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Climat5

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Le piètre bulletin climatique de la Belgique. Des initiatives positives

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Page 1: Climat5

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Le Soir Mardi 12 novembre 2013

6 LE BULLETIN CLIMATIQUE

VOUS

s’est stabilisée à 72 ha après avoirobtenu le label bio en 1997. « En2010, on comptait 185.000 litresde lait bio et environ 90 bêtes,poursuit Fabian. Une trentainede vaches laitières de race mont-béliarde et 15 vaches allaitantesde race blonde d’Aquitaine ainsi

que l’élevage des jeunes bêtes. »Puis ce fut le coup de massue.

« En décembre 2010, suite à unchangement radical du cahierdes charges, la Défense nationalea décidé d’attribuer au plus of-frant 52 ha que nous lui louionsdepuis 27 ans, poursuit Joseph.

Une ferme industrielle qui tra-vaille de manière classique leura mis la main dessus en triplantle prix. » « Résultat des courses,embraie le fils, il ne nous restedepuis lors qu’une vingtained’hectares. Nous avons dûvendre notre quota laitier etnotre troupeau de vaches lai-tières. Ça a été un déchirementmême si nous savons que nosbêtes sont parties chez un col-lègue qui œuvre aussi en bio. »

Terre en vue intervientDepuis janvier, Fabian a repris

l’exploitation familiale en tantqu’indépendant complémen-taire pour le plus grand bonheurde son père. « Pour qu’elle soitviable, il faut plus de terres. »

Coup de chance, un fermier dela région vend actuellement uneprairie d’une dizaine d’hectares,déjà en bio. « Ça nous évitera dedevoir attendre que les méfaitsdes engrais disparaissent, souritFabian, mais le prix de 125.000euros est trop élevé pour nous. »C’est là qu’intervient Terre en

Vue.« Le projet de Fabian corres-

pond tout à fait aux initiativesque nous voulons soutenir,explique François Leboutte, res-ponsable de l’association. Nousaidons des agriculteurs à s’ins-taller et à développer des projetsagroécologiques, d’agriculturepaysanne et respectueux de laterre. Nous prônons aussi dessystèmes de circuits courts et devente directe, comme le fait Fa-bian avec son lait, ses yaourts etson fromage blanc. Ça réduit lerecours aux énergies fossiles. »

Pas question toutefois pourl’association d’agir à la place del’agriculteur. « Nous favorisonsla création de groupes locaux quil’aident à trouver des investis-seurs qui misent sur son projet.Chacun peut ensuite acheter desparts de 100 euros. » A l’heureactuelle, Fabian a réussi à trou-ver 45.000 euros. Le chemin estencore long. ■

FRÉDÉRIC DELEPIERRE

www.terre-en-vue.be

les agriculteurs « Il nous faut plus de terrespour que notre ferme bio soit rentable »

Le bio est une tradition chez les Renaud qui sont à la recherche de terres pour leurs vaches laitières. © DOMINIQUE DUCHESNES.

PORTRAIT

L a maison d’Irchonwelz esten chantier. Sur la table de

Josué, des carreaux de carrelage.« Je suis à la recherche d’enduit,lance le père de famille. Du bio,bien entendu. » S’il a emménagédans cette bâtisse à rénover avecfemme et enfants, Josué, c’estnotamment pour une raison quicorrespond à ses aspirations.« Nous avons un grand jardindans lequel nous allons pouvoircultiver un potager bio en fa-mille. » L’une des lignes deconduite que s’impose ce psy-chologue de formation, à la têtedu mouvement des « Villes enTransition », à Bruxelles et enWallonie, qui donne aussi desformations à l’étranger.

« Le mouvement des Villes enTransition est né en 2006, dansle village de Totnes, en Grande-Bretagne, en réaction à la flam-bée des prix pétroliers et à la ra-réfaction des ressources natu-relles. L’ambition des adhérentsest d’amener la population en

douceur dans le monde del’après-pétrole. Quartier parquartier. Le but est notammentd’expliquer aux gens comment sepasser d’énergie fossile en ayantun impact sur l’effet de serre. »

Changer de viePas de militantisme : « Il est

trop souvent culpabilisant. On yoppose les gens au lieu deconstruire une alternative, ditJosué. Chez nous, à Ath, commeailleurs, nous démarchons desgens de profils, d’âges et de for-mations différents. Nous leur de-mandons quelles seraient, seloneux, les initiatives qui pour-raient réduire la consommationd’énergie. Nous les informons surles enjeux lors de soirées théma-tiques. A eux ensuite de dévelop-per des projets au travers degroupes locaux, de quartiers. Pasquestion pour nous de jouer lesleaders, les gourous. Le but estaussi de retisser des liens. »

Pas question pour les Villes enTransition d’opérations coup de

poing. La « révolution » doit sefaire en douceur. « Nous recher-chons les petites actions qui au-ront le plus grand résultat,explique Josué Dusoulier. Nousfavorisons la création de pota-gers collectifs, de boursesd’échange de savoirs, d’ateliersde permaculture et des groupesd’achats solidaires. » Ath a aussison Repair’ Café ouvert une foispar mois. « Chacun peut y venirpour y faire réparer gratuite-ment ses semelles de chaussures,ses jouets ou son vélo. Pourquoijeter ce qui peut être réparé ? »Sur le même principe, une don-nerie est organisée trois fois paran afin de faire profiter les autresde ce dont on n’a plus besoin :vaisselle, livres, vêtements, DVD.

« A l’heure de la surconsom-mation, nous voulons montrerqu’une autre économie est pos-sible, une économie résiliente, re-prend Josué. Un peu partout,nous constatons d’ailleurs quedes adhérents se prennent au jeu.Ils veulent quitter leur activité

professionnelle pour créer leurpropre projet d’économie locale.A Ath, une épicerie s’ouvre cettesemaine et ne vendra que desproduits locaux. A Liège, les“transitioners” veulent bâtir uneceinture alimentaire autour dela ville, pour relocaliser les ma-raîchers. A Grez-Doiceau, ils

veulent créer une coopérativequi va construire une micro-brasserie et une boulangerie ar-tisanale. » A travers le monde :plus de 1.800 initiatives detransition dans 45 pays. ■

F.De.

www.reseautransition.be

l’associatif « Créer une économie résiliente »

Josué applique son message à la lettre en cultivant ses légumes eten se déplaçant à vélo quand il le peut. © DOMINIQUE DUCHESNES.

REPORTAGE

U ne langue noire de bitumeentourée de façades essen-

tiellement rouges. Puis soudainautour d’un casse-vitesse, deuxcarrés de verdure qui, novembreoblige, commencent à sérieuse-ment virer au marron. De-ci, de-là, quelques petites tomatesrouges et vertes apparaissent aumilieu des herbes mortes.Comme l’indiquent les pancartes« Servez-vous, c’est gratuit » et« Nourriture à partager », ellesn’attendent qu’à être cueillies.Etonnant au beau milieu deSchaerbeek…

L’instigatrice du projet, c’estCatherine Piette, une habitantedu quartier. « L’idée m’est venueaprès la lecture d’un livre intitu-lé “Un million de révolutionstranquilles”, en décembre de l’andernier, dit-elle. On y parlaitd’expériences menées dans lesvilles où l’on faisait pousser deslégumes dans les espaces publics.Ça a entraîné toute une réflexionsur la production locale. Bruxel-

loise de naissance, j’ai grandi enprovince où mon père a toujourseu un jardin et quelques ani-maux. Quand je me suis instal-lée à Schaerbeek, voici quinzeans, je me suis posé la question.Mais les temps ont changé… »

Dans un premier temps, Ca-therine va tenter de cultiver unjardin partagé au Rouge-Cloître.« Rien n’y poussait, concède-t-elle. J’ai donc converti deux pe-tits carrés de mon jardin en po-tager, il y a 4-5 ans. Ça a pousséfacilement. Quel bonheur demanger ses propres légumes, d’enretrouver les saveurs tout en sa-chant qu’ils n’ont pas été traitésavec des pesticides… »

Une courgette en cadeauL’an dernier, quand le casse-vi-

tesse a été installé en face dechez elle, Catherine n’a pas tardéà réagir. « Deux énormes fossesl’entouraient. Quand il pleuvait,ça faisait deux piscines. J’ai par-lé à ma voisine d’en face, Joëlle,de l’idée d’y installer deux pota-

gers comestibles. Nous avons ob-tenu l’accord du conseil commu-nal. »

Au fil des mois, les deux co-pines vont planter diverses va-riétés d’herbes aromatiques, destomates, du fenouil, des cour-gettes, des potirons, etc. Au plusgrand bonheur des voisins. « Audébut, ils venaient timidementdemander s’ils pouvaientprendre l’un ou l’autre légume,commente Joëlle. Des enfantsnous ont un jour demandé unecourgette pour faire un cadeau àleur maman. Tous nous ont faitpart de leur joie de retrouver levrai goût des légumes. »

L’idée de base de ces potagersurbains est née en Grande-Bre-tagne, à Todmorden, une villedurement touchée par la désin-dustrialisation. Trois femmes sesont lancées. Très vite, elles ontété rejointes par des dizaines debénévoles. Et en trois ans, la pe-tite ville anglaise a réussi à at-teindre 85 % d’autosuffisancealimentaire. L’expérience, bapti-

sée Incredible Edible, pour In-croyables Comestibles, a depuislors essaimé à travers le mondegrâce à internet.

Catherine, elle, est très heu-reuse du résultat. Elle ne comptepas en rester là. « Les deux car-rés ont permis aux voisins de separler. Personne n’a abusé et au-

cun chien n’est venu y faire sesbesoins. Maintenant, j’ai enviede contacter les habitants desrues voisines pour tenter de lesconvaincre de faire la mêmechose. Pour que tout le quartierdevienne un peu plus vert et pro-duise des légumes de qualité. » ■

F. De.

les citadines « Des légumescultivés en pleine ville »

Catherine (à l’arrière-plan) et son amie Joëlle sont fières d’avoirredonné le goût des légumes de qualité à leurs voisins. © DOMINIQUE

DUCHESNES.

BOÎTEÀ IDÉESLes Belges aimeraient êtreplus et mieux informés. Surleur alimentation, sur lesétiquettes, sur les labels, surles gestes économiseursd’énergie, sur les modes deconsommation alternatifs.Ça tombe bien, il faut encoredégommer certains mythes :« c’est difficile », « ça coûtecher », « mon confort estmenacé »… Une sélection delieux qui expliquent et quidonnent des idées. Encoresous-informé ?Des astuceswww.topten.bewww.energivores.beDes associationswww.ecoconso.bewww.res-sources.bewww.natpro.bewww.oxfam.bewww.cncd.bewww.amisdelaterre.bewww.asblrcr.bewww.passeursdenergie.bewww.reseau-idee.bewww.res-sources.bewww.economie-positive.beDes administrationswww.climat.behttp://energie.wallonie.bewww.bruxellesenvironne-ment.beDes initiativeswww.terre-en-vue.bewww.catl.bewww.reseautransition.bewww.vert-et-propre.bewww.ecobatisseurs.bewww.achatsverts.beUn téléphoneEcoconso : 081/730.730

M.D.M.

REPORTAGE

A l’entrée de la fermede Joseph et Fabian

Renaud, à Bourdon, dans l’entitéde Hotton, la pancarte laisse peude place au doute : « Ici, oncultive bio ». Question de prin-cipe, voire une philosophie. Horsde question pour les exploitantsd’y déroger malgré les obstaclesqui se sont mis en travers de leurroute au nom du sacro-saint pro-fit. Ils sont bien décidés à sebattre pour leurs valeurs. Pour cefaire, père et fils peuvent comp-ter sur l’aide de Terre en Vue,une association qui accompagneles projets agricoles d’installa-tion et de transmission defermes.

« En 1973, alors que j’étais me-nuisier salarié, j’ai acheté mapremière vache, se remémore Jo-seph. J’ai aussi eu l’occasiond’acquérir 1,5 ha de terrain der-rière chez moi. J’ai développémon exploitation en achetantdes vaches et je suis finalementdevenu indépendant en 1986. »Au fil du temps, l’exploitation