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chaleureuses soient transmis à toutes les âmes ai

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Que mes sincères remerciements et mes pensées chaleureuses soient transmis à toutes les âmes bénéfiques que j’ai rencontrées sur ma route.

Ces écrits sont également un témoignage de ce qui m’a été donné : votre aide, votre soutien, votre présence, votre écoute, votre sourire, votre patience, et toutes les autres richesses qui m’ont permis de ne pas me perdre.

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PRÉFACE

La fille et le vélo

Il n’y a pas si longtemps, une fille passait devant un magasin de vélos. Un vélo, tout neuf, tout beau, avait la chance de pouvoir parler.

– « Hep !, achète-moi, je t’en supplie ! Je me morfonds dans ce magasin. J’ai envie de voyager !, demanda-t-il à la fille.

– Es-tu assez costaud pour porter deux lourds sacs, et pour ne pas tomber malade facilement ? J’ai de la route à faire.

– Je sais, je suis un vélo de ville. Mais prends-moi, par pitié. Je te serai fidèle. Je ne veux pas rester ici. Écoute donc tous ces klaxons, tout ce bruit de ville. Je veux voir du pays, partir avec toi. »

Et c’est ainsi que la fille prit le vélo avec elle, attacha les deux sacs, le plus petit devant, dans le panier et le très gros derrière, accroché sur le porte-bagages par un tendeur. Et ils partirent tous les deux à l’aventure.

Le vélo raconte son histoire : – « Nous sommes donc partis tous les deux, à mon avis très chargé.

Mais qu’est-ce qu’elle peut bien mettre dans ses sacs ? Peu importe, je suis trop content de sortir de la ville et de découvrir de nouveaux paysages. Nous avons d’abord traversé des rizières. Les différentes couleurs vertes étaient magnifiques. On s’arrêtait souvent regarder les enfants sur les buffles, ou la charrue tirée par les bœufs. On était intrigué par le premier ramassage du riz, avant d’être replanté. Souvent, on a demandé à ma maîtresse d’aller dans le champ pour y travailler ! Elle n’y est jamais allée, sûrement trop peur de m’abandonner. Mais je me demande plutôt si ce n’était pas la flemme ! Elle n’a jamais voulu me dire…

Ensuite, après la campagne, nous sommes arrivés à la mer. Chouette, elle me fait tremper les roues ! À chaque pause, elle en profite pour me prendre en photo. C’est vrai que je suis très beau ! Mais pratiquement à

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chaque fois, elle vient s’incruster derrière moi, ce qui ne donne plus du tout le même charme à la photo ! Mais, chut !, il ne faut pas lui dire !

Après la mer, c’est la montagne. Eh oui ! Un vélo de ville peut gravir des côtes ! Bon, c’est vrai que ma maîtresse était à côté de moi et me poussait ! Mais c’est moi qui portais les sacs ; pas elle ! Nous avons traversé de superbes paysages tout le long du chemin. Les routes n’étaient pas souvent très bonnes à cause de la pluie. J’entends encore ma maîtresse dire, écœurée : « mais ce n’est pas vrai… ! ». Parfois, la route, ou le chemin plutôt, avait de si grosses flaques qu’elle me disait : « Attention, on va traverser des petits lacs ! ». Mais elle exagère toujours !

Ce que j’adorais, c’était mes bains : soit dans la rivière, soit dans les cours d’eau, dans la mer, ou bien dans les lacs. D’abord, elle me lavait et ensuite, c’était à son tour. Et on repartait, grinçant un petit peu les premiers mètres, mais on était tout brillant, tout propre. Souvent, les gens nous regardaient en rigolant. On répondait à leur « hello », leur « Bye Bye » et à leur sourire ou à leur regard étonné ! Parfois, les enfants couraient après nous. Des vélos également venaient discuter. Et aussi des mobylettes nous accompagnaient un petit bout de chemin.

Ma maîtresse n’est pas trop prévoyante. Quand on partait, on ne savait jamais où on allait manger et où on allait dormir. Les gens ont toujours été très généreux et nous ont donné quand nous avions besoin. Quelle chance ! Nous avons rencontré peu d’étrangers mais ceux-là nous ont beaucoup aidés, sans le savoir peut-être. En plus, ils parlaient la même langue que ma maîtresse… C’était bien pour elle ! Pour dormir, quand il n’y avait pas d’hôtel, des familles nous accueillaient. Et si personne ne nous voulait, ce n’était pas bien grave. On se débrouillait toujours pour trouver où coucher : sur une table d’une salle, même dans une base militaire. Mais le mieux, c’était cette nuit passée avec Bouddha et les moines, dans ce petit temple ! Il n’était pas question de dormir dehors à cause des moustiques, des serpents et des chiens pas forcément gentils.

Ma maîtresse est très fière de moi. Elle m’a fait passer dans des endroits qu’aucun vélo de ville ne devrait traverser : dans la boue, entre autres, avec les petits cailloux qui se prennent dans la chaîne. J’ai déraillé une seule fois. Et sinon, jamais crevé, jamais dégonflé, mes freins étaient usés mais ils fonctionnaient encore. Et, quand nous roulions, nous faisions entre 30 à 60 km par jour, quel que soit le temps ! Ah ! Je crois que ma maîtresse veut rajouter quelque chose.

– N’as-tu pas oublié de dire qu’à deux reprises, tu n’as pas voulu de mon gros sac attaché derrière et que tu le faisais tomber dès que tu en avais l’occasion ? Et tu sais que cela m’a beaucoup énervé !

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– C’est vrai, c’est vrai… Parfois, j’en avais ras les roues de ce sac ! Mais qu’est-ce que t’y mets donc pour qu’il soit si lourd ?

Je souhaite ajouter que, moi, petit vélo de ville qui ne paie pas de mine, accompagnée de ma maîtresse plutôt imprévisible, nous sommes heureux d’avoir traversé ensemble le Cambodge, en partageant notre histoire tout le long de ce trajet avec nos enrichissantes rencontres. »

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INTRODUCTION

Quand le corps parle

Je suis spasmophile. J’aimerais plutôt dire « j’étais », mais aujourd’hui, je sais que ce n’est pas encore le cas.

La spasmophilie est considérée comme une maladie psychosomatique, qui touche en partie les personnes anxieuses ou déprimées. Il paraît également que c’est héréditaire. Cela peut provenir aussi d’un manque de magnésium. Toutes ces probabilités sont sûrement vraies. Mais ce que je ressens en moi : mon corps a besoin d’exprimer son mal être, ses blocages au travers de violentes crises. Et cela devient vite un cycle sans fin : l’esprit va mal, donc le corps va mal et donc l’esprit va encore plus mal…

Pour casser cette boucle infernale, je sens le besoin de sortir de ce rythme soutenu d’une vie stressée, agitée, bruyante. Mais encore faut-il faire le pas : quitter le quotidien, le travail, l’appartement, ses habitudes. Tout quitter, pour aller où, pour trouver quoi ?

Tout au fond de moi, j’entends cette petite voix me dire : « À plusieurs reprises, ton corps te fait des signes que tu entends mais

que tu refuses d’écouter. Maintenant que tu en prends conscience, fais ce que tu sens qu’il faut que tu fasses. C’est ton cœur qui te le demande. Écoute-le, il te parle. Ne te cache rien. Tu découvriras qui tu crois être, pour devenir enfin toi-même. »

Me voilà face à moi-même et face à mon cœur qui me demande… de partir.

L’histoire « la fille et le vélo », racontée précédemment en forme de conte, fait partie de mon périple, de ma vie. Cette aventure inoubliable, comme tant d’autres, m’a aidée petit à petit, à faire face aux difficultés d’une autre manière que par la colère, l’incompréhension et toutes ces réactions négatives. L’échange, le partage, les différentes cultures et

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les diverses rencontres m’ont ouvert à de riches connaissances. Et maintenant, où que je sois, je continue à apprendre !

Je souhaite voyager une nouvelle fois à travers mes récits, et surtout apporter un témoignage aux personnes en souffrance, en espérant les aider dans le chemin de la libération.

Notes :

(1) Les textes en italique qui émaillent les prochains chapitres sont des extraits de mes carnets de route, désirant partager tous les moments vécus, les bons comme les moins bons !

(2) Les trajets effectués sont retracés sur des cartes à la fin de ce livre.

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PARTIE 1

Mon premier départ

« Don’t trust what other may say yourself. Seeing is believing, hearing is never true ! »

Ce qui signifie :

« Ne crois pas ce que les autres peuvent dire sur toi. Ce que l’on voit est sûr, ce qu’on entend n’est jamais vrai ! »

Citation découverte dans un hôtel en Inde. ___________________________________

Des paroles de Bouddha :

« Quand vous voyez, contentez-vous de voir, Quand vous entendez, contentez-vous d’entendre,

Quand vous sentez, contentez-vous de sentir, Quand vous touchez, contentez-vous de toucher, Quand vous savez, contentez-vous de savoir. »

___________________________________

« L’eau est troublée par le vent, le cœur est purifié par la méditation »

Citation que je retiens d’une visite dans un temple du Cambodge.

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CHAPITRE 1

La Grèce

Toulouse, Février 2005. Ma première sensation de liberté commence là : ne pas avoir de dates de retour ! Et pouvoir choisir n’importe quel jour de départ !

Je choisis donc le samedi 05 pour m’envoler vers ma première destination : la Grèce. Ma cousine m’amène à l’aéroport. Des amis me font la surprise d’être là avant mon envol. Midi, le départ. Nos derniers instants passés ensemble sont merveilleux mais là, nous devons nous séparer pour quelques mois !

Je monte dans l’avion. La boule à la gorge se forme mais dès que l’avion décolle, je sais que ma décision est la bonne. Pour la première fois depuis très longtemps, les inquiétudes et les angoisses sont remplacées par la plénitude. Je suis sereine.

Je choisis Athènes comme première étape. Je suis logée chez les parents d’amis qui m’accueillent chez eux. Étant rapidement plongée dans la vie locale, le dialogue s’installe par mimes et par dessins ! Et quand vraiment on ne se comprend pas, la maman téléphone à ses enfants, servant de traducteurs !

Leur hospitalité est grande, à tel point que je m’impose pour aider dans les tâches ménagères !

« Je veux faire la vaisselle ; elle ne veut pas. Je veux l’essuyer ; elle ne veut pas. Je ne lui laisse pas le choix ! ».

Mais je ne suis pas revenue à Athènes par hasard. Quatre ans auparavant, une amie et moi avions rencontré un écrivain photographe, populaire pour ses livres sur des îles grecques.

Une semaine plus tôt, je lui passe un coup de fil pour confirmer le lieu de rendez-vous. Encore faut-il s’identifier !

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– « Vous me reconnaîtrez. J’aurai un foulard et un sac à dos, lui dis-je. – Non, pas de cadeau ! Juste le plaisir de se revoir !, me répond-il. – J’ai dit sac à dos ; pas cadeau ! ».

Et aujourd’hui, sous la neige qui tombe, me voilà face à ce vieux monsieur, toujours accompagné de son peigne plongé dans sa poche et qu’il sort pour les quelques cheveux qui lui restent ! Assise au bar, vue sur l’acropole, prix du chocolat en conséquence, et avec un petit cadeau de sa part !

Pendant notre discussion, il me demande si je suis riche pour entreprendre un tel voyage ! Sans chercher le luxe, avec un petit budget, on peut bien vivre, surtout dans les pays « en voie de développement » (« pays pas chers », je préfère dire !). Mais l’expérience me le confirmera ! Nous nous séparons, quelques secrets partagés, pour peut-être ne plus jamais se revoir.

Voilà ma seconde sensation de liberté : pouvoir choisir la destination que je veux et y rester le nombre de jours que je souhaite. Observer l’horizon et pouvoir me dire : « si j’ai envie, je peux y aller ! ». La carte du monde est bien grande et les îles grecques sont bien nombreuses. Je choisis l’île de Lesbos (Mytilène) pour continuer ma route. Une tempête est prévue, je prends quand même le bateau de nuit.

Je navigue en zone 3e catégorie ; le prix est moins cher. Mais j’aime bien visiter. En ouvrant des portes extérieures sur couloirs intérieurs, je me retrouve en zone 2e catégorie, sans trop comprendre comment je me suis débrouillée, avec les chambres et le grand standing. Dans le couloir, une grande porte en verre, fermée à clé, sépare la 2e de la 3e catégorie. Sous l’escalier, je déplie mon duvet et je m’installe confortablement dans le luxe pour y passer la nuit !

13 heures de tangages, même pas vomi, un peu dormi, et heureuse de poser pied sur terre !

Aucun rabatteur à touristes n’attend sur le quai du port. C’est l’hiver, personne n’a idée de venir à cette période. La première négociation commence par le prix de la chambre dans une pension ; puis celui de la voiture que je loue. Il fait trop froid pour visiter cette grande île en mobylette.

Mon rythme est cool. Je prends mon temps : de me réveiller, de me préparer, de déjeuner. Et quand je suis prête pour découvrir cette île, tout est fermé pour cause de « sieste » ! Les Grecs prennent le temps de vivre. Comme me dit le gérant, « ils prennent le temps de tout faire, même d’attendre le client ! » et de me dire de ne pas oublier de revenir en été !

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Nous passons beaucoup de temps à discuter tous les deux, vu que nous avons tout notre temps ! Il pense également que je suis riche pour entreprendre ce que je fais.

Note du carnet de route du 10/02/05 : « J’ai payé les 7 nuits au “proprio”. Comme d’habitude, on discute. Je ne lui ai pas demandé comment la journée s’était passée, car c’est toujours pareil pour lui : attendre le client. Mais ce n’est pas très poli de ma part ; même si je connaissais déjà la réponse ! »

Et pourtant, sa pension a vraiment besoin qu’on lui consacre du temps : les fils électriques pendent, les joints sont complètement moisis, la chasse d’eau fuit, cela coule partout ! Mais la gentillesse des propriétaires fait vite oublier tout ça !

Pendant mes visites, je fais parfois des rencontres assez surprenantes : « Un pêcheur arrive avec sa voiture chargée de quelques poissons. Il

klaxonne pour avertir les gens de son arrivé. Curieuse, je m’approche. Précision très importante pour la suite de l’histoire : la gourmandise m’avait fait acheter des gâteaux huileux mais alors, délicieux ! Je dépose mon précieux paquet sur le sol pour prendre une photo. Je suis tellement surprise de voir ce pélican venir chercher sa ration ; le premier client du poissonnier, un habitué, me dit-il ! Le cadrage est bon ; prête à appuyer sur la détente lorsque je vois cette grosse bestiole foncer sur moi ! Il en a après mes gâteaux. Mais non, je suis la plus rapide pour sauver mon dessert. En contrepartie, le poissonnier lui donne plein de poissons mais je ne m’attarde pas plus longtemps ! ».

Je profite du dimanche pour aller à l’église orthodoxe. En plus de prier les saints et les anges, d’embrasser leurs multiples icônes, ils célèbrent la messe. Je remarque qu’il s ne font pas le même signe religieux que nous. À mon arrivée, une file de personnes est en train de boire le vin de messe à la cuillère, directement donné par le « Pope ». Il ne faut pas en tomber une goutte car il est représentatif du sang du Christ. Ensuite, des corbeilles de pain fabriqué avec un insigne sont bénites. Le pain est découpé par le « Pope » pendant la messe avec un ustensile qui apparemment était utilisé dans le temps pour vérifier si les morts étaient bien morts. Les personnes peuvent ensuite aller embrasser la main du « Pope » et manger le pain bénit ou bien, le prendre directement dans les corbeilles, comme je l’ai fait !

Les « Popes » ont de grandes tuniques noires, une longue barbe, de longs cheveux (attachés en chignon), avec un grand chapeau. Ils représentent ainsi le Christ, m’explique-t-on. Également, les moines sont bien présents sur cette île. Ils vivent en monastère. Les chambres sont en

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dortoirs ou individuelles. L’espace d’un lit d’une place, en bois, et des icônes pour prier leur suffisent ; le minimum pour vivre.

Ma pensée du moment écrite dans mon carnet de route du 14/02/05 : « Je trouve bien à prendre du recul sur les choses matérielles mais vivre sans rien n’est pas vivre avec son temps, n’est pas être en phase avec le présent. Certes, les tentations sont grandes ; pour eux, c’est dur. Mais cela l’est aussi pour nous… Mais c’est un choix de vie. ».

Cette île est très curieuse et très riche en histoire. L’une concerne St Raphaël. Plusieurs personnes faisaient le même rêve

qui leur disait d’aller dans un endroit précis dans la montagne, en entendant cette voix : « vas chercher cette grande cuve dans la montagne ». À cet endroit, ils furent trouvés les ossements de St Raphaël, St Nicolas, St Irène exécutée à l’âge de 12 ans. Un monastère a donc été construit en leur mémoire ainsi qu’aux autres personnes tuées par les Turcs. Effectivement, on peut apercevoir le reste de crânes et des bouts d’os. Les gens viennent embrasser les tombes, brûlent un cierge, prient ces saints. Lesbos a beaucoup de saints car il y a eu beaucoup d’exécutions.

L’autre histoire concerne un monastère. Tous les moines ont été tués, sauf une personne, témoin du massacre. Ce moine a vu l’ange Mickaël, protecteur de l’île, combattre les pirates pour être sauvé. La bataille terminée, il a récupéré le sang de ses confrères et l’a mélangé avec de l’argile pour modeler la face de l’ange, afin de ne pas l’oublier.

De nos jours, des sabots neufs sont offerts en offrande. Ils seraient usés rapidement. Fréquemment, la face de l’ange disparaît pour aller protéger le monde. Pour la guerre d’Irak, le phénomène se serait produit.

En rentrant le soir à l’hôtel, j’ai plein d’histoires à raconter à mon gérant. Il les connaît déjà mais c’est une joie de partager un petit moment ensemble !

La Grèce, ce sont les olives, les salades mais aussi l’ouzo (alcool fermenté qui vient d’une plante cueillie directement sur l’île). Et à Lesbos, c’est le meilleur ! C’est ce que l’on m’a dit ! Et sans oublier ses plages déchaînées lors des tempêtes. L’eau est trop froide pour que je me baigne ; je profite alors des couleurs que l’on m’offre : le bleu turquoise de la mer, le vert des prairies.

Lesbos et sa curiosité, sa forêt pétrifiée ; fermée car hors saison. Frustration vite oubliée. Je saute la grille pour découvrir ce vaste champ d’arbres devenus pierres (ceci est dû à un volcan qui a explosé et pétrifié

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tout sur son passage). Vraiment unique et impressionnant. C’est un site naturel qui a été clôturé à cause de vols de bouts de troncs…

J’ai tout le temps devant moi mais voilà, la Turquie est à deux pas d’ici !

Mon départ est imminent ; tout dépend si la mer est agitée mais aussi des bons renseignements des agences !

– « Quand le bateau part-il ? – Dans 10 minutes, me dit la première agence. Bon, pour ma part, je ne suis pas prête… – Le bateau ne part pas, d’après une autre agence. – Que le jeudi !, me dit une autre. – Revenez en fin de journée pour savoir quel jour partira le bateau ! – Autres échos : il y a un bateau par semaine, le jeudi. Parfois, il y en a 2 : le jeudi et le samedi ; il y en a aussi le lundi parfois ; il ramène le poisson en plus pour vendre ; possibilité d’aller à l’île de Chios pour prendre le bateau là-bas… – Non, le bateau ne partira pas demain : il n’y a pas assez de monde pour faire le trajet ; non parce que la mer est trop agitée, oui le bateau partira demain car il y a une amélioration dans le temps ! – Si jamais le bateau ne part pas, est-ce que je peux être remboursée ? La réponse est la même partout ; oui ».

C’est de la Turquie que tout se gère ; voilà pourquoi tant de différentes réponses.

Avant mon départ, un Grec me confie que « Oui, les Turcs sont très gentils et très accueillants mais bien moins braves que nous, les Grecs ! ».

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La Grèce

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CHAPITRE 2

La Turqu ie

Deux heures de traversée en bateau de pêche sur la mer Égée bien agitée, le premier tampon sur le passeport et me voilà en Turquie ! À Ayvalik, exactement. Et c’est déjà le dépaysement : le thé noir qui se boit dans la rue, un grand marché avec leurs oranges bien rangées sur les étalages et tous les autres produits (épices, viandes, légumes…), avec les cris qui vont avec pour attirer le client ; les femmes avec leur pantalon à fleurs, la mosquée, leurs 2 monnaies du moment : l’ancienne et la nouvelle… Une petite ville qui est un symbole à mes yeux ; le commencement d’un long voyage !

Les Turcs, je les imaginai avec des sabres, des moustaches, le regard méchant, prêt à attaquer. Je me défais rapidement de cette fausse idée. Oh oui, les Turcs ont très bon cœur ! Et très vite, je fais de belles rencontres inoubliables :

De ce vendeur de montres qui m’avouera qu’elles sont fausses mais à très bon prix. Il m’aide à trouver un bus pour aller à Istanbul le soir même, une banque pour échanger de l’argent, son magasin pour y laisser mon gros sac ; et en plus, il insiste pour me faire goûter le vrai thé noir pour m’habituer à leur boisson locale (un thé aux pommes est destiné aux touristes). Un accueil sans intérêt, un accueil non arrangé par des agences, un accueil tout simplement chaleureux.

De cette kurde qui me répètera tout le long du trajet ses quatre mots d’anglais (pendant 10h de bus de nuit) mais qui me fera rire jusqu’au petit matin. Nous avons empêché les autres de dormir tellement nous rigolions de nos mimes et dessins incompréhensibles !

De ce jeune qui, en plus de m’indiquer le chemin, me paye le bus et demande au chauffeur de m’arrêter au bon endroit ; juste le temps de le remercier et il repart faire son train-train.

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De ce gérant de l’hôtel qui n’a rien compris quand je me suis mise à pleurer quand il m’a rendu deux monnaies différentes (c’est que je suis fatiguée et que je ne comprends rien à leur monnaie…). Chaque fois que j’allais payer mes nuits, il me demandait d’un ton inquiet si j’allais me mettre à pleurer !

De ce marchand de tapis qui m’a offert le thé noir et me confie que le temps change 3 fois par jour, comme les femmes d’Istanbul ! Je ne sais pas pour les femmes, mais pour le temps ; c’est sûr !

De tous ces gars de la rue, qui me voyant passer tous les jours devant leur clan pour aller donner des cours de français à un Iranien, me respectent. Drogue, alcool, prostitution étant réputée dans ce coin, les habitués me protègent. Je me sens en sécurité. Dès la tombée de la nuit, ils vérifient que je suis bien rentrée à l’hôtel. Si je désire sortir de nuit, on m’escorte !

De cet avocat qui me propose un thé et souhaite me montrer à quelle place il était assis dans cet amphithéâtre de son ancienne université, 6 ans plus tôt.

De tous ceux qui se sont imposés pour me faire visiter ceci ou cela !

Note du carnet de route du 24/02/05 : « L’avocat m’a posé beaucoup de questions : sur ce que je pensais de la Turquie, des Turcs, de ce que pensaient les Français des Turcs, pourquoi tant de mal pour rentrer dans l’Europe alors que les mentalités changent……. Je suis reçue comme une princesse dans le magasin d’Erod, le marchand de tapis. Il est turc kurde. Il me dit que 20 % de la population pratique. Lui est croyant mais ne pratique pas. Depuis que la Turquie est devenue laïque, que la politique et la religion sont séparées, il y a beaucoup plus de liberté. Il n’y a plus de sultans depuis longtemps et c’est un président qui gouverne. »

Je profite de la capitale, de la beauté et de la grandeur de ses mosquées. J’observe les hommes se déchausser, se laver les pieds, les mains, la bouche avant de rentrer pieds nus dans l’une d’entre elles. Le vendredi est jour de prières. Les mosquées sont pleines ; les gens s’installent dehors. C’est impressionnant.

Parfois, les différences avec mon pays font que je ne comprends pas tout du premier coup…

Je décide de prendre le tramway. Je vais au guichet « ticket ». Je lui tends un billet. Il me rend des pièces, mais pas de ticket. D’autres attendent derrière que je franchisse le passage payant. Le tramway arrive. Je vois les flics. Je leur explique que j’ai payé et pas de ticket pour pouvoir passer. Le flic ouvre la porte qui me sépare du tramway pour que je puisse y rentrer. Je rentre dans le tramway. En sortant, je comprends enfin comment cela