Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

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  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

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    ÉDITORIAL 

    Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous!www.particommunisteduquebec.ca

    ClartéJuin 2016- no. 25

    LES LIMITES DE LA SOCIAL-DÉMOCRATIEEnjeux, page 5

     suite page 2

    Un débat très important aura lieu au prochain congrès de Québec Solidaire prévu à la n de mai 2016. QS voudrait

    affirmer plus fortement sa positionindépendantiste à travers l’assembléeconstituante qu’il propose.

    En vertu de son programme actuel, QS pro pose l’électio n d’une assem blé econstituante impliquant la populationdans la rédaction d’une constitution.L’assemblée constituante aurait, entreautres, «  po ur ma nd at d’ él ab orerune ou des propositions sur le statut

     po li ti qu e du Qu éb ec , … » et ces propositions seraient soumises au choixde la population par référendum. QSentendait promouvoir sa position enfaveur de la souveraineté du Québecau cours de ce processus. Bref, on ne présume pas du résul tat du travail del’assemblée constituante, lui laissanttoute la latitude démocratique pour que

    s’expriment plusieurs points de vue et proposi tions.

    QS propose maintenant à son congrèsde choisir entre deux options (Depuis lelancement de ce débat, plusieurs autresoptions ont été ajoutées, plus ou moinssemblables à l’option B, ndlr) pouramender cet élément de son programme.La première (option A) consisterait à

    donner à l’assemblée constituante lemandat fermé d’élaborer exclusivementun projet de constitution d’un Québecindépendant qui serait ensuite soumis par référendum à la population. Celle-ci devra alors approuver ou rejeter la proposition.

    La deuxième (option B) consisteraità donner à la constituante le mandatd’élaborer au moins deux projetsde constitution du statut politiquedu Québec, dont celui d’un Étatindépendant, et au moins un autrequi le maintiendrait « dans le cadreconstitutionnel canadien. » L’ensemble

    serait aussi soumis dans un référendum pou r trancher en tre les deux ou les

    divers projets. 

    QS admet sans ambages qu’il veutenlever toute ambiguïté sur le mandatde l’assemblée constituante avant les procha ines élect ions. Il est clair qu’ils’agit-là d’une réaction aux pressions

    nationalistes, particulièrement celles duPQ qui accuse continuellement QS dediviser les forces souverainistes tout enmettant en doute sa foi souverainiste.

    On pourrait penser que QS chercheà mettre la table pour une alliancesouverainiste. D’ailleurs, il sembleque le congrès suivant de 2017, à

    la veille des prochaines élections provinciales, discutera (encore une fois)de cette question de l’alliance des forcessouverainistes.

    L’option A proposée implique qu’ungouvernement de QS majoritaire à

    LA LUNE DEMIEL EST-ELLETERMINÉE?Éditorial du People’s Voice,16-31 mai 2016

    Avec chaque jour qui passe, Justin

    Trudeau est confronté à de nouvellesquestions sur son engagement réel pour «un véritable changement . » Toutemention de l’ancien Premier Ministreconservateur continue toujours defaire réagir les gens avec un frissoninvolontaire, comme si Darth Vadervenait d’entrer dans la pièce, mais ilsemble que la lune de miel qui a faitsuite à son remplacement est en trainde se terminer.

    Les Libéraux sont un parti de la« big business », mais ils ont pris le pouvoir en promettant de répondre aux

    demandes soulevées par les mouvementsouvriers et populaires: abrogation delégislation anti-immigration; réformerle système électoral uninominal àun tour; légaliser la marijuana (etcesser de criminaliser les utilisatrices-eurs); arrêt de la participation duCanada dans le bombardement de laSyrie et de l’Irak; nancement massif

    des infrastructures; augmenter lestaxes du 1% de mieux nantis; arrêter

    temporairement la terminaison de lalivraison du courrier à domicile de

    CONGRÈS DE QUÉBEC SOLIDAIRE :DE L’UNITÉ DE LA GAUCHE ÀL’UNITÉ DES SOUVERAINISTES.

    38ièmeCONGRÈS DU PCCCanada page 7

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    2 Québec

    ClartéClarté est publié par New Labour Press Ltd.,

    imprimé à Montréal, Québec.

    Volontaires et contributeurs etcontributrices :

    J.Boyden, A. Welsh, S. Hammond, M. BretonFontaine, S. Archambault, P. Fontaine, K. Cariou,

    M. Figeroa, B. Sloan, J.P. Fortin.

    Commentaires et lettres à l’éditeur :Clarté vous encourage à nous écrire :

    Rédacteur en chef: Robert Luxley5359 Ave du Parc App. C, Montreal, H2V 4G9

    438-338-8890 [email protected]

    Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous!

    Postes Canada; nommer des femmesà la moitié des postes du Cabinetfédéral; une enquête publique surles femmes autochtones disparueset assassinées; mettre en œuvre

    toutes les recommandations de laCommission vérité et réconciliation;r é t a b l i r l e l o n g fo rm u l a i r ede recensement; permettre auxscientifiques fédéraux de parler pu bl iq ue me nt ; lu tt er co nt re le schangements climatiques, etc.

    Six mois plus tard, quelques unesde ces promesses ont été tenues, dumoins partiellement. Mais la plupartont été abandonnées sur le bord duchemin, sous-nancées, ou ignorées.

    Le décit du budget fédéral 2016-17

    était trop limité pour créer un grandnombre de bons emplois. L’accorddu PTP sur les droits des compagniestransnationales est poussé vers unerapide ratication parlementaire, en

    dépit des nombreuses objections.La réconciliation avec les peuplesautochtones a pris le fossé aprèsl’échec du gouvernement de prendredes mesures sérieuses pour lelogement, l’eau potable et unemeilleure éducation. Et surtout,les Libéraux semblent désireux de promouvoir les oléoducs exigés parla grande industrie pétrolière. Comme nous le disions, après

    l ’ é l e c t i o n , l a d é f a i t e d e sConservateurs était une grandevictoire pour les travailleuses-eurs. Mais sans une pression plusforte des mouvements ouvrierset démocratiques, les Libérauxvont inévitablement se plier au programme des grosses compagnies.

    Par Paul ClicheMontréal, 13 avril 2016

    Presse-toi à gauche, édition du 19 avril

    2016

    que Québec solidaire s’est engagé à

    lancer une démarche menant à un

    référendum sur l’indépendance du

    Québec par le biais de la tenue d’une

    Assemblée constuante. Le programme

    statue que cette dernière, créée par

    une loi de l’Assemblée naonale, « aura

    la responsabilité de mener un vaste

    exercice de démocratie participative

    visant à consulter la population du

    Québec sur son avenir politique et

    constuonnel, de même que sur les

    valeurs et les institutions politiques

    qui y sont rattachés. En fonction des

    résultats de cee démarche –qui devront

    être connus de la populaon et dont

    l’Assemble constuante aura l’obligaon

    de tenir compte- cee dernière élaborera

    un projet de constuon ».

    Le programme ajoute : « Les proposions

    issues de l’Assemblée constuante, ycompris celle sur le statut politique

    du Québec, seront soumises au choix

    de la population, ce qui marquera la

    n du processus » Et il précise : « Tout

    au long de la démarche constuante,

    Québec solidaire défendra son opon

    indépendanste et fera la promoon

    de ses valeurs écologistes, égalitaires,

    féministes, démocraques, pluralistes,

    sans toutefois présumer de l’issue des

    débats ».

    LA PARTICIPATION CITOYENNE,CLEF DE VOUTE DU PROCESSUSCONSTITUANT

    Abordant l’aspect stratégique de la

    question le programme explique que

    « parler d’Assemblée constuante c’est

    proposer de discuter de la manière

    la plus démocratique et la plus large

    possible des mécanismes essentiels

    pour arculer le projet d’indépendance

    polique et les revendicaon sociales ».

    Aussi « la stratégie de Québec solidaire

    consistera-t-elle à mere en route et

    à développer une véritable démarche

    citoyenne an que toutes et tous soient

    associés à la détermination de notre

    avenir collecf. » Ainsi, pour populariser

    l’idée de constituante on mettra sur

    pied à la grandeur du Québec, aussi

    bien au niveau local que régional, « une

    démarche de démocrae parcipave

    qui permettra aux citoyen-ne-s de

    s’exprimer et de discuter ensemble

    de manière à ce que se constue peu

    à peu un large appui au sein de la

    populaon ». Le programme conclut :« Pour être légime le processus devra

    être profondément démocratique,

    transparent et transparsan ».

    L A Q U E S T I O N N A T I O N A L EAPPARTIENT À LA POPULATION ; NON A UN PARTI, NI À L’ASSEMBLÉE NATIONALE

    Rappelons d’abord que le programme

    actuel est le prolongement de la

    Déclaration de principes adoptée

    au congrès de fondation de Québec

    solidaire en 2006 pour énoncer ses

    principales orientations. C’est sur la

    base de ce document fondamental,

    pierre d’assise de notre parti, que le

    programme a ensuite été élaboré. Or la

    Déclaraon est explicite au sujet de la

    queson naonale :

    « La question nationale n’appartient

    pas à un seul par polique ni même à

    l’Assemblée naonale. Elle apparent

    à toute la populaon du Québec. C’est

    pourquoi notre parti propose que

    le débat sur l’avenir du Québec se

    fasse au moyen d’une vaste démarche

    de démocratie participative. Toute la

    populaon pourra ainsi se prononcer

    sur des changements politiques etconstitutionnels, de même que sur

    les valeurs qui y seront associées. Un

    QUÉBEC SOLIDAIREDESSERVIRAIT LA CAUSEDE L’INDÉPENDANCE EN

    MENOTTANT L’ASSEMBLÉECONSTITUANTE AVEC UNMANDAT PRÉDÉTERMINÉ

     Nous publions ici un article de Paul Cliche résolument en faveur de la

    souveraineté du Québec, mais avec lequel nous partageons plusieurs

     points de vue, particulièrement quant au caractère non partisan et

    démocratique que doit préserver le projet d’assemblée constituante.

    Ainsi, le prochain congrès de Québec

    solidaire réexaminera la nature

    du mandat confié à l’Assemblée

    constuante, l’instrument que le pars’est engagé à mere sur pied une foisau pouvoir pour permere au peuplequébécois d’exercer sa souverainetéen décidant de son avenir polique etconstuonnel ainsi qu’en xant lesrègles qui régiront son nouvel État.

    Comme je m’intéresse à cee queson

    depuis la campagne électorale de

    Mercier en 2001 où j’ai été candidat de la

    gauche unie, permeez-moi d’intervenir

    dans un débat qui se corse de plus en

    plus au sein du par. Pour l’éclairer je

    crois qu’il est opportun de commencer

    par un rappel du contenu du programme

    actuel et de la Déclaraon de principes

    que Québec solidaire a adopté lors de

    son congrès de fondaon.

    C’est à son congrès de novembre 2009

    référendum clôturera cee démarche

    qui favorisera la réexion la plus large

    et la plus inclusive possible ».

    UNE PROPOSITION INACCEPTABLEAUSSI BIEN POUR DES RAISONSDE PRINCIPES QUE DE STRATEGIE

    D e s mi l i t ant - e - s , re g roupé - e - s

    dans la Commission stratégie pour

    la souveraineté, ont fait campagne

    depuis quelques temps pour modier

    le programme actuel. I ls (elles)

    esment que cee dernière laisse trop

    d’autonomie à l’Assemblée constuante

    en lui confiant un mandat ouvert et

    proposent plutôt que son mandat

    l’oblige à développer exclusivement un

    projet de constuon pour un Québec

    indépendant. Ils (elles) reprochent

    à la posion actuelle ce qu’ils (elles)

    appellent son « ou arsque » et sa

    SUITE : ÉDITORIAL

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    3 QuébecClarté Juin 2016

    l’Assemblée nationale, bien qu’il aurafort probablement été élu par une minoritéd’électrices et d’électeurs, va imposersa position constitutionnelle dans le proce ssus d’assembl ée con st itu ante.L’option B quant à elle, semble vouloirencadrer le choix du peuple pour leforcer à trancher entre l’indépendance etun statu quo inacceptable. Elle poursuitdonc essentiellement le même objectifque l’option A. Son seul avantage parrapport à l’option A est qu’elle semble

    maintenir une certaine ouverture à la possibi lité qu’il puisse y avoi r d’autresscénarios, tel que le permet l’actuelleformulation.

    Objectivement, l’adoption de l’une oul’autre des options risque de rapprocherQS de la stratégie péquiste.

    UN PAS EN AVANT, DEUX PAS ENARRIÈRE!

    QS est né de la volonté de la gauche pol itique du Qué bec de s’é manciperenn de la tutelle du PQ et de s’unir

    au-delà de ses propres différences à propos de la résolution de la quest ionnationale, pour affirmer au premierchef ses positions pro-socialistes et« solidaires ». Ces dernières avaientété mises en veilleuse pendant denombreuses années sous la bannièredu PQ pour préserver l’unité du campsouverainiste.

    C’est ainsi qu’avait été fondée l’Uniondes Forces Progressistes (UFP), un desdeux ancêtres de QS, par l’unication de

    trois organisations politiques de gauche,le Parti de la Démocratie Socialiste(PDS) et le Regroupement pour uneAlternative Politique (RAP), toutesdeux indépendantistes, et nous le Particommuniste du Québec, section du Particommuniste du Canada (PCQ-PCC), quine l’étions pas.

    L’acte fondateur de l’UFP avait été dereconnaître d’emblée que son soutien àla souveraineté du Québec n’était pasunanime dans ses rangs et que celle-cin’étant pas une n en soi, elle se devait

    d’être avant tout un instrument servantà l’émancipation des classes populaires.Option Citoyenne avec qui l’UFPcréera QS en 2006, avait une position

    semblable, afrmant que l’article 1 deson programme devait porter sur son

     projet d’émancipation sociale et non passur la question nationale pour laquelleelle n’avait d’ailleurs pas encore de position déterminée.

    Mais en 2009, QS va se positionner

    clairement pour l’indépendance duQuébec. Tout en continuant de vouerà celle-ci une fonction instrumentale,considérant que « l’intégralité de son projet de société ne pourra se réaliser

    que si le Québec dispose de l’ensemble

    des pouvoirs aux plans politique,économique et culturel   », QS pensedésormais que l’indépendance devientaussi une nécessité absolue pour la préservation et le « développementd’une nation unique par son histoire

    et sa culture en constante évolution,

    autour d’une langue commune qu’est

    le français. »

    Depuis, la souveraineté du Québecest souvent présentée comme le vrai proje t de société de QS, ou tou t aumoins, comme son aspect principal.On fait allègrement l’amalgame entre

    souveraineté et progressisme. On parlede bien commun, mais jamais on nenomme le mode de production qui prévaudrai t dans ce proje t de société,on ne parle jamais de socialisme.L’indépendance et/ou la souverainetésemblent être devenues de plus en plus l’art icle 1 du programme de QS.

    La question de l’alliance des forcessouverainistes, une alliance gauche-droite, revient de façon récurrentehanter les débats de ses congrès. On esten train de revenir à la case départ.

    L’INDÉPENDANCE DU QUÉBECDEMEURE UN PROJET COLONIAL

    Dans son programme actuel, il est ditqu’un gouvernement de QS invitera1es

    nations autochtones à se joindre àl’exercice de l’assemblée constituante par les moyens qu’elles décideront et leuraccordera une place importante si ellesle veulent. Cependant, l’adoption desamendements proposés au programmelimitant le mandat de l’assembléeconstituante exclusivement à un projetd’indépendance va certainement leurlaisser moins de place.

    D u p o i n t d e v u e d e s n a t i o n s

    autochtones, le débat entre fédéralisteset souverainistes est un débat entre

    Blancs dont elles sont exclues bienqu’elles soient concernées, un débatqui se poursuit entre deux puissancescoloniales qui se disputent le contrôle deleurs territoires à elles. Tant le Canadaqu’un éventuel Québec indépendantsont des projets coloniaux qui leur nientleurs droits nationaux.

    Le projet d’indépendance du Québecimplique de séparer du Canada, non pasle territoire où la nation québécoise

    s’est historiquement développée (lacommunauté de territoire étant l’un descritères établissant l’existence d’unenation), mais plutôt d’en séparer un État,une entité coloniale dont la juridiction aété étendue par le gouvernement fédéralsur de vastes territoires appartenant à plusieurs nations autochtones . Depuisla Confédération, on a ajouté à la juridict ion de la province notammentles territoires et les bassins de la BaieJames, de la Baie d’Hudson et d’Ungavaainsi qu’une partie de la Côte-Nord. Enfait, le territoire de la province a été plusque doublé jusqu’en 1912 sans que les

     populat ions autochtones concernées nesoient le moindrement consultées.

    Certes, QS admet que « l’a priori del’intégrité territoriale du Québec  »ne peut être défendu comme le font lePQ et les autres nationalistes étroits. Néanmoins, QS n’envisage pas moinsde s’associer avec ces mêmes forcesnationalistes et colonialistes pourréaliser la souveraineté du Québec et, ce

    faisant, laisse penser qu’au fond, il nevoit pas les choses bien différemment.

    Or s’il advenait que le Québec déclareson indépendance, la question de la par tit ion du ter ritoire de la provinc eva nécessairement se poser, les nationsautochtones ayant en principe le droitde décider librement avec quel pays, leQuébec ou le Canada, elles choisiront ounon de se lier, avec les vastes territoiresancestraux qu’elles revendiquent pour yétablir des gouvernements autonomes.

    Les partis communistes du Québec

    et du Canada reconnaissent le droit àl’autodétermination du Québec, incluantcelui de se séparer. Cependant, le Particommuniste préfère plutôt prônerl’adoption d’une nouvelle constitutionqui embrasserai t l ’ensemble desquestions nationales à la grandeur du pays, établissant ainsi un large frontuni des nations opprimées pour unchangement fondamental plutôt qued’exacerber les contradictions entreces nations. À l’instar de QS, le PCQ-PCC propose aussi l’élection d’uneassemblée constituante pour réécrirela Constitution canadienne et qui sera

    ensuite soumise pour approbation auxdiverses composantes nationales duCanada. Cette constitution devraitgarantir à toutes les nations de pleinsdroits égaux et afrmer clairement le

    caractère volontaire de leur association.

    La raison de cette politique est de

    favoriser la nécessaire unité de la

    classe ouvrière dans sa lutte pour

    le socialisme : « Cette lutte pour un

    changement constitutionnel est cruciale

    dans le cadre de la lutte générale pour

    la démocratie, le progrès social et le

    socialisme. L’unité de la classe ouvrière à

    travers le pays sera impossible si l’on ne

    mène pas une lutte contre l’oppressionnationale et pour la réalisation d’un

     partenariat nouveau, égal et volontaire

    des nations du Canada. »*

      ( * Extraits du programmedu Parti communiste

    du Canada et du

    Parti communiste

    du Québec, Notre

    avenir au Canada : le

    socialisme!)

    SUITE : CONGRÈS DE QUÉBEC SOLIDAIRE

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    4 Québec Prolétaires de tous les pays, peuples et nations opprimés, unissez-vous!

    « naïveté » parce que le processus prévu

    ne présume pas de l’issue des débats

    au sein de la l’Assemblée constuante.

    C’est de cee proposion que sera saisi

    le congrès qui aura lieu à la n de mai.

    Cette position se veut radicale mais,

    à mon avis, elle découle plutôt de la

    logique nationaliste traditionnelle

    qui veut qu’un parti se prétendant

    indépendanste ne l’est réellement que

    s’il garantit l’accession du Québec à

    l’indépendance. Prédéterminer ce qui

    se retrouvera dans la future constitution

    québécoise se rapproche en effet

    beaucoup de la stratégie péquiste.

    Ce sont d’abord des raisons de

    principes qui justifient mon opposition

    à ce qu’une Assemblée nationale, où

    Québec solidaire serait majoritaire,

    oblige l’Assemblée constituante en

    vertu de sa loi constitutive à présenter

    exclusivement un projet de constitution

    indépendantiste comme option au

    référendum qui clôturera le processus.

    En effet, la modification proposée par

    la Commission sur la souveraineté

    irait directement à l’encontre de la

    Déclaration des principes de notre

    parti qui établit que « la question

    nationale n’appartient ni à un parti ni

    à l’Assemblée nationale mais à toute la

    population ».

    Elle tronquerait aussi « la vastedémarche de démocratie participative »

    au moyen de laquelle la Déclaration

    de principes veut que le débat sur

    l’avenir du Québec se fasse afin de

    « favoriser la réflexion la plus large

    et la plus inclusive possible ». On

    orienterait ainsi le cours de l’Histoire

    par le haut plutôt que de mettre en

    place des éléments permettant au

    peuple de déterminer par lui-même ce

    qui est bon pour lui. L’indépendance de

    l’Assemblée constituante par rapport

    au pouvoir partisan est un enjeu

    fondamental. Confier à cette dernière

    un mandat prédéterminé équivaudraità le repousser sous le tapis.

    D’un point de vue stratégique, i l

    faut être naïf pour penser que des

    citoyen-ne-s n’étant pas a priori

    indépendantistes seraient disposé-

    e-s à participer nombreux à une

    consultation dont l’issue serait scellée

    à l’avance. Comment voudriez-vous

    également que des fédéralistes,

    même de bonne foi, acceptent de

    devenir députés d’une Assemblée

    constituante qui aurait pour mandat

    de soumettre une question en faveur

    de l’indépendance au référendum quimettra fin au processus constituant ?

    Ils verraient plutôt la consultation

    effectuée par la Constituante comme

    une ‘mascarade’ dont ils boycotteraient

    les travaux. Ce procédé rabaisserait

    malheureusement Québec solidaire au

    niveau des manœuvres éculées utilisées

    par les partis traditionnels.

    De plus, les fédéralistes ne resteraient

    pas les bras croisés en attendant le

    référendum. Ils ne feraient pas que

    discréditer le processus. Passés maitres

    dans l’art de jouer sur les peurs et

    les appréhensions des gens ils en

    profiteraient pour mettre sur pied une

    redoutable contre-offensive visant à

    leur faire gagner le référendum. Le

    Québec aurait ainsi loupé sa dernière

    chance d’en venir à un règlement

    démocratique de la question nationale.

    IMPOSER UNE POSITION À UNEINSTANCE DE DELIBERATIONDEMOCRATIQUE EST UN GAGE

    D’ECHEC

    Comme le soulignent Raphaël Langevin

    et al dans un texte qui vient d’être

    publié sur le site Presse-toi à gauche

    et dont je m’inspire ici, la posture de laCommission sur la souveraineté, qu’on

    peut qualifier de ‘radicalisme formel’ ne

    tient pas compte du fait qu’il ne suffit

    pas d’imposer une position dans une

    instance de délibération démocratique

    pour augmenter les chances que cette

    dernière soit adoptée et comprise par

    la population. Il est même probable

    que l’imposition de certaines positions

    dans un tel type d’instance ne nuise à

    leur approbation populaire car la partie

    de la population n’étant pas d’accord

    avec elles y verra automaquement un

    rétrécissement de son espace délibéraf.

    Il faut aussi se rappeler que, selon

    le programme actuel de Québec

    solidaire, le rôle des constuants sera

    essenellement de dégager les consensus

    les plus solides qu’ils auront observés

    durant la consultation. Ils pourront

    proposer un statut polique précis et

    contradicon agrante entre le fait de

    présenter cee dernière comme l’oul

    démocraque par excellence alors que

    le mandat sur le statut politique du

    Québec serait prédéterminé avant le

    début du processus constituant.

    SAVOIR RELEVER LES DÉFISQUE POSE L’EXERCICE DE LASOUVERAINETÉ POPULAIRE

    La démocratie est en soi instable et

    incertaine. Mais en bon démocrate il

    faut savoir relever les défis que pose

    l’exercice de la souveraineté populaire.

    Comme le soulignent Raphaël Langevin

    et al dans leur texte, la formule d’une

    Assemblée constituante sans mandat

    prédéterminé qu’a choisie Québec

    solidaire à son congrès de 2009

    constitue un pari. Mais ce pari, j’en suis

    convaincu, nous pourrons le remporter

    si nous ne répétons pas les erreurs du

    passé en forçant l’étiquetage des acteurs

    sur la question nationale avant même

    que le processus constituant ne soit

    officiellement enclenché. Les chauds

    débats résultant d’un tel contexte de

    mobilisation ne sont donc pas à éviter,

    au contraire. Ce sont justement ces

    débats qui nous permettront de mettre

    à nu l’ensemble des peurs et arguments

    utilisés par le camp fédéraliste afin de

    faire croire à la population qu’elle n’a

    pas d’autres options que le statu quo

    constitutionnel.

    Une démarche constituante ne doitdonc pas servir à faire des débats entre

    indépendantistes afin de se convaincre

    que notre option est la meilleure. Elle

    doit favoriser la confrontation avec les

    non-indépendantistes, mais sur un mode

    civilisée en s’inspirant, par exemple de

    L’éthique de la discussion du philosophe

    allemand Habermas. Comme le souligne

    Michel Venne, directeur général de

    l’Institut du Nouveau Monde (INM),

    dans un texte que vient de publier Le

    Devoir, « au Québec en 2016 on ne sait

    plus dialoguer sereinement, de façon

    féconde sur les enjeux essentiels qui

    nous confrontent. Pourtant l’expériencede l’INM prouver que lorsqu’on adopte

    les bonnes méthodes le dialogue social

    est fécond et apaisant, et ce même s’il

    repose au départ sur un conflit. Il crée

    de la confiance en soi-même et dans les

    autres, mais dans la possibilité que les

    choses aillent mieux ».

    Les Québécoises et les Québécois

    n’ayant jamais eu l’opportunité de

    discuter ensemble des contours d’un

    pays indépendant il s’est créé au sein

    de la population au fil du temps un

    clivage en deux camps qui au lieu

    d’échanger se lancent des qualificatifs

    aussi péjoratifs les uns que les autres

    (fédérastes, séparatisses, destructeurs

    de la nation canadienne, traitres à la

    nation québécoise, etc.)

    En tant que membres de Québec

    solidaire il faudra faire en sorte de

    mettre de l’avant dès le début notre

    vision des choses et la défendre jusqu’à

    la fin du processus constituant pour

    s’assurer qu’elle soit adoptée, comprise

    et intériorisée par une majorité de

    citoyen-ne-s. Toutefois l’Assemblée

    constituante ne doit pas être vue

    prioritairement comme un moyen de

    mobiliser les troupes indépendantistes,mais bien de procéder à un grand

    exercice d’éducation populaire où

    l’ensemble des idées pourraient être

    discutées et remises en question, y

    compris l’indépendance. Il ne s’agit

    certes pas d’une option facile mais je

    suis convaincu que c’est celle qui offre

    les plus grandes chances de succès.

    Le vrai radicalisme passe donc par la

    mobilisation des militant-e-s sur le

    terrain, la confrontation idéologique

    et la conscientisation individuelle

    et collective ; non par l’affirmation

    sur papier de certains principes qui

    compliqueront la possibilité de dialogues

    avec l’ensemble des acteurs de la

    société. Je crois donc que la posion

    actuelle du par est celle qui est la plus

    radicale car elle tente de dépasser les

    clivages historiques en grande partie

    responsables des deux derniers échecs

    référendaires.

    SORTIR DE NOTRE COCON À LARENCONTRE DES AUTRES

    Il est essentiel de sortir du milieu

    indépendantiste pour accroitre la

    crédibil ité de notre démarche et

    maximiser nos chances de réussite.

    Concrètement i l s ’agit de fa ire

    comprendre, autant aux convaincu-

    e-s qu’aux non convaincu-e-s que,

    malgré des décennies de cynisme et de

    manipulation des élites politiques notre

    désir est de remettre le pouvoir entre

    les mains de la population. Il ne s’agit

    pas d’imposer l’option indépendantiste

    mais de permettre aux gens de s’yconvertir en discutant avec eux.

    Comme l’a écrit Roméo Bouchard

    dernièrement, un référendum sur un

    projet de constitution proposé par une

    Assemblée constituante avec un mandat

    ouvert (non prédéterminé) apparait de

    plus en plus comme la seule alternative

    possible au référendum péquiste et

    comme la meilleure façon de sortir le

    projet de souveraineté de l’ornière où

    il s’est enfoncé en le replaçant dans le

    cadre d’une réforme en profondeur de

    nos institutions démocratiques.

    Québec solidaire doit donc rejeter

    la proposition d’une Constituante

    pipée d’avance. Il ne doit pas avoir

    peur de prendre le risque de la

    souveraineté du peuple. Vouloir

    une Constituante ouverte ce n’est

    pas être naïf mais réaliste, car c’est

    la seule option respectueuse de la

    souveraineté des citoyen-ne-s, celle

    qui leur permettra de se réapproprier

    leur pays. Une Constituante qui

    ne serait pas entièrement libre de

    ses délibérations ne serait qu’une

    mascarade supplémentaire venant

    s’ajouter à toutes celles que nous avons

    connues dans ce domaine.

    À Clarté, nous sommes heureuxet heureuses de recevoir vos

    commentaires et vos lettres. Écrivez-nous à [email protected] à notre adresse postale : 5359 ave duParc, Suite C, Montréal, Qc. H2V 4G9.

    Nous nous réservons cependant ledroit de ne pas publier une lettre, oude n’en publier qu’une partie pour

    des raisons d’espace et/ou d’éthique.

    un projet unique

    de constitution

    en fonction de

    leur évaluation

    d u c o n s e n s u s

    dominant. Il ne faut

    pas oublier non

    plus que l’exercice

    constuant ne sera

    pas un sondage

    ni une campagne

    électorale. Il devra

    être un exercice

    de démocrat ie

    p a r t i c i p a t i v e

    où t out e s le s

    opinions peuvent

    s’exprimer sans

    ê t r e r e j e t é e s

    à l ’avance par

    u n m a n d a t

    restrictif confié

    à l ’A s s e mblé e

    constituante. Il yaurait en eet une

    SUITE : PAUL CLICHE

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    5/16

    JEUNESSE MILITANTEJUIN 2016 * WWW.YCL-LJC.CA

    Éditorial Adrien Welsh

     Avec le scandale des PanamaPapers, l’arrestation de NathalieNormandeau et les remous causéspar les scandales de malversationsauxquels sont mêlés plusieursofciels du Parti des Travailleurs

    du Brésil, la corruption semble plusbanalisée que jamais. Ceci écoeured’autant plus que les «proteursvautrés dans la richesse» agissenten période de crise économique. À travers des mesures d’austéritéoppressante pour les peuples dumonde, des guerres impérialistesqui ne visent qu’à mettre la mainsur de nouveaux marchés et àcontrôler l’accès aux ressourcesnaturelles ainsi que la destructionde l’environnement, ils essaient denous faire payer pour leur crise etce, parfois de façon tragique commeon a pu le voir à Bruxelles et à Parisil n’y a que quelques mois. Lesmigrants qui, en tentant de gagnerles rives européennes depuisl’Afrique, terminent le voyage aufond du cimetière méditerranéen ensont aussi des victimes.

    Pourtant, ce n’est pas assez

    pour ceux qui tiennent le hautdu pavé. Mus par leurs intérêtsde classe, fondamentalement encontradiction avec les nôtres, ceuxdu «99%», ceux de la jeunesse,des étudiants, des travailleurset des masses populaires, ils nemanquent pas d’inventivité pourgrapiller les derniers kopeks de laclasse ouvrière. La corruption, lesmalversations, l’évasion scale n’en

    sont que quelques exemples et nousrappellent qu’elles sont inhérentesau système capitaliste.

    Malgré la commotion générée tantà droite qu’à gauche concernant lesdifférentes tentatives de corruption,nous ne pouvons nous résoudre àcroire que toutes sont sincères. Eneffet, même s’il est tout à fait justiéde s’insurger contre ces fourberies,nous devons prendre garde contreles chants des sirènes qui nousafrment qu’il serait possible de

    «moraliser» le capitalisme, bâtir un«capitalisme à visage humain».

    Ce n’est pas le pari de la jeunessecommuniste du Québec. Pour nous,

    Marianne Breton Fontaine

    Le jeudi 22 octobre 2015, l’équipe de l’émissionEnquête de Radio-Canada diffusait un repor-tage-choc sur de multiples viols et agressionssexuelles subies par des femmes autochtonesde Val d’or. À l’origine, l’équipe de journalistesn’enquêtait pas sur ces cas, mais plutôt sur ladisparition de femmes autochtones et en particu-lier celle de Sindy Ruperthouse, une Algonquinedont la disparition depuis le printemps 2014laissait honteusement indifférents les médias etles autorités québécoises.

     Autour d’une table, les amies de Sindy Ruper-thouse sont interrogées à propos de l’enquêtede la police par la journaliste Josée Dupuis. Laconversation prend alors une autre tournure.Les femmes se conent sur les comportements

    abusifs des policiers. Des policiers qui protent

    de leur autorité pour obtenir des fellations oud’autres faveurs sexuelles; des policiers quimenacent les femmes autochtones; des policiersqui abandonnent des femmes en état d’ébriétéen plein milieu de la forêt à plus de deux heures

    de marche du centre-ville pour les faire «des-saouler»; des policiers qui frappent et bruta-lisent; des policiers qui paient des femmes endrogue et en argent pour du sexe; des policiersqui violent des femmes dans le bois, ou dansle poste de police; ces mêmes policiers qui nefont rien pour retrouver Sindy Ruperthouse oules autres femmes autochtones disparues. Aul du reportage, des femmes courageuses se

    conent, quelques fois pour la première fois,

    sur les horreurs qu’elles ont vécues aux mainsdes forces de police de Val d’or. À la suite des révélations faites par les amies

    de Mme Ruperthouse, d’autres femmes autoch-tones ont voulu briser le silence. Certaines sontallées porter plainte. Quatorze dossiers ont

    été ouverts et ciblent huit policiers de Val d’or.Ce sont huit policiers sur une cinquantaine duposte. C’est énorme. Pire, ils ne sont sûrement

    pas les seuls.

    Par leurs paroles, ces femmes ont forcé le

    gouvernement à réagir. Impossible pour l’État

    Silence et indifférence :Des femmes autochtonestémoignent de la

     violencepolicière.

    Suite à la page 2

    Suite à la page 3

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    6/16

    Nina Césaire.

    En arrivant au Canada pour

    quelques mois en simple visite, je

    ne m’attendais pas à un accueil si

    glacial. Moi, qui voulais seulement

    voir les camarades québécois,

    canadiens, mais surtout découvrir

    ce beau pays, je me suis retrouvée

    aussi contrôlée qu’un criminel.

    Lorsque j’arrive à l’aéroport

    à Montréal, la durée de mon

    séjour interpelle un agent des

    douanes qui m’envoie donc à

    l’immigration. Après quelques

    temps d’attente, un officier me

    prend en charge. Je suis jeune,

     je viens de démissionner de mon

    travail en France et j’avais rempli il

    y a quelques mois une application

    pour le PVT (Permis VacancesTravail). Evidemment les soupçonscommencent. On me demande si

     je veux travailler illégalement au

    Canada, je réponds par la négative

    en avançant l’argument que j’ai

    économisé durant de longues

    années pour pouvoir voyager sansproblème. L’officier me demande

    alors une preuve et me demande

    mon téléphone portable. Choquée,

    mais ayant peur de se faire

    directement renvoyée en France

    par le premier avion, je lui donne

    mon téléphone et mon code. Non

    seulement a-t-il regardé de fond en

    comble mon compte en banque, il

    a aussi scruté mes messages

    personnels ! Moi qui pensais que

    la vie privée était un droit, que

    nenni ! Tout de su ite il découvre lesmessages envoyés à un camarade

    québécois sur place que j’ai connu

    en France. Il me demande qui

    est-ce, de quel syndicat parle-t-

    on, mais surtout quels sont mes

    liens avec le Parti Communiste.Ne voulant pas nier l’évidence je

    lui dis « Je suis membre du PartiCommuniste ». S’en suit une

    fouille encore plus approfondie de

    mon portable, mes photos, mes

    contacts, mes mails, même ceux

    qui n’ont aucun de rapport avec

    la politique. Ma vie privée est

    désormais violée et fichée dans

    les dossiers canadiens. Une heure

    plus tard, un autre officier des

    douanes arrive. Les deux officiers

    m’emmènent avec ma valise dans

    une petite salle reculée.

    Je commence à stresser,

    l’interrogatoire continue, le

    deuxième officier des douanes met

    des gants. Le deuxième officier

    semble plus se focaliser sur le fait

    que j’avais rempli une demande

    de PVT, ce que je comprendsparfaitement et j’explique que je

    la retirerai dès que possible étant

    donné que je n’en veux pas. Le

    premier officier me demande mes

    motivations au Canada (!). Mavalise est fouillée, mon portefeuille

    et ma veste également. Ils tombent

    sur ma carte de membre du Parti  :

    « Quelle est l’idéologie du Particommuniste ? ». Amusée par

    la question et me disant que de

    toute façon de n’avait absolument

    rien à cacher, puisqu’ils savent

    tout de ma vie grâce aux fouilles,

     je fais alors une formation de

    marxisme-léninisme aux douaniers

    de l’aéroport pendant que mon

    appareil photo est exploré.

    Cependant, après trois heures

    de questions, de soupçons, je

    commence à sérieusement perdre

    mon sang-froid, se faire traiter

    de la sorte est tout simplement

    atterrant pour ma première visite

    dans ce pays.

    Ils n’ont rien découvert qui

    puisse justifier une interdiction duterritoire canadien, le deuxième

    officier des douanes s’en va. Le

    premier, qui avait confisqué mon

    portable et mon passeport, rempli

    des papiers, j’attends encore.

    Quand il m’appelle au comptoir, il

    m’explique qu’il a raccourci mon

    séjour, initialement de quatre mois,

    à un mois seulement ! Malgré la

    présentation de mon billet retour

    pour la France ! Il argue que je

    pourrais travailler illégalement au

    Canada et qu’un mois ça suffisait

    pour visiter le Québec. L’argument

    du travail illégal est plutôt drôlequand l’écrasante majorité de mon

    interrogatoire était focalisée sur

    mon engagement communiste !

    Pour faire r égulariser ma situation, j’ai dû  voyager aux Etats-Unis,passer la frontière pour renouveler

    mon statut de visiteur. Cette fois-

    ci je m’étais préparé à un éventuel

    interrogatoire poussé, j’avais

    supprimé toutes mes données qui

    pouvaient me compromettre.

    Cette péripétie prouve

    qu’aujourd’hui, malgré toutes les

    mauvaises langues qui disentque nous n’existons plus, les

    communistes et leur organisation

    font toujours peur au pouvoir

    capitaliste et à leur bras armé !

    il ne fait aucun

    doute qu’il n’est

    pas de voie de

    sortie autre que

    la rupture avec le

    système capitaliste-

    impérialiste. En

    revanche, il serait

    erroné de faire

    de ce constat un

    f a u x - d i l e m m e .

    Nous luttons pour

    des revendications

    c o n c r è t e s ,

    i m m é d i a t e s ,

    comme la demande

    d’un salaire

    minimum à 15$ l’heure, la n dublocus criminel imposé au peuple

    cubain depuis plus d’un demi-siècle,

    le retrait du Canada des troupes

    canadiennes du Moyen-Orient et le

    retrait du Canada de l’OTAN. Nousrefusons la politique génocidaire

    appliquée depuis plus de 500 ans

    aux peuples autochtones, nous nous

    indignons de l’inégalité nationale

    entérinée par la Constitution de

    1867 tout comme du nationalisme

    étroit véhiculé par les forces du Partiquébécois et, à certains égards, par

    une frange de Québec solidaire.

    Nous croyons qu’un Canada autre

    que celui de la Reine et de Trudeau

    Le dramaturge communiste allemand Ber-tolt Brecht

    est possible: celui de Norman

    Bethune, de Léa Roback, de

    Madeleine Parent et de Fred Rose.

    Nous devons, à travers ces

    luttes, gagner du terrain contre le

    capitalisme triomphant et, d’autre

    part, de mobiliser la jeunesse et

    les masses populaires. Ainsi, nous

    pourrons, tous ensemble, unis et

    militants, lutter contre l’impérialisme,

    ennemi numéro un des peuples, et

    bâtir un monde de paix durable et de

    transformations sociales.

    SUITE DE L’ÉDITORIAL

    «Qui est le plus grand criminel:

    celui qui braque une banque ou

    celui qui en fonde une?»Bertolt Brecht

    Ô CANADA...

    2

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    7/16

    d’ignorer l’horreur des actions com-mises par sa force de coercition. Surle coup du reportage, la police a ré-pondu en conférence de presse mini-misant le problème. Un problème de«pommes pourries», comme si ceshistoires étaient des cas isolés, desfaits divers, et non l’image précisede ce qu’est le système policier pourles personnes autochtones. Depuis,ni la police, ni le gouvernement duQuébec, n’ont réellement pris leursresponsabilités. Quelques annonces

    de subventions ont bien été faites parle gouvernement du Québec et descaméras seront posées sur les auto-patrouilles des policiers de Val d’Or,mais rien qui puisse véritablementchanger la situation.

    Dans un communiqué, Dawn Lavell-Harvard, présidente de l’Associationdes femmes autochtones du Canada,déclare : « Je suis profondémentpréoccupée par les al légationsémanant de Val-d’Or, mais pas dutout surprise. Nous savons que desactes de violence physique, sexuelle

    et institutionnelle ont été inigés ànos femmes et nos lles aux mains

    des autorités depuis des décennies.J’espère qu’en faisant jaillir la lumièredans ces recoins sombres, nous par-viendrons un jour à la justice. Il fautque cesse la violence envers lesfemmes et les lles autochtones. »

    La nation Cri a lancé un boycottcontre Val d’or en solidarité avecles femmes qui ont dénoncé leursagresseurs dans la police. Le GrandChef Coon Come expliquait que sacommunauté prenait action «to showthe non-native population of Val-d›Or

    that we are standing with the nativewomen until the mayor can assure

    us that our people and our womenare safe here. (pour montrer à lapopulation allotochtone de Val d’Orque nous nous lèverons en solidaritéavec les femmes autochtones tantet aussi longtemps que le maire nepuisse nous assurer que nos gens etnos femmes sont en sécurité.)»

    Pour d’autres femmes autochtones,

    voir ce reportage rouvrait de grandesblessures. À Montréal par exemple,le foyer pour femmes autochtones a

    vécu une crise interne. Des cerclesde guérison ont eux lieu pour aiderles femmes en détresse. Des languesse sont déliées partout au Québec.D’autres femmes sont venues dénon-cer les viols et les violences, commecelles vécues à Val d’or, perpétréesen toute impunité par d’autres corpspoliciers. L’ampleur des agressionset leur caractère généralisé montreencore une fois que le Canada esttoujours un État colonial qui exerceune violence systématique contreles peuples autochtones. Pour les

    femmes, c’est à la fois le poids de la

    violence coloniale et patriarcale quidoit être porté.

     Après avoir été agressée sexuelle-ment puis battue par des policiers,Kristen Wawatie à déer un de ses

    agresseurs en lui disant qu’ellel’amènerait en Cour. Celui-ci lui arépondu : «Qui tu penses qui vontcroire ? Un policier ou un soûlon ?»

    Malgré la menace, la jeune femmeporte plainte, mais la SQ refuse del’entendre sous le prétexte qu’ellen’a pas d’avocat. Pourtant, cette

    exigence est fausse. Personne n’a

    besoin d’avocat pour porter plainte.

    Une militante autochtone de Sept-

     Îles interrogé par Radio-Canada àcomparé la police et le système de justice canadien et québécois au KKKaméricain. Le système judiciaire esten pratique un déni de justice pourles personnes autochtones.

    Les policiers se protègent entre euxet reproduisent de manière brutale leracisme qui existe contre les autoch-tones. De manière institutionnelle,les corps de police et le ministèrede la Sécurité publique traitent les

    personnes autochtones comme descitoyens et citoyennes de deuxièmeclasse. C’est une réalité québécoisecomme canadienne. Rappelons quedes milliers de femmes autochtonesont disparu ou ont été tuées auCanada depuis 1990, et que c’estseulement après de très nombreusesannées de bataille qu’une enquêtepublique a enn été ouverte.

    Pour les policiers de Val d’or, c’est

    le SPVM (Police de Montréal) qui

    fera l’enquête. Encore la police quienquête sur la police.

    Tant qu’il n’y aura pas de profond

    changement dans l’État canadienet qu’il ne sera pas reconnu que leCanada s’est construit sur le vol desterres et le viol de la souverainetéautochtone, ces drames continuerontde se reproduire.

    Nous demandons justice pour ses

    femmes autoctones

    De Lac Simon, Jeannie Irène Pou-cachiche venait de célébrer ses 20

    ans et est décédée de façon tragiquele 13 septembre 2003.

    Sindy Ruperthouse est une Algon-quine de 44 ans disparue depuis leprintemps 2014.

    Shannon Alexander et Maisy

    Odjick  sont deux amies. Elles ontété vue pour la dernière fois le 6septembre 2008, après avoir passéla nuit chez Maisy Odjick à Maniwaki,

    au Québec. Shannon avait 17 anset Maisy 16 ans au moment de leurdisparition.

    Yan Leduc-Chun

    Je vous invite, cher lecteur, à vousposer une petite question: quesavons-nous des Inuits? Vous est-il déjà arrivé de vous demanderpourquoi les médias ont besoin

    d’une vague de taux de suicidemonstre pour parler des Premières

    Nations? Si je vous disais que j’y suis allé dans le grand Nord,pendant 2 mois et que j’ai comprisavec mes propres yeux, que j’ai ététémoin des complexités politiqueset historiques colonialistes qui

    caractérisent la réalité Inuit, celavous intéresserait-il que je vousdémontre le réel pouvoir que vousdétenez sur ce peuple et de vous

    expliquer du même coup pourquoinous n’y connaissons presque rien? Après la deuxième guerre mondiale,

    les tensions entre les forces del’Ouest et l’URSS grimpent. LeCanada, membre de l’OTAN,

    décide qu’il veut ofciellement

    occuper le grand Nord et ainsiafrmer sa souveraineté sur la

    région arctique avant l’Unionsoviétique. Le gouvernement

    envoie donc l’armée Canadiennechez les Inuits, pour abattre leurs

    chiens et les sédentariser, pour lesassimiler au reste de la populationcanadienne. Autre volet de cettepolitique, la déportation forcéede quelques dizaines de familles

    (notamment d’Inukjuaq au Nunavik)

    vers Resolute Bay et Grise Fiord,des terres situées à des latitudes jamais fréquentées par les Inuittraditionnellement. Missionaccomplie: non seulement sont-ils

    devenus Canadiens, mais ils sont àl’avant-poste de la souveraineté ducamp occidental au nord du Cerclepolaire.

    Dans le village de Puvirnituq, qui

    compte environ 2000 habitants,le deuxième plus grand aprèsKuujjuaq dans le territoire duNunavik, il y a une école primaire etune école secondaire. Merveilleux,mais problème: un emploiqui ne requiert qu’un diplômed’études secondaires, ça n’existepratiquement pas au Nunavik. Iln’y a aucune industrie productiveaprès la chasse. Tant à l’hôpital de

    Puvirnituq, à la station électrique

    d’Hydro Québec, qu’à ses deuxécoles, les docteurs, inrmiers,

    électriciens et les professeurs sontpratiquement tous des Blancs.Ces emplois demandent tous des

    études post-secondaires, ce quisignie avoir l’argent pour envoyer

    les jeunes dans des institutionsà 2000 KM de chez eux pendant

    plusieurs années. Or, de l’argent, iln’y en a pas non plus: le taux dechômage est anormalement élevé(un peu comme dans toutes les

    communautés autochtones), les

    logements sont en plus surpeuplés(on doit déjà vivre à une douzaine

    de personnes dans une maisonsimplement pour payer le loyer).

    Comme je l’ai mentionné plus tôt,parce que le gouvernement lesmaintient là, il veut les maintenir etla façon la plus efcace est de ne

    pas en parler, parce qu’ils saventque les maintenir là implique deshorreurs et des conditions qui nesont pas dignes d’un des plus richespays du monde. Ils savent quesi nous savions ce qui s’y passe,nous ne resterions pas indifférents.Le gouvernement a peur de notreaction.

    Pendant mon séjour, non seulement

    ai-je été témoin de suicides, dedisparitions et de violences, maiségalement de problèmes récurrentsqui coutent des millions auxcommunautés, voire des vies.

    Réalité Arctique

    Suite Val d’Or

    La LJCQ lors de la marche du 14 février en solidarité avec les femmesautochtones disparues ou assassinées. 3

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    8/16

     mars: Journée

    nternat ona e es emmes

    Bien que le dernier budget Leitaoait entériné la n ofcielle de la«rigueur budgétaire», les mesuresd’austérités qui ont été imposées auxQuébécois depuis 2014 continuerontà générer des répercussions durantles années à venir. Les femmes, sur-représentées dans le secteur publicet parapublic - principale cible descoupures libérales - comptent parmi

    les plus durement touchées par cesmesures.

    En ce sens, la fausse polémiqueautour de la ministre québécoise dela Condition féminine, Lise Thériault,qui ne se considère pas féministe,a de quoi faire rire. En effet, nousn’avions pas besoin de ses aveuxpour le constater! Cette déclaration atoutefois généré un débat intéressantsur la dénition du f éminisme, maisa surtout permis à ceux et celles quidénigrent l’engagement politique etmilitant de vociférer sur les plateauxde télévision ou sur les ondes radioen laissant sous-entendre quetous les mots en «-isme» seraientdogmatiques et révolus.

    Qu’à cela ne tienne, le soir du 8 mars,communistes, féministes, pacistes,internationalistes, progressistes; jeunes et moins jeunes, hommescomme femmes nous sommesretrouvés dans les rues de Montréalpour manifester à l’occasion de laJournée internationale des femmes.Cette année, la marche a étémarquée par une solidarité accrueenvers les femmes autochtones

    assassinées et disparues ainsiqu’envers les femmes autochtonesvictimes de harcèlement à Val d’Oret ailleurs au Québec.

    5 mars: contre la brutalité

    policière

    Cette année, la marche contrela brutalité policière a constituéune victoire pour les mouvementssociaux: pour la première fois, grâceau grand nombre d’observateursprésents, les forces de l’ordre n’ontpu interrompre la marche avant

    que les manifestants ne fassent lepremier pas. Cette victoire, très peu

    relayée par les médias traditionnels,est signicative et doit être diffuséelargement avant l’organisation de laprochaine édition.

    En effet, nous pouvons espérerque, lors des prochaines éditions, lamobilisation sera plus large et plusmassive an d’être plus à mêmede faire valoir notre opposition auxméthodes brutales et racistes duSPVM maintes fois décriées.

    rappeler que les motifs de guerrecontre le terrorisme, invoqués depuis2001, ne sont que des motifs fallacieuxpour justier des guerres impérialistesqui ne font qu’envenimer la situationdans la région et qui visent à assurerla mainmise de l’Occident, Canadacompris, sur le Moyen-Orient. Nousavons également dénoncé que cesguerres soient livrées au nom desfemmes opprimées alors qu’elles enpaient doublement les frais, le viol étantutilisé comme arme de guerre par les

    forces belligérantes.

    Nous avons souligné le rôle dugouvernement libéral dans ce carnage:non content de poursuivre l’oeuvre duprécédent gouvernement conservateur,même s’il avait promis en campagneélectorale de cesser les frappesaériennes, celles-ci ont augmentéentre novembre et février. De surcroit,le gouvernement libéral a annoncédébloquer 1,6 milliard $ pour unemission de «formation» sur le terrain -une bien drôle de formation puisque lesmilitaires seront trois fois plus nombreuxsur le terrain et surtout armés.

    Pour nous, il ne fait aucun doute que la

    seule issue à ce conit est politique: leCanada doit en premier lieu se retirerimmédiatement de cette coalitioninternationale, se retirer de l’alliancecriminelle qu’est l’OTAN. Si le Canada

    voulait réellement en découdre avecl’État islamique et ces forces fascistesde réserve, il cesserait toute vented’arme avec ceux qui les fournissent,à commencer par l’Arabie saoudite.

    Nordelo, un des cinq héros de laRévolution cubaine emprisonné de1998à 2014 pour avoir tenté d’empêcher desactes terroristes contre la patrie de JoséMartí, a livré une conférence au CentreSaint-Pierre.

    Gerardo s’est entretenu surl’importance de la victoire qu’areprésenté sa libération ainsi que cellede ses compagnons d’infortune nonseulement pour le peuple cubain, maispour le mouvement anti-impérialiste

    à travers le monde. Il a aussi soulignél’importance de la victoire du peuplecubain sur l’impérialisme états-unienillustrée par la reprise des relationsdiplomatiques entre les États-Unis etCuba. Il a néanmoins insisté sur le faitque malgré cette victoire, la bataillen’est pas terminée: tant que le blocusne sera pas levé, tant que les États-Unis ne rétrocèderont pas la base deGuantanamo au peuple cubain, qu’ilsne verseront pas de compensation pourles dommages causés par le blocus etsurtout, tant qu’ils ne permettront pasaux Cubains de suivre la voie qu’ils ontchoisie, les relations ne pourront enaucun cas être totalement normalisées.

    Notant une forte présence de la jeunesse au sein de l’audience, notre«héros» a souligné l’importance durôle de la «relève» tant ici qu’à Cuba,car plus que jamais, la mobilisationcontre l’impérialisme est nécessaireet pressante. Lorsque nous lui avonsdemandé s’il était important d’étendrela solidarité avec Cuba aux autrespeuples opprimés du monde, il arépondu sans équivoque: «une attaque

    Que ce soit pour la pleine égalité entre les hommes et les femmes,

    la paix, la solidarité internationale et contre les guerres impérialistes,

     pour un salaire décent ou encore pour le droit à une éducation

     publique, de qualité, gratuite et universelle, la Ligue de la jeunesse

    communiste n’hésite pas à battre le pavé et à lutter pour un monde de

     paix et de transformation sociale.

     LJ C Q e n  ac t io n !

     mars: ontr a pour a

    paix

     À l’occasion du 13e anniversaire del’invasion de l’Irak par les États-Unis,une centaine de pacistes et d’anti-

    impérialistes, dont la Ligue de la jeunesse communiste, se sont réunisdevant le Complexe Guy-Favreau pourmanifester notre opposition aux guerresimpérialistes et à la participationcanadienne à la Coalition internationalecensée «pacier » l’Iraq et la Syrie enluttant contre l’État Islamique.

    Nous avons saisi cette occasion pour

    avril: rencontre avecGerardo Hernandez Nordelo

    Le 17 avril 2014, nous avions célébréen grande pompe la libération desderniers cinq héros de la Révolutioncubaine à laquelle le mouvementcommuniste international et la jeunesse anti-impérialiste, à traversla Fédération mondiale de la jeunessedémocratique, ont grandementcontribué.

    Le 6 avril dernier, à l’initiative de laTable de concertation de solidarité

    Québec-Cuba, Gerardo Hernandez

    contre le Venezuela, contre le Salvador,le Nicaragua, le Brésil, l’Équateur oula Bolivie, c’est une attaque contreCuba». Pour lui, il ne fait aucun douteque l’expansion du modèle cubain aureste de l’Amérique latine est la hantisede l’impérialisme états-unien.

    En ce sens, la solidarité avec lespeuples cubain et latino-américain estun combat d’avant-garde dans lequella Ligue de la jeunesse communiste estengagée depuis sa création en 1923 etpour lequel nous demeurons mobilisés.

    qu

    qupre

    r

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    9/16

    15 avril: tous dans la ruepour 15$ l’heure

    Selon une étude de l’IRIS, le salaireminimum au Québec ne permet pasde vivre décemment. En fait, unepersonne rémunérée à ce taux viten moyenne 10% sous le seuil defaible revenu. Cette situation n’estpas unique à la Belle Province: un

    peu partout au Canada et aux États-Unis, les salaires de misère sont lanorme pour un nombre sans cessecroissant de travailleurs.

    En conséquence, un mouvementréclamant un salaire minimum à 15$l’heure s’est organisé d’abord dansquelques villes et états ou provinces,puis a fait tache d’huile pour gagnerles mouvements sociaux et les partispolitiques progressistes un peupartout sur le continent. La bataillea même porté ses fruits dans lesÉtats de New-York et de Californieoù une loi xant le salaire minimumhoraire à 15$ a été votée, preuveque la lutte paye. Au Québec, leparti progressiste Québec solidaire aprésenté une motion à l’Assembléenationale, rejetée, évidemment!Qu’à cela ne tienne, la mobilisationsemble croitre considérablement: levendredi 15 avril dernier, groupescommunautaires, syndicats et partispolitiques ont délé pour réclamerun salaire minimum décent ande répondre aux besoins destravailleurs, de la jeunesse et desmasses populaires.

     Au delà de la revendication en soi,ce mouvement uni et militant metles luttes en avant et permet de bâtirun rapport de force en notre faveurqui servira de levier pour d’autresconquêtes sociales. En effet, ilne faut pas oublier que chaqueréforme concédée par la classedirigeante est le produit de luttes dece genre. Par exemple, au Canada,

    le salaire minimum a été instauréà la suite de la grève générale deWinnipeg de 1919. Sans ces luttes,nous connaitrions une situationprobablement semblable à celle de

    l’Allemagne où les travailleurs sontsommés d’accepter des «mini-jobs»à 1€ l’heure. «Nul devoir ne s’imposeau riche, le droit du pauvre est un motcreux»! À nous de le faire respecter,ce droit du pauvre…

    1er mai: célébrons laJournée internationale destravailleurs

    Cette année marque le 130eanniversaire des évèenementsde Haymarket Square à Chicago.Réclamant la réduction du temps

    de travail quotidient à huit heures,les ouvriers de l’usine agricole

    McCormick se sont mobilisés etont organisé une grève massive le1er mai de cette même année. Enréaction, les policiers ont chargéles manifestants rassemblés etd›importants affrontements s›ensont suivi. La plupart des dirigeantsgrévistes ont été condamnés à lapendaison un an plus tard.

     À l›initiative de la IIe Internationaleréunie à Paris en 1889, le 1er maidevient une journée de manifestationouvrière. Cette date est doncl›occasion pour les travailleurs de semobiliser en masse et de réclamerleurs droits.

    Même si aujourd’hui, au Québecet au Canada, la journée de travailde huit heures semble la norme -une concession obtenue à la suited›âpres luttes - il reste que nousdevons rester mobilisés contre lespolitiques d’austérité que les tenantsdu néolibéralisme tentent de nous

    imposer, contre les visées bellicisteset impérialistes des grandescompagnies canadiennes, contre lestraités de libre-échange (notammentle TPP qui, s’il est ratié, entérinerala perte de 58 000 emplois au pays),

    contre les traités d’armement, maispour un retrait immédiat de l’alliancecriminelle qu’est l’OTAN, contre la

    privatisation galopante des servicespublics, pour l’accès à une éducationpublique, de qualité, gratuite etuniverselle.

     Au Québec, le Premier mai est

    l›occasion pour le gouvernementprovincial de hausser (ou pas) lesalaire minimum. En mars dernier,lors du dépôt du budget, le ministreLeitao semblait dire que la «rigueurbudgétaire» (soit l’austérité) étaitchose du passé. Pour preuve, lesalaire minimum passe aujourd›hui à10, 75$ l’heure, soit une augmentationde... 1,9%! Poussant la provocation àson paroxisme, il soutient qu’il s’agitd’une hausse supérieure au tauxd’ination qui est de 1,5%...

    Plus d’un siècle après les évènementsde Chicago, la mobilisation est plusque nécessaire tant au Québec qu›auCanada et que partout à traversle monde. Encore aujourd’hui, lestravailleurs doivent se mobiliserpour faire faire échir le pouvoirdes entreprises et imposer leursrevendications, qui sont celles dela jeunesse, des étudiants et desmasses populaires en général;des femmes victimes de la doubleexploitation (celle du patriarcat

    comme celle de travailleuses), des

    peuples autochtones et des migrants.Il s›agit, en bref, des revendications dela majorité, du «99%» dépossédé de

    ses richesses et aliéné par le «1%».

    10 mai: dénonçons le PTP!

    Le 10 mai, une «consultation»publique au sujet du Partenariat trans-

    pacique était organisée à Montréal,à l’hôtel Reine-Élisabeth. Cetteconsultation n’était en fait qu’un panelde discussion où les représentantsdes grandes entreprises se sontsuccédé durant plus de quatreheures an de louanger les vertus

    de ce traité, soulignant à quel point ilrépond à leurs intérêts. Ne serait-ceque par le choix du lieu et du moment(en pleine journée un mardi), il étaitclair que la plèbe n’était qu’à moitiébienvenue.

    En fait, sur les cinq heures de

    consultation, le public n’a eu le droitqu’à une heure pour s’exprimer, et ce,sous condition de s’être enregistrébien à l’avance. Il n’empêche qu’unevingtaine de personnes ont eul’occasion de s’avancer au microdont deux pour le Parti communiste

    et pour la Ligue de la jeunessecommuniste. Les vingt interventionsont appelé au rejet pur et simple duPTP, un chèque en blanc pour lesmultinationales qui risque de générerla perte d’au moins 58 000 emplois enplus d’engendrer des conséquencesnéfastes sur l’environnement.

    Cette conférence a aussi étél’occasion de discuter avec desmilitants et des citoyens fortementopposés à cet accord de libre-échange et prêts à faire de lamobilisation contre le PTP une

    priorité d’action dans les prochainsmois, car même si le gouvernementfédéral a signé l’entente, il reste quecelle-ci ne sera valide que lorsqu’ellesera ratiée. Nous avons donc unechance de faire plier le gouvernementsi nous mettons la main à la pâte dèsmaintenant.

    14 mai: Nakba, on n’oubliepas!

    Des victimes de l’impérialisme,

    le peuple palestinien gure parmiles bons premiers. Depuis le 14mai 1948, soit depuis 68 ans, lacolonisation israélienne soutenuepar l’impérialisme occidental brimele droit à l’auto-détermination desPalestiniens, les conne dans des

    territoires sans cesse plus restreints,nie le droit à plus de 4 millionsd’entre eux à revenir sur leur terre,commet des exactions et bévuesen toute impunité bien qu’il s’agissed’entorses aux droits de l’Homme.

    Pour souligner notre appuis sans faille

    au peuple palestinien, nous noussommes joints à la marche organiséepar Palestiniens et Juifs unis (PAJU)

    et par BDS Québec le 14 mai dernieret avons marché avec quelquescentaines de personnes impliquéesdans les mouvements progressistes.Nous avons proté de cette occasionpour dénoncer en bloc la motionvisant à criminaliser le mouvementde Boycott Désinvestissementet Sanctions présentée et votéepar les libéraux à la Chambre descommunes cet hiver.

    Notre engagement de longue enfaveur du peuple palestinien répondde nos positions anti-impérialistes ettémoigne de notre fervente solidaritéenvers les peuples opprimés quiluttent pour leur libération. En plusde cette marche nocturne, nousparticipons tous les samedis àun piquetage organisé par PAJUdevant le supermarché Métro surla rue Ontario an de sensibiliser la

    population à la campagne de Boycottdes produits israéliens et les inciterà boycotter le hummus de marqueSabra,dont les dirigeants soutiennentune brigade d’élite israélienne, la

    brigade Golani, responsable dumassacre de milliers de palestiniens.

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    10/16

    Art enhommage àBerta

    Caceres par

    Astrid B.Militante environnementale,dirigeante de la nation Lenca,directrice et fondatrice du Conseilcivil des organisations populaires etautochtones du Honduras (COPINH),

    Berta Cáceres a été assassinée dansdes circonstances sombres le 3 marsdernier.

    Voix de la résistance contre ladégradation de l’environnement,elle s’est opposée aux entreprisesminières (dont plusieurs sontcanadiennes) qui dirigent littéralementle pays depuis le coup d’État de 2009ainsi qu’à la mainmise des entreprisesétrangères sur les terres ancestralesdes peuples autochtones dont elle

    fait partie. En 2013, elle s’est mêmeattaquée à un projet de nouvelle basemilitaire états-unienne au Hondurasqu’elle décrivait comme «un projet dedomination et de colonisation avecpour but de saccager les ressourcesnaturelles communes de la nationcentre-américaine». Au sujet des sixbases existantes, elle afrmait qu’il

    s’agit d’une pure violation des droitshumains.

    Figure de résistance, son actiondérangeait. Elle dérangeait ceuxqui tentent de faire fortune en pillantles richesses dont la légitimitérevient en premier lieu aux Lencas,aux Pipils, aux Mayas et à tousles peuples d’Amérique centrale.

    Plusieurs fois menacée, elle n’a paspour autant renoncé à la lutte. Si lesautorités honduriennes réduisentson assassinat à une simple histoired’altercation ou de banditisme,sa mère, ses proches ainsi quele dirigeant du Front national dela résistance populaire, Carlos H.Reyes, ne sont pas de cet avis: ilssont persuadés, comme bon nombrede militants progressistes d’Amériquelatine, qu’il s’agit d’un crime politiquecommandité par nul autre que legouvernement du Honduras.

    Berta Caceres est une énièmevictime de l’impérialisme et illustre labarbarie de ce système qui est prêt àtout pour se maintenir en selle. Noustenons à lui rendre hommage à elleainsi qu’à toutes ces femmes, ceshommes, militants qui ont sacrié leurvie à lutter pour un monde meilleur.

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    11/16

     À Puvirnituq, un lac à quelqueskilomètres du village pourvoitles habitants en eau potable.Des pompes amènent l’eau àde grands réservoirs en ville,où des camions se remplissentpour ravitailler chaque maison,

    également munie de réservoirs.Il n’y a pas d’aqueducs nid’égouts dans le Nord. Un beau jour de semaine, la pompe sebrise, et à -50 ce n’est pas longavant que l’eau gèle et que lestuyaux éclatent. Les 3 camionsd’eau doivent maintenant sefrayer un chemin jusqu’au lac ets’y ravitailler directement. Deuxcamions tombent en panne. Il nereste qu’un camion fonctionnel,qui doit à chaque 3 maisonsde ravitaillement reprendre lapérilleuse expédition jusqu’aulac, à chaque fois. Le lendemainon entend dire que l’arméeamènera un nouveau camionsous peu. Deux semaines plustard, plusieurs maisons n’onttoujours pas été ravitaillées etla pénurie devient inquiétante.Miracle, un géant HerculesC-130 approche le village,enn! Sa queue de cargaison

    est ouverte et il largue unegrosse boite verte. Il atterritquelques heures plus tard, fauxespoir: pas de camion, simpleexercice militaire. Le villageétait en état d’urgence!

    Pourquoi n’avons-nous pas

    entendu parler de cette crisealors que lorsque les intérêtsdes pétrolières sont en jeu àFort McMurray, les millionspleuvent et les gouvernementsenchainent déclarations surdéclarations? Pour ne pas nous

    enrager. Le gouvernementaide ces communautés justeassez pour dépenser le moins

    possible et surtout pours’assurer qu’ils resteront à laplace qui leur est attribuée.

    Naître dans le Nord, c’est naitredans un pays sous-développé,c’est être condamné à oubliertous ses espoirs et tes rêves.

    Quelle honte! Ces gens n’ont-ils pas le droit d’étudier pourdevenir des médecins ou desprofesseurs? D’accomplirleurs rêves? Encore plustrivialement, de boire de l’eauet de se laver? Nous devons,en tant que citoyens, briser lemur de glace qui conne les

    Inuit au silence. Nous devonsnous mobiliser pour mettre n à

    cette politique génocidaire dontles Inuit, les Premières Nations

    et les Métis paient les fraisdepuis plus de cinq siècles. Entant que jeunes, nous devonsaussi réclamer le droit à uneéducation gratuite, de qualité,publique et universelle et ce,du primaire à l’université:l’éducation est un droit et nonun privilège, peu importe quenous habitions à Puvirnituq ou

    à Montréal.

    Suite Artique

    Shay Lafontaine

    L’État canadien, cet État colonialiste etimpérialiste, a assassiné, appauvri, etcondamné à la misère d’innombrablespersonnes dans le monde au nom duprot. Il a généralement pillé des pays

    non blancs, notamment en Afrique.Le gouvernement du Canada offre unsoutien à l’État d’apartheid israélien et joue un rôle dans l’occupation colonialede la Palestine. Il a a été impliqué dans

    de nombreux coups d’État travers lemonde, comme au Honduras et enHaïti. Cette oppression n’est pas seu-lement exportée: les mêmes tactiquesd’occupation brutale que le Canada

    utilise et appuie à l’international sontexercées sur la population racisée àl’intérieur de ses frontières.

    Comme de nombreuses études ledémontrent, les familles raciséessouffrent disproportionnellement duchômage, de la pauvreté, du manquede logement et de la faim. À l’aidedu système controversé de contrôled’identité, la police cible et harcèle lesgroupes racisés (principalement des

    Canadiens et des Canadiennes noir-e-s) à Toronto. Cette pratique est une

    politique ofcielle de la police. Pour une

    personne noire, une arrestation est plussusceptible d’aboutir à une accusationou à un assassinat que pour le restede la population.Des Canadiens noirs ont été récem-ment assassinés par la police dansla région de Toronto dont Jermaine

    Carby, Kwasi Skene-Peters et Andrew

    Loku. Loku était un homme de 45ans originaire du Soudan du Sud, oùil avait vécu plus d’une décennie deguerre civile avant de fuir au Canada.Il a terminé des études supérieures,a épousé une femme avec qui il a eucinq enfants. Ses voisins, faisaientconstamment du bruit, entre autresen mettant de la musique à tue-tête. Ila enduré cela pendant des mois et atout essayé pour faire cesser ce bruitexcessif: avoir tenté de les convaincre,il a déposé plusieurs plaintes et aessayé de noyer le bruit avec sa propremusique. Il est même allé dormir dansla chambre de la blanchisserie ausous-sol. Malheureusement, le bruitn’a pas cessé et Loku, qui avait desantécédents de maladie mentale, ena eu marre. La nuit de sa mort, dansune tentative désespérée pour que lebruit cesse, il s’est saisi d’un marteau,a monté à l’étage, et a tapé sur les

    murs et sur la porte du voisin bruyantainsi que sur les rampes d’escalier. À

    l’arrivée des policiers, un des ofciers

    l’a abattu dans le couloir. Ces événe-ments se sont produit en juillet 2015.En réponse, Black Lives Matter Toronto

    (BLM — les vies de personnes noires

    comptent), un groupe formé en 2014, a

    fait une série d’actions qui ont conduitau grand rassemblement de Toronto,

    entraînant d’importantes victoires.

    Le 18 mars 2016, l’Unité des enquêtesspéciales de l’Ontario (UES) a jugé que

    la « force légitime » avait été utiliséedans l’assassinat de Andrew Loku.L’UES a annoncé que le nom du poli-cier assassin ne serait pas divulgué,qu’il n’y aurait pas d’accusations por-

    tées contre lui et qu’il continuerait sonservice au sein des forces policières.C’est en réaction qu’a été créé #BLM-TOtentcity. Les manifestants et les

    manifestantes ont exigé une enquêtedu coroner au sujet de la mort de Loku,que les policiers impliqués dans la fusil-lade soient mis en accusation et queleurs noms soient connus du public,l’élimination du système de contrôled’identité qui cible injustement les noirset d’autres communautés racisés, lacondamnation de la violence policièreet un examen de l’unité des enquêtesspéciales.

    La «Cité des tentes» est née aprèsun rassemblement à l’hôtel de ville.Le carré Nathan-Phillips a été tem-porairement occupé avant que lesmanifestants et les manifestantes sedirigent au quartier général du Servicede police de Toronto. La manifestation

    pacique a été accueillie avec violence

    par la police de Toronto. Les occupants

    ont reçu des coups de poing et de piedavant de voir leurs tentes détruites. Lemaire de Toronto, John Tory, a refusé

    de rencontrer publiquement les porte-paroles de BLM. Au lieu de s’attarder àl’enjeu de la violence raciste et systé-mique de l’État canadien, de nombreuxmédias ont plutôt choisi de critiquer lafaçon dont certains organisateurs BLMavaient articulé leur frustration par rap-port au racisme. Alors que les médiasde masse et l’extrême droite exami-naient d’anciens tweets, BLM Toronto

    a réussi à gagner le soutien populaire.Un sondage a révélé que 55 % desTorontois et Torontoises soutenaient

    le mouvement et comprenaient quele racisme anti-noir était un problèmegrave à Toronto.

    Le Conseil du travail de la région de

    Toronto et de York ainsi que la sectionontarienne du SCFP ont témoigné

    de leur solidarité. Le 26 mars, unesemaine après l’érection de la «Citédes tentes», des milliers de personnesde toutes origines ont participé à unemanifestation massive: des Autoch-tones, Asiatiques, Musulmans, Sikhainsi que des queers, trans et per-sonnes à capacité réduite. L’espaces’est transformé non seulement en unendroit de résistance, mais aussi maisen havre de paix et lieu d’expressionartistique. Des peintures et des afches

    ont été placardées, la musique tonnait

    à fond alors que les manifestants sesont mis à danser en guise de protes-tation. Ce moment a été l’occasion debraquer les projecteurs sur ceux quel’on occulte trop souvent tant par laculture que par la lutte.

    Des massages de solidarité ont étéaccrochés un peu partout, certains pro-venant d’autres groupes et organisa-tions saluant le mouvement. D’autresétaient adressés aux victimes de violen référence à l’affaire Ghomeshi, àla violence policière ou encore à l’Étatcanadien en soi. Plusieurs évoquaient

    l’imaginaire des Black Panthers, repre-nant des citations de militants et mili-tantes afro-américains comme AssataShakur. D’autres adressaient mêmedes critiques à l’égard de la politiquecanadienne en Afrique. Le tout illustraitun sentiment global de désillusion et defrustration à l’égard du gouvernementbourgeois, qu’il soit dirigé par desracistes conservateurs ou libéraux. Lalibération totale des Noirs, la volontéd’un changement révolutionnaire, lesquestions plus profondes comme lesluttes contre le capitalisme, l’impéria-lisme et le racisme de l’État canadiensemblaient organiquement intégrées

    aux demandes plus pragmatiques et«ofcielles» du mouvement comme

    en témoigne la solidarité exprimée àl’égard des réfugiés somaliens.

    L’occupation a duré un peu plus dedeux semaines. Les campeurs ont eudroit à une visite du Premier ministre

    Wynne alors qu’ils manifestaient auxabords du Parlement provincial. De

    plus, l’une des revendications-clé dumouvement, soit l’ouverture d’uneenquête concernant la mort de Loku, aété satisfaite. Fiers d’une victoire par-tielle, les manifestants et manifestantes

    ont plié bagage, mais le mouvementne s’est pas résorbé pour autant:BLM Toronto a témoigné de sa solida-rité avec la communauté autochtoned’Attawapiskat aux prises d’une vaguede suicides et le groupe a participé àl’occupation du bâtiment du ministèredes Affaires indiennes et du Nord.Les organisateurs et organisatricesdu mouvement ont aussi clairementindiqué que la lutte continuera tant quetoutes les demandes du mouvementne seront pas satisfaites. Ils ont aussiaverti la police et les représentants del’État que les masses ne leur laissentque 300 heures à cet effet.

    Le succès de BLM Toronto a inspiré

    de nouvelles manifestations dans laplupart des grandes villes du Canadadont Ottawa, Victoria, Montréal etVancouver, ce qui a permis d’éleverla conscience anti-raciste au canada.De plus en plus, les failles du systèmecapitaliste, impérialiste, colonialiste etraciste qui régit l’État canadien se fontsentir et génèrent un sentiment derévolte alors que de plus en plus deCanadiens réclament aujourd’hui unchangement structurel.

    Black Lives Matter TO : « Ceux

    et celles qui sont au pou-

     voir et qui ne servent pas le

    peuple, on vous surveille! »

    7

    La LJC à BML Toronto

  • 8/15/2019 Clarté - Juin 2016 - Spécial QS

    12/16

    Il y a quarante-deux ans, le 25 avril,

    à minuit quinze, on pouvait entendre

    partout au Portugal, Grândola Vila

    Morena sur les ondes radiopho-

    niques. Cette chanson populaire de

    l’Alentejo décrit un village, Grândola,

    comme une terre de fraternité. Le

    régime fasciste de l’Estado Novo en

    place depuis 1933 - la plus longue

    dictature fasciste en Europe - consi-

    dérait ce chant comme subversif et

    l’avait donc interdit, car propagateur

    d’idéaux assimilés au communisme.Sa diffusion sur la radio publique

    annonçait clairement qu’un nouveau

     jour se lèverait sur le Portugal, comme

    si la «terre de fraternité» rêvée dans

    Grândola Vila Morena s’étendrait sur

    l’ensemble du pays.

     Au-delà du symbolisme, cette chan-

    son diffusée aux petites heures de

    la nuit se voulait avant tout un signal

    marquant le début des opérations

    militaires qui allaient enclencher la

    Révolution des Oeillets, début de la

    libération de tout un peuple d’une

    dictature fasciste et sanglante. Elle a

    également pavé la voie à la libérationde quatre des dernières colonies

    africaines (Angola, Guinée Bissau,

    Mozambique et Cap-Vert).

    La Révolution des Oeillets a été

    initiée par le Mouvement des forces

    armées, soit un groupe de militaires

    dissidents opposés au régime

    dictatorial qui s’enlisait dans un

    marasme économique et dans des

    guerres coloniales particulièrement

    meur t r ières en Angola et au

    Mozambique. Elle aurait pu se

    traduire par un simple passage à

    une démocratie libérale bourgeoise.Or, grâce à la lutte clandestine du

    Parti communiste portugais, seule

    force politique organisée durant les

    années sombres de la dictature, cette

    Révolution a pris des allures beaucoup

    plus radicales et progressistes que ne

    l’auraient souhaité les chantres de la

    ploutocratie européenne. Durant les

    semaines qui ont suivi la destitution

    du dictateur Marcelo Caetano,

    nombreux ont été ceux qui ont décrié

    «l’assassinat» de la démocratie au

    Portugal à cause du rôle accru du

    Parti communiste portugais dans le

    processus de transition démocratiqueet surtout dans leur participation à la

    rédaction de la nouvelle Constitution.

    Et pour cause, ce texte dont nous

    célébrons cette année le 40e anniver-

    saire, produit d’un compromis entre

    les forces révolutionnaires, les socia-

    listes et quelques libéraux, afrme

    tout de même dans son article premier

    que «le Portugal est une République

    souveraine, basée sur la dignité

    humaine et la volonté populaire, qui

    s’engage dans sa transformation

    vers une société sans classes». De

    nombreux autres articles s’attaquentau capitalisme monopoliste et en pré-

    conisent la liquidation; garantissent le

    droit de grève et interdisent les lock-

    outs; entérinent la réforme agraire,

    dénie comme «un des instruments

    fondamentaux pour la construction

    d’une société socialiste», ainsi que

    la nationalisation et la socialisation

    des moyens de production; identi-

    fient comme priorité l’amélioration

    des conditions de vie du peuple; font

    du Portugal un pays anti-guerre qui

    reconnait le droit des peuples à l’auto-

    détermination, refuse l’ingérence dans

    les différents conits et préconise le

    désarmement tout comme la disso-lution des «blocs militaro-politiques»

    (sous-entendu l’OTAN et l’Union

    européenne).

    Sans aucun doute, il s’agit de la

    Constitution la plus progressiste

    d’Europe . Il n’est donc pas étonnant

    que la bourgeoisie monopoliste revan-

    charde et nostalgique de l’ancien

    régime ainsi que les capitalistes

    européens se soient et continuent

    de s’affairer à une application plus

    que laxiste de la Constitution. Malgré

    sept modications visant à la rendre

    plus compatible aux intérêts desgrandes entreprises portugaises,

    européennes et internationales, elle

    demeure une référence en termes de

    cadre pour une démocratie avancée.

    Les violations constitutionnelles sont

    donc monnaie courante au Portugal:

    tous les gouvernements qui se sont

    succédé depuis quarante deux ans

    en sont coupables, qu’il s’agisse du

    Parti socialiste ou des partis de droite.

    Le seul Parti qui, aujourd’hui, fait

    de la défense de la Constitution et

    des valeurs de la Révolution d’avril

    une priorité est le Parti communisteportugais qui la considère comme un

    outil important an d’implanter une

    politique «patriotique et de gauche»

    au Portugal.

    Comme l’afrme la Jeunesse commu-

    niste portugaise: «Lutter pour Avril,

    c’est lutter pour l’éducation publique,

    gratuite et de qualité, et ce, à tous

    les niveaux d’enseignement; c’est

    lutter pour le droit au travail et pour

    les droits du travail; c’est lutter pour

    l’accès universel et gratuit à la santé,

    au logement, à la culture et au sport;

    c’est lutter pour la démocratie; c’estlutter pour l’égalité de droit et concrète

    entre hommes et femmes; c’est lutter

    pour la souveraineté et l’indépen-

    dance nationale, pour la Paix et l’ami-

    tié entre les peuples; c’est lutter pour

    un Portugal développé et progressiste

    où les jeunes peuvent vivre heureux et

    accéder à leurs aspirations.»

    En outre, les jeunes communistes

    soulignent que : «ces valeurs sont

    toutes consignées dans la Constitu-

    tion de la République portugaise qui

    célèbre ses 40 ans cette année. Elles

    continuent d’inspirer la lutte quoti-

    dienne des travailleurs, du peuple etde la jeunesse du Portugal.»

    De notre côté de l’Atlantique, au Qué-

    bec plus précisément, un important

    Fascismo nunca mais, 25 de Abril sempre!débat émerge des rangs de Québec

    Solidaire à l’occasion du Congrès

    annuel qui se tiendra à la n mai. En

    effet, les membres du parti progres-

    siste seront amenés à discuter des

    objectifs de l’Assemblée constituante,

    à savoir si celle-ci devra se prononcerclairement pour l’indépendance.

    Malgré l’intérêt que peut susciter

    cette discussion, il reste qu’elle est

    sous-tendue par un calcul politicien

    moins louable susceptible de dévoyer

    tant le projet solidaire que le concept

    même d’Assemblée constituante,

    qui, comme nous l’indique l’exemple

    portugais, demeure avant tout lié à

    un rapport de forces à bâtir en faveur

    des forces populaires et contre le

    pouvoir des entreprises. Ainsi, Qué-

    bec Solidaire, héritier de l’Union des

    forces progressistes, avait pour projet

     jusqu’à aujourd’hui d’unir les forcesprogressistes au-delà du clivage

    généré par la question nationale an

    de poser les bases d’un Québec fon-

    damentalement progressiste. En ce

    sens, la question de l’indépendance

    pouvait être vue comme un moyen,

    mais pas comme une n en soi.

    Or, lors du prochain congrès, la direc-

    tion de QS soumet aux membres la

    possibilité de modifier l’objectif de

    l’Assemblée constituante afin que

    soit inscrite d’emblée la question

    d’indépendance. D’union des forces

    progressistes, QS deviendrait alorsl’union des forces indé