RENCONTRE

CHRONIQUE

Comment se présente le marché de la garantie de loyer sans caution ?Il s’agit d’un marché qui s’est bien structuré depuis l’apparition de l’activité dans les années 90 grâce à Bernard Blanc. Face à la contrainte que représente pour un locataire le dépôt d’une caution, il avait imaginé ce système sans dépôt d’argent de la part du locataire et il l’avait présenté aux régies et aux bailleurs. Les débuts ont été difficiles, mais dès que le système mis en place a été reconnu par la FIN-MA, les portes se sont ouvertes. Aujourd’hui, le marché a beaucoup évolué et il possède encore un important potentiel de développement. Il se divise en trois catégories. La première est constituée par les deux principaux acteurs du mar-ché, Firstcaution et Swiss-caution, seules compagnies d’assurances spécialisées et agréées par la FINMA. La deuxième comprend des compagnies d’assurances, mais elles sont peu nombreuses car la garantie de loyer est un produit atypique et cette activité reste trop éloignée des activités traditionnelles des assureurs. Enfin, la troisième catégorie est composée de courtiers, mais ceux-ci ne sont pas des assureurs et ils ne bénéficient pas de l’agrément de la FINMA. Ils n’offrent pas de garantie sur le long terme aux bailleurs qui se montrent, de ce fait, réticents. L’étape la plus difficile pour une société active dans la garantie de loyer est l’ob-tention de l’agrément par la FINMA.

S’agit-il d’un marché concurrentiel ?

Oui, mais dans une moindre mesure, car les compagnies d’assurances se montrent timides. La concurrence est encadrée du fait même du type de produit proposé, les prix sont ajustés en fonction du marché et des besoins. L’offre de Firstcaution est très compétitive, grâce surtout à notre tarif dégressif l’année de l’emménagement. La concurrence repose surtout sur la qualité et la rapidité des services proposés tant aux bailleurs qu’aux locataires. Il ne faut jamais perdre de vue que notre objectif est d’aider nos clients, ce qui, dans notre secteur d’activité, exige des réponses rapides. Nous avons donc développé des produits accessibles et faciles d’utilisation, entièrement digitalisés pour une grande part d’utilisation depuis le smartphone. Un client a la réponse pour sa garantie de loyer en moins d’une heure.

Y a-t-il encore un potentiel de développement ?

Oui, mais la situation est différente en Suisse romande et en Suisse alémanique. Le potentiel est fort en Suisse alémanique où l’acceptation de la caution sans dé-pôt a été moins vite acceptée que dans les cantons romands. On constate cepen-dant une nette progression en Suisse alémanique, mais il est important de ne pas brusquer les choses, le système reposant sur la confiance entre les différents partenaires.

Quel est le profil des locataires ?

Les locataires sont plutôt jeunes, bien que la moyenne ait tendance à augmenter depuis quelques années. En fait, la clientèle correspond aux principales étapes de la vie : le premier appartement, le déménagement avec le mariage et les enfants, la carrière professionnelle… Les personnes plus âgées vont, elles, attendre d’avoir un besoin spécifique qui les oblige à vouloir utiliser l’argent de leur caution de loyer pour faire appel à nous.

Est-ce une démarche fréquente ?

Les locataires débloquent leur caution dans une banque, par exemple, afin de sous-crire à un système de caution sans dépôt. Cette démarche est généralement moti-vée par un investissement ou dictée par un souci d’optimisation de l’argent. On peut faire un parallèle avec le leasing voiture. Aujourd’hui, les gens sont beaucoup plus mobiles et ils ne veulent pas immobiliser leur argent. Mais attention, pour modifier une garantie une fois constituée, que ce soit sous la forme d’un dépôt ban-caire ou d’une caution, il faut au préalable demander l’avis et l’accord de sa régie.

Le taux de sinistre est-il élevé ?

Le taux de sinistralité est parfaitement maîtrisé. Nous avons un service interne de recouvrement qui est particulièrement efficace. Cela nous permet de gérer nous-mêmes toute la chaîne depuis l’émission de nos garanties jusqu’à leur libération. Nous avons également un rôle de conseil envers les locataires pour la prise en charge de leur sinistre par leur assurance RC ou Ménage. De manière générale, nous nous efforçons de simplifier les démarches afin de libérer rapidement les garanties tout en proposant des solutions avantageuses pour les locataires sans qu’il y ait de contentieux.

Pourrait-on envisager de développer ce système de caution sans dépôt à l’étranger ?

C’est un marché qui intéresse beaucoup les autres pays, notamment le Québec, l’Angleterre et l’Inde dont j’ai reçu des sollicitations. Des journalistes d’une télé-vision anglaise étaient même venus faire un reportage. Cela étant, le système peut servir de base, mais il ne pourrait pas être transposé tel qu’il est. Chaque pays devrait développer son propre produit en fonction de ses spécificités. Certains paramètres sont incontournables, comme un cadre réglementaire donné par une institution comparable à la FINMA, un taux de locataire très élevé comme en Suisse, des loyers élevés, des professionnels de l’immobilier sérieux et des orga-nismes comme les offices des poursuites capables de renseigner la société de cau-tionnement sur la solvabilité des locataires.

Propos recueillis par Odile Habel

LA GARANTIE DE LOYER SANS DÉPÔT BANCAIRE

DEPUIS SA CRÉATION DANS LES ANNÉES 90, LA GARANTIE DE LOYER SANS DÉPÔT BANCAIRE A CONNU UN IMMENSE SUCCÈS QUI NE SE DÉMENT PAS. AUJOURD’HUI, LE MARCHÉ POURSUIT SON DÉVELOPPEMENT EN SUISSE ALÉMANIQUE OÙ LE POTENTIEL EST IMPORTANT, COMME L’EXPLIQUE CÉLINE FREY,

CEO DE FIRSTCAUTION.

Céline Frey - CEO de FIRSTCAUTION