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Analyse bibliographique 75 Bilan d’extension et BI-RADS™ US Comment marche le BI-RADS™ échographique dans le sein de patientes porteuses d’un cancer du sein pour les autres nodules découverts de façon simultanée ?  Kim SJ, Ko EY, Shin JH, Kang SS, Mun SH, Han BK, Cho EY. Application of sonographic BI-RADS to syn- chronous breast nodules detected in patients with breast cancer. Am J Roentgenol 2008;191:653-8. Résumé Objectif. Le but de l’étude était d’évaluer la valeur du BI-RADS™ échographique actuel dans la caractérisation des autres nodules mammaires identifiés dans les seins d’une patiente porteuse d’un cancer du sein biopsié. Méthodologie. Parmi les 338 patientes avec cancer du sein, 601 autres nodules mammaires avaient été identifiés, dont 372 se trouvaient dans le même sein que le cancer et 293 dans le sein controlatéral. Une excision chirurgicale après localisation échoguidée avait eu lieu pour 189 des 601 nodules. Les 412 autres nodules, dans 191 patientes, avaient été suivis, puis avaient fait l’objet d’une biopsie ou avaient été excisés sans localisation préalable. Deux radio- logues ont analysé rétrospectivement les échographies de ces nodules et déterminé le BI-RADS™ sans informations cli- niques ou pathologiques. Résultats. La classification BI-RADS™ a abouti à 482 nodu- les dans la catégorie BI-RADS™ 3, 112 nodules dans la caté- gorie BI-RADS™ 4 et sept dans la catégorie BI-RADS™ 5. Le pourcentage de malignité était de 47,9 % (57 nodules) pour les catégories BI-RADS™ 4 et 5 et de 11,4 % (55 nodules) dans la catégorie BI-RADS™ 3. En analysant mieux ces nodu- les probablement bénins, par rapport à leur proximité à la tumeur (même quadrant ou non) et sein controlatéral ou non, le pourcentage de malignité était le suivant : 21,2 % (36/170) pour une localisation dans le même quadrant que la tumeur primitive, 9,8 % (12/122) dans un quadrant diffé- rent du même sein porteur du cancer et 4,2 % (8/190) dans le sein controlatéral. Conclusion. Les auteurs concluent que, lors du bilan d’extension local, le BI-RADS™ échographique ne peut pas être appliqué de la même manière qu’il le sera dans un contexte de dépistage puisque le risque de malignité pour un nodule de catégorie 3 est bien supérieur chez les patien- tes atteintes d’un cancer du sein, en particulier s’il siège dans le même quadrant que la tumeur principale. Commentaires de la rédaction Le travail est intéressant par le nombre important de patientes et de nodules et l’application systématique du BIRADS™ échographique à tout nodule mammaire autre que le cancer du sein. Il montre la limite de la catégorie 3 dans un bilan d’extension de cancer du sein, puisque le risque théorique de malignité ne devrait pas dépasser 2 %. Les résultats de cette étude montrent que c’est pourtant le cas quelle que soit la localisation du nodule par rapport à la tumeur primitive, variant de 4,2 % dans le sein controlaté- ral à 9,8 % dans le même sein mais dans un autre quadrant et allant jusqu’à 21,2 % pour le même quadrant que la tumeur. Cette étude fait penser aux résultats d’une étude similaire ayant appliqué le BIRADS™ en IRM et dont le pour- centage de malignité était de 6 % dans la première étude [1]. Les études IRM publiées après ce premier travail ont montré des pourcentages de malignité de moins de 2 % [2], ce qui peut traduire un ajustement dans les seuils d’attri- bution des catégories dans l’application du BI-RADS™ IRM selon la population étudiée. Le travail publié ici sur l’écho- graphie suggère qu’il vaut mieux être « suspicieux » devant tout nodule d’apparence bénigne situé dans le sein d’une patiente porteuse d’un cancer du sein, et pousser à le biop- sier en l’absence de possibilité de réaliser un examen IRM. L’IRM présente l’intérêt d’avoir une sensibilité plus élevée que l’échographie et la mammographie dans la détection des cancers dans une population à risque [3] et, en particu- lier, dans le sein controlatéral [4]. Références [1] Sadowski EA, Kelcz F. Frequency of malignancy in lesions clas- sified as probably benign after dynamic contrast-enhanced breast MRI examination. J Magn Reson Imaging 2005;21:556- 64. [2] Eby PR, Demartini WB, Peacock S, Rosen EL, Lauro B, Lehman CD. Cancer yield of probably benign breast MR examinations. J Magn Reson Imaging 2007;26:950-5. [3] Lehman CD, Isaacs C, Schnall MD, Pisano ED, Ascher SM, Wea- therall PT, et al. Cancer yield of mammography, MR, and US in high-risk women: Prospective multi-institution breast cancer screening study. Radiology 2007;244:381-8. [4] Lehman CD, Gatsonis C, Kuhl CK, Hendrick RE, Pisano ED, Hanna L, et al. MRI evaluation of the contralateral breast in women with recently diagnosed breast cancer. N Engl J Med 2007:356:1295-1303. Karen Kinkel

Comment marche le BI-RADS™ échographique dans le sein de patientes porteuses d’un cancer du sein pour les autres nodules découverts de façon simultanée ?

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Analyse bibliographique 75

Bilan d’extension et BI-RADS™ US

Comment marche le BI-RADS™ échographique dans le seinde patientes porteuses d’un cancer du sein pour lesautres nodules découverts de façon simultanée ?

� Kim SJ, Ko EY, Shin JH, Kang SS, Mun SH, Han BK,Cho EY. Application of sonographic BI-RADS to syn-chronous breast nodules detected in patients withbreast cancer. Am J Roentgenol 2008;191:653-8.

RésuméObjectif. Le but de l’étude était d’évaluer la valeur du

BI-RADS™ échographique actuel dans la caractérisation desautres nodules mammaires identifiés dans les seins d’unepatiente porteuse d’un cancer du sein biopsié.Méthodologie. Parmi les 338 patientes avec cancer du

sein, 601 autres nodules mammaires avaient été identifiés,dont 372 se trouvaient dans le même sein que le cancer et293 dans le sein controlatéral. Une excision chirurgicaleaprès localisation échoguidée avait eu lieu pour 189 des601 nodules. Les 412 autres nodules, dans 191 patientes,avaient été suivis, puis avaient fait l’objet d’une biopsie ouavaient été excisés sans localisation préalable. Deux radio-logues ont analysé rétrospectivement les échographies deces nodules et déterminé le BI-RADS™ sans informations cli-niques ou pathologiques.Résultats. La classification BI-RADS™ a abouti à 482 nodu-

les dans la catégorie BI-RADS™ 3, 112 nodules dans la caté-gorie BI-RADS™ 4 et sept dans la catégorie BI-RADS™ 5. Lepourcentage de malignité était de 47,9 % (57 nodules) pourles catégories BI-RADS™ 4 et 5 et de 11,4 % (55 nodules)dans la catégorie BI-RADS™ 3. En analysant mieux ces nodu-les probablement bénins, par rapport à leur proximité à latumeur (même quadrant ou non) et sein controlatéral ounon, le pourcentage de malignité était le suivant : 21,2 %(36/170) pour une localisation dans le même quadrant quela tumeur primitive, 9,8 % (12/122) dans un quadrant diffé-rent du même sein porteur du cancer et 4,2 % (8/190) dansle sein controlatéral.Conclusion. Les auteurs concluent que, lors du bilan

d’extension local, le BI-RADS™ échographique ne peut pasêtre appliqué de la même manière qu’il le sera dans uncontexte de dépistage puisque le risque de malignité pourun nodule de catégorie 3 est bien supérieur chez les patien-

tes atteintes d’un cancer du sein, en particulier s’il siègedans le même quadrant que la tumeur principale.

Commentaires de la rédactionLe travail est intéressant par le nombre important de

patientes et de nodules et l’application systématique duBIRADS™ échographique à tout nodule mammaire autre quele cancer du sein. Il montre la limite de la catégorie 3 dansun bilan d’extension de cancer du sein, puisque le risquethéorique de malignité ne devrait pas dépasser 2 %. Lesrésultats de cette étude montrent que c’est pourtant le casquelle que soit la localisation du nodule par rapport à latumeur primitive, variant de 4,2 % dans le sein controlaté-ral à 9,8 % dans le même sein mais dans un autre quadrantet allant jusqu’à 21,2 % pour le même quadrant que latumeur. Cette étude fait penser aux résultats d’une étudesimilaire ayant appliqué le BIRADS™ en IRM et dont le pour-centage de malignité était de 6 % dans la première étude[1]. Les études IRM publiées après ce premier travail ontmontré des pourcentages de malignité de moins de 2 % [2],ce qui peut traduire un ajustement dans les seuils d’attri-bution des catégories dans l’application du BI-RADS™ IRMselon la population étudiée. Le travail publié ici sur l’écho-graphie suggère qu’il vaut mieux être « suspicieux » devanttout nodule d’apparence bénigne situé dans le sein d’unepatiente porteuse d’un cancer du sein, et pousser à le biop-sier en l’absence de possibilité de réaliser un examen IRM.L’IRM présente l’intérêt d’avoir une sensibilité plus élevéeque l’échographie et la mammographie dans la détectiondes cancers dans une population à risque [3] et, en particu-lier, dans le sein controlatéral [4].

Références[1] Sadowski EA, Kelcz F. Frequency of malignancy in lesions clas-

sified as probably benign after dynamic contrast-enhancedbreast MRI examination. J Magn Reson Imaging 2005;21:556-64.

[2] Eby PR, Demartini WB, Peacock S, Rosen EL, Lauro B, Lehman CD.Cancer yield of probably benign breast MR examinations. JMagn Reson Imaging 2007;26:950-5.

[3] Lehman CD, Isaacs C, Schnall MD, Pisano ED, Ascher SM, Wea-therall PT, et al. Cancer yield of mammography, MR, and US inhigh-risk women: Prospective multi-institution breast cancerscreening study. Radiology 2007;244:381-8.

[4] Lehman CD, Gatsonis C, Kuhl CK, Hendrick RE, Pisano ED,Hanna L, et al. MRI evaluation of the contralateral breast inwomen with recently diagnosed breast cancer. N Engl J Med2007:356:1295-1303.

Karen Kinkel