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Chirurgie it erative aortique sous-r enale. Morbi-mortalit e pr ecoce et tardive a propos de 61 observations. Mathieu Poirier, 1 Eugenio Rosset, 1 Bruno Aublet cuvelier, 1 Jean-Pierre Favre, 2 Jean-Pierre Ribal, 1 Xavier Barral, 2 Clermont-Ferrand, et Saint-Etienne, France Le but de cette etude a et e d’analyser les r esultats pr ecoces et tardifs de la chirurgie aortique it erative apr es pontage proth etique de l’aorte sous-r enale. Les observations des CHU de Clermont-Ferrand et Saint-Etienne ont et e regroup ees. Entre Janvier 1993 et D ecembre 2001, 61 patients (59 hommes, 2 femmes, a ˆ ge moyen 65 ans) ont b en efici e, par abord direct de l’aorte, du changement complet ou partiel d’une restauration aortique pr ec edemment r ealis ee. Trois indications imposant la r eintervention ont et e distingu ees : 23 patients pr esentaient une infection proth etique (37%), 17 une pathologie occlusive (28%), 21 une pathologie an evrysmale (34%). Les possibilit es d’un traitement m edical ou d’un traitement endoluminal avaient et e epuis ees. Le d elai moyen de r eintervention a et e de 101 mois (1 a 294 mois). Dix-huit interventions ont eu lieu en urgence. Une proth ese en Dacron a et e utilis ee 45 fois, une allogreffe art erielle 15 fois et du mat eriel veineux autog ene une fois. Dans 22 cas (36%) une revascularisation visc erale, r enale, ou sous-crurale a et e associ ee. Quatre d ec es (6,5%) post-op eratoires sont survenus : trois chez des patients pr esentant une infection proth etique et un une pathologie occlusive. Le taux global de morbidit ea et e de 64%. Douze complications chirurgicales vasculaires (19%) ont n ecessit e une r eintervention : 7 isch emies de membre, 3 h emorragies, 2 isch emies coliques. Les facteurs pr eop eratoires favorisant la survenue d’une complication s ev ere ont et e : le contexte septique, l’insuffisance r enale, les patients class es ASA 3 ou 4. Le suivi a concern e les 57 patients sur- vivants et a et e de 43 mois en moyenne (4 a 105). La survie actuarielle a et e de 80,7% a 3 ans et etait comparable a celle observ ee apr es chirurgie aortique sous-r enale de premi ere intention. La perm eabilit e globale primaire et secondaire a 3 ans a et e respectivement de 66,4% ± 6,7 et de 94,6 ± 3. Aucune amputation majeure n’a et e observ ee. Dans notre s erie qui comporte 37% de patients septiques et pr es de 30% de patients op er es en urgence, la chirurgie it erative aortique a entrain e respectivement une mortalit e et une morbidit e 2 et 4 fois plus importante que la chirurgie aortique sous-r enale de premi ere intention. A long terme la survie des patients et le taux de conservation de membre sont comparables a ceux de la chirurgie de premi ere intention. INTRODUCTION La restauration chirurgicale aortique suivie de la mise en place d’une proth ese pour mise a plat- greffe ou pontage est l’intervention consid er ee comme le « gold standard » dans le traitement des an evrysmes aortiques sous-r enaux 1 ou de la mala- die occlusive aortoiliaque. 2 Les r esultats a long terme des restaurations proth etiques sont tr es satis- faisants 1 mais n eanmoins marqu es par l’apparition d’un certain nombre de complications pouvant imposer la n ecessit e d’une nouvelle intervention, afin d’en maintenir le b en efice. Ces complications peuvent e ˆtre infectieuses, occlusives (st enoses ou DOI of original article: 10.1016/j.avsg.2009.03.013. Pr esent e au XIX eme Congr es Annuel de la Soci et e de Chirurgie Vasculaire de Langue Franc ¸aise, Marseille, France, 26 - 29 Juin 2004. 1 Service de chirurgie vasculaire, CHU de Clermont-Ferrand, Hoˆpital Gabriel Montpied, Clermont-Ferrand. 2 service de chirurgie vasculaire, CHU de Saint-Etienne, Hoˆpital Nord, Saint-Etienne, France. Correspondance : Eugenio ROSSET, service de chirurgie vasculaire, Hoˆpital Gabriel Montpied, Rue Montalembert, 63000 CLERMONT- FERRAND, France, E-mail: [email protected] Ann Vasc Surg 2009; 23: 729e737 DOI: 10.1016/j.acvfr.2010.03.010 Ó Annals of Vascular Surgery Inc. Edit e par ELSEVIER MASSON SAS 791

Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

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Page 1: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

DOI of or

Pr�esent�e aVasculaire de L

1Service deGabriel Montp

2service deNord, Saint-E

CorrespondHopital GabriFERRAND, Fr

Ann Vasc SurgDOI: 10.1016/� Annals of V�Edit�e par ELS

Chirurgie it�erative aortique sous-r�enale.Morbi-mortalit�e pr�ecoce et tardive �a proposde 61 observations.

Mathieu Poirier,1 Eugenio Rosset,1 Bruno Aublet cuvelier,1 Jean-Pierre Favre,2

Jean-Pierre Ribal,1 Xavier Barral,2 Clermont-Ferrand, et Saint-Etienne, France

Le but de cette �etude a �et�e d’analyser les r�esultats pr�ecoces et tardifs de la chirurgie aortiqueit�erative apr�es pontage proth�etique de l’aorte sous-r�enale. Les observations des CHU deClermont-Ferrand et Saint-Etienne ont �et�e regroup�ees. Entre Janvier 1993 et D�ecembre 2001,61 patients (59 hommes, 2 femmes, age moyen 65 ans) ont b�en�efici�e, par abord direct de l’aorte,du changement complet ou partiel d’une restauration aortique pr�ec�edemment r�ealis�ee. Troisindications imposant la r�eintervention ont �et�e distingu�ees : 23 patients pr�esentaient une infectionproth�etique (37%), 17 une pathologie occlusive (28%), 21 une pathologie an�evrysmale (34%).Les possibilit�es d’un traitement m�edical ou d’un traitement endoluminal avaient �et�e �epuis�ees. Led�elai moyen de r�eintervention a �et�e de 101 mois (1 �a 294 mois). Dix-huit interventions ont eu lieuen urgence. Une proth�ese en Dacron a �et�e utilis�ee 45 fois, une allogreffe art�erielle 15 fois et dumat�eriel veineux autog�ene une fois. Dans 22 cas (36%) une revascularisation visc�erale, r�enale,ou sous-crurale a �et�e associ�ee. Quatre d�ec�es (6,5%) post-op�eratoires sont survenus : trois chezdes patients pr�esentant une infection proth�etique et un une pathologie occlusive. Le taux globalde morbidit�e a �et�e de 64%. Douze complications chirurgicales vasculaires (19%) ont n�ecessit�eune r�eintervention : 7 isch�emies de membre, 3 h�emorragies, 2 isch�emies coliques. Les facteurspr�eop�eratoires favorisant la survenue d’une complication s�ev�ere ont �et�e : le contexte septique,l’insuffisance r�enale, les patients class�es ASA 3 ou 4. Le suivi a concern�e les 57 patients sur-vivants et a �et�e de 43 mois en moyenne (4 �a 105). La survie actuarielle a �et�e de 80,7% �a 3 ans et�etait comparable �a celle observ�ee apr�es chirurgie aortique sous-r�enale de premi�ere intention. Laperm�eabilit�e globale primaire et secondaire �a 3 ans a �et�e respectivement de 66,4% ± 6,7 et de94,6 ± 3. Aucune amputation majeure n’a �et�e observ�ee. Dans notre s�erie qui comporte 37% depatients septiques et pr�es de 30% de patients op�er�es en urgence, la chirurgie it�erative aortique aentrain�e respectivement une mortalit�e et une morbidit�e 2 et 4 fois plus importante que la chirurgieaortique sous-r�enale de premi�ere intention. A long terme la survie des patients et le taux deconservation de membre sont comparables �a ceux de la chirurgie de premi�ere intention.

iginal article: 10.1016/j.avsg.2009.03.013.

u XIX�eme Congr�es Annuel de la Soci�et�e de Chirurgie

angue Francaise, Marseille, France, 26 - 29 Juin 2004.

chirurgie vasculaire, CHU de Clermont-Ferrand, Hopitalied, Clermont-Ferrand.

chirurgie vasculaire, CHU de Saint-Etienne, Hopitaltienne, France.

ance : Eugenio ROSSET, service de chirurgie vasculaire,el Montpied, Rue Montalembert, 63000 CLERMONT-ance, E-mail: [email protected]

2009; 23: 729e737j.acvfr.2010.03.010ascular Surgery Inc.EVIER MASSON SAS

INTRODUCTION

La restauration chirurgicale aortique suivie de la

mise en place d’une proth�ese pour mise �a plat-

greffe ou pontage est l’intervention consid�er�ee

comme le « gold standard » dans le traitement des

an�evrysmes aortiques sous-r�enaux 1 ou de la mala-

die occlusive aortoiliaque.2 Les r�esultats �a long

terme des restaurations proth�etiques sont tr�es satis-

faisants 1 mais n�eanmoins marqu�es par l’apparition

d’un certain nombre de complications pouvant

imposer la n�ecessit�e d’une nouvelle intervention,

afin d’en maintenir le b�en�efice. Ces complications

peuvent etre infectieuses, occlusives (st�enoses ou

791

Page 2: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

792 Poirier et al. Annales de chirurgie vasculaire

thromboses) ou caract�eris�ees par l’apparition

d’an�evrysmes ou de faux an�evrysmes. Selon les cas

un traitement chirurgical limit�e �a un site anasto-

motique f�emoral ou �a un geste endoluminal peut

suffire �a traiter la complication. Dans de rares cas une

chirurgie it�erative aortique comportant un nouveau

clampage aortique et le changement total ou partiel

de la proth�ese, d�ej�a mise en place, peut etre rendu

n�ecessaire.

Compte tenu du peu de donn�ees rencontr�ees dans

la litt�erature,1e5 le but de notre �etude a �et�e d’�evaluer

les r�esultats pr�ecoces et �a long terme de la chirurgie

aortique it�erative en analysant r�etrospectivement

l’exp�erience de deux services de chirurgie vasculaire.

Fig. 1. Tomodensitom�etrie aortique pr�eop�eratoireaortique

d’un patient du groupe de pathologie infectieuse, montrant

une collection p�eri-proth�etique associ�ee �a des images

gazeuses signant l’origine infectieuse de l’�epanchement.

Fig. 2. Art�eriographie pr�eop�eratoire aortoiliaque d’un

patient du groupe de pathologie occlusive, montrant une

occlusion de branche gauche de proth�ese associ�ee �a une

st�enose post-anastomotique de branche droite et une

surcharge aortique en amont de l’anastomose termino-

lat�erale aorto-proth�etique.

MALADES ET METHODES

Entre Janvier 1993 et D�ecembre 2001, parmi 2110

patients ayant b�en�efici�e d’une restauration aortique

au CHU de Clermont-Ferrand et de Saint-Etienne,

61 patients ont b�en�efici�e, par abord direct de l’aorte,

du changement complet ou partiel d’une restauration

aortique proth�etique sous-r�enale pr�ec�edemment

r�ealis�ee. Il s’agissait de 59 hommes, 2 femmes, dont

la moyenne d’age �etait de 65 ans (extremes : 40 �a85 ans).

La pathologie trait�ee lors de l’implantation pro-

th�etique initiale sur l’aorte sous-r�enale avait �et�eune maladie an�evrysmale chez 16 patients (26%)

et occlusive chez 45 patients (74%). En premi�ere

intention, avaient �et�e implant�es 7 tubes proth�eti-

ques aorto-aortiques (12%), 5 proth�eses bifurqu�ees

aorto-bi-iliaques (8%) et 49 proth�eses bifurqu�ees

aorto-bi-f�emorales (80%).

Les patients ont �et�e r�epartis en trois groupes en

fonction de l’indication imposant la r�eintervention:

23 sepsis de proth�ese (38%), 17 pathologies occlusi-

ves (28%), 21 pathologies an�evrysmales (an�evrys-

mes de l’aorte native ou faux an�evrysmes) (Figs. 1,

2, 3) (34%).

Le tableau I montre les diff�erentes indications

des r�einterventions en fonction de la pathologie

aortique initialement trait�ee.

Les facteurs de risque et ant�ec�edents �etudi�es

sont r�esum�es dans le tableau II. Tabagisme et dysli-

pid�emie �etaient les plus fr�equemment retrouv�es.

Le score anesth�esique A.S.A. (American Society of

Anesthesiology), a �et�e cot�e dans plus de 80 % des cas

sup�erieur ou �egal �a 3, t�emoignant de la poly-

pathologie de la population �etudi�ee. Deux patients�etaient en dialyse chronique pr�eop�eratoire.

Le d�elai moyen de r�eintervention �etait de 101

mois (8,5 ans) avec des extremes de 1 et 294 mois.

La r�eintervention a �et�e pratiqu�ee en urgence, soit

dans les 24 heures ayant suivi l’admission, dans 18

cas (30%).

Parmi les 23 cas d’infection de proth�ese, onze ont�et�e op�er�es en urgence et douze ont b�en�efici�es d’une

chirurgie programm�ee. Dans la pathologie occlu-

sive, avec cinq cas op�er�es en urgence la distribution

est modale, respectant le taux moyen de 30%

d’urgence. Dans la pathologie an�evrysmale avec

seulement deux prises en charge en urgence sur

21 cas, le taux de chirurgie r�egl�ee d�epasse 90%.

Treize pontages aorto-aortiques (21%), 15

pontages aorto-bi-iliaque (25%), 33 pontages aorto-

bi-f�emoraux (54%) ont �et�e r�ealis�es. Dans la patho-

logie infectieuse, seulement trois pontages

Page 3: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

Fig. 3. Art�eriographie pr�eop�eratoire aortoiliaque d’un

patient du groupe de pathologie an�evrysmale, montrant

un faux an�evrysme sur l’anastomose aortique d’un

pontage aorto-bi-f�emoral. Noter la proximit�e des art�eres

r�enales.

Tableau I. Indications des r�einterventions

Pathologie initiale N Sepsis Ectasie Occlusion

Occlusive 45 15 15 15

An�evrysmale 16 8 6 2

Total 61 23 21 17

Vol. 23, No. 6, 2009 Chirurgie aortique it�erative 793

aorto-aortiques ont �et�e utilis�es (13%) tandis que 13

des 23 malades ont n�ecessit�e un pontage aorto-

bi-f�emoral. Un mat�eriel non-proth�etique a �et�eimplant�e dans 16 cas (15 allogreffes et 1 veine

autologue). Dans la pathologie occlusive, seulement

deux pontages aorto-aortiques ont �et�e utilis�es

(12%) tandis que 12 des 17 malades ont n�ecessit�eun pontage aorto-bi-f�emoral. Dans la pathologie

an�evrysmale, les trois types de restauration aorto-

aortique, aorto-bi-iliaque et aorto-bi-f�emoral �etai-

ent �egalement r�epartis.

Une restauration art�erielle associ�ee �a la reva-

scularisation aortoiliaque, a �et�e indiqu�ee chez 22

patients alors que seuls huit patients en avaient

b�en�efici�e lors de la premi�ere intervention. Sept

patients ont n�ecessit�e plusieurs revascularisations

incluant la r�ealisation de trois palettes visc�erales

(tableau III).

La voie d’abord a �et�e 55 fois transp�eriton�eale

comprenant 50 laparotomies m�edianes verticales et

cinq laparotomies transversales. Six abords r�etro-

p�eriton�eaux ont �et�e r�ealis�es par cinq thoraco-

phr�eno-lombotomies et une lombotomie simple.

Le clampage aortique a �et�e sous-r�enal 47 fois et

sus-r�enal 14 fois. Le temps de clampage aortique

moyen a �et�e de 57 minutes (extremes : 14 et 110

minutes). Le site d’implantation aortique a toujours�et�e sous-r�enal lors de la premi�ere intervention. Au

cours de la r�eintervention, la nouvelle implantation

a �et�e localis�ee sur l’aorte thoracique basse dans deux

cas, sur l’aorte cœliaque dans quatre cas, sur l’aorte

sus-r�enale dans deux cas, sur l’aorte sous-r�enale

dans les 53 cas restants. Une proth�ese en polyester

a �et�e utilis�ee dans 45 cas. Parmi les cas de sepsis,

15 ont b�en�efici�e d’une allogreffe art�erielle et 1

d’une reconstruction aorto-bi-f�emorale en veine

f�emorale superficielle autologue.

Le suivi des malades, apr�es leur sortie de l’hopital,

chez tous les patients a �et�e r�ealis�e �a un, trois puis

tous les six mois. La surveillance incluait l’examen

clinique g�en�eral et vasculaire et un examen �echo-

doppler. Une num�eration formule sanguine, un

ionogramme plasmatique, un examen tomodensi-

tom�etrique, une aorto-art�eriographie, n’�etaient

r�ealis�es que chez des patients s�electionn�es du fait

d’une anomalie des examens syst�ematiques. Une

actualisation �a la date de point du premier mai

2002 a �et�e r�ealis�ee par contact t�el�ephonique avec

le m�edecin g�en�eraliste, l’ang�eiologue ou le cardiolo-

gue, si leur derni�ere entrevue avec le malade datait

de moins de quatre mois. Le cas �ech�eant, un contact

direct t�el�ephonique avec le patient �etait pris.

La survie et la perm�eabilit�e ont �et�e calcul�ees selon

la m�ethode actuarielle et ont �et�e exprim�ees avec un

intervalle de confiance �a 95%. Les r�esultats ont �et�ecompar�es par le test du log rank. Le patient perdu

de vue a �et�e comptabilis�e comme « exclu vivant

ou perm�eable » �a la date de sa derni�ere consultation.

Les groupes de patients ont �et�e compar�es en utilisant

le test du « chi-2 ». Les associations ont �et�e con-

sid�er�ees comme statistiquement significatives pour

des valeurs de p < 0,05. Les analyses statistiques ont�et�e r�ealis�ees avec le logiciel SAS (Statistical Analysis

System) ; SAS System, Los Angeles, CA, USA. Les

variables qualitatives ont �et�e pr�esent�ees comme

moyenne ± 2 �ecart-types. Leur comparaison a fait

appel �a l’analyse de variance. Les d�efinitions uti-

lis�ees pour exprimer les r�esultats (survie, per-

m�eabilit�e) ont �et�e celles retenues par le Comit�e Ad

Hoc de la SVS/ISCVS.6

RESULTATS

R�esultats pr�ecoces

Les r�esultats pr�ecoces correspondent aux donn�ees

obtenues durant la p�eriode allant jusqu’au

Page 4: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

Tableau II. Facteurs de risque op�eratoires

Infectionproth�etique N¼23

Pathologieocclusive N¼17

Pathologiean�evrysmale N¼21

Total de las�erie N¼61

N % N % N % N %

Tabagisme 19 82,6 17 100,0 20 95,2 56 91,8

HTA 13 56,5 12 70,6 12 57,1 37 60,6

BPCO 4 17,4 4 23,5 4 19,0 12 19,6

Surpoids / Ob�esit�e 7 30,4 5 29,4 6 28,6 18 29,5

Diab�ete 4 17,4 6 35,3 1 4,8 11 18,0

Dyslipid�emie 18 78,3 17 100,0 18 85,7 53 87,0

I. r�enale 4 17,4 4 23,5 5 23,8 13 21,0

Coronaropathie 9 39,1 7 41,2 9 42,8 25 41,0

I. cardiaque - - 3 17,6 3 14,3 6 10,0

I. c�er�ebro-vasculaire 4 17,4 7 41,2 7 33,3 18 30,0

Chirurgie abdominale

it�erative

11 47,8 6 35,3 2 9,5 19 31,1

Ant�ec�edent chir. vasc. 11 47,8 11 64,7 11 52,4 33 54,1

Ethylisme chronique 6 26,0 5 29,4 5 23,8 16 26,2

ASA 3 ou 4 20 86,9 15 88,2 15 71,4 50 82,0

HTA : Hypertension art�erielle ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; I. : insuffisance .

Tableau III. Revascularisations associ�ees

Type N % Art�eres revascularis�ees N

Revascularisations

multiples

7 11,5 TC - AMS - r�enales 2

AMS - r�enales 1

R�enales - AMI 2

R�enale - sous-crurale 1

AII - Sous-crurale 1

Revascularisations

uniques

15 24,5 TC 1

AMS 0

R�enale 4

AMI 1

AII 1

Sous-crurale 8

Aucune

revascularisation

39 64,0

Total 61 100,0 22

TC : Tronc coeliaque ; AMS : Art�ere m�esent�erique sup�erieure ;

AMI : Art�ere m�esent�erique inf�erieure ; AII : Art�ere iliaque

interne.

794 Poirier et al. Annales de chirurgie vasculaire

trenti�eme jour post-op�eratoire et/ou la sortie du

patient de l’hopital.

Nous avons observ�e quatre d�ec�es post-op�eratoires

(6,5%) dont trois parmi les patients op�er�es pour

infection proth�etique ; deux d’entre eux s’�etaient

pr�esent�e avec une fistule aorto-digestive. Le qua-

tri�eme d�ec�es concernait un patient porteur de l�esions

occlusives. La diff�erence observ�ee dans les d�ec�es

en fonction de la pathologie ayant motiv�e la

r�eintervention n’�etait pas significative. Les causes de

d�ec�es dans les sepsis de proth�ese ont �et�e : un syn-

drome h�emorragique au douzi�eme jour post-

op�eratoire du �a des troubles de la coagulation chez

un patient cirrhotique ; un syndrome h�emorragique

au vingt-huiti�eme jour post-op�eratoire du �a la rup-

ture de branche d’homogreffe ; un infarctus du

myocarde survenu au trente-cinqui�eme jour post-

op�eratoire. Le d�ec�es du patient trait�e pour pathologie

occlusive �etait du �a un infarctus du myocarde sur-

venu au trenti�eme jour post-op�eratoire.

Le taux global de morbidit�e a �et�e de 64%. Trente-

neuf patients, incluant les quatre patients d�ec�ed�es

dans la p�eriode post-op�eratoire pr�ecoce, ont eu une

ou plusieurs complications post-op�eratoires. Seuls

22 patients �etaient indemnes de complications post-

op�eratoires. Le nombre et l’incidence, de toutes les

complications post-op�eratoires, fatales et non-

fatales, ont �et�e d�etaill�es dans le tableau IV.

L’analyse en nombre de complications corres-

pondait �a un total de 97 se r�epartissant chez 39

patients soit 2,5 complications par patient, chez les

patients non-indemnes de complications et 1,6

complication par patient, dans la population globale.

L’analyse unifactorielle des facteurs de risque et

tares associ�ees pr�eop�eratoires sur le nombre de

complication par patient (tableau V) montre que

seules l’insuffisance r�enale pr�eop�eratoire ( p¼ 0,023)

et un score ASA sup�erieur ou �egal �a 3 ( p ¼ 0,042)�etaient significativement associ�es �a une augmenta-

tion du nombre de complications post-op�eratoires.

Les variables dyslipid�emie et tabagisme n’ont pu etre�etudi�ees du fait d’un trop grand d�es�equilibre de

Page 5: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

Tableau IV. Morbidit�e Post-Op�eratoire

Population GlobaleN¼ 61

Complications N %

Respiratoire 12 19,7

Pneumopathie 11 18,0

Embolie pulmonaire 1 1,6

Cardiaque 4 6,5

Infarctus 2 3,2

Œd�eme aigu du poumon 2 3,2

R�enale/Ur�et�erale 21 34,4

I. r�enale aigue 15 24,6

I. r�enale aigue dialyse requ�erante 3 4,9

Ur�et�erale 3 4,9

C�er�ebro-Vasculaire 2 3,2

Accident isch�emique transitoire 1 1,6

Accident vasculaire c�er�ebral 1 1,6

Digestive 11 18,0

Insuffisance h�epatique 1 1,6

Pancr�eatite 3 4,9

Chol�ecystite 2 3,2

Isch�emie colique 3 4,9

Occlusion 2 3,2

H�emorragique 15 24,6

Choc 2 3,2

CIVD/Coagulopathie 3 4,9

H�emorragie postop�eratoire 5 8,2

H�emorragie digestive 5 8,2

Infectieuse 19 31,1

Choc septique 2 3,2

Septic�emie 13 21,3

Abc�es profond 4 6,5

Vasculaire 13 21,3

Isch�emie de membre 10 16,4

Thrombose veineuse proximale 2 3,2

Thrombop�enie induite �al’h�eparine type II

1 1,6

TOTAL 97

I., insuffisance ; CIVD, coagulation intravasculaire diss�emin�ee.

Tableau V. Analyse unifactorielle des facteurs de

risque et tares associ�ees pr�e-op�eratoires sur le

nombre de complications par patient

Variables p

Insuffisance r�enale < 0,05

ASA 3 ou 4 < 0,05

Broncho-pneumopathie chronique obstructive NS

Hypertension art�erielle NS

Coronaropathie NS

Insuffisance cardiaque NS

Insuffisance c�er�ebro-vasculaire NS

Diab�ete NS

Ob�esit�e NS

Ethylisme chronique NS

Chirurgie abdominale it�erative NS

NS : Non significatif

Vol. 23, No. 6, 2009 Chirurgie aortique it�erative 795

groupe avec seulement cinq non-fumeurs et huit

patients indemnes de dyslipid�emie dans la cohorte.

De meme, l’�etude de l’indication de la

r�eintervention sur la morbidit�e a �et�e r�ealis�ee. Il a�et�e retrouv�e, dans le groupe pathologie infectieuse

2,5 complications par patient, dans le groupe patho-

logie occlusive 1,2 complication par patient, dans le

groupe pathologie an�evrysmale 0,9 complication

par patient. Cette diff�erence, en nombre de compli-

cation par patient, en fonction de la pathologie

trait�ee �etait statistiquement significative ( p ¼0,013) pour chacun des trois groupes : il existait un

nombre de complications post-op�eratoires statisti-

quement plus important dans le groupe pathologie

infectieuse par rapport �a celui de pathologie

occlusive qui �etait lui-meme plus important que

celui de pathologie an�evrysmale.

L’�etude statistique univari�ee de la morbidit�e en

fonction du mode de prise en charge, en urgence

ou en chirurgie r�egl�ee, ne montrait pas de diff�erence

significative ( p ¼ 0,145).

L’�etude statistique univari�ee de la morbidit�e en

fonction du type de r�eintervention effectu�ee, geste

strictement intra-abdominal ou ayant n�ecessit�e un

abord f�emoral ne montrait pas de diff�erence signi-

ficative ( p ¼ 0,851).

Seize patients (26%) ont n�ecessit�e un total de

25 reprises chirurgicales pour complications post-

op�eratoires. Les complications vasculaires ont

int�eress�e 12 patients. L’isch�emie aigue, observ�ee

neuf fois chez sept patients constituait la plus

fr�equente des �etiologies de reprise dans la p�eriode

post-op�eratoire. Nous avons �egalement observ�e trois

h�emorragies ; une plaie de l’art�ere h�epatique par

l�esion intimale lors du clampage par sonde de

Fogarty et rupture �a 24 heures post-op�eratoire, un

h�ematome des grands droits n�ecessitant un drainage

chirurgical �a 48 heures post-op�eratoire, une rupture

de branche d’homogreffe au 21i�eme jour post-

op�eratoire. Deux isch�emies coliques n�ecessitant une

intervention de Hartmann ont �et�e observ�ees. Les

autres r�einterventions ont �et�e trois drainages d’abc�es

profond, impliquant dans deux cas un nouveau

changement du mat�eriel de reconstruction vascu-

laire, deux occlusions de l’intestin grele avec

r�ealisation d’une gastro-ent�ero-anastomose dans un

cas et ex�er�ese d’une masse il�eo-cæcale pseudo-

tumorale au contact d’une homogreffe dans l’autre

cas, deux chol�ecystites, deux fistules urinaires

pr�ecoces li�ees �a des plaies ur�et�erales trait�ees par

suture sur sonde ur�et�erale, une thrombose veineuse

Page 6: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

Tableau VI. Causes des d�ec�es tardifs

N D�elai (mois)

Cause cardiaque 4 12 ; 34 ; 41 ; 50

796 Poirier et al. Annales de chirurgie vasculaire

proximale, une thoracotomie pour embolie pulmo-

naire massive.

Aucune amputation majeure n’a �et�e r�ealis�ee dans

la p�eriode post-op�eratoire.

Cancer 4 21 ; 26 ; 39 ; 51

Complication vasculaire tardive 2 4 ; 12

Accident vasculaire c�er�ebral 1 103

Embolie pulmonaire 1 90

R�esultats tardifs

Insuffisance respiratoire 1 24

Alt�eration de l’�etat g�en�eral 2 12 ; 38

Fig. 4. Courbe de survie actuarielle des 61 patients.

Le suivi a concern�e les 57 patients survivants, et a�et�e, de 43 mois en moyenne (extremes : 4 et 105

mois). Un patient a �et�e perdu de vue, �a 60 mois de

suivi il �etait vivant et perm�eable.

Quinze d�ec�es tardifs ont �et�e observ�es. Deux

patients sont d�ec�ed�es cons�ecutivement �a des

complications vasculaires tardives : un patient est

d�ec�ed�e �a quatre mois, des cons�equences d’une

isch�emie de membre li�ee �a une thrombose de bran-

che de proth�ese non revascularis�ee. Ce patient

appartenait au groupe pathologie occlusive. Un

patient est d�ec�ed�e d’une rupture secondaire d’une

homogreffe douze mois apr�es sa mise en place. Ce

patient s’�etait initialement pr�esent�e avec une fistule

aorto-digestive. Les autres causes de d�ec�es observ�es

au cours du suivi �etaient sans relation directe avec le

geste chirurgical r�ealis�e (tableau VI).

La survie actuarielle �etait de 80,7% ± 5,9 �a 3 ans

(Fig. 4).

Les complications tardives �etaient repr�esent�ees

majoritairement par les complications occlusives.

Quatre patients ont n�ecessit�e le traitement chirurgi-

cal ou endovasculaire de cinq st�enoses sous-

anastomotiques distales : un patient a �et�e trait�e par

profondoplastie bilat�erale �a huit mois, deux patients

ont �et�e trait�es par angioplastie chirurgicale de la

bifurcation f�emorale �a 13 et 22 mois, un patient a �et�etrait�e par dilatation endoluminale de l’art�ere iliaque

interne, revascularisant l’art�ere f�emorale commune

en aval d’une occlusion de l’axe iliaque externe �a 15

mois. Douze thromboses de branches ont �et�eobserv�ees chez sept patients. Ces thromboses sont

survenues, entre le 2i�eme et le 62i�eme mois de suivi

(moyenne: 18 mois). Elles ont �et�e trait�ees par

thrombectomie huit fois, associ�ee �a un geste de

reconstruction vasculaire dans six cas (quatre pro-

fondoplasties, un pontage f�emoro-poplit�e bas, une

nouvelle restauration proximale). Quatre patients

pr�esentant une oblit�eration de branche proth�etique

ont �et�e trait�es m�edicalement sans geste chirurgical

car ils �etaient pauci-symptomatiques.

La perm�eabilit�e primaire actuarielle a �et�e de

66,2% ± 6,7 �a 3 ans (Fig. 5). Nous n’avons pas

observ�e de diff�erence significative entre les trois

groupes de patients ( p ¼ 0,083) au test du log rank.

Il en a �et�e de meme pour la perm�eabilit�e globale

actuarielle qui a �et�e de 92,6% ± 3,5 �a 3 ans (Fig. 6).

Trois d�egradations art�erielles f�emoro-jambi�eres

ont �et�e observ�ees chez deux patients. Un patient,

qui pr�esentait une isch�emie subaigue de jambe 51

mois apr�es la r�eintervention, a �et�e trait�e par un pon-

tage f�emoro-p�eronier. Un patient a pr�esent�e une

isch�emie critique de jambe 25 mois apr�es la

r�eintervention. Le traitement a consist�e en un pon-

tage f�emoro-poplit�e bas en veine saph�ene invers�ee.

Ce meme patient a pr�esent�e une isch�emie critique

controlat�erale de jambe au 60i�eme mois post-

op�eratoire trait�ee par pontage f�emoro-poplit�e haut

en PTFE. Aucune amputation majeure n’a �et�en�ecessaire durant le suivi.

Trois faux an�evrysmes ont �et�e observ�es chez deux

patients. Un patient, a pr�esent�e un faux an�evrysme

anastomotique iliaque trait�e par stent couvert. Un

patient a pr�esent�e, apr�es le traitement d’une fistule

aorto-digestive par l’implantation d’une homo-

greffe aorto-bi-f�emorale, un faux an�evrysme anas-

tomotique f�emoral bilat�eral �a 53 et 65 mois. Le

traitement a consist�e en une exclusion-pontage

entre l’homogreffe et l’art�ere f�emorale profonde

des deux cot�es. Dans un des deux cas, le traitement

chirurgical a �et�e r�ealis�e en urgence et la veine

f�emorale superficielle a �et�e utilis�ee pour r�ealiser le

Page 7: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

Fig. 5. Perm�eabilit�e primaire actuarielle.

Fig. 6. Perm�eabilit�e globale actuarielle.

Vol. 23, No. 6, 2009 Chirurgie aortique it�erative 797

pontage. Dans l’autre cas une homogreffe a pu etre

utilis�ee.

Deux complications urologiques ont �et�eobserv�ees. Un patient a pr�esent�e, au cinqui�eme

mois apr�es l’implantation d’une homogreffe aorto-

bi-f�emorale, un choc h�emorragique fatal du �a une

fistule entre l’homogreffe et l’uret�ere gauche. Un

patient a pr�esent�e, 48 mois apr�es le traitement

d’un faux an�evrysme aortique par un tube en poly-

ester, une ur�et�erohydron�ephrose par compression

ur�et�erale par un faux an�evrysme iliaque. Le traite-

ment a consist�e en la mise en place d’une sonde

ur�et�erale et l’exclusion du faux an�evrysme anasto-

motique iliaque par une endoproth�ese couverte.

Deux isch�emies visc�erales ont �et�e observ�ees. Un

patient a pr�esent�e, deux mois apr�es sa sortie, une

isch�emie colique. Il avait b�en�efici�e d’une restaura-

tion aorto-aortique pour traiter un faux an�e-

vrysme aortique. Une h�emicolectomie gauche avec

colostomie terminale iliaque a �et�e r�ealis�ee. Un

patient a pr�esent�e, une thrombose d’une revascu-

larisation r�enale qui avait �et�e associ�ee 59 mois apr�es

la restauration aortique. Le patient a pr�esent�e une

d�egradation de sa fonction r�enale associ�ee �a une

hypertension art�erielle s�ev�ere. Une thrombose

d’art�ere r�enale polaire inf�erieure a �et�e mise en�evidence avec infarcissement r�enal partiel droit.

Grace �a un traitement par inhibiteur de l’enzyme de

conversion l’hypertension art�erielle a �et�e control�ee.

Deux complications infectieuses ont �et�eobserv�ees. Un patient a pr�esent�e, deux mois apr�es

le traitement d’une fistule aorto-digestive par un

tube aorto-aortique en polyester, une reprise de

l’�evolution septique avec constitution d’un abc�es

p�eri-proth�etique. Il a �et�e r�ealis�e une fermeture

it�erative de la fistule aorto-digestive avec implan-

tation d’une homogreffe aorto-aortique. Un patient

a pr�esent�e, deux mois apr�es le traitement d’une

fistule aorto-digestive par implantation d’une

homogreffe aorto-bi-iliaque, une reprise de

l’�evolution septique avec r�ecidive de la fistule aorto-

digestive et choc h�emorragique. Une ligature de

l’aorte sous-r�enale associ�ee �a un pontage axillo-

bi-f�emoral a �et�e r�ealis�ee avec gastro-ent�ero-anas-

tomose d’exclusion duod�enale.

DISCUSSION

Dans notre s�erie, qui comporte 37% de patients

septiques et 30% de patients op�er�es en urgence, la

chirurgie aortique it�erative est grev�ee d’une

morbi-mortalit�e importante.

La mortalit�e que nous observons est de 6,5% ; elle

est deux fois sup�erieure �a celle qui est observ�ee au

d�ecours de la chirurgie aortique sous-r�enale de pre-

mi�ere intention.

Anidjar et coll7. rapportent une mortalit�einf�erieure �a 3% apr�es 385 restaurations aortiques

r�ealis�ees pour l�esions occlusives ; dans le traitement

des an�evrysmes il est de 2,6% dans l’�etude du

groupe ARCHIV portant sur 383 patients et de 3,9%

dans l’�etude multicentrique de l’AURC portant sur

780 cas.8,9 Aux Etats-Unis, le taux r�ecemment

rapport�e au cours d’une �etude multicentrique est de

3,3%.10

Les r�esultats que nous avons observ�es au d�ecours

de la chirurgie it�erative aortique sont comparables �aceux de la litt�erature. Kraus et coll.3 rapportent en

1994 une mortalit�e de 8% dans une s�erie de 36

patients ayant subi une chirurgie avec r�efection du

site anastomotique aortique proximal. La s�erie de

Fulenwider et coll.4 qui porte sur 76 patients dont 11

n’�etaient pas porteurs d’une proth�ese aortique rap-

porte une mortalit�e comparable de 7,9%. De meme

Haiart et coll.,5 dans leur �etude datant de 1991 por-

tant sur 50 patients incluaient 6 patients trait�es lors

Page 8: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

798 Poirier et al. Annales de chirurgie vasculaire

de la chirurgie premi�ere par endart�eriectomie ; ils ont

observ�e un taux de mortalit�e pr�ecoce de 8%.

N�eanmoins ces chiffres doivent etre nuanc�es car

dans notre s�erie, 18 patients ont �et�e op�er�es en

urgence. Dans la s�erie d’Anidjar et coll.7 les revas-

cularisations effectu�ees en urgence ont �et�e exclues. Il

en a �et�e de meme dans les �etudes de l’AURC et du

groupe ARCHIV.8,9 Les cas d’infections proth�etiques

n’�etaient pas int�eress�es par ces �etudes qui portaient

sur la chirurgie aortique �elective. Dans notre �etude

23 patients se sont pr�esent�es avec une pathologie

infectieuse et 3 d�ec�es sur 4 sont survenus dans ce

groupe (13%). L’exp�erience de Kieffer et coll.11

rapporte un taux de mortalit�e de 20,1% dans une

s�erie de 179 sepsis de proth�ese int�eressant un site

anastomotique aortique et trait�es par implantation

d’une allogreffe in situ. La mortalit�e importante

observ�ee dans le groupe de patients pr�esentant une

pathologie infectieuse est li�ee �a la fr�equence des

interventions en urgence, �a la gravit�e des tableaux

h�emorragiques induits par les fistules aorto-

digestives, �a l’alt�eration de l’�etat g�en�eral induit par

le contexte septique, �a la survenue fr�equente de

complications post-op�eratoires s�ev�eres m�edicales ou

chirurgicales.11 Si l’on avait exclu les patients du

groupe septique, nous aurions observ�e une mortalit�ede 2,6% ce qui correspond aux chiffres relativement

bas, habituellement observ�es apr�es chirurgie aor-

tique �elective.

La morbidit�e observ�ee dans notre �etude est particu-

li�erement �elev�ee, globalement quatre fois plus impor-

tante que celle observ�ee apr�es chirurgie aortique�elective.7e9 N�eanmoins les taux de complications

respiratoires (19,7%) et cardiaques (6,5%) ont �et�ecomparables aux taux habituellement observ�es en

chirurgie �elective.7,9 Les complications r�enales ont �et�efr�equentes, ce qui est �a rattacher au nombre impor-

tant de restaurations r�enales r�ealis�ees dans notre

population (15 art�eres r�enales restaur�ees chez 61

patients). Pr�es de la moiti�e de ces restaurations ont �et�er�ealis�ees en meme temps que des restaurations

d’art�eres visc�erales qui n’auraient de toute facon pas

pu b�en�eficier d’un traitement endoluminal malgr�e les

progr�es effectu�es par ces techniques au cours des

derni�eres ann�ees. Un clampage aortique sus-r�enal a�egalement �et�e n�ecessaire chez 14 patients.

Les complications ur�et�erales que nous avons ren-

contr�ees �etaient li�ees �a l’existence d’une fibrose cica-

tricielle t�emoignant de la premi�ere restauration

aortique qui avait �et�e r�ealis�ee. L’identification des

uret�eres au cours de la chirurgie aortique it�erative

reste un �ecueil technique majeur de la tunnelisation

it�erative des branches proth�etiques. Dans notre

exp�erience r�ecente, la mise en place provisoire

de sondes ur�et�erales « JJ » facilite le rep�erage

per-op�eratoire des uret�eres. Pos�ees la veille de

l’intervention, ces sondes sont retir�ees d�es que pos-

sible dans la p�eriode post-op�eratoire en pratique le

plus souvent �a la 72�eme heure. Une autre technique

consiste en la dissection au plus pr�es des branches

proth�etiques de la premi�ere proth�ese. Puis la bran-

che proth�etique est retir�ee du haut vers le bas en

ayant pris la pr�ecaution de la solidariser avec la

nouvelle branche de proth�ese �a implanter.

L’inconv�enient de cette technique est de ne pas

permettre �a coup sur l’identification des uret�eres et

expose au risque de plaie lat�erale ur�et�erale comme

nous en avons observ�e deux cas dans notre s�erie.

Les complications isch�emiques ont �egalement �et�efr�equemment rencontr�ees, n�ecessitant presque tou-

jours une reprise chirurgicale : elles ont �et�e dans la

plupart des cas le t�emoin de la s�ev�erit�e et de la diffu-

sion de la maladie ath�eromateuse dans notre popu-

lation. Elles traduisaient �egalement l’importance

des difficult�es techniques inh�erentes aux abords

vasculaires it�eratifs, �a l’origine d’un nombre non

n�egligeable de complications locor�egionales.

La morbi-mortalit�e observ�ee au d�ecours de la chi-

rurgie aortique it�erative doit etre mise en balance

avec les b�en�efices attendus de ce type de revascula-

risation. Les arguments sont diff�erents en fonction

de l’indication.

En cas d’infection proth�etique, il existe peu d’alter-

natives th�erapeutiques : la ligature aortique associ�ee �aune revascularisation axillo-f�emorale est grev�ee d’un

taux important de r�einfection et de thromboses pro-

th�etiques.12e15 Les restaurations in situ peuvent

faire appel aux reconstructions par mat�eriel veineux

autologue.16,17 mais leur r�ealisation est longue

et difficile. Les proth�eses impr�egn�ees d’antibiotiques

ou d’antiseptiques comportent un risque non

n�egligeable de r�einfection. Les allogreffes art�erielles

cryopr�eserv�ees dont les r�esultats �a long terme se sont

montr�es satisfaisants repr�esentent le mat�eriel de

choix pour les restaurations in situ en cas d’infection

proth�etique.11,18,19

L’�evolution an�evrysmale d’une aorte sur laquelle

une proth�ese a �et�e mise en place est possible.20 De

meme la survenue d’un faux an�evrysme anasto-

motique proximal est estim�e �a 7,7% par Van den

Akker et coll.21 Le traitement de ces l�esions par mise

en place d’une endoproth�ese a �et�e propos�e par de

multiples auteurs. Les r�esultats imm�ediats de ce type

de traitement sont satisfaisants.22,23 Les r�esultats �along terme sont en �evaluation.24,25 La mise en place

d’une endoproth�ese n’est cependant pas possible si

les crit�eres morphologiques ne sont pas pr�esents ou

s’il existe une suspicion d’atteinte infectieuse.

Les restaurations aorto-bi-iliaques ou bi-

f�emorales ont un excellent taux de perm�eabilit�e �a

Page 9: Chirurgie itérative aortique sous-rénale. Morbi-mortalité précoce et tardive à propos de 61 observations

Vol. 23, No. 6, 2009 Chirurgie aortique it�erative 799

long terme, mais des complications occlusives peu-

vent survenir. En cas d’atteinte des deux branches

proth�etiques et / ou de l�esion st�enosante aortique

sus-anastomotique ou intra-proth�etique, l’indica-

tion �a une restauration proximale it�erative peut etre

envisag�ee, d’autant que la perm�eabilit�e �a long terme

des restaurations directes est meilleure que celle des

restaurations extra-anatomiques.26

Le taux de survie actuarielle �a trois ans a �et�e de

80,7%. Il est comparable �a celui observ�e apr�es chi-

rurgie aortique sous-r�enale �elective de premi�ere

intention.1,27 Les causes de d�ec�es tardif ont �et�edans notre �etude les memes que celles g�en�eralement

observ�ees apr�es chirurgie proth�etique aortique : la

pathologie cardio-vasculaire et les cancers sont les

deux principales causes de d�ec�es dans le suivi.1

Les perm�eabilit�es primaire et globales actuarielles�a trois ans ont �et�e de 66,4% ± 7 et de 94,3 ± 3 soit

tout �a fait comparables �a celles observ�ees apr�es chi-

rurgie aortique de premi�ere intention.28 Aucune

amputation majeure n’a �et�e observ�ee au cours du

suivi.

Ces bons r�esultats �a long terme doivent autoriser�a consid�erer la chirurgie aortique it�erative comme

une possibilit�e th�erapeutique �a part enti�ere dans le

traitement des complications qui peuvent survenir

chez les patients d�ej�a porteurs d’une proth�ese

aortique.

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