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COMMENT BIEN GÉRER SON CAPITAL DE VIE?

Cœur-âme-pensée-force...

Jacques-Daniel Rochat

© Copyright 1998EDITIONS CARREFOURCH-1816 Chailly s/Montreux (Suisse)

ISBN 2-940081-26-3

Les citations bibliques sont tirées des versions«Nouvelle Edition de Genève», «Louis Segond»,«TOB» éditées par l’Alliance Biblique Universelle

Distribution pour la Suisse:Editions RDFCase postale 93CH-1816 Chailly s/Montreux (Suisse)Tél. 021 / 964 65 01Fax 021 / 964 73 83

Distribution pour la France, la Belgique et l’Afrique:Librairies CLCLa CollineF-26160 La Bégude de MazencTél. 04 75 902 050Fax 04 75 904 004

Distribution pour le Canada:Diffusion Vie5972, Grande-AlléeSt-Hubert (Québec) J3Y 1B3Tél.: 514-926-1348

1.800.574.9190Fax: 514-926-9289Site Internet: http://www.diffusion-vie.com

Tous droits de reproduction et de traduction réservés

Couverture et illustrations: CREA-7,CH-1605 ChexbresMise en page: Françoise SchifanoImpression: Jordi AG, CH-3123 Belp (Suisse)

Préface

Attention! Ce livre est dangereux... Il risque dedonner un nouvel élan à votre vie spirituelle, affec-tive, intellectuelle, relationnelle. Il y a même defortes chances pour qu'il vous amène à obéir aucommandement suprême: aimer Dieu non seule-ment de tout son cœur, mais aussi de toute son âme,de toute sa pensée et de toute sa force.

Autant le dire tout de suite: si vous ne désirezpas vivre une démarche en profondeur, si vous pen-sez que votre amour pour Dieu est suffisant, vousn'avez pas besoin de lire les pages qui suivent. Enrevanche, si vous voulez être édifiés et affermisdans votre foi, si vous désirez porter du fruit, voustenez entre vos mains un solide outil de travail quivous guidera dans ce processus.

Loin des élucubrations philosophico-intello-spi-rituelles, «Comment bien gérer son capital de vie»est un livre-manuel pratique, qui met son lecteur àcontribution et le stimule dans sa réflexion. Prenezle temps pour le lire, trouvez un endroit calme: il nes'agit pas d'un roman à l'eau de rose, vite lu surfond d'émission TV ou sur le vélo d'appartement, ettout aussi vite oublié.

Comme dit plus haut, le centre de cet ouvrageest le commandement suprême, le message essen-tiel de la foi chrétienne. Mais qu'est-ce que celasignifie, aimer Dieu - l'aimer avec son cœur, son

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âme, sa pensée, sa force, tout cela en même tempset de manière totale... Que faire pour y parvenir,comment éviter les nombreux obstacles et autresmécanismes qui obstruent notre course? Au fait,quelle est la différence entre l'âme et la pensée?

Au travers de son livre, Jacques-Daniel Rochatnous rappelle aussi la richesse de notre vie, la mer-veille qu'est l'être humain... son corps, son âme, sapensée, sa force... La vie est un capital précieux,reçu gratuitement, et qu'il nous appartient de gérer;un bien précieux, mais ô combien éphémère! Noussommes tous logés à la même enseigne: nos joursétant comptés, il n'est jamais trop tôt - ni trop tardd'ailleurs! - pour optimaliser les différentes facettesde notre vie, de notre être; ainsi, nous vivronsmieux, nous aimerons Dieu de manière plus com-plète et nous le laisserons intervenir dans notre vie.

Quelques mots encore, concernant non pas lefond, mais la forme de cet ouvrage; si les thèmesabordés sont essentiels, donc sérieux, leur présen-tation n'est en rien pédante, que ce soit au niveau del'écriture ou du graphisme. L'auteur, qui n'a pasl'humour dans sa poche, fait appel à différentesillustrations de son cru; elles allègent la lecture etparlent parfois mieux que des mots; les encadrés etautres annotations donnent un autre éclairage surun sujet particulier, l'approfondissement sansalourdissement.

Lire ce livre, c'est investir dans le développe-ment de notre personne, de notre relation avec Dieuet avec notre prochain.

Sibylle Willi

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

1. Le projet

«Les hommes voyagent au loin pour s’émerveiller de lahauteur des montagnes, des vagues énormes, de la mer, ducours si long des fleuves, de l’immensité de l’océan, de larotation des étoiles; et ils passent à côté d’eux-mêmes sanss’étonner.»

(Saint Augustin)

L’homme: un étrange édifice

Vivre, quelle chose étrange! Si vous lisez ceslignes, c’est que, comme moi, vous êtes engagédans l’aventure mystérieuse et complexe de la vie.

De notre existence, nous ne percevons qu’uneinfime partie. Par exemple, lorsque nous bougeonsnos doigts, nous n’avons ni conscience des subtilsmécanismes en jeu, ni des processus qui ordonnentnotre volonté: aussi ignorons-nous tout des com-bats immunitaires, des réactions chimiques et desmultiplications biologiques qui, sans cesse, régis-sent les fonctions de notre corps. Pourtant, malgrénotre profonde ignorance de ces processus, noussommes bien le conducteur du complexe édifice denos 40.000 milliards de cellules... Premier vertige!

Et, quand par une nuit étoilée, nous cherchons àcomprendre notre place dans l’univers, les dimen-

«Quand je regardeles cieux, ouvrage detes mains… Qu'est-ce que l’homme…pour que tu prennesgarde à lui?»(Psaume 8:4–5)

sions colossales de l’espace nous répondent avecde majestueux abîmes insondables. Le «minus» quicherche à compter n’est pas prêt de comprendre lagrandeur de notre environnement intergalactique.Par exemple, la lumière si rapide met une secondepour faire le trajet de la lune à la terre, environ huitminutes à venir du soleil, environ quatre ans depuisla première étoile et 2,5 millions d’années depuisles galaxies les plus proches. Cela dans un universconstitué de milliards de galaxies... vous suivez?

Heureusement, pour ne pas faire constammentdisjoncter l’esprit humain, la nature a le bon goûtde masquer le gouffre de ses distances infinies pen-dant le jour.

Quand on sait, et il suffit de le calculer, que dansun trou cubique d’un kilomètre de côté, on met lar-gement tout le volume de l’humanité... on mesurenotre petitesse.

Alors que nous reste-t-il? Heureusement, l’êtrehumain peut se réconforter en contemplant sonentourage, oui, (ouf!) il y a encore plus petit quenous! Pour une fois les insectes, si énervants àd’autres occasions, nous semblent sympathiques,ils sont si insignifiants (les pauvres). Cela permet àl’homme de sauver la face et de s’installer dans unequiétude bien méritée. Pour trouver sa place, il suf-fit de ne pas regarder trop haut et d’ignorer soi-gneusement les espaces gloutons en chiffres. Lesconquêtes et la maîtrise que l’homme étend sur laplanète Terre sont largement suffisantes pour don-ner à l’homme le sentiment d’exister. Mais là enco-re, si vous pensez avoir résolu la question de votrevie en vous situant dans la longue histoire de l’hu-manité conquérante, vous n’êtes pas à l’abrid’autres troublantes questions. Car, dans le dédale

Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

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des espèces vivantes, l’homme n’est pas le plusperfectionné!

Eh oui, aussi dérangeant que cela puisse être,l’homme a tout à envier aux fantastiques capacitéstechniques qui équipent les autres espèces (dont lesinsectes!) Pour le prouver, il suffirait d’ouvrir lesJeux olympiques aux espèces animales. Certes, laproximité des lions, de même que l’haleine destigres et des guépards donneraient une certainefougue aux athlètes de marathon, mais ce dopageémotionnel n’empêcherait nullement les fauvesd’attendre tranquillement les coureurs à la ligned’arrivée... la bouche grande ouverte.

Pour ne pas heurter la sensibilité d’autres spor-tifs, nous ne mettrons pas trop l’accent sur les capa-cités que certains poissons pourraient démontrerdans une piscine réglementaire, ou celles d’autresespèces animales dans des concours de sauts oud'agilité... Avouez qu’il est difficile de ne pas sou-rire des performances des haltérophiles en décou-vrant qu’avec humour (ou pour susciter l’humilité)le créateur a ingénument créé une espèce animalequi arrache et soulève des troncs avec le... nez!

Non, l’homme n’est pas le plus fort et, pour s’enconvaincre, il suffit de songer à la longueur de nosdents et à l’inefficacité de nos ongles. Sans fourru-re pour affronter les écarts de température, sansailes pour fuir les dangers, sans carapace, sanscamouflage et sans poison, l’homme est un démuni(souvent complexé) qui a bien de la peine à accep-ter son affligeante pauvreté.

En prenant la mesure de lui-même, l’hommeavisé devrait porter quelques étiquettes le rappelantà l’humilité: fragile – denrée périssable – évitez lescoups, et face au temps qui passe: date limite.

«L’homme! ses jourssont comme l’herbe,il fleurit comme lafleur des champs.Lorsqu’un ventpasse sur elle, ellen’est plus, et le lieuqu’elle occupait ne lareconnaît plus.»(Psaume 103:15-16)

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

L’homme que vous pilotez...

Mobilité:L’être humain parcourt environ 160.000 km aucours de son existence, soit environ quatre foisle tour du monde. Vitesse: 3-15 km/h (max. 36 km/h sur 100 m).Son mode de déplacement en fait un fabuleuxtout-terrain.

Généralités:40 000 milliards de cellule, 206 os, plus de 600 muscles~10 000 litres d’air /jour~72 000 battements de cœur/jourTempérature de fonctionnement: 37°Utilisation maximale: 120 ans.

Reproduction:La capacité de «lier notre sang» pour don-ner une nouvelle vie est prodigieuse. Leprocessus de fusion de notre identité se jouedans un espace microscopique, générationaprès génération.

Ouïe:Fréquences de 10-20 000 hzLa précision de notre ouïe nous permet dedétecter les infimes décalages de phasepour situer les sons dans l’espace.

Acuité visuelle:Résolution équivalente à 120 millionsde pixelsLuminosités: 0.001 lux 1E-6 W/m2

Ondes perçues: 400-700 nano m5 millions de terminaisons nerveuses.

Odorat:Nous permet de détecteret d’identifier des molé-cules en suspension.

Face à ces considérations, la question du destinet du sens de notre vie reste entière et douloureuse.

Finalement, malgré notre faiblesse, noussommes bien obligés de suivre les pas du sagebiblique et de rechercher pour nous-mêmes le sensde notre destin:

«Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem. J’aiappliqué mon cœur à rechercher et à sonder par lasagesse tout ce qui se fait sous les cieux: c’est là uneoccupation pénible à laquelle Dieu soumet les fils del’homme.»

(Ecclésiaste 1:12-13)

Malgré les microscopes, les ordinateurs et lesmultiples instruments d'investigation, notre sièclene nous facilite pas la vie pour trouver le sens denotre existence. Dans le labyrinthe des informa-tions éphémères, des modes et des passions futilesqui inondent notre quotidien, nous sommes sou-vent réduits à suivre le chemin bien tracé que nouspropose le monde.

Ainsi, au lieu de conduire son destin, l'hommemoderne est habituellement entraîné par la penséecollective qui lui impose de rester un sage consom-mateur, mangeant et buvant avec application lesimages, émotions, idées, concepts et valeurs qu’onlui propose. Soigneusement alimenté par le battageet l’agitation de l’humanité, ce spectateur passif estainsi persuadé de participer au fantastique destin del’humanité...

Mais, pendant ce temps, il ignore que le réser-voir précieux de sa vie s’écoule dans une inexo-rable hémorragie. La vie est si courte... et les cime-tières sont pleins de gens surpris!

Alors... Qui sommes-nous? La vie a-t-elle unsens? Ce sens est-il en nous, dans notre vécu inté-

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

«Y a-t-il un hommequi puisse vivre et nepas voir la mort, quipuisse sauver sonâme du séjour desmorts?»(Psaume 89:48)

rieur, nos plaisirs ou dans le rayonnement de nosactivités, de nos réalisations? Sommes-nous lesacteurs, les observateurs ou les créateurs du sens denotre vie? Existe-t-il une autre dimension après lamort?

Dans les siècles qui nous ont précédés, ces inter-rogations ont suscité d’importantes recherches.Pour trouver la porte qui leur permettrait d'entrer

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

RELIGIONS, CULTURESET PHILOSOPHIES

L'hindouisme (brahmanisme) accorde une âme immor-telle aux hommes et aux animaux. Ils renaissent dans diffé-rents corps jusqu'à ce que l'âme se fonde dans l'absolu;ainsi chaque action a ses conséquences, mais les diffé-rences sociales sont considérées comme acceptables.

Le bouddhisme enseigne que les désirs sont source desouffrances. L'homme se libère de ses maux en faisant taireses désirs dans l'espoir de stopper le cycle lancinant desréincarnations.

Le confucianisme croit en la bonté de l'homme et en l'har-monie d'un monde composé du délicat équilibre du bien etdu mal.

L’animisme considère que l’environnement matériel etanimal est habité par des présences spirituelles.

L'hédonisme vient du grec (hêdonê, plaisir). Pour cettephilosophie, le but et le principe de la vie sont le plaisir.

L'existentialisme privilégie les réalités humaines vécues.«L’existence précède l’essence» affirme J.-P. Sartre. Celasignifie que l’homme n’est pas prédéterminé mais, aucontraire, qu’il crée sa vie. En conséquence, il est respon-sable de ce qu’il fait puisqu’il choisit sa manière d’être etd’agir.

Le postexistentialisme considère que l’essence de l’hom-me ne peut être cherchée dans son vécu, mais dans son être.

dans la plénitude de la vie, voire de l’éternité, lescivilisations ont engagé de nombreuses quêtesexistentielles.

Au fil du temps, des philosophies et des reli-gions, les concepts d’une vie réussie ont pris desformes différentes et contradictoires dans les cul-tures humaines.

L’incapacité notoire de l’homme à atteindre lesbuts qu’il se fixe a amené les sages à la perplexité.Quel était l’objectif de la vie pour un homme inca-pable d’accomplir ses désirs et ses aspirations? Etfinalement, à quoi bon viser un idéal de vie,puisque la mort rend futiles les meilleures inten-tions?

Rencontre avec Jésus

Face aux tâtonnements des peuples païens, lepeuple juif a eu le privilège de recevoir de mul-tiples révélations divines. Grâce à l’éclairage deson histoire et des nombreux textes inspirés, lesreligieux avaient une précieuse base pour aborderla question du sens de la vie. C’est ainsi que plu-sieurs écoles théologiques travaillaient à trouverdans les Saintes Ecritures les critères capables dedéfinir la manière de gérer sa vie en accord avec leprojet de Dieu.

D’exigences en prescriptions, de prescriptionsen ordonnances, peu à peu un édifice complexes’éleva à grand renfort de règles et de lois*.Plusieurs centaines de commandements devaientêtre observés pour ouvrir la porte de la perfection.

Dans cet écheveau de doctrines, la présence deJésus, avec ses troublantes prédications, ne va paslaisser les religieux indifférents. C’est pourquoi ils

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

* Pour être parfaits, lesJuifs devaient obser-ver une liste de 613commandements.

ne manqueront pas l’occasion de l’éprouver en lesoumettant à la question ultime: définir le modèleparfait applicable à l'homme.

Nous trouvons le compte-rendu de cet épisodedans Marc 12:28-31. (Texte parallèle: Matthieu22:34-40).

«Un des scribes qui les avait entendus discuter, sachantque Jésus avait bien répondu aux Sadducéens, s’appro-cha de Jésus et lui demanda: Quel est le premier de tousles commandements? Jésus répondit: Voici le premier:Ecoute Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’uniqueSeigneur et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout toncœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute taforce. Voici le second: Tu aimeras ton prochain commetoi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grandque ceux-là.»

Comme le montre cette portion des Evangiles,Jésus se prête volontiers à l’interview malicieusedu scribe. Face aux enjeux de cette question, Jésusdéfinit précisément le vrai centre duquel rayonnetoute la révélation divine donnée aux Juifs.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

Un assemblage génial!

Pour répondre de manière lapidaire à la questionqui lui est posée, Jésus assemble deux passages del’Ancien Testament.

Le premier texte qui traite de l’amour enversDieu était très connu des Juifs et constituait leurcredo (Deutéronome 6:4-5).

Chaque religieux devait le réciter deux fois parjour. De plus, pour obéir littéralement à l’invitationbiblique «Tu les lieras comme un signe sur tesmains et entre tes yeux», les Juifs inscrivaient cecommandement dans de petites boîtes, appeléesdes phylactères, afin de l’attacher à leur bras ou surleur front; il était également cloué sur les montantsdes portes.

La deuxième citation, conviant à aimer son pro-chain, est extraite des ordonnances juives concer-nant les attitudes à avoir envers ses proches(Lévitique 19:18).

L’assemblage de ces deux textes offre un lienremarquable avec les dix commandements agencésselon le couple des deux tables de la loi.

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

Cette particularité nous permet de découvrir lastructure interne du «commandement suprême».

Trois présences différentes sont réunies par unlien d’amour:

ÉCOUTE...

TU AIMERAS...

DIEU-CŒUR-ÂME-PENSÉE-FORCE-PROCHAIN

Dieu => l’homme aimant Dieu => les autres

Avec les extrémités suivantes:

Cette architecture spécifique expose le projetdynamique du commandement: permettre àl’amour de Dieu de rejoindre le prochain au tra-vers de sa propre vie.

Si je vis ce commandement, je deviens un pontd’amour entre Dieu et mon prochain.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

Ce projet du suprême commandement estconfirmé par un célèbre texte de l’Evangile:

«Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus pour l’éprou-ver: Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle?Jésus lui dit: Qu’est-il écrit dans la loi? Qu’y lis-tu? Ilrépondit: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout toncœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pen-sée; et ton prochain comme toi-même.Tu as bien répondu, lui dit Jésus; fais cela et tu vivras.Mais lui, voulant se justifier, dit: Qui est mon prochain?»

(Luc 10:25-29)

Pour répondre à cette dernière question, Jésusraconte le récit du bon Samaritain. Dans cette his-toire, un sacrificateur, un Lévite et un Samaritainsont confrontés tour à tour à la détresse d’un mal-heureux. Seul, parmi les trois, le Samaritain va agiravec amour en prenant soin du blessé.

L’histoire du bon Samaritain est tellementconnue que nous oublions souvent que Jésus adres-se cette parabole à un religieux qui vient de réciterle suprême commandement.

Ce contexte est pourtant primordial pour com-prendre l’objectif de Jésus. En mettant en causedeux Juifs religieux et un Samaritain, Jésus met enscène des hommes qui ont un dénominateur com-mun: ils se réclament tous de la loi de Moïse.

La théologie du Samaritain est la moins bonne.Pourtant son attitude démontre que sa vie est réel-lement traversée par l’amour de Dieu.

Mesuré par cet exemple d’amour, l’interlocu-teur de Jésus se retrouve face à sa propre stérilitéspirituelle. Jésus termine l’entretien sur cette invi-tation: «Fais cela (aime ton prochain) et tu vivras.»

Pour Jésus, une vie en bonne santé spirituelle estune vie qui met son capital au service de l’amour

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

Les Samaritainsn’étaient pas desJuifs d’origine, maisun peuple avec desraces mélangées issudes déportations de720 av. J.-C. Suite àl’influence du cultejuif, les Samaritainsdevinrent mono-théistes et acceptè-rent la loi de Moïse.Ecartés du Templepar les Juifs, lesSamaritains offraientleurs sacrifices dansleur propre sanctuai-re élevé sur le montGarizim.

de Dieu. C’est ainsi que le projet de Dieu peut s’ex-primer librement au travers d’une personne.

Facile à dire...

Mais comme chacun de nous pourrait le confes-ser, employer sa vie à aimer Dieu et son prochainn’est pas une chose facile. Tous ceux qui veulentvivre de cet amour se heurtent constamment auxlimites de la réalité, comme si l’amour était inca-pable d’habiter réellement dans notre vie.

Il suffit par exemple de faire le serment d’aimerses proches pour que, comme par hasard, cesmêmes proches multiplient les maladresses et semettent à vous énerver. A se demander s’il n’estpas plus simple de les étrangler tout de suite...

Le commandement de Jésus serait-il donc unrêve inaccessible pour nous, simples mortels?L’Evangile serait alors comme un beau projetconfié à un architecte qui, après avoir mis laborieu-sement au point une maquette grandiose, apprendque le terrain n’est plus à vendre. Snif!

Stop, que chacun prenne son mouchoir et sècheses larmes. Dieu, qui nous connaît bien, n’ignorepas notre profonde incapacité à aimer les autres età accueillir son amour. Et c’est sans doute pouraffronter ces limites humaines que Jésus ne résumepas simplement son commandement en disant l’im-portant, c’est d’aimer.

Des facettes importantes

Lorsque Jésus cherche à résumer le projet divin,il prend la peine de préciser que l’invitation à aimerconcerne plusieurs plans de notre identité.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

La signification duverbe aimer est

variable d’une per-sonne à l’autre. Sous

le mot «aimer» onpeut cacher des com-

portements ou desattitudes fausses tout

en s’illusionnant eten croyant que c’est

de l’amour. En conséquence,avant de vouloir

aimer davantage, ils’agit de chercher à

bien aimer. Pourcela, il nous faut

prendre de la distan-ce avec notre propre

vision de l’amourafin de recevoir la

vraie image del'amour, celle qui

vient de Dieu.

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

En nommant le cœur, l’âme, la pensée et la forcede l’homme, Jésus nous donne de précieuses indi-cations sur les différents «espaces» de notre vieintérieure. Cette précieuse radiographie met enlumière un grand malentendu: l’homme n’est pasconstitué d’un seul bloc, et il ne suffit pas qu’ildésire aimer pour qu’automatiquement tout en luis’aligne dans ce but honorable.

Les diverses facettes de notre vie intérieure per-mettent de découvrir les nombreuses difficultésque nous rencontrons dans la gestion de notre exis-tence, pour vivre le commandement suprême.

Pour accomplir la volonté divine, l'amour deDieu doit traverser toutes les strates de notre vie etdéborder sur les autres. Cette condition est diffici-le, car il faut faire triompher l’amour dans chacunedes dimensions de notre vie. Souvent nous nesommes pas conscients de n’aimer qu’en partie, parnotre pensée mais sans notre âme, par notre cœurmais sans notre force, etc. Tant que l’ensemble denotre vie n’entre pas dans le projet divin, la dyna-mique de l’amour est limitée par les tensions etcontradictions de notre être.

Ainsi, telle une indiscrète confession, ma maniè-re d’aimer mon prochain révèle la mesure de masanté spirituelle. Pour accomplir le commandementsuprême, tous les niveaux de ma vie doivent deve-nir des canaux au service de l’amour. Tout obstacledans ce «chemin d’amour» est susceptible de limi-ter la part divine que Dieu désire mettre en moi.

L’image de l’arbre

Pour avancer dans la découverte des diversesparties de l’homme indiquées par Jésus, nousallons audacieusement transposer la structure ducommandement suprême dans l’image d’un arbrefruitier. Cette analogie pourrait à première vuesembler désuète et forcée, pourtant, plusieurstextes bibliques font appel à cette symbolique pourdécrire la nature de l’homme (le figuier, l’olivier, lavigne, etc.)

«Béni soit l'homme qui se confie dans l'Eternel... il estcomme un arbre planté près des eaux, et qui étend sesracines vers le courant; il n'aperçoit point la chaleurquand elle vient, et son feuillage reste vert; dans l'annéede la sécheresse, il n'a point de crainte, et il ne cesse deporter du fruit.»

(Jérémie 17:7-8)

Dans le fameux textes d’Esaïe, repris par Jésuspour ouvrir son ministère, l’objectif est de faire unemerveilleuse forêt à la gloire de Dieu.

«L'Esprit du Seigneur, l'Eternel, est sur moi, car l'Eternelm'a donné l’onction, il m’a envoyé... Afin qu'on les appel-le des térébinthes de la justice, une plantation del'Eternel, pour servir à sa gloire.»

(Esaïe 61:1-3b)

Jésus lui-même ne manquera pas de reprendrel’image d’un arbre fruitier pour éprouver la valeurdes hommes. Ne demandait-il pas à ses adversairesde mesurer son ministère à partir de l’examen quel’on applique aux arbres?

«Ou dites que l’arbre est bon et que son fruit est bon, oudites que l’arbre est mauvais et que son fruit est mauvais,car on connaît l’arbre à son fruit.»

(Matthieu 12:33)

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

«Joseph est le reje-ton d'un arbre ferti-le... près d'une sour-

ce; les branchess'élèvent au-dessus

de la muraille.» (Genèse 49:22)

«Olivier verdoyant,remarquable par labeauté de son fruit,

tel est le nom quet’avait donné

l’Eternel.» (Jérémie 11:16)

«Comme un pom-mier au milieu des

arbres de la forêt, telest mon bien-aimé

parmi les jeuneshommes.» (Cantique

des Cantiques 2:3)

Les quatre parties de l’arbre

Le schéma suivant illustre la manière dont lecommandement suprême s’intègre dans les diffé-rentes parties de l’arbre. L’image ainsi formée nouspermet de découvrir les fonctions spécifiques desdiverses parties de notre vie dans une vision dyna-mique. Selon cette vision, les éléments du com-mandement s’associent aux fonctions vitales sui-vantes:

les branches:actions =>la force

la charpente:développement =>la pensée

le tronc: croissance =>l’âme

les racines: alimentation => le cœur

Avant de développer les différentes fonctionsdes «couches» de notre personne, il est bon de pré-ciser que les différents niveaux de notre vie sontintimement liés entre eux. Ils constituent desfacettes différentes que nous devons cependantpercevoir et approcher dans une vision globale denotre personne.

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

1. Le cœur

Hébreu: levav. Le mot couramment utilisé pourdésigner le cœur est lev, le mot levav souligne enco-re la nature du cœur en «doublant» le sens du mot.

Grec: kardia

Au sens propre du mot, le cœur est l’organe dusystème sanguin bien connu de l’homme et del’animal, mais la Bible lui donne rarement ce sens;dans la plupart des textes, le cœur est une part qui,bien que cachée, n’en est pas moins le centre deschoix décisifs et de la conscience morale.

«Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de luiviennent les sources de la vie.»

(Proverbes 4:23)

Pour rejoindre l’exemple symbolique de l’arbre,le cœur s’associe particulièrement bien avec lafonction des racines, capables de «pomper» desdenrées vitales. Dans notre vie, le système d’ali-mentation du cœur s’ouvre sur le monde spirituel.Cette capacité d’extraire une nourriture pour l’es-prit donne au cœur une influence sur toutes lesautres dimensions de notre existence. C'est notrecapital spirituel.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

CŒUR: centre du spirituel

Esprit de l’homme - Siège de la morale - Conscience dubien et du mal.

Volonté spirituelle - Résolution, détermination (lieu dulibre choix) - Identité profonde - Aspirations - Sensibilitésspirituelles - Facultés d’intuitions.

Le cœur est le siège de la foi, de la confiance, de l’atta-chement à Dieu et à son amour. En lui se jouent les enjeuxdéterminants de la rencontre avec Dieu.

2. L'âme

Hébreu: néphèch (origine, gorge, sens, souffle,vie).

Grec: psyché (souffle, principe et être vivant, vie).

Au sens primitif, l’âme désigne le souffle vital quihabite l’homme vivant et abandonne celui qui expire.Par extension, elle fait allusion à la partie interne dela composante humaine. Ainsi, plusieurs passagesbibliques désignent-ils l’âme comme le siège de lavie humaine*.

Dans l’arbre, le tronc incarne la partie solide etpuissante qui élève les branches vers la lumière.Cette position maîtresse se retrouve dans le capitalde l’âme, il contient les éléments principaux de notreêtre et joue un rôle décisif dans notre croissance etnotre développement psychologique. Dans ce lieuintime et secret se cachent notre affectivité et nosémotions. C’est là, par exemple, que naissent lessentiments amoureux et les désirs liés à la sexualité.La musique, véritable langage de l’âme, tisse desliens étroits avec cette partie de notre identité.

A vrai dire, l’âme, si difficile à sonder, est laprincipale constituante de notre être.

Sur le dessin, les séparations entre le cœur,l’âme et la pensée sont des séparations indicatives.On peut considérer le cœur et la pensée comme desextrémités de l’âme ayant des rôles spécifiques.

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

*Voir par exempleGenèse 2:7II Samuel 1:9; 18:1-3 I Rois 17:21Psaume 104:29Actes 20:10 Hébreux 10:38Ephésiens 6:6Colossiens 3:23

ÂME: dimension psychologiqueTempérament - Sentiments - Emotions - Affect (niveau

d’indépendance émotionnelle, introversion/extraversion) -Caractère - Créativité - Qualités humaines -Facultés rela-tionnelles - Affectivité.

3. La Pensée

Hébreu: Yetser (pensée, imagination). Plusieursmots hébreux expriment la notion de pensée.

Grec: Dianoïa (pensée, compréhension, imagi-nation).

La pensée se rattache à la partie consciente denotre personne. Dans cet espace à dominante intel-lectuelle, les valeurs inconscientes sont structuréeset organisées de façon cohérente. Cette architectu-re complexe se développe au fil de notre croissanceet des possibilités qui nous sont offertes: modèlesde référence, personnes, enseignements et expé-riences, etc. Dans l’arbre, les branches maîtresses,bien visibles, couvrent pratiquement la même sur-face que les racines souterraines. Cette symétrie,entre le développement des branches et celui desracines, s’applique aux liens intimes qui existententre le cœur et la pensée. Les pensées que nousexprimons trahissent la forme et la nature secrètede notre cœur.

La pensée est donc une partie très importante denotre capital de vie; en transformant en raisonne-ments les choses cachées de notre cœur, elle dirigel’orientation de nos choix.

«...Connais mes pensées, regarde si je suis sur une mau-vaise voie...»

(Psaume 139:23-24)

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

«C’est de l’abondan-ce du cœur que la

bouche parle.»(Matthieu 12:34)

PENSÉE : siège de nos réflexions

Intelligence - Ambitions - Estime de soi - Valeurs(intrinsèques, individuelles, sociales) - Raisonnements -Imagination - Connaissances intellectuelles.

4. La force

Hébreu: meh-ode (très, beaucoup, plus, telle-ment, fort, grand, considérable, profond, à l'infini,énorme, plein, violent, comblé, tellement).

Grec: Ischus (force, vertu, toute-puissance).

La dernière partie de notre vie destinée àaccueillir l’amour de Dieu, concerne le capitald’exploitation que nous pouvons investir dans nosactions. Cette substance «force» va nous permettred’intervenir dans la sphère du prochain. On peutaussi associer la racine du mot hébreux auxbraises, aux tisons. Ainsi aimer avec force pourraits’associer au fait d’être chaud, bouillant, enflam-mé.

Le lien entre nos «forces» et le monde extérieurpermet d’exprimer concrètement notre amourautour de nous. C’est sur les extrémités desbranches que le prochain pourra trouver ou ne pastrouver les fruits qui lui sont destinés.

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

«Petits enfants, n'ai-mons pas en paroleset avec la langue,mais en actions etavec vérité.» (I Jean 3:18)

FORCE: éléments dont nous avons la gestion 1. Forces corporelles: Temps de vie qui m’est accordé

- Faculté de donner la vie - Force physique - Endurance -Vitalité - Adresse - Beauté - Santé - Etc.

2. Forces intellectuelles: Parole - Intelligence - Donsnaturels - Capacités déductives - Connaissances, facilités,expériences, etc.

3. Forces conjoncturelles: Argent – Richesses maté-rielles - Contexte politique - Temps - Disponibilité -Entourage - Education - Position sociale - Responsabilités- Autorité - Etc.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

Image globale de l’arbre

L'objectif de porter du fruit

Comme il est aisé de le comprendre avec l’ima-ge de l’arbre, la conquête de l’amour part desracines de notre cœur et se poursuit dans notre âme,notre pensée et notre force. Cet enchaînement n’estpas un absolu, mais il nous permet de mettre lesbonnes priorités en ne cherchant pas, par exemple,à résoudre un problème dans l’âme si, spirituelle-ment, c’est le cœur qui est malade.

Cette action serait comme une teinture de bron-zage sur une jaunisse. Malgré la disparition dusymptôme, le foie n’en serait pas pour autant guéri.Ainsi bien des personnes restent emprisonnéesdans leur handicap, et ceci, malgré tous les efforts,les conseils et les apparences de guérisons obte-nues.

Pour progresser avec Dieu, il est souhaitable detraiter les endroits où des obstacles à l’amour deDieu se manifestent. Par exemple, des symptômesde haine et de violence peuvent avoir plusieurs ori-gines. C’est pourquoi il est important de permettreau Saint-Esprit de révéler (directement ou par laBible) le nid dans lequel se cache un problème.Dans ce processus de restauration, nos motivationsjouent un rôle crucial.

Souvent la recherche de guérisons intérieuresest motivée par l’espoir que Dieu nous débarrasse-ra des problèmes trop gênants qui nous habitent:tristesse, accablement, timidité, craintes, mau-vaises pensées, colère, violences, obsessions, dérè-glements, boulimie, etc. Ainsi, par exemple, à lademande suivante...

«Mes accès de colère me dévaluent aux yeux desautres et je voudrais paraître sans cette faiblesse.»

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Le projet Comment bien gérer son capital de vie?

Il faudrait mieux choisir cette attitude:

«Ma colère limite l’œuvre de Dieu dans ma vie;je désire en être libéré.»

Même si Dieu, dans sa bonté, agit malgré nosmotivations égocentriques, le désir d’aimer et deservir Dieu et son prochain est une base nettementplus favorable à son intervention.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le projet

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

2. Bien gérer... Le cœur

«Gardez-vous de laisser séduire votre cœur, de vousdétourner, de servir d'autres dieux et de vous prosternerdevant eux. La colère de l'Eternel s'enflammerait alorscontre vous; il fermerait les cieux, et il n'y aurait point depluie; la terre ne donnerait plus ses produits, et vous péri-riez promptement dans le bon pays que l'Eternel vousdonne.»

(Deutéronome 11:16-17)

Le monde spirituel

Avec son affichage, la balance me lance sonverdict oscillant: ma vie pèse quelques dizaines dekilos... Pour notre société matérialiste, ce «poids»mesurable est tout ce qui appartient à ma vie?

Mais, mon existence se résume-t-elle à cet amasd'os, de muscles, et de matières savamment organi-sées? Est-ce la seule dimension de la vie? L'homme

est-il réellement totalement enfermé dans le mondephysique – petite fourmi prisonnière de cette gravi-té qui le colle sur une boule, se déplaçant dansl'univers à des milliers de kilomètres/seconde?

Pour l'homme cloisonné dans cet horizon limité,la terre est le seul espace de son existence, et soncorps de chair un capital de richesse unique à nepas perdre.

Imaginer l'invisible n'est certainement pas chosefacile. Même le disciple Thomas, entraîné pourtantpendant trois années à voir des miracles, n'a pas eule courage de croire:

«Les autres disciples lui dirent donc: Nous avons vu leSeigneur. Mais Thomas leur dit: Si je ne vois pas dans sesmains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dansla marque des clous, et si je ne mets ma main dans soncôté, je ne croirai point.»

(Jean 20:25)

«Je ne crois que ce que je vois...» Quelle affir-mation osée! En effet, chacun de nous survit ens'imprégnant constamment d'une denrée invisible:l'oxygène. Sans la présence de ce gaz précieux etinvisible, notre capital de vie ne passerait pas le capdes trois minutes.

Nos yeux nous offrent le privilège de contem-pler le monde qui nous entoure en nous donnantdes impressions de couleurs. Mais, dans la réalité,les couleurs n'existent pas. Par exemple, la couleurorange n’existe pas en tant que telle mais c’est enfait une onde qui a 559 nanomètres. C'est notre cer-veau qui traduit les ondes lumineuses de diffé-rentes longueurs et nous donne une image interpré-tée de la réalité. Par ce moyen, nous croyonsconnaître le monde qui nous entoure, mais en réali-té nous n'en appréhendons qu'une infime partie.

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

Tout le volume de matière qui constitue notreenvironnement est constitué principalement par levide absolu qui se trouve entre les électrons et lenoyau des atomes. En enlevant le vide de notrecorps, nous serions bien plus petits qu'une pointed'épingle (sans compter que nous aurions pu enplus soustraire encore les quelque 66% d'eau denotre corps...).

Par exemple, le beau livre (soyons modestes)qui se trouve entre vos mains est-il visible ou invi-sible? Eh bien surprise! Si vous prenez une fois lapeine de le regarder de plus en plus près, en com-mençant avec une loupe et en terminant avec leplus puissant microscope électronique, vous allezdécouvrir que les constituants du papier deviennentprogressivement invisibles. Car ce livre, commetoutes les choses qui nous entourent, est constituéd'éléments et de forces invisibles (mais ne le jetezpas!)

Ainsi notre univers visible est constitué d’élé-ments indéfinissables et invisibles. C'est le grandproblème des physiciens qui ne savent plus quoiinventer pour faire apparaître les forces et lesmasses insaisissables. A grand renfort d'accéléra-teurs, ces savants cherchent à secouer les forcescachées qui nous entourent pour qu'elles se mani-festent quelque peu à leurs yeux. Mais que de pas-sages furtifs, de miettes, d'ombres et de mystères.Les fondements du monde sont bien cachés dansles tréfonds de l'infiniment petit, derrière le para-vent inamovible de ce que l'œil ne saurait voir.

Ainsi, les plus récentes découvertes scienti-fiques donnent une image de notre univers bien dif-férente de celle communément admise par la pen-sée matérialiste. La matière et tous les constituants

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Voir à ce proposl'excellent livrede Jean Guitton:«Dieu et la science»,Editions Grasset,1991.

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

de notre univers reposeraient sur une étonnanteinformation, un message qui, tel un logiciel, seraitcapable continuellement d'agencer les contours desinnombrables particules de notre univers.

Cette vision de notre univers construit conti-nuellement grâce à la force d’un message invisiblerejoint parfaitement la pensée biblique. Celle-ciaffirme depuis des siècles que notre monde est issud’une parole d’autorité divine.

Alors, pendant que la science entreprend decoûteuses recherches pour découvrir les mystèresde la matière, n'est-il pas légitime de penser que leCréateur a pourvu l'homme de la faculté de com-munier avec la vraie source de l'univers? Au-delàde la présence matérielle de son corps, l'êtrehumain prolonge son existence dans une dimensionspirituelle. Le cœur de l'homme est le lieu privilé-gié de la connaissance qui n'est plus perceptible parnos yeux.

Tel un iceberg immergé, notre vie corporelle estla partie extérieure de notre identité. En dessous de

la «surface», les racines de notre cœur plongentdans les profondeurs du monde spirituel.

Privilège redoutable, notre cœur est une ouver-ture secrète et intime sur le monde invisible desréalités spirituelles. Selon le commandementsuprême, cette ouverture décisive nous permet, parnotre amour, de nous enraciner en Dieu.

Ce qui se passe dans cet univers spirituel invi-sible émerge parfois dans des phénomènes inexpli-cables par l'approche matérialiste et scientifiquehabituelle. Il suffit de prêter attention aux manifes-tations surnaturelles qui s'expriment bien réelle-ment dans notre monde: guérisons miraculeuses etattestées, intuitions vérifiées, prédictions vraies,réponses à des prières impossibles, etc.

Bien que rares, ces événements surnaturels nepeuvent cependant s’expliquer par le calcul desprobabilités. Ils se manifestent comme l'autorité del'invisible sur le monde visible.

Dans la Bible, du reste, l'extraordinaire, le sur-naturel est paradoxalement très «naturel» et n'ajamais surpris les croyants. Si Dieu est Dieu, il atoute liberté de passer outre pour faire fléchir leslois comme bon le lui semble.

Un invisible troublé

Malheureusement, lorsque l'homme cherche àentrer de lui-même en relation avec le monde spiri-tuel, il ne rencontre pas le Dieu d'amour!

Ses pratiques religieuses et ses invocations lemettent en relation avec un monde étrange peupléde puissances menaçantes. Pour s'en convaincre, ilsuffit d'observer les représentations du monde spi-

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

rituel que l'on trouve parmi les civilisationspaïennes. Ces images illustrent des créatures exi-geantes, violentes et cruelles, sans égards pour lesêtres humains.

Ces dieux impitoyables étaient, ou sont encore,servis par de douloureux sacrifices, allant parfoisjusqu'à l'offrande de vies humaines.

«Ces nations servaient leurs dieux en faisant toutes lesabominations qui sont odieuses à l'Eternel, et même ellesbrûlaient au feu leurs fils et leurs filles en l'honneur deleurs dieux.»

(Deutéronome 12:31)

Malheureusement, ces pratiques se retrouventsur tous les continents et elles ont conduit lespeuples à se déchirer sous la domination vindicati-ve de leurs dieux.

Cette loi universelle rejoint le verdict de la révé-lation biblique: le monde invisible sur lequel repo-se l'humanité est un espace corrompu, à l'image dela terre, où règnent la haine et la destruction.

Mais pourquoi une telle malédiction?

En pensant à la grandeur de Dieu, cela paraîtmystérieux et incompréhensible. Comment le Dieugrand et tout-puissant laisse-t-il ainsi l'humanité àla dérive, si loin de son amour? Cette question per-tinente et difficile a focalisé bien des interrogationshumaines. Pour certaines personnes, Dieu luimême personnifie le bien et le mal, et ce mondereflète sa personnalité. C'est ce que l'église a laisséentendre au XVIIIe siècle dans la thèse de laThéodicée. Cette thèse soutenait que tout ce qui sepassait en bien ou en mal venait de Dieu. Bien deshommes de notre temps sont encore imprégnés decette réponse théologique. C'est pourquoi ceux quenous côtoyons utilisent souvent cette phrase-type:

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

«Si Dieu existe, alors pourquoi ces catastrophes?»Cette question du bien et du mal est fondamentalepour la compréhension de notre monde et surtoutpour notre relation avec Dieu. Difficile, en effet,d'aimer un Dieu qui se plairait à faire souffrir etmourir des millions d'êtres humains.

L'origine du mal

La Bible s'emploie dès ses premiers chapitres àclarifier la question du bien et du mal. Toute lacréation s'est faite sous le regard de Dieu et elle estjugée bonne, voire très bonne, selon ce refrain:«Dieu vit que cela était bon». Ces paroles affirmentqu'à ce moment-là, le mal était absent. Il serait eneffet étonnant que le Dieu de la Bible approuve unmonde dans lequel le mal serait déjà présent pourensuite fustiger ce même mal*. Mais alors, si dansle cheminement de la création, le mal était absent,comment cela a-t-il changé?

Là encore, la Bible ne reste pas muette, elleaborde résolument le mystère du mal. Dans le troi-sième chapitre de la Genèse, elle rend compte del'effroyable événement qui va bouleverser les basesspirituelles de notre monde.

Le serpent qui symbolise Satan dit:

«Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tousles arbres du jardin?La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruitdes arbres du jardin. Mais quant au fruit de l'arbre qui estau milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez pointet vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez.Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point;mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeuxs'ouvriront, et que vous serez comme Dieu, connaissant lebien et le mal.

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

* Notons quejusque-là, Satann'était pas un êtremaléfique. Dans lelivre d'Ezéchiel, ilest présenté commeun bel arbre du jar-din d'Eden (31:9).Mais son orgueil lepousse à entrer dansle mal.

La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable àla vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence;elle prit de son fruit et en mangea; elle en donna aussi àson mari qui était auprès d'elle, et il en mangea.»

(Genèse 3:1-6)

Dieu a-t-il... Mais Dieu sait... L'étrange dialogueque le diable partage avec Eve n'est pas sans straté-gie.

Pour dominer le pre-mier couple, Satan doitabsolument casser lelien qui les attache àl'amour de Dieu.L'enjeu de toute saséduction est d'écarterl'homme et la femme deleur créateur.

Le pouvoir du doute

Pour cette action sordide, Satan va s'employer àfaire douter les hommes: Dieu est-il vraiment biendisposé? Ne vise-t-il pas un but caché dont vousfinirez par faire les frais? Ne veut-il pas vous main-tenir dans une servitude? Ne vous prive-t-il pas deses richesses en égoïste?

En mettant en doute la bonne volonté de Dieuenvers les hommes, Satan ouvre une brèche dans laconfiance de l'homme. Sa stratégie est subtile. Carsi je crois que Dieu m'aime, je vais pouvoir luirendre cet amour dans une confiance tranquille. Parcontre, si je doute de cet amour, je vais m'éloignerde lui et accepter toutes les propositions qui meparaissent bienveillantes, alors qu'elles vontm'éloigner de celui qui m'aime.

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Satan dans la BibleDans l'Ancien Testament, le mot Satan signifie d'une

manière générale l'adversaire. Le mot est appliqué surtoutà un être surhumain, qui accuse sans merci les hommesdevant le tribunal de Dieu pour leur faire obstacle (voir Job1 et 2). Dans Zacharie 3, Satan apparaît comme l'adversai-re permanent du Royaume de Dieu, tandis que dansI Chronique 21, il est devenu le père de tout mal, l'impla-cable ennemi de Dieu.

Dans le Nouveau Testament, Satan est présenté commele prince de ce monde, le menteur et le meurtrier dès lecommencement (Jean 8:44), l'accusateur (Apoc. 12:10), lemalin (Mat. 13:19; Eph. 6:16; II Thess. 3:3), l'ennemi (Mat.13:39; Luc 10:19). Il est aussi l'ange apostat (II Pierre 2:4;Jude 6), le grand ennemi de Dieu: c'est lui qui inspire la tra-hison de Juda (Luc 22:3). Satan dispose des royaumes de cemonde et cherche à mener les hommes à leur perte. Lesmauvais esprits (les démons) lui sont soumis (Mat. 25:41;II Cor. 12:7; Eph. 2:2; 6:12; Apoc. 12:9). Mais le Christ luiôte sa domination par sa venue et sa mort sur la croix (Luc10:18; Jean 12:31). Cette suprématie se manifeste dans lesnombreuses libérations de personnes habitées par desesprits mauvais, et par l'annonce de l'Evangile. Malgrétout, Satan continue de se dresser contre les disciples deJésus et la prédication (Actes 5:3; I Thess. 2:18). Les com-munautés chrétiennes peuvent lui résister par la force de lafoi (Rom. 16:20; Eph 6:16; I Pierre 5:8).

Aux derniers jours, Satan redoublera d'efforts pourdétruire le Royaume de Dieu et séduire les peuples (Apoc.20:7). L'Antéchrist est son instrument, mais alors viendrasa ruine définitive dans l'étang de feu (Apoc. 20:10;II Pierre 2:4).

Tout cela montre que la Bible enseigne l'existence d'unêtre méchant, possédant tous les traits d'une personne, etagissant parmi les hommes au travers de nombreusesforces démoniaques. Réduire la présence de Satan à desconcepts mythologiques ou psychologiques est contraire àla révélation de l'Ecriture. La première ruse du diable est defaire croire qu'il n'existe pas!

Ainsi, pour inoculer un doute dévastateur, Satanessaie de démontrer que Dieu est l'adversaire del'homme et qu'il ne cherche aucunement son bien.Cette façon d'introduire le doute en masquant labonté de Dieu se retrouve dans plusieurs textesbibliques.

Par exemple, dans l'Exode, alors même queMoïse reçoit le cadeau de la vocation du peupled'Israël, celui-ci, persuadé d'être abandonné, se faitun veau d'or.

«Le peuple, voyant que Moïse tardait à descendre de lamontagne, s'assembla autour d'Aaron et lui dit: Allons!fais-nous un dieu qui marche devant nous, car ce Moïse,cet homme qui nous a fait sortir du pays d'Egypte, nous nesavons ce qu'il est devenu.»

(Exode 32:1)

Dans le livre de Job, Satan cherche à mettre endoute l'authenticité de la fidélité d'un homme etlance un défi à Dieu.

«L'Eternel dit à Satan: As-tu remarqué mon serviteurJob? Il n'y a personne comme lui sur la terre; c'est unhomme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournantdu mal. Et Satan répondit à l'Eternel: Est-ce d'une maniè-re désintéressée que Job craint Dieu? Ne l'as-tu pas pro-tégé, lui, sa maison et tout ce qui est à lui? Tu as bénil'œuvre de ses mains, et ses troupeaux couvrent le pays.Mais étends ta main, touche à tout ce qui lui appartient, etje suis sûr qu'il te maudira en face.»

(Job 1:8-11)

Suite à cet étonnant dialogue, Job va être plongédans la souffrance et ce terrible doute: Dieu l'aime-t-il encore? Finalement Job, resté ferme dans sa foi,découvre la grandeur et la fidélité de Dieu. Il rece-vra même le double de tout ce que Satan lui a pris.Avec Jésus, le diable utilise l'épreuve du jeûne dansle désert pour insinuer que Dieu l'a oublié et que,sans une initiative pour se sauver par lui-même, il

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

est condamné à mourir de faim. Mais malgré lespropositions de Satan, Jésus reste confiant dansl'amour de son Père. Cette confiance dans la bien-veillance divine est bien placée, quelques versetsplus tard, des anges le nourrissent avec un repascertainement somptueux.

Ces exemples bibliques nous conduisent à exa-miner de quelle manière Satan agit dans notrepropre vie. Car quel que soit notre âge ou notre foi,Satan s'emploie à nous chuchoter habilement quenous sommes abandonnés.

Pour mesurer notre degré de contamination,nous pouvons essayer d'imaginer les paroles, ou lanote d'évaluation, que Dieu nous donnerait si nousnous trouvions en face de lui. Que nous dirait-il? Etqu'inscrirait-il sur notre carnet personnel? Si nousfaisons cet exercice honnêtement, nous pouvonsdécouvrir que nous prêtons souvent à Dieu des sen-timents inamicaux, voire méchants.

Peut-être qu'au fond de nous, l'image de Dieuest celle d'un père autoritaire insensible, d'unvieillard inaccessible, d'un maître jaugeantcontinuellement nos capacités, d'un policier prêt àmettre la main sur nous pour quelques bêtises...Bref, chacune de ces images inscrites dans notrecœur nous conduit à nous écarter prudemment delui. Exactement comme Adam et Eve qui avaientune «trouille bleue» du Dieu d'amour!

«Mais l'Eternel Dieu appela l'homme et lui dit: Où es-tu?Il répondit: J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eupeur, parce que je suis nu, et je me suis caché.»

(Genèse 3:9-10)

Ce sont les mêmes mécanismes qui s'exercentaujourd'hui dans notre vie quotidienne. Ils nousconduisent à douter que nous sommes aimés de

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Dieu. Avec de tels sentiments, nous sommes desproies faciles pour les insinuations de Satan. Sansla confiance en Dieu, les situations d'épreuves quiréclament de la patience peuvent nous faire som-brer.

Malheureusement, comme nous allons le voirplus loin, la porte du doute n'est qu'une étape de lastratégie. L'objectif de Satan est de nous entraînerbeaucoup plus loin... afin de nous obliger à mettre àson service notre capital spirituel dans une activecollaboration. Une rencontre entre Jésus et Satanva nous permettre de comprendre de quelle maniè-re l'humanité et le diable s'unissent dans un mêmedessein.

Rencontre avec Jésus

«Le diable transporta encore Jésus sur une montagne trèsélevée, lui montra tous les royaumes du monde et leurgloire et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si tu teprosternes et m'adores. Jésus lui dit: Retire-toi, Satan!Car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu leserviras lui seul. Alors le diable le laissa. Et voici, desanges vinrent auprès de Jésus et le servaient.»

(Matthieu 4:8-11)

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

En déchirant quelque peu le voile du monde spirituel,nous avons conscience d'aborder des réalités peu habi-tuelles. Précisons-le, Satan n'est pas partout. Son royaumeest cloisonné dans un espace restreint, alors que leRoyaume de Dieu n'a aucune limite. Au-dessus de toutesprétentions et influences diaboliques, Dieu garde une auto-rité entière sur le dénouement de l'histoire des hommes. Lapuissance de l'Evangile est comme une plante d'apparencefragile, et pourtant capable de percer le goudron. Un jour,la domination donnée à Christ s'exprimera dans toute sagrandeur. Le jour où Christ paraîtra dans sa force, tous lespouvoirs opposés à Dieu seront dans la défaite. Et ce jourvient bientôt.

Satan est riche...

Dans ce texte, l'attitude de Satan est singulière,ainsi Satan se présente comme quelqu’un d’extrê-mement riche.

Nous pouvons sans trop de peine imaginer lavisite guidée que Satan avait spécialement organi-sée pour Jésus. Les rois dans leurs somptueuxpalais, les généraux et leurs puissantes armées - lagloire accordée aux vedettes des sports ou des arts.Aux bruits des applaudissements et des hourras,prévoyait-il de lui chuchoter le prodigieux engoue-ment qu'il pourrait recevoir? Pour ce qui est desrichesses, quelques petites excursions dans lesdemeures des nantis, et un regard indiscret sur lescoffres remplis d'or et d'argent.

Tout y était... Satan, pour mieux éblouir, avaitsans doute demandé à ses fidèles serviteurs de fairebriller chaque médaille, chaque titre et chaque sou.Travail laborieux que ses fidèles d'aujourd'huicontinuent de faire docilement et de bon cœur.

A côté de cette mise en valeur, Satan avait cer-tainement ajouté à son art du mensonge l'adressesubtile que les promoteurs exercent lorsqu'ils vousfont visiter un appartement témoin. Gageons qu'ilavait soigneusement masqué la désolation qui suin-te de son domaine. Bref, Lucifer, l'ange de lumière,méritait bien son nom.

Sa tentation devait être belle à souhait et il étaitcertainement fier d'avoir pu montrer à Jésus l'éten-due de ses richesses: les royaumes du monde et leurgloire. Remarquons en passant que Jésus ne contes-te pas cette revendication de Satan. Cette domina-tion est justement la raison des innombrables mal-heurs de notre terre.

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Satan est pauvre...

Malgré l'étalage de ses biens et ses apparencesde richesse, Satan trahit sa terrible pauvreté.

S'il présente toute cette abondance à Jésus, c'estuniquement pour faire l'inventaire de ce qu'il seraitprêt à lui donner en échange de son adoration.

Ce désir fondamental du diable est une indica-tion très utile pour comprendre le secret du mondedes ténèbres. Tout royaume est assoiffé de ce quifait sa force. L'économie désire l'argent, les arméesdemandent des armes, les puissants recherchent lepouvoir. Si Satan est assoiffé d'adoration, c'estparce que tout son royaume repose sur l'honneurqu'il reçoit de ceux qui l'adorent.

Cette révélation est précieuse. Dans la création,Satan, malgré toute sa gloire, n'a jamais eu l'extra-ordinaire position spirituelle accordée auxhommes, «les fils de Dieu» (Luc 3:38). C’est pour-quoi, entraîné par son orgueil et sa convoitise, il acherché un moyen pour s’approprier le capital dedignité et d'autorité accordées à l’humanité afinqu’il puisse prendre une position spirituelle domi-natrice. La clé de cette opération consiste à rece-voir des hommes le précieux capital que Dieu leura donné: l'amour du cœur, l'adoration, qui, commele souligne Jésus, ne devrait jamais s'adresser à unautre que Dieu*.

Le pouvoir de Satan ne vient que de ce qu'on luidonne. Si tous les hommes se tournaient vers Dieu,Satan serait immédiatement privé de tout pouvoiret se retrouverait comme une minuscule scoriedans l'éclatante lumière du royaume de Dieu.

Malheureusement, l'humanité s'est inclinéedevant Satan en lui accordant une place décisive

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

* Si Jésus avait cédédevant Satan, il

serait devenu unesclave de plus à son

service! Lesrichesses et les pou-

voirs promis n'au-raient ainsi jamais

quitté les mains dudiable.

Plus tard, Jésusreçoit de son Père

une position d'auto-rité bien supérieure à

celle promise parSatan... Moralité: les

propositions que lediable utilise sont

bien fades compa-rées aux exauce-ments que Dieu

réserve à ceux quilui restent fidèles.

dans la gestion de son destin. Car «celui que tuadores c'est celui que tu prends pour maître».

En se prosternant corps et âme devant de fauxdieux (spiritisme, occultisme, astrologie, New Ageetc.), en succombant au mal ou en mettant lesrichesses, le pouvoir et la gloire avant Dieu, l'hom-me ouvre des brèches spirituelles pour le mal. C'estla base du péché, car le plus grand des péchés serésume dans le fait de ne pas adorer Dieu et d'offrirainsi un redoutable hommage au prince desténèbres.

Cette attitude nous écarte du royaume de Dieu etpermet à Satan d'occuper un trône de dominationsur la terre*.

L'homme moderne n'a souvent pas la moindreconscience de la mainmise qu'il accorde à Satan endétournant son adoration du Dieu vivant. En selaissant séduire, l'homme est subtilement envahipar les ambitions et les mensonges du monde desténèbres. Jésus n'hésitera pas à mettre en lumièrecette étonnante convergence entre les désirs deshommes et le règne de Satan.

«Vous avez pour père le diable et vous voulez accomplirles désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commen-cement et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu'il n'y a

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

En offrant mon ado-ration à un autre queDieu, je permets àune puissance spiri-tuelle diabolique deprendre une autoritéet des droits dans mavie.

* «Qu'il n'y ait parmivous ni homme, nifemme, ni famille, nitribu, dont le cœur sedétourne aujourd'huide l'Eternel, notreDieu, pour aller ser-vir les dieux de cesnations-là. Qu'il n'yait point parmi vousde racine qui produi-se du poison et del'absinthe.»(Deutéronome 29:18)

pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, ilparle de son propre fond, car il est menteur et le père dumensonge.»

(Jean 8:44)

«Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le mondeentier est sous la puissance du malin.»

(I Jean 5:19)

En recevant l'adoration des hommes, Satanobtient le droit d'agir sur les valeurs culturelles etsociales d'une région ou d'un pays. Son pouvoir enplace, il peut conduire les hommes dans son projetprioritaire: détruire les signes (menaçants) duroyaume de Dieu.

Ainsi, les nombreuses persécutions contre lestémoins de Dieu (antisémitisme par exemple) oules entreprises pour faire taire la Bible sont autantde signes de l'influence de Satan parmi leshommes.

L’histoire humaine regorge d’exemples qui per-mettent de voir l’intimité qui s’exprime entre lesséductions spirituelles et la souffrance qui toucheles hommes.

Par l'adoration qui lui est offerte, Satan accroîtson influence sur les peuples. Une telle emprisefinit toujours par entraîner les populations dans lafaillite et la destruction: pauvreté, oppression,mépris des femmes, violences religieuses, sacri-fices inutiles, désertification et stérilité de la nature,guerres, etc.

Un lien tissé à travers les âges

Sur le plan de notre capital personnel, noussommes intimement concernés par cette influencespirituelle. Chacun de nous a deux parents, quatre

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

Un homme d'affairess'installe dans l'avion

près d'une femmeélégante qui porte au

doigt le diamant leplus gros et le plus

extraordinaire que cevoyageur ait jamais

vu. Il s'enquiert aus-sitôt de son origine.

- C'est le diamantKlopmann, répond lafemme. Il est magni-

fique, mais une ter-rible malédiction lui

est attachée.- Et quelle est cette

malédiction?S'étonne l'homme

d'affaires.- MonsieurKlopmann.

(Taylor Benson,Reader's Digest)

grands-parents, huit arrière-grands-parents, etc. Sil'une ou l'autre de ces personnes n'avait pas existéou n'avait pas donné la vie, nous ne serions pas làaujourd'hui!

En comptant une génération moyenne de 25 ans,et en poursuivant le calcul de nos ancêtres, il y a800 ans nous aurions eu plus de quatre milliardsd'ancêtres, chiffre impossible, car vers 1600, lapopulation mondiale ne comptait que 500 millionsd'individus (250 millions au début de notre ère, 1milliard vers 1830). Il faut donc tenir compte desliens de cousinages qui diminuent le nombre desancêtres uniques. En tenant compte de ce facteur,nous gardons cependant un lien génétique directavec une grande proportion de l'humanité.

Dans chaque siècle, nos ancêtres ont vécu leursdestins. Successivement Barbares cruels, Romainssuperstitieux, (peut-être irréductibles Gaulois),Grecs, Perses, Babyloniens, Egyptiens, Chaldéens,etc. Il y avait sans doute parmi eux des meurtriers,des bandits, des prostituées, des esclaves, destyrans, des bourreaux... et d'autres personnages auxactivités peu recommandables.

Avec cet héritage génétique, les racines spiri-tuelles de notre cœur sont plantées dans un terrain

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Les nombreux ves-tiges et ruinesantiques prennent unautre intérêt quandon imagine qu'ilssont peut-être le fruitdu travail de l'un oul'autre de nosancêtres. De leursvies et de leursamours dépend notreexistence... Vertige!

«Il n'y a point dejuste, pas même unseul, nul n'est intelli-gent, nul ne chercheDieu, tous sont éga-rés, tous sont perver-tis, il n'en est aucunqui fasse le bien, pasmême un seul...».(Romains 3:10-11)

de mensonge et de séduction. Notre nom, notresupériorité, nos privilèges, nos richesses, bref,toutes nos différences momentanées ne pèsent paslourd. Nous sommes tous de la même fibre et nousportons dans notre vie le patrimoine troublé del'humanité.

Dans un tel contexte, il est inutile de nous pré-tendre capables de gérer intelligemment notre capi-tal de vie et d'accomplir le projet de Dieu. Nosnombreux efforts ne feront que mettre davantageen relief la cause du mal inscrit au plus profond denotre cœur.

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

Pourquoi Dieu ne détruit-il pas Satan?Le président des Etats-Unis est certainement un des

hommes les plus puissants de la terre. Dans sa mallette, ildétient les codes d'un terrifiant arsenal nucléaire. A sonsignal, ses généraux pourraient mobiliser de nombreusestroupes, faire fondre du ciel ou des mers une force colossa-le de destruction et rayer de la carte n'importe quellerégion. Ses ennemis le savent, et sont sans doute dans lacrainte de ce qui pourrait leur arriver s'ils s'en prenaient auxintérêts de son pays. Pourtant, cette force a aussi seslimites. Si un jour, un terroriste arrive à séduire l'un desenfants du président et le prendre en otage, nous assiste-rions à une étonnante équation. La puissance prodigieusedu président serait limitée par son amour et l'empêcheraitd'agir. Celui qui aurait sans peine écrasé ses ennemis loin-tains ne lèverait pas la main sur le terroriste pour épargnerla vie de son enfant.

De même, Dieu dans sa puissance, pourrait anéantirsans effort le royaume des ténèbres. Mais comme l'humani-té (qu'il aime) est séduite et prise en otage par Satan,il retient sa puissance. Sa seule limite, c'est son amour.Pour sauver et respecter la liberté de ceux qu'il aime, il achoisi de se donner lui-même, comme l'affirme l'Evangile:«Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique.»(Jean 3:16)

«C'est du dedans,c'est du cœur des

hommes, que sortentles mauvaises pen-sées, les adultères,les débauches, lesmeurtres, les vols,

les cupidités, lesméchancetés, la

fraude, le dérègle-ment, le regard

envieux, la calomnie,l'orgueil, la folie.»

(Marc 7:21-22)

Une base nouvelle

Le seul moyen d'extraire notre capital de vie dece piège infernal est de couper les droits que Satana sur nous.

Malheureusement, une telle démarche est com-parable aux efforts inutiles d'un prisonnier cher-chant à casser sa chaîne.

Pour accomplir cette œuvre de libération, la pre-mière condition était de trouver une personne librede cette oppression. Dans les Evangiles deMatthieu et de Luc, la venue du Sauveur est attes-tée par des listes généalogiques*. Homme parmiles hommes, par sa naissance, Jésus va partagerentièrement notre condition humaine. Comme lamajorité des enfants de la terre, il va émerger dansun environnement corrompu par la violence et ladomination diabolique. Sans l'assistance fidèle deson Père céleste, l'enfant Jésus aurait été un simplenom de plus sur la liste des enfants massacrés parHérode le Grand. Cet épisode nous permet de sou-ligner une nouvelle fois que Satan n'est pas enmanque de fidèles collaborateurs quand il s'agitd'accomplir ses desseins. L'adversité, et même lemanque de place qui oblige le Christ à naître dansune étable, nous renseignent sur le terrain spirituelde notre monde. Pour accueillir le Fils de Dieu, iln'y a ni la louange, ni l'honneur des rois, mais bienune rage meurtrière qui n'aura de cesse de le fairedisparaître. Tels des anticorps cherchant à éliminerun corps étranger, la violence qui menace Jésus estun fantastique aveu du monde des ténèbres. Envoyant Jésus sur ses terres, Satan a sursauté: cethomme ne lui appartient pas! Son cœur enracinédans la vérité ne lui concède aucune adoration, caril est tourné vers le Père céleste.

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

* Matthieu : 1-17 Luc 3: 23-38

«Moi et le Père nous sommes un.»(Jean 10:30)

Devant une telle intimité, les prétentions et lesséductions de Satan vont glisser comme des onglessur une vitre. Incapable de détourner l'adoration deJésus à son avantage, Satan ne pourra pas couper lasource de bénédictions du Père, exprimée parJésus.

«Père, je te rends grâces de ce que tu m'as exaucé. Pourmoi, je sais que tu m'exauces toujours, mais j'ai parlé àcause de la foule qui m'entoure afin qu'ils croient quec'est toi qui m'as envoyé.»

(Jean 11:41-42)

Grâce à cette unité, Jésus permet enfin au royau-me de Dieu d'émerger dans notre univers dominépar Satan. Les signes, les miracles, les délivrancessont une manifestation évidente que Jésus exerceune autorité infiniment supérieure à celle que lediable étend sur ses sujets.

Mais est-ce là l'objectif de Dieu? Non! En Jésus-Christ, Dieu ne cherche pas à faire une démonstra-tion de puissance. Le ministère du Christ est dis-cret, Jésus va même jusqu'à demander de garder lesecret sur certaines guérisons. Rien dans l'attitudede Jésus ne nous laisse croire qu'il veut lancer un

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

Pour la dépendancede Jésus envers

son Père,voir aussi

Jean 5:36-38,Marc 6:41

La communion deChrist avec son Père

lui permet d’expri-mer un ministère

d’amour.

ordre nouveau: pas d'ambitions personnelles, pasde démonstration spectaculaire, pas de purificationethnique, pas de mariage donnant lieu à une nou-velle race. Au travers de Jésus, Dieu ne vise qu'uneseule chose: libérer les hommes de leur esclavageen leur offrant une nouvelle source de communion!

Entièrement dévoué à sa mission généreuse,Jésus ne manquera jamais d'exprimer la volontédivine de nous associer à l'héritage de Dieu. Plutôtque d'être la plante impressionnante qui nous sur-passe avec facilité, Jésus a pour seul projet d'être labase vivifiante sur laquelle notre vie peut s'épa-nouir.

«Je suis le cep et vous êtes les sarments. Celui qui demeu-re en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits,car sans moi vous ne pouvez rien faire.»

(Jean 15:5)

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

L'image de la greffe

La coupure de l'arbre

Comme l'annonce l'image de la greffe, le plande Dieu pour les hommes nécessite une mesuredrastique. La vie du Christ doit être coupée afind’offrir les racines de son cœur.

Dans le chemin du don de sa vie, Christ s'estprogressivement dépouillé; sa force merveilleuse,qui avait donné tant de fruits d'amour, se trouveclouée et disloquée sur le bois. Sa pensée juste etbonne est inexorablement envahie par la souffran-ce des tortures et la douleur des épines lacérant satête. Les esprits diaboliques l'assiègent et lesmoqueries attaquent son âme aimante et douce.Environné d'une telle opposition, le Messie vit unesouffrance intense. Même son cœur, jusque-là inti-mement uni à son Père, est touché par le jugementqui tombe sur lui. Pour exprimer le tourment decette ultime coupure, Jésus s'écrie:

«Père, Père, pourquoi m'as-tu abandonné?»(Matthieu 27:46)

Ainsi, Jésus est retranché comme s'il avaitpéché. Finalement, une lance plantée dans son côtélaissera échapper du sang et de l'eau, témoignageque par son sacrifice, le Christ offre une sève devie. Cette œuvre d'amour invite les hommes àretrouver le véritable fondement spirituel qui leurétait destiné.

Pour accueillir l'inestimable cadeau de la vie deChrist, l'homme doit renoncer à ses anciennesracines et se greffer sur lui. Cette opération chirur-gicale concerne les parties secrètes de son cœur.Les raisonnements intellectuels, les efforts reli-gieux ne peuvent pas remplacer l'acte spirituel qui

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

«Et comme tous leshommes meurent en

Adam de même aussitous revivront en

Christ.»(I Corinthiens

15:22)

consiste à déposer toute sa vie sur le Christ. Carsans ce lien du cœur, il est impossible de laisserl'Esprit de Dieu transformer sa vie.

Ce changement de terrain et de racines compor-te les éléments suivants:

1. Faire tomber le droit de Satan

Comme nous l'avons vu précédemment, lesdroits de Satan reposent sur l'adoration que nous luiavons accordée, ils revêtent une autorité spirituelleque Satan peut revendiquer même devant Dieu.Ainsi, chacun de nos péchés est une arme redou-table avec laquelle le monde des ténèbres peutprouver que nous sommes attachés à lui.

Pour être libre, la sordide alliance doit être abo-lie. Tant que les accusations gardent leur pouvoir,le monde des ténèbres a un droit sur notre vie. Lemaillon de la chaîne est fermé:

Cette relation entre nos péchés et le droit deSatan est une loi fondamentale pour comprendre laportée du sacrifice de Jésus.

Par sa mort sur la croix, le Christ se charge despéchés qui donnent un droit à Satan. Si la faute dis-

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

«Déjà la hache estmise à la racine desarbres: tout arbredonc qui ne produitpas de bons fruitssera coupé et jeté aufeu.» (Matthieu 3:10)

paraît, la condamnation n'a plus de raison d'être.Ainsi, en se chargeant de mes fautes, le Christ héri-te aussi de la malédiction qui m'asservit. Lamâchoire infernale s'ouvre et je suis enfin libre,selon cette parole:

«Vous qui étiez morts à cause de vos fautes... Dieu vous adonné la vie avec lui. Il nous a pardonné nos fautes, il aannulé le document accusateur que les commandementsretournaient contre nous, il l'a fait disparaître, il l'a clouéà la croix, il a dépouillé les autorités et les pouvoirs (dia-boliques) et les a livrés publiquement en spectacle, entriomphant d'eux par la croix.»

(Colossiens 2:13-15)

Ce principe spirituel est très important, car siSatan peut agir dans un domaine, c'est forcémentqu'il a reçu des droits. Découvrir l'origine de cesdroits et combattre leur pouvoir au nom du Christpermet de reprendre une juste autorité. Cettedémarche est très importante et agit comme une clédans le monde spirituel.

Sur un plan plus personnel, cette victoire doit sevivre en profondeur. Elle consiste à mettre lesdésobéissances et les fautes qui m'accusent (méprisde Dieu, culte de ma personne, amour de l'argent,pratiques religieuses, ésotérisme, astrologie, vio-lences, orgueil, etc.) sur le sacrifice de Jésus. Cetacte de foi permet à Dieu de reprendre ses droitssur ma vie et de me libérer.

Dans cette démarche, il n'est pas rare de vivrephysiquement une libération et recevoir une réelleliberté de cœur.

2. Un signe d'autorité: le baptême

Dans la pratique, cette décision de remettrenotre vie à Jésus-Christ est si importante qu'elle ne

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

«Je voyais Satantomber du ciel

comme un éclair.»(Luc 10:18)

peut rester secrète, elle doit s'exprimer publique-ment.

Pour témoigner de notre nouvelle implantation,Dieu nous invite à vivre un acte démonstratif: lebaptême. Ce geste d'obéissance pratique par lequel

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Témoignage

Comme beaucoup d'autres personnes, la femme venaitde s'avancer pour demander la prière. Avec mon collèguenous l'avons entourée en demandant à Dieu qu'il agissedans sa vie. Alors que nous parlions encore, la femme futtouchée par la présence de Dieu et tomba doucement parterre. L'un et l'autre nous avions déjà vu des personnesperdre pied devant la grandeur de l'amour de Dieu. Maispour cette femme, notre sentiment était différent, comme siDieu désirait faire une œuvre précise dans sa vie. Nous luiavons demandé comment elle se sentait et elle nous confiaqu'en lieu et place de la paix, elle était comme figée par lapeur. Visiblement sa vie n'était pas libre et Dieu venait demettre en lumière l'oppression qui la liait. Après lui avoirdemandé si elle n'avait pas offert des droits à Satan par despratiques occultes, elle nous raconta son histoire. Elle avaitemmené toute sa famille chez un guérisseur. Celui-ci avaitfait diverses pratiques occultes sur elle et ses enfants. Lorsdu retour de cette visite, leur voiture avait été prise dans unterrible accident et plusieurs de ses enfants avaient été tuéssur le coup. Elle-même ne s'en était sortie qu'après un longcoma.

Dans la douceur de la soirée la violence de cette histoi-re nous semblait presque irréelle. Nous avons recommencéà prier en demandant à Christ de couper le droit de Satansur cette famille. Alors que nous prenions autorité au nomde Jésus, la femme a changé de voix et s'est mise à hurleravec fureur. Visiblement une puissance en elle cherchait àgarder un droit sur sa vie. Finalement, après avoir revendi-qué l'autorité de Dieu sur cette femme, nous avons pu assis-ter à sa délivrance. Elle a enfin reçu une réelle paix inté-rieure.

«C'est en croyant ducœur qu'on parvientà la justice, et c'esten confessant de labouche qu'on par-vient au salut.»(Romains 10:10)

l'homme s'identifie à la mort et la résurrection deChrist est d'une grande portée. C'est une déclara-tion de foi par laquelle je proclame que le sacrificede Jésus couvre ma vie.

Spirituellement, c'est un événement du mêmetype que celui vécu par les Hébreux dans leur fuitehors d'Egypte. Malgré tous les prodiges déployéspar Dieu pour faire sortir son peuple, le Pharaonn'accepte pas la perte de ses esclaves et lance sonarmée à leur suite afin de les reprendre. En décou-vrant la terrifiante puissance qui fondait sur eux, lesanciens esclaves ont dû éprouver les pires craintes.Mais Dieu ne tarde pas à anéantir les revendicationsde Pharaon en noyant son armée dans la mer Rouge.Devant l'effondrement total du pouvoir du Pharaon,le peuple hébreu, enfin libre, laisse éclater sa joie enproclamant la radicale coupure avec l'oppresseur:

«Qui est comme toi parmi les dieux, ô Eternel? Qui estcomme toi magnifique en sainteté, digne de louanges,opérant des prodiges? Tu as étendu ta droite: la terre les a engloutis. Par tamiséricorde tu as conduit, tu as délivré ce peuple; par tapuissance tu le diriges vers la demeure de ta sainteté.»

(Exode 15:11-13)

Ces événements de l'Exode illustrent la force dubaptême. Dans l'église primitive, chaque personnequi désirait donner sa vie à Christ, devait le signi-fier en passant par les eaux du baptême.

A cette occasion, le croyant pouvait proclamerque toutes les anciennes adorations et les emprisesdu péché étaient mises dans la mort du Christ.

Avec sa signification radicale, le baptême est unsigne insupportable pour le monde des ténèbres.C'est pourquoi, depuis le début de l'église, le baptê-me a toujours été attaqué*.

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

* I Corinthiens

1:13-17

Controverses, divisions et traditions supersti-tieuses ont constamment menacé la simplicité de cegeste d'obéissance. Pourtant, aujourd'hui encore, lesigne du baptême garde toute sa valeur d'autorité.

S'il est vrai qu'une proclamation orale etpublique de sa foi peut servir à manifester notreposition en Christ, elle ne saurait pourtant se sub-stituer à l'efficacité du baptême ordonné par Dieu*.

Comme le montre la réponse de Pierre auxhommes touchés par l'Evangile, le baptême faitpartie des étapes décisives qui marquent notreenracinement en Dieu.

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Le baptême des enfants

Tout en respectant les diverses pratiques des églises,nous devons souligner les carences engendrées par le bap-tême des enfants. En impliquant des bébés dans un gested'alliance personnelle l'église prétend plus qu'elle ne peut.Le glissement du baptême des adultes à celui des enfants aété introduit progressivement dans l'Histoire. Peur et mor-talité infantile aidant, le baptême a perdu sa fonction designe d'engagement pour devenir de plus en plus un moyenpour conjurer une hypothétique perdition des enfants. Lapratique du baptême a été ainsi poussée jusqu'à ses ultimeslimites. Par exemple, lorsque la viabilité des enfants ànaître n’était pas garantie, on prodiguait le baptême inutero (dans le sein de la mère). Aujourd'hui, malgré sonmanque de fondements bibliques, le baptême des enfantss'est imposé comme une tradition.

Face à cette dérive, beaucoup de gens qui vivent unerencontre personnelle avec Jésus et qui ont été baptisésbébé, éprouvent le besoin de marquer le réel engagementde leur cœur par un geste plus concret; certains demandentà confirmer leur baptême en proclamant dans l'église leurfoi personnelle. D'autres choisissent de revivre cet acte,avec, cette fois-ci, leur conscience engagée.

* VoirRomains 6:1-10,I Pierre 3:18-21

Démarche: prendre autorité en Christ

1. Mettre les droits de Satan dans la lumière

Souvent les péchés qui donnent un droit à Satan sont évidentset apparaissent immédiatement à la lumière de la Parole de Dieu.D'autres fois, il est nécessaire de prendre du temps afin de discer-ner avec l'aide du Saint-Esprit les lieux secrets où Satan a uneemprise spirituelle. Cela implique de se mettre entièrement sousl'autorité de Dieu en acceptant sa lumière, en particulier sur leszones sombres et secrètes de sa vie.

2. Exercer l'autorité de Christ

Satan et ses puissances reculent uniquement devant une forcesupérieure. Il n'est donc pas utile de crier, ou de gesticuler parnous-mêmes. Le seul appui nécessaire pour faire basculer un pou-voir diabolique est l'œuvre de la croix. Même si tous les hommesn'ont pas entendu le message de l'Evangile, il est évident, parcontre, que le monde spirituel connaît très bien ce qui s'est passéau début de notre ère. Nous pouvons donc fermement nousappuyer sur la portée du sacrifice de Christ et proclamer aux pou-voirs qu'ils perdent leurs droits en son nom. Concrètement celacomporte de confesser ses péchés avec foi en la mort de Christ.Pour un nouveau converti, le meilleur cadre de cette proclamationest le baptême.

3. Consacrer notre vie à Dieu: l'adorer

Comme le disait Jésus, une maison ne reste pas longtempsvide*. Cette précieuse mise en garde devrait nous inviter àconquérir le territoire de Satan dans le seul but de le mettre sous lerègne de Dieu. C'est le seul moyen de vivre sous une juste autori-té. Celle de Dieu est douce et solide. Là encore, la clé, c'est unevraie adoration qui permet à l'Esprit de remplir notre vie. En met-tant Dieu au centre de notre vie, de nos familles et de notre com-munauté, nous lui permettons d'agir en propriétaire. N'est-ce pas lànotre plus grande sécurité... Si Dieu garde la maison, qui pourraitvenir la piller?

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

«Quand ils entendirent ces paroles (de l'Evangile), ilseurent le cœur vivement touché. Ils demandèrent à Pierreet aux autres apôtres: Frères, que devons-nous faire?Pierre leur répondit: Changez de comportement et quechacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christà cause du pardon des péchés. Vous recevrez alors le donde Dieu, le Saint-Esprit.»

(Actes 2:37-38)

* Matthieu 12:43-45

3. Ouvrir notre cœur à L'Esprit

«Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre. Laterre était informe et vide; il y avait des ténèbres à la sur-face de l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessusdes eaux.»

(Genèse 1:1-2)

Dans les premiers versets de la Bible, la créationn'est encore qu'un abîme vide et sans forme: le«tohu-bohu». Dans cet univers en gestation, leSaint-Esprit est présent comme «le souffle de Dieuqui plane au-dessus des eaux».

Dans le texte original hébreux, le verbe planers'associe à l'attitude d'un oiseau au vol frémissantcherchant à se poser. Cette image de l'Esprit survo-lant les eaux rappelle la colombe de Noé quirecherchait un lieu accueillant pour s'y poser. Maisl'événement le plus significatif qui nous rapprochede la première mention de l'Esprit est le baptême deJésus:

«Pendant que Jésus priait, le ciel s'ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, commeune colombe.»

(Luc 3:21-22).

En recevant l'Esprit avec cette merveilleusesimplicité, Jésus fait la démonstration que l'hommea été créé avec la vocation d'accueillir la présence

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Esprit: Rua,Πνευµα (pneuma)=> air en mouve-ment, vent, soufflede vie.

de Dieu en lui. Comme Christ est pleinement uni àson Père, l'Esprit n'a aucune crainte et vient libre-ment habiter en lui*.

Pour Jean le baptiseur, ce signe de confiance estune attestation spirituelle de l'identité divine deJésus.

Comme l'avait annoncé Jésus-Christ, les apôtresont fait eux aussi l'expérience de la réception duSaint-Esprit. Alors qu'ils priaient, le ciel s'estcomme déchiré et le Saint-Esprit est venu avecpuissance, confirmant la présence du Seigneur aumilieu d'eux**. Très vite, les apôtres ont comprisque la présence de l'Esprit est le seul signe incon-testable d'une vie réellement greffée sur Christ***:

«Après avoir entendu la parole de vérité, l'Evangile devotre salut, en Christ, vous avez cru et vous avez été scel-lés du Saint-Esprit qui vous avait été promis, lequel est ungage de votre héritage (céleste).»

(Ephésiens 1:13-14)

Notre enracinement de cœur en Jésus-Christdevrait toujours s'accompagner d'un accueil réel del'Esprit. Telle une sève nourrissante, le Saint-Esprittraverse et nourrit notre nouvelle identité de fils etde fille de Dieu.

«Parce que vous êtes ses fils, Dieu a envoyé dans noscœurs l'Esprit de Jésus son fils, lequel crie: Abba! Père(Papa).»

(Galates 4:6)

Avec cette douce affection, l'Esprit nous remplitet nous permet d'exploiter notre capital de vie envue de porter du fruit. Pour accomplir cette tâche,il doit traverser les différentes strates de notrevie, chose pas facile, car même si le cœur est visitépar Dieu, il reste en nous de multiples résistances

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

* «Celui qui m'aenvoyé baptiser

d'eau m'a dit: celuisur qui tu verras

l'Esprit descendre ets'arrêter c'est celui

qui baptise du Saint-Esprit. Et j'ai vu et

j'ai rendu témoigna-ge qu'il est le Fils de

Dieu.»(Jean 1:32-34)

** «Le jour de la

Pentecôte, il vint duciel un bruit comme

celui d'un vent impé-tueux et il remplit

toute la maison oùétaient assis les dis-

ciples.» (Actes 2:29)

*** «Avez-vous reçu leSaint-Esprit quand

vous avez cru?» (Actes 19:2)

«Si quelqu'un n'apas l'Esprit de

Christ, il ne luiappartient pas.»

(Romains 8: 9)

à son action*. C'est le sens de la conquête spiri-tuelle de l'Esprit; permettre à Dieu de prendresa place dans notre vie afin que cette promesse s'ac-complisse.

Comment recevoir le Saint-Esprit?

Comme le rappelle l'image de la colombe des-cendant sur Jésus, l'Esprit ne vient habiter que dansdes cœurs unis à Dieu. Cette intimité entre le Père,le Fils et l'Esprit est un excellent moyen de mettre àl'épreuve les paroles et les manifestations spiri-tuelles qui prétendent venir de Dieu. L'Esprit agittoujours dans le but de faire connaître le Père autravers du salut en Christ.

Les miracles, les choses surnaturelles, ou lesparoles «inspirées» qui ne visent pas ce but ne sontque des imitations qui cherchent à séduire leshommes. Notons en passant que beaucoup de gué-risseurs ou de voyants prétendent avoir reçu leursdons de Dieu, mais leurs pouvoirs sont souventsecrets et s'exercent dans de mystérieuses pra-tiques. Ils ne donnent pas gloire à Jésus-Christ et neconfessent pas le sacrifice de sa chair**.

Recevoir...

La première étape pour recevoir l'Esprit est devivre une réconciliation avec Dieu au travers d'uneconversion réelle du cœur. L'œuvre profonde dusacrifice de Christ est comme une préparation quipermet à l'Esprit d'entrer dans notre vie. Dansl'Ancien Testament, le prophète Elie découvre queDieu n'est ni dans le vent violent, ni dans les trem-blements de terre, ni dans la violence du feu, maisqu'il se manifeste dans un murmure doux et léger.

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

*«L'homme natureln'accepte pas leschoses de l'Esprit deDieu, car elles sontune folie pour lui etil ne peut lesconnaître, parce quec'est spirituellementqu'on en juge.» (I Corinthiens 2:14)

* *«Tout esprit qui neconfesse pas Jésusn'est pas de Dieu.»(I Jean 4:3)

«Celui qui croit enmoi, des fleuvesd'eau-vive coulerontde son sein, Jésus ditcela de l'Esprit quedevaient recevoirceux qui croiraienten lui.»(Jean 7:37-39)

Deuxième élément important de l'Écriture, leSaint-Esprit vient remplir la vie de ceux qui dési-rent sa présence. Jésus priait lorsque le ciel s'estouvert, et les disciples attendaient que Dieuaccomplisse sa promesse selon cette parole: «LePère céleste donnera le Saint-Esprit à ceux qui lelui demandent». Le Saint-Esprit ne s'impose pas,mais répond à notre désir ardent de l’accueillir ennous.

Pour que cette présence remplisse notre vie,nous devons donc l'inviter à entrer en nous par lesracines de notre cœur*.

Selon les divers exemples du NouveauTestament, le Saint-Esprit touche de préférence lescroyants dans le cadre de la communauté chrétien-ne. Souvent les apôtres ou les anciens imposaientles mains aux nouveaux convertis. Par l'impositiondes mains, personne ne pouvait mettre en doute quec'était bien au nom et par Jésus-Christ que l'Espritpouvait remplir une vie.

Aujourd'hui encore, la meilleure pratique pourinviter le Saint-Esprit est de prier ensemble dans lecadre d'une Eglise qui vit et s'attend à l'action deDieu. Dans la mesure du possible, il est importantde demander à une ou deux personnes responsablesqui vivent une réelle communion avec l'Esprit deprier dans ce sens.

Ceux qui n'ont pas la possibilité de vivre cetemps de prière communautaire pour invoquerl'Esprit peuvent le faire personnellement en deman-dant simplement que l'Esprit remplisse leur vie.Dans cette prière, il est important de commencerpar tourner son cœur vers Dieu dans une réellerepentance et en étant ouvert à la présence aimantede l'Esprit.

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Comment bien gérer son capital de vie ? Le cœur

* Cette attitude est aussiimportante pour ouvrir

notre vie à l'exercicedes dons spirituels

«Aspirez aux dons del'Esprit.»

(I Corinthiens 14:1)

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Le cœur Comment bien gérer son capital de vie ?

Démarche: demander le Saint-Esprit

1. Tournez votre cœur vers Dieu en Jésus-Christ

Honorez-le dans une attitude d'adoration. Dites-luivotre amour, votre désir d'aller plus loin dans sa présence.

2. Confessez le pardon de vos péchés

Christ a détruit le mur entre vous et le Père céleste, c'estla base de votre foi et la seule grâce qui vous permet derecevoir les richesses du Royaume de Dieu.

3. Demandez le Saint-Esprit

Dieu ne va pas vous remplir de sa présence sans uneclaire demande de votre part. La Bible nous dit de désirer,et d'aspirer. Cela signifie que nous ne devons pas restermous et passifs. Lorsque nous désirons une chose matériel-le, nous sommes souvent passionnés à l'idée de l'obtenir.Ayez cette même passion pour la plus grande promessedivine. Mais ne marchandez pas. Dieu est fidèle. La seuleraison du don de son Esprit est son amour, et rien d'autre.

4. Croyez que la promesse est pour vous

Si je doute que Dieu désire me remplir de sa présence,j'aurai beaucoup de peine à lui demander avec convictiond'accomplir sa promesse. Le ressort de la prière, c'est la foi.Soyez donc sans crainte et gardez confiance dans l'actionde Dieu, même si vous ne sentez rien de spécial. Si voussentez une opposition ou un blocage, demandez à Dieu devous permettre de rencontrer une personne capable de prieravec vous.

5. Cultivez votre accueil de la présence de Dieu

Le Saint-Esprit, c'est la présence de Dieu... Accueillirun tel hôte est un honneur, mais aussi une responsabilité.Pour lui permettre de remplir votre vie de sa plénitude, nelaissez pas tomber à terre les dons et la communion qu'ilvous donne d'exercer.

Cette démarche està vivre si possibledans la communautéet avec des per-sonnes qui vousentourent dans laprière.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

3. Bien gérer... L'âme

«Prends garde à toi et veille attentivement sur ton âme,tous les jours de ta vie, de peur que tu n'oublies les chosesque tes yeux ont vues, et qu'elles ne sortent de ton cœur.»

(Deutéronome 4:9)

Le cerveau et la grandeur de l'âme

Notre cerveau est l'objet le plus complexe del'univers: il possède environ 1000 milliards de cel-lules.

Pour saisir le gigantisme de ce chiffre, rappe-lons-nous que c'est seulement vers l’âge de trenteans que nous fêtons notre premier milliard desecondes!

Les hémisphères de notre cerveau sont couvertsd'une couche plissée de 2 cm d'épaisseur appeléecortex*. Cette zone, d'environ 1,5 mètre carré, estla plus évoluée de notre cerveau, elle abrite lesfonctions cérébrales supérieures et possède unecentaine de milliards de neurones, environ lenombre d'étoiles présentes dans la voie lactée,notre galaxie! Tels des «mini-ordinateurs», chacunde ces neurones possède de multiples prolonge-ments (les axones), capables d'établir, par l'inter-médiaire de réactions chimiques, des connexions

* Mot grec signifiantécorce

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

électriques avec d'autres cellules nerveuses (il y enaurait 500 000 milliards). On estime à 5000 mil-liards le nombre de réactions chimiques que le cer-veau opère par seconde.

Toutes ces informations transitent par un réseaucolossal. Mises bout à bout, les fibres nerveusesd'un cerveau mesureraient un million de kilo-mètres. Soit bien plus qu'un aller-retour entre laterre et la lune.

Dans l'enchevêtrement de ce réseau, lesvariantes de possibilités de connexions entre lesneurones donnent un nombre de combinaisonsinvraisemblable, de l'ordre de 10 suivis d'un mil-lion de zéros, bien plus que le nombre de parti-cules de l'univers!

Comme l'illustrent ces chiffres extraordinaires,aucun cerveau ne se ressemble. Malgré sa tailleréduite et ses quelque 2 kilos, il est un gigantesquemonument.

Devant une telle complexité, la définition del'identité humaine en quatre ou huit types de per-sonnalités, faite par Hippocrate ou par ceux quis'en sont inspirés (colérique, flegmatique, passion-né, sentimental, etc.) est dangereusement réductri-ce. Elle ne rend pas compte de l'infinie complexitéde l'âme et de la pensée humaine*.

En réalité, l'apparente simplicité et la dimen-sion modeste du corps physique de l'homme nerendent pas compte de l'infinie dimension de sonâme. Devant chaque être humain, nous devrionsnous considérer en face d'un très grand «espace»,qui, comme l'étendue géographique d'un pays,possède de multiples contrées aux subtilités indéfi-nissables.

* Selon des décou-

vertes récentes, l'êtrehumain compterait

50 000 caractèreshéréditaires diffé-

rents.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

L’homme et la femme sont-ils semblables?

On a souvent prétendu que les différences entre l'homme et lafemme se limitaient aux seules exigences de la polarité sexuellenécessaire à la reproduction. En réalité, des études sur la formedu cerveau, l'action des hormones et les comportements ontdéterminé que, déjà avant la naissance, le cerveau du garçon et dela fille sont différents. Cette diversité dans la construction et l'uti-lisation interne du cerveau ne concerne pas les capacités intellec-tuelles et de raisonnement, mais la façon de raisonner le mondeextérieur. Les femmes, par exemple, présentent de remarquablesfacultés dans les tests où la rapidité de perception et les associa-tions d'éléments sont demandés (par exemple dans la gestion dulangage). De leur côté, les hommes ont plus de facilité à s'orien-ter et percevoir les dimensions de l'espace (comme dans lesmathématiques).

Ces différences se retrouvent aussi dans la manière dont lesdeux sexes gèrent leur existence. Si la pensée de l'homme évoluefacilement dans le monde de l'abstrait et les concepts, les femmesont de leur côté une pensée plus facilement touchée par lesvaleurs émotionnelles et affec-tives.

Ces observations nous condui-sent à proposer l'hypothèse selonlaquelle les diversités psycholo-giques entre l'homme et la femmepartent des différences de propor-tion entre l'âme et la pensée.

• Pour la femme, la partieémotionnelle inconsciente est plus développée, d'où des capaci-tés supérieures dans le monde des relations, de l'affectivité et del'intuition. Ce précieux développement de son être intérieur sevérifie par le fait que la femme vit et communique intensémentles états de son âme. Dans certaines situations, elle aura beau-coup de peine à séparer ses émotions de sa pensée, celles-ci pou-vant facilement troubler la logique de son raisonnement.

• Chez l'homme, le monde des pensées est architecturé enplusieurs sphères de raisonnement distinctes. Ces lieux de rai-sonnement sont pratiquement autonomes de l'état affectif et émo-tionnel. Cette spécificité de l'homme lui donne l'occasion dedévelopper et d'agencer des concepts abstraits. Revers de lamédaille, l'autonomie de ses pensées conduit l'homme à échafau-der des raisonnements pas toujours connectés à une mise en pra-tique relationnelle et affective.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Chacun de nous peut en faire l'expérience:

Placez-vous devant un miroir en essayant detrouver dans votre image les différents traits devotre personnalité. Cet exercice est terrifiant, carnotre propre image est bien incapable d'exprimerce qu’est notre identité intérieure. Ainsi, ceux quinous regardent ne voient qu'une toute petite partiede nous-mêmes (cela est vrai aussi de ceux quenous regardons).

Ainsi, il est impossible de connaître réellementquelqu'un par son apparence. Le capital intérieurde l'homme est des milliards de fois plus grand quel'enveloppe externe. Remarquons en passant le pro-dige divin qui permet de mettre de grandes chosesdans de petites boîtes.

L'étendue de notre âme Malheureusement, le capital intérieur de notre

vie, si grand et si précieux, est avidement convoité.Comme dans l'histoire du peuple d'Israël, l'idolâtrieet le péché permettent aux ennemis d'envahir lepays et de piller ses richesses. Cela est aussi vraidans notre identité intérieure. Par les brèches del'idolâtrie, de la violence et des péchés, Satan atrouvé des occasions de nous détruire et de prendrenos trésors. Conséquence, notre être est en partieravagé ou dans la désolation. Ce genre de destruc-tion intérieure nous rend craintifs, amers, révoltés,haineux et nous enferme dans la médiocrité. Notreâme est ainsi déformée et nous avons souvent de lahonte à montrer des parcelles de nous-mêmes.

Bien sûr, il serait trop long et absolumentimpossible de mettre par écrit ce que chacun denous vit et ressent dans son être intérieur. En réali-té, le seul qui nous connaît entièrement, c'est Dieu.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Et c'est avec lui que nous pouvons accomplir la res-tauration de notre vie.

Même si par notre enracinement en Christ, l'ex-trémité de notre âme profite d'une source vivifiante,le pays de l'âme a encore besoin d'être irrigué ettransformé dans toute son étendue. Ce combat ter-ritorial a de remarquables analogies avec les événe-ments qui concernent la reconstruction du payspromis*.

* Voir l'étude bibliquecomplémentaire dis-ponible à la fin del'ouvrage.

Cette vision globalerejoint fortuitementle schéma de lafenêtre de Johari(J. Luft; Of humaninteraction; PaloAlto, Calif, NationalBook, 1969).

Démarche: faire la carte de son âmeCeux qui le désirent peuvent essayer de faire la carte de

leur vie intérieure. A cette fin prenez une belle feuilleblanche et dessinez la forme d'une grande île. Sur cet espa-ce, dessinez les éléments suivants en prenant soin d'écrirece qu'ils symbolisent réellement dans votre vie (personnes,joies, difficultés, problèmes, etc.). Par exemple: si vousdessinez un lac, vous devez écrire à côté le nom des per-sonnes qu'il représente.

1. La capitale représente la chose ou la relation la plusimportante pour vous.

2. Les lacs, les rivières représentent les personnes quivous aiment et qui vous font du bien.

(Suite: page suivante)

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Exemple d’une carte de l’âme

Notre âme: un espace affectif

Comme le montre l’exercice de la carte del’âme, une exploration honnête de notre vie inté-rieure nous amène rapidement à prendre conscien-ce de l’influence décisive des relations dans notreêtre.

Faire la carte de notreâme nous permet sou-

vent de prendreconscience des diffé-

rentes choses qui noushabitent. Ainsi, joies ettristesse, forces ou pro-

blèmes peuvent occuperet agir dans des «lieux»spécifiques de notre vie.

La vision panoramiquede la carte peut être un

excellent outil pour par-tager et prier les uns

pour les autres.

3. Les oasis, les arbres, les fleurs illustrent ce que vousaimez faire et vivre (votre créativité et vos intérêts).

4. Les déserts et les zones inconnues représentent lesquestions et les interrogations qui vous habitent, ou lesaspects de votre vie que vous ne connaissez pas.

5. Les ruines et les crevasses symbolisent vos souf-frances, vos conflits, vos déceptions et vos problèmes.

6. Les monticules de déchets nauséabonds représententles choses que vous savez être mauvaises et qui empoi-sonnent votre vie et vos relations.

Si vous avez encore des idées, vous pouvez ajouterd’autres illustrations qui concernent votre vie.

Sans amour et affections, les richesses de notrecapital intérieur sont comme des graines dessé-chées dans un désert. Pour donner vie au paysagede notre âme, nous avons besoin d'être aimés etaccueillis, c'est un besoin universel... mais pour-quoi l'homme a-t-il si besoin d'amour?

La complexité de la matière et de la vie quis'exprime dans l'univers atteste que la création dumonde n'a jamais échappé au contrôle de Dieu.Avant de lancer la première parole générant lemonde, Dieu savait pertinemment quel sens ilallait lui donner. En cherchant le projet initial de lacréation, il est surprenant de découvrir que toutesles étapes ordonnées dans l'élaboration de l'universvisent, pour objectif suprême, d'offrir un écrin àl'homme. Ainsi, avant même que l'univers prennesa dimension physique, nous étions inscrits sous laforme d'un désir dans le cœur de Dieu*.

En recherchant les raisons affectives qui ontmotivé Dieu à créer l'homme, nous sommesconduits vers ce merveilleux texte:

«Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il lecréa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit, et Dieuleur dit: Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez laterre... Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela étaittrès bon.»

(Genèse: 1:27-31)

Cette confidence révèle, comme un aveud'amour, l'investissement personnel que Dieu adéposé dans la création en faisant l'homme: êtreson «image» sur terre.

Cette vocation de porter la majestueuse lumièredivine repose non sur la seule individualité humai-ne, mais sur le couple. Sans doute parce que Dieului-même, Père, Fils et Esprit sont unit par l'amour

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

* «En lui Dieu nous aélus avant la fonda-tion du monde, pourque nous soyonssaints et irrépréhen-sibles devant lui.» (Ephésiens 1:4)

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

qui s'exprime en lui: «Dieu est amour»*. Seule unerelation peut en accueillir l'image.

L'homme a donc l'étonnant privilège d'être nonseulement le fruit de l'action créatrice de Dieu,mais encore plus, un vis-à-vis à son affection. Cettevocation de porteur d'amour, profondément enraci-née dans l'âme humaine, fait de l'homme un être endépendance perpétuelle de l'amour divin.

A côté du royal privilège de revêtir l'image deDieu, le couple reçoit encore, par la fécondité, lamerveilleuse bénédiction de transmettre cette révé-lation divine dans les générations suivantes. Avecla faculté de donner la vie, les parents reçoiventpour mission d'exprimer l'amour de Dieu pour lavie de leurs enfants.

La mère et le père sont donc deux serviteursappelés à exprimer temporairement le capitald'amour que Dieu porte à l'enfant dès sa concep-tion.

Ce prodigieux plan de distribution d'amourdivin est intimement lié avec les besoins de l'hom-me. Nous trouvons dans l'être humain une archi-tecture affective reliée au plan de la famille et dela société.

* I Jean 4:8

Pour mesurer l'importance de l'affectivité chez les pri-mates, des scientifiques ont placé des bébés singes devantdeux cages, dans l'une on avait mis simplement de quoimanger, dans l'autre une fourrure animale sans rien à man-ger. Qu'ont-ils fait? Ils ont choisi la seconde et se sont blot-tis dans la fourrure en se laissant mourir de faim!Expérience terrible, mais combien éloquente. Car n'est-cepas dire que même l'animal préfère la mort à un manqueaffectif fondamental?

Voir aussi «Les frac-tures de l'âme»

p. 164, Dr FabriceDutot & Louise

Lambrichs, EditionsRobert Laffont,

1988.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

En schématisant, nous pouvons spécifier lestrois principaux «creux» affectifs, qui dans notreâme doivent être remplis par un ministèred'amour.

1. La mèreLe premier «lac affectif» de notre âme est tour-

né vers le capital d'amour de notre mère. Unemaman est capable d'exprimer une tendressefabuleuse. C'est elle qui, dans les premiers moisde notre vie, a le ministère d'abriter notre faibles-se et notre précarité. A ce propos, les chiffres dece qu'une mère accomplit jusqu'à ce que sonenfant ait vingt ans, sont parlants:

22 000 repas, dont plus de 2000 biberons;7000 changements de couches, sans parler desodeurs; environ 87 000 heures de tâches: lessive,repas, enseignement, etc., sans compter lesveilles, les soucis, les larmes et les dévouementsincalculables.

Par son dévouement, la mère apporte uneatmosphère de chaleur et de douceur indispen-sable à notre équilibre affectif.

L'enfant, qui profite de son amour, savoure unclimat d'attention et de sécurité. C'est encore ellequi nous apprendra à parler.

Par son ministère, la maman exprime l'atten-tion divine du «Dieu qui prend soin de sesenfants». Ainsi, dès les premiers temps de notrevie, elle déverse dans notre âme la révélation duDieu «El-Schadaï», le Dieu qui pourvoit (un dessens originels serait le «Dieu des mamelles»).

Comme l'expriment plusieurs textes bibliques,la tendresse maternelle tire son origine dansl'amour de Dieu:

Dans les premiersmois de sa vie, lebébé imagine que samère est une partiede lui-même.

C’est l’une des pre-mières révélationscommuniquées àAbraham.Voir Genèse 17:1

«Vous serez allaités, vous serez portés sur les bras etcaressés sur les genoux. Comme un homme que sa mèreconsole, ainsi je vous consolerai.»

(Esaïe 66:12)

Toute notre enfance sera grandement tributairede ce que notre maman apportera dans le creux quien nous aspire à son ministère.

2. Le père

Le deuxième «réservoir affectif» de notre âmedoit être comblé par notre père. Comme la femme,l'homme a reçu la vocation de transmettre à l'enfantun amour spécifique. Ces deux ministères ne sontpas interchangeables, quoi qu'en dise notre siècle.

C’est par exemple au père d’opérer la séparationentre l’enfant et la mère. Il va permettre à celui-cide quitter sa mère. Il est le premier personnageextérieur au couple mère-enfant. Au niveau sym-bolique il représente aussi la loi, et c’est à lui de latransmettre.

Si, dans les premiers mois de la vie, l'amourpaternel est un peu gauche, (c'est un père qui parle),au fil de la croissance de l'enfant, les occasions dedéverser de l'affection vont se multiplier.

Grâce à l'exercice du rôle paternel, l'enfantreçoit les fondements affectifs nécessaires à sacroissance:

– Sécurité, biens matériels, corrections, encoura-gements, instruction, responsabilités, sagesse,etc.

Ces signes d'amour vont apporter à sa vie leséléments indispensables à la construction et à l'épa-nouissement de son âme: confiance, équilibre,connaissances, sens des responsabilités, etc.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

La révélation ainsi communiquée est celled'«Adonaï-Roï», le Dieu berger. Un amour paternelde qualité trace dans l'enfant une rivière le prépa-rant à recevoir la révélation du Père Eternel.

«Comme un père a compassion de ses enfants, l'Eternel acompassion...»

(Psaume 103:13)

3. Les autres

Le troisième et dernier «lac affectif» s'ouvrevers les autres personnes que nous allons rencon-trer dans notre enfance.

La fratrie

Le lien non parental des frères, des sœurs et desautres personnes donne à notre entourage l'occa-sion de déverser un autre type d'affection.

Nos frères et sœurs sont les premiers égaux quenous rencontrons. Ils vont nous apprendre à agiravec nos semblables. Cet apprentissage est impor-tant. Suivant notre position au sein de la fratrie,nous pouvons développer des rôles spécifiques quinous accompagneront tout au long de notre vie.

Par exemple: on apprendra à être l'aîné ou lecadet... et on aura tendance à reproduire ce qu’onaura appris au niveau des relations sociales futures(amis, conjoints, collègues,..).

La société

Comme de nombreuses rivières, l'amour, appor-té par les «prochains» qui nous entourent, varépondre au besoin essentiel d'être aimé hors ducadre privilégié de la famille.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

C’est la révélationqu’exprime Daviddans le Psaume 23.1.

Par exemple:– égaux: amis, copains,...– figures d’autorité: enseignants, patron,

police,...– figures d’aide: médecins, conseillers,...

Cet amour social va permettre d'alimenter et defaire fructifier nos capacités relationnelles et com-municatives. L'image que nous nous ferons de nouset des autres va fortement dépendre de la manièredont les autres nous ont aimés et accueillis.

Les carences affectives

En prenant connaissance des besoins affectifsde l'homme, nous devons reconnaître que la réaliténe s'accorde plus au projet de Dieu. Un rapide exa-men autour de nous révèle le dramatique état affec-tif de notre humanité. Que dire des divorces, desmillions d'enfants non désirés, battus, orphelins,exploités, la foule des rejetés, méprisés?

Bref, toute la misère du monde avec son huma-nité mal aimée et aimant mal. Car si nous sommesbien mal aimés, c'est aussi un aveu que nousaimons bien mal!

Face au divin projet de l'amour des uns et desautres, le drame du péché de notre monde apparaîtdans toute son horreur.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Chaque année, notre monde compte environ:

– 200 millions de femmes battues

– 50 millions d'avortements

– 32 millions d'esclaves

– 800 000 meurtres (mafia)

– 400 000 suicides

A la place de déverser l'amour de Dieu autourd'elle, l'humanité laisse chacun dans une détresseaffective aux conséquences incalculables.

Ainsi, chacun de nous cache dans son âme desdéserts affectifs, trahissant l'amour qu'il n'a pas...

– reçu (entourage n'exprimant pas l'amour deDieu);

– accepté (révoltes, non-respect des parents);– donné (mauvaises attitudes, violence, haine,

indifférence, etc.).

Condamné à chercher

Comme l'estomac creux crie sa faim, cescontrées intérieures arides causent des souffrancesprofondes. Pour calmer les douleurs de son âme,l'homme doit rechercher les moyens de remplir ses«déserts d'amour». Ce besoin d'être rassasié déter-mine l'homme dans ses voies et influence incons-ciemment le déroulement de sa vie.

Celui qui n'a pas reçu la révélation de l'amouraccueillant de Dieu par le ministère d'une «mèreaimante» va rechercher la chaleur et la sécuritématernelles d'une manière inconsciente. Lorsque leministère paternel est inaccompli, ces carencesentraîneront la personne à rechercher les basesnécessaires pour bâtir son identité. Sur le planaffectif, elle restera un «enfant» affamé d'amour,un désert assoiffé.

Cette quête fondamentale va s'exprimer dans lavie par une poursuite effrénée d’autres sourcesaffectives. Remarquons en passant que la publicitéexploite souvent ce malaise profond pour suggérerque la solution du mal de vivre se trouve dans l'usa-ge des biens matériels: argent, nouveautés, confort,etc., d'où un matérialisme ravageur.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Dans cette prospection, l'orgueil force l'hommeà dissimuler les profondes aspirations de son âmesous de multiples formes.

La spirale familialeLa première conséquence néfaste de cette quête

est la déformation de la relation entre l'homme et lafemme. Chacun des conjoints cache au fond de sonâme le désir secret de trouver en l'autre un substitutde ce qui lui a manqué: recherche de l'amour pater-nel dans le mari, ou de tendresse maternelle chez lafemme.

Malheureusement, un couple bâti sur cesattentes est semblable à deux sangsues dans unbocal vide; la vie commune et les attentes affec-tives démesurées de chacun envers l’autre ne peu-vent qu'aboutir à de graves désillusions, voire uneséparation.

Si en plus, dans ce scénario, un ou plusieursenfants débarquent avec leurs légitimes attentes,les besoins d'amour vont aller en grandissant, aug-mentant la sécheresse affective. Au fil du temps,

une redoutable spirale vaforcément s'établir dans lafamille. Comme les besoinsaffectifs des enfants ne sontpas comblés, les carencesd'amour vont se perpétuer ets'amplifier au fil des généra-tions.

Ainsi, même si lescarences affectives partici-pent grandement à la forma-tion des couples modernes,elles ne sont pas des bases

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Si on a un problèmeAB, on va être attirépar le problème BA,

jusqu’à ce qu’ondécouvre que ce

n’est pas une solu-tion mais un problè-

me... Ainsi, ce quim’attire au début

chez mon conjointest peut-être ce que

je détesterai plustard.

solides pour construire une vie à deux, mais uncruel mécanisme menant à la déception.

Une vie infectée

A côté de leurs conséquences familiales, lesvides affectifs se répercutent dans de multiplesdomaines de la vie.

Par exemple, si l'enfant n'a vu dans les yeux deses parents qu'aversion et rejet, il ne peut se déve-lopper mentalement. Il va s'autodétruire pour réali-ser le vœu inexprimé de son entourage (toxicoma-nie, problèmes psychosomatiques ou toutes sortesde comportements suicidaires).

Souvent, la détresse intérieure liée au manqued’amour conduira l’enfant à se créer un mondeimaginaire dans lequel il pourra fuir tout à sa guise.Mais à la longue, cet univers accueillant et mal-léable devient très souvent une prison qui aggrave

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Carences et homosexualitéRemarquons aussi que l'homme qui cherche l'amour

d'un père ou la fille celui d'une mère peuvent aussiconfondre leurs attentes affectives avec leurs désirs amou-reux. L'homosexualité est donc fortement liée aux confu-sions et détresses affectives. Dans Romains 1:21-27, Paulfait état de cette décadence affective aboutissant à l'homo-sexualité, les hommes qui s'écartent du Dieu d'amour finis-sent, par un jeu de cascade, à s'enflammer sexuellementpour des «autres» de «même nature». Notons que cettedétresse intérieure poussant quelqu'un à l'homosexualitépeut être soit le fait d'un manque d'amour, soit une confu-sion dans l'exercice des ministères parentaux. Une mèrecherchant à exercer le ministère d'un père ou en exerçantune affectivité étouffante empêche ses enfants de vivre.Elle peut provoquer chez son fils une haine de la femme, cequi fait que son fils se tournera vers des hommes.

la solitude affective. Une autre façon de compenserles troubles affectifs se signale par des recherchespathétiques pour trouver un substitut à la sourcequi a manqué. Un des moyens de compensation estde cultiver de façon ambiguë les plaisirs.

Or, cette compensation peut devenir un sérieuxproblème, parce qu’elle ne comble pas le manque,mais qu’elle l’apaise (ou le masque) pour unmoment seulement. La compensation par le plaisirappelle la dépendance.

Le lien intime entre la douleur de l'âme et larecherche de plaisirs conduit régulièrement lesindividus dans des excès destructeurs: toxicoma-nie, alcoolisme, boulimie, sexualité débridée,recherche continuelle d'émotions, etc. Des substi-tuts qui deviennent vite de terribles prisons.

Par exemple: vous vous sentez mal aimée...vous mangez des douceurs. Quelques kilos caloriesplus tard, vous vous sentez encore moins aimée...Donc vous reprenez du chocolat... Esclavage unpeu humoristique mais qui peut être bien réel.L’un de mes amis connaissait une femme qui pen-dant sept ans a consommé plus d’un kilo de choco-lat par jour.

Briller et écraser

Pour d'autres, leurs «trucs» consistent à cher-cher les places dominantes. Ce désir de supériorité,qui s'exprime dans la vie sociale, cache un besoind'être reconnu et d'obtenir la considération desautres par des positions glorieuses. Cette course àla domination se fait au dépens des autres.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Cette recherche conduit souvent au mensonge, àla manipulation et à toutes sortes de magouillesmalhonnêtes. Comme cette soif de pouvoir ne peutse combler au travers de la situation sociale, cespersonnes ne sont jamais satisfaites de ce qu'ellesont. En voulant toujours davantage de gloire, ellesfinissent, soit par retomber de haut désabusées, soitpar se griller les ailes en recherchant des positionsbien supérieures à leurs réelles compétences. Ellespeuvent ainsi ruiner des entreprises.

Ce mirage éphémère attire malgré tout beau-coup de sportifs, d'artistes, de politiciens, de tra-vailleurs acharnés (parfois célèbres).

Dans cette course à la gloire, certains fontrecours à l’occultisme, qui offre l'illusion de pou-voir dominer les autres de façon surnaturelle. Ceuxqui se laissent attirer par ces pratiques livrent leurvie au diable. Leur condition ne fait qu'empirer!

AppelsUne manière détournée de rechercher la com-

passion et l’attention des autres peut se manifesterpar un chantage à l'amour, des tentatives de suici-de, ou des dévaluations fictives appelant une valo-

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Je veux être le pre-mier, le meilleur, leplus fort....

C'est le fameux prin-cipe de Peter: l'hom-me désire toujoursmonter plus haut, làmême où ses capa-cités lui ferontdéfaut.

risation: «Je suis si peu de chose». Ce qui veutdire: «Dites-moi que je suis précieuse». D'autrespersonnes rendent service constamment dans lebut caché de recevoir de l'attention au travers desremerciements...

Ce genre d'attitudes ne récolte souvent qu’unefade pitié incapable de nourrir l'aspiration del’âme.

Et d'autres choses...Il y aurait encore bien à écrire sur toutes les

voies subtiles inventées par l'homme pour répondreà son besoin d'affection. Depuis sa rupture d’avecDieu, le monde est le théâtre d'une quête violenteoù chacun cherche à obtenir les gouttes éparpilléesde l'amour.

Rappelons cependant cette règle:

Les moyens, pour combler par soi-même sesaspirations affectives, sont tous de mauvais che-mins.

Ils ne remplissent jamais les réservoirs assé-chés. De plus ces attitudes enferment souventl'homme dans une prison diabolique de péché etd'esclavage.

Pour revenir à notre image de l'arbre, nous pou-vons illustrer combien la carence du ministèred'amour prévu par Dieu a conduit notre vie dansdes déformations et des atteintes dramatiques denotre personne.

Bien qu'enracinés en Christ par notre cœur, lesappels continuels de notre âme sont comme deshémorragies épuisant le flux vivifiant qui devraitnous alimenter et nous donner la force d'aimer. Cescarences affectives profondes déforment notre vie.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Le chemin de la guérison

Devant un tel constat, il serait tentant d’accusernotre passé pour mieux excuser nos attitudes.Chacun de nous peut trouver dans ses parents oudans les personnes qu'il a rencontrées des respon-sables potentiels de son état. C'est souvent ce quel'on peut entendre: «Je suis comme cela parce quemon père, ma mère ou telle personne m'a faitcela...»

Ce genre de considérations ne change rien, caron ne peut ni revenir, ni agir sur le passé. De plus,ces paroles sont malheureusement souvent utili-sées pour justifier ses propres fautes.

Heureusement, malgré les ravages du péché,Dieu n'a pas abandonné les hommes à leur incapa-cité de distribuer son amour. Comme l'annonceEsaïe, la promesse d'un ministère d'amour étaitdepuis longtemps inscrite dans l'Histoire:

«L'Esprit du Seigneur, l'Eternel, est sur moi, car l'Eternelm'a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheu-reux; il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœurbrisé...»

(Luc 4:17-21)

La naissance de Jésus au sein de l'humanité apermis à Dieu d'accomplir un merveilleux dessein:répandre sa tendresse parmi les hommes:

«C'est mon fils bien-aimé en qui j'ai mis toute mon affec-tion.»

(Luc 3:22)

Ces paroles ne sont pas un bla-bla religieux,mais l'extraordinaire annonce qu'une nouvellesource d'amour et de guérison est désormais dispo-nible. Le ministère de Christ offre un moyen decombler les manques affectifs de notre âme.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Cette œuvre de restauration ne sera possible quesi nous sommes assez humbles pour reconnaîtrenotre besoin d'être remplis par la tendresse de Dieu.En nous ouvrant à son action vivifiante, nous luipermettons de rassasier nos besoins les plus pro-fonds.

Exemple biblique: rencontre avec Jésus

Pour découvrir la réponse que Jésus apporte auxbesoins affectifs de notre âme, nous prendrons lacélèbre rencontre de Jésus et Zachée:

«Jésus entra dans Jéricho et traversa la ville. Alors unhomme du nom de Zachée qui était chef des péagers et quiétait riche cherchait à voir qui était Jésus; mais il ne lepouvait pas, à cause de la foule, car il était de petite taille.Il courut en avant et monta sur un sycomore pour le voir,parce que Jésus devait passer par là. Lorsque Jésus futarrivé à cet endroit, il leva les yeux et lui dit: Zachée,hâte-toi de descendre; car il faut que je demeure aujour-d'hui dans ta maison. Zachée se hâta de descendre et lereçut avec joie. A cette vue, tous murmuraient et disaient:Il est allé loger chez un homme pécheur. Mais Zachée,debout devant le Seigneur, lui dit: Je donne aux pauvresla moitié de mes biens et si j'ai fait tort de quelque choseà quelqu'un, je lui rends le quadruple. Jésus lui dit:Aujourd'hui le salut est venu pour cette maison, parce quecelui-ci est aussi un fils d'Abraham. Car le fils de l'hommeest venu chercher et sauver ce qui était perdu.»

(Luc 19:1-10)

Comme le montre ce texte, l'âme de Zachéen'était pas rassasiée d'affection.

Les limitations dues à sa petite taille lui avaientcertainement déjà posé d'autres problèmes quecelui de ne pas voir Jésus. Comme c'était souvent lecas, ce handicap physique faisait sans doute de luiun être peu considéré par ses proches. A l'exemplede beaucoup de gens de petite taille, Zachée est un

homme débrouillard qui a appris à surmonter l'in-différence ou la moquerie des autres par toutessortes de trouvailles. La foule l'empêche de voir...il utilise un arbre! Ce geste pratique indique queZachée a développé des capacités pour trouver descompensations à chacun de ses problèmes.

Les compensations développées par Zachée:

Manques CompensationsPetite taille Arbre Dévalorisé Richesses (mal acquises)Pas considéré Chef (des voyous)Rejet des Juifs Collaboration (avec les Romains)

Face aux problèmes de cet homme, Jésus exer-ce une attitude de guérison et de restauration. A laplace d'enfermer une nouvelle fois Zachée dans unjugement destructeur, Jésus va agir sur les doulou-reux besoins affectifs cachés en lui.

Il est petit: Jésus le voit.Il est pécheur: Jésus, le Saint, l'appelle.Il est déconsidéré: Jésus vient vers lui.Il prend aux autres: Jésus lui demande l’hospitalité.Il est rejeté: Jésus entre et mange chez lui.

Ainsi, avec toute la douceur de sa tendressedivine, Jésus développe avec Zachée une relationde guérison et de restauration de son âme. Le résul-tat rapporté dans le dernier verset est démonstratifde l'action secrète qui s'est opérée dans l'être deZachée. De voleur et exploiteur, il devient capabled'exprimer de l'amour pour son prochain.

Cette histoire bien connue nous montre combienla santé de notre âme conditionne notre capacitéd'aimer. Une carence affective peut m'entraîner

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

dans un système de compensations subtiles m'en-fonçant toujours plus dans une solitude loin deDieu et des autres. Alors que l'entourage de Zachées'était contenté de mettre à l'index ses péchés, Jésusva répondre à l'infernale spirale de la compensationen guérissant les causes affectives du problème.

Cette attitude de Jésus devant un pécheur nousinvite à une espérance confiante dans la restaura-tion de notre vie. Jésus ne me guérit pas par le canalde la violence ou du jugement, mais par son amourpour moi. De cette manière, sa présence et sonministère comblent les manques intérieurs de mavie. Cette œuvre n'est possible que si je suis uni àlui par la conversion de mon cœur.

Dans la Bible, le prophète Ezéchiel a une mer-veilleuse vision*, le nouveau temple placé dans lacapitale, Jérusalem, laisse échapper une sourced'eau vivifiante. Cette eau descend les montagneset finit par se déverser dans l'eau amère et empoi-sonnée de la mer Morte. A ce contact, l’eau vivi-fiante opère une purification. L'endroit désolé decette région reprend vie et des arbres commencentà porter du fruit.

Cette vision est une précieuse illustration de ceque Dieu peut accomplir lorsqu'il est placé aucentre d'un pays et bien sûr d’une vie humaine.

En donnant à Dieu l'occasion d'être au centre denotre identité, nous avons le privilège d'accueillirla seule personne capable d'apporter une bénédic-tion à notre identité intérieure. Par son Esprit, Dieupeut déverser une eau vivante dans notre être etguérir notre identité intérieure. Cette puissance devie agissante en nous, permet de nous épanouir etde réparer les parties de notre identité. Cette restau-

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

*Ezéchiel 47:1-12

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

ration donne la possibilité d'exprimer des capacitésnouvelles, et surtout d'avoir une identité sécuriséeet comblée par la présence de l'amour de Dieu.

L'étude des vides affectifs que nous venonsd'aborder vous permet peut-être de prendreconscience de l'existence d'attitudes de compensa-tions. Si tel est le cas, il est important de vousouvrir dès maintenant à l'œuvre de restauration deJésus-Christ.

L'Esprit de Dieu désire restaurer et guérir. Celadoit nous entraîner à mettre Dieu au centre de notreidentité et à lui ouvrir les zones empoisonnées etstériles: haine, crainte, amertume, etc. Dans la priè-re, il peut être très précieux d'invoquer la présenceet l'amour de Dieu sur ces parties de nous-mêmes.Cette démarche peut, par exemple, se vivre dansdes petits groupes de prières en partageant éven-tuellement ce que vous avez indiqué sur votrecarte, ou selon la démarche suivante:

La restauration denotre âme est aussila seule forcecapable de changerréellement notreregard sur les per-sonnes qui nousentourent, de maniè-re à les accueillir etde les bénir mêmelorsqu’elles ont desattitudes haïssables.

Démarche: un chemin de guérison

Pour entrer concrètement dans ce chemin de restaura-tion, il peut être utile de faire un bilan des conséquencesque nos carences affectives ont engendrées dans notre vie.Il ne s'agit pas de nous disséquer nous-mêmes, mais derépandre devant Dieu l'état de notre cœur. A cette fin vouspouvez inscrire sur une feuille les trois sources affectivesque nous avons abordées:

Ma mère / Mon père / Les autres

Sous chacun de ces titres notez:

a) Les marques d'amour que vous avez reçues

Prise en charge, douceur, dons, paroles, amitié, affec-tion, bonté, etc.

(Suite: page suivante)

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

b) Les signes d'amour qui vous ont manqué

Présence, assistance, tendresse, encouragements,paroles, etc.

c) Les attitudes qui vous ont profondément blessés

Rejet, mépris, moqueries, injustices, violences dontvous avez été l'objet, etc.

Ensuite, devant ces listes:

1. Remerciez Dieu de l'amour que vos parents et votreentourage vous ont donné. C'est une très bonne occa-sion de prendre conscience de ce que vous avez reçu deDieu au travers des autres.

2. Dévoilez devant Dieu les aspirations profondesd'amour qui habitent votre cœur. Demandez à Dieuune révélation de son cœur de Père pour connaître lachaleur aimante de son amour et sa tendresse.

3. Présentez aussi à Dieu les fausses attitudes que vousavez développées face aux autres (orgueil, jalousie,désir de manipulation, indifférence, etc.); reconnaissezdans la prière vos propres péchés. L'humilité est une clépour la guérison de nos blessures (l'endurcissement enest le verrou). Si vous avez de la haine ou du ressenti-ment contre quelqu'un: PARDONNEZ! Même si lessentiments n'arrivent pas à suivre cette décision, le par-don, qui est un acte de foi, libère spirituellement et por-tera des fruits à long terme.

4. Proclamez avec foi l'amour de Christ sur les pagesdouloureuses de votre passé en étant le plus précis pos-sible sur les événements et les personnes. Par exemple:«Seigneur, je proclame ton œuvre d'amour sur ce que Xm'a fait tel jour...»

5. Restez dans une attitude confiante envers les besoinsprofonds de votre être, car Dieu seul est capable devous donner par son Esprit l'amour qui vous manque.Regardez donc à son amour manifesté en Jésus-Christ.

Et pour finir:

6. Donnez de l'amour aux autres. Car l'amour, cette divi-ne denrée, se multiplie lorsqu'on le... donne.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Guérir de la haine et de l’amertume

Parmi les différents symptômes trahissant desaltérations de notre âme, j'ai volontairement mis decôté la question des haines et de l'amertume qui trou-blent nos relations. Ces manifestations méritent d'êtreabordées dans un chapitre spécifique.

Une attitude de haine ou de rancune contre quel-qu'un n'est évidemment pas le support idéal pourexprimer l'amour de Dieu envers tous nos proches.Le fait que ces ressentiments ne touchent qu'une par-tie de nos relations nous entraîne à nous poser laquestion suivante:

Pourquoi les personnes que nous rencontronsproduisent en nous des réactions si diverses?

Chacun en a fait l'expérience: telle personne attireimmédiatement notre sympathie, nous la trouvonsattachante et sa compagnie nous est agréable et nousn'avons aucune difficulté à vivre en relation avec elle.

D'autres, par contre, nous déplaisent dès le pre-mier contact, quelque chose qui, en eux, nous sembleantipathique... quand ce n'est pas carrément haïs-sable!

Comme cela n'est pas très positif de notre part,nous justifions rapidement cette antipathie en recher-chant chez cette personne des défauts susceptibles dejustifier notre attitude.

Les défauts découverts, nous voici tranquillisés.Cette personne mérite bien notre désapprobation.Ainsi, sauf bouleversement salutaire, la relation finitirrémédiablement par se briser.

Pourtant, la plupart du temps, nous devons recon-naître que les causes que nous invoquons ne sont pasles vraies raisons de cette aversion.

Car, dès le premier contact, c'est un peu comme sien nous la haine ou l'amour avait déjà fait un choix.

Mais alors quelles en sont les origines?

Emotions et souvenirs de notre âme

L'espace-temps

Pour comprendre la raison des sentiments parfoiscontradictoires qui jaillissent de notre âme, nousdevons tenir compte d'un facteur fortement impliquédans la construction de notre personnalité: le temps.

A la naissance, notre cerveau, quatre fois pluspetit que celui d'un adulte, contient la quasi-totalitéde ses neurones. Son architecture interne formeencore une ébauche immature. Peu à peu, au fil dutemps et des expériences, le cerveau établit de nou-velles connexions neuronales dans le cortex. Cettematuration active se poursuit jusqu'à l'âge de dix ansenviron*. Pendant cette période de croissance, l'es-pace psychologique de notre âme est comme unepâte malléable.

Au fil des jours, les influences extérieures for-ment progressivement les structurations cognitives,affectives et relationnelles.

Pour accomplir la maturation de notre identité,notre âme abrite un système complexe de mémorisa-tion et d'assimilation.

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* Ces découvertes

récentes s'accordentavec la donnée juivede considérer le pas-sage à la vie adulte à

l'âge de douze ans.

Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Dans le creuset de nos souvenirs, les émotionsvont jouer un rôle méconnu et pourtant déterminant.Comme des burins gravant la matière de notre âme,ils tracent dans notre histoire psychologique l'em-preinte de nos souvenirs.

Suivant nos expériences émotionnelles, la matiè-re de notre âme se solidifiera sur un bon ou un mau-vais souvenir. Par la suite, il sera très difficile de cor-riger le message inscrit profondément dans notrepersonnalité.

Ce processus est facilement observable à traversles peurs enfantines qui signalent telle ou tellemauvaise expérience*. Les exemples de ces peursirraisonnées (chiens, eau, feu, nuit, claustrophobie,etc.) qui troublent la vie de bien des adultes, nemanquent malheureusement pas.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Les émotionssont des états affec-tifs liés à une stimu-lation extérieure.

Les sentimentssont des états affec-tifs stables, persis-tants en l’absence detoute stimulationextérieure.

* Précisons aussi queles peurs sont conta-gieuses. Chez l'en-fant, elles peuventêtre transmises parles parents, car l'en-fant est très per-méable aux crainteset aux angoisses deceux qu'il prendcomme appui.

Les peurs

Par sa dimension émotionnelle, une peur, aussi intensesoit-elle, ne peut durer éternellement, au bout d'un certaintemps l'organisme finit par s'habituer et atténue la pressionémotionnelle à un niveau acceptable. Cette faculté d'adap-tation permet aux hommes d'accepter progressivement descontraintes émotionnelles: vertige, sentiment de vitesse,etc.

Pour mettre en échec ce mécanisme, il suffit de fairevarier l'intensité de l'émotion. Les émotions qui ne peuventpas trouver leur point d'équilibre ne diminueront pas. (Ceprincipe est la clé de l'art dramatique qui alterne lesmoments de calme et d'intensité pour donner davantaged'impression.)

Le fonctionnement de ces mécanismes permet de com-prendre le chemin à suivre pour résoudre les peurs irraison-nées qui nous habitent. Pour guérir des dérèglements de

(Suite: page suivante)

Ces émotions incontrôlables trahissent qu'un«message» est enraciné profondément dans notreâme. C'est pourquoi, il est difficile de modifier uncomportement humain par des raisonnementsquand la cause s'inscrit dans les couches incons-cientes de son être.

Les relations

Avec leurs composantes psychologiques, lesrelations humaines sont interdépendantes des expé-riences émotionnelles que nous avons vécues, enparticulier dans notre enfance. Suivant notre vécu,

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

«L'amour parfaitbannit la crainte.»

(I Jean 4:18)

notre système émotionnel, nous devons nous habituer pro-gressivement à la sensation tant redoutée. Pratiquement,cela signifie affronter ce qui nous fait... peur justement!Dans ce parcours, ô combien inconfortable, nos émotionsvont être progressivement contraintes d'accepter la traver-sée du mur de la peur. Cette traversée est indispensablepour contrôler les émotions désordonnées. Par contre, sinous cédons à la peur, nous lui donnons une part encoreplus grande dans notre vie.

Pour vivre un tel cheminement, il est bien sûr préférabled'être accompagné par quelqu'un... qui n'ait pas peur!

les relations s'inscriront comme positives ou néga-tives selon les axes émotionnels radicalementopposés de peur ou de paix.

Une relation qui génère une crainte, une honteou un sentiment de rejet, se développe dans un sen-timent de peur et laissera une marque négative dansnotre âme.

Une relation aimante, vécue dans une atmosphè-re d'accueil et de sécurité, génère un sentiment depaix et s'inscrira comme un souvenir positif.

Avec ce mode d'inscription des bonnes et mau-vaises expériences, notre âme fait le travail d'unformidable ordinateur gardant en mémoire lesexpériences vécues avec les personnes qui nous ontcôtoyés depuis notre naissance.

Ces «dossiers secrets», soigneusement tenus àjour par nos sentiments, abritent les souvenirs del'amour ou de la haine dont nous avons été l'objet.

Dans l'élabora-tion de ces fiches,notre âme est parti-culièrement sen-sible aux événe-ments qui, en plusde ne pas remplirnotre attente affec-tive, ont créé deprofondes bles-sures: injustices,moqueries, vio-lences, indifféren-ce, etc.

Ces souvenirs douloureux sont prêts à se réveillersubitement devant une personne ayant des ressem-blances avec le responsable de cette souffrance.

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Souvent, nous n'avons plus de souvenirsconscients de ces événements. Cependant, ils sontsoigneusement conservés dans notre âme.

Les allergies relationnelles

Dans chaque groupe humain, ces souvenirsinconscients jouent un rôle pernicieux en induisantde grands problèmes relationnels entre les per-sonnes.

L'attitude de haine que certains jeunes et moinsjeunes ont envers la police est un exemple révélateurde l'effet sur la société de ces «souvenirs». Commela police représente l'autorité, elle est une cible idéa-le des reproches inconscients que nous avons amas-sés en étant sous la tutelle d'une autorité: famille,étude, église, etc. Dans le cas où l'autorité paternelles'est montrée uniquement sous un visage de répres-sion sans amour, son impact va automatiquement sereporter dans notre âme en établissant la malheureu-se relation «autorité = répression». Cette équationinexacte va polluer toutes les relations d'autorité. Surle plan social, ces fausses images de l'autorité sontresponsables de nombreux conflits impossibles àrésoudre.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Des réactions émo-tionnelles condition-nées par la peur trou-

blent nos facultésrelationnelles.

Comme dans lesprocessus d'allergies,notre âme interprète

l'attitude de l'autrecomme une menace

et lance des réponsesdémesurées.

Ainsi, beaucoup de personnes, désirant pourtantvivre des relations d'amour, se battent contre dessentiments d'amertume, de vengeance ou de haine.Malheureusement, elles ne comprennent pas que cessentiments sont en relation avec des événementsécrits profondément dans leur âme. C'est pourquoi lecombat qu'elles mènent est perdu d’avance, carmême si elles le désirent, elles n'ont pas la force defaire tarir la source des sentiments qui les habitent.

La restauration des souvenirs de l'âmeFace à ce problème, il est évident que le fait d'ai-

mer son prochain ne peut pas se faire par unesimple démarche intellectuelle, car, pour s'expri-mer dans les relations communautaires, une actionspécifique de guérison et de restauration doitd'abord se faire au tréfonds de notre âme. Pour per-mettre à Dieu d'agir, deux clés sont nécessaires. Lapremière consiste à regarder en face les sentimentsréels que nous avons pour ceux qui nous entourent.

Même s'il est difficile pour notre image demarque de l'admettre, nous devons avouer à Dieules sentiments négatifs que nous avons envers telleou telle personne. De cette manière, même si nousne sommes pas encore dans une attitude d'amour,nous avons quand même progressé en étanthumbles devant Dieu. La vraie humilité consiste àreconnaître ce que nous sommes, et cela particuliè-rement quand nous sommes hors du plan de Dieu.

Malheureusement, beaucoup de personnes res-tent bloquées sur cette étape, car, voulant sauver laface, elles portent un masque souriant, alors queleurs sentiments sont remplis d'amertume. Si seule-ment elles savaient combien il est libérateur de direà Dieu: «Seigneur, je suis esclave de ma haine...»

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

«Ô Dieu! Fais-moigrâce selon ta bien-veillance, selon tagrande compassion,efface mes crimes,lave-moi complète-ment de ma faute etpurifie-moi de monpéché, car je recon-nais mes crimes.»(Psaume 51:1-5)

La suite du chemin de la restauration de nosrelations concerne toutes ces «fiches» établies aufond de notre âme. Comment transformer les senti-ments laissés par les événements de notre passé?Bien sûr, cela est impossible à l'homme, seul le tra-vail de l'Esprit de Dieu peut l'accomplir.Néanmoins, pour permettre ce miracle, il estimportant de comprendre comment ces souvenirsnauséabonds peuvent être transformés.

Parmi tous les sentiments gardés en mémoire,ceux générés par les injustices que nous avonsvécues sont les plus tenaces. Un enfant maltraité,rejeté, violenté ou traité injustement par son entou-rage gardera au fond de lui une blessure profonde,qui cherchera à s'exprimer par une légitime révoltecontre ceux qui l'ont fait souffrir.

Ce désir de justice est tout à fait compréhen-sible, c'est la loi du Talion; œil pour œil, dent pourdent, qui crie au fond de son cœur et distille dessentiments agressifs de révolte.

Mais l'application absolue de la loi du Talionconduirait l'humanité à la mort. Car les hommesseraient incapables de payer les conséquences deleurs mauvaises actions!

La croix dans l'âme

Si, comme chrétiens, nous connaissons bienl'œuvre que Christ a accomplie en nous libérant dela loi de Moïse, nous ignorons souvent que cetteœuvre s'applique aussi à la loi intérieure gravéedans notre âme. Ainsi, à la loi de justice qui crie de«rendre le mal pour le mal», Christ a répondu enapportant une loi de grâce et de pardon*.

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

* Voir par exempleMatthieu 18:21-35

Ainsi, au lieu de reporter continuellement mesrancunes sur ceux qui m'ont fait du mal, Jésusm'offre de prendre lui-même la place du fautif.Ainsi, bien qu'il ne soit pas responsable du mal quim'a été fait, Jésus accepte de porter ce mal sur lui.

Cette œuvre de la croix, dans laquelle mon cœurs'enracine, peut faire une œuvre merveilleuse dansmon âme.

Seule cette source rend le pardon possible. Je nepardonne pas parce que je considère que l'injusticen'est pas si grave que ça, mais je pardonne parceque Christ porte cette injustice.

D'une manière pratique, cela veut dire queChrist accepte que je déverse sur lui mes ressenti-ments et mes amertumes. A la lumière, bien sûr, deson œuvre sur la croix.

Un tel amour est désarmant... et si nous le com-prenons, il nous désarme de toutes rancunes oudésirs de vengeance envers les autres.

«Chassez loin de vous tout sentiment amer, toute irrita-tion, toute colère. Eliminez les cris et les insultes.Abstenez-vous de toute forme de méchanceté. Soyez, aucontraire, bons et pleins d'affection les uns pour lesautres; pardonnez-vous réciproquement, comme Dieuvous a pardonné en Christ.»

(Ephésiens 4:31-32)

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L’âme Comment bien gérer son capital de vie?

Démarche «âme et ressentiments»

Un groupe de prières est un lieu privilégié pour vivre laguérison de nos sentiments. Cette démarche doit se vivredans un climat d'amour où chacun s'engage à ne pas jugerl'autre, mais à l'entourer de la grâce de Christ.

Voici quelques conseils pour aborder ce thème:

(Suite: page suivante)

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Comment bien gérer son capital de vie? L’âme

Après avoir partagé les éléments de ce chapitre, expli-quez les difficultés relationnelles que vous vivez (en parti-culier les plus tenaces).

Quelles sont les personnes qui vous irritent? Et pour-quoi?

Ces personnes évoquent-elles des situations que vousavez déjà vécues?

Après ces partages, prenez un bon temps de prière pourchaque problème soulevé. En priant pour une personne dugroupe, soyez attentifs à ce qu'elle vit dans son âme: bles-sures, désir de vengeance, rancune. Demandez à Dieu dediscerner les causes de ces sentiments et encouragez-la àdéverser sans honte ses sentiments devant Jésus-Christ.

Ce temps de prière devrait aboutir à la décision de par-donner. Même si les sentiments de haine sont encore là, lepardon, qui est un acte de foi, peut être donné. La décisiond'accorder un pardon est comme un feu vert à l'interventionde Dieu, les fruits de cet acte ne sauraient tarder.

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

4. Bien gérer... La pensée

«Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur! Eprouve-moi,et connais mes pensées!»

(Psaume 139:23)

L'importance de la pensée

Après notre exploration dans le monde de notreâme, le commandement nous invite à entrer dansl'univers stratégique de nos pensées. Si l'amours'échoue dans mes pensées, il n'aura aucune empri-se sur la réalité et restera stérile.

Dans l'image de l'arbre, la pensée s'associe auxbranches maîtresses qui permettent à l'arbre de sedévelopper et d'occuper un espace. Dans notre vie,la charpente de notre pensée est le prolongementdes valeurs de notre âme et de la vie spirituelle denotre cœur. Jusqu'à ce niveau de notre vie, nousvoyagions dans des zones intuitives, émotion-nelles et inconscientes de notre être.

Avec la pensée, nous émergeons dans une par-tie de notre personnalité plus facilement obser-vable. Ainsi, la pensée permet aux éléments, quisont nés dans l’âme, de s’exprimer consciemment:les fruits de l'imagination deviennent créativité,les rêves et émotions se muent en ambitions, les

«Tu sais quand jem'assieds et quandje me lève, tupénètres de loin mapensée»(Psaume 139: )

passions affectives se transforment en valeurs eten choix.

Nos pensées abritent donc un extraordinairelaboratoire pour concrétiser l'amour dans la réalitéde notre vie. La qualité de notre pensée est la mesu-re de sagesse qui engage notre orientation de vie.

Test: les valeurs de ma pensée

Avant d'aller plus loin dans la découverte desmécanismes de notre pensée, prenons la peine dedécouvrir les développements de nos raisonne-ments par un petit test. Soyez honnête et ne donnezpas des réponses trop spirituelles ou inspirées parce qu'il est bienséant de dire. Que pensez-vous réel-lement?

1. Imaginez qu'une fée s'approche de vous. Ellevous propose de réaliser trois souhaits qui vousconcernent personnellement. Que demandezvous?

2. La région où vous habitez va être contaminéepar un nuage radioactif mortel. Le pilote de l'hé-licoptère qui vient vous sauver ne vous laisseprendre que trois choses. Que prenez-vous?

3. Un médecin vient de vous examiner et vousannonce que vous êtes atteint d'une grave mala-die. Il vous propose trois traitements:a) le premier vous apportera une excellentesanté, mais pour seulement une année;b) le deuxième vous conduira dans une chaiseroulante, et vous vivrez dix ans; c) le troisième vous obligera à rester couché etparalysé, mais vous vivrez plus de vingt-cinqans.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

Cette proposition dela fée peut s’appa-renter à la proposi-tion beaucoup plus

sérieuse de Dieulorsqu’il dit à

Salomon: «Demandemoi ce que tu

veux...». (I Rois 3:4)

Que choisissez-vous, et que ferez-vous de votrevie dans la période qu’il vous reste à vivre?

Ces questions mettent un peu à l'épreuve notremanière de penser notre vie. Les réponses diverseset parfois contradictoires que nous donnons, reflè-tent, en partie, les valeurs qui nous habitent.Prendre la peine de s'interroger sur notre façon defixer les priorités est important: cela nous permetde sonder la «philosophie réelle» qui nous habite etaussi de découvrir combien notre pensée estinfluencée par la culture qui nous environne.

Un capital convoité

La puissance de la pensée a de tout temps susci-té la convoitise des hommes. Les progrès et lesinventions capables de bouleverser les meilleurs et

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

Les types de pensées

Il existe beaucoup de classifications des pensées. Onpeut distinguer:

– les processus de pensée (ex.: les pensées qui donnentune cohérence à un rêve);

– les instruments de pensée (ex.: les déductionslogiques);

– les produits de la pensée (ex.: les idées, les plans).

On peut également différencier ce que W. Bion (psy-chologue français contemporain) appelle un «appareil àpenser» et les «pensées». C’est la distinction entre l’instru-ment qui élabore les pensées et les pensées en tant quetelles. Lorsque nous estimons «penser» de manière«neutre», objective, nous pensons en réalité avec un instru-ment psychique. Ainsi cet appareil peut fonctionner plus oumoins bien. Cela est important, car comme notre psychis-me est subjectif, nos pensées le sont aussi.

les pires destins ne sont-ils pas issus directementdu prodigieux creuset des raisonnements? Sanscompter que les individus dotés d'une pensée biennourrie et habile ont toujours eu le droit aux hon-neurs et aux pouvoirs!

Il n'en fallait pas plus pour qu'une multituded'hommes et de femmes s'engagent corps et âme àvénérer la raison. Cette longue cohorte de penseursconquis par leur univers quantifiable eurent mêmel'audace de réduire l'existence de l'homme à cettepartie d'eux-mêmes. Le fameux «Je pense, donc jesuis» de Descartes, qui honorait ainsi son métier depenseur, illustre parfaitement l'insolente prétentiondes raisonnements sur les autres dimensions del'homme. En divinisant la pensée, le monde moder-ne s'est taillé un visage cruel et avilissant.

Les valeurs affectives sont asservies par l'ex-ploitation des richesses. L'économie s'accaparesans vergogne de l'environnement, des biens et destemps. Sans parler de la cynique arrogance de lapensée sur toutes les valeurs spirituelles.

Le contre-courant

Cette mainmise de la pensée sur les autres par-ties de l'homme renverse subtilement l'ordre établipar Dieu. A la place d'être une servante docile de laréalisation de l'amour, la pensée cherche à rempla-cer les racines de notre cœur.

Cette révolution intérieure renverse le justemouvement d'alimentation établi par Dieu. Danscette nouvelle situation, l'homme utilise ses pen-sées et celles de son entourage pour combler sonbesoin d'amour (voir chapitre précédent).

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

C'est le processus de l'aspirateur; la dépressioninévitable du cœur entraîne une dépression auniveau de l'âme, qui prolonge cette carence dans lasphère consciente de la pensée. En arrivant à cet«étage», ce besoin encore caché va commencer à seformuler dans nos raisonnements.

Comme le monde de la pensée est pris en sand-wich entre les désirs psychologiques de l'âme et lepotentiel des forces, la pensée de l'homme va s'or-ganiser de manière à nourrir les aspirations inté-rieures de son être.

Servante dans le projet initial de Dieu, la penséecherche ainsi à devenir la maîtresse dirigeant leschoix essentiels de l'homme.

Ainsi, en utilisant ces ressources extérieurespour survivre sans le Saint-Esprit, l'homme seconstruit intérieurement selon un schéma inverse àcelui que Dieu a inscrit en lui.

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

Dans cette situation, toute la sphère de notreâme est troublée par les messages que la penséeinjecte en nous.

A la place d'être nourris par l'amour divin, nossentiments et nos émotions sont prisonniers de nosraisonnements.

Ce processus est tellement fréquent qu'il noussemble naturel. Par exemple, si quelqu'un nousinsulte, nous dévalorise ou nous dit que noussommes nul, nos pensées vont probablementenvoyer ces messages dans notre identité profonde.Ce contenu destructeur va ainsi creuser des fossesqui pourront facilement nous faire sombrer dans ledécouragement et la dépression.

Avec le temps, de tels messages peuvent défor-mer profondément notre manière de vivre et nousdonner une image faussée de la réalité. Dans ce cas,notre pensée est à son tour alimentée par des senti-ments néfastes. Une spirale se met en place.

La personne va alors interpréter sa vie au traversde l'image que lui renvoient ses pensées. Ces «mes-sages», une fois assimilés, deviennent des sortes decadres de références qui orientent la manière decomprendre le monde et les autres.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

Par exemple, Dieu a des chouchous, je suis tropmauvais, les autres essaient toujours de profiter demoi,...

En fait, on ne peut plus se distancer de ces pen-sées, car il n’y a aucun autre cadre de référence.

Cette manière de vivre nous conduit à voir laréalité à travers des lunettes; en conséquence, lesévénements vont toujours correspondre à notrepropre schéma intérieur.

Dans la vie d'un chrétien, un tel processusentraîne un tiraillement entre le message de l'amourde Dieu donné dans notre cœur par l'Esprit, et lemessage de notre pensée.

Il en résulte un équilibre instable qui oscilleconstamment entre ce qui vient de Dieu et ce quivient du monde. Ce genre de perturbation est faci-lement observable dans les conflits que nous pou-vons vivre avec nous-mêmes: culpabilité, dévalori-sation, non-acceptation de soi, alors même que lemessage de l'Evangile nous valorise.

Les différences entre les ambitions de la penséeet du cœur provoquent un déchirement intérieurtoujours difficile à vivre.

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

Lorsque la pensée de l'homme occupe une posi-tion maîtresse, elle devient rapidement tyranniqueet cherche à éteindre toute prétention d'autorité duSaint-Esprit qui pourrait la détrôner.

Inutile de préciser que ce renversement dansl'ordre établi par Dieu est une large brèche ouvertepour Satan. L'exemple le plus démonstratif de cettepernicieuse influence est une des rencontres quel'apôtre Pierre a vécue avec Jésus dans son chemi-nement de disciple.

Rencontre avec Jésus

Dans Matthieu 16, Pierre vient d'affirmer haut etfort que Jésus est le Christ, le fils du Dieu vivant.Cette révélation extraordinaire lui est donnée direc-tement par le Père céleste. A cet instant, la penséede Pierre semble particulièrement sensible àl'Esprit. Pourtant, lorsque Jésus annonce ses pro-chaines souffrances, sa mort et sa résurrection,Pierre ne manque pas de réagir avec fougue.

«A Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t'arrivera pas.»(Matthieu 16:22)

A cet instant, Pierre est persuadé d'être dans lavérité divine, alors que les paroles de Jésus lui sem-blent à côté du plan de Dieu. Le réveil sera brutalet... renversant.

«Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre: Arrière de moi,Satan! Tu m'es en scandale; car tes pensées ne sont pasles pensées de Dieu, mais celles des hommes.»

(Matthieu 16:22-23)

En étudiant comment Pierre s'est laissé pénétrerpar un faux raisonnement, nous remarquons avecétonnement que l'argument central utilisé parPierre pour «gronder» Jésus est d'invoquer le nom

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

de Dieu: «A Dieu ne plaise!». Les faux raisonne-ments les plus subtils se cachent donc parfois sousle couvert d'une apparence divine. L'histoire del'Eglise offre malheureusement une tragiquedémonstration de cette réalité: les refus de la volon-té de Dieu se sont souvent cachés derrière une soi-disant défense des «intérêts de Dieu». Ainsi a-t-onjugé, persécuté, torturé et tué ceux qui apportaientla vérité. Cette destruction sournoise de l'Eglise parl'«Eglise» n'est malheureusement pas révolue.

Dans chaque siècle, des mensonges diaboliquesont été propagés afin d'écarter les hommes de lavérité. Aujourd'hui, alors que les moyens de com-munications modernes offrent la possibilité de tou-cher de très nombreuses populations, Satan utiliselui aussi ces canaux pour répandre sa séductiondans la conscience des hommes.

L'enjeu est de taille, car sans le contre-poison del'Evangile, la pensée largement ouverte à l'influen-ce de Satan contamine les raisonnements. Cettesource diabolique engendre des modes de viecruels et idolâtres.

Paul, conscient de l'évolution de l'humanité,annonçait à Timothée qu'il viendra un temps où leshommes ayant la démangeaison d'entendre deschoses agréables se donneront une foule de doc-teurs (II Timothée 4:3).

L'expérience vécue par Pierre est aussi une pré-cieuse mise en garde. Même le plus actif et le plusinspiré des croyants n'est pas à l'abri d'une séduc-tion de sa pensée. Avec la même tactique que celleemployée dans le jardin d'Eden, Satan cherche àcultiver un chemin de séduction dans l'homme quiaime Dieu. Malgré ma vie nouvelle en Christ et ma

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

«L'Eternel vit que laméchanceté deshommes était grandesur la terre, et quetoutes les pensées deleur cœur se por-taient chaque jouruniquement vers lemal.»(Genèse 6:5)

«... Ce qui est bon, jele sais, n'habite pasen moi, c'est-à-diredans ma chair: j'aila volonté mais nonle pouvoir de faire lebien... Je ne fais pasle bien que je veux,et je fais le mal queje ne veux pas... Jevois dans mesmembres une autreloi qui lutte contre laloi de mon entende-ment et qui me rendcaptif de la loi dupéché qui est dansmes membres.Misérable que jesuis!...» (Romains 7:18,19a, 23)

connaissance de sa volonté, c'est comme le fossiled'une autre mentalité qui s'oppose à mon désir desuivre l'Esprit.

Le bon choix

La clé de ma croissance dépend donc de l'auto-rité qui va diriger mes ambitions, mes valeurs etmes raisonnements:

– soit je me soumets à la tyrannie des penséescharnelles qui m'entraînent à céder à la convoi-tise: je vis donc pour et selon le mode du monde;

– soit je laisse le Saint-Esprit exercer sa légitimeautorité dans ma vie afin de détruire les men-songes de Satan. Dans ce cas, mes raisonne-ments deviennent des instruments au service dela volonté Dieu.

Ces éléments peuvent sembler théoriques. Enréalité, ils concernent notre vie quotidienne. Notrecroissance avec Dieu est intimement dépendante dela position hiérarchique de notre pensée.

Pour ma part, j'ai dans mon expérience de viechrétienne quelques cuisants exemples où, de toutebonne foi et avec conviction, j'ai exprimé des pen-sées qui me semblaient justes pour découvrir fina-lement que je m'étais égaré. Mes arguments meparaissaient bons et cohérents, mais ils n'étaientpas ceux de Dieu. En fait, bien qu'il soit difficile del'admettre, Satan cherchait à m'utiliser pour cor-rompre la vérité. Découvrir que nous pouvons êtreun mauvais canal n'est bien sûr pas très glorieuxpour notre image de marque. Par orgueil et pré-somption, la tentation est grande de prendre nospensées pour les pensées de Dieu et d'écarter touteremise en question.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

«Suivre les ten-dances de la chair

c'est la mort, tandisque suivre celles de

l'Esprit c'est la vie.»(Romains 8:5-6)

Une telle attitude est bien sûr très dangereuse etconduit parfois des serviteurs de Dieu à s'enfermerdans de faux raisonnements, dans le légalisme oudans des attitudes qui résistent à l'Esprit.

Rétablir la vérité

Il y a quelques semaines, je donnais des mes-sages d'édification dans une petite ville de Suisse.Selon les chrétiens de cette région, leur ville étaitvraiment un lieu très difficile à évangéliser: «C'estdur, ici c'est très dur...» disaient-ils avec tout lepoids du fatalisme et du découragement. Cette pen-sée qui les habitait était en réalité une arme redou-table entre les mains de Satan qui pouvait désamor-cer ainsi les meilleurs projets d'évangélisation.Cette pensée devait être combattue, afin que leschrétiens découvrent les projets de Dieu pour leurville.

Comme le montre cet exemple, une petite penséepeut immobiliser de grandes forces dans l'Eglise.

Cela est aussi vrai des relations entre les com-munautés et les églises. Dans beaucoup de régions,les chrétiens gaspillent toute leur énergie à s'oppo-ser les uns aux autres par des critiques acerbes, desdénigrements, des rivalités et des rancunes. Cespensées qui nourrissent la haine entre les chrétiens(même avec des justifications théologiques) n'ontpar leur source en Dieu et doivent être déposées auprofit de l'amour.

Combattre

Lorsque Jésus a repris Pierre, il lui a rendu lemerveilleux service de mettre à la lumière la nature

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

«Voici donc ce queje dis et ce que jedéclare dans leSeigneur: vous nedevez plus marchercomme les païens,qui marchent selonla vanité de leurspensées.»(Ephésiens 4:17)

de ses pensées. Ce moment a dû être difficile ethumiliant, mais c'était le passage obligé pour quePierre bâtisse sa foi sur la vérité.

Cette démarche est aussi valable pour notrepropre situation. Si je n'oppose aucune résistanceaux attaques de Satan, mes pensées vont progressi-vement s'imprégner de mensonges.Telles descaries, ces pensées corrompues finiront par détruirel'amour de Dieu déversé dans mon cœur. Pour nepas sombrer dans cette spirale de stérilité, il estnécessaire de mettre à nu les mauvais raisonne-ments qui m'habitent. Par une telle attitude, les par-ties sombres de notre vie pourront alors s’ouvrir àl'action de Dieu.

Par la prière et notre confiance dans la Parole deDieu, nous pouvons faire périr les mensonges deSatan et nous attacher à la pensée de Christ.

Si je suis entraîné dans le découragement, ou sije doute que Dieu m'aime, je dois combattre cettepensée en affirmant la supériorité des parolesdivines sur mes raisonnements. Par exemple, enproclamant dans la prière la parole biblique: «Rienne pourra me séparer de l'amour de Dieu», je pro-clame une vérité que personne n'a le droit decontester. C'est le même type de combat que Jésusa exercé face aux mensonges de Satan en disant:«Il est écrit.»

Une telle prière ne veut pas dire que du jour aulendemain les actes vont suivre, et que tout serachangé. Mais en persévérant dans cette attitude defoi, mes mauvaises pensées n'auront plus l'occasionde se faire des nids secrets dans ma vie. Elles vontfinir par se soumettre à l'autorité de l'Esprit deDieu.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

«Le fruit de l'Esprit,c'est l'amour, la joie,la paix, la patience,

la bonté, la bien-veillance, la foi, lamaîtrise de soi...»(Galates 5:18-24)

La communauté chrétienne est un lieu privilégiépour faire triompher la pensée de Dieu.

Si le groupe offre un climat d'écoute et d'amour,il sera possible de partager les pensées qui noushabitent ou qui dominent l'Eglise afin de discernerleur nature. Ces pensées sont-elles justes? Peuvent-elles résister à la lumière de l'Evangile, de l'amourde Dieu pour tous les hommes, sont-elles habitéesd'espérance ou de fatalité, de découragement ou defoi, d'audace charnelle ou d'assurance, d'amour oude légalisme?

Bien que cela demande une bonne dose d'humi-lité, éprouver ensemble ce qui nous accable ou quinous préoccupe est une expérience précieuse.

Laisser l'Esprit s'exprimer

Avouons-le, il n'est pas facile de découvrir quenos pensées peuvent devenir des instruments dedivision et de destruction. Le chrétien est-ilcondamné à devenir un paranoïaque silencieux etcraintif devant ses propres raisonnements? Non,bien sûr! Comme nous l'avons vu au début de cechapitre, les pensées ont une portée précieuse dansla réalité, et elles peuvent servir admirablementl'objectif de l'amour. Cet enjeu des pensées est unedes préoccupations que Dieu exprime par sonEsprit. Le désir de Dieu est de valoriser nos pen-sées par sa sagesse. Cette volonté divine se mani-feste en nous par de multiples tentatives de l'Espritde nous donner de bonnes inspirations, car ilcherche à conquérir cette place forte.

Cette œuvre de l'Esprit nous offre la possibilitéde porter et de communiquer de façon surnaturelledes pensées divines à notre entourage. Plusieurs

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

«Et la paix de Dieu,qui surpasse touteintelligence, garderavos cœurs et vospensées en Jésus-Christ».(Philippiens 4:7)

des dons du Saint-Esprit concernent le monde denotre pensée. Le don de prophétie consiste à don-ner des messages inspirés, le don de sagesse àapporter un bon conseil sur une situation et à bienchoisir, le don de discernement permet de connaîtrela réalité spirituelle d'une situation, le don deconnaissance ouvre la pensée sur des choses nor-malement cachées. Par de multiples manières,l'Esprit de Dieu cherche à collaborer avec notrepensée, afin d'exprimer sa merveilleuse sagessedans notre monde.

Malheureusement, les tentatives généreuses del'Esprit qui cherche à nous imprégner de sa penséene sont pas si simples à accueillir. Comme nousl'avons vu précédemment, la pensée humaine règneen maître sur l'espace des raisonnements et n'ac-cepte que difficilement les choses de Dieu.

Dans la pratique, la pensée naturelle doit capitu-ler devant l'autorité de Dieu. Sans cette attitude desoumission, l'Esprit ne peut s'exprimer et notre viereste sous une domination charnelle. La liberté del'Esprit est une des choses les plus difficiles quel'homme puisse admettre. Jésus n'a pas oublié derappeler le désir d' «espace libre» du Saint-Espritau docteur de la loi, Nicodème:

«Le vent souffle où il veut et tu en entends le bruit; mai tune sais pas d'où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de qui-conque est né de l'Esprit.»

(Jean 3:8)

Ce combat entre la pensée humaine et la penséede l'Esprit est spécialement visible dans l'exercicedes dons spirituels. Car la liberté et la sagesse del'Esprit viennent inévitablement heurter la concep-tion naturelle des choses.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

Cette aventure dans la liberté de l'Esprit n'estpas facile à vivre. Notre pensée habituée à vivreselon des valeurs charnelles s'oppose au dévelop-pement spirituel des pensées de l'Esprit.

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

Témoignage : une pensée inspirée...

La soirée enveloppait doucement les plages de la villefrançaise où se déroulait notre camp d'évangélisation. Avoir les nombreux jeunes accolés aux blocs de ciment, lebord de la mer était un lieu de rencontre pour les adoles-cents abandonnés à leur errance. Dès les premiers jours,plusieurs rencontres m'avaient profondément impressionnéet le visage d'enfant de cette jeune fille de treize ans qui seprostituait sur les plages pour gagner ses doses de droguemarquait encore mon âme. Dans ce milieu de détresse,l'amour de Christ nous brûlait le cœur, et nous cherchions àpartager la merveilleuse puissance de l'Evangile.

Mais l'ennemi de Dieu enlaçait déjà beaucoup de vies.Les trois jeunes que je venais d'aborder marquaient leurindifférence par un profond mutisme. Impossible de faireconnaissance, car ils ne souhaitaient pas même partagerleur prénom. Malgré cette résistance, je pris la peine detémoigner. Alors que je cherchais à susciter le dialogue, unprénom s'imposait étrangement à ma pensée, comme si jedevais le dire au groupe. Peu à peu cette certitude se ren-força, Dieu me communiquait le prénom de l'un des jeunespour que je puisse démontrer qu'il les connaissait.

Après maintes hésitations, je leur demandai si l'und'entre eux avait ce prénom. L'un d’eux, très surpris, merépondit que c'était effectivement son nom... Par la suite, leSeigneur m'a donné plusieurs autres occasions d'exprimerdes paroles inspirées concernant des événements ou dessituations cachées. Mais cette première expérience restepour moi précieuse et symbolique. Dieu connaît chacunpersonnellement et son Esprit peut nous communiquer defaçon surnaturelle une pensée pour faire avancer l'œuvre deChrist.

Cette adversité s'exprime souvent sous la formed'un mépris. Par exemple, si Dieu donne une paroleinspirée, nous aurons certainement en nous unevoix qui cherchera à la disqualifier.

Cette expérience est arrivée à un chrétien. Enpleine célébration du culte, il a eu le sentiment queDieu lui demandait de se lever afin de dire un «non»retentissant. Cette pensée n'étant pas très sage, ilpassa une bonne partie du culte à résister à cette sur-prenante invitation. Finalement, après avoir cherchéen vain une échappatoire, il se leva de son banc etlança ces paroles dans l'assemblée: «Non! Non, pasmaintenant!» Après ces paroles incohérentes, ilétait sûr d'avoir perdu toute considération et médi-tait sur les possibilités de s'exiler dans une autreéglise. Mais à la fin du culte, une personne l'atten-dait: «Cher frère, j'aimerais vous remercier. Je suisactuellement devant des choix très difficiles et jevenais de demander ardemment au Seigneur de merépondre ce matin. Vos paroles étranges s'appli-quaient exactement à ma demande.»

Inutile de dire que pour cet homme l'expériencea été une précieuse occasion de découvrir les voiesde l'Esprit. Néanmoins, lorsqu'il a dû obéir à l'inspi-ration de Dieu, il n'en menait pas large.

Souvent, une partie de nous-même désire leschoses de l'Esprit, mais nous ignorons qu'elles sontloin d'être faciles à accueillir.

Pour s'exprimer, l'Esprit doit faire une brèchedans nos présupposés. Sans une soumission denotre propre sagesse, nous ne pourrons jamais rece-voir une pensée qui dépasse notre horizon limité.

Ce problème touche chaque chrétien, et plusnous honorons et adulons notre sagesse charnelle,

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

moins l'Esprit a la possibilité de s'exprimer. Lacapitulation du trône de nos raisonnements est uneétape importante dans la conquête de nos pensées.Pour ces raisons, il peut être nécessaire de confesserce qui, dans notre vie, nourrit l'orgueil intellectuel.Les études, les diplômes, les succès, la facilité intel-lectuelle, le savoir-faire, etc., toutes ces choses pré-cieuses, par ailleurs, peuvent être autant de piègesqui détournent la volonté de Dieu. Pour que l'Esprittriomphe, il est important de lui donner humble-ment le droit de nous entraîner dans l'inconnu.

Le chemin des dons spirituels

Cette étape est particulièrement précieuse dansl'exercice du plus «petit» don: le parler en langue.Cette manifestation du Saint-Esprit entraîne leschrétiens à prier et louer Dieu dans une langueincompréhensible. Comme Paul le souligne:

«Celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes,mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c'est enesprit qu'il dit des mystères.»

(I Corinthiens 14:2)

Ce «petit» don est destiné principalement àl'édification personnelle, et il permet de vivre unecommunion spirituelle constructive. Dans le parleren langue, le cœur inspiré par l'Esprit s'exprimelibrement devant Dieu.

Cette communion au plus profond de soi-mêmeest précieuse et très utile dans toutes les circons-tances où les paroles intelligentes sont limitées.Dans le combat spirituel, il peut nous ouvrir l'intel-ligence et nous aider à trouver les clés de la prière;dans la difficulté et l'épreuve, il nous permet demaintenir notre assurance en Christ; bref, ce don

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

qui s'adresse à notre vie personnelle exerce unministère précieux et nous fait entrer dans leschoses surnaturelles de Dieu.

Pour toutes ces raisons, Paul encourageait vive-ment les chrétiens à exercer le don des langues.

Pourtant, ceux qui ont reçu ce don savent qu'ilne tombe pas sur un chrétien comme un vase àfleurs jeté du dixième étage.

La douceur paisible de l'Esprit ne fait aucuneviolence à notre personnalité. Pour le laisser inspi-rer notre langage, il faut donc lui accorder le droitde traverser librement notre pensée. Cette étapeintérieure est une belle occasion de mettre àl'épreuve l'humilité de nos pensées. Cela est d'au-tant plus difficile que le parler en langue n'est pasune louange compréhensible.

Pour la pensée tyrannique, ce don est même unscandale, car notre couche intellectuelle doit hum-blement s'incliner devant le courant qui vient ducœur. Si la pensée charnelle réprime le cœur et luiinterdit d'user de la bouche, le don des langues nepeut s'exprimer. La pensée garde le contrôle systé-matique sur les choses que l'Esprit voudrait donner.

Beaucoup de personnes qui ont reçu ce don peu-vent confirmer qu'il est une porte ouverte pour ledon d'interprétation, de prophétie, de paroles desagesse ou de connaissance. Ces dons utilisent lemême chemin intérieur. Si le canal offert à l'Espritest large, la sagesse et la connaissance de Dieupourront facilement inspirer notre pensée et s'ex-primer publiquement. Si le canal est obstrué parl'orgueil ou la crainte, l'Esprit (pourtant présentdans notre cœur) ne pourra s'exprimer. Ces obs-tructions nous limitent et nous empêchent de

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

«Je veux que vousparliez tous en

langues.» (I Corinthiens 14:5)

«Celui qui croit enmoi, des fleuves

d'eau vive couleront de son sein.»

(Jean 7:38)

découvrir les nombreuses occasions où Dieu veutnous parler. Pour avancer dans une vie conduite parle Saint-Esprit, il est nécessaire de cultiver une atti-tude d'ouverture et de dépendance envers Dieu.Notre vie intérieure est comme un vieux lit derivière. Au fur et à mesure que le courant grandit, ilchasse les obstacles et se fraie un passage harmo-nieux. Entraînée dans ce courant dynamique, notreintelligence soumise à l'autorité de Dieu peut enfindonner le meilleur d'elle-même.

Pour permettre à l'Esprit de Dieu d'inspirer notrepensée par des dons, nous devons faire table rasedes faux raisonnements. Chaque jour nos penséessont sollicitées et imprégnées de valeurs. Dans lefatras des idées que nous ingurgitons, il n'en est pasbeaucoup qui viennent du Dieu d'amour et de lavérité. Notre culture et ses valeurs, notre manièrede vivre et aussi parfois nos conceptions reli-gieuses ne sont pas de bonnes bases pour nousouvrir à l'Esprit. En lieu et place des raisonnementsconfus et contradictoires, la simplicité del'Evangile et les promesses de Jésus nous offrentune base parfaite pour collaborer avec les désirs deL'Esprit.

Généralement, nous avons de la difficulté ànous abandonner en toute confiance dans les brasde Dieu. Bien que nous sachions intellectuellementque Dieu est un Dieu d'amour, les sentiments decrainte et de culpabilité dressent un fossé dansnotre vie. Parfois, notre méfiance provient desmauvaises expériences que nous avons vécues avecnotre père terrestre. L'image fausse de la paternitése dresse comme un obstacle relationnel infran-chissable. Dans ce climat tendu et craintif, l'Esprita beaucoup de peine à nous partager ses richesses.

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

«Le commencementde la sagesse c'est lacrainte de Dieu.»(Psaume 111:10)

Pour retrouver une pleine confiance en Dieu, il estutile de partager à Dieu ses peurs, ses craintes et sesmauvais souvenirs et de lui demander de nous faireconnaître la grandeur de son amour. Parfois, lamuraille est si solide que nous avons besoin d'êtreaccompagné. Il ne faut pas hésiter à s'approcherd'une personne ou d'un groupe de confiance, afin desolliciter la prière et un accompagnement.

Le climat de confiance est particulièrementimportant lorsque nous recevons une pensée del'Esprit. Si nous sommes dans la crainte, nousaurons beaucoup de peine à croire que cela vient deDieu. Là encore, la présence d'autres personnespeut grandement nous aider. Leurs encourage-ments, leurs conseils et leur discernement nous per-mettent de confirmer ce qui vient de Dieu.

Comment trouver la volonté de Dieu?Chaque jour, nous devons prendre des déci-

sions. A côté des choix insignifiants concernant lacouleur des habits et la manière de se coiffer, la vienous place aussi devant des options importantes:études, profession, déménagement, fréquentations,mariage, enfants, etc.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

En mesurant la portée de ces décisions sur notreexistence, nous sommes souvent pris de vertiges.

Face aux possibilités et aux arguments qui s'en-trechoquent, comment trouver la bonne direction etde surcroît celle que Dieu désire pour nous?

Dans cette quête pour rechercher la volonté deDieu, chacun de nous finit souvent par appliquerdes démarches personnelles. Ces moyens plus oumoins inspirés trahissent notre conception de lavolonté de Dieu et la manière dont elle doit semanifester.

Un jeune chrétien qui était secrètement amou-reux d'une fille se demandait si c'était bien celleque Dieu lui destinait. Finalement, il soumit ce testà Dieu: si en entrant dans le groupe de jeunes, laravissante jeune fille lui souriait, ce serait le signeque Dieu voulait ce mariage. Lorsque le jeunehomme entra, la jeune fille en bonne chrétienne etde plus inconsciente de ce marché céleste lui souritcomme il se doit. Inutile de dire que l'avenir nedonna pas raison au jeune homme.

Pour cet homme, la volonté de Dieu était unedécision mécanique et absolue capable de s'impo-ser obligatoirement au cœur de la jeune chrétienne.Cette conception un peu infantile de la volonté deDieu est malheureusement assez fréquente. Ainsi,il nous arrive de croire que nous sommes les pionsd'un échiquier et que Dieu détient la seule combi-naison possible.

Dans cette vision des choses, l'homme n'a fina-lement aucune marge de manœuvre et doitconstamment demander à Dieu de lui dire de façonsurnaturelle ce qu'il doit faire. Cette vision de la viea conduit des chrétiens dans des extrêmes amu-

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

sants, mais aussi tragiques. Certains ne peuventplus acheter une paire de chaussettes sans avoir une«confirmation» céleste, et d'autres se marient,convaincus par un simple signe ou l'interprétationd'un verset biblique.

En mettant tout le poids de leur choix sur dessignes, ces personnes se laissent entraîner dans unevie infantile. Incapables de prendre des initiativespersonnelles, elles ont beaucoup de peine à assu-mer dignement leur existence.

Cette attitude passive n'a rien d'une recherchesaine de la volonté de Dieu. Au fil des chapitres dece livre, nous avons eu plusieurs occasions de nousrappeler que le projet divin consiste à faire del'homme son enfant. L'homme est un vis-à-vis deDieu, digne de conduire son existence avec respon-sabilité et initiative. Pour accomplir son destin, ilreçoit un capital de choix qui lui permet de condui-re sa vie avec une certaine autonomie.

L'alliance entre l'homme et la femme fait partiede cet espace de liberté. Si Dieu est heureux debénir un mariage, c'est malgré tout à l’homme et àla femme de prendre la décision de créer un couple.Dans la création, Dieu donne un cadre, un espace,un jardin, et c'est à l'homme de le cultiver selon lescapacités que Dieu lui a données.

Trouver la volonté de Dieu n'a rien de passif etde fataliste, c'est une interaction douce et fraternel-le entre les desseins de Dieu et notre propre liberté.

Un bel exemple de cette merveilleuse commu-nion entre la sagesse de Dieu et la pensée humainenous est donné dans le livre des Actes. A cetteépoque, l'Eglise était dans une situation difficile;que fallait-il demander aux nouvelles églises qui

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

«Ne vous conformezpas au siècle pré-

sent, mais soyeztransformés par lerenouvellement del'intelligence, afin

que vous discerniezquelle est la volonté

de Dieu: ce qui estbon, agréable et par-

fait.»(Romains 12:2)

commençaient à pousser comme des champi-gnons?

Quelle était la volonté de Dieu?

Après avoir vécu des temps de prières et despartages (pas toujours paisibles), les responsablesde l'Eglise vont avoir cette merveilleuse formule:

«L'Esprit-Saint et nous-mêmes avons décidé...»(Actes 15:28)

Loin de tomber du ciel comme un caillou, lavolonté de Dieu s'est imposée comme une fertilecollaboration entre les inspirations du Saint-Espritet la responsabilité de ces hommes engagés dansl'aventure de l'Eglise.

Cet exemple nous donne une précieuse orienta-tion pour apprendre à gérer nos choix. En plus desrichesses de la communion, et des dons spirituels,le Saint-Esprit est aussi une force de sagesse quipeut nous conduire dans nos décisions. Dans cetteinlassable douceur tranquille, le Saint-Esprit nouspropose de fertiliser nos pensées. Comme un copi-lote, l'Esprit nous offre une assistance continuelledans notre cheminement de vie. Avec un extraordi-naire respect de notre identité, il nous propose lesbonnes décisions, sans pour autant nous faire vio-lence avec ses choix.

Cette orientation continuelle de l'Esprit est pré-cieuse et sécurisante. Car, comme le confirment lespilotes de rallye, le meilleur assistant, c'est celuiqui est capable de nous sortir de nos erreurs.L'important n'est finalement pas de prendre unefois pour toutes le bon chemin, mais de se laisserdiriger par la sagesse éclairée de Dieu.

Cette intime collaboration est un atout qui offreune sécurité paisible. Si je sors de la route, ou si je

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

«Enseigne-moi àfaire ta volonté! Cartu es mon Dieu. Queton bon Esprit meconduise sur la voiedroite!»(Psaume 143:10)

me trompe de chemin, Dieu est suffisamment puis-sant pour me ramener à bon port. Si l'Esprit peutme conseiller, je finirai par atteindre le but.

Dans la vie pratique, il est important de donnerle juste espace au ministère de l'Esprit. Si jedemande à Dieu de me conduire dans ma vie amou-reuse et que, par ailleurs, je revendique absolumentle droit d'avoir un conjoint doté de telles et tellesqualités, je réduis l'espace de la volonté de Dieu àune toute petite île. Dans son amour, il agira sansdoute pour le mieux, mais je passerai probablementà côté de beaucoup de richesses.

Pour laisser Dieu conduire ma vie, il est préfé-rable de lui accorder une entière liberté d'action.Cette attitude demande d'avoir une totale confianceen lui. Par exemple, toujours pour le choix d'unconjoint, il vaut mieux donner à Dieu carte blancheen lui offrant même la possibilité de nous garder encélibataires si cela est préférable.

A voir le sourire crispé de certains lecteurs etlectrices, la pilule est dure à faire passer. Et pour-tant, de nombreuses personnes sont prisonnières deleurs revendications. L'enfer est très fréquemmentle fruit de notre entêtement. Finalement, entreractivement dans la volonté de Dieu, c'est lui offrirle droit de nous arrêter dans n'importe quelle situa-tion.

Personnellement, je remercie autant Dieu pourles bénédictions qu'il m'a accordées que pour lesfois où il a fait capoter mes mauvaises décisions.Sur le moment, ces échecs étaient durs à passer,mais après quelque temps, les mêmes échecsétaient une occasion de joie. Car sans leur «mort»,les vrais et bons projets n'auraient jamais pu s'ac-

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

Démarche: trouver la volonté de Dieu

Pour nous conseiller, l'Esprit utilise plusieurs voies:

1. Le sentiment intérieur

Comme nous l'avons vu à propos des dons spirituels, lasève de l'Esprit peut inspirer nos pensées. En priant et eninvoquant la pensée de Dieu sur une situation, nous pou-vons recevoir une parole de sagesse ou une orientation. Sicette pensée est paisible et solide et qu'elle demeure dans letemps, c'est probablement que Dieu nous conseille unedirection. Devant des choix difficiles et audacieux, la pen-sée de l'Esprit peut aussi être comme un bouleversementintérieur qui nous met dans l'agitation. Cette passion peutêtre comme un feu qui nous enthousiasme par momentsmais qui nous fait aussi trembler. Dans de telles situations,

(Suite: page suivante)

«Au reste, frères,que tout ce qui estvrai, tout ce qui esthonorable, tout cequi est juste, tout cequi est pur, tout cequi est aimable, toutce qui mérite l'ap-probation, ce qui estvertueux et digne delouange, soit l'objetde vos pensées».(Philippiens 4:8)

complir. Donner carte blanche à Dieu est une déci-sion passionnante: je peux lui donner mon capitalde pensée, mon avenir professionnel, mes projetscréatifs, mes voyages, mes ambitions et même mavie... oui, ma vie!

Car il vaut bien mieux mourir en faisant lavolonté de Dieu plutôt que de vivre hors de sonprojet. Car finalement seul Dieu est capable deconnaître et de défendre mes vrais intérêts: ne m'ai-me-t-il pas plus que je ne m'aime?

Oui! Donc c'est en lui que je peux me confiertotalement. Cette confiance ne veut pas dire que jevais rester passif et attendre que mon destin s'ac-complisse. Dans chacune des situations de vie quime sont données, je vais vivre et prendre les déci-sions selon mes responsabilités en demandant quel'Esprit me conseille et m'aide à faire les bonschoix.

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Comment bien gérer son capital de vie? La pensée

le climat du fond de notre cœur est déterminant: notre âmepeut être agitée, mais si la base spirituelle de notre être estdans une assurance tranquille, c'est un signal qui peutconfirmer que Dieu nous appelle à une chose peu habituel-le mais juste. Dans tous les cas, il est bon de continuerd'éprouver cette pensée.

2. Le message de la Bible

Facile et difficile, direz-vous, mais comment l'Ecriturepeut-elle me donner le nom de mon futur conjoint oul'adresse d'un bon employeur? Avec la Bible, le Saint-Esprit offre le précieux ministère d'accompagnement.Certes, il ne s'agit pas de nous donner la recette miracle denotre vie personnelle. La Bible est une pensée-cadre, ellenous offre un conseil global sur notre manière de conduirenotre vie. C'est le code de la route qui va nous éviter deprendre de mauvaises décisions et c'est aussi ce code quinous permet d'interpréter valablement les indications queDieu nous donne.

Par exemple, l'homme qui se croirait appelé divinementà prendre la femme de son prochain, ou à assassiner unepersonne, n'est aucunement inspiré par Dieu. La volonté deDieu s'accorde entièrement à la révélation faite dans lesEcritures. Et le Saint-Esprit qui a inspiré la Bible ne va passe contredire en inspirant une autre voie. Cela dit, il est vraique la Bible doit aussi être comprise avec l'éclairage del'Esprit. Le livre seul ne suffit pas, l'Esprit doit éclairernotre lecture afin qu'elle puisse accomplir sa vocation dansnotre vie.

3. Les conseils des autres chrétiens

Le chrétien n'est jamais une île, il fait même partie d'uncorps. Dans cet ensemble de personnes qui formentl'Eglise, le Saint-Esprit distribue des vocations, des dons,des révélations et des ministères. Comme les pièces d'unpuzzle, les forces des uns s'emboîtent dans les faiblessesdes autres. Cette complémentarité dans la diversité est par-ticulièrement précieuse lorsque nous sommes devant desgrandes décisions ou des difficultés. En partageant une

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La pensée Comment bien gérer son capital de vie?

pensée importante comme celle d'un mariage, d'un départlointain, d'une nouvelle orientation à des frères ou dessœurs de confiance, nous permettons à l'Esprit de s'expri-mer.

4. Le verdict des circonstances

Hé oui! Finalement, la forme que prend le cours deschoses est bien la dernière confirmation ou parole de désa-veu que Dieu peut donner sur un choix ou une situation.L'autorité des circonstances était, par exemple, un excellentmoyen d'éprouver les prophètes de l'Ancien Testament:seule la parole qui s'accomplissait était de Dieu.

Dans la gestion des choix de notre vie, la réalité est uneexcellente conseillère pour nous apprendre à écouter Dieu.Une porte qui se ferme ou qui s'ouvre subitement peut êtreun signal très utile pour discerner le bon chemin. Dieu nousdemande de faire le meilleur choix dans les situations quisurviennent. Si la situation évolue, ou change, je doismodifier mes choix.

Parfois, les circonstances semblent écraser ou détruiredes convictions que nous avions dans notre cœur et quinous semblaient venir de Dieu. Si c'était le projet d'unmariage et que la personne vous a dit non ou qu'elle s'estliée à un autre, pas de compromis, il faut laisser tomber!Mais lorsque malgré, l'échec ponctuel, il reste au fond denotre cœur le signal de quelque chose de sérieux et de divin– un appel missionnaire, un désir ardent de faire un métierutile, la vision d'un projet, etc. – ces convictions ne sont pasà mettre à la poubelle. Dans les diverses expériences de mavie, je me suis souvent retrouvé en avance sur le calendrierdes accomplissements divins. Les paroles ou les promessesreçues n'étaient pas du Quick soup à consommer de suite.C'étaient des orientations de vie, et elles ont mis du temps às'accomplir. Se précipiter pour accomplir une vision parnous-même est néfaste.

Pour que ces promesses s’accomplissent dans notre vie,le plus important est de maintenir une communion confian-te avec Dieu, de faire ce qu’il nous demande chaque jour, etses plans s’accompliront au temps prévu.

«L'homme proposeet choisit son che-min, Dieu disposeet il guide ses pas.»(Proverbes 16:9)

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

5. Bien gérer... La force

«La pratique de la justice et de l'équité, voilà ce quel'Eternel préfère aux sacrifices.»

(Proverbes 21:3)

1. L'importance des forces

Eh oui! comme nous l'avons vu dans l'introduc-tion de cet ouvrage, notre façon d'exploiter notrevie est un révélateur indiscret de ce qui nous habi-te. Nous pouvons nous gargariser de belles paroles,soigner notre théologie et faire de belles prières...mais tout cela est subjectif et peut même nous fairevivre dans l'illusion que nous sommes agréables àDieu.

En prenant garde à la manière dont nous géronsnos biens, nous touchons à un aspect visible et soli-de qui révèle la vraie nature de notre foi. Ainsi, laréalité palpable de notre manière de vivre est unindicateur pertinent qui nous permet de faire unexamen de notre vie spirituelle. Certes, noussommes sauvés par grâce, c’est un don gratuit deDieu. Cependant, le signe que la greffe en Christ aréellement pris se vérifie aux extrémités desbranches.

«Mes frères, quesert-il à quelqu'unde dire qu'il a la foi,s'il n'a pas lesœuvres? Cette foipeut-elle le sau-ver?... la foi sans lesœuvres est inutile?..Comme le corpssans esprit est mort,de même la foi sansles œuvres estmorte.»(Jacques 2:14,20, 26)

Rencontre avec Jésus«Comme Jésus se mettait en chemin, un homme accourut etse jetant à genoux devant lui, il lui demanda: Bon Maître,que dois-je faire pour hériter la vie éternelle? Jésus lui dit:Pourquoi m'appelles-tu bon? Personne n'est bon, si ce n'estDieu seul. Tu connais les commandements: ne commetspas de meurtres; ne commets pas d'adultère; ne commetspas de vol; ne dis pas de faux témoignage; ne fais de tort àpersonne; honore ton père et ta mère. Il lui répondit:Maître, j'ai observé tout cela dès ma jeunesse. Jésus,l'ayant regardé, l'aima, puis il lui dit: il te manque unechose, va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres ettu auras un trésor dans le ciel. Puis viens et suis-moi. Maislui s'assombrit à ces paroles et s'en alla tout triste, car ilavait de grands biens.»

(Marc 10:17-22, cf. Luc 18:18-30)

A première vue, le jeune homme semble en plei-ne santé à tous les niveaux de sa vie: il a résolu lesproblèmes matériels et religieux de son existence.Dans cette étendue de quiétude... seul un petit îlot lenargue: l'incertitude de la vie éternelle.

Face à cet homme, le regard de Jésus ne s'arrêtepas à la considération des vêtements et de l'apparen-ce: il contemple l'homme tout entier, dans un regardplein de compassion: «Jésus, l'ayant regardé, l'ai-ma».

L'acuité divine et attentive de Jésus utilise lecommandement suprême pour faire une radiogra-phie de l'état intérieur du cœur, de l'âme et des pen-sées de cet homme. Le jeune homme sait les com-mandements divins. Son cœur veut suivre la volontéde Dieu, son âme désire le servir, et ses penséespoursuivent des ambitions justes.

Mais pour entrer réellement dans l'application del'amour, il lui manque encore une étape.

D'où cette parole: «Il te manque une chose...vends et donne.»

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

Dans la quiétude de cet homme religieux et juste,les paroles de Jésus ont dû faire l’effet d’un redou-table électrochoc. Car malgré tous ses efforts et l'ob-servation scrupuleuse de la loi, le maître lui apprendqu'il a encore besoin de quelque chose pour trouverla vie éternelle. Il a un manque. Un manque étrangeet particulier qui, comme le montre avec finesseJésus, ne peut être comblé qu'en donnant!!!

Si seulement il m'avait dit de prier davantage,d'être plus affectueux, ou de corriger ma théologiedu salut... a dû penser le jeune homme. Mais commeun adroit scalpel, la logique déroutante de Jésuss'adresse avec précision à un domaine de sa vie quijusque-là n'a pas été entraîné dans la dynamique del'amour: ses richesses. Montre-moi comment tugères tes biens et je te dirai qui tu es!

Malheureusement, cet homme que Jésus invitecomme disciple, a bel et bien dressé une muraillepour mettre ses richesses à l'abri de... Dieu! CommeJésus l'avait discerné, ce capital, qui aurait pu être uninstrument de service et de grâce, enchaîne sa vie.

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

Avarice...Jean-Paul Getty, un homme très riche de son époque,

avait commencé très jeune à amasser sa fortune.«Aujourd'hui, j'ai 275 billes et 305 timbres» s'excla-mait-il à 11 ans. Devenu riche, il a fait installer un télé-phone à pièces de monnaie dans sa résidence secondai-re. Le portier de ladite maison était payé en fonction dunombre de fois qu'il avait ouvert et fermé la porte. Ilavait une lettre-type pour les œuvres de charité qui lesollicitaient: Je regrette, je ne dispose pas de sommesimportantes qui ne soient pas requises par mesaffaires.» Lorsque des terroristes italiens enlevèrent sonpetit-fils, il refusa de payer jusqu'à ce qu'il reçoivel'oreille du jeune homme par courrier.

Esclave, il ne gère plus ses biens, mais ce sont sesbiens qui le gèrent.

La fin de cette rencontre avec Jésus est drama-tique: l'homme part tout triste... pour une triste vie.Quel gâchis lorsque l'on songe au destin passionnantque Dieu lui destinait: le suivre.

L'amour, une énergie multiforme

A côté de cet exemple d'amour qui ne se concré-tise pas, nous pouvons à nouveau observer combienl'attitude du bon Samaritain est exemplaire.

Son amour pour Dieu n'est pas une idée religieu-se, mais un courant d'amour qui le mobilise toutentier dans la dynamique de la charité.

Il est adorateur du Dieu unique qui s’est révéléà Abraham et Moïse (cœur). Il est ému de compas-sion pour l'homme dans la nécessité (âme). Ce senti-ment mobilise sa réflexion, il change son objectif etses plans (pensée). Finalement, dans cet éland'amour, il se met en action en engageant généreuse-ment ses capacités, il utilise ses biens au service deson prochain (force).

Cette dernière étape est essentielle pour le mal-heureux blessé. En effet, si le Samaritain s’étaitcontenté:– de faire une belle prière spirituelle (cœur);– d’être ému et de pleurer à chaudes larmes (âme); – de faire une théorie sur les soins à donner (pen-

sée);– le pauvre agonisant serait resté prisonnier dans la

souffrance, condamné à mourir.

C’est donc bien l’«amour-force» qui donne unsens et qui accomplit de manière visible toutes lesautres expressions cachées.

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

* «Mais un

Samaritain, quivoyageait, étant

venu là, fut ému decompassion lorsqu'il

le vit.»(Luc 10:33)

Dans le texte originel hébreu, le mot associé à«l’amour-force» est aussi utilisé pour exprimer unenotion d’intensité. Par exemple, c’est le mot qui estutilisé lorsque Dieu, après avoir créé le couple, «vittout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon»(Genèse 1:31).

Ainsi, lorsque la Bible nous invite à aimer avecnotre force, elle sous-entend que ce bouquet final del'amour s'exprime sous la forme d'une force en mou-vement, d’une énergie.

Les différentes formes de l'amour

Cette nuance nous invite à prendre conscienceque l'amour est une substance susceptible de prendredifférentes expressions au cours de son évolutiondans notre être.

Jusqu’à maintenant, nous avions, pour simplifiernotre étude, considéré l'amour comme une denréeuniforme traversant l'arbre de notre vie.

Cependant, comme le montre l'attitude duSamaritain, pour porter du fruit, chaque partie de mavie intérieure doit exprimer une forme spécifique derayonnement d’amour. Comme le montre le schémasuivant, ces diverses dimensions de l’amour sontintimement liées aux facettes du commandementsuprême.

L’amour, c’est...

Le parfait exemple d’un rayonnement d'amourtraversant tout un être s’exprime dans le ministère deJésus. Dans de nombreux passages des Evangiles,l'adoration et l'intimité de cœur que Jésus vit avecson Père démontrent que le Christ aime parfaitement

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

et pleinement avec son cœur. Cet amour, scellant larelation avec son Père, ne reste cependant pas unesimple dimension spirituelle, mais il se prolongedans tout son être. Dans son âme, il s’exprime sousla forme d'une intense compassion pour leshommes*.

«Jésus voyant la foule, il fut ému de compassion pour elle,parce qu'elle était languissante et abattue, comme des brebisqui n'ont point de berger.»

(Matthieu 9:36)

Cette implication émotionnelle s’exprimant par-fois jusqu'aux larmes**, était toujours suivie d'unengagement de générosité et de services. Face aulégalisme désincarné des religieux, l'implicationaffective et active de Jésus démontrait réellementl'amour de Dieu.

Le précieux message à retenir des exemplesbibliques est que l'amour vrai mobilise toujours un

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

* *Luc 19:41, Jean 11:35

* Voir aussi

Matthieu 14:14,15:2, 18:27, 20:34,

Marc 1:41, 6:34, 8:2, Luc 7:13, 15:20)

Lieux Types L'amour s'exprime en...1. Cœur Spirituel Adoration, écoute2. Âme Psychique Compassion, attention3. Pensée Intellectuel Valorisation, responsabilité4. Force Potentiel Action, générosité, don

L'amour s'exprimeselon des formes dif-férentes lorsqu'il tra-

verse notre vie.

potentiel force. Par le Saint-Esprit, l'amour enracinéen Dieu est une puissance de vie qui communiqueson énergie dans une générosité agissante.

Cette loi d'amour s'applique aussi à l'amournécessaire pour unir l'homme et la femme dans lemariage. La passion des sentiments et les mots douxsont, certes, les signes d'une attirance réciproque.Pourtant, ils ne sont pas suffisants pour sceller unengagement, car l'amour n'est pas uniquement unsentiment, mais une force globale qui met en mou-vement les sentiments. Le vrai amour, lui, génère laresponsabilité et l'engagement, il s'accompagne degénérosité et de dévouement.

Avec sa capacité d'exprimer l'amour dans la réa-lité, l'amour-force est un aspect décisif de notre rela-tion avec Dieu. Dans l'image de l'arbre, c'est sur luique repose l'importante fonction de distribuer lesfruits. C'est donc sur notre capital force que la pré-sence de l'amour de Dieu se vérifie.

Peser notre capital «force»Le potentiel de force est variable pour chacun.

Par exemple, un vieillard sénile et gravement mala-de n'aura pas les mêmes capacités qu'un jeune, douéet plein de vitalité. Ainsi, chacun de nous présenteun capital de force qui dépend de multiples facteurs,si bien que comme chaque flocon de neige a uneforme cristalline unique, aucune personne n'a lemême capital. Cette diversité entre les hommes n'estpas toujours facile à vivre, car chacun doit découvrirson propre capital.

Dans la vie courante, l'homme trouve de nom-breuses occasions de se mesurer aux autres. L'intérêtpour les jeux et les sports vient sans doute de cequ'ils permettent de mettre en évidence certaines de

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

«Que votre lumièreluise ainsi devant leshommes, afin qu'ilsvoient vos bonnesœuvres, et qu'ils glo-rifient votre Père quiest dans les cieux.»(Matthieu 5:16)

nos capacités. La diversité dessports et leur cloisonnements'expliquent peut-être juste-ment par la diversité du capitalphysique de chacun.

Car, avouons-le, nous choi-sissons plus volontiers un sportdans lequel nous pourronsexprimer des facilités natu-relles. De ce fait, il ne viendraità l'idée de personne de mesurerdans le même championnat les

adeptes de l'haltérophilie et du jeu d'échecs.

Car, si au fond, nous désirons connaître notrecapital personnel, notre besoin de prouver notrevaleur nous conduit à privilégier plutôt ce qui nousavantage, et ceci dans tous les domaines de la vie.

Mais alors comment faire un inventaire objectifdu capital force qui nous est accordé?

Disons-le franchement, aucun test ne peut nouspermettre de voir toutes les capacités que Dieu nousa données. La seule balance capable de peser notrecapital de vie avec justice est dans les mains duCréateur...

Néanmoins, il peut être fort utile de faire l'inven-taire approximatif de ce que nous avons à notre dis-position. Même en étant imparfait, cette évaluationde nos capacités est susceptible de nous ouvrir lesyeux sur nous-mêmes.

Pour cela, je vous invite à remplir le questionnai-re ci-joint. Prenez un crayon de couleur et remplis-sez les espaces jusqu'à votre propre situation. La sur-face de couleur illustre le capital que vous avez àvotre disposition.

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

Notre capital de vie

Si vous avez soigneusement rempli le question-naire, vous avez maintenant devant vous des pagesdont certaines surfaces sont crayonnées. Ces sur-faces de couleur vous permettent de faire uneappréciation globale de l'état de vos forces person-nelles.

Quel que soit votre âge, votre niveau social, voscapacités intellectuelles, que vous ayez quitté l'éco-le, subi un échec, que vous vous sentiez démodé,meurtri, dépassé, faible, que vous soyez enthou-siaste, passif ou hyperactif, en bonne santé oumalade, vous avez un capital. Alors premièrechose, arrêtez de regarder les capacités des autres,de vous dévaloriser, d'envier vos proches... Amoins que vous ne soyez réellement dans la néces-sité... Prenez conscience que le capital de votre vieest entre vos mains. Il est votre avenir, vous avezun capital! Il fallait le dire, c'est fait!

Mais attention! La jouissance de ce capital quisemble vous appartenir est frappée de deuxréserves qui compromettent lourdement votreexploitation.

La première restriction c’est l’absence totale debases réellement solides vous autorisant à en êtrepropriétaire!

Si nous pouvions comparer notre capital aveccelui que nous aurions eu en étant né dans unefamille pauvre du tiers monde, nous serionsconvaincus que la distribution des richesses d'ici-bas est foncièrement injuste. Rien en nous ne justi-fie le fait que nous puissions profiter d'innom-brables richesses alors que d'autres en sont privés:paix, santé, éducation, confort, etc.

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

Nous n'avons aucune raison d'être mieux lotisqu'un autre, et pourtant cela est bien le cas! L'unprofite de grands privilèges et l'autre en est privé...et selon quelle justice?

Ainsi, par exemple, les titres qui nous donnentdes droits de propriétés territoriales privées ounationales reposent directement sur les guerres, lesmassacres et les expropriations pratiqués par lesvainqueurs de l’Histoire.

Sans parler bien sûr de toutes les exploitationsque le monde moderne fait subir aux pays pauvresdu tiers monde. La plupart des raisons qui nousdonnent des droits et des privilèges sont fondéessur des injustices révoltantes et sournoises.

Moralité: la structure fondamentale qui gère lesbiens du monde, est construite entièrement dans unconcept d’injustice.

Ainsi, avant de chercher à tirer profit de nos res-sources personnelles, il est bon de songer que cedont nous jouissons a été distribué de façon arbi-traire et que Dieu, avec justice, pourrait aisément lecontester.

Comme ces inégalités sont à notre avantage, ilest important que nous restions vigilants afin defaire la distinction entre la juste économie duRoyaume de Dieu (à venir) et la distribution capri-cieuse et injuste de ce monde (présent).

Mais bon! Après ces considérations peu confor-tables sur les fondements de votre capital, il resteencore une plus douloureuse étape à passer. Eneffet, une terrible deuxième clause avilit lourde-ment votre précieux capital...

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

En remplissant la courbe de notre capital «tempsde vie», nous avons eu l’occasion de prendreconscience que notre capital de vie s’inscrit dansun cadre temporel qui varie fortement avec l’âge.

Pour l'enfant, qui a toute la vie devant lui, la lon-gueur de sa vie lui semble infinie; c'est le temps dela croissance, du développement et des apprentis-sages. Le capital et les capacités augmentent.

A vingt ans, c'est le temps des défis et des entre-prises, l'horizon est encore bien ouvert et nous pen-sons souvent que nous avons vraiment le temps defaire les choses.

A quarante ans, la conception du temps change,car c'est souvent à cette période que nous arrivonsen haut de la colline et découvrons, surpris, que lechemin ne monte plus. Les performances phy-siques baissent de façon perceptible et annoncentdéjà le déclin de la vieillesse. Il est de fait courantque les hommes et les femmes passent à cettepériode de leur vie par une crise existentielle.

Après soixante ans, la pente devient glissante etnous fait comprendre que les moments importantssont derrière nous.

Ensuite, la perception est différente. Notre viequi a perdu son éclat devient fragile. Chaque jour

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

«Tous les humainssont comme l'herbe,

et toute leur gloirecomme la fleur des

champs; l'herbesèche et la fleur

tombe...» (Esaie 40:6, 7a)

«Jeune homme...souviens-toi de ton

créateur pendant lesjours de ta jeunesse,

avant que les joursmauvais arrivent etque les années s'ap-

prochent où tu diras:Je n'y prends point

de plaisir.»(Ecclésiaste 12:1, 3)

est une traversée menacée... la santé baisse.Jusqu'au jour où notre flamme s'éteint faute de vita-lité.

Adieu richesses, capacités, notoriété, diplômeset biens matériels... Car la mort me fera à jamaisquitter ce monde d'êtres et de matières. Je ne meretrouverai même pas nu, puisque mon corps depoussière aura disparu!

Et cette loi implacable est valable pour tous leshommes, riches ou pauvres, rois ou esclaves: leurcapital est condamné à disparaître dans un avenirplus ou moins proche.

Une question de gestionBien trop souvent, les prédicateurs ont passé

sous silence l’importante, l’énorme, la gigantesqueplace que l’Evangile accorde à la gestion de notreexistence. En tant que lecteur assidu, capable d’arri-ver jusqu’à cette partie du livre sans flancher(bravo!) vous avez sans doute remarqué que Jésus asouvent utilisé des paraboles pour mettre en scènedes personnes impliquées dans un rôle de gestion(paraboles des talents, de la vigne, des serviteurs,etc.).

Ce thème de la gestion, maintes fois abordé,s’explique par les enjeux présents et éternels quireposent sur notre manière de gérer notre capital devie, d’autant plus quand celui-ci est injuste et éphé-mère. Pour aborder cette question, Jésus raconteune histoire étrange et quelque peu immorale.

«Un homme riche avait un gérant et l'on vint lui rappor-ter que ce gérant gaspillait ses biens. Le maître l'appela etlui dit: Qu'est-ce que j'apprends à ton sujet? Rends-moicompte de la façon dont tu as exercé ta charge, car tu nepourras plus être mon gérant.»

(Luc 16:1-2)

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

«Pour peu que vousaimiez la vie, ne gas-pillez pas le temps,car c'est l'étoffe dontla vie est faite.»(Benjamin Franklin)

«Y a-t-il un hommequi puisse vivre et nepas voir la mort, quipuisse sauver sonâme du séjour desmorts?»(Psaume 89:48)

Le gérant réagit en homme avisé et prend ausérieux l'avertissement de son maître. Comme sasituation présente est de toute manière perdue, ilcherche avec urgence un moyen de faire passer lecapital (qui lui échappe) dans la nouvelle conditionqui l'attend. Après avoir examiné les solutions quis'offrent à lui, mendicité ou autre travail, il trouveun habile moyen de continuer à vivre du capital deson maître... en ne l'ayant plus!

Pour s'assurer un avenir décent, le gérant profitedes derniers instants qui lui restent pour accorderde généreuses réductions aux clients de son maître.Selon cette logique limpide:

«... quand j'aurai perdu ma place, des gens me recevrontchez eux!..»

(v. 4)

Finalement, et malgré le fait que son action soitmalhonnête, Jésus félicite l'attitude du gérant. Ilutilise même son exemple pour conclure avec cettemorale:

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

Enigme...

Pour actualiser cette parabole du gérant, vous pouvezchercher à résoudre cette énigme: Vous avez une belle etsomptueuse voiture, c'est du reste votre seule richesse.Malheureusement, depuis plusieurs années, vous avez faitun nombre invraisemblable d'infractions au code de laroute. De guerre lasse, la police vous avise que dansquelques jours elle transformera votre permis de conduireen confettis et qu'elle réduira votre voiture en un cube deferraille écrasée. Vous n'aurez plus jamais les moyens etl'occasion de conduire un véhicule. Comment faire pour nepas finir vos jours en simple piéton? Réponse à découvrirun peu plus loin.

«Et moi je vous dis: faites-vous des amis avec lesrichesses de ce monde, afin qu'au moment où elles vien-dront à vous manquer, on vous reçoive dans les demeureséternelles. Celui qui est fidèle dans les moindres chosesl'est aussi dans les grandes, et celui qui est injuste dansles moindres choses l'est aussi dans les grandes. Si doncvous n'avez pas été fidèle dans les richesses injustes, quivous confiera les véritables?»

(v. 9-11)

Avec cette étrange histoire, Jésus avertit subtile-ment ses auditeurs: le temps de gestion qui leur estaccordé est compté. Dans un avenir plus ou moinsproche, tous vont perdre leur «emploi de vivant».

Malgré cet avertissement, peu de personnesprennent au sérieux le fait, pourtant prouvé partoutes les croix dans les cimetières, que leur vie,aussi riche soit-elle, finira par disparaître un jour.

Que restera-t-il après cette étape?

Qu’en sera-t-il des richesses après la mort?

En nous posant ces questions, nous apportonsun éclairage essentiel à la gestion de nos biens. Carmême si cela est vertigineux, la mort est une porteradicale par laquelle aucun bien ne pourra passer.L'homme avisé est celui qui prend au sérieux cetultimatum, qui le médite encore, et encore... car lavie est trop courte pour ne pas s'en rappeler.

«Enseigne-nous à bien compter nos jours, ...»(Psaume 90:12a)

Alors face à cette (d)échéance, comment fairepour exploiter sagement les biens qui nous sontconfiés?

La bonne gestion

Dans l'histoire, le gérant a finalement trouvé unmoyen de sauver sa mise. Au lieu de profiter bête-

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

«Rends-moi comptede la façon dont tuas exercé ta charge,car tu ne pourrasplus être mongérant.» (v. 2b)

ment des derniers instants de son confortableemploi..., il s'active et dilapide les biens qui lui sontconfiés.

Est-il devenu fou? Non, il a compris que le seulmoyen de ne pas perdre le capital qui lui est encoreconfié est de l'investir dans les autres.

Certes, en accordant des remises substantiellesaux créanciers de son maître, il passera pour ungérant encore plus mauvais. Mais que risque-t-il deplus que la perte de son emploi. Il n’a plus rien àperdre, mais il peut encore gagner quelque chose.

Pour Jésus, cet homme est sage. Il a compris qu'ilpouvait traduire ses richesses éphémères en gestesde libéralité. Il a investi dans les autres et les autresle lui rendront.

Ainsi, cet exemple, mis en scène par Jésus,indique la bonne manière de gérer son capital de vie.

Puisque la mort est proche et qu’elle nous enlèvetout, le seul investissement solide consiste à utiliserses biens et ses forces pour aimer. De cette manière,même lorsque la mort nous aura ôté nos richesses, ilnous restera un capital.

Et ce capital, capable de traverser la barrière de lamort, sera l'amour que j'aurai donné.

Concrètement, il ne s'agit pas de mépriser lesrichesses qui nous sont confiées. Jésus n'a jamais ditd'abandonner nos richesses à la pourriture, mais devendre afin de donner*.

Cet ordre à double facette précise bien que nousdevons extraire et valoriser les richesses de notrecapital afin de les distribuer dans une dynamique dedévouement et de don. Si nous ne valorisons pas cecapital, nous ressemblons à cet homme qui, dans uneparabole, enterre le talent qui lui est prêté. Lorsque

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

*«Vendez ce que vouspossédez et donnez-

le en aumônes.» (Luc 12:33)

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

le maître revient, il découvre avec stupeur que cethomme n'a rien fait, alors que les autres ont fait fruc-tifier son capital (Matthieu 25:14-30).

Ainsi, Dieu ne nous demande aucunement dedevenir pauvres. Le discours prêtant à la pauvretédes vertus ou une élévation spirituelle est une illu-sion qui amène la désolation et la misère. La pauvre-té ne doit jamais être un but.

Au lieu d'être à la charge des autres, l'Evangilenous invite à être responsables et à utiliser nos capa-cités avec intelligence et efficacité. Le bonSamaritain incarne le parfait exemple d’une justegestion des richesses. Ainsi, pour aider, il use: deson temps, de son huile, de son vin, de sa montureet de son argent. Sans ses richesses personnelles, iln'aurait jamais pu prêter assistance à celui qui enavait besoin.

Pour cette raison, nous ne devons pas avoir peurde développer et de multiplier nos biens oud'agrandir nos richesses, pour autant que ce soitdans le but honorable de l'amour.

– Le mauvais riche s'enrichit pour lui, égoïste-ment. Ses biens sont le centre de sa vie*.

Réponse à l'énigme (dans la ligne de la parabole)

Pendant les derniers jours qui vous restent, vous utilisezvotre voiture jour et nuit en conduisant gratuitement tousles habitants de votre quartier. En utilisant ainsi vos der-niers instants de conduite, vous investissez un capital dansles relations et le service. Le jour où vous n'aurez plus votrevoiture, ceux que vous aurez aidés se battront pour vousrendre la pareille. Bien que disparus, vos biens auront mal-gré tout subsisté dans la vie des autres. *

L'histoire de Nabalest une descriptionsaisissante du mau-vais riche égoïste.Quel contraste avecAbigaël, sa femmequi, en gestionnaireavisée, apporte lagrâce. I Samuel 25. Voir aussi Luc 12:13-21

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

– Le riche sage est celui qui fait fructifier ses biens.Son capital lui permet de mener à bien ses projetset d'assister les malheureux.

Notre richesse peut donc être soit vanité, soit uti-lité.

Investir

La gestion de notre vie est une aventure passion-nante. Avec notre corps, nos capacités, nosrichesses, Dieu nous confie la responsabilité de fairefructifier notre patrimoine. Comment allons-nous lemettre en valeur?

Dans la nature qui nous entoure, l'abondance n'estpas automatique. La multiplication qui apporte larichesse doit d'abord passer par une étape risquée:l'investissement. A cette occasion, le capital confié àla terre semble perdu jusqu'à l'instant où il porte sonfruit.

En ce qui nous concerne, le principe est le même.Il n'y pas de fruits sans semence, ni de richesses sansinvestissement. Pour développer le capital de nosforces, nous devons l'investir. Comme des sportifsqui travaillent leurs muscles, nous devons investirune partie de notre capital pour le faire fructifier.

Remarquons-le, notre monde est plus enclin ànous proposer la consommation immédiate et nousinvite rarement à investir nos forces.

Pourtant celui qui ne risque rien n'a rien, et mal-heur au paysan qui mange les graines qu'il devaitsemer.

Dans le cadre des études, par exemple, on peutsoit les considérer comme des moments fastidieux etobligatoires, soit comme des investissements qui

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

nous permettront d'offrir des compétences à ceuxqui en ont besoin. Cette dernière approche est finale-ment bien plus captivante et peut s'appliquer à tousles domaines de ce que nous avons: temps, richesses,etc.

Alors, quelles sont les forces que je peux investiret dans quel but?

Ce qui est extraordinaire dans la vie avec Dieu,c'est que nous pouvons faire confiance à sa fidélitéquand bien même les circonstances sont difficiles.Alors que l'homme sans Dieu n'a aucun appui lors-qu'il sème, le croyant, lui, peut invoquer la bénédic-tion divine, et Dieu garde et donne du fruit à ce quel'homme juste a planté. Certes, Dieu ne répond pastoujours comme nous le pensons, mais il peut nousconduire, afin que les richesses de notre vie nouspermettent d'accomplir ses œuvres.

Car, finalement, quitte à perdre sa vie, quelle joiede la perdre en servant le Créateur, le Prince de lavie.

«Heureux l'hommequi craint l'Eternel...Il a dans sa maisonbien-être et richesse,et sa justice subsisteà jamais.Heureux l'hommequi exerce la miséri-corde et qui prête...Il ne craint point lesmauvaises nou-velles... Il fait deslargesses, il donneaux indigents; sajustice subsiste àjamais; sa tête s'élè-ve avec gloire.»(Psaume 112:1-10,extraits).

Démarche: forceComme nous l'avons vu dans la tentation de Jésus, l'at-

trait des richesses et de la gloire est souvent une occasionde chute pour les hommes. Pour entrer dans la dynamiquede l'amour, nous devons échapper à la volonté diaboliquequi cherche à utiliser nos richesses pour nous faire sombrerdans l'idolâtrie. Pour entrer dans cette dynamique del'amour, nous pouvons faire la démarche suivante:

1. Remercier– Dire merci à Dieu est un excellent antidote à l'orgueil et

au culte des richesses. En cultivant une attitude dereconnaissance, je peux considérer les richesses quim'entourent comme une expression de la bonté de Dieu.

(Suite: page suivante)

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Comment bien gérer son capital de vie? La force

– Dans un premier temps, remerciez Dieu pour chacunedes richesses de votre «capital force». Dans cette louan-ge, il est important de reconnaître que la bonté de Dieuest la seule vraie source de la vie.

– Abandonnons à Dieu toutes les revendications que nousnourrissons sur nos biens. Cette démarche est rarementfacile, mais décisive pour laisser Dieu nous conduiredans une sage gestion de nos biens.

2. Donner

– Le don est une expression merveilleuse de l'adorationde notre cœur. C'est aussi une manière fantastique d'in-vestir en Dieu. En donnant, je fais la démonstration quemon amour de Dieu et des autres surpasse l'emprise desbiens et des richesses. Ainsi, la générosité est un moyenefficace de détruire la séduction de Satan, qui cherche àfaire de mes richesses le centre de ma vie.

– De plus, le don est aussi un moyen extraordinaire derendre témoignage de l'amour de Dieu. Le don met enéchec l'esprit de calcul et de profit présent dans cemonde; le don parle de Dieu.

3. Progresser

Pratiquement, pour progresser nous devons:

– Considérer les biens les plus précieux ou ceux de notre«propriété privée» comme appartenant à Dieu. Nous luiaccordons alors le droit de gérer ces richesses, quitte, sitelle est sa volonté, à les lui rendre d'une manière oud'une autre.

– Rechercher comment nous pouvons consacrer une par-tie de notre capital pour aimer les autres. Cette libérali-té peut se faire en destinant une part de notre tempspour servir Dieu, en faisant profiter les autres de nosbiens, en distribuant régulièrement une part de nosrichesses, etc.

Prière...

«Seigneur, j'ai le temps, j'ai tout mon temps àmoi, tout le temps que tu me donnes. Les années dema vie, les journées de ma vie, les journées de mesannées, les heures de mes journées, elles sonttoutes à moi. A moi de les remplir, tranquillement,calmement, mais de les remplir tout entières jus-qu'au bord, pour te les offrir...

Je ne demande pas, Seigneur, le temps de fairececi, puis encore cela. Je te demande la grâce defaire consciencieusement, dans le temps que tu medonnes, ce que tu veux que je fasse.»

(Michel Quoist)

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La force Comment bien gérer son capital de vie?

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

6. Aimer... Le prochain

«Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pourvous, faites-le de même pour eux, car c'est la loi et lesprophètes.»

(Matthieu 7:12)

Tu aimeras... Pour la deuxième fois le comman-dement suprême nous invite à suivre un ordre.Cette fois-ci, le rayon chaleureux de notre amourest destiné à atteindre notre prochain.

Etonnant, non? Le commandement divin nes’échappe pas dans des spéculations spirituelles etne nous encourage nullement à quitter notre condi-tion terrestre pour suivre des voies mystiques. Aucontraire, il aboutit «simplement» à celui, celle,ceux qui partagent avec nous la vie.

Peut-il en être autrement?

Car si Dieu aime les hommes, il est évidentqu’il désire que les hommes soient valorisés etaimés. Le commandement tourné vers le prochainest une invitation explicite à collaborer avec Dieu,à aimer ce qu’Il aime...

Aimer ce que Dieu aime... n’est-ce pas la seulevraie manière d’être proche de lui?

Voir aussi Romains 13:9

«Car toute la loi est accomplie dans une seule parole,celle-ci: Tu aimeras ton prochain comme toi-même.»

(Galates 5:14)

Quel concentré! Avec seulement sept mots, cecommandement est capable de résumer et d’ac-complir les nombreuses ordonnances de la loi.

Cela est bien suffisant pour nous engager à leméditer.

Un commandement à géométrie variable

L’une des principales caractéristiques de cecommandement réside dans la dynamique desa construction qui repose sur un principe d'équi-libre.

Comme le montre cette illustration, la clé fonda-mentale du commandement d’amour est de mettrel’homme et son vis-à-vis dans un système d’équitéfondé sur l’amour. Cette mise en valeur de l’amourremplace avantageusement des listes de règles oude nombreuses ordonnances à appliquer.

La seule exigence du commandement n'est autreque celle de l'équilibre de l'amour. Et c'est assezgénial.

En m'invitant à aimer l'autre comme moi-même,Dieu fixe une règle foncièrement adaptée à ma per-

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

sonnalité. C'est un commandement à géométrievariable, capable de s'adapter automatiquement à lamesure de chaque homme.

Ainsi, personne ne peut s'exclure du devoir d'ai-mer. La mesure exigée par Dieu n'est autre quecelle qui lui est donnée. Que j'aie peu ou beaucoupreçu, Dieu ne me jugera pas sur la quantité de monamour, mais sur le juste partage de cet amour.

L'amour-égalité

Dans l’exercice du commandement, les inégali-tés entre les hommes sont couvertes par l'amour del'autre pour finalement produire une réelle justice.

Car l'amour est égalité.

Cette formule a de quoi surprendre notre culturequi associe souvent exclusivement l'amour à dessentiments passionnés. Cependant, comme chacunde nous peut en faire l'expérience, le chemin quiaccorde l'égalité à l'autre se fonde obligatoirementsur un véritable amour.

Par exemple, l'attirance entre l'homme et lafemme est naturelle et ne nécessite pas forcément

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

L’injustice c’est...• Je prends la part demon prochain.

• Je ne donne pas lapart à mon prochain.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

de grandes dispositions à aimer. L'homme attirésexuellement par la femme peut laisser cours à sapassion dans un esprit de domination et l'asservir àses désirs, ou l'enfermer dans un rôle servile, voireencore multiplier ses conquêtes... De son côté, lafemme peut utiliser habilement la dévotion mascu-line à sa cause, exploiter les désirs de l'homme encommercialisant ses charmes, ou jouer avec lui enle méprisant par ailleurs.

Toutes ces formes de relations permettent àl'homme ou à la femme d'exprimer un déséquilibrequi exprime le non-amour. Dans le jeu de la domi-nation, le plus faible finit toujours par être asservi.Cette loi dramatique s'observe dans les cultures oùla domination, injuste, est devenue légitime.Comme la femme est plus faible de nature, c'estsouvent elle qui finit par être victime du pouvoir.C'est ainsi qu'à travers l'Histoire, la femme a étésouvent méprisée et exploitée, voire esclave.

Face à ce désordre, l'héritage judéo-chrétienaurait dû introduire la précieuse dimension del'égalité entre l'homme et la femme. A la place dujeu cruel des pouvoirs, la révélation divine chercheà fonder le couple en démontrant l'extraordinairedignité de chacun. Avec le droit de dire oui ou dedire non, l'attachement du couple se fonde non surla domination, mais sur un consentement mutuel.

Dans cette décision, même le plus faible, quipourrait être dominé, ou pris par violence, se trou-ve sur un pied d'égalité. Aimer l'autre comme soi-même conduit à donner à chacun l'espace de saliberté.

Une petite goutte de la révélation divine est sus-ceptible de modifier radicalement les relationshumaines. La gestion des terres, des richesses, les

relations économiques et professionnelles, territo-riales, juridiques... toutes ces sphères de relationspeuvent être habitées par des principes de domina-tion ou au contraire permettre à l'amour-égalité des'exprimer.

Aujourd'hui, alors que le monde a repris pourlui-même et (sans Dieu) le but de l'égalité, le constatest sombre. Bien cachés, derrière une apparenced'égalité, des millions de femmes et d'hommes sontdominés par des pouvoirs sans pitié. Par exemple,on veut bien crier à tue-tête liberté et égalité, maissurtout pas pour les étrangers.

Sans une révélation de l'amour de Dieu, l'hom-me est incapable d'entrer dans la dimension del'égalité. La séduction du communisme en est unetragique illustration. Promettre aux plus pauvres etaux plus faibles un droit d'égalité, c'est un moyenfacile de les rallier à une cause. Mais pour que cetteégalité ne reste pas un rêve trompeur, il est néces-saire que tous, et premièrement les forts et lesriches, soient imprégnés du véritable amour.

En Jésus-Christ, Dieu nous donne une étonnan-te expression de l'amour-égalité. Lui, le Tout-Fort,le Tout-Riche, le Tout-Patron, le Tout-le-Temps...bref, celui qui est Tout, devient en Jésus un commenous. Ce chemin d'humilité n'a d'autre but que denous aimer comme lui-même. C'est le paroxysmedu salut. Dieu nous a aimés avec la même intensitéqu'il s'aime lui-même, car le commandementsuprême que Dieu nous propose, il le vit lui-même.C'est la dynamique du Royaume de Dieu.

Face au climat cruel du monde, Jésus n'a aucunepeine à traverser allègrement les barrières de ladomination, car il ne cherche pas le pouvoir. Cetteattitude intérieure lui permet de considérer les

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

autres sans aucun parti pris. Les religieux, persua-dés d'avoir leur place réservée au ciel, ne sont pasplus importants que les prostituées ou les brigandsde la croix. Pour Dieu, tous sont semblables, carDieu ne fait pas de favoritisme*. Pour illustrer pra-tiquement cette merveilleuse ouverture aux autres,Jésus va user d'une grande liberté en allant jusqu'àprendre ses repas avec des gens de mauvaise vie.

Au siècle du fast-food et des hamburgers, nousne percevons plus la portée des repas bibliques. Acette époque, le fait d'inviter quelqu'un à sa tableétait le signe d'un désir de communier avec l'autre.En partageant un même pain et un même vin, cha-cun se trouvait dans un univers d'égalité. Jésus,celui qui visite et invite, montrera ses liens d'amouren s'approchant de la table de tous les hommes etcela malgré les reproches de certains religieux.

Par de multiples paroles et paraboles, il ouvrirale voile du ciel en présentant le Royaume de Dieupar l'image d'un somptueux festin.

Pour Zachée, mis à l'écart des tables de ses voi-sins, le repas avec Jésus est décisif et bouleverse savie. Pas de prédication, ni de morale – du resteZachée connaissait certainement le messagebiblique – mais, petit et méprisé, il n'avait jamaisrencontré un amour qui l'accueille dans l'égalité.

C'est pourquoi Jésus exprime son affection envenant manger chez cet homme. Cet amour «missur la table» trouvera plus tard son paroxysme,lorsque Jésus partagera la Pâque avec ses disciples,dont le traître Judas!

Ces actes extraordinaires de l'amour de Dieugardent encore toute leur puissance et devraients'exprimer dans le corps de Christ, l'Eglise.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

*«Car devant Dieu il

n'y a point de favori-tisme.»

(Romains 2:11, Deutéronome 10:17,

Actes 10:34)

Malheureusement, alors que nous cultivons sanscesse les enseignements bibliques, la qualité denotre louange et l'habitude de donner dans l'offran-de... la communion fraternelle, les occasions devivre des partages et de manger ensemble s'ame-nuisent.

Même la Cène qui devrait être le point culmi-nant de notre fraternité est devenue une pratiquedésincarnée et individuelle. De plus, en lieu etplace d'une atmosphère d'amour et d'égalité, leséglises donnent souvent l'image d'un universsavamment échelonné: les gens du dehors, la massedes fidèles (docile), la couche plus honorable desministères. Ces structures entachées de recherchede pouvoir et d'influence sont parfois plus cruellesque celles du monde séculier.

Dans cette conception froide, l'évangélisationapparaît comme une affaire de moyens spécialisés.Nous donnons facilement notre crédit et notrebénédiction à des efforts spectaculaires, alors quel'accueil et l'hospitalité sont par ailleurs dévaluésou inexistants.

Pendant ce temps, ceux qui n'ont pas le privilè-ge de connaître Dieu agonisent par manqued'amour. Les critères de valeur humaine sontabsorbés par les verdicts de la performance et larentabilité. Pour être acceptés, la majorité des genssacrifient leur vraie identité et essaient tant bienque mal de jouer le rôle imposé par leur milieu.Dans cette course qui fait la part belle aux relationssuperficielles, beaucoup de personnes s'arrêtent,désabusées par le non-sens de la vie. Que leurreste-t-il? Vers qui peuvent-elles s'approcher afind'être réellement accueillis par un réel amour, sansqu'elles aient à masquer leurs limites?

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

Une communauté chrétienne qui mettrait lapriorité à cultiver cet amour resterait toujours perti-nente et toucherait de nombreuses personnes.

Alors que le monde domine et exploite ceux quiont moins de capital, ou qui sont dépendants, Jésusnous invite à les regarder au travers de son propreservice. Jésus a-t-il exploité ou dominé? Non, il aété serviteur en n'ayant cesse de donner son capitalà ceux qui en manquaient.

«Jésus leur dit: Les rois des nations les maîtrisent et ceuxqui les dominent sont appelés bienfaiteurs.Qu'il n'en soit pas de même pour vous. Mais que le plusgrand parmi vous soit comme le plus petit, et celui quigouverne comme celui qui sert.Car quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celuiqui sert? N'est-ce pas celui qui est à table? Et moi, cepen-dant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert.»

(Luc 22:25-27)

Cette attitude de dévouement de la part duSeigneur de la création est bouleversante. Dieu lui-même se place en serviteur des hommes et leurdonne sa propre dignité!

Avouons-le, nous sommes loin de la vision d'unDieu dominant et lointain, assoiffé de conforter saposition en soutirant l'honneur de ses servants.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

Non, comme le montre l'incarnation de Jésus, Dieun'est pas attiré par la grandeur et ne cherche aucu-nement à exploiter l'humanité. Lorsqu'il visite laterre, il ne s'assied pas sur le trône des rois, ni nevoyage sous escorte, mais il vient avec un linge etune bassine pour laver les pieds et les fautes deceux qu'il aime.

Voulons-nous être comme Dieu, avons-nousl'ambition d'être des citoyens de son Royaume?Alors comprenons enfin que le but de Dieu n'estpas de dominer le faible mais de lui offrir sa digni-té. Le chemin qui mène aux avantages, la course aupouvoir, le sentiment d'importance, la collectiondes esclaves et des subalternes, tout cela ne nousmènera jamais à Dieu.

Dieu ne se cache pas dans ce qui impressionnele regard, ni dans les grands édifices, ni dans lecommerce d'apparats, ni dans la cour des grands etni dans les grandes richesses... mais il se laisse plu-tôt trouver dans ce qui est humble.

Le Dieu, grand et infiniment puissant, se plaît àmettre le signe de sa gloire dans les choses petites...

Ce paradoxe s'observe dans la création.L'univers gigantesque n'est-il pas sorti d'une micro-scopique boule d'énergie?

Chaque jour, des milliards de milliards d'êtresvivants émergent de l'infiniment petit, jouantatomes avec atomes, pour multiplier les cellules etcréer notre réalité.

Chacun de nous, avant d'être conscient de lui-même, était cette masse infinitésimale d'informa-tions secrètes... en route vers l'existence.

Le fait d'être sortis de rien devrait nous ramenerà l'humilité et nous faire comprendre aussi que tout

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

homme sur la terre est d'une même et unique mesu-re. Le plus invraisemblable est que Jésus lui-même,le Fils éternel de Dieu, soit passé par la porteminuscule de la fécondation.

Quelle minuscule cellule pour amorcer sonroyaume sur la terre! Et pourtant, c'est bien cetteporte de la vie qu'il a daigné emprunter pour nousrejoindre.

En lieu et place d'un poste d'observation et d'unelongue-vue cachée derrière les nuages, Dieu nousobserve en pénétrant de sa connaissance chacunedes particules de notre univers. Cette présencesecrète, traversant vide, matière et vie, est certaine-ment sa manière à lui de rencontrer et de mesurerles actions des hommes. Dès lors, pour rencontrerce Dieu discret et proche, nous devons logiquementdétourner notre cœur de l'orgueil afin de découvrirla grandeur de Dieu dans les choses humbles.

Finalement, notre capacité à rencontrer et hono-rer Dieu se mesure à notre attitude envers ceux qu'ilaime.

La voie royale...

Celui qui frémit d'amour devant un enfant,prend en charge un malheureux, accueille un déra-

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

Les différentesmanières de créer.

ciné, soigne des souffrants, ou devient un serviteurdes autres... celui-là démontre qu'il aime lesvaleurs du Royaume. Par l'exercice de l'amour, ceserviteur avisé extrait le minerai du trésor duRoyaume céleste. Car, sur chacune des pièces duRoyaume, l'image frappée ne peut être que celled'un Dieu doux, miséricordieux et humble.

Soulignons-le, ce chemin ne peut aucunementêtre parcouru par légalisme ou par la pensée égoïs-te de s'élever spirituellement au travers de la misè-re des autres. Seul le Saint-Esprit peut nous donnerd'exprimer le vrai fruit de l'amour. C'est encore luiqui peut nous conduire concrètement dans la réali-sation des œuvres de Dieu. Pour ne pas dilapider lecapital de vie qui nous est accordé, nous pouvonslui demander d'inscrire dans notre vie ses justesvaleurs.

Cette voie royale de l'amour du prochain m’in-vite à partager mon capital justement; en faisantaux autres le bien que je désire.

Concrètement, cela signifie que j’ai la libertéd’user de mes richesses pour répondre à mesbesoins et à ceux de ma famille; cependant, cettegestion doit rester ouverte pour les autres. Pourcela, il est important que je «creuse» des canaux degénérosité pour donner régulièrement un soutienaux personnes démunies ou à celles qui s’en occu-pent. Cette ouverture vers l’extérieur est essentiel-le, car la santé de notre capital est suspendue à lagénérosité que nous exerçons. Si nous donnons,nous recevons. Par contre, si nous nous fermonsaux autres, nous mettons notre capital en péril .

A ce propos, Jésus raconte une histoire instruc-tive. Un homme riche totalement enfermé dansl’égoïsme et l’indifférence ne permettait même pas

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

«Soyez donc miséri-cordieux, commevotre Père est misé-ricordieux. Ne jugezpoint, et vous neserez point jugés; necondamnez point, etvous ne serez pointcondamnés; absol-vez, et vous serezabsous. Donnez, et ilvous sera donné: onversera dans votresein une bonnemesure, serrée,secouée et quidéborde; car onvous mesurera avecla mesure dont vousvous serez servis.» (Luc 6:36-38)

Le taux mortel desalinité de la merMorte provient dufait qu’elle reçoit del’eau douce sans endonner.

à un pauvre de venir prendre les miettes qui tom-baient de sa table. Pour cela, il avait soigneusementfermé sa porte... Une fois mort, le riche découvre àses dépens que sa porte close, de quelques centi-mètres, est devenue un abîme infranchissable qui lesépare du paradis (voir Luc 16:19-31) .

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

« Recommande auxriches de faire du

bien, d'être riches enbonnes œuvres,

d'avoir de la libéra-lité, de la générositéet de s'amasser ainsipour l'avenir un tré-

sor placé sur un fondement solide,

afin de saisir la vievéritable.»

( I Timothée 6:19)

«Tels sont les riches. Des biens qui sont communs, ilsles regardent comme leur étant propres, parce qu'ils s'ensont emparés les premiers. Si chacun, après avoir pris surses richesses de quoi satisfaire ses besoins personnels,abandonnait son superflu à celui qui manque du nécessai-re, il n'y aurait ni riche, ni pauvre. Vous qui engloutisseztout dans le gouffre d'une insatiable avarice, vous croyezne faire de mal à personne, lorsque vous privez du néces-saire tant de misérables.

Quel est l'homme injustement avide? N'est-ce pascelui qui n'est point satisfait lorsqu'il a suffisamment?Quel est le voleur public? N'est-ce pas celui qui prendpour lui seul ce qui est à chacun? N'es-tu pas un hommeinjustement avide, un voleur public, toi qui t'appropriesseul de ce que tu as reçu pour le dispenser aux autres?

On appelle brigand celui qui dépouille les voyageurshabillés, mais celui qui ne revêt pas le pauvre nu, mérite-t-il un autre nom? Le pain que vous enfermez est à celuiqui a faim; l'habit que vous tenez dans vos coffres est àcelui qui est nu; la chaussure qui se gâte chez vous est àcelui qui n'en a pas; l'or que vous enfermez est à celui quiest dans le besoin. Ainsi vous faites tort à tous ceux dontvous pourriez soulager la pauvreté.

Voilà de beaux discours, dites-vous, mais l'or est plusbeau... Que ne puis-je donc vous mettre sous les yeuxtoute la misère du pauvre, afin que vous sentiez de quelsgémissements et de quelles larmes vous composez votretrésor!»

(Extrait d'un sermon de Basile le Grand, prédicateur du troi-sième siècle.)

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Le prochain Comment bien gérer son capital de vie?

Comment aimer?

En reprenant le questionnaire de notre capital devie, nous pouvons évaluer notre capacité à aimer.Comment nous sentons-nous capables de vivrel'égalité de l'amour, en donnant une part de notrecapital de temps, de force, d'intelligence, d'affec-tion, de relations, de position sociale et derichesses?

Pour nous donner un aperçu de notre générosité,nous pouvons essayer de faire une liste des biensque nous exportons pour les autres... pas facile etdécapant.

Démarche: force

1. Vers qui Dieu m'envoie-t-il? Quelle est ma voca-tion?

2. Quel est le capital, spirituel, affectif, intellectuel oumatériel qu'il m'a confié pour que je le distribue?

3. Quelles sont les choses inutiles ou envahissantes quientravent mon appel?

4. Comment entrer fidèlement dans la responsabilitéd’aimer mon prochain?

Les réponses à ces questions ne sont pas faciles à trou-ver rapidement. Surtout si nous demandons à Dieu denous donner le plan de carrière complet de notre avenir.Souvent un petit geste, une petite décision d'amour peu-vent déjà bouleverser complètement notre horizon et celuides autres. C'est pourquoi, il est beaucoup plus dynamiquede rechercher la volonté divine en vue de la journée, dessemaines et des mois qui viennent. En vue de ce futurproche, demandons-lui de nous aider à trouver les pré-mices d'amour que nous pouvons réaliser dans notre situa-tion. C'est dans cette fidélité que s'inscriront les grandeschoses.

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Comment bien gérer son capital de vie? Le prochain

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

7. Vivre... L'écoute

«Si vous écoutez ces ordonnances, si vous les observez etles mettez en pratique, l'Eternel, ton Dieu, gardera enverstoi l'alliance et la miséricorde qu'il a jurées à tes pères. Ilt'aimera, il te bénira et te multipliera; il bénira le fruit detes entrailles et le fruit de ton sol, ton blé, ton moût et tonhuile, les portées de ton gros et de ton menu bétail, dansle pays qu'il a juré à tes pères de te donner. Tu seras béniplus que tous les peuples.»

(Deutéronome 7:12-14)

Après avoir exploré successivement les implica-tions du commandement suprême, les lecteurs nonattentifs pensaient sans doute avoir fait le tour de laquestion: eh bien non! L'ouvrage (précieux) quevous avez dans vos mains ne pouvait se terminersans mettre en honneur la première parole donnéedans le suprême commandement:

«Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'uniqueSeigneur.»

(Marc 12:29)

Car, finalement, pour Jésus, toute la dynamiquedu projet divin s'ouvre sur notre attitude d'écoute.Dans l'Ancien Testament, la santé de l'écoute étaitle moteur décisif de l'Histoire du peuple juif.Lorsque le peuple s'attendait à Dieu, le pays seconstruisait dans la paix et la prospérité. Lorsqu'ilne prenait plus garde à la volonté divine, il était

envahi par des ennemis et détruit. De plusieursmanières, la Bible souligne l'intime imbricationentre l'écoute et la bénédiction.

L'écoute juive

La dimension du repos et de l'écoute contenuedans la Bible est une valeur absolument spécifiqueau culte juif. Pour la comprendre, nous devons larattacher à ses racines historiques et spirituelles.

Vers 1300 avant Jésus-Christ, le peuple desHébreux exilé en Egypte se retrouve sous l'autoritéd'un pharaon orgueilleux et cruel. Précurseur del'interminable cortège des antisémites, le pharaonégyptien organise l'écrasement du peuple juif en luiinfligeant des corvées écrasantes. Dans cette spira-le d'oppressions et de souffrances, les Hébreux sontréduits à l'esclavage.

Cette diabolique persécution comprendra mêmele massacre des garçons nouveau-nés noyés dans leNil.

Alors qu’en cette fin de vingtième siècle nousrevendiquons la semaine de travail de 35 heures,

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

PharaonLe pharaon égyptien était considéré comme un dieu

incarné. Qualifié de glorieux soleil d'Egypte, de montagned'or, il est illustré sur des fresques comme un lion rugissanttenant dans ses griffes les peuples environnants. Ramsès II,le très probable oppresseur des Hébreux, avait même mar-qué sur un obélisque cette demande: «Que l'univers entierse soumette à lui». La domination du pharaon devait, selonles croyances des Egyptiens, se prolonger dans le mondedes morts. Ces croyances ont engendré les imposants tom-beaux.

nous avons de la peine à imaginer la détresse deshommes et des femmes privés de tous droits per-sonnels. Entièrement dominé par ses maîtres, l'es-clave devait être constamment sur le qui-vive, prêtà travailler.

Il ne pouvait aucunement prétendre au repos;ainsi sa vie d’homme-machine s'écoulait dans untravail perpétuel. Dans cette situation, vivre untemps d'écoute et de relation avec Dieu était unprivilège inaccessible.

Face à cette oppression sans répit du peuple,Dieu adresse cet appel au pharaon: «Laisse allermon peuple afin qu'il me serve». A cette demandedu Dieu Très-Haut, le pharaon répond par uneopposition à la mesure de son orgueil: «Qui estDieu pour que j'obéisse à sa voix?» (Exode 5:2)

Pour combattre le dessein de Dieu, le pharaonenferme le peuple dans un cycle oppressant enalourdissant encore le poids des corvées. Les cris,les douleurs et la détresse semblent à jamais scel-ler l'avenir des Hébreux dans leur esclavage. Faceà une telle insolence, Dieu va, à renfort de signeset de miracles, arracher son peuple à l'emprise dela tyrannie.

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

«Il (Dieu) l'a trouvé dans une contrée déserte, dans unesolitude aux effroyables hurlements; Il l'a entouré, il en apris soin, Il l'a gardé comme la prunelle de son œil.»

(Deutéronome 32:10)

En traçant schématiquement cette libération,nous remarquons qu'elle s'inscrit dans un mouve-ment dynamique passant de l'esclavage à la dignité.

Plus tard, le peuple libéré de l'Egypte entendracette parole:

«Je suis l'Eternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du paysd’Egypte, de la maison de servitude...»

(Exode 20:2)

Dans le sens où «Tu étais dans une existence aucycle fermé sur le monde, désormais je t'ouvre unchemin de liberté pour vivre ta vraie dignité; celled'une communion avec moi.»

Cette parole prendra toute sa signification dansle pèlerinage du désert, où, hors du monde, et nour-ri gratuitement, le peuple aura le privilège d'écou-ter et de servir Dieu.

Comme le montrent ces événements de l'Exode,le passage de l'esclavage à la disponibilité de l'écou-te est au cœur du projet que Dieu nous réserve.

Pour perpétuer la portée du message contenudans cette extraordinaire libération, deux signessymboliques seront inscrits dans l'histoire juive.

1. Le signe du sang

– Le premier signe marque l'année, c'est la fête dela Pâque. Par le repas du pain sans levain et lesacrifice de l'agneau, elle illustre la grâce spiri-tuelle que Dieu a accordée à son peuple enouvrant devant lui un chemin de libération.

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

«Vous observerez la fête des pains sans levain, car c'esten ce jour même que j'aurai fait sortir vos armées du paysd'Egypte; vous observerez ce jour comme une loi perpé-tuelle pour vos descendants.»

(Exode 12:17)

2. Le signe du temps

– Le deuxième signe issu de la sortie d'Egyptes'exprime par le jour du sabbat. Ce jour de reposet d'écoute inscrit dans chaque semaine est unsaisissant contraste avec les oppressions tyran-niques du pharaon.

«Tu travailleras six jours et tu feras tout ton ouvrage.Mais le septième jour est le jour du repos de l'Eternel, tonDieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni tafille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni tonâne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tesportes, afin que ton serviteur et ta servante se reposentcomme toi. Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Egypte,et que l'Eternel, ton Dieu, t'en a fait sortir à main forte età bras étendu: c'est pourquoi l'Eternel, ton Dieu, t'aordonné d'observer le jour du repos.»

(Deutéronome 5:13-15, les 10 commandements)

Vécu chaque semaine, le sabbat s'imposecomme l'expression centrale qui définit et donneun sens au culte juif.

Après la libération de l'esclavage, les Juifs vontdécouvrir par l'observation du sabbat que la ren-contre avec Dieu est supérieure à la création.En mettant le peuple à l'écart des contraintesmatérielles, Dieu annonce de façon radicale que lapossibilité de le rencontrer repose sur sa seule ini-tiative.

A côté des pratiques idolâtres égyptiennesoccupées à chercher des oracles dans le ciel, dans

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

l'eau du Nil, dans les animaux ou dans leshommes-dieux, le sabbat fait figure de précieuxantidote. Il place l'homme dans une autre dimen-sion d'écoute et de communion divine. Cette écou-te active de Dieu est également présente dans lesfêtes juives vécues dans un arrêt total des activitésmatérielles.

En interprétant le monde qui l'entoure à partirde la clé du sabbat, l'homme entre dans une justecompréhension de l'ordre «créationnel». Son tra-vail agit sur la création mais ne peut prétendrecréer la relation avec Dieu. La création ne contientpas le Créateur, elle est une expression de saParole, alors que le sabbat est l'écoute de cetteParole. Ainsi, le travail (sur la création), par soncaractère indirect, n'égale pas le repos du sabbat.Cette révélation faite à Moïse, inscrite dans les dixcommandements et dans le chandelier, rétablitl'image de l'ordre originel de la création.

Face au vrai culte incarné par le sabbat, les reli-gions naturelles s'appuient sur leurs capacités àproduire la relation. Elles sont des conceptionsconstruites par les efforts humains, connectées surune branche de la création.

Comme Dieu ne peut être trouvé par un travailsur cette création, toute tentative pour le trouverpar ce moyen n'est qu'une religion vaine et uneidolâtrie. Le vrai culte est d'entrer dans le repos deDieu. Cette notion du repos repose (on peut ledire) sur la grâce abondante de Dieu: je suis dansle repos parce que la porte de l'alliance et de lacommunion s'est ouverte grâce à l'action libératri-ce du Créateur!

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

Le pharaon moderne

En découvrant quelque peu le mystère extraor-dinaire caché dans la révélation du sabbat, nouspouvons discerner combien il abrite des enjeux spi-rituels importants.

Pour le pharaon égyptien, inconsciemment diri-gé par les forces occultes du mal, il s'agissait d'en-traver à tout prix le chemin de dignité promis à sesesclaves. Malheureusement, cette adversité n'a pasdisparu.

Tel un pharaon universel et omniprésent, Satana pour principale stratégie d'entraver le chemin quiconduit l'homme à Dieu. Pour cacher la porte quimène à la communion avec Dieu, Satan multiplieles contraintes et les oppressions sur les hommes.

Aujourd'hui, la majorité des hommes et desfemmes vivent dans un stress continuel.Prisonniers de leurs cycles infernaux, ils sontabsorbés par la gestion de leur capital et deviennentincapables de donner un autre contenu à leur exis-tence.

L'homme ainsi absorbé par ses activités dans lacréation n'est plus capable de retrouver sa positionde fils de Dieu réceptif à sa Parole. Pour le mondespirituel déchu, c'est une garantie, car l'homme,privé de son autorité divine est forcément esclavedu royaume des ténèbres.

Dans le livre de l'Apocalypse, cette volonté per-nicieuse se présente sous les traits d'une «bête» ter-rifiante qui cherche à inscrire le chiffre 666 sur lefront des hommes (les pensées) et sur leurs bras(les actions). Sans nous risquer dans les diversesformules mathématiques qui se sont succédées

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

«Que celui qui a del'intelligence calculele nombre de la bête.Car c'est un nombred'homme, et sonnombre est six centsoixante-six.»(Apocalypse 13:18)

pour interpréter ce chiffre, nous noterons simple-ment la succession du symbole 6. Ce chiffre, quidans la Genèse s’associe a la création des hommes,illustre bien l'esclavage d'un monde qui, opposé àl'ordre divin, s'enferme dans sa propre créationsans s'ouvrir à la présence de Dieu.

Ainsi, sans une réelle communion avec le Dieucréateur, l’humanité est condamnée à se construireselon un système fermé et esclavagiste.

Aujourd’hui, la gestion de l’économie mondialetend de manière évidente à asservir l’homme à uneloi implacable de rendement...

Cela est d’autant plus étonnant que, par lesmoyens modernes, l’homme pourrait être soulagédes oppressions quotidiennes. Mais il n’en est rien.Chaque nouvelle invention, chaque nouveaumoyen que l’homme développe (souvent dans debonnes intentions) semble se retourner contre lui.Ainsi, le monde qui se dessine pourrait bien prou-ver par l’absurde que l’homme capable d’établirune toile de communications sur l’ensemble de laterre finit par tisser le filet de son propre piège.

Le premier signe de la dégradation de la dignitéde l’homme se mesure à la manière dont il considè-re et gère son temps. Comme nous l’avons vu pré-cédemment, le temps qui nous est imparti est sansdoute le capital le plus déterminant de notre vie. Etcet espace de vie est le lieu par excellence pourexprimer l’amour, la communion.

Malheureusement, dans la conception humaine,le temps est rapidement réduit à une échelle gra-duée dans laquelle l’homme se plaît à inscrire sesambitions. L’espace du temps, créé par Dieucomme un espace de communion, devient un terri-

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

Il est frappant desonger que dans le

monde entier, la viemoderne contraintl'homme à porter à

son bras une machi-ne qui traduit letemps dans une

dimension calcu-lable...

toire aride contaminé par une conception abrutis-sante de la vie. Cette funeste manière de vivre cul-mine dans la cynique maxime: «Le temps, c'est del'argent.»

Ainsi, au lieu d’accomplir la dimension extraor-dinaire que Dieu lui a confiée, l’homme finit parperdre toute vision éternelle de son existence.

La perception de son temps de vie n’étant pluséclairée par une dimension spirituelle, il finit par serallier à la philosophie ultime du «mangeons etbuvons, car demain nous mourrons.»

Face à cette sinistre conception du monde quivit et se calcule pour lui-même, l'invitation divine àentrer dans le jour du repos et de l'écoute ouvre uneautre dimension à la vie de l'homme. Comme pourle peuple juif, cette dignité de l'écoute nécessitel'intervention d'un acte libérateur capable de nousarracher à la vanité d'une vie enfermée sur elle-même.

Cette nécessité se vérifie par l'intime imbrica-tion tissée entre l'œuvre du Messie et la significa-tion du sabbat. Le pivot de toute l'Histoire humainese concentre dans le terrifiant jour de la Pâque,lorsque Jésus est envoyé cruellement dans la mort,le temps d'un sabbat*. Alors qu'il expire, dans letemple de Jérusalem, le voile qui, jusque-là, mar-quait la séparation entre Dieu et les hommes, sedéchire d'un coup**. Ce signe miraculeux fera direà l'auteur du livre des Hébreux:

«Ainsi donc, frères, nous avons au moyen du sang deJésus une libre entrée dans le sanctuaire par la route nou-velle et vivante qu'il a inaugurée pour nous au travers duvoile, c'est-à-dire de sa chair.»

(Hébreux 10:19)

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

* Pour les Juifs, le jourcommence à la nuittombée. Jésus estresté dans le tom-beau du vendredisoir au dimanchematin. Soit exacte-ment le temps d’unsabbat

**Matthieu 2:51, Luc 23:46

Tel un puits débouchant sur la résurrection, lesabbat de la mort du Christ devient la brèchemajestueuse ouvrant la porte de notre dignité. Levrai jour du sabbat est ainsi à jamais accompli.

Cet acte libérateur affranchit l'homme de l'op-pression du monde tourné sur lui-même et lui com-munique l'autorité de refuser l'esclavage diaboliquedu pharaon moderne. De cette manière, la réalité duseptième jour s'écoule dans toute la vie du croyant.

En saisissant avec foi cette œuvre, Dieu nousappelle à user d'autorité sur les contraintes dumonde afin de nous mettre d'abord dans une réellecommunion avec lui.

La vraie écoute

Comme nous l'avons découvert au travers de latrajectoire du peuple juif, l'écoute est avant tout unenouvelle dimension spirituelle que Dieu offre àl'homme. La force de vie qui s'échappe de l'œuvrede Jésus peut éclairer chacun des jours de notreexistence. En usant de la libre communion avecDieu, notre entourage et nos activités prennent unautre sens. Une telle écoute casse la servitudeambiante et nous ouvre la voie à la dimension duprojet de l'amour.

Le repos de l'écoute est la clé de l'amour car, endéposant mon capital de vie dans une communionavec Dieu:

– je peux aimer Dieu parce que je suis en positionde l'entendre, de le contempler, de prendreconscience de sa présence;

– je peux aimer mon prochain, car sorti du cadrede la rentabilité et du profit, je vois sa vie sousl'angle de sa dignité en Dieu.

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

Comme le montre cette dynamique, dans le pro-jet de Dieu, l'écoute et l'amour sont indissociables.

Malheureusement, la conception occidentale del'écoute se limite souvent à prêter un intérêt intel-lectuel aux données bibliques. Cette vision se limi-te au monde de la pensée, elle entraîne irrésistible-ment les croyants dans une écoute qui nourrit desmécanismes intellectuels, mais elle produit bienpeu d'expressions d'amour.

Dans le commandement, l'invitation à écouters'adresse à l'ensemble de notre vie: notre cœur,notre âme, notre pensée et notre force.

Ecouter Dieu, c'est donc finalement lui laisser lesoin d'apporter une parole spécifique et adaptée àchacune des dimensions de notre vie. – Dans notre cœur, l'écoute est une ouverture spi-

rituelle fondamentale de notre être. Cet accueilintime et secret permet à Dieu de venir dans uneParole vivante qui se manifeste en Esprit. Cetteforme d'écoute, qui accueille la présence deDieu, c'est la foi. Elle permet à un homme detrouver grâce aux yeux de Dieu.

– Dans l'âme, l'écoute consiste à prêter une atten-tion toute particulière aux sentiments qui sont enDieu. Cette écoute peut quelque peu surprendrecelui qui n'a jamais prêté attention aux émotionsdivines. Pourtant elle est essentielle et suscep-tible de nous changer profondément. Celui quin'a jamais pleuré sur la misère du monde et res-senti l'amour de Dieu, peut-il aimer? En prenantgarde aux sentiments qui sont en Dieu: compas-sion pour les hommes, colère envers les injus-tices, tristesse face aux drames et à la misère,etc., notre âme s'ouvre à une Parole vivante sus-ceptible de l'entraîner dans une réelle vocation.

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

L'écoute de l'âme, c'est une graine de compas-sion, et la compassion, c'est le germe de la voca-tion.

– Comme nous l'avons vu, l'écoute de la penséeest sans doute celle qui nous est la plus familiè-re. Elle consiste à permettre à Dieu de nouspénétrer de sa sagesse et ainsi de comprendre lavaleur et le sens de ce qui nous entoure. LaParole divine qui s'adresse à notre pensée nour-rit nos raisonnements et fonde notre identitéintellectuelle. Cette parole est particulièrementprécieuse pour orienter notre vie dans un justedéveloppement. C'est l'écoute qui donne unecohérence à notre vie.

– Et, pour terminer, existe-t-il une parole divinequi s'adresse spécifiquement à notre force? Pourma part, j'ai maintes fois eu l'occasion de véri-fier combien mes forces avaient besoin d'êtrevivifiées par Dieu. Ecouter Dieu avec sa forceme permet de recevoir une juste vitalité pour lesprojets qu'il me confie. La Parole vivifiante deDieu nourrit les forces. Elle nous rend capablesde traverser les adversités afin d'accomplir lajustice.

Dans la Bible, plusieurs paroles divines s'adres-sent directement à la vitalité de l'homme: «Prendscourage, fortifie-toi». Elles s'adressent directementà la force.

Vivre une écoute large

Soulignons-le, Dieu n'appelle pas ses enfants àlui pour les écraser par toutes sortes de pratiquesastreignantes. La communion avec Dieu estd'abord un repos, elle se vit dans la liberté, l'origi-

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

nalité et hors d'un légalisme contraignant. Danscette dynamique, les quatre dimensions de l'écoutesont à intégrer dans notre relation avec Dieu.

Ecouter la Bible

Parmi toutes les définitions données sur le Livredes livres, l'apôtre Paul présente les paroles inspi-rées par Dieu comme l'épée de l'Esprit. Cette visionest particulièrement précieuse pour notre temps.Pour beaucoup de personnes, la Bible apparaîtcomme un vieux livre poussiéreux au message unpeu périmé. A l'heure de l'informatique, cettevision de la Bible la rend de moins en moins pré-sente dans la société moderne et dans l'Eglise.

Paradoxalement, alors même que la Bible estsournoisement mise à l'écart, de plus en plus depersonnes sont attirées par les manifestations duSaint-Esprit. Pourtant, l'Ecriture est certainementune des plus précieuses œuvres que le Saint-Espritait accomplies dans l'histoire des hommes. Eneffet, sans la Bible, la portée des miracles, dessignes, des prodiges, les paroles inspirées, les mes-sages prophétiques seraient enfermés dans leursépoques. Au fil des générations, les faits se seraientdéformés, voire oubliés. Même le compte rendu siprécieux de la venue de Jésus aurait subi l'érosionde l'oubli ou les assauts de quelques imaginationsdébridées.

Avec la mise en écrit du texte biblique, l'Espritde Dieu a entrepris la discrète tâche de collecter lesrichesses des actions divines. Le texte est enquelque sorte la pellicule photo ou la bande vidéoqui reçoit le témoignage des paroles et des événe-ments dignes d'être collectés. Sans cet héritage qui

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

traverse toute l'Histoire humaine, l'homme d’au-jourd’hui ne pourrait saisir le sens spirituel de sonexistence. Aveugle et sans racine, il finirait forcé-ment par s'égarer.

La Bible est donc la précieuse progéniture duSaint-Esprit. Cette particularité lui donne d'êtreentourée d'une force spirituelle, car l'Esprit qui ainspiré et travaillé à la mise en forme de ce textegarde un «œil» attentif sur cette Parole. Il est prêt àilluminer le sens de sa lecture dans les cœursouverts.

Par son fondement solide sur la Vérité et sonlien avec le Dieu vivant, l'Ecriture a une forte auto-rité spirituelle.

La parabole de Jésus, donnant à sa parole l'ima-ge d'une graine, illustre de manière incisive la natu-re du pouvoir que Dieu est capable de cacher dansune enveloppe à priori méprisable.

Dans le monde végétal, la puissance de la viepeut prendre la forme insignifiante d'une petitegraine. Au cœur de cette enveloppe minuscule, unmessage biologique écrit avec un alphabet dequatre lettres est sa seule richesse.

A vue humaine, il peut sembler inconscient demettre sa confiance dans la petite bille du glandissue d'un chêne, pour s'attendre à voir grandir uneforêt d'arbres solides. Pourtant, c'est bien sur ceprodige divin que repose tout le dynamisme de lavie.

En prenant au sérieux le parallèle que Jésus faitentre la puissance contenue dans la semence etcelle cachée dans la Parole, nous pouvons com-prendre l'énergie potentielle que recèle la Bible.

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

«Heureux l'homme...qui trouve son plai-

sir dans la loi del'Eternel... Il estcomme un arbre

planté près d'un cou-rant d'eau, qui

donne son fruit en sasaison...»

(Psaume 1:1-3)

Telle une graine enveloppant des lettres et desmots, la Bible semble incapable de répondre auxattentes du monde. Pourtant, en présence d'un ter-rain accueillant, cette Parole écoutée laisse jaillir lapuissance du Saint-Esprit.

Cette imbrication entre la Parole et l'Esprit, nouspermet de découvrir la précieuse complémentaritéentre les messages inspirés directement par l'Esprit(visions, prophéties) et ceux qui sont issus de laBible. Ces deux chemins de révélation découlentdu même Esprit et servent le même Seigneur.

En ce qui concerne l'Ecriture, Dieu nous exhor-te à user généreusement du merveilleux réservoirde révélations mis à disposition de notre vie quoti-dienne.

A vrai dire, la Bible contient une telle abondan-ce de paroles inspirées que nos capacités humainessont vite dépassées. Une manière équilibrée dedécouvrir la Bible est de la lire régulièrement avecl'objectif de se laisser former par l'ensemble de sonmessage.

Comme nous l'avons vu précédemment, labonne écoute consiste à entrer dans une attituded'accueil qui vise notre cœur, notre âme, notre pen-sée et notre force. Concrètement, cela consiste às'attendre à ce que Dieu ne me parle pas unique-ment intellectuellement, mais qu'il puisse aussitoucher les aspects spirituels, affectifs et vitaux dema vie.

Dans cette optique, il peut être utile devant untexte biblique de s'interroger sur la «cible» queDieu vise avec ces paroles.

Est-ce le fondement du cœur? Les sentiments etles émotions? Y a-t-il une sagesse particulière

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

capable d'élever mes raisonnements? Ou est-cemes attitudes et ma façon de vivre qui sont misesen cause?

Dans un climat d'écoute, ces ouvertures permet-tent de mettre ma vie dans une attitude de disponi-bilité et de répondre par la communion de la prière.Ces paroles divines pourront ainsi ensemencer mavie et me faire grandir dans le chemin de l'amour.

Cette écoute pratiquée régulièrement est supé-rieure à celle qui consiste à survoler superficielle-ment les textes bibliques, ou à les lire sans implica-tions personnelles réelles.

Souvent les paroles bibliques s'adressent simul-tanément à plusieurs niveaux de notre vie et il estparticulièrement riche de découvrir l'étendue d'unerévélation divine dans ses diverses dimensions. Siune parole nous touche, il est important de ne pasl'abandonner avant qu'elle ait fait son œuvre.Mieux vaut méditer profondément une paroledurant une semaine qu'en survoler dix par jour.

Démarche: écouter Dieu

Vivre une écoute vivifiante est souvent un combatcontinuel contre les «mangeurs d'écoute» de toutes sortesqui nous environnent.

«Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs nes'appesantissent par les excès du manger et du boire, et parles soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l'im-proviste.»

(Luc 21:34)

Pour exercer votre droit à l'écoute, et résoudre les diffi-cultés suivantes, prenez un temps d'écoute maintenant.

(Suite: page suivante)

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Vivre l’écoute Comment bien gérer son capital de vie?

Après avoir lu et médité le Psaume 1:

1. Cherchez quelle plage de temps régulière vous pouvezmettre à part pour l'écoute.

Face aux multiples pressions imposées par le mondemoderne, il n'est pas facile de trouver la force de prendre dutemps avec Dieu.

Recherchez dans votre emploi du temps la meilleureplage pour ne pas être dérangé par d'autres activités. Pourles lève-tôt, le matin et sa tranquillité sont un temps favo-rable à une écoute attentive. D'autres préféreront la périodeentre midi et deux heures, ou encore le soir avant de s'en-dormir. Qu'importe! L'essentiel est d'arriver à exercer unesaine autorité sur le cycle oppressant des activités journa-lières au profit d'un rendez-vous consacré à la rencontre deson Père céleste.

Si vous êtes vraiment trop occupé par les activités de lavie, vous devrez peut-être faire un sacrifice plus radical.Certaines personnes gagnent beaucoup d'argent tout enmenant une vie démentielle; si cela est votre cas, pourquoine pas ralentir un peu le rythme au profit de momentsd'écoute... Même en gagnant moins, vous vivrez un vraiplus!

2. Choisissez le lieu qui vous semble propice pour vivrevos temps privilégiés avec Dieu.

Comme les Juifs «invités» dans le désert, il est impor-tant de trouver un lieu favorable à une écoute attentive.Ceux qui vivent dans une maison peuvent aménager leurenvironnement en créant un endroit privilégié pour cetterencontre avec Dieu. Si vous n'avez pas cette possibilité,cherchez dans votre entourage un endroit calme etdépouillé de distraction où vous ne serez pas constammentdérangé. Parfois, les lieux publics offrent de sympathiquesendroits pour vivre votre temps spécifique avec Dieu.

(Suite: page suivante)

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Comment bien gérer son capital de vie? Vivre l’écoute

3. Apprenez à écouter et à vivre une communion avecDieu.

Prenez la peine de choisir une méthode d'écoute, envous fixant des buts précis et raisonnables. Par exemple,lire un Evangile à raison d'un chapitre par jour ou en profi-tant de l'aide d'un matériel adapté (plans ou commentairesde lecture). Pour amorcer votre habitude d'écoute, je vouspropose de suivre les textes bibliques qui ont inspiré plu-sieurs éléments de cet ouvrage.

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Lectures Comment bien gérer son capital de vie?

Lectures bibliques

«Toute Ecriture est inspirée de Dieu, et utile pour ensei-gner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dansla justice.»

(II Timothée 3:16)

Le message de la Bible a une portée universelle.Quels que soient notre race et notre arrière-plan, ilest susceptible de toucher notre vie. Cette autoritéprovient en grande partie du fait que Dieu a volon-tairement utilisé l'histoire du peuple juif pourmettre à la lumière les secrets cachés au sein deshommes.

Grâce au peuple juif, les choses spirituellescachées sont rendues visibles et sont inscrites dansles dimensions temporelle, historique et humaine.Au fil des expériences de ce peuple, le messagebiblique nous explique, dans un langage compré-hensible, toutes les choses nécessaires pour rem-porter le combat de la foi.

Il est dans ce sens intéressant de découvrir queles événements bibliques s’inscrivent souvent dansdes contextes qui peuvent aussi bien s’appliqueraux domaines extérieurs ou intérieurs de la vie. Larelation entre la vie sociale et politique d’Israël est,par exemple, souvent tributaire de ce que les

hommes du pays vivent dans leur relation avecDieu et leur prochain. Les épisodes bibliques nouspermettent souvent de percer la réalité cachée selonle principe que ce qui est intérieur trouve uneexpression extérieure.

Notons aussi qu’il est possible (avec prudence)de tirer quelques liens entre les particularités géo-graphiques et les villes du pays d'Israël et certainsaspects de l'être humain: le Jourdain vital, la ter-rible mer Morte, les déserts, les lieux élevés, l'iden-tité et le rôle des cités, les lieux de révélations, etc.

Cette interaction entre l'histoire de ce peuple etnotre propre vie nous permet de prêter une grandeattention aux principes de reconstruction qui sontmis en évidence dans les événements bibliques.

Un mouvement de reconstruction

Un des exemples les plus significatifs du lienentre l'étendue géographique et la vie intérieure serapporte aux épisodes de la reconstruction du paysd'Israël au sixième siècle avant Jésus-Christ. Acette époque, la cause des Juifs semblait irrémédia-blement perdue. Le peuple captif à Babylone était àplus de mille kilomètres de la Terre promise*.

Dans le pays, la ville de Jérusalem était aucomble de la désolation, alors qu'au temps deDavid et Salomon elle rayonnait de gloire et demajesté, et que le temple incarnait la présence deDieu.

En 587 av. J.-C., les maisons et les palais ont étébrûlés et toutes les choses précieuses ont étédétruites ou volées, la muraille démolie et le pays aété abandonné aux mains des pillards.

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Comment bien gérer son capital de vie? Lectures

* Les Juifs resteront à

Babylone pendant 70 ans.

Cette désolation sanctionnait les multiplespéchés du peuple et des rois qui s’étaient détournésde Dieu. Au fil du temps, le peuple, appelé à vivredans la communion, s'était laissé gagner par l'idolâ-trie et la méchanceté. Malgré les avertissementsdes prophètes, il continuait de s'éloigner de savocation.

«Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est éloi-gné de moi.»

(Esaïe 29:13, Matthieu 15:8)

Quelque temps plus tard, le pays tout entierdevient à l'image des hommes qui l'habitent: laville de Jérusalem, capitale du pays, devient unmonceau de ruines. Le temple qui incarnait la pré-sence de Dieu est réduit en cendres et tous lesustensiles du culte ont été emportés. Jérusalem la«ville de paix» est dans la désolation et tout le paysest livré aux mains des ennemis. Le peuple juif estdevenu la proie de la tristesse et des larmes.

Comme nous l'avons vu précédemment, cettedésolation du peuple et du pays exprime bien ladésolation qui accompagne le péché, pour uneville, et aussi les désastres intérieurs qui résultentdu péché de l'homme.

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Lectures Comment bien gérer son capital de vie?

Voir le descriptif deII Chroniques 36:19.

Le contraste entre le projet divin de prospérité etla désolation effective du pays illustre de façonincisive notre propre vie. Alors que notre destindevrait s'inscrire dans une existence de paix etd'harmonie, notre péché nous livre à la dominationde Satan.

Conséquences

– Notre temple: le lieu de la présence de Dieudans notre vie est détruit et en cendres, la com-munion est rompue. Seules les fondations rap-pellent notre destin d'accueillir l'édifice de laprésence de Dieu.

– Nos murailles: notre résistance spirituelle etnotre paix intérieure ne sont plus, nous sommesdonc à la merci des craintes et des dominationsspirituelles. La faiblesse et le découragementminent notre vie.

– Notre pays: l'espace et les biens qui font notredignité ne sont plus entre nos mains, lesrichesses sont prises, et nous sommes dans unesituation intérieure d'exil et de violence.

Par ces quelques exemples, nous percevons lesenseignements que nous pouvons extraire desrécits de l'Ancien Testament. A travers l'espacehistorique ou géographique d'une époque, Dieuéclaire la nature universelle de l'homme. Commenous le verrons, la restauration historique du paysd'Israël entreprise en 539 av. J.-C. n'a pas été facileet a dû être menée au travers de nombreux com-bats. La nature des adversités qui se sont manifes-tées contre cette restauration nous indiquent la stra-tégie de l'adversaire ainsi que les moyens de résis-ter avec succès.

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Comment bien gérer son capital de vie? Lectures

Pour le peuple, le chemin de la reconquête vas'établir en deux phases. Chacune de ces étapessera précieusement conservée par les scribes israé-liens: elles donneront les livres bibliques d'Esdraset de Néhémie.

Etude du livre d’Esdras

Les deux premiers chapitres du livre d’Esdrasracontent comment le peuple juif est libéré de l’em-prise qui le maintenait en exil dans la région deBabylone. Grâce à la libéralité de Cyrus, le nouvelempereur perse qui vient de conquétrir la région,les Juifs ont le droit de rentrer dans leur pays.

Dans un premier temps, 50 000 personnes ferontle chemin de plus de mille kilomètres qui les ramè-nera à Jérusalem.

Suite à ce nouvel exode, le cortège fatigué arri-ve enfin dans le pays d’Israël.

Imaginons un instant que nous soyons parmi lespèlerins qui reviennent en Israël. Après avoir vécutoute notre jeunesse dans la région de Babylone,nous arrivons enfin vers la ville que nos pères nousont décrite comme étant la plus belle, la cité pré-cieuse et glorieuse de notre peuple.

Mais face à nous, toute la ville est en ruines et ilne reste de la grandeur et des richesses de cette citéque des restes calcinés.

Que ferions-nous, que restaurerions-nous enpremier?

En toute logique, il semblerait plus sage d'entre-prendre la reconstruction des murailles et des mai-sons détruites pour assurer à chacun le minimun desécurité et de bien-être.

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Lectures Comment bien gérer son capital de vie?

Eh bien non!

Dieu conduit le peuple à reconstruire le centrespirituel du pays: le temple.

Les toutes premières pierres à retrouver leurplace sont celles de l'autel des sacrifices (Esdras3:3).

Cette priorité mise sur l'autel indique que la clénécessaire à une restauration réside avant tout dansle pardon et la grâce de Dieu. Ainsi, avant de se lan-cer dans cette entreprise, le peuple manifeste concrè-tement qu’il a besoin d’être couvert et accompagnépar la présence de Dieu.

Cette attitude est exemplaire et nous offre un belexemple sur la conduite à suivre pour confier notrevie à Dieu. Mettre l’autel dans notre vie, c’est per-mettre à Dieu d’élever la croix. Le sacrifice de Christest la base fondamentale de notre reconstruction.

Après l'autel, il s’agit de recontruire le temple deJérusalem sur ses anciens fondements. Pour lepeuple juif, c’est l’occasion de vivre une fête émou-vante dans laquelle se mêlent les pleurs du regret etla joie de l’espérance.

Cette étape peut être transposée dans notre vie:elle exprime parfaitement comment l'Evangile réali-se ses premiers pas dans notre existence.

L'Evangile est libéré au travers de la Parole, sestrésors arrivent dans notre cœur (là précisément oùnotre communion avec Dieu a été détruite). Dans celieu intime, un culte nouveau s'instaure en l’honneurdu Dieu vivant. Il se manifeste sur la base du sacrifi-ce de Christ et s'accompagne d'un retour à la prière etaussi d'une certaine émotion... Cela est comparableau premier pas d'une conversion.

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Comment bien gérer son capital de vie? Lectures

Mais ce début est très fragile, car l’élévation decette nouvelle construction ne laisse pas les enne-mis passifs. Ainsi, dès le quatrième chapitre dulivre d’Esdras, l’adversité se manifeste.

Tout au long du livre, elle prendra plusieursformes, dont certaines très subtiles.

1. Le mélange: «Nous bâtirons avec vous.»(Esdras 4: 2b)

2. L'intimidation et le découragement : «Ils l’inti-midèrent (le peuple) pour l'empêcher de bâtir.»(v. 4)

3. Le soudoiement: «Ils gagnèrent à prix d'argentdes conseillers pour faire échouer son entrepri-se.» (v. 5)

4. Les accusations: les ennemis envoient unelettre aux autorités supérieures pour leur rappe-ler les mauvaises actions des Juifs. Cela fait ces-ser les travaux. «Ils écrivirent une accusa-tion...» (v. 6)

Conséquences: les travaux s'arrêtent et le tempspasse... (v. 24)

Toutes ces formes d’adversité sont une parfaiteillustration de ce qui se passe dans la vie d'une per-sonne qui découvre une nouvelle vie en Christ.Souvent, à la suite des attaques et des ruses du prin-ce de ce monde, l'élan de foi s'arrête.

Mais, heureusement, comme le montre la suitedu texte, Dieu suscite une action d’encouragement.Grâce aux ministères prophétiques d’Aggée et deZacharie et de l’écoute de la Bible, le peuple estfortifié et la restauration continue:

«Alors Zorobabel et Josué se levèrent et commencèrent àbâtir la maison de Dieu à Jérusalem.»

(Chapitre 5:2)

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Ainsi, malgré les nombreuses entraves, le projetde reconstruction se réalise sous une garde puissan-te et attentive.

«Mais l'œil de Dieu veillait...» (v. 5)

Finalement, le temple est reconstruit entière-ment...

«Les Juifs bâtirent avec succès selon les prophéties... ilsbâtirent et achevèrent.»

(chapitre 6:14)

«...et la fête de Pâque est célébrée.» (v. 19-22).

Comme vous l’avez certainement compris, larichesse et la pertinence de ces six chapitres* per-mettent de faire de nombreux parallèles avec ceque nous vivons dans l’édification de notre com-munion avec Dieu. Dans cette optique, je vousinvite à méditer soigneusement les événementsrelatés dans le livre d’Esdras, afin de laisser Dieuvous parler à propos de ce qui se passe dans votrecœur et dans celui des personnes qui vous entou-rent.

Etude du livre de Néhémie

Comme nous l'avions vu dans la trame du pre-mier commandement, la remise en fonction de lasource spirituelle dans notre cœur n'est pas suffi-sante pour assurer une vie pleine et fructueuse. Laconquête doit se poursuivre afin de solidifier notreâme.

Cette réalité devait être très pressante pour lesJuifs qui avaient reconstruit le temple deJérusalem. Certes, ils avaient à nouveau un édificepour exprimer leur adoration et vivre leur culte,mais malgré cette glorieuse construction, la ville,

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*Les chapitres sui-

vants concernent unepériode ultérieure.

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avec ses murailles détruites, était dans une terriblefaiblesse. Incapable de s'affirmer face à l'adversité,elle se laissait traverser par ses ennemis et ne pour-rait résister dans un combat. Ainsi, paradoxale-ment, Jérusalem, la ville de paix, qui devait assurerprotection, n'offrait aucune sécurité à ses habitants.

Cette aventure relatée dans le livre de Néhémiedécrit les enjeux qui se rattachent à la fortificationde notre âme. La ville, au temple restauré mais sansdéfense, est une image pertinente pour décrirel'homme qui adore Christ, mais dont la personnali-té a besoin d'être reconstruite selon Dieu.

«Comme une ville forcée et sans murailles, ainsi estl'homme qui n'est pas maître de lui-même.»

(Proverbes 25:28)

La conquête

Dans le processus de restauration des murailles,les constructeurs vont rencontrer une nouvelle foisde nombreuses adversités. Ces épreuves rappellentle combat spirituel qui a lieu dans notre vie lorsquenous voulons nous affermir en Christ.

«Ils se moquèrent de nous et nous méprisèrent...»(Néhémie 2:19)

Il (l'ennemi) fut en colère et très irrité. Il se moqua desJuifs...A quoi travaillent ces Juifs impuissants? ... Si unrenard s'élance, il renversera leurs murailles de pierres.»

(Néhémie 4:1-3)

«Ils se liguèrent tous ensemble pour venir attaquerJérusalem» (4:8) «... nous les tuerons...» (4:11)

«Tous ces gens voulaient nous effrayer...»(Néhémie 6:9)

Ces moqueries, ces ruses et ces attaques dévoi-lent la tactique que Satan emploie contre notre vie.

L'objectif de cette adversité est de nous maintenirdans la faiblesse et le découragement. Car, pour lemonde des ténèbres, il est bien sûr préférable qu'unchrétien soit faible et démuni, plutôt que solide etplein de foi. Sur le plan personnel, il est importantde ne pas ignorer cette volonté qui cherche à faireperdre courage, comme les Juifs qui disaient:«Nous ne pourrons pas bâtir la muraille.» (4:10)

Ainsi, lorsque nous voulons progresser avecDieu et résoudre les problèmes de nos vies, noussommes confrontés au doute, au découragement, àla crainte de retomber, etc. Ces sentiments quijaillissent de notre âme ont une origine spirituelleet ils doivent être combattus. Pour comprendre lesmanières d'exercer ce combat spirituel, observonsles trois stratégies utilisées par les bâtisseurs.

1. Prise de position spirituelle«Dieu donnera le succès... nous serviteurs... nous nouslèverons et nous bâtirons; mais vous, vous n'avez ni part,ni droit, ni souvenir dans Jérusalem.»

(Néhémie 2:20)

A l'écoute des paroles ennemies, les bâtisseursaffirment leur foi et leur confiance en Dieu. Le ter-ritoire sur lequel ils travaillent lui appartient.

Pour cette raison, Dieu conduira la reconstruc-tion et les ennemis seront mis dehors*.

En suivant cette stratégie, je peux répondre auxépreuves et au découragement qui m'assaillent enproclamant mon appartenance au Dieu vivant.Cette démarche abordée dans le chapitre sur la pen-sée consiste à répondre aux mensonges et auxaccusations que Satan distille dans mon âme. Car,pour m'accuser et me décourager, le diable utilise

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*Cette attitude rejointcelle de David face à

Goliath, le géantmenaçant. Il consi-

dère que le territoiresur lequel se tient cetennemi appartient au

Dieu d'Israël (I Samuel 17)

souvent des états d'âmes négatifs. Ainsi, pourrépondre à ces influences néfastes, je dois placer enDieu ces sentiments qui jaillissent de mon âme. Parexemple, si j'ai le sentiment que Dieu ne m'aimeplus, soit je me laisse sombrer dans le décourage-ment, soit je conteste ce mensonge en proclamantpar la foi l'amour de Dieu sur ma vie.

Par une telle attitude, je fais reculer l'inspirateurqui cherche à saper ma confiance en Dieu. C'est decette façon que Jésus a résisté à Satan.

2. Prière

La deuxième ressources, employée à plusieursreprises par les bâtisseurs consistait à prendre destemps d'intimité avec Dieu. Dans ces moments, ilspartageaient humblement leurs découragements etleurs craintes.

«Ecoute, ô notre Dieu, comme nous sommes méprisés...»(Néhémie 4:4-5).

«... ô Dieu, fortifie-moi!» (Néhémie 6:9).

Grâce à ces temps de communion et d'amitiéavec Dieu, le peuple a trouvé un réconfort et lacapacité de résister aux funestes desseins de leursennemis.

«Et le peuple prit à cœur ce travail.» (Néhémie 4: 6).

Dans le cadre de notre vie, l'intimité avec Dieuest sans doute le centre névralgique de notre édifi-cation. L'assurance de construire notre vie avec lesoutien du Dieu puissant, Créateur de l'univers, estune source de force. En partageant avec lui noscraintes et nos découragements, nous avons le pri-vilège de mesurer ces épreuves à l'échelle de sapuissance. L'assurance d'appartenir à Dieu et d'être

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accompagnés de sa présence était le fondement spi-rituel des apôtres. Les propos de Paul illustrent ledegré de confiance qu'il a pu puiser dans sa com-munion avec Dieu:

«J'ai l'assurance que ni la mort, ni la vie, ni les anges, niles dominations, ni les choses présentes, ni les choses àvenir, ni les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, niaucune autre créature ne pourront nous séparer del'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notreSeigneur.»

(Romains 8:38-39)

3. Equipement«... nous établîmes une garde (armée)...» (Néhémie 4:9)

La troisième ligne de défense consiste à exhor-ter le peuple à s'équiper pour le combat. Chaqueouvrier doit porter son arme et être prêt à lamoindre alerte (4:13). Ce système de résistances'accompagne d'un dispositif d'alarme (des trom-pettes) qui permet au peuple de faire corps contreles attaques ennemies (4:20).

En écho à cette stratégie défensive, plusieurspassages du Nouveau Testament nous exhortent àprendre au sérieux les menaces qui viennent deSatan. L'apôtre Pierre, qui avait fait amèrementl'expérience de sa fragilité en reniant Jésus, présen-te le diable sous les traits d'un lion rugissant, cher-chant qui il dévorera.

Pour contrer ce danger permanent, l'épître auxEphésiens donne le secret d'une résistance active.

«Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pou-voir tenir ferme contre les ruses du diable. Car nousn'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contreles dominations, contre les autorités, contre les princes dece monde de ténèbres, contre les esprits méchants dans

les lieux célestes. C'est pourquoi, prenez toutes les armesde Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, ettenir ferme après avoir tout surmonté.Tenez donc ferme: ayez à vos reins la vérité pour ceintu-re; revêtez la cuirasse de la justice; mettez pour chaus-sures à vos pieds le zèle que donne l'Evangile de paix;prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, aveclequel vous pourrez éteindre tous les traits enflammés dumalin; prenez aussi le casque du salut et l'épée de l'Esprit,qui est la Parole de Dieu. Faites en tout temps par l'Esprittoutes sortes de prières et de supplications. Veillez à celaavec une entière persévérance, et priez pour tous lessaints.»

(Ephésiens 6:11-18)

Selon ce texte, les menaces des dominations etdes esprits méchants s'exercent sur nos vies de plu-sieurs manières.

Pour cette raison, résister avec force sur un seulplan n'est pas suffisant. Pour Jérusalem, son salutrepose sur la résistance de l'ensemble desmurailles. Une seule brèche dans cette défenseaurait suffi à ce que l'ennemi reprenne la cité etravage une nouvelle fois les remparts.

La protection active garantissait l'intégrité de laville, mais surtout lui permettait d'élever un systè-me de fortification efficace. Au fil de l'avancement

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DANGER SYMBOLE PROTECTION

Mensonge Ceinture Vérité Injustice Cuirasse JusticeParesse Chaussures Zèle de l’EvangileDoute Bouclier FoiPerdition Casque SalutFaiblesse Epée Parole de DieuInefficacité Relation Prières

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des travaux et de la réparation des brèches, la tâchedes défenseurs devenait de plus en plus facile.

Cette progression dans la capacité de résisters'applique aussi à notre vie personnelle (ou com-munautaire).

En revêtant l'équipement spirituel adapté auxmenaces de Satan, nous affermissons notre identi-té par une dynamique de reconstruction intérieure.Au fil de notre croissance spirituelle, nous pour-rons tenir ferme plus facilement.

Le rayonnement d’une vie reconstruite

En terminant notre incursion dans l'histoire deJérusalem, nous ne voulons pas manquer de men-tionner la fin heureuse que nous rapportent lesbâtisseurs:

«La muraille fut achevée... Lorsque nos ennemis l'appri-rent, toutes les nations qui étaient autour de nous furentdans la crainte; elles éprouvèrent une grande humilia-tion et reconnurent que l'œuvre s'était accomplie par lavolonté de notre Dieu.»

(Néhémie 6:15-16)

La restauration des défenses de la villeengendre un renversement spectaculaire. Par samuraille restaurée, le peuple peut enfin vivre dansla sécurité.

La ville, témoignage manifeste de l'œuvre deDieu, retrouve sa vocation de paix et inspire le res-pect partout alentours. Pour conclure, nous nemanquerons pas de voir dans la crainte et l'humi-liation des ennemis la défaite que doit ressentirSatan lorsqu'un chrétien est affermi en Christ.

«Résistez au diable,et il fuira loin de

vous.»(Jacques 4:7b)

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Démarche «Reconstruction»

Dessinez schématiquement les murailles de votrepropre vie en indiquant les principales faiblesses (brèches)qui menacent votre paix intérieure.

Quels sont les mensonges (accusation, découragement,mauvais sentiments, etc.) que Satan injecte dans votre vie?

En vous appuyant sur la démarche des bâtisseurs deJérusalem:

1. Proclamez que vous appartenez au Seigneur et qu'ilvous a libéré de toute condamnation, selon Romains8:1-2.

2. Partagez dans la prière vos faiblesses, craintes, décou-ragements, en faisant confiance à son amour pourvous, selon Romains 8:38-39.

3. En partant du tableau abordant les armesd’Ephésiens 6, mettez en face de chaque brèche, ouattaque, la défense spirituelle qui vous semble la plusadaptée. Dans la prière, remettez chacune des brèchesde votre vie en demandant à Dieu son équipement.