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A132 GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33 CO.62 Quand arrêter l’azathioprine au cours de la maladie de Crohn maintenue en rémis- sion ? H Sokol (1), P Seksik (1), I Nion-Larmurier (1), A Vienne (1), L Beaugerie (1), J Cosnes (1) (1) Paris. Introduction : L’azathioprine (AZA) est un traitement d’entretien efficace de la maladie de Crohn. Les risques liés à son l’utilisation prolongée dépendent pour la plupart de la durée d’exposition. Ceci incite à envisager un arrêt de l’AZA dès que possible. Une étude randomisée contrôlée du GETAID a montré que l’arrêt de l’AZA après 3,5 ans de rémission augmentait le risque de rechute comparé aux patients poursuivant le traitement. Le but de notre étude est de déterminer si une durée plus longue de traitement permet de diminuer ce risque de rechute. Patients et Méthodes : Parmi les 4 035 patients vus dans notre service pour maladie de Crohn, les dossiers médicaux de 47 patients pour lesquels un traitement par AZA a été interrompu volontairement en période de rémission, après une durée mini- male de traitement de 3,5 ans, ont été analysés rétrospective- ment. Les données cliniques et de suivi ont été comparées à celles d’un groupe de patients atteints de maladie de Crohn appariés sur la date de début de l’AZA et ayant poursuivi le traitement au delà de la date d’arrêt du cas (2 témoins par cas soit 94 patients). Dans un second temps, le groupe de patients ayant arrêté l’AZA a été dichotomisé, en prenant comme seuil la médiane de durée de traitement par AZA (72 mois), afin de différencier le taux de rechute après un arrêt précoce vs après un arrêt tardif. L’analyse statistique a évalué la survie sans rechute (méthode de Kaplan-Meier) après la date d’arrêt de l’AZA, la même date étant utilisée chez les témoins. La rechute était définie par une modification de la symptomatologie entraînant un changement de thérapeutique. Les courbes ont été comparées par le test du log rank, les facteurs associés au risque de rechute ont été précisés par modèle de Cox. Résultats : Les deux groupes de patients étaient comparables concernant le sexe, l’âge au début du traitement, le délai entre le diagnostic de maladie de Crohn et l’initiation du traitement par AZA, la topographie et le phénotype de la maladie (selon la classification de Montréal) et le tabagisme. Les patients arrê- tant l’AZA rechutaient plus précocement que ceux poursuivant le traitement (rechute : 57,3 vs 17,6 % à 2 ans et 73,3 vs 44,4 % à 5 ans ; p = 0,0009). Dans le groupe arrêt de l’AZA, les patients arrêtant tardivement (après en moyenne : 98,4 ± 5,7 mois ; [72,0-164,0]) rechutaient aussi vite que ceux arrêtant précocement (après en moyenne : 58,7 ± 1,6 mois ; [41,0- 69,7]), avec des taux de rechute respectifs de 61 % et 54 % à 2 ans et de 68 % et 78 % à 5 ans (p = 0,89). Dans le groupe de patients ayant arrêté l’AZA, les facteurs indépendants associés au risque de rechute étaient le sexe masculin (OR = 2,42 ; p = 0,019) et l’absence de tabagisme (OR = 2,78 ; p = 0,006). Conclusion : L’arrêt de l’AZA expose à un fort risque de rechute quelle que soit la durée préalable du traitement, même supérieure à 6 ans. Les patients de sexe masculin et non fumeurs paraissent plus exposés à la rechute, les femmes fumeuses ayant une réponse probablement plus complète à l’AZA. Ces données plaident en faveur du maintien très pro- longé de l’AZA chez les patients répondeurs, et particulière- ment les hommes non fumeurs. En cas d’arrêt de l’AZA, il semble nécessaire de le substituer par un autre traitement de fond. CO.63 Effet d’un traitement par Certolizumab pegol sur les lésions endoscopiques de malades porteurs d’une maladie de Crohn en poussée : résultats de l’étude MUSIC X Hébuterne (1), JF Colombel (2), Y Bouhnik (3), O Dewit (4), JL Dupas (5), M Mross (6), K Mitchev (7), G d’Haens (8), S Vermeire (9), H Brixi-Benmansour (10), T Moreels (11), M Lémann (12) (1) Nice ; (2) Lille ; (3) Clichy-sur-Seine ; (4) Bruxelles, Belgique ; (5) Amiens ; (6) Berlin, Allemagne ; (7) Braine L’Alleud, Belgique ; (8) Bonheiden, Belgique ; (9) Leuven, Belgique ; (10) Reims ; (11) Antwerp, Belgique ; (12) Paris. Introduction : Le Certolizumab pegol (CZP), un fragment Fab d’anticorps humanisé anti TNF-alpha pegylé, est efficace dans le traitement de la maladie de Crohn (MC) [1, 2]. La cicatrisa- tion endoscopique est un objectif thérapeutique de plus en plus évalué au cours de cette maladie. Le but de l’étude MUSIC a été d’évaluer l’effet d’un traitement par CZP sur les lésions endos- copiques de malades en poussée de MC. Patients et Méthodes : Dans cette étude multicentrique ouverte de 54 semaines les malades inclus avaient un Crohn’s Disease Index of Activity (CDAI) initial compris entre 220 et 450 avec un Crohn’s Disease Endoscopic Index of Severity (CDEIS) 8 et au moins deux segments d’intestin présentant des ulcérations. Les malades recevaient une injection de CZP aux semaines 0, 2, 4, puis toutes les 4 semaines pendant un an. Des iléo-colonoscopies étaient réalisées à S0, S10 et à S54. L’objectif principal de l’étude était la mesure de l’évolution du CDEIS à S10 comparativement à S0. Les objectifs secondaires étaient l’évolution du CDAI, l’évolu- tion du score histologique ainsi que le pourcentage de malades présentant une réponse endoscopique (diminution du CDEIS de plus de 6 points), une rémission endoscopique (CDEIS < 6) et une rémission endoscopique complète (CDEIS < 3). Les résultats sont exprimés en moyenne ± DS. Les comparaisons entre S0 et S10 ont été réalisées à l’aide du test t de Student pour séries appariées. Résultats : 89 patients (âge moyen : 30,2 ans ; 66 % de femmes ; durée moyenne de la maladie : 7,9 ans) ont été étu- diés. 51 % étaient sous immunosuppresseurs et 42 % sous corti- coïdes. 78 malades ont bénéficié d’une seconde évaluation [neuf arrêts de traitement : pour effet secondaire (n = 7) et non effica- cité (n = 2) ; deux endoscopies non faites à S10). A S0, le CDEIS était à 14,7 ± 5,3 et le CDAI 295 ± 74. A S10 le CDEIS était à 8,3 ± 6 : amélioration moyenne de 6,5 points (IC 95 % : -7,6 à -5,3 ; P < 0,0001). A S10, 61,5 % des malades avaient une réponse endoscopique, 43,2 % étaient en rémission endos- copique et 14,1 % en rémission endoscopique complète. L’amé- lioration moyenne du score histologique à S10 était de 2,7 points (IC 95 % : -3,5 ; -1,9) dans le côlon et de 2,8 points (IC 95 % : -3,9 ; -1,8) dans l’iléon. Il n’existait pas de corrélation entre le CDAI et le CDEIS (r = 0.176). Les effets secondaires les plus fréquents étaient les céphalées (18 %), des arthralgies (11,2 %) et des nausées (9 %). Conclusion : MUSIC est la première étude de grande envergure spécifiquement dédiée à l’évaluation de l’effet d’un traitement anti- TNF-alpha sur la cicatrisation endoscopique des lésions au cours de la MC. Elle démontre que le CZP est efficace pour améliorer les lésions endoscopiques et histologiques et confirme l’efficacité cli- nique de ce traitement. L’évaluation endoscopique à S54 et le suivi de ces malades permettront d’évaluer le caractère pronostique de la cicatrisation endoscopique sur le devenir des malades. Références 1. Sandborn N, et al. N Engl J Med 2007;357:228. 2. Schreiber S, et al. N Engl J Med 2007;357:239.

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Page 1: CO.63 Effet d’un traitement par Certolizumab pegol sur les lésions endoscopiques de malades porteurs d’une maladie de Crohn en poussée : résultats de l’étude MUSIC

A132 GASTROENTEROL CLIN BIOL, 2009, 33

CO.62 Quand arrêter l’azathioprine au cours dela maladie de Crohn maintenue en rémis-sion ?

H Sokol (1), P Seksik (1), I Nion-Larmurier (1), A Vienne (1),L Beaugerie (1), J Cosnes (1)(1) Paris.

Introduction : L’azathioprine (AZA) est un traitementd’entretien efficace de la maladie de Crohn. Les risques liésà son l’utilisation prolongée dépendent pour la plupart de ladurée d’exposition. Ceci incite à envisager un arrêt de l’AZAdès que possible. Une étude randomisée contrôlée duGETAID a montré que l’arrêt de l’AZA après 3,5 ans derémission augmentait le risque de rechute comparé auxpatients poursuivant le traitement. Le but de notre étude estde déterminer si une durée plus longue de traitement permetde diminuer ce risque de rechute.

Patients et Méthodes : Parmi les 4 035 patients vus dans notreservice pour maladie de Crohn, les dossiers médicaux de 47patients pour lesquels un traitement par AZA a été interrompuvolontairement en période de rémission, après une durée mini-male de traitement de 3,5 ans, ont été analysés rétrospective-ment. Les données cliniques et de suivi ont été comparées àcelles d’un groupe de patients atteints de maladie de Crohnappariés sur la date de début de l’AZA et ayant poursuivi letraitement au delà de la date d’arrêt du cas (2 témoins par cassoit 94 patients). Dans un second temps, le groupe de patientsayant arrêté l’AZA a été dichotomisé, en prenant comme seuilla médiane de durée de traitement par AZA (72 mois), afin dedifférencier le taux de rechute après un arrêt précoce vs aprèsun arrêt tardif. L’analyse statistique a évalué la survie sansrechute (méthode de Kaplan-Meier) après la date d’arrêt del’AZA, la même date étant utilisée chez les témoins. La rechuteétait définie par une modification de la symptomatologieentraînant un changement de thérapeutique. Les courbes ont étécomparées par le test du log rank, les facteurs associés aurisque de rechute ont été précisés par modèle de Cox.

Résultats : Les deux groupes de patients étaient comparablesconcernant le sexe, l’âge au début du traitement, le délai entrele diagnostic de maladie de Crohn et l’initiation du traitementpar AZA, la topographie et le phénotype de la maladie (selonla classification de Montréal) et le tabagisme. Les patients arrê-tant l’AZA rechutaient plus précocement que ceux poursuivantle traitement (rechute : 57,3 vs 17,6 % à 2 ans et 73,3 vs44,4 % à 5 ans ; p = 0,0009). Dans le groupe arrêt de l’AZA,les patients arrêtant tardivement (après en moyenne : 98,4 ± 5,7mois ; [72,0-164,0]) rechutaient aussi vite que ceux arrêtantprécocement (après en moyenne : 58,7 ± 1,6 mois ; [41,0-69,7]), avec des taux de rechute respectifs de 61 % et 54 % à2 ans et de 68 % et 78 % à 5 ans (p = 0,89). Dans le groupe depatients ayant arrêté l’AZA, les facteurs indépendants associésau risque de rechute étaient le sexe masculin (OR = 2,42 ;p = 0,019) et l’absence de tabagisme (OR = 2,78 ; p = 0,006).

Conclusion : L’arrêt de l’AZA expose à un fort risque derechute quelle que soit la durée préalable du traitement,même supérieure à 6 ans. Les patients de sexe masculin etnon fumeurs paraissent plus exposés à la rechute, les femmesfumeuses ayant une réponse probablement plus complète àl’AZA. Ces données plaident en faveur du maintien très pro-longé de l’AZA chez les patients répondeurs, et particulière-ment les hommes non fumeurs. En cas d’arrêt de l’AZA, ilsemble nécessaire de le substituer par un autre traitement defond.

CO.63 Effet d’un traitement par Certolizumabpegol sur les lésions endoscopiques demalades porteurs d’une maladie de Crohnen poussée : résultats de l’étude MUSIC

X Hébuterne (1), JF Colombel (2), Y Bouhnik (3), O Dewit(4), JL Dupas (5), M Mross (6), K Mitchev (7), G d’Haens(8), S Vermeire (9), H Brixi-Benmansour (10), T Moreels(11), M Lémann (12)(1) Nice ; (2) Lille ; (3) Clichy-sur-Seine ; (4) Bruxelles,Belgique ; (5) Amiens ; (6) Berlin, Allemagne ; (7) BraineL’Alleud, Belgique ; (8) Bonheiden, Belgique ; (9) Leuven,Belgique ; (10) Reims ; (11) Antwerp, Belgique ; (12) Paris.

Introduction : Le Certolizumab pegol (CZP), un fragment Fabd’anticorps humanisé anti TNF-alpha pegylé, est efficace dansle traitement de la maladie de Crohn (MC) [1, 2]. La cicatrisa-tion endoscopique est un objectif thérapeutique de plus en plusévalué au cours de cette maladie. Le but de l’étude MUSIC a étéd’évaluer l’effet d’un traitement par CZP sur les lésions endos-copiques de malades en poussée de MC.Patients et Méthodes : Dans cette étude multicentrique ouverte de54 semaines les malades inclus avaient un Crohn’s Disease Indexof Activity (CDAI) initial compris entre 220 et 450 avec unCrohn’s Disease Endoscopic Index of Severity (CDEIS) ≥ 8 et aumoins deux segments d’intestin présentant des ulcérations. Lesmalades recevaient une injection de CZP aux semaines 0, 2, 4,puis toutes les 4 semaines pendant un an. Des iléo-colonoscopiesétaient réalisées à S0, S10 et à S54. L’objectif principal de l’étudeétait la mesure de l’évolution du CDEIS à S10 comparativement àS0. Les objectifs secondaires étaient l’évolution du CDAI, l’évolu-tion du score histologique ainsi que le pourcentage de maladesprésentant une réponse endoscopique (diminution du CDEIS deplus de 6 points), une rémission endoscopique (CDEIS < 6) et unerémission endoscopique complète (CDEIS < 3). Les résultats sontexprimés en moyenne ± DS. Les comparaisons entre S0 et S10 ontété réalisées à l’aide du test t de Student pour séries appariées.Résultats : 89 patients (âge moyen : 30,2 ans ; 66 % defemmes ; durée moyenne de la maladie : 7,9 ans) ont été étu-diés. 51 % étaient sous immunosuppresseurs et 42 % sous corti-coïdes. 78 malades ont bénéficié d’une seconde évaluation [neufarrêts de traitement : pour effet secondaire (n = 7) et non effica-cité (n = 2) ; deux endoscopies non faites à S10). A S0, leCDEIS était à 14,7 ± 5,3 et le CDAI 295 ± 74. A S10 le CDEISétait à 8,3 ± 6 : amélioration moyenne de 6,5 points (IC 95 % :-7,6 à -5,3 ; P < 0,0001). A S10, 61,5 % des malades avaientune réponse endoscopique, 43,2 % étaient en rémission endos-copique et 14,1 % en rémission endoscopique complète. L’amé-lioration moyenne du score histologique à S10 était de 2,7points (IC 95 % : -3,5 ; -1,9) dans le côlon et de 2,8 points (IC95 % : -3,9 ; -1,8) dans l’iléon. Il n’existait pas de corrélationentre le CDAI et le CDEIS (r = 0.176). Les effets secondairesles plus fréquents étaient les céphalées (18 %), des arthralgies(11,2 %) et des nausées (9 %).Conclusion : MUSIC est la première étude de grande envergurespécifiquement dédiée à l’évaluation de l’effet d’un traitement anti-TNF-alpha sur la cicatrisation endoscopique des lésions au coursde la MC. Elle démontre que le CZP est efficace pour améliorer leslésions endoscopiques et histologiques et confirme l’efficacité cli-nique de ce traitement. L’évaluation endoscopique à S54 et le suivide ces malades permettront d’évaluer le caractère pronostique de lacicatrisation endoscopique sur le devenir des malades.Références1. Sandborn N, et al. N Engl J Med 2007;357:228.2. Schreiber S, et al. N Engl J Med 2007;357:239.