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Chapitre 1. La mise en place du sexe phénotypique Tout individu possède une identité sexuelle et une identité sexuée qui peuvent être en concordance ou en discordance. Identité sexuelle est liée au sexe biologique présent à la naissance : l’individu est mâle ou femelle. L’identité sexuée est liée aux normes sociales attribuées à ce sexe biologique. Dès la naissance, garçons et filles sont éduqués et socialisés en fonction de ces modèles de masculinité et de féminité. La construction de l’identité sexuée est la résultante de l’interaction entre les facteurs biologiques, l’influence de la société et la capacité de l’individu et son désir d’être comme on attend qu’il soit. Dans le champ biologique, l’identité sexuée est donc fondée sur l’identité sexuelle. I/ Le sexe phénotypique Les caractéristiques sexuelles d’un individu se déterminent à différentes échelles. Tout d’abord à l’échelle de l’organisme : on parle de « sexe phénotypique ». Le phénotype correspond à l’ensemble des caractères que possède un individu. Les caractères sexuels primaires, c’est-à-dire acquis dès la naissance, ne sont pas les mêmes chez la fille et le garçon. Les caractères sexuels secondaires acquis à la puberté peuvent être communs ou spécifiques à chacun des deux sexes. Voir TP1 et TP2 Quelles sont les caractéristiques de l'identité sexuée d'un homme et d'une femme? A/ Les différences morpho-anatomiques : caractères sexuels primaires et secondaires Les caractères sexuels différencient l’homme et la femme. Ils s’expriment à différents niveaux. L’ensemble des ces caractères sexuels (primaires et secondaires) sont à l’origine des différences entre les 2 sexes que l’on appelle : dimorphisme sexuel. Les caractères sexuels secondaires correspondent à différents caractères mis en place à la puberté : Morphologiques : taille, pilosité, musculature, seins, élargissement du bassin chez la femme, élargissement de la cage thoracique chez l’homme, développement de la pomme d’Adam et voix grave chez l’homme. Physiologiques : métabolisme basal plus élevé chez l’homme, règles chez les femmes, éjaculations chez l’homme. Comportementaux : douceur/ agressivité, sensibilité, attirance sexuelle (libido)…

Chapitre 1. La mise en place du sexe phénotypique...est impliqué dans la différenciation des gonades en testicules. Ainsi on peut affirmer que le sexe génétique d’un individu

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Page 1: Chapitre 1. La mise en place du sexe phénotypique...est impliqué dans la différenciation des gonades en testicules. Ainsi on peut affirmer que le sexe génétique d’un individu

Chapitre 1. La mise en place du sexe phénotypique

Tout individu possède une identité sexuelle et une identité sexuée qui peuvent être en concordance

ou en discordance. Identité sexuelle est liée au sexe biologique présent à la naissance : l’individu

est mâle ou femelle.

L’identité sexuée est liée aux normes sociales attribuées à ce sexe biologique. Dès la naissance,

garçons et filles sont éduqués et socialisés en fonction de ces modèles de masculinité et de féminité.

La construction de l’identité sexuée est la résultante de l’interaction entre les facteurs biologiques,

l’influence de la société et la capacité de l’individu et son désir d’être comme on attend qu’il soit. Dans

le champ biologique, l’identité sexuée est donc fondée sur l’identité sexuelle.

I/ Le sexe phénotypique

Les caractéristiques sexuelles d’un individu se déterminent à différentes échelles.

Tout d’abord à l’échelle de l’organisme : on parle de « sexe phénotypique ».

Le phénotype correspond à l’ensemble des caractères que possède un individu. Les caractères sexuels

primaires, c’est-à-dire acquis dès la naissance, ne sont pas les mêmes chez la fille et le garçon. Les

caractères sexuels secondaires acquis à la puberté peuvent être communs ou spécifiques à chacun des

deux sexes.

Voir TP1 et TP2

Quelles sont les caractéristiques de l'identité sexuée d'un homme et d'une femme?

A/ Les différences morpho-anatomiques : caractères sexuels primaires et secondaires

Les caractères sexuels différencient l’homme et la femme. Ils s’expriment à différents niveaux.

L’ensemble des ces caractères sexuels (primaires et secondaires) sont à l’origine des différences

entre les 2 sexes que l’on appelle : dimorphisme sexuel.

Les caractères sexuels secondaires correspondent à différents caractères mis en place à la

puberté :

Morphologiques : taille, pilosité, musculature, seins, élargissement du bassin chez la femme,

élargissement de la cage thoracique chez l’homme, développement de la pomme d’Adam et voix

grave chez l’homme.

Physiologiques : métabolisme basal plus élevé chez l’homme, règles chez les femmes,

éjaculations chez l’homme.

Comportementaux : douceur/ agressivité, sensibilité, attirance sexuelle (libido)…

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Source : Human body features-fr.svg, Par Jmarchn via Wikimedia commons, CC-BY-SA-3.0, modifié par Sandra Rivère, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Human_body_features-fr.svg

À l’échelle des organes reproducteurs, on note une organisation presque similaire, à savoir la

présence de deux gonades et des voies de communication vers l’extérieur. On parle de sexe

gonadique.

On appelle « gonade », un organe sexuel qui produit des gamètes ou cellule reproductrice. On observe

ainsi chez les hommes des testicules qui produisent des spermatozoïdes et chez les femmes deux

ovaires qui produisent des ovules. On parle d'identité sexuelle à l'échelle cellulaire.

L’identification du sexe d’un enfant peut se faire in utero par échographie dès le quatrième mois de

grossesse. À ce stade, les gonades jusqu’alors indifférenciée, présentent une structure différenciée,

c’est-à-dire soit masculine (testicule) soit féminine (ovaire).

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L’appareil génital adulte est un appareil différencié qui correspond aux caractères sexuels primaires

et qui comprend :

Des gonades (ou glandes sexuelles): testicules ou ovaires.

Un tractus génital composé de :

voies génitales (spermiducte aussi appelé canal déférent; urètre; épididyme ou

oviducte aussi appelé trompe; utérus ; col de l'utérus; vagin)

glandes génitales annexes (ex : prostate chez l’homme)

organes génitaux externes (pénis ou vulve)

B/ la détemination du sexe

Toutes les cellules d’un individu sont sexuées.

La détermination du sexe de l’enfant se réalise dès la fécondation. En effet chaque gamète

transporte un lot de 23 chromosomes et l’union des deux, rétablit le caryotype : 46 chromosomes

soient 23 paires seront à l’origine de l’édification du nouvel individu.

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Tableau de croisement permettant d’évaluer la proportion de garçon et de filles

La comparaison des caryotypes d’un garçon et d’une fille révèle la présence de chromosomes sexuels

appelés « gonosomes » identiques chez la fille et différents chez le garçon.

Chez l'homme, dans chaque cellule, on retrouve 46 chromosomes ou 23 paires avec en paire N°23 la

paire de chromosomes sexuels appelés gonosomes = XY.

Chez la femme, dans chaque cellule, on retrouve aussi 46 chromosomes ou 23 paires avec en paire

N°23 la paire de chromosomes sexuels appelés gonosomes = XX.

Caryotype d’une femme: Caryotype d’un homme:

La présence de chromosome Y, inexistant chez la fille, laisse supposer qu’il est responsable de la

différenciation des gonades en testicules et donc de la mise en place de l’appareil reproducteur

masculin.

Certains individus présentant des anomalies de caryotype permettent de confirmer le rôle de ce

gonosome Y. Les individus atteints du syndrome de Klinefelter présentent caryotype XXY et sont de

sexe masculin tout en présentant quelques caractères secondaires féminins.

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Caryotype d’un homme atteint du syndrôme de

Klinefelter Phénotype

Homme avec 47 chromosomes par cellule, bras et jambes disproportionnés, pas de retard mental. Dans 20% des cas, apparition de caractères sexuels secondaires féminins ; un traitement à la testostérone permet d’éliminer ces caractères secondaires.

Les individus atteints du syndrome de Turner de caryotype X0 sont de sexe féminin mais si les

ovaires sont présents, ils ne sont pas fonctionnels et les voies génitales peuvent présenter des

anomalies de formation.

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Caryotype d’une femme atteinte du syndrôme de

Turner Phénotype

Femme avec 45 chromosomes par cellule , petite taille, stérile, peu de caractères sexuels secondaires. replis de peau qui relient le cou à l’épaule.

Ainsi le gonosome X semble déterminer le sexe féminin et le gonosome Y semble déterminer le sexe

masculin. Le gonosome Y porte peu de gènes.

Carte du chromosome Y :

source : YChromShowingSRY2.png Par Je_at_uwo , domaine public, via Wikimédia Commons, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:YChromShowingSRY2.png

Il existe des garçons de caryotype XX qui possèdent sur l’un de leur gonosome X, un gène appelé SrY

normalement présent à l’extrémité supérieure du gonosome Y. Cette translocation accidentelle chez

le père du gène SrY du chromosome Y sur le chromosome X permet d’émettre l’hypothèse que c’est

ce gène qui est responsable de la masculinisation des gonades.

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L’étude du gène SrY du gonosome Y d’individu XY de sexe génétique masculin mais présentant un sexe

gonadique féminin, révèle la présence d’une mutation dans celui-ci. La preuve est faite que le gène SrY

est impliqué dans la différenciation des gonades en testicules.

Ainsi on peut affirmer que le sexe génétique d’un individu est responsable du sexe gonadique de

celui-ci.

Comment se met en place l’identité sexuelle chez l’être humain de la fécondation à la puberté?

- De la fécondation à environ 8 semaines de développement embryonnaire, la différence

sexuellene s’exprime pas : on dit que le phénotype sexuel est indifférencié.

En effet, les 1er stades de la vie fœtale sont caractérisés par des structures identiques chez l’homme

et la femme: on a la présence de gonades indifférenciées.

- Ce n’est qu’au bout de la 8ème semaine de développement embryonnaire que les gonades vont

se différencier et ce en fonction d e la présence ou non du gène SRY (Sex determining

Region of Y) localisé normalement sur le chromosome Y.

Remarque : durant la méiose, une translocation du gène SRY sur un chromosome X ou une délétion de SRY sur un chr Y entraine

après fécondation une inversion sexuelle par rapport au sexe de base de l’embryon. On obtient ainsi une cellule œuf femelle XX

mais de phénotype sexuel masculin ou une cellule œuf mâle XY mais de phénotype sexuel féminin.

- entre 9 semaines de développement embryonnaire et la puberté : mise en place du sexe

phénotypique (caractéres sexuels primaires)

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Chez l'homme, la présence des testicules va permettre la sécrétion d’hormones mâles qui vont

permettre de différencier le tractus génital du côté masculin.

Chez la femme, l'absence de testicules conduit à l'absence d'hormones mâles conduisant à la

différenciation du tractus génital du côté féminin.

Le phénotype sexuel est alors totalement différencié mais non fonctionnel.

- A la puberté, le phénotype sexuel devient fonctionnel (page 217).

Les hormones produites par les gonades différenciées jouent donc un rôle prépondérant dans le

fonctionnement des appareils reproducteurs. La mesure de leur taux dans le sang révèle leur présence

dès le début de la puberté corrélée à l’apparition des premiers caractères sexuels secondaires.

A la puberté, autour de 12 ans en moyenne chez les filles et 14 ans chez les garçons, les gonades (ovaires ou

testicules) vont sécréter une très grande quantité d’hormones sexuelles (œstrogènes et progestérone chez les filles

et testostérone). Ce pic hormonal conduit à :

L'apparition et au développement des caractères sexuels secondaires. La fonctionnalité de l’appareil génital qui peut désormais produire des gamètes (ovule ou

spermatozoïde). Le sexe anatomique est alors fonctionnel. La procréation devient alors possible. BILAN :

La mise en place de l’organisation et de la fonctionnalité des appareils sexuels se réalise sur une longue

période qui va de la fécondation à la puberté.

A partir de la puberté, le fonctionnement des organes reproducteurs est contrôlé par les hormones chez

l’espèce humaine.

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Les gonades inactives pendant l’enfance ont donc été activées, ce qui est l’origine du déclenchement

de la puberté. Ce sont des hormones produites par l’hypophyse, la LH et la FSH et dont les cellules

LH et FSH sont des hormones sécrétées par

l'hypophyse (petite glande située au centre

du cerveau).

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cibles sont les cellules des testicules ou des ovaires, qui sont responsables de cette activation.

Le sexe génétique est responsable du sexe gonadique lui-même responsable du sexe phénotypique.

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III/Cerveau, plaisir et sexualité.

On appelle sexualité, l’ensemble des mécanismes physiologiques qui concourent au rapprochement des

sexes et à la reproduction de l’espèce. Chez l’être humain, c’est précisément l’ensemble des activités

qui par l’union des sexes et le rapprochement des corps, aboutissent au plaisir physique et psychique,

qu’il y ait désir de reproduction ou pas.

A/ Le contrôle hormonal de l'activité sexuelle

Chez les mammifères non primates, l’activité sexuelle est sous contrôle hormonal alors que chez

les mammifères primates elle ne l’est pas totalement. En effet chez la rate, on observe une

activité sexuelle accrue durant les heures précédant ou suivant l’ovulation et une inhibition en dehors

des périodes ovulatoires.

Activité sexuelle de la rate :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dissociation_des_activit%C3%A9s_sexuelles_de_la_reproduction.png?uselang=fr

Chez la rate, on peut observer une activité sexuelle assez accrue avant l’ovulation. Chez les Bonobo

mâles, une étude dans un zoo belge a montré que chez eux l’activité sexuelle non liée à l’accouplement

à but reproductif augmentait proportionnellement au taux sanguin de testostérone. Les hormones

opèrent donc bien un contrôle sur l’activité sexuelle des primates.

Cependant chez la femme, mammifère primate, on observe une activité sexuelle continue et

dissociée du cycle hormonal.

Activité sexuelle de la femme :

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La castration des Bonobo mâles réduit leur activité sexuelle sans pour autant la supprimer et ce

pas de manière immédiate mais au bout de plusieurs mois. Chez l’Homme, on peut citer le cas bien

connu des castrats choisis par ces dames car avec eux, il était possible d’avoir des rapports sans

craindre de grossesse.

Le célèbre castrat Farinelli :

Bartolomeo Nazari - Portrait de Farinelli 1734

Ceux-ci ont subi à l’âge de six ou huit ans une section du cordon spermatique contenant les nerfs et

vaisseaux sanguins alimentant les testicules qui finissaient alors par disparaître. Or sans la

testostérone produite par ceux-ci, les jeunes garçons ne développaient pas de caractères sexuels

secondaires. Ainsi la mue de la voix ne s’effectuait pas et ils conservaient une tessiture très

étendue. Ils pouvaient cependant avoir des érections et des rapports sexuels. Cela induit donc un

contrôle de nature autre qu’hormonal : un contrôle nerveux.

B) Le contrôle nerveux de l'activité sexuelle

Chez l’homme, l’activité sexuelle ne découle donc pas d’un comportement de reproduction mais d’un

comportement dit « érotique » se traduisant par des activités variées (caresses, baisers,…)

correspondant à des simulations de zones riches en terminaisons nerveuses dites « érogènes » car

générant du plaisir.

Le baiser de Rodin :

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Le facteur majeur de l’apprentissage du comportement érotique correspond à la mise en jeu de

mécanismes cérébraux impliquant un circuit appelé « circuit de la récompense ».

Ce dernier fut mis en évidence par Skinner en 1938 mais localisé par hasard en 1950 par Olds et

Milner. Ces derniers testaient le centre nerveux de la vigilance de rats. Ils leurs avaient implanté à

chacun une électrode dans l’hypothalamus afin de les stimuler et d’induire chez eux un comportement

d’évitement de certaines zones de leur cage associée à des décharges électriques.

Un rat a fait exception à la règle : au lieu de fuir les chocs électriques envoyés par les générateurs

disposés à certains endroits de la cage, ce dernier semblait les rechercher. Pour comprendre ce

comportement hors norme, Olds le disséqua et découvrit que l’électrode de stimulation cérébrale

n’était pas implantée dans l’hypothalamus mais dans le septum, une zone voisine. Il réalisa alors de

nouveaux tests en implantant les électrodes dans ce septum. Il installa dans les cages une pédale

génératrice d’impulsions ainsi qu’une gamelle contenant de la nourriture. À partir du moment où un rat

activa par inadvertance la pédale, il constata que celui-ci délaissait sa gamelle, source de

nourriture, au profit de l’activation de cette pédale génératrice d’impulsions dans le septum. Les rats

appuyaient sans discontinuer et de manière compulsive sur la pédale et ce jusqu’à 6000 fois par

heure. La stimulation électrique procurait plus de plaisir que l’assimilation de nourriture : Olds avait

localisé une partie du système de récompense appelé également système de renforcement.

Expérience de Olds et Milner, 1950Source : Sandra Rivière ©RS.2019

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Dans le cerveau humain, ce circuit de la récompense fait intervenir plusieurs zones

interconnectées. Le neuromédiateur de ce système est la « dopamine » appelée « molécule du plaisir

». Des zones du cerveau responsables de la mémoire (cortex préfrontal) sont également activées et

nous avons alors tendance à reproduire les actions suivies d’une sensation de plaisir. Ainsi la vue d’un

gâteau au chocolat identique à celui que notre grand-mère adorée nous faisait quand on était petit,

nous fait saliver d’avance et nous donne envie de manger pour retrouver le plaisir ancré dans nos

souvenirs. C’est également ce même circuit qui est impliqué dans la dépendance à l’alcool et à la

nicotine ou encore aux drogues. Avec les techniques modernes (IRM) ce circuit dorénavant bien

connu. Il démarre par l’aire tegmentale ventrale où confluent des informations d’autres régions

cérébrales qui l’informent sur le niveau de satisfaction des besoins fondamentaux. Elle transmet

ensuite cette information au noyau accumbens, au septum et à d’autres régions, ce qui aura un effet

de renforcement sur des comportements permettant de satisfaire ces besoins fondamentaux.

Système ou circuit de la récompense chez l’Homme :

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Syst%C3%A8me_de_recompense_-_Sch%C3%A9ma_g%C3%A9n%C3%A9ral.jpg?uselang=fr

Chez les mammifères non primates, le comportement sexuel est stéréotypé, saisonnier et soumis à une forte

influence des hormones sexuelles. Les rapports sexuels n'ont lieu qu'en période de fécondité; l'objectif

essentiel étant la reproduction pour faire perdurer l'espèce.

Chez l’espèce humaine, l'influence des hormones sexuelles sur l'activité sexuelle existe mais elle est très peu

significative.

Il existe des activités érotiques (baiser, caresses...) qui ne sont pas associées à une activité reproductrice

et aussi une activité sexuelle toute l'année. Cela est lié à la recherche d'une sensation de plaisir.

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En revanche, on note chez l'homme comme chez la femme, une influence prépondérante du système de

récompense dans la réalisation de la sexualité.

Le système de récompense est un ensemble de zones cérébrales interconnectées qui communiquent entre elles

notamment par l'intermédiaire de la dopamine (molécule du plaisir). Lorsque ces zones cérébrales sont

activées, elles procurent une sensation de plaisir.

On précisera que ce système de récompense n’est pas l’unique motivation de la sexualité humaine. Ainsi, les

facteurs cognitifs et affectifs ainsi que le contexte socio-culturel ont aussi une influence majeure sur le

comportement sexuel humain.

Enfin, ce système de récompense peut être activé en dehors d’une activité sexuelle, par exemple lors de la prise de

nourriture.

Remarque: le système de récompense existe chez d'autres mammifères non hominoïdes mais il n'est pas dominant.

BILAN:

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Chez l’homme et la femme, le système nerveux est impliqué dans la réalisation de la sexualité.

Le plaisir repose notamment sur des mécanismes biologiques, en particulier l’activation dans le cerveau du

système de récompense.

Les facteurs affectifs et cognitifs ainsi que le contexte culturel ont une influence majeure sur le

comportement sexuel humain.

C) L'influence de la société sur l'activité sexuelle

Ce renforcement sera influencé également par le contexte culturel et social. Dans une société, s’il

existe une forte reconnaissance de l’hétérosexualité liée à une forte homophobie, les jeunes

adolescents développeront de manière plus probable des scénarios hétérosexuels. Cela s’est observé

en Allemagne du Nord à Hambourg dans les années 70, période de révolution sexuelle. A cette

époque, 10 % des adolescents avaient alors des activités homosexuelles alors que 20 ans après ils

n’étaient plus que 2 %. Cela s’est expliqué à l’époque par l’apparition du sida, la crainte du milieu

homosexuel méconnu et les changements culturels.

Ainsi si l’identité sexuée correspond au fait de se sentir homme ou femme, d’être reconnu

socialement comme tel(le), sa construction correspond à la résultante de l’interaction entre les

facteurs biologiques, l’influence de la société et la capacité de l’individu et son désir d’être comme

on attend qu’il soit. Ainsi l’individu peut être en accord ou en divergence avec cette norme imposée

et/ou avec le sexe biologique qu’il possède, d’où le besoin pour certains de changer de sexe. On

parlera dans ce cas de « transsexualisme » ou de « transgenre », c’est-à-dire le fait de se sentir

femme dans le corps d’un homme ou de se sentir homme dans le corps d’une femme.

Laverne Cox, actrice transgenre américaine

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Laverne_Cox_at_Paley_Fest_Orange_Is_The_New_Black.jpg

Dans certains pays est reconnu un troisième sexe : ces individus ni hommes ni femmes, à la fois

femmes et hommes possèdent les deux sexes incomplètement formés. En 2013 en Allemagne une loi

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est votée pour permettre l’enregistrement sous le sexe « indéterminé », des enfants dont les organes

génitaux sont difficiles à définir comme masculins ou féminins.

On peut citer comme autre cas particulier de genre, le cas des « Mahus » en Polynésie française

encore nombreux au début du siècle dernier et moins aujourd’hui. Il s’agit d’hommes élevés dès la

naissance comme des femmes. Ils devaient accomplir les tâches normalement dévolues aux femmes et

pouvaient avoir une vie sexuelle et être en couple avec un homme ou une femme sans être considérés

comme homosexuels.

Le Sorcier d’Hiva ou Mahu

Paul Gauguin - Le Sorcier d'Hiva

Aujourd’hui dans de nombreuses sociétés les rôles sexuels attribués à chacun des 2 sexes sont de

plus en plus remis en question. En France les lois sur l’égalité des sexes soulignent cette évolution,

brisant les stéréotypes le plus souvent dévalorisants pour le sexe féminin.

Stéréotype de la femme dans les années 1950

Femme au foyer année 1950 par ArtsyBee

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De même les sociétés modernes reconnaissent de plus en plus la liberté à chacun de son orientation

sexuelle qu’elle soit en lien ou pas avec son identité sexuée. On peut :

être un homme, se sentir homme et aimer un homme ou une femme,

être un homme, se sentir femme et aimer un homme ou une femme,

être une femme se sentir femme et aimer un homme ou une femme

être une femme, se sentir homme et aimer un homme ou une femme.

Se sentir asexué, c’est-à-dire n’appartenant à aucun sexe.

à gauche le symbole "transgenre"

source : https://svgsilh.com/fr/image/2417531.html

En France la loi Taubira de 2013 légalise le mariage entre deux personnes de même sexe. Il est

également reconnu dans d'autres pays indiqués en bleu marine sur la carte ci-dessous :

Lois mondiales sur l'égalité des mariages, https://commons.wikimedia.org/wiki/File:World_marriage-

equality_laws_(up_to_date).svg

L’article huit de la Convention européenne des droits de l’Homme reconnaît que l’orientation sexuelle

est un élément constitutif de la vie privée et toute atteinte qui lui est portée est considérée comme

une violation de celui-ci.

Schéma bilan : Les différents champs de la sexualité humaine

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