par excellence. Autrement dit, la Liberté de l’Homme peut-être ne saurait être enfermée dans un Déterminisme quelconque. La notion de Lois Sociologiques par conséquent est une notion absurde, puisque incompatible avec cette Liberté même.Tout au plus pourra-t-on, exprimer des comportements d’ensemble en termes de probabilité, et tenant compte de la Liberté

possible des individus, constituant ces ensembles. C’est ce que l’on fait notamment, avec les sondages et les prévisions Electorales.

- Enfin une dernière raison, à la lumière de ce qui vient d’être exposé. Que pouvons-nous attendre d’autre de la Sociologie Politique, que, faute de formulations de Lois, l’Etablissement de Typologie c’est-à-dire de classement ordonnant les Connaissances et de Modèles, c’est-à-dire d’hypothèses qui rendent Intelligibles des Processus. Mais là encore, il faudrait naviguer entre deux écueils, a savoir, le Simple Empirisme, qui se limite à la simple accumulation des Faits, sans horizon, et la Spéculation Abstraite dans des Théories Partielles, jamais complètement exactes ou définitives. Théorisation à cent lieues des Théories Générales des Sciences de la Nature en tout cas qui s’appliquent à des Faits Objectifs essentiellement.

Alors que les Théories Sociaux Politiques concernent des Faits mais aussi des Valeurs dont la perception par le Chercheur est toujours subjective.

Dernière difficulté que nous ne faisons qu’évoquer à la suite de l’ouvrage « Politics and the Social Sciences », publié à Londres en 1969, sous la Direction de Seymour Martin Lipset. C’est sur le constat que la Sociologie a emprunté un certain nombre de méthodes et de techniques de recherche des disciplines voisines et que d’autre part, l’interprétation des phénomènes Politiques ne peut que s’enrichir d’une approche Pluridisciplinaire, que se pose le double problème de la définition du champ exact de la Science et celui de son autonomie véritable.

Voilà présenté sans complaisance, ni concession, notre discipline. Et si l’accent semble avoir été mis sur ses faiblesses, c’est d’abord pour en prendre la juste mesure, et ensuite avant même que d’aborder les apports de la Sociologie Politique à la Connaissance, pour inciter tous ceux qui sont amenés à la pratiquer, à faire preuve de modestie d’une part et de ne rien admettre de définitivement acquis d’autre part. Mais il est temps à présent d’entrer dans le cœur des certitudes et de consacrer la suite de ce chapitre préliminaire donné, en premier lieu un contenu à notre Matière et à mettre en relief sa spécificité et en second lieu à aborder les Règles de la Méthode qu’elle développe.

Section 1 : Définition du champ de l'étude (6)Il s'agit de commencer par cerner l'objet global de la matière, puis de borner son champ d'investigation par comparaison avec ceux de sciences contiguës.

§ 1. Objet et délimitation de l'étude : Le concept de société politiqueHistoriquement, deux points de vue se sont succédé, d'amplitudes différentes.

A) Première conception : La sociologie politique devrait se consacrer à l'étude de l'Etat (7)

Il s’agit là de la Doctrine Classique, la plus ancienne, celle qui associe la discipline à l’analyse exclusive d’une certaine forme d’Organisation Juridique et Politique. Au XIXème siècle ce sont surtout les juristes Germaniques autour de Gelinek qui ont popularisé cette conception, obsédés qu’ils étaient par les problèmes de la formation de l’Unité Allemande. Pour ces juristes, l’Etat est en somme un idéal à atteindre et ils leur paraissaient normale que la Science Politique, se consacra à définir et à Théoriser ce qui était pour eux la Forme la plus noble la plus désirable d’Organisation Politique.

En France ce point de vue a trouvé ces défenseurs. Notamment avec le Doyen Davy, dans le volume 1 de ces éléments de Sociologie parus en 1924, ainsi que chez le Recteur Prélot dans un cours qu’il professait en 1956/1957 à la Faculté de Droit de Paris intitulé « La conception Française de la Science Politique ». De la même veine, on peut citer également le Dictionnaire Littré qui définit la Politique comme je cite, «  la Science du Gouvernement des Etats ».

Très vite cependant, dès le début du XXème siècle, le Professeur Duguy éminent Constitutionaliste et Georges Scelle, Spécialiste de Droit International remet en cause cette position en considérant que l’Etat n’est qu’une Forme parmi d’autres d’Organisation Politique. Et que le phénomène Fondamental

caractéristique d’une Société Politique donnée, ne se réduit pas dans une Forme Particulière d’Organisation, mais tout simplement dans la différentiation Objective entre Gouvernants d’une part et Gouvernés d’autre part.

B) La doctrine moderne abandonne le critère de l'Etat et fait de l'objet de la sociologie politique l'étude du pouvoir en général. (8)

La sopol travaille sur le commandement, l’autorité, les modes de gvmt dans quelques sociétés humaines que ce soit et pas seulement société étatique. Cette conception, précisée dans les années 30 par Charles Meryam, George Katlin et Harrold Lasswell aux US a été popularisée en FR notamment par Raymond Aron, et les professeurs George Budeau, George Vedel et Maurice Duverger.

Certains se sont demandé si donner à la sopol l’étude du pvoir n’était pas lui donner une étude démesurément étendue. Ne devrait-elle pas par exemple se pencher sur l’analyse de l’autorité d’un père de famille sur ses enfants ? Celle d’un chef d’entreprise sur ses employés ou encore le phénomène de pvoir jusque dans les sociétés animales.

Face à ce pb, la société pol moderne se subdivise en 2 branches. Certains auteurs sont partisans d’admettre que chaque fois qu’il y a pouvoir, il y a matière à étude de science po. St minoritaires. Pour les autres, discipline ne doit pas ignorer les phénomènes de pvoir à un niveau inférieur de l’état ni ceux qui se situent à un niveau supérieur dans l’ordre des relations internationales, ces deux types d’éléments pouvant avoir une influence sur les relations étatiques, son terrain d’élection doit concerner les phénomènes du pvoir qui se manifestent de la manière évidente dans le cadre étatique, quitte à invoquer l’apport d’autres sciences sociales. C’est participant de ce même courant d’idée et faute de délimitation bénéficiant d’un accord unanime que les experts de l’Unesco ont choisi de définir la sociologie politique par la nomenclature des thèmes qu’elle traite plutôt que par une réflexion sur son essence même. Selon eux son champ d’étude devrait comprendre 4 rubriques :

- Théorie politique- Institutions politiques- Partis politiques, groupes et opinion publique- Relations internationales

Pour leur part, Reinhold Bendix et Seymour Martin Lipset donnaient en 1957 une liste de thèmes plus concentrée qui clos le débat. Ils écrivaient « la sociologie politique comprend les études sur

- Le comportement électoral et la recherche des attitudes et des opinions- Le processus de prise des décisions politiques - Les idéologies des partis politiques et leur groupe d’intérêt- Les partis politiques, les gpt volontaires et le pb de l’oligarchie- Le gouvernement et les pb d’administration »

Depuis, les politologues modernes travaillent sur des thèmes qui privilégient le pouvoir dans l'Etat.

§ 2. La sphère de la sociologie politiqueScience à part entière, la sociologie politique est à distinguer de deux disciplines voisines avec lesquelles elle s'est longtemps confondue.Sans aller jusqu’à traiter de la place de la discipline par rapport à l’histoire ou sciences éco par exemple tant la différence d’objet est évidente, pas sans intérêt de mettre en relief par comparaison ce qui distingue la socio politique du droit, spécialement constit et philosophie politique, car 2 sc sur lesquelles s’est souvent confondue sur l’approche de l’Etat et du pouvoir.

A) Sociologie politique et droit tout d'abord. (9)

Le droit et spécialement le droit constitutionnel aux sources de la sociologie politique sont des sciences normatives alors que la sociologie politique ne l'est pas.

Optique juridique est essentiellement normative en ce sens qu’elle est à la base de la distinction licite/illicite compte tenu d’un certain nombre de règles que les autorités politiques et administratives ont façonné et pour la méconnaissance desquelles elles ont organisé tout un arsenal de sanctions.

C’est ainsi que le droit vise à produire des résultats. Part d’imaginaire qui ne se limite pas à la mise en conformité des lois établies des institutions avec l’état de la société dans laquelle il s’applique mais aussi projection dans l’avenir de tt un système de comportement et valeur qui acquière dans la pratique sociale une présence aussi réelle que les faits naturels. En revanche, la socio pol n’est pas normative, ne fait qu’explorer ce qui est et non ce qui devrait être, notamment finalité l’analyse de tous les phénomènes informels et nn juridiques mais qui sous-tendent, informent, dépassent ou contredisent, les cadres juridiques et institutionnels. Le droit et la sc po ont donc 2 domaines d’investigation clairement séparés même si ces deux approches scientifiques sont complémentaires dans l’analyse des situations concrètes.

Prenons le droit constit pour illustrer ce propos. La constitution d’un état donné, qu’elle soit écrite ou informelle comme UK, se présente comme un document solennel relatif à la mise en place de la règlementation des institutions dont se pourvoit le régime qui prend le pvoir et compte l’exercer longtemps ;

Mais la constitution ne peut jamais tout prévoir pour l’immédiat, et encore moins pour l’avenir. Autrement dit, l’acte fondamentale et initial d’un régime politique, quel qu’il soit, ne peut suffire à lui seul à rendre compte de tout le droit constitutionnel. Et ce dernier s’appuya til sur un conseil constitutionnel comme en FR pour réaliser l’adéquation entre les choix instit et l’évolution de la société ne peut pas tout résoudre.

En effet, la réflexion constit proprement dite n’a pour mission que d’évoquer l’équilibre des pouvoirs établis par la cosntit. Signifie que même étendu aux libertés publiques, le droit constit n’est pas adapté pour expliquer le maintien ou l’abandon du consensus qui lie une population à ses institutions. Pas armé pour analyser notamment les paramètres de l’opinion publique, élément fondateur à même de contrôler l’action des gouvernants que les citoyens se sont choisis et qui agissent pour leur compte. Et c’est la socio pol (en ce qu’elle étudie notamment les partis politiques juste mentionnés dans la cosntit du 4 octobres 58 en fR, mais portant élément constit de l’opinion publique) enserre le droit constit voir exerce sa suprématie sur lui comme matière d’environnement explicative.

B) Comment distinguer la sociologie politique de la philosophie politique. (10)

Les oppositions résident dans les finalités et dans les modes de raisonnement axiomatique.

2 disciplines proches l’une de l’autre. Comme le droit, la branche de philosophie politique est une discipline normative qui prétend dégager les principes et recettes d’un bon gvmt cad qui sait se faire accepter. Certes recoupe préoccupation de socio pol ne serait-ce que par la place qu’elles accordent aux analyses de la réalité politique, mais s’en écarte par leur finalité qui sont moins de connaissance que d’action ainsi que par leur mode de raisonnement axiomatique. Si comme remarque Jean Marie Danquin « la science pol trouve dans ses œuvres géniales une foule de suggestions, il serait toutefois aussi incongrue de prétendre bâtir une science politique sur elles que de fonder la physique sur la critique de la raison pure ».

Section 2 : La méthodologie scientifique en usage en sociologie politique (11)La rigueur scientifique impose de traiter les faits politiques, au même titre que les faits sociaux "comme des choses" suivant l'expression d'E. Durkheim. La démarche, celle-là même qui est suivie en sociologie générale, consiste à les individualiser, à les observer, à les décrire, à les classer, et lorsqu'il est possible, à expliquer leurs rapports par la construction de théories plus ou moins vastes qu'il faudra vérifier.

Corolaire de l’affirmation de l’unité de la société globale, il est non moins évident que la sociologie politique étant d’abord une sociologie, ses investigations dans l’univers politique sont soumises aux regles propres de la méthode sociologique. En conséquence, à l’encontre de la démarche confuse qui consisterait à considérer la sociologie politique comme une science carrefour, faite de bric et de broc d’un amalgame de données historiques, juridiques, psychologique sur le thème récurrent du pouvoir, la rigueur impose de traiter les faits politiques comme une catégorie de faits sociaux, et de préférer à la diversité d’approche ou de traitement des faits politiques, l’unité de la démarche des faits sociologiques, au moins dans un premier temps. Libre au chercheur s’il le juge utile par la suite d’enrichir ses explications sociopolitiques par l’apport d’arguments puisés dans d’autres disciplines comme le font d’ailleurs tous les politologues, comme nous le verrons par la suite.

Cela posé, expliquer en sociologie comme en toute science, écrit Marcel Mauss, c’est donc découvrir des lois plus ou moins fragmentaires, c’est-à-dire lier des faits définis suivant des rapports définis. Nous poserons les bases de la démarche sociologique en examinant tour à tour les pièges du sens commun et les illusions de l’empirisme, puis en précisant les notions de théorie scientifique et de vérification par confrontation entre théorie et observation de la réalité.

§ 1. Les pièges du sens commun, et les illusions de l'empirisme (12)Une bonne méthode d'investigation scientifique commence par rompre avec les chimères du savoir immédiat.

Aborder un thème d’étude sur le champ du politique, c’est d’abord abstraire par le langage parmi toutes les institutions sociales, les valeurs, les actions, les comportements que la conceptualisation même intègre dans le domaine politique. Autrement dit, objectivant des concepts largement virtuels, faut-il commencer par les construire mentalement, sous forme d’objets sociologiques. C’est la 1ere étape, déterminante, de laquelle dépendra la qualité d’une recherche qui consistera a partir de la à leur appliquer les outils, nécessaires à leur observation, à leur classements, ainsi que ceux qui permettront éventuellement de les sélectionner dans une théorie explicative qui leur donneront un sens.

Cela dit, ce premier contact entre le chercheur et la matière de son étude est délicat parce que tout homme, fut il politologue, a l’illusion d’un savoir immédiat.

A) Les pièges du sens commun.

Le savant doit se garder de confondre le réel observé et ce qu'il croit être la réalité, lorsqu’inconsciemment, il le perçoit avec le prisme déformant des normes et des valeurs du groupe social auquel il appartient. Il doit s'interdire par ailleurs toute explication spontanée par les motivations psychologiques des acteurs étudiés. Ce sont, pour reprendre une expression de Durkheim, figure emblématique de la socio FR, des distorsions entre le réel et ce que l’on croit être la réalité, autrement dit la confusion qui peut apparaître entre l’illusion d’un savoir immédiat sur ce que nous ne connaissons pas mais que nous imaginons de comprendre pour nous sentir en harmonie avec le monde qui nous entoure et le véritable déterminisme, parfois malaisé à découvrir. Ainsi que de la même façon que jusqu’à la Renaissance, les hommes pensaient que la Terre était une galette ronde, parce qu’ils la voyaient plate, de même façon le sociologue, immergé dans un réseau de relations sociales, est le savant avant tout de sa propre pratique. Un sociologue père de famille, spécialistes des relations familiales, peut être de la sorte enclin à transposer dans sa recherche savante l’idée même qu’il se fait chez lui de son rôle de chef de famille. Le politologue engagé dans le combat politique peut faire une sociologie politique de droite ou de gauche aux antipodes d’une recherche politique neutre. Dans le même ordre d’idées à cet égard, l’un des travers les plus rependus qui guette le scientifique et le conduit à l’erreur est la propension relativement fréquente à juger par rapport aux normes et comportements du groupe social auquel on appartient, c’est l’ethnocentrisme qui consiste à tout rapporter à soi et à troubler une réflexion qui devrait être objective, d’à priori et lieux communs infondés. Ce peut être l’ethnocentrisme de civilisation lorsque par exemple lorsqu’on applique le concept de démocratie à l’Athènes de Périclès

ou à certaines sociétés d’Afrique par une analyse inconséquente avec la pratique démocratique dans l’EU du 21 eme sc. Peut aussi être un ethnocentrisme de classe qui consiste à prétendre connaitre les autres groupes sociaux de sa propre société à partir des présupposés du groupe d’appartenance de l’observateur.

B) Autre source d'erreur dans la construction de l'objet à explorer : l'hyper- empirisme.

L'accumulation des recherches de détails ne doit pas constituer l'objectif ultime de la science.Consiste à accumuler les recherches de détail, quantifications d’un grand nombre d’éléments en étant convaincu après Paul Lazarsfeld et les tenants de l’école empiriste américaine dans les années 20, que seuls les objets d’études mesurables pouvaient être qualifiés de scientifique. Que dès l’ors qu’avait été utilisé un instrument rigoureux de méthode (sondage, enquête, quantification mathématique), pas besoin de soumettre à la réflexion. En fait, en rester à cette étape (description savante) risque d’orienter inconsciemment les résultats de l’étude en fonction de l’idéologie dominante.

Exposé de ce que doit être une entreprise scientifique aboutie cad à la recherche de théorie scientifique et à leur vérification empirique ;

§ 2. Les théories scientifiques et la vérification empirique (13)Collecter et mesurer des données présentant des similitudes constitue la phase primordiale de toute discipline scientifique, mais il faut dépasser cette étape, et, en ne sélectionnant que les plus significatives, les articuler sous la forme de théories qui, si elles sont vérifiées, sont susceptibles d'atteindre à l'explication et à la formulation de lois.La faiblesse de l’accumulation de données empiriques et d’isoler et dissocier les actes de la recherche alors que ceux-ci n’ont de sens que s’ils sont insérés dans une démarche unitaire qui doit passer dans un mouvement dialectique, de la rupture avec le sens commun à la vérification de l’hypothèse en passant par la construction de l’objet.

C’est tout ce cheminement qui doit, dans une interaction permanente et un recadrage si nécessaire entre la théorie et les faits observés, permettre d’abandonner le fétichisme de la méthode et de la technique pour laisser libre court à l’imagination sociologique, vertu qui distingue le sociologue du simple technicien. Pour illustrer ce processus qui relie intimement construction de l’objet d’étude et théorie à lui appliquer, les travaux de Goffman sont riches d’enseignement.

A) L'ouvrage "Asiles" d'Erwing Goffman, que l'on peut trouver aux éditions de Minuit (1974).

C'est l'exemple emblématique à suivre pour qui veut comprendre ce que signifie "construire un objet sociologique" c'est-à-dire concevoir une occasion d'étude et en déduire des implications théoriques.Cet auteur cherchait a comprendre quelle était la place et la fonction des asiles psychiatriques dans lesquels sont enfermés et gardés des hommes qui échappent d’une manière plus ou moins évidente aux normes communes par rapport au corps social tout entier. S’agissant d’une étude d’impact purement sociologique, Goffman commence donc par conceptualiser l’objet de sa recherche, d’abord à tâtons, en procédant à une rupture avec la recherche psychologique et médicale, qui concerne l’étude des symptômes de la folie et de ses remèdes éventuels. Ensuite, en éliminant la question de ‘l’ordre sociale peu opérationnelle car elle ne porte que sur l’existence de ce type d’établissement particulier et non de leur fonctionnement. Enfin, Goffman en arrive, par induction, à bâtir dans le même mouvement, une théorie strictement sociologique, en l’occurrence la théorie des fonctions sociales caractéristique d’une classe d’institutions particulières qu’il appelle institution totalitaire, et à construire précisément ce concept générique d’institution totalitaire, qui, à partir du modèle des hôpitaux psychiatriques, va regrouper tous les lieux spécialisés dans le gardiennage des hommes comme les prisons, casernes, internats, couvents, dès l’instant qu’ils présentent la double caractéristique de couper les sujets en garde du monde extérieur et de prendre en charge tous leurs besoins à l’intérieur des murs. De la découverte du concept à celle de la théorie, le fruit et l’intérêt de cette analyse, dépasse, après vérification empirique (sur le terrain), le cadre stricte des maisons d’aliénés car il fait apparaitre dans toutes les catégories d’établissement totalitaire, les memes comportements qui traduisent une manière

de riposte à une situation carcérale qui est imposé. A partir ce cette démarche sociologique, il est aisé de comprendre certains comportements aberrants comme ce que l’on appelle le « mauvais esprit » de certains que l’on rencontre autant dans les hôpitaux psychiatriques que chez certains militaires ou élèves en pension, et qui sont autant de marques de refus contre l’unilatéralité des idéologies dominantes. La mise en relief de ce problème permet éventuellement à l'autorité compétente de le prévenir ou d’y remédier. Voilà a quoi doit tendre une démarche sociologique bien menée.

B) Pour faire un résumé synthétique de la méthode à employer dans les analyses de sociologie politique.

Il convient de faire des allers-retours incessants entre les hypothèses de départ, la systématisation théorique et la vérification empirique.Pour faire un résumé synthétique de la méthode employée dans les analyses de socio politique, convient-il de rappeler qu’au départ, une formulation au moins hypothétique du problème étudié doit guider la conceptualisation et la collecte des faits, sinon sans cadre d’analyse ou profil directeur on aboutira seulement à cumuler une masse de données qui resteront opaques. A l’arrivée, la systématisation théorique est le but normal de la recherche scientifique. Le progrès d’une science réside dans l’élaboration de théorie de plus en plsu général. Pour la socio politique, toutefois, il semble que nous soyons revenus des cadres conceptuels globaux comme le Marxisme ou la théorie des élites depuis quelques temps, et que l’accent soit mis aujourd’hui sur des théories plus limitées fondées sur des hypothèses de travail réduites mais aux formulations compréhensives plus opérationnelles.

Section 3 : Les grandes articulations du cours qui sera distribué en trois titres comportant chacun trois chapitres (14)- Le titre I traitera de la notion de pouvoir politique- Le titre II abordera celle du développement politique des systèmes politiques- Le titre III sera consacré à ce que l'on pourrait appeler la participation politique.Titre 1 : notion de pouvoir politique. Le pouvoir politique, par le caractère global et fondateur de son objet s’impose en premier lieu en effet la réflexion. Sur sa définition, son exercice, sa transmission, son évolution seront tour à tour examinés l’apport des grands auteurs du passé, les grandes cosmogonies explicatives des dernières années du 19eme et des premiers temps du 20eme puis les outils et théories modernes pour son étude aujourd’hui.

Titre 2 : systèmes politiques et dvpt politiques. Plus récentes, vagues et vastes que la précédente, en constituent le complément nécessaire. Démontré par théorie pure d’abord puis exemples contraires des pays dvpés et tiers monde que le pouvoir ne peut se concevoir et se comprendre que par rapport à un environnement qui le conditionne

Titre 3 : participation politique, cad différentes formes d’influence que les gouvernés peuvent avoir sur les gouvernants : vote, violence, jeu des partis ou encore des groupes de pression

Deux conseils pour l’examen : apprendre le cours audio. Lecture d’un manuel de complément n’intervient qu’en appoint.

Préparer les sujets de réflexion mentionnés. Environ 1h par thèmes et seront interrogés plus particulièrement sur les différentes questions proposées ;

Enregistrement n° 2

TITRE I : LES APPROCHES SCIENTIFIQUES DES PHENOMENES DE POUVOIR (15)Les relations de pouvoir propres à toute collectivité humaine, et spécialement dans l'Etat étant au coeur du champ de l'étude de la sociologie politique, celles-ci sont désormais isolées, décrites et expliquées scientifiquement grâce à une batterie de plus en plus performante d'outils techniques et de théories explicatives plus ou moins amples. Mais avant même cet avènement scientifique relativement récent, la réflexion sur le pouvoir et sur l'Etat a nourri des générations de penseurs.

Plan du titre (16)3 chapitres pour ce titre : chapitre 1 pour parcourir, à travers les œuvres majeures des grands auteurs, les premières analyses qui ont pu être menées sur les mécanismes du pouvoir. Certes il ne s’agit pas encore avant le tournant des années 1900, d’études scientifiques à proprement parler mais mélange de sciences pol et considérations toutes autres (géographiques, anthropologiques, démographiques voire climatiques et surtout philosophiques) qui méconnaissaient la profonde différence aujourd’hui évidente entre les logiques intellectuelles d’un discours axé principalement sur les jugements de valeurs et celle d’un discours orienté au contraire vers l’élucidation des processus politiques effectifs. Sans doute est-il juste de relever toutefois que certains ouvrages de la tradition philosophique, outre leur apport à la culture en générale et à la réflexion politique en particulier, recèlent aussi des éléments d’analyse scientifique au sens moderne. L’accent portera sur ces différentes bribes d’avancées scientifiques, après quoi seront évoquées les années cruciales pour la formation des sciences sociales où des auteurs comme Max Weber qui écrit « le savant et le politique » ou encore Emile Durkheim qui fait paraitre ses « règles de la méthode sociologique » en 1895, se nourrissent d’une forte ambition d’examen empirique des réalités observables, et rompant avec la tradition philosophique, développent une vision très aigue des conditions auxquelles doit se plier l’investigation savante. Apres eux, l’école systémique américaine insufflera de nvelles perspectives à ce qui constitue la sociologie politique moderne.

Chapitre 2 : deux grandes théories concernant la nature du pouvoir dans toute société étatique, et les changements qui l’affectent immanquablement. Parmi les modèles de systèmes théoriques, c’est en l’occurrence le Marxisme et la théorie élitiste que nous étudieront. Alors que tous les auteurs antérieurs que nous aurons vu chapitre 1 n’auront fait que décrire et classer les états en fonction de leur différent régime politique, sans imaginer leur transformation autrement que sur la base d’observations comparatives, les théories marxistes et élitistes constituent les premières cosmogonies socio politiques qui cherchent à expliquer la dynamique du pvoir d’état à partir de constructions de l’esprit basées sur l’expérience. Longtemps en modèle d’analyse de référence, ces théories générales gardent une fraicheur intellectuelle indéniable mais, reflétant les structures d’une société occidentale d’il y a 100-150 ans, elles ont perdu aujourd’hui une part de leur séduction scientifique puisque les sociétés étatiques sont d’une part plus complexes, et parce que l’échec d’une expérience marxiste dans les années 90 après 7 décennies de mise en œuvre dans les pays d’EU de l’Est a montré toute la part d’utopie et d’irrationnel que cette doctrine, longtemps dominante chez les politologues, recelait.

Aussi chapitre 3 sera consacré à l’examen de l’état de la socio pol actuel, qui à l’inverse des généralisations du passé, incapable de donner un sens définitif au domaine du pouvoir étatique se caractérise plutôt par de multiples approches de la notion de pouvoir, pour, de proche en proche, en arriver à éclairer celle de pouvoir dans l’état, comme il a été dit précédemment en intro. Plus modeste mais se voulant plus opérationnelle et pertinente, la recherche socio pol actuelle a deux priorités  : elle est un laboratoire où l’on affine les outils d’observation et de classement des faits sociaux, ceux-là même que la socio générale d’après-guerre a perfectionné comme les sondages ou les analyses de contenu. Ensuite, elle développe des modèles formels plus restreint que les modèles théoriques précédent, plus éloignés de l’expérience, et aussi plus dominées par le raisonnement pur, modèle qu’elle construit à propos de toute relation de pouvoir recensée afin de l’expliquer et agir sur elle. Objectif ultime = la découverte d’un modèle explicatif général du pvoir par la formulation de plusieurs type d’architecture virtuelle des différentes interactions qui le produisent. Autrement dit, la socio pol cherche actuellement à parfaire, pour son propre champ d’étude, le raisonnement systémique qui est

un outil désormais utilisé dans toutes les disciplines scientifiques, en remplacement des modèles théoriques socio-étatiques des écoles marxistes et élitistes antérieures.

Chapitre I : Les précurseurs de la sociologie politique contemporaine et les grandes lignes de la pensée politique moderneLa sociologie politique existe depuis les temps les plus anciens en tant que méditation sur les rapports et les structures de pouvoir, mâtinée de considérations religieuses et éthiques. Elle s'est progressivement affirmée comme discipline scientifique à partir, surtout, du XIXème siècle.Avant que la sociologie politique ne devienne une science à part entière, empruntant sa méthode à la sociologie générale, existait une réflexion socio politique innommée, mal dégagée de réflexions éthiques, philosophiques ou de préceptes religieux, et encombré de prénotions scientifiques, mais qui commence à dessiner un champ d’investigation autonome sous la plume d’une pléiade de penseurs. Le socle de notre discipline est donc fait de tout cet héritage philosophique, humaniste et chrétien qui couvre, depuis Hérodote au 5eme siècle avant JC, une longue période qui va de l’antiquité au 18eme siècle. Il s’agissait alors d’une réflexion philosophique, cad d’une pensée qui, de l’antiquité aux 15 premiers siècles de l’ère chrétienne, ne savait interpréter le destin de l’homme que d’abord par référence aux dieux puis à une seule puissance divine. Au 16ème siècle, l’apparition du courant humaniste marginalise le créateur, on ne se préoccupe plus seulement de gagner le ciel mais aussi de bien vivre sur terre. Avec la philo des lumières à partir du 17ème siècle, la pensée se laïcise, la philo se dégage de la religion, l’esprit positif l’emporte peu à peu sur la méditation déductive, et la conséquence en est une contestation de + en + radicale de la formule monarchique du gouvernement des hommes, élaborée aux cours des siècles avec la collaboration de l’église, et une réintroduction, parallèlement, à sa place, d’une démocratie antique qu’on redécouvre.

Section 1 couvrira cette période en 4 paragraphes.

Section 2 : essor de la pensée politique moderne au 19eme s

Regard rapide sur la pensée sopol actuelle

Section 1 : Les pères fondateurs de la science politique et la classification des régimes politiquesA travers sa constitution, tout Etat choisit la nature de son régime politique, monarchie, oligarchie ou démocratie. Ce fut là le thème de réflexion privilégié des premiers philosophes qui s'interrogèrent sur les comportements sociaux et politiques, l'organisation sociale et la légitimité des gouvernants.A travers sa constitution, tout état exprime un régime politique donné, que ce soit à travers le pouvoir d’un seul homme (monarchie ou dictature), de quelques-uns (oligarchie ou aristocratie si on considère que ce sont les meilleures, ou encore du peuple dont les institutions issues de lui peuvent être démocratiques si respectent les libertés de chacun ou démagogiques dans le cas contraire. Un gvmt, quel qu’il soit, et tous ses avatars, n’est jamais pur, la monarchie par exemple pouvant, comme en ES aujourd’hui s’accommoder de la démocratie, marquant par la le caractère mixte du régime. C’est ce qu’on compris les auteurs et les acteurs de la vie politique des époques que nous allons traverser dont nous allons pour chacun isoler les idées touchant à ce qui fait l’objet de la sopol a savoir l’organisation de sociale, la nature du pouvoir d’état et sa légitimité ainsi que le jeu des comportements sociaux et politiques.

§ 1. Les penseurs de l'Antiquité gréco-latine

Philosophes, juristes, sociologues, c'étaient aussi de grands voyageurs.

A) Hérodote. (17)

On lui doit la première typologie des régimes politiques et l'intuition que leur évolution dans le temps est le produit de leur corruption. A l’origine, il y a Hérodote (-484). Né à Halicarnasse, colonie panhellénique d’IT du Sud, il peut être considéré comme le père de l’histoire et sociologie. Dans les 9 livres de ses «  histoires », qui sont autant d’enquêtes sur les civilisations qu’il a rencontré lors de ses voyages, il est en effet le 1 erà avoir distingué les différentes formes de gouvernements qu’il observait et en établir une typologie non sans affirmer ses préférences. Dans le livre 3, Hérodote met sous la forme d'un dialogue entre trois mages (Otanès, Mégabyse et Darius) l'exposé, la défense et la critique des trois grandes formes de gouvernement. après avoir fait exposer par le mage Otanès les avantages de la démocratie et de l’oligarchie par Mégabyse, fait-il dire par le mage Darius « trois formes de gouvernements s’offre à nous. Supposons-les toutes parfaites, il y a démocratie, oligarchie, monarchie. Je déclare que ce dernier régime l’emporte nettement sur toutes les autres. Un seul homme est au pouvoir. S’il a toutes les vertus requises, on ne saurait trouver de régime meilleur ». Démonstration mainte fois reprises ensuite : « lorsqu’un système politique ne correspond plus à son environnement, il se transforme en un autre modèle et c’est ainsi que les dissensions parmi les oligarques ou les corruptions dans la démocratie ne peuvent que conduire au rétablissement d’un chef unique, preuve s’il en est de l’excellence du régime monarchique ».

B) Platon. (18)

Homme politique raté, théoricien de la société et du pouvoir, il est également utopiste puisqu'il imagine le modèle sociopolitique d'une République idéale, mi-monarchie, mi-démocratie.Indissociable de la construction de Socrate dont il suit l’enseignement qu’il retranscrira durant 8 ans, de 407 à 399 avant JC.

Vrai nom Aristocle, né en 427 avant JC. A la mort de Socrate, il espère installer en Sicile un roi philosophe. Il échoue, revient à Athènes ou il fonde une école destinée à former les hommes d’états, l’Académie. Homme politique raté, Platon est un auteur majeur par ses 28 « dialogues » qui retracent les entretiens de Socrate avec ses disciples. 3 d’entre eux retiennent le politologue celui connu sous le titre de « la république » plus précisément intitulé « de la Constitution », et parmi les derniers dialogues : « les lois » et « le politique ». Tout à la fois théoricien de la société et du pouvoir mais également utopiste, puisqu’il imagine un modèle socio-politique d’une République idéale, Platon conduit une triple réflexion sur la société humaine dans son ensemble, sur la cité et le pouvoir politique, chacune étant indissociable des autres. Ainsi en ce qui concerne la société des hommes, Platon développe dans le livre 7 de « la République » la métaphore du mythe de la Caverne, selon laquelle, de la même façon qu’un homme enchaîné et le dos tourné face à l’entrée d’une caverne d’où vient la lumière ne voit projeté sur la paroi du fond les ombres des choses et non les choses elles-mêmes, de la même façon nous avons de la réalité qu’une connaissance incomplète, un reflet. Sur la société civile, Platon est organiciste, comme le sera Spenser au 19eme. Platon compare la société avec le corps humain. Une tête (gouvernants, juges), un cœur (police, armée) et un ventre (agriculteurs et commerçants). On peut déjà la voir le début de la théorie sur les classes sociales. Mais c’est surtout sur le pouvoir que l’apport de Platon à la réflexion scientifique est important : il sera maintes fois copié sur ce sujet.

Ayant une aversion marquée pour la démocratie, qu’il identifie à la forme dégénérée de la politique, la démagogie, il dvpe la pensée d’Hérodote sur les 3 formes principales de régime politique et sur leur forme dénaturée, qui glisserait de l’une a l’autre suivant des cycles. Sa pensée va évoluer d’ouvrage en ouvrage, c’est ainsi que dans « la république » ou il prône l’abolition de la propriété et de la famille en même temps que la communauté des biens et des femmes, tout au moins pour les classes supérieures des philosophes, gouvernants et guerriers, le régime qu’il considère le meilleur est le totalitarisme aristocratique de la monarchie. Mais la décadence menace ce qu’il appelle la timocratie, cad l’ambition et l’amour des honneurs est appelé à le supplanter. Vient ensuite l’oligarchie, dégénérescence de la timocratie, régime du commandement par les gens riches sur les pauvres qui

n’ont aucune autorité. A ce régime, succèdera logiquement selon Platon la démocratie, lorsque les pauvres massacrent ou bannissent les aristo en place et fondent avec ce qu’il reste « un gouvernement agréable, anarchique et bigarré, qui dispense une sorte d’égalité, aussi bien à ce qui est inégale qu’à ce qui est égale » (titre 7).

Enfin, cette démocratie va mener d’un excès de liberté à un exces de servitude, cad la tyrannie, ou tout le monde est malheureux, y compris le tyran lui-même, réduit à flatter les plus méchants pour se maintenir. Alors que le gvmt qui, à l’opposé est celui du bonheur pour tous, est celui de l’état royal, celui de la cité idéal. Dans « le politique », son œuvre de jeunesse dont beaucoup d’observations se retrouveront dans « les lois », Platon retrouve que ce qui fait la différence entre un bon ou mauvais régime, qu’il soit celui d’un homme, plusieurs, ou de tout le peuple, c’est en fait la soumission aux lois ou au contraire le dédain des lois. Dans « les lois », sa dernière œuvre importante, l’auteur nous livre une autre réflexion intéressante ; comparant le despotisme perse et la démocratie Athénienne, il en vient à penser que toute autre forme de régime n’en sont que des adaptations, et que le meilleur régime, celui qui dure, est celui qui combine des éléments monarchiques et des éléments démocratiques. Sa « cité des lois » est la meilleure cité possible, que Platon envisage apres observations et déduction. Entre cette dernière configuration et la cité idéale de « la république », purement utopiste, on peut mesurer tout le cheminement scientifique de cet auteur majeur, et apprécier quelques fulgurances sociologiques, comme notamment la théorie des climats, que reprendra particulièrement Montesquieu au 18ème sc.

C) Aristote.

Elève de Platon, il est beaucoup plus empirique que son maître puisqu'il procède à une étude comparative circonstanciée de tous les régimes de son époque.Élève de Platon, Aristote qui sera abondamment traduit, commenté et popularisé en occident, notamment par les auteurs Cordouan, comme Avicène et Avéroues au 12ème, est le 3eme auteur majeur de l’antiquité grecque, notamment avec son ouvrage « les politiques ».

La société est pour Aristote inhérente à l’homme dans la mesure ou l’homme ne peut se suffire à lui-même. La société existe donc par elle-même, comme une exacte sensation d’une chose réelle, et ses fondements en sont la famille et la propriété, dc pas besoin de l’imaginer idéalement, comme le faisait Platon dans « la caverne ».

Quant au pouvoir politique, si Aristote partage ac Platon l’idée que seule la pratique du bien et de la justice assurent le bonheur individuel et social, et c’est là que nous touchons à l’état, cette pratique ne peut être assurée que par un ordre juste qui prend racine dans la constitution et dans la loi. Mais Aristote se sépare encore de Platon dans la mesure où, affirmant que la politique n’est pas une science théorique mais une science pratique, il va étudier et comparer tous les régimes politiques de son époque. Et s’il distingue trois régimes essentiels comme son prédécesseur et 3 formes corrompues, la tyrannie succédant à la royauté, l’oligarchie à l’aristocratie, et la démocratie qu’il assimile à la démagogie au gouvernement constitutionnel qu’il nomme Politii, c’est pas par une approche théorique mais par une approche comparative des systèmes qu’il en vient à se poser cette réflexion. Il découvre alors que les lois d’évolution des cycles politiques dépendent de la géographie physique humaine et sociale de chaque contrée considérée. De même que la vitesse des changements. Ac Aristote, gde innovation : pour la première fois une méthode d’analyse comparative et inductive est utilisée, et non abstraite et déductive.

D) Les auteurs latins.

Polybe redécouvre la théorie des cycles des régimes politiques comme plus tardCicéron, et se fait le chantre des régimes mixtes.Avec Polybe, en 205-125 avant JC et Cicéron 106-43 avant JC, il s’agit principalement de transcripteurs d’Aristote. Certes, la pensée Grecque, avec Anaxagor, Thucydide, Démocrite, Solon et tous les cyniques autour de Diogène de Sinope, et riches de découvreurs de la rationalité, c’est encore Aristote et Platon qui servent de maitres penseurs à Rome.

C’est Polybe le premier semble til qui les introduit dans la capitale de l’empire Romain. Grecque latinisé, il se lie d’amitié avec la famille de Scipion l’africain après avoir subi un temps le sort d’otage. Il admire ces romains qui ont imposé leur domination au reste du monde, et il l’écrit dès le livre 1 de son ouvrage intitulé « Histoire ». en notant que par comparaison dans le livre 6 : « le peuple Athénien a toujours ressemblé à l’équipage d’un navire privé de capitaine ». De ses prédécesseurs, polybe reprend la théorie des cycles des régimes politiques. A la forme primitive et naturelle du gvmt d’un seul dérive la royauté qui se dénature en despotisme. Puis sur les ruines de l’une et de l’autre, s’instaure l’aristocratie qui se transforme à son tour en oligarchie puis en démocratie, laquelle évoluera à son tour pour se faire démagogie au gvmt de la populace qu’il nomme ochlocratie. Partant de ces lieux désormais communs, Polybe découvre la séparation des pouvoirs et ses avantages. Pour lui en effet, les institutions de la Rep romaine atteignent l’excelence car sa constitution était tout à la fois monarchique, par la présence des consuls, aristocratique par l’instauration du sénat et démocratique par l’existence des comices. Il s’agit donc d’un régime mixte qui puise sa force dans l’équilibre des trois pouvoirs. Analyse identique que redécouvrira Montesquieu en 1848 pour nouer les institutions britanniques, analyse que les pères fondateurs de la constit américaine en 1786 mettront en application.

Reste à mentionner le Cicéron du de republica et du de legibus, qui sous les mêmes intitulés que 2 des œuvres majeures de Platon, reprend grosso-modo son analyse du pvoir suivant une méthode identique (dialogue). Détestant comme ses maitres grecques la démocratie, en laquelle il voit un régime non pas de liberté mais de licence, Cicéron admet comme eux l’existence de 3 régimes qui alternent dans les états suivant des cycles, et se prononce nettement pour un gvmt mixte, celui qui résulte de la combinaison des 3 formes pures (royauté, autorité de l’élite et autorité du peuple).

§ 2. L'humanisme chrétien au moyen-âge et l'insertion de la pensée aristotélicienne dans le message de l'Eglise (21-22)Saint-Augustin, Saint Thomas d'Aquin, parmi les pères de l'Eglise, font évoluer la pensée chrétienne dans le sens d'un engagement de plus en plus affirmé dans les affaires terrestres.Mon royaume n’est pas de ce monde et rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu enseignait le Christ. C’est sur ces deux messages très succinct que les théoriciens du christianisme vont s’attacher à séparer les deux mondes, celui de l’au-delà et le monde terrestre, et enseigner que la destinée humaine n’a de raison que dans la quête de l’au-delà.

(21) Saint Augustin

Ainsi parmi ceux qu’il est commun d’appeler les « pères de l’église », St Augustin, l’évêque d’Hippone, actuelle Annaba en Algérie, peut-il écrire dans l’épitre de St Pierre, que les chrétiens «  ont l’ordre de supporter s’il le faut, même le pire, la plus avilie des républiques ». Ce qui signifie qu’en tout lieu, le chrétien doit se soumettre au pouvoir en place quel qu’il soit. Nous sommes loin avec cette philosophie du martyre, qui refuse tout jugement, de l’analyse comparative grecque des régimes politiques à la recherche du mieux adapté à sa société. A mesure de la montée en influence de l’église en occident, de nvelles réflexions sociopolitiques redéfinissent la légitimité. Ainsi, dès le 9 ème siècle, la religion qui intervient dans le rituel de l’adoubement du chevalier féodal va t’elle moraliser les mœurs et donner tout son sens au mot et à la classe des nobles (ceux qui sont connus pour s’incliner devant Dieu et pourfendre les méchants).

Et en ce qui concerne le gvmt du premier des nobles (roi), la contribution la plus aboutie sur la meilleure formule envisageable est celle de St Thomas d’Aquin, auteur d’une somme théologique, véritable résumé du savoir de son temps.

(22) Saint Thomas d’Aquin

L’apport de St Thomas d’Aquin à la pensée chrétienne est d’avoir combiné l’analyse politique Aristotélicienne et la loi divine qui conditionne, dans la tradition chrétienne, l’ordre politique. C’est ainsi que, reprennant à son compte l’essentiel de la distinction antique entr les trois types de gvmt purs (monarchie, aristocratie et démocratie) et les trois formes altérées qui suivent (tyrannie, oligarchie et démagogie, qui contrairement aux premières ne visent pas le bien commun mais l’intérêt particulier),

il se prononce finalement en faveur d’une monarchie constitutionnelle au sens où elle doit réserver une part du pvoir au peuple, sorte de mélange entre monarchie, aristocratie et démocratie, dans lequel l’élection permet de compenser l’hérédité lorsque le monarque est indigne.

§ 3. L'humanisme de la RenaissanceLa période est caractérisée par une ouverture d'esprit, une tolérance et une foi dans le progrès que l'on qualifie du terme générique d'"humanisme".La pensée politique de la Renaissance est marquée à la fois par le pessimisme engendré par des guerres cruelles et incessantes (campagnes d’IT par les rois de FR) et par la redécouverte des textes antiques qui replacent l’homme au centre de toute méditation. Pour simplifier, on peut dire qu’à l’inverse de la période précédente, axée sur le salut de l’homme par la foi et sur l’élan vers le Dieu de l’idéal chrétien, la Renaissance est caractérisée notamment à partir des découvertes de Christophe Colomb par une certaine ouverture d’esprit/tolérance et foi vers le progrès, qui sont autant de marques ds la recherche du bonheur individuel et social, avant toute chose. C’est en un mot ce que l’on qualifie d’humanistes. En IT, sous le gouvernement des Médicis, Dante et Machiavel illustrent ce courant. En Angleterre, c’est Thomas Moore. En FR, c’est Guillaume Budé (qui crée le collège de FR avec François 1er ) ainsi que Montaigne, Du Bellay ou encore Rabelais. En Hollande, la figure emblématique est celle du très chrétien Erasme qui redécouvre le passage de l’hellénisme au christianisme et qui va jusqu’à élever Socrate au rang de St. Parmi cette pléiade de penseurs, Machiavel et Erasme retiennent plus particulièrement l’attention.

A) Nicolas Machiavel.(23)

Pour cet auteur, l'homme est un loup pour l'homme, et la violence peut être justifiée.Homme d’action, excellent diplomate, Machiavel assiste à la fin de Savonarole, fréquente les Médicis, le pape Boniface et l’empereur Maximilien. Le retour des Médicis à Florence le chasse du pouvoir. Il écrira outre « de la République » et « de l’art de la guerre », le petit opuscule qui fera sa renommée, « le Prince », qu’il va dédicacer à Laurent de Médicis, mais qui ne sera pas publié de son vivant, et ne reviendra pas au pouvoir. Machiavel doit beaucoup au positivisme d’Aristote et de Polybe, dont il reprend les trois formes de gouvernement et leur succession et dont il épouse leur préférence pour un gouvernement mixte. Mais il se sépare d’eux par le fait qu’avec « Le Prince », il apparait comme le lointain fondateur de la science politique, science du pouvoir et de l’état. Avec cette œuvre, il n’y a plus de jugement de valeur, mais de simples constatations sur la manière d’acquérir et de conserver le pouvoir, à partir desquels le florentin expose des lois sociologiques susceptibles de régir les faits sociaux, sans aucune prétention morale. Ses deux postulats de base sont :

L’homme est un loup pour l’homme

La violence peut être justifiée

Ainsi écrira-t-il « on peut combattre de deux manières, ou avec les lois, ou avec la force. La première est propre à l’homme, la seconde est celle des bêtes. […] Un Prince doit avoir en quelque sorte ces deux natures. […] Que le Prince soit aimé ou craint, il serait préférable qu’il soit à la fois craint et aimé, mais en toutes hypothèses il vaut mieux qu’il soit craint qu’être aimé. »

B) Erasme.(24)

Adversaire de la guerre qu'il considère comme contraire à la nature, il incarne le renouveau du droit naturel.Né à Rotterdam en 1469, étudiant en théologie à Paris, ami de Thomas Moore, Erasme publie notamment un éloge de la folie et en 1500 les « adages » qui se présentent sous la forme d’un recueil de 800 proverbes. Plutôt qu’à Machiavel, Catherine Rouvier qui lui consacre plusieurs pages de dvpt de sociologie politique lui accorde volontiers le titre de premier sociologue, dès l’ors que ses adages véhiculent dans le discours de son temps comme dans celui d’aujourd’hui, des représentations

mentales, politiques, religieuses ou encore sociales, qui sont autant de représentations sociales concourant à la construction d’une réalité commune à un ensemble social. Cela dit, la reflexion la plus pertinente d’Erasme a trait à la guerre, qu’il considère comme contraire à la nature, au bon sens, et à toute prudence politique. Ce plaidoyer pour la paix est la marque de l’humanisme à la Renaissance, tout à la fois chrétien mais également marqué par le droit naturel.

§ 4. L'humanisme des LumièresBacon, Descartes, Fénelon, Fontenelle et bien d'autres figures de ce temps, mettent l'accentsur la "Raison". Parmi elles :L’humanisme de la Renaissance recentre la pensée sur l’homme. Celui des lumières va privilégier en l’homme la partie la plus noble, celle qui le hisse à la hauteur d’un Dieu auquel on ne croit plus beaucoup, la raison, à laquelle désormais on met une majuscule respectueuse.

John Locke, dans son « essai sur le fonctionnement civil », paru en 1690, semble etre le promoteur de cette nvelle tendance. « Dieu, qui a donné le mde aux hommes en commun lieu, a donné la raison pour qu’ils s’en servent au mieux des intérêts de leur vie et de leurs circonstances ». Descartes, Fénelon, Fontenelle, alors confrontés à l’essor du protestantisme qui a familiarisé l’époque avec la notion de libre arbitre, défendront chacun leur tour et suivant des cheminements différents, le droit pour chaque homme à déterminer sa conduite sans référence obligée à une religion, morale ou idéologie. Ils ouvriront la voix aux auteurs majeurs du 18ème, Montesquieu, Rousseau, Voltaire et Condillac en FR, Kant et Ficht en Allemagne. Parmi tous ces auteurs, Locke et Montesquieu retiendront notre attention puisque intéressent notre discipline.

A) John Locke.(25)

Il établit les règles de la démocratie libérale.C’est un Anglais, anti-absolutisme, anti-Stuarts, anticatholique, partisan de Cromwell comme son père. Si son essai sur le gvmt civil qui apparait 1 an après le Bill of Rights, qui limite le pvoir du roi d’Angleterre au profit du Parlement retiens l’attention, c’est qu’il établit les règles de toute démocratie libérale digne de ce nom. Principes :

- 1 : le pouvoir politique découlant d’un contrat social, le peuple en est le dépositaire. Le peuple gouverne donc soit directement soit par ses représentants au sein du corps législatif.

- 2, le corps législatif vote les lois que tous doivent connaitre. - 3ème, c’est normalement la loi de la majorité qui joue sauf stipulation express contraire nécessitant

une majorité qualifiée. - 4ème, l’exécutif veille à l’exécution des lois, et sanctionne par des mesures de police ou de justice

leur inexécution. Hiérarchiquement, l’exécutif est moins important que le pvoir législatif.- 5ème, certaines matières toutefois, hors du domaine de la loi, peuvent être réservées à l’exécutif.- 6ème, l’exécutif peut parfois agir discrétionnairement en vertu du bien public, en l’absence de toute

disposition générale.

Montesquieu reprendra en tous points cette analyse, en ajoutant un pvoir judiciaire à l’édifice.

B) Charles- Louis de Secondat de Montesquieu. (26) 1689-1755

C'est le penseur-phare qui met au goût français le principe de la séparation des pouvoirs et qui fait la théorie des lois.Section 2 : La pensée politique moderneLe XIXème siècle apparaît comme le siècle de la Liberté sous toutes ses formes. D'elle, se réclameront les deux grands courants idéologiques à l'origine de la réflexion sociologique actuelle : le libéralisme et le marxisme.M est le penseur phare de cette époque avec notamment les « Lettres persanes » publiées en 1721, les « considérations sur les causes de la grandeur des romains et de leur décadence » (1734) et surtout avec l’ »Esprit des lois » 1748. M va mettre au gout FR la séparation des pouvoirs, mais surtout entreprend une véritable étude sociologique de la loi, sa réflexion portant moins sur les

caractéristiques proprement juridiques de la règle de droit que sur son utilité, sa légitimité, sa conformité à la morale et à la justice et la possibilité ou non de lui obéir voire de la changer. L’idée nouvelle majeur est que chaque loi juridique, fut elle d’apparence arbitraire, n’est pas due au hasard, dans quelque société que ce soit, mais qu’elle dérive « de la nature des choses ». Dans ses étapes de la « pensée sociologique » (1967), le sociologue Raymond Aron affirme ainsi que « Montesquieu s’efforce de saisir tous les secteurs du tout-social et de dégager les relations multiples entre variables ». ce qui veut dire que si les lois se réfèrent toutes au principe de justice et de raison, elles n’en varient pas moins en fonction de la nature du gouvernement qui les établit, en fonction de la géographie du pays, notamment du climat, religion des peuples, genre de vie… par cette démarche, M s’efforce, sans toujours éviter les préjugés, de dire ce qui est et non ce qui devrait être. Deux apports importants ainsi à son crédit : les lois apparaissent désormais comme l’expression des enjeux du pvoir, se traduisant en liens objectifs qui relient les faits sociaux. M initie à la découverte et à la vérification de ces lois qui sont juridiques mais à connotation politiques et sociales et contribue à faire de la science politique une science nomothétique. En 2nd lieu, considérant l’état comme une totalité, cad ensemble réel structuré dont les lois ne font que refléter l’unité interne, M apparait comme le premier théoricien des systèmes, qui étudient les partis par le tout et non l’inverse comme se faisait jusqu’à présent.

Section 2 : La pensée politique moderneAprès le triomphe de la raison les années précédentes, le 19ème siècle apparait comme celui de la liberté. Liberté ontologique, philosophique, politique et économique sous la forme de liberté d’entreprendre que défendra le libéralisme et au contraire critiqué par l’autre grand courant, le Marxisme. C’est sous l’inspiration du Marxisme que la sociologie moderne, au moins pour ce qui est de la sociologie générale se développera sous la forme d’une pensée globalisante. Au 20ème siècle, alors que les juristes Léon Duguy, Maurice Auriot et Gabriel Lebrac commencèrent à l’enseigner sous le terme de science politique, la sociologie commence par être inculquée dans les facultés de lettres en 1920 avant d’être introduite dans les universités juridiques, par un décret du 10 juillet 1862 qui emploie la dénomination « sociologie politique ».

§ 1. L'essor de la sociologie dans la fin du XIXème siècle (27)Tocqueville, Marx, Auguste Comte, Durkheim redécouvrent les faits sociaux et les formes de gouvernement. Très vite, ils se partagent en deux écoles : Les empiristes d'un côté et les théoriciens d'un autre côté.Toqueville, avec 2 ouvrages (De la démocratie en Amérique, 1840, et l’ancien régime et la révolution, 1856), inaugure la période. Il amorce la découverte du lien, aujourd’hui admis, entre l’état du dvpt socioéconomique et ses implications politiques. Dans le même temps, la réflexion socialiste, représentée par Claude Henri de St Simon, Fourrier et Proudon, apparait dans l’ensemble en deça de la scientificité, dans la mesure ou elle est reconstruction théorique du réel dans l’optique de la justification d’une doctrine. Karl Marx, qui édite « le Capital » en 1867 et avec Hengel « l’idéologie Allemande » en 1846 et le « petit manifeste du parti socialiste » en 1848, Karl Marx ne s’y est pas trompé, il taxe les auteurs précédents d’ « utopistes » alors que lui-même se réclame du socialisme scientifique puisque, prenant en considération 3 paramètres (état des techniques, économie et configuration sociale), il construit synthétiquement une réalité sociale à partir de ses observations, ce qui va lui permettre d’expliquer l’agencement même des sociétés par leur activité. Marx et Auguste Comte (lui aussi à l’écoute de la réalité sociale, avec une autre méthode d’approche), amène un souffle nouveau dans l’étude sociologique, mais en mm temps sont à l’origine du clivage qui domine toujours la recherche entre les théoriciens qui proposent des hypothèses qu’ils s’efforcent de vérifier et les empiristes qui en restent au stade des monographies savantes.

Durkheim, docile élève d’Auguste Comte, ne désignait-il pas, à ce propos, la sociologie comme étant « une étude statistique des faits sociaux » ?

Deux écoles : l’école empiriste.

Les empiristes sont représentés en FR avant tout par Emile Durkheim. Tout au long d’une production impressionnante, notamment « de la production du travail social » 1893, les « règles de la méthode

sociologique », 1895 ou encore « le suicide », Durkheim démontre l’efficacité des méthodes empiriques. A l’encontre de Gabriel Tarde qui considérait qu’il n’y avait pas de faits sociaux, seulement des faits individuels qui s’imitaient les uns les autres, Durkheim, suivi par Marcel Moss et Falconet, établit le postulat selon lequel les faits sociaux sont indépendants des individus qui composent la société, donc le fait social est le produit pur de la société qui est un tout significatif différent de l’addition des psychologies individuelles. Aux US, cette école qui annonce les sciences du comportement « Behvioural sciences » est défendue par Cooley (1864-1929) et par Mead.

Deux écoles : les théoriciens.

Les théoriciens se remarquent plutôt en Angleterre autours d’Herbert Spenser (disparu en 1903). Sa théorie évolutionniste consiste à considérer toute société comme un être vivant qui évolue en complexifiant sa structure, tout comme Darwin l’avait démontré concernant les organismes biologiques. En IT, la figure dominante est celle de Wilfredo Pareto qui, suivi par Gaetano Mosca, souligne dans la théorie des élites, l’importance des facteurs politiques dans la vie sociale, au contraire de Marx qui privilégiait le facteur économique.

En Allemagne, ce sera Max Weber. Sa perception sociale qu’il expose dans son œuvre magistrale intitulée « le savant et le politique » est fondé sur des types-idéaux comme les types de pouvoir par exemple qui ne sont en rien le reflet de l’observation, mais des instruments de modélisations, objectifs et rationnels, de la réalité ambiante.

§ 2. La sociologie politique à partir des années 1900 (28)L'histoire récente de la sociologie politique est foisonnante, notamment en France avec des auteurs comme P. Bourdieu, M. Crozier, A. Touraine. Les instruments d'observation se perfectionnent et avec eux une tendance à l'hyper-factualisme que vont combattre David Easton et les théoriciens des systèmes.L’histoire récente de la socio politique est foisonnante, notamment en FR aujourd’hui, avec notamment des auteurs comme Michel Crozier, Alain Tournenne ou Pierre Bourdieu. Mais cette histoire est avant tout celle de la socio pol américaine, à partir du centre de réflexion fondé en 1903, l’American political science association. Dans ce laboratoire d’idée, l’on commence avec Lord Bryce à procéder à des recherches factuelles à base d’observations institutionnelles. Ensuite né le concept de processus politique envisagé comme l’interaction des institutions publiques et des groupes sociaux. Ce concept enrichit la méthode ouvrant de la sorte la voie à l’analyse comportementale à partir des années 1920 autours de Charles Meryam et Harold Lassouel.

Leur champ d’étude n’est plus la société entière mais des groupes d’individus dont ils décrivent les interactions à partir des observations de leur comportement. Autrement dit, l’objet de la science est limité par les stats, l’analyse de contenu et les mathématiques à la recherche de conformité des régularités et des évolutions, et cet objet concerne les domaines où il est possible de quantifier, comme par exemple l’étude des partis politiques, groupes d’intérêts, vote ou opinion publique. Par ailleurs, les instruments d’observation se perfectionnent dans cette optique, notamment les sondages, enquêtes ou interview ; cet hyper actualisme est rapidement critiqué, malgré ses avancées, par des auteurs comme Kaplan qui souhaite réorienter la recherche vers la théorisation. C’est ainsi qu’inspiré par le travail de Talcott Parsons en sociologie générale, David Easton publie en 1953 un ouvrage très remarqué : « the political system, an enquiery into the state of political science » ouvrage qui initie l’analyse systémique en so pol. S’illustreront notamment Karl Dutch, Gabriel Almond, Anthony Downs et d’autres, qui, comme Marx l’avait fait en son temps, visent à présenter une nouvelle théorie générale de la société, grâce à la construction d’une image virtuelle de celle-ci, sous la forme d’un modèle de système en fonctionnement.

Précisément dans les deux chapitres prochains de ce titre, nous verrons plus en détail les différentes approches du pouvoir parmi lesquelles les théories systémiques ont une grande place, ainsi que les outils d’observation et de quantification qui auront fait évoluer la compréhension des mécanismes du pouvoir.

Enregistrement n° 3CHAPITRE II DU TITRE I : LES ANALYSES SOCIOLOGIQUES TRADITIONNELLES DE L'ETATAvec ce type de recherche, nous entrons au cœur de l'étude de ce pouvoir particulier qu'est le pouvoir dans l'Etat dont nous avons dit qu’il constituait le premier champ d’analyse. Deux conceptions seront retenues, l’approche de Karl Marx et celle de l'école élitiste. Les raisons de ce choix sont multiples.

- Ces analyses ont pris naissance dans une période ou les sociétés étatiques se recherchent, se découvrent, se constituent ou éclatent, dans un contexte de trouble, lutte pour l’indépendance, mouvements révolutionnaires au grès d’alliance ou de divorce entre les deux notions contraires : nationalisme et libéralisme. Le pouvoir des gouvernants n’étant plus mythifié comme dans la période précédente, les théories des cycles ou des climats, apanages des anciens penseurs qui ne faisaient que constater les conditions de son évolution dès lors que l’observation révélait son inadéquation avec la société, ces théories n’étaient plus satisfaisantes. On avait besoin d’expliquer les changements en profondeur pour pouvoir les accélérer ou s’y opposer. On pouvait alors logiquement penser, à partir du moment où l’ancien régime avait sombré, et avec lui tous les carcans qui enserraient la société dans des liens convenus, comme les relations personnelles, vassal-seigneur, ou encore les structures sociales comme les ordres, compagnonnages et autres corporations, il pouvait y avoir entre les ressorts de la société et le pouvoir des combinaisons autre que l’honneur à la base de la monarchie, la crainte face au despotisme ou la vertu accompagnant la démocratie ainsi que l’avait établie notamment Montesquieu. Dès lors, l’on commença à concevoir que la liberté recouvrait libertés individuelles et collectives des déclarations des droits, liberté d’entreprendre, libre répartition des richesses en fonction du capital mais aussi du travail personnel et de la volonté de chacun, que cette liberté protéiforme pouvait être considérée comme la clé expliquant les différents types d’agencement des rapports entre le social et le politique.

C’est ainsi que Marx le premier, a vu dans la liberté, dans sa conception libérale et capitalistique, l’origine non seulement de l’état du dvpt économique des communautés qu’il observait mais aussi la répartition suivant des critères économico-juridiques jusqu’à la nature de l’état lui-même dont il estime qu’il est intimement lié à la société qui est son support par la situation de l’économie.

C’est au contraire d’abord dans la liberté sous sa forme de liberté psychologique cad de facteur personnel, puis dans une liberté de type organisationnelle (tout à chacun de choisir sa place dans la société), que les tenants de l’école élitiste trouveront la base explicative de la dynamique politique en fondant des théories selon lesquelles la participation ou non-participation au gvmt d’un pays et les changements qui peuvent l’affecter résultent de choix individuels et non, comme avec les Marxistes, de situations objectives.

Le premier parti pris dans le choix de l’étude de la théorie Marxiste et de la théorie des élites en ce qui nous concerne se justifie par le fait que ces deux approches de l’univers politique marque une rupture avec les périodes précédentes pq proposent chacune à sa manière une analyse scientifique des sociétés et des états.

- La deuxième raison pour laquelle il a été choisi de parler de ces approches est que tout politologue doit connaitre aussi bien le Marxisme que les théories élitiques dans la mesure où il s’agit d’auteurs précurseurs de la sociologie moderne, celle dont les méthodes seront analysées dans le prochain chapitre.

(30) Marx et les élitistes

En premier lieu, Marx et les élitistes donnent ses bases à la sociologie politique, et cela de deux manières. En la laïcisant d’une part (et c’est ainsi que Marx a pu écrire dans la préface de La contribution à la critique de l’économie politique « ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience. »)

Deuxième manière, c’est en lui donnant son vocabulaire et ses thèmes de réflexion, avec des notions comme classe sociale, rapport de production, prise de conscience, rapports sociaux et politiques, statut des gouvernants et des gouvernés…

En second lieu, ces deux écoles sont à l’origine du clivage toujours actuel en sociologie politique, entre ceux qui tentent de comprendre le pouvoir et sa dévolution en le confrontant à des éléments extérieurs à lui et ceux qui limitent son approche à lui-même. L’analyse marxiste ainsi n’envisage le pouvoir que comme la conséquence de l’organisation de rapports entre les hommes conditionnés par l’histoire, notamment celle des techniques et par l’économie autrement dit, elle aborde des domaines qui se situent hors du champ du politique. Alors que se réclamant de la pensée de Machiavel, les théoriciens élitistes mettent quant à eux l’accent sur la primauté du politique par rapport à l’économique en reniant toute croyance en l’inéluctabilité du sens de l’histoire. La sociologie politique aujourd’hui, en particulier avec les théories développementalistes (titre 2), reste toujours marquée par cette démarcation méthodologique.

En 3eme lieu, marxisme et élitisme marquent une étape de la pensée scientifique moderne dans notre discipline. En ce sens que ce sont des systèmes d’explication des sociétés et des gouvernements des états à l’origine des plus récentes théories. Comme elles, ce sont des constructions de l’esprit tendant à faire comprendre le fonctionnement social. Du pt de vue sémantique cependant, et bien que la distinction ne soit pas toujours évidente, comme vu précédemment par certaines confusions lorsque l’on parle de théories marxistes plutôt que d’idéologies marxistes, marxisme et élitisme entrent plutôt dans la catégorie d’idéologies marxistes.

(31) Marxisme et élitisme

Elles se distinguent en effet des théories, d’une part parce que la théorie stricto-sensu ne comporte pas de jugement de valeur alors que l’idéologie contient un système de valeur de référence, et d’autre part, la théorie scientifique repose sur des faits déjà observés et vérifiés par la science alors que l’idéologie, tout en intégrant ceux-ci, les dépasse et repose largement sur des impressions subjectives, des observations superficielles et des interprétations partiales. A notre sens, c’est à cause de ces faiblesses mêmes que la critique permettra par la suite leur amendement ou remplacement par des théories de moins en moins subjectives.

Section 1 : L'étude de l'œuvre de Karl Marx et du marxismeNous mèneront cette étude en 3 paragraphes : après une brève biographie de Marx, seront examinées successivement la genèse de la théorie du pouvoir chez cet auteur magistral, puis les grandes lignes de sa conception de la société (matérialisme historique et dialectique qui caractérise sa pensée) et enfin un examen critique de l’analyse marxiste.

§ 1. Les sources du marxisme (32)Théorie pluridisciplinaire de la société, et philosophie de l'action, l'analyse marxiste voit dans toute société, l'affrontement de deux classes antagonistes et émet des propositions pour remédier à l'illogisme des injustices dues à une répartition inégalitaire des richesses.La cosmogonie marxienne est un approfondissement de la philosophie préexistante, notamment de celle des Encyclopédistes français du XVIIIème siècle et de Hégel, de La conception de l'Histoire d'Augustin Thierry et de Guizot et de la réflexion économique d'Adam Smith et Ricardo.

K Marx (1818-1883) et son acolyte F Engels, par de multiples ouvrages dont l’ « idéologie Allemande », « le manifeste du parti communiste » « contribution à la critique de l’économie politique », « le capital », parmi les plus connus, estiment que la dynamique politique n’est que l’expression de la dynamique sociale, la lutte des classes, qui résulte elle-même de la base économique. Dans cette perspective, la dynamique du changement des équipes gouvernementales est intégrée dans une conception beaucoup plus large qui dépasse le champ d’étude de la science politique. Pour Marx, le mouvement de l’histoire est actionné par différents types de production des biens, biens de subsistances et biens matériels, ces rapports étant eux même conditionnés par l’état éminemment évolutif des techniques. Cela sert de support à différents types de sociétés. Dans ce schéma, quel que soit l’époque et le cas de figure sociale, les hommes sont regroupés nécessairement en deux classes principales, antagonistes parce que leurs intérêts sont opposés. Il y a d’une part les propriétaires des moyens de production et d’autre part ceux qui n’ont rien d’autre que leur force de travail et qui sont en état d’appauvrissement croissant puisque selon Marx, l’essentiel des profits dans le cout de marchandise va aux premiers par le jeu de la plus-value alors que le salaire, qui rémunère les seconds (les prolétaires), ne peut jamais dépasser que le minimum nécessaire à la conservation de leur force de travail.

La bourgeoisie du 19eme échappe d’autant moins à cette règle qu’à un mode de production individuel et artisanal a succédé la production collective des grandes entreprises, et cela sous l’évolution des techniques, alors que la propriété elle-même est restée individuelle par le fait d’un rapport archaïque et dépassé.

En conséquence, l’organisation sociale est en porte à faux sur le mode de production et cela développe l’inégalité entre les classes. C’est donc au prolétariat à inverser la tendance, d’abord en renversant l’appareil d’état capitaliste sur lesquels s’appuient les possédants puis en organisant l’intermède d’une période de dictature pour enfin réaliser la société communiste idéale, un nouvel âge d’or.

Théorie pluridisciplinaire de la société et en mm temps philo de la pracsisse, autrement dit de l’action, car Marx émet un certain nombre de propositions destinées à remédier aux injustices avant même que le temps en vienne à bout, en ce sens ce n’est plus un théoricien, c’est un idéologiste.

Pour autant la pensée de Mars et Engels ne s’est pas formée in-abstracto, elle est la mise en ordre sous la forme d’une vision cohérente et critique d’un ensemble de théories partielles antérieures  ; Lénine, successeur de Marx écrira d’ailleurs dans un article intitulé « les trois sources en trois parties du marxisme » : « au contraire, Marx a ceci de génial qu’il a répondu aux questions que l’humanité avancée avait déjà posé, sa doctrine naquit comme la continuation directe et immédiate des doctrines des représentants les plus éminents de la philo, de l’éco politique et du socialisme ». Reprenons donc certains traits de la filiation de la pensée marxiste.

D’abord, en philosophie : le marxisme se réfère à ce qu’il est convenu d’appeler le matérialisme dialectique, expression riche de contenu. La philo matérialiste avait déjà inspiré les encyclopédistes FR du 19ème qui percevaient la nature comme réalité objective explicable par la logique.

En ce qui concerne la dialectique, c’est dans le langage courant une méthode de discussion qui, par la recherche des contraires et des oppositions, permet de cerner la vérité. Au début du 19eme, le philo Allemand Hégel fait de cette méthode intellectuelle la base de sa conception d’un monde considéré comme peu harmonieux. A leur tour, Marx et Engels vont faire leur, cette conception de Hégel, qui est en définitive une analyse dynamique des phénomènes en ce sens que tout mouvement peut se décomposer en 2 éléments contradictoires essentiels, la thèse et l’antithèse, mouvements qui finissent par s’annihiler en donnant naissance à un nveau phénomène : la synthèse, centre de contradiction à son tour entre une autre thèse et une autre antithèse et ainsi de suite.

Par la dialectique appliquée à la société qu’il observe, Hégel a découvert qu’il y avait contradiction entre les intérêts particuliers et l’intérêt général et que le dépassement de cette contradiction ne peut se réaliser que dans l’état, dont il dit qu’il est « la sphère de conciliation de l’universel et du particulier. De fil en aiguille, Hégel en vient à penser que l’aboutissement du mvmt dialectique des forces sociales n’est autre que l’état Prussien du début 19eme dans lequel il voit un idéal d’organisation et dont il magnifie le rôle de la bureaucratie. C’est pour cela que, philosophe du mouvement, Hégel est aussi considéré comme un philosophe conservateur, idéologiquement classé à droite. Quant à lui, Marx

conserve le schéma explicatif de Hégel et son axiome premier suivant lequel c’est l’idée qui crée la réalité des choses et qui impulse l’action. Pour Marx, le moteur de l’histoire ce sont les rapports de production nés de l’état des techniques.

Originalité également dans le domaine de l’histoire. Lointain précurseur de l’école des annales, Marx s’est en effet livré à une analyse très poussée de l’histoire, envisagées non plus comme par le passé à la manière d’une galerie de portraits, une succession de hauts faits, mais comme une suite ininterrompue des luttes contre le pouvoir d’une grande masse d’homme, les classes sociales. A la vérité, Marx n’a fait que reprendre en l’espèce les écrits d’Augustin Thierry, le père de la lutte des classes, comme il le reconnait lui-même et de Guizau, 2 auteurs FR mais à la différence de ces penseurs qui n’envisagent pas que cette lutte des classes se perpétue après la révolution de 1789, Marx, au nom du matérialisme dialectique refuse cette limite chronologique, et il fait de l’histoire le moteur général et universel de l’avancée des sociétés. Ce principe est étayé par ailleurs par sa réflexion économique et par l’apport de Engels qui, observant le capitalisme de son époque, écrit «  je m’étais rendu compte de la façon la plus nette, que les faits économiques auxquels les historiens n’ont, jusqu’à nos jours, attribué un rôle secondaire, quand ils en attribuaient un, constituent, au moins dans le monde moderne, une force décisive. »

Avant Marx, les économistes et spécialement les anglais Adam Smith et Ricardo, faisaient l’apologie de la société capitaliste dans laquelle ils vivaient. Dans tous ses écrits, Marx fera référence à ces deux auteurs, mais pour les critiquer, et démontrer que le système capitaliste n’est qu’un moment de l’histoire, que malgré les systèmes de régulation des marchés qui le caractérise, il porte en lui-même ses contradictions et qu’il ne peut conduire à +- grande échéance qu’au socialisme.

§ 2. Le matérialisme historique et dialectique (33)Il importe de bien connaître les principaux concepts marxistes.Temptons donc a présent de clarifier un certain nombre de concepts marxistes essentiels, certe très vulgarisés mais pas toujours avec le degré de précision nécessaire. Tour à tour ns examineront les composants sociaux et la lutte des classes dans la théorie ou l’idéologie marxistes

A) Chez Marx et Engels, toute société est caractéristique à trois points de vue :

A savoir, un certain développement technologique, une certaine structure économique et, partant, un certain paysage social. Dans le schéma marxiste, les rapports de production sont à l'origine de la lutte des classes.

D’abord le dvpt technologique au sens large : c’est le mode de production, lui-même constitué de la combinaison de 3 éléments, les forces productives qui sont :

- les instruments de production, cad les instruments techniques, plus ou moins perfectionnés grâce auxquels les hommes produisent des biens matériels

- les objets du travail : la matière transformée pour devenir objet, qui est pour elle une occasion de travail

- élément fondamental dans la production : les hommes. Les marxistes ont adopté sur ce point la maxime de certains libéraux selon laquelle « il n’est de richesse que d’homme ». l’homme est en effet au centre de la théorie marxiste. Il dispose d’une certaine force de travail physique et intellectuel, qui appliqué aux objets de travail au moyen des instruments de production permet la production des biens matériels.

Pt de vue économique : les rapports de l’homme avec la nature que nous venons de dégager caractérise la société où ils vivent, mais contrairement à ce que pensent certains auteurs comme Raymond Aron, pour Marx et les marxistes, ce ne sont pas les seuls qu’il faut prendre en compte, il y a aussi les rapports qu’ils entretiennent entre eux, rapports qui sont indépendant de ceux qu’ils ont avec la nature. Les rapports économiques de production sont l’ensemble de ces deux éléments. Il écrit dans Travail salarié capital, « dans la production, les hommes n’agissent pas seulement dans la nature mais aussi les uns sur les autres. Ils ne produisent qu’en collaborant d’une manière déterminée et en échangeant entre eux leur activité. »

Conséquence des rapports que les H nouent entre eux et avec la nature, sur le plan social, c’est l’existence de classes sociales. A la vérité, Marx lui-même n’a pas donné de définition précise des classes sociales à proprement parler. En revanche, Lénine en a conçu une précise et très complète  : « on appelle classe sociale de grands groupements humain se distinguant par leur place dans un système historique déterminé de production sociale, par leurs rapports, le plus souvent fixés par la loi, avec les moyens de production, par leur rôle dans leur manière de recevoir leur part de la richesse sociale ainsi que par la grandeur de leur part ; les classes sociales, sont des groupements humains dont l’un peut s’approprier le travail de l’autre par la place qu’il occupe dans un régime économique donné. »

Autrement dit, c’est parce qu’une classe peut s’approprier le travail de l’autre que pour revenir à une phrase de Marx (Manifeste du parti socialiste) « l’histoire de toute société jusqu’à nos jours, c’est l’histoire de la lutte des classes ». ce schéma d’explication, hormis quelques sociétés primitives irréductibles à la compréhension par l’antagonisme de classes, s’applique aux sociétés préindustrielles, mais il est vrai qu’il est particulièrement opérationnel pour l’étude de notre société, c’est-à-dire la société capitaliste où s’opposent deux classes antagonistes fondamentales : les bourgeois et le prolétaires. Avec, altérant quelque peu leur antagonisme majeure, survivance de la société préindustrielle, les classes moyennes de petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, telles que Marx les recense dans le manifeste du parti communiste, classe réactionnaire et en voie de prolétarisation.

B) L'explication marxiste de la dynamique sociale par la Lutte des classes (34)

L'inadéquation entre l'infrastructure de la société et sa superstructure ne peut être surmontée que dans la synthèse de ces deux réalités, c'est-à-dire dans l'avènement de la communauté socialiste, par la révolution prolétarienne.Les deux classes fondamentales de la société capitaliste sont donc, la bourgeoisie, dont Marx ne nie pas un certain mérite, dont celui notamment d’avoir détruit la société féodale obscurantiste, et le prolétariat, deux classes qui n’existent que l’une par l’autre, en un complexe économico-sociale, caractérisée par une lutte des contraires, laquelle ne peut déboucher que sur la dislocation de l’ensemble et sur son dépassement.

Il y a en effet lutte des classes parce que la production dans de grandes unités économiques étant sociale, et la propriété des moyens de production restant privé, l’équilibre est impossible dans la dialectique marxienne entre les forces productives et les rapports de production, laquelle contradiction ne peut être dépassée que dans la synthèse de ces deux réalités, cad dans la socialisation des moyens de production, nouvelle formation économico-socialiste qui caractérise enfin l’étape de la société définitive à laquelle aspirent les communistes, c’est-à-dire la société socialiste.

Certes, le temps, comme par le passé, devrait arriver à résorber l’illogisme de cet agencement, ne serai-ce que par le mécanisme bien connu des économistes de la concentration capitaliste, processus au terme duquel la classe des possédants ne devrait plus être que résiduel. Cependant, les rapports entre les classes ne sont pas simplement déterminés mécaniquement par les seules forces productives et les seuls rapports de production, ce que Marx nomme l’infrastructure, ils sont aussi conditionnés, codifiés, par tout un arsenal de loi, règlements, ainsi que par des règles morales, religieuses et autres préceptes idéologiques garantis par l’organisation étatique et subtilement imposé par l’agencement de tout un système de valeur aux mains de la classe possédante.

C’est ce que Marx appelle la superstructure, par opposition au mode de production lui-même dont elle constitue le reflet. Or par et dans cette superstructure, se manifestent comme une force active pénétrant largement la classe antagoniste, l’idéologie de la classe dominante, qui, grace à elle, œuvre à maintenir en l’état le mode de production. La force des idées, mœurs, valeurs est telle pour les marxiste qu’elle persiste alors même que les conditions objectives de la production, celles qui fondaient leur existence, ont disparu. On dit alors qu’il y a survivance, cad retard de la conscience sur la situation objective dont tirent bénéfice la seule bourgeoisie propriétaire des moyens de production. En conséquence, Marx et ses successeurs proposent de mettre fin le plus tot possible à cet état de chose néfaste au plus grand nombre, et cela en activant l’idéologie révolutionnaire qui se trouve à l’état embryonnaire dans la classe dominée, en perpétuelle opposition larvée vis-à-vis de l’idéologie dominante, et cela sera en faisant la révolution prolétarienne, cad en mettant fin à cette situation, et à l’antagonisme idéologique

et aux contradictions existantes dans le mode de production, pour réaliser enfin une société sans classes ; cet acte final doit se jouer en 3 tableaux successifs

- La révolution, qui constitue l’évènement rétablissant l’ordre entre l’infrastructure et la suprastructure

- La dictature du prolétariat dont le rôle est de briser les dernières résistances de la bourgeoisie- L’avènement de la société sans classe à proprement dite, creusée d’un homme nouveau, altruiste et

libre de toute contrainte, dans laquelle toute société étatique aura disparu puisque désormais sans objet.

§ 3. Portée de l'analyse marxiste de la dynamique sociale ; et question du primat du politique (35)La théorie marxiste pose la question de savoir si la réalité sociale dépend en dernière analyse des rapports économiques ou si, comme l'a montré Raymond Aron après Max Weber et les néo-marxiens, elle possède sa dynamique propre.Le marxisme révèle les lois de la lutte des classes, autrement dit, il fait dépendre la mécanique politique de l’infrastructure économique en posant que les facteurs déterminant de la mécanique politique ne sont pas des facteurs politiques. A leur manière, Platon et Aristote développaient en leur temps la même doctrine tant il parait évident, ainsi que le notent Matei Doga et Dominique Pélassi de leur Sociologie politique comparative, ouvrage 1982, que les conflits sociaux animent l’histoire. Cependant, dès la fin du 19eme, cette théorie sucite de nombreuses réfutations.

Par exemple, Max Weber, assimilant la notion de politique à celle d’état, considère dans son ouvrage majeur Le savant et le politique, que dans tout état existe un rapport de domination de l’homme sur l’homme, rapport fondé non sur les moyens de production mais sur les moyens spécifiques de gouvernement d’ordre historico-psychologiques, lesquels se manifestent par l’exercice de la violence légitime, c’est-à-dire par la violence, qui est une contrainte administrative au pouvoir de police ou autre, reconnu comme légitime par les gouvernés au profit des gouvernants.

Autre réfutation, pour beaucoup, la révolution Bolchevique de 1917 réussit dans une Russie largement sous-développée, peu industrialisée, agricole, et par conséquent peu concernée par les luttes sociales intenses, était bien le signe évident d’une autonomie jugée par certain, absolue, du domaine politique par rapport aux conditions socio-économiques du moment.

Le concept de situation exceptionnel surdéterminant les contradictions de classes, que dans un article intitulé « contradiction et surdétermination » Louis Altusair a tenté d’accréditer à cet égard pour justifier malgré tout le bien-fondé de la logique économique marxiste, est sujet à caution. Les néo-marxiste (Roger Garodit, Nikos poulansas, qui fait paraitre en 1968 « pouvoir politique et classes sociales de l’état capitaliste » ou encore Henri Claude qui publie en 1965 « la concentration capitaliste, pouvoir économiste et pouvoir gaulliste » ainsi que d’autres auteurs) ont été contraints, bien que marxistes à l’origine, d’admettre que dans les sociétés occidentales capitalistes moderne, le pouvoir n’est pas détenu obligatoirement par la bourgeoisie possédante.

Mais c’est sans doute le politologue FR Raymond Aron qui a le plus clairement démontré à l’encontre de Marx, le rôle primordial du politique sur l’économie, et qui a le mieux cerné le concept de pouvoir, en l’isolant de tout déterminant socio-économique.

Pour aller plus loin dans l’explication de ces phénomènes de pouvoir, sans sortir de ces manifestations propres et de l’analyse de la classe politique, il faut rendre compte des travaux d’une école de pensée politique : l’école élitiste. Elle aborde la question de savoir pourquoi certains gouvernent plutôt que d’autre par la lutte des élites, contrairement à l’idéologie de Marx qui y voyait la lutte des classes.

Section 2 : L'école des Machiavéliens et le primat du politique envisagé à travers les notions d'"élite" et de "circulation des élites" (36)Les théoriciens de ce courant de pensée réfutent la lutte des classes et privilégient les concepts "gouvernants- gouvernés" et "élites" pour faire comprendre les relations de pouvoir.Sans rendre compte de l’ensemble des travaux de l’école élitistes, nous essaieront de fixer quelques points de repere sur ce qu’il est convenu d’appeler l’élite politique, avant d’examiner le probleme de savoir comment ces auteurs expliquent la dynamique politique par la lutte des élites. Leur réflexion part d’une vision réaliste, toute empreinte de pessimisme voire de cynisme du monde politique. Selon eux, partout et toujours le pouvoir est exercé par une petite minorité qui s’impose à la masse, cad à la majorité qui regroupe les gouvernés.

§ 1. Les définitions de l'éliteLa théorie des élites gagnant en précision, le terme même d'élite a vu sa définition évoluer.Pour s’en tenir aux pères fondateurs de la théorie, Pareto et Mosca, l’on retrouve à peu de choses près les mêmes termes et une même conception d’ensemble chez chacun d’eux. Il est néanmoins évident que l’on peut déceler entre eux des variations sur un thème commun : l’un ayant une approche de l’élite que l’on peut qualifier de psychologique, l’autre ayant dégagé un concept d’ordre organisationnel.

A) L'approche psychologique de Vilfredo Pareto (37)

L'élite peut être gouvernementale ou non gouvernementale. Elle est composée d'individus qui présentent des qualités exceptionnelles.Pareto discerne des constantes psychologiques qu’il nomme des résidus. Véritable force motrice de l’histoire derrière ce qu’il appelle les dérivations, autrement dit les doctrines et idéologies politiques sociales et économiques qui n’en représentent que des traductions fugaces. Les résidus se ramènent à des instincts qui constituent le fond éternel immuable de toute civilisation quel que soit les dérivations du moment. Voilà donc récusée la thèse marxiste de la lutte des classes engendrée par l’infrastructure socioéconomique. Poussant plus avant son analyse de l’histoire des sociétés, pareto en arrive à l’explication du phénomène du pouvoir proprement dite. A cet égard, il constate que c’est toujours un petit nombre d’individus qui tiennent les rênes de l’état. Ce qui est nouveau, c’est qu’il détecte comme dénominateur commun à tous ces noyaux de dirigeants, à toutes ces élites, des qualités psycho particulières, des qualités viriles (pour reprendre son expression), ce qu’on peut traduire par « qualité de combativité ». pour Pareto, le’élite est l’ensemble des hommes qui manifestent des qualités exceptionnelles dans quelques domaines que ce soit. « Supposons, dit-il, qu’en toutes les branches de l’activité humaine, on attribue à chaque individu un indice qui indique ses capacités à peu près de la même manirère qu’on donne des points lors des examens dans les écoles. Par exemple, à celui qui excelle dans sa profession = 10, celui qui n’a pas un seul client = 1 de façon à pvoir donner 0 à celui qui est vmt un crétin. A celui qui a réussi à gagner des millions, que ce soit bien ou mal, 10, à celui qui gagne des milliers de frcs = 6 à celui qui arrive juste à ne pas mourir de faim = 1, à celui qui est hospitalisé dans un asile d’indigent = 0 et ainsi de suite, pour toutes les branches de l’activité humaine. Formons donc une classe de ceux qui ont les indices les plus élevés dans la branches dans laquelle ils déploient leur activité et nous aurons les élites ».

Pareto ajoute « pour l’étude à laquelle nous nous livrons qui est celle de l’équilibre social, il est bon de diviser en deux cette classe. Nous mettrons à part ceux qui directement ou indirectement jouent un role notable dans le gouvernement, ils constituent l’élite gouvernementale. Le reste, forme l’élite non-gouvernementale ». « Nous avons donc deux couches dans la population, premièrement la couche inférieure, la classe étrangère à l’élite, nous ne rechercherons pas pour le moment l’influence qu’elle peut exercer dans le gouvernement, deuxièmement la couche supérieure, l’élite, qui se divise en deux : l’élite gouvernementale, l’élite non-gouvernementale ».

Par conséquent, par élite gouvernementale, l’auteur désigne ceux qui ont les capacités individuelles les plus élevées, mais aussi (et là il y a une ambiguïté), définit par la nature des rôles sociaux de ceux qui en font partie. Consciemment ou non, cette confusion aboutit à laisser croire que les titulaires des rôles de dirigeants, gouvernants, chefs, sont les individus les plus capables. En ce sens, le concept d’élite est directement opposé à celui de classe au sens marxiste.

B) La conception de Gaetano Mosca (38)

Chefs supérieurs ou secondaires composent la classe dirigeante dont le statut est le produit de l'organisation sociale.Cette ambiguité est levée par la conception de l’élite de Mosca. Dans ses elementi di scienza politica, paru en 1896, Mosca impose l’idée de classe dirigeante. Chez cet auteur, l’approche de la notion d’élite est de caractère organisationnel. Sa théorie est simple : le pouvoir ne peut être exercé que par une minorité, la classe dirigeante, ou classe politique, et il écrit à ce propos : « la domination sur la majorité inorganisée d’une minorité organisée obéissant à une impulsion unique, est inévitable. […] 100 hommes, agissant de concert et uniformément triompheront de 1000 hommes qui ne sont pas d’accord. Il est plus facile d’agir de concert lorsqu’on est 100 que lorsqu’on est 1000. Il s’ensuit que plus la communauté politique est grande, plus la minorité gouvernante sera petite par rapport à elle, et plus il sera difficile à la majorité d’organiser sa résistance à la minorité ». cette théorie, Mosca l’applique à tout régime, quel que soit les caractères de la légitimité qui dissimule la domination du petit monde. Affinant son analyse, l’auteur découvre que la classe dominante elle-même se découpe en deux groupes : un premier ensemble très restreint de chefs supérieurs, et un groupe plus nombreux de chefs secondaires. Elle peut être démocratique cad ouverte à la masse, soit aristo cad repliée sur elle-même. Cette distinction quant à l’accès à la classe dirigeante est indépendante de la distinction opposant système libéraux et système autocratique, si bien que selon Mosca, il peut exister des régimes libéraux aristocratiques et des autocraties démocratiques comme par exemple l’église catholique ;

C) Autres définitions de la notion d'élite (39)

L'accent est mis sur la professionnalisation de l'élite dirigeante chez Roberto Michels, James Burnham, David Riesman, Wright Mills, Noam Chomsky …A la même époque, la définition de l’élite par le status au sens Weberien de ses composantes apparait également dans l’œuvre de Roberto Michels, notamment dans un ouvrage de 1911 intitulé les partis politiques, et c’est sur les tendances politiques et démocratiques. S’attachant surtout à l’étude du parti social-démocrate et des syndicats allemands, M s’attache à montrer combien la suprématie des masses est illusoire. « Quand un conflit se produit entre les dirigeants et les masses, les premiers sont toujours victorieux s’ils restent unis ». On retrouve bien là la même démarche que chez Mosca, M rattache en effet l’étude des gouvernements et des politiques à une théorie générale des organisations. Or toute organisation requérant une spécialisation, professionnalisation dans les taches, c’est là que réside la loi d’Erin de l’oligarchie, que l’auteur traduit par : « qui dit organisation dit oligarchie ». la même conception renouvelée se retrouve chez un autre auteur américain, passé du trotskisme à la droit radical, J. Burnham, qui publie en 1940 un titre traduit « l’ère des organisateurs ». B remarque que la bourgeoisie capitaliste du 19eme, du temps de Marx, a vécu tout simplement parce que la propriété s’est effrité entre des milliers d’actionnaires, aussi le pouvoir ne peut-il appartenir à des propriétaires de moyenne production individualisés mais aux dirigeants des grandes entreprises modernes, ces techniciens qu’il appelle les « managers ». Ceux-ci sont les organisateurs, ceux qui savent organiser, gérer au plus haut niveau. Ce sont donc eux les nouveaux dépositaires du pouvoir moderne, et c’est leur fonction, et plus généralement leur status qui les caractérisent et les définissent, sur quoi B se rattache à l’élitisme.

Autres auteurs élitiste : ceux qui, à partir des premiers travaux sur la notion d’élite, l’ont précisée, re-déterminée, contestée voir niée, comme Riesman qui a écrit « the lonely crowd ». Selon cet auteur, on ne doit pas parler d’élite permanente mais d’élite conjoncturelle. Chaque problème en politique notamment est résolu par une élite, dc autant d’élites que de pb, dc élites en miettes, aussi approche que Robert Dahl ds livre de 1961 « who gouverns ».

Certains de ces penseurs estiment que chaque société donnée connait non pas une mais plusieurs sociétés dominantes, c’est l’approche par ex de Wright Mills qui dans son livre « the power elite » de 1956, discerne 3 élites du pouvoir aux US, à savoir l’armée, véritable état dans l’état, l’institution industrielle qui regroupe les dirigeants des grandes entreprises dont la puissance dépasse souvent le cadre américain, et l’institution politique qui comprend une partie seulement des politiciens pro, en l’occurrence les leaders du congrès et les membres de l’exécutif. WM admet que des relations forte lient les participants de cette trilogie, et que derrière un apparent émiettement, l’élite du pouvoir est un conglomérant en réalité réduit à l’unité. Cette thèse a semblé séduire des politologues FR comme P. Bierbom qui publie en 75 « le pvoir politique ».

d’autres penseurs enfin se sont efforcés de mieux cibler ce qu’on peut qualifier de sur-élite ou super synergie, notamment F. Lunberg dans « the rich and the super-riche » croit déceler cette élite dans le monde des grands industriels et gds financiers, tandis qu’un des chefs de fil de la nvelle gauche américaine Noam Chomsky dans un livre de 69 « l’Amérique et ses nveaux mandarins », voit quant à lui dans les universitaires la portion la mieux organisée de l’élite intellectuelle, la catégorie dominante en passe de dominer toutes les autres.

§ 2. La circulation des élites (40)La dynamique sociale est réduite à la dynamique politique, comme l'illustre Curzio Malaparte.L’intérêt de la théorie des élites envisagée sous son aspect dynamique apparait en ce qu’elle réduit l’histoire des sociétés non plus à la lutte des classes mais à la lutte des élites pour le pvoir. Par conséquent la dynamique politique n’est plus le reflet de la dynamique sociale, la proposition est inversée. C’est la dynamique sociale qui est réduite à la dynamique politique. Reprenons ce thème :

A) Pareto :

C'est à cause de leur affaiblissement que certains éléments de la classe politique sont remplacés par des anciens gouvernés qui changent de statut.Il a systématisé sous cette expression le processus de changement politique désignant par là le remplacement continuel d’une élite par une autre. Explique que l’appartenance à ‘l’élite étant fondée sur les qualités individuelles, elle n’est pas héréditaire, par principe. Les enfants n’héritant pas forcément des qualités de leurs parents.

P 1427 de son traité de sociologie générale : « la classe gouvernante est entretenue non seulement en nombre mais ce qui importe davantage, en qualité, par les familles qui viennent des classes inférieures. Ainsi dans la couche supérieure les résidus de la deuxième classe s’affaiblissent peu à peu jusqu’à ce qu’une marée montante de la couche inférieure vienne la renforcer ».

C’est en qques sortes la transcription du heurt millénaire entre la ruse et la force ; dans toute société, une circulation des élites, relativement libre, existe donc. Lorsque l’élite au pvoir se ferme, à certaines périodes de l’histoire, la société toute entière est menacée de révolution, soit de l’intérieur, soit de l’extérieur, autrement dit, l’auteur voit dans le blocage de la circulation des élites, au bout de son analyse, l’explication des révolutions.

B) Mosca :

L'auteur met particulièrement l'accent sur la mobilité sociale des sociétés démocratiques modernes.Sur la circulation des élites, M donne à peu près la même théorie distinguant les sociétés immobiles dans lesquelles la circulation des élites se fait mal et les sociétés mobiles où elle se déroule sans à-coups. Les sociétés démocratiques modernes lui semblent très mobiles ce qui n’était pas le sentiment de Pareto ; M voit dans nos sociétés occidentales un important mouvement entre les différents gpes sociaux ce qu’il explique notamment dans l’ouvrage « éléments de science politique » : « les rangs des classes dirigeantes sont restés ouverts ; les barrières qui empêchaient les individus des classes inférieures d’y accéder ont été supprimées ou tout au moins abaissées, et la transformation de l’ancien état absolutisme en l’état représentatif moderne, a permis a presque toutes les force politiques, presque toutes les valeurs sociales, de participer à la direction politique de la société ».

C) La dynamique sociale, telle que l'expriment les néo-élitistes :

Lowell Field, John Higley, Michael Burton, notamment associent étroitement démocratie et circulation des élites.Lowell Field, John Higley, Michael Burton ont mis en évidence l’idée que la démocratie constitue un système de règles particulièrement adapté à la participation de tous les citoyens à l’élaboration des règles et choix collectifs les plus déterminants. Ces règles qui concernent notamment les critères de sélection aux emplois d’autorité, tant admin, judiciaire ou politique, ne pouvant prospérer et s’étendre que dans les pays ou le renouvellement des élites fait l’objet du plus large consensus. Ainsi l’analyse de ces auteurs associe étroitement élite, circulation des élites et démocratie, ce qui n’a pas toujours été le cas des premiers penseurs élitistes.

Dans les sociétés occidentales nord-américaines et européennes d’aujourd’hui, principalement, auxquelles on peut associer le japon, le recrutement au poste de direction tend à échoir à ceux quui ont une instruction supérieure à la moyenne et il est admis par tt le mde que les grandes écoles participent de la sélection des élites. Le processus même de concurrence entre les candidats pour accéder aux positions d’autorité contribuant lui-même à former les dirigeants pour bcp des compétences exigées par le système. Autrement dit, il ressort des recherches les plus récentes que le pb des élites ne se pose pas de la même façon dans les sociétés du 1/3 monde et dans les sociétés post industrielles, dans la mesure où les premières, les élites en voie de création n’arrivent pas a être des acteurs du changement social, cas flagrant sur le continent africain, surtout Afrique noire. Dans le second groupe de pays en revanche, le pb des élites se confond avec celui de l’élargissement de la démocratie, des formes stables de gvmt, des rapports entre majorités et minorités.

Dans le même sens, « une démocratie sans élite ne peut réaliser aucun programme de société juste. Les élites sans démocratie ne produisent que déchirement, conflits, tensions violentes, révoltes, ordres social arbitraire, instabilité et despotisme » (par je sais plus qui). Ce qui signifie que le fonctionnement cohérent de la démocratie avec ses contre-pouvoirs se confond avec celui de la circulation des élites, que la démocratie à notre époque ne peut que prospérer av des élites ouvertes, se renouvelant sans cesse, et favorisant la transparence mais qu’elle devient fragile dès que la circulation des élites est déformée ou ralentie ; une remarque pour terminer ac les néo-élitistes :

Alors même que Pareto et Mosca estiment que l’accès aux classes dirigeantes est réservé à une élite, ce qui exclue la démocratie, les auteurs américains, Dahl et les pluralistes ac lui, affirment que le recrutement politique à base de véritrocratie serait en revanche le seul apanage de la démocratie. Ces contradictions emmènent à la critique de la théorie élitiste…

§ 3. Critique de la théorie des élites et réflexion, à partir de l'examen de la dynamique politique des régimes occidentaux, sur le degré d'autonomie du champ politique (41)

A) Critique théorique et empirique de l'école élitiste :

La théorie de la circulation libre des élites en régime démocratique a été remise en cause, notamment par P. Bourdieu et J.C. Passeron : Influence des grandes écoles et du milieu social sur l'ascension sociale.Toutes les études montrent plutôt l’existence et permanence de classes sociales stables dont il est difficile de s’extraire. Certes les individus très doués des classes inférieures peuvent toujours, pensent les élitistes, se hisser au premier rang, théoriquement acquérir notamment des responsabilités politiques, mais il est vrai que de telles exemples d’ascension, comme de régression sociale, restent limités, pour ne pas dire exceptionnel, et s’étendent généralement sur plusieurs générations. On peut lire à ce propos ouvrages de P. Bourdieu et J.C. Passeron, notamment les héritiers édité en 64, ou aussi la reproduction, en 1970.

Plus spécifiquement et de manière empirique, si l’excellence des gdes écoles est généralement saluée (ENA, polytech, HEC et autres), il leur est non moins reproché de perpétuer la mainmise sur l’état d’une haute classe dominante au détriment de la petite bourgeoisie des classes populaires et de ne plus diffuser qu’un enseignement désuet et inadapté, considéré comme beaucoup de moindre importance que le réseau relationnel que permet l’intégration à l’école. Nombreuses ont été les prises de position

dans ce sens de P Bierbom dans la classe dirigeante FR 1978 à Yves Mégny, 1992 la corruption de la république …

A noter également dans la nombreuse littérature qui périodiquement dénonce dans l’ENA la matrice de la pensée unique, un article de l’hebdo l’express de 97 révèle l’existence d’une toute nvelle assos créée à l’initiative d’un fonctionnaire aux affaires étrangères sous l’appellation OCSENA (Organisation contre le système ENA).

B) La dynamique politique dans les régimes constitutionnels pluralistes de type occidental (41)

Démonstration de Raymond Aron.R Aron : selon lui, réintroduit dans sa réflexion la notion de classe, ces régimes constitutionnels pluralistes ont 4 sortes d’ennemis :

- Les traditionnalistes ou réactionnaires, - Les privilégiés éco du système qui se sentent menacés par les réformes sociales, - Le sous-prolétariat - les masses populaires

Les deux derniers groupes étant aux antipodes de l’élite. Or, estime l’auteur, lorsque la vertu se délite, ces forces antagonistes peuvent entrainer la déliquescence de ces régimes, soit par un excès de compromis, sorte de consensus mou qui conduit à la paralysie du système, soit par un excès de passion partisane, également source de blocage. Tel que l’a connu la fin de la république de Weimar, qui s’est traduite en manière de solution à ces difficultés sociales et institutionnelles et à la monté des intolérances, par la remise du pouvoir au chef de l’une des oppositions, Hitler. Voilà donc une explication de la dynamique sociale entreprise à partir de la théorie des élites, mais en partie seulement, dans la mesure où, pas plus que le marxisme, la théorie élitiste ne suffit à rendre compte de manière satisfaisante de la complexité des rapports entre le système social et le système politique.

C) Degré d'autonomie du champ politique dans la société globale (43)

Une explication exhaustive des phénomènes de pouvoir doit allier analyse marxiste et théorie des élites.Système politique correspond à une certaine réalité sociale donnée à notre observation, cad à une structure politique composée d’un ensemble de rôle en interaction et a une culture commune aux titulaires de ces rôles, mais aussi une abstraction intellectuelle arbitraire, par conséquent, évident qu’autant la vision marxiste qu’élitiste sont l’une comme l’autre réductrices, et que cette dernière notamment ne saurait isoler le système politique du système social. Occulter les fonctions que remplis le système politique dans la lutte des classes, et ramener la vie politique à une compétition entre des individus assoiffés de pouvoir, sans trahir la réalité des rapports sociaux. Aussi le sociologue aujourd’hui doit il s’efforcer de ne se contenter d’aucun monisme explicatif, mais de surmonter, pour une meilleure compréhension de son objet d’étude, les oppositions voire les contradictions théorique, chacune d’elle eut-elle des prétentions à l’exhaustivité. C’est cette démarche que nous poursuivrons.

Enregistrement n° 4CHAPITRE III DU TITRE ILES OUTILS DE LA SCIENCE POUR UNE APPROCHE SAVANTE DU POUVOIR, AUJOURD'HUI (44)La réflexion épistémologique s'enrichit de l'examen des divers procédés opératoires applicables à la sociologie politique, lesquels doivent être adaptés aux différents types de phénomènes et de problèmes étudiés. Il s'agit en l'espèce de détailler les techniques et les méthodes retenues, qui, combinées en une approche globale appliquée aux faits socio- politiques observés, doivent aboutir à les expliquer.Encore faut-il par commencer à bien caractériser ce que l'on définit par "techniques", d'une part, que l'on peut qualifier de moyens d'investigations, et les méthodes d'autre part, c'est-à-dire les stratégies d'ensemble qui organisent la recherche.Deux catégories : techniques et méthodes.

Toute investigation de caractère scientifique doit comporter l’utilisation de procédés opératoires rigoureux susceptibles d’être appliqués à nouveau dans les mêmes conditions et qui doivent être adaptés aux types de phénomènes ou problèmes en causes. Ce sont la des techniques dont le choix dépend de l’objectif poursuivi qui dépend lui-même de la méthode de travail retenue.

Techniques : ce sont les moyens de résoudre les problèmes posés lorsqu’ils sont précisés. Limités en nombre et communes à la plupart des sciences sociales, elles se situent au niveau des faits et organisent les étapes pratiques de l’observation, description, comparaison et expérimentation, donc outils qu’on emploie pour mener à bien chacune des opérations limitées susceptible d’aboutir à l’explication terminale.

Méthode : stratégie d’ensemble que l’on juge la plus efficace pour organiser la recherche et que l’on croit susceptible de donner une réponse, si possible à un pourquoi, tout au moins à un comment. En ce sens, les méthodes d’approche des faits sociaux comme les faits sociaux politiques, sont liés à la poursuite d’un schéma explicatif, celui-ci pouvant être plus ou moins étendu et se situer à des niveaux différents de profondeur. Roger pintaud et Madelaine Gravitte dans leur méthode des sciences sociales y voient ainsi un « ensemble de norme permettant de sélectionner et coordonner des techniques », ou encore « elle constitue de façon +- abstraite ou concrète, précise ou vague, un plan d’action en fonction d’un but ».

Il s’agit des armes du savoir dont le maniement conjugué peut se révéler délicat. En effet, dans la mesure où les sciences sociales en général et les sciences politiques en particulier sont à la fois nomothétiques, cad permettent à défaut de lois, du moins la généralisation et parfois la prévoyance des phénomènes à partir d’une étude globale de leur caractère régulier récurrent et qu’elles sont également idiographique cad comportant l’examen d’un certain nombre de faits particuliers, le progrès scientifique, lié au dvpt de la technique et de la méthodo, ne peut se traduire en dernière analyse que par la prise de conscience d’un conflit endémique entre elles et par la nécessité d’innover, autrement dit par leur remise en cause permanente. C’est ainsi qu’en ce qui concerne les techniques elles-mêmes, l’on a assisté plutôt à un dvpt des recherches qu’à l’amélioration quasi définitive d’une technique particulière. A titre d’exemple, si le procédé des échelles et la conduite des tests a pu être amélioré, c’est au prix d’un certain nombre de tâtonnement et de l’abandon de plusieurs pratiques d’échelles et de tests. Quant aux méthodes de la même manière, les avancées n’ont pu être obtenues que par des discussions et compromis sur l’existant plutôt que par la suprématie d’une seule tendance qu’on aurait considéré comme incontestable. Aussi pour caractériser le couple technique/méthode, sans cesse évolutif, convient-il de l’envisager sous la dénomination d’approche, tout à la fois démarche

intellectuelle et attitude faite de prudence et de souplesse, dont le chercheur doit faire preuve face aux objets de l’étude.

Section 1 : Les techniques en usage dans les sciences politiques (45)L'objet socio-politique circonscrit pour son étude nécessite une batterie de techniques, plus ou moins importantes (tests, sondages, analyses de contenu, etc…) parmi lesquelles il y a l'emploi des mathématiques.La division artificielle du processus d’explication suivant les étapes bien connues de l’observation, hypothèse et expérimentation) apparait quelque peu arbitraire en sociologie en raison de la difficulté, souvent l’impossibilité d’expérimenter. Aussi l’observation en est le moment primordial au point que systématiser en description, laquelle, servant de base à son tour à la classification des éléments observés et à la construction des typologies, elle peut constituer à elle seule l’objectif même de la recherche, en l’absence de la découverte d’une théorie explicative pertinente. La monographie d’une petite ville de même que de manière plus élaborée la typologie des caractéristiques idéales du pouvoir mise au point par Weber dans son ouvrage le savant et le politique, constitue à ce titre autant d’exemples, ou faute de la mise en évidence de la causalité certaine, un niveau acceptable dans la compréhension des mécanismes sociaux est tout au moins atteint.

Encore faut-il savoir organiser la perception des choses, guider l’observation et prévoir les faits nouveaux éventuellement. A cette triple préoccupation scientifique, le chercheur répond d’abord par la sélection des outils de l’observation, au premier rang desquels, il y a l’adoption de concepts significatifs, dont on peut considérer le choix comme la première des techniques pour opérer un premier tri dans le flot des informations qui assaillent le sociologue, et une première façon d’organiser, de ne retenir que certains évènements de la réalité, l’objet sociologique une fois construit, encore le chercheur doit-il armer son observation, l’orienter sur des facteurs précis, et pour cela faire appel à une batterie de techniques, parmi lesquelles les mathématiques.

§ 1. L'utilisation des mathématiques dans les sciences sociales (46)Leur emploi est relativement récent, dès lors qu'il est apparu que l'évaluation des phénomènes sociaux passait par leur quantification, grâce notamment aux statistiques. Elles peuvent être appliquées soit :Cette utilisation est relativement récente : longtemps jugé que l’outil mathématique n’était pas adapté aux sciences sociales, trop complexe, d’autant que n’y étant pas familiers, de nombreux sociologues y étaient hostiles par principe ou répugnaient à les inclure dans leurs recherche. Position plus de mise aujourd’hui, les sciences sociales ne sauraient plus se passer de cet outil dès lors qu’il est apparu d’une part que c’était les mêmes principes de la logique, les mêmes arts de raisonner qui constitueraient la base de toutes les sciences, et d’autre part que l’évaluation des phénomènes sociaux passaient par leur quantification grâce notamment aux statistiques.

A) Dans le cas d'éléments directement quantifiables :

Certains secteurs de la science politique s'y prêtent particulièrement, comme par exemple ce qui relève de l'analyse électorale. A cet égard, statistiques et sondages aident à découvrir la signification des chiffres recueillis.En ce qui touche ceux-ci, il apparait immédiatement que certaines sciences sociales et plus particulièrement certain secteurs techniques de ces sciences se prêtent mieux que d’autres à une quantification, ceci provient de la nature même des matériaux qu’elles permettent de recueillir. C’est ainsi que la démographie, la science éco, sont susceptible de quantifs directes sous la forme la plus simple : comptage des unités, par ex comptage des naissances et morts pour démo. En science politique, c’est certains secteurs comme l’étude des élections qui se prêtent à la quantification, elles-mêmes à la source de comparaisons entre différents ordres de grandeurs. L’on comptabilisera par ex le nombre de voies dans une circonscription obtenue par tel parti ou par tel autre, pour prendre la mesure de son implantation. Autrement dit la technique mathématique présente ici l’avantage qu’en passant de

l’emploi de symboles verbaux aux symboles numériques, l’on dépasse la simple description énumérative des objets étudiés pour en arriver à des comparaisons sur des échelles de référence. A cet egard plus particulièrement, statistiques et sondages permettent de traiter les chiffres recueillis et aident à découvrir leurs significations.

Statistiques : elles offrent la possibilité de substituer un élément de précision à de simples impressions. C’est ce qui explique, en FR notamment, compte tenu du fait que le vote constitue un indice utile car précis et mesurable de l’attitude politique de l’électeur, la statistique électorale a été à l’origine de plusieurs études scientifiques. Toutefois, même si elle a contribué à mettre en évidence plusieurs déterminants dans les motivations électorales et certaines influences comme la pratique religieuse ou encore le régime foncier de tel ou tel région, (voir A/ Siegfried : tableau politique de la France de l’ouest sous la 3eme rep), cet outil statistique n’est qu’un outil, en ce sens qu’il ne permet pas d’expliquer seul pourquoi tel électeur vote de telle manière plutôt que tel autre.

Les sondages constituent une autre technique issue de la stats qui traduit une autre forme d’application des maths à la socio. Grace à l’application du calcul de probabilité, ils autorisent à partir d’une mesure partielle des phénomènes recensés d’en déduire des résultats pouvant s’appliquer à la totalité.

Reste que là encore la technique a ses limites dans la mesure ou les résultats stats d’un sondage sont dépendants de la manière de recueillir les données par le questionnaire ou encore si par sondage possible de mesurer les degrés de nationalisme dans un groupe, faut encore déterminer préalablement les critères.

B) Dans le cas d'éléments qualitatifs qu'il est possible de quantifier à condition toutefois de leur faire subir un certains traitement :

La sélection des variables significatives et la recherche de leurs rapports de manière à traduire sous une forme intelligible la complexité des relations humaines passent, dans ce type d'approche, par la formulation de "modèles".Pour arriver, sans les appauvrir, à ordonner les éléments qualitativement intéressants dans une recherche, pour saisir un peu plus de l’essentiel de la vie pol et social qu’on tente de comprendre, deux démarches qui concernent l’outil mathématique sont a entreprendre : l’une en direction des maths elles-mêmes que l’on va tenter de rendre qualitative, l’autre en direction des données à recueillir qu’il sera nécessaire de modéliser.

Les maths qualitatives : « au delà du donné, explorer le domaine du possible, envisager tous les systemes, meme ceux qui n’existent pas dans la réalité et se demander pourquoi » (Professeur pintaud et ). Ce qui signifie qu’a partir de la constatation de combinaisons réguli_res entre les faits observés, les maths et plus spé l’algèbre est à meme de prévoir l’évolution des systèmes et de mettre en évidence les facteurs qui permettent la transfo éventuelle de ces systèmes.

En ce qui concerne les éléments qualitatifs que l’on désire quantifier, il faut les organiser sous la forme de modelé, un modèle étant un ou un ensemble de schémas qui implique la mise en formule de relations entre certains facteurs, autrement dit la sélection des variables et leur mise en place respective de manière à traduire sous forme simplifiée la complexité des relations dans leur réalité. Lasouelle en science po a tenté d’expliquer le comportement de l’homme politique par des motifs perso, se transformant en objectifs d’intérêts publiques qu’il s’efforce de rationaliser en intérêts généraux. En 1953, Karl Dutch dans « nationalism and social communication, an enquiery… » a pu formuler par ce procédé une théorie quantitative de l’intégration nationale, et cela grâce à la construction de tout un ensemble de variable et d’un jeu d’indice permettant de systématiser les données, de les mesurer et les vérifier. Apres eux, c’est l’information que l’on s’est efforcé de mettre en paramètres, ainsi que les problèmes de la décision politique que l’on peut essayer d’approcher grace à la théorie des jeux, technique mathématique propre à éliminer autant se faire que peux à éliminer l’irrationnel.

Venons-en maintenant à l’examen des documents et techniques que l’on peut qualifier de vivantes  : sondages et tests.

§ 2. Les techniques les plus courantes au service des sciences socialesIl s'agit en l'espèce de l'étude des documents et des techniques d'entretien.La science pol plus particulièrement travaille a la fois sur des documents stats à savoir suffrages électoraux par ex, sur des docs officiels comme les comptes rendus de séances d’assemblées, statuts de partis politique ou de syndicats, et sur les constitutions.

Egalement sur des documents de source privé comme courrier des électeurs et plus généralement sur la correspondance, parfois études de presse, parfois encore le sociologue est amené à préparer certains matériaux et réalise des sondages pour connaitre l’état de l’opinion public, interview hommes politiques ou électeurs, peut procéder à études sur le terrain.

A) Les techniques documentaires (47)

Qu'il s'agisse de documents publics ou de sources privées, l'analyse de contenu en permet une interprétation objective.Sources de documentation : docs officiels et doc privés. Journal officiel est mine de renseignement + archives publiques, centrales ou locales, qui permettent l’accès à la compréhension de la genèse, textes de lois ou décrets, cadastres, statistiques dont l’archétype reste les recensements. Pas toujours approche facile de ces sources, cela pour multiples raisons : en FR, malgré décret du 21 juillet 1936, toutes les administrations ne sauvegardent pas leurs archives. Par ailleurs, la loi du 3 janv 1979 et décrets d’applications, ne permettent la communication de docs admin communs qu’au bout de 30 ans, mais faut attendre 60 ans pour consulter ce qui intéresse la sureté et défense nationale, 100 ans pour les renseignements individuels, 120 ans pour les dossiers de personnel relatif aux carrières administratives et jusqu’à 150 ans pour les infos médicales. Ca explique que malgré quelques dérogations (2eme GM ou guerre d’Algérie), le régime de Vichy n’a pas encore livré tous ses secrets. Facheux, le PM s’en est ému en 1997 et a promis une réforme de la loi de 1979. Dc arrêtés dérogatoires en nombre 1998-1999 relatifs à consultation des archives sur 2eme GM, puis prise loi du 4 décembre 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relations avec les administrations et circulaire du 2 novembre 2001 dans la gestion des archives dans les services et établissements publics de l’état.

Archives privées : opposent au chercheur l’obstacle du triple secret de la politique, affaires et familles, à supposer que pas détruites ou édulcorées par descendances qui les auraient jugées compromettantes, qu’elles soient déchiffrable et traduisent des témoignages sincères. Cela dit, à quel aune peut-on juger de leur fidélité et validité, que l’on songe aux déclarations de François Mitterrand au sujet du mal qui devait l’emporter.

Au sujet de la presse, pas non plus dépourvue de chausse-trappe. Certes, la grande loi de juillet 1981 affirme que l’imprimerie et la librairie sont libres, il n’en reste pas moins que les entreprises de presse tendent à se regrouper quitte à s’autocensurer, livrer une information insipide qui satisfasse le plus grand nombre. Pas sans conséquence sur validité de matériau. Reste à espérer que décision du conseil constit de juillet 1986 rappelant que le respect du pluralisme est une des conditions de la démocratie, ne restera pas lettre morte pq journaux de grande diffusion monocolore ne peuvent traduire richesse de la vie pol et sociale.

L’investigation sociologique se nourrit aussi heureusement de la différence de ton que l’on rencontre par ex dans figaro, paris match, express…

Mêmes remarques que la presse pour radio et télé, que le conseil supérieur de l’audiovisuel (mis en place par loi du 17 janvier 1989) a pour mission de maintenir l’expression des pluralismes courants socio culturelle.

Concept d’analyse de contenu :

Analyse de contenu est technique qui consiste à substituer à l’impression subjective que laissent des écrits ou paroles sur observateurs, des procédés plus standardisés tendant parfois à quantifier ou convertir les matériaux bruts en données pouvant être traitées scientifiquement. Pour cela, texte découpé en fction idées ou mots qu’il contient, ceux-ci étant choisis et recensés en liaison ac objectif

recherché. Berelson donne cette définition de cette analyse de contenu ; « c’est une technique de recherche pour la description objective, systématique et quantitative du contenu manifeste des communications ayant pour but de les interpréter. »

Bon exemple donné par Gérard Miller : analyse les thèmes mobilisateurs du régime de Vichy à travers les discours du Maréchal.

B) Les techniques vivantes

Suivant les cas, l'on utilisera les interviews, les sondages, et lorsque cela s'avère possible, les enquêtes sur le terrain.L’idée de faire des enquêtes ie chercher dans la réalité des éléments plus précis et objectifs que de simples impression est fort ancienne puisque des Hérodote recensement de la population et revenus du peuple égyptien en -3000. Les premieres enquetes sur le terrain remontent, pour époque moderne, aux travaux de vilermer en FR ac étude de 1846 sur situation des travailleurs et enquête de Bouss en GB ac enquete sur les ouvriers de Londres en 1886.

C’est surtout les américains qui a partir de 1920 dirigeront leur recherche dans un but plus spécifiquement scientifique. Les techniques vivantes peuvent se caractériser par la mise en pratique de 2 moyens de recherche : interrogation et observation. En fction de cette constatation on peut distinguer 2 grands groupes : techniques individuelles d’une part et techniques de groupe d’autre part.

Techniques individuelles appliquées à des individus dans un rapport enqueteur enquété plus ou moins complexe et consiste en interrogations suivant plusieurs modalités.

Techniques de groupe ont pour but d’observer les individus agissant et réagissant selon les autres dans un groupe.

Il s’agit d’une classif fctionnelle commandée par le but de l’enquête et par la population à laquelle s’applique, ce qui signifie que les techniques de rapports indiv concernent indiv en tant que tel (PM par ex) soit indiv en tant que membres d’un gpe (un ou autre ministre), soit indiv désignés par sondages en tant que représentants d’une population plus étendue. les recherches visant un groupe peuvent utiliser les techniques individuelles quand appliquées à étude de tel ou tel perso en tant que membre de groupe mais pas applicables à indiv isolés.

Tech indiv :

(48) L’interview. Encore appelée entretien ou entrevue, c’est au sens technique un procédé d’investigation scientifique utilisant un processus de communication verbale pour recueillir des informations en relation avec un but fixé. Une enquête s’organise sur une idée de départ et a pour objectif triple de permettre la formulation d’hypothèses vérifiable, de recueillir suffisamment de données, et enfin d’obtenir des résultats généralisables. Cela dit, deux éléments essentiels permettent de différencier et classifier les différentes interviews. Il s’agit d’une part du degré de liberté que le questionnaire laisse aux interlocuteurs, et d’autre part du niveau de profondeur de l’information que l’enquêteur cherche à obtenir, information qui va de la simple récapitulation de statistique de variable à l’étude de motivation, particulièrement utilisée en sociologie électorale. Aussi cet outil est-il protéiforme et adaptable à tte sorte d’investigation, des plus simples aux plus complexes, suivant que la liste de questions posées est courte ou longue, et que les questions elles-mêmes, appelées fermées, ne laissent qu’un choix limité de réponses (oui/non) ou au contraire il s’agira de questions ouvertes. Entre question fermé et ouverte, un troisième type ; les « questions cafétérias » auxquelles il est possible de répondre oui/non/peut être. Encore faut-il que l’interview soit un bon outil, cad qu’il permette d’obtenir un contenu vrai par rapport à l’enquêté et significatif par rapport au problème, de manière à ce que les questions, par le choix des mots, simples et non ambigus, par la syntaxe, aussi claire que possible, dc questions bien comprises par l’enquêté traduisent tout de même pour l’enquêteur la complexité des faits analysés. Dc pour donner des résultats fidèles, sans distorsions dans les rapports entre les enquêteurs, et valides, cad en adéquation avec les réalités, les sources d’erreurs doivent être réduites, tant au niveau des questionnaires que dans l’exploitation des résultats.

(49) le sondage : né d’une impossibilité pratique : l’interrogation de tte une population individuellement, et d’une possibilité statistique : la description du tout par la partie, autrement dit les enquêtes par sondage sotn adapté à l’étude d(une population nombreuse et suffisamment fractionnée. Les politologues st très friands de cette technique, au point que Jérome Jaffré a pu parler de sondomanie. Avantage pratique : recueillement d’une masse d’informations autrement inaccessible, principalement en matière d’opinion. Par exemple le droit FR interdisant la comptabilisation séparée du vote des hommes de celui des femmes, seul sondage permet de connaitre les différentes attitudes éventuelles selon sexe dans isoloir. Cela dit, au risque d’erreurs inhérent aux interviews individuelles que le sondage démultiplie, se surajoutent d’autres sources occasionnant des interprétations erronées. Jacques antoines, dans son ouvrage intitulé l’opinion technique d’enquête par sondage, 1969, les a répertoriées, notamment la méthode de sélection de l’échantillon représentatif des personnes sélectionnées conditionne le taux d’incertitude statistique du résultat final. A cet égard, les grands instituts de sondage en FR, la SOFRES, IFOP… préfèrent pour des échantillons de 1000 personnes, à la technique du sondage aléatoire la construction d’un modèle réduit de la société de référence cad la reproduction proportionnelle de celle-ci à base de variables tenues pour significatives : sexe, age, répartition géographique et professionnelle, appelée méthode des quotas.

Législation FR du 19 juillet 1977 avait pour objet d’instituer des déontologies pour organismes utilisant des sondages, par création d’une commission des sondages et interdiction de publication, diffusion et commentaire de tt suffrage électorale pendant chaque semaine qui précède chaque tour de scrutin ainsi que pdt déroulement de celui-ci. Ces mesures de prévention de manipulation des opinions s’avère peu efficace pq contournée lors de chaque élection, et sévèrement critiqué en vertu de la liberté d’expression.

D’autres techniques que les sondages permettent étude des collectivités, encore que d’utilisation plus limité. Enquête sur le terrain, consistant à observer un gpe dans son contexte habituel et la valeur scientifique de ce procédé dépend des données recueillies mais aussi du degré d’intégration du chercheur dans le groupe. Il s’agit aussi de l’expérimentation par laquelle le sociologue intervient pour manipuler les facteurs qui l’intéressent afin de se donner les moyens d’analyser les interactions qu’il aura suscitées. C’est la un outil délicat pq peut perturber les comportements des individus auxquels on l’applique.

Les théories explicatives dans l'analyse sociologique du pouvoir par l’étude des relations existantes entre ceux qui le détiennent et l’ensemble de l’environnement social où il s’exerce. Suivant les objectf de la recherche sera fait appel à analyse fctionnelle, structurale ou approche systémique, chacun de ces apports théoriques à la méthodo scientifique utilisés a bon escient ouvrant sur une compréhension en profondeur de tel ou tel aspect de la réalité politique.

Section 2 : Les théories explicatives dans l'analyse sociologique du pouvoirA partir de la conception que l'objet de l'étude est envisagé comme une totalité dont les éléments constitutifs sont liés entre eux et interdépendants, il est possible d'expliquer le jeu de chacune des parties de l'ensemble dans leur contexte global, grâce à la construction de modèles théoriques adaptés sur la base desquels différents types d'analyse permettent de donner de la réalité une interprétation logique.Théoriser, autrement dit développer un système cohérent et global d’interprétation des phénomènes politiques comportant l’identification des variables principales, c’est doter la socio politique d’un cadre général d’analyse fait de concept propre à guider les recherches et interpréter les résultats. Dans cette optique, quel que soit l’approche retenue, la méthode suivie par-delà les dissemblances de ces types d’analyse présuppose une double démarche intellectuelle fondamentale.

En premier lieu, s’agit de concevoir le groupe social comme une totalité dont les éléments sont liés et interdépendants, de telle manière que l’explication du jeu de chacune des parties de l’ensemble ne saurait découler autrement que du contexte global qui l’enveloppe. Pour saisir l’ensemble, la méthode

consiste donc à expliquer les parties par le tout, à commencer par envisager un ensemble pour en comprendre chaque élément.

En second lieu, s’agit de traduire cet effet de formalisation théorique dans la construction de modèles formels plus ou moins vastes, qui sont autant de reconstruction mentales de la réalité, les uns privilégiant le concept de fonction, les autres structures, d’autres système ou encore communication.

Rappelons la définition de Guy Rocher sur le modèle: « il est véritablement de l’ordre de l’abstraction parce qu’il construit en extrayant de la réalité étudiée, certaines propriétés qui, une fois représentées par des signes ou des concepts, peuvent servir à donner de cette réalité une interprétation et une explication de caractère logique ».

§ 1. L'analyse fonctionnelle et le fonctionnalisme en science politique (50)Les travaux d’Herbert Spencer qui assimilent les sociétés à des organismes vivants, sont à l'origine de cette approche théorique.En sociologie, le terme « fonction » revêt au moins 3 significations discernables : c’est la profession, les activités imparties au bénéficiaire d’un statut social déterminé auquel cas le mot fait parti du langage courant et ne nous intéresse pas ici, mais c’est aussi une deuxième signification, mathématique, relation existant entre 2 ou plusieurs éléments, tel que tout changement introduit en l’un provoque une modification dans l’autre, ou les autres, et entraine de leur part une modification.

C’est à partir de ce concept que s’est développé l’analyse des variables sociales ou analyse fonctionnelle que l’on retrouve par exemple dans l’étude de Durkheim sur le suicide. Mais l’influence du fonctionnalisme en science social procède d’un troisième sens du mot fonction, qui a été dégagée, sous l’influence du sociologue anglais Herbert Spencer à la fin du siècle dernier, du modèle des organismes vivants. L’idée sous-jacente du fonctionnalisme proprement dit consiste en conséquence à considérer toute société à l’image d’un organisme vivant qui se maintien en vie grâce à ses fonctions respiratoires, digestives et autres, comme un corps social, autrement dit une totalité dont les éléments constitutants interdépendants assument certaines fonctions qui répondent à ces besoins fondamentaux.

A) Définition du fonctionnalisme :

Au fonctionnalisme dit "absolu" de Bronislaw Malinowski a succédé la démarche plus nuancée de Robert King Merton, encore dénommée "Fonctionnalisme relatif".Caractères de la théorie. Apres Spenser, le chantre du fonctionnalisme dit « absolu » est un ethnologue anglais. Premier chercheur moderne à partager la vie de ceux qu’il étudiait, il considère que chaque culture forme un tout cohérent et que chacun de ses éléments ne peut se comprendre que face à ce tout. A partir de ce constat, il en déduit un principe général d’organisation harmonieuse des sociétés ou tout élément, chaque objet matériel, institution, objet de culture, est à la fois utile et nécessaire. Dans un ouvrage « élément de théorie et de méthode sociologique », paru en 1965, l’américain Robert King Merton va dénoncer en sociologie, les excès de l’hyper-fonctionnalisme de Malinowski, qu’il juge non adapté aux sociétés modernes, sauf à le relativiser. C’est ainsi que Merton critique les trois postulats du fonctionnalisme absolu de son prédécesseur, et en revanche propose de les remplacer par trois nouveaux concepts fonctionnels jugés plus opératoires et plus adaptés à nos sociétés modernes. Au postulat de l’unité fonctionnelle de la société selon lequel pour Malinowski, tout élément, toute activité remplie une fonction pour la société dans son ensemble, Merton propose en remplacement la notion d’équivalent fonctionnel, ce qui signifie qu’un seul élément peut avoir plusieurs fonctions, de même qu’une seule fonction peut être rempli par des éléments interchangeables, et pour illustrer l’idée on peut parler d’un club politique qui peut se révéler tout a fait en mesure, dans certaines circonstances, d’exercer la fonction programmatique d’un parti politique. De la même manière, au postulat du fonctionnalisme universel selon lequel aucun élément culturel ou social ne subsiste s’il ne répond à un besoin absolu, Merton oppose la notion de dysfonction qui gène l’adaptation ou l’ajustement du système à un moment. A titre d’exemple, telle croyance religieuse comme celle qui s’attache à reconnaitre un caractère sacré aux vaches dans l’indouisme est fonctionnel dans la mesure

où elle participe au ciment culturel du sous-continent, mais elle est dysfonctionnelle dans la mesure où elle est susceptible d’entraver son développement économique.

Enfin, opposé au postulat de la nécessité fonctionnelle selon laquelle tout élément culturel ou social est indispensable, Merton propose de distinguer les fonctions manifestes, celles qui, contribuant à l’ajustement du système, sont comprises et voulues par les participants du système et les fonctions latentes qui elles, ne sont ni comprises ni voulues.

B) Fonctionnalisme et science politique :

Appliqués à notre champ d'étude, des auteurs comme G. Almond et G. Powell ont pu démontrer notamment qu'un gouvernement est d'autant plus fonctionnel, autrement dit accepté comme légitime, qu'il est structurellement en phase avec la culture politique de la société qu'il régule.

Sous ces différentes formes, le fonctionnalisme a inspiré de nombreux spécialistes de la science politique, notamment Gabriel Almond et G. Powell. Ces deux auteurs expliquent que tout système politique se rattache à la société globale qui constitue son environnement et que tout système politique ne peut perdurer dans un rapport d’échange ac son milieu qu’en répondant aux attentes et aux différents intérêts de ce milieu qu’il doit réguler, et en développant des structures adaptées à ces onctions. Il démontre qu’un gouvernement est d’autant plus fonctionnel, autrement dit, accepté comme légitime, qu’il est structurellement en phase avec la culture politique de la société qu’il régente. Ainsi les deux auteurs distinguent la culture paroissiale dans laquelle les individus sont peu sensibles à l’ensemble national et qui convient plutôt à une structure politique traditionnelle et décentralisée, la culture dite de suggestion, dans laquelle le syst politique est ressenti comme extérieur et qui conviendrait plutôt à un régime autoritaire et centralisé, et enfin la culture de participation, celle des individus citoyens qui s’accorde à une structure démocratique. Ce type d’analyse donc a une réelle valeur euristique car elle facilite grandement la comparaison entre les régimes politiques.

§ 2. Le structuralisme (51)A) Définition du structuralisme :

Après Ferdinand de Saussure et Radcliffe-Brown, le professeur Claude Levi-Strauss a pu mettre en évidence que, pour expliquer les relations apparentes de pouvoir, sous la forme d'un modèle vérifiable, il était possible de dégager la structure non consciente du réel concret.Il s’agit d’une méthode d’analyse par laquelle on ne se contente pas de décrire, à la manière de ce qu’avait entrepris l’anthropologue anglais Radcliffe-Brown à l’origine de la théorie de recueillir et de classer les données de l’observation, mais d’y puiser un principe d’explication. L’idée de départ est de considérer que les sociétés humaines choisissent, dans la richesse des agencements potentiels que leur offre la biologie et la psychologie, un ensemble d’éléments qui s’ont ordonnés d’une certaine manière. En rechercher la structure, ce n’est donc pas seulement établir un modèle théorique à partir d’éléments significatifs de la réalité empirique, ce que faisait Radcliffe-Brown qui en construisait la structure apparente et la décrivait, telles les relations roi/sujet, mari/femme, c’est avec Levi-Strauss découvrir la structure latente, cachée, qui permet d’expliquer les relations apparentes, cad dégager la structure non consciente du réel concret, et l’exprimer sous forme d’un modèle vérifiable. Dans tristes tropiques, Levi-Strauss racontant son séjour amazonien dans 2 tribus Nambicuara, a ainsi pu mettre en valeur le rôle caché que la polygamie réservée exclusivement au chef de clan pouvait jouer dans l’affirmation de son pouvoir, et comment cet élément anodin était au principe même de l’organisation politique de ces indiens.

B) L'apport du structuralisme à la science politique :

En dégageant trois types idéaux de pouvoir, le sociologue Max Weber a pu déterminer les fondements théoriques de toute autorité politique.Il revient au sociologue allemand Max Weber d’avoir particulièrement mis en relief les ressorts de l’activité politique en montrant comment la recherche de l’efficacité gouvernementale a nécessité

l’apparition d’une classe politique et son organisation hiérarchisée. Et c’est par conséquent grâce à l’analyse structurale, par la découverte de la différenciation des rôles sociaux que Max Weber a pu déterminer les fondements théoriques de l’autorité politique. Il distingue 3 types idéaux de légitimation devenu célèbre, c’est ainsi, selon lui, que certains états connaissent une structure du pouvoir de type traditionnelle. Dans cette structure, l’obéissance repose sur la tradition, tandis que dans d’autres, l’autorité est dite charismatique, parce que la soumission au chef trouve son origine dans le prestige personnel de celui-ci. Enfin il distingue ce qu’il appelle l’autorité légale rationnelle, ce qui correspondrait approximativement à la situation de la plupart des états modernes. La légitimité serait fondée structurellement sur un corps de règles légales, structurellement agencé. Dans tous ces cas, ainsi d’ailleurs que dans les combinaisons de ces différents types d’autorité, c’est la notion de croyance en telle ou telle espèce de légitimité qui constitue l’assise structurale largement inconsciente du pouvoir.

§ 3. L'analyse systémique (52)A) Notions générales de système :

La théorie générale des systèmes a pour objet leur étude dans leurs rapports avec leur environnement, comme l'a démontré Talcott Parsons.La notion de système est une matrice abstraite correspondant à la notion de totalité déjà rencontrée dans les théories précédentes, n’est pas une grande nouveauté en soi. En revanche, alors que le structuralisme, comme le fonctionnalisme s’attachait à l’étude des transformations dans le système et dans une optique relativement statique, la théorie générale des systèmes a pour objet l’évolution du système dans ses rapports avec l’environnement, c'est-à-dire avec d’autres systèmes. C’est ainsi que l’on observera par exemple tel ou tel système politique, un parlement ou un parti politique, dans ses interactions avec le système économique, ou religieux, ou international, qui lui sont contemporain, mais qu’il ne s’agira pas de se livrer à son analyse interne. Il va de soi dans ce type d’approche qui prétend saisir n’importe quelle relation eu égard au fait que la société est une réalité si complexe qu’on ne peut l’appréhender dans tous ses éléments, qu’il faut en quelques sortes sérier les problèmes, cad extraire arbitrairement de la totalité sociale, un ensemble d’éléments choisis en vertu d’une définition préalable et arbitraire du système que l’on peut étudier. C’est ce que Durkheim appelait déjà la construction de l’objet sociologique.

Selon sociologue américain bien connu Talcott Parsons :

L’ambition de ce prof de Harvard à travers une œuvre considérable dont « the structure of social action » publié en 1937 et « the social system » en 1951, était de construire un schéma général d’analyse applicable à tous les systèmes d’action. Afin de comprendre pourquoi les gens agissent comme ils le font, Parsons prend en considération leurs désirs et leurs décisions, les moyens dont ils disposent et leur croyance sur la manière dont ils peuvent parvenir aux effets recherchés. Autrement dit, toutes leurs actions prennent place dans un système d’action que l’auteur divise en quatre sphères essentielles, à savoir le contexte biologique, psychique, social et culturel. Ces 4 ensembles constituant 4 sous-systèmes du système général de l’action, chacun d’eux puisant dans les autres sous-systèmes ce qui lui est nécessaire et offrant de la même manière aux autres ses propres produits. C’est ainsi que pour le système social ainsi que pour chacun des autres sous-systèmes de l’action, les 3 autres constituent son environnement. Mais on peut aussi changer de niveau d’analyse et considérer le système social non plus comme un sous-système mais comme un système d’action en lui même contenant 4 sous-systèmes à savoir, selon Parsons, l’économie, le politique, le réseau de socialisation et les institutions, comme le droit ou l’appareil judiciaire qui maintiennent les solidarités. Dans ce dernier contexte, le politique est un sous-système de la société. Il comprend la définition de but collectif, la mobilisation des ressources et la prise des décisions nécessaire à l’obtention de ces buts, et son élément essentiel est le pouvoir, que Parsons définit comme la capacité d’obliger les acteurs sociaux à rempire les obligations que leurs imposent les buts collectifs de manière à pouvoir mobiliser les ressources de la société en vue d’atteindre les fins proposées. Le pouvoir, autrement dit, comme la monnaie en science éco est démythifiée par l’auteur, ce n’est plus une institution mais un simple instrument d’échange en circulation.

B) Le modèle d'analyse systémique de David Easton, en sociologie politique (53)

Adaptation à la sociologie politique de ce modèle par David Easton. Ce prof à l’université de Chicago, d’origine Canadienne, a introduit la notion de système dans l’analyse politique, et plus spécialement dans un ouvrage « the political system » (1953) et dans « system analysis of political life » (1965). Pour le résumer, disons qu’un système politique se définit chez lui comme l’ensemble des interactions politiques constatées dans une société donnée. Easton propose de le considérer comme ce qu’il appelle une boite noir, en négligeant ce qui se passe à l’intérieur, il se focalise sur son environnement, qu’il qualifie d’intra sociétal pour désigner les systèmes de la même société, à savoir les systèmes biologiques, économique, écologiques, psychologiques et autres systèmes sociaux, et d’extra sociétal pour caractériser les systèmes politiques, écologiques et sociaux internationaux. Tout système politique dans la théorie d’Easton, dispose d’une capacité variable pour réagir à l’environnement dans lequel il baigne. Deux catégories de forces s’exercent sur lui, que l’auteur baptise inputs, à savoir les exigences, cad les demandes d’avantages ou services (diminution d’impôts ou augmentation salaire par ex) qui peuvent être si pressentes et importantes qu’elles peuvent arriver à bloquer le système. Parmi ces inputs, il y a également les soutiens au système, qui contrebalancent d’une certaine manière les exigences, en permettant au système d’adapter ses réponses aux demandes formulées.

Easton distingue 3 formes de soutien, à savoir le soutien à la communauté politique, celui qui définit le consensus minimum nécessaire au maintien de l’entité politique, le soutien au régime, constitué par le consensus établi sur les règles du jeu politique, enfin le soutien aux autorités politiques qui se traduit par une reconnaissance de leur légitimité. Et toujours selon Easton, pour satisfaire les exigences, ou les limiter, ou activer les soutiens, tout système politique doit, sous peine de disparaitre, produire ce qu’il appelle des outputs, des réponses, destinées à juguler les menaces à l’équilibre. Ces menaces prennent la forme de décisions, c’est par exemple une nouvelle législation, elle peuvent prendre la forme d’action en direction de ceux qui ont formulé des demandes, et dans l’approche systémique d’Easton, les réponses données aux exigences ne constituent pas un terme, même provisoire, à cet ensemble de relations/interrelations, elles engendrent de nouvelles exigences et de nouveaux soutiens à la manière d’une boucle de rétroaction, feedback loop, qui revient au système. C’est un moteur d’un cercle sans fin où les réponses engendrent perpétuellement de nouvelles questions dans un circuit ininterrompu.

§ 4. Le modèle cybernétique de Karl Deutsch (54)Déjà en germe dans le modèle Eastonien, l'analyse cybernétique peut se définir comme une recherche sur les mécanismes de communication et de contrôle dans les machines, les êtres vivants et également dans les sociétés.

Pour K Deutsch, prof d’Harvard, tout gouvernement doit être de la même manière conduit et dirigé à l’instar d’un navire. Il écrit « piloter un navire revient à guider son comportement futur à partir d’informations concernant d’une part sa marche dans le passé, et d’autre part la position qu’il occupe dans le présent par rapport à un certain nombre d’éléments qui lui sont extérieur, notamment but ou cible. Le concept sous-jacent à toute opération de ce genre peut être désigné sous le nom de rétroaction ou feedback ». Autrement dit Deutsch perfectionne dans une certaine mesure le système d’Easton qu’il mécanise d’avantage, en insistant particulièrement sur les impératifs communicateurs sensés animer les comportements humain. C’est ainsi qu’il fait dépendre ceci de 4 éléments :

- Le poids de l’information : en politique, il s’agit de la fréquence et l’ampleur des changements dont doit faire face tout gouvernement

- Le retard de la réponse : du temps que le système met a réagir a une information nouvelle- Gain réalisé par les actions correctives ce qui correspond en politique à la vitesse et à

l’importance de la réponse d’un système politique aux faits nouveaux auxquels il est confronté- Le décalage, qui traduit la distance qu’occupera la cible, mobile, selon les calculs

prévisionnels et la position réelle qu’elle occupait au moment de la réception des derniers signaux émise par elle. En politique, cela signifie par exemple que chaque gouvernement doit anticiper sur les situations nouvelles auxquelles il doit apporter des solutions.

Au total, ce modèle de K. Deutsch est un modèle explicatif conçu pour intégrer le mouvement, et il fait une place à l’idée de but autonome et de rétroaction aux infos venant de l’extérieur, ce qui présente l’avantage d’exclure tout jugement de valeur dans l’analyse des régimes politiques, pour ne retenir que leur efficacité.

Voila donc les instruments d’investigation des chercheurs ainsi que des politologues susceptible de les adapter à leur discipline, soit que ces derniers s’attachent à l’étude des mécanismes internes des systèmes politiques, soit que les politologues les replacent dans la société globale. La caractéristique commune de tous ces moyens est de permettre une réflexion sociologique acceptable sur des sociétés globales et sur une notion du pouvoir politique, perçue dans l’état où elle se trouve quand commence la recherche, autrement dit la vision du pouvoir que ces moyens contribuent à approfondir par la description ou le démontage de ses rouages reste essentiellement statique, dans la mesure où elle est largement inadaptée à rendre compte des évolutions sur une longue période. Ces avancées méthodologiques récentes, importantes, même si elles sont critiquables en partie comme l’ont été avant elles celles qui l’ont précédées, elles sont à l’origine des théories développementalistes, qui aujourd’hui semblent le mieux rendre compte de l’état du monde, à voir dans le prochain titre.

Enregistrement n° 5 TITRE II : LA PROBLEMATIQUE DU DEVELOPPEMENT POLITIQUE, ET LA TYPOLOGIE DES SYSTÈMES ET DES REGIMES POLITIQUES (55)Après avoir répertorié les outils servant à un examen statique des systèmes politiques, et évoqué les explications dynamiques des transformations politiques, les analyses développementalistes offrent une troisième voie d'approche. La problématique du développement pouvant se concevoir de différentes manières, l'attention sera tout d'abord portée sur les théories qui, selon des modalités diverses, tentent d'expliquer les correspondances entre les sociétés et les catégories de régimes politiques qu'elles génèrent.Après quoi, viendra le moment de la vérification empirique, dans le Tiers- Monde sous-développé d'une part, et dans les Etats économiquement avancés d'autre part.

Dans cette partie du cours, il convient d’appliquer les techniques et divers éléments de théorie politique dégagé précédemment à l’analyse des institutions du pouvoir dans les différents états du monde, autrement dit il faut procéder à l’étude des systèmes politiques d’aujourd’hui dans leur réalité concrète. Et pour ce faire, après avoir observé le pouvoir de manière statique et en avoir précisé les contours, la structure, les modes de fonctionnement ainsi que les procédés d’adaptation à l’environnement, ainsi que d’avoir procédé aux premières ébauches explicatives des transformations politiques qu’ont connu toutes les sociétés et que pendant longtemps on n’avait que classé les différents modes de gouvernement possible, nous poursuivons notre quête du sens des syst politique grâce à l’analyse développementaliste de manière à compléter voire synthétiser utilement nos approches empiriques et théoriques précédentes.

En vérité plutôt des analyses environnementalistes car la problématique du dvpt peut être entendue de 2 manières différentes, posée de 2 façons distinctes, auxquelles le politologue dans les 4 dernières décennies ont tenté de répondre concrètement par 2 séries de travaux qui renouvelle la controverse sur l’autonomie du politique.

Chap 1 : présentation et critique de ces deux thèses, l’une associant niveau de dvpt socio économique et situation politique pour expliquer comment et pourquoi telle ou telle configuration engendre forcément tel ou tel régime politique, l’autre tourné sur l’examen des aspects juridico institutionnels des pouvoirs publics constitutionnels, cherchant plutôt à exprimer les règles du jeu définies à ce niveau, regles du jeu suffisamment importantes pour justifier des classements significatifs.

Les 2 chap suivant illustreront ces propos théoriques par l’examen empirique des deux grandes familles de société politique qui couvrent l’air géographique internationale à savoir le groupe des démocraties libérales et celui du tiers monde. Pour ne pas compliquer outre mesure l’exposé, nous faisons l’impasse sur les pays socialistes principalement Chine, Corée du Nord, Vietnam et Cuba, qui empruntant aujourd’hui des caractéristiques tant économiques que politiques à nos deux types de sociétés, connaissent des bouleversements et opacité telle qu’ils semblent provisoirement constituer une catégorie à part, relativement imprévisible et qui semble échapper, provisoirement en tous cas, à toute typologie sérieuse ainsi qu’a toute prospective sur leur évolution à moyen et long terme.

CHAPITRE I : DIVERSITE DES SOCIETES POLITIQUES ET THEORIES DEVELOPPEMENTALISTESLes théories développementalistes sont à considérer comme les moyens méthodologiques les mieux à même de donner un sens aux inter-connexions

existant entre les sociétés, les univers politiques pris en tant que systèmes qui leur sont intégrés, et les régimes politiques.

L’idée générale de départ est que la science politique doit permettre, ou tout au moins tenter d’expliquer certains des phénomènes que reflète la vie politique. L’une de ces premières taches étant de rendre compte de cette diversité de la société politique, or, si très schématiquement on peut présenter la vie politique comme un conflit entre un groupe qui recherche la possession du pouvoir politique ou tout au moins d’avantage qui dépendent de ce pouvoir (et nous avons déjà rendu compte des différentes synthèses de ce mécanisme, il est apparu, en comparant les exemples nationaux que tant la conquête même de l’appareil gouvernemental que la physionomie des groupes en compétition, différaient d’un cas à l’autre en fonction de facteurs spécifiques à chaque état ou chaque groupe d’état. Certes ces facteurs n’ont jamais été totalement ignorés par les philosophes de la politique, ni par les idéologues marxistes et libéraux, qui développèrent tous, naturellement en des sens opposés, cette idée de base selon laquelle la structure et l’évolution des sociétés était commandée par l’état et le développement des forces productives. Mais c’est grâce à la découverte de la modélisation systémique que la compréhension de la nature des différents régimes politiques et de leurs liens avec la société globale a pu être affinée. Aujourd’hui, la réalité politique n’est plus défragmentée et isolée, mais définie comme un ensemble, lui-même englobé dans un ensemble plus vaste avec lequel il y a un échange d’influence. Bref, comme le constate Roger Gérard Rosenberg dans son manuel de socio politique, « il s’agit de considérer le syst politique comme la partie d’un tout, comme incorporé dans un ordre social avec lequel il entretient des rapports complexes ».

Aussi riche de cet apport méthodologique déterminant, la problématique du dvpt permet d’observer le processus de mutation qui affecte à la fois le système et son environnement et cela notamment en période de transformation sociale. Il permet également de mieux comprendre ce procédé développementaliste, après vérification empirique, ce qu’est un syst politique, quelles sont ses fonctions et a quelles attentes il répond. Autrement dit, a condition de les prendre pour les outils scientifiques qu’elles sont et d’avoir à l’esprit que la réalité est toujours plus nuancée, les théories développementalistes qui ont été conçues à partir, principalement, des concepts de développement sont a considérer comme les moyens méthodologiques les mieux a même de donner un sens aux interconnections existant entre les sociétés, leurs univers politiques respectifs au sens large et les régimes politiques. Dans cet esprit, section 1 est problématique du développement en ce qu’il s’agit d’une analyse moderne nécessaire au monde moderne parce que plus complètes/complexes/réalistes que les explications du passé. Section 2 sera consacrée aux théories dvpentalistes elles mêmes

Section 1 : La problématique du développementCe sont les circonstances internationales, spécialement après 1945, qui sont à la base du renouvellement des questions sur les sociétés et sur les Etats.Pour l’étude des sociétés nationales, les politistes ont eu sous les yeux, jusqu’à la 2eme GM, des cas concrets relativement stables et uniformes. A partir de 1945 en revanche, les états nationaux perdent en homogénéité ce qu’ils vont gagner en originalité. Une nouvelle approche s’imposait qui réintroduisait dans l’analyse politique les facteurs qui semblaient avoir provoqué cette diversité. C’est donc aux circonstances ayant présidé à ce renouvellement méthodologique que nous allons consacrer les deux paragraphes suivant.

§ 1. Origine et contenu du développementalisme (56)La formation du développementalisme est historique et conceptuelle.

A) Les circonstances conjoncturelles.

Il s'agit de deux faits historiques dont la prise en considération a montré les insuffisances d'un certain nombre d'analyses pré- existantes et la nécessité de leur dépassement. La révolution soviétique de 1917 puis la grande vague de décolonisation des années 1960 sont deux événements qui ont mis en lumière

les oppositions fondamentales socio-économiques, idéologiques et politiques entre les nations.

Deux faits historiques ont été à l’origine de ce renouveau de la science politique. Ils ont montré les insuffisances d’un certain nombre d’analyses préexistantes et la nécessité de leurs dépassements. Il s’agit, dans l’ordre chronologique de la révolution communiste à partir de 1917 en Russie puis dans le centre de l’Europe à partir de 1945, en Chine de la prise du pouvoir par les communistes en 1949 puis dans certains pays Asiatiques, Africains et d’Amérique latine, dans les années suivantes. Autant de bouleversements sociopolitiques de gauche, qui se surajoutant aux séquelles du nazisme et du fascisme de l’entre-deux guerres, ont brisé l’homogénéité idéologique du monde. Celle-ci était caractérisée jusqu’alors par un certain libéralisme économique et politique et un même substrat socioculturel. Il s’agit aussi du processus de décolonisation, initiée des la fin de la 2nde GM, qui s’est développé tout particulièrement dans les années 60. Le mythe de l’homogénéité socio économique, occulté jusque là par les réactions de subordination entretenues entre l’EU coloniale et le reste du monde a alors volé en éclat. La décolonisation est un phénomène important dans l’histoire des relations internationales du 20eme siècle. Elle peut être définie comme l’accession à l’indépendance et à la pleine souveraineté des territoires colonisés et se caractériser par une égalité de droits entre l’état colonial, ancien état administrant et le nouvel état, anciennement colonisé, dont les rapports sont désormais régit par le droit international. Sur le plan historique, René Cédillot dans son ouvrage « histoire de colonisation » en a précisément identifié les enjeux et ils sont considérables dans la mesure où, triplant le nombre des états entre 1945 et 1972, la décolonisation va bouleverser la carte du monde tout autant que la perception qu’on en avait jusque là.

Sur les plans idéologiques et économiques, ces deux évènements, triomphe du communisme dans un certain nombre d’états et décolonisation vont se traduire dans la 2eme moitié du 20 e s dans la mise en place d’une nouvelle société internationale largement hétérogène. Le monde se diversifie, et à la somma divisio qui, sous le nom de Guerre Froide, va radicaliser, de 1947 aux années 60, l’affrontement Est-Ouest entre les deux superpuissances et leurs alliés respectifs (URSS vs USA), va se superposer, à partir des années de détente et plus encore avec la disparition du communisme en Russie et EU centrale dans les années 90, une coupure qui semble s’approfondir chaque jour d’avantage entre, schématiquement, le nord et le sud de la planète.

C’est ainsi que, notamment depuis la chute du mur de Berlin en 1989, le même type d’état capitaliste, relativement développé, caractérise l’hémisphère nord, dont les intérêts, notamment depuis l’échec de la conférence Nord-Sud qui s’est tenue à Paris en juin 1977, apparaissent comme opposés à ceux des pays du sud tels qu’ils ont été exprimés à Alger en 1973 où l’on a accrédité la thèse de cette division du monde entre états riches et pays pauvres.

Pour caricaturale qu’elle soit, la prise en compte nouvelle de cette réalité géostratégique a pu utilement faire redécouvrir le thème marxien de la lutte des classes dans sa transposition internationale, les sociétés développées pouvant être assimilées à une classe de nations dominantes et les pays sous-développés à une nation prolétaire, pour reprendre le titre d’un ouvrage de Pierre Moussât, paru en 1961.

Aussi dans ce contexte, une approche renouvelée de l’univers politique s’imposait.

B) La genèse du concept développementaliste (57)

Face à la diversité du présent, en raison notamment de l'émergence de pays non occidentaux sur la scène internationale, l'approche constitutionnelle classique est peu convaincante. L'analyse marxiste quant à elle est incapable d'expliquer les multiples ressemblances entre sociétés capitalistes et Etats communistes que tout devrait séparer.Aujourd’hui, pour étudier les systèmes du temps présent, les politistes n’abandonnent pas les analyses marxistes ou classiques mais ils les complètent par l’une des théories de la modernisation.

En face de la diversité du présent, l’analyse classique, qui dans l’étude des rapports société/gouvernement privilégiait le rôle des règles juridiques régissant le pouvoir, son aménagement

et son exercice, privilégiait spécialement les règles constitutionnelles, ce type d’analyse formaliste que propageaient dans les facultés de droit occidentales les constitutionalistes, ne pouvaient porter que sur les institutions et les normes sans examiner les comportements concrets et leur environnement. La raison en était que les substrats socioculturels des états observés étaient les mêmes partout, stable, homogène, dans des pays qui avaient en commun la même civilisation, le même type de société, le même degré approximatif de développement économique et la même idéologie libérale. L’analyse politique se souciait alors peu d’étudier les collectivités sous administration coloniale. En revanche, dorénavant, l’émergence des pays non occidentaux sur la scène internationale impose de tenir compte des discordances idéologiques, socio-économiques et institutionnelles, qui caractérisent la diversité de leur situation et de leurs besoins. Cela oblige à élargir le champ de la réflexion bien au-delà du droit constitutionnel, jusqu’à englober des réflexions sur les systèmes politiques globaux et il s’agit enfin, dans une optique réaliste, de redécouvrir la portée de variables longtemps négligés comme les environnements géographiques, idéologiques, culturels, sociaux…

Sur un autre registre, après avoir vu la portée limité des théories classiques, il est certain que l’analyse marxiste, dont nous avons pu souligner déjà les faiblesses théoriques, se révèle à son tour inapte, par delà les oppositions état capitaliste/état socialiste, à exprimer les traits communs et le fort courant jusqu’à l’assimilation entre ces deux types de sociétés. Ainsi certains auteurs ont pu faire remarquer que, exclusivement basé sur les régimes de propriété des moyens de production, elle n’était plus opératoire en ce qui concernait les systèmes politiques contemporains. Par exemple, Herbert Marcus dans « le marxisme progressif » (63) minore le clivage socialisme/capitalisme pour remarquer que dans des contextes différents, les sociétés américaines et soviétiques présentent des traits communs caractéristiques d’une même civilisation industrielle, tandis que, par ailleurs, dans ses 18 leçons sur la société industrielle, Raymond Aron va approfondir ce concept de société industrielle, caractéristique des états économiquement avancés et l’opposer aux états sous développés ou en voie de développement.

Autrement dit il y avait donc à mettre au point un appareil théorique rénové, plus performant, appelé notamment de ses vœux par le professeur Duverger, dans son manuel de sociologie politique de 1973, sous la forme d’une esquisse d’un modèle théorique général qui « puisse fournir une approche commune aux sociologues occidentaux et marxistes en permettant d’intégrer leur modèle respectif. »

Le professeur Duverger proposait du même coup de retenir 4 variables à la formation d’un cadre abstrait, servant de schéma de comparaison, à savoir l’économie, les classes sociales, l’idéologie et l’organisation politique au sens large. Le modèle, construit à partir d’elles, qui pourrait être amélioré, consisterait précisément à définir le sens et la portée de leur indépendance. Justement sur l’échelle comparative des sociétés et des régimes politiques. Un paramètre commun semble apte à donner un sens à ces variables ainsi qu’à servir d’étalon de référence, c’est la notion de modernisation. Cette notion relève d’un phénomène universel à partir du dernier tiers du 20eme siècle, qui est lié à la mondialisation culturelle, économique et politique, dont on peut remarquer qu’elle est plus ou moins rapide selon les états considérés. La théorie de la modernisation repose donc sur la constatation que le processus de dvpt économique a des incidences socioéconomiques ou encore que la modernisation peut aussi affecter le seul secteur économique et le faire évoluer de manière plus autonome.

Avant d’exposer ces théories, penchons nous sur deux de ces variables qui expliquent la pluralité des sociétés politiques.

§ 2. Les facteurs de la diversité politiqueLes théories développementalistes réintroduisent dans la sociologie politique comparative des éléments dont l'importance a été jusque là ignorée, minimisée ou mal comprise.Il apparu opportun de sélectionner les facteurs géographiques, tout particulièrement influents sur l’économie, et les idéologies dont dépendent les régimes politiques. Nous pourrions en trouver bien d’autre mais dans les théories développementalistes ces facteurs sont intéressants car ils sont revisités, c'est-à-dire qu’on a abandonné le déterminisme d’antan, les explications globales du siècle dernier qui faisaient de chacun le seul élément à prendre en considération pour préférer aujourd’hui une analyse au cas par cas.

A) Les facteurs géographiques (58)

Si l'on se garde de tout déterminisme géographique, comme le pratiquait Montesquieu avec sa théorie des climats, il apparaît aujourd'hui évident que les notions de territoire, de ressources naturelles, et plus généralement d'environnement sont à intégrer dans les études sur les attitudes et les régimes politiques.Montesquieu les a mis à l’honneur, il a été suivi par des auteurs comme l’anglais Toynbee, le géographe Ratzel à la fin du 19eme ou encore l’américain Huntington. Pour eux, les éléments essentiels de la société politique peuvent s’expliquer par la géographie. M par exemple explique de façon catégorique que les climats chauds amollissent les hommes, en font des lâches et des esclaves, tandis que le froid les rend courageux et libre, et que les habitants des pleines sont soumis alors que ceux des montagnes sont des conquérants. Evidemment un tel déterminisme géographique est critiquable, et cela pour au moins 4 raisons :

- première critique, il est difficilement concevable que tel facteur géographique affecte tous les membres d’un groupe, sans exceptions. Evidemment, si tous les méditerranéens étaient des lâches, Napoléon, dans ce contexte, n’aurait jamais du exister.

- La géopolitique, qui isole généralement un facteur géographique particulier (relief, climat, insularité…) est trop simpliste.

- La géopolitique semble ne pas tenir compte des réactions de l’homme qui, en toute hypothèse, sait s’adapter aux situations les plus extrêmes.

- La géopol sous-estime le progrès technique qui permet de diminuer le poids des facteurs naturels.

Cela remarqué, il n’en reste pas moins que la géographie a sa place dans une approche circonstanciée des états. D’abord parce que l’ampleur du territoire, sa situation, la présence ou non de ressources naturelles sont des éléments qui incluent ou excluent plus ou moins les états concernés, de la tendance actuelle à la mondialisation et à la standardisation des modes de vies et régimes politiques, qui revendiquent tous peu ou prou leur appartenance au groupe des états démocratiques.

Ensuite, parce que sur le plan interne, la géographie influe sur les attitudes politiques et sur les régimes politiques. En ce qui concerne les attitudes politiques, André Siegfried, dans un livre de 1913 intitulé « tableau de la FR de l’Ouest », a notamment remarquablement démontré que la nature des sols vendéens conditionnait l’habitat. Là où le sol était imperméable, l’eau était facile à trouver, et l’habitat dispersé, alors que dans les sols perméables, les puits étaient rare, et l’habitat aggloméré autours d’eux. Avec la traduction politique de cette situation, à savoir que dans les populations isolées, les idées anciennes demeurent et les électeurs sont plutôt conservateurs alors qu’ils sont plus tournés vers le changement dans les bourgs où la diffusion des idées est plus rapide.

Voilà un bon exemple d’application du facteur géographique dans une théorie de la modernisation.

Par ailleurs, la géographie peut avoir un impact certain sur le régime politique lui-même. Exemple typique est la suisse, dont le fédéralisme appliqué à un si petit pays, ne peut s’expliquer que par l’isolement relatif de ses vallées.

B) Les facteurs idéologiques (59)

Selon qu'ils sont fonctionnels ou dysfonctionnels, ils soudent ou désolidarisent les nations.

Comme la géographie, la démographie, les phénomènes d’acculturation et de multiples autres facteurs, les idéologies sont aussi à prendre en compte dans l’état des lieux des sociétés politiques, à condition de sortir de l’optique marxiste, trop étroite, qui les avait étudiés.

On peut définir une idéologie comme un système de valeur qui mobilise tout ou parti d’une société, ou encore comme un système d’idée tendu vers un but, qui est adopté par un groupe social qui en fait l’un des ressorts de son action. Et l’on ne peut ignorer l’influence des courants idéologiques, dans notamment dans le déclanchement des révolutions (1789 en FR, 1917 en Russie, et plus près de nous, dans l’arrêt de l’intervention des USA au Vietnam ou contre la mondialisation dans les années 99-

2001). Pour Marx, l’idéologie dans une société, c’est catégoriquement celle que la classe des dirigeants impose aux prolétaires pour les maintenir dans un état de dépendance. Il en va ainsi du nationalisme, qui, privilégiant la solidarité entre classes d’un même état, à coup de propagande, éloigne le danger de la solidarité prolétarienne transnationale et les risques de révolution. Il en va aussi de la religion, l’opium du peuple, qui détourne les classes exploitées de toute revendication terrestre. Cette vision est discutable. Le nationalisme en effet n’est pas qu’une valeur de droite. Pendant l’occupation de la FR, lors de la dernière guerre, il était par exemple porté par la gauche, et l’église qui s’universalise, en ce qui concerne la manière dont Marx regardait la religion, aujourd’hui est souvent à l’avant-garde du combat social, notamment dans les pays sous-développés (ex Brésil avec la théorie de la libération). Autrement dit, à condition de relativiser les choses, les idéologies ont leur place dans les théories développementalistes aujourd’hui, dans la mesure où, à condition de les prendre pour ce qu’elles sont, elles peuvent être considérées comme un critère de mesure de la cohésion sociale, mais naturellement tout un ensemble social ne peut être expliqué par la seule prise en considération de la seule idéologie.

Section 2 : La problématique du développement telle que la conçoit la théorie qui associe niveaux de développement socio-économique et situations politiques en premier lieu, et telle que l'exprime la thèse du développement politique sui-generis en second lieu. Sur les travaux de l'économiste Walt Rostow, Robert Dahl et Bruce Russett se sont interrogés sur les effets politiques du développement socio-économique, tandis que d'autres politologues ont fait porter leurs recherches sur les seules mutations des systèmes politiques eux-mêmes.A l’origine immédiate de l’école développementaliste, il y a les travaux d’un conférencier à l’université de Cambridge dans le Massachussetts, Walt Rostow. Ses travaux ont été publiés en 1960 sous le titre « the stages of the economic growth » (FR 1963 : les étapes de la croissance économique). L’auteur résume sa thèse ainsi : « à considérer le degré de développement de l’économie, on peut dire de toutes les sociétés qu’elle passe par l’une des 5 phases suivantes :

- La société traditionnelle- Les conditions préalables au démarrage,- Le démarrage,- La marche vers la maturité- L’air de la consommation de masse. »

C’est à partir de là que des sociologues comme Robert Dahl et Bruce Russett, observant que la société traditionnelle et la société de consommation de masse ne se gouvernaient pas de la même manière, se sont interrogés sur les effets politiques du développement socioéconomique, et plus précisément sur les conditions socioéconomiques à l’accès à la démocratie libérale. Il y avait là, certes, une vision occidentalo-centriste autant que mono linéaire de l’histoire, puisqu’à chaque étape du dvpt économique était accolé un type particulier de régime politique, l’idéal à atteindre au niveau de la consommation de masse devant être incarné par la polyarchie américaine.

Mais la thèse avait le mérite de réactualiser en le réinterprétant, le concept du conditionnement du politique par l’économie, un temps délaissé sous les arguments des critiques antimarxistes. Très vite, les tenants de l’économie du politique ont refait surface en disjoignant les sphères économiques et politiques comme l’avaient fait avant eux les élitistes, et en faisant porter leur recherche sur les mutations des systèmes politiques eux-mêmes.

§ 1. La thèse du conditionnement socio-économique de la polyarchie (60)Sur le thème du conditionnement socio-économique de la polyarchie (cad du gouvernement qui associe le peuple aux choix politiques fondamentaux).

A) Le constat :

Les observations historique, géographique et statistique révèlent que plus un Etat est riche plus il tend à être démocratique, et inversement.Ce constat peut être dressé tant sur les plans historique, géographique et statistique. En premier lieu, l’analyse historique démontre que l’essor du parlementarisme coïncide en EU avec l’avènement progressif du capitalisme industriel. C’est la Grande Bretagne, premier pays à expérimenter la révolution industrielle, qui en invente les règles, suivie par la France à partir de la Restauration en 1815, ou le dvpt économique est moins ancien, suivies ensuite par les autres pays à l’Ouest et au Nord du continent, à partir du moment où le processus d’industrialisation s’accélère. C’est l’IT par exemple à partir de 1850 et les pays scandinaves peu avant 1914. Dans les états à l’infrastructure économique demeurée archaïque en revanche, l’ES, pays d’EU centrale et Orientale, le système politique demeurera autoritaire jusqu’à une époque récente. L’observation géographique confirme ce premier constat dans la mesure ou la carte des pays économiquement développés recouvre très largement celle des systèmes libéraux comme celle des sous-développements économiques (Amérique latine, Asie, Afrique) recoupe celle des régimes autoritaires.

Dans son manuel de sociologie politique, Roger Gérard Schwarzenberg qui a proposé la thèse en FR remarque même qu’en descendant d’avantage dans le détail, la démocratie libérale est plus stable dans les pays anglo-saxons et nordiques, économiquement plus avancés, que dans les pays latins plus à la traine sur ce plan et que de la même façon l’autoritarisme est plus fort dans les pays très sous-développés que ceux en voie de développement.

Sur le plan statistique, plusieurs recherches ont dégagé des indicateurs susceptibles de corroborer une analyse comparative plus précise. Sur ce sujet, dans la masse de publications qui ont paru, distinguons-en par exemple 4. Dès 1959, Seymour Martin Lipset utilise plusieurs indices de dvpt socio-économique comme le revenu, let aux d’industrialisation, le degré de scolarisation, l’amplitude de l’urbanisation… pour comparer les régimes d’EU occidentale et ceux d’Amérique latine. Ce qui va l’amener à conclure «la richesse d’une nation la rend plus accessible aux idéaux démocratiques, plus un pays est pauvre, plus il se trouve exposé au népotisme, au régime des recommandations et des faveurs et il lui sera difficile alors de disposer d’une administration efficace indispensable dans les états démocratiques modernes » (Jacques Lagroix).

Deuxième exemple de statisticien, Arthur Banks et Robert Textor classaient en 1963, 115 pays selon le caractère plus ou moins compétitifs de leur système électoral et cela en 4 groupes. Il démontrait que la concurrence politique croissait avec le dvpt socioéconomique, lequel se traduisait par une aprt de la population de + en + restreinte employée dans l’agriculture, par une alphabétisation et urbanisation de plus en plus large et par une meilleure diffusion de la presse, et on pourrait ajouter d’autres critères.

En 1965, dans « trends in world politics », le politologue Bruce Russet, combinait quant à lui plusieurs indices socioéconomiques et indices politiques, comme notamment les effectifs militaires, le chiffre de la dépense publique ou encore la participation électorale, et il définissait, la même année où Kennet Organski en délimitait 4, il définissait 5 étapes du dvpt politique correspondant à 5 stades de la croissance économique, à savoir les sociétés traditionnelles primitives, les civilisations traditionnelles, les sociétés transitoires, les sociétés à révolution industrielle et enfin les sociétés à haute consommation de masse. Un peu plus tard avec un livre publié en 73, Robert Dahl inspiré par Bruce Russet, dénombrait à son tour 5 étapes du dvpt économique et politique et 32 polyarchies sur 107 pays étudiés et il concluait « statistiquement, il y a une forte corrélation entre le niveau socioéconomique des différents pays et la fréquence d’un jeu politique concurrentiel en général et de la polyarchie en particulier ».

B) L'argumentation de la thèse (61)

L'accroissement des richesses diminue les occasions de conflits, permet une meilleure distribution des ressources politiques, et augmentant le niveau culturel des citoyens, facilite les pratiques démocratiques.3 séries d’argument sont avancés en manière de démonstration. En premier lieu, l’accroissement de richesses diminuerait les occasions de conflits politiques, les sociétés relativement modernes enregistrant un taux de violence révolutionnaire nettement inférieur aux sociétés transitoires et traditionnelles. L’explication en tombe sous le sens : avec la fin de l’état de rareté des besoins à satisfaire, la lutte pour une répartition plus égalitaire des maigres ressources existantes, endémiques dans les états pauvres perd de sa virulence et l’alternance bien connue entre violence des privilégiés et violences des masses laisserait la place, avec l’apaisement des tensions sociales à une compétition qui, de sociale, devient strictement politique et non violente. Autrement dit, devenant riche, une société passe de l’état conflictuel a consensuel, seul cadre possible pour une démocratie libérale fondée sur le principe d’alternance au pouvoir sur la base d’élections libres.

Deuxième série d’arguments, le dvpt socioéconomique permettrait une meilleure distribution des ressources politiques. Le concept de ressources politiques imaginé par Robert Dahl désigne les moyens de l’influence politique disponible à +- forte dose à tout un chacun, ce qui inclus le savoir, les relations, la position sociale, la fortune, le temps, l’accès au vote …

Or, précisément, remarque Robert Dahl, lorsque la concentration de ces ressources est très inégalitaire, autrement dit quand elles sont concentrées dans les mains d’une minorité qui ne tient pas a s’en départir, le jeu démocratique est impossible. En revanche, après les 3 premières étapes de recettes, les inégalités en ressources politiques se font moins cumulatives, et par la même, chaque ressource correspondant désormais à une élite particulière (le savoir est la presse et admin, argent est capitaine d’industrie…) et ces élites se contrebalancent et les sociétés modernes en acquièrent immanquablement une base pluraliste.

Enfin, le dvpt socioéconomique agirait sur le niveau de culture des citoyens. La démocratie est une mécanique délicate, et son bon fonctionnement dépend bien largement de l’attitude et l’aptitude des citoyens à comprendre et à évaluer les enjeux politiques auxquels ils sont confrontés ainsi qu’à réagir en conséquence de manière rationnelle, en cédant de moins en moins a la démagogie idéologique pure. De ce point de vue, il est évident que les progrès des moyens d’éducation et d’information rendent plus efficaces la socialisation politique, et qu’ils contribuent à résorber les zones de fracture du consensus social. Cela dit, la thèse recèle des faiblesses.

C) Les exceptions à la thèse (62)

Certaines sociétés non développées connaissent dans certains cas des institutions démocratiques ; et l'on peut rencontrer en revanche des institutions autoritaires dans les sociétés développées.Incontestablement c’est l’exemple soviétique qui illustre le plus mal la thèse de la coïncidence entre le développement économique et la libéralisation politique, puisque dès la mise en route des plans quinquennaux staliniens en 1928 qui donneront la priorité à l’industrie lourde, à l’infrastructure et à l’armement sur les biens de consommation, l’on se situe dans l’étape rostovienne de la marche vers la maturité économique, qui, loin de se caractériser par une plus grande libéralisation de la vie politique, continuera jusqu’à l’arrivée de Gorbatchev en 1985, à revêtir l’aspect d’une gérontocratie majoritaire. Bien sur, on peut discuter cet exemple, mais moins discutable, 2 catégories d’exemples contrarient à l’évidence la thèse liant polyarchie et dvpt socioéconomique de manière plus pertinente. D’abord, des sociétés non développées connaissent dans certains cas des institutions démocratiques. Si le doute est permis en ce qui concerne les civilisations sans écritures, l’histoire révèle de multiples exemples de micro-démocraties dans l’antiquité grecque et romaine, ainsi que dans certaines cités du MA, et plus près de nous dans certaines sociétés d’Amérique latine ou d’Afrique. L’arbre à palabre en constitue un symbole, de même que la djemââ, l’assemblée gouvernementale traditionnelle des tribus berbères.

Que dire de ce qui est généralement qualifié de la plus grande démocratie au monde, l’Inde où le PNB par tête ne dépasse pas la 10aine de dollars.

Mais l’alliance démocratie-sous développement a été particulièrement mise en avant par les Etats Unis d’Amérique qui, s’émancipant de la tutelle Britannique au 18ème siècle, vont adopter une constitution plus libérales que ne l’étaient les pratiques anglaises, prises pourtant à l’époque comme un modèle de gvmt démocratique. Alors que si l’on considère les indices pour mesurer le degré de modernisation socioéconomique avec un secteur agricole prééminent et une urbanisation embryonnaire notamment, la confédération avait le visage d’un pays neuf par rapport à l’ancienne métropole. Dans l’autre sens, on peut également constater qu’il y a des institutions autoritaires parfois dans des pays développés.

Il peut arriver qu’en effet le surdéveloppement économique engendre une certaine forme de dictature. Un grand nombre d’exemple est fourni à cet égard par ceux qu’on nomme moyennes puissances, au dvpt économique récent ou fragile.

Parfois, dans ces états, existe une tradition de coups d’état. La dictature, généralement originaire d’une fraction de l’armée est exercée par le groupe qui a réussi à s’emparer du pouvoir et qui cherche à s’y maintenir pour son seul profit. Ces dictatures, le professeur Duverger, dans un ouvrage de 61 intitulé « les dictatures », les appelle « techniques » car elles ne correspondent en rien d’autre qu’à l’ambition d’un groupe/clan qui a su se donner les moyens techniques à la capture du pouvoir. Les états latino américains nourrissent la chronique épisodique de ces golpès, dont sont également coutumiers certains pays d’Afrique et d’Asie du Sud Est. Et sans aller si loin, dans des sociétés hautement développées comme la FR de 58-62, ou dans l’ES du début de la monarchie de Juan Carlos, il s’en est fallu de peu pour qu’un pouch militaire réussisse. A d’autres époques, ce que Maurice Duverger qualifie de dictature sociologique, la capture violente du pouvoir apparait comme le seul moyen propre à apporter une réponse efficace à une crise sociale grave qui semble mettre en jeu l’existence même de l’état, auquel cas elle trouve un large soutien dans le pays. Ainsi s’explique le nazisme allemand, issu de la dépression de 1929 et d’une réaction désespérée d’une classe moyenne (petits artisans, paysans, commerçants) en voie de prolétarisation. De la même manière, c’st l’isolement politique de l’IT après le traité de Versailles et une crise de civilisation qui ont conditionné le fascisme italien.

Toutes ces aberrations, même accidentelles, même exceptionnelles, obligent à reconsidérer la thèse du déterminisme économique des phénomènes politiques, et cela réactive par la mise en évidence de l’importance contemporaine des facteurs exclusivement politiques, le concept d’autonomie du politique.

Aussi sans revenir sur l’école élitiste et ses mérites épistémologiques comparés à celle du marxisme, il faut néanmoins redire qu’il faut se garder de prétendre pouvoir expliquer à tout prix tout phénomène politique par un facteur économique. En revanche, il faut plutôt adopter la position de James Cullman, qui en 1960 concluait son ouvrage « the politics of the developing areas » par cette phrase : « la modernisaiton économique constitue seulement une dimension de l’ensemble des déterminants faconnant les institutions et comportements politiques ».

§ 2. L'approche développementalisteC'est la sociologie américaine des années 60 qui a appréhendé le concept de "développement politique" par décalque du modèle économique.Les recherches développementalistes inscrites dans un courant de recherche très productif de la sociologie américaine des années 60-70 s’inspire des données du structuro fonctionnalisme tel qu’ils ont été dégagés au sein du « social science research council » par les animateurs du commitee of comparative politics, dont Gabriel Almond et Lucian Pie, James Colleman et d’autres étaient les chefs de file.

L’idée de décalquer les modèles du dvpt économique et de les transposer au monde politique repose sur deux postulats : qu’il s’agit d’une aprt de donner en matière politique un contenu à la notion de dvpt et d’autre part de concevoir que ce dvpt suit des phases successives nécessaires et individualisables.

Autrement dit, d’externe (comme il a été vu précédemment), l’approche devient interne pour considérer le système politique moins dans son environnement que pour lui-même.

Nous examinerons les composantes qui permettent de mesurer le dvpt politique, ensuite nous verrons 2 parmi les plus marquantes typologies établies sur ces bases, puis critique de cette thèse.

A) Les paramètres d'évaluation du degré de modernité politique (63)

Il s'agit de la différenciation structurelle, de la capacité des systèmes et de la tendance à l'égalité.Apres Roger Gérard Schwarzenberg, reprenons les 3 critères envisagés par Lucian Paye dans «  Annals of the American academy of political and social science ». Il s’agit de ce qu’il appelle la différenciation structurelle, la capacité du système et enfin la tendance à l’égalité.

- Premier paramètre, la différenciation structurelle

La différenciation structurelle réside dans le degré de différenciation des fonctions politiques indispensables à toute vie sociale et de spécialisation des structures ; laquelle différenciation s’affine lorsque le système se complexifie, autrement dit qu’il se modernise. Cela signifie que la multiplication des organes jalonne les progrès de la démocratie, nécessairement. Ces progrès se remarquent à l’apparition et au dvpt d’un parlement, d’institutions judiciaires spécialisées, d’une administration moderne, de partis politiques, de syndicats, de mass-médias…

- Deuxième paramètre, la capacité du système

En second lieu, constitue en soi (selon Lucian Paye), un triple élément de mesure : un régime politique, développé, selon lui, réagirait mieux aux situations imprévues qu’un système archaïque. Cette flexibilité, l’auteur la qualifie de capacité d’innovation. Mais la capacité d’un système est aussi la capacité à mobiliser les ressources matérielles et humaines indispensables à la réalisation des projets collectifs. Cette mobilisation qui requière une véritable autorité et des institutions publiques stables, serait d’autant plus efficace qu’elle maximiserait la participation des gouvernés à la détermination d’un avenir commun. Enfin par capacité, on entendrait la propension d’un système politique à assurer sa survie dans les difficultés et les bouleversements qu’il doit affronter. Autrement dit, un régime politique pour être plus précis, et sans tomber dans le truisme facile, est de mieux en mieux accepté dans la mesure où ses institutions sont stable ; par voie de conséquence, la rapide succession des révolutions et la vitesse de leur implantation seraient les caractéristiques évidentes des systèmes politiques en voie de développement.

- Dernier paramètre de mesure du développement politique, la tendance à l’égalité

Cette tendance se décompose elle-même en trois traits majeurs. A savoir : l’ampleur de la participation populaire aux activités politiques. Un système politique, suivant ce critère est d’autant mieux développé que les sujets du souverain se sont mués en citoyens et qu’ils s’impliquent de plus en plus dans l’action politique. Ensuite, la tendance à l’égalité se manifeste également suivant les étapes de développement, par le degré d’universalité des lois, qui, lorsqu’elles deviennent totalement impersonnelles, évitent le despotisme et les passe-droits. Le recrutement au poste publique, dernier trait de ce paramètre, évolue du clientélisme ou de la voie héréditaire au stade d’intégration de la fonction publique fondée sur les seules compétences des postulants et sur leur formation.

Voilà donc répertoriées les trois variables du dvpt politique, dont l’expérience historique montre que leur évolution n’est pas forcément simultanée, dans la mesure où la progression de l’une peut provoquer un recul de l’autre ou des deux autres. Par exemple, la tendance à l’égalité peut diminuer la capacité du système politique. Mais à quelques variantes près, ces variables assoient les différentes typologies des systèmes politiques, parmi lesquels nous avons sélectionnées celles d’Edward Shils et d’Almond et Powell ;

B) Les grandes typologies développementalistes (64)

En fonction des critères dégagés précédemment, plusieurs typologies des systèmes politiques connus ont été proposées. Les classifications vont des oligarchies autoritaires aux démocraties libérales modernes.

Commençons par examiner la classification des systèmes politiques qu’Edward Shils rend public en 1950 sous le titre « political development in the new states, comparative studies in the society and history ».

L’auteur y distingue 5 types principaux.

- Les démocraties politiques : elles pratiquent la différenciation et la spécialisation des structures. Pour Shils, il s’agit de l’occident mais aussi du Japon, de la Turquie, d’Israël et du Chili (l’auteur écrit en 1960)

- Les démocraties tutélaires : dans lesquelles le législatif a peu de pouvoirs et l’indépendance du judiciaire est embryonnaire. Le ganaden kruma en serait la meilleure illustration.

- Les oligarchies modernisatrice dans lesquelles des oligarchies s’efforceraient de manière autoritaire, à la manière des gouvernements d’atta Turques par exemple ou le retza palevi en Iran, de pousser les feux de la modernisation économique, fusse au détriment de toute autre considération d’ordre social ou politique.

- Les oligarchies totalitaires se distingueraient pour leur part, qu’elles soient de gauche comme en Corée du Nord ou Vietnam ou de droite comme en IT fasciste ou GE nazie, par une forte pénétration de l’idéologie dominante dans la société et par le degré élevé du concentration du pouvoir dans l’élite dirigeante.

- Les oligarchies traditionnelles, incarnées en 1960 par l’Arabie Saoudite, le Yémen ou encore le Népal. Dans ce type de système, le pouvoir a une origine dynastique et une forme Monarchique.

Avec la typologie de Gabriel Almond et Bingham Powell, publié en 1966 sous le titre Comparative politics, a developmental approach, la classification entreprise met davantage l’accent sur la différentiation culturelle et sur la sécularisation culturelle. Cette dernière variable affinant les concepts de Lucien Paye, rend compte du processus par lequel les individus deviennent de plus en plus rationnels, analytiques et empiriques dans leur action politique. En gros cela signifie que dans un système moderne, le débat politique est plus technique, et les négociations plus pragmatiques qu’idéologiques. Dans cette optique, Almond et Powell individualisent trois groupes de systèmes qu’ils divisent à leur tour en subcatégories. Ainsi, ils distinguent les systèmes primitifs dans un premier ensemble telles les sociétés esquimaudes ou bédouines, que caractériseraient un minimum de différentiation structurelles, et une culture diffuse et fermée sur elle-même, ces systèmes recouvrent, comme les autres d’ailleurs, plusieurs configurations que nous n’allons pas développer.

Un deuxième ensemble regrouperait les systèmes traditionnels dans lesquels on commencerait à regrouper des structures gouvernementales différentiées. Enfin les systèmes modernes, connaitraient dans cette typologie, des infrastructures politiques différenciées et une prise de conscience par les citoyens de leur capacité d’action sur le territoire.

C) La critique de cette approche développementaliste (65)

La notion de "développement politique" est sujette à caution, sauf à admettre subjectivement que le modèle politique américain est un idéal de référence. Par ailleurs rien ne permet de dire, comme l'envisagent ces théories, que le développement politique suit des phases nécessairement successives.En fait celle-ci est en partie double. Elle se résume à considérer d’abord qu’il n’y a pas en politique l’équivalent des critères objectifs et intelligibles du dvpt économique, et en second lieu, le postulat développementaliste selon lequel toutes les sociétés évolueraient dans le même sens, de la dictature à la démocratie, apparait largement comme une utopie. Aussi convient-il de remarquer, pour que les théories développementalistes répondent aux attentes mises en elles, qu’elles soient encore perfectionnées et qu’elles fassent l’objet de vérifications empiriques (chapitres suivants).

Enregistrement n° 6 CHAPITRE II DU TITRE II : SOUS-DEVELOPPEMENT ET SUR-POUVOIR (66)Sous cet intitulé évocateur, emprunté au professeur Schwartzenberg est entreprise la vérification empirique des théories développementalistes (exposées dans le chapitre précédent) s'agissant des sociétés dites sous-développées ou en voie de développement (par opposition aux sociétés industrielles qui seront analysées ultérieurement).

Seront examinées les caractéristiques économiques et sociales de ces pays qui entrent dans cette catégorie, puis les institutions et la vie politique. Il faut garder à l’esprit que cette présentation des systèmes sociaux en développement ne peut être que schématique, et qu’elles demandent à être nuancées, l’examen de ces systèmes a pour objectif de montrer la puissance du lien qui associe pauvreté et régime autoritaire ou dictatorial. Encore faut-il commencer par définir ce que l’on entend par société sous-développée ou en voie de développement.

Section 1 : Les caractéristiques économiques et sociales des sociétés sous-développées (67)Avant tout essai de typologie sur le critère du sous-développement, il est impératif de se garder de tout jugement ethnocentrique et subjectif.Dans un ouvrage en sociologie politique, publié en 1973, le professeur Duverger remarquait que dans les sociétés contemporaines en voie de développement, et contrairement aux civilisations du passé, l’idée de développement technique et économique occupait une place centrale, et il ajoutait « cette idée est dominante dans les sociétés industrielles, où la croissance tend à devenir la base du système de valeur et des activités matérielles. Son influence est plus restreinte dans les sociétés sous-développées ou semi-développées, où les valeurs et les activités traditionnelles occupent encore de larges zones. Elle oriente néanmoins les occupations et les décisions des groupes dirigeants et commande ainsi l’évolution sociale ».

De ce critère typologique, l’auteur juge qu’il est opératoire, en ce sens qu’il délimite bien les concepts de société développées et sous-développées. Mais il voit aussi dans cette distinction même, une faiblesse conceptuelle d’une part, et des implications idéologiques péjoratives d’autre part.

Faiblesse conceptuelle en effet puisque si la notion de société développée recouvre des situations qui ont une certaine homogénéité, la seconde englobe des types d’états très différents, ayant chacun un système social et politique propre. Par ailleurs, classer les pays par leur niveau de développement sous-entend que les nations développées industrialisées constituent en quelques sortes un modèle supérieur réservé à une élite, dont les sociétés sous-développées ou semi-développées sont invitées à se rapprocher, ce qu’elles ne paraissent pas capable de faire. Autrement dit, c’est transposer d’une certaine façon l’opposition des civilisés et des barbares. Aussi faut-il se garder de tout ethnocentrisme à priori et de ne considérer cette problématique comme légitime que dans la mesure où le politologue s’abstient d’assimiler différence et infériorité.

Dans cette perspective, le sous-développement signifie seulement un retard par rapport aux pays avancés et non une infériorité en soi. En d’autres mots, si l’appréciation toute relative de situations différentes permet de comparer deux types de sociétés, elle ne doit en aucun cas se confondre avec des jugements suggestifs.

Sur ces bases, pour se faire une image plus précise des nations concernées, il faut commencer par donner une définition.

§ 1. Définition

La notion d'Etat faiblement développé est complexe. Sa délimitation doit être circonstanciée.Celle-ci peut être conjuguée sous trois modes. En effet, il faut d’abord bien isoler le phénomène du sous-développement, et le distinguer de configuration socio-économique caractéristique d’autres systèmes sociaux, il faut ensuite comprendre la mesure objective sur la scène internationale notamment, et enfin évoquer les facteurs qui le favorisent.

A) Ce que les sociétés dites en voie de développement ne sont pas (68)

Ces sociétés ne doivent pas être confondues avec les sociétés hors-développement, dans lesquelles la croissance économique ne constitue ni l'objectif ni même le système de valeurs principal. Qu'il s'agisse des cités antiques ou des systèmes féodaux et monarchiques.Une précision de vocabulaire tout d’abord : toutes les sociétés contemporaines sont en développement, dans la mesure où, comme dit précédemment, la croissance technique et économique constitue leur objectif fondamental, en ce sens, le terme société/système en voie de développement est plutôt employé dans le langage courant, que celui de société sous-développée considéré comme relativement péjoratif, encore que par commodité verbale, les deux expressions indifféremment utilisées soient propre à rendre compte du retard de ces populations par rapport aux sociétés avancées. Quoi qu’il en soit, les sociétés en développement qui nous occupent ici, ne doivent pas être confondues avec les sociétés hors développement, où la croissance économique ne constitue ni l’objectif, ni même le système de valeur principal. En général, les sociétés en questions, sociétés hors développement, sont stables ou connaissent une évolution très lente. Autrement dit, hors les cas de guerre, de conquête ou d’expansion maritime, leur niveau technique les confine dans un niveau de vie assez ou très bas, ce qui les distingue des sociétés sous-développées actuelles. C’est que leur système culturel, définissant des besoins matériels peu élevés, les sentiments de privation et de frustration sont généralement méconnus ou embryonnaires, et ces sociétés hors développement peuvent, sur cette base, être classées en deux catégories si on veut affiner l’analyse. On peut en effet distinguer les systèmes sans écritures, et les sociétés historiques.

Si l’on se penche en premier lieu sur les sociétés sans écriture, en remarquant qu’il y a celles de la préhistoire et quelques groupes d’aujourd’hui qui vivent de chasse et de cueillette dans quelques forêts profondes, comme à Borneo ou en Amazonie, il apparait que les traits dominants de ces groupes, relativement restreints, sont, avec l’absence de propriété privée qui limitent les capacités d’organisations et d’action, la segmentation des groupements humains en familles ou clans territoriaux d’une part, et d’autre part, l’immobilisme de la vie au quotidien, figée dans des rites magiques perpétuant à l’infini le rappel du mythe fondateur.

Avec l’écriture, le système social va changer de nature, par la prise de conscience de l’écoulement du temps et de la notion d’évolution. Ce système va se complexifier par l’apparition de la propriété et des classes et donner corps au concept d’état progressivement. Relèvent de cet ensemble, les cités et empires antiques d’une part, les féodalités et monarchies d’autre part. Ainsi, les cités antiques (GR, Rome) ont probablement constitué la première forme d’état. L’économie est principalement agraire, le niveau de vie acceptable, la vie politique relativement égalitaire mise à part les esclaves, et l’on trouve des institutions qui sont fondées sur la démocratie directe, diversifiée, puisqu’en face de l’assemblée populaire aux sessions fréquentes (c’est le cas en GR, moins à Rome), se trouvent deux autre organes, à savoir les magistrats, qui assurent collectivement et pour de courtes périodes, la direction de l’administration et du gouvernement, et le conseil, assemblée de quelques centaines de membres, qui est chargée de la surveillance des magistrats, ce qu’on appelait la Boulé à Athènes ou le Sénat à Rome. Cette même forme d’organisation sociopolitique se retrouvera également tout au long du Moyen-âge, dans le cas des grandes villes commerçantes comme Venise ou Florence.

Mais en parallèle, des les exemples perses ou égyptiens, d’autres exemples se forment  : les Empires qui sont nés de la conjonction d’une personnalité exceptionnelle, et d’un instrument militaire nouveau surclassant les autres armées de l’époque. Outre leur étendue très vaste qui est leur dénominateur commun, les empires présentent quatre traits distinctifs : il s’agit d’états fondés sur la conquête, militaire et idéologique, ce sont des ensembles multinationaux dont un des éléments constituant

domine les autres, leur durée dépend en grande partie de la qualité de leur bureaucratie, enfin les empires sont en général éphémères.

Avec les systèmes féodaux et monarchiques tels que connus par l’occident au 10-19è siècle, on se rapproche un peu plus de notre temps, mais on est encore loin des régimes sous-développés que l’on côtoie aujourd’hui. Essentiellement agricole, la production dans ces systèmes anciens repose sur des techniques rudimentaires et reste très faible. Elle est essentiellement consacrée à la subsistance, et puis les progrès des techniques et la croissance démographique vont progressivement changer quelque peu la donne, l’on va voir des villes renaitre autours des marchés et des corporations, les communications et les échanges se développer, avec l’essor de l’artisanat, des manufactures et du commerce.

L’idéologie féodale, basée sur la fidélité personnelle de proximité, évolue sensiblement du même coup à mesure que changent les rapports à la religion (avec l’apparition du protestantisme), et que les relations entre les ordres se complexifient. La forme de gouvernement monarchique remplace peu à peu le système féodal, avec des modalités différentes.

En GB, le parlement représentant l’alliance aristocratie-bourgeoisie, limite les pouvoirs du souverain et invente la monarchie parlementaire. En FR, contre les seigneurs, les bourgeois aident à l’installation d’une monarchie absolue. Ailleurs enfin, comme en Pologne, le couple bourgeoisie-aristocratie est à l’origine d’une république nobiliaire, alors que c’est une république démocratique qui est directement instituée aux Pays-Bas.

B) Sémiologie du sous-développement (69)

En fait, bien qu'organisé face au reste du monde, à l'O.N.U. et dans les grandes organisations internationales régionales comme l'U.A. ou l'O.E.A., derrière une apparente unité de façade, le Tiers- Monde est pluriel.Ce que l'on appelle les Nations en voie de développement recouvre la notion de "Tiers- Monde" selon l'expression forgée en 1956 par G. Balandier (sociologue) et A. Sauvy (économiste). Il s’agit de la grande majorité des états d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine, qui forment une forme de Tiers-états dans l’ordre international. Statistiquement, on prend souvent la mesure du sous-développement en considérant la production annuelle ou le revenu annuel par habitant. Ainsi, face au G20, le nouveau forum inauguré le 15/12/1999 qui complète le G7, cad le groupe des 7 pays les plus riches, par un espace de dialogues entre pays riches et certains pays émergents comme l’Argentine, le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou encore l’Arabie Saoudite, face donc à ces groupes, la pauvreté dans le monde n’a jamais été aussi criante qu’en l’an 2000. C’est ce qui ressort d’une enquête menée par la banque mondiale dans 60 pays, dont le premier volume, paru le 14/03/2000 sous le titre « la voie des pauvres » donne la parole à plus de 60 000 laissés pour compte de la mondialisation. L’on y dit notamment que 56% de la population mondiale vit actuellement dans la pauvreté. 1.2 Milliards de personnes avec moins de 1$ par jour et 2.8 milliards avec environ 2$ quotidiens. Cette situation ne cesse de se dégrader.

Outre ce trait commun aux nations prolétaires, d’autres caractères d’ordre économique, social et politique, étroitement imbriqués, ont été relevés dès les années 60 par Yves Lacoste dans son ouvrage Les pays sous-développés, et ce sont les mêmes caractéristiques que l’on retrouve dans l’enquête de la banque mondiale de Mars 2000. Il s’agit de l’insuffisance alimentaire, de la prédominance de l’agriculture dans des structures archaïques et avec des rendements faibles, d’une industrialisation réduite, d’un revenu national bas, d’une situation de dépendance économique par rapport aux pays développés, de l’hypertrophie du secteur commercial, de structures sociales arriérées, de faiblesse numérique des classes moyennes, de l’insuffisance de l’intégration nationale, de l’importance du sous-emploi, de la faiblesse du niveau d’instruction, de la forte natalité, d’un état sanitaire défectueux et enfin de la prise de conscience de ces phénomènes constitutifs du sous-développement. C’est aujourd’hui sur cet ensemble de données relativement complexe, que se reconnait le tiers monde qui représente la grande majorité des 6.5 milliards d’êtres humains à la surface de la planète face aux 2 milliards d’habitants regroupés dans une petite trentaine de nations occidentales industrialisées et dans les ex-pays communistes européens.

Aux nations unis, le groupe du tiers monde domine en ayant la majorité règlementaire des 2/3 pour l’adoption de tte mesure importante par l’assemblée générale. On le voit bien également à la conférence des nations unis pour le commerce et le développement (CNUCED), cet organe subsidiaire de l’ONU créé en 1964, traditionnellement proche du groupe dit des 77, cad des pays en développement au nombre de 133 aujourd’hui, organisés sur une ligne commune, l’opposition aux pays riches. Après avoir été, dans les années 70, un haut lieu d’affrontement Nord-Sud, notamment sur la question de la stabilisation du cours des matières premières, principale rentrée de devise des pays pauvres, la CNUCED tente ainsi, sous l’influence de ses derniers secrétaires généraux, notamment le Brésilien Rubens Ricupero et le docteur Supachai Panitchpakdi (Thailand), aujourd’hui Mukhisa Kituyi, du Kenya, de changer les règles actuelles de la mondialisation pour changer les règles actuelles de la mondialisation pour plus d’équité en faveur du Sud. C’est dans cet esprit, qu’en juin 1999, le programme de diplomatie commercial de la CNUCED est destiné à aider les pays en dvpt à défendre leurs intérêts face aux pays riches dans les négociations du commerce mondial. Sur le plan régional, c’est en Afrique et en Amérique du sud que les états en voie de dvpt ont cherché à se regrouper, l’Asie et l’Australasie étant trop scindés pour leur part, entre états de civilisation EU et pays liés au Tiers-Monde. L’organisation de l’unité africaine (OUEA) appelée depuis Juillet 2002 Union Africaine, pour autant, peine à réaliser un compromis satisfaisant entre les multiples et elle se réfugie dans un certain immobilisme, tout comme l’organisation des états américains, l’OEA, parcourue par de multiples courants auxquels adhérent circonstanciellement les pays latins, trop divisés face aux Etats Unis.

(70) Le tiers monde est pluriel

C’est que, derrière une apparente unité de façade, qui n’est réelle que sur un certain nombre de problèmes, le Tiers Monde n’est pas un, mais pluriel. La crise du pétrole notamment en octobre 1973 a été à l’origine de la création d’au moins 2 groupes de nations au sein du tiers monde, les nations rentières qui profitent de la rente pétrolière ou des recettes des matières premières rares quand elles ont su s’organiser, et les nations prolétaires, en appauvrissement constant, qui doivent importer à des prix de plus en plus élevé leur carburant et en grande partie leurs produits alimentaires et agricoles, et qui s’endettent de plus en plus.

Pierre Moussa, dans une conférence devant la chambre d’industrie et du commerce de Bruxelles, le 28/05/1974, soulignait ainsi la division du tiers monde en trois catégories, à savoir :

- Les nations opulentes, qui grâce au pétrole, ont accédé à un niveau de revenu très élevé, c’est le cas des pays arabes du golf et du Venezuela, soit à peine 1% du tiers monde

- Les nations émergentes, petites comme Singapour ou grandes comme le Brésil, le Mexique, voire la Chine, qui commencent à sortir du sous-développement. Mais cette catégorie est très instable et des pays comme la côte d’Ivoire et le Nigéria qui y figuraient il y a une dizaine d’années, ont régressé depuis dans le troisième groupe

- Les nations demeurées prolétaires, cad les 49 PMA (pays les moins avancés), recensés par la CNUCED, cette sorte de quart monde pour laquelle l’ONU a consacré une grande conférence en mai 2001 pour tenter précisément de les sortir de l’ornière.

C) Les facteurs du sous-développement.

La démographie y est galopante et c'est une entrave majeure au décollage économique de ces pays. En revanche, contrairement à certaines thèses, si les facteurs géographiques ne sont pas déterminants, accorder une quelconque influence aux différences raciales relève de pré- supposés racistes.Ils font, par delà les différences, du tiers monde une communauté spécifique. Ce sont ces mêmes facteurs à l’origine des théories développementalistes, qui expliquent, en partie du moins, l’état du sous-développement.

(71) Facteur démographique dans l’explicationAinsi en est-il du facteur démographique dont nous ne retiendrons que les chiffres essentiels. Selon les projections mathématiques les plus sérieuses, la population mondiale sera de 7 milliards en 2010 (6 milliards à l’heure du cours, en 2000) et 10 milliards en 2080. La prédominance démographique du tiers monde sera écrasante puisque la proportion des pays industrialisés, y compris la Russie, qui était

de 1/3 en 1950, n’en sera plus que d’1/7 en 2050. Dans ce contexte, la thèse que Thomas Robert Malthus exprimait au 18emùe siècle selon laquelle la population tend à s’accroire de manière géométrique, alors que les subsistances ne progressent que d’une manière arithmétique, cette thèse revient d’actualité malgré quelques essais de contrôle des naissances comme en Chine ou en Inde, contrôles qui n’ont pas comblé tous les espoirs mis en eux. Sur le plan international, la surpopulation du tiers monde fait craindre de la part des pays nantis un regain de frustration et d’agressivité à leur endroit, c’est ce qui semble se dessiner actuellement entre la Chine et les US. Sur le plan interne, la pression démographique focalise les efforts des états pauvres sur la production de biens de consommation courante et cela retarde d’autant le décollage de leur industrie, les efforts en matière d’instruction, de résorption des bidonvilles, de développement de la santé…

(72) le facteur géographiqueFacteur selon lequel les zones sous-développées correspondraient aux zones tropicales et subtropicales, prête d’avantage à discussion et il ne semble pas qu’on puisse parler de déterminisme géographique. D’une part en effet il est à remarquer que de hautes civilisations se sont développées dans des climats difficiles, et s’il a pu jouer un rôle par le passé, le climat est aujourd’hui partout dompté par le chauffage et la climatisation. D’autre part, il est également remarquable que contrairement à des idées reçues, la géographie, loin de désavantager les pays du sud, les a dotés de la plus grande part des ressources en matières premières, et que les méthodes modernes d’irrigation et d’amendement des terres, lorsqu’elles sont tentées, font entrevoir l’autosuffisance alimentaire pour ces pays.

(73) le facteur racialSerait-ce alors un facteur racial qui serait à l’origine du sous-développement ?

L’histoire de l’expansion européenne à partir des grandes découvertes l’a laissé croire un temps, d’autant que des théories racistes pour justifier l’exploitation et l’oppression du reste du monde par l’homme blanc, militairement dominant, ont accrédité l’idée que les races auraient des aptitudes intellectuelles et sociales inégales et que certaines plus que d’autres étaient capables d’édifier des civilisations brillantes. Bien entendu, il est évident que ces thèses ne reposent sur aucune base scientifique sérieuse, et que la notion même de race n’a aucune signification génétique. Il est à remarquer par ailleurs que ce sont des non-blancs qui font du Japon la troisième puissance du monde, et que les migrations révèlent le dynamisme de populations réputées inaptes au développement dans leur contexte d’origine, quand elles sont transplantées ailleurs. Mais plutôt que de multiplier les recherches sur les causes du ss dvpt dont on vient de mesurer combien pour chacune d’elle la portée était sujette à caution, observons a présent les principaux aspects du sous développement, car même s’il s’explique mal, il se constate relativement aisément, tant il confère des traits originaux à l’économie, à la société et à la nation dans les états concernés.

§ 2. Les aspects socio-économiques du sous-développementOutre, la structure sociale dans les Etats du Tiers- Monde, est désarticulée et le sentiment national embryonnaire.Grosso modo l’on relève les signes d'une grande pauvreté permanente, ceux d’une structure sociale désarticulée et ceux d’une nation en quête d’identité.

A) La pauvreté endémique (74)

Etre pauvre ce n'est pas seulement avoir faim, c'est aussi être confronté à la difficulté de se loger, de se soigner et d'éduquer ses enfants. La pauvreté des Etats du Sud a des origines multiples ; l'aide internationale peine à l'endiguer et les recettes du socialisme sont largement utopiques.Comme le remarque la banque mondiale en mars 2000, c’est un phénomène pluridimensionnel, car être pauvre, ce n'est pas seulement avoir faim, c'est aussi être confronté à la difficulté de se loger, de se soigner et d'éduquer ses enfants. Les dimensions psychologiques de la pauvreté sont importantes, car dans leur rapport avec les institutions de l’état ou les détenteurs du pouvoir, les pauvres font l’expérience de la dépendance, de la honte et de l’humiliation, dans la mesure où ils se retrouvent sans protection d’aucune nature. Une telle situation, que d’aucuns attribuent aux séquelles de la

colonisation, trouvent en fait son origine principalement dan ce que Maurice Guernier, dans un ouvrage intitulé la dernière chance du tiers monde, appelle les 4 fautes mères :

- 1ere faute : elle réside dans le désordre de l’organisation de l’aide bilatéral, toujours fluctuante, et conditionnée aux circonstances économiques et politiques du moment. Mais à supposer que, comme c’est le cas avec la 5ème convention de Lomé, signée à Cottonou le 23 juin 2000, qui établit des relations privilégiées entre les 15 de l’UE d’alors et les 77 partenaires d’Afrique, des Caraïbes et Pacifique pour une durée de 20ans, la coopération des états riches au développement soit industrialisé, il faut remarquer, même dans ce cas, que cette manne bénéfique pour certains pays pauvre, ne peut, parce qu’elle est ciblée, qu’en pénaliser d’autres.

- 2eme faute : l’inefficacité de l’aide des grandes organisations universelles à l’administration à la fois trop lourde et trop spécialisée

- 3eme : étroitesse économique des nations du tiers monde, faute qui est en train d’être partiellement corrigée, par la constitution de zone de libre échange entre pays sous-développés de type Mercosur d’Amérique latine.

- L’occidentalisation de l’enseignement, mal adapté, qui produit trop de mandarins et fonctionnaires au détriment d’animateurs, techniciens et autres cadres de terrain, et l’on comprend, dans cet environnement défavorable, l’attrait de certains états sous-développés, pour le mode de développement socialiste, d’abord parce qu’à l’époque des indépendances, le bloc communiste soutenait les nouveaux états contre les anciennes puissances administratives. Ensuite, parce que la voie capitaliste de la croissance est d’autant plus malaisée à suivre qu’il n’y a, à la base, dans les pays en voie de dvpt, ni accumulation suffisante de capitaux ni compétences satisfaisantes, et qu’en revanche, la planification autoritaire pour assurer le démarrage économique est mieux adaptés aux cadres de régimes dirigistes, aptes à imposer des sacrifices a la population, à mobiliser des énergies, à discipliner la production et faire taire les revendications. Cela dit, le socialisme du tiers monde est largement un mythe, certes généreux, mais aux antipodes du marxisme orthodoxe, et c’est souvent le prétexte même à une dictature, et dans tous les cas, c’est toujours une sorte de camouflage des structures traditionnelles comme en Tanzanie de Nyerere ou le Kenya de Jomo Kenyatta, ce peut être un paravent à l’arabisme, comme dans l’exemple du Néo-Destour Tunisien (c’est un parti politique de 1934 à 1964, coalisé avec le FN) ou la politique algérienne, ou c’est encore parfois une création suisgénéris telle le socialo arabisme du Libyen Kadhafi.

B) Une société duale (75)

Entre une petite minorité occidentalisée et arrogante et la grande masse de la population paysanne et ouvrière largement analphabète, le seul point commun n'est souvent que le lien de la nationalité.Toutes les sociétés en voie de développement se caractérisent par la coexistence de deux catégories de population, correspondant à deux secteurs économiques, deux systèmes de valeurs, deux types de comportements et deux niveaux de vie. Une minorité d’abord qui ressemble à la haute bourgeoisie des pays développés. Souvent formée dans les universités occidentales, elle a le même niveau intellectuel et technique, les mêmes idéaux, le même genre d’existence, et elle souhaite développer au maximum cette homologie avec la bourgeoisie occidentale. Cette minorité est exigüe généralement, estime avoir une vocation naturelle, faute de contre-pouvoir suffisant, à exercer le commandement, à tirer de son pouvoir des avantages matériels et de prestige, et elle exerce sur la grande masse de population un paternalisme plus ou moins autoritaire. Toutefois cette minorité moderne reste imprégnée aussi par la culture traditionnelle. Politiquement d’ailleurs elle y est particulièrement attachée car c’est par elle qu’elle conserve le contact avec les masses imprégnée des valeurs ancestrales. Ainsi, le concept de négritude élaboré par Léopold Sédar-Senghor, ancien normalien FR et 1er président de la république du Sénégal, exprime bien ce besoin qu’éprouve la minorité modernisée de ne pas se couper de ses racines. Souvent, au demeurant, la classe dirigeante actuelle aux rennes de l’état, se confond largement avec les grands propriétaires terriens installés depuis des époques immémoriales et avec, selon l’état, les familles des classes supérieures ou des tribus dominantes.

Face à cette minorité, la grande masse de la population, survit à 80% du travail de la terre, encore que dans les pays semi-développés, l’embryon de couche moyenne faite de petits fonctionnaires, de techniciens et d’ouvriers de l’industrie, donne l’impression parfois d’une certaine modernité, ne serait-ce que par l’accélération exceptionnelle de l’urbanisation et avec elle, la mise en vitrine de la société de consommation de masse qui entre en contact avec la grande partie laissée pour compte de la population. L’idée de changement et l’idée de développement pénètrent ainsi partout et ces deux idées ont en général un attrait puissant, surtout chez les jeunes. Mais du coup, à l’intérieur même des classes économiques que nous venons de décrire, le moderne et le traditionnel en se dévoilant et s’opposant créent des clivages supplémentaires qui disloquent encore davantage une société qui perd ses repères. C’est ainsi que la grande famille patriarcale traditionnelle à la fois unité affective, unité de production, de consommation, lieu de culte, instrument de sécurité social, a tendance à éclater dans l’anonymat des bidonvilles pour laisser place à la misère des enfants des rues et à la délinquance. C’est ainsi également que la course au développement dans le tiers monde est souvent un faux semblant, sensiblement limité à une économie commerciale illégale ou marginale. Comme le remarquaient Jean-Marie Lebenray et Charles Vallée dans un polycopié de sociologie politique de 1973, déjà ancien mais toujours d’actualité, la société traditionnelle des états du sud est une société à mentalité unique, elle ne repose pas, comme dans les civilisations industrielles sur l’effort et la compétition entre individus et groupes, mais sur le principe de conformité, avec l’ordre de la nature et avec une certaine indifférence à la notion de temps. Que surgisse alors une incitation comme l’irruption de la civilisation EU par la colonisation ou néo-colonisation actuelle, et le bouleversement apporté ne peut qu’entrainer bricolage caricaturant le modèle occidental original, et réflex identitaires.

C) Des nations en quête d'identité collective (76)

La réalisation de l'unité nationale dans les Etats du Tiers-Monde est rendue difficile par l'existence de frontières artificielles héritées de la colonisation et donc par la diversité des ethnies, des religions et des langues qui se partagent le territoire des nouveaux Etats.Enfin, le tiers monde est aussi nation en quête d’identité collective. La décolonisation inscrite dans l’histoire mais rarement bien préparée a fait accéder les sociétés sous-développées ou peu dvpées au statut d’état, brutalement, sauf rares exceptions comme l’Ethiopie qui n’a jamais été colonisée. Il en reste bien souvent pour ces pays nouveaux/émergents a construire leur unité nationale tout autant que leur identité collective car les différences sont si grandes entre les élites occidentalisées et le secteur traditionnel, que leur seul point commun semble être parfois leur nationalité. En ce qui concerne la réalisation de l’unité nationale, rendue difficile par l’existence de frontières artificielle comme c’est le cas pour la quasi-totalité du continent africain, et donc par la diversité ethnique, religieuse, linguistique, c’est par des réactions nationalistes que les nouveaux états continuent à s’affirmer. Dressés contre l’extérieur, ce nationalisme militant sert de ciment à ces sociétés plurales, il joue comme un facteur d’intégration nationale, non sans paradoxe d’ailleurs puisque le nationalisme forme la nation, autrement dit l’effet dans ces pays précède la cause.

C’est encore le nationalisme qui permet la réappropriation par la population décolonisée de sa spécificité culturelle et de son identité collective. On pourrait citer la redécouverte par l’Algérie de son passé Arabo-musulman en 1962, ou encore la résolution adoptée à la conférence des pays non-alignés de septembre 1973, précisant qu’il s’agit, pour les peuples du tiers monde de sauvegarder leur personnalité propre.

Dans cet environnement difficile, tous ces pays sont confrontés à un processus de développement politique qui marque un passage d’un système traditionnel à un système politique moderne. Il s’agit bien d’un processus, ce qui explique que l’accès à la modernité ne saurait être immédiat et que par conséquent il y a un écart entre la vie politique réelle et les modèles institutionnels primitivement inspirés des modèles occidentaux.

Section 2 : Les institutions et la vie politique du Tiers- MondeC'est plus l'Etat qui structure la société, que l'inverse en ce sens que l'Etat décolonisé a précédé la nation. Cette origine explique la présence dans cette zone de nombreux régimes autoritaires.Tout dans le tiers monde se fait à partir de l’état. En Afrique notamment, les états se sont trouvés là avant les nations, et c’est le rôle du chef de l’état de développer une conscience nationale. L’état est pacificateur, planificateur. C’est le gouvernement, l’hymne nationale, le drapeau, et ce qui fonctionne le mieux en matière de service, pour le public. Mais l’état y est aussi fragile dans ce pays parce que c’est la proie des ambitieux en mal de reconnaissance et des groupes de pression internes et externes qui visent sa conquête parce que c’est par celle-ci qu’ils peuvent mettre ensuite le pays en coupe réglée.

Résultante de ce bouillonnement chaotique, le système politique des sociétés en voie de dvpt se caractérisent généralement par des régimes autoritaires voire totalitaire après l’échec de l’adaptation des modèles occidentaux. Ils se caractérisent aussi par une vie politique qui se signale par le phénomène de personnalisation du pouvoir et celui de parti unique.

§ 1. La dénaturation des modèles occidentaux et la confusion des fonctions dans la dictatureLes systèmes sociaux qui connaissent tout à la fois, une autonomie des sous-systèmes, une sécularisation et une différenciation culturelle faibles sont prédisposés aux gouvernements autoritaires.Pour connaitre un système politique réellement par delà les règles constitutionnelles, il faut, comme nous l’avons vu dans le chapitre précédent, intégrer trois variables, qui permettent de prendre une mesure plus exacte du degré de développement politique atteint par tel ou tel des états considérés. Ces trois variables essentielles sont l’autonomie des sous systèmes, la sécularisation culturelle et la différenciation culturelle. A leur niveau supérieur, ces variables correspondent à la démocratie parlementaire, à l’état de trace, elles expliquent la marche vers l’autoritarisme et le totalitarisme.

A) L'éphémère cycle parlementaire (77)

La greffe des modèles occidentaux trop sophistiqués, tentée au lendemain des indépendances a échoué. Le régime parlementaire s'y est révélé largement inadapté.Apres les indépendances dans les années qui suivent la 2nde guerre mondiale, les nouvelles élites, s’inspirant des institutions parlementaires des anciennes puissances coloniales, modèle Britannique dans le cas des colonisations anglophones, modèle de la 4ème puis 5ème République dans les anciennes colonies FR d’Afrique et d’Asie sauf au Vietnam du sud, présidentialiste des 1956, ces élites commencent donc par adopter des régimes parlementaires. La greffe prend au Liban, ancien protectorat FR à l’élite économique et politique très clairvoyante, car elles permettent au moins provisoirement de régler le problème professionnel. Et c’est aussi une réussite en Inde grâce à trois atouts majeurs, à savoir : une classe de fonctionnaires compétente et nombreuse, formée à l’anglaise, l’ascendance personnelle des premiers PM à l’instar du Jawaharlal Nehru et d’Indira Gandhi, enfin, l’existence d’un parti dominant s’identifiant à l’ensemble de la nation, le parti du congrès d’abord, au pouvoir de 1947 à 1977, auquel a succédé le BJP (Bharatiya Janata Party) avant que le congrès ne revienne au pouvoir sous l’influence de la veuve de Rajiv Ghandi, Sonyia Gandhi, après les élections générales de mai 2004.

En revanche, partout ailleurs dans le tiers monde, les institutions parlementaires n’ont pas réussi à s’acclimater et cela pour trois raisons. D’abord parce que le système parlementaire est trop subtil donc trop fragile dans un environnement largement analphabète ou de faible culture politique. Quand la grande masse du corps électoral perçoit mal la signification du vote ou encore la différence entre chef d’état et chef de gouvernement. Ensuite parce que le régime parlementaire, en reconnaissant l’existence d’une opposition officielle, institutionnalise les divisions, met sur le même plan d’honorabilité les pouvoirs en place et les adversaires politiques, et risque de nuire en conséquence à

la consolidation d’une unité nationale souvent imparfaite. Enfin parce que le Parlementarisme est mal adapté à un encadrement autoritaire du développement économique, lequel, dans la phase de mobilisation des énergies pour faire décoller les industrialisations, requière un exécutif ayant les coudées franches. Pour toutes ces raisons, les constitutions inspirées du parlementarisme occidental ont été très rapidement mises en sommeil par des dictatures, ou bien elles sont été remplacées par des lois fondamentales de type présidentielles ou plutôt présidentialistes.

B) Le cycle présidentialiste (78)

La confiscation des pouvoirs par le président de la République est plus ou moins étendue selon les Etats considérés, suivant des modalités divergentes entre l'Amérique latine et l'Afrique.Dans ce type de démocratie représentative que constitue le régime présidentiel, est instauré l’autonomie réciproque du pouvoir gouvernemental et des assemblées délibératives. Le critère principal est négatif à savoir que le chef de l’exécutif ne peut dissoudre le gouvernement qui ne peut renverser le président.

Encore trop sophistiqué, ce type de régime a vite évolué vers le présidentialisme, sans doute sous l’inspiration au moins partielle de la pratique gaulliste des institutions de la 4ème république, et sous celle de beaucoup de constitutions Sud-Américaine ou Africaines qui, consacrant l’élection au suffrage universelle du chef de l’exécutif, l’ont par ailleurs, doté de compétences juridiques extrêmement étendues comme notamment le contrôle de l’ordre du jour des assemblées, le droit de dissolution, la possibilité de légiférer par décret sans véritable restriction politique, et cela, toutes ces mesures, vont contribuer à produire autant de copies, déséquilibrées, au détriment du parlement du modèle présidentiel, et cela va révéler sous un pluralisme politique de pure façade, le manteau ordinaire qui habille les régime de pouvoir personnel. Il faut noter cependant que la confiscation des pouvoirs par le président est plus ou moins étendue selon le pays considéré. Ainsi en Amérique latine, sauf exception, le pluripartisme est très vivace, et pour être une zone de régime de prépondérance présidentielle, la clause de non-rééligibilité immédiate, inscrite dans de nombreuses constitutions empêche généralement l’organisation de dynastie présidentielle en organisant le caractère temporaire du mandat du président. Aujourd’hui pratiquement tous les pays d’Amérique du Sud vivent en démocratie depuis la fin de la dictature Stroessner au Paraguay en 1989 et celle du général Pinochet au Chili en 1990. Mais la qualité même de la démocratie sud américaine est fluctuante dépend largement des personnalités qui briguent les suffrages. C’est ainsi qu’au Pérou, après les abus du président Alberto Fujimori, le nouveau président Valentin Paniagua et son chef du gouvernement, l’ancien secrétaire général de l’ONU, Javier Perez de Cuellar, se sont engagés depuis novembre 2000 dans une grande entreprise de nettoyage et de restauration démocratique. Dernièrement, le 9 avril 2006, c’est le candidat Ollanta Humala, nationaliste de gauche qui est arrivé en tête des présidentielles (toujours président actuellement).

Au Mexique, à la même époque, le nouveau président Vicente Fox qui a pris ses fonctions en novembre 2000, manifestait clairement de son côté son intention de transformer un pays qui, en 71 ans avait connu la domination sans partage du Parti révolutionnaire institutionnel, et cela grâce notamment à des fraudes électorales. Aux élections de 2006, c’est le candidat du parti de la révolution démocratique Andre Manuel Lopez Obrador qui est favori. Finalement ce sera Felipe Calderón Hinojosa, membre du Partu Action Nationale, qui sera élu. Aujourd’hui, c’est actuellement Enrique Peña Nieto qui est président, retour donc du Parti révolutionnaire institutionnel.

Plus généralement, avec Lula Da Silva au Brésil (actuellement Mme Dilma Rousseff), Daniel Ortega au Nicaragua (toujours en place), Hugo Chávez au vélézuela (3 mandats, jusqu’en 2013 puis remplacé à sa mort par l’actuel Nicolás Maduro, même parti), René Préval a Haiti depuis mai 2006 (actuellement Michel Martelly), Evo Morales depuis décembre 2005 en Bolivie (toujours lui au pouvoir) et Michelle Bachelet au Chili depuis janvier 2006 (toujours au pouvoir), c’est tout le sous continent qui est majoritairement passé à gauche.

En Afrique en revanche, et spécialement en Afrique francophone, le parlementarisme et le pluripartisme ont été rejeté en bloc, pour laisser la place à une forme accentuée de présidentialisme,

dans le cadre d’un système de parti unique, système plus ou moins dissimulé depuis les années 90 sous l’apparence d’un multipartisme.

La constitution de la Cote d’Ivoire dès 1960 en a fourni le modèle, suivi par le Daomé, le Niger, la Haute Volta, le Congo-Brazzaville, la Mauritanie et par la suite bien d’autres états. Cependant, ce présidentialisme renforcé, notamment par la possibilité qu’a le président à être rééligible indéfiniment, n’a jamais empêché, loin de la, la survenance de multiples coups d’états, ce qui a fait dire à un politologue du nom de Calvez, auteur d’ aspects politiques et sociaux des pays en voie de développement, que la force et la stabilité des régimes dépendait en Afrique étroitement de la personnalité installée à la barre. Aussi peut-on, sans trop s’avancer, inclure, sauf exception, la quasi-totalité des régimes politiques du tiers monde sous le double label de l’autoritarisme ou du totalitarisme, suivant l’interprétation que les hommes au pouvoir font des textes constitutionnels.

C) Autoritarisme et totalitarisme (79)

D'une certaine manière, les régimes du Tiers-Monde traduisent la nationalisation de la non- différenciation structurelle et fonctionnelle des relations d'autorité, qui se trouve transposée du plan local et tribal au plan national.

Autrement dit, la tradition y porte déjà les dirigeants a la confusion des pouvoirs. Reste que selon que la gestion monocratique concerne le seul état ou toute la société, il s’agira d’autoritarisme ou de totalitarisme, cad la prise en charge totale des citoyens par le contrôle de tous les moyens de pouvoir et de persuasion et par la mise en place d’un système policier et concentrationnaire. Dès lors, il suffit de remarquer que sous l’une ou l’autre forme, les dictatures se multiplient en Asie, au Proche Orient et en Afrique, certaines étant révolutionnaires, d’autres réactionnaires, les unes civiles, les autres militaires, des régimes installés progressistes, d’autres tyranniques, et que toutes ces dictatures sont ponctuées d’innombrables coups d’état, en plus, certains qui réussissent (Roger Gérard Schwartzenberg en a dénombré 19 en 13 ans, concernant l’Amérique latine, de 1963 à 1976, et 28 en Afrique à la même période), d’autres coups d’état qui échouent comme en 2001 pour tenter de rétablir au pouvoir l’ex-président des philippines Estrada, écarté pour corruption. C’est donc la marque que dans les sociétés en voie de développement, le pouvoir tend à s’unifier et à se concentrer comme s’il existait une relation étroite entre surdéveloppement et sur pouvoir.

Il reste à présent à chercher l’explication de ce phénomène dans la vie politique même de ces états.

§ 2. Les deux caractéristiques majeures de la vie politique réelle des pays du Tiers-MondeIl s'agit de l'institutionnalisation proclamée ou déguisée du système du Parti unique d'une part (très différent de l’exemple soviétique) et de la personnalisation du pouvoir d'autre part, quand il ne s’agit pas de pouvoir personnel institutionnalisé tout court. Ces deux traits se conjuguent pour asseoir sur une durée plus ou moins longue la dictature pure et simple d’une oligarchie restreinte.

A) Le rôle instrumental du Parti unique (80)

Le Parti unique ou unifié est, malgré les apparences trompeuses d'un multipartisme de façade, la règle quasi générale dans les Etats du Sud.Que ce soit sous la forme d’un parti dominant comme en Inde ou à Madagascar, de parti unifié comme dans l’ouest africain ou de parti unique comme dans l’Algérie du FNL ou encore dans une grande partie de l’Afrique noire francophone, l’évolution s’est faite rapidement qui a conduit du multipartisme ou bipartisme des lendemains des indépendances au parti unique dans les cas où celui-ci n’était pas institutionnalisé dès le départ. En ce qui concerne principalement l’Afrique francophone, les choses ont en apparence évolué depuis les exhortations du président François Mitterrand au sommet franco-africain de La Baule, mais la tendance générale n’a pas inversé pour autant. Trois raisons sont avancées pour rendre compte de cet état de choses, et du synchronisme constaté entre l’apparition du parti unique et celles de présidentialisme.

La première est que le parti unique, fédérant ethnie et religion apparait comme l’instrument idéal d’intégration nationale. La seconde est qu’il suppléé l’absence de classes moyennes, relai, pour

mobiliser les masses afin qu’elles s’engagent dans la planification économique. Enfin, il camoufle dans une certaine mesure l’élite dirigeante de la base.

Dans et or de l’admin et de l’armée, voire de la hiérarchisation religieuse, autre pilier de son pouvoir, le parti du président sert donc de courroie de transmission pour faire passer ses mots d’ordre et par ailleurs sorte d’administration bis ayant recueillie avant toute autre structure les prérogatives de l’ancien colonisateur, il apparait souvent comme une pyramide aux mains d’une élite restreinte à la dévotion du président qui en occupe les sommets.

B) Seconde caractéristique politique dans les pays du Tiers- Monde : la personnalisation du pouvoir (81)

Si tous les Etats la connaissent, elle revêt une importance très grande dans les Etats en voie de développement. Tous les états modernes la connaissent. Dans les états en développement cependant, elle a toute autre dimension, en ce sens qu’elle correspond toujours à un pouvoir charismatique incarné d’abord dans un leader indépendantiste puis dans un de ses émules, qui va cristalliser sur sa personne les symboles de l’identité nationale. Cela dit, si, très vite, ce pouvoir personnifié a tendance à conduire à une dictature aussi dure qu’inefficace, c’est que le chef, seul juge des actes par l’absence de contre-pouvoir efficace, en vient à se décharger rapidement pour son information sur une bureaucratie clientéliste et sur un petit cénacle de courtisans affairistes, au point que faute d’échange entre le sommet et la base, la politique en arrive à se limiter à l’attribution de pré-bandes et au désir farouche de la conservation du pouvoir.

De la sorte, le jeu politique balance entre la crise-passion des équipes en places et la violence de ceux qui cherchent immanquablement un jour ou l’autre à les supplanter.

Enregistrement n° 7CHAPITRE III DU TITRE II : SUR-DEVELOPPEMENT ET SOUS-POUVOIRS (82)Les contrées les plus prospères du globe sont arrivées à l'ère de la consommation de masse. Majoritairement situées dans l'hémisphère Nord, elles en sont arrivées à un tel degré de croissance technico-économique qu'elles semblent avoir perdu la maîtrise de leur propre développement.Du coup, les clivages sociaux sur la base desquels a été conçu le régime démocratique au XIXème siècle, sont en voie de changement et le modèle parlementaire apparaît de plus en plus inadapté.C’est l’autre versant de la théorie empirique des théories développementalistes. Après l’étude des états du tiers monde, il importe aussi en effet d’analyser aussi les systèmes économiques, sociaux et politiques des pays les plus avancés. Géographiquement, il s’agit de ce que l’on appelle assez improprement les Etats du Nord, dans la mesure où l’on y trouve les pays d’EU de l’Ouest et d’Amérique du Nord, mais aussi l’Australie et la Nouvelle Zélande, dans le Pacifique et le Japon en Asie pour ne citer que les plus marquants, on pourrait d’ailleurs mentionner Singapour ou encore Israël.

Politiquement, ce sont des démocraties libérales pluralistes, cad qu’elles admettent le débat politique, la diversité des opinions politiques, et que l’on y respecte généralement les forces d’opposition à qui l’on reconnait une place plus ou moins grande dans les rouages du gouvernement.

Leur régime politique, sous des modalités différentes, respecte ce schéma d’ensemble, dont la théorie, sous l’influence de la plume d’un Montesquieu par exemple, remonte au 18ème siècle. Et depuis, toutes les constitutions s’y conforment, en faisant de l’élection et de la séparation des pouvoirs les principes cardinaux de l’aménagement du pouvoir. Du point de vue économique, les nations dont on parle

sortent ou sont sorties de l’ère industrielle, cad d’une époque de leur développement qui va en gros de la fin du 18ème au milieu du 20ème siècle, pour laquelle le modèle démocratique classique de direction de l’état avait été créé, ce modèle qui est toujours celui des lois fondamentales. Or notre société actuelle n’est plus la société industrielle d’hier qui avait sa logique de développement et les structures sociales qui correspondaient à l’état des techniques et aux niveaux de production d’alors. L’on constate en effet désormais un changement des règles économiques par rapport à un passé qui n’est pas si lointain. Autrement dit les sociétés des nations avancées aujourd’hui ont largement perdu la maitrise de leur propre développement par le fait que, pris dans une spirale de croissance technico-économique incontrôlable qui n’est plus endiguée par une volonté externe la pliant aux aspirations collectives, l’essor autonome de la technique et de l’économie suit désormais une logique propre de surdéveloppement, lequel exerce une forte pression sur les relations sociales. Dans ce contexte, l’individualisme prend le pas sur le consensus. La pression du surdéveloppement économique et la réaction de la société au surdéveloppement dynamite les anciens clivages sociaux qui servent de base à notre développement, et par conséquent, celles-ci s’avèrent de plus en plus inadapté. C’est pour tenter précisément de comprendre la politique dans les civilisations industrielles que seront examinées en 2 sections d’abord les caractéristiques particulières des sociétés dites postindustrielles et les réactions qu’elle suscite, ensuite nous verrons leurs répercussions sur leur organisation politique.

Section 1 : Les traits communs aux sociétés post-industriellesIls ont été mis en évidence, d'abord par Rostow, puis par Galbraith, Daniel Bell, auteur de "Vers la société post-industrielle", et notamment par Z. Brzezinski, créateur en 1970 de l'expression "révolution technétronique".Il est relativement aisé de repérer les données principales inhérentes au système surdéveloppé mais sans doute plus compliqué de donner une définition univoque.

Pour Rostow par exemple, c’est l’ère de la consommation de masse, la 5ème et dernière étape de la croissance qu’il décrit ainsi dans son ouvrage de 1958, Les étapes de la croissance économique « nous en venons maintenant à l’ère de la consommation de masse, où la production de biens de consommation durable et les services deviennent progressivement les principaux secteurs de l’économie. C’est la période dont les US commencent a sortir, dont l’UE et le Japon commencent à gouter les bienfaits incontestables et à laquelle la société soviétique aspire non sans remords ». C’est encore ce que Galbraith, dans The influent society, livre traduit en FR en 1961, nomme la société d’abondance, et que Herbert Marcus dans L’homme unidimensionnel de 1968 critique sous l’expression de société industrielle avancée.

Un peu plus précis, Daniel Bell dont on peut trouver l’ouvrage Vers la société post-industrielle, 1976, en définit ainsi les 5 dimensions à savoir : il s’agit du développement d’une économie de service, de la prédominance de la classe des spécialistes et techniciens, de l’importance du savoir théorique comme source d’innovation et d’élaboration politique dans la société, de la possibilité d’une croissance technologique autonome et enfin de la création dans cette société industrielle avancée d’une nouvelle technologie intellectuelle.

Pour Z. Brzezinski, auteur de Between two ages, en 1970, (traduction FR : la révolution technétronique), c’est l’âge de la technologie et de sa pointe avancée, l’électronique. Brzezinski détecte dans la société post industrielle les mêmes traits dominants que ne l’avait fait Bell et notamment la croissance du secteur tertiaire des services, la montée des classes moyenens ou encore le développement des études universitaires. Fin connaisseur de l’Amérique (il a été conseiller à la présidence de la république des US), Brzezinski analyse l’entrée douloureuse de ce pays dans l’ère technétronique sous la forme d’une véritable crise de civilisation.

Mais plutôt que de multiplier les approches, il est temps de recenser les traits marquants de la société postindustrielle toute à la fois technicienne, dénaturée et réactionnaire.

§ 1. Une société technicienne (84)A) Présentation de la technostructure.

La nouvelle oligarchie des sociétés avancées n'est plus dans les mains des propriétaires des moyens de production, selon Galbraith, mais dans celles des dirigeants d'entreprises, des ingénieurs et des savants qui vont jusqu'à contrôler tous les leviers de l'Etat.De cette société, l’économiste Galbraith dans un livre de 1967, le nouvel âge industriel, essai sur le système économique américain, fait une description saisissante sous le concept de technostructure. Dans une sorte de conciliation des écoles marxistes et élitistes, il émet 2 propositions, à savoir que les grandes firmes industrielles ont maintenant un nouveau mode de direction que le capitalisme, et que d’autre part ce changement a occasionné une attitude nouvelle des consommateurs, nouvelle au point de rendre la société moderne irrationnelle et d’influer sur son gouvernement. Pour Galbraith en effet, le pouvoir dans les grandes sociétés n’est plus dans les mains des propriétaires du capital mais dans celles des directions collégiales, ce qu’il appelle la technostructure. Ces directions comprennent ingénieurs, savants, directeurs, chefs de marketing et de publicité, juristes, comptables, lobbyistes etc, au point, dit-il, que les assemblées générales d’actionnaires ne sont que les chambres d’enregistrement des rapports qui sont préparés par la technostructure. Cette nouvelle oligarchie qui s’est développée au sein de l’économie, qui ne repose plus par conséquent sur l’hérédité des titres de propriété mais sur la cooptation est plus mobile, moins assurée du lendemain mais plus démocratique que par le passé puisqu’elle est ouverte aux non capitalistes et aussi pour se maintenir, elle doit a tout prix assurer la croissance de l’entreprise, fusse au détriment des actionnaires. En ce sens, dans la défense de ses intérêts, la technostructure inverse la filière de la demande. Ce n’est plus le consommateur qui exprime ses préférences pour tel produit ou service, c’est l’offre ou la production qui, par la publicité notamment, va manipuler et modeler le comportement du consommateur, avec la complicité de certaines bureaucraties administratives. Ultérieurement, nous verrons que cette analyse peut également être transposée à la gestion de l’état, et donner un aspect particulier à tous les régimes occidentaux, mais l’on peut procéder d’ores et déjà à deux remarques. En premier lieu, il semble que l’étude de Galbraith demande à être enrichie par la réintroduction de l’influence des capitalistes au sein même de la technostructure, et cela pour pouvoir utilement rendre compte de toutes ses facettes. En effet, quand les affaires vont bien, les propriétaires lâchent la bride aux administrateurs et aux techniciens, en revanche que le minimum des bénéfices escompté ne soit pas atteint et alors les actionnaires reprennent leurs prérogatives. Il faut donc nuancer un peu les pouvoirs de la technostructure, et prendre en considération également les gros actionnaires, qui, associés aux experts, aux conseillers, aux admin de firmes géantes, généralement internationales, constitueraient une sorte de super-technocratie mondialisée, aussi capable de régenter l’économie planétaire que de dicter sa loi aux états.

Deuxième remarque, pour corroborer cet envahissement des spécialistes et autres managers dans tous les rouages de la vie sociale, il faut arriver à cette interprétation que les milieux d’affaire de la haute admin et du pouvoir politique, sont sous le signe de la technicité, ce que le politologue Mills appelait le triangle du pouvoir. Il est à noter en effet que tous les gouvernements ouvrent plus facilement les crédits pour la recherche, le dvpt industriel, l’enseignement et les infrastructures, que pour les services sociaux, l’hygiène, la culture ou l’instruction générale. Dans un cas, on sert les intérêts de la technostructure, dans le second cas, on ne la sert pas.

B) Les effets de la technostructure sur la société (85)

La technostructure progresse et se perfectionne à partir des institutions de la démocratie libérale. Elle se concilie les masses par la diffusion d'une idéologie dominante consensuelle et par le contrôle des mass- media.On l’aura compris, dans nos sociétés démocratiques occidentales dans lesquelles l’état s’est vu reconnaitre le rôle d’assurer le bien-être général, se structure une symbiose inter bureaucratique des technostructures économiques, administratives et politiques, sorte de démocratie des organisations. L’orga-démocratie comme l’appelle Roger Gérard Schwartzenberg, qui progresse et se perfectionne et accapare graduellement tous les leviers de l’état en utilisant les institutions de la démocratie libérale. Dans ce processus d’enveloppement du pouvoir, la technostructure veille toujours à se concilier les masses de qui dépendent les gouvernants, par le jeu du suffrage universel. Pour ce faire, elle utilise deux moyens : la diffusion d’une idéologie dominante consensuelle et le développement des moyens

de communication de masse, ces deux éléments étant intimement liés l’un à l’autre. Développer le consensus en premier lieu, c’est gommer les différences sociales pour rattacher tous les individus au genre de vie existant. Cela peut prendre la forme de leur implication dans les discussions à tous les niveaux sur la durée du travail, salaire, retraite… et d’une manière plus détournée, ce qu’on a pu appeler la dictature de la mode, universalise des comportements auxquels il est difficile de déroger, qu’il s’agisse de produits alimentaires, vestimentaires, manufacturés ou de loisir, cela se traduit en politique par la propagation de cette idée que le haut niveau de vie des sociétés occidentales dépend, en dernière analyse, du maintien des valeurs démocratiques qui ont fait leurs preuves, et qui rassemblent, comme les libertés publiques de réunion, d’association, de presse ou de commerce, même si ces dernières sont plus formelles que réelles.

En un mot, il y aurait, bon grès, mal grès, une fatalité de l’ultra libéralisme dans les états avancés, encore appelé d’un terme vague, globalisation, que l’écrivain Viviane Forrester, auteur d’Une étrange dictature, voit ainsi dans le monde du 22 février 2000, « [la globalisation] couvre de son seul nom, réduit à ce seul mot, toutes les données de notre époque, et parvient à camoufler, indiscernable au sein de cet amalgame, l’hégémonie d’un système politique, l’ultra libéralisme qui, sans être officiellement au pouvoir, à la main mise sur l’ensemble de ce que les pouvoirs ont à gouverner, et détient donc une toute puissance planétaire ».

Autre effet de la technostructure sur la société, le développement des moyens de communication de masse ou mass-médias, radio, presse, télévision, autant de vecteurs qui permettent à la technostructure de donner ses mots d’ordre, tout en donnant à la population l’illusion qu’elle a une part de décision et qu’elle se fonde avec l’élite, à égalité de chance et de notoriété, dans un creuset commun. Il y a dans cette explosion des supports de la communication la révélation de deux processus contradictoires. D’abord, c’est d’une certaine manière, la manifestation que l’autorité, notamment politique, se déshumanise, se bureaucratise, au profit d’une vaste organisation anonyme dont les journalistes nomment à l’occasion certains rouages comme l’administration, le parlement, la commission de Bruxelles, ou plus précisément, l’administration de tel ou tel secteur, autant d’autorité lointaine et diffuse émettant des règles impersonnelles. Ensuite, en contre-point, c’est l’omniprésence de l’état-spectacle pour reprendre le titre d’un ouvrage de Roger Gérard Schwartzenberg, voire de la société spectacle où tous les repères sont brouillés. Qui n’a pas vu à la télévision, des hommes politiques se commettre dans des émissions de variété, pour dire qu’ils n’ont pratiquement aucune prise sur les évènements, et qui n’a pas perçu dans les émissions et la presse dite people, en revanche, que dans cette dépersonnalisation généralisée du pouvoir, tout un chacun pouvait se voir reconnaitre, fusse de manière éphémère, une notoriété, voire un pouvoir charismatique, qui redonne de l’affectivité à des relations sociales, qui en sont de plus en plus dépourvues et qui en oublient les équilibres naturels.

§ 2. La société technicienne est aussi une société dénaturéeAvec d'autres procédés que le Tiers- Monde, les Etats sur- développés appauvrissent la nature et ne font pas le bonheur des hommes. Depuis son avènement après 1945, le système occidental avancé, marque d’une autre manière que les systèmes sous-développés, les prémices d’une ère de grande pénurie, au point que l’homme lui-même s’aliène en vivant dans un monde étranger à la nature.

A) Destruction de la nature (86)

La société d'abondance est synonyme dans la réalité, de stérilisation des espaces et de pillage des ressources naturelles qui se raréfient à un rythme accéléré.Sous les apparences d’une société d’abondance, il y a, dans le monde occidental, dévastation accélérée des richesses naturelles. Le problème est trop connu pour nécessiter de nombreux développements, sauf à rappeler, outre la pression démographique, ce que Philippe Saint Mart appelle le peuplement mécanique, c'est-à-dire le surpeuplement de l’espace par toute sorte de véhicule mécanique, stérilise de grandes surfaces sous le bitume, les ballastes ferroviaires, sans compter les friches industrielles.

Pénurie de terre par conséquent en aggravation constante avec le dvpt de voies à grandes vitesses, mais aussi pénurie d’eau du fait des besoins de la consommation privée et des besoins industriels agricoles et urbains.

Par ailleurs, cette pénurie quantitative de nature, qui se traduit sous nos yeux par le mythage des zones encore vierge notamment du littoral sous la pression immobilière des résidences secondaires, s’aggrave d’une pénurie qualitative qui se traduit par la réduction des riches biologiques, que le développement des organismes génétiquement modifiés tend à accélérer. Cela se traduit également par le saccage des richesses artistiques et historiques à telle enseigne que désormais l’UNESCO s’attache à préserver les plus emblématiques au titre de patrimoine de l’humanité, et cela se traduit également par l’encombrement de déchets plus ou moins dangereux susceptibles, comme à Tchernobyl, de provoquer des catastrophes majeures, ou encore peut se traduire par de multiples pollutions comme celles de l’océan du fait du dégazage des navires. Après le sommet de Rio en 1992, de nombreuses conférences internationales se sont réunies pour tenter de remédier à la fragilisation de la planète. Le refus du Président Bush au printemps 2001 d’appliquer le protocole de Kyoto pour limiter les effets de serre démontre bien que pour l’heure, la technostructure l’emporte sur la sauvegarde de l’environnement.

B) Destruction de l'homme (87)

La civilisation de l'argent où tout se monnaye marginalise dans les sociétés les plus riches globalement, une frange de plus en plus importante de la population.Ces grandes nuisances dont on vient de citer les plus marquantes, qui sont la conséquence de l’augmentation du niveau de vie dans les Pays développés et de leur enrichissement monétaire, masquent en fait un appauvrissement réel inconnu avant l’époque récente. Il s’agit d’une paupérisation ou d’une néo-paupérisation, par dégradation du milieu de vie, qui frappe, par ordre de gravité croissante la population toute entière. Les habitants des grandes agglomérations où l’on assiste partout à la montée des périls urbains que sont les nuisances sonores, le manque de verdure et la criminalité, sont parmi les plus touchés. Cette paupérisation touche surtout les sociétés les plus pauvres de notre société d’abondance, ce quart-monde de nos villes, victime au même niveau que les pays sous-développés de la précarité, pluridimensionnelle, consécutive des agissements néocolonialistes des firmes de la technostructure. Dans une chronique du journal l’express du 17 mai 2001, Jacques Ataly écrivait à ce propos « cela tient ç une cause simple : tout se monnaie […] peu à peu s’installe ainsi une misère héréditaire, une hyper-misère, frappant des gens au handicap cumulé. Elle touchera bientôt 1/5 de la population des pays développés. […] Aucune politique de marché ne pourra l’éradiquer ».

Or c’est précisément en partant de ce constat qu’un certain nombre de penseurs ont imaginé des alternatives inédites à cet état de choses.

§ 3. Les réactions possibles (88)Freud, W. Reich, H. Marcuse ont tous souligné le caractère répressif de toute civilisation et spécialement l'absurdité des sociétés industrielles avancées. Certains ont proposé d'autres voies en faveur de l'épanouissement individuel.Freud le premier, soulignait déjà l’essence répressive de toute civilisation qui limite obligatoirement les pulsions et libertés de chacun pour rendre acceptable la vie en groupe. Pour lui, le seul échappatoire à la répression sociale ne pouvait être que dans la sublimation, c'est-à-dire la réorientation sexuelle, à des fins socialement utiles comme l’ambition professionnelle ou la création artistique. L’un de ses épigones, W. Reich, auteur entre autres de l’irruption de la morale sexuelle est plus radical parce que selon lui, seule une transformation radicale de la société peut mettre fin à la misère psychologique des masses autrement dit aux névroses, et par la destruction de l’appareil répressif présent en toute société, rendre l’individu à une vie plus libre et plus humaine et faire du bonheur une véritable valeur culturelle. Plus tard, H. Marcuse, après avoir dénoncé l’absurdité des sociétés industrielles avancées engagées dans des courses sans fin entre production et consommation, dans 3 ouvrages, longtemps la bible de la génération de 68, à savoir Eros et civilisations (1955), l’homme unidimensionnel (1964) et Vers la libération (1969), en arrive même dans Contre-révolutions et révoltes (1972) à prôner une nouvelle manière de faire la révolution, non plus seulement dans l’ordre politique mais d’une manière totale comme matrice de valeur culturelle, d’un nouvel art de vivre. A partir du début des années 70, toute cette maturation critique radicale de la culture établie où s’illustreront encore beaucoup d’auteurs américains va se doubler d’une critique de l’économie.

A) La contestation de l'économie établie (89)

C'est l'hypothèse notamment du "Club de Rome" qui préconisait, dans les années 70, la croissance zéro.L’idée de base est qu’il faut stopper la croissance économique parce qu’elle est synonyme de désordre et de pollution, et qu’il faut par conséquent ne plus assimiler élévation du niveau de vie et PNB.

C’est en partant de ces réflexions que fin des années 60 aux US, un fort courant va prôner la croissance zéro, l’arrêt du développement pour le développement. Il était alors envisagé de remplacer la notion de PNB par le sigle dégagé par le professeur Tinbergen le BNB (Bonheur national brut). Deux organismes se sont distingués à ‘l’origine dans cette direction. En EU, ce fut principalement le « Club de Rome », société savante d’une centaine de membres, qui fut créé en 1968 pour réfléchir aux problèmes de notre temps. Aux US, ce fut le Massachussetts Institute of Technology qui publia en 71 un rapport, désormais célèbre, intitulé « halte à la croissance » et cela d’ailleurs à la demande du club de Rome où l’apocalypse était annoncée à un monde qui ne saurait pas se réformer. La crise de l’énergie de 1973 conforta un peu plus tard les contestataires de l’économie libérale traditionnelle, on peut dire cependant qu’à l’heure actuelle, à l’exception de certains milieux écologistes, les analyses fortement malthusiennes du club de Rome sont quelque peu passées de mode, en raison du risque d’aggravation du chômage qu’elle véhiculait. Cela dit, dans les faits, un courant contestataire de la société industrielle avancée s’est, depuis cette époque, matérialisée dans de nombreuses expériences de rupture, avec les modes de production mais aussi rupture avec un mode de vie récusé, considéré comme déshumanisé, robotisé, et uniforme.

B) Le développement de contre-valeurs culturelles (90)

Toute une civilisation alternative se met en place dans les pays occidentaux qui conteste au quotidien les valeurs historiquement reconnues de la société établie, et qui oblige à repenser la République.A la différence des mouvements révolutionnaires du 19eme siècle, orchestrée par la masse nombreuse des travailleurs, désireuse de s’emparer des leviers du pouvoir, la prise de conscience dans le dernier quart du 20ème siècle, quand il était nécessaire de se soulever contre un système irrationnel, quand l’abondance accroit la dépendance au lieu de la réduire, cette prise de conscience présente la double originalité qui fait sa nouveauté, (1) d’émaner de minorités, (2) de s’attaquer, par delà les institutions, aux modes de vie dans leur ensemble. Ce que Roger Gérard Schwarzenberg appelle les contre-forces à la culture établie est deux classes bi sociales, les jeunes et les femmes, à qui s’ajoutent les minorités nationales, les communautés, notamment ethniques, les minorités sexuelles et les microsociétés comme celles des psychotiques, autant de cercles en quête de reconnaissance.

Leur stratégie commune telle qu’on a pu la voir en mai 68, en FR et dans le monde développé, consiste toujours, selon l’analyse de Roger Gérard Schwarzenberg (1991) à proposer des contre-valeurs et à incarner celles-ci dans des contre-fentes culturelles. Le résultat de ce travail de sape de la société établie est qu’aujourd’hui, il n’y a plus un seul modèle de vie à l’occidentale, mais une multitude de comportements qui ont conquis leur droit de cité. Autrement dit, désormais, en application des deux slogans 68ards les plus célèbres « il est interdit d’interdire » et « sous les pavés, la plage », une contre culture, plutôt jeune, baba cool et piercing, côtoie dans nos cités les costumes 3 pièces. Elle conquière chaque jour d’avantage des franges grandissantes de la bourgeoisie. Les bobos ou bourgeois bohème, qui communient dans de nouveaux rites significatifs de la nouvelle ère, c’est pèle mêle l’avènement d’une littérature alternative, qui, par exemple, à la suite d’Allen Grinsberg ou de William Borough fait éclater l’écriture officielle quand elle ne tord pas franchement le cou à la syntaxe, quand elle se développe dans la presse parallèle ou sur internet, c’est la fréquentation d’un théâtre, comme le Grand Magic Circus de Jérôme Savary qui dynamite els règles du bon gout, celle d’un cinéma d’avant-garde avec les films de Godard, Marco Ferreri, Virginie Despentes et autres réalisateurs, ou encore c’est l’apparition de l’art underground, où se sont illustrés, à partir de l’école américaine des années 60 avec Andy Warhol comme figure emblématique ou Francis Bacon en Angleterre, toute une pléiade d’artiste qui délaisse les supports traditionnels pour les remplacer par des installations, des accumulations d’objets sur un parcours initiatique ou encore par des courtes mises en scène encore appelées happenings.

Et l’on pourrait multiplier à l’infini, dans tous les domaines, les marques de cette contre-culture qui, grosso modo, reflète deux tendances majeures des sociétés avancées. Il s’agit, d’une part, de l’expression de la montée en force de l’égocentrisme individuel au détriment de l’intérêt général qui se segmente, de la mise en avant d’un néo-rousseauisme en quelques sortes, qui passe par toutes les permissivités et qui contribue a l’épanouissement personnel, le démographe Louis Chauvel, auteur du destin des générations, Structure sociale et cohortes en France au XXe siècle, a fait une analyse fine de ce phénomène, a propos duquel on peut aussi lire l’article d’Eric Conan, intitulé Mai 68, la génération gâtée. Cette contre culture d’autre part cherche sa justification dans l’art de la contestation et de la provocation, qui voit du fascisme dans toute limite et dans tout dispositif répressif, surtout lorsque ce dernier défend l’identité nationale. Il n’est qu’à revisiter à ce propos les thèmes de la chanson protestataire de Boris Vian à Manu Chao de la Mano Négra, du free jazz au rap et au rail apr exemple. Reste à savoir si en définitive, cette contre culture n’oblige pas désormais à repenser la république, comme l’ont écrit dans Le Monde Bruno Latour, Tobie Nathan, Philippe Niard, Isabelle Stengers, ou encore en faire le ciment de l’EU nouvelle si l’on suit les déclarations du ministre Portugais Manuel Maria Carrillo et du sociologue Dominique Wolton, dans un article du Monde du 30 Mars 2000 intitulé « pour manifeste de la diversité culturelle. En un mot, la contre-culture ambiante débouche-t-elle sur une contre-politique ?

Section 2 : L'organisation politique de la société post-industrielleA l'image de la société, la politique aujourd'hui est instable. Plus qu'une perspective révolutionnaire, de forts courants réformistes la traversent.En vérité, tout comme la société occidentale est protéiforme, l’univers politique actuel est relativement instable, que l’on en juge, en quelques mots, par l’exemple FR particulièrement significative d’un nouveau courant aussi inédit qu’aberrant de zapping électoral, qui contrairement a l’esprit de la constitution maintien d’une part le lustre des fonctions présidentielles et gouvernementales, mais d’autre part par le système de cohabitation et le basculement rapide des majorités, attente à leur efficacité réelle.

C’est ainsi que le président Mitterrand, élu en 1981 et 1988 sur un programme socialiste, dut composer entre 86-88 et 93-95 avec Jacques Chirac et Edouard Balladur, deux premiers ministres de l’opposition de droite. En 1995, JC a son tour, triomphalement élu président de la république avec 52.6% des voix contre 47.4 à son adversaire de Gauche, Lionel Jospin, doit néanmoins nommer ce dernier chef du gvt 2 ans après, lorsque les législatives de 97 donnent 319 sièges à la gauche contre 257 à la droite. Plus tard, à la faveur des législatives de mars 2001, c’est la droite qui redevient majoritaire en attendant de nouveaux développements. 2002, c’est la réélection du président JC, mais 2004, la gauche est majoritaire aux EU et régionales, et la majorité Chiraquienne perd en mai 2005 la bataille pour l’adoption de la constitution EU. Autrement dit, la politique aujourd’hui tend à osciller de façon synchronique ou diachronique, totale ou partielle entre la révolution plus ou moins violente ou le réformisme.

§ 1. Contestation et récupération de la politique alternative (92)La pacification des sociétés très développées a pour conséquence première la récupération des tendances hors normes.Comme par le passé, notre époque n’échappe pas, bien évidemment, à la volonté de quelques uns à changer le pouvoir politique, ils s’organisent dans cet objectif, en groupe d’attaque frontale. La nouveauté de la situation présente tient cependant à ce que le combat révolutionnaire, autrefois élément moteur de l’engagement politique, cède la place à de nouvelles manœuvres plus subversives et aussi plus pacifiques, maintenant, par ailleurs largement récupérées également par les pouvoirs en place.

A) La nouvelle politique entre révolte violente et subversion pacifique.

L'orientation née du mouvement hippie : Aucune société n'échappant à une opposition plus ou moins brutale à son mode de gouvernement, se propage

actuellement en occident tout un courant qui vise avant tout à changer l'homme avant même la contestation des structures politiques elles-mêmes.Aucune société n’échappe à une opposition brutale. L’histoire de chaque pays est aussi avant tout celle de ses sursauts révolutionnaires. Cette fatalité semble toutefois disparaitre de nos jours, sauf a survivre à l’état résiduel dans les pays avancés, quand subsistent un problème ethnique ou pseudo-colonial, ou encore social, pour des catégories spécifiques. On peut citer à cet égard les terroristes irlandais, basques, corses, le mouvement des black-panters aux US entre 66 et 70, mais également la violence des banlieues déshéritées ou des skinheads dans les stades. Autant de réactions violentes parmi d’autres, que limitées et marginales par rapport à la politique. Quant à la menace des groupuscules d’extrême droite ou gauche de renverser par la violence les institutions, on peut dire qu’elle est encore largement virtuelle quand elle n’est pas réappropriée par les partis traditionnels. En revanche, se propage de nos jours un courant qui entend d’abord changer la vie, inculquer de nouvelles valeurs à l’homme pour qu’il conquière son bonheur, autrement que par les vieilles recettes productiviste. La subversion pacifique consiste par conséquent sur la base des idées développées par exemple par Charles Reich, dans Regain américain, ou encore par Jean François Revel dans Ni Marx, ni Jésus, un ouvrage de 1970, à changer la conscience des hommes de manière à les rendre solidaires et fraternels d’abord, et à partir de là, à inverser le processus révolutionnaire traditionnel, à savoir partir de l’individu et du quotidien pour n’arriver à la transformation des structures politiques qu’en dernier ressort. C’est la démarche des hippies, sur les passes de Jacques Kerouac, le pape américain du mouvement, auteur de Sur la Route, suscite l’émergence d’une contre-société, communautaire, autarcique, anarchique, dont l’existence même, sous la forme de petite communautés autogérées, dans le Larzac, à Ibiza ou en Californie, cad il s’agissait alors de micro-démocraties à l’échelle humaine, constitue la subversion par la pratique de nos vieilles démocraties. Il faut lire à ce propos le journal de Californie que le sociologue Edgard Maurain a publié en 1970.

B) La récupération de la contestation.

Elle s'observe dans l'évolution des partis politiques qui deviennent des partis "attrapetout" ou encore, par exemple dans les politiques décentralisatrices.Rapidement, la culture établie a récupéré, cad elle a pris à son compte les éléments de la contre culture considérés comme inoffensifs ou assimilables. Partout, en EU occidentale, aux US où la candidature du sénateur Mac Govern en 1972 à la présidence de la république a gauchit le parti démocrate, en FR particulièrement où le programme du PS en 1971 s’intitulait symboliquement « changer la vie », partout donc une société post-contestataire depuis une 20aine d’année a fait cohabiter les anciennes structures avec de nouveaux modèles. Du coup, la vie politique, globalement décriée, a pu reconquérir des niches de légitimité lorsqu’elle s’est faite plus proche des gens ou lorsqu’elle s’est réapproprié la défense de valeurs un temps occultées, comme l’éducation des jeunes ou la lutte contre le racisme. C’est dans ce sens qu’on peut expliquer le succès, selon le pays, des politiques fédéralistes. Des exemples IT, ES, GE ou plus récemment UK en témoignent. C’est ainsi également qu’on peut expliquer les politiques décentralisatrices comme en FR depuis les lois de 1982-1983, ou encore dans d’autres domaines, cette fois, le retentissement d’expériences politico administratives nouvelles, comme l’institution du médiateur de la république, l’observatoire nationale contre le racisme et autres organismes de défense de l’environnement.

Autant de traits qui redessinent la sphère du politique dans les états postindustriels suivant les circonstances et les problèmes locaux. En parallèle, l’organisation politique elle-même de ces états a évolué, quasi uniformément, dans deux directions, à savoir dans le sens du développement de l’exécutif d’une part, et dans la construction d’une technostructure de gouvernement d’autre part.

§ 2. Les caractères communs des organisations politiques occidentales (93)

A) Le développement de l'exécutif.

L'extension avérée du domaine de l'exécutif, plus que proportionnelle à l'abaissement du législatif dans les démocraties occidentales n'aboutit pas obligatoirement à son renforcement.

Ce phénomène, propre à tous les pays développés, s’observe à plusieurs critères. Il s’agit en premier lieu du corollaire au déclin généralisé au pouvoir législatif. Dans toutes les démocraties postindustrielles en effet, le Parlement, qui a pourtant été le symbole de la défense des libertés contre les prérogatives des monarques a, dans la période récente, perdu l’essentiel de ses compétences. Ce déclin peut être officiellement organisé comme dans l’exemple français de l’article 34 de la constitution qui enferme son pouvoir législatif dans des limites étroites, mais il peut résulter aussi de la pratique comme dans les cas que l’on appelle le parlementarisme rationalisé, ou plus généralement encore, lorsque l’habitude s’est instaurée que les parlementaires discutent à 90% sur les projets gouvernementaux et seulement à 10% sur des propositions parlementaires. Cela dit, la dégénérescence du législatif n’a pas la même ampleur partout, avec des nuances, elles semblent plus importantes dans les états EU ou au Japon, surtout quand les majorités gouvernementales sont larges. En revanche elle est moins prononcée aux US où les chambres, à l’abri de la dissolution, sont traditionnellement respectées.

En deuxième lieu, la croissance de l’exécutif est plus que proportionnelle à l’abaissement du législatif, grâce notamment à la croissance des services techniques, du type organismes de planification qui gravitent dans l’orbite des ministères.

En troisième lieu enfin, il est remarquable que l’extension avérée du domaine de l’exécutif, n’aboutit pas forcément, loin s’en faut, à le renforcer. Il est notoire en l’occurrence que la multiplication des services publics et de tout un ensemble d’offices, à cheval sur le public et le privé, rend particulièrement difficile leur contrôle. D’autant que certaines agences comme la CIA ou le FBI aux US sont suffisamment autonomes et ont assez de moyens pour tenir en respect le pouvoir politique de l’état. Dans certains cas, l’on a même pu constater un certain démembrement de l’exécutif, voire un abandon de l’autonomie des gouvernements, au moins dans deux types d’exemples : lorsque les puissances financières s’opposent violemment au gouvernement et dressent contre lui ce qu’Edouard Herriot qualifiait, en 1916, de « mur d’argent » ou encore lorsque l’armée dicte sa conduite au pouvoir civil dans les périodes troublées.

B) La technostructure politique (94)

Autre constante des pays développés, des structures gouvernementales qui font la part belle aux technocrates.Il n’est pas difficile, pour mesurer cette autre caractéristique des états développés, de transposer à la gestion même de l’état, l’analyse de Galbraith sur les technostructures envahissant les rouages sociaux tant il parait évident que depuis longtemps, des hauts fonctionnaires ou des experts groupés autour de l’exécutif, participent du fait même de leurs compétences, aux processus décisionnels. Et c’est à l’ancien président du Conseil de la 4ème république Edgard Faure, que l’on doit sur ce sujet l’analyse la plus appropriée qu’il a développé dans le n°22 de l’expansion de Septembre 69 puis en 70 dans l’Ame du combat. Selon lui, les sociétés industrielles avancées se caractérisent par un certain dépérissement des problèmes globaux et par l’irruption des problèmes techniques, ce qui entraine une interpénétration voire une confusion entre les rôles des administratifs et des politiques. C’est ainsi qu’il écrit « une structure gouvernementale composée de technocrates politisés et d’hommes politiques dotés d’une solide formation technique devient aisément, selon le terme que Galbraith applique aux grandes entreprises, une technostructure. »

De cette analyse, Roger Gérard Schwarzenberg, dans un article du Monde du 30 septembre 1972 intitulé le charme discret de la démocratie, tirera les conséquences en plaçant la source du pouvoir dans le savoir, et l’alimentation de cette source dans l’information. Allant plus loin qu’Edgard Faure, il peut ainsi écrire, après avoir identifié le lien entre information et technostructure : « le risque est alors la monopolisation de l’information par l’appareil technobureaucratique à tous les niveaux : dans les cabinets, dans les administrations centrales, dans les préfectures […]. A la limite même, le président de la république ressemblerait à un PDG symbolique cantonné dans une fonction d’apparat et d’apparences. »

Mais arrivons en maintenant à la typologie des principaux régimes politiques qui sont générés dans ce contexte par les sociétés postindustrielles telles qu’on vient de les décrire. Etant bien entendu qu’il ne faut pas trop exagérer leurs différences en raison même des traits communs à toutes sociétés.

§ 3. Les modèles de régimes politiques dans les sociétés avancéesDepuis leur naissance aux XVIII et XIXème siècles les régimes parlementaire et présidentiel se sont adaptés à l'évolution des sociétés.Ce sont les formes de régimes, majoritaires dans les systèmes développés, qui, inventées il y a deux siècles, ont été plus ou moins transformées par l’évolution techno structurelle, au point que le principe représentatif qui est à leur origine n’a plus la même signification qu’au départ. Ainsi en est-il du neo-parlementarisme actuel, du régime présidentiel à la française et du modèle présidentiel américain.

A) Le néo-parlementarisme (95)

C'est le régime qui s'est le plus transformé depuis sa création au point que les décisions semblent aujourd'hui émaner de centres autres que les instances officielles.Ce sont les institutions qui se sont les plus transformées. Etablies au moment où régnait à Londres une monarchie parlementaire avec un roi sans pouvoir sur une démocratie libérale correspondant à de petites ou moyennes entreprises individuelles ou familiales, elles expriment, après 1945, l’alliance objective entre grandes entreprises collectives privées et publiques, syndicats, administrations, services collectifs et partis politiques, réunies dans ce que l’on pourrait appeler une techno-démocratie. Les grands partis, disciplinés, plus ou moins réduits à deux ou enserrés dans des coalitions bipolaires aboutissent à donner une grande stabilité/autorité au chef du gouvernement qui est le leader du parti majoritaire ou de la coalition majoritaire. En GB, deux grands partis essentiellement, les conservateurs et les travaillistes, alternent au pouvoir. Leur discipline, très forte, étant le complément indispensable a leur dualisme. Ailleurs comme dans les pays du Nord, Danemark, Norvège, Suède, le néo parlementarisme repose sur une bipolarisation de partis plus nombreux regroupés en deux coalitions stables. En Allemagne, cette situation surdimensionne, entre la démocratie chrétienne (CDUCSU) et les socialistes du SPD, le rôle du petit parti charnière du FDP, dont l’alliance, circonstancielle, avec l’un des deux grands partis, commende généralement la nature d’un gvmt qui sera tantôt de droite, tantôt de gauche. A cet égard, le gouvernement d’Angela Merkel, arrivée au pouvoir en novembre 2005, qui est le fruit d’une alliance entre la CDU majoritaire et un SPD qui n’a pas démérité sous Gerhard Schroeder, fait figure d’exception. Dans d’autres cas de figure encore, en inde notamment, où, du parti du congrès au parti du peuple, c’est semble-t-il une tradition politique, mais aussi au Japon avec le parti libéral démocrate, un parti est en position dominante. Cela a pour conséquence de stabiliser les gouvernements issus de lui, hormis les périodes de conflits internes au parti hégémonique. Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, la discipline des partis et des alliances, transforme le sens des votes, qui ne servent plus seulement comme autrefois à désigner les députés, mais également à nommer les chefs de gouvernement. Le parlementarisme modèle est par conséquent un régime à gouvernement de législature, dans lequel le mécanisme classique des votes de défiance est tombé en désuétude. Et dans le même temps, le développement de puissantes instances d’une opposition extra-parlementaire, constitue la forme la plus visible d’un phénomène plus général, a savoir le transfert de la politique, ailleurs, sur de nouveaux terrains qui peuvent s’appeler régionalisation, contractualisation, expérimentations… autant de signes révélateurs de la fin du monopole de l’action politique des assemblées.

B) Le régime présidentiel à la française (96)

Selon que c'est la même majorité qui soutient le président et le gouvernement ou deux majorités différentes, le régime sera présidentialiste ou parlementaire.Se présente comme un régime intermédiaire depuis 1962 entre le parlementarisme anglais et le présidentialisme américain. La direction de l’exécutif y est partagé entre un PM que les ministres peuvent obliger à démissionner comme dans le parlementarisme, et un PR élu du suffrage universel qui a la légitimité du président américain. Cela donne à la FR l’aspect d’une monarchie élective absolue où tout ce qui est important relève de la compétence présidentielle, hors les cas de majorité discordante faisant cohabiter au sommet de l’état deux leaders politiques d’horizon différends, ce qui provoque momentanément, pour des périodes plus ou moins longues, une certaine léthargie du système.

C) Le régime présidentiel à l'américaine (97)

Président et congrès sont autonomes et indépendants l'un de l'autre, mais le système n'est jamais bloqué sous la vigilance d'une opinion publique sourcilleuse.C’est, semble til, le régime le plus robuste, qui semble avoir, depuis sa fondation, été le moins modifié par l’évolution de la société. Ce qui fait écrire à Maurice Duverger en 1973 « la nation la plus moderne de l’occident du point de vue industriel conserve les instruments politiques les plus rétrogrades ». dans ce système, où le Congrès ne peut mettre en cause le Président et son équipe et où ce dernier en revanche n’a aucun moyen de pression sur les chambres quoi qu’il en soit, la vie politique est faite d’un jeu subtil d’influence qui parait satisfaire le plus grand nombre. Poids et contrepoids entre une espèce de monarchie élective tempérée par un congrès sourcilleux quant à l’exercice de son pouvoir de contrôle, des intérêts croisés entre la fédération et les états fédérés, des lobbys puissants et enfin, une opinion publique vigilante.

Enregistrement n° 8 : Titre III, la participation politique : engagements individuels ; partis politiques et groupes de pression

Ce dernier titre aborde le thème des conditions et des manifestations de l'engagement des individus qui, à titre personnel ou dans le cadre de regroupements plus ou moins formels, décident de prendre une part dans les décisions politiques. La participation individuelle à la politique sera examinée sous l'angle des conditions qui y prédisposent et sous celui des formes qu'elle peut revêtir. La participation collective quant à elle sera étudiée dans le cadre des partis politiques, des groupes de pression et des syndicats.Apres des études théoriques et empiriques sur les systèmes et régimes politiques, ce dernier titre aborde le thème des conditions et manifestations de l’engagement et non engagements des individus, les gouvernés, susceptibles de leur conférer une influence plus ou moins grande sur le système politique qui les concerne. En vérité, la notion de participation politique, qui relève de certains aspects de la psychologie autant que de la socio ou socio politique est particulièrement riche et complexe ne serait-ce que pour la raison de l’amplitude de l’éventail des formes observables de participation politique, à commencer par le clivage qui détermine d’un coté les engagements individuels et d’un autre coté les mobilisations collectives. Cela dit, il est bon de rappeler les trois manières de concevoir ce qui porte une ou plusieurs personnes à s’intéresser à la chose publique.

A la suite de JJ Rousseau, la théorie politique classique, celle qui s’est formée sous la révolution FR, souligne à cet égard qu’il y a, pour tout citoyen, une obligation de nature morale à s’impliquer activement dans les affaires publiques.

Une seconde approche, juridique celle-ci, décline les différents aspects que peut revêtir la participation politique, en autant de droit public voire d’obligations attachées à cette prérogative. Cette liste, qu’établit par exemple l’art 34 de la constit comporte notamment le vote, l’éligibilité, ou encore la possibilité de servir l’état en intégrant l’une de ses fonctions publiques. Mais ce qui, dans certains pays, relève du libre arbitre comme le droit de vote dans notre pays, peut ailleurs se faire contrainte, comme en Belgique où l’abstentionnisme électoral est passible d’une amande quand il est volontaire, preuve s’il en est du caractère composite des engagements publics.

Enfin une troisième approche est opérée par les enquêtes empiriques qui visent à cerner les représentations que les individus se font du bon citoyen. Dans un ouvrage de 1983 publié à Chicago sous le titre de « The Reconstruction of Patriotism: Education for Civic Consciousness » Morris Janowitz par exemple distingue dans toute participation politique trois dimensions majeures. Il peut s’agir selon lui de l’adhésion à un comportement moral, ce peut être aussi un sentiment d’allégeance nationale ou d’une quête de reconnaissance ou valorisation dans l’arène politique.

Fort de ces précisions, le chapitre 1 abordera la question de la participation individuelle au jeu politique. Le chapitre 2 traitera du phénomène partisan a travers l’histoire, typologie des structures…

Avec cet acteur de la vie politique, l’engagement politique change de nature : d’individuel, il devient collectif. Les partis sont en effet des organisations des entreprise comme dirait Max Weber, relativement stables, qui mobilisant des soutiens en vue de participer directement à l’exercice du pouvoir revêtent un double aspect. D’une part ce sont des démultiplicateurs d’engagement personnel dans le sens où ce sont des réseaux d’individus dirigeants, militants, ou simple adhérents que relient des rapports d’interactions, mais d’autre part, du niveau symbolique du langage, les partis existent aussi en qualité de réalités sociales concrètes repérables par leur unité et cohérence.

Enfin dans un chapitre 3 il sera traité de l’action collective des groupes d’intérêt. La recherche de biens au sens le plus large d’un terme constitue sans aucun doute le fil directeur qui permet de comprendre pourquoi des individus s’unissent ou s’organisent en vue de l’action. se faisant, la recherche de biens matériels ou symboliques suscite des résistances ou provoque des convoitises rivales de sorte que la notion de conflit apparait toujours au cœur de la dynamique sociale. En conflit entre eux ou avec les institutions, faibles ou puissants, peu structurés ou fortement intégrés, il sera analysé comment les groupes de pression constituent des acteurs à part entière du système politique dont ils contribuent à façonner les règles effectives de fonctionnement.

CHAPITRE I LA PARTICIPATION POLITIQUE INDIVIDUELLE (99)L'individu est au cœur de tout système politique, mais le passage de l'"Homo civicus" à l'"Homo politicus" ne concerne qu'une infime partie de la société quel que soit l'Etat concerné. Au politologue à en chercher l'explication.Aucune analyse des systèmes sociaux ne peut être qualifiée d’exhaustive si elle néglige l’individu, élément fondamental des systèmes, et qui continue à les perpétuer.

Il en va de même pour le comportement politique, reflet du comportement social, qui varie avec la personnalité de chacun. En effet, tous les hommes ne se sentent pas concernés par la politique au même degré, certains sont profondément engagés dans le combat politique alors que pour d’autre, il n’y a là qu’un motif d’indifférence voire de sarcasme. Autrement dit, si tous les individus sont des citoyens, les hommes politiques constituent des exceptions. Pour tenter de comprendre précisément ce passage de l’homo civicus à l’homo politicus, il faut commencer par se demander comment l’on peut faire sienne toute une culture politique, cad savoir comment et par quel moyen connaitre les conventions qui régissent la société, acquérir un vocabulaire en partie spécifique qui peut passionner ou rebuter, assimiler enfin des normes et se montrer à l’occasion capable de préoccupations personnelles concrètes à des enjeux locaux et à des programmes/débats nationaux.

En un mot il s’agit en premier lieu d’aborder les déterminants et l’apprentissage de la politique. En une seconde section consacrée à l’expression de la participation individuelle à l’univers politique, l’analyse s’attachera particulièrement au vote, puisque depuis que la souveraineté nationale a remplacé la souveraineté divine et monarchique, les consultations électorales constituent aujourd’hui, même dans des pays ou la liberté de choix demeure exclue, le moyen d’expression privilégié de la majorité des citoyens. Cependant d’autres modalités existent, certaines relevant simplement d’une attention minimale à la chose publique, comme par exemple la lecture de la presse, d’autres exprimant une volonté +- intense de peser sur la décision publique, voire de contester les règles du jeu institutionnel normal en tentant d’y substituer d’autres normes.

Section 1 : La socialisation politique (100)Il s'agit du processus, suivant lequel, de génération en génération, les hommes intériorisent, à des degrés divers, les valeurs du groupe qui les rassemble. La socialisation politique est le niveau supérieur de l'acculturation sociale.La socialisation est un processus d’inculcation, cad un méca social a l’issu duquel des contraintes que des hommes exercent sur d’autres hommes se transforment par intériorisation en autocontrainte.

L’arrivée de chaque génération représente en effet comme une invasion de barbares, hors si les sociétés perdurent, si elles évitent d’être profondément mortelles, c’est qu’elles inculquent à ces barbares, ce que le sociologue Pierre Bourdieu appelle le code commun. Dans son ouvrage, la

reproduction, parue en 1970, coécrit, Pierre Bourdieu met ainsi en évidence la force de la contrainte sociale qui s’exerce à différents niveaux de la vie de chaque etre humain, pour intégrer l’individu en lui transmettant le langage et les valeurs établies proches à son environnment sociétal. Il s’agit là d’un processus permanent et polymorphe à propos duquel Norbert Elias dans la dynamique de l’occident (1939) a pu dire « ces autocontraintes, fonctions des regards retrospectifs et prospectifs auxquels on habitue dès l’enfance l’individu inséré dans un ensemble d’enchainement d’actions en constante extension, se présente sous la forme d’habitudes soumises à une sorte d’automatisme ». Elément de la socialisation, la socialisation politique. Et quant à elle, un aspect de ce processus général et continu d’inculcation des normes de comportement, de valeurs de références, de savoirs perçus comme utiles ou valorisants. Autrement dit, c’est un mécanisme qui répond dans le fond à deux exigences. Si l’on se place du point de vue des gouvernants, ceux-ci ont besoin qui soient imposées des croyances qui justifient leurs pouvoirs et renforcent la cohésion de la nation qu’ils dirigent, car un pouvoir qui ne recueille pas l’assentiment de la population et bien que monopolisant par sa nature même les moyens de coercition ne peut se maintenir durablement. Deuxième exigence, du côté des gouvernés, l’intériorisation des croyances fondatrices de l’ordre sociale et politique répond également à une exigence, celle qui facilite psychologiquement l’acceptation des contraintes et qui fait de l’obéissance aux normes communes une vertu cardinale de la vie en société. Sur ces bases, examinons dans quelles conditions historiques s’est développé l’apprentissage de la politique, comment il a été possible d’en donner une explication théorique, après quoi nous nous arrêterons sur les principaux aspects de la socialisation politique et enfin sur les vecteurs de l’inculcation.

§ 1. L'apprentissage historiqueCe dont il est question ici, c'est de la gestation du sentiment national qui se transmet par la pratique du vote et par l'action de personnalités charismatiques.La politisation c’est d’abord un processus collectif avant d’être une simple affaire individuelle, car c’est tout le groupe qui doit être, au sens propre, politisé, à la suite d’une longue initiation historique. Ce dont on parle ici, ce n’est rien d’autre en définitif que la gestation du sentiment national à l’origine duquel on peut discerner l’influence progressive de la pratique du vote et l’action de personnalités charismatiques.

A) Les effets de la propagation du droit de suffrage (101)

L'apparition du suffrage universel est à l'origine de l'unification nationale du marché politique. Le vote et ses éléments accompagnateurs (presse, partis …) est un moyen d'éduquer à la citoyenneté.De nombreux politistes avancent que l’apparition du suffrage universel est à l’origine de l’unification du marché politique. Maurice Agulon par exemple, auteur en 1970 de la république au village, la population du var de la révolution à la 2eme république, estime ainsi que le droit de vote, synonyme de la nécessité de débattre des affaires publiques, a familiarisé les campagnes avec un rituel nouveau qui introduit une dimension politique, notamment dans les fêtes rituelles patronales, familiales ou religieuses. Pour Michel Revel ou Charles Ti, c’est la diffusion des journaux concomitante du dvpt des élections qui a politisé les campagnes FR. il est vrai que de 1789 à 1800, alors que 1350 journaux faisaient l’opinion, la participation électorale s’équilibrait alors entre urbains et ruraux. Mais c’est sans doute chez Yves … qui a écrit en 1997 sociologie historique du politique, que l’on peut découvrir le mieux comment les élections ont pu faire progresser la démocratie. En effet, il démontre que l’extension du droit de suffrage qui, de censitaire devient universel à partir de 1948 élève le niveau de la concurrence électorale, la conséquence en est, du côté de la scène électorale avec la spécialisation de l’activité électorale, l’émergence de grands partis, ce qui entraine une certaine professionnalisation du métier politique, et du coté des électeurs une individualisation du comportement, aboutissant à d’avantage de socialisation. Chacun assimilant peu à peu son destin à celui de la nation, grâce notamment au secret électoral, aspire de la sorte par ce biais à la dignité civique et peut privilégier désormais la confrontation des idées à la violence politique. Cela dit, la construction de la démocratie, qui recoupe largement, en occident du moins, le processus de socialisation politique, c’est aussi à mettre au crédit du personnel politique lui-même.

B) Les agents de l'acculturation politique (102)

Ce sont, entre autres, les notables et les instituteurs.Dans son livre de 1989 Mobilisation électorale et invention du citoyen, l’exemple du milieu urbain FR à la fin du 19eme s, Michel Offerlé a notamment montré comment, à partir de 1948 et la naissance du suffrage universel, les notables, jusque-là seuls sur le marché politique se font désormais concurrencer par des professionnels du courtage politique, surtout sur leur gauche qui mobilise les électeurs sur d’autres promesses que les faveurs ou les menaces potentielles du passé qui tentent d’échanger des biens politiques contre des soutiens actifs ou passifs, courtiers qui, intéressant un plus grand nombre aux enjeux entre entreprises rivales et intérêts des électeurs, travaillent à créer l’accoutumance au vote. Ajoutons par ailleurs qu’en dehors du sérail politique, d’autres agents ont contribué à l’ouverture de la société, notamment rurale sur les intérêts communautaires, il s’agit bien entendu des instituteurs, ces hussards noirs de la république, propagateurs de l’alphabétisation et de l’instruction civique.

§ 2. Les analyses de l'acculturation politique (103)Deux perspectives peuvent contribuer à la compréhension de la socialisation politique.

A) L'approche de l'école américaine

Pour H. Hyman, D. Easton et J. Dennis, la réflexion politique débute pour chaque enfant au sein de la famille où se transmet fortement une préférence partisane pour ou contre la figure tutélaire du président de la République.A partir d’enquêtes menées dans les années 50-60, les sociologues américains de l’université du Michigan, autours de Herbert Hyman notamment, ont commencé à considérer que la réflexion politique débutait pour chaque enfant, d’abord au sein de la famille, où se transmet fortement une préférence partisane, généralement pour ou contre la figure tutélaire du président de la république. Dans Children in the political system, paru en 1969, David Easton et J. Dennis, vont systématiser cette politisation infantile en mettant en relief quatre phases de l’apprentissage. D’abord une phase de sensibilisation à l’univers politique, ensuite personnalisation quand l’enfant établi le lien entre cet univers et des personnalités marquantes, puis la période d’idéalisation de ces figures d’autorité, perçues comme bienveillantes ou malveillantes, et enfin, la phase d’institutionnalisation quand la raison l’emporte sur l’émotion ; plus près de nous, ainsi que l’ont montré les travaux d’Annick Percheron, des analyses plus complètes et plus larges ont cependant montré que la structuration de l’homme en devenir en matière politique, par référence à l’image du chef de l’Etat était beaucoup plus complexe, d’où une autre approche.

B) La politisation de l'individu par l'origine sociale.

P. Bourdieu se démarque quelque peu de l'approche précédente en privilégiant le rôle du milieu social.C’est du côté de P. Bourdieu qu’a été cherchée un approfondissement a l’approche précédente  ; sa thèse, développée en 1979 dans la distinction, critique sociale du jugement, est que l’apprentissage politique est lié au milieu social dans lequel se dvpe l’enfant ; la conséquence en est des appétences très différentes selon la classe d’origine, pour la politique. D’un côté, l’on enregistrerait une généralisation de l’incompétence statutaire des catégories à faible capital culturel et social, à l’autre bout de l’échelle en revanche, les enfants socialisés dans les milieux à fort capital culturel et social seraient, une fois devenus citoyens, susceptibles de participer beaucoup mieux que les premiers à la vie politique, tout en étant politiquement compétent et capable de décoder les discours politiques. Depuis cette étude, différents sondages ont corroborés la relation entre origine social et intérêt politique, accent étant mis par ailleurs sur le fait que l’instruction renforce encore cette corrélation. Ainsi un adolescent issu d’un milieu social élevé et doté d’un diplôme supérieur a toutes les chances pour devenir une référence en politique, les autres, en plus grand nombre, ne faisant que reprendre sa pensée, quitte à se laisser encore un peu plus dominer. Cela dit, l’achèvement du degré de socialisation et l’intérêt pour la chose publique n’en constituent pas un engrenage inéluctable. L’individu lui-même, de par sa psychologie propre, ses centres d’intérêts, peut vouloir s’intégrer au groupe et vouloir reproduire le même parcours que ses parents dans leur rapport à la chose publique, soit au contraire il peut vouloir rejeter les contraintes du système, familiales ou éducatives, échapper à la pesanteur générationnelle et développer ses propres opinions et comportements.

Arrêtons-nous donc sur les principaux aspects de la socialisation politique.

§ 3. Deux éléments de la socialisation politiqueIl s’agit principalement de l’acquisition d’une culture politique, processus qui concerne tous les âges mais particulièrement l’enfant, qui construisant sa personnalité, prend en charge la dimension politique de son identité sociale, il s’agit aussi plus spécifiquement de la mise en confrontation de l’individu avec le mythe ou l’idéologie quand il est amené à formaliser sa conception de l’engagement partisan ou son idée de la nation.

A) La mesure de l'intérêt des jeunes pour la politique (104)

Construisant sa personnalité, l'enfant prend en charge progressivement la dimension politique et son identité sociale. Ainsi se fait le passage de l'apolitisme à l'engagement politique.Très tôt, vers l’âge de 7 ans, l’enfant sépare le monde politique de son environnement personnel. Cela s’opère par un double mouvement de sympathie et antipathie des héros puis des symboles fondateurs, des acteurs et des institutions de chaque pays de référence. Il n’y a pas en effet un modèle universel de socialisation comme tendaient à le penser David Easton et Jacques Denis. Annick Percheron notamment a pu ainsi démontrer en 1971 dans un article « la conception de l’autorité chez les enfants », que celle-ci serait perçue comme « une autorité forte mais lointaine et abstraite à l’égard de laquelle ils marquent une certaine distanciation et un certain détachement affectif, hors rappelons que dans le système américain par exemple, le président de la république a le rôle principal de catalyseur affectif ce qui différencie la culture américaine de la culture EU et notamment FR. cela dit, à partir du premier âge, l’évolution de chacun se fera entre apolitisme et engagement politique plus ou moins conséquent. La signification de ces deux attitudes opposées a été synthétisée par Jean-Marie Le Besnerais et Charles Valley dans un cours ancien de socio pol 1973 dans lesquels les auteurs relèvent els différents arguments qui poussent dans un sens ou dans l’autre. Ainsi selon eux, si l’on se tient hors du champ politique, c’est parce qu’au choix ou cumulativement on estime :

- Que la politique offre moins d’avantages que d’autres activités- Que les perspectives offertes sont illusoires- Que son influence personnelle sur les évènements serait nulle- Que l’on se satisfait de la situation politique même sans sa participation personnelle- Que l’on ne s’estime pas assez compétent- Que faire de la politique est trop dangereux.

En revanche, l’engagement dans la politique répondrait de plusieurs mobiles comme l’intérêt général, intérêt personnel. Cela peut aussi, suivant l’analyse d’Harold Lasswell dans son livre Power and Personnality, une démarche actionnée par l’instinct du pouvoir, lequel serait une compensation des frustrations subies dans le premier âge. Quoi qu’il en soit, l’examen de ces différentes causes ouvre sur deux sortes de réflexion. D’abord on peut remarquer que certains individus cherchent moins le pouvoir pour le pouvoir, que le pouvoir pour d’autres pouvoirs, d’autres buts extrapolitiques, ensuite, que la motivation pour le pouvoir comporte chez tous les sujets un dosage subtil entre tendance inconsciente et tendance consciente, sans que la plupart des individus soient en mesure de modifier le dosage.

B) Intégration partisane et identité nationale (105)

L'acculturation est réussie lorsque l'adolescent et plus tard, l'homme adhère à un programme partisan et à des préférences idéologiques, à la suite de l'éducation entreprise par son entourage.Les généralités sur l’acculturation politique qui ont été dégagées précédemment peuvent trouver une illustration concrète dans la plus ou moins forte adhésion de chaque enfant puis de chaque homme a un programme partisan voire a un degré supérieur à l’idée de nation. En ce qui concerne le dvpt des préférences partisanes et idéologiques, Annick Percheron au traité de science politique de 1985 a pu proposer 4 schémas :

- L’engagement peut résulter d’une identification déclarée avec un parti ; surtout quand les clivages partisans sont nettement tranchés

- Il peut y avoir identification partisane en liaison avec des traditions partisanes ou ethniques mais sans aller jusqu’à adhérer avec un programme

- Un niveau de moindre enrôlement, la proximité avec une famille politique peut être ponctuelle, seulement sur tel ou telle idée ou telle ou telle cause.

- L’imprégnation des valeurs idéologiques peut être largement inconsciente et donc très superficielle

Philippe Guyau qui rend compte des travaux d’Annick Percheron dans introduction a la sociologie politique publié en 98, remarque justement qu’il y a à cette égard une similitude certaine entre la formation des préférences idéologiques et l’acculturation religieuse, encore qu’a son avis, cette dernière est, en FR tout au moins, plus profonde et précoce que la première.

En ce qui concerne le sentiment national cette fois, son acquisition correspond à un besoin de sécurisation qui s’articule au cours de l’adolescence en deux noyaux distincts. Il s’agit d’une part d’une identification spontanée issue du vécu quotidien, lesquels finissent par acquérir un caractère familier évident, et de l’adoption d’un petit nombre de symboles abstraits comme l’hymne nationale, la monnaie, le drapeau…qui peu a peu forgent la conscience et suscitent une adhésion +- forte.

§ 4. La socialisation politique en pratiqueLa transmission de la culture politique est opérée par de multiples vecteurs : langage, discours des agents d'autorité, codes de comportement …La culture et la culture politique en particulier se transmettent essentiellement par le langage qui est le principal instrument de son développement et de sa conservation. Il ne faut cependant pas confondre le système du langage et le système culturel, le premier est seulement un élément du second, au même titre que l’écriture, l’architecture ou la musique par exemple ou encore l’art culinaire, le système culturel étant beaucoup plus large et plus complexe.

En matière d’acculturation politique, Philippe Braud, dans son manuel de sociologie politique de 1998 distingue 3 niveaux de socialisation :

- le premier est le niveau constitué par le discours des agents qui détiennent l’autorité. Les parents, école, médias.

- Le deuxième est fait des codes effectifs de comportement, cad des situations vécues ou perçues au moment de l’enseignement et qui peuvent soit être en adéquation avec lui soit être en décalage +- prononcé. Ainsi, un homme altruiste ferait t’il mieux adhérer aux valeurs de partage de la gauche qu’un usurier par exemple ?

- Le troisième est celui des conditions de transmissions de l’éducation politique. Les lieux, le ton avec lequel elle est donné a aussi une part dans la +- grande réceptivité aux messages qui sont enseignés et diffusés.

A) La transmission par les parents de leurs préférences politiques et le rôle de l'école.

Il s'agit dans les deux cas de la socialisation politique spécifique des enfants et des adolescents, dont le succès ou le rejet dépend des conditions précédemment exposées. Ainsi la formation des croyances idéologiques et partisanes des enfants est elle d’autant plus forte que les parents st d’accord entre eux et avec leur environnement.

En ce qui concerne l’école, ou le rôle est concomitant de celui des ascendants, son influence est triple. Celle-ci dépend en effet en premier lieu du contenu de l’enseignement, lequel différera immanquablement selon me type public ou privé d’établissement, puis l’influence scolaire peut dépendre de l’initiation à certaines formes pratiques de participation sociales comme l’élection des délégués de classe par exemple, en dernier lieu, l’école faciliterait l’apprentissage des relations de pouvoirs, relations horizontales entre élèves et verticales entre élèves et adultes. Cela dit, il faut replacer l’éducation dans le système social et ne pas oublier que le système scolaire reproduit ou renforce les logiques de discrimination de la socialisation, y compris celles qui concernent la politique.

B) Le rôle des médias.

Les mass medias ont un rôle intergénérationnel d'intégration sociale, ne serait-ce qu'en véhiculant une image familière de la nation et de l'Etat.Ce rôle intergénérationnel d’intégration social mériterait de plus amples développements et lecture conseillée : Jean Louis Missika et D. Wolleton intitulée La folle du logis, la télévision dans les sociétés démocratiques, 1983. Disons simplement que l’influence médiatique, c’est un truisme, a plus d’impact sur els individus psychologiquement fragile que sur ceux qui ont une personnalité affirmée. Deux remarques par ailleurs : d’une part, les médias construisent des représentations commune de la politique, ne serait-ce que par ce qu’ils choisissent de traiter ou non, ils nous disent en effet à quoi il faut penser quand ils ne nous orientent pas insidieusement ce qu’il faut penser. D’autre part, désacralisant la représentation politique, les médias et notamment la télé, modifient corrélativement le débat politique au profit des apparences et au détriment des idées, lorsque la couleur de la cravate est plus déterminant dans les choix électoraux que le contenu du message, il est évident que l’engagement politique de ceux qui sont trop sensibles à cette mise en scène télévisuelle est sujet à caution.

Section 2 : L'expression de la participation individuelle à la politiqueL'engagement politique, c'est d'abord le vote. Ce peut être également d'autres formes de participation.Dans tous les états, même les dictatures, l’analyse de science politique reconnait dans le vote une modalité essentielle de participation. Bien loin d’être un simple choix d’homme ou d’équipe, le vote s’inscrit dans un processus complexe de légitimation des instances de gouvernement, mais en même temps, et c’est en cela qu’il a une position privilégiée dans les mécanismes impliquant les individus, dans la politique, il intéresse non seulement les citoyens politisés attentifs et informés, mais aussi il concerne la grande masse des électeurs, cad des gens peu intéressés par la politique habituellement, voire largement indifférents. Apres l’étude de l’activité électorale, un deuxième paragraphe sera consacré aux autres formes de participation politique.

§ 1. Le voteAller voter est toujours un signe de cohésion nationale.Le suffrage universel réactive donc chez les gouvernés le sens de leur appartenance au groupe grâce à l’exercice d’une prérogative partagée. En ce sens, même dans les gouvernements autoritaires en mal de reconnaissance, il n’est jamais une simple mascarade, mais toujours une manifestation de cohésion nationale. Cela dit, cet exercice de la prérogative participante des individus qui deviennent citoyens à cette occasion a ses règles, et c’est ce que nous allons voire dans un premier temps en nous inspirant de Philippe Braud, après quoi nous allons aborder différentes analyses sur la signification du suffrage.

A) L'encadrement juridique et politique du comportement électoral.(108)

Plusieurs paramètres conditionnent la participation ou la non-participation à un scrutin : le mode de suffrage ; la clarté des enjeux ; la liberté de choix de l'électeur ; l'équité de la représentation ; le sentiment que l'acte de vote est efficace ; ou encore la proximité affective avec les candidats.Aussi bien l’électeur que l’éligible ne peuvent décider de s’inscrire dans le processus électoral qu’après avoir pris connaissance des lois établissant le mode de suffrage retenu et les enjeux politiques.

Premier paramètre donc, le mode de suffrage. Il peut être de type majoritaire ou proportionnel avec des variantes. Le professeur Duverger a pu démontrer dans sa thèse de 51 que l’option retenue influait sur le nombre des partis en compétition donc sur la participation ou non participation au scrutin, selon que l’individu lambda se reconnait dans une formation qui défend ses idées ou non.

Deuxième paramètre, la clarté des enjeux. Il s’agit la d’un effet tendanciel du mode de scrutin reconnu, étroitement lié aux circonstances électorales. En clair, le scrutin majoritaire uninominal à 1 tour comme en Angleterre, largement associé au bipartisme selon Duverger, devrait provoquer de plus fortes participations électorales parce qu’il est le plus visible, l’on vote pour ou contre, alors que la représentation proportionnelle engendrant le multipartisme brouille les termes des campagnes

électorales et risque de désorienter l’électeur profane qui peut être encouragé par la a un certain abstentionnisme. Les choses sont moins simples et il a pu arriver que la saillance d’une question majeure a l’occasion d’une consultation électorale transforme en une sorte d’affrontement bipolaire des élections générales à la proportionnelle. Ce fut notamment le cas lors de la question de la paix en Algérie, enjeu des élections de 1956.

Troisieme paramètre, la liberté de choix de l’électeur. La encore, il s’agit d’une variable en relation avec le mode de scrutin. Ainsi dans un système a un seul tour, l’électeur vote utile d’emblée. Lorsqu’il y a deux tours, son choix est un peu plus large puisqu’il peut effectuer un premier choix de préférence avant que ne réapparaisse la logique du vote utile au deuxième tour.

Quatrième paramètre, l’équité de la représentation. Cela signifie que le citoyen est plus enclin à voter quand il a le sentiment que le système électoral est légitime, même s’il se rend pertinemment compte qu’il est source de distorsions +- graves entre le nombre de voix et celui des sièges. Ainsi peut on comprendre par exemple l’adhésion des américains au mécanisme électoral pour la présidentielle alors même que l’élu est minoritaire en voix.

Cinquième paramètre, le sentiment que l’acte de vote est efficace. La question ne se pose pas avec les scrutins majoritaires mais la proportionnelle ne permet de dégager qu’exceptionnellement des majorités de gvmt, aussi, les élections de ce types sont généralement suivies d’alliances parlementaires dont le caractère contre nature peut occasionner pour le futur une désaffectation a l’égard du suffrage universel.

Dernier paramètre, l’on vote d’autant plus volontiers que l’on connait et se reconnait dans els candidats. C’est pourquoi le taux d’abstention est moins fort aux municipales et présidentielles que dans les élections régionales par exemple.

Cela posé, d’autres éléments de nature politique cette fois interviennent qui conditionnent également l’intensité de l’engagement électoral. Il s’agit de l’identification des projets, des programmes et des candidats sur un axe droite-gauche, identification qui est le produit de l’histoire, qui n’est pas très précise mais qui établit les repères par rapport auxquels les électeurs et candidats sont appelés a se situer à chaque consultation électorale. Comme l’écrit Philippe Braud « alors que les implications pratiques des positionnements sur l’échelle demeure floue, le système de connotation émotionnelle reste suffisamment riche pour mobiliser la capacité des individus à se situer ».

B) L'analyse socio- politique du comportement électoral (109)

L'on vote d'autant plus volontiers que l'on est sûr de défendre ses intérêts personnels : Cette thèse exprimée par A. Dawns notamment est controversée par les partisans d'une approche selon laquelle le vote serait déterminé par le sexe, l'âge et le niveau de revenu.Apres avoir vu les incitations à voter, l’analyse savante tente de répondre à présent à la question du déterminisme des votes autrement dit, quelles sont les corrélations possibles entre les comportements électorales et les caractéristiques sociologiques des personnes. Sur ce point, il existe deux types d’approche, chacune ayant ses qualités explicatives et ses faiblesses.

Le premier ouvrage de référence est celui d’Anthony Dawns, intitulé An economic theory of democracy, paru en 1957. Dans la thèse qui est développée apparait le concept d’électeur rationnel ou encore d’électeur stratège ce qui signifie que chaque électeur qui met son bulletin dans l’urne le fait par intérêt personnel pour obtenir du futur élu un gain matériel ou moral, en d’autres termes, chaque électeur chercherait à optimiser sa situation dans chaque contexte électoral, aux partis donc d’adopter leur offre aux demandes. Intérêt de ce modèle explicatif est de rendre compte de deux phénomènes, à savoir l’existence des indécis des débuts de campagne et celle de la volatilité électorale. Sa faiblesse est de tout ramener à un ratio cout avantage qui minimise la part affective et irrationnelle qui sommeille chez tout électeur.

Aussi un deuxième type d’approche, qu’on peut qualifier de déterminisme est susceptible d’enrichir cette première analyse. Il s’agit en l’espèce de mesurer empiriquement l’impact de variables socio-géographiques, socio-démographiques, socio-économiques ou encore socio-culturelle sur les orientations électorales, après que le précurseur de ces travaux, Siegfried, dans son tableau politique

de la FR de l’Ouest ait démontré e 1913 que dans les zones granitiques où l’eau est abondante et donc les habitats dispersés, le poids du passé faisait que l’on votait à droite alors que les sols calcaires favorisaient la confrontation des idées et le vote à gauche. Certes ces conclusions méritent à être nuancées, il n’en reste pas moins qu’ils sont prolongés de nos jours dans les travaux d’Yves Lacoste par exemple, et que d’autres séries d’études ont pu révéler a partir d’enquêtes sur le terrain que la couleur des votes était déterminée aussi par le sexe, l’âge, la fortune ou la religion. Certes, les corrélations entre toutes ces variables ne sont pas toujours très évidentes, mais il est aujourd’hui à peu près démontré que par exemple, l’engagement à droite est majoritaire ans les campagnes, chez les femmes, les personnes âgées et les personnes à revenus confortables.

§ 2. Les autres formes de participationElles sont d'ordre conventionnel ou violent.Elles sont d'ordre, selon que l’intérêt pour la politique se traduit dans des formes conventionnelles, engagement civique, manifs permises ou tolérées ou sous forme de la violence politique.

A) Les formes conventionnelles de participation à la politique (110)

Cela va de l'inscription sur les listes électorales à l'activisme partisan ou syndical et à la participation à des manifestations.La encore une distinction s’impose, selon que la participation a la politique s’inscrit dans des pratiques civiques ou non. S’agissant de l’engagement citoyen, D. Memmi dans sa contribution au traité de science po de Manen Gravitz et Jean Lecas de 1985, a pu énumérer les comportements suivants, à savoir par ordre d’implication croissante « l’inscription sur les listes électorales, la recherche de l’information politique notamment par la lecture de la presse ou l’écoute de la radio, la discussion avec l’entourage, l’adhésion a une organisation traitant un problème collectif (syndicat, association ou groupe d’intérêt), l’adhésion à un parti, l’activisme enfin, au sein d’une organisation associative, syndicale ou partisane ». L’intérêt de cette classification sur des pratiques qui peuvent être très contrastées selon les cultures politiques, très différentes, surtout entre les traditions anglo-saxonnes et latines, c’est qu’elle conduit à se poser trois questions qui, toutes, débouchent sur un même type d’explication. En effet, aux questions « pourquoi une minorité de la population refuse-t-elle toute participation électorale à commencer par l’inscription sur les listes électorales ? Pourquoi lors du vote si peu de monde s’intéresse à la politique, pourquoi enfin dans un contexte général d’apathie quelques uns s’engagent dans la politique ? À toutes ces questions, les enquêtes ont apporté la même réponse univoque, à savoir que la profondeur de l’engagement dépendait toujours de la qualité de l’insertion sociale. Ainsi sur la base des travaux d’Alain Lancelot sur l’abstentionnisme électoral est-il remarquable de constater que ce sont généralement les électeurs très jeunes, femmes au foyer ou les divorcés, les habitants des régions isolées ou des banlieues délaissées ou encore les citoyens immigré récemment qui s’inscrivent peu sur les listes électorales et qui votent moins que la moyenne nationale. En revanche, dans un contexte de forte affirmation individualiste, depuis une 20aine d’année ou des anciennes pratiques sont peu a peu laminées, il semble qu’émerge de nouvelles formes de participation à la chose publique, bien différente de la liste de D. Memmi, parce qu’elle se situe a la marge de la sphère politique.

C’est ainsi qu’Anne Muxel dans son ouvrage les jeunes et la politique, paru en 96, a pu remarquer que cette classe d’age notamment a pu développer une nouvelle manière de peser sur les choix de la société sans nécessairement revendiquer les étiquettes de la politique traditionnelle.

Reste qu’il y a une autre façon de faire de la politique encore, que prise tout particulièrement les catégories dont on vient de parler, mais pas seulement elles, c’est la participation à des manifestations.

Les rassemblements sur la voix publique, spontanées ou organisés, tolérés ou interdits, se déroulent toujours à la marge des canaux institutionnels. Dans un ouvrage intitulé La manifestation, paru en 90, P Favre distingue 3 types de manifs. Il y a celles qui imposent sur la scène politique un enjeu jusque là occulté par les puissances publiques, c’est l’exemple des défilés féministes en faveur de la contraception par exemple, il y a celles qui sont routinières, dont le but, comme les défilés syndicaux le 1er mai de rappeler les revendications non satisfaites, et enfin il y a les manifestations insurrectionnelles comme le 06/02/1934 ou le 30/05/68 en FR, qui ne sont plus spécifiques à certains

groupes sociaux mais qui concerne le maintien ou la chute des pouvoirs publics dans leur ensemble. Dans ce dernier cas on déborde de l’expression d’attente collective représentée sous la forme de participation à la politique reconnue, et l’on considère l’engagement politique sous l’angle de la violence politique.

B) La violence politique (111)

Réputée illégitime, c'est généralement l'expression d'un ensemble de frustrations individuelles impossibles à satisfaire autrement.Il s’agit, par la rébellion, attentats, lutte armée, d’un moyen d’accéder à l’existence politique en s’imposant comme interlocuteur aux différents acteurs du jeu institutionnel. Philippe Braud, qui donne comme exemple la lutte armée contre l’Apartheid en Afrique du Sud ou les combats de l’ETA basque ou de l’IRA irlandaise, remarque justement à ce propose que « la violence revêt souvent le visage d’une protestation, justifiée ou non contre l’exclusion ou la marginalisation sur la scène institutionnelle ». Cela dit, s’il n’est pas facile de définir la violence politique sauf a dire qu’elle résulte du potentiel de violence sociale qui l’alimente, et que cette dernière, selon les travaux de Ted Gurr seraient l’expression d’un ensemble de frustrations individuelles impossible à satisfaire, la violence politique a au moins comme caractéristique commune d’être réputée illégitime, encore que la question de légitimité dans un contexte trouble est généralement elle-même sujette a caution dans la mesure ou elle devient rapidement un enjeu politique majeur. Ainsi, la violence contre l’état, qui a pu être inscrite dans certaines constitutions comme en 1893 en FR qui préconisait le droit de résistance à l’oppression, cette violence donne volontiers comme excuse absolutoire le devoir de lutter contre l’asservissement. Les pouvoirs publics quant à eux qui pratiquent la violence d’état pour réprimer cette forme musclée de participation politique, justifie de leur coté l’emploi de la coercition de museler les provocations et de défendre l’ordre public, cad les institutions en place.

Enregistrement n° 9CHAPITRE II DU TITRE II : LES PARTIS POLITIQUESLeur étude nécessite l'examen de leur constitution et de leurs actions communes sous leurs différentes formes, puis celui de leurs agencements respectifs selon les Etats.Pouvoir politique = résultante des forces politiques qui s’exercent sur l’appareil d’état (= extériorisation politique de forces sociales +- organisées et de forces individuelles en quête d’avantages matériels, moraux ou encore poussés par l’appétit de puissance). Forces politiques sont diffuses et nombreuses et parfois difficile de les distinguer des comportements politiques des individus ou des groupes.

Prof Georges Burdeau avance 3 critères pour classer ces forces :

- les forces individuelles // les forces collectives, les unes exprimant l’action d’un leader charismatique, les autres celle d’un ensemble organisé (syndicat, classe,…)

- les forces spontanées, qui surgissent dans tout groupe social pour satisfaire un besoin élémentaire de sécurité ou encore pour exprimer une solidarité, // les forces conscientes rationalisent les pulsions d’un groupe pour leur proposer une idéologie et un but logique à atteindre.

- les forces diffuses (forces qui traduisent un inconscient collectif à la différence des forces spontanées) qui manquent de structure cohérente pour entrer dans un cadre déterminé. Par exemple = opinion publique dont les effets politiques sont évidents mais qui sont généralement difficiles à cerner // forces organisées, se présentant dans un cadre déterminé à priori, sont facilement isolable et susceptible d’étude en profondeur avec les méthodes propres aux sciences sociales (= partis politiques et les groupes de pression).

Remarque préliminaire : nous ne traiterons pas les acteurs individuels de l’univers politique, en effet l’exercice du pouvoir par les dirigeants politiques en tant que catégorie sociale spécifique a déjà été abordé de la même façon que le rôle des intellectuels influant sur la chose publique dans le cadre des théories élitistes. Quant aux militants engagés, ils seront définis et analysés avec le phénomène partisan. Le cas de l’électeur, qui est à sa manière un acteur lors de chaque consultation électorale, a également déjà été examiné.

Pourquoi fait-on de la politique ?

Problèmes de psychologies et de volonté individuelle, c’est aussi pour le politiste le résultat d’une certaine disposition sociale. → milieu familial joue un rôle non négligeable dans l’accès au premier mandat politique. Il y a ainsi de véritables dynasties d’élus et par ailleurs, il parait évident que des couches sociales plus que d’autres sont des terrains favorables à la promotion de la politique. Il en est notamment des enseignants, des cadres moyens et certaines professions libérales où il arrive souvent que la réussite professionnelle fasse naitre l’opportunité ou le désir d’entamer une seconde carrière. A l’inverse, les agriculteurs, salariés et cadres supérieurs du privé paraissent moins sensibles.

Autres facteurs : activité sociale ou professionnelle d’origine, selon qu’elle permet de disposer de temps, de relations, d’argent, offre des opportunités +- larges. Enfin, l’engagement sera d’autant plus intense que l’attrait d’un poste gratifiant d’une notoriété suffisante est susceptible de compenser et au-delà les déceptions d’un métier aléatoire où il n’y a pas de plan de carrière.

Qui fait de la politique, dans quel milieu se recrute le personnel politique ?

Parlement apparait comme un champ clos où s’ajustent, par la négociation et le compromis, des logiques différentes voire contradictoires entre élus représentant les groupes sociaux, idéologiques, religieux ou autre qui les ont respectivement portés au pouvoir. Peut poser un problème majeur de

légitimité du régime politique considéré, notamment dans les périodes de crise, lorsque l’on peut constater des surreprésentations de certaines catégories sociales, corrélatives de sous représentations symétriques.

Par exemple, évident que dans des systèmes de dictature du prolétariat, faut dirigeants ayant l’air d’être issus de la classe populaire, de la paysannerie ou des intellectuels liés au prolétariat, alors qu’au contraire, dans les régimes pluralistes, la sous-représentation massive de certaines catégories de population comme les petits salariés ou les femmes, et c’étaient notamment le cas en France pour cette dernière catégorie jusqu’à la loi sur la parité du 6 juin 2000, cette sous-représentation crée donc un malaise qui ressort régulièrement dans le débat politique.

On pourrait affiner l’analyse en remarquant que dans l’histoire récente du parlementarisme, que certaines catégories sociales sont surreprésentées suivant les époques. Ainsi suivant l’aristocratie patricienne, c’était avec la généralisation du suffrage universel les professions libérales et les professeurs. Et c’est depuis quelques années la haute fonction publique, tout du moins en FR, qui parait être la classe ou le groupe le plus représenté au parlement.

Section 1 : Le phénomène partisan (113)Partis politiques ont pratiquement toujours existés. Clientèles de grandes familles sous la Grèce antique, sous l’ancienne Rome = grandes classes sociales, les plébéiens et le patriciens. Dans la première moitié du 19eme siècle, partis = plutôt idéologies que les hommes qu’ils représentaient. C’est avec la disparition de l’absolutisme et le développement des institutions parlementaires qu’apparaissent vraiment les partis politiques modernes. Dc nés en Angleterre où le parlementarisme a pris son essor.

Historiquement, la révolution de 1688 dans ce pays installe un parlement qui gouverne, dans lequel les représentants élus par les landlords se constituent en 2 factions, les Tories qui défendent l’aristocratie foncière et les Whigs qui défendent la bourgeoisie d’affaire. Le Reform Act de 1832 favorise leur structuration avec l’accroissement du nombre des électeurs, puis le Representation of the People Act de 1867, permet aux masses urbaines d’accéder à l’électorat et l’établissement du suffrage des femmes en 1918.

Aux US c’est à l’époque de Jackson en 1830 que l’organisation des partis se développe jusqu'à la création de puissantes bases locales appuyées sur le soutien populaire. En Allemagne, il faudra attendre 1848 pour que les libéraux se regroupent autour d’un programme cohérent après la dislocation de l’absolutisme de la sainte alliance. Par la suite, le congrès du gotha en 1875 donnera le jour au premier PS européen. Au japon, premier pays d’Asie à importer les organisations occidentales, les partis apparaissent avec l’ère Meiji en 1867. En FR, le schéma général du dvpt des partis (analogue à l’origine électorale et parlementaire des autres pays EU), a acquis rapidement une originalité particulière : au départ le fond commun de tous les partis politiques en EU est l’expression du grand conflit du 19eme, opposant les conservateurs représentant l’aristocratie foncière aux libéraux, porte-paroles de la bourgeoisie manufacturière, commerçante et intellectuelle des ville. Dans ce premier clivage, on voit la paysannerie servir généralement de classe de soutien à l’aristocratie.

Puis prolétariat ouvrier entraine la création d’un troisième type de parti : le PS, idéologie forte, fait éclater les groupes libéraux dans une substitution du conflit capitaliste/socialiste à l’ancienne opposition conservateur/libéraux. Puis, après la première guerre, trois nouveaux mouvements : communisme (1917, provoque schisme au sein des PS orthodoxes), fascistes et démocratie chrétienne, groupe charnière, au demeurant assez hétérogène.

Alors que dans certains pays comme la GB, sous l’influence du système majoritaire à un tour, l’apparition de partis nouveaux entrainait la disparition de partis anciens, lorsque l’implantation était réussie, en FR, le mouvement de multiplication des partis a été amplifié par le mode de scrutin mais aussi par l’instabilité des institutions par la superposition d’oppositions inconciliables sur la nature même du régime politique. Pour René Raimond, la droite FR actuelle serait formée par la superposition de la droite dite ultra de 1814, la droite orléaniste de 1830 et la droite bonapartiste de 1851. Vision mérite d’être nuancée, mais 2 points majeurs : la tradition autoritaire antirépublicaine, monarchiste voire dictatoriale d’une part et le mouvement libéral d’autre part.

De la même manière, il y a 4 gauches : libérale, socialiste, communiste et chrétienne. Ce à quoi on peut ajouter l’ultragauche représentée actuellement par de petits partis comme Lutte Ouvrière, ou Ligue Communiste Révolutionnaire.

Dans les pays du tiers monde, l’origine des partis est généralement extérieure au cadre parlementaire : les partis politiques y voient le jour dans une sorte de vide institutionnel, quand ils ne précèdent pas la naissance de l’état lui-même.

§ 1. Notions générales sur les partis politiquesA) La définition du parti politique :

LaPalombara et Weiner 1966, political parties and political development : un parti politique est une organisation durable, tant locale que nationale, en quête d'un soutien populaire, et dont les dirigeants s'efforcent de conquérir ou de conserver le pouvoir.

- organisation durable = ’espérance de vie est supérieure à leur dirigeant en place. Donc différencie le parti politique de l’action d’un individu qui disparait avec lui.

- organisation locale, bien établie, apparemment durable, entretenant des rapports particuliers variés à l’échelon national. Ce critère permet de distinguer le parti du club politique et de la société de penser

- Volonté délibérée de prendre et d’exercer le pouvoir des dirigeants nationaux et locaux de l’organisation, seul ou avec d’autre et de non pas simplement influencer le pouvoir = élément essentiel qui sépare le parti politique de groupe de pression.

- Soucis de rechercher un soutien populaire à travers les élections ou de toute autre manière.

En fonction de ces 4 critères, on peut dire que le parti politique est une organisation à la fois nationale et locale, visant à exercer le pouvoir avec le soutien de tout le peuple ou une partie de celui-ci.

B) La structure des partis politiques (115)

Membres des partis politiques.

Pour qu’un parti existe, il doit bénéficier de sympathie et d’un certain support dans l’opinion. Faut qu’il puisse s’appuyer sur un certain nombre de citoyens, et qu’un groupe d’entre eux participe activement à son fonctionnement à un niveau d’engagement plus intense.

1er cercle : les électeurs, et parmi eux, suivant un degré de motivation croissante, les sympathisants et les militants. Chiffrer le nombre d’électeurs est délicat parce que les enjeux politiques différent lors de chaque consultation. Statistiquement, chaque parti retrouve à chaque élection, sauf cas exceptionnel, le même comptum de voix. Spécialistes font généralement apparaitre des corrélations entre les caractéristiques d’un parti (comme son idéologie) et les caractéristiques des personnes qui votent sur une période relativement longue. → PC trouve son soutien régulier dans la classe ouvrière, personnes à petits ou moyens revenus = vivier des gauches. A nuancer, par ex FN = premier parti ouvrier de FR aux présidentielles de 1995, le deuxième aux législatives de mai-juin 97 juste après le PS avec 24% d’origine ouvrière.

Il est non moins évident par ailleurs que ce qui détermine l’avancée ou le recul d’un parti est due aux votes flottants des quelques 1 à 2 % d’indécis, plus parfois, qui, et le cas britannique est flagrant à cet égard, provoque les changements de majorité au grès de la conjoncture.

2ème cercle : adhérents, plus restreint, plus facile à déterminer puisque paie une cotisation et en retour reçoit une carte d’affiliation, sa qualité juridique suffit à l’identifier et le comptabiliser. Depuis 2006, on peut adhérer par internet aux grands partis FR, il en coutera ainsi par exemple de 20€ au PS, 25€ à l’UMP. En réalité, les choses sont bien plus compliquées, car par soucis de prestige ou pour dissimuler une perte d’influence, les formations politiques ont tendance à surévaluer leur troupe pour prouver leur haut degré de popularité.

Un petit nombre de ces adhérents, les militants, s’activent bénévolement pour le parti, et un plus petit nombre encore, les « permanents » confondent leur vie professionnelle avec celle du parti. Au somment de l’appareil de chaque parti, se trouve le cénacle des dirigeants (Roberto Michels 1971,

démontre qu’il s’agissait généralement d’une oligarchie cooptée et cela même dans les partis qui se revendiquent démocratiques). L’élection n’y ratifie en effet les tractations entre barons ou hiérarques qu’à la manière d’une manifestation rituelle. Note pays en donne aujourd’hui de multiples exemples à droite comme à gauche, tant pour l’élection des présidents que pour celle des secrétaires généraux. Le plus symptomatique peut être étant celui du PCF où s’est longtemps imposé la tradition que le nouveau secrétaire général était le secrétaire particulier de l’ancien.

Parmi les dirigeants, les élus du parti ont une place +- privilégiée.

Armature des partis

Eléments locaux tout d’abord.

Suivant les cas, la structure partisane repose sur 4 types de regroupements.

- Les comités : groupe peu nombreux 10-15 personnes, choisis parmi les notables du lieu en raison de leur influence. Comité local est permanent mais manifeste essentiellement son activité dans les périodes électorales pour retomber en sommeil le reste du temps.

- Les cellules : invention que le PC soviétique a imposé à tous les PC à partir de la 3 ème

internationale. = centre d’encadrement et d’éducation politique des adhérents. moyenne de 15-30 membres au PCF, fondée principalement sur leur lieu de travail, l’atelier ou l’usine, là où il est possible de faire des réunions fréquentes. Mais aussi cellules géographiques dans le but de la solidarité aux personnes qui travaillent individuellement. Dans les deux cas de figure, le responsable de cellule, ou « secrétaire », doté de pouvoirs disciplinaires sur une organisation très hiérarchisée voit sa désignation faire l’objet de toutes les attentions par les responsables de haut niveau du parti.

- La section, répondait à deux besoins: éveiller la conscience politique des masses et réunir suffisamment de subventions pour faire vivre le parti, ce qui explique, que reste la base de la structure des partis de gauche, spécialement du PS ou elles sont regroupées en fédérations et en unions régionales.

- Retrouvé dans les partis fascistes et dans les pays du tiers monde : la milice, groupe restreint d’encadrement autant idéologique que militaire.

Cela dit, l’organisation des partis est généralement une pyramide relativement complexe qui, de la base vers le sommet comprend 3-4 niveaux hiérarchiques :

- l’organe local, au niveau de la ville/canton, - l’organe régional, en fait au niveau du département, - direction nationale.

Le PCF, plus centralisé que les autres formations connait quant à lui 4 degrés de regroupement hiérarchiques : la cellule, la section, la fédération départementale et les organes centraux. Il importe, à propos du PC même s’il est en pleine évolution actuellement, d’indiquer que pour favoriser le centralisme et le contrôle du sommet sur la base, deux organes de même niveau hiérarchiques ne peuvent en principe établir de rapports directs horizontaux entre eux, et doivent passer de l’échelon supérieur.

Agencement des organes centraux eux même : - organe plénier, souverain, (= congrès à l’UMP, PS ou PCF, dans ses statuts de 2001, ou

Assemblée générale ou Conférence générale), est un mécanisme nombreux et lourd, qui ne se réunit par conséquent que rarement, en règle générale tous les 3 ans pour le PC par exemple sauf exception, et c’est lui qui fixe les orientations idéologiques et politiques du parti.

- organe restreint, le comité ou le conseil que l’on peut qualifier de directeur, national ou central, assure l’admin et direction du parti ainsi que le contrôle des militants, élus, presse de la formation. Généralement il délègue ses pouvoirs à son tour à un bureau dit bureau politique dans le RPR et le RPC ou bureau exécutif au PS, issu en toute ou partie de ses rangs. Au PS, dans ses statuts de 2003, une convention nationale se réunie 2 fois par an sur un thème fixé par le conseil national, ce dernier assure la direction du parti entre deux congrès.

- secrétariat ou de bureau national (PS, UMP), organe administratif ou politique. C’est la formation emblématique du parti dont le premier secrétaire ou secrétaire général en apparait généralement comme chef charismatique à moins qu’il ne partage ses compétences avec le chef du parti, comme c’est le cas actuellement à l’UMP par exemple.

§ 2. Les fonctions des partis politiquesFrank Sorauf (sociologue), un parti remplit 3 fonctions ; fonction électorale, contrôle et orientation des organes politiques et la fonction de définition et d’expression de la position politique.

Dawns (politologue) = stratégie politique : le groupe au pouvoir vise à s’y maintenir tandis que le parti d’opposition aspire à y accéder.

Almond et Powell 1966 Comparative politics : mettre l’action sur le caractère multifonctionnel des partis politiques modernes et sur leur rôle agrégatif (contribution au maintien et à l’adaptation du système politique dans lesquels ils sont immergés). Approche appliquée au PCF par Laveau, 1948.

L’analyse empirique permet de distinguer, dans un régime représentatif, une action des partis en direction des gouvernants d’une part et de l’opinion d’autre part.

A) La fonction des partis à l'égard des gouvernants (116)

Les partis politiques participent au choix des gouvernants ; par ailleurs ils encadrent et, dans une certaine mesure, contrôlent les élus.

La sélection des candidats

Rôle des partis dans le recrutement politique des personnes proposées aux électeurs inclus dans des constitutions (FR : art 4, 1958 ; république fédérale allemande article 21). Théoriquement, tout citoyen peut briguer les suffrages des électeurs, mais succès dépendant du soutien de formation politique (entre autres parce que la campagne électorale coûte cher). La désignation des candidats au poste de commandes de l'État se fait en deux temps.

1) le parti sélectionne ses poulains parmi le personnel politique voire dans la société civile, à moins, bien entendu qu'il ne soit choisi comme supports de campagne par une personnalité déjà reconnue.

2) le parti participe à l'élection proprement dite : collage des affiches, distribution des programmes, surveillance des bureaux de vote etc. en cherchant autant à faire élire ses candidats qu’à développer son image de marque.

L’encadrement des élus

1) Liens parti-représentants

Les parlementaires sont censés représenter le peuple tout entier mais reste tributaire de leur formation. C'est le parti qui assure leur logistique, parfois contre la rétro-session des indemnités parlementaires (comme au PCF) et les partis rigides (cf partis britanniques) contrairement aux partis dits souples américains par exemple, exigent de leurs représentants une stricte discipline de vote.

2) fonction d’opposition.

Fonction gouvernementale et fonction d'opposition (organisée = démocraties occidentales ou inorganisées = dictatures de parti unique). Systèmes multi-partisans : l'opposition partisane est un véritable contre-pouvoir qui atténue la toute-puissance des autorités en place (même institutionnalisé en GB avec le Shadow Cabinet). Régimes pluralistes multi-partisans : + diffuse, opposition extérieure aux partis en place, + mouvements de contestation à l'intérieur même du courant majoritaire (Parlement français législatives de 1993 à celles de juin 1997).

B) La fonction des partis dans la formation et la représentation de l'opinion (117)

Ils ont une fonction programmatique et une fonction de structuration du vote dans les démocraties libérales.

C'est grâce aux partis politiques qu'une opinion publique se dégage de la masse des opinions privées et que, synthétisée de la sorte, une représentation politique structurée est rendue possible. Objectif majeur des partis = susciter l'émergence d'une majorité électorale en leur faveur donc informer et former les citoyens. Mais déformation de l'opinion générale évidente, et faut distinguer opinion brute de l’élaborée (gràce à la propagande partisane, système des partis et régime électoral (Maurice Duverger)

→ parti communiste = 37 sièges en 97 avec 3,76 % des suffrages exprimés aux élections législatives→ FN = 1 siège avec 5,60 %

Donc mode de scrutin conditionne l’expression électorale de l'opinion aussi largement que le programme des partis. + les divisions de l'opinion sont généralement moins dues à des séparations naturelles entre les citoyens qu'à leur cristallisation en grande tendance, déterminées elles-mêmes par le nombre des partis en compétition et que l'amplitude des oppositions dépend aussi de ce nombre. → partis dans un régime bipartisan, sont très modérés et semblables. En revanche, dans un système de partis multiples et indépendants, il n'y a plus cette course au centre caractéristique du bipartisme. Les rivalités entre partis voisins, au contraire, contribuent à une exématisation de l'opinion et on pourrait concevoir comme dans la France d'avant 1951, que le jeu politique des partis est complètement déconnecté de la volonté nationale du seul fait des alliances parlementaires sans que le corps électoral n’intervienne.

Pays en voie de développement : les partis sont omni fonctionnels. Membres contrôlent le gouvernement + l'administration, la justice, l’armée, l’éducation etc. Peut s’expliquer par le fait que, partis d'opposition au système colonial, il constituait dès avant l'indépendance de véritables états parallèles à eux seuls.

§ 3. Les types de partisA) Les typologies classiques (118)

Après les classifications de Neumann et de Blondel, une attention plus particulière est réservée à la typologie de Maurice Duverger qui distingue les partis de cadres et les partis de masses.

Sigmon Newman, 1956, Modern Political Partys traduit l'opposition entre pensée et action par la distinction entre parti d'idéologie et parti pragmatique, et l'opposition entre les intérêts individuels et les contraintes de la vie en société par le heurt entre les partis de représentations individuelles et les partis d'intégration.

Jean Blondel, 1969, introduction to comparative politics, plus synthétique et englobe les cultures politiques du tiers-monde. Distingue les partis de clientèles ou tribaux, les partis ethniques comme on peut en trouver aux Etats-Unis, les partis religieux et les partis de classe.

Maurice Duverger les partis politiques : opérationnelle même si aujourd'hui contestée, notamment sur le plan théorique par l'apparition de nouveaux types de partis. Base = différences de structures qui peuvent opposer les formations politiques, → différenciation fondamentale entre partis de cadres et les partis de masse. Il donne une traduction en terme politique de la distinction droite gauche en fait et des diverses conceptions de la notion d'adhésion partisane, l'ensemble étant étroitement mêlé.

- parti de cadre, = groupements de notables, tôt apparus sur la scène politique, peu nombreux et plutôt centriste ou de droite (comme centre national des indépendants ou du parti radical de 1901). Faiblement organisée et très décentralisée en comités électoraux locaux, ni adhésion, ni carte de parti, ni recrutement organisé.

- partis de masse, nés avec le suffrage universel dans l'orbite socialiste. représente un modèle d'organisation très structuré, oligarchique et rigide, (les élus au Parlement sont par principe subordonnés aux dirigeants intérieurs). Idéologie y tient une place primordiale et un recrutement massif est une nécessité dans la mesure où il permet un apport de cotisations indispensable à la survie du groupement. Socialistes mais aussi communistes et fascistes ont adopté ce modèle.

B) La "crise" des partis et la nouvelle typologie (119)

Aujourd'hui, les choses sont remises en question. Pays développés : déclin des partis politiques classiques, suit une certaine crise de confiance dans tous les régimes parlementaires. Caractéristique des sociétés surdéveloppées, se traduit pour les formations politiques par deux révélateurs : la professionnalisation de la vie politique et l'électoralisme. Conséquence : l'émergence d'un nouveau type de partis.

Crise des partis.

Se manifeste principalement à cause de l'hyper gonflement des tâches de l'État moderne, lesquelles dépassent singulièrement ses moyens. Opposition attaque le gouvernement mais fait à peu près la même politique qd arrive au pouvoir. Se développe alors une faune spéciale regroupant les leaders des partis (vivent de la politique, se sont créé des intérêts propres et qui se coupent de ceux de leurs électeurs). Objectif et moyens se confondent alors et tendance à faire passer les grandes manœuvres électorales avant même toute fidélité à une idéologie claire. Conséquence: tous les partis se transforment et adaptent leur organisation et leur stratégie pour conquérir le maximum d'électeurs et se procurer le pouvoir.

La typologie classique des parties que nous venons d’examiner, perd donc sa pertinence. A l'heure actuelle, les grands partis occidentaux (exemple France : UMP et PS), tendent revêtir une même structure et à développer des idéologies consensuelles par-delà les clivages gauche droite et les intérêts de classe tout en s'attachant à la promotion médiatique de leur leader.

En ce sens par exemple, réformation en 2006 des statuts de l’UMP : candidat désigné par les adhérents, plus seulement par les instances partisanes.

Section 2 : Les types de systèmes de partis – Systèmes compétitifs et systèmes non compétitifsChaque type de relations inter- partisanes exerce une influence particulière sur la structure et le fonctionnement même du régime politique dans lequel il est immergé.Existe divers types de relations inter partisanes (ou système de parti), dans lesquelles entre en compte le nombre des groupements, leurs dimensions respectives, leurs alliances et leurs stratégies.

A cet égard, à l'ancienne typologie ternaire, parti unique, bipartisme, multipartisme, il est préférable d'opposer les systèmes à parti unique ou toute compétition politique est proscrite au système compétitif bi partisan ou multi partisan tout en ôtant l’existence d’un modèle à parti dominant, sorte de tête de pont entre les systèmes à parti unique et les systèmes pluralistes.

§ 1. Les systèmes non compétitifs ou mono- partisans (120)Parti unique = régimes dictatoriaux et les systèmes totalitaires. Monopartisme suppose 1 seul parti bénéficie du monopole de leur représentation nationale même avec petites formations associées (Chine populaire aujourd’hui).

A) Les caractères du régime mono- partisan :

Cette configuration partisane concerne essentiellement les états communistes, ou ce qu’il en reste, les états fascistes et les pays en voie de développement. Dans ces trois cas de figure, il y a une symbiose très étroite entre les institutions (organes prévus par la constitution) et le parti. + être membre d'un parti unique signifie de grandes responsabilités et grands avantages car seuls les membres du parti ont la possibilité d'avoir une activité politique et d'accéder à des postes de responsabilité. Mais discipline très stricte et exclusion du parti a de graves conséquences tant professionnelles que sociales.

B) Les facteurs du monopartisme :

De fortes tensions sociales semblent être à la base des systèmes mono partisans.

Exemples allemands ou staliniens de l'entre-deux-guerres, de l'Espagne de Franco ou du Portugal de Selazar, de la Turquie d’état turc ou encore de l'URSS avant naturellement 1991.

C) Variante du parti unique, le parti dominant (121)

Dans ce type de régime, aucun parti ne bénéficie d'un monopole de droit. Toutes les formations ont la possibilité de briguer les suffrages, mais une seule d'entre importante, excluant en pratique toutes les autres du jeu politique et se comporte comme un parti unique allant même jusqu'à s'identifier à l'ensemble de la nation. Maurice Duverger qui a découvert ce type de parti en 1951, prenait comme référence le parti du congrès indien mais également le parti radical français de la IIIe République ou encore les partis sociaux-démocrates scandinaves.

§ 2. Les systèmes compétitifsPour un accès compréhensible du phénomène, il est impératif d'isoler le bipartisme du multipartisme.Différencie les manières de fonctionner des institutions démocratiques (mais attention : formation d'alliances stables rapproche le multipartisme du système bi partisan alors que l’absence de discipline de vote au Parlement fait que le bipartisme ressemble parfois par certains côtés au système multi partisan).

A) Les systèmes multi-partisans (122)

C'est une caractéristique plutôt latine et africaine. Pour en avoir un aperçu, il faut recenser les facteurs du multipartisme et ses effets.1992 : 16 formations politiques ont obtenu des sièges au parlement italien, 9 aux législatives françaises de juin 1997 et sur le continent africain, le Togo connaissait fin 1992, 67 formations partisanes.

Comment nait le multipartisme ? Quels sont ses effets ?

Les facteurs de multipartisme.

Facteurs sociaux, économiques, idéologiques et religieux : les clivages partisans sont liés aux antagonismes sociaux pour une grande part. Au XIXe siècle, l'opposition binaire conservateurs-libéraux a pu regrouper l'aristocratie foncière et la bourgeoisie industrielle et commerçante, mais avec l'évolution sociale, ce clivage s’est compliqué par l'arrivée de nouvelles formations politiques.Les facteurs idéologiques et religieux : idéologies marxistes, léninistes et fascistes par exemple qui ont engendré des groupes aux deux extrêmes de l'échiquier politique. Sensibilité écologiste ou encore l’antagonisme entre protestant et catholique a pu être à l'origine de la création de partis

Facteurs nationaux. Il suffit de remarquer à cet égard que l'existence de parti paysan en Scandinavie, celle des partis nationalistes comme Ibar Etarac en Espagne ou Sean fine en Ulster et celle des partis ethniques qui fleurissent aux Etats-Unis, traduisent des clivages particuliers nés dans un certain nombre de pays de circonstances historiques qui leur sont propres.

Facteur technique : le régime électoral. Influence des régimes électoraux sur les systèmes de partis avec la loi sociologique (= scrutin majoritaire à un seul tour tend au bipartisme, la représentation proportionnelle tendrait au multipartisme et le scrutin majoritaire à deux tours tendrait à un multipartisme tempéré par des alliances). Beaucoup discuté.

Effets du multipartisme

Le problème = savoir si tel système permet d'atteindre l'idéal démocratique et l'efficacité du gouvernement. Multipartisme pur présente des inconvénients : l’électeur trouve sa nuance politique la plus proche lors du vote, mais soumis par la suite aux combinaisons et alliances parlementaires. Ainsi, le multipartisme intégral conduit-il, souvent, non à la démocratie directe, mais à ce que l'on pourrait appeler une démocratie médiatisée. + en général absence de majorité parlementaire stable et cohérente par nature, donc instabilité gouvernementale chronique préjudiciable aux intérêts nationaux à moyen

et long terme. Pour pallier ces inconvénients la plupart des pays à scrutin proportionnel tempèrent d'un correctif majoritaire (exemple de la république fédérale allemande).

B) Les systèmes bipartisans (123)

Le bipartisme parfait, apanage des pays anglo-saxons, s'oppose au bipartisme imparfait où un troisième parti plus petit, fait contrepoids aux deux principales forces antagonistes du pays. Par ailleurs, pour être exhaustif sur la question, il faut distinguer les partis "souples" et les partis "rigides".Effets du bipartisme sont bien connus : le système a l'avantage de dé-médiatiser les options fondamentales des électeurs (le gouvernement sort directement des urnes et non des combinaisons) et le bipartisme garantit la stabilité gouvernementale. Encore ces effets varient-ils suivant la nature du bipartisme et on peut faire deux distinctions : d'abord, le système peut être dit parfait ou imparfait selon que deux seuls partis s’opposent ou que d'autres plus marginaux briguent également les suffrages. A cet égard, on peut dire qu'en réalité, tous les régimes bi partisans sont imparfaits mais alors, que, dans le bipartisme parfait il y a deux grands partis qui totalisent grosso modo 90% des voix, dans le bipartisme imparfait, le succès électoral des deux partis de tête est 75 à 80 % des voix donc majorité électorale ne peut s’établir que grâce à l'alliance qu'elle passe avec un troisième parti marginal. En second lieu, selon que les partis pratiquent la discipline de vote de leurs élus comme en Grande-Bretagne dans un bipartisme dit rigide ou au contraire ne l’impose pas comme dans le système souple américain, les effets politiques du bipartisme sont plus ou moins conséquents et peuvent en arriver à être aussi pernicieux, en fait, que les inconvénients du multipartisme.

Enregistrement n° 10CHAPITRE III DU TITRE III : GROUPES DE PRESSION ET SYNDICATS (124) « Groupes de pressions » = profession qui entend exercer une certaine influence sur les décideurs politiques, soit pour obtenir des avantages particuliers, soit simplement pour faire avancer les dossiers.

partis politiques = exercer le pouvoir, groupes de pressions = fins autres que politiques (mais s’occupent de politique pour atteindre ces fins)

Identification délicate cause caractère accessoire de leur activité politique + agissent de manière occulte (surtout en FR). + Beaucoup de groupes de pression n’ont pas de structures juridiques et agissent de manière informelle = Difficultés encore qui entravent la dénomination et le recensement

Section 1 : Le phénomène des groupes de pression (125)1908 dans The Process of gouvernment, the study of social pressures Arthur Bentley analysait le processus politique comme la résultante des interactions de groupe.

En France, Jean Meynaud, 1962, Nouvelles études sur les groupes de pressions en France, groupes de pressions = réunion de trois données:

- Un réseau de relations se développant selon un modèle reconnu ou encore la survenance d'une stabilisation des rapports entre les membres.

- Un sentiment d'appartenance donnant aux adhérents l'impression de former une collectivité vis-à-vis de ceux qui restent à l’extérieur.

- Une communauté de dessein représentant normalement le point de stabilisation.

§ 1. La notion de groupe de pression(Harraps :) l'organisation visée est un groupe organisé, il défend des intérêts propres et il pratique l'exercice d'une pression.

A) Existence d'un groupe organisé (126)

Faut un certain niveau d'organisation structurée, d'autonomie, de spécialisation et d'engagement politique. → Manifestation est éphémère, donc pas groupe de pression. Mais programmée par un groupe de pression, = moyen de pression. (Jean-Marie Denquin, 1992)

Almond et Powell Comparatives Politics   : A developmental Approach : conception plus large, discernent 4 types de groupes d'intérêts selon leur degré d'organisation [groupes anomiques, formation fugace, groupes d'intérêts non associatifs (absence de continuité et de véritable structure), groupes institutionnels à savoir les parties, les admirations ou les églises, groupes d'intérêts associatifs (syndicats, les groupements civiques ou les associations ethniques et religieuses)]

Pour être efficaces, les groupes de pressions doivent en principe faire preuve d’un degré de spécialisation et d'organisation minimum.

+ faut un caractère partisan. cad pas neutres ou indifférentes vis-à-vis de leurs activités de pressions (dc les agences de publicité ou les officines de propagandes, qui ne font que vendre un certain savoir-faire à n'importe quelle tendance politique, sans en épouser pour autant les convictions sont pas groupes de pression, comme certains journaux ou organes d'information qui suivent l'opinion publique plutôt qu’ils ne la façonnent (Jean Marie Denquin).

+ doivent être autonomes, (dc organes d'information qui relèvent soit des partis politiques, soit des groupes de pressions constitués sont pas gpes de pression).

B) La défense d'intérêts (127)

Ces intérêts peuvent être plutôt matériels ou au contraire, plutôt idéologiques.Jean Maynaud 1960 les groupes de pressions  :

- Organisations professionnelles   : cherchent avantages matériels pour les adhérents ou protection de situations acquises pour accroitre le bien être de la catégorie représentée.

- groupements à vocation idéologique  : défense d'esprit désintéressés de position spirituelle ou morale dans la promotion de cause ou l'affirmation de thèse

Distinction fondée sur le diptyque action désintéressés-actions intéressées, mais actions désintéressées nécessitent aussi, pour réussir, des ressources matérielles. Mais permet ici d’isoler l’étude des syndicats pq emblématiques de la défense d'intérêts matériels.

C) L'existence d'une pression (128)

Tout groupement d'intérêts est virtuellement un groupe de pression, même s'il n'en constitue pas un par nature.

Tout groupe humain possède des intérêts. Et tout groupe peut être conduit à l'occasion à pénétrer l'univers politique d'une façon plus ou moins profonde, plus ou moins habituelle pour protéger ou étendre ses droits, voire pour obtenir des passe-droits.

§ 2. Les typologies des groupes de pressionTrois classements arbitraires ont été retenus, en fonction de

- statut privé ou public, - structure (on distinguera groupes de cadres et groupes de masse) - but (d'ordre idéologique et moral ou d'ordre matériel)

A) Première classification : Groupes privés et groupes publics (129)

Grande majorité = groupes privés défendant des intérêts privés.

Et groupes d'intérêts publics ? Dans les administrations, les corps de fonctionnaires, au Parlement ou au gouvernement [théorie juridique = finalité exclusive intérêt général].

Science politique reconnaît l'existence de groupes d'intérêts institutionnels au public que ce soit dans les organisations civiles de l'État ou dans ses rouages militaires.

Dans les administrations civiles : les collectivités locales en France possèdent depuis les lois de décentralisation de 1982-1983 un intérêt propre et le fait valoir. Aussi parlementaires qd votent leurs propres indemnités de fonction ... Ensemble de la fonction publique : certains corps, comme l'inspection des finances ou les hauts fonctionnaires issus des mêmes grandes écoles, développent de véritables féodalités quand, par ailleurs, les syndicats autonomes et confédérés de fonctionnaires se comportent de la même manière que les groupes d'intérêts privés.

En ce qui concerne l’armée, malgré le principe théorique de la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil, les occasions de pressions sont également patentes, que ce soit en période de paix sociale ou lorsqu'il y a tension ou conflit.

→ Influence des militaires dans la nation : - chaque niveau de la hiérarchie (sous-officier, officier…) peut être amené à défendre sa

spécificité et les avantages qui s'y attachent + chacun des corps (sol air mer) peut disputer aux autres des crédits et des avantages.

- toujours en période de calme social, l'armée est une force de pression en soi : en direction du pouvoir judiciaire, circonstances de l'affaire Dreyfus ou encore le procès de Ryon orchestré en 1942 contre les parlementaires de la IIIe République accusée d'avoir perdu la guerre. On peut rappeler également les jugements liés aux événements d'Algérie dans les années 60.

→ Rôle des militaires sur l’administration, lorsqu'il est fait appel à eux pour des opérations de maintien de l’ordre. Dans de tels cas, armée a autre idée que les services civils de la notion d'efficacité dans la lutte contre l'ennemi intérieur, et le primat du militaire va l’emporter sur le pouvoir civil. Reconnu par la constitution française dans ses articles consacrés à l'état de siège et à l'état d'urgence.

→ Sur l'opinion publique : armée sort de son mutisme traditionnel pour donner d'elle l'image qu'elle voudrait voir accréditer à travers tout le pays et pour faire partager ses choix. D’où les conférences de ses chefs, les opérations portes ouvertes ou encore les prises de position de la hiérarchie en faveur de tel ou tel choix budgétaire, en faveur de tel ou tel système de défense. La publication des secrets du Pentagone au début des années 70 a mis en lumière de manière significative à cet égard, de quel poids le haut état-major américain avait pesé dans le conflit de la guerre froide.

→ Rôle de certains cercles militaires dans les relations avec la grande industrie. Certaines firmes privées vivent en effet des énormes commandes de l'armée et leurs meilleurs démarcheurs sont de façon constante d'anciens officiers qui ont gardé des contacts avec l'administration militaire. Il se forme ainsi, écrit le professeur Schwarzenberg, une communauté d'intérêts et un faisceau de liens qui peuvent peser sur l'orientation de la politique.

Comportement des troupes, dans le cas de tension ou de conflit grave : armée devient parfois une force politique : coup d'état militaire. Remarque sur la forme : la pression peut être +- camouflée selon que le pronunciamiento concerne un pays développé ou un État du tiers monde, où armée est seule force constituée. Remarque sur le fond, les modalités de la pression varient suivant les cultures. Afrique et Asie se distinguent dans le fait que les militaires qui se saisissent brutalement du pouvoir y écartent généralement les civils, alors qu’ailleurs, et les exemples sont nombreux en Amérique latine, ils changent habituellement les équipes en place mais ne se substituent pas à elles.

B) Deuxième classification : groupes de cadres et groupes de masses

Groupes de cadres : nombre restreint de leurs adhérents et structure interne faiblement articulée et très décentralisée.

Nombre réduit de participants = due à nature des choses (association des préfets, défend leurs intérêts puisque le droit syndical leur est interdit) ou volonté délibérée d’élitisme (clubs, exclusivement politiques ou non, sélection des candidats par des systèmes de parrainage et de

cotisations élevées, ou clubs politiques, lieux de réflexion et d'action de personnalités influentes (ex club AGIR créé en 1995 par Martine Aubry, pour combattre la fracture sociale et qui regroupe une centaine de personnalités, chefs d'entreprise, intellectuels ou hommes politiques.

organisation lâche. L'archétype peut en être présenté par le CNPF (conseil national du patronat français) devenu MEDEF en 1998 = représentativité patronale au niveau interprofessionnel des entreprises de toute taille mais plutôt des grandes firmes, Organes dirigeants = - l'assemblée générale élue pour 3 ans, réunit 595 représentants, des 85 organisations

professionnelles et des unions interprofessionnelles territoriales et 30 représentants des groupements associés. Elle tient une session annuelle. AG détermine la politique générale du patronat français et élit le président pour cinq ans (depuis 2006 = Laurence Pariso).

- assemblée dite permanente, 235 membres, se réunit tous les mois et assure les prérogatives statutaires qu’un comité statutaire précisément de sept membres contrôle. Et c'est le conseil exécutif de 44 membres avec à sa tête le président qui conclut les accords au nom de la confédération.

Statuts du MEDEF de 1998, préservent l'indépendance des groupements participants à qui il ne peut imposer aucune décision même si en pratique, l'autorité morale des présidents successifs a suscité chez eux une discipline largement acceptée.

Quant au groupe de masses, = groupements dits de conditions, par exemple, les mouvements de jeunes ou d'étudiants, les sociétés culturelles, les mouvements d'anciens combattants ou encore les organisations féminines ou à objectifs spécialisés comme SOS-Racisme, ... Mais c’est surtout les syndicats ouvriers qui en représentent le type même avec une organisation forte et hiérarchisée qui encadre une grande masse d’adhérents.

Taux de syndicalisation en France ne cesse de baisser : 35% de syndiqués actifs en 1949 à 9,1% en 1995, (contraste avec Grande-Bretagne 32,9% en 1995 et la Suède où il est toujours en 1995 de 91%). Malgré ces chiffres faibles en France, effectifs des syndicats ouvriers soulignent leur caractère d'organisations de masse. Ainsi, les « trade-unions » britanniques regroupaient 8,9 millions affiliés en 1992. En France, la CGT est estimée en juin 2000 par le Nouvel Observateur à 630 000 syndiqués, en mars 2006 elle est à 710 000 et la CFDT à 515 000. Quant à la troisième grande confédération française, F.O, qui semble pratiquer plus que d'autres le secret à ce sujet, on lui reconnaît généralement un peu moins d'adhérents que la CFDT, soit environ 370 000 en l’an 2000. La CGC par ailleurs enregistrait 110 000 membres et la CFTC 100 000 la même année.

C) Troisième classification qui nous retiendra davantage, celle qui consiste à différencier les groupes d'idées et les groupes d'intérêts

Ce clivage regroupe grosso modo certaines organisations non professionnelles (= groupes d’idées selon RG Schwarzenberg) et les organisations professionnelles ou syndicats plutôt portées sur la défense d’avantage matérielle.

A l'intersection = organisations de consommateurs. Regroupements nés aux US à l'initiative d'un avocat, Ralf Nader milieu des années 60, dénonçait les hausses de prix excessives, la publicité mensongère et plus généralement la mauvaise qualité des produits ou leur nocivité.

Cible privilégiée = entreprises polluantes ou encore les fabricants de cigarettes, qui ont dû par exemple en 1997, amender leur politique commerciale à la suite de quelques procès retentissants. Ont mené des actions qui ont réussi, d'ordre écologique contre le massacre des animaux à fourrure protégés et le trafic de l'ivoire puisqu'elles ont abouti à la convention de Washington du 3 mars 1973, notamment, et ces associations actuellement militent particulièrement pour que les pays riches boycottent les articles en provenance plus spécifiquement du tiers-monde lorsqu'ils sont confectionnés dans des conditions inhumaines par des prisonniers, des femmes ou des enfants. En France, les mouvements de consommateurs sont en pleine expansion qu'il s'agisse de l'institut national de la consommation qui publie actuellement « 60 millions de consommateurs », de l’UFC qui édite « que choisir » ou encore de la plus récente association des usagers des services publics.

syndicats professionnels chargés de la défense d'intérêts matériels.

3 grands secteurs socioprofessionnels, l'agriculture, le patronat et le travail salarié, l’influence des organisations professionnelles, dont les objectifs sont d’ordre corporatifs, est spécialement importante, plus grande en tout cas que dans aucune autre profession.

(131) La défense des intérêts agricoles

Contrairement à la Suisse qui connaît un parti des paysans et bourgeois ou à la Scandinavie où existent des partis « agrariens », la profession agricole confie la défense de ses intérêts à des institutions particulières comme les chambres d'agriculture et les mutuelles agricoles en France mais également à de puissants syndicats. Forte tradition d'individualisme : 600 000 familles paysannes sont réunies au sein de 30 000 syndicats locaux et environ 40 associations de producteurs spécialisés par produit, adhèrent à la fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles, la FNSEA. FR compte 1 403 000 agriculteurs actifs en 1997.

Influence de la FNSEA (1946) s'explique par quatre facteurs.

- politique même du syndicat  : représente les gros agriculteurs prospères et les petits exploitants précaires et qui s'est toujours battu, que ce soit en cas de catastrophe naturelle ou dans les négociations du marché commun, pour préserver leurs situations et obtenir des avantages pour l'ensemble de la profession.

- orientation politique modérée que cultive la fédération, à l'instar de la plupart des agriculteurs.

- facteurs structurels de type sociopolitique que le groupement a longtemps exploité : tous les pouvoirs publics ont ménagés les agriculteurs par crainte de leur accès de colère, lorsque leur niveau de vie se dégradait (ne peuvent pas faire grève donc moyens de protestation = barrages routiers, destructions de marchandises importées …)

- agriculteurs étant géographiquement dispersés, leurs voix qui peuvent s'avérer déterminantes dans beaucoup de circonscriptions, sont très convoitées et autant les partis que les pouvoirs en place les ménagent.

L'influence des groupes de pressions agricoles, généralement plutôt à droite, a subi un net recul depuis 1981 : le succès de la gauche a été acquis sans que les agriculteurs aient basculé en faveur des partis vainqueurs.

Tj sensibilité moderniste plutôt nettement à gauche selon les regroupements, qui existent bien dans la profession agricole : centre national des jeunes agriculteurs, le CNJA (créé en 1947), aujourd'hui 55 000 membres âgés de 16 à 35 ans, aide à détacher le monde agricole de la mouvance conservatrice, à concevoir de nouvelles formes d'agriculture et à investir progressivement la FNSEA comme en témoigne notamment le parcours de François Guillaume, ancien président du CNJA, qui va prendre la tête de la FNSEA en 1979 avant d'occuper le ministère de l'agriculture dans le gouvernement Chirac de 1986.

Aussi syndicat moderniste, plutôt à gauche, le MODEF ou mouvement de défense des exploitants familiaux, 1959, dans la mouvance communiste, ou encore autre groupe dissident de la FNSEA, le mouvement syndical des travailleurs paysans, le MSTP créé en 1977, qui, proche des socialistes, a enregistré quelques succès dans les années 80. On peut citer également la confédération paysanne de José Bové, plus récente, opposée notamment à la mondialisation qui a une place à part dans le monde paysan.

(132) Syndicats patronaux et organisations de commerce

Pour faire contrepoids aux syndicats ouvriers, ce sont mises en place dans tous les pays des organisations patronales plus ou moins influentes. En France, après une confédération générale de la production française ou CGPF créée en 1919 à l'initiative du ministre du Commerce Clémentel, à la suite également d’un essai du gouvernement de Vichy en 1940, essayant de réorganiser la progression dans le cadre d'une économie corporatiste, la première assemblée générale de ce qui va devenir le

CNPF se réunit le 12 juin 1946, deux ans après la CGPME de Léon Gingembre qui date, elle, d'octobre 1944.

Quelle influence réelle sur les choix politiques ? difficile à déterminer pq par exemple la CGPME, (confédération générale des petites et moyennes entreprises), tend à faire de la surenchère dans les revendications sur le CNPF, tout en se faisant déborder par d’autres regroupements à tendance nettement démagogique sur ce terrain comme notamment l'union de défense des commerçants et artisans, l’UDCA de Pierre Poujade muée en formation partisane, remportera une 50aine de sièges aux législatives de 1956, ou CIDUNATI (Confédération intersyndicale de défense et d'union nationale des travailleurs indépendants) de Gérard Nicoud : actions violentes début 70 ayant contraint le Parlement à voter en 1973 la loi dite d'orientation du commerce et de l'artisanat ou encore « loi Royer » du nom du maire de Tours et ministre du Commerce d'alors, loi qui limite très sérieusement l’implantation des hypermarchés et du même coup la concurrence. = bel exemple de succès à l'actif d'un groupe de pressions.

Influence des syndicats patronaux et de commerçant est difficile à apprécier : par-delà les rapports de marchandages quasi institutionnels entre les gouvernements et les patrons, certaines circonstances ou encore des indiscrétions révèlent occasionnellement l'ampleur du pouvoir de ces groupes sur la marche des états mais également des pratiques qui, la plupart du temps, restent relativement occultes.

Ex grands capitalistes ont provoqué la chute du cartel des gauches en France en 1925. Et ont aidé à celle du Front populaire en 1937. Le patronat agit comme bailleur de fonds des partis politiques qui soutiennent ses intérêts et des candidats qui appuient ses thèses même si, en l'espèce, sa politique est plus discrète, en France tout au moins depuis la loi ordinaire du 11 mars 1988 sur le financement des partis politiques.

+ Emprise sur moyens d’information, (liens Bouygues - TF1, ou encore la mainmise des groupe Hersant et Philippe Aki sur une large fraction de la presse écrite), patronat orchestre fréquemment des campagnes d'information dans le sens de ses intérêts. Ex FR 1992 avant le referendum de ratification du traité de Maastricht, ou été 1997 contre la semaine des 35 heures. En sens inverse, les gouvernants, dont le rôle politique essentiel consiste à arbitrer entre de multiples catégories de priorités, ne sont pas démunis face aux prétentions des patrons et de leurs organisations lorsqu'elles risquent de s'avérer excessives. Exemples : législation antitrust américaine qui n'a cessé de s'alourdir depuis le Chairman act de 1890, ou texte de 1876 est le fédéral regulation of lobbying act de 1946 réglemente l'action des groupes d’intérêts.

FR : loi du 1er août 1986 visant à éviter une trop grande concentration des entreprises de presse et décision du conseil constitutionnel du 29 juillet 1986 qui s'y rapporte, + loi organique du 11 mars 1988 sur le financement des campagnes électorales et les textes des 15 janvier et 10 mai 1990, 29 janvier 1993 et les trois lois du 19 janvier 1995 qui la complètent.

Donc il y a une influence des groupes patronaux.

(133) les syndicats de salariés

Place et l'action sur la scène politique conditionnée par leur nombre et leur structure et par leurs rapports avec les partis politiques.

Etat des forces syndicales (renvoie à la question de l'unicité ou de la pluralité des confédérations).

Les syndicats sont pluriels et les modalités de regroupement peuvent être fondées soit sur l'entreprise noyau de vie primordial de l'ouvrier mais particulièrement inféodé au patron, soit sur le métier, soit sur l'industrie, cellules de solidarité de plusieurs métiers voisins et de sauvegarde de conscience de classe à travers le territoire, soit enfin sur chaque niveau de la hiérarchie de l'entreprise, les ouvriers s’associant entre eux et les employés, les cadres en faisant de même.

Tout syndicat est une combinaison de ces différentes structures avec cependant une nette prédominance à l’heure l'actuelle du syndicalisme d'industrie et ce depuis l'adoption de cette formule par la CGT en 1906.

Suivant les traditions nationales, les syndicats peuvent être, ou non, réunis au sein d'une confédération unique. Allemagne et Grande-Bretagne et Suède = confédération unique. FR : cinq grandes centrales syndicales principales, aux positions souvent divergentes. La CGT, la CGTFO, la CGC, la CFTC et la CFDT et à côté d'elles, un syndicalisme autonome et indépendant ac par ex la fédération générale autonome des agents de conduite, le syndicat autonome des agents de l'assemblée nationale, la confédération des syndicats libres, la FENE, le syndicat de la magistrature, la fédération autonome des syndicats de police ou encore le syndicat national des journalistes. Dix de ces organisations se sont réunies le 10 décembre 1981 pour envisager une concertation et une réflexion sur les problèmes généraux du syndicalisme. C'est la FDSU, dominée par le syndicat SUD, solidaire unitaire démocratique.

Eparpillement syndical en France affaiblit la capacité de négociation de tous les organismes de salariés à un point tel que depuis une dizaine d'années de grands conflits (ex infirmières dans les années 80), se sont réglés hors syndicats grâce à un système de coordination aussi informel que fugitive. + Éparpillement est facteur de surenchère entre les formations et en fin de compte, il accentue leur perte de crédit auprès de beaucoup de travailleurs.

Grandes centrales FR :

structure

Structure verticale composée de fédérations d'industrie qui réunissent au plan national des syndicats d'une même branche, doublé par l'agencement horizontal à base géographique des unions locales, départementales ou régionales qui rassemblent, sur un même territoire, les syndicats des différentes branches. Schéma propre à la France, l'agencement des syndicats basé principalement sur la localité. La section d'entreprise quand elle existe apparaissant comme une subdivision du syndicat local.

Au sommet de l'édifice : 4 types d’instances. Autorité supérieure = congrès, définit la politique à suivre et avalise les actes de la direction. C’est l’organe souverain qui réunit les représentants des syndicats affiliés (tous les 2-3 ans). A ses côtés se trouve une sorte de Sénat syndical ou conseil confédéral, (= comité fédéral national à la CGT et FO) où sont représentées les fédérations et les unions départementales. Précise la stratégie mise au point par le congrès (session semestrielle). Enfin, l'exécutif = commission exécutive (ou commission administrative) élue, détermine la conduite à suivre et un bureau confédéral de 12 à 14 membres appelés secrétaires qui est l'organe permanent de direction.

Le secrétaire général tient en fait tous les pouvoirs et c'est toujours un personnage très médiatique.

pauvreté des moyens

Tant ressources financières que l'encadrement des hommes. Budgets = surtout cotisations des adhérents = étriqués, dans la mesure où celles-ci sont fixées en moyenne à seulement l'équivalent d'une heure de travail par mois. A titre indicatif, FO 1996 132 millions de recettes dont 74 millions de cotisations. La CFTC 1993 25 millions dont 50 % de cotisations et la CGT 1997 70 millions dont 21,2 millions de cotisations + dettes à long terme pour environ 34.5 millions. Chiffres sujets à caution mais traduisent la faiblesse des syndicats français (administration = quelques dizaines de salariés).

Distensions politiques → l'éclatement du syndicalisme français et fractionnement de la représentativité ouvrière en formations davantage rivales et antagonistes, qu'animées par le souci de l'unité d’action.

Charte d'Amiens : le congrès de la CGT de 1906 proclamait l’apolitisme du mouvement syndical. Dès 1921, (scission socialo-communiste au congrès de Tours en 1920), une minorité exclue de la CGT va fonder une seconde centrale, la CGTU. Puis divisions et réunifications de la gauche syndicale (reproduisent celles de gauche politique). C’est ainsi que la CGT la CGTU se réunifient le 5 mars 36 pour de nouveaux se séparer en septembre 39 avant de se reconstituer en semblant d'unité aux accords du PEREU d'avril 1943. En avril 48 à la suite d'une nouvelle division du syndicalisme laïque faisant suite à la rupture du tripartisme PCS affilié MRP, les modérés du mouvement fondent la CGT-FO et parallèlement le syndicalisme chrétien apparu en 1919 avec la création de la confédération française des travailleurs chrétiens, la CFTC, connaît lui aussi un schisme puisque, d'abord dans la mouvance démocrate-chrétienne, puis se gauchisant, il était décidé au congrès de novembre 1964 que la

confédération se déconfessionnaliserait sous le nom de CFDT (confédération française démocratique du travail), une minorité refusant alors cette laïcisation et se constituant en CFTC maintenue .

+ Confédération générale des cadres, la CGC créée en 1944 qui récuse la lutte des classes mais qui se comporte pratiquement comme une force d’opposition au gouvernement de gauche, comme elle l’a démontré de 1981 à 1986. Et à l’opposé, il faut mentionner une nébuleuse gauchiste autour de SUD.

Ce rapide survol historique du syndicalisme en France pose le problème des rapports avec les autorités politiques et plus spécialement avec les partis. A cet égard, deux traditions s’opposent  : la tradition britannique des trade unions et du labour party (combat politique = prolongement de l'action syndicale), et l'usage français fondé depuis la charte d'Amiens en théorie sur le principe de la séparation de deux ordres de lutte et sur l'apolitisme syndical.

En réalité, en France, position de principe d'apolitisme syndical = rideau de fumée dès lors que l'État a une politique économique qui touche à l’emploi, aux prix, aux salaires et aux subventions, tous domaines qui ne peuvent laisser les syndicats indifférents. Tous les syndicats en sont venus à s'engager pleinement en matière politique par des soutiens, +- affichés en faveur de tel ou tel parti, ou encore en tolérant la compatibilité des mandats syndicaux et des mandats politiques.

(134) Les groupes d’idées

Deux catégories.

Groupes de pressions à objectifs propres : similitude de conditions sociodémographiques ou sociales qui réunit les membres. Tels sont pêle-mêle les groupements féminins, les organisations d’étudiants, celles qui rassemblent les anciens combattants ou bien encore les mouvements d’homosexuels et cette liste n'est pas exhaustive. Ainsi par exemple, les églises, en tant que corps constitués, occupent une place à part dans cette catégorie en ce sens que leurs actions et leurs intérêts sont par nature plus larges que ceux des groupes précédents (cas limite avec le clergé chiite en Iran d'un groupe confessionnel qui s’est littéralement emparé du pouvoir). Ailleurs, la pression peut être globale pour ou contre un régime politique donné, pour, et c’est l’exemple de la hiérarchie catholique qui soutient dans sa majorité le régime de Vichy, contre, c’est l’autre exemple l'église de Pologne qui, en protégeant le syndicat solidarité a contribué à la chute du communisme dans ce pays. Mais il arrive aussi que les églises défendent des intérêts particuliers comme notamment l'aide à l'enseignement privé confessionnel par exemple en France, comme cela a été le cas en 1984.

Clubs politiques = catégorie à part parmi les groupes d'idées du fait des liens étroits qu'ils entretiennent avec les partis politiques. Sociétés de pensées furent à l'origine de la fondation en 1901 du parti radical. Aujourd'hui, pour rester dans le cas FR, les clubs fleurissent à droite comme à gauche et leur succès même est à la fois la conséquence et le symptôme d'une crise du système partisan.

→ les difficultés des partis de gauche des années 1950 à 1981 qui ont suscité l'apparition de clubs, comme le club des Jacobins créés en 1951 par Charles Hernu, société de pensée, soit ils étaient destinés à regrouper les minoritaires d’un parti, soit se présentaient comme des filiales de parti de manière à attirer des sympathisants vers ces partis sans exiger un engagement politique total. En porte-à-faux, entre la pression et le système partisan, nombreux parmi eux finiront par intégrer l'univers du combat politique exclusif. → Rôle important dans l'avènement du parti socialiste au congrès d'Issy-les-Moulineaux en 1969, contribuant du même coup à la restructuration de la gauche française. A partir de 1981, la défaite des partis de droite au moins jusqu’en 1995-2002 a produit le même phénomène. → Club « perspectives et réalité » réactivé, proche du parti républicain.

§ 3. Les fonctions des groupes de pression (135)Ces organisations peuvent se substituer aux partis politiques ; avoir des fonctions manifestes et également des fonctions latentes.Partis politiques participent à l'expression des suffrages / groupes de pressions ne participent pas aux élections politiques, (+ ne défendent par principe que des intérêts catégoriels).

Partis sont aussi les portes paroles de certaines couches ou parties de la population à un point tel que parfois, comme dans le cas de l'organisation « chasse, pêche, nature et tradition » qui a présenté des candidats aux dernières législatives sous le sigle CPNT, il est difficile de distinguer partis et groupes de pressions, différence entre les deux tient moins à leur nature qu’à leur situation sur l'échiquier sociopolitique. Sous la Ve république de 1958 à 1981, lorsque les partis de droite majoritaires ne parvenaient plus à contrôler réellement un président de la république et un gouvernement omnipotent, les syndicats se posaient comme la seule force politique de substitution capable de jouer les contre-pouvoirs en lieu et place de partis, incapables d'exercer la fonction agrégative des intérêts du corps électoral. De la même manière, on peut dire aujourd'hui que le MEDEF est une sorte de contre-pouvoir au parti socialiste en place au gouvernement.

Groupes d'intérêts exercent dc une fonction manifeste de contestation du système politique dans lequel ils sont immergés, certes, mais aussi une fonction latente d'intégration à ce même système lorsqu'ils contribuent au maintien de la paix sociale. Les négociations périodiques entre les syndicats ouvriers, le patronat et le gouvernement en constituent à cet égard le révélateur.

Section 2 : L'action des groupes de pressionCette action se développe dans deux directions.Certains aspects déjà abordés, notamment liens tissés entre les syndicats avec certaines autres organisations comme les clubs et les partis politiques. Ampleur de cette pression sur le pouvoir lui-même d'une part et sur l'opinion publique d'autre part, laquelle naturellement influence elle-même le pouvoir.

§ 1. L'action sur le pouvoir (136)De la quatrième à la Ve république, le centre de gravité du pouvoir s'étant déplacé du législatif à l’exécutif, l'intervention des groupes de pressions a délaissé quelque peu l'hémicycle pour courtiser plutôt les ministères et les membres des cabinets. Cela dit, sur la forme, l’action de la pression peut être ouverte ou au contraire occulte.

A) L'action ouverte :

Généralement = groupes de masses et elle peut être de trois types. - informations par lesquelles un groupe fait connaître ses attentes. Des revues, documentations

ou dossiers tout préparés inondent ainsi les casiers des parlementaires, ceux des commissaires européens et les bureaux des conseillers ministériels quotidiennement. Et ceux-ci sont trop contents, trop heureux qu'on leur mâche le travail, mais cela dit, il y a pression lorsque cette information d'apparence objective est orientée.

- consultations institutionnalisées. C'est le cas du conseil économique et social ou de la commission du plan, ou occasionnellement, il peut s'agir en l'espèce de l'audition de groupe par, notamment, les commissions parlementaires.

- pression peut être violente et confinée à la menace lorsqu'il s'agit de lettres comminatoires voire de séquestration de fonctionnaires ou d'attentats contre les bâtiments publics.

B) L'action occulte :

Propice à la corruption.La menace, précisément lorsqu’elle revêt la forme du chantage peut aussi se situer au niveau de l'action occulte. Mais d'une manière plus feutrée, la symbiose élitiste entre le pouvoir politique, la haute administration et le monde des affaires, accentuée par le rôle des grandes écoles et des universités prestigieuses et la pratique, en tous cas en France, du pantouflage, se retrouve d'ailleurs dans tous les pays développés, cette symbiose est propice à la corruption, individuelle qui se manifeste par le financement occulte des partis.

§ 2. L'action sur l'opinion publique (137)Type de pression spécifique aux régimes démocratiques dans lesquels influencer l’opinion=influencer indirectement le pouvoir. 2 formes

A) La persuasion :

Elle peut être assimilée à la propagande, que celle-ci soit ouverte ou camouflée.Deux méthodes : propagande ouverte par laquelle les groupes concernés font valoir leurs besoins et leurs vœux auprès du public, que ce soit par le canal de la presse spécialisée, syndicale ou corporative, ou encore par la diffusion de communiqués ou de placards publicitaires dans la grande presse.

Ou propagande camouflée lorsque les médias de grande diffusion sont contrôlés par des intérêts particuliers et tout dépend ici de la personnalité plus ou moins autoritaire, plus ou moins habile, des véritables maîtres du jeu.

B) La violence :

Certaines formes de pressions enfin agissent sur le public pour mieux contraindre les autorités publiques à composer avec les groupes d'intérêts à leur céder. Soit que l'action porte la sympathie d'une large part de l'opinion, soit que la violence menace de paralyser toute une région ou toute une industrie vitale ou encore de troubler l'ordre public. La grève et les attentats terroristes apparaissent sous ce jour, aux yeux de l’observateur, comme des procédés sociaux parmi d'autres, utilisés dans le but d'obtenir un certain résultat et par là, la science politique retrouve la politique.