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CHANGEMENT DE CLIMATS, VIES EN CHANGEMENT STRATÉGIES D’ADAPTATION DE COMMUNAUTÉS PASTORALES ET AGRO-PASTORALES EN ÉTHIOPIE ET AU MALI A-Z Consult

CHANGEMENT DE CLIMATS, VIES EN CHANGEMENT · 2011. 8. 19. · Conception : Amanda Grapes – [email protected] AUTEURS AUTEURS PRINCIPAUX: Lars Otto Naess [email protected] Morwenna

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CHANGEMENT DE CLIMATS,VIES EN CHANGEMENT

STRATÉGIES D’ADAPTATION DE COMMUNAUTÉS PASTORALES ET AGRO-PASTORALES EN ÉTHIOPIE ET AU MALI

A-Z Consult

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STRATÉGIES D’ADAPTATION DE COMMUNAUTÉS PASTORALES ET AGRO-PASTORALES EN ÉTHIOPIE ET AU MALI

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COPYRIGHT© ACF International, IDS, Tearfund, IER, A-Z CONSULT, ODES Mai 2010

Toute reproduction est autorisée, à condition que la source soit indiquée, sauf si spécifié autrement. Si unereproduction ou une utilisation de données multimédias ou textuelles (son, images, logiciel, etc.) est soumiseà une autorisation préalable, cette autorisation annulera l'autorisation générale décrite ci-dessus et indiqueraclairement toute restriction d'utilisation.

Toutes photographies : © ACF – Samuel Hauenstein Swan. Mali, 2009Conception : Amanda Grapes – [email protected]

AUTEURSAUTEURS PRINCIPAUX: Lars Otto Naess [email protected] Sullivan [email protected] Khinmaung [email protected] Crahay [email protected] Otzelberger [email protected] Diégane Kadet [email protected]

COLLABORATEURS: Amdissa Teshome (A-Z Consult)Bayou Aberra (ACF Ethiopia)Youssouf Cissé (Institut d’Economie Rurale du Mali)Louka Daou (ODES Mali)Jeremy Lind (IDS)Samuel Hauensteinswan (ACF Grande-Bretagne)Hélène Deret (ACF France)

Les auteurs et les collaborateurs souhaitentremercier la Fondation Prince Albert II de Monaco pour son soutien.

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RÉSUMÉ

La sous-alimentation affecte actuellement plus d'unmilliard d’individus vivant pour la plupart dans despays en voie de développement (FAO, 2009a). En Afrique, on estime à plus de 218 millions, soit env-iron 30 % de la population totale du continent, lenombre de personnes souffrant de faim chronique etde malnutrition (FAO, 2009b). Au vu des tendancesactuelles, il est peu probable que les gouvernementsréduisent de moitié la proportion des personnes quisouffrent de la faim en Afrique d'ici 2015 (OMD 1c).Une grande partie de ceux qui souffrent de faim etde malnutrition dépendent de l’agriculture et de l'él-evage pour subsister, ce qui les rend vulnérables auximpacts des changements climatiques.

L’agriculture et la sécurité alimentaire sont de retoursur le devant de la scène politique. Les bailleurs defonds reconnaissent les liens entre l’agriculture, lasécurité alimentaire et les changements climatiques.Les pays en voie de développement doivent investirdavantage dans l'agriculture, assurer la sécurité ali-mentaire de populations grandissantes, garantir lesfinancements additionnels leur permettant d’adapteret donc de renforcer leurs systèmes de production ali-mentaire, tout en réduisant les émissions engendréespar l'agriculture. Ces tâches sont particulièrementdifficiles dans les régions semi-arides telles que leSahel et la Corne de l'Afrique, où les sécheressesrépétées ont déjà sévèrement affecté les moyens desubsistance des populations.

Les populations pastorales et agro-pastorales de cesrégions sont considérées comme particulièrementvulnérables aux changements climatiques car leursmoyens de subsistance dépendent de ressourcesfortement sensibles aux fluctuations de précipitation.Ces populations ont montré une capacité consid-érable d’adaptation aux changements climatiques parle passé mais des doutes existent quant à leur capac-

ité à s'adapter aux changements futurs, voire à con-tinuer à faire face à la variabilité et aux incertitudesdéjà présentes. Leur capacité à s’adapter dépendrade l’amplitude des chocs et des stress climatiquesfuturs, mais aussi de leur accès aux ressources néces-saires pour traverser les saisons « maigres » et lesmauvaises années.

Ce rapport présente les implications des changementsclimatiques pour les populations pastorales et agro-pastorales en Éthiopie et au Mali. Les deux études decas sont basées sur un travail de terrain réalisé entreles mois de mai et d’octobre 2009 dans la zone deBorana en Éthiopie, ainsi que dans les régions de Gaoet Mopti au Mali. Les deux régions ont subi deschangements climatiques considérables au cours desrécentes décennies, et les projections actuelles sug-gèrent que de plus amples changements sont à venir.En parallèle, il existe des stress supplémentaires quilimitent les choix des populations ainsi que leurscapacités à répondre à ces changements tout en ren-forçant leurs moyens de subsistance et en améliorantleur bien-être.

Ce rapport se concentre sur les perceptions localesdes chocs et des stress climatiques. Il examine lamanière dont les populations répondent à ces change-ments et les stress auxquels ils doivent faire face. L’étude des perceptions et des réponses locales auxchangements est importante, parce qu’elle peutaider à identifier plus précisément le soutien dont lespopulations ont besoin pour renforcer leur résilienceface aux changements climatiques. Elle aidera égale-ment à identifier les stress spécifiques auxquels lesdifférents acteurs et groupes doivent faire face, et àcomprendre de manière plus globale les enjeux del'adaptation en fonction des contextes spécifiques,socio-économiques, politiques ou historiques. En sebasant sur les perceptions locales, les responsables

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iv CHANGEMENTS DE CLIMATS, VIE EN CHANGEMENT © UN RAPPORT D’ACF INTERNATIONAL, IDS ET TEARFUND

politiques pourront être mieux informés des impactsdes changements climatiques tels que perçus sur leterrain, des défis et des opportunités rencontrés parles populations lors de l’adaptation de leurs moyensde subsistance, ainsi que de l’assistance supplémen-taire devant être apportée.

� RESULTATS

Le rapport répond à trois questions clés :

TOUT D’ABORD, QUELLES SONT LES PERCEP-TIONS LOCALES DES CHOCS ET DES STRESS, EN NE SE LIMITANT PAS UNIQUEMENT A LAVARIABILITE CLIMATIQUE ?La perception des familles pastorales et agro-pas-torales au sein des zones étudiées en Éthiopie et auMali concorde avec des études similaires réaliséesailleurs, qui ont conclu qu'il existe une tendance à demoindres précipitations et davantage de variabilité.Les personnes interrogées en Éthiopie et au Maliperçoivent un changement dans le type et la gravitédes chocs et des stress, et parlent de l’émergence denouveaux risques qui auraient un impact négatif surleurs biens, tels que le bétail et la terre. Toutefois, ilexiste des disparités sociales considérables en ce quiconcerne les impacts des changements climatiques,ainsi que la capacité des gens à adapter leurs moyensde subsistance. Les chocs et les stress climatiques nesont pas nouveaux dans ces contextes, et les systèmespastoraux et agro-pastoraux ont des caractéristiquesqui les rendent bien adaptés à l'incertitude et à lavariabilité climatique – leur facultés d’adaptation etleur flexibilité notamment. Les perceptions localesexprimées par les familles pastorales et agro-pas-torales suggèrent que la vulnérabilité des familles vaen augmentant.

DEUXIEMEMENT, DANS QUELLE MESURE LESPOPULATIONS PEUVENT-ELLES REPONDRE AUXCHANGEMENTS, ET QUEL SONT LES IMPACTS DE LEURS STRATEGIES DU ’FAIRE FACE’ ETD’ADAPTATION ?

Les familles pastorales et agro-pastorales en Éthiopieet au Mali répondent de diverses manières face auxchangements climatiques. Les ajustements qu’ilsapportent à leurs moyens de subsistance incluent lavente de charbon de bois, la migration professionnelle,la mise en œuvre de cultures alternatives ou le stock-age de graines et de céréales en prévision des chocs àvenir. Certaines stratégies enferment les familles dansdes spirales de pertes de biens et conduisent à unepression plus importante sur les ressources naturelles,avec des répercutions sur les options disponibles pours'adapter sur le long terme. Toujours est-il que d'autresréponses donnent lieu à de nouvelles opportunités,rendant les ménages plus résistants aux chocs etstress, et pouvant contribuer à donner davantage depouvoir aux groupes marginalisés.

En général, les ménages les plus pauvres au sein desvillages étudiés ne sont pas seulement ceux qui sontle plus gravement affectés par les changements cli-matiques et d’autres chocs ou stress, mais aussi ceuxqui ont le moins d'opportunités d’augmenter leurrésilience et de constituer un capital-tampon contrede futurs changements climatiques. Les familles pas-torales et agro-pastorales en Éthiopie et au Malidoivent gérer de multiples pressions. Qu’ils puissentbien répondre aux changements climatiques ou nondépend de nombreux facteurs non climatiques telsque les conflits, le manque d’accès aux marchés, lavolatilité des prix alimentaires et les restrictions surla mobilité et l’accès aux ressources-clé. Ces stresscompromettent les réponses aux changements clima-tiques – tant face aux variations et aux chocs « nor-maux », que face à l’accroissement de la variabilitéet l’incertitude. Même si cela peut sembler évident,les ajustements aux changements climatiques ne seproduisent pas toujours dans des cadres paisibles etstables. On considère souvent comme acquis dans lesétudes sur l’adaptation locale que les populations ontsimplement besoin d’accéder à de nouvelles connais-sances, technologies et ressources financières pourajuster leurs moyens de subsistance, alors qu’en réal-ité les possibilités qui s’offrent aux populations et

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leur capacité à s’adapter peuvent être contraintespar un ensemble de facteurs structurels et his-toriques. De plus, outre les capacités d’adaptation,les capacités des populations à faire face à deschangements soudains et imprévus, en ajustant demanière souple leurs moyens de subsistance, doiventelles aussi être augmentées.

TROISIEMEMENT, SUR QUELLE ASSISTANCE, ENTERMES D’INSTITUTIONS ET DE LIENS SOCIAUX,LES POPULATIONS PEUVENT-ELLES COMPTER ?Les institutions locales jouent un rôle clé dans ladétermination des options disponibles aux famillespour faire face et s’adapter. Ces institutions changentet il en va de même de la capacité des populations àen tirer profit, en d’autres termes à rendre leursmoyens de subsistance plus résilients face au climat.Les populations les plus pauvres ne bénéficientgénéralement pas de l’assistance disponible au tra-vers des structures traditionnelles, telles que le donde bétail et de nourriture. L’assistance disponible estsouvent réduite. Par ailleurs, il existe peu de liensverticaux comme ceux qui relient les élites localesavec les moins aisés, qui peuvent aider à sortir lespopulations d’un état de vulnérabilité chronique. Deplus, de nombreuses institutions traditionnelles sontinégales envers les femmes. Des changements cul-turels et institutionnels ont dans certains cas offertdavantage d’opportunités aux femmes, comme parexemple les associations locales de femmes, qui leurdonnent un accès plus important aux crédits et auxmarchés. Comme conséquence des changements soci-aux et environnementaux, de nombreux jeunes nevoient plus un avenir dans leurs villages et décidentde migrer de manière saisonnière ou permanente à larecherche de moyens de subsistance alternatifs. Lespopulations les plus vulnérables – femmes, enfants etpersonnes âgées – sont laissées pour compte. L’aide etle soutien extérieurs apportés par l’État n’ont pas pucompenser la perte de l’aide offerte auparavant parles réseaux informels d'assistance sociale.

� RECOMMENDATIONS

Ce rapport identifie des recommandations destinéesà différents acteurs vis-à-vis leurs efforts de promo-tion de la sécurité alimentaire et de renforcementdes moyens de subsistance face aux aléas clima-tiques. Ces recommandations s’appliquent auxprogrammes existants, mais également à ces pro-grammes qui vont bénéficier de financementsnouveaux et supplémentaires, qui deviendrontdisponibles sous des accords globaux de réponse auxchangements climatiques post 2012.

EN COLLABORATION AVEC D’AUTRES ACTEURS,LES ONG DEVRAIENT :• S’assurer que les connaissances locales portant

sur les impacts des changements climatiques,ainsi que les réponses en termes de moyens desubsistance, sont reliées aux processus de déci-sion pertinents, afin que politiques et programmessoient ancrés dans les réalités locales, facilitentl'accès aux ressources et favorisent la capacité desménages à gérer la variabilité climatique.

• Plaider pour des engagements politiques et unsoutien financier plus importants de la part desgouvernements et des bailleurs de fonds enfaveur de l’adaptation, tout en apportant des élé-ments de compréhension relatifs aux politiqueslocales et aux changements sociaux qui influencentles niveaux de vulnérabilité observés sur le terrain.

• Adapter leurs programmes et leur soutien enservices de base vis-à-vis de la diversité desbesoins induits par les changements climatiques etd’autres chocs ou stress, et ce sur base d’évalua-tions des changements dans les marchés, lespolitiques gouvernementales, les structures d'assis-tance et les contextes environnementaux.

• Documenter et communiquer les stratégiesd’adaptation nouvelles et innovantes en réponseaux chocs et stress climatiques. Identifier les réus-sites et les leçons apprises, et analyser la manièredont les populations profitent des opportunités quidécoulent des ajustements dans les systèmes de

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production et les économies, tout en explorant lesconditions pour stimuler les innovations.

LES GOUVERNEMENTS NATIONAUX DEVRAIENT:• Améliorer la cohérence des politiques de ges-

tion, la coordination, la synergie et l’intégrationsectorielle entre les objectifs de développe-ment national et les divers besoins d’adaptationen incorporant les risques climatiques dans tousles secteurs. Garantir que la sécurité alimen-taire soit une forte priorité nationale, avec desbudgets suffisants dans les secteurs concernéspar l’adaptation aux changements climatiques.

- Faire coïncider les objectifs des stratégies et despolitiques de développement avec des mesuresvisant à renforcer les capacités d’adaptation,l’accès aux ressources, la résilience et la flexibil-ité des différents groupes sociaux dans leurajustement aux changements saisonniers et auxmodifications climatiques à long terme.- Utiliser des outils pour évaluer ce que la «résilience climatique » signifie en pratiquelorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire -par exemple le cadre d’analyse développé parTwigg (2007, voir Annexe V).

• Améliorer les liens et les flux de communicationentre les départements d’alerte précoce, lesagences de sécurité alimentaire et les pro-grammes de protection sociale afin de garantirune réponse rapide aux crises et la préservationdes biens, et d’adapter le niveau des transferts siles conditions se détériorent.

• Renforcer les stratégies et les capacités localesd’adaptation par un éventail de mesures socialeset politiques, tout en assurant la participationdes communautés dans le développement et lamise en œuvre de ces politiques.

- Etendre la protection sociale aux groupes vul-nérables en tenant compte des variationssaisonnières dans la planification, et apporterdes filets de sécurité contre la faim dans lespériodes critiques de l’année (transferts de liq-uidités ou d’aliments, par exemple).

- Réformer les politiques pour préserver et pro-mouvoir les droits et les intérêts des populationsmarginalisées, telles que les populations pas-torales et agro-pastorales, étant donné quel’adaptation est en grande partie un problèmed’ordre politique et social. Les capacitésd’adaptation sont liées aux contextes politiqueset économiques autant qu’aux changements despratiques agricoles et des stratégies de gestiondes ressources. Les facteurs tels que le genre etla richesse sont clés dans la détermination dequi a accès aux ressources telles que la terre etl’eau, et de qui peut profiter de nouvellesopportunités. C’est pourquoi, un meilleur accèsaux semences et autres nouvelles technologiesne peut améliorer la résilience que si les con-traintes structurelles telles que la pénuried’opportunités d’emploi ou les problèmes liésau genre sont traités simultanément.

LES BAILLEURS DE FONDS DEVRAIENT :• Aider les gouvernements à baser leurs plans et

politiques de développement sur des informa-tions et des analyses relatives aux risquesclimatiques, afin de :

- Mieux comprendre les facteurs socio-économiques et politiques, les réalités locales,l’accès aux institutions et les raisons pourlesquelles certaines populations placées dans uncontexte particulier sont vulnérables et moins àmême d’ajuster leurs moyens de subsistance,tandis que d’autres acteurs et groupes sontquant à eux plus résilients.- Identifier d’autres manières de renforcer larésilience des populations face au climat,comme par exemple au travers de mesures deprotection sociale et d’autres formes de supportaux stratégies de subsistance et d’acquisition debiens.- S’appuyer sur les processus et les stratégiesd’adaptation existants et innovants des commu-nautés, plutôt que d’aborder les populationscomme des récipiendaires de connaissances, de

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technologies et de l’assistance associée.• Soutenir les gouvernements avec des schémas

de financements à plus long-terme et davantageprévisibles pour promouvoir l’adaptation et lasécurité alimentaire, tout en tenant en comptedes dynamiques locales ainsi que des changementsau niveau national et sectoriel.

- Faire du financement des Programmes d'ActionNationaux d'Adaptation une étape de transitionvers la mise en œuvre et l’intégration durabled’activités d’adaptation dans les plans dedéveloppement national, les politiques et lesstratégies sectorielles.- Incorporer des plans et des fonds de contin-gence aux projets, et encourager la flexibilitédans les aides apportées face aux chocs clima-tiques. Les fonds de contingence permettentaux acteurs au niveau sous-national de répondrede façon plus prévisible aux chocs et stressimminents.

LES CHERCHEURS ET UNIVERSITAIRES DEVRAIENT:• Offrir une analyse critique des perceptions

locales de la variabilité et des changements cli-matiques en les ancrant dans un cadre historiqueplus profond et un contexte structurel plus large.

• Travailler avec les communautés et les ONGpour développer des méthodes de rechercheplus robustes pour explorer les connaissances etperceptions locales, et développer des données deréférence pour l’évaluation des variations futures.

• Utiliser des approches méthodologiques plusrigoureuses, une recherche longitudinale et desrevues systématiques des connaissances et desperceptions locales, afin de proposer une basefactuelle encore plus robuste et pertinente auxdécideurs politiques.

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CONTENU

AUTEURS iiRÉSUMÉ iiiCONTENU viiiACRONYMES AND ABRÉVIATIONS ixCONTEXTE ET PRESENTATION 1Introduction 1Objectif de l’étude 2Contexte climatique 3CADRE ET METHODOLOGIE 5ETUDE DE CAS – ETHIOPIE 7Introduction 7Résultats 7Perception des chocs et des stress 7Stratégies de subsistance et risques climatiques 11Structures et institutions de soutien 19Discussion et résumé de l’étude de cas éthiopien 22ETUDE DE CAS – MALI 25Introduction 25Résultats 25Perceptions des chocs et des stress 25Stratégies de subsistance : options et compromis 28Structures et institutions de soutien 33Discussion et résumé de l´étude du cas du Mali 38CONCLUSION 41RECOMMANDATIONS POUR LES POLITIQUES, LES PRATIQUES ET LA RECHERCHE 47BIBLIOGRAPHE 51ANNEXES 53Annex I – Localisation des sites d’étude en Ethiopie et au Mali 53Annex II – Concepts et définitions 54Annex III – Contexte national de changements climatiques et de sécurité alimentaire 56Annex IV – PANA de l’Ethiopie et PANA du Mali 58Annex V – Caractéristiques d’une communauté résiliente aux catastrophes, d’une perspective ‘sécurité alimentaire’ 60

11.11.21.3

23

3.13.2

3.2.13.2.23.2.3

3.34

4.14.2

4.2.14.2.24.2.3

4.356

77.17.27.3

7.47.5

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LISTE DES FIGURESFigure 1. Cadre conceptuel 6Figure 2. Perception des tendances en termes de précipitations, Harallo 10Figure 3. Tendances en termes de disponibilité des pâturages et de précipitations,

Harallo 12Figure 4. Tendances en termes de précipitations et de la migration professionnelle,

Harallo 17Figure 5. Organisation sociale typique, zones agro-pastorales, Borana 18Figure 6. Un continuum pour les stratégies du ‘faire face’ et d’adaptation 42

LISTE DES TABLEAUXTableau 1. Classement des chocs et stress: comparaison entre zones pastorales et agro-

pastorales, Borana 8Tableau 2. Changements en termes de chocs, zones pastorales et agro-pastorales, Borana 9Tableau 3. Classement des activités économiques, zones pastorales et agro-pastorales, Borana 11Tableau 4. Répartition en groupe de richesse, Borana 13Tableau 5. Stratégies du ‘faire face’ identifiées, Borana 14Tableau 6. Classement de chocs et de stress-clé à Gao et Mopti 26Tableau 7. Classement des risques en fonction de leur sévérité et leur fréquence, Gao 27Tableau 8. Moyens d’existence, disponibilité et effets, Gao 30Tableau 9. Exemples of institutions à différents niveaux et leurs significations, Gao et Mopti 35Tableau 10. Exemples d‘interventions externes avec des résultats en matière d’adaptation,

Gao et Mopti 36

ABRÉVIATIONS ET ACRONYMESAction contre la Faim – Réseau InternationalConvention-Cadre des Nations Unies sur les Changements ClimatiquesEvaluation rurale participativeOrganisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agricultureFamine Early Warning System Network | Réseau d’alerte précoce sur les faminesInstitute of Development Studies | Institut d’études pour le développementInstitut d'Économie Rurale (Mali)Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGestion des Risques de CatastrophesLivelihoods Integration Unit (Ethiopie) | Unité d’Intégration des Moyens de Subsistance (Ethiopie)Ministry of Agriculture and Rural Development (Ethiopie) | Ministère de l'Agriculture et du Développement ruralOrganisation de Développement pour l'EspéranceObjectifs du Millénaire pour le DéveloppementOrganisation Non GouvernementaleProgrammes d'Action Nationaux d'AdaptationPréparation aux CatastrophesRéduction des Risques de CatastrophesSystème d’Alerte PrécoceUnited Nations | Nation UniesUnited Nations International Strategy for Disaster Reduction | Stratégie internationale des Nations Unies pour la prévention des catastrophes United Nations Standing Committee on Nutrition | Comité permanent de la Nutrition du système des Nations Unies

ACFCCNUCC

ERPFAO

FEWS NETIDSIER

GIECGRCLIU

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ODE OMDONG

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RRCSAPUN

UNISDR

UNSCN

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� 1.1 INTRODUCTIONLa sous-alimentation affecte actuellement plus d'unmilliard d’individus vivant pour la plupart dans despays en voie développement (FAO, 2009a). EnAfrique, on estime à plus de 218 millions, soit environ30 % de la population totale du continent, le nombrede personnes souffrant de faim chronique et de mal-nutrition (FAO, 2009b). Au vu des tendancesactuelles, il est peu probable que les gouvernementsréduisent de moitié la proportion des personnes quisouffrent de la faim en Afrique d'ici 2015 (OMD 1c).Une grande partie de ceux qui souffrent de faim etde malnutrition dépendent de l’agriculture et de l'él-evage pour subsister, ce qui les rend vulnérables auximpacts des changements climatiques. Déjà, ces pop-ulations ajustent leurs moyens de subsistance afin demieux gérer les incertitudes croissantes dues auxchangements climatiques. Toutefois, la marge demanœuvre et les capacités de ces populations às'adapter de manière à renforcer leur résilience faceau climat sont limitées par divers facteurs sociaux,économiques, politiques et juridiques.

Les liens entre les changements climatiques et lesmoyens de subsistance sont nombreux. Des stresshydriques croissants et une prévalence accrue de cer-taines maladies résultant des changementsclimatiques ont des effets directs sur la sécurité ali-mentaire des ménages et leurs statuts nutritionnels.Les changements climatiques ont un impact direct surles multiples causes sous-jacentes de la malnutrition(sécurité alimentaire, santé, pratiques de soin etassainissement de l’eau) (SCN, 2009). Il exerce unepression croissante sur les biens des ménages. Lesrécoltes, de plus en plus imprévisibles, allongent lespériodes durant lesquelles des populations souffrentde la faim.

Ce rapport porte sur les perceptions des change-ments, les réponses et les contraintes au sein defamilles pastorales et agro-pastorales dans des vil-lages situés en Éthiopie et au Mali. Il vise à appuyerle travail des ONG, des décideurs politiques et deschercheurs, plus particulièrement en ce qui concerneleurs efforts pour assurer davantage de cohérenceentre changements climatiques, réduction des risquesde catastrophe, sécurité alimentaire et moyens desubsistance.

Les liens entre les changements climatiques, l'agri-culture et la sécurité alimentaire font l'objet d'uneattention politique croissante, plus particulièrementdepuis la crise alimentaire mondiale de 2008. Unappel international à l'action visant à éliminer lesépisodes de faim chroniques ou transitoires a récem-ment été lancé lors du Sommet Mondial del'Alimentation en novembre 2009, où 180 pays ontaffirmé leur engagement à atteindre le premierObjectif du Millénaire pour le Développement (OMD1), et accepté d’aider les petits producteurs à êtreplus résilients et à s'adapter aux changements clima-tiques ; certains pays se sont également engagés àréduire leurs émissions. Ils se sont aussi accordés àcoordonner leurs efforts par le biais d'un PartenariatMondial pour l'Agriculture et l’Alimentation, et àréformer le Comité de la Sécurité Alimentaire Mondi-ale afin d'harmoniser les politiques et les approchesjusqu'alors fragmentées. Le développement d'un Pro-gramme de travail sur l'agriculture dans le cadre de laConvention-Cadre des Nations Unies sur les Change-ments Climatiques (CCNUCC) donne l’espoir de voirse réaliser des plans globaux de soutien aux petitsproducteurs et producteurs marginaux, y compris enmatière d'adaptation aux changements climatiques.

1 CONTEXTE ET PRÉSENTATION

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Au niveau national, les pays en voie développementsont confrontés à la nécessité d'investir davantagedans l'agriculture et de garantir la sécurité alimen-taire des citoyens, tout en évaluant la manière dontles diverses interventions et programmes de soutienen faveur du développement peuvent contribuer à larésilience au niveau familial. Les gouvernementsdoivent par ailleurs sécuriser des financements addi-tionnels en vue d’adapter et de renforcer la résiliencede leurs écosystèmes et systèmes de production ali-mentaire résilience face aux changementsclimatiques. Cependant, les financements actuelle-ment consacré à l'adaptation aux changementsclimatiques dans ces pays restent cependant insuff-isants. L'écart par rapport aux besoins estimés estconsidérable. Selon de récentes études, les pays envoie de développement ont perçu moins de 10 % de lasomme promise par les pays développés pour les aiderà s'adapter aux changements climatiques. Même si lesuccès de l’adaptation ne dépend pas uniquement definancements, le fait que des financements supplé-mentaires n'aient pas été débloqués renforce laméfiance entre les pays et met sérieusement en périlles négociations actuelles de la CCNUCC sur les négo-ciations en cours.

L'Éthiopie et le Mali ont été choisis pour différentesraisons. Ces pays sont situés dans le Sahel et laGrande Corne de l’Afrique, deux régions qui – au vudes précédents épisodes de sécheresses et des incer-titudes au niveau de la pluviométrie et des scénariosclimatiques futurs – apparaissent particulièrementintéressantes pour la recherche sur l'adaptation enzones arides et semi-arides. Les populations vivantdans ces zones sont considérées comme particulière-ment vulnérables aux changements climatiques enraison de la forte variabilité des précipitations et lemanque de ressources institutionnelles, financièreset naturelles qui peuvent appuyer les processusd'adaptation. Néanmoins, les recherches menées pen-dant et après les épisodes de sécheresse des années1970 et 1980 ont permis de démontrer une fortecapacité de réponse vis-à-vis de ces variations clima-

tiques, malgré des coûts individuels et sociaux élevés.Les relevés pluviométriques suggèrent qu’après cesdeux décennies à faible précipitations, une partie deces régions a montré des signes timides de rétablisse-ment des précipitations, ainsi qu’un phénomène ditde « reverdissement » dans les années 1990 et 2000(Giannini et al, 2008 ; Nicholson, 2005). Les causes etles effets de ces revirements sont controversés, et lestendances au niveau local peuvent différer des ten-dances au niveau régional (West et al, 2008).

� 1.2 OBJECTIF DE L'ÉTUDECe rapport traite de la perception au niveau local deschangements dans les chocs et les stress, ainsi quedes réponses apportées à ces changements.¹ Il existedes incertitudes majeures par rapport aux scénariosfuturs des changements climatiques en Afrique, ainsique des problèmes d'agrégation lors de l’utilisationdes modèles nationaux et régionaux pour prédire lesconséquences au niveau local. Par conséquent, lesgouvernements et les ONG ne peuvent pas compterexclusivement sur la climatologie pour orienter leursefforts voués à renforcer l'adaptation dans des con-textes agro-écologiques particuliers au niveausous-national. Les perceptions locales des change-ments ont un rôle important à jouer à cet égard encomblant des lacunes en termes de connaissances etd’information, et en permettant de définir des straté-gies d'adaptation efficaces à l'échelle dessous-districts, des districts et des pays. L'analyse desperceptions locales apporte par conséquent des infor-mations importantes en complément à laclimatologie. Le présent rapport étudie la manièredont les populations perçoivent les chocs et stress cli-matiques, comment ces populations agissent pour lesgérer, quels sont les effets de leurs réponses et surquels types de soutien elles peuvent compter en con-sidérant institutions locales et liens sociaux.

En analysant les perceptions locales des changementsclimatiques et les réponses des populations dans desrégions d'Éthiopie et du Mali, ce rapport réalise uneimportante contribution à un ensemble croissant de

¹Les chocs sont des événements soudains, qui prennent place durant unepériode relativement courte. Les stress prévalent durant une période pluslongue, avec des effets plus subtils. Une définition complète des termes estdisponible dans l’Annexe II.

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3CHANGEMENTS DE CLIMATS, VIE EN CHANGEMENT © UN RAPPORT D’ACF INTERNATIONAL, IDS ET TEARFUND

travaux qui documentent les changements clima-tiques au travers des témoignages de groupes sociauxet de familles vulnérables. Des discussions sont encours concernant la capacité des populations localesà répondre efficacement au changement climatiqueglobal, ainsi que sur les conséquences de leurs effortsd'adaptation. Mortimore (2010) conteste la visionselon laquelle les familles pastorales et agro-pas-torales pauvres des régions arides et semi-arides sont« trop pauvres » ou « trop incompétents » ou ont des« ressources insuffisantes » pour s'adapter auxchangements climatiques. Ce rapport soutient la posi-tion de Mortimore en démontrant l'éventail desstratégies d'adaptation que les populations déploient,tout en reconnaissant à la fois les rôles joués par lestatut social et par d'autres facteurs dans la limitationdes capacités des populations à s'adapter.

� 1.3 CONTEXTE CLIMATIQUECette étude de cas porte sur les zones semi-arides duSahel et de la Grande Corne d'Afrique, où la gestionde la variabilité des précipitations fait partie inté-grante de la vie de la population. Un climat fortementvariable avec d'importantes variations des régimesd'averses au cours des dernières décennies – avec delourdes conséquences sur les moyens de subsistance– caractérisent ces zones. Les épisodes de sécheresseset de famines des années 1970 et 1980 furent associésà des chutes de précipitation parmi les plus marquéesjamais enregistrées (Hulme, 2001).

Malgré certaines indications d’une reprise partielledes précipitations sur le Sahel et la Grande Corne del'Afrique dans les années 1990 et 2000, des incerti-tudes demeurent vis-à-vis de ces tendances et deleurs implications pour l'avenir (Held et al, 2005). Auniveau national, le Mali et l'Éthiopie ont connu des

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niveaux de précipitation relativement stables, voiremême une légère augmentation de leur moyennenationale depuis les années 1990. Un « reverdisse-ment » peut également résulter de changements dansl'aménagement du territoire et d'une meilleurepréservation des forêts. Dans les années 1970 et1980, on pensait souvent que les épisodes de sécher-esse étaient dus à une mauvaise gestion desressources par la population locale, ce qui entraînaitune dégradation des terres. Pourtant, d'après lesétudes menées suite à ces épisodes, ceux-ci auraientété causés par d'importantes variations atmo-sphériques et non pas par la population locale.Giannini et al (2008:125) va même plus loin en soulig-nant le fait que, tandis que les sécheresses étaientcausées par des facteurs externes, le récentreverdissement pourrait être en partie dû aux amélio-rations réalisées à l'échelle locale :

“Non seulement la mauvaise gestion environnemen-tale n'était pas la cause de la sécheresse, mais dessolutions adaptées d'aménagement du territoire

telles que les techniques de conservation de l'eaudérivées du savoir-faire local peuvent être mises enœuvre au bénéfice des communautés rurales, même

en temps de sécheresse. ”

Il n’est pas certain que la sécheresse des années 1970et 1980 puisse être attribuée partiellement ouentièrement au changement climatique global induitpar l’homme. Il en va de même – mais de façon pluscomplexe encore – pour les perspectives climatiquesdes années à venir. Les projections climatiques pourle Sahel et la Grande Corne de l'Afrique au cours duXXIe siècle vont d'une diminution importante et glob-ale des précipitations sur la région à uneaugmentation conséquente. Parmi les principalesincertitudes, particulièrement vis-à-vis des précipita-tions en Éthiopie, on peut citer le rôle destempératures à la surface de l'océan Indien dans lamodulation des régimes d'averses, qui à leur tour sontliées à l’identification d’une reprise (ou non) des pré-

cipitations. L'absence de reprise nette de la pluviositédésignerait le réchauffement des océans comme unfacteur dominant des régimes d'averses et annon-cerait la prolongation de l’assèchement au cours desprochaines décennies, tandis qu'une reprise des pré-cipitations annoncerait un avenir plus humide sur larégion du Sahel et de la Grande Corne de l'Afrique(Giannini et al, 2008).

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Ce rapport s'appuie sur des travaux de terrain menésentre les mois de mai et d’octobre 2009 dans les zonespastorales et agro-pastorales de Borana (sud del'Éthiopie), Gao et Mopti (Mali). Il se base sur différentsrapports de terrain réalisés par AZ Consult (Teshome etAbera, 2009), l'Institut d'Économie Rurale (Cissé etKeita, 2009) et les chercheurs de l'ODES, d'ACF et del'IDS. Il détaille entre autres les perspectives locales (àl'échelle des ménages et des communautés) pourinformer les politiques et pratiques des gouvernementset des agences de développement, entre autres. Lesperceptions des changements survenus ces dernièresannées en matière de chocs et de stress ont étéétudiées, en plus des actions, des structures de soutienet des obstacles rencontrés au niveau local.

PERCEPTIONS ET ACTIONSLes perceptions des risques et l'évolution de ces per-ceptions ont été documentées pour témoigner duchangement de l'importance relative des stress et pourdécrire quels changements sont importants etpourquoi. Les changements climatiques introduisentdes risques nouveaux et extrêmement incertains, prin-cipalement en ce qui concerne les précipitations. Selondes recherches récentes, les variations des précipita-tions à l'échelle nationale peuvent être perçuesdifféremment au niveau local (West et al, 2008), soiten raison des variations locales, soit parce que lesrelevés de précipitation ne traduisent pas l'intensité oules considérations temporelles. Ces perceptions sontaffectées par des facteurs tels que la culture, le savoir-faire, et l'accès aux informations. Elles ont étéidentifiées par le biais de témoignages oraux et de dis-cussions de groupe de type ERP (évaluation ruraleparticipative). La collecte des données n'a pas donnélieu à un cadrage des discussions sur les variabilités etles changements climatiques, ceci afin de laisser cesthèmes émerger au moment opportun. Les personnes

interrogées pourraient en effet attacher une impor-tance plus marquée au climat si ce thème étaitmentionné dès le départ (Mertz et al, 2009). L'analysea également fait l'objet de certaines concessions auregard de ce que Devereux (2006) appelle le‘phénomène de nostalgie’ - la tendance qu’ont les pop-ulations à se souvenir du passé de façon embellie.

ACTIONS ET EFFETSCette section aborde la manière avec laquelle les pop-ulations ont agi et continuent à ajuster leurs moyens desubsistance face aux chocs et aux stress. L’étude avaitpour but de documenter l'ingéniosité des individus faceaux changements au travers de leurs expériencespassées. Les actions peuvent être délibérées ou fortu-ites, spontanées ou planifiées, anticipées ou réactives,technologiques, juridiques, institutionnelles ou le plussouvent une combinaison de tout cela. Elles peuventêtre mises en œuvre à différents niveaux, de l'individuà l'échelle du pays, en passant par le ménage et lacommunauté. Certaines actions entreprises à dif-férents niveaux peuvent agir dans le même sens, tandisque d'autres peuvent s'avérer contre-productives.Cette étude vise à renforcer notre compréhension de lanature complexe des réponses de la population. Il estessentiel de comprendre les tendances en termes devulnérabilité ainsi que les stratégies déployées pourfaire face aux chocs et stress. La vulnérabilité face auclimat et aux autres chocs et stress peut varier en fonc-tion de facteurs internes affectant l'individu et lacommunauté ou de facteurs externes tels que l'envi-ronnement, la politique des gouvernements etl'économie. Ces dynamiques sont fondamentaleslorsqu’il s’agit de comprendre comment encouragerl'adaptation par le biais d'efforts ciblés ou globaux.

Le climat n'est pas le seul motif de changements etdans de nombreux cas, il pourrait bien ne pas être le

2 CADRE ET MÉTHODOLOGIE

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² ‘Réseaux et institutions’ font référence aux structures formelles etinformelles que les familles ou individus tirent parti face aux risques et auxchangements.

CHOCS ET STRESS(chocs, tendances,saisonnalité)• Climatique• Non-climatique

ACTIFS (OU BIENS)

CHOCS ET STRESS(chocs, tendances,saisonnalité)• Climatique• Non-climatique

STRATEGIES DESUBSISTANCE(’faire face’,adaptation)

RESULTATS• (In)sécurité alimentaire• Vulnérabilitéaccrue/réduite

FIGURE 1: CADRE CONCEPTUEL

plus important. En formulant leurs stratégies de subsis-tance, les ménages ont mis en lumière leur savoir-faireet leurs compétences, ainsi que les ressources dont ilsdisposent via leurs réseaux. Cela peut impliquer unemigration, l'emprunt de denrées alimentaires ou d'ar-gent auprès de voisins ou une plus grande exploitationdes ressources forestières. Toutes ces actions ont desimplications (à court et à long terme) sur la vulnérabil-ité aux changements climatiques. Ces actions leurpermettent-elles de consolider leurs moyens de sub-sistance ou érodent-elles leurs actifs pour les rendreplus vulnérables aux prochains chocs ?

STRUCTURES DE SOUTIEN Enfin, cette étude vise à référencer les types de struc-tures de soutien (formelles et informelles) existantespour les familles pastorales et agro-pastorales àl'échelle locale, puis analyse les changements s'opérantdans ces structures. Les stratégies de subsistance sontinfluencées par les chocs et des stress ainsi que par lesactifs disponibles à l'échelle des ménages. Elles sontégalement influencées par les ressources communau-taires et sont ainsi généralement arbitrées par desréseaux et des institutions.²

APPROCHE ET CADRECette étude suit une approche qualitative basée surdes entretiens semi-dirigés, des entretiens informels,des témoignages oraux et à plusieurs discussions degroupe de type ERP (évaluation rurale participative).Le cadre analytique (Figure 1, ci-dessus) repose sur les

moyens de subsistance durables, en soulignant plusparticulièrement l'accès aux ressources, les stratégieslocales et les institutions. Les chocs et les stress sontabordés différemment selon l'accès aux ressources ; unaccès qui fait l'objet de distinctions sociales et qui estaffecté par des processus, des politiques et des insti-tutions internes et externes.

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� 3.1 INTRODUCTIONLes travaux de terrain ont été menés dans la zone deBorana³ , une zone semi-aride située dans la régiond’Oromia (sud de l'Éthiopie). Elle est bordée au sudpar le Kenya, à l'ouest par l’Etat Régional des Nations,Nationalités et Peuples du Sud (SNNPR), au nord par lazone de Guji et à l'est par la région Somali. Lesrecherches ont été menées dans les districts de Direet Dhas (ou Woredas) qui appartiennent respective-ment à la ‘zone agro-pastorale du sud’ et à la ‘zonepastorale de Borana-Guji’ (d'après LIU, 2009) ; voirl'Annexe I.

Le peuple Borana compte 966 467 membres (CSA,2008). Les quatre principaux groupes ethniques sontles Oromos (77 %), les Gedeos (13 %), les Amharas (3%) et les Somalis (3 %). Les autres groupes ethniquesreprésentent environ 4 % de la population (selon Richéet al, 2009). Ces populations sont majoritairementpastorales ou agro-pastorales et la richesse duménage est souvent déterminée par la taille du chep-tel. Cette zone abrite principalement des élevages devaches, de moutons, de chèvres et de chameaux. Ony produit surtout du maïs, du teff, du sorgho et desharicots. Dans cette zone, plus de 50 % des revenussont dérivés de la vente de bétail (Demeke, 2006,dans Riché et al, 2009). Les exportations de bétail parle peuple Borana contribuent grandement auxrecettes nationales en devises (selon Riché et al,2009).

Dans ces régions, le climat se caractérise par unrégime d'averses bimodal avec une saison de longuespluies (ou Gana) de mars à mai, et une saison de cour-tes pluies (Hagayya) entre septembre et décembre.En moyenne, la pluviométrie annuelle est compriseentre 450 et 700 mm, avec des variations importantesdans le temps et dans l'espace entre et au sein de

chaque zone. Environ 60 % des précipitations survien-nent lors des longues pluies, et 30 % lors des courtespluies (Coppock, 1994). Les températures sont les plusélevées en janvier, dépassant parfois 30 °C.

Selon les relevés météorologiques, les précipitationsdans les régions méridionales de l'Éthiopie ontdiminué depuis le début des années 1990, tandisqu'elles ont légèrement augmenté dans d'autres zonesdu pays (Funk et al, 2008). Cela peut être dû auréchauffement de la surface de l'océan Indien, unphénomène peut-être également à l'origine de lasécheresse de 1984 (Funk et al, 2008). Les signesd'une influence humaine sur les changementsobservés font actuellement l'objet de débats entrescientifiques (Hoerling et al, 2006), tout comme l'hy-pothèse selon laquelle les modèles climatiquesmondiaux4 et les modèles de récolte sous-estimentles mécanismes de sécheresse régionaux.

� 3.2 RÉSULTATS

� 3.2.1 PERCEPTION DES CHOCS ETDES STRESS

SÉCHERESSE ET CONFLITS RELATIFS AUXRESSOURCES NATURELLESParmi tous les chocs et stress environnementaux etsocio-économiques auxquels les populations font face,la sécheresse arrive en tête dans les zones agro-pas-torales tandis que la sécheresse et les conflits sont entête dans les zones pastorales (tableau 1, ci-dessous).Ce n’est pas surprenant car ce sont des préoccupa-tions très anciennes, faisant partie de la viequotidienne du Borana. Les gens peuvent facilementdresser la liste des principales sécheresses survenuesau cours des 30 ou 40 dernières années, avec un récitdétaillé des effets et implications. Et il y a eu des con-

3 ÉTUDE DE CAS : ÉTHIOPIE

³ Aussi dénommé Borena.4 Appelé Modèles de Circulation Globale (en anglais, Global Circulation Models, ou GCM).

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PASTORAL (CHOCS) ORDRE DE PRIORITÉ AGRO-PASTORAL (CHOCS)

Conflit 1 Sécheresse

Sécheresse 2 Déforestation

Maladies (animaux) 3 Land Dégradation des terres

Maladies (humains) 4 Maladies (animaux)

Embroussaillement 5 Maladies (humains)

6 Conflit

7 Pestes (cultures)

Source: Discussions de groupe 2009, Woredas de Dire and de Dhas, Borana

TABLEAU 1. CLASSEMENT DES CHOCS ET DES STRESS: COMPARAISON ENTRE ZONES PASTORALES ET AGRO-PASTORALES, BORANA

flits localisés entre le Borana et les clans voisinsdepuis des décennies, initialement en raison de dis-putes sur les pâturages et les ressources en eau. Letableau illustre également la différence entre leszones agro-pastorales et pastorales. Les conflits sontbien plus dominants dans les zones pastorales ; dansde nombreux villages ces conflits étaient bien la con-trainte principale (AZ Consult, 2009). Comme on peuts’y attendre, nombre de stress pour les bergers sontliés à leur mobilité et à la disponibilité de pâturages,tandis que les sources de stress identifiées dans leszones agro-pastorales sont principalement liées à l’a-griculture établie.

Certains stress sont relativement nouveaux, tels quel’embroussaillement et les nouveaux types de pesteset de maladies (affectant le bétail et la flore). L’em-broussaillement est attribué principalement à uneinterdiction du gouvernement de mettre le feu auxzones d’herbages, ce qui pose un problème d’accèsaux pâturages pour les bergers.

Il y a une tendance à une superposition plus impor-tante des stress que par le passé. Comme le dit unepersonne d’une discussion de groupe dans le WoredaDire, « les chocs ne viennent [maintenant] jamaisseuls ».

La nature des stress, en particulier les conflits etsécheresses, est elle aussi en train de changer. De

plus en plus, les conflits concernant les ressourcesnaturelles ont évolué en disputes complexes impli-quant la propriété sur les terres, les pouvoirsadministratifs et les revendications territoriales. Lescommunautés pastorales ont noté que la nature desconflits est en train de changer, les disputes localiséesayant lieu plus fréquemment qu’avant, et causant deplus en plus de morts. Les tensions concernant l’accèsaux points d’eau et aux pâturages sont au cœur desconflits comme l’illustre la citation suivante :

“Autrefois les conflits étaient principale-ment une question d’héroïsme et de volde bétail. Maintenant les conflits entre leBorana et les clans voisins sont motivéspar la recherche de pâturages et d’eauainsi que par la puissance et l’intégrité

territoriale. ”(Obbo Arero Jateni, 80 ans, Woreda de Dire,

région agro-pastorale)

Le niveau de violence dans ces conflits a égalementaugmenté au cours des dernières années. En dépit desmultiples causes de conflit ethniques, la sécheressedemeure un moteur significatif, résultant en unemobilité réduite et un accès limité aux pâturages età l’eau. Certaines personnes ont noté que le systèmedu Gada (règles et normes traditionnelles gouvernantl’utilisation des ressources naturelles) a été négligé etque des revendications illégales sont faites sur des

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TABLEAU 2. CHANGEMENTS EN TERMES DE CHOCS ET DE STRESS, ZONES PASTORALES ET AGRO-PASTORALES, BORANA

PASTORAL AGRO-PASTORAL

Source: A-Z Consult, 2009

De (10 ans en arrière) A (aujourd’hui) De (10 ans en arrière) A (aujourd’hui)

Climat• Période d’averses

longue (3 mois à lafois Au cours d’Ha-gaya et de Ganna)

• Volume important deprécipitations paraverse

• Températures bassesdurant la saison despluies

• Période d’aversescourte (pas plus d’une semaine)

• Volume peu importantde précipitations paraverse

• Températures trèshautes durant la saison des pluies

• Les précipitationsétaient importantes,consistantes etduraient une longuepériode (> 3 mois)

• Les précipitations sont peu importantes,variables et ne durentpas longtemps (une semaine)

Environnement etagriculture

• Faible niveau d’embroussaillement

• Les feux de forêtsétaient une pratiquecourante pour renouveler lesherbages

• L’embroussaillement a pris une ampleurimportante

• Les feux de forêt sont interdits du à une interdiction gouvernementale

• Les familles ne culti-vaient pas plus d’1 ha,mais les rendementsétaient importants

• Mais, orge et blé àcycle long

• Pertes minimales del’humidité des sols

• Pestes ne menaient pasà des dommagesimportants

• Pâturages abondants

• Les familles cultiventjusqu’à 10 ha, maisles rendements sonttrès bas

• Maïs à cycle court, hari-cots, blé et teff

• Pertes importantes del’humidité des sols du à de plus hautestempératures

• Les pestes causent desdommages aux cul-tures d’année en année

Social et économique • Les conflits étaient rares

• La production laitièrepar vache était élevée

• La production laitièreet l’abatage du bétailétait plus courants que la vente de bétail

• L’unique pratique du ménage était l’élevage

• Les conflits sontdevenus fréquents

• La production laitièrepar vache est très faible

• La vente de bétail estplus courante que laproduction laitièreet l’abatage

•Ils essaient d’adapterles pratiques de production agricoles

• Les prix des céréales,des biens et desmarchandises étaientbon marché

• Les revenus étaientélevés pour de nombreuses familles

• Un accès au marché meilleur

• Les prix des céréales,des biens et desmarchandises ont dou-blé plus de 10 fois

• Des marchés decéréales fluctuants etimprévisibles

• Réduction des revenuset augmentation de lapauvreté

• De nombreuses per-sonnes ont démarré lavente de bois de feu etde charbon de bois

• Pas de bon marchépour le bétail. Lescourtiers se sont

Organisation/institutionnel

• Pas d’école• Pas de vaccinations

pour les humains oules animaux

• Ecole primaire• Vaccinations pour

quelques têtes debétail et pour les maladies chezl’homme (particulière-ment les femmes et les enfants) ou les animaux

• Peu ou pas d’effortspour former leséleveurs sur la planification familiale et la santé

• Soutien important dessystèmes traditionnels

• Des ONG (par exempleCARE) ont réalisé desformations sur la plan-ification familiale et lasanté

• Les gens ne sont pas si avenants commeavant parce qu’ilsn’ont plus de nourrit-ure à partager pours’entraider.

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FIGURE 2. PERCEPTION DES TENDANCES EN TERMES DE PRÉCIPITATIONS, HARALLO

Source: discussion de groupe dans le Kebele Harallo (zone agro-pastorale), Juin 2009

2

1.5

1

0.5

01991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Précipitations

Note: La communauté a donné des scores pour qualifier les pluies au sein d’une année (Ganna et Hagaya) 2 = bonnes ; 1 = normales/moyennes; 0 = mauvaises, résultant en une faible production agricole.

zones de pâturage et des points d’eau. Ils pensent quele Gada à lui seul n’arrivait pas à contrôler le nombrecroissant de conflits.5

Les régimes d’averses semblent avoir changé au coursdes dix dernières années (voir tableau 2), en partic-ulier du point de vue du calendrier et de la durée. Lafréquence des périodes de sécheresse est perçuecomme ayant particulièrement augmenté au coursdes 20 dernières années. Certaines personnes pensentque les changements sont devenus plus notablesdepuis la grande famine de 1984 ; les années de‘bonne pluie’ font partie des souvenirs lointains. Onrépond typiquement qu’autrefois il y avait unesécheresse par Gada (période de huit ans) alorsqu’elles surviennent maintenant six ans sur huit.Comme indiqué dans la figure 2 ci-dessus, les gensdécrivent la pluviométrie comme ayant particulière-ment décliné depuis la sécheresse de 2001.

À l’exception des années les plus sèches, les change-ments dans les saisons, la distribution et la régularitédes précipitations semblent plus préoccupants que laquantité totale de pluie. La saison des pluies princi-pale est également devenue de plus en plus courte(elle débute maintenant plus tard et se termine plustôt qu’auparavant) et les pluies sont en général plusimprévisibles. Il y a dix ans, les pluies commençaient

généralement à la mi-septembre et continuaientjusqu’à décembre. Maintenant, il est plus commun devoir la pluie débuter en octobre et se poursuivre aumaximum un mois, parfois moins de 20 jours. En con-séquence, les fermiers sont de moins en moinscertains de recevoir suffisamment de pluie pour jus-tifier des cultures alimentaires de base. Comme ledécrit ce commentaire recueilli :

“Au cours du dernier Gada, nous avonsperdu deux mois de pluie. Maintenant lapluie ne vient plus au bon moment : elle

commence plus tard et se termine rapide-ment. Nous préparons la terre pour lesplantations lorsque la courte pluie com-

mence mais elle s’arrête, la pluie nerevient pas et nous avons donc perdu

notre temps. ”(Participant d’une discussion de groupe, Harallo,

zone agro-pastorale)

Tome Dheeda, une mère de dix enfants âgés de 5 à 25ans, a exprimé une inquiétude similaire concernantle changement et l’incertitude :

“Au cours des derniers Gadas, nousavions de bonnes pluies. Je ne sais pas ceque l’avenir nous réserve mais tout ce que

5 Le système du Gada est expliqué en détail dans la section 3.2.3.

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je sais c’est que les pluies changent – ellesdeviennent moins abondantes et tombentau mauvais moment. Jilo Aga6 a apportéla sécheresse ; à cette époque la sécher-

esse n’arrivait que tous les huit ans,maintenant c’est presque tous les ans.

Ma fille a maintenant cinq ans et elle n’apas encore vu une bonne récolte.”(Tome Dheeda, 45 ans, Harallo, région agro-pastorale)

Un autre changement notable souvent cité est lechangement de température. La citation suivanterésume un sentiment commun: « Maintenant nousavons un soleil qui brille très fort. Le soleil sembleplus chaud. On a de la chaleur à la place de la pluie.» Les changements d’ordre climatique ont de nettesimplications sur les moyens qu’ont les populationspour subsister lors de longues périodes où elles souf-frent de la faim. L’incertitude concernant lesactivités de subsistance est plus grande et il en vadonc de même du besoin qu’ont les ménages agro-pastoraux et pastoraux de changer leurs pratiques.

� 3.2.2 STRATÉGIES DE SUBSISTANCEET RISQUES CLIMATIQUES

LE RÔLE DU BÉTAIL ET D’AUTRES RESSOURCESLes Boranas sont éleveurs par tradition. L’importanceculturelle du bétail, et des bovins en particulier, nepeut être surestimée. L’élevage de bétail est pro-fondément lié aux structures sociales descommunautés, ainsi qu’aux valeurs et croyances quidéfinissent la puissance et les relations de dépen-dance entre les propriétaires de bétail et les nonpropriétaires. Les bergers se décrivent souventcomme « éleveurs depuis les temps immémoriaux »(A-Z Consult, 2009). Mise à part sa valeur culturelle,le bétail est le principal déterminant de la richesse etconstitue un bien de subsistance à utilisations multi-ples, offrant simultanément un capital (avec unpotentiel de reproduction), de l’énergie (traction),de la nourriture et un moyen de transport. Son impor-tance économique est illustrée dans le tableau 3ci-dessous où la production animale est classée entant que première ou deuxième activité économiquedes ménages.

Le tableau montre que la majorité des ménagesdépendent de biens et de ressources sensibles au cli-mat. Le pastoralisme dépend de la mobilité pour

Village Hadha Dolomekela Tullowato Buledi Dhakawatta Tesokomora Tesodirbu Dusii

Elevage 1 1 2 2 1 1 1 1

Vente de ressourcesnaturelles

3 4 2 2 3

Production agricole* 2 2 1 1 3 3 2

Travail journalier 5 3 2 3

Petit commerce 4 4 4

Travail dans les mines

3

TABLEAU 3 CLASSEMENT DES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES, ZONES PASTORALES ET AGRO-PASTORALES, BORANA

* Incluant le bois de feu, le charbon de bois, l’encens, la gomme arabique.Source: discussions de groupe, Juin-Juillet 2009

ZONE PASTORAL AGRO-PASTORAL

6 1983-1991

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accéder aux pâturages, ainsi qu’à l’eau tout au longde l’année. L’agriculture est principalement de typepluviale ; si la pluie fait défaut les familles doiventtrouver des stratégies alternatives de génération derevenus, et pour la plupart ceci est limité à la collecteet la vente de ressources naturelles (principalementdu bois de feu et du charbon de bois). Les années oùles pluies sont suffisantes, les familles donnent la pri-orité aux cultures et à la production de bétail, maisles autres ressources et biens sont en train de devenirde plus en plus importants.

La possession de bétail constitue la principale protec-tion contre la pauvreté. Cela a joué, et continue dejouer, un rôle majeur dans l’adaptation à la variabilitéclimatique. Le tableau illustre également le rôled’autres sources de revenus et la diversité croissantedes stratégies de subsistance. Les changements ontlieu depuis de nombreuses années et les raisons deces changements sont complexes. Il y a la politiquegouvernementale qui encourage l’agriculture séden-taire par rapport au pastoralisme, la restriction demouvements mais aussi les facteurs climatiques etd’autres facteurs liés à l’utilisation des ressourceslocales. Ici nous nous concentrons en particulier sur lerôle des facteurs climatiques.

TENDANCES AU NIVEAU DES STRATÉGIES DE SUBSISTANCE La production agricole à proximité des ménages s’est

développée en réponse aux restrictions imposées surles mouvements de bétail. Comme indiqué dans letableau 4 ci-dessous, pour les familles agro-pas-torales, les principales cultures sont le maïs, le teff,l’orge, le blé et les haricots. Ils sont cultivés pour laconsommation mais aussi pour la vente si la récolteest suffisante.

La disponibilité et la qualité des pâturages semblentavoir décliné en raison des changements dans lesrégimes de précipitation, comme indiqué dans la fig-ure 3 ci-dessus.

Traditionnellement, les troupeaux étaient composésde bovins, mais de plus en plus de ménages élèventégalement des chèvres et des chameaux. Les ménagesde tous niveaux économiques soulignent que lorsqueles conditions le permettent, la production de bétailest leur priorité. Pour beaucoup, le but ultime estd’étendre suffisamment leur troupeau afin qu’il nesoit plus nécessaire de pratiquer l’agriculture. Cecis’explique par la combinaison d’un climat de plus enplus imprévisible, de la quantité de travail requise parla production agricole et par les gains négligeables quiont été tirés de l’agriculture ces dernières années. Ledésir de se concentrer sur le bétail peut égalements’expliquer par l’importance culturelle du bétail.Selon la tradition Borana, le bétail est la seule pro-priété individuelle. Tous les autres biens constituentune propriété collective, appartenant au clan (voir

FIGURE 3 TENDANCES EN TERMES DE DISPONIBILITÉ DES PÂTURAGES ET DE PRÉCIPITATIONS, HARALLO

Note: En ordonnées, la disponibilité en pâturages: 2 = bonne; 1 = normale ; 0 = mauvaise.

2

1.5

1

0.5

02001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

Pasture availabilityRainfall

Source: discussion de groupe dans le Kebele Harallo (zone agro-pastorale), Juin 2009

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TRES PAUVRES PAUVRES MOYEN PLUS AISES

également Flintan et al, 2008). La possession debétail est par conséquent le seul moyen pour unménage individuel de se constituer des économies.

Les activités autres qu’agricoles sont devenues deplus en plus importantes au cours des dernièresannées, et les ménages cherchent à diversifier leursrevenus, comme conséquence des stress croissantssur l’accès à des fourrages à haute valeur nutritive etaux ressources en eau qui sont nécessaires à l’élevagede troupeaux. L’élevage seul suffit rarement à pour-voir le ménage en nourriture et revenus. Les conflitsentre clans ont mené à des restrictions sur les mou-vements, et rendu l’accès aux pâturages locaux debonne qualité plus difficile. Étant donnée cette situ-ation combinée aux pluies erratiques qui ont rendu laproduction agricole risquée, les ménages sontdevenus de plus en plus dépendants du marché pourcouvrir leurs besoins en nourriture.

“Même si il y a de bons pâturages à unendroit, en particulier dans les zones

occupées par [des personnes] d’ethnieGari, le déplacement de bétail dans

de tels lieux est impossible à cause desconflits. Les conflits entraînent la perte de vies humaines et la restriction des

mouvements d’animaux vers les bons pâturages.”(Adde Didi Wario Bojole, femme de 97 ans, village de

Tesodirbo, Woreda de Dhas)

Le recours aux marchés engendre un besoin degénérer un revenu monétaire ; une tâche ce qui nepeut être accomplie qu’au travers d’activités supplé-mentaires qui ne soient pas aussi sensibles àl’incertitude climatique. La vente de services et lamigration constituent d’importantes activités degénération de revenus, en particulier pour lesménages pauvres ; les gens vont vendre leurs serv-ices, soit au jour le jour dans les villes locales ou pourun plus long terme en migrant vers les centresrégionaux de Yabello et Moyale et plus loin au Kenya.La vente de ressources naturelles – dans les régions

Agro-pastoral

Pastoral Agro-pastoral

Pastoral Agro-pastoral

Pastoral Agro-pastoral

Pastoral

Taille du ménage 7 4-5 7-8 8-10 7-9 8-10 9 10-15

Terre cultivée (ha) 0-0.5 N/A 1-2 N/A 1-2 N/A 2-3 N/A

Cultures principales Mais, orge, blé,haricots, teff

Mais, orge, blé,haricots, teff

Mais, orge, blé,haricots, teff

Mais, orge, blé,haricots, teff

Bétail 0-2 bovins 0-2 bovins1-2 petitsruminants

0-5 bovins3-5 pouletsJusqu’à 5chèvres

5-10 bovins3-5 petitsruminants

5-10 bovins3-5 poulets1 bœuf5-10 chèvres

10-50 bovins10-25 petits ruminants

10-20bovins2 bœufs15-20chèvres

50+ bovins20-40 petits ruminants

Autres biens Houe Houe Chameau,âne

Charrue,houe

2+chameauxâne

TABLEAU 4 RÉPARTITION EN GROUPE DE RICHESSE, BORANA

Source: A-Z Consult

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pastorales, principalement le charbon et le bois defeu mais également le sable, les pierres, la gommearabique et l’herbe qui sert pour nourrir le bétail etpour l’encens – représente une importante source derevenus, principalement pour les ménages les pluspauvres. Le petit commerce, dont la vente de sel,d’allumettes et de sucre, est une activité qui néces-site un certain niveau de capital pour démarrer et qui

est par conséquent associée aux groupes ayant desrevenus moyens. La diversification est le résultatd’une crise dans les sources de revenus tradition-nelles ainsi que des nouvelles opportunités liées àl’ouverture de marchés et à la croissance de petitesvilles dans les régions arides et semi-arides. Mais lesménages n’ont que de faibles revenus grâce à cesactivités non liées au bétail.

TYPE STRATÉGIE DE RÉPONSEGROUPESOCIO-ÉCONOMIQUE

CONSÉQUENCES

‘Négative’ (réduction des actifs)

Augmentation de la migration de maind’œuvre

PauvresMoyens

• Disruption des dynamiques communautaires • Réduction de la force de travail au niveau familial,

conduisant à la réduction des capacités pour lesactivités ‘normales’ du ménage

Augmentation de la vente de bétail

PauvresMoyensPlus aisés

• Réduction des actifs du ménage, à partir duquel ilpeut faire face aux chocs dans le futur

• Réduction des opportunités de vente de produitsanimaux, tels que le lait, le yoghourt, le formage.Incapacité de maximiser les profits

• Forcé d’accepter des prix plus bas

Augmentation de la migration dubétail (déplacements sur de pluslongues distances et de plus longuespériodes)

PauvresMoyens

• Disruption des dynamiques communautaires • Compétition accrue pour des ressources four-

ragères limitées peut résulter dans l’accroissementdes tensions entre clans et groupes ethniques

• Le bétail devient faible du au longues distancesparcourues

Augmentation de la vente de charbonet de bois de feu Pauvres • Dégradation environnementale

• Erosion accrue et run-off

Modification de la consommation ali-mentaire (réduction dans la fréquenceet la qualité de l’apport alimentaire)

Pauvres

• Augmentation des risques de maladies et de malnutrition

• Réduction en termes d’énergie et baisse de productivité

‘Positive’ (créationou augmentationdes actifs desfamilles)

Augmentation de la formation de kallo (pratiques de préservation des pâturages)

Tous

• Renforcement de la cohésion communautaire autravers de la participation des membres de lacommunauté à la formation du kallo

• Permet la régénération des pâturages• Protection des pâturages pour le futur

Création d’harro (marres)/ captagedes eaux Tous • Les familles ont accès à de l’eau pour des activités

spécifiques (ex. jardinage)

Culture de variétés à cycle court Tous • Augmentation du potentiel de récolte

Augmentation des activités de petit commerce Pauvres • Augmentation des revenus

Augmentation de la vente de gommearabique et d’encens Pauvres • Augmentation des revenus

Activités de maraîchage • Source de nourriture et de revenus de contre-saison

Source: A-Z Consult, 2009

TABLEAU 5 STRATÉGIES DU ’FAIRE FACE’ IDENTIFIÉES, BORANA

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BIENS ET STATUT SOCIO-ÉCONOMIQUELa capacité d’un ménage à faire face aux chocs etstress dépend dans une large mesure de ses actifs etde sa capacité à accéder à ce capital à n’importe quelmoment. Le tableau 4 ci-dessus décrit les actifs typ-iques de quatre groupes sociaux différents.

Dans les régions pastorales, le bétail est la principalemesure de richesse : les ménages pauvres et très pau-vres sont définis avant tout par le fait qu’ils nepossèdent pas ou très peu de bétail.

Dans les zones pastorales et agro-pastorales, le statutsocio économique est déterminé par le travail. S’oc-cuper du bétail et de la production agricole nécessiteun certain potentiel de main-d’œuvre dont lesménages les plus pauvres ne disposent pas. Lesménages ayant de faibles capacités de main-d’œuvre

ne seront pas en mesure d’accepter des opportunitésde travail au jour le jour ou de migrer à la recherchede travail. En fait, les ménages à faible capacité detravail n’ont pas d’autre choix que d’entamer leurcapital pour couvrir leurs besoins de base. Ce sont cesménages qui n’ont pas d’autre option que de setourner vers des activités non pérennes telles quel´exploitation de ressources naturelles dans l’espoirde couvrir leurs besoins, au risque de compromettreleur capacité à endurer les chocs futurs.

Le type de stratégie utilisé en réponse aux chocs etstress dépend en grande partie du statut socio-économique du ménage. Les segments les pluspauvres de la société rurale, que ce soit dans deszones pastorales ou agro-pastorales, n’auront pas unlarge choix d’options, tandis que les ménages mieuxlotis bénéficieront davantage d’opportunités. Letableau 5 souligne certaines des stratégies identifiéespar les ménages dans les zones agro-pastorales de larégion Borana en Ethiopie. Nous faisons la distinctionentre stratégies ‘négatives’ et ‘positives’, les straté-gies positives étant celles aidant à établir ou acomplémenter des biens du ménage, et les négativesétant celles contribuant à la dissipation des biens duménage, à la diminution des statuts nutritionnels ouà un usage non pérenne des terres.7 Les migrationsliées au travail ont été discutées en détail. Certainsparticipants ont noté que ces migrations représententune stratégie positive, où les versements réguliersd’argent couvrent les besoins essentiels du ménage.Cependant, en moyenne, les gens vivent au final cesmigrations de façon négative car les envois d’argentatteignent rarement les bénéficiaires au moment oùceux-ci en ont le plus besoin. De plus, l’absence demain-d’œuvre à des moments cruciaux de l’annéesignifie que la production agricole n’est pas max-imisée.

MOBILITÉTraditionnellement, les ménages du Borana sont con-stitués d’éleveurs et de gardiens de troupeaux ; laproduction agricole est une activité relativement

7 Il est intéressant de souligner que les deux stratégies positives suivantes– préservation des pâturages et formation de basins de collecte d’eau – ontété décrits au cours de discussions de groupe de femmes.

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nouvelle. L’élevage de bétail s’adaptait très bien auxconditions écologiques des terres semi-arides, et lamobilité était une stratégie adaptative essentiellepour utiliser les ressources qui étaient variables dansle temps et l’espace. La transhumance (migration defamilles entières avec leur troupeau) était plusfréquente que maintenant, les familles voyageant surde longues distances avec leur troupeau afin de trou-ver suffisamment de pâture. Maintenant lescontraintes de mouvements induisent des difficultés,en réduisant l’accès aux sources d’eau et auxpâturages. Comme les éleveurs sont devenus plussédentaires, les migrations de bétail n’impliquentgénéralement plus la famille entière ni même le trou-peau entier. Dans le Borana, il arrive souvent que lesvaches en période de lactation et les veaux restent àproximité du ménage ‘permanent’, avec les femmeset les enfants, tandis que le reste du troupeau estemmené par les hommes à la recherche de pâturages.Avec l’émergence d’activités humanitaires dans la

région, les familles aux revenus moyens ont augmentéleur déstockage (vente et abatage de bétail) afin defaire face aux sécheresses récurrentes.

RÉDUCTION OU CHANGEMENT DANS LES HABI-TUDES DE CONSOMMATION DE NOURRITUREÀ la fois en réaction et en préparation aux chocs etstress économiques et environnementaux, les famillespauvres réduisent leur consommation de nourritureafin de faire durer les réserves de céréales et d’ar-gent plus longtemps. Il est fréquent pour les adultesde réduire le nombre de repas par jour. Il est égale-ment commun que la consommation des enfants ait lapriorité au sein de la famille, suivie par celle deshommes en activité et enfin des femmes.

CHANGEMENTS DANS LA COMPOSITION DES TROUPEAUXDans les régions pastorales en particulier, la richesse(et par conséquent la capacité de ’faire face’) estéphémère. Face à des chocs répétés, les ménagesdoivent maintenir un équilibre précaire entre la pro-tection du noyau dur de leur troupeau et le maintien

des sources de nourriture et de revenu nécessaires àla survie. À cette fin, les éleveurs Éthiopiens ont rap-porté qu’une des manières utilisées pour « s’adapter» à une situation changeant rapidement a été demodifier la composition de leur troupeau. Avec l’a-vancée des broussailles et la transformation desprairies en zones plus broussailleuses et boisées, lesfamilles sont davantage susceptibles d’incorporer àleur troupeau des animaux brouteurs tels que deschameaux et des chèvres.

DIVERSIFICATION DES MOYENS DE SUBSISTANCE Au sein et au-delà du secteur agricole, la diversifica-tion est une stratégie largement reconnue deréduction des risques et d’amélioration du bien-être(Ellis, 2000 ; O’Laughlin, 2002 ; Ellis et Allison, 2004).Il s’agit d’un processus continu qui permet auxménages de renforcer leur résilience en répartissantles risques. Il n’est pas aisé d’attribuer la diversifica-tion à une seule cause ; il s’agit plutôt d’un ensemblede facteurs qui entraînent des changements ; facteursqui sont d’ordre économique (meilleure intégrationdes marchés), politique (changement dans les poli-tiques d’exploitation des terres) et environnemental(incertitude climatique accrue).

De nombreux ménages à tradition pastorale ont diver-sifié leur base de subsistance pour s’engager dans laproduction agricole autour de leurs propriétés famil-iales ; production destinée en grande partie à laconsommation. Cependant, en raison de l’augmenta-tion de l’incertitude quant à l’arrivée et la durée desprécipitations, certains ménages pastoraux mettenten doute la pertinence de la culture. La productionagricole est onéreuse et exige une main-d'œuvreintense sans toutefois garantir un retour sur lesinvestissements. En fait, certains pensent que cettemain-d’œuvre précieuse serait plus efficace ailleurs.

Dans les zones agro-pastorales visitées, la diversifica-tion non-agricole inclut l’exploitation des ressourcesnaturelles, l’implication accrue dans le petit com-

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merce ainsi que dans la vente de main-d’œuvre et lamigration. L’exploitation des ressources naturelles aaugmenté tant dans les zones agro-pastorales que pas-torales. Comme l’indique cette personne, les ménagespauvres des zones agro-pastorales ont rapporté uneaugmentation de leur implication dans la vente debois de feu et de charbon de bois en raison des sécher-esses répétées :

“Nous avons augmenté le ramassage debois de feu et la production de charbon enraison des mauvaises récoltes qui se sont

suivies année après année. ”Ces ménages ne possèdent pas de bétail à propre-ment parler et lorsque les précipitations ne sont passuffisantes pour les cultures agricoles, elles n’ont pasd’autre choix que de se tourner vers le commerce deressources naturelles. Certains ont indiqué qu’ils ontcommencé, en dernier ressort, à vendre du bois defeu et du charbon de bois. La production de charbonest difficile et exige de prendre des précautions. Denombreux villageois sont conscients des conséquencesdu ramassage de bois de feu, mais estiment qu’ils nepeuvent pas faire grand-chose d’autre, commel’indique le témoignage oral suivant :

“La terre nue que vous voyez était cou-verte de forêt : nous l’avons détruite.

Nous avons maintenant perdu la pluie ;il ne nous reste que la chaleur. J’ai

entendu dire que les arbres attiraient la

FIGURE 4 TENDANCES EN TERMES DE PRÉCIPITATIONS ET DE LA MIGRATION PROFESSIONNELLE, HARALLO

2

1.5

1

0.5

02002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Migration professionnellePrécipitations

pluie. Nous avons coupé les arbres alorsje sais que nous faisons fuir la pluie. Que

puis-je faire ? Je n’ai pas le choix.”(Tome Dheeda, 45 ans, Harallo)

Étant donné que les ménages les plus pauvres ont peud’options disponibles, il n’est pas surprenant que ladégradation de l’environnement se soit accélérée aucours des dernières années. Les communautés ontcherché à améliorer la gestion des ressourcesforestières de plus en plus rares mais elles ont encorebesoin d’un soutien important.

Le développement du petit commerce a été princi-palement attribué aux femmes. Ce petit commerceconcerne la vente de légumes cultivés autour de lapropriété familiale et d'articles essentiels ramenés demarchés plus grands. Les matières premières venduescomprennent paraffine, allumettes, bougies, thé,café, sel, etc. La production de légumes est devenueune importante activité génératrice de revenus pourles groupes de femmes, des terres et des ressourcesen eau y étant exclusivement réservées.

MIGRATION DE LA MAIN-D’ŒUVRELa migration professionnelle est une autre stratégiede subsistance importante qui a initialement vu lejour suite aux sévères sécheresses des années 1970 ;elle est à présent partie prenante de la vie quotidi-enne de nombreux ménages ruraux. On peutl'attribuer en partie à des conditions agricoles de plusen plus difficiles coïncidant avec une pénurie de ter-

Source: groupe de discussion dans le Kebele d’Harallo, Juin 2009

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res. La migration concerne ici principalement lamigration de main-d’œuvre, observable lorsque leshommes en âge de travailler recherchent du travail àl’extérieur des villages, dans les villes avoisinantes etplus loin encore. Pour beaucoup, subsister à partir deleur propre ferme est devenu de plus en plus difficileà cause des sécheresses récurrentes et c’est ce qui aentrainé la migration. La migration à court et à longterme s’est banalisée. Ces changements sont exposésci-dessous :

“En 1999, après des récoltes désas-treuses, mon mari a migré à Marsabet,au Kenya, à la recherche de travail. Lapremière année, il a trouvé du travail

d’aide-charpentier dans le secteur de laconstruction de maisons neuves.

Il m’envoyait de l’argent pour que

j’achète de la nourriture pour nosenfants. Ces six derniers mois, il n’a

plus trouvé de travail et s’est lancé dansla production de charbon.”

(Adde Mesule Gegalo Bante, 45 ans, mère de six enfants,

village de Tulluwato, Kebele de Romsso, Woreda de Dire)

Comme l’illustre la figure 4 ci-dessus, la tendancegénérale de la migration professionnelle dans leszones agro-pastorales en Éthiopie est à la hausse.

Les années de pic de migration professionnelle coïnci-dent avec les années où les précipitations ont été auplus bas (par ex. en 2006). On observe également quelorsque les précipitations et les cultures agricoles cor-respondantes étaient au maximum, les taux demigration étaient réduits (par ex. 2004). Cela n’est passurprenant. Les villageois ont indiqué que la migration

FIGURE 5 ORGANISATION SOCIALE TYPIQUE, ZONES AGRO-PASTORALES, BORANA

INSTITUTIONS-CLÉ : 1 Association d’épargne et

de crédit des femmes2 Association des femmes

(genre, planning familial,santé)

3 Association des jeunes –connectée de manièreétroite avec l’associationdes femmes

4 Bureau du Développement5 Association du Kebele6 Comité des Pâturages7 Comité de l’Eau8 Groupe de travail ‘Sécurité

alimentaire’9 Ecole10 Vétérinaire11 Edir – Epargne des céré-

monies funérairestraditionnelles

12 Equb – Institution tradi-tionnelle d’épargne et decrédit

4

1

2

3

1

12

5

96

8

7

10

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a particulièrement augmenté à partir de 1997. Leshommes en bonne santé et en âge de travailler se ren-dent à Mega, Yabello et Moyale à la recherche detravail. Parfois ils renvoient de l’argent, mais la plu-part du temps ils ne le font pas.

En résumé, les habitants des régions agro-pastoraleset pastorales semblent être coincés entre une poli-tique et un environnement socio-économique quidissuadent de l’élevage d’un côté et des cultures agri-coles de plus en plus compromises de l’autre. Il existedes alternatives de revenus non agricoles et des pos-sibilités de migration professionnelle temporaire maiselles ne sont pas ouvertes à tous : certaines de cesactivités restent restreintes à un certain genre et parun accès limité au capital. Ces alternatives s’accom-pagnent également d’une incertitude sur les moyensde subsistance qui va en augmentant. La partie suiv-ante s’intéresse aux possibilités d’accès à desinstitutions locales informelles et formelles.

� 3.2.3 STRUCTURES ET INSTITUTIONS DE SOUTIEN

SYSTÈME DE GOUVERNANCE TRADITIONNELCette section s’intéresse à l’importance, à la fonctionet aux relations entre les institutions locales. Les prin-cipales institutions sont les agences gouverne-mentales, les ONG et les organisations de la sociétécivile, les règles et règlements gouvernementaux liésà la gestion des pâturages et des forêts ainsi que lessystèmes de décision traditionnels. L’importance rel-ative des institutions est quelque peu variable. Il esttoutefois considéré que le système de gouvernancetraditionnel des Borana, le Gada, est extrêmementimportant. Le système Gada est le système hiérar-chique qui définit l'organisation de la société Borana: une génération règne pendant huit ans avant decéder sa place à la génération suivante. À la tête dela génération se trouve l’Aba Gada (père du Gada) quieffectue les rituels et tranche en cas de litige. L’AbaGada et son conseil sont considérés comme l’incarna-tion de l’aada, un ensemble de principes et de

coutumes qui dictent la conduite à tenir pour lesBorana. Helland (1997a) traduit l’aada comme « lamanière Borana » (Watson, 2003). Dans certains seg-ments de la société Borana, le Gada a perdu son sens,mais il semble que l'institution traditionnelle conserveici son importance, surtout dans la résolution des lit-iges relatifs aux ressources. Les règles et règlementsémanant du Gada sont obligatoires. L’importance dusystème Gada est bien illustrée dans la manière dontde nombreux Borana, qu’ils soient dans le secteurpastoral ou agro-pastoral, font référence à des événe-ments historiques liés à l’Aba Gada en place, au lieude faire référence au calendrier éthiopien. Le schémaprécédent (figure 5) illustre bien la manière dont lesystème Gada englobe toutes les institutions au seinde la communauté (il est représenté par le cercle leplus grand).

Les participants ont accordé la plus grande impor-tance à l’association d’épargne et de crédit desfemmes (WSCA) (1) et à l’association des femmes (2).La première permet aux petites entreprises d'accéderà un capital de lancement et donc de diversifier leurbase de subsistance. L’association des femmes colla-bore étroitement avec la WSCA. Le bureau local dugouvernement est représenté par les cercles 4 et 5 etjoue également un rôle important dans la vie quotidi-enne de la communauté.

Chez les Borana, il existe une relation claire entre lesstructures de gouvernance formelles et les institutionstraditionnelles. L’administration du Kebele (pluspetite sous-division administrative) exerce un certainnombre de fonctions (y compris faire régner la sécu-rité, établir un lien entre la communauté et lesgouvernements fédéral et central, signaler les sécher-esses), mais elle dépend en grande partie du systèmeGada traditionnel. Ce dernier est de grande impor-tance lors de la mise en place de règles liées à lagestion des ressources naturelles. Il est en particulierresponsable de la supervision des comités de pâturageet de l’eau, même si ces comités sont rattachés à uneinstitution du gouvernement local. Les comités sont

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20 CHANGEMENTS DE CLIMATS, VIE EN CHANGEMENT © UN RAPPORT D’ACF INTERNATIONAL, IDS ET TEARFUND

présidés par des anciens, et si une situation dépasseleur domaine de compétence ou s’il y a un litige surles ressources, le problème est déféré au chef duGada. Le système Gada continue à exercer une influ-ence considérable sur les moyens de subsistancepastoraux et agro-pastoraux chez les Borana ; il enest considéré comme l’un des piliers. Ses règles etrèglements forment une base robuste pour l’utilisa-tion et la gestion équitable et efficace des ressources; des conditions indispensables pour l’adaptation. Parexemple, les règles du comité de pâturage régissentl’accès aux pâturages pour la communauté. En parti-culier, le comité est responsable de la séparation deszones d’accès pendant la saison sèche (bonna) et lasaison des pluies (ganna). Ces règles limitent égale-ment l’accès aux zones réservées aux veaux, à latraite des vaches et aux vaches faibles (kallo). Ceskallo sont des zones réservées pour les périodes oùles pâturages à proximité du village se font rares,généralement en cas de sécheresse. Ce sont lesanciens qui décident du moment auquel les kalloseront utilisés, et si des personnes sont prises en fla-grant délit de transgression des règles d’accès, ellesse verront infliger une amende.

INSTITUTIONS EXTERNESLes mécanismes traditionnels ont été, dans une cer-taine mesure, remplacés par des structures desoutien externes. À quelques rares exceptions près,les interventions externes de diverses organisationssont perçues comme un soutien par les communautés,même si ces interventions varient de par leur couver-ture, leur durée et leur intensité. De nombreusespersonnes ont remarqué que ces institutions externesont été mises en place au cours des dix dernièresannées, se renforçant récemment avec le soutien desfonctionnaires locaux et une sensibilisation et uneéducation accrues de la communauté. Les individusont également signalé que les stress liés au climatdéterminent en partie le niveau des avantages perçuspar la communauté :

“Ces organisations nous appartiennentet il nous incombe de les faire fonction-ner correctement… Nous sommes en

mesure de le faire lorsque les conditionsmétéorologiques nous le permettent. ” (Discussion de groupe, zone agro-pastorale, Borana)

C’est ainsi que la récurrence des sécheresses estmontrée du doigt pour expliquer le mauvais fonction-nement des institutions :

“En cas de sécheresse, les habitantsdoivent quitter la région pour trouver du

travail, ils ne sont donc pas vraimentintéressés par les différentes organisa-tions… En l’absence de sécheresse, tout

va bien. ”(Discussion de groupe, zone agro-pastorale, Borana)

Certaines tendances ont été relevées dans le type desoutien fourni par les institutions externes. Lesréponses antérieures ont été surtout axées vers l’ur-gence et la sauvegarde des vies. La tendance est àprésent davantage tournée vers les interventionsaxées sur le développement et non plus sur l’urgence.Dans le contexte d’une variabilité climatiquechangeante, les interventions à long terme cherchentà permettre à ces communautés de faire face à ceschangements. Le Programme de Filets de SécuritéProductifs (Productive Safety Net Program en anglais,PSNP) du gouvernement éthiopien en est un exempletypique. Son objectif consiste à protéger les moyensde subsistance via des transferts de ressources prévis-ibles sous forme de filets de sécurité ou de crédit. Cetype de soutien externe a grandement contribué àprotéger les ménages contre l'épuisement de leursbiens.

“Les sécheresses récurrentes desdernières sept/huit années ont portéatteinte à nos moyens de subsistance.

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Même cette année, l’intensité de la pluiesemble réduite (…) avant même que lesplantes aient atteint leur maturité. Celanuit alors à la sécurité alimentaire des

communautés. C’est la principale raisonde la recherche de soutien externe,

que ce soit sous la forme de transfertsobtenus via le Productive Safety NetProgramme ou d’aide alimentaire

d’urgence. ”(Habiba Godana, Dire Woreda)

SOLIDARITÉLe traditionnel soutien réciproque entre les ménages(Busa Gonofa) s’est affaibli. Auparavant, un systèmede « parenté » traditionnel se mettait en place en casde sécheresse grave. Les ménages les plus pauvresétaient aidés par ceux qui étaient mieux lotis, par lebiais de dons d'aliments, voire de têtes de bétail depetite taille. Cependant, parce que les temps sont

devenus durs pour tous, les ménages les plus pauvresn’ont plus accès au même niveau de soutien. Lesménages aux revenus moyens ou élevés qui étaienten mesure d’aider ceux qui ont un accès limité auxressources ne sont plus en mesure de le faire. Sub-venir à leurs propres besoins est devenu un défipropre.

Ceci étant dit, les ménages pauvres sont en mesured’accéder au bétail via des accords informels. Ilexiste un système informel qui permet aux ménagespauvres de se procurer des bœufs : ils labourent lesterres des ménages aux revenus moyens ou élevés, etse voient prêter des bœufs en contrepartie. Des per-sonnes ont signalé que des régimes de précipitationsimprévisibles et de plus en plus erratiques ont obligéles ménages pauvres à travailler les terres desménages mieux lotis et que les ménages pauvres netrouvent alors plus le temps de labourer leurs propresterres à temps pour les semis. Les ménages auxrevenus moyens peuvent quant à eux posséder un

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bœuf et ils uniront leurs forces avec d’autresménages aux revenus moyens pour le labour.

CRÉDITSeule une minorité de villageois a accès au crédit. Lasituation s'est cependant améliorée au cours desdernières années via des programmes de microcréditlocaux et un soutien institutionnel, en particulier auxgroupes de femmes et de jeunes. Cela a relancé lacapacité des personnes à prendre des crédits, maissignifie également que certaines personnes s’endet-tent et sont donc moins résilientes face à des chocsultérieurs. Le gouvernement éthiopien (GoE) asoutenu la formation communautaire de groupes defemmes dans plusieurs villages. Les femmes appor-tent 5 birrs par mois pour créer des petitesentreprises qui vendent du sucre, du sel, du thé oud’autres matières premières aux membres de la com-munauté.

Globalement, la présence d’institutions à l’échellelocale a été perçue comme étant bénéfique. Ellesaident à sauver des vies d’hommes et de bétail, àaméliorer l’accès à l’eau ainsi qu’aux aliments et à lanourriture pour animaux, permettent l'accès auxmédicaments et encouragent les activités dedéveloppement de la communauté. Il n’y a eu aucuneréférence à des institutions ou organisations ayant nuiaux stratégies des individus. Il existe cependantplusieurs facteurs qui viennent ternir l’apport desinstitutions et organisations de soutien. Chez lesBorana, les conflits ont porté atteinte au fil des ansaux mécanismes traditionnels d’adaptation et deréponse. De plus, il est clair que l’affaiblissement del’autorité des dirigeants communautaires et ladiminution de la solidarité et de l’aide au sein descommunautés sont en partie liés à des stress clima-tiques. La limitation de l’accès aux ressources signifiequ’il y a moins d’excédents à partager, ce qui met àmal les systèmes traditionnels d’entraide et departage.

� 3.3 DISCUSSION ET RÉSUMÉ DE L’ÉTUDE DE CAS ÉTHIOPIEN

Il existe une perception largement partagée d’unchangement des précipitations, notamment dans lesens de l’augmentation de l’imprévisibilité desrégimes d’averses et du raccourcissement de la saisondes pluies. Il n’est pas possible de faire abstraction del’« effet de la nostalgie » (Devereux, 2006) et il sepeut que derrière cette perception se cache une aug-mentation de la sensibilité des moyens de subsistanceaux précipitations. Pourtant, deux points supplémen-taires montrent qu’il est important de considérer lesperceptions. Au Burkina Faso tout d’abord, une étuderécente comparant les perceptions locales aux don-nées météorologiques vient corroborer ces constata-tions, même dans des zones où il existe un conflitentre ce que disent les agriculteurs et ce que mon-trent les registres de pluviométrie au niveau macro-scopique (West et al. 2008). En deuxième lieu, lesrésultats montrent que la perception du changementdes précipitations est l’un des moteurs de prise dedécisions importantes sur les stratégies de subsis-tance, en partie parce que la sécheresse réduit l’ac-cès aux pâturages et à l’eau. Les moyens desubsistance sont en train d’évoluer. Même si dans biendes cas, cela s’explique par un mélange complexe depolitique, marchés et institutions, les facteurs clima-tiques jouent aussi un rôle étant donné que les per-sonnes dépendent de ressources qui sont sensibles auclimat. Les changements climatiques posent doncbien des défis nouveaux et différents. Par exemple,une évolution (pour des raisons non climatiques) versune agriculture sédentaire peut sembler avoir rendules ménages plus vulnérables aux changements clima-tiques que s'ils étaient restés cantonnés au pastoral-isme, du fait des coûts et de la main-d’œuvremobilisés sans pour autant garantir de résultat final.Les moyens de subsistance « pastoraux » traditionnelsbasés principalement sur la production animale sontde moins en moins viables, en particulier du fait quedes conflits localisés ne permettent pas une libre cir-culation du bétail.

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Il en résulte que les ménages diversifient leur basede subsistance pour intégrer maintenant la produc-tion agricole, la vente de ressources naturelles, lepetit commerce et surtout la vente de main-d’œuvre.Les ménages dépendent donc toujours plus dumarché. Cependant, ils ne sont en mesure de sediversifier vers des activités durables, telles que laproduction de légumes ou le petit commerce, ques’ils ont accès à un capital supplémentaire pourdémarrer. La migration professionnelle est de plus enplus significative, et celle-ci fait maintenant partieprenante de la vie de nombreux ménages ruraux. Lesrésultats suggèrent également que certaines straté-gies de subsistance sont basées sur les changementspermanents en termes de risques climatiques – lespersonnes exprimant « qu'elles n’ont pas d’autrechoix » ou « qu'elles ne peuvent plus se fier aux pré-cipitations ».

Enfin, ces résultats montrent aussi que le systèmeGada continue à avoir une influence considérable surles moyens de subsistance pastoraux et agro-pas-toraux chez les Borana ; il est considéré comme lepilier principal de la gestion de l’accès aux ressourcesnaturelles. Cependant, il semblerait que le systèmeGada ait perdu sa capacité à réglementer l'accès etl'utilisation de l'eau et des pâturages, ce qui aug-mente l’instabilité des moyens de subsistance. En cestemps d’incertitude climatique accrue, le systèmeGada pourrait jouer un rôle plus important dans lagestion des ressources naturelles et ainsi prévenir lesconflits. Les systèmes traditionnels sont à présentsoutenus par des structures externes même si la coor-dination entre ces entités gagnerait à être renforcée.Ainsi, les changements institutionnels font que lesménages sont de plus en plus « livrés à eux-mêmes »et moins soutenus par les structures de soutien.

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� 4.1 INTRODUCTIONLe travail de terrain a consisté à examiner les proces-sus d’adaptation dans les communautés pastorales etagro-pastorales des régions de Gao et Mopti (voirAnnexe I). Dans la région de Gao, la recherche s’esteffectuée dans les communautés pastorales d’Imé-nas, de Samit, de Tamkoutat et d’Agdilinta dans lenord-est de la zone de l’Haoussa ainsi que dans lescommunes agro-pastorales de Boya, de Kardjimé, deKoissa et de Gayna. Dans la région de Mopti, desétudes ont été menées à Sana, Kiri, Pènè et Ségou(toutes des communautés agro-pastorales). Cettedernière communauté est située dans les environs deKoro, petite ville située en bordure du Burkina Faso.

La vie dans les communautés nomades et pastoralesde l’Haoussa est centrée autour de l’élevage. Lesactivités de subsistance dans les lieux étudiés sontglobalement axées sur le pastoralisme transhumantcombiné avec l’agriculture. Le millet est l’aliment debase cultivé dans la région de Mopti. Dans la vallée duNiger aux environs de Gao, les niveaux d’eau fluctu-ants ont favorisé la culture du riz, se prêtant aussi àcelle du sorgho et dans une certaine mesure à celledu millet. Selon les ressources disponibles locale-ment, l’infrastructure et la demande, lescommunautés s’adonnent également au petit com-merce, à la production légumière, aux travaux deforge, à la confection d’habits, au commerce du boisd’œuvre et à la maçonnerie.

La pêche est encore considérée comme une activitéimportante dans la région de Gao (dans les zonesagro-pastorales), bien que la quantité de poissons aitconsidérablement diminué. Mises à part les impor-tantes disparités géographiques entre Gao et Mopti,les deux régions se différencient par leur compositionethnique. Dans les villages du Mopti, ce sont les

4 ETUDE DE CAS – MALI

Dogons qui dominent tandis que les Songhaï formentla majorité des habitants à Gao. Le peuple Fulaniforme un groupe important et très influent à Gao,mais se trouve en minorité à Mopti. Les zones pas-torales nomades du nord du Gao sont occupées parles Tamasheq, une tribu Touareg.

Les modèles climatiques actuels prédisent une aug-mentation de la température se situant entre 1,2°Cet 3,6 °C d’ici à 2050, et entre 1,8 °C et 5,9 °C d’icià 2090. Les tendances de précipitation sont plus dif-ficiles à établir. Les modèles existants prévoient qued’ici à 2090, la moyenne annuelle de précipitation auMali pourrait être de 25% supérieure ou de 22%inférieure à la moyenne observée entre 1970 et 1999(McSweeney et al, 2008).

� 4.2 RÉSULTATS

� 4.2.1 PERCEPTIONS DES CHOCS ET DES STRESS

Les principales activités de subsistance dépendent engrande partie du climat. En l’absence de précipitationssuffisantes durant certains mois de l’année, lespâturages pour le bétail et les récoltes sont menacés.Hormis pour les quelques familles plus aisées qui ontaccès à du matériel d’irrigation, tel que des motopom-pes et en dehors des villages bénéficiant de l’eauapportée par le fleuve Niger durant certaines périodesde l’année, la plupart des habitants dépendent com-plètement de la pluie.

Une bonne ou une mauvaise année est principalementdéterminée par la récolte ou l’état du bétail, qui sontqui à leur tour liés à la fréquence, la durée et la répar-tition de la pluie durant la saison pluvieuse.

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TABLEAU 6 CLASSEMENT DE CHOCS ET DE STRESS-CLÉ À GAO ET MOPTI

GAO MOPTI

AGRICULTURE1. Accès limité aux semences et outils2. Pluies irrégulières 3. Oiseaux/ insectes 4. Débit de la rivière (absence de débit ou inondation) 5. Perte des terres du au niveau de l'eau

PECHE1. Accès limité aux moyens financiers et équipements requis,

tels que les pirogues2. Le manque de "prairies humides" (bourgoutière), celles-ci

étant transformées en terres agricoles (perte de zone dereproduction pour les poissons et de zone de pâturage pour le bétail)

3. Ensablement de la rivière: causée par le vent et l'érosion des sols et le manque de pluie

ELEVAGE1. Maladies des bovins 2. Pâturages: trop loin de la rivière (jusqu'à 40 km) 3. Dégradation des zones de pâturage 4. Eau pour le bétail dans les zones de pâturage

AGRICUTURE ET SECURITE ALIMENTAIRE1. Sécheresse 2. Manque de semences améliorées 3. Manque d'engrais 4. Problèmes de santé (fatigue, paludisme, diarrhée) 5. Infertilité du sol («le sol n'a pas de repos»)

CRISE DE L’EAU1. Sécheresse (raison: manque d'arbres et perte de la culture

traditionnelle ; la déforestation due aux animaux, sécher-esses et activités humaines ; perte du fétichisme traditionnelen raison de l'introduction de l'Islam)

2. Manque de moyens financiers pour construire des puits etcreuser des marres (facteurs de complication: sécheresse,niveau d'eau)

3. Manque d'eau de surface (manque de moyens pour creuserdes marres)

4. Pauvreté (sécheresses)

DEGRADATION DES FORETS1. Sécheresse: les ménages les plus pauvres exploitent la forêt

pour survivre, en réponse aux faibles productions2. Croissance démographique: augmentation des besoins en

termes de bois de feu, davantage de constructions, de terresagricoles/ terres pour le bâti

3. Pas de reforestation 4. Disparition des forêts et des animaux sauvages

ELEVAGE1. Maladies du bétail 2. Pâturages: trop loin de la zone de Koro (vers le Burkina) 3. Dégradation des zones locales de pâturage4. La sécheresse (eau pour le bétail en saison sèche)

Source: Travail de terrain à Sana et Kiri (Mopti) et Boya et Kardjime (Gao), Octobre 2009

26 CHANGEMENTS DE CLIMATS, VIE EN CHANGEMENT © UN RAPPORT D’ACF INTERNATIONAL, IDS ET TEARFUND

“Quand j’étais enfant, il pleuvait beaucoup et nous ne manquions de

rien. Nous avions assez de nourriture,nous étions en bonne santé, il y avait denombreuses fêtes et activités culturelles.Il y avait beaucoup d’animaux. Tout celan’existe plus à cause de la sécheresse.Notre santé n’est plus aussi bonne. Les

pluies sont tardives, et les animauxn’ont pas suffisamment à manger.”(Aissatou Ganamé, 45 ans, Sana)

Le manque ou l’excès de pluie ont diverses répercus-

sions : la plupart des principaux problèmes rapportéspar les communautés des régions de Gao et de Mopti,allant de l’insécurité alimentaire aux problèmes desanté en passant par la dégradation de la cohésionsociale, sont liés directement ou indirectement auxconditions climatiques défavorables – l’insuffisanceou l’abondance de pluie mais aussi les vents violentsqui causent des problèmes de santé et accélèrent ladésertification en ensevelissant champs et pâturagessous le sable du désert.

Le tableau 6 décrit les perceptions des principauxstress et de leurs répercussions sur les moyens de sub-sistance. Parmi les stress les plus sévères, bon nom-

8 La bourgoutière est une pépinière de poissons. La réduction de sa surface est un réel obstacle à la reproduction des poissons.

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AGRO-PASTORAL

PASTORAL

TABLEAU 7 CLASSEMENT DES RISQUES EN FONCTION DE LEUR SÉVÉRITÉ ET LEUR FRÉQUENCE, GAO

GRAVITE FREQUENCE1 Morbidité humaine et du bétail Vent, sécurité alimentaire et maladies

2 Sécheresses (années multiples) Sécurité alimentaire

3 Sécurité alimentaire Manque de pâturages

4 Manque de pâturages Mortalité du bétail

5 Mortalité du bétail (périodes de sécheresse) Pluies ineffectives

GRAVITE FREQUENCE1 Précipitations clairsemées

2 Sable des dunes

3 Distribution inégale des pluies

4 Démarrage différé de la saison des pluies

5 Hautes températures après les pluies

Vents du Sahara, distribution inégale des pluies, hautes températures après les pluies (à égalité)

Précipitations clairsemées, sable des dunes (à égalité)

27CHANGEMENTS DE CLIMATS, VIE EN CHANGEMENT © UN RAPPORT D’ACF INTERNATIONAL, IDS ET TEARFUND

bre sont liés à des facteurs climatiques, comme lasécheresse, les précipitations irrégulières et lemanque d’eau. Dans d’autres communautés agro-pas-torales où il a été demandé aux habitants de décrireles stress pesant sur leurs moyens de subsistance engénéral, les risques climatiques tels que la sécher-esse, l’insécurité alimentaire, le manque d’eaupotable ou de pâturages figurent en tête. En outre,l’absence de crédit et d’accès aux infrastructures desanté et d’éducation est souvent citée.

Les principaux changements se sont produits au coursde grandes étapes décennales, articulées autour des‘Grandes Sécheresses’ qui ont entraîné une faminegénéralisée, et déclenché des changements fondamen-taux dans les environnements naturels et sociaux ausein desquels s’inscrivent les moyens de subsistance.Les personnes âgées se souviennent de l’époque oùlions et gibier peuplaient l’arrière-pays, où le paysageétait verdoyant et où les gens célébraient leur cultureavec de fastueux évènements. La Grande Sécheressede 1973 est considérée comme l’événement marquantqui est venu tout bouleverser.

“C’est en 1973 que tout s’est effondré.Depuis, nous manquons de nourriture,

nous sommes incapables de nourrirnotre bétail, nous n’avons pas assez

d’eau ni assez de bois.”(Talibo Abacar, 64 ans, Boya)

La population a l’impression que les saisons plu-vieuses ont raccourci au cours des 15 dernièresannées, confirmant ainsi la tendance affichée par lesrapports de pluviométrie. Avant les années 1990, lapluie commençait à tomber 15 jours après l’arrivéedes cigognes au village. Selon les villageois, il fautmaintenant attendre 30 jours avant le début despluies. Traditionnellement, les premiers croassementsdes grenouilles annonçaient la venue de la pluie septjours plus tard. Maintenant cela peut prendre de 12 à13 jours. Le départ des cigognes à la fin du mois d’oc-tobre marquait habituellement la fin de la saison despluies, mais cela n’est plus vrai. Il a également étémentionné que les vents sont plus violents et pluschauds que par le passé.

Source : Travail de terrain à Koissa et Imanas (Gao), Juin 2009

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Un raccourcissement de la saison des pluies prolongela période de pénurie alimentaire et augmente ainsile risque pour les ménages. Le tableau 7 ci-dessusindique les cinq risques les plus graves et les cinqrisques les plus fréquents liés au climat tels qu’ils ontété énumérés et classés par les communautés agro-pastorales et pastorales. Ces dernières ont discuté del’importance relative de la fréquence par rapport àla gravité du risque climatique. Dans la plupart descas, on a constaté que la fréquence des menaces estplus préoccupante que leur portée. Cela soulève d’in-téressantes questions au sujet des réponsespolitiques, étant donné que celles-ci ont tendance àdonner la priorité à la gravité plutôt qu’à lafréquence.

Dans certains cas, les risques présentés ici sont desrisques climatiques par définition, c’est-à-dire qu’ilssont liés à la météorologie. Les autres risques sont laconséquence de conditions climatiques adverses.

Ainsi, pour les 15 dernières années, les habitants sig-nalent une fluctuation accrue de la durée, del’intensité et de la répartition des averses. Les stressliés à la météorologie ont été en grande partie ressen-tis et gérés sur une base saisonnière. Commeconséquence de l’apparition de changements en ter-mes climatiques à la fois soudains et graduels, lapauvreté est devenue une réalité quotidienne pourune grande partie de la population. Les périodes depénurie alimentaire sont quant à eux devenus plusfréquents et leur durée s’est prolongée. Les prob-lèmes de santé se sont aggravés et la recherche d’eaupotable pour les habitants et d’eau pour le bétail estdevenue encore plus difficile. Même la capacité desménages plus aisés à endurer les chocs économiqueset climatiques en a souffert. Ces nouvelles tendancesclimatiques menacent sérieusement les moyens desubsistance, particulièrement là où il n’y a aucun filetde sécurité sociale.

“Dans ma jeunesse, la forêt était sidense que personne n’osait s’y aventurer

la nuit. Aujourd’hui, la forêt estclairsemée et beaucoup d’espèces ontdisparu. Le tamarin et le karité ont dis-

paru. C’est pour cette raison qu’il y a deplus en plus de poussière – le sol n’estplus protégé par la végétation et il se

réchauffe plus qu’avant.”(Hamidou Poudiougo, 75 ans, habitant de Sana)

� 4.2.2 STRATÉGIES DE SUBSISTANCE:OPTIONS ET COMPROMIS

Les communautés agro-pastorales et pastorales réagis-sent aux chocs climatiques et aux autres chocs etstress de différentes façons. Bien qu’au sein d’unemême communauté les ménages aient une expositionà peu près identique aux stress climatiques, les réper-cussions sur leurs moyens de subsistance peuventvarier grandement – au sein d’une même communautémais aussi entre communautés – en raison de différen-tiation en termes d’accès aux stratégies d’adaptation.Le tableau 8 ci-dessous résume les stratégies adoptéespar les habitants de Gao. Il décrit les solutions à courtterme, à long terme ainsi que les changements per-manents dans les stratégies de subsistance. Ladifférenciation sociale dans l’accès aux ressources etaux institutions détermine quel type de stratégie cha-cun pourra utiliser. Comme il l’est indiqué, bonnombre de stratégies ne sont accessibles qu’auxménages plus nantis et certaines (l’acquisition et lavente de bétail notamment) sont généralementréservées aux hommes.

Il ne fait pas de doute que l’éventail des solutionsdisponibles augmente avec la richesse. Pour les per-sonnes les plus démunies notamment, les stratégies desubsistance semblent être déterminées non pas tanten réaction à un facteur d’origine climatique commela sécheresse que par la situation socioéconomique,les rapports hommes-femmes et le soutien institution-nel accessible. Les ménages les plus pauvres onttendance à réagir à un ensemble de menaces de façonsimilaire. La migration professionnelle est un exemple

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typique auquel on a de plus en plus recours commeprincipal moyen de lutte contre les pénuries alimen-taires. Cependant, la migration professionnelle atendance à être imprévisible et mobilise une main-d’œuvre dont on a besoin ailleurs – les pics dedemande de main-d’œuvre coïncident souvent avecle moment où les agriculteurs doivent labourer leurspropres terres. La migration peut donc mettre en périlles activités d’exploitation des agriculteurs quimigrent.

De par leur nature, les stratégies de subsistance sontdynamiques et susceptibles de changer avec le tempsen fonction des connaissances nouvelles et de l’infor-mation, et elles sont limitées par l’accès auxressources. Il n’a pas été possible de mettre en évi-dence une nette évolution des stratégies au cours des15 dernières années; celles-ci semblent plutôt s’êtredéveloppées par étapes décennales, en réaction auxgrandes sécheresses des 40 dernières années. Lareprise des activités ‘normales’ après chaque crise desécheresse est devenue impossible, et ceci a façonnéde profonds changements sociaux, comme la migra-tion professionnelle (à prédominance masculine),l’occupation par les femmes d’emplois auparavantréservés aux hommes et le recours plus important auxplantes sauvages comme compléments alimentaires.

Ainsi, les solutions impliquent des compromis, partic-ulièrement pour les groupes les plus démunis. Lesrésultats dépendent de facteurs tels que la nature desactivités de subsistance sur lesquelles misent lesménages, le niveau de diversification des moyens desubsistance, la richesse, l’accès aux institutionslocales et externes et les rapports de genre.

STRATÉGIES CONDUISANT À UNE RÉDUCTION DES ACTIFSLes ménages les plus pauvres des communautés sontles plus vulnérables et les plus susceptibles d’em-ployer des stratégies du ‘faire face’ préjudiciables etnon pérennes. À moins d’avoir l’appui de ménagesplus aisés ou d’institutions, les alternatives font

défaut. Même si les ménages les plus pauvres sontsouvent engagés dans des activités qui ne dépendentpas directement de la météo (la maçonnerie, parexemple), leur dépendance au crédit, aux dons ouaux emplois offerts par les plus aisés peut entraînerdans les mauvaises saisons des répercussions ayantdes conséquences plus graves pour graves eux quepour ceux directement affectés.

DIVERSIFICATION DES MOYENS DE SUBSISTANCEDans les communautés qui sont soumises à des condi-tions climatiques de plus en plus changeantes, ladiversification des moyens de subsistance constitueune stratégie d’adaptation clé. Le maraîchage, l’ar-tisanat et le petit commerce réduisent non seulementla sensibilité des ménages aux conditions climatiques,mais contribuent également à donner plus de pouvoiraux femmes et à inciter davantage les ménages àinscrire leurs enfants à l’école. Bien que la migrationprofessionnelle puisse être perçue comme une formede diversification des moyens de subsistance etqu’elle procure souvent aux ménages un revenuessentiel, l’absence des migrants peut égalementavoir une incidence négative comme il l’est men-tionné ci-dessus. Il est important de tenir compte dela charge de travail supplémentaire imposée auxfemmes qui tout en assumant de nouvelles tâchesdoivent continuer à s’occuper des enfants, des repas,de la collecte du bois de feu, du transport de l’eau;des activités qui prennent de plus en plus de tempsavec la progression de la déforestation et les diffi-cultés d’accès à l’eau.

“Après la grande sécheresse de 1973 etles mouvements migratoires qui ontsuivi, nous sommes revenus et avons

entrepris de nouvelles activités commel’agriculture, le lancement de petites

entreprises et la production artisanaleafin d’amasser assez d’argent pour

reconstituer notre troupeau. ” (Ismail, fermier, Iminas, Gao)

CHANGEMENTS DE CLIMATS, VIE EN CHANGEMENT © UN RAPPORT D’ACF INTERNATIONAL, IDS ET TEARFUND 29

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IMPACTS DES STRATEGIES SUR LES MOYENS D’EXISTENCE ET SUR L’ENVIRONNEMENT

TABLEAU 8 MOYENS D’EXISTENCE ET IMPACTS, GAO

STRATEGIES IMPACTS POSITIFS EFFETS NEGATIFS

Location ou achat de motopompe

• Amélioration de l'irrigation du riz →intensification de l'agriculture

• Amélioration des opportunitésd’'emplois agricoles (pour les ménagesles plus pauvres)

• Meilleur contrôle/ utilisation desniveaux d'eau du fleuve Niger

• Résidus de l'agriculture pour le bétail

Petits périmètres irrigués villageois depuis 1990, et construction de diguespour la gestion de l’eau

• Améliorations des rendements de riz• Amélioration des opportunités

d’'emplois agricoles (pour les ménagesles plus pauvres)

• Meilleur contrôle/ utilisation desniveaux d'eau du fleuve Niger

• Résidus de l'agriculture pour le bétail

• L'accès au soutien du gouvernement en matière d’irrigation est limité auxménages aisés; à l'exception des programmes de travaux publics, les programmes gouvernementaux renforcent les inégalités

Planter des variétés hâtives• Améliorations des rendements de riz• Adaptation à des saisons de pluies

plus courtes

• Distribution discriminatoire (accès limitée aux ménages les plus aisés)

Transformation des prairies humides en terres rizicoles

• Augmentation des productions rizicoles• Destruction des pépinières de poissons

naturels (prairies humides)

• Réduction des pâturages (prairieshumides) pour le bétail

• Conflits entre éleveurs et pêcheurs

Fixation des dunes

• Réduction de la vitesse du fleuve Niger;bassin de sédimentation

• Réduction des vents violents et de la température

• La stabilisation des dunes prévient la désertification

Location de terres cultivables aux agriculteurs les plus aisés

• Augmentation de la dépendance auxtransferts d’argent et marchés alimen-taires locaux ou des mécanismes sociaux

• Insécurité alimentaire et malnutritioninfantile

• Dur travail pour ces femmes qui sontchefs de famille

Transhumance • Réduction de la mortalité du bétail • Dégradation progressive des pâturages de transhumance

Achat de nourriture pour le bétail • Réduction de la mortalité du bétail

Vente de bétail : achat d’animaux plusjeunes plus résistant aux sécheresses

• Source de revenus pour tous les mem-bres de la famille en cas d’urgence

• Rénovation du troupeau (animaux plusjeunes)

• Diversification des races : résistance auxsécheresses et amélioration de la produc-tivité du mil

Achat de médicaments et de vaccinations

• Amélioration de la santé du bétail et de sa résilience face aux chocs et aux maladies

• Réduction de la morbidité et la mortal-ité chez les bovins

• Réduction des épizooties

Diversification non-agricole (ex. activités de maraîchage)

• Amélioration des revenus du ménage• Réduction de la vulnérabilité à un cer-

tain nombre de facteurs de stress ;transformation graduelle des relationsliées au genre (amélioration des moyensd’existence et des statuts des femmesdans les villages du genre

Consommation de nourriture sauvagedurant la période de soudure • Réduction de la faim • Parfois des effets préjudiciables

sur la santé

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“Après la mort de ma femme, j’ai com-pris que les petites tâches auxquelles elles’adonnait (vente de savons traditionnels

et filage du coton) avaient une placeimportante dans l’économie de ma

famille. J’ai constaté une augmentationdes dépenses de ma famille dès le lende-main de son départ. J’ai finalement prisla décision de me lancer dans une autreactivité pour subvenir aux besoins de ma

famille car l’agriculture à elle seule nesuffisait pas. En fait, je devais du vendrechaque année quelques animaux pourfaire face à certaines dépenses de monménage. Aussi, en 2005, j’ai commencéà m’intéresser au petit commerce et à

vendre des produits de première néces-sité (sucre, savon, jauges magiques,

huiles, etc.). ”(Boacar Togo, 56 ans, commerçant, Koro, région de Mopti)

COOPÉRATIVES ET CRÉDITLes coopératives permettent d’accumuler collective-ment des ressources tampon pour faire face aux chocset aux stress en temps de crise. Elles permettent defaire des provisions de céréales, d’argent, d’outils etd’aliments pour bétail. Elles permettent aux gens deplanifier librement tout en satisfaisant leurs besoinsfondamentaux et sans épuiser leurs ressources debase. Grâce au crédit, les gens investissent dans lebétail ou dans la production agricole afin d’améliorerles récoltes à la prochaine saison, en espérant queleurs recettes leur permettront de rembourser le prêtet d’investir encore davantage. Bon nombre deménages démunis, cependant, ne bénéficient pas decette aide en raison des frais d’adhésion qu’ils nepeuvent payer, des conditions de crédit qu’ils ne peu-vent remplir ou même en raison de leur statut social.Certains mécanismes de soutien locaux et externeslimitent en effet – ouvertement ou par inadvertance– l’accès au crédit à ceux qui possèdent de grandesparcelles de terre et des animaux d’élevage. Parfois,

ces organismes ne veulent simplement pas de nou-veaux membres. Les banques de céréales constituentune ressource importante pour traverser les épisodessaisonniers de famine. Toutefois, là encore, l’accèsest souvent limité pour les personnes qui en ont leplus besoin.

TRANSFORMATION DES PRATIQUES AGRICOLESPour faire face à la diminution de la fertilité des sols et aux conditions climatiques de plus en plus contraignantes pour l’agriculture, de nouvelles pra-tiques agricoles ont vu le jour au cours des dernièresdécennies. Celles-ci incluent l’introduction etl’amélioration de la culture des légumes, l’utilisationde fertilisants, l’exploitation de nouvelles variétés deriz dans la vallée du Niger en vue de produire une sec-onde récolte, la mise en place de différents types demillet dans la région du Koro, et enfin l’introductiondu sésame dans cette même région. Comme ces nou-velles ressources agricoles sont généralementachetées au marché ou données par des organismesgouvernementaux à des ménages plus nantis, l’accèsest également limité en grande partie à ces derniers.Les ménages démunis n’ont pas les moyens financiersni même souvent les moyens de transport pouraccéder aux marchés de semences. Bon nombre d’en-tre eux ont recours aux aliments sauvages commesolution de rechange.

“Il y a 15 à 30 ans, nous avions l’habi-tude de cultiver une espèce de millet àlongs épis et en produisions beaucoup,

même si elle prenait quatre mois à mûriret demandait beaucoup d’eau. Aujour-d’hui, nous l’avons remplacée par une

espèce qui prend seulement trois mois àpousser, demande moins d’eau mais quiest cependant moins productive que l’e-

spèce originale. ”(Atème Djimdé, 73 ans, habitant de Sana)

CHANGEMENTS DES PRATIQUES D’ÉLEVAGELa rareté des pâturages et de l’eau représente une

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menace pour la santé et la survie des cheptels en par-ticulier pour les bovins; cette famille est la plusconvoitée mais aussi la plus vulnérable parmi cellesexploitées par les communautés de Gao et de Mopti.L’inanition dont souffre un grand nombre de bêtesnuit non seulement à leurs propriétaires, mais a uneincidence importante sur les vachers qu’ilsemploient. Dans le Gao, le bétail possède une grandeimportance culturelle en plus de la valeur qu’ilreprésente en tant que source d’alimentation, sourced’énergie de traction et capital investi. Ici, les pro-priétaires de cheptels font tout ce qu’ils peuventpour agrandir au maximum leurs troupeaux, et cemême si les conditions y sont défavorables.

“Les éleveurs renouvellent fréquemmentleurs vieilles vaches et leurs vieux tau-

reaux; ils les remplacent par desindividus plus jeunes qui résistent mieux

au manque d’eau et aux maladies.Lorsque les familles reçoivent, d’un filsou d’un frère qui a émigré, de l’argent

pour acheter de la nourriture, plus de lamoitié est utilisée pour faire l’acquisition

de bétail. ” (Ibrahim Bellow, homme, 38 ans, Boya)

Dans cette région, le symbole de richesse le plus priséest un type de vache cornue très élancée, qui résistele moins bien à la sécheresse. Toutefois, les gens ontrécemment commencé à acheter et élever un nou-veau type de vache provenant du nord et qui requiertmoins d’eau tout en donnant deux fois plus de lait.Ceux qui possèdent suffisamment de bétail ‘derechange’ pour être vendus ou qui reçoivent des fondsde leurs parents ont commencé à acheter de la nour-riture pour bétail, afin de prévenir la famine au seinleur cheptel lorsque la pâture disparait. Une autrestratégie répandue consiste à vendre les vieux ani-maux et à en acheter des plus jeunes et plusrésistants. Enfin, le manque de pâture à proximitédes villages a forcé les vachers à s’éloigner de plusen plus.

“Dans cette région, le symbole derichesse le plus prisé est un type de

vache cornue très élancée, qui résiste lemoins bien à la sécheresse. Toutefois, lesgens ont récemment commencé à acheter

et élever un nouveau type de vacheprovenant du nord et qui requiert moinsd’eau tout en donnant deux fois plus delait. Ceux qui possèdent suffisamment debétail ‘de rechange’ pour être vendus ouqui reçoivent des fonds de leurs parentsont commencé à acheter de la nourriturepour bétail, afin de prévenir la famineau sein leur cheptel lorsque la pâture

disparait. Une autre stratégie répandueconsiste à vendre les vieux animaux et àen acheter des plus jeunes et plus résis-

tants. Enfin, le manque de pâture àproximité des villages a forcé les vachers

à s’éloigner de plus en plus. ”(Oumou Bamadjo, 47 ans, mère de dix enfants, Kiri,

région de Mopti)

GESTION DES RESSOURCES NATURELLESEn raison de la pression démographique croissante,des crises alimentaires et du repli du gouvernementqui contrôlait l’utilisation des ressources hydriques etforestières à l’échelle locale, les ressourcesnaturelles ont été utilisées de façon non viable, tantpar les communautés locales que par ceux qui passentavec leurs troupeaux.

“Depuis 1973, les pâturages ne sontplus en mesure de nourrir adéquatement

nos troupeaux. Nous devons lesdéplacer plus loin et pour de pluslongues périodes. La recherche de

pâturages nous pousse souvent à allerau-delà des frontières du Mali, au Burk-

ina Faso et au Nigéria.”(Attaler Boncane, homme, 70 ans, agriculture et bétail,

Boya, Gao)

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uniquement par les habitants des communautés, sontinefficaces dans les deux régions puisque ces régionsservent de corridors pour un grand nombre demigrants qui les traversent chaque année.

STRUCTURES PHYSIQUESUn certain nombre d’interventions ciblent directe-ment les menaces physiques et écologiques émanantdes impacts météorologiques. Tandis que sur les sitesde recherche de Mopti, ces interventions se limitentà la construction, à l’approfondissement et auxaméliorations techniques des puits d’eau potable,dans la vallée du Niger on s’attache plutôt à la fixa-tion des dunes afin d’éviter l’ensablement desrivières et d’interrompre la désertification. Desmotopompes assurent l’irrigation et des digues régu-lent les niveaux d’eau du bassin fluvial. Ces mesuressont principalement financées par des programmesgouvernementaux de grande envergure. Bien que lafixation des dunes profite à tous, l’accès auxmotopompes est un privilège réservé à une éliterestreinte.

Comme le montre la liste ci-dessus, le recours desménages à des stratégies de subsistance diversifiéeset améliorées est souvent lié à leur richesse et à l’ac-cès aux institutions. L’analyse des moyens desubsistance montre que les choix stratégiques et lesstress dépendent de l’accès à cinq types deressources (humain, social, naturel, physique et fin-ancier), qui sont eux-mêmes régis par des facteurssociaux et institutionnels. Les plus remarquables deces facteurs sont décrits dans la partie suivante.

� 4.2.3 STRUCTURES ET INSTITUTIONS DE SOUTIEN

Les conclusions tirées à la suite de l’étude de quatrevillages agro-pastoraux démontrent que la capacitéd’adaptation des ménages dépend largement desstructures sociales et institutionnelles. Ces structuresinfluencent notamment l’accès aux ressources et auxpouvoir décisionnels, deux facteurs qui ont une inci-dence sur la capacité d’adaptation. Les exemples qui

La concurrence pour les terres agricoles et lespâturages entraîne des disputes entre les habitants,de même qu’entre habitants et migrants. Récem-ment, cela a donné lieu à des tentatives de gestiondes ressources à l’échelle locale. Dans la vallée duNiger, par exemple, la pêche a été interdite pendantune saison complète afin de permettre aux stocks dese régénérer. En outre, des conventions locales ontété adoptées afin de réglementer les moments et lesendroits où les troupeaux pouvaient passer. Dansplusieurs communautés, les chefs locaux, appuyés parles ONG, ont entrepris des efforts de reforestation etdes tentatives de réintroduction d’espèces deplantes, en plus de conclure des ententes visant àrestreindre l’abattage d’arbres. Dans la région deKoro, les communautés ont même lancé unepatrouille forestière qui surveille les arbres et pour-suit ceux qui enfreignent les règlements. Partout oùles communautés ont tenté de gérer elles-mêmesleurs ressources naturelles, on souligne le besoin dedévelopper les capacités et la participation du gou-vernement: les conventions locales, respectées

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Genre. Au-delà de l’environnement familial, la répar-tition des tâches entre les genres, elle aussi influ-encée par les traditions ethniques, constitue un autrefacteur qui restreint ou facilite les choix stratégiques.Les veuves et les femmes, de même que leurs enfantset parents, laissés pour compte par les hommesmigrants, se trouvent dans une position particulière-ment vulnérable. Dans les communautés où nousavons mené l’étude, particulièrement à Gao, lesfemmes sont souvent illettrées et dépendent desautres pour s’engager dans le petit commerce et lesautres activités qui exigent un certain niveau d’éduca-tion, comme par exemple le microcrédit. À Boya, lesfemmes sont en grande partie absentes de la scènepublique et manquent d’aptitudes et d’organisationpour mener elles-mêmes les activités génératrices derevenus. Elles ont peu à dire sur la répartition desbiens du ménage, ce qui signifie souvent qu’elles man-quent de moyens pour assurer leur santé et celle deleurs enfants. Boya est un exemple particulièrementfrappant de l’incidence négative que peut avoir l’iné-galité entre les genres lorsqu’elle est associée à desconditions climatiques défavorables, dans la mesureoù cette inégalité accentue et perpétue la pauvreté.

D’autres villages ont constaté ce qu’il arrive lorsquel’on donne davantage de pouvoir aux femmes. De leurpropre initiative ou sous une influence externe, lesfemmes ont entrepris toutes sortes d’activités quigénèrent des revenus, notamment le jardinage, lepetit commerce, la poterie et, dans certains cas, lecommerce du bétail. Les revenus sont investis dansl’expansion de ces petites entreprises, ainsi que dansl’éducation et la santé. Malgré la croissance de lacharge de travail des femmes, leur implication a eupour effet d’orienter les choix stratégiques de subsis-tance vers la diversification et la prévention; par con-séquent, la résilience et la capacité d’adaptation desménages se sont ainsi améliorées. Kardjimé est unexemple des profondes transformations sociales quipeuvent accompagner la réponse à un choc important.À Kardjimé, les relations entre les genres ont été pro-fondément modifiées par la sécheresse de 1973 et par

suivent illustrent les structures sociales et institution-nelles existantes et leur influence sur l’adaptation dechacun.

1. STRUCTURE SOCIALECohésion sociale. Dans les communautés de Mopti,toutes les classes sociales profitent d’un solide réseaude soutien, tant au niveau du village que des sous-groupes du village. En temps de crise, les biens sontpartagés, donnés ou empruntés. Les biens sociauxsont nombreux et la capacité d’adaptation de cescommunautés est par conséquent inhérente. Cettecapacité doit cependant être perçue comme unpotentiel ne pouvant être réellement exploité effi-cacement que par les ménages les plus riches. Lesfortes contraintes économiques, naturelles ou sani-taires qui sont plus courantes dans les ménages lesplus pauvres et de revenus moyens, augmentent lavulnérabilité de ces ménages (insécurité alimentaire,manque d’eau et risques de maladies, principale-ment) et restreignent l’efficacité de ces structuresde soutien. Les chocs successifs et une augmentationde la sécheresse et des risques sanitaires sapent lesressources qui leurs sont disponibles et augmententleur dépendance vis-à-vis des groupes les plus richesqui ont été, eux aussi, affectés par les mêmes stress.De plus, la taille moyenne des ménages a augmentéau cours des deux dernières décennies. En d’autrestermes, la solidarité diminue de manière proportion-nelle aux réductions des stocks de millet disponiblesdans les entrepôts des mieux nantis d’une part, et aunombre croissant de bouches à nourrir dans l’ensem-ble de la communauté d’autre part.

“Avant 1973, il régnait une grande solidarité entre les familles, et si unefamille manquait de nourriture, une

autre l’aidait et les biens étaient ainsipartagé. De nos jours, les familles sontde plus en plus individualistes : c’est

chacun pour soi. ”(Mme Lalla, Arhabou, Koissa)

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les influences externes qui ont fait suite aux crises dumilieu des années 1980 et 1990, lorsque la pauvreté etle besoin urgent de main-d’œuvre sur les exploitationsagricoles ont obligé les femmes à travailler à l’ex-térieur. Depuis, la présence des femmes dans desdomaines auparavant réservés aux hommes n’a cesséde croître.

“Aujourd’hui, nous faisons le travail deshommes. Nous sommes plus fortes

qu’eux. Nous cultivons le riz et cueillonsles herbes sauvages. Auparavant, lesfemmes n’osaient pas aller dans les

champs. Sans les associations defemmes, vous n’auriez pas vu de femmes

aux alentours. ”(Ishata, 35 ans, veuve, Kardjimé, Gao)

Des efforts proactifs ont également été faits à Moptiet à Gao, tant par les institutions locales qu’externes,afin d’augmenter la scolarisation des jeunes filles.Comme le mentionnent fièrement les mères de dansces deux régions, une fille éduquée est un atout poursa famille lorsque vient le moment de faire desaffaires.

2. INSTITUTIONSÀ l’exception du gouvernement national, qui estbeaucoup moins visible au niveau local depuis la tran-sition politique du début des années 1990, lesinstitutions externes se sont fait de plus en plusprésentes et ont influencé la vie des populationslocales au cours des 15 dernières années. Les com-munautés agro-pastorales ont identifié un éventaild’institutions au niveau communautaire, municipal etnational, de même que des ONG nationales et inter-nationales.9 Des exemples sont présentés dans letableau ci-contre. À l’exception des organismes ayantun engagement continu et à long terme dans unecommunauté, ce sont davantage les programmesinstaurés qui ont marqué les esprits que les institu-tions elles-mêmes : les communautés accordent uneplus grande importance aux activités et aux avan-

tages d’un programme plutôt qu’à son origine institu-tionnelle.

Plusieurs de ces institutions ont grandement amélioréla capacité des communautés à faire face aux chocset stress majeurs tels que le manque d’eau potable,la déforestation et la sécheresse. Elles y sont parv-enues en proposant des solutions de diversification

TABLEAU 9 EXEMPLES OF INSTITUTIONS À DIFFÉRENTSNIVEAUX ET LEURS SIGNIFICATIONS, GAO ET MOPTI

AU NIVEAU DU VILLAGE • Le chef de village et du conseil du village: autorité incon-

testée et équité dans la prise de décision collective, lerèglement des différends

• Les centres de santé: essentiels pour les nourrissons et lessoins maternels ; l'accès est souvent un problème (coûts)

• Les écoles: en dehors de l'éducation, projet d’alimentationscolaire (‘school feeding’) ; l'accès est souvent un problème(coûts)

• Les coopératives et les banques de céréales: le partage desrisques, économies d’échelle dans l'agriculture, l'élevage etd’autres activités ; l'accès est souvent un problème (seuil del'adhésion, dette)

GOUVERNEMENT LOCAL • L'administration locale: la plupart du temps perçu comme

coûteux • Les centres de santé: essentiels pour les nourrissons et les

soins de maternité ; l'accès est souvent un problème (distance et s coûts)

• Les écoles: en dehors de l'éducation, d'autres fournissentl'école d'alimentation ; l'accès est souvent un problème (distance et coûts)

• Les services locaux de vulgarisation pour l'agriculture,l'élevage, de l'eau et de la foresterie: conseils techniques,

vaccinations et parfois transferts de semences parfois;essentiellement perçus comme coûteux et inefficace, le privilège de quelques ménages aisés

GOUVERNEMENT NATIONAL• Projets gouvernementaux de lutte contre la désertification,

d‘'irrigation et de construction de digues avec des composants de travaux publics (seulement dans la régionde Gao)

ONG NATIONALES ET INTERNATIONALES • Large éventail de programmes, de l'aide alimentaire d'ur-

gence au développement à long terme ; rôle significatifdans le lancement d’initiatives de coopération et la mise enplace d'options nouvelles pour la diversification des moyensde subsistance (les activités de maraîchage, par exemple) etle renforcement des capacités des femmes en particulier

9 Dans certains cas, cette dernière catégorie inclut les organisations gouvernementales internationales, comme les Nations Unies (ex. le Programme Ali-mentaire Mondial). Les agences nationales et internationales, à la fois gouvernementales et non-gouvernementales, étaient perçues comme faisant partdu secteur ONG, en dehors des institutions de l’état malien, Nous utilisons le terme ‘ONG’ pour faire référence à ces institutions.

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des moyens de subsistance et en améliorant les infra-structures et les capacités de construction. Certainesinterventions ciblent la vulnérabilité aux facteurs cli-matiques tels que la désertification et la sécheresse.Le tableau 10, ci-dessus, montre des exemples desoutien externe ayant contribué à la réduction de lavulnérabilité.

Les problèmes de santé, la malnutrition et l’insécu-rité alimentaire due aux difficultés d’accès à l’eaupotable et à la sécheresse, continuent néanmoins decroître. Cela nuit aux capacités des communautés àfonctionner efficacement avec les conseils et lesaides apportés par les structures institutionnelleslocales et externes. En outre, cela renforce le recoursà des stratégies préjudiciables, notamment la réduc-tion des portions alimentaires et la surexploitationdes ressources naturelles. Par exemple, les femmesqui doivent nourrir leur famille pendant que leshommes sont à la recherche de travail et qui doiventpasser de plus en plus de temps à chercher l’eau et lebois pour cuisiner, ont peu de temps à accorder àd’autres activités comme le petit commerce et le jar-dinage. Envoyer les enfants à l’école est un luxe dans

TABLEAU 10 EXEMPLES D‘INTERVENTIONS EXTERNESAVEC DES RÉSULTATS EN MATIÈRE D’ADAPTATION,GAO ET MOPTI

INTERVENTIONS EXTERNES

• Diversification des moyens d’existence pour les hommes, les femmes et les jeunes (ex. activités de maraîchage)

• Alimentation scolaire• Microfinance• Motopompes (pour l’irrigation) • Digues (pour réguler les niveaux d’eau)• Fixation des dunes (pour contrer la désertification)• Construction et améliorations techniques des puits• Reforestation et plantations (protection des vents, de la

chaleur et de l’érosion, amélioration de la base desressources naturelles)

• Construction de digues et fixation de dunes combinée avec des travaux publics (pour augmenter la résiliencephysique tout en apportant des emplois aux groupes lesplus vulnérables)

les ménages où il est essentiel que tous participentau transport de l’eau du puits ou de la rivière. Aussi,les chocs économiques et climatiques répétésréduisent les ressources des ménages, et rendentimpossible ne serait-ce qu’une infime contributionrequise pour une participation aux activités coopéra-tives. Les contraintes en matière de temps et deressources présentent un défi de taille dans l’applica-tion des stratégies d’adaptation.

Comme le montre le tableau 10 ci-dessus, un éventaild’interventions visant à réduire la vulnérabilité descommunautés sont déjà en place. Plusieurs d’entreelles ont un succès mitigé en ce qui concerne laréduction générale de la vulnérabilité, puisqu’ils neprofitent qu’à certains groupes et font peu pouratteindre les ménages les plus vulnérables. En outre,les comparaisons entre les différentes classes socialesdominantes indiquent que la perception des institu-tions varie énormément entre les riches et lespauvres. À Boya, par exemple, les mieux nantisdécrivent la structure institutionnelle comme unréseau compact d’opportunités d’entreprenariat etconsidèrent les projets externes comme leurs ‘satel-lites’. Les pauvres, quant à eux, décrivent lesinstitutions locales comme un regroupement désunid’acteurs communautaires et externes, qui ne sontpas en mesure de répondre à leurs besoins essentiels.

Chefferie traditionnelle locale. En règle générale,la chefferie traditionnelle locale, reposant sur ungroupe composé d’un chef de village, d’un conseil et,dans certains cas, d’un sous-conseil, est perçuecomme étant très important. La majorité des habi-tants des villages les place au centre du paysageinstitutionnel. Dans certaines communautés, lareconnaissance inconditionnelle de l’autorité et dusens de l’équité du chef du village et de son conseil,de même que le rôle important que celui-ci joue dansla résolution des différends, la distribution desressources et les autres décisions importantes pour levillage, a été bénéfique dans la mesure où cela a per-mis une distribution équitable des ressources et une

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amélioration dans la gestion des ressourcesnaturelles. Dans les situations d’urgence, ce sont sou-vent les conseils de village qui ont élaboré un plan desecours et déployé rapidement les ressources et lespersonnes afin d’apporter de l’aide. À Kardjimé, àSana et à Kiri, un accès aux institutions relativementéquitable vis-à-vis des différentes classes sociales,des groupes d’âge et des genres est attribué, enmajeure partie, à l’application d’un processus déci-sionnel transparent et collectif par les chefs desvillages. À Boya, cependant, on note que le transfertet la distribution des biens fournis par les institutionsexternes doivent faire l’objet d’un meilleur suivi, s’ilest remis aux villageois.

Installations de santé et d’éducation. Malgré unaccès théoriquement égal à la santé et à l’éducation,il existe plusieurs contraintes qui empêchent lesménages – les plus pauvres en particulier – d’utiliserpleinement les facilités de santé et d’éducation. D’unepart, les villageois manquent de moyens financierspour régler les frais qui s’y rattachent, ou bien il leurmanque le temps nécessaire pour se rendre au villageou à la ville voisine, lorsque les services ne sont pasdisponibles localement. D’autre part, on remarquecertains cas où le personnel responsable des soins desanté demandent un prix excessif pour les servicesprodigués, ou profitent de l’analphabétisme desfemmes pour leur vendre des remèdes inefficaces àdes prix gonflés. Toutefois, lorsqu’ils sont accessibleset qu’ils fonctionnent de manière efficace, les centresde santé peuvent être des partenaires essentiels auxONG en ce qui a trait au suivi et au traitement de lamalnutrition des mères et de leurs enfants.

L’inscription à l’école présente des défis semblables,en termes de contraintes, de coûts et de distance àparcourir. Souvent, les enfants ne peuvent fréquenterl’école si leurs parents manquent d’argent ou de main-d’œuvre. Les écoliers de la vallée du Niger qui ont lachance de faire des études secondaires dans un villagevoisin, sont sujets à une fatigue croissante due auxlongues distances qu’ils doivent parcourir tous les jours

sous de lourdes chaleurs. Néanmoins, les programmesalimentation scolaire, la sensibilisation à l’éducation,la croissance du nombre d’inscriptions chez les filleset la transformation générale des rôles respectifs deshommes et des femmes sont de réelles avancées. Dansles deux villages de Mopti, le fait d’envoyer les filles àl’école est de plus en plus vu comme utile, non seule-ment du point de vue des opportunités futures entermes d’occupations non-agricoles, mais égalementdans le cadre des efforts actuels de diversification desmoyens de subsistance des familles – par exemple lamicrofinance et le petit commerce pour lesquels l’al-phabétisation et les aptitudes mathématiques sontessentielles.

Coopératives et microfinance. Qu’elles soient ini-tiées localement ou par des institutions externes, lesactivités coopératives sont très appréciées pour leursrésultats positifs en matière de partage des risques,et pour le rôle de tampon qu’elles jouent lors deschocs. Nombre d’entre elles ont été créées enréponse directe à une des Grandes Sécheresses, enparticulier au début des années 1990. Elles ont pourbut d’atténuer les effets des fluctuations de prix(fluctuations saisonnières mais aussi d’une année surl’autre) et les impacts des chocs et stress liés au cli-mat – en particulier les sécheresses et les épreuvesqui en découlent – au travers d’économies collectives,de l’utilisation d’équipement, du stockage desrécoltes ainsi qu’en permettant des activités généra-trices de revenu pour les jeunes et les femmes. Ellesont largement contribué à l’amélioration de ladisponibilité et de l’accès à la nourriture. Cependant,elles peuvent engendrer une transformation socialecar elles peuvent perpétuer et amplifier les inégalitésexistantes. Dans certains cas, les ménages les pluspauvres n’ont pas les moyens de payer les frais d’in-scription, ils sont rejetés par les membres existants,on leur refuse même les plus petits crédits ou on leurdonne des conditions de prêt qui aggravent leurendettement. Lorsque la pluie fait défaut pendantdeux années consécutives ou plus, les ménages pau-vres n’arrivent pas à rembourser les emprunts qu’ils

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ont effectué pour investir dans du bétail ou dessemences.

Gouvernement national et services de vulgarisation.Les institutions gouvernementales font généralementl’objet de critiques. En général, elles ont tendance àfavoriser les riches propriétaires de grands troupeauxde bétail ou de vastes champs, et négligent lesménages désavantagés qui ne possèdent rien ou justequelques animaux. Dans la région de Mopti, le Servicedes Eaux et Forets est connu pour les importantsimpôts qu’il collecte sans offrir en retour un quel-conque support. Le seul composant des programmesnationaux qui soit véritablement bénéfique auxgroupes pauvres – les programmes de travaux publicsde construction de digues ou de fixation de dunes –offre des emplois mais le fait d’une manière qui netient absolument pas compte des réalités locales.Offrir des emplois précisément au cours des mois del’année où la demande de main-d’œuvre dans l’agri-culture est élevée peut en fait avoir un impactnégatif sur les ménages.

Depuis le début du processus de décentralisation ini-tié au Mali au début des années 1990, legouvernement s’est retiré de la scène locale et tra-vaille principalement en offrant des contrats pour desprojets individuels. Le gouvernement est donc devenuquasiment invisible aux populations locales qui sesentent négligées. Ce qui leur manque particulière-ment est une réglementation ferme des ressourcesnaturelles qui, sans directives gouvernementales, estdifficile à négocier entre les communautés locales, àtravers les régions ou même les frontières. Les con-ventions locales de gestion des ressources naturellessont souvent ignorées par les migrants d’autresrégions ou pays.

ONG. Les interventions des ONG, mises à partquelques exceptions, sont perçues comme étant arbi-traires, imprévisibles et non pérennes, en particulierà Boya. Cependant, en regardant de plus près ces ten-dances à Kardjime, il apparaît que la plupart des

interventions menées par des institutions interna-tionales ont été lancées au lendemain des grandessécheresses des années 1970, 1980 et 1990, etqu’elles se sont intensifiées au cours de la dernièredécennie. Les ONG sont connues pour leurs impor-tants efforts destinés au soutien des femmes et desenfants. Leurs programmes ont joué un rôle critiquedans l’émancipation des femmes en les impliquantdans des activités génératrices de revenus. Cepen-dant, les gens se plaignent souvent du fait que bientrop peu a été fait pour les personnes âgées qui sontextrêmement vulnérables aux problèmes de faim etde santé et constituent souvent une charge pour leurfamille.

“Depuis la famine de 1973, les agricul-teurs ont essayé de diversifier leurs

cultures pour lutter contre la faim. Lespotagers ont donné de bons résultats etles gens ont été aidés par le gouverne-

ment et une ONG internationale. ”(Mme Lalla, Arhabou, Koissa)

� 4.3 DISCUSSION ET RÉSUMÉ DEL´ÉTUDE DU CAS DU MALI

Les résultats mettent l’accent, dans le contextelocalisé des changements et de la variabilité clima-tique, sur le fait que la sécheresse, la météofortement erratique et un éventail de stress liés à cesconditions, ont détérioré l’environnement écologiqueet les conditions socio-économiques dans lesquelss’inscrivent les moyens de subsistance ruraux. Lesgens insistent sur le fait que la fréquence, plutôt quela sévérité des catastrophes, était davantage signi-ficative. Tandis que toutes les communautés ont desdegrés similaires d’exposition aux stress climatiques,les impacts sur leurs moyens de subsistance varienténormément entre les différentes régions à caused’un accès différencié à des stratégies variées.

Un éventail de facteurs détermine les impacts desstress climatiques et les stratégies de réponse auniveau du ménage, tels que le degré de diversifica-

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tion des moyens de subsistance, la richesse, l’accèsaux institutions locales et externes et les relationsentre hommes et femmes. Les ménages les plus pau-vres sont les plus susceptibles d’utiliser des stratégiespréjudiciables et non pérennes afin de faire face. Engénéral, les communautés changent leurs pratiquesagricoles et d’élevage et se diversifient dans desactivités telles que la production potagère, l’arti-sanat et le petit commerce. Des conventions localesont tenté de gérer les ressources naturelles afind’éviter les conflits liés aux pâturages et à la terrecultivable, mais le gouvernement a besoin de ren-forcer les accords locaux avec des réglementationsque les migrants traversant ces zones devrontrespecter.

Les institutions influencent l’accès aux ressources etles prises de décision qui affectent la capacitéd’adaptation. Traditionnellement, il existe un certainnombre de systèmes qui servent de tampons en tempsde crise, mais nombre d’entre eux semblent être endéclin, comme c’est le cas notamment de la solidar-ité communautaire. Les institutions externes ontétendu leur présence au cours des 15 dernièresannées et les communautés identifient leurs pro-grammes plutôt que les organisations elles-mêmes.Elles ont multiplié les possibilités de diversificationdes moyens de subsistance, amélioré l’infrastructureet développé les capacités. Certains changements ontouvert des opportunités pour les femmes de par-ticiper davantage – les coopératives de femmes, parexemple, leur ont conféré davantage de pouvoir,diversifié leurs moyens de subsistance et augmentéleur capacité d’adaptation – mais ces opportunités nesont pas toujours reflétées dans les institutionsformelles. Les ONG ont joué un rôle important dansl’émancipation des femmes au travers d’activitésgénératrices de revenus, mais en général, les famillesrapportent que les interventions des ONG doiventêtre plus prévisibles et offrir plus de support pour lespersonnes âgées. Fréquemment, l’accès aux béné-fices offerts par les structures de soutien dépendégalement de la richesse et dans certains cas de

l’ethnicité. Comme illustré ci-dessus, les familles lesplus riches décrivent les réseaux comme des opportu-nités pour l’entreprenariat, tandis les familles pluspauvres les perçoivent comme distants, faiblementstructurés et offrant peu ou pas de support. Cepen-dant dans certains villages, les chefs de villagesgarantissent un accès plus équitable aux institutionsau travers d’un processus de décision collectif ettransparent. Les institutions gouvernementalesdevraient cibler les ménages les plus vulnérablesplutôt que les riches propriétaires de bétail ou de ter-res, par exemple en planifiant des programmes detravaux publics appropriés (ex. pas d’interférenceavec les périodes de semis ou de récolte) et en s’as-surant que les départements public, tels que leService des Eaux et Forets, offrent un support tangi-ble en compensation des taxes prélevées.

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Ce rapport a couvert les perceptions qu’ont les pop-ulations des changements, le type d’actionsentreprises pour répondre à ces changements et l’ac-cès des populations au soutien apporté par lesinstitutions locales et les liens sociaux. Il a soulignéles capacités et les connaissances des gens tout enévaluant les stress auxquels ils font face. Le climatconstitue un stress parmi les nombreux stress aux-quels les familles doivent faire face de manièrerégulière. De ce fait, il est essentiel d’adresser lesrisques liés au climat en même temps que les autresfacteurs de vulnérabilité. Certains ménages - parti-culièrement les plus pauvres – sont enfermés dans desstratégies de réponse qui conduisent souvent à unespirale négative de perte de leurs biens. Les institu-tions et les structures sociales ne parviennent pas àprotéger les intérêts communs, ce qui restreintencore davantage les possibilités qui s’offrent auxfamilles.

PERCEPTIONS DE CHANGEMENTS DANS LESREGIMES DE PRECIPITATIONS ET AUTRESSTRESS CLIMATIQUESLes communautés n’ont plus confiance dans lesrégimes de précipitations. Les populations rapportentque, en particulier au cours des dix dernières années,la pluie est devenue de plus en plus imprévisible eterratique ; les pluies saisonnières ont débuté plustard et se sont terminées plus tôt. Dans le cas del’Éthiopie, on a noté un sentiment prononcé selonlequel les ‘bonnes pluies’ étaient une chose du passé,et dans le cas du Mali, que le climat était devenu plussec. Ces perceptions au niveau local peuvent aussiêtre influencées par d’autres facteurs. Une certainetendance à voir le passé d’une façon toujoursmeilleure que le présent ne peut être écartée. Deplus, le fait que les moyens de subsistance sont entrain de changer peut avoir joué un rôle, par exempledans le cas des éleveurs traditionnels qui deviennent

davantage sédentaires et dépendants de l’arrivée despluies dans certaines régions et à certains moments.

Néanmoins, les perceptions des changements de pré-cipitations comptent puisqu’elles reflètentégalement des changements en termes de vulnérabil-ités ; elles offrent une indication des contraintesauxquelles les populations sont confrontées et de cequ’elles impliquent pour les moyens de subsistance.Les populations interrogées en Éthiopie et au Maliperçoivent un changement dans le type et la gravitédes chocs et des stress et parlent de l’émergence denouvelles menaces qui sont présentées comme ayantun impact négatif sur les biens, tels que le bétail etles terres cultivables. Des sécheresses récurrentessont considérées comme responsables d’avoir réduitde manière significative les récoltes et d’avoir étendules périodes de pénurie alimentaire. Dans le cas duMali, les températures plus élevées de ces dernièresannées ont causé de nouvelles infestations de para-sites affectant les récoltes. Il y a moins de pâturagesde bonne qualité, ce qui signifie que les éleveursdoivent voyager plus loin et pour de plus longues péri-odes afin de trouver des pâturages et de l’eau, maisaussi que leurs vaches ne produisent plus suffisam-ment de lait. Les conflits portant sur les pâturages etles sources d’eau communs se sont accrus entre lespopulations locales et les personnes issues de régionsdifférentes, de passage.

LE PASTORALISME ET L’AGRICULTURE PLUVIALE FONT FACE A DES MENACES LIEESAU CLIMAT ET A D’AUTRES FACTEURSCLes chocs et les stress climatiques ne sont pas nou-veaux dans ces contextes, et les systèmes pastorauxet agro-pastoraux partagent des caractéristiquesimportantes qui les rendent adaptés à l’incertitudeet la variabilité climatique, notamment grâce à leuradaptabilité et leur flexibilité. Dans les deux sys-

5 CONCLUSIONS

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FIGURE 6 UN CONTINUUM POUR LES STRATÉGIES DU ‘FAIRE FACE’ ET D’ADAPTATION

‘FAIRE FACE’Court-terme

Réactive

Impacts négatifs

Récupération

Réduction des actifs

AUGMENTER la résilience sur

le long-terme

PERMETTRE sans appauvrir

REPONSE EN MATIERE DE MOYENS D’EXISTENCEADAPTATIONLong-terme

Anticipative

tèmes, le bétail est un bien clé qui revêt une impor-tance culturelle et économique. Il restera central àtoute stratégie de réponse aux changements et à lavariabilité climatique. La possession de bétail garan-tit aux individus nourriture et revenus, et fait officede tampon contre les chocs. Mais à cause des restric-tions croissantes sur la mobilité du bétail, il est deplus en plus difficile de maintenir les systèmes pas-toraux traditionnels. Dans le cas de l’Éthiopie, lesconflits croissants tels que le vol de bétail et les con-flits concernant les pâturages et l’accès à l’eau pourle bétail – conflits également rapportés au Mali - ontégalement réduit les possibilités qu’ont les ménagespour gérer la variabilité climatique. Les familles sansbétail sont plus fortement affectées par les change-ments climatiques. Tandis que les politiquesgouvernementales ont encouragé la sédentarité, l’a-griculture elle même subit une pression croissantedue à ce qui semble être un régime de précipitationsde moins en moins fiable. Cela conduit à des prises dedécision de plus en plus compliquées, car les popula-tions sont vulnérables aux changements climatiqueset à d’autres facteurs à la fois dans l’agriculture et lepastoralisme. Ainsi, même si les changements clima-tiques n’étaient pas en train de se produire ou si leschangements climatiques venaient à améliorer lesconditions pour l’élevage de bétail ou les culturespluviales, de nombreuses personnes considéreraientquand même de plus en plus difficile de faire face

aux chocs et stress climatiques ‘normaux’.

LA CAPACITE A ENDURER DE MULTIPLESCHOCS S’ERODE DE PLUS EN PLUSLes ménages agro-pastoraux et pastoraux ont l’habi-tude de gérer les chocs et les stress, qu’ils soientenvironnementaux, socio-économiques ou climatiques.Faire face à un choc unique est gérable pour la plupartdes familles : les plus pauvres bénéficient du supportde la communauté, tandis que les groupes aux revenusmoyens sont capables d’utiliser diverses stratégiespour survivre. Cependant, lorsqu’un choc est combinéà un autre de façon répétée et plusieurs années desuite, la capacité des ménages à rebondir s’en trouvecompromise et la résilience de ces ménages diminue.Ce qui exacerbe cette situation davantage est que letype et la gravité des chocs changent et que de nou-veaux risques et vulnérabilités émergent. Nonseulement les populations sont affectées par les chocsclimatiques, mais il y a aussi d’autres facteurs sociaux,économiques et environnementaux, tels que les prixvolatiles de la nourriture, certaines institutions et poli-tiques qui affectent les moyens de subsistance.

Les ménages dans les deux études de cas rapportent unsentiment d’insécurité accru avec des périodes où ilssouffrent de la faim étendues. Dans le cas del’Éthiopie, les populations se plaignent de fatigue, defaiblesse et d’une susceptibilité accrue aux maladies,

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L’ADAPTATION IMPLIQUE DE MULTIPLESSTRATEGIES POUR FAIRE FACE A L’INCERTITUDELes études de cas font la distinction entre les pra-tiques non pérennes, à court terme qui entament lesbiens des ménages, et d’autre part les stratégies àlong terme impliquant des changements permanentsdans les moyens de subsistance en vue d’accroître larésistance aux stress futurs. Ces deux types deréponse sont souvent appelées le ‘faire face’ et‘l’adaptation’. Les recherches sur l’adaptation ontsouvent tenté d’établir une démarcation claire entreles stratégies destinées à faire face et les mesuresd’adaptation.10 Cependant, les résultats montrentqu’un tel étiquetage peut parfois être inutile ettrompeur. En fait, pour de nombreuses stratégiesidentifiées, il n’est pas possible ou pertinent de fairela distinction.

Les stratégies adoptées par les ménages sont uneréponse à une variété de déclencheurs et se basentsur des vulnérabilités en évolution. Les résultats deces stratégies peuvent être positifs ou négatifs selonla durée sur laquelle ces stratégies sont implémen-tées. Certaines réponses enferment les familles dansdes cycles de perte de leurs biens et conduisent à uneplus grande pression sur les ressources naturelles,avec des répercussions négatives sur les possibilités

rendant difficiles les tâches quotidiennes. Générale-ment, le soutien mutuel entre familles s’est affaibli.Les familles aux revenus moyens ou plus aisées ne sontplus en mesure d’aider les familles ayant un accès lim-ité aux ressources, car elles doivent d’abord répondreà leurs propres besoins.

DE NOMBREUX MENAGES DISPOSENT DE PEUD’ALETRNATIVES AUX STRATEGIES QUIACCENTUENT LEUR VULNERABILITEPour faire face aux changements – et lorsque c’estpossible –, les agriculteurs diversifient leur base demoyens de subsistance en augmentant par exempleleurs activités agricoles, en changeant les dates deplantation, en s’adonnant au petit commerce ou enayant recours à la migration professionnelle. Cesstratégies peuvent être considérées à la fois commedes diversifications spatiales (déménager dans denouvelles régions, utiliser la terre différemment) etdes diversifications temporelles (étaler les dates oude plantation ou changer de saison pour s’adapter auxoffres de travail). Bien que cela puisse constituer undes chemins vers une adaptation réussie, il est clairque beaucoup de groupes sociaux sont acculés à cer-taines stratégies qui les placent dans une position deplus en plus difficile. Dans de nombreux cas, lesstratégies de réponse des ménages diminuent leursbases d’actifs. Une pression accrue sur les ressourcesnaturelles et la vente de bétail contribuent à descycles négatifs affectant la sécurité alimentaire etnutritionnelle. Les migrations professionnelles posentdes risques et amènent de l’incertitude sur lesrevenus des ménages ; elles peuvent égalemententraîner des déficits de main-d’œuvre dans lesménages, en particulier pendant les périodes diffi-ciles de l’année. La migration professionnelle ainsique d’autres stratégies qui étaient considéréescomme des activités temporaires semblent devenirdes stratégies de subsistance permanentes pour lesfamilles dans les deux études de cas. Les activitéstelles que le petit commerce signifient que lesfamilles dépendent de plus en plus des marchés.

10 Voir Davies 1996, Thomas et al 2005, Osbahr et al 2007.

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d’adaptation à long terme. Malgré tout, d’autresréponses ouvrent de nouvelles opportunités, rendentles familles plus résilientes face aux chocs et stress,et peuvent aider à émanciper les groupes marginaux.Beaucoup de ces réponses peuvent être considérées àla fois comme des réactions rapides à des chocs etcomme des tentatives d’adaptation à la répétitionanticipée de chocs futurs. Certaines évoluent gradu-ellement, partant d’une réaction spontanée avant defaire ensuite partie intégrante du système de subsis-tance, tandis que d’autres restent des exceptions àcourt terme par rapport aux activités normales. Lesfamilles décident quels changements elles sont enmesure de mettre en place en s’appuyant sur uneévaluation approfondie des ressources disponibles etpotentielles au moment de l’événement. Avec davan-tage de recul, ces décisions pourraient avoir étédifférentes.

La figure 6 illustre le fait que les stratégies destinéesà faire face et à s’adapter peuvent être considéréescomme faisant partie d’un continuum de stratégiesde réponses, qui permettent d’ajuster les moyens desubsistance face aux différents stress et qui donnentlieu à plusieurs ensembles de résultats.

LES INSTITUTIONS LOCALES PEUVENTSOUTENIR L’ADAPTATION, MAIS LEUR ACCESEST DETERMINE PAR LES BIENS, LE STATUTSOCIAL ET LA CULTURELes institutions au niveau local jouent un rôle clé dansla détermination des possibilités qu’ont les ménagespour faire face et s’adapter. Les types d’institutionsles plus souvent documentées sont notamment lesagences gouvernementales, les ONG et les organisa-tions civiles, les règlements et réglementationsgouvernementales de gestion des pâturages et desforêts, ainsi que les systèmes de décision tradition-nels. Leur fonction principale en termes d’adaptationest de déterminer l’accès aux ressources clés tellesque les pâturages, les ressources en eau et le crédit.Le système Gada en Éthiopie par exemple, exerceune influence considérable sur les moyens de subsis-

tance pastoraux et agro-pastoraux en régulant l’util-isation des ressources. À une époque où l’incertitudeclimatique est croissante, il peut y avoir des opportu-nités pour les institutions locales telles que le Gadad’étendre leur rôle de gestion des ressourcesnaturelles. Les institutions gouvernementales peu-vent renforcer les réglementations afin de résoudreles disputes entre les populations locales et lesmigrants traversant leurs terres. Au Mali, les associa-tions d’agriculteurs et de pêcheurs offrent un accèsau crédit, ce qui donne davantage de pouvoir auxfemmes et ouvre l’accès aux marchés. Les percep-tions des institutions locales varient au sein descommunautés ainsi que d’une communauté à l’autre.Tandis que la plupart des aides externes sont perçuescomme efficaces pour soutenir les moyens de subsis-tance et ainsi faire face aux chocs et s’en remettre,de nombreuses interventions sont de courte durée,improvisées et peu adaptées aux cycles saisonniers.

Il est clair que la réponse des ménages aux chocs estinfluencée par leur accès aux institutions, qui varieselon la richesse, le genre et les groupes d'âge. Lesménages pauvres sont extrêmement ingénieuxlorsqu'ils sont confrontés à des chocs, mais ils ont desoptions limitées en termes de diversification. Les pluspauvres ne bénéficient souvent pas du soutien offertpar les structures traditionnelles, telles que les donsde bétail et de nourriture. Le soutien qui est disponibleest souvent maigre. Un autre point est qu’il y a peu deliens verticaux, tels que des liens entre élites localeset moins bien lotis, qui peuvent aider à sortir desfamilles d’un état de vulnérabilité chronique. Enoutre, les activités comme le petit commerce exigentun capital de démarrage et un accès au crédit, accèsprincipalement réservé aux ménages plus aisés. Lesplus pauvres sont exclus des systèmes de crédit parcequ'ils sont analphabètes ou qu’ils n'ont pas le niveauminimum requis de ressources. Les résultats suggèrentégalement que même les agriculteurs plus aisés se sen-tent de plus en plus en situation d’insécurité, ce quiengendre des répercussions au sein des couches lesplus pauvres de la population. Une exception à ceci est

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l'exemple de chefs de village, tel que rapporté dansl'étude de cas du Mali, qui ont garanti un accès pluséquitable aux institutions pour différents groupessocio-économiques et pour les femmes, au travers d’unprocessus de décision transparent et collectif.Les institutions locales sont en changement, et il enest donc ainsi des capacités des gens à en tirer profit.Les changements institutionnels sont le produit denombreux facteurs, incluant des changements sociauxet culturels, des évolutions dans les marchés et, demanière importante, des régimes climatiques de plusen plus erratique qui peuvent, par exemple, miner lacapacité d’institutions d’offrir un soutien mutuel.Historiquement, des chocs climatiques clés, commeles sécheresses dans les années 1970’ et 80’, ontentraîné d'importants bouleversements dans les struc-tures locales. Des entretiens avec les populationssuggèrent que les récents changements sociaux etenvironnementaux font que de nombreux jeunes nevoient plus d'avenir dans leur village d'origine, etdécident de migrer de façon saisonnière ou perma-nente à la recherche de moyens de subsistancealternatifs. Les personnes les plus vulnérables –femmes, enfants et personnes âgées – sont laisséespour compte. L'aide extérieure et le soutien apportépar l'Etat n'ont pas été en mesure de compenser laperte du soutien apportée via les réseaux informels.Mais il y a également des exemples positifs suite à unchangement, comme les ajustements dans le systèmede Gada en Ethiopie, ajustements offrant des possi-bilités accrues aux femmes.

Dans tout cela, c'est l'attente d'un financement accrupour l'adaptation aux changements climatiques dansles prochaines années. Les Programmes d'ActionNationaux d'Adaptation (PANA) pour le Mali etl'Éthiopie (voir annexe IV) ont privilégié des activitésau sein du secteur de l’agriculture pour assurer lasécurité alimentaire, mais en réalité il peut y avoirdes demandes concurrentes telles que les infrastruc-tures, qui peuvent ne pas cibler les plus vulnérables.Voir l'annexe III pour plus de détails sur les politiquesgouvernementales relatives à la sécurité alimentaire

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et aux changements climatiques.Il est clair que les changements climatiques sont undes nombreux stress auxquelles un ménage doit faireface quotidiennement. Les études de cas suggèrentque les capacités des groupes les plus vulnérables àencaisser de multiples chocs est en train de s’éroder.Le rapport illustre pourquoi de nombreux ménagesn’ont d’autres alternatives que d’avoir recours à desstratégies exacerbant leur vulnérabilité. Le statutsocial et le niveau de richesse jouent un rôle signifi-catif dans la manière dont les ménages sont affectéspar les changements climatiques et, de manièreimportante, dans les possibilités de réponse envisage-ables. Les résultats présentés illustrent le fait que lesménages font appel à un éventail de stratégies faceà l’adversité, qui dépendent en partie du type de sou-tien disponible au travers des institutions locales. Lasection finale recommande différentes actions, sur leplan des politiques, des pratiques et de la recherche.

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Ce rapport identifie des recommandations destinéesà différents acteurs, vis-à-vis leurs efforts de promo-tion de la sécurité alimentaire et de renforcement desmoyens de subsistance face aux aléas climatiques. Cesrecommandations s’appliquent aux programmes exis-tants, mais également à ces programmes qui vontbénéficier de financements nouveaux et supplémen-taires, et qui deviendront disponibles suivant lesaccords globaux sur les réponses aux changements cli-matiques post 2012.

EN COLLABORATION AVEC D’AUTRES ACTEURS,LES ONG DEVRAIENT :• S’assurer que les connaissances locales portant

sur les impacts des changements climatiques,ainsi que les réponses en termes de moyens desubsistance, sont reliées aux processus de déci-sion pertinents, afin que politiques etprogrammes soient ancrés dans les réalitéslocales.

Les ONG ont un rôle important dans l’établissementde liens entre les processus politiques et les prob-lèmes évoqués dans ce rapport. Les perceptionslocales des changements peuvent offrir des informa-tions utiles pour les politiques de gestion dessécheresses ; la manière dont les gens ajustent leursmoyens de subsistance peut apporter des informationsimportantes sur les raisons pour lesquelles certainespopulations sont moins capables qu’auparavant desubsister lors des années ‘normales’. Les changementsdans les régimes saisonniers de précipitation, men-tionnés par un certain nombre de personnesinterrogées dans les régions étudiées, sont un exempledes défis auxquels sont confrontées les populationslorsqu’elles font face à des périodes prolongées depénurie alimentaire.

• Plaider pour des engagements politiques et unsoutien financier plus importants de la part desgouvernements et des bailleurs de fonds en faveurde l’adaptation, tout en apportant des élémentsde compréhension relatifs aux politiques localeset aux changements sociaux qui influencent lesniveaux de vulnérabilité observés sur le terrain.

• Adapter leurs programmes et leur soutien en serv-ices de base vis-à-vis de la diversité des besoinsinduits par les changements climatiques etd’autres chocs ou stress, et ce sur base d’évalua-tions des changements dans les marchés, lespolitiques gouvernementales, les structures d'as-sistance et les contextes environnementaux.

Comme l’a montré le rapport, les réponses des popu-lations aux stress climatiques sont compromises parune variété de facteurs non liés au climat, tels que leslimitations d’accès aux réseaux de soutien formels etinformels pour les populations les plus pauvres ouissues du statut social le plus bas. Les changementsdans les marchés, les politiques gouvernementales etl’environnement se sont traduits par un sentimentd’insécurité accentué auprès des agriculteurs etéleveurs des zones ciblées par cette étude.• Documenter et communiquer les stratégies

d’adaptation nouvelles et innovantes en réponseaux chocs et stress climatiques.

Les ONG peuvent offrir des informations précieusessur la manière dont les populations répondent auxchangements de façon nouvelle et innovante. Lesétudes de cas ont documenté un certain nombre destratégies nouvelles et traditionnelles contribuant àla création de richesse et à développer les actifs desfamilles. Une étape supplémentaire utile serait d’i-dentifier les réussites et les leçons apprises, et

6 RECOMMANDATIONS POUR LES POLITIQUES, LES PRATIQUES ET LA RECHERCHE

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analyser la manière dont les populations profitent desopportunités qui découlent des ajustements dans lessystèmes de production et les économies, tout enexplorant la nécessité de stimuler les innovations.

LES GOUVERNEMENTS NATIONAUX DEVRAIENT :• Améliorer la cohérence des politiques de gestion,

la coordination, la synergie et l’intégration secto-rielle entre les objectifs de développementnational et les divers besoins d’adaptation enincorporant les risques climatiques dans tous lessecteurs. Garantir que la sécurité alimentaire soitune forte priorité nationale, avec des budgetssuffisants dans les secteurs concernés par l’adap-tation aux changements climatiques.

- Faire coïncider les objectifs des stratégies et despolitiques de développement avec des mesuresvisant à renforcer les capacités d’adaptation, l’ac-cès aux ressources, la résilience et la flexibilité desdifférents groupes sociaux dans leur ajustementaux changements saisonniers et aux modificationsclimatiques à long terme.- Utiliser des outils pour évaluer ce que la «résilience climatique » signifie en pratiquelorsqu’il s’agit d’assurer la sécurité alimentaire -par exemple le cadre d’analyse développé parTwigg (2007, voir Annexe V).

• Améliorer les liens et les flux de communicationentre les départements d’alerte précoce, lesagences de sécurité alimentaire et les pro-grammes de protection sociale afin de garantir uneréponse rapide aux crises et la préservation desbiens, et d’adapter le niveau des transferts si lesconditions se détériorent.

• Renforcer les stratégies et les capacités localesd’adaptation par un éventail de mesures socialeset politiques, tout en assurant la participation descommunautés dans le développement et la miseen œuvre de ces politiques.

- Etendre la protection sociale aux groupes vul-nérables en tenant compte des variationssaisonnières dans la planification, et apporter desfilets de sécurité contre la faim dans les périodes

critiques de l’année (transferts de liquidités oud’aliments, par exemple). - Réformer les politiques pour préserver et pro-mouvoir les droits et les intérêts des populationsmarginalisées, telles que les populations pas-torales et agro-pastorales, étant donné quel’adaptation est en grande partie un problèmed’ordre politique et social. Les capacités d’adap-tation sont liées aux contextes politiques etéconomiques, autant qu’aux changements despratiques agricoles et des stratégies de gestion desressources. Les facteurs tels que le genre et larichesse sont clés dans la détermination de qui aaccès aux ressources telles que la terre et l’eau,et de qui peut profiter de nouvelles opportunités.C’est pourquoi, un meilleur accès aux semenceset autres nouvelles technologies ne peut améliorerla résilience que si les contraintes structurellestelles que la pénurie en termes d’opportunitésd’emplois ou les problèmes liés au genre sonttraités simultanément.

LES BAILLEURS DE FONDS DEVRAIENT :• Aider les gouvernements à baser leurs plans etpolitiques de développement sur des informationset des analyses relatives aux risques climatiques,afin de:

- Mieux comprendre les facteurs socio-économiques et politiques, les réalités locales,l’accès aux institutions et les raisons pourlesquelles certaines populations placées dans uncontexte particulier sont vulnérables et moins àmême d’ajuster leurs moyens de subsistance, tan-dis que d’autres acteurs et groupes sont quant àeux plus résilients. - Identifier d’autres manières de renforcer larésilience des populations face au climat, commepar exemple au travers de mesures de protectionsociale et d’autres formes de support aux straté-gies de subsistance et d’acquisition de biens.- S’appuyer sur les processus et les stratégiesd’adaptation existants et innovants des commu-nautés, plutôt que d’aborder les populations

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comme des récipiendaires de connaissances, detechnologies et de l’assistance associée.

• Soutenir les gouvernements avec des schémas definancements à plus long-terme et davantageprévisibles pour promouvoir l’adaptation et lasécurité alimentaire, tout en tenant en comptedes dynamiques locales ainsi que des change-ments au niveau national et sectoriel.

- Faire du financement des Programmes d'ActionNationaux d'Adaptation une étape de transitionvers la mise en œuvre et l’intégration durabled’activités d’adaptation dans les plans dedéveloppement national, les politiques et lesstratégies sectorielles.- Incorporer des plans et des fonds de contingenceaux projets, et encourager la flexibilité dans lesaides apportées face aux chocs climatiques. Lesfonds de contingence permettent aux acteurs auniveau sous-national de répondre de façon plusprévisible aux chocs et stress imminents.

LES CHERCHEURS ET UNIVERSITAIRES DEVRAIENT :• Offrir une analyse critique des perceptions locales

de la variabilité et des changements climatiques enles ancrant dans un cadre historique plus profond etun contexte structurel plus large.

Les perceptions locales peuvent être interprétées dedifférentes manières. Comme l’a montré le rapport, ilest nécessaire d’enregistrer les perceptions localesdes changements et d’identifier comment les popula-tions y répondent, mais ceci n’est pas suffisant.• Travailler avec les communautés et les ONG pour

développer des méthodes de recherche plusrobustes pour explorer les connaissances et percep-tions locales, et développer des données deréférence pour l’évaluation des variations futures.

• Utiliser des approches méthodologiques plusrigoureuses, une recherche longitudinale et desrevues systématiques des connaissances et desperceptions locales, afin de proposer une basefactuelle encore plus robuste et pertinente auxdécideurs politiques.

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� 7.1 ANNEXE I – LOCALISATION DES SITES D’ÉTUDE EN ETHIOPIE ET AU MALI

ETHIOPIE

7 ANNEXES

MALI

LEGENDE A Agro-pastoral, Borana B Pastoral, Borana

Source: FEWSNET, Moyens d’existence au Mali ; voir: www.fews.net/pages/countrylivelihood.aspx?gb=ml&l=fr

LEGENDE A Pastoral, GaoB Agro-pastoral, GaoC Agro-pastoral, Mopti

AB

C

A

B

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� 7.2 ANNEXE II – CONCEPTS ET DÉFINITIONS

ADAPTATIONEn ce qui concerne l’adaptation aux changements cli-matiques, nous utilisons la définition du GIEC (IPCC2007, AR4) : ‘ajustement des systèmes naturels ouhumains en réponse à des stimuli climatiques prévusou prédits ou à leurs effets, qui limitent les dégâts ouexploitent des opportunités bénéfiques. Par exten-sion, l’adaptation se rapporte aux ajustements […] enréponse à des stimuli climatiques et non climatiqueset à leurs effets.’

CHANGEMENT ET VARIABILITÉ CLIMATIQUEOn utilise l’interprétation du GIEC des changementsclimatiques, se rapportant à tout changement du cli-mat au fil du temps, qu’il soit dû à une variabiliténaturelle ou qu’il résulte de l’activité humaine. Lavariabilité climatique décrit les fluctuations qui survi-ennent d’une année à l’autre, y compris lesévénements extrêmes.

RÉDUCTION DES RISQUES DE CATASTROPHEConcept et pratique de la réduction des risques decatastrophe grâce à des efforts pour analyser et gérerleurs causes, notamment par une réduction de l’expo-sition aux risques, qui permet de réduire lavulnérabilité des personnes et des biens, la gestionrationnelle des terres et de l’environnement etl’amélioration de la préparation aux événementsindésirables (UNISDR, 2009).

SÉCURITÉ ALIMENTAIRELa sécurité alimentaire existe lorsque toutes les per-sonnes ont, à tout moment, un accès physique, socialet économique à une nourriture suffisante, saine etnutritive leur permettant de satisfaire leurs besoinsénergétiques et leurs préférences alimentaires pourmener une vie saine et active (FAO, 2002).

MOYENS DE SUBSISTANCEUne définition répandue est celle proposée par Cham-

bers et Conway (1992:7) où les moyens de subsistance‘incluent les capacités, biens (magasins, ressources,concessions et accès) et activités nécessaires pourvivre’. La caractéristique importante de cette défi-nition des moyens de subsistance est d’attirerl’attention sur le lien entre biens et les options dontles populations disposent en pratique pour mener desactivités qui puissent générer le niveau de revenusnécessaire à la survie. Les adeptes de la ligne de pen-sée de Chambers et Conway concernant les moyensde subsistance (par exemple Scoones, 1998) ont eutendance à identifier cinq catégories principales debiens : naturels, physiques, humains, financiers etsociaux.

STRATÉGIES DE SUBSISTANCE Les stratégies de subsistance sont ce que les gens fontcomme activité en temps normal pour répondre àleurs besoins, par exemple l’agriculture, l’élevage oule travail salarié. Les stratégies de réponse correspon-dent à ce que les gens font face à des chocs et stress; elles comprennent les stratégies du ’faire face’ etles stratégies d’adaptation.

Les stratégies du ’faire face’ recouvrent lesstratégies d’adaptation dans la mesure où elles ten-dent à réduire les dégâts des stress et de leurseffets, mais elles le font d’une manière plus immé-diate, réactive et orientée vers la survie, ‘motivéepar la crise’ et ‘initiée par un manque d’alterna-tive’ (Daze et al, 2009 :7). En tant que telles ellessont rarement pérennes et incluent souvent desimpacts négatifs sur les moyens de subsistance,c’est à dire une réduction des biens, ce qui peutaffecter la communauté dans son ensemble (parexemple par la dégradation de l’environnement) etdes groupes sociaux en particulier, tels que lesfemmes et les enfants (portions de nourritureréduites).

Les stratégies d’adaptation (initialement nom-mées stratégies adaptatives dans la littérature desmoyens de subsistance) comprennent des change-

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ments de comportement à long terme ; ellesdécrivent les efforts d’amélioration des moyens desubsistance de manière durable en réponse à desstimuli prévus ou réels.

RÉSILIENCE‘La résilience du système ou d’une communautépeut être vue comme la:

• capacité à absorber le stress ou les forcesdestructrices par la résistance ou l’adaptation• capacité à gérer ou maintenir certaines fonc-tions et structures de base au cours de désastres• capacité à récupérer ou rebondir après unévénement

La résilience est généralement vue comme un con-cept plus large que la capacité car elle va au-delà descomportements, mesures et stratégies spécifiques quisont normalement vues comme des capacités. (Twigg,2007:6)

SAISONNALITÉLa saisonnalité décrit les fluctuations périodiques duclimat liées aux saisons de l’année et à la disponibil-ité changeante des ressources en fonction desdifférences saisons. D’après Mortimore (2009),chaque saison des pluies est « construite comme unecomposition de variabilité sur une décennie, un an ouun jour et (…) elle constitue une opportunité de pro-duction et une unité comptable séparée.»

CHOCS ET STRESS Pressions ponctuelles et courantes qui affectent demanière fondamentale les moyens de subsistance despopulations, et sur lesquelles ils ont un contrôle lim-ité ou inexistant ; les stress sont cumulatifs etcomprennent des tendances critiques ainsi que deschocs et la saisonnalité.

VULNÉRABILITÉ La vulnérabilité à la variabilité et aux changementsclimatiques est le ‘degré auquel un système est sen-sible ou incapable de gérer les effets adverses deschangements climatiques, y compris la variabilité cli-

matique et les climats extrêmes. La vulnérabilité estune fonction du caractère, de la magnitude et de lavitesse des variations climatiques auxquelles un sys-tème est exposé, sa sensibilité et sa capacitéadaptative’ (IPCC AR4: 883). Ce rapport décrit comme‘système’ un ménage ou une communauté rurale.

Exposition - ‘La nature et le degré auxquels un sys-tème est exposé à des variations climatiquessignificatives’ (IPCC TAR, 2001). En tant que facteurresponsable de la vulnérabilité au changement etla variabilité climatique, l’exposition aux variationsclimatiques n’est pas isolée des autres risques.‘L’exposition à un type de risque peut accroître lavulnérabilité à d’autres facteurs de risque.’ (CCD,2009:14)

Sensitivité – ‘Le degré auquel un système estaffecté, de façon négative ou bénéfique, par desstimuli liés au climat’ (IPCC TAR, 2001).

Capacité; capacité d’adaptation - ‘ La capacitéd’adaptation décrit le potentiel d’adaptation auxdéfis posés par les changements climatiques,décrivant la capacité à être activement impliquédans des processus de changement. Cela comprendla capacité des acteurs, dans un système humain etenvironnemental particulier, à répondre auxchangements, influencer les changements et opérerdes changements dans ce système’ (Ensor andBerger, 2009:17).

Par extension, la vulnérabilité indique le degréauquel un système est sensible à, ou incapable defaire face aux effets négatifs des stress climatiqueset non climatiques.

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� 7.3 ANNEXE III CONTEXTENATIONAL DE CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DE SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

� 7.3.1 ÉTHIOPIEL’agriculture représente environ 56 pour cent du Pro-duit Intérieur Brut (PIB) éthiopien, et 85 pour cent dela population base ses stratégies de subsistance surl’agriculture. Le gouvernement a signé le protocolede Kyoto et de la CCNUCC en 1999.

L’Autorité de Protection de l’Environnement (EPA) arécemment reçu l’autorisation totale de coordonnerles problèmes liés aux changements climatiques dansle pays. Le gouvernement éthiopien a préparé le PANAavec une liste d’activités prioritaires pour résoudreles problèmes d’insécurité alimentaire, en tempsutile mettant également en place des interventionsd’adaptation et de réhabilitation de l’environ-nement.11 Reconnaissant la nature transversale deschangements climatiques et de l’adaptation, le PANAsuggère que les interventions de réponse aux change-ments climatiques et d’adaptation soient intégréesdans les programmes nationaux en cours tels que laréduction de la pauvreté, en tant que sous-com-posant. Il souligne en particulier les programmesnationaux de sécurité alimentaire et de prévention etgestion des risques de désastres, qui devraient êtreconsidérés lors de la planification des interventionsde réponse aux changements climatiques et d’adap-tation. Les barrières aux gains d’adaptation de la partd’initiatives nationales en cours sont égalementlistées.12

Le GIEC prépare une Action Nationale Appropriéed'Atténuation (ANAA) sous le contrôle de l’EPA. Unforum national de changements climatiques a étéétabli, présidé par le MoARD, avec Oxfam Americapour secrétaire. En janvier 2010, une troisième con-férence s’est tenue sur la gestion des risques decatastrophe, avec pour thème ‘Amélioration de lagestion des risques de catastrophe pour réduire l’im-

pact des changements climatiques’. Une ONG locale,Forum for Environment, a établi un forum de lasociété civile pour les changements climatiques, quia organisé différentes sessions de travail et discus-sions à travers les media après les négociations surles changements climatiques de Copenhague, aux-quelles le premier ministre a assisté en 2009. Engénéral, les négociations ont créé une prise de con-science dans toutes les communautés, y compris lesagriculteurs et les bergers, du fait que les change-ments climatiques y sont déjà en cours, et ellessignalent la nécessité d’agir rapidement pour sauverles générations futures. Cependant, le manque d’ac-cord global sur les changements climatiques setraduira par un manque de fonds d’adaptation et undélai dans la préparation de nouvelles politiques etleur mise en place.

Le gouvernement a progressé dans la mise en œuvredes priorités du Cadre d’Action de Hyogo 2005-15grâce au développement d’une Stratégie de Réduc-tion des Risques de Catastrophe. Le gouvernementaffirme qu’il a transformé son système de gestion descatastrophes traditionnellement réactif et tournévers l’aide en un système de gestion et de réductiondes risques de catastrophe proactif, centré sur lesindividus, et qui limite les catastrophes potentiellesen renforçant la capacité (y compris en termes deréponse d’urgence et de préparation aux urgences).13

Les Nations Unies jouent également un rôle signifi-catif dans la planification et le financement de laréponse d’urgence. Une nouvelle politique de gestiondes catastrophes et de sécurité alimentaire est exam-inée par le parlement pour approbation. Desorganisations e la société civile, au travers du RéseauÉthiopien d’Action contre la Pauvreté (PANE), sontégalement impliquées dans la revue des rapportsannuels du Plan pour un Développement DurableAccéléré pour Mettre Fin à la Pauvreté (PASDEP).PANE a réalisé une étude sur la manière dont PASDEPpeut prendre en compte les impacts des changementsclimatiques.

11 Voir l’Annexe IV pour davantage d’information.12 Ibid 13 http://www.preventionweb.net/files/10076_TheOfficialstatmentofEthiopianDeleg.doc

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Le Ministre de l’Agriculture et du DéveloppementRural (MoARD) est officiellement responsable de laréponse à l’insécurité alimentaire. Certains voient lapolitique agricole comme reposant sur un ensemblede package destinés à des cultures utilisant demanière intensive des engrais chimiques, ce qui poseproblème car les fertilisants chimiques sont trèsonéreux. De façon similaire, l’accès à des semencesaméliorées est limité. Sous le MoARD, le Secteur de laGestion des Risques de Catastrophe et de la SécuritéAlimentaire (DRMFSS) est composé de deux branches: Sécurité Alimentaire, et Alerte Précoce et RéponseRapide (EWR). La branche de Sécurité Alimentairecoordonne les programmes de sécurité alimentairenationaux, le Programme de Filets de Sécurité Pro-ductifs (PSNP) et les programmes d’accumulation debiens dans les districts chroniquement touchés parl’insécurité alimentaire. Cela pourrait être amélioréavec une stratégie claire sur la manière de tirer lesgens de leur système d’assistance, afin d’éviter decréer un groupe de fermiers dépendants. La brancheEWR collecte les informations d’alerte rapide afin demettre en route une réponse rapide. L’AgenceMétéorologique Nationale (NMA) offre des informa-tions météorologiques aux organisations qui en ontbesoin et au public.

� 7.3.2 MALI L’agriculture représente 50 pour cent du PIB et l’é-conomie malienne est fortement dépendante desperformances de son secteur agricole, qui est lesecteur le plus vulnérable aux changements clima-tiques. 80 pour cent de la population dépend del’agriculture comme moyen de subsistance.

Le gouvernement est signataire de la CCNUCC et duProtocole de Kyoto. Le Mali a également établi uneplate-forme nationale pour la mise en œuvre duCadre d’Action de Hyogo 2005-2015. Un décret esten train d’être approuvé qui créerait un ComitéNational du Changements climatiques. La politiquenationale pour la Protection de l’Environnement, quia été signée en 1998, a eu pour but d’améliorer la

sécurité alimentaire.

Le gouvernement répond à l’insécurité alimentaire etaux inondations en distribuant par exemple ses stocksde nourriture nationaux gratuitement ou à un prixsubventionné, ou en levant la taxe sur les importa-tions de céréales et en faisant appel à l’aideinternationale. Plus récemment, d’autres solutionsont été initiées, par exemple : l’utilisation desemences tolérantes aux sécheresses ; la formationdes agriculteurs à l’utilisation des informationsmétéorologiques et à la planification des activités enfonction des saisons ; la participation des commu-nautés au développement de solutions, basées surl’analyse de la vulnérabilité et des secteurs de lastratégie nationale de réduction de la pauvreté.

Le but du Directorat Général de la Protection Civileest de gérer et éviter les catastrophes et de coordon-ner les actions de protection civile initiées par diversdépartements nationaux, partenaires et branchesrégionales. Un projet d’augmentation de capacité degestion des catastrophes naturelles visait à établir unplan national, des cadres légaux et institutionnels,des plans de réduction de risque régionaux et inter-sectoriels, des échanges d’information et desformations sur les risques et désastres, et est assistépar des ONG, les autorités locales, des institutionsd’état et des communautés locales. Cependant, ledépartement ne semble pas être suffisamment dotéde capacités humaines et opérationnelles prévenir etgérer les risques et catastrophes.

D’autres institutions pertinentes incluent le Ministèrede l’Environnement, le Ministère de l’Eau et de l’As-sainissement, et la Gestion Nationale de l’Eau et desForêts. Le Secrétariat Technique Permanent pour laGestion des Problèmes Environnementaux coordonnetous les accords sur l’environnement au niveaunational.

Le département de météorologie du gouvernementest le point central pour les changements clima-

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tiques, qui est de plus en plus pris en compte dans lespolitiques, les plans, les programmes et les stratégiesde développement socio-économiques. Le gouverne-ment a organisé un certain nombre de séminairespour offrir des formations, des informations et uneprise de conscience vis-à-vis des changements clima-tiques. Par exemple, une séance de travail récenteétait centrée sur la résilience de la production agri-cole aux changements climatiques en vue de sécuritéalimentaire en zones rurales.

La société civile peut être consultée lors de l’élabo-ration des politiques. Cependant, il semble qu’il y aitune conscience locale limitée des politiques et loisnationales, par exemple concernant la sécurité ali-mentaire au niveau de la communauté, en partie àcause de l’illettrisme, des difficultés d’accès à l’in-formation et du manque de formation des élus locauxdans les municipalités. La faible présence du gou-vernement au niveau local est également attribuée àla décentralisation qui a débuté au Mali en 2000 et adepuis causé un retrait des institutions nationales auniveau local. Les ONG locales rapportent égalementun manque d’implémentation et de budget pour lespolitiques environnementales et de gestion des catas-trophes.

Le PANA du Mali identifie 19 projets prioritaires.14 Ilsne sont pas encore complètement financés et le Maliattend encore des résultats concrets des négociationssur les changements climatiques sous la CCNUCC.

� 7.4 ANNEXE IV – PANA DEL’ETHIOPIE ET PANA DU MALI

PANA DE L’ETHIOPIELe gouvernement éthiopien, au travers du PANA,a priorisé 11 projets d’adaptation : • Programme de promotion de l’assurance sécher-esse/récolte

• Renforcement des systèmes d’alerte précoce sur lessécheresses et les inondations

• Développement de petites infrastructures d’irriga-tion et de collecte d’eau en zone arides,semi-arides et subhumides

• Amélioration des pratiques de gestion des pâturagesen zones pastorales

• Projets communautaires d’utilisation et de gestiondes zones humides

• Programme de renforcement des capacités enmatière d’adaptation aux changements climatiques

• Atteindre la sécurité alimentaire grâce à un projetde développement de gestion de l’eau à grandeéchelle et multisectoriel du bassin de Genale –Dawa

• Projets communautaires de séquestration de car-bone dans la vallée du Rift en Éthiopie

• Établissement d’un centre national de recherche etdéveloppement (R&D) sur les changements clima-tiques.

• Renforcement du programme d’endiguement de lamalaria dans certaines régions d’Éthiopie

• Promotion de la sylviculture et des pratiques d’a-grosylviculture dans les zones arides, semi-arides etsèches subhumides.

Les barrières à l’adaptation listées par le PANAincluent: • Absence de mécanismes de coordination, aussi

bien au niveau fédéral qu’au niveau régional.• Liens intersectoriels inadéquats entre les min-

istères et les départements.• Manque d’éléments de liaison, tels que des

comités fédéraux intersectoriels.• Manque de liens élaborés entre les bureaux

fédéraux et régionaux impliqués dans l’environ-nement et le développement.

• Manque de capacités, c’est-à-dire absence d’uncentre ou d’une institution pour la recherche et ledéveloppement sur l’adaptation aux changementsclimatiques.

• Manque de mécanismes efficaces de sensibilisa-tion des communautés locales surl’environnement.

• Surveillance des effets environnementaux à long

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14 Voir l’Annexe IV

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terme vis-à-vis des avantages économiques àcours terme.

• Challenge économique, c’est-à-dire financementlimité pour l’environnement.

• Faible niveau de prise de conscience sur l’environ-nement.

• Faible niveau d’alphabétisation.• Haut niveau de pauvreté.• Capacité inadéquate à échanger des informations

entre les projets NMSA et PANA et/ou les exécu-teurs de plans d’action.

PANA DU MALIPROJETS PRIORITAIRES IDENTIFIES PAR LE PANA DU MALI:• Vulgarisation des variétés améliorées et adaptéesaux conditions climatiques des principales cul-tures vivrières (mil, sorgho, maïs et riz).

• Vulgarisation des espèces animales et végétalesles mieux adaptées aux conditions climatiques.

• Promotion des activités génératrices de revenus etdéveloppement des mutuelles.

• Aménagements aquacoles au Mali.• Promotion des banques de céréales.• Utilisation des informations météorologiques pour

améliorer la production agricole et contribuer à lasécurité alimentaire.

• Aménagement de bas- fonds.• Réalisation de forages équipés de pompe solaires

ou à éolienne.• Valorisation énergétique du typha australis.• Contribution à la levée des barrières pour la pro-

motion des applications de l’énergie solaire auMali.

• Captage des eaux de ruissellement et restaurationdes points d’eau (marigot, marres et lacs).

• Sensibilisation, et organisation des populationspour la préservation des ressources naturelles(élaboration de conventions locales de reboise-ment et agroforesterie).

• Gestion des feux de brousse au Mali.• Développement des actions culturales CES/DRS et

de compostage.

• Développement des cultures fourragères.• Communication pour l’adaptation aux effets des

changements climatiques.• Promotion des banques à aliments pour bétail.• Promotion de l’huile de jatropha.• Mise en place d’un système d’information sur les

risques de maladies liées aux changements clima-tiques.

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DOMAINE THEMATIQUE 1 : GOUVERNANCE REFERENCES

• Direction communautaire de planification et de mise en œuvre de la RRC qui est convaincue, efficace et intègre.

• La collectivité est consciente de ses droits et de l’obligation légale du gouvernement et d’autresparties prenantes d’assurer sa protection.

• Inclusion / représentation des groupes vulnérables dans la prise de décision communautaire et lagestion des catastrophes.

1.5

2.2

7.6

DOMAINE THEMATIQUE 2 : EVALUATION DES RISQUES

• Évaluations communautaires des aléas, risques, vulnérabilités et capacités effectuées qui donnentune image complète des risques, vulnérabilités et capacités.

• Evaluations communautaires des aléas, risques, vulnérabilités et capacités conduites selon unprocessus participatif, incluant des représentants de tous les secteurs de la collectivité et sourcesd’expertise, et faisant intervenir des représentants de tous les groupes vulnérables.

• Utilisation de savoirs autochtones et d’analyse locale des risques ainsi que d’autres savoirs, don-nées et méthodes d’évaluation scientifiques.

1.1, 2.1

1.2, 2.2

3.2

DOMAINE THEMATIQUE 3 : SAVOIRS ET EDUCATION

• Les écoles locales délivrent aux enfants une éducation sur la RRC grâce à un programme et, sipossible, à des activités extrascolaires.

• Membres de la collectivité (rurale) qualifiés ou formés aux pratiques adaptées d’agriculture, utili-sation de l’eau, gestion de l’eau et de l’environnement.

3.1

3.5

DOMAINE THEMATIQUE 4: GESTION DES RISQUES ET REDUCTION DE LA VULNERABILITE

• Adoption de pratiques de gestion durable de l’environnement qui réduisent le risque d’aléas.• Approvisionnements en nourriture et statuts nutritionnels assurés (p. ex. grâce à des stocks de

réserve de céréales et d’autres aliments de base, gérés par les collectivités sur la base d’un systèmede distribution équitable en période de crise alimentaire).

• Accès à l’eau pour l’usage domestique en quantité et en qualité suffisantes en période de crise.• Moyens d’existence diversifiés (au niveau des ménages et de la collectivité), y compris les activités

agricoles et non agricoles dans les zones rurales.• Adoption, pour la sécurité alimentaire, de pratiques agricoles résistantes aux aléas (p. ex. méthodes

de conservation des sols et de l’eau, schémas de production agricole adaptés à des précipitationsfaibles ou variables, récoltes supportant les aléas).

• Systèmes d’assistance mutuelle, réseaux sociaux et mécanismes de soutien qui contribuent à laréduction des risques directement par des activités ciblées de RRC, indirectement par d’autres activ-ités de développement socioéconomique qui réduisent les vulnérabilités, ou en étant capablesd’étendre leurs activités à la gestion d’urgence quand celle-ci se produit.

• Existence de plans d’épargne et de crédit communautaires/ de groupe, et/ ou accès à des servicesde microfinance.

• Mesures structurelles d’atténuation (digues, canaux de dérivation d’inondation, citernes de récolted’eau, etc.) en place pour protéger contre les menaces principales, construits en utilisant, autant quepossible, la main d’œuvre, les savoir-faire, les matériels et technologies appropriés locaux.

1.2

2.32.4

3.3

3.5

4.1

5.3

6.4

DOMAINE THEMATIQUE 5: PREPARATION ET REPONSE AUX CATASTROPHES

• Structures organisationnelles locales pour PC / réponse d’urgence (p. ex. comités de préparation/ évacuation en cas de catastrophes.

• Système d’alerte précoce (SAP) à base communautaire et centrés sur les personnes en place auniveau local, qui génère des alertes sur les aléas à temps, fiables et appropriés, de manière àatteindre toute la collectivité.

• Il existe des plans de contingence au niveau communautaire et familial en place pour la sécher-esse, incluant la préservation de biens-clé (fourrage, eau et santé animale, etc.).

• Approvisionnement de secours (stocks tampon) en place, géré par la collectivité, seule ou enpartenariat avec d’autres organisations locales (y compris banques de céréales / semences).

1.2

2.1, 2.2, 2.3, 2.7

3.1 & 3.9

4.7

Note: Les 5 domaines thématiques sont ceux utilisés par John Twigg dans l’ouvrage « Caractéristiques d’une collectivité résiliente face aux catastrophes– Note d’orientation ». Les numéros de référence dans la colonne de droite correspondent à des caractéristiques spécifiques au sein d’une catégorie donnéedans la publication originale. Ces caractéristiques ont été sélectionnées sur base de leur mesurabilité et de leur pertinence avec les catastrophes audéroulement lent, en choisissant au moins deux par catégorie et en minimisant les redondances. Il ne s’agit pas forcément des caractéristiques les plusimportantes.

� 7.5 ANNEXE V – CARACTÉRISTIQUES D’UNE COMMUNAUTÉ RÉSILIENTE AUXCATASTROPHES, D’UNE PERSPECTIVE ‘SÉCURITÉ ALIMENTAIRE’

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Action Against Hunger – UKwww.actionagainsthunger.org.uk

Action contre la Faim – Francewww.actioncontrelafaim.org

Acción contra el Hambre – Spainwww.accioncontraelhambre.org

Action contre la Faim – Canadawww.actioncontrelafaim.ca

Action Against Hunger – USAwww.actionagainsthunger.org

100 Church Road, Teddington, TW11 8QE, United Kingdom. Tel: +44 (0) 845 355 8355www.tearfund.org Registered Charity No. 265464

Institute of Development Studies, at the University of Sussex,Brighton, BN1 9RE, United Kingdom.www.ids.ac.uk Registered Charity Number: 306371