Collin-Dugerey Philippe - Vie Et Enseignement de Jean Chapas

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    Philippe Collin-Dugerey

    VIE ET ENSEIGNEMENTDE JEAN CHAPAS

    Le disciple deMatre Philippe de Lyon

    Le Mercure Dauphinois

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    ditions Le Mercure Dauphinois, 2006,20124, rue de Paris 38000 Grenoble France

    Tl. 04 76 96 80 51Fax 04 76 84 62 09

    E-mail : lemercuredauphinois@wanadoo. frSite : lemercuredauphinois. fr

    ISBN : 978-2-913826-65-6

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    COLLECTION Autour de Matre Philippe

    Claude Laurent,Mes Souvenirs Gurisons etEnseignement de Matre Philippe, 2003

    S d i r , La vie inconnue de Jsus-Christ selonlEnseignement de Matre Philippe. Premire partie : PhilippeCollin,Sdir, par et pour le Christ, 2003

    Auguste Jacquot, Auguste Philippe,Les Rponses de

    atre Philippes suivies des enseignements recueillis par sonrre Auguste, 2004

    Phaneg,LEsprit qui peut tout Laction de lesprit sur lamatire selon lvangile et Matre Philippe de Lyon, 2004

    Philippe Collin,Monsieur Philippe de Lyon AlbumSouvenir [1905-2005}, 2005

    Jean-Baptiste Ravier, Confirmation de lEvangile par les

    actes et paroles de Matre Philippe de Lyon, 2005Les Carnets de Victoire Philippe, 2006DVDMatre Philippe de Lyon, le chien du Berger, un film

    de Bernard Bonnamour. Dure 1 h 50.Marie Emmanuel Lalande,Lumire Blanche, 2010Christiane Jouffroy Grandjean,Lhritage spirituel de Jean

    Chapas disciple de Matre Philippe de Lyon, 2011.

    CHEZ LE MME EDITEUR

    Docteur Fernand Rozier (lve de Papus), Cours de Haute-

    agie Lexploration du monde invisible. Introduction deSerge Caillet, 2001. Cet excellent livre dcrit les diffrentsmondes de lau-del et leurs habitants.

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    MONSIEUR CHAPAS LE DISCIPLE QUE LE MATRE PHILIPPE AIMAIT

    En le voyant, Pierre dit Jsus :Et celui-ci, Seigneur, que lui arrivera-t-il ?Jsus lui dit : Si je veux qu il demeure jusqu ce que je vienne,que timporte ?Le bruit courut parmi les frres que ce disciple ne mourrait point.

    JEAN XXI. 21-24

    IntroductionIl y a cent ans, le 2 aot 1905, mourrait, dans sa proprit

    de lArbresle (Rhne), un Lyonnais extrmement renomm etcontrovers. Cet homme, presque oubli de noscontemporains, avait branl son temps. La presse delpoque, quelle soit lyonnaise, nationale ou internationale,

    avait beaucoup parl de lui sous les noms de MatrePhilippe ou de Monsieur Philippe .Des personnalits illustres staient inclines devant lui,

    comme le Tsar Nicolas II qui laccueillit la Cour de Russieavec tous les honneurs. Car il tait attribu MonsieurPhilippe des milliers de gurisons inexpliques

    Lyon, au 35 de la rue Tte dOr, pendant des annes et

    presque quotidiennement, devant des centaines de personnes,Monsieur Philippe pratiquait des gurisons laide de la seuleprire. Ctait une cour des miracles o, misreux et maladesabandonns par la mdecine officielle, venaient lui demanderune gurison inespre.

    Il procdait toujours dune faon singulire et surprenante,parcourant entre les bancs, les rangs de lassistancesilencieuse, sarrtant brusquement prs de lun ou de lautre

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    et gurissant sur la simple promesse du patient de ne pas diredu mal de son prochain pendant un certain laps de temps :

    quinze jours, plusieurs heures mme, quelques minutesparfois, selon la gravit de la maladie.Des assistants notaient les vnements surnaturels qui se

    droulaient sous leurs yeux ainsi que les nombreuses paroles,

    profondes, et pleines de sagesse chrtienne {1} quilprononait.

    Chimiste, Monsieur Philippe avait install un laboratoire au

    6 rue du Buf o, aid de Jean Chapas, son plus fidle disciple,il mettait au point, parfois durant des nuits entires, desmdicaments et des onguents.

    En fvrier 1903, Monsieur Philippe dit adieu ses fidles : Vous ne me verrez plus, je men vais o jai faire. On ne

    me verra pas partir. Je men vais, mais je vous laisse leCaporal Jean Chapas. Vous lui demanderez et il prendra

    sur lui de vous accorder ces choses que moi-mme je vousrefuserais, comme lcole les enfants sadressent au pion quleur donne ce que le matre dcole refuserait peut-tre

    Mais qui fut cet homme qui marcha dans les pas deMonsieur Philippe, qui le Matre accorda toute sa confianceet son temps ? Un humble, un simple, un modeste. Dans letrain qui reliait lArbresle Lyon, on entendit un monsieurdire un jour :

    Moi, je connais un saint, cest Chapas, de lArbresle{2}!

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    PREPARATION A LA VIE PUBLIQUEDE JEAN CHAPAS

    Anctres et familleJean Chapas tait issu dun milieu modeste. Etienne, son

    pre, n en 1831, tait marinier sur le Rhne. Il avait tenulinstallation familiale au port de la Maladire Condrieu (69)usqu la mort de son propre pre dnomm galement

    tienne avant de venir stablir Lyon, le long de la Sane.Sa mre, Euphrosine, ne en 1835, tait blanchisseuse. Marisle 9 novembre 1858, ils habiteront de trs longues annes au36 rue Vaubecour. Cest l que natra leur second fils, Jean, le12 fvrier 1863.

    Quand Monsieur Chapas tait trs jeune, son pre tombamalade. Sa mre tait alle voir Monsieur Philippe et lui avaitdemand sa gurison.

    Rentre chez toi, fais-lui une soupe et il sera guri , futsa rponse.

    Quand elle demanda combien elle lui devait, MonsieurPhilippe rpondit par ces mots :

    Tu ne me dois rien du tout, mais tu me donneras ton filsquand je te le demanderai.

    Puis un jour de 1870, lge de sept ans, Jean Chapasmourut une premire fois dans le quartier Gorge-de-Loup.Cest en tout cas ce que rapporta Jean-Baptiste Ravier (1825-1907), un disciple fervent des sances de Monsieur Philippe.Deux mdecins appels son chevet avaient dj enregistrson dcs et un menuisier prenait les mesures du petit corpspour fabriquer le cercueil. Cest alors que deux hommes se

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    prsentrent : lun deux tait Monsieur Philippe. Il tait venuparce quil connaissait depuis longtemps la famille. Il demanda

    la mre de lamener auprs de son enfant dcd. Il fit lesigne de croix, se recueillit puis sadressa la pauvre femme :Me donnes-tu ton fils maintenant ?Sans bien saisir la question, elle lui rpondit : Oui.Alors, Monsieur Philippe sapprocha du lit, se concentra

    longuement et lana voix forte :

    Jean, je te rends ton me !Bientt lenfant ouvrit les yeux et sourit {3}.

    Dbut dune collaborationLenfant grandit. Lorsquil eut termin ses tudes

    primaires, dans un collge de lendroit, ses parents lui firentfaire des tudes en vue de lobtention du brevet de capitaine

    de navigation sur le Rhne et sur la Sane. Il passa sesexamens avec succs et devait prendre le commandementdun de ces remorqueurs le lendemain, quand MonsieurPhilippe demanda Madame Chapas de venir le voir :

    Tu diras ton fils quil vienne me voir demain, jai besoinde lui.

    Le fils obit. Il arriva, se mit la disposition de Monsieur

    Philippe. Monsieur Philippe lui dit de sasseoir et dattendre, illemploierait quand il aurait besoin de lui. Il passa ainsi toutesa journe ne rien faire. Le lendemain, il attendit toute laourne galement. Le surlendemain, il lenvoya enfin faire

    quelques courses, chercher un paquet de tabac, des timbrespostes, porter tel remde telle personne. Puis peu peu, il lefit assister aux Sances.

    Un jour, Monsieur Philippe reut un mot dune dame

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    navre de perdre ses cheveux. Il dit Monsieur Chapas de serendre dans une pharmacie, dy acheter nimporte quelle

    lotion capillaire, puis de la lui porter. Il lui prcisa toutefoisqu une certaine heure, il faudrait quil soit au caf desColonnes pour le retrouver. Il lattendrait. Monsieur Chapastrouva son arrive une femme compltement dsespre,voulant en finir avec lexistence en se jetant par la fentre du6etage de limmeuble o elle habitait.

    Panique de Monsieur Chapas qui essaya de raisonner ladame et laissa ainsi passer lheure du rendez-vous fix parMonsieur Philippe. Il y arriva finalement mais trs en retard.Monsieur Philippe tait l, il fumait sa pipe mais fronait lesourcil. Monsieur Chapas fit alors une tentative dexplicationmais Monsieur Philippe lui coupa la parole et le rprimanda. Illui aurait t facile darrter llan de cette femme, seul et distance, sil lavait voulu ainsi :

    Quand je te donne une heure, tu dois tre l cette

    heure.

    De longues annes dapprentissageLe Matre prouva trs durement son lve au dbut de

    son apprentissage. Faire confiance fut un exercice de chaqueour.

    Pendant quelques annes, il accomplit dans le silence toutes

    les tches que lui confia Monsieur Philippe. Madame Chapas(1862-1945) racontera que ce furent, pour le jeune homme,des annes dpreuves spirituelles et de formation interne autravail qui lattendait, des annes trs difficiles. Cest ainsiquau cours dune conversation dans un caf, son ami FranoisGalland (1883-1969) lui demanda ce quil ferait si MonsieurPhilippe entrait par la porte principale, il rpondit en se tenant

    les ctes :

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    Eh bien, je me sauverais par la fentre ! Finalement, Monsieur Philippe remit un jour Monsieur

    Chapas, devant celle qui devait devenir plus tard son pouse,une corde nuds quil avait confectionne son intention etlui dit textuellement : Tu te tiendras chaque jour pendantune heure dans ta chambre ; lorsque tu seras arriv cenud-ci, tu seras devant le Saint-Esprit.

    Monsieur Chapas nen parla jamais quiconque.

    En 1894, dans la salle des sances, Monsieur Philippe leprsenta ses malades, et le 21 fvrier 1894 il leur dit : Vous dites : comment se fait-il que je parle toujours de

    Dieu lorsque, autrefois, je nen parlais pas ? En effet,maintenant, Monsieur Chapas est charg de faire ce que jeaisais autrefois, il prend le nom des malades et il assume sur

    lui une grande responsabilit {4}.

    Le 9 juillet 1894, il leur dit encore : Cest votre insu que Chapas et moi cherchons gurir

    votre me, car il nous faudrait obtenir de vous des promessesque souvent vous ne tiendriez pas.

    Plus tard, le 27 novembre 1894 :

    Chapas et moi, nous vous tenons dans nos filets. Noussommes les pcheurs venus pour pcher ceux qui voudraientschapper.

    Ds lors, Monsieur Chapas seconda rgulirementMonsieur Philippe dans ses travaux et ses uvres envers tousceux qui sadressaient lui. Ainsi le dimanche 6 janvier 1895 :

    Quand vous avez besoin de secours, demandez Dieu

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    que Philippe ou Chapas vienne votre aide, il vous serasrement accord.

    Le plus mystrieux se produisit lorsque le 18 mars 1895 ildit : De grands pouvoirs sont ds aujourdhui donns

    Chapas. Parfois les cas taient difficiles. Ainsi Monsieur Chapas

    soccupa dun malade pendant deux ans sans arriver aumoindre rsultat. Un jour, il lamena enfin Monsieur Philippe

    qui lui demanda : Te repens-tu de tes fautes ?Le malade, surpris, rpondit : Mais, je nai jamais fait de mal personne, jai toujours

    donn aux pauvres, et ainsi de suite.Alors Monsieur Philippe lui rpliqua :Dans ces conditions le Ciel ne peut rien pour toi.

    Parfois lexprience tait cocasse comme ce qui arriva

    Hector Durville {5}(1849-1923). Celui-ci avait quelques sujetsquil ntait jamais parvenu endormir. Il les amena un beauour rue Tte dOr. La sance tait commence. Il les laissa

    dans la salle en bas, monta et exposa sa demande. Caporal, dit Monsieur Philippe, va voir si tu peux

    endormir ces sujets. Cela nest pas la peine, rpondit Monsieur Chapas, ils

    dorment.Hector Durville descendit, ses sujets dormaient ; une scne

    analogue se passa pour leur rveil.

    La famille Grandjean

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    Le 31 aot 1895 eut lieu une grande fte pour un doublemariage car ce jour-l deux des futurs beaux-frres de Jean

    Chapas allaient se marier. Il tait leur tmoin ainsi queMonsieur Philippe car la famille Grandjean connaissait cedernier depuis quil stait install Lyon.

    En effet, en 1861, le pre Grandjean (1837-1901) avait lafivre typhode. Une nuit quil tait pris par le dlire, il sortiten chemise en pleine neige. La fivre sen alla, mais il lui vintdes douleurs dans le cou. Le docteur dcida quune oprationtait ncessaire. Il vint pour cela Lyon et sassit tout tristesur un banc, prs de lHpital de la Charit. Un enfant dunedouzaine dannes vint sasseoir ct de lui et lui demandapourquoi il tait soucieux. Grandjean lconduisit vivement,puis se ravisant, lui raconta le sujet de son ennui.

    Alors lenfant lamena chez un bouquiniste des environs,chercha un trs vieux livre quil acheta. Il le remit Grandjeanen lui disant de brler quelques pages du livre et de frictionner

    la partie malade avec les cendres. Grandjean suivit le conseil etfut guri. Trente-neuf ans plus tard, en 1900, il fut amenpour la premire fois rue Tte dOr. Il reconnut en MonsieurPhilippe lenfant qui lavait guri dune si trange faon. Ilraconta lanecdote Monsieur Philippe qui se contenta delcouter en souriant

    Des enfants Grandjean, il y avait Benot (1870-1952), le

    comptable, qui laissera des comptes rendus de Sances,ntoine, lartisan menuisier comme son pre, et Franois ledoreur sur toffe, puis deux filles toutes les deux prnommesLouise ! La seconde Louise se maria la premire en 1889 avecJean-Baptiste Logerote et Franois se maria en 1899 toujoursavec Monsieur Chapas et Monsieur Philippe pour tmoins.

    Madame Grandjean et son fils Jean

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    tant jeune fille, Augustine Ravigneau (1871-1967) quiallait devenir Madame Benot Grandjean souffrait des yeux.

    En 1889, elle alla rue Tte dOr linsu de ses parents.Monsieur Philippe vint au-devant delle et lui dit bonjourcomme lon fait pour une personne que lon connat depuislongtemps. La bonne, lorsquelle tait entre, lui avait dit, enrponse sa question, que le prix de la sance tait de 3francs. Ctait beaucoup pour sa bourse de jeune fille. Aprs lasance, Monsieur Philippe la reconduisit et, la voyant ouvrirson porte-monnaie, lui dit :

    Mademoiselle, vous navez rien payer. Depuis ce jour, la bonne ne lui demanda plus jamais rien.Une autre fois, elle tait venue la sance avec une de ses

    amies, la sortie de lcole. Elle se proccupait du prochainpassage du tramway qui devait la ramener chez ses parents.Monsieur Philippe, du milieu de la salle, lui dit :

    Mademoiselle, ne vous inquitez pas, le tram ne passeraas avant que vous sortiez dici.

    Quand la sance fut termine, il dit aux deux jeunes filles : Mesdemoiselles, vous tes libres. Et en effet, le tramway passa lorsquelles furent arrives

    larrt.Aprs son mariage avec Benot Grandjean en 1895,

    Monsieur Philippe lui dit diffrentes reprises :Jai un enfant placer, le voulez-vous ? Oui, rpondait-elle,je ne demande que la sant.Cest ainsi quelle eut neuf enfants, tous bien portants.

    Monsieur Philippe tait le parrain de plusieurs dentre euxmais tous lappelaient parrain. lge de 3 ans, Jean (1913-1943), le dernier-n, eut la diphtrie. Le mdecin avait dclarquil ne passerait pas la nuit.

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    Toutefois, avait-il ajout, sil est vivant demain matin, iest sauv.

    Au milieu de la nuit, lenfant sassit tout coup sur son lit etdit : Parrain ma guri ! et il demanda manger. Le

    lendemain, le mdecin le trouva debout et jouant. lge de 4 ans, en 1917 Monsieur Philippe tait dcd

    en 1905 ce mme enfant fut amen dans la maison natale dece dernier. Il se promenait partout, allant et venant comme

    chez lui, disant : Voil mon lit, mon armoire, etc.,montrant les meubles qui avaient servi Monsieur Philippeenfant.

    Mariage et enfantsCest le 18 dcembre 1897, avec Monsieur Philippe comme

    tmoin, que Monsieur Chapas pousa Louise Grandjean {6}.

    Elle tait ne le 21 octobre 1862 Saint-Igny-de-Vers. Ilsavaient donc le mme ge. De ce mariage, ils eurent unepremire fille, Victoire, ne le 26 fvrier 1899. Le 26 mars,our des Rameaux, Monsieur Philippe demanda Grard

    Encausse (Papus en occultisme 1865-1916) si le Martinismeavait pour but laide mutuelle. Sur la rponse affirmative de cedernier Monsieur Philippe se tourna vers Monsieur Chapas etlui dit :

    Dornavant, Caporal, tu appelleras ta fille Martine {7}. Le Docteur Grard Encausse rapporte que Monsieur

    Chapas avait demand une me sans dfauts. Comme sa filleVictoire tait souvent gravement malade, il alla une sancepour demander sa gurison. Il lui fut prcis que si elle vivait,une mre de famille laisserait ses enfants orphelins. AlorsMonsieur Chapas rpondit :

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    Sil faut quil y ait des larmes, je prfre quelles soientchez moi.

    Victoire mourut lge de 8 mois, le 30 octobre 1899.Jeanne Chapas, sa seconde fille vint au monde le 24 juin1902, jour de la Saint Jean-Baptiste.

    Un mort en congs Monsieur Chapas tait, selon sa propre expression, un

    mort en congs . En effet, en 1899, il eut la fivre typhode.

    ppel probablement trop tard, le mdecin ne put queconstater le dcs. Le mdecin dressa lacte de dcs pour lamairie, fit les dclarations, et sen alla. Le Docteur EmmanuelLalande (1868-1926), qui tait le gendre de Monsieur Philippe,vint voir Madame Chapas et lui prsenta ses condolances.Cette dernire lui demanda de veiller son mari et courut chezMonsieur Philippe pour demander son aide. Elle le connaissaitdepuis dj de longues annes et avait en lui une confianceaveugle et totale. Monsieur Philippe la reut et lui dit, malgrle caractre urgent de la demande, quelle ne devait passinquiter, que son mari tait sauv et daller prparer unbon caf quil arrivait.

    Madame Chapas rentra chez elle, se rendit dans la cuisinepour prparer du caf et revint avec la tasse de caf. LeDocteur Lalande tait encore l. Il en avait vu de toutes sortes

    et sattendait nimporte quel rebondissement. Elle dit alors son mari :

    Jean ! Voil, le Matre a dit de tapporter du caf. Monsieur Chapas sassit sur son lit, prit la tasse et but le

    caf.Un peu plus tard, muni de lacte de dcs, il alla trouver le

    mdecin qui resta interloqu. Voil pourquoi, des annes plus

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    tard, Monsieur Chapas disait quil tait dcidment un morten congs .

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    VIE PUBLIQUE DE MONSIEUR CHAPAS

    Sances de Monsieur ChapasLorsque Monsieur Philippe mourut le 2 aot 1905,

    Monsieur Chapas continua recevoir les malades qui venaienttoujours nombreux la salle de la rue Tte-dOr. Il avaitsouvent rpt la sance que le mdecin en chef taitprsent et Benot Grandjean et dautres ont affirm que

    latmosphre spirituelle tait la mme.Monsieur Philippe avait dit le 31 mars 1903 : Chapas va

    continuer les sances ; je vais mabsenter Puis en juillet1903 : Je reviendrai, mais en attendant, le Caporal seratoujours l pour ceux qui voudront venir le trouver.

    Il lavait prpar pour mener les sances et la premire foisque Monsieur Chapas fit la sance, il neut aucun succs, tout

    le monde partit, il ne resta quune dizaine de personnes. lafin, Monsieur Philippe rentra dans la salle, et dit cespersonnes quelles recevraient quelque chose pour cela.

    Il prit en charge les sances en janvier 1902 qui sepoursuivirent jusquen 1922 rue Tte dOr. Au cours deshivers 1924-1925 et 1926, Monsieur Chapas tint ses sancesau chteau de Mamix. Nous pouvons retrouver quelques-uns

    des comptes rendus de ces sances dans un journal commencle dimanche 25 avril 1897 et achev en 1907 et paru dans le

    livre de Serge Caillet :Monsieur Philippe, lAmi de Dieu. {8}

    Exercice illgal de la mdecineMonsieur Chapas hrita de tout au dcs de Monsieur

    Philippe : des 52 loyers quil payait tous les mois aux pauvres

    et aux ncessiteux, comme des procs. Car les mdecins

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    lyonnais lui intentrent un procs en 1907, pour exerciceillgal de la mdecine.

    Lavocat insista sur la charit de son client. Il ne lut quedeux lettres : la premire dun mdecin qui remerciaitMonsieur Chapas de lui tre venu en aide. La seconde duDocteur Grard Encausse qui lui recommandait une personne.Les autres lettres avaient t verses au dossier et prouvaientlargement combien il faisait le bien autour de lui.

    Le prsident insista pour faire dire aux tmoins quil faisaitdes gestes. Aucun fut la rponse unanime. Il tendaitsimplement lindex vers le Ciel au moment o il se recueillaitpour prouver quil priait et pour inviter les assistants en faireautant. On na pas insist sur les paroles quil prononait : Adressez-vous votre mdecin puis adressez-vous Dieu. Il disait aussi : Nayez aucune confiance en moi, je ne

    ais rien, je ne peux rien, je ne suis rien. Quand on leremerciait : Non pas moi, remerciez Dieu, je ne fais rien. Il

    avait une faon de faire le tour de la salle en se penchant verschaque personne sans rien dire, mains dans le dos, neregardant pas celui qui lui parlait, ou sil disait quelque chosectait :

    Cest bien ou Je demanderai pour vous , Suivez leconseil que vous donne votre avou , On vous aidera , Le Ciel nabandonne personne , faites la paix chez vous s

    vous voulez que Dieu exauce votre prire Quel est le nomde votre rgisseur , Cest trs mal cela, Dieu dfend ceschoses ou bien encore: Cest une blague, votre hritageest une mystification.

    Lavocat parla galement de jeunes filles enceintesabandonnes par leurs amants et prtes se jeter dans leRhne.

    Aprs une plaidoirie avec beaucoup de dveloppements

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    mais chaleureuse, Matre Clozel, qui dfendit dans le tempsMonsieur Philippe, dit entre autres : Moi aussi jai t

    sceptique, jai souri comme vous car on rit souvent quandon parle de prire ou de Dieu mais lorsque jai examinlaffaire de plus prs, jai compris la sincrit de cet homme,sa grandeur. Il y a 2 classes de gens, les uns pensent ainsi, lesautres pensent autrement, lesquels ont raison ? Ceux qucroient ou ceux qui ne croient pas ? Personne na le droit derire. Il faut tre juste.

    Matre Clozel termina par le rapport de Grard Encausse. Ilcita ses noms et qualits et termina par cette phrase : Permettez ce dernier mot un sceptique : Chapas guritsans traiter, alors que tant de mdecins traitent sans gurir.Condamnez-le si vous le voulez, mais vous ne pourrez lediminuer.

    Il faut avouer que le rapport du Docteur Encausse en abouch un coin pas mal de gens :

    Je soussign, Docteur en Mdecine de la Facult deParis, ex-chef du laboratoire dHypnothrapie du Docteur

    Luys {9} lhpital de la Charit, Officier de lInstructionPublique et auteur de nombreux ouvrages sur les questions

    sychiques, certifie avoir tudi soigneusement depuislusieurs annes les procds de Monsieur Jean Chapas, de

    Lyon, pour le rtablissement des facults morales affaiblies

    ar le dsespoir, le doute, la haine, et les ractions induitessur les organes physiques par cet affaiblissement.

    Le procd utilis par Monsieur Chapas drive de lemplode la tension mentale et de la prire. Il est exactement dumme ordre comme origine que les actions produites Lourdes et Fourvire sous linfluence des prires collectives.

    Monsieur Chapas ne touche pas les personnes. Il fait appe

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    une sorte dinfluence morale, il ne les endort pas, il ne leurait pas de suggestion dans le sens mdical du mot.

    En toute conscience un Mdecin ne pourrait voir lexercicede son art dans ces actions toutes morales et relevant de laFoi. Personnellement je dois Monsieur Chapas lertablissement de lquilibre moral chez des dsesprs pourlesquels la mdecine est sans effet.

    A mon avis il ny a pas, dans ces procds, lieu pour unmdecin de smouvoir, car je ny trouve aucun rapport aveclexercice de la mdecine. Paris le 23 dcembre 1907.

    On a ri au commencement, on est devenu srieux, puis lesyeux se sont tourns vers Monsieur Chapas qui partait onladmirait. Il sest mme trouv des personnes qui pleuraientpendant que lavocat parlait.

    Un homme du peuple sest cri :

    Mais que lui veut-on, il est innocent ! Quel est celui qui adpos contre lui ? Un agent. Oh la r, tenez-moi, ou je le cogne !

    Il faut tout de mme noter quaucune des personnesparticipant ses Sances ne savait outre les 9 tmoins que

    Monsieur Chapas tait poursuivi, et dans la salle de laudiencece jour-l, il y avait au fond 3 de ses amis et le reste tait desinconnus.

    Sur lintervention du Docteur Grard Encausse, il fut doncacquitt, le tribunal ayant reconnu que le successeur deMonsieur Philippe nagissait que par la prire.

    LArbresle

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    Depuis lt 1908, Monsieur Chapas habitait lArbresle,localit situe une heure en train louest de Lyon, au pied

    des Monts Sauvages, o Madame Philippe (1859-1939) luiavait cd la conciergerie du Clos Landar. Cette petite maisondite du jardinier situe lentre mme du Clos Landar,sur la droite du grand portail dentre, tait construite surterre plein de rez-de-chausse divise en trois pices avecgrenier mansard au dessus, jardin louest et au nord close

    de treillis {10}.

    En novembre 1909, Marie-Olga Chestakow-Marshall(1877-1952), qui allait devenir lpouse en seconde noce dugendre de Monsieur Philippe Emmanuel Lalande acheta leClos Landar et congdia Monsieur Chapas qui sinstalla toutprs, au Clos Santa Maria, ancien couvent des Ursulines.

    Les relations entre Madame Chestakow-Marshall et

    onsieur Chapas ntaient pas trs chaudes, et on en atoujours ignor les raisons ,nous a confi un tmoin.Marie-Olga Chestakow-Marshall appelait Monsieur Chapas

    le bout de lalle , le Clos Santa Maria se situant au bout delalle du Clos Landar. Ctait une personne qui avait beaucoupcrit. Sa famille comme ses amis ont prfr passer soussilence cette pnible situation. Seul Max Camis (1895-1985),un ami intime de Monsieur Chapas, a rapport :

    Quant aux relations avec la demeure voisine {11}, ellesont t trs diffrentes de ce que lon peut imaginer. Lesrapports humains, dans leurs variantes, dj si indcelables,

    euvent encore dpasser les dimensions connues et se suffire

    dun silence soutenu, plus constructeur {12}. Monsieur Chapas gardait le silence sur cette situation, mais

    son pouse la supportait beaucoup plus mal, et sen contrariait

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    parfois.

    vocation dun pass : ZhoraMarie-Olga Chestakow-Marshall est plus connue sur lascne sotrique sous le nom de Zhora. Ne Odessa, dans lanouvelle Russie, le 1 er dcembre 1877, elle tait la fille deLonid Nicolaiew Chestakow et dOlga Eugevnia Gagarine(1853-1937). Sa mre tait la sur du prince AnatoleGagarine, conseiller dtat et matre de la cour de lEmpereurde Russie, Nicolas II.

    Nous savons de son adolescence quelle fut semedpreuves qui la prparrent la rencontre ultime. Ellepousa Paris, le 6 novembre 1895, Herbert AugustusMarshall (1860-1912). Le couple eut trois enfants : Philippe(1900-1966), Victoire (1904-1953) et Marie (1907-2003).Marie lge de 17 ans, ayant chang de pays, de genre de vieet de milieu, Marie-Olga Chestakow-Marshall fut atteinte en

    1897 dune crise de dpression intense, la suite de maladieset dpreuves diverses.

    Pendant deux ans, des mdecins lassistrent enpermanence. En 1898, son mari devant faire un voyage en

    ngleterre, elle laccompagna pour sarrter Lyon o elledevait rejoindre sa mre qui venait de sy installer. Cest cemoment-l quelle rencontra celui qui devait la soigner

    dfinitivement : Monsieur Philippe.Aprs le dcs de Monsieur Philippe en 1905, elle stait

    inquite des difficults que pouvaient avoir traverserMadame Philippe et sa mre Madame Landar (1831-1911),restes seules, et avait demand son mari sil avait quelqueobjection venir habiter le Clos Landar avec laccord duDocteur Lalande. Une location-vente du Clos fut dcide et les

    Marshall y firent btir une deuxime maison relie au

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    laboratoire de Monsieur Philippe.Le dmnagement fut prvu pour novembre 1906, poque

    laquelle la construction devait tre acheve. La ventedfinitive eut lieu le 23 novembre 1909 et Marie-OlgaChestakow-Marshall en devenait lgitimement la propritaire.Le 30 avril 1912, elle devint veuve. Sensuivit son mariageavec le Docteur Lalande, en mars 1913 dans le Var, o ils firentconstruire une somptueuse villa sur la cte, avec sa plage etson port privs.

    Ruins compltement par la rvolution Russe doctobre1917, ils quittrent presque dfinitivement le Clos Landar,beaucoup trop coteux entretenir. Aprs le dcs du DocteurLalande en 1926, elle retourna vivre au Clos Landar et pourfaire vivre sa famille, elle apprit un mtier, celui de fermire,et vendait son lait Lentilly, prs de lArbresle. La qualit deson lait tait dailleurs rpute dans la rgion.

    Il tait loin le temps de lcrivain quelle avait t.

    Rappelons seulement que cest sur le conseil de MonsieurPhilippe quelle avait publi dansLInitiation, sous le nom de

    Zhora, sestudes tentatives {13}. Cela dplaisait au DocteurEmmanuel Lalande (ils ntaient pas encore maris lpoque)qui saisissait toutes les occasions pour dire sa faon de pensersur les femmes crivains. Un jour, il fut beaucoup plus violent

    que dhabitude, et au moment o Alfred Haehl {14} (1870-1957) allait intervenir pour la dfendre, il se tourna versMonsieur Philippe et lui demanda :

    Quen pensez-vous ? la stupfaction dAlfred Haehl, Monsieur Philippe

    rpondit :Mais oui, Dac !Comme tous les grands artistes, son uvre littraire tait

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    lie aux grands vnements de sa vie (naissance de sesenfants, mariage et joies intrieures). Elle publia dans la revue

    LInitiation, chre Grard Encausse, en 1901 et 1902 sous lefameux nomen mysticum de Zhora, dans la revuePsych en1913 puis en 1930 et 31 sous dautres pseudonymes.

    Au dcs de Sdir (1871-1926), mile Besson (1885-1975),secrtaire gnral de lassociation des Amitis Spirituelles, lapressentit mme pour crire la rubrique Directives dubulletin mensuel de lassociation :

    Nous envisageons de reprendre la Revue. Une personnequi, pendant toute sa vie, a t une amie trs intime de

    onsieur Philippe serait dispose nous crire chaque moisun article qui serait dans la pure tradition de MonsieurPhilippe, pour remplacer celui qucrivait notre Sdir. (Vous

    ouvez savoir, vous, quil sagit de Madame Lalande, la veuvedu Docteur Lalande Marc Haven qui vient de mourir){15}

    mile Besson voulait ainsi remplacer la plume de lcrivainmystique, mais son projet, oppos aux diteurs MdricBeaudelot (1854-1930) et Paul Derain (1880-1966), ne trouvapas daboutissement.

    Plus tard, Marie-Olga devenue Lalande fit quelques timidesapparitions, littrairement parlant. En 1934, en collaboration

    avec Andr Lalande

    {16}

    , Lucien Chamuel, Jules Legras

    {17}

    ,J. Durand {18} et Justin Maumus {19}, elle crivitMarc

    Haven{20}, une biographie sur son second mari, puis en 1935,elle donna ses souvenirs sur Monsieur Philippe la revue

    strosophie{21}.Ce nest quen 1948, soit cinq ans avant son dcs, que,

    reprenant la plume, elle publiaLumire Blanche

    {22}

    , un peu

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    irrite par le contenu du livre du Docteur Weber-Bauler :

    Philippe, gurisseur de Lyon la Cour de Nicolas II {23},

    souhaitant ainsi rfuter page par page les diffrents chapitresdu livre.

    Le Clos Santa MariaPar la suite, Monsieur Chapas sinstalla dans le vaste

    couvent des Ursulines {24}situ sur le coteau de Collonges, lArbresle, lemplacement mme de lactuelle maison de

    retraite. Ce couvent de soixante-neuf pices avait t vendu sa femme par sa propritaire, Mademoiselle Ins Santa Maria(1846-1913). Elle-mme lavait achet au moment de lasparation de lglise et de ltat en 1905.

    Monsieur Philippe lavait dsigne pour faire lachat ducouvent dsaffect, aux cts de sa demeure. Quoique pauvre,cette femme obissante, alla chez le notaire le jour de la mise

    en vente malgr une rage de dents, un capuchonnage larendant mconnaissable. A la mise prix, elle augmentatimidement de 50 francs. Jusqu lextinction de latraditionnelle bougie, le silence rgna, car tous les gensprsents pensaient que la mystrieuse acheteuse tait la surmre venant rcuprer lancien couvent.

    Elle ne resta pas longtemps propritaire, car elle mourut en

    1913, lguant les lieux Monsieur Chapas qui nen voulut pas.lors la demeure fut vendue Madame Chapas. Et cest ainsiquelle devint propritaire de cette maison

    Intrieurement, les tages correspondaient assez mal,utilisant diffrents escaliers. La porte dentre, surmontedune croix banale, tait peu accueillante, troite et sombre,souvrant sur un caniveau ncessitant des marches ingales.

    loppos, le jardin sans verdure, tout en pente, obligeait

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    aprs les grosses pluies dhiver, de remonter la terre {25}. Au rez-de-chausse dudit couvent habitait Monsieur

    uguste (1858-1942), frre de Monsieur Philippe, ainsi que safemme et sa belle-mre. la mort de son pouse trs malade,il se retira Loisieux o il finit ses jours dans la maison natale.

    Monsieur Chapas vivait trs simplement au premier tagetandis que la femme de Monsieur Philippe, richement installepar le baron de Graffenried (1889-1930), en occupait un autre.

    Y logeait aussi Mademoiselle Antoinette {26}qui, autrefois,

    au 35 de la rue Tte dOr, faisait laccueil des visiteurs lors desSances, ainsi quun pauvre homme, un peu simple, Mouchu

    Piarre {27} , comme tout le monde lappelait, et dontMonsieur

    Chapas soccupait. La cohabitation tait aise entre cespersonnes de bonne volont et au grand cur qui vivaientdans la mmoire de Monsieur Philippe disparu.

    Pierre Bucher et Georges HaehlMonsieur Chapas tait en relation, par un industriel de

    Strasbourg, Georges Haehl {28} (1862-1947) qui avaitconnu Monsieur Philippe avec les milieux irrdentistes

    franais {29} en Alsace. Il connaissait donc intimement le

    Docteur Bucher {30} qui dirigeait ce mouvement {31} et dutsrement laider dans sa tche.

    Pierre Bucher (1869-1921) fit ses tudes mdicales laFacult de Strasbourg et celle de Paris. Comme mdecin, il sespcialisa dans le traitement des affections nerveuses et desmaladies infantiles, mais surtout se dpensa sans compter auservice de la cause franaise en Alsace-Lorraine. Par les

    revues quil dirigea il tait directeur de laRevue alsacienne

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    illustre (1901), des Cahiers alsaciens (1912) et deLAlsaceranaise (1920) par les socits artistiques et littraires

    quil fonda, il a t, selon lexpression de Monsieur AndrLichtenberger, le conservateur volontaire passionn etsagace de lme franaise en Alsace captive . Aprs ladlivrance de ces provinces, il fut le collaborateur le plusdvou de ladministration franaise.

    Lorsque la Grande Guerre 14-18 fut imminente, MonsieurChapas invita les familles du Docteur Bucher et de GeorgesHaehl venir en vacances lArbresle. Cest l quen octobre1914, le Docteur Bucher, qui avait t surpris par lesvnements dans sa tche patriotique, vint les rejoindre. Safamille devait ainsi, par les soins heureux de Monsieur Chapas,rester labri des preuves que les Allemands nauraient pas

    manqu de lui faire subir en Alsace mme {32}.Georges Haehl, pour sa part, resta l o le destin lavait fait

    natre : La Robertsau dans la banlieue de Strasbourg.Si Monsieur Chapas voquait lhumilit , son ami

    Georges Haehl, avait ralis ici-bas lobissance {33} ; car,nayant rencontr Monsieur Philippe que deux fois, sansmme quil y et dentretien particulier, il avait compris toutde suite que l o le destin nous fait natre, l nous devonsrester et attendre dautres ordres . N en 1862 dans lusinefamiliale, il devait y mourir, en 1947, sans lavoir jamais

    quitte. Il lui consacra ses jours, ses nuits {34}.Cette usine fut cre en 1852 par Thodore Lamasse, dans

    une proprit quil avait acquise La Robertsau. Il engageacomme principal collaborateur son prparateur en pharmacieet cousin Victor Haehl, qui prit la direction technique. samort, en mars 1870, son cousin lui succda en qualit degrant de la Socit. Quelques mois plus tard, lAlsace passait

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    sous le joug allemand.Le nouveau grant, actif et nergique, surmonta toutes

    sortes de difficults. Il trouva une nouvelle clientle sur lemarch doutre Rhin et dveloppa la production de son usine,malgr la concurrence naissante des nouveaux modesdclairage. Sous sa direction, la fabrique de La Robertsauacquit, dans la profession, une place de premier plan.

    En 1901, Victor Haehl mourut son tour, et son filsGeorges, qui depuis plusieurs annes dirigeait la fabrication, luisuccda. Traversant les deux guerres 1914 et 1939, durantprs dun demi-sicle, il allait veiller sur les destins de lUsine

    avec une incomparable matrise {35}. Mais lhomme, en lui, necdait en rien lindustriel et sa bont proverbiale lui avaitacquis le respect et laffection de tous. Il incarnait le type, trsdifficile et rare, du bon riche, de celui qui, se rendant comptedes ingalits de la terre, veut mieux les rpartir sans rien engarder.

    Il tait arriv, en raison de sa compassion pour lesdshrits, recruter un personnel htroclite. Des caisses deretraite, de maladies, accident et maternits avaient torganises dans son usine bien avant que la lgislation ne senoccupt. En dehors des services administratifs, une secrtaireparticulire avait la charge de venir en aide aux misresconnues dans la ville et ses environs. Elle compensait les

    pensions en retard, apaisait le propritaire intraitable, payaitles notes chez le boulanger ou chez le charbonnier, sanscompter des visites discrtes aux filles-mres lhpital.

    Fidle lide quil stait faite de la vie, sentant que sa finapprochait, Georges Haehl lgua, par son testament, 15 % de

    sa fortune personnelle ses ouvriers {36}.

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    Lhpital auxiliaire n 18Les jours au Clos Santa Maria scoulaient paisiblement.

    prs les sances de la rue Tte dOr, Monsieur Chapascultivait son jardin, difficilement parce quen pente, et vaquaitaux diffrents travaux de cette demeure peu accommodante.Mais le Ciel allait lui confier une nouvelle mission. Le climatpolitique tait alarmant et le conflit de 14-18 clata. Un ventmeurtrier balayait lEurope.

    Ds le dbut des hostilits, Monsieur Chapas transforma laplus grande partie du Clos Santa Maria en hpital militaire{37}. Il y assumait totalement les frais mdicaux et lesdpenses matrielles. Cet tablissement de fortune futofficiellement agr comme hpital de seconde zone numro18. Il pouvait y accueillir 60 blesss. Latmosphrechaleureuse de prires et dcoute tait propice leurconvalescence et nombreux taient ceux qui voulaient y treenvoys car, disait-on, on y gurissait plus vite que nimporteo.

    Mais quimporte ce que lon disait, du reste, MonsieurChapas faisait ce quil devait faire sans se poser de question. Etsi pour cet engagement humanitaire quil assura jusquen1919, on lui remit la mdaille militaire, pour sa part,modestement, il dira : Cest le Ciel qui a fait cela.

    Fin de son action publiqueMonsieur Chapas avait consacr vingt ans de sa vie ceux

    que son Matre lui avait confis, il lavait fait avec toutes sesforces et toute sa foi, mais des incidents graves staientproduits, certaines personnes cherchaient ouvertement misre Monsieur Chapas et venaient mme le provoquer dans sapropre salle. Il restreignit peu peu le public des sances et se

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    tut de plus en plus.Nous tions en 1920 et pour ces raisons, Monsieur Chapas

    allait bientt fermer la maison de la rue Tte-dOr. Il avaitdcid de mettre un terme son action publique et de ne plusrecevoir que les amis intimes. Aux Sances qui prcdrent laclture, et pressentant la nouvelle guerre qui arrivait,Monsieur Chapas dit :

    Ne dmnagez pas, ne faites aucune entreprise, restezdans la situation o vous tes ; de grands vnements sont

    roches.

    Le Professeur mile BertrandLorsquil eut dfinitivement ferm la maison de la rue

    Tte-dOr, il accepta linvitation de son ami mile Bertrand{38} (1872-1929), professeur de Physique exprimentale lUniversit de Lige. Ctait un savant et un chrtien. Engag

    volontaire pendant la guerre de 14 o il reut les Croix deguerre Belge, Franaise et Britannique, il avait t un chef depremier ordre.

    Professeur, sa bont et son affectueuse sollicitude pourceux quil avait mission dinstruire lavait fait surnommer parses collgues et par ses lves le pre des tudiants . Ilstait notamment proccup de la situation dun jeunetudiant russe, priv de ressources, quil aida et nourritpendant les neuf ans o il le connut. Il eut une fin douloureuse,puisquil fut tu devant son domicile, le 23 octobre 1929, de

    deux coups de revolver, de la main mme de son lve. {39}

    Cest donc sur son invitation que Monsieur Chapas serendit en Belgique en avril 1921, et cest durant son sjourqueut lieu lanecdote de la prire collective.

    Monsieur Chapas fut reu chez son ami Bertrand, et un

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    soir, ce dernier lui demanda de dire la prire en commun. Ilaccepta. La domestique de Bertrand se tenait derrire lui. Au

    moment o Monsieur Chapas leva la main pour commencer lePater, la jeune fille tomba par terre la renverse. MonsieurChapas demanda de ne pas sen occuper. Il fit lentement laprire et, aprs un instant de recueillement, il se retira.

    Sur ces entrefaites, la domestique revint elle et racontaquen voyant le Monsieur lever la main, elle stait aperuequil tait vtu dune longue robe blanche.

    Le sort de la FranceLes dernires annes de sa vie, Monsieur Chapas manifesta

    de plus en plus dinquitude au sujet de lavenir de la France.Il en paraissait comme obsd, et il annonait aux amis quilinterrogeaient quil y aurait dici peu de temps un nouveauconflit. Il parlait peu, mais sa main gauche tournait parmoments une certaine mche de cheveux, ce qui faisait dire

    Madame Chapas : Ah ! Le papa est encore inquiet de laolitique.

    Un mot, une allusion, laissait voir sa pense.Son inquitude portait essentiellement sur la situation

    internationale de la France surtout propos des dbatsparlementaires. La lecture des journaux le laissait doncsoucieux, et souvent il dsignait de son doigt un article, le nom

    dun ministre important, et disait : Vous voyez, cet homme-l est un fossoyeur de la France

    En 1932, un voyage avec sa fille Saint-Vaast-la-Houguefut pour lui un vritable calvaire. On rapporte quil eut desclichs sur ce Cotentin particulirement touch plus tard parles drames du Dbarquement. De retour de ce voyage, unerapide visite Paris, aux Amitis Spirituelles, fut ombre

    encore de cette inquitude concernant les annes qui devaient

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    suivre. Sa prire fut pour lloignement de lpreuve qui devait

    toucher Paris et ses habitants {40}

    Disparition de Monsieur ChapasMonsieur Chapas aimait beaucoup pcher dans le Rhne,

    Nattages (Ain), et cest prcisment pendant quil sadonnait la seule distraction quon lui ait connue, quil est mort le2 septembre 1932.

    Il avait pass la journe la pche avec deux personnes,

    dont son ami Franois Galland, et au moment de plier lescannes et ranger tout le matriel, Monsieur Chapas leur offritune cigarette en disant :

    On sen fume une dernire ? et ils ont fum.Au bout de quelques instants, Monsieur Chapas, qui avait

    son chapeau sur sa tte et qui tait assis avec les autres, sestlev ; il a enlev son chapeau et il sest effondr, inconscient.

    Une charrette tire par deux bufs et prte par un voisintransporta son corps jusquau chteau de Marnix o il rsidaitchez son ami Galland. Il rendit le dernier soupir dans la soire,vers vingt heures.

    Monsieur Philippe lui avait dit : Jean, quand tu partiras, tu auras juste le temps de

    rendre ton manteau et ta canne pour me suivre.

    Quand Monsieur Chapas partit, il y avait plus de millepersonnes son enterrement. Un an aprs, Madame Chapasfit donner une messe : il y avait une quarantaine de personneset puis deux ans aprs, il ny avait plus personne qui venait.On avait oubli

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    APRS LE DPART DE MONSIEUR CHAPAS

    Auguste GauthierLes funrailles de Monsieur Chapas comme celles de

    Monsieur Philippe eurent lieu lglise Saint-Paul Lyon etde l le cercueil monta, par le funiculaire, Fourvire, puis aucimetire de Loyasse.

    Sa disparition avait t un vrai coup de tonnerre, car

    compltement inattendue, et un grand chagrin, car avec lui onperdait un homme dexception qui tait pour tous un guide etun soutien.

    Monsieur Chapas avait dit Alfred Haehl et ses amis : Lorsque je ne serai plus l, vous irez trouver Monsieur

    Gauthier. Cest ce quils firent. Alfred Haehl rencontra Auguste

    Gauthier (1881-1947) toujours en dehors de chez lui. Dans lesannes 1930, souvent le mardi aprs-midi, Auguste Gauthiervenait chercher en voiture Madame Haehl (1874-1962) et sesenfants. Il allait ensuite prendre Madame Philippe lArbresle,et les emmenait faire un tour en automobile et prendre unetasse de th ou goter Civrieux dAzergues, proche de

    lArbresle. Pour rsumer, Auguste Gauthier {41}se conduisait

    comme le successeur de Monsieur Chapas.Il laisse ceux qui lont connu le souvenir dun homme de

    bien. Tout jeune, il rencontra Monsieur Philippe et, ds sonretour du rgiment, il sattacha dfinitivement lui. AprsMonsieur Philippe et Monsieur Chapas, ce fut AugusteGauthier qui reut, jusquen 1930, rue Tte-dOr, puis sondomicile, les affligs et les chercheurs attirs par limmense

    renomme de la Maison, comme on lappelait. Il donna l des

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    consolations, des rconforts, des directions, des soulagementsphysiques et moraux.

    Il tait grand, mince, trs effac, discret ; il portait unegrande moustache blonde quil caressait en coutant ; ilcoutait beaucoup, donnait quelques conseils, parlait trsrarement avec svrit.

    Si la confidence entendue tait grave ou dlicate, il fronaitle nez, et mditait avant de formuler une ide parfois trsamicale, il hochait la tte, souriait avec douceur et disaitsimplement : Nous y penserons, la route tait aplanie. Silsagissait de maladie, il se recueillait quelques instants etdisait : Nous demanderons au Ciel. Chacun recevait unrconfort moral ou matriel et repartait plus fort, apais.

    Une fois, un homme simple et peu au courant des lois, avaitavalis des traites pour rendre service un commerant peuscrupuleux, en difficult de trsorerie. Les dites traites nayantpas t honores lchance, le tireur se retourna vers ce

    brave homme et lobligea, par ministre dhuissier, payer enlieu et place du mauvais commerant, lequel savait par avancequil ne serait pas en tat de faire face ses engagements.

    Le malheureux, saign blanc, sen alla trouver AugusteGauthier, lui disant quil ne lui restait plus qu dposer sonbilan. Ce dernier demanda pour lui et trouva auprs de sesamis la somme prcise quil avait t condamn payer. Et

    uguste Gauthier dit : Celui qui se dvoue pour son frre en danger de faillite

    ne fera pas faillite.

    Cest lui qui ferma la maison du 35, rue Tte-dOr {42}. son dcs en 1947, Auguste Gauthier navait dsign

    personne pour lui succder.Sa tombe, en face de celle de Monsieur Chapas, se trouve

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    dans le mme carr que celle de Monsieur Philippe.

    RvlationsMichel de Saint Martin (1894-1988) tait un ami deMonsieur Chapas. Ses parents avaient connu MonsieurPhilippe et suivi assidment les sances de la rue Tte dOr. Iltenait deux certains documents relatifs ce dernier, eux-mmes les tenaient dun autre disciple du Matre, Claude

    Laurent {43} (1854-1923). Il nous fut rapport quelques

    anecdotes qui montrent que Michel de Saint Martin connuttout jeune Monsieur Chapas :Enfant, il tait trs turbulent et un jour, il revint de lcole

    le front ouvert au-dessus de larcade droite. Comme sesparents habitaient 2 km de la rue Tte dOr, sa mre allatrouver Monsieur Philippe qui sappliqua, en sance, recoudre la plaie distance. Un autre jour, peu avant lamort du Matre, alors g de 10 ans, il se rendit rue Tte dOr.

    La mre dun de ses camarades de classe tait gravementmalade et le dcs tait imminent. Ce fut Monsieur Chapas quile reut au bas de lescalier. Il lui expliqua que cette femmeallait partir, que ctait son heure, mais que le ncessaire seraitfait pour que ce ne soit pas dramatique pour les enfants. Ce futson premier contact avec Monsieur Chapas.

    Puis le destin et la vie les sparrent. Les voyages enmrique et en Ocanie, la guerre de 14-18, estomprent les

    souvenirs de sa mmoire. Ce fut Phaneg de l Ententemicale vanglique qui lui parla un jour de 1927 dun

    mystrieux personnage lyonnais qui faisait les sances dans lacontinuit de Monsieur Philippe.

    Tant et si bien quen 1928, lorsquil obtint sa mutation pourun nouveau travail Lyon, il retourna voir Monsieur Chapas.

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    Michel de Saint-Martin attendait beaucoup de ce mystrieuxsage, ce savant humble et modeste, aux pouvoirs

    extraordinaires {44}dont Phaneg lui avait si souvent parl. Etce fut presque une dception lorsquil laperut :

    Lhomme, un solide gaillard dune soixantaine dannes,[] grand au-dessus de la moyenne, aux larges paules,ctait lui. Il regardait ces sabots, ce pantalon ctesrapices aux genoux, cette vieille vareuse de drap bleu, cechapeau de feutre noir qui, certainement, avait reu plus

    dune averse. Il tait peine grisonnant de cheveux et samoustache tait trs brune, sans un fil dargent {45}.

    Son pouse paraissait un peu plus jeune que son marmalgr ses cheveux blancs [], elle tait simplement mise, etcependant, rien en elle ne semblait commun. Ses traits, dunegrande douceur, taient clairs par de beaux yeux bleus{46}.

    Leur fille, Jeanne, tait une jeune femme, plutt grande,mais admirablement bien proportionne. Trs jolie comme samre, elle ressemblait son pre dont elle avait les yeuxsombres, trs grands et infiniment doux , ce regard laois doux et profond, qui semblait voir bien au-del des yeux

    dans lesquels il plongeait {47}. Pour Monsieur de Saint-Martin, ce fut le coup de foudre et Monsieur Chapas devint son

    guide et son ami.Ses rencontres avec lui et sa longue amiti avec Jeanne

    Chapas, les documents quelle lui communiqua, devaient

    linciter crireRvlations{48}. Louvrage parut en 1937.Lditeur et ami Jacques Heugel (1889-1979) avait ainsi

    prsent le livre : Ceux qui ont faim et soif de certitudetrouveront ici une lumineuse rponse aux doutes qui les

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    tenaillent. Le plan grandiose de Rdemption de lHommeterrestre, et son accomplissement, hier comme aujourdhui,

    sont mis en lumire sous une forme aussi clairequattrayante. La deuxime dition, prface par le docteur Philippe

    Encausse (1906-1984) en 1955, est due aux bons soins dHenriDangles, et Michel de Saint-Martin sexplique enfin sur lecontenu : Rvlations, entretiens spirituels sur MonsieurPhilippe. Il dvoile ainsi lidentit des personnages. LeMonsieur Olivier du livre est Monsieur Chapas, et le MonsieurDubourg est leprofesseur Emile Bertrandque nous avons djvoqu prcdemment. LesRvlations de Michel de SaintMartin ne sont autres en effet que certains des enseignementsde Monsieur Philippe retransmis ensuite par MonsieurChapas.

    Restes seules

    En 1933, Madame Chapas demanda Michel de SaintMartin de soccuper des gens qui avaient t aids par sonmari. Elle lui demanda cela comme un service.

    Il remplaa galement Monsieur Chapas pour le travail faire dans le Clos Santa Maria : vendanges, semailles, pommesde terre planter, etc. cest lui qui venait bcher le terrain, luiqui faisait tout ce quil pouvait pour remplacer labsence de

    Monsieur Chapas dans son jardin.Et puis Madame Chapas sen alla elle aussi. Elle dcda

    lArbresle en 1945 o elle fut enterre auprs de MademoiselleSanta Maria. (Voir note 6 p. 16).

    On alla lenterrement mais personne ne soccupa deJeanne qui tait sans ressources. Elle vcut alors avec Michelde Saint-Martin et sa famille. En 1953, elle proposa ce

    dernier de venir sinstaller avec sa famille au Clos Santa Maria,

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    devenu trop grand pour elle seule. Ils habitrent l pendantsept ans, puis un projet de ferme familiale les emmena en

    Charentes. Jeanne Chapas, ayant renonc au Clos Santa Maria,vint alors habiter avec eux au chteau de La Beaurie Saint-Christophe, Chalais, o elle logea dsormais, et jusqu samort le 30 novembre 1986.

    Maison de retraite Les Collonges Mademoiselle Chapas avait renonc au Clos Santa Maria,

    aprs un procs de vingt-et-un ans avec la municipalit delArbresle, qui avait rquisitionn la demeure.

    La municipalit avait, par convention du 31 mai 1946, pris bail une partie de limmeuble, en vue dy installer un courscomplmentaire auquel a t annex ultrieurement un centrede formation professionnelle. Le 8 mai 1947, limmeuble entierfaisait lobjet dune rquisition prise par le Prfet du Rhne,afin de permettre lextension du centre, qui comportait un

    internat.Cette rquisition, proroge deux reprises, navait pas t

    renouvele au-del du 28 fvrier 1949. Or, le 29 novembre1948, un incendie clatait partir dune gaine de cheminesitue dans une pice utilise comme salle de couture. Lesmesures conservatoires nayant pas t prisesimmdiatement, les dgts occasionns par le sinistre ont t

    accrus du fait de linfiltration des eaux.Afin dobtenir la rparation du prjudice caus par

    lincendie, Mademoiselle Chapas introduisit devant le TribunalCivil de Lyon une instance contre ltat et la commune delArbresle.

    Sur appel de Mademoiselle Chapas, la Cour dAppel deLyon, dans un arrt du 5 juillet 1952, condamna la commune

    de lArbresle verser Mademoiselle Chapas une trs forte

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    somme pour la rparation des dommages mobiliers et commitun expert pour lvaluation des dommages immobiliers. Le

    procs, tout en rebondissements, ne fut dfinitivementtermin quen 1970.La maison de Monsieur Chapas fut finalement dtruite et,

    exauant son vu, une maison de retraite fut construite laplace. mile Besson que Monsieur Chapas avait dsigncomme tant le lien et le gardien , mourut dans cettemaison le 29 dcembre 1975.

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    ANECDOTES SUR MONSIEUR PHILIPPEET MONSIEUR CHAPAS

    tranges pouvoirs que ceux deMonsieur PhilippeDe corpulence plutt forte, le visage rond orn dune

    moustache lgante, toujours accompagn de sa pipe car grandfumeur, Monsieur Philippe tait habill selon le style bourgeois

    de lpoque, chapeau melon et redingote. Son apparence, donc,ne laissait rien percevoir des tranges et nombreux pouvoirsquon lui prtait alors. Car, outre les nombreux miraclesattests qui se droulrent dans la cour du 35 de la rue TtedOr, les disciples de Monsieur Philippe affirmrent quil

    commandait aux lments {49}, arrtait ou provoquaitlorage ; il avait mme fait tomber la foudre aux pieds de

    quelques-uns comme Grard Encausse ou Auguste Philippe{50}; les oiseaux venaient sur son ordre voltiger autour de lui,

    la pluie tombait son commandement {51}, etc.Son gendre racontera qutant tous deux Berlin en corps

    physique, la prsence de Monsieur Philippe en corps physiquefut galement constate Lyon au mme moment, et cela non par le phnomne de bilocation ordinaire, mais par un

    hnomne particulier, inexplicable, de suspension du tempset de lespace . Alfred Haehl fut tmoin dexpriencedinvisibilit galement. Il tait un jour avec Monsieur Philippeprs de la ficelle de Saint-Paul, Lyon, lorsquun hommelaborda et lui demanda sil y avait longtemps quil avait vuMonsieur Philippe, ajoutant quil serait trs dsireux de luiparler. Et Haehl de conclure :

    Monsieur Philippe ntait visible que quand il le voulait

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    {52}.

    Gurison de la fille du Procureurqui lavait condamnMonsieur Philippe fut convoqu un jour au Tribunal dans

    un procs pour exercice illgal de la mdecine. Son avocat taitvenu, mais lui ne stait pas drang. Le procureur staitmontr particulirement dur, traitant Monsieur Philippe dementeur et de charlatan. Monsieur Philippe avait donc t

    amen payer vingt-neuf amendes de quinze francs.Le lendemain, le juge qui lavait condamn vint le voir rueTte dOr. Trs embarrass il venait de le faire condamner il lui demanda sil pouvait quelque chose pour sa fille ge de17 ans qui navait encore aucune dent ; les spcialistespensaient que ses mchoires navaient pas dalvoles.Monsieur Philippe couta cet homme malheureux qui mettaiten lui son dernier espoir. Il lui dit :

    Dans combien de temps pensez-vous quelle aura sesdents ?

    Le juge rpondit :Je ne sais pas, peut-tre dans deux mois !Deux mois aprs, la jeune fille avait toutes ses dents et cet

    vnement fut constat par un mdecin.

    Rsurrection du fils dun picierUn picier install dans un quartier populaire et vendant

    crdit, vint un jour trouver Monsieur Philippe et lui dit que sonfils, pour qui cependant il avait demand, venait de mourir.

    Cest bien, lui fut-il rpondu,je serai chez toi tout lheure.

    Arriv la maison de lpicier, Monsieur Philippe lui

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    demanda si les docteurs taient venus. Rponse ngative. Ton fils dort, continua Monsieur Philippe, mais dis-moi,

    y a-t-il beaucoup de gens qui te doivent ? Oui ! Tenez, de tous les gens inscrits sur ce gros cahier,cest peine si jai reu quelques acomptes.

    Veux-tu leur rclamer ? Non, rpond lpicier, et puis je vais le mettre au feu.Monsieur Philippe demanda se faire conduire dans la

    chambre du trpass, lappela par son nom et lui rendit la vie.

    Mort du cardinal XUn jour, Madame Chapas vint trouver Monsieur Philippe et

    lui dit : Oh, cette nuit, jai fait un drle de rve. Jai vu un grand

    enterrement mais dans le corbillard il y avait une tte toutedcompose. Derrire suivaient un grand nombre de prtres

    et de magistrats, de membres du barreau et de la politique etune grande foule. En tte, conduisant le cortge, il y avait undiable rouge qui gesticulait et semblait heureux.

    Eh bien ! rpondit Monsieur Philippe, dans quinze jourstu verras exactement cet enterrement comme tu las vu enrve, sauf le diable qui y sera mais que personne ne verra.

    Or quinze jours aprs, Madame Chapas vit le cortge et

    ctait le cardinal X (de Lyon) que lon enterrait.Renseignements pris, elle sut de source autorise que tout desuite aprs sa mort, le corps du cardinal se dcomposa etrpandit une odeur telle quon laissa juste la tte et que, pourdonner le change aux visiteurs, on simula un corps, le vritableayant t enlev.

    Le Matre se met en colre

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    Un jour, Claude Laurent et Monsieur Philippe taientinvits chez X qui donnait un grand dner. Parmi les invits, il

    y avait un mdecin et sa femme. Or ce Monsieur avait eu unemsaventure avec sa femme. Il devait aller chez un malademais avant de sy rendre, il tait pass limproviste chez luiet trouva, sous quelques papiers, une correspondance entre safemme et un amant.

    Il bouillait de colre et de jalousie, se disant quil la tueraitau retour du dner. Il arriva le soir, chez X, sept heures pourle dner. Tout le monde se mit table, quand MonsieurPhilippe prit une colre formidable ! Il tapait des coups depoing sur la table, il trpignait, il maugrait Les invits ainsique les htes ne comprenaient pas, Monsieur Philippe ne semettait jamais en colre.

    Il y avait probablement une raison cette colre maisClaude Laurent, un peu sidr, ne la comprenait pas. Ildemanda donc Monsieur Chapas qui lui dit quelques jours

    aprs : Dans lassistance, un homme a eu la preuve que sa

    emme le trompait. Il avait dcid de la supprimer mais leatre a vu le dmon qui le poussait commettre ce crime. I

    a donn lordre ce dmon de sattaquer lui. MonsieurPhilippe la alors manifest par sa colre. ce moment-l, ila dompt. Et rien ne sest pass, lhomme na pas tu sa

    emme. Et tout sest arrang.

    Une sance de Monsieur Philipperue Tte dOrUn enfant de douze ans fut amen par son pre et prsent

    comme ayant lappendicite. Monsieur Philippe discourut surcette maladie, disant quelle tait plus frquente aujourdhui,

    quelle tait appele autrefois coliques de Miserere. Puis aprs

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    Cest peut-tre pour toi que cette malheureuse a tantsouffert !

    Au thtreUn jour, Monsieur Chapas et sa femme se trouvaient au

    Grand Thtre de Lyon accompagns de Monsieur Philippe,de Madame Philippe et de leur fille. Or un Monsieur Joanns,magicien de son tat et qui, bien sr, avait entendu bien deschoses au sujet de Monsieur Philippe, voulut lentreprendre,uste avant le dbut de la reprsentation.

    Monsieur Philippe, qui ntait pas dupe de la tentative,glissa loreille de Madame Chapas et voix basse :

    Tu vois ce monsieur, tout prt de nous, l, derrire ! Hbien, il ne va pas repartir seul !

    Lindividu fut soudainement pris dune diarrhe quil eutbien du mal retenir avant de sortir de la salleprcipitamment. Grosse rigolade dans lentourage deMonsieur Philippe

    Un bon repasUn homme ne pouvait plus manger. Chaque fois quil

    essayait de manger, il avait des vomissements o le sangvenait. Monsieur Philippe lui donna ladresse dun restaurant,lui dit dy aller et de se faire servir un bon repas. Lhomme y

    alla, mais nosa pas commander le repas de peur den mourir. la fin de la journe, Monsieur Philippe vint le rejoindre,

    commanda un repas pour eux deux, lobligea manger, puis boire du caf ; ensuite ils jourent au billard.

    Puis Monsieur Philippe le quitta ; lhomme rentra chez luipersuad quil ne vivrait pas jusquau lendemain. Mais lelendemain, il revint la sance, tout heureux de la bonne nuit

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    quil avait passe. Monsieur Philippe le renvoya alors chez lui la campagne et lui donna mme de largent pour le retour.

    Un spculateur acculLucien Dru tait un spculateur malchanceux. Un jour, il se

    trouva accul et ne savait plus ce quil adviendrait de lui. Levoyant se dsesprer, un ami ladressa Monsieur Philippe,qui lui donna une indication pour la Bourse du lendemain. Leoueur suivit le conseil et perdit 100 000 francs.

    Encore plus malheureux, il ne revint pas voir MonsieurPhilippe, naturellement, lorsque quelque temps plus tard, surle point dtre saisi, il hrita une somme norme de quelqueparent loign. Interrog, Monsieur Philippe rpondit :

    Vingt-quatre heures de souffrances de moins et cethomme nhritait pas ; bien plus, il tait inculp.

    Empoisonnement du comte MouraviewEn 1903, les sances furent suspendues trois semaines sous

    prtexte de rparations. En ralit, la suite dune campagnede presse forge par un certain Rachkowsky, MonsieurPhilippe tait fil journellement par la police. Il faillit mmetre emprisonn comme espion jusquau 25 avril 1903, jouro, dit-il Sdir,jai envoy un tlgramme qui de droit. Illui demanda ce quon disait de lui. Sdir rpta les racontars :

    quil tait un mdium, quil voquait les esprits et les dfuntsavec le Tsar et la Tsarine, etc. Il lui dit alors :

    Pour un million, je ne voudrais pas que cette campagnede presse nait pas eu lieu. Dailleurs, je nai pas besoin de tantdaffaires pour que des phnomnes se produisent ; je peux teaire venir tout de suite, ici, le Tsar Alexandre et

    lempoisonnement du Comte Mouraview, la scne peut tre

    reproduite ici sur lheure ; je peux faire revenir non seulement

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    Monsieur Philippe sen alla en disant lhomme : Sois bon avec ta femme ; coute toujours ce quelle te

    dira.

    Un enfant guri sur linsistance de sa mreUne femme, au type italien, vint un jour la sance

    accompagne dun enfant et en portant un autre dont la jambetait de dix centimtres plus courte que lautre. MonsieurPhilippe passa, regarda lenfant et ne dit rien. Il passa

    nouveau plus tard, regarda lenfant et ne dit rien. Lespersonnes voisines demandrent au Matre de le gurir. Doit-il vraiment tre guri ? demanda Monsieur

    Philippe. Oui, dirent-elles nouveau, gurissez-le.Je ne sais pas sil doit tre guri.Nouvelle insistance. Alors Monsieur Philippe fit placer

    terre lenfant qui tomba. Puis il le prit par la main. mesureque lenfant marchait, sa jambe atrophie devenait semblable lautre. Un mdecin qui tait dans la salle constata lagurison. La sance continua. Lenfant jouait avec les rideauxpourpres qui taient tirs devant les fentres cause du soleil.Son frre voulut plusieurs reprises len empcher. Soudain,de sa jambe gurie, lenfant donna un grand coup dans la figurede son frre qui tomba assomm. A ce moment-l, Monsieur

    Philippe tait tout prs ; il regarda lenfant puis les personnesqui avaient demand la gurison, et sloigna en secouant latte.

    Exprience de jeunesseLe Docteur Jean-Pierre Gallavardin (1825-1898) fut le

    fondateur de lhpital Saint-Luc de Lyon, hpital o devait

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    exercer le Docteur Lalande, gendre du Matre. Il staitintress plus spcialement aux remdes daction psychique.

    En 1880, avec dautres mdecins, ils vinrent proposer Monsieur Philippe lexprience suivante. Ils avaient plac septchiens dans sept chambres diffrentes de diverses maisons de

    Lyon. Ils voulaient qu lheure dite, Monsieur Philippe tutles chiens distance.

    Monsieur Philippe leur rpondit :

    Cest dommage de supprimer des existences mais,uisque vous le voulez, vous pouvez aller voir, vos chienssont morts !

    Le jeu du penduMonsieur Philippe voulut faire une exprience. Une

    assistante alla, sur son ordre, acheter de la grosse ficelle pour

    faire de la corde de pendu. Monsieur Philippe demanda unbourreau ; une dame se lve, il lui donne un parapluie tenirautour duquel il dispose un nud coulant, et il passe la cordesur une file dassistants en les prvenant que chacun va sentirla centime partie des souffrances de la pendaison ; ce qui eutlieu sauf pour un ouvrier qui tomba, la langue pendante. Aubout dun instant, les symptmes disparurent. Chacun reutun fragment de la corde.

    Un assassin dvoilLors dune sance tait entr un homme qui avait gard

    son chapeau et se tenait debout prs de la porte, dvisageantles assistants dun air ddaigneux. Monsieur Philippe le pria desortir. De lautre ct de la porte, il lui dit :

    Pourquoi as-tu assassin ton fils ?

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    Lhomme, ahuri, resta sans rponse. Tu las tu, continua le Matre, et tu las enterr sous ton

    escalier.Lhomme se mit trembler et demanda pardon.Monsieur Philippe lui dit : Tu es catholique, suis ta religion.Ils rentrrent dans la salle. Aprs la sance, lhomme alla

    trouver Monsieur Philippe et lui dit :Mais, si je suis ma religion, il faudra que je me confesse.

    Alors Monsieur Philippe lui rpondit :Je prends cela sur moi ; ne dis rien de cela personne.

    Monsieur Chapas dans la continuitMonsieur Chapas est le seul qui Monsieur Philippe ait

    donn tous ses pouvoirs. Nombreux en auraient torgueilleux et pourtant il semble avoir t dune humilit

    dconcertante.Jeanne Chapas, que je visitais la maison de retraite de

    Chalais, me dit un jour : Mon pre tait comme tout le monde mais il ne

    ressemblait personne. Les anecdotes qui suivent le montrent assurment. La

    plupart dentre elles ont t transmises oralement par

    Madame Chapas, Franois Galland, Benot Grandjean, MauriceVacher (1886-1950), Louis-Alexandre Faucher (1853-1927),et Max Camis. Nous nous sommes simplement efforcs de les

    transcrire. {53}

    Premire sanceUn jour, Monsieur Chapas parlait avec Alfred Haehl dans la

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    grande pice o avaient lieu les sances de Monsieur Philippe,35 rue Tte dOr. On frappa la porte et un monsieur et une

    dame entrrent portant un enfant qui ne pouvait marcher. Lamre expliqua quelque chose et montra le genou de lenfant,qui tait gros peu prs comme la tte. Alfred Haehl staitmis respectueusement un peu lcart.

    Monsieur Chapas se mit marcher dans la chambre ; iltait visible quil priait. Puis il alla au bout de la salle et dit lenfant de venir le rejoindre. La mre eut un mouvementdtonnement et de crainte, comme si elle voulait dire : Maisvous savez bien que cest impossible. Lenfant se leva, etfranchit la salle en criant et en geignant. La mre tremblait. Ilarriva vers Monsieur Chapas, qui lui caressa les cheveux, etdit :

    Nayez pas peur, Madame, il na pas mal.Et lenfant : Va prs de ta mre.Lenfant y alla en courant.Regardez son genou, Madame.Le genou malade tait devenu aussi sain que lautre.

    Gare Saint-PaulUn lampiste de la gare tait venu trouver Monsieur

    Chapas, qui venait de sinstaller avec Alfred Haehl dans uncompartiment du train partant pour lArbresle. Louvriermontra sa main gangrne, bleuie, recroqueville, raidie, et diten pleurant quon devait la lui couper le lendemain. Il staitlgrement bless en nettoyant les lampes, et la petite plaiestait infecte.

    Couper la main, pas si vite, dit Monsieur Chapas,voyons, tendez un peu les doigts.

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    Lhomme fit un effort. Les doigts stendirent un peu.Encore ! Encore !

    Les doigts stendirent peu peu puis il ouvrit sa main tout fait. Elle tait redevenue parfaitement normale.Et pour leffort que lhomme venait de faire, Monsieur

    Chapas lui donna une pice de 2 francs.

    Un ange passeFranois Galland connaissait un marchand de meubles qui

    avait un magasin au 16 rue du Buf, Lyon, tout proche dulaboratoire de Monsieur Philippe qui tait au 6. Il vendait sesmeubles crdit ou au comptant, comme loccasion senprsentait.

    Or un jour, un mnage de jeunes maris vint le trouver : Nous aimerions bien nous installer et vous acheter des

    meubles, mais nous ne pouvons pas vous les payer tout de

    suite. Qu cela ne tienne !Le marchand leur remit ce quil luidemandait et vida son magasin. Le soir, il alla se coucher aprsdner, satisfait davoir aid son prochain.

    En sendormant, il pensa Monsieur Chapas. Lelendemain en ouvrant son magasin, il tait nouveau plein demeubles et quand on interrogea le marchand sur ce faitextraordinaire, il navait de cesse de rpter que des angestaient venus dans la nuit le lui remplir.

    Prsence bibliqueUn jour, quelques personnes sindignaient en sance de ce

    que certaines femmes (elles taient plusieurs) se croyaient etse disaient la rincarnation de la Vierge.

    Je vous ai dj dit de ne pas juger, elles sont dans

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    lerreur ; ne les jugez pas : ce sont des filles de Jrusalem quont vcu avec la Vierge et qui, prsentes son Assomption,

    ont reu delle des manations pendant quelle montait auCiel.

    Rue Tte dOrUne porte venait de souvrir ct dAlexandre Faucher

    alors quil tait assis sur lun des grands bancs de la salle,parmi la foule. Une jeune femme en sortit, serrant troitementcontre elle son nourrisson chtif qui vagissait.

    Srement trs mue, elle ne fit mme pas attention laprsence de la foule autour delle, et cest dune voix tranglequelle dit :

    Alors, vraiment, vous tes sr ? Il ne retombera pasmalade ? Vous me lavez guri ?

    Cest dune voix grave que Monsieur Chapas rpondit : Comment voulez-vous que ce soit moi qui laie guri ?

    e suis un homme comme les autres. Je me contente dedemander. Et quelquefois, dans sa bont, le Matre mexauce.

    ais cest pure gnrosit de sa part. Souvenez-vous quenous ne sommes que des serviteurs inutiles. Et puisque vousavez reu plus que votre d, cette fois, il faudra vousacquitter de vtre tche envers les autres. Nayez plus demauvaises humeurs contre votre mari ! Soyez davantage

    indulgente quand il sera las de son travail. Essayez debavarder moins avec vos voisines. Pas de commrages ni demdisances.

    Je my efforcerai. Je tcherai de faire du bien. Iaudrait tre une idiote pour ne pas vous couter

    Un bon mouvement chaque jour, une pense damour chaque heure. Cest dj assez difficile ! Ne promettez pas

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    lus. Mais au moins, observez cela Je vous le jure, Monsieur Chapas, sur ma pauvre

    maman qui est morte !Puis la jeune femme partit trs vite, en emportant son bbdans ses bras.

    Les canards du PiarreUn jour de 1912, Piarre voulait faire rentrer les canards

    qui ne voulaient pas, et il les poursuivait avec un bton.

    Monsieur Chapas dit : Laissez donc a. Il faut tre poli. Il tira son chapeau et leur demanda : Si ces messieurs etdames veulent bien rentrer. Ils sarrtrent de fuir, etrentrrent la file.

    Piarre regardait avec des yeux ronds, en riant. Et lelendemain, il voulait faire la mme chose !

    La fte des RameauxMonsieur Philippe avait souhait quon le fte le jour desRameaux et depuis son dpart en 1905, ses disciples se sontrunis toutes les annes autour de Monsieur Chapas. Un jourdes Rameaux 1912, Monsieur Chapas prit la parole.

    Le Matre nous a dit le jour de sa fte le 1eravril 1900 :Je suis pein de voir ce que vous faites pour moi. Je ne suis

    as ce que vous croyez, ni mme un saint ; je suis moins quevous. Ce que jai de plus que vous, cest que je suis confiantdans ce qui est crit dans lvangile. Ensuite il demanda

    lusieurs petits enfants et rcita le Notre Pre en nousrecommandant de le suivre. Puis il ajouta : Mon Dieu, faitesque nous ne succombions point la tentation. Et il dit encoreune fois le Notre Pre. Puis : A partir de ce moment vousaurez la tranquillit de lesprit, vous serez plus forts et

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    supporterez les preuves avec plus de rsignation. Et Monsieur Chapas ajouta cette fois-l :

    Dsormais, le jour de sa fte, vous pouvez demander ceque vous voudrez, le Ciel vous laccordera.

    Les pices dorEmile Bertrand se trouvait chez Franois Galland, et

    Monsieur Chapas lui expliquait quun jour il avait eu besoindor et que le Ciel tait intervenu en sa faveur. Il avait trouv

    sur la table tout un sac rempli de pices. Bertrand, incrdule,ne pouvait se rsoudre au fait que le Ciel avait envoy despices dor et non des ppites ou des lingots.

    Dites donc, vous croyez que le Ciel a besoin de vosmachines pour frapper les pices ? Je vais vous en donner la

    reuve tout de suite , dit Monsieur Chapas. Et deux picestombent du plafond. Emile Bertrand se baissa et ramassa deuxlouis dor.

    Alors, quest-ce que vous en pensez ? ajouta MonsieurChapas, tenez, gardez-en une en souvenir.

    Et il mit lautre dans sa poche. mile Bertrand tait souffl.

    RemerciementUn jour, Monsieur Chapas se promenait avec un ami.

    Passant devant un pauvre, Monsieur Chapas lavait salu et luiavait donn une pice. Un peu plus loin il avait murmur :Merci.

    Surpris son ami demanda :Mais, Monsieur Chapas ? Je ne comprends pas. Vous lu

    donnez de largent et vous lui dtes merci ?

    Oui, il me rend un service. Il me permet de lui faire une

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    etite aumne et ainsi de lui venir en aide. Je fais donc untravail pour le Ciel. Alors cest normal, puisquil maide, je le

    remercie

    La grippe espagnoleMonsieur Chapas connaissait un mcanicien qui faisait la

    navette sur les chemins de fer entre Culoz et Genve. Illaimait beaucoup car il lapprovisionnait en tabac. Or un jourde 1916, il alla Culoz mais ny trouva pas son ami.Rencontrant alors sa femme, il lui demanda une explication.Son mari tait couch avec la grippe espagnole. MonsieurChapas demanda lordonnance que le mdecin avait faite etune casserole. Il rclama galement une tasse et un peu deau,puis le rchaud ptrole et il monta dans sa chambre endisant :

    Demain, il ira me chercher du tabac ! O estlordonnance ?

    La femme, complaisante, lui donna lordonnance. Il ladchire, la met dans la casserole avec leau ; il fait bouillir leauet la verse dans la tasse, y met un bout de sucre, et tenditlensemble son ami :

    Buvez ! Il faut que vous preniez tout de votreordonnance.

    Le lendemain matin, le type prenait son train et il na plus

    t question de grippe espagnole

    Lhtel LabeyeAu tout dbut de ses vacances Yenne, Monsieur Chapas

    logeait lhtel Labeye {54}. Un jour, une rserve dhuile pourlampe prit feu dans le dbarras. Monsieur Chapas tait lapche, tranquille, quand il vit tout dun coup son ami Labeye

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    voir, accompagn de Franois Galland, jusqu un villageloign de quelques kilomtres. Arriv la ferme, Monsieur

    Chapas demanda sil pouvait voir la grand-mre pour la saluerune dernire fois.On les fit entrer dans une pice o il y avait dj quelques

    personnes de la famille. Ils sinstallrent et on leur servit ducaf. Aprs leur avoir parl pendant quelques instants,Monsieur Chapas se leva et il alla voir la grand-mre. Il frappa la porte de sa chambre et il entra. Puis il ferma la porte. Toutdun coup, Galland et les autres entendirent Monsieur Chapasqui priait. Enfin, cest ce quils crurent tout dabord, mais lagrand-mre rpondait. Et ils les entendirent ainsi parlerpendant prs de deux heures. Puis Monsieur Chapas sortittout tranquille. Il venait davoir une conversation avec unemorte. Les paysans et Galland en taient bouche be. Il pritson caf.

    Opration remiseMonsieur B. alla demander Monsieur Chapas pour une

    parente malade, au loin, qui voulait tre opre, et qui avaitpris rendez-vous avec les mdecins pour le jour mme o setenait la conversation. Monsieur B. en informa MonsieurChapas. Celui-ci dit :

    Les ides peuvent changer. Quelques jours aprs,

    Monsieur B. apprenait que ce jour-l, peu aprs laconversation, cette dame avait crit au mdecin lui annonantson intention de remettre lopration.

    Leon dhumilitMaurice Vacher tait un ami de Sdir. Il tait directeur de

    lhpital Rothschild Paris. Il avait vu Monsieur Chapas et

    demble avait compris le personnage : Je me rappelle,

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    Une autre fois, Franois Galland avait invit plusieurspersonnes un djeuner dont Monsieur Chapas. Heureux

    dtre ensemble, les convives parlrent pendant longtemps,oubliant quapprochait lheure normale du dner, et MonsieurChapas prit linitiative de les inviter ce second repas.

    Ce qui inquita Madame Galland qui, appelant MonsieurChapas dans sa cuisine, lui montra le peu de restes quil yavait, dont un petit morceau du rti mang midi et quelquespommes de terre brles. Monsieur Chapas lui dit :

    a ira. Il prsenta lui-mme le plat chaque convive, en disant,

    dun ton impratif : Servez-vous. trangement, il y en eut pour tout le monde et chacun fut

    rassasi.

    Les pommes de terre la poleMonsieur Chapas venait pour les vacances prs de Yenne.

    Et chaque fois quil allait la pche accompagn de MonsieurGalland, avant leur dpart, Madame Galland se renseignait delheure du retour afin de prparer le dner. Et MonsieurChapas prcisait et lheure et le menu, souvent dailleursrevenaient les pommes de terre sautes la pole. Lheureannonce pour le retour passait souvent de deux heures et

    Madame Galland, pendant ce temps, tournait et retournait lespatates pour quelles ne brlent pas.

    Elle ne comprit que bien plus tard le sens de cette leon depatience.

    Un homme vomit son malChristian M. frquenta Monsieur Chapas intimement

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    loccasion de son mariage, en 1928, avec une de ses nices. Ileut alors un cancer et cest la prire fervente de Monsieur

    Chapas quil dut de recouvrer la sant, condamn par laFacult. Dans une sance mmorable faite La Robertsau, enlsace, et selon la propre expression des assistants, il lui fit

    vomir son cancer .Ds lors, Monsieur Chapas voulut bien les adopter

    comme ses enfants, sa femme et lui, et pendant les derniresannes de sa vie, ils firent lArbresle de trs longs sjours aucours desquels leur mnage sagrandit de deux fillettes : Marieen 1930 et Elisabeth en 1932.

    Une thosophe convaincueElle arriva directement de la Louisiane, laissant proprit

    et recherches spirites. Thosophe convaincue et se disant larincarnation dun grand personnage du XVIIIe sicle, ellevenait spcialement en entretenir Monsieur Chapas chez qui

    elle descendait. Trs volubile, menant grand train grce ausecret dune crme pour la peau trs employe en Amrique,elle avait gard des habitudes luxueuses et mondaines.

    Malgr cela, elle se plia de bonne grce partager lachambre monacale avec une vieille dame, et se proposa auxfenaisons de la saison, ce quoi, amus, Monsieur Chapas luidonna un champ isol retourner Le soir, robe de chez Dior,

    indfrisable et maquillage ne rsistant pas, elle affirma que leyoga tait vraiment prfrable.

    Encore un ParisienUn matin, Monsieur Chapas demanda un de ses amis

    parisiens venu le visiter, sil aimait les boules. Curieux etsceptique, il rpondit oui . Il lemmena donc par la petite

    ville transforme en champ de jeux. Prsident de lAssociation

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    QUELQUES LETTRES DE MONSIEUR CHAPAS

    LETTRE A MONSIEUR PHILIPPE, LYON, LE 15 FEVRIER 1902

    Mon Divin Matre,Je reconnais parfaitement que, de tous les maux que jai, je

    mriterais beaucoup plus.Je voudrais mieux faire, chaque fois que je me suis promis

    cela, je nai pas tenu. Je vous demande, mon Cher Matre,

    votre aide et votre protection, pour que je puisse amliorerce mal qui est en moi. Cest lorgueil, la paresse, lagourmandise ainsi que les autres pchs capitaux. Je voudraaire ce que vous nous demandez. Cher Matre, ayez piti de

    ma faiblesse.Sil me faut des adversits pour que mon cur soit

    meilleur, ne mpargnez pas, car je voudrais, si cest possible,

    tre du nombre de vos soldats.Je vous recommande bien ma femme pendant sagrossesse ainsi que lenfant que vous nous donnez. Je mereconnais indigne de tout cela, mme de vous demander, care me rends compte que tout en moi ne vaut rien. Je me fais

    honte tellement je reconnais que je vaux peu de chose.Jespre, Cher Matre, que vous recevrez mes demandes

    dans la mesure du possible,Votre serviteur,Chapas

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    LETTRE A GERARD ENCAUSSE, LYON, LE 20 MARS 1902

    Mon cher Docteur,Merci de votre bonne lettre ; comme rponse ce que

    vous me demandez, cest trs difficile, car nous savons, nous,que nous ne devons pas juger. Que si nous croyons que ceque notre voisin fait est mal, cest peut-tre bien ; seulementce qui nous empche de voir juste, cest que nous ne sommes

    as placs sur le mme point. Donc ce qui peut nous paratremal, est bien.

    Si nous voyions tous les choses de la mme faon, ceserait lidal ; il faut esprer que cela viendra bientt. Pour lemoment, ce nest pas possible.

    Si je ne lis pas maintenant, cest que je crains de mgarerarce que le temps est proche o, malheureusement,

    beaucoup, beaucoup se laisseront sduire.

    Comme Monsieur Philippe nous recommande dedescendre si nous ne voulons pas que lon nous oblige descendre, et nous dit aussi de rester petits, jai peur, car jesais que je suis excessivement faible, de faire comme tout lemonde, de me laisser choir. Cest tout simplement pour celaque je ne lis plus.

    Ah, mon Cher Docteur, que le temps vient sombre pour le

    malheureux, mais cela nempchera pas de rester bons amis.Recevez, cher docteur, mes biens sincres salutations,Chapas

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    LETTRE A MADAME L., LA ROBERTSAU, LE 30 JANVIER 1924

    Ma chre enfant,{] Ne dsespre pas, Dieu est bon. Il pense toi. I

    taime. Tu en as la preuve ton dvouement pour Grand-mre attire sur toi les bndictions du Ciel car tu fais ce quest dit dans les Evangiles. Enrichissez-vous de trsorsinjustes , cest--dire de ce que les autres ne veulent pas.

    Ton papa,Jean Chapas

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    LETTRE A MADAME BIERE, MARNIX, LE 5 DECEMBRE 1926

    Chre Madame Bire,{] Quant au reste, Dieu peut tout, et en demandant bien,

    il y a des chances que tout sarrange.Dieu est notre Pre ; nous sommes ses enfants ; notre

    devoir est donc de lui faire savoir nos peines. Il est si bon quesi cest sa volont, il fait le ncessaire pour que tout

    sarrange.La colre est mauvaise conseillre. Il faut faire des effortsour se dbarrasser de ce dfaut.

    Ne rien prendre au tragique, rflchir et dans notre prire,demander que la volont de Dieu