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2Collection Privée Jean-Marie Potiez

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Le parcours de l’exposition

Objectifs de l’expositionCette exposition souhaite montrer sous la forme d’une expérience comment les tubes de l’été constituent plus profondément depuis le début des années 60 un phénomène musical et social majeur et cela jusqu’à l’aube du 21ème siècle. Elle aborde les tubes de l’été à travers leurs multiples facettes : leur lien avec la société du moment, comme avec des modes de diffusion  : disques, cassettes, radio, télévision, etc... Ces tubes nous viennent de France bien sûr mais aussi d’Angleterre et parfois de loin (Antilles, Amériques). Ils sont dansants : rock, slow, disco, macarena... et au top des hit-parades.

Résumé du parcours de la visite :Le parcours de l’exposition débute par l’exemple d’un tube qui mène au contexte de sa naissance : «J’entends siffler le train» de Richard Anthony. Le concept du tube de l’été naît dans un moment particulièrement tragique pour l’histoire française : la guerre d’Algérie. Cette nouvelle génération de jeunes ne veut plus de guerre. Une autre « guerre » toutefois va se jouer dans cette France du début des années 60 : l’opposition de deux styles de musique : le rock’n’roll et la musette. Cette vitrine sur la guerre d’Algérie évoque ainsi l’état d’esprit de la société et les tubes de cette époque.

En parallèle, la déferlante anglaise s’abat sur la France. L’influence du son anglais est partout à partir des années 60 : Shadows, Rolling Stones, Beatles... Le visiteur peut écouter le son anglais et visionner les programmes des groupes anglais se produisant. L’influence américaine et afro-américaine, évoquée par une grande fresque au verso de la vitrine  , constitue le pendant à ce rayonnement musical britannique. Elle impacte également de manière déterminante l’écriture des tubes français.

L’exposition consacre également un espace sur la question du hit-parade et de la façon dont il est établi par les revues et les radios. Une mosaïque d’une centaine de pochettes de 45 tours illustre cette poignée de chanteurs et chanteuses qui pendant plusieurs années, chaque été, furent les rois et reines des hit-parades en France : Johnny Hallyday, Claude François, Sylvie Vartan, Sheila, Françoise Hardy, Richard Antony, Dalida, Michel Polnareff, Adamo, France Gall, Joe Dassin, Michel Sardou, Nicoletta, Dave, Michel Delpech, Hervé, Villard, Fréderic François, Julien Clerc, The Beatles, Abba, Stone et Charden, Voulzy, Souchon. Des revues et cahiers de hit-parade personnels sont également présentés.

Victoire Eurovision 1974 (Collection Privée Jean-Marie Potiez)

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La visite continue sur un zoom donné plus précisément à des artistes considérés à leur époque comme des « fabricants de tubes » :

- Michel Delpech, « Pour un flirt  », 1971. - Stone et Charden, « Made in Normandie » , 1972. - Abba, « Waterloo », 1974. - Laurent Voulzy, « Cœur grenadine », 1979. - Jocelyne Béroard (Kassav), « Kolé Seré », 1986.

Le visiteur découvre ainsi leurs musiques au travers du son et de l’image. Leurs costumes de scènes, leurs instruments de musique, et pour certains leurs disques d’or sont aussi exposés.

La danse prend une place importante dans cette exposition. Au centre de la salle, un parquet de bal se transforme en piste de discothèque. Des projections sur les danses d’été et les lieux de fête font revivre ces moments de réjouissance estivale et un juke-box virtuel permet librement de danser.

Un cheminement chronologique est présenté sur la partie haute sous la forme d’une succession continue d’images. Ces images permettent aux visiteurs de se situer dans le temps à travers les événements marquants des quarante années couvertes par l’exposition. Il s’agit essentiellement de photographies, mais aussi de couvertures de magazines ou de « Unes » de journaux, ou d’affiches de films...

Les lieux de diffusion des tubes sont nombreux. L’exposition met en lumière les embouteillages de la nationale 7 et les longs trajets où on faisait passer le temps en allumant l’auto-radio.

Les podiums d’été notamment ceux du Tour de France, le camping et la plage ne sont pas oubliés. Les visiteurs peuvent écouter des chansons qui rendent compte de cette atmosphère de détente et du goût pour les chansons plus exotiques.

Trois groupes français, fondés à la fin du 20ème siècle, sont également mis en avant dans l’exposition sur les tubes de l’été :

- Indochine, « Dizzidence politik », 1981. - Iam, « Je danse le mia », 1993. - Zebda, « Tomber la chemise », 1999.

Un dernier module est consacré à la diffusion. En effet, de 1958 à 2000, les canaux de diffusion ont joué un rôle majeur dans la promotion d’un tube. L’exposition présente ainsi les différents objets de diffusion ayant concouru en ce sens : postes de radio, télévisions, magnétophones et ghetto blaster...

De l’espace public au salon, de la plage à la discothèque, les hits de l’été accompagnent plusieurs générations de français. Au fil du parcours, chaque visiteur est amené à composer sa liste idéale de tubes. Un panneau didactique est également proposépour les plus jeunes.

L’exposition a été conçue par 8 co-commissaires : Bertrand Dicale, Pierre-Antoine Légoutière, Jean Pénicaud, Jean-Marie Potiez, Alain Pozzuoli, Marc Touché, André Sévenier et Eric Bourgougnon et par l’équipe du MuPop.

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Axes thématiques et problématiques abordées

Qu’est ce qu’un tube ? Le mot « tube » à l’origine dans la musique désigne les cylindres où étaient enregistrés entre autres des chansons populaires qui s’écoutaient sur des phonographes. Boris Vian reprend ce terme pour évoquer ironiquement des chansons à succès « creuses comme un cylindre » dans son œuvre « le tube » en 1957, composée et interprétée par Henri Salvador. Cette chanson « anti-tube » devient néanmoins un des premiers tubes de l’été. La preuve qu’un tube n’est souvent pas si vide de sens en réalité.

I/ Les tubes et leur contexte

• Tubes et sociétéDes chansons font l’histoire, et les tubes témoignent de l’état d’âme psychologique d’une société.

Les vacances et la société de consommation

L’année 1936 avec les premiers congés payés est une date symbolique qui marque les premières vacances pour beaucoup de français. Mais il faut attendre l’avènement de la société de consommation de masse (1955-1960) pour que partir en vacances soit un fait généralisé en France. Avec les Trente Glorieuses, le pays rentre en effet dans une ère de croissance de 1945 à 1976. Le niveau de vie des français augmente et ces derniers peuvent s’offrir ce que précédemment seules les classes supérieures s’offraient. Tous les français ne partent pas en vacances bien sûr, mais une grande partie. C’est le temps des vacances en famille. En 1963 ; Sheila chante « pendant les vacances ».

Dans les années 60, la société française évolue. Les loisirs prennent une part de plus en plus grande.

La nouvelle génération ne souhaite pas s’inscrire dans la culture travail de leurs parents. On ne vit plus seulement que pour le travail.

Le travail sert à présent à s’offrir des loisirs, véritables biens de consommation.

Jeunes femmes sur une plage, années 1950 - 1960 © Roger-Viollet

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Le jeune consommateur de tubeAu début des années 60, une nouvelle classe d’âge est née : le jeune. Après le concert place de la Nation à Paris, organisé par Europe 1 en 1963, le sociologue Edgar Morin met en évidence un nouveau groupe sociologique qu’il appelle «  les yéyés ». Avant, les enfants rentraient directement dans l’âge adulte. L’adolescence est une étape de la vie à présent reconnue à partir des années 60.A cette époque, les jeunes commencent à profiter des vacances sans leurs parents.En témoigne la chanson de France Gall en 1964, «  Mes premières vraies vacances  » qui évoque cette jeunesse qui s’ennuie et qui a besoin de liberté et d’amour. Ces adolescents sortent de l’enfance et ont le droit pour la première fois à des vacances sans leurs parents.

Le jeune est consommateur de tubes et sa bande-son résonne dans les médias. « Les jolies colonies de vacances », Pierre Perret, 1967. « Waterloo », Abba, 1974.« Still loving you », Scorpions, 1984.

Dès les années 60, les chansons en France ont leur classement sous la forme de hit-parade. Ce classement s’adresse aux jeunes : l’émission SLC sur Europe 1, le magazine « Salut Les Copains » avec un premier hit parade dès l’été 1962, le magazine « podium »... Mais il s’agit d’une classification des maisons de disques ; c’est pourquoi certains jeunes font leurs propres hit-parade sous la forme de carnets personnels qui diffèrent des « officiels ».

Les tubes en résonance avec l’histoirePlusieurs chansons évoquent de manière inconsciente et métaphorique la guerre d’Algérie.

Les jeunes appelés qui sont partis faire la guerre, laissent leur amoureuse en France : « Je vais revoir ma blonde », Dario Moreno, 1956  « J’entends siffler le train », Richard Anthony, 1962 (slow)L’annonce d’une Algérie qui ne va plus être département Français. En 1960, Bob Azzam chante « Fais-moi du couscous chérie ». Au fil de la chanson, le couscous devient du cassoulet. La future perte de l’Algérie par la France est ainsi annoncée de manière imagée.

A la fin des années 60, des bouleversements dans la société française s’amorcent. Une partie de la jeunesse critique notamment la société de consommation et s’enflamme au mois de mai 1968.

Durant cet été, dans sa chanson «  Petite fille de français moyen  », Sheila critique, quant à elle de manière indirecte, l’intellectualisme de la jeunesse contestataire.

Fête hippie sur la plage, année 1970 ©DPA/PictureAlliance/leemage

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« L’été indien » de Joe Dassin est le slow de l’été 1975. Cette date du premier choc pétrolier sonne la fin des Trente Glorieuses et le début de la crise économique en France. Le texte de cette chanson rassure car pour les français, elle évoque la nostalgie d’une période douce ; des français qui rentrent progressivement dans une période difficile. C’est le neuvième tube de l’artiste. « L’été indien » est une réadaptation d’un titre italien.

A la fin des années 70, la société voit la libération de la femme à la suite des mouvements contestataires. Des lois fondatrices permettent aux femmes françaises de disposer de leurs corps : la loi autorisant la pilule contraceptive de 1967 et la loi pour l’Intervention volontaire de grossesse de 1975. Le nouvel homme apparaît. Il est fragile et assume sa part féminine. Le texte de Alain Souchon pour le tube de Laurent Voulzy « Le cœur grenadine » résonne dans ce sens.

Entre 1947 et 1991, la France en tant qu’alliée des Etats-Unis d’Amérique participe à une très longue guerre froide contre l’URSS et son bloc communiste. L’été 1982, les français dansent en discothèque sur une chanson du groupe Indochine « Dizzidence politik » qui critique ouvertement la dictature communiste de l’URSS au travers de ces paroles sans détours : «  Hopital psychiatrik – staliniste politik ».

Mondialisation et recherche d’exotismeDepuis l’effondrement du bloc de l’URSS et le développement des systèmes de communication, la mondialisation est en marche. Le secteur privé devient principalement le premier acteur dans ces nouveaux échanges.La mondialisation de la musique se développe progressivement. Elle passe par l’uniformisation des formes musicales et des goûts partout dans le monde.Pour exemple : la version de Los del Rio, « La Macarena » représente cette musique inscrite dans la mondialisation. Elle fait ainsi danser une bonne partie de la planète durant l’été 1996.

La société au travers de cette mondialisation croissante rêve d’évasion. Ce goût pour l’exotisme touche à la fois ceux qui restent chez eux mais aussi ceux qui ont la chance de partir.

Des tubes de l’été venus d’ailleurs :« Asimbonanga », Johnny Clegg, 1987 (chanteur d’Afrique du sud)« Syé bwa », Kassav, 1987 (Groupe martiniquais).« Didi », Khaled, 1998 (Chanteur algérien)

Le groupe Kassav en concert au Zénith à Paris, le 5 mai 1986. © Philippe Giraud / Gamma Rapho

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• Un titre - Un tube : genèse, déclin et postérité

Le tube de l’été s’inscrit majoritairement dans un processus commercial. L’élaboration d’un tube reste un mystère mais le lancement marketing du tube en devenir peut être analysé.

En général, au printemps, les maisons de disques opèrent un matraquage de chansons qui marcheront ou ne marcheront pas.

Par exemple : « Pour un Flirt », de Michel Delpech 1971 ; le titre est sorti en mars, classé en mai puis n°1 durant 3 semaines en juillet.

Durant l’été, les tubes sont écoutés largement par la population française grâce aux différents canaux de diffusion.

En automne, le tube de l’été de l’année devient un élément de nostalgie des beaux jours. Les vacances sont devenues déjà un lointain souvenir. Le tube permet de se remémorer le soleil manquant trop souvent dans la grisaille automnale.

Parfois des chansons ne sont pas programmées pour devenir un tube, et pourtant... « Tomber la chemise » du groupe Zebda avec son tempo rapide et son texte engagé n’avait rien pour passer sur les grands réseaux FM. Cette chanson devient néanmoins le tube de l’été 1999 avec un million de singles vendus.

A partir des années 70 en France, les disques d’or témoignent du succès de certains artistes de la musique. Ils récompensent les artistes ayant vendu plus de 100 000 singles ou albums.

Le hit-parade Top 50 créé en 1983 sur Canal + est un outil de classement des meilleurs ventes à l’échelle nationale. Il a été initié par les maisons de disques et a joué un rôle de promotion pour cette industrie musicale. Il s’agit d’une approche quantifiée de la chanson liée à une stratégie marketing. Avant, chaque station radio établissait son propre classement de disques.

Certaines chansons et musiques ne deviennent des tubes d’été qu’a posteriori.... «  I Will survive » (1994) du groupe néerlandais Hermès House Band est une reprise de la chanson de Gloria Gaynor de 1979 qui devient le tube de l’été 1998 en France. L’équipe nationale de Football vient de remporter pour la première fois dans son histoire la Coupe du monde.

Certains tubes rentreront ainsi des années plus tard dans la postérité comme « La Madrague », élément de nostalgie de l’icône Brigitte Bardot autour du thème de la fin des vacances.

Des tubes aussi sont restés dans la mémoire collective grâce à la publicité :

« Essa moça tá, diferente », Chico Buarque, 1970 – musique d’une publicité pour Schweppes.« Lambada », Kaoma, 1989 – musique d’une publicité pour Orangina

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II/ Les tubes et leur diffusionPour les maisons de disque, ces musiques de l’été doivent toucher un public large à la fois ceux qui partent et ceux qui ne partent pas, dans un souci de vendre toujours plus de disques.

• Objets de diffusionA partir des années 60, les objets de diffusion se développent massivement en France.

Observation de quelques objets diffuseurs de musique :

Développement du disque microsillon au milieu du 20ème siècle

L’invention du microsillon permet de pouvoir acheter un disque avec une meilleure qualité d’écoute et un coût moins élevé.Sur les 45 tours sont enregistrés les singles qui renferment des tubes potentiels. Les versions plus longues de ces titres sont généralement enregistrées sur des 33 tours mettant en lumière les albums des artistes.

Tourne disque Teppaz des années 60

(Collection MuPop inv. 2005-4-1)

Mange disque Fosorette 45 tours des années 70

(Collection MuPop inv. 2012-6-2)

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Poste de radio à lampe Radiola Dessiné par le Corbusier pour l’Exposition Universelle de Bruxelles en 1958

Transistor pour une écoute personnaliséeLe transistor permet à la jeunesse une écoute plus personnelle et spécifique de la musique.

` Transistor Ribet Desjardins (Collection MuPop inv. 2018-15-2)

Autoradio à Lampe Ducretet Thomson

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Téléavia : la télévision futuriste de la fin des années 50

(collection MuPop inv.2006-12-2)

L’avènement du baladeur lecteur cassette en 1980

La cassette permet en effet de pouvoir dupliquer les chansons enregistrées à la radio, ce qui est une nouveauté.

Walkman JVC (collection MuPop inv. 1999 -7-5)

Plus tard, le CD joue également un rôle majeur dans la diffusion d’un tube.

Baladeur CD Sony (Collection MuPop inv. 2015-10-9)

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• Canaux de diffusionL’émergence des tubes de l’été est liée à la restriction des canaux de diffusion.

Jusque dans les années 80, il y a quatre radios en France (France Inter, Europe 1, RTL, RMC). Il était toutefois possible pour certains d’écouter la BBC. Trois chaînes de télévisions existaient. En 1975, les gens regardaient TF1, Antenne 2 et FR3.

L’année 1982 est marquée par la libération de la bande FM. Pour exemple, la population de la ville de Montluçon pouvait écouter quatre radios locales.

En 1986, la chaîne TV6 qui deviendra M6, est créée. C’est la première chaîne musicale en France. Elle diffuse notamment des clips en continu. L’image animée sous la forme de vidéo-clips se développe au début des années 80. La musique est ainsi illustrée en image et comme pour les pochettes de disque, beaucoup de clips passent du simple « outil de promotion » à une œuvre artistique à part entière.

Toutefois, la multiplication des canaux de diffusion rend progressivement difficile l’avènement d’un tube. Le phénomène des tubes s’essoufflera donc avec l’émergence d’internet.

• Lieux de diffusion Les lieux de fête et de retrouvaille pour la jeunesse 

A partir des années 60, les tubes se diffusent grâce aux lieux de fêtes où se réunissent les jeunes sans leurs parents comme les boums et les « surprises Party ».

Ils se propagent également par l’intermédiaire des entrepreneurs de bals. Les orchestres s’équipent de matériel de plus en plus sophistiqué et puissant afin de reproduire le plus fidèlement possible les chansons en vogue chez la jeunesse.

Au début des années 80, les boîtes de nuit remplacent progressivement les bals. Dans les discothèques, les DJ font danser le public sur la piste en passant les tubes à la mode. Toutefois, ces dernières vont elles aussi être menacées.

Entre 1980 et 2000, 50 % des discothèques disparaissent en France.Les cafés où se retrouvent la jeunesse constituent également des lieux de diffusion des tubes de l’été au travers de la radio, du juke-box et du scopitone.

Photo de production du film La Boum de Claude Pinoteau, 1980 © Gaumont

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Les passeurs de tube dans les territoires français.Le Tour de France est un lieu de rencontre musicale depuis qu’Yvette Horner a joué sur le toit d’une voiture en 1952, ce qu’elle fera durant plusieurs années.

Conçu par la station de radio Europe 1 pour divertir le public lors des étapes du tour de France, le podium d’été du tour constitue durant presque trente ans le moyen immanquable de diffuser les tubes de l’été en province. Plusieurs générations d’artistes se sont succédés de en ville en ville sur les plateaux : Charles Trénet, Marcel Azzola, Henri Salvador, Michel Delpech, Michel Fugain, Sylvie Vartan, Sheila...

En vacancesAvant le développement du réseau autoroutier français, les embouteillages durant la période estivale sont fréquents sur les nationales et notamment la N. 7. Aussi, les familles ont le temps d’écouter les morceaux à la mode en voiture sur l’autoradio afin de rendre le trajet moins monotone. Elles retrouvent ces chansons une fois arrivées à leur destination au bar du camping notamment.

La plage, pour sa part, demeure le lieu le plus emblématique des amours de vacances mais aussi celui pour la diffusion des tubes de l’été. Elle devient le thème privilégié pour les artistes évoquant l’été, de «  La Madrague  » de Brigitte Bardot en 1962 à «  On the beach» de Chris Réa en 1991, en passant par « Sea, sex and sun » de Serge Gainsbourg en 1978.

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III/ Les tubes et leur esthétiqueLes tubes présentent des esthétiques diverses mais presque toujours un même objectif  : faire danser. Le mystère du tube demeure, mais la question de sa création se pose.

• Musette et rock : le choc musicalAu début des années 60 en France, la guitare électrique veut voler la place à l’accordéon mais tous deux visent à faire danser le public. L’accordéoniste André Verchuren interprète le tube de l’été de 1961, «  Les fiancées d’Auvergne  ». L’année suivante, Richard Anthony propose une adaptation d’une chanson folk américaine avec le slow de l’été : « J’entends siffler le train ».

Les jeunes s’opposent à leurs parents et ne veulent plus du style musette et de l’accordéon.Le rock’n’roll s’affirme comme la musique de cette jeunesse. Ces chansons sont plutôt simples dans leur structure musicale. La guitare électrique devient l’instrument emblématique de cette génération. Avec l’électrification, elle accède plus facilement au rôle de soliste comme l’était précédemment l’accordéon avec le musette. Les groupes de rock se composent généralement autour de la batterie, la guitare électrique, la basse électrique et le chant.

Le son de l’accordéon restera encore longtemps dans la tête des français. Yvette Horner, reine du musette animera durant onze années le Tour de France aux arrivées d’étape.

• Influence anglo-saxonne

-La musique anglaise a une grande influence dans la composition de chansons françaises qui ont fait les tubes de l’été.

-Le rayonnement de l’Angleterre en France passe par les Shadows, Beatles et Rolling Stone repris par des jeunes artistes français qui deviendront les « idoles » des jeunes dans les années 60. Certains de ces artistes enregistreront même leur album à Londres pour s’imprégner de ce son anglais comme Michel Polnareff avec « La poupée qui fait non ».

-En France, le slow du groupe anglais Procol Harum « A whiter shade of pale » devient un des tubes de l’été 1967.

Les Beatles sur scène en 1962 © Héritage images / Leemage

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La première vague d’influence musicale américaine en France est celle du rock’n’roll. Des artistes comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell ou Dick Rivers adaptent des chansons rock américaines au début des années 60.

En France, le premier titre américain classé 19e aux hit-parades français est celui de Bobby Darin « Clémentine » en 1960. Elvis Presley ne débarque quant à lui dans nos hits-parade qu’en 1963 avec « Devil in disguise » en vingtième position.

En 1971, la chanson « Une belle histoire » de Michel Fugain s’inspire d’une chanson amé-ricaine de Janis Joplin. C’est la première chanson « Hippie » tube de l’été à l’époque où ce mode de vie et de pensée n’est pas accepté largement par la population.

La seconde influence est afro-américaine ; d’abord au travers de la vague Soul et Rythm and Blues de Memphis et de Détroit, puis du Rap né dans le quartier du Bronx à New-York.

• Les musiques à danserLes tubes de l’été sont le plus souvent des musiques à danser. Il existe une grande quantité de répertoires de danses : musette, slow, jerk, twist, rock, disco, zouk, rumba, cha cha, rap...

Ces musiques d’été se caractérisent par différents tempo : lent (slow), modéré (la macarena, cha cha), rapide (rock, disco, twist, ska,rap).

Mis à part le slow, qui est une danse lente, toutes donnent envie de bouger, de se mettre en mouvement. Ces musiques sont souvent caractérisées par un BPM de 120 ( = 120 Batte-ments Par Minute). En moyenne, cela correspond au double du battement de cœur lorsqu’il est au repos. C’est pourquoi ces musiques nous invitent souvent à nous mettre à danser.

Ces musiques présentent des rythmiquesprécises et efficaces.

L’influence afro-américaine se retrouve par exemple avec « Je danse le mia », du groupe Iam en 1993.

Le groupe français rappe sur des samples reprenant le morceau funk de George Benson « Give me the night  ».  Il reste n°1 durant 8 semaines en 1994 avec ce titre.

Les rythmiques sont divisées selon un tempo binaire ou ternaire. Toutefois, une des caractéristiques des rythmiques d’Amérique latine est qu’elles jouent également sur des rythmes syncopés de par l’influence des musiques traditionnelles africaines.« Lambada », Kaoma, 1989 (rythmique de Bossa nova)

Premier concours de disco pendant trois jours et trois nuits organisé par la discothèque La Main Bleue, à Paris, les 12, 13 et 14 octobre 1979. © Bertrand Laforêt / Gamma Rapho

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• Simplicité et efficacité des moyens musicaux utilisés ? Dans une grande majorité de tubes, on peut observer une simplicité des moyens musicaux utilisés, que ce soit pour l’orchestration, les structures mélodiques, rythmiques et harmoniques.

Mais cette simplicité apparente est aussi le gage d’une redoutable efficacité pour faire consommer de la musique à toutes les couches de la population, en particulier les jeunes.

L’orchestration de ces tubes est liée aux instruments de musique à la mode selon les époques. Ex: - Accordéon - Guitares électriques et batterie - Synthétiseur et boîte à rythme

Variant entre 2’30 et 3’ et essentiellement organisée en couplets / refrain, la structure du tube est contenue dans un format plutôt standard, ni trop court, ni trop long. Il est en adéquation avec les modes de diffusion car il permet de diffuser une grande variété de chansons.

Les mélodies sont accrocheuses ainsi que les paroles qui sentent bon les vacances, l’été, l’insouciance, la légèreté et l’éloignement des soucis pendant cette parenthèse estivale.

Ainsi, l’ossature harmonique est constituée d’enchaînements d’accords parfaits de 3 sons, qui n’appellent aucune tensions, ni dissonances. L’enchaînement de ces suites d’accords parfait est agréable. Les accords plus complexes comme les accords de 7ème (4 sons superposés) , voire de 9ème (5 sons superposés), très utilisés en jazz, sont rarement utilisés dans le répertoire des tubes.

Depuis les années 60, les tubes, en règle générale, sont joués sur 3 ou 4 accords, à savoirles degrés I, V, VI, IV de la gamme.Les compositeurs s’amusent à jouer avec ce schéma . Ils intervertissent les degrés,remplacent ou ajoutent des accords voisins, ils passent facilement à la tonalité relative.L’oreille est à l’aise avec ce qu’elle entend, cela ne choque pas, aucune transition vers unetonalité lointaine de la tonalité générale.

Mais quelle habilité des compositeurs pour arriver à créer toujours de nouvelles mélodiessur un matériau de base identique !

Quelques exemples : - « Aicha » -Jean-Jacques Goldman - « Despacito » - Luis Fonci - « Love me please love me » - Michel Polnareff - « J’aime les filles » - Jacques Dutronc - « We will rock you » - Queen (refrain) - « Que je t’aime » - Johnny Hallyday - « L’encre de tes yeux » - Francis Cabrel - « Femme libérée » - Cookie Dingler - « Kolé Séré » - Philippe Lavil, Jocelyne Béroard - « La lambada »– Kaoma - « Eternal Flame » – les Bangles - « Nuit de folie » – Début de soirée

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Cependant certains compositeurs réussissent à mêler la complexité harmonique tout en donnant une impression de simplicité évidente (exemple: « Une belle histoire » de Michel Fugain ajoutant des accords de 7ème et 9ème, ou bien « A whiter shade of pale » de Procol Harum qui est composé à la manière du Canon de Pachelbel (1653-1706), avec des accords structurés sur une marche harmonique descendante, ou encore Chico Buarque avec « Essa moça tá diferente  » qui reprend les classiques harmoniques de la bossa nova avec des accords diminués ainsi que des 13ème.Les tubes de l’été sont à l’image des tubes en règle générale. Environ 150 tubes ont étéécrits avec ce jeu sur les degrés I,IV,V,VI, ou juste I,IV,V. Rappelons qu’à l’heured’internet, le tube le plus regardé de la planète est « Despacito », avec plus de 6 milliardsde vues en 2019.La naïveté que l’on pourrait attribuer parfois trop facilement à ces tubes reflète aussi unesociété qui a parfois envie de simplicité, et de divertissement, afin de rompre avec lesproblèmes de la vie quotidienne.Ne serait-ce pas l’un des rôles des musiques populaires ?

BibliographieDominique Sanchez, Les tubes et leur époque 40 ans en chansons, éd. Messidor, 1990.Lucien Rioux, 50 ans de chanson française, éd. L’archipel, 1994.Michel Arbatz, Le moulin du parolier Guide pratique pour écrire des chansons, éd. J.P Huguet, 2001.Bertrand Bonnieux, Pascal Cordereix, Elisabeth Giuliani, Souvenirs, Souvenirs, Cent ans de Chanson française, éd. Gallimard, 2004.Daniel Lesueur, 60 ans de hit-parades, éd. Alternatives, 2008.Ludovic Tournès, Du phonographe au MP3 : Une histoire de la musique enregistrée XIXe-XXIe siècles, Autrement, Collection Mémoires/culture, 2008.Bertrand Dicale, Ces chansons qui font l’histoire, éd. Textuel, 2010.Bertrand Dicale, Les chansons qui ont tout changé, éd. Fayard, 2011.Alain Pozzuoli et Jean-Marie Potiez, Grande histoire et petits secrets des tubes de l’été, éd. Du Moment, 2016.John Seabrook, Hit. enquête sur la fabrique des tubes planétaires, éd. La Découverte, 2016.Déshabillez-moi, Costumes de la pop et de la Chanson, Catalogue d’exposition du CNCS, 2016.

Site Internethttp://www.infodisc.fr/http://eduscol.education.fr/chansonsquifontlhistoire/

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Liens avec le socle commun de compétences, de connaissances et de culture de l’éducation nationale

Cycle 1 :Explorer le monde du vivant, des objets et de la matièreMobiliser le langage

Cycles 2 / 3 et 4 :DOMAINE 1: Des langages pour penser et communiquer • Comprendre, s’exprimer en utilisant la langue française

DOMAINE 3: La formation de la personne et du citoyen • Maîtriser l’expression de sa sensibilité et de ses opinions, respecter celles des autres.

DOMAINE 5: Connaissance de l’organisation du monde et des activités humaines • Situer et se situer dans le temps et dans l’espace  • Analyser et comprendre les organisations humaines et les représentations du monde • Raisonner, imaginer, élaborer, produire

Cycle 1 Cycle 2- Observer et explorer son environnement- Prendre conscience des objets, de soi et des autres.

- Se questionner sur le temps et l’espace, les générations qui se sont succédées, leurs modes de vie.- S’exprimer à l’oral, écouter et échanger- Comprendre une frise chronologique

Cycle 3 Cycle 4 et Lycée- Découvrir les bouleversements du 20ème siècle (CM2)- Reconnaître et situer les œuvres dans leurs contextes culturels et historiques

- Femmes et hommes dans la société- Enjeux sociaux et culturels- Technologie de création et de diffusion- Musique vocale et instrumentale du 20ème siècle.

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Quelques pistes de travail et problématiques pouvant être abordées en :

Éducation musicale , histoire, sciences économiques et sociales, français, anglais, arts plastiques.

La musique et l’Histoire :

La musique et son contexte : culturel, social et politique

* La guerre d’Algérie * La Société de consommation (les 30 Glorieuses, la société des loisirs, le jeune consommateur) * Les bouleversements de la société française (libéralisation de la femme, la jeunesse contestataire...) * La guerre froide (blocs États-Unis / URSS et leurs alliés) * La mondialisation (effondrement de l’URSS, développement des systèmes et moyens de communication, développement du libéralisme , exotisme et évasion)

La musique et ses pratiques :

- L’œuvre et sa diffusion : lieux et supports de diffusion * Innovations technologiques grâce à l’électricité puis l’électronique (de la guitare électrique au numérique) * Pochettes de disque, images, clips : succès artistique ou marketing ? - L’œuvre et ses arrangements : * Les influences musicales * Instrumentation * Grille d’accords

Pour cette exposition, le MuPop vous propose :- La visite libre en autonomie

- La visite guidée de la maternelle au lycée Durée : 45 minutes 25 élèves maximum

- L’ atelier : Les accords magiques et leurs machinesA partir du CE2

Durée : 1h25 élèves maximum

Autour de l’exposition « Vos tubes de l’été », le jeune public découvrira les accords et les rythmes de quelques tubes incontournables, toujours avec les claviers, les effets et

les machines indispensables à la fabrication d’un tube.

Tarifs

Groupes scolaires et périscolaires en visite libre :Montluçon Communauté : 1 € par enfantHors agglomération : 1,50 € par enfant

Groupes scolaires et périscolaires en visite guidée et / ou atelier :Montluçon Communauté : 1,50 € par enfant

Hors agglomération : 2,50 € par enfant

Gratuité pour les enseignants et adultes accompagnateurs, dans la limite du nombre d’accompagnateurs imposé par la législation, 1 adulte pour 8 enfants en maternelle et 3 adultes par classe pour les primaires,

collèges et lycées. Au delà : 5 € par accompagnateur, correspondant au tarif enseignant.

Renseignements et réservations :

Anne-Marie Perrieram.perrier@mupop.fr ou mediation@mupop.fr

Tél. : 04 70 02 19 69 ou 04 70 02 19 62

Professeur correspondant culturel :Christelle Lafaix

Permanence au MuPop les jeudis après-midi.Tél. : 04 70 02 19 62