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Chroniques C'est toujours la vie qui gagne Bertrand Rosenthal de reporter

chroniques Bertrand Rosenthal C'est toujours · 2011. 2. 18. · Presse en irak, en Afghanistan, au soudan, à Haïti... bertrand Rosenthal a reçu en 1995 le prix Albert ... Au premier

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Page 1: chroniques Bertrand Rosenthal C'est toujours · 2011. 2. 18. · Presse en irak, en Afghanistan, au soudan, à Haïti... bertrand Rosenthal a reçu en 1995 le prix Albert ... Au premier

Diffusion CEDDistribution Belles Lettres

17 €

chroniques

isbn : 978-2-36159-009-3

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Ce qui enchante, c’est la multiplicité des niveaux de lecture selon que l’on est rêveur ou cynique, pessimiste ou optimiste… Au premier degré, c’est Tintin au Congo. Courts récits d’aventure truffés d’anecdotes drôles ou terrifiantes. Personnages falots ou truculents, romanesques ou pathétiques. À lire avec gourmandise.Un peu de recul et l’on côtoie Don Quichotte. Monde brutal et dérisoire où la mégalomanie et la Kalachnikov transforment les voyous en héros et réciproquement. sur le fil du rasoir entre utopie romantique et mers de sang. À vivre comme un film d’action avec les bons et les méchants, stars et figurants de nos actualités.Mais bertrand Rosenthal nous livre aussi un peu de son intimité professionnelle. Celle que, par éthique, il a, au fil d’une carrière de reporter, volontairement assignée à résidence en son for intérieur. Le métier d’informer impose un devoir de

BErtranD rosEnthaLJournaliste reporter pour l'Agence France Presse en irak, en Afghanistan, au soudan, à Haïti... bertrand Rosenthal a reçu en 1995 le prix Albert Londres avec le bureau AFP de Moscou pour avoir couvert le conflit tchétchène.

il est auteur, avec Jean-François Fogel, de l’enquête Fin de siècle à La Havane, les secrets du pouvoir cubain (Le seuil, 1993), unanimement saluée par la critique française et internationale.

neutralité qui contraint à tempérer les émotions, à bannir admiration et mépris, jubilation et colère, amour et haine. Être témoin, c’est n’être ni juge ni partie, ni ami ni ennemi.Pour autant, l’homme n’est pas de bois. Ces élans refoulés se gravent en quelques notes prises à la volée sur un coin de carnet, émois griffonnés pour donner à la mémoire son lot de consolation.sans leçons à donner. Juste pour rendre un peu de leur liberté à des tranches de vie – ou de mort – sacrifiées sur l’autel de l’objectivité journalistique.Les coups de gueules sont feutrés, les révoltes tamisées, les impuissances domptées au fouet de l’ironie. Avec l’humour en guise d’espérance. Comme une ombre de L’Étranger.Fidel Castro compare la révolution à une bicyclette : plusieurs vitesses mais pas de marche arrière. L’image vaudrait-elle pour l’humanité ?

Jean-Pierre GALLois, Directeur régional pour le Moyen-orient de l'AFP

Chroniques

C'est toujours la vie qui gagne

Bertrand Rosenthal

de reporter

Page 2: chroniques Bertrand Rosenthal C'est toujours · 2011. 2. 18. · Presse en irak, en Afghanistan, au soudan, à Haïti... bertrand Rosenthal a reçu en 1995 le prix Albert ... Au premier

Dans un recueil de courts récits truffés d’anecdotes drôles ou terrifiantes, Bertrand Rosenthal, journaliste reporter à l’AFP depuis 30 ans, raconte Fidel Castro, cabotin et amateur de fromages, Andreï, au volant de son blindé dans Grosny assiégée, Kofi Annan, négociant une intervention humanitaire sur le tarmac de l’aéroport de Khartoum, John Anthony Kaiser, missionnaire iconoclaste et ancien soldat, retrouvé mort au bord de la route, ou encore Fernando Suarez del Solar, voyageant jusqu’en Irak pour planter une croix en terre islamique, où son fils est mort en servant l’armée américaine.

Voyage éclair en machine à remonter le temps, à résumer l’espace, ces aventures se lisent avec gourmandise.

Bertrand RoSenthAl, Auteur

Mot de l’éditeur

Bertrand [email protected]

Contact

C’est toujours la vie qui gagneChroniques de reporter

Ce qui enchante, c’est la multiplicité des niveaux de lecture selon que l’on est rêveur ou cynique, pessimiste ou optimiste…

Au premier degré, c’est tintin au Congo. Courts récits d’aventure truffés d’anecdotes drôles ou terrifiantes. Personnages falots ou truculents, romanesques ou pathétiques. À lire avec gourmandise.

Un peu de recul et l’on côtoie Don Quichotte. Monde brutal et dérisoire où la mégalomanie et la Kalachnikov transforment les voyous en héros et réciproquement. Sur le fil du rasoir entre utopie romantique et mers de sang. À vivre comme un film d’action avec les bons et les méchants, stars et figurants de nos actualités.

Mais Bertrand Rosenthal nous livre aussi un peu de son intimité professionnelle. Celle que, par éthique, il a, au fil d’une carrière de reporter, volontairement assignée à résidence en son for intérieur. le métier d’informer impose un devoir de neutralité qui contraint à tempérer les émotions, à bannir admiration et mépris, jubilation et colère, amour et haine. Être témoin, c’est n’être ni juge ni partie, ni ami ni ennemi.

Pour autant, l’homme n’est pas de bois. Ces élans refoulés se gravent en quelques notes prises à la volée sur un coin de carnet, émois griffonnés pour donner à la mémoire son lot de consolation.

Sans leçons à donner. Juste pour rendre un peu de leur liberté à des tranches de vie – ou de mort – sacrifiées sur l’autel de l’objectivité journalistique.

les coups de gueules sont feutrés, les révoltes tamisées, les impuissances domptées au fouet de l’ironie. Avec l’humour en guise d’espérance.

Comme une ombre de l’Étranger. Fidel Castro compare la révolution à une bicyclette : plusieurs vitesses mais pas de marche arrière. l’image vaudrait-elle pour l’humanité ?

Jean-Pierre GAlloIS,Directeur régional Moyen-orient

de l’Agence France Presse

Journaliste reporter pour l’Agence France Presse en Irak, en Afghanistan, au Soudan, à haïti... Bertrand Rosenthal a reçu en 1995 le prix Albert londres avec le bureau AFP de Moscou pour avoir couvert le conflit tchétchène.

Il est auteur, avec Jean-François Fogel, de l’enquête Fin de siècle à La Havane, les secrets du pouvoir cubain (le Seuil, 1993), unanimement saluée par la critique française et internationale.

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extraits

Cnn qui rêve de rééditer l’un des grands faits de guerre de la BBC – la couverture de la famine en Éthiopie au début des années 1970 qui a mené à la chute de l’empereur haïlé Sélassié – nous pourvoit depuis l’ogaden d’images insupportables d’enfants en malnutrition avancée. Il s’agit de plans serrés sur des visages aux yeux exorbités. Ils ne sont qu’un tout petit nombre à Denan et à Godé, et si la caméra avait tourné de 45 degrés, elle aurait montré des habitants plutôt en bonne santé.

tout cela mène à une grande opération internationale, malgré les réticences de plusieurs orga-nisations humanitaires [...], mais le choc des photos est plus fort.

Un million de tonnes de céréales vont être envoyées vers l’ogaden.

Bonne affaire pour les agriculteurs américains et pour Catherine Bertini, directrice exécutive du PAM. C’est une proche de la famille Bush et nous sommes alors en campagne électorale aux États-Unis. 600 000 tonnes viendront des surplus américains, 400 000 des surplus européens.

Bonne affaire pour le gouvernement éthiopien. Il va pouvoir nourrir ses troupes, toujours en guerre contre l’Érythrée, gagner beaucoup d’argent car les céréales sont taxées à l’importation et les transports depuis Djibouti sont locaux. Sans compter la possibilité de fixer la population pour mieux la surveiller dans cette région revendiquée par la Somalie où s’activent encore des mouve-ments anti-Éthiopiens.

Quant aux habitants de l’ogaden, ils ne mangent pas de céréales. Ce sont des semi-nomades qui se déplacent avec leurs troupeaux de chameaux et de chèvres. Ils en boivent le lait et se nourrissent de la viande. Ce dont ils ont besoin, c’est d’eau.

[...] Plusieurs mois plus tard, des médias se rendent compte de la supercherie.

Sylvie Brunel, alors dirigeante d’une grande onG avant de claquer la porte avec fracas deux ans plus tard, titre dans le Monde diplomatique d’août 2000 sur la « famine manipulée ». elle écrit que « les cadavres de vaches mortes qui jalonnent la route de Godé à Denan ont été traînés et soigneu-sement alignés sur les bas-côtés, pour mettre en scène la famine.

les autorités conduisent les occidentaux au cimetière de Denan pour leur montrer quelques tombes d’enfants fraîchement creusées.

Un jour, lors de la visite d’un chef d’État africain, Fidel sort de la petite salle, m’aperçoit et se dirige vers moi. nous allons parler près d’une demi-heure, sans sujet bien précis. À un moment, voyant une bicyclette en bois adossée à une paroi, je lui demande s’il s’en sert. la relation avec l’Union soviétique en décomposition est sur le chemin de la rupture et le flot de pétrole qui coulait se tarit. Cuba s’est lancé dans l’assemblage des vélos chinois.

– C’est un cadeau, mais je ne la monte pas. Sais-tu pourquoi la bicyclette ressemble à la Révo-lution ?

– non.J’attends avec curiosité l’explication.– Parce qu’elle a plusieurs vitesses, mais pas de marche arrière !et Fidel retourne dans la petite salle sans saluer personne. la semaine qui suivit, je reçus un

nombre incalculable d’invitations à déjeuner pour savoir de quoi nous avions pu parler pendant si longtemps.

les échanges avec le « Comandante » [...] sont très agréables quand il n’est pas de mauvaise humeur. Je ne pourrais me plaindre que de sa sale habitude de venir me toucher à répétition, presque de me pousser avec la pression de ses doigts légèrement à gauche au-dessus du cœur, pour appuyer ses dires. Contrairement à son penchant pour les longs discours, il écoute avec atten-tion. Il montre un savoir universel et pratique l’humour en politique, le sien. C’était un bon vivant avant que les médecins ne lui interdisent de fumer dans les années 1980 et avant son opération des intestins en 2006. les joies de la table faisaient partie de ses sujets de prédilection dans les conversations anodines.

Un autre jour, dans le jardin de la résidence de l’ambassadeur de France, me parlant de fro-mages, dont il est tellement friand – il a envoyé au début des années 1960, peu après son arrivée au pouvoir, une délégation en France pour apprendre à les fabriquer –, il me demande :

– Sais-tu combien de sortes de fromages nous produisons à Cuba ?Je fais un effort de mémoire pour compter ceux qui se trouvaient sur le merveilleux plateau

offert au palais de la Révolution. les Cubains de la rue n’en connaissent que trois sortes, quand il y en a.

– euh, une quarantaine, dis-je en espérant flatter son orgueil.– 146, me dit-il.Je me permets alors de lui demander s’il connaît le mot du général de Gaulle – un homme qu’il

respecte beaucoup pour son indépendance vis-à-vis des Américains – qui avait affirmé, en bla-guant, qu’un pays qui produit comme la France plus de 300 sortes de fromage est ingouvernable.

– Ça ne vous inquiète pas ?– Je connais la phrase mais, nous, nous avons fait d’abord la Révolution et après le fromage !

SoUDAn (1998-2001)

l’enfer pavé de bonnes actions

BoGotA (1994)

les yeux noirs de Fidel

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Il racle la terre avec un broc en plastique rouge, puis remplit deux petits sachets. Il finit son ouvrage en arrachant avec les mains des parcelles de boue.

– Il y a peut-être du sang de mon fils sur cette terre, dit-il dans un anglais approximatif.nous sommes en décembre 2003, à quelques kilomètres de Diwaniya, à près de 200 kilomètres

au sud de Bagdad. Chaparrito, moustachu, le crâne dégarni sous la casquette, vêtu d’un pantalon noir et d’une chemise rouge, Fernando Suarez del Solar a fait le voyage en Irak pour rendre hom-mage à son fils, blessé à mort fin mars 2003, lors de l’offensive américaine et pour appeler au retour des boys au pays. À cette époque, il fallait du courage pour se lever contre la guerre en Irak dans des États-Unis abreuvés d’une propagande mensongère, relayée par l’ensemble des médias amé-ricains qui avaient oublié leur fameux esprit critique. C’était radio Moscou. où sont les fameuses armes de destruction massive ? Quel lien y avait-il entre le régime de Saddam hussein et Al-Qaïda ? Fernando est un homme brisé de douleur, mais plein de rage et de détermination. Il est devenu un militant anti-guerre de l’organisation Global exchange.

– la terre, je la porterai en Californie pour planter un rosier blanc en signe de paix entre nos deux pays.

[...] Au milieu de nulle part dans cette plaine désertique où passe au loin une caravane de cha-meaux, les deux hommes tournent une bonne dizaine de minutes, scrutant le sol, cherchant le lieu exact où Jesús est tombé.

Mission impossible, plus de huit mois ont passé. Ils ramassent des restes aplatis de boîtes de ration, de médicaments et une petite bouteille de sauce tabasco, qui rappellent la présence de l’unité sur ces lieux.

enfin Fernando, la plaque d’identité militaire de son fils accrochée à son cou, s’arrête. Il s’age-nouille. Il s’acharne pour planter un crucifix d’une trentaine de centimètres qu’il a transporté de-puis escondido, près de San Diego, où son fils a été enterré.

notre petit groupe venu de Bagdad s’écarte. Il est maintenant seul, il prie et pleure. Au bout de cinq minutes, il se relève. la croix iconoclaste ne restera pas en terre d’Islam. Il la retire et dit qu’il la déposera dans une église.

Après une heure nous remontons vers le jour. les obus pleuvent et les tirs s’intensifient. Impos-sible de quitter le palais présidentiel. Il faudrait courir 200 mètres sous la mitraille. nous nous af-falons par terre contre un mur, hors de toute ligne de feu, regardant une vingtaine de combattants échanger des rafales avec un ennemi invisible. nous ne sommes plus aussi fiers de notre aventure. Comment allons-nous sortir de cette souricière ?

et le miracle arrive. Il s’appelle Andreï. Andreï, merci ! Andreï est un Bélarusse, plus très jeune avec sa chevelure blanche, qui a décidé de rejoindre le camp anti-russe. Il conduit un véhicule blindé de transport de troupes, qui sert à évacuer les blessés. nous lui demandons de nous exfiltrer du Palais.

– Pas maintenant, mais dans deux heures.on n’a pas le choix, il faut attendre. Il finit par revenir. nous nous précipitons hors du palais

pour monter dans le blindé par l’arrière. nous avons les pieds dans l’essence et le blindage est percé de petits trous laissant passer des raies de lumière. Je me dis que la moindre étincelle ferait exploser le véhicule. Je fumerai ma cigarette plus tard. trente longues secondes de cahot et nous voilà revenus sur le goudron qui signifie, je le sens, un tant soit peu de sécurité. le no man’s land est derrière nous.

nous nous retrouvons place Minutka, en haut de l’avenue lénine et nous nous séparons d’An-dreï avec effusion.

(…)les tchétchènes nous reçoivent bien. nous sommes ceux qui allons divulguer la vérité. le soir,

assis, souvent en groupe, devant des téléviseurs, ils écoutent et approuvent nos informations qui sont relayées par les journaux télévisés. Quand le président russe, Boris eltsine, annonce la fin des bombardements aériens sur Grozny, nous sommes là pour témoigner que c’est faux. Pour une fois, j’ai l’impression de servir vraiment à quelque chose.

les combattants qui acceptent un journaliste dans leur patrouille le protègent. S’il faut traverser une avenue en courant pour éviter les tirs de snipers installés çà et là, ils l’entourent comme des gardes du corps prêts à se sacrifier.

IRAK (2003)

Une croix mexicaine en terre d’IslamtChÉtChÉnIe (janvier 1995)

Une guerre de voyous

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www.choiseul-editions.com28, rue Étienne Marcel 75002 Paris

Contact

SommaireTCHAD (janvier-février 1981) Meusieu Be’tran

ROUMANIE (1984) Relations intimes

BOgOTá (1994) Les yeux noirs de Fidel

TCHETCHENIE (janvier 1995) Une guerre de voyous

AFRIqUE DE L’EsT (mai 1998) La honte

sOUDAN (1998-2001) L’enfer pavé de bonnes actions

ÉTHIOPIE, ÉRYTHREE (1998-2000) 14-18 dans la Corne de l’Afrique

KENYA (2000) Kaiser, suspicion divine

AFgHANIsTAN (septembre 2002) J’ai marché sur le ventre du troisième Bouddha

IRAK (2003) Une croix mexicaine en terre d’Islam

HAÏTI (2004) L’épopée des soldats perdus

MEXIqUE (2009) C’est toujours la vie qui gagne

Delphine MaineResponsable [email protected] 53 34 09 36

Alexandre SchoepferRelations [email protected] 53 34 09 93

en librairie le 17 mars 201117 euros | 978-2-36159-009-3

150 x 210 | 160 pages