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1 Bulletin d'information n°48 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16 E-Mail : [email protected] Juin 2007 N°48 C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE LE BULLETIN D’information Sommaire Elargissement de l’Europe Page 1 Ma mère disait Page 9 Club Lecture « Les suppliantes d’Eschyle Page 9 Hellénisme, Hellinismos : nation sans territoire ou idéologie par Michel Bruneau Page 3 Dans notre bibliothèque : Lune amère Page 10 La Grèce au fil des jours Page 5 Fête de Pâques Soirée Cinéma et Printemps des langues Page11 Chansons d’hier et d’aujourd’hui Page 7 Voyage 2008 Page 12 Et si nous parlions cuisine Page 8 Nécrologie Page 12 Elargissement de l’Europe Et de 27 ! Bienvenue à la Roumanie et à la Bulgarie qui viennent s’ajouter à la liste déjà longue des pays de l’Union! Pour entretenir votre mémoire je vous propose d’essayer de réciter par cœur les noms des 27! Ou alors plus simplement, citer les pays européens qui n’en font pas déjà partie! Encore faudrait-il savoir si le concept de « continent européen » garde encore une quelconque signification ! Comment ferons-nous quand ils seront plus de 30 ?... Au moins ces deux pays font partie des Balkans qui, sauf erreur de ma part et suivant mes vieux maîtres ès géographie, font partie intégrante de l’Europe. Leur po- pulation est très majoritairement chrétienne orthodoxe et ils sont aussi membres de la francophonie, éléments qui les situent culturellement proches de nous. La Bulgarie nous a donné Spartacus, le bogomilisme –qui a donné chez nous les cathares et les albigeois- et plus récemment Athanasov –inventeur du premier ordinateur digital en- tièrement électronique- mais aussi… Sylvie Vartant, sans oublier Stoïkov et l’équipe de foot bulgare qui nous ont éliminés de la coupe du monde de 1994! C’est aussi une chaîne de montagne du nord de ce pays qui a donné son nom à la péninsule des Balkans. La Roumanie nous a donné Anne de Noailles, Tristan Tzara –créateur du da- daïsme- mais aussi E.M. Cioran, Dinu Lipatti, Elvire Po- pesko, Vladimir Cosma, Eugène Ionesko et …Dracula! Mais d’autres facteurs, historiques ceux-là, plaident en fa- veur de l’intégration à l’Union de ces deux pays. C’est au VIème siècle, avec l’infiltration des slaves, que commence réellement l’histoire européenne de la Bulgarie. Très vite, les Thraces autochtones romanisés, oubliant latin, grec et thrace, se slavisent. A ce fonds eth- nique s’amalgament plus tard sous la direction du Khan Asparuh des tribus protobulgares d’origine mongole. De tous les pays balkaniques c’est la Bulgarie qui a le plus longuement (de la fin du XIVème à 1878) et le plus du- rement ressenti la domination ottomane. La marche à l’indépendance se réalisa en deux étapes : de 1830 à 1870 avec une multiplication d’insurrections et la guerre de Crimée (1853 à 1856) sans résultats ; de 1870 à 1878 avec l’apparition de grands chefs révolutionnaires comme Ra- kovski, Levski, Karavelof et le poète Botev. L’insurrection générale d’avril 1876 fut un échec suivi de la féroce répression des bachibouzouks. L’Europe enfin s’émut ; « on assassine un peuple, le moment est venu d’élever la voix » s’écriait Victor Hugo suivi en cela de Tourgueniev et de Gladstone. Le Tsar Alexandre II avec l’aide de troupes roumaines et bulgares impose la paix de San Stefano ; mais c’était sans compter sur l’Angleterre et l’Autriche-Hongrie qui à leur tour imposent le traité de Berlin du 3 Juillet 1878 qui démembrait la Bulgarie : la

C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE BULLETINcercle.toulouse.free.fr/journaux/bull48.pdf · (Suite) Nous poursuivons la publication d’un article dont Michel Bruneau Chercheur au CNRS a

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Bulletin d'information n°48 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16

E-Mail : [email protected]

Juin 2007 N°48

C.E.R.C.L.E FRANCO-HELLENIQUE

LE

BULLETIN D’information

Sommaire Elargissement de l’Europe Page 1 Ma mère disait Page 9

Club Lecture « Les suppliantes d’Eschyle Page 9 Hellénisme, Hellinismos : nation

sans territoire ou idéologie par Michel Bruneau

Page 3 Dans notre bibliothèque : Lune amère Page 10

La Grèce au fil des jours Page 5 Fête de Pâques Soirée Cinéma et Printemps des langues

Page11

Chansons d’hier et d’aujourd’hui Page 7 Voyage 2008 Page 12

Et si nous parlions cuisine Page 8 Nécrologie Page 12

Elargissement de l’Europe

Et de 27 ! Bienvenue à la Roumanie et à la Bulgarie qui viennent s’ajouter à la liste déjà longue des pays de l’Union! Pour entretenir votre mémoire je vous propose d’essayer de réciter par cœur les noms des 27! Ou alors plus simplement, citer les pays européens qui n’en font pas déjà partie! Encore faudrait-il savoir si le concept de « continent européen » garde encore une quelconque signification ! Comment ferons-nous quand ils seront plus de 30 ?...

Au moins ces deux pays font partie des Balkans qui,

sauf erreur de ma part et suivant mes vieux maîtres ès géographie, font partie intégrante de l’Europe. Leur po-pulation est très majoritairement chrétienne orthodoxe et ils sont aussi membres de la francophonie, éléments qui les situent culturellement proches de nous. La Bulgarie nous a donné Spartacus, le bogomilisme –qui a donné chez nous les cathares et les albigeois- et plus récemment Athanasov –inventeur du premier ordinateur digital en-tièrement électronique- mais aussi… Sylvie Vartant, sans oublier Stoïkov et l’équipe de foot bulgare qui nous ont éliminés de la coupe du monde de 1994! C’est aussi une chaîne de montagne du nord de ce pays qui a donné son nom à la péninsule des Balkans. La Roumanie nous a donné Anne de Noailles, Tristan Tzara –créateur du da-

daïsme- mais aussi E.M. Cioran, Dinu Lipatti, Elvire Po-pesko, Vladimir Cosma, Eugène Ionesko et …Dracula! Mais d’autres facteurs, historiques ceux-là, plaident en fa-veur de l’intégration à l’Union de ces deux pays.

C’est au VIème siècle, avec l’infiltration des slaves,

que commence réellement l’histoire européenne de la Bulgarie. Très vite, les Thraces autochtones romanisés, oubliant latin, grec et thrace, se slavisent. A ce fonds eth-nique s’amalgament plus tard sous la direction du Khan Asparuh des tribus protobulgares d’origine mongole. De tous les pays balkaniques c’est la Bulgarie qui a le plus longuement (de la fin du XIVème à 1878) et le plus du-rement ressenti la domination ottomane. La marche à l’indépendance se réalisa en deux étapes : de 1830 à 1870 avec une multiplication d’insurrections et la guerre de Crimée (1853 à 1856) sans résultats ; de 1870 à 1878 avec l’apparition de grands chefs révolutionnaires comme Ra-kovski, Levski, Karavelof et le poète Botev. L’insurrection générale d’avril 1876 fut un échec suivi de la féroce répression des bachibouzouks. L’Europe enfin s’émut ; « on assassine un peuple, le moment est venu d’élever la voix » s’écriait Victor Hugo suivi en cela de Tourgueniev et de Gladstone. Le Tsar Alexandre II avec l’aide de troupes roumaines et bulgares impose la paix de San Stefano ; mais c’était sans compter sur l’Angleterre et l’Autriche-Hongrie qui à leur tour imposent le traité de Berlin du 3 Juillet 1878 qui démembrait la Bulgarie : la

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Bulgarie du Sud devenait la Roumélie Occidentale sous l’autorité du Sultan, l’Autriche annexait la Bosnie-Herzégovine et l’Angleterre annexait l’île grecque de Chypre.

C’est en 1792 que la paix est signée entre la Rouma-

nie et le Sultan. C’est alors que tous les espoirs des patrio-tes roumains se tournent vers la France révolutionnaire « notre sœur aînée ». La Marseillaise fut aussitôt traduite en latin et en hongrois…Mais Napoléon 1er, préoccupé de s’assurer l’alliance de la Sublime Porte pour faire pièce aux ambitions du Tsar dans les Balkans, se désintéresse du sort de la nation roumaine. Ce n’est pas un hasard si l’insurrection déclenchée en 1821 par le patriote valaque Tudor Vladiminescu coïncide avec la guerre d’indépendance grecque. ! En effet, il faut se rappeler que c’est dans les principautés roumaines que sous la direc-tion d’une association politique, la « Société des Amis » (Filiki Etairia) fut préparée et organisée l’insurrection grecque et que le poète grec Rigas Ferraios créa son Hymne, la Marseillaise des Hellènes. La révolution de 1848 avait été préparée de Paris par des étudiants intellec-tuels roumains, les « bonjouristes » qui suivaient alors avec passion, au Collège de France, les cours de Michelet sur la nationalité. L’unité roumaine a été réalisée définiti-vement de 1859 à 1861.

Mais la Roumanie et la Bulgarie, ce sont aussi 30 mil-

lions d’européens en plus. Ce sont surtout deux pays à l’économie fragile et au revenu annuel par habitant très bas : 3.450 $ pour la Bulgarie, 3.830$ pour la Roumanie (20.000$ pour la Grèce et 34.000$ pour la France) Certes les deux pays sont en observation pendant trois ans avant d’obtenir le statut définitif de pays membre, certes la sub-sidiarité européenne y pourvoira, mais pas au détriment, je l’espère, de la consolidation de l’économie d’autres pays et en particulier de ceux rentrés en mai 2004 ! Il est vrai aussi que le potentiel de développement de ces deux pays est grand, le taux de croissance de leur économie est parmi les plus élevés en Europe (supérieur à 5,5% an) et j’imagine déjà leurs plages sur la Mer Noire inondées d’européens dans les toutes prochaines années. Mais la note pour nos pays sera sans doute salée pendant plu-sieurs années. En effet, « ces deux pays ne peuvent en au-

cune manière se révéler comme des contributeurs nets au budget européen…mais comme des débiteurs lourds ! » (déclaration de Madame de Veyrac, députée européenne) C’est peut-être le prix à payer pour éventuellement consolider la frontière à l’Est de l’Europe.

En somme, l’entrée dans l’Union de ces deux pays ne pose pas de problèmes particuliers et encore moins culturels. Il s’agit de pays européens qui de surcroît ont été victimes du communisme pendant plus de 40 ans. Mais c’est le calendrier imposé par la Commission et la précipitation avec laquelle sont prises les décisions qui laissent un goût de « mise devant le fait accompli !» La Grèce est restée pays associé pendant 20 ans (1961 à 1981) avant d’intégrer l’Europe en tant que membre à part entière. « Dans un contexte où nous fonctionnons difficilement à 25, avec des institutions prévues pour 6, il est pour le moins prématuré d’intégrer de nouveaux pays. En s’élargissant à nouveau l’Europe s’apprête à hypothéquer un peu plus sa capacité d’action et de décision » Enfin, il ne faut pas oublier non plus que la Bulgarie conserve la plus importante minorité turque en Europe (850.000 habitants). Comme par hasard, c’est dans le massif de Rhodope, frontière naturelle avec la Grèce, montagne refuge, que l’islam a réussi à se maintenir en nombre ; il y reste aussi plus de 100.000 pomaks bulgarophones islamisés. Juste de l’autre côté de Rhodope on trouve la très forte minorité turque de la Thrace grecque… C’est vrai qu’il y a des catalans et des basques espagnols et français des deux côtés des Pyrénées ! Mais est-ce la même chose ? Surtout qu’à l’Est de Rhodope, s’étend, majestueuse, la plaine de l’ancienne Andrianoupolis, autrement dit la Turquie (européenne) ou Thrace de l’Est!

Plus on réfléchit et moins on trouve -dans ces

conditions- des raisons de refuser l’entrée dans l’Europe à d’autres prétendants. Y a-t-il des motifs réels de refuser l’accès à la Serbie -Monténégro, à la Bosnie - Herzégovine, au Fyrom, à l’Albanie et un peu plus au Nord-Est, à la Moldavie, la Biélorussie et l’Ukraine ?... Pour ne citer que ces pays… Nous prenons les paris sur leur très prochaine adhésion ! A qui le tour ?

AXA

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Hellénisme, Hellinismos : nation sans territoire ou idéologie ?

(Suite)

Nous poursuivons la publication d’un article dont Michel Bruneau Chercheur au CNRS a eu la gentillesse d’autoriser la re-production. Cet article a été publié dans la revue Géocarrefour vo-lume 77 quatrième trimestre 2002

DE LA « COMMUNAUTE DES ORTHODOXES » (ORHODOXI KOINOPOLITEIA) A LAROMIOSYNI

L’hellénisme ouvert, à visée universaliste, on pourrait même dire pluri-ehtnique, de la période hellénistique trouve son prolongement naturel dans l’hellénisme byzantin qui a créé une identité religieuse commune aux peuples des Balkans et du Proche-Orient appartenant à l’empire Ottoman (Kath’imas Anatoli), l’identité orthodoxe (Orthodoxi « Koinopoliteia » ou genos ton orthodoxon). Ce n’est pas seulement une identité religieuse, mais une culture et une conception de la société, sans distinction de race ou d’ethnie, une « nation » (genos) (13) des Orthodoxes de l’empire byzantin (Romania). Cela correspondait à la communion dans une même foi, dans un même culte, au partage des mêmes valeurs spirituelles, morales, sociales et esthétiques. Cette identité de la « communauté orthodoxe » se fondait sur la langue grecque comme outil de communication, l’éducation de l’Antiquité classique (paideia) et la pensée politique chrétienne comme les sources d’une cohésion et d’une légitimité idéologiques (P.M. Kitromilidis, 1998, p.131-132) (14).Ce monde orthodoxe, dont l’organisation fut institutionnalisée par l’empire ottoman sous la forme du Rum Millet, la « nation » des Romioi, des chrétiens orthodoxes, sous l’autorité du Patriarche œcuménique, a existé à deux reprises, dans les empires byzantin puis ottoman, jusqu’à l’avènement des nationalismes, qui ont brisé son unité et celle de l’Eglise. Ce genos des chrétiens orthodoxes, ou des Romioin(15) , a été l’hellénisme byzantin et post-byzantin. Il correspond à un espace presque aussi vaste que celui de l’hellénisme hellénistique et englobe comme celui-ci des peuples très différents par leurs origines et leurs langues, avec une même religion et un même système de valeurs comme facteur de cohésion. Cet hellénisme orthodoxe œcuménique est le résultat d’une jonction entre l’hellénisme, au sens de la culture et de la tradition de l’Antiquité classique, et du christianisme issu de la tradition judaïque (ioudaismos).

Ce couplage s’est effectué au sein de l’Eglise ortho-doxe et de la tradition des Pères de l’Eglise. Cette nou-velle identité a été remise en cause une première fois, lorsque les Frances, les Croisés ont démantelé et conquis une partie de l’empire byzantin, la Romania, à partir de 1204. C’est dans les petits états, tels l’empire de Nicée ou le despotat de Morée, que réapparaissent la dénomination Hellines et le terme d’Hellinismos, notamment avec la tenta-

tive avortée de Gémistos Pléthon de rétablir la religion païenne antique. A la même époque, d’autres identités liées à des langues différentes, celles des Bulgares et des Serbes, se sont affirmées en essayant de créer leurs pro-pres Etats et Eglises autocéphales (16). Ils n’appartenaient plus désormais à la même « nation » (genos) que les Grecs qui eux se réclamaient de nouveau de l’hellénisme. L’intervention de l’Occident a donc, une première fois, remis en cause cette « communauté » chrétienne œcumé-nique. Elle a ainsi facilité dès le XIIème s. le retour à l’hellénisme de l’Antiquité et à l’hellénophonie, comme base idéologique du patriotisme byzantin contre les Chré-tiens occidentaux et tous les ennemis de l’empire, perçus comme barbares (Ahrweiler 1975, P 61-63).

La conquête ottomane avait beaucoup contribué à reforger cette unité, en créant le Rum Millet, c'est-à-dire la nation, orthodoxe sous l’autorité du Patriarcat de Constantinople, véritable ethnarque des chrétiens orthodoxes, à l’exception des Serbes qui ont joui d’une autonomie ecclésiastique entre 1557 et 1766. Cette structure « d’Etat ecclésiastique » à l’intérieur de l’empire, jouissant de privilèges de juridiction, fiscaux, d’éducation et d’administration des biens, a renforcé le pouvoir et l’influence des Grecs au sein de l’Orthodoxie, toute la hiérarchie ecclésiastique étant majoritairement grecque. On peut même dire que, dans ce cadre, l’hellénisme chrétien ou Romiosyni s’est trouvé dans une position plus forte que jamais vis-à-vis de l’ensemble des chrétiens orthodoxes (G.D Métallinos, 1988, p 62-72).

Cette Romiosyni ne fut véritablement remise en cause que beaucoup plus tard par la progression du nationa-lisme, selon le modèle occidental issu de la Révolution française à partir de la fin du XVIIIème s. Pour les Grecs d’après1821, ce nationalisme passa alors par la référence à l’Antiquité qui était la base de l’idéologie nationale d’alors, ce qui accentua le rétrécissement de l’hellénisme comme identité. Cette nouvelle identité qui s’appliquait principalement aux populations hellénophones s’appuyait sur une tradition (paradosi) dont la valeur suprême était la liberté (elevtheria) au sens de l’indépendance à l’égard de tout pouvoir étranger (17) . Au moment où il s’agissait de construire une langue nationale, de définir une norme linguistique, à la fin du XVIII ème s. et dans la première moitié du XIX ème s., un mouvement d’intellectuels prô-na un retour au grec ancien en purifiant la langue popu-laire de la plupart de ses emprunts au turc et aux langues étrangères. Adamantios Koraïs avait commencé ce travail de purification de la langue populaire démotique. Mais certains, comme Kodrikas (1818) ou Soutsos (1853), allè-rent beaucoup plus loin et tentèrent de créer une langue artificielle fabriquée à partir de la langue savante à l’aide d’archaïsme et d’emprunts au grec ancien, la katharevousa ou langue pure. Devenue langue officielle de l’administration, des journaux et de l’école, ses partisans cherchèrent à l’imposer à l’ensemble de la population sans succès, puisque les partisans de la langue populaire (dimotiki) finirent par l’emporter dans les 1970. Cette ten-

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tative pour restreindre l’hellénisme à sa référence à l’Antiquité a finalement échoué.

Dans la seconde moitié du XXème s. un courant de pensée porté par des Grecs le plus souvent originaires des territoires d’Asie Mineure, dont les représentants les plus typiques étaient Photis Kondoglou et Kostas Sardel-lis, s’est réclamé de la Romiosyni. Celle-ci est présentée comme le néo-hellénisme, directement issu de Byzance un peu avant sa chute, et indissolublement liée à l’Orthodoxie dominée par l’impérialisme ottoman. Ses promoteurs ont souligné le fait qu’il s’agissait d’une entité « œcuménique », c'est-à-dire au-dessus des frontières étatiques du XIX e s. et du XX e s., l’héritage d’un empire. Le christianisme et la langue grecque la caractérisent, mais aussi et surtout la Romiosyni est une façon de vivre et de penser, un esprit, une spiritualité provenant de la tradition grecque orthodoxe. (18)

La Romiosyni symbolise également pour d’autres, Valetas (1982) et Ristos (1966) essentiellement, la tradition populaire de résistance, de défense du territoire en même temps que d’amour de la terre et de la nature grecque (19). La Romiosyni est, dans ce cas, la conscience populaire nationale du néo-hellénisme qui s’enracine dans l’héritage byzantin plus que dans celui de l’Antiquité. Elle est la forme la plus récente et la plus vivante de l’hellénisme, qui s’est constituée sous la domination ottomane. L’HELLENISME (HELLINISMOS) COMME IDEOLOGIE NATIONALISTE

La notion d’hellénisme telle qu’elle fut définie et dif-fusée par les historiens allemands comme Droysen à l’époque de l’expansionnisme prussien, ne fut pas d’emblée adoptée par les intellectuels grecs nationalistes. Elle ne fut véritablement reprise qu’après la crise politi-que de 1853-1854 (défaite russe à la fin de la guerre de Crimée et échec de la tentative d’annexion de l’Epire), lorsque l’extension du territoire national ne pouvait plus se faire par simple conquête et annexion de territoires contigus peuplés majoritairement par des Grecs. Elle a alors été mise au service d’une stratégie d’expansion du territoire grec s’appuyant sur le dynamisme du capitalisme de la diaspora marchande grecque des Balkans, de la mer Noire et de l’Asie Mineure, ainsi que sur l’expansion du réseau éducatif grec au sein de cet espace situé hors des frontières de l’Etat-nation. Elle a permis d’affirmer une conception de la nation (genos) qui dépassait ces frontières et n’était pas circonscrite à l’intérieur de son territoire au sens westphalien du terme. Il ne s’agit pas pour autant d’une nation culturelle au sens allemand (kulturnation), basée sur un peuple homogène doté d’une langue com-mune. Mais la langue nationale grecque, qui, selon Papar-rigopoulos, assure la continuité de la nation et est une langue de haute civilisation, a vocation à assimiler d’autres peuples de langues « barbares », c'est-à-dire au-tres que le grec. L’hellénisme en tant que nation peut donc s’étendre à d’autres peuples non hellénophones

d’origine, qu’ils soient slavophones, albanophones, vala-quophones, turcophones…, pourvu qu’ils partagent la langue grecque et l’Orthodoxie avec les hellénophones de Grèce. Une telle conception de type français de la nation permet d’échapper à une définition strictement « ethno-graphique », du type de celle que les bulgares ont essayé d’imposer en Macédoine et en Thrace à la fin du XIXè s.. Cet hellénisme, comme celui apparu en Asie à la suite des conquêtes d’Alexandre, va de pair avec un processus d’hellénisation de ces populations diverses, qui prati-quaient différentes langues vernaculaires à l’intérieur ou non du territoire national grec, mais utilisaient aussi le grec dans leurs activités économiques et culturelles. Cette notion a permis également d’inclure dans la nation les Grecs d’Asie Mineure et les Orientaux hellénisés (Sigalas N , 2000, P 283-290).

Après les guerres balkaniques (1912-1913) et l’Echange des Populations (1923), cette notion d’hellénisme, qui était au service d’une pratique expansionniste, a beaucoup perdu de son importance.

APPARITION DE LA NOTION D’HELLENICITE (HELLINIKOTITA)

A partir de la création de l’Etat-nation, l’hellénisme a tendu à se diversifier du point de vue identitaire entre un hellénisme de l’intérieur, proposé comme norme, modelé, par l’Etat grec et hellénisme de l’extérieur, lui-même très diversifié selon les pays d’accueil, s’écartant plus ou moins de la norme en fonction des générations. Un nouveau terme est apparu dans les années 1920, pour désigner cette identité de l’intérieur, celui de hellinikotita, qu’on peut traduire en français par hellénicité. Il est apparu lorsque le territoire de la Grèce a pris sa forme quasi-définitive à la suite des guerres balkaniques et du Grand Désastre (Megali Katastrophi) (20) et que les territoires de l’hellénisme se sont considérablement rétrécis.

Cette notion a été symbolisée par ce qu’il est convenu d’appeler « la génération des années 1930 », c'est-à-dire un ensemble d’intellectuels, écrivains, critiques tels que Sépheris, Elytis, Theotokas, Terzakis, Dimaras, Tsatsos…Apparus sur le devant de la scène dans l’entre-deux-guerres, ils étaient d’origine bourgeoise, avaient reçu une éducation en Europe occidentale et étaient passés par le courant démoticiste dont ils se présentaient comme le prolongement sans l’ethnocentrisme monolithique de Psichari. Cette notion d’hellénicité (hellinikotita) était à mi-chemin entre la tradition démoticiste (21) de la Romiosyni la plus pure et l’ouverture à la modernité occidentale. Elle se référait à une idéologie démocratique libérale par opposition au marxisme et se voulait une auto-connaissance devant permettre une redéfinition de l’identité nationale. Elle voulait proposer une production proprement grecque moderne face à la domination culturelle occidentale, quelque chose qui ne soit pas seulement une culture populaire laographique et romaïque, mais une création néo-hellénique.

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Bien qu’elle ait peu utilisé le terme, cette génération d’artistes personnifie cette grécité, dont l’objectif était de surmonter le dualisme de l’identité grecque (Hellinas-Romios) pour, tout en s’inspirant de la tradition populaire, s’ouvrir au cosmopolitisme bourgeois européen, pour en assimiler le modernisme, tout en se posant en compéti-teur. L’identité néo-hellénique est fracturée entre une identité culturelle gréco-orthodoxe, héritage byzantin et ottoman, et une identité politique d’un Etat-nation tourné vers l’Europe occidentale. L’hellénisme contemporain est caractérisé par un écartèlement entre une identité cultu-relle introvertie, défensive et une identité politique extra-vertie plus dynamique. Ce peut être, selon les auteurs, in-terprété comme un dualisme, dont l’un des termes est ju-gé supérieur ou préférable à l’autre, ou bien de façon plus neutre comme une ambiguïté, voire une hybridité.

Certains représentants de cette génération des années 1930, comme Séféris ou Théotokas, se méfiaient de cette notion d’hellinikotita qu’ils jugeaient trop statique, partielle et même scholastique, trop exigeante d’autochtonie, alors que celle d’hellénisme (Hellinismos) représentait pour eux la tradition historique et spirituelle en constant devenir, beaucoup plus vivante et créatrice, évolutive, dynamique (Tziovas,D, 1989 p 135-137). Pour Séféris, l’hellénisme ne se confond pas avec la Grèce, l’Etat-nation : « Ce pays qui nous blesse et nous avilit. La Grèce devient une affaire secondaire lorsqu’on songe à l’Hellénisme. Que soit détruit tout ce qui de la Grèce, m’empêche de penser à l’Hellénisme. S’il était juste que ce pays s’agrandisse, ce n’était pas pour avoir davantage de députés, de préfets et de gendarmes : c’était pour que, en un coin de l’univers, puisse se développer l’Hellénisme, cette idée de la dignité humaine et de la liberté, et non une idée de musée….Je crois à deux ou trois idées qui, aujourd’hui encore, font leur chemin, après des milliers d’années, dans cette langue » (Séféris, Journal, 1938, p 162)

(13) Le mot genos désigne la naissance, la famille, la descendance, la parenté, puis, par extension, la race ou plus généralement la nation. Le genos est le terme le plus général pour la nation, non spécifiquement lié à tel ou tel Etat, mais plutôt à la fois aux liens familiaux et à la religion (l’Orthodoxie). C’est la nation grecque dans son sens le plus large telle qu’elle existait bien avant la création de l’Etat-nation. Ce genos ton Romaion de l’empire byzantin est devenu après 1453 le roum millet, qui rassemblait toutes les populations orthodoxes de l’empire ottoman quelles que soient leur langue, sous l’autorité du Patriarche œcuménique qui était un Grec et le troisième personnage de l’empire. A partir du XVIIIème s et du projet de la constitution d’un Etat-nation grec à l’issue de la guerre d’indépendance, les termes d’ethnos et de kratos se sont substitués, dans les discours politique et académique, à celui de genos, qui continuait à être utilisé par le patriarcat. (14) Le patriarcat puis l’archevêque d’Ochrida avait consacré l’autocéphalie de l’Eglise bulgare instituée par Syméon au IXème s. Cependant dès le XIème s. des archevêques grecs furent nommés à la tête de l’Eglise d’Orchrida, provoquant son hellénisation durable.

L’autocéphalie de l’Eglise serbe fut proclamée plus tardivement à Nicée au XIIIème s. (A.Ducellier 1986 p 254-257). (15) Ce sont les chrétiens orthodoxes relevant du Rum Millet, c'est-à-dire du Patriarcat œcuménique. (16) Un patriarche de Bulgarie en résidence à Timovo fut créé en 1186. L’autocéphalie de l’Eglise bulgare fut reconnue par le patriarche œcuménique grec en 1220. A la même époque (1222) un archevêque autocéphale serbe fut couronné à Zica (L.Bréhier, 1949, p 376-377). Ces autocéphalies disparurent après 1453 dans le Rum Millet de l’empire ottoman, pour ne réapparaître qu’en 1870 pour l’Eglise bulgare et 1879 pour l’Eglise serbe (F.Thual. 1988 p 18). (17) Cette tradition est elle-même double : la tradition populaire (dimotiki paradosi) et la tradition savante (logiotati paradosi). Comme l’a montré Mirambel (1962. p. 30-31), la tradition des Grecs n’est pas une routine. Communauté de pensée et de comportement, la tradition est également inspiration créatrice de la vie et de l’action présente. (18) K.Sardellis (1985 et 1994) situe clairement cet hellénisme dans la lignée d’Alexandre car il s’agit d’un hellénisme qui s’est, pour l’essentiel, développé en Asie où étaient situés les principaux centres intellectuels et spirituels grecs de la période byzantine puis ottomane. Ce courant de pensée vise à faire vivre ou revivre un hellénisme fondé sur la tradition de la Romiosyni par opposition à l’hellénisme helladique de l’Etat-nation tourné vers l’Europe occidentale. (19) Bien que se référant d’abord à la résistance contre l’occupation allemande et à la guerre des partisans, elle a aussi une dimension diachronique et se réfère aux héros de la guerre d’indépendance de 1821 ou à l’épopée de Digenis Akritas défendant la frontière orientale de la Romania, l’empire byzantin, contre les Arabes. Elle s’inspire de la poésie populaire des chansons démotiques et personnifie un peuple qui souffre, lutte et, ne cédant pas, produit des héros donnant leur vie pour cette terre et pour sa liberté. (20) Le Grand Désastre ou Grande Catastrophe est la défaite de l’armée grecque en Asie Mineure face aux troupes de Kémal Ataturc en 1922. Elle a eu pour conséquences le départ de la population chrétienne grecque orthodoxe d’Asie Mineure et de Thrace orientale en échange de la population musulmane se trouvant sur le territoire de l’Etat-nation grec décidé par le traité de Lausanne (Echange des populations).

MICHEL BRUNEAU

(Suite et fin de l’article dans le prochain numéro du bulletin)

La Grèce au fil des jours Dimanche 21 Janvier 2007

Si le début de ce siècle ne semble pas devoir être marqué, comme le précédent, par de grandes guerres mondiales, chaque jour qui passe voit se multiplier, sur tous les continents, les attentats, les confrontations racia-les, religieuses ou politiques Récemment, à Athènes, le

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lancement d’une roquette contre l’ambassade des U.S.A. a été revendiqué par un « mouvement révolutionnaire » (Epanastatiko>v Agw>nav ) auprès du journal satirique « Pontiki ». Beaucoup pensent à une résurgence du mou-vement 17 Novembre. Koufondinas, No 2 du mouve-ment, actuellement jugé en appel, a déclaré : « Le combat continue. » Il continue sans doute, mais avec des moyens de fortune. On a pu reconstituer la « traçabilité » du lance-roquettes utilisé ; il est du type RPG-7, de techno-logie russe mais de fabrication chinoise( 1974 ) ; il a été vendu à l’Albanie en 1990 et son entrée en Grèce date de I997 après le vol d’armes dans les entrepôts albanais. Por-tée théorique de la roquette: 300 m. Les experts grecs af-firment que, par suite d’un mauvais entretien, elle n’a ex-plosé qu’en demi-puissance. Tous ces détails montrent la complexité du commerce des armes.

La roquette qui nous intéresse a donc été tirée contre l’ambassade des U.S.A. à l’aube (5h58) du 12 Janvier et visait le blason de l’ambassade. En décryptant les images des caméras de surveillance, on détecte l’implication de 4 personnes : trois hommes et une femme, ce qui fait dire à un journaliste de Ta Nea: « L’attaque de l’ambassade a un parfum de femme ». (Me a>rwma gunai>kav h epi>qesh sthn presbei>a.) Le journaliste laisse-t-il entendre sournoisement que c’est ce “parfum” de femme qui explique l’imprécision du tir ? Car le but visé, l’écusson de l’ambassade, n’a pas été endommagé. La roquette transperça une baie vitrée et atterrit dans une baignoire évidemment vide à cette heure tardive de la nuit. Vendredi 9 Février 2007

Cet attentat contre l’ambassade américaine n’est qu’un acte isolé, de même que l’assassinat, dans l’immeuble qu’il habitait, de Giannis Bartholomaios, directeur de la caisse des retraites I.K.A( Idruma Koinwnikw>n Asfali>sewn), meurtre passionnel assez banal dont la presse n’aurait pas autant parlé si la femme du mari trompé Mme Thomaï Bracatseli ne cumulait de hautes fonctions, brassant des milliards, dit le journal Ethnos, dans les fournitures à l’I.K.A et faisant partie de multiples commissions. Lundi 12 Février 2007

Plus inquiétante est la violence qui s’exprime dans la rue, provoquée par les étudiants qui refusent la modifica-tion de l’article 16 de la Constitution qui permettrait dé-sormais la création d’universités privées. Cette modifica-tion a été approuvée par l’assemblée nationale par 164 voix contre 117. Les heurts entre étudiants et forces de police n’en restent pas moins très fréquents. Ils ont lieu en général le jeudi et ce rituel auquel on dérogera sans doute au mois de Mai à l’approche des examens irrite même certains membres de l’opposition, tel Mr Pangalos qui rappelle que, dans une démocratie, on doit respecter le vote de l’assemblée. Partage ce point de vue Mr Kons-tantopoulos ancien président du Synaspismos. Mais Mr Pangalos, dans une déclaration au journal Kathimerini voudrait aller plus loin. Il propose la suppression du droit

d’asile qui interdit aux forces de l’ordre de pénétrer dans les universités pour y rétablir l’ordre et faire cesser des trafics illicites. Ces suggestions ont attiré à son auteur les foudres de Mr Papandréou. « Qu’il fasse attention ! »(Na prose>cei), a-t-il averti. Jeudi 22 Mars 2007

De nombreux universitaires (p.ex. : 32 professeurs de l’université de droit d’Athènes) protestent contre l’occupation des lieux par les étudiants : ils la qualifient de «pratique illégale ».et dénoncent son caractère « totalitaire ». Il y a une dizaine de jours, de graves incidents avaient eu lieu Place Syntagma devant la statue du Soldat Inconnu. Le feu avait été mis à l’une des guérites des evzones. Comme l’écrit un journaliste, « l’enseignement est dans le brouillard ».(Paidei>a sthn omi>clh). Mais aujourd’hui, changement de comportement. Les « porteurs de cagoule » (koukoulofo>roi) offrent des roses aux forces de police. Ce témoignage d’affection durera-t-il ? On peut en douter : leur cagoule masque toujours leur visage et les porte-parole des étudiants ont déclaré qu’ils continueraient à manifester jusqu’à la semaine sainte. Vendredi 30 Mars 2007

Autre lieu de tensions et de bagarres : les abords et l’intérieur des stades. Les bandes rivales de supporters se donnent parfois rendez-vous dans des zones éloignées de toute présence policière pour en découdre. Hier, c’était le stade couvert de Paiania (banlieue d’Athènes qui avait été choisi comme champ de bataille. Résultat :1 mort ( un jeune homme de 25 ans ) et de nombreux blessés. Les autorités ont réagi en interdisant les rencontres de sports collectifs pendant 15 jours. Dimanche 8 Avril 2007

Naufrage d’un navire de croisière (le Sea Daimond ) aux abords de Santorin : coque déchirée après une collision brutale avec un énorme écueil. La plupart des passagers ont pu être sauvés .On compte cependant deux victimes : une mère et sa fille. Il semble que la réglementation maritime n’ait pas été respectée. Cinq membres de l’équipage ont été inculpés. Samedi 28 Avril 2007

Une affaire, encore mal élucidée, fait grand bruit et monopolise l’attention des média. C’est l’affaire dite des « omologa », titres obligataires dont la chute en bourse entraîne une perte de 17 millions d’euros, lourde charge pour les caisses de retraite qui se sont risquées à ce placement hasardeux. Il fallait un bouc émissaire ou un vrai coupable. Jouera l’un ou l’autre rôle le ministre du travail, Mr Tsitouridis, qui sera condamné à la « décapitation » (apokefalismo>v ), comme disent les journaux, c’est-à-dire à la démission. Jeudi 17 Mai 2007

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Me relisant, je m’aperçois que j’ai cédé à la tentation bien connue du chroniqueur de privilégier le fait divers pittoresque ou les grippages de la société plutôt que les éléments positifs qui marquent la vie quotidienne. Termi-nons donc sur une note plus optimiste. . M’en donne l’occasion un article du « Monde » de ce jour intitu-lé : « Bruxelles accorde un satisfecit à la Grèce en matière budgétaire ». Quelques chiffres justifient ce jugement : le déficit public a été ramené de 8% en 2004 à 2,4% en 2006 et le ministre de l’économie, Mr Alogoskoufis es-père atteindre l’équilibre (taux zéro) en 2010. La crois-sance a été de 4,3% en 2006. La récompense de ces ef-forts est la « levée de la « surveillance » ( a>rsh epith>rhshv) par la commission de Bruxelles. Levée rela-tive cependant comme le montre le dessin humoristique du journal Ethnos où l’on voit le geôlier annoncer à la vieille dame à la valise qui symbolise l’économie grecque et qui est sur le point de reprendre sa liberté : « Tu es li-bre…va-t-en où tu veux ». Mais, tout autour, le précipice rend impossible toute évasion..

Dessin publié dans le journal Ethnos du 17 mai 2007

Il est visible cependant que, depuis l’impulsion

donnée par la préparation des jeux olympiques, le visage de la Grèce et d’Athènes en particulier, a changé. Il serait trop long d’énumérer les réalisations de prestige, en cours ou achevées, de ces dernières années, depuis le pont de Rio Antirio jusqu’au musée de l’Acropole en passant par le stade olympique dont le toit ressemble à une grande voile déployée par le vent, sans oublier le développement rapide du métro et autres voies ferrées.

Il semble donc que la Grèce, écrasée par son passé prestigieux, méprise un peu son présent. C’est ce que dé-plore un document émanant de Grèce que m’a commu-niqué Nicolas Familiadès. En voici la conclusion : « Pourquoi ne nous sert-on que ce qui souligne, de notre pays, l’indigence et la misère. Nous suffit-il d’apprendre quel est le prix du concombre ? Soit, c’est l’intérêt des chaînes de télévision : c’est ce qui s’y vend le mieux.

Alors que l’Etat pallie à ces carences et fasse connaître nos performances ! »

LOUIS DELON

Chansons d’hier et d’aujourd’hui

J’ai entendu un musicologue grec affirmer que sans

la chanson « Francosyriani », la Grèce ne serait pas tout à fait la Grèce. On peut considérer cette assertion comme une boutade ou même une provocation. Mais donnons d’abord le texte et sa traduction.

Fragkosurianh> Fragkosurianh> Fragkosurianh> Fragkosurianh> Mia fou>ntwsh, mia flo>ga e>cw me>sa sthn kardia>, le<v kai ma>gia mou >ceiv ka>nei, fragkosurianh> glukia>. Qa >rqw na se antamw>sw pa>li sthn akrogialia> qa >qela na me corta>seiv apo> ca>dia kai filia>. Qa se pa>rw na guri>seiv Foi>nika, Parakoph>, Galisa> kai Ntelagra>tsia, kai av mou >rqei sugkoph>. Sto Pate>li, sto Niocw>ri, fi>na sthn Alhqinh>, kai sto Mpiscopio>, roma>ntsa, glukia> mou fragkosurianh>.

������

J’ai au fond de mon coeur

une exaltation, une flamme ; on dirait que tu m’as jeté un sort,

douce francosyriani.

J’irai de nouveau à ta rencontre sur la plage,

je voudrais que tu me rassasies de caresses et de baisers.

Je te prendrai faire un tour

A Finica, Paracopi, Galisa et Dellagratsia,

Et que vienne l’éblouissement.

A Pateli, à Niohori merveille, à Alithini,

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et à Biscopio, une romance , ma douce francosyriani.

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Une « francosyriani » est une habitante catholique de

l’île de Syros, lieu où se mêlent l’occident et l’orient comme dit une autre chanson.( ekei> pou smi>goun h du>sh kai h anatolh> ). Voilà déjà un premier trait d’union entre les deux composantes de notre civilisation : à Syros, orthodoxes et catholiques vivent en parfaite harmonie. L’auteur lui-même de cette chanson composée en 1935 , Marcos Vanvacaris, appartenait à une famille catholique.

La série des noms de lieu qui se succèdent dans la deuxième partie de la chanson ajoute à cet étroit rappro-chement. La très latine, mais déguisée en italienne, « Del-lagratsia » ( petite charmante cité résidentielle alors), d’où la « syncope » (sugkoph>) que j’ai traduite par « éblouissement », côtoie les très grecques Niohori et Ali-thini. La sonorité des mots crée non pas une alternance qui sépare, mais une fusion qui unit.

Enfin la mélodie est réduite à sa plus simple expres-sion. L’accumulation des noms de lieu constitue une première musique que l’on perçoit à une simple lecture. La deuxième, l’air proprement dit, est encore plus dis-crète : il s’agit d’un récitatif qui n’est pas sans rappeler les chants liturgiques byzantins et le grégorien de la liturgie catholique. Renoncement complet à tout ce qui pourrait être fioriture ornementale. On a remarqué par exemple que les onze premières syllabes de la chanson sont dites sur la même note.

En nous invitant à faire le tour de son île, Vanvacaris nous plonge au plus profond de la civilisation méditerra-néenne. Voilà donc un compositeur autodidacte qui ré-concilie l’orient et l’occident par la magie des sons : ceux des mots et ceux de la musique. Oui, c’est bien une partie de la Grèce qui disparaîtrait si elle cessait de jouer ce rôle de trait d’union et de chanter cet hymne à la coexistence fraternelle.

LOUIS DELON

Et si on parlait cuisine ……….

Légumes farcis Yemista Γεµιστά

Voici un plat d’été, toujours très apprécié, qui a l’avantage de pouvoir être préparé à l’avance. Il n’en sera que meilleur.

Cette recette peut être réalisée avec des tomates, des poivrons, des courgettes, des aubergines seuls ou associés

• Vider les tomates en conservant le « chapeau » même chose pour les poivrons. Creuser les courgettes et réserver la pulpe. Pour les aubergines, enlever une bande de peau et faire revenir à la poêle dans un peu d’huile d’olive : il sera plus aisé de les évider.

• Saler l’intérieur des légumes.

• Ecraser la pulpe des tomates et la faire cuire pour préparer un « coulis ». J’y ajoute une boîte de tomates fraîches en conserve (type Buitoni).

• Assaisonner. • Préparation de la farce : Pour une douzaine de

légumes acheter 400g de viande hachée de bœuf. La faire revenir dans de l’huile d’olive avec de l’oignon émincé.

• Ajouter sans faire cuire : • la pulpe des courgettes et des aubergines écrasée au

mixer • deux bonnes louches de coulis de tomates • deux tasses à thé de riz rond cru. • bien assaisonner : sel, poivre, persil haché, origan

ou herbes de Provence. • Garnir les légumes avec cette farce mais ne pas trop

remplir pour permettre au riz de gonfler. • Ranger les légumes farcis recouverts de leur

« chapeau »dans un plat à four où l’on aura préalablement versé le reste du coulis de tomates.

• Arroser – copieusement – d’huile d’olive • Cuisson = 180° au début, puis baisser à 150° dès

que le coulis bout. • Cuire une heure environ mais s’assurer, avant

d’arrêter, que le riz est cuit. • La cuisson doit être terminée 1h à 2h avant la

consommation du plat. • Voilà ma recette mais chacun peut y mettre son

grain de sel. ……..

En Grèce, dans les restaurants, tomates et poivrons sont souvent uniquement farcis avec du riz bien assaisonné avec oignons, persil, herbes. C’est aussi très bon …. Ces légumes farcis sont alors dits « ορφανά » c’est à dire « orphelins ».

Bon appétit

Bonnes Vacances à tous

LINE FAMILIADES

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Ma mère disait …

Μόλις φύγει ο εχθρός , όλοι γενναίοι γίνονται Quand l’ennemi est parti, tous devien-nent courageux. Les peureux et les lâches, deviennent

des héros quand le danger s’éloigne. C’est malheureusement ce qui a été constaté, plus d’une fois lors des derniers conflits. Ούτε φωνή , ούτε ακρόαση Ni voix, ni écoute

On le dit pour des personnes qui disparaissent pen-dant un certain temps sans donner signe de vie.

A ne pas confondre avec : ni vu, ni connu qui n’a pas le même sens. Μάλλιασε η γλώσσα µου Des cheveux ont poussé sur ma langue.

Quand on essaye de convaincre quelqu’un et qu’on répète plusieurs fois la même chose pendant des heures et des heures, à la longue, la langue µάλλιασε.

A ne pas confondre avec l’expression : avoir un poil

sur la langue qui signifie en français : zozoter. Mais revenons à notre proverbe grec dont les origi-

nes remontent à l’époque du Royaume de Byzance.

Quand un bavard échangeait des propos subversifs, il était puni de la façon suivante : on lui donnait à mâcher une certaine plante épineuse et âpre.

A la longue sa langue

s’enflammait, se gonflait,

saignait et des filaments s’y déposaient donnant l’allure de poils. Punition cruelle !

NICOLAS FAMILIADES

Club Lecture

Les suppliantes

Rare jour de froid ou de fin de neige à Toulouse, ce

mercredi 26 janvier. On eu pu croire ou redouter que cette température ne décourage nos plus fervents lecteurs du club livre.

Mais non...Mis à part, Louis et Josette, qui appréhendaient, à juste titre, un retour long et difficile, l’assistance était nombreuse et intéressée.

Au programme une pièce d’Eschyle. Eschyle nous a-

t-on dit, était un auteur à la mode. Quelle prouesse après 2500 ans. Nous avions tous lu avec attention « Les Suppliantes ».

Cette pièce est considérée comme la plus ancienne d’Eschyle. Elle faisait partie d’une trilogie retraçant la tragédie des Danaïdes, légendes racontées dans une épopée en six mille vers qui semble dater de la première moitié du Vième siècle. Encore une sombre histoire de famille nous rappela-t-on, histoire qui est encore vivace par le biais de l’image populaire du « tonneau des Danaïdes », qualifiant des tâches auxquelles il ne vaut mieux pas s’atteler.

De cette trilogie ne nous est parvenue que la première partie « Les Suppliantes ». Cette pièce se continuait par « les Egyptiens », puis par une troisième pièce elle-même intitulée « les Danaïdes » le tout complété par un drame satirique « Amynone ». L’articulation de cette pièce annonce clairement une suite tragique. A l’issue de cette première partie, le roi des Argiens accorde l’asile aux cinquante filles de Danaos, qui refusaient l’hymen auquel voulait les contraindre leur oncle Aegyptos, qui leur proposait en mariage ses cinquante fils, mariage rejeté par leur père, qui y voyait un piège. La décision du roi n’est pas une décision personnelle, il l’a prise en accord avec ses sujets parce qu’il estimait qu’il s’agissait d’une décision juste, mais savait qu’en agissant ainsi il mettait en péril la quiétude de son peuple et la guerre semble proche.

Ce livre a permis d’évoquer bien des sujets qui sans

oublier l’histoire proprement dite et celle des Grecs et de leurs origines, ont abordé la naissance ou la préoccupation de la démocratie, le caractère féministe ou non de ces danaïdes qui semblaient repousser l’hymen, de la force et de la construction du texte, et des problèmes plus philosophiques liés au rythme et la vitesse de diffusion des connaissances.

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Cette pièce et plus généralement la légende des Danaïdes fait apparaître la continuité qui lie les civilisations égyptiennes et grecques, continuité qui perdure de façon très ostensible au sein du cercle franco-hellénique.

Le club livre n’est pas une enceinte rigide où chacun

ne peut s’exprimer que sur un sujet nettement déterminé. C’est un espace d’échanges, un lieu de réflexions désor-données, qui peuvent même s’accorder le droit d’être confuses. Peu importe, chacun en ressort avec l’envie d’explorer un champ nouveau, étant bien entendu que ce dernier est très variable d’un participant à l’autre.

MARTINE FABRE

Dans notre bibliothèque : Lune amère de Photini Xanthopoulou.

Je vais commencer cette rubrique tout à l’envers ! Après avoir lu le roman je me suis interrogée sur son titre ! Lune amère. Pourquoi avoir donné ce titre, dans l’édition française, alors que le traduction exacte –que donne, par ailleurs, incidemment, la quatrième de couverture– est L’Elue de la lune. Il faut reconnaître que Lune amère, en français, cela sonne bien ! Mais le titre original insinue un soupçon d’amour, un rayon de rêve alors que le titre français rabat vers la désespérance ce roman qui laisse si peu d’espace à l’espoir. L’auteur, Photini, (Claire) a –t-elle voulu par son titre laisser passer un entrefilet de lumière dans ces paroles de la misère ? Car elle a écrit là un roman sombre, qui conte la lutte pour la survie, la leur propre, puis celle de leur famille, de Périclès et Anghéliki de la fin de la guerre civile à la dictature des colonels. Roman qui dévoile les effets de la pauvreté qu’Anghéliki résume vers la fin du roman (p.286) « La pauvreté, la fatigue, la misère, les désirs insatisfaits nous avaient dévorés, nous étions emportés dans le tourbillon d’un gouffre sans espoir, sans désir, peut-être de revenir en arrière ».

La construction du roman est simple : à tour de rôle, chaque protagoniste vient parler de lui. Le début de l’histoire est à deux voix, celle de Périclès et d’Anghéliki, avec leur jeunesse et amour prêts à vaincre toute adversité. Puis, s’adjoignent les voix de leurs enfants. La succession des monologues est sans surprise, presque lassante. Ils n’ont pas pour fonction de donner une interprétation personnelle à une même situation (même si cela se passe ainsi parfois). Chacun s’avance, raconte sa petite histoire.

Serait-ce une faiblesse du roman ? C’est ce que je pensais a priori. Mais, à y bien penser, cette construction répétitive est au service du récit.

Que raconte ce livre ? La lutte d’une famille pour simplement avoir de quoi se nourrir, puis se préserver dé-

finitivement de la misère, et enfin accéder à un minimum de bien-être. Toutes les énergies sont absorbées pour ga-gner ce combat quotidien. Et il éteint les capacités de ré-flexion, d’amour. Ce roman est le roman de la lente abra-sion qu’exerce la misère sur les individus. La pauvreté a raison de tout.

Et la structure du roman, avec ce qu’elle induit de lassitude, est en parfaite concordance avec cet entêtement de tous les matins, interminable, de gagner à chaque instant une bataille contre l’indigence. Elle est le reflet de l’usure que cet acharnement à « s’en sortir » produit sur les êtres.

Mais, Photini Xanthopoulou va plus loin. Par petites touches, elle démonte le mécanisme du « souffre-douleur ». Là où la lutte pour la vie monopolise toutes les forces psychiques il ne reste aux individus pour se sentir encore un peu vivants que la cruauté envers un des leurs, un sadisme en toute bonne foi, qui ne se veut pas meurtrier. Le cycle des tensions et des déchaînements est si vicieux que celle qui est au bout de la chaîne n’a d’autre solution que de le reproduire à l’intérieur d’elle même. On ne dira pas ici comment se résout ce conflit intérieur alors qu’avec un semblant de bien-être et de sécurité matérielle commencent à affleurer la sérénité et l’amour.

Il est certaines lectures qui sont des traversées

douloureuses. Lune amère me fait l’effet d’un autre terri-ble roman La Caisse. (voir le Bulletin n°37). Il obsède, il englue. Est-ce qu’il y a dans tout lecteur une part de ma-sochisme qui lui fait dire que de tels ouvrages sont de

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très-très bons livres ? Quelle est cette expérimentation que de tels romans font vivre au lecteur ? Celle de l’indicible inéluctable ?

Mais, mon propos n’est pas ici de décourager la lecture de Lune amère. Au contraire ! Voici un ouvrage que je recommande à tous.

GYSLAINE MAGOGA

Fête de Pâques à Mons

Nous étions moins nombreux que d’habitude (pb

de courrier…) ce dimanche 13 mai mais aussi motivés et en forme comme toutes les fois qu’il s’agit d’agapes. Les agneaux étaient déjà dans un état de bronzage avancé quand nous sommes arrivés vers midi en car comme d’habitude. Nos hôtes aussi aimables que professionnels nous ont accueillis sous un soleil éclatant qui, cette année, était de la partie. Le floc, les œufs rouges, les olives, ont contribué largement à la bonne humeur et à l’ambiance joyeuse qui a suivi tout au long du repas. Mention particulière pour la qualité de la viande et de la cuisson, il y en a qui devraient prendre des leçons…Le départ, toujours aussi difficile, a été précédé de la traditionnelle visite de la cave du château où nous avons fait quelques provisions de liquides pour les jours froids de l’hiver. Nous avons pris date pour l’année prochaine.

AXA

Soirée cinéma

Le jeudi 10 mai nous avons beaucoup aimé le film « Loufa kai parallagi » qui, quand il est sorti en Grèce en 1985, avait eu au moins autant de succès que « Politiki Kouzina » plus récemment. Cette comédie quelque peu dramatique retrace la vie dans les casernes de l’armée grecque juste avant et pendant le coup d’état des colonels en 1967. Ces derniers en prennent fort gentiment pour leur grade (si on peut dire) en particulier dans la caricature de la langue –une sorte de catharevoussa d’illettrés- utilisée par les cadres de l’armée pour imiter l’inimitable Papadopoulos. Mais c’est aussi le service militaire, long de 2 ans à l’époque, qui est mis sur la sellette. Pour passer le temps les troufions font preuve d’imagination et sont continuellement à la recherche de combines pour mettre un peu de sel à leur quotidien et tromper leur ennui. La période des colonels n’a rien changé, heureusement, et le daimonio grec n’a eu que faire de cette période trouble de l’histoire récente de la Grèce. Ce fut un vrai bon moment de détente.

DIMO

Printemps des langues

Le dimanche 27 mai avait lieu Place du Capitole

le traditionnel Forum des Langues. Le CERCLE tenait un stand, au demeurant fort bien placé, avec nos amis du Goethe Institut. Nous avons été contactés par d’assez nombreux visiteurs en quête de sensations, d’exotisme, mais aussi par des personnes intéressées par les langues et cultures étrangères. Nous avons fait une belle promotion de la langue grecque, en particulier Géorgia, notre institutrice qui a animé deux ateliers l’après-midi. Nous avons distribué de nombreux prospectus et échangé avec les badauds à propos de nos activités culturelles. Nous avons aussi profité des prestations de certains groupes polyethniques qui ont mis de l’ambiance jusqu’au moment où la pluie nous a obligés à plier bagage. Cette manifestation constitue à n’en pas douter un vecteur intéressant de promotion des différentes langues parlées dans notre Région. Il serait souhaitable que nous réfléchissions sur les moyens à utiliser pour attirer sur notre stand et intéresser encore plus de personnes.

ADAMANTIOS AGATHOPOULOS

Voyage 2008

C’est la Libye qui a été choisie pour le prochain voyage du C.E.R.C.L.E. en 2008.

Plusieurs raisons nous ont amenés à choisir cette destination : d’abord la demande formulée par plusieurs membres du C.E.R.C.L.E., ensuite la richesse du pays en vestiges phéniciens, grecs, romains et byzantins, et enfin l’intérêt de visiter une grande nation arabe, mal connue.

Ce voyage organisé par SALT Voyages, rue Gabriel Peri devait avoir lieu du 12 au 20 Avril. A la suite d’un changement d’horaires des liaisons aériennes, nous avons du modifier les dates et le voyage aura lieu du 12 au 19 Avril 2008, ce qui a entraîné une petite modification du circuit : en perdant UN jour, nous avons dû supprimer l’excursion en 4/4 au départ de Ghadames. Le reste du voyage est inchangé. Nous visiterons Tripoli et la Tripolitaine, la Cyrénaïque avec les très beaux sites de Cyrène, Appolonia, Ptolemais ainsi que les églises byzantines de l’Al Athrum, enfin nous irons à Ghadames jusqu’aux portes du désert.

Nouveau prix du voyage : 1285 € + 190 € taxes aéroport.

Tout est compris : pension complète, guide francophone, assurance assistance rapatriement et non départ, frais de visa, droits des photos sur les sites.

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Bulletin d'information n°48 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16

E-Mail : [email protected]

Afin de confirmer le voyage l’Agence SALT de-mande une inscription rapide avant le 15 Juillet 2007, as-sortie d’un acompte de 470 € .

Nombre de places limité à 30. Pour tout renseignement complémentaire ou si

vous n’avez pas reçu les programmes envoyés par courrier séparé s’adresser à : Mme FAMILIADES 05 61 23 67 05 ou 06 03 51 44 00 E/mail [email protected]

ou à Valérie Sauriac , responsable SALT Voyages AU 05 61 63 51 93

Voici une petite histoire en grec, proposée par Nicolas à l’attention des élèves des cours de langue. Traduction dans le prochain numéro

DUO FILOIDUO FILOIDUO FILOIDUO FILOI Ei>nai h istori>a 2 fi>lwn pou perpatou>n sthn e<rhmo. Ka>poia stigmh> tsakw>qhkan kai o e>nav apo> touv du>o e>dwse e>na castou<ki ston a>llo. Auto>v o teleutai>ov poneme>nov, alla> cwri>v na pei ti>pota, e>graye sthn a>mmo: SHMERA O KALUTEROS MOU FILOS ME CASTOUKISE Sune>cisan na perpatou>n me>cri pou brh>skan mia o>ash o>pou apofa>sisan na ka>nou mpa>nio. Alla> auto>v pou ei>ce fa>ei to castou>ki parali>go na pnigei> kai o fi>lov tou ton e>swse. >OTAN sunh>lqe, e>graye pa>nw se mia pe>tra : SHMERA O KALUTEROS MOU FILOS MOU ESWSE TH ZWH Auto>v pou ton ei>ce castouki>sei kai sth sune>ceia tou e>swse th zwh> rw<thse: o>tan se ctu>phsa, e>grayev pa>nw sthn a>mmo, kai tw<ra e>grayev pa>nw sthn pe>tra. Giati> ? O a>llov fi>lov apa>nthse :»o>tan ka>poiov mav plhgw>sei, pre>pei na to gra>foume sthn a>mmo o>pou oi a>nemoi thv sugnw>mhv mporou>n na to sbh>soun. Alla> o>tan ka>poiov ka>nei ka>ti kalo> gia mav, pre>pei na to cara>zoume sthn pe>tra, o>pou kane>nav a>nemov den mporei> na to sbh>sei

Epitaphe d’Antiochus, Roi de Commagène

Lorsqu’elle revint, accablée de douleur,

des funérailles de son frère Antiochus, le roi très érudit de Commagène, dont la vie offre un exemple de sagesse et de bonté

elle souhaita une épitaphe digne de ce prince. Et ce fut Callistrate, un sophiste d’Ephèse (Il séjournait souvent dans le petit Etat de Commagène, hôte de la

maison royale), qui l’écrivit, sur les indications de courtisans syriens,

et l’envoya à cette dame vénérable :

Au roi Antiochus, à notre Bienfaiteur,

Ô Commagéniens, rendons ici honneur ; Il fut de notre Etat le Guide pacifique ;

Il fut sage, équitable, courageux. Il eut surtout le don parfait : être Hellénique.

L’humanité n’en connaît point de plus précieux ; S’il en est de plus hauts, ils sont devers les Dieux.

De ce poème de 1923, traduit par Théodore

Griva je vous livre une autre traduction de la fin qui a ma préférence et que l’on doit, je crois, à Marguerite Yourcenar.

« A la gloire du roi Antiochus, le bienfaiteur,

rendons hommage, ô Commagéniens, comme il convient. Il fut de notre Etat le gouverneur prudent.

Il fut équitable, sage, vaillant. Il eut aussi la qualité suprême : être Hellénique-

L’humanité n’a pas de titre plus insigne ; ce n’est que chez les dieux qu’il en est de plus dignes. »

Nécrologie

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Bulletin d'information n°48 édité par le C.E.R.C.L.E. Franco-hellénique C/ Goethe Institut 4 bis, rue Clémence Isaure -31000 Toulouse tél 05-61-13-04-16

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Le CERCLE vient encore de perdre un ami.

Victor Amigo nous a quittés après une courte maladie, nous laissant désemparés. Membre de notre Association depuis quelques années, il suivait avec intérêt nos activi-tés culturelles et festives. A sa femme Annie, à son fils Didier, à toute sa famille et à ses très nombreux amis, le CERCLE adresse toute sa sympathie et ses sincères condoléances.