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Partir pour le meilleur et pour le pire Histoire collective écrite et illustrée par Jennifer Lana Jeremy Megane Alexis Anthony Véronique Johanne

Commission scolaire de la Beauce-Etchemin · Web viewDe retour sur le pont, Édouard Ryan, le forgeron, me donna un hameçon. Clara Donelly, qui était la meilleure pêcheuse de son

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Partir pour le meilleur et pour le pire

Histoire collective écrite et illustrée

par

Jennifer

Lana

Jeremy

Megane

Alexis

Anthony

Véronique

Johanne

Mary Morisson attend son départ sur le quai. Jennifer

Ce texte collectif a été composé dans le but de préparer notre sortie du 22 juin 2013 à Grosse-Île.

École l’Étincelle de Sainte-Marguerite

Juin 2013

*****

Après le décès de sa mère, Mary Morisson a quitté son Irlande natale au printemps de 1847 pour fuir la misère et la maladie. Grâce à un réseau d’amis bien développé, elle pourra éviter le pire et tenter de reconstruire son bonheur au Canada.

Le groupe d’écriture qui a composé ce texte a démontré une créativité débordante. Il n’a pas toujours été facile de faire des choix. Mary Morisson a des qualités multiples et sait cultiver les amitiés. C’est cette force qui lui évitera bien des malheurs.

Bonne lecture!

Johanne Morin

Portrait de famille. Megane.

1er mai 1847

Me voici Mary Morisson

Je m’appelle Mary Morisson et je vis dans le comté de Down en Irlande. Aujourd’hui, je me promenais dans une ruelle sombre, lugubre et humide. Je pensais à ma mère Theresa qui avait des points rouges sur tout le corps depuis le matin. Des points rouges dans le cou et sur ses joues que j’avais embrassées en me levant. Beaucoup de personnes sont parties avec cette maladie et ne sont jamais revenues. Je traverse la rue en espérant que maman ne parte pas. À ce moment, une charrette passa si près de moi que je faillis me faire frapper. J’ai eu très peur et pour calmer mon petit cœur, j’ai couru chez mon ami Steele. Comme toujours, John Steele m’a écoutée même si, lui aussi, avait une vie difficile.

En attendant des jours meilleurs. Alexis

8 mai 1847

Un long voyage

Bien triste nouvelle : maman Theresa n’a pas survécu à la varicelle et est morte ce matin. Papa James se sent vraiment triste et découragé. Il se demande bien quel avenir nous réserve l’Irlande. Cet après-midi, John a proposé à papa d’utiliser sa charrette, d’y placer quelques objets pour un long voyage et d’émigrer vers le Canada. Sans attendre, James a accepté et nous voilà partis en charrette vers un monde meilleur : direction Mayo.

12 mai 1847

Je sens l’odeur de l’eau salée de la mer. Nous y voilà! Puenan McDonald et Mary Murphey, que nous avons rencontrés à Sligo, sont avec nous depuis qu’ils nous ont donné du foin pour Coquette, notre cheval, qui avait bien failli mourir de faim. J’aurais tant voulu que maman soit avec nous, pour vivre cette expérience. Pour la première fois, je la sens dans mon cœur avec un peu de bonheur.

Attente au port de Mayo, Irlande. Lana

4 juin 1847

La musique qui fait danser

Direction Canada, terre nouvelle et inconnue qui pourra me donner une meilleure vie. Nous sommes en mer depuis trois jours et c’est l’ennui total. Aujourd’hui, j’ai entendu John Steele jouer d’un instrument que je n’avais jamais vu. Je crois qu’il s’agit d’un genre de violon qu’il appelle fiddle. Sa musique était si entraînante que la danse a dérangé certains catholiques. Comme John à un cœur d’or, il a prêté son bodhran à Mary Murphy, une catholique, et elle a commencé à taper sur l’instrument. Le son a si bien résonné dans les oreilles, que tout le monde s’est mis à danser sans gêne. Comme par magie l’ennui est disparu et pour un moment, tout le monde à bord, y compris le capitaine, était joyeux. J’ai donc décidé que j’apprendrais moi aussi à jouer du fiddle. La musique permet de calmer les différences et sur un bateau, croyez-moi, c’est très important!

4 juillet 1847

La malédiction du rat

Ce matin, lorsque nous nous sommes levés, j’ai entendu Puenan McDonald crier :

· MALÉDICTION À BORD!

J’ai sursauté en pensant que des pirates étaient arrivés sur le bateau. J’ai couru sur le pont pour constater que Puenan avait un gros rat entre les doigts. Je me suis exclamée :

· Mais qu’est-ce que ce pauvre gros rat a fait pour donner une malédiction?

- S’il est si gros c’est parce qu’il a mangé toutes nos réserves d’avoine! explosa Puenan avec colère.

J’ai vite compris que nous allions mourir de faim si on ne trouvait pas d’autre nourriture. C’est à cet instant que Mary Murphy eut une idée :

-Pourquoi ne pas utiliser ce rat pour pêcher de gros poissons?

J’ai alors couru dans la cale pour agripper la poche d’avoine vide et tirer sur un fil. J’ai arraché une patte de lit et j’ai fixé la corde. De retour sur le pont, Édouard Ryan, le forgeron, me donna un hameçon. Clara Donelly, qui était la meilleure pêcheuse de son village, a lancé :

· Donnez-moi ça, j’en fais mon affaire!

Au souper, nous nous sommes régalés et en regardant mes amis heureux, je me suis dit que j’avais une nouvelle famille. Ensemble, il nous sera plus facile d’affronter la nouvelle terre qui se pointe déjà à l’horizon.

7 juillet 1847

Ce matin, j’ai enfin quitté l’hôpital du secteur est de Grosse-Île, le Lazaret. Après quatre jours de grande fièvre et de frissons, une gentille infirmière m’a annoncé que j’avais survécu à la maladie mortelle du choléra. Au même moment, elle m’a informée que mon voisin O’connor était décédé la veille. Quelle tristesse pour sa mère restée en Irlande.

La maladie fait de nombreux morts. Dylan

En après-midi, j’ai rencontré Édouard Ryan qui travaille maintenant à la forge près de l’atelier de charpenterie. Il arrivait de la chapelle Anglicane, avec son ami John Steele et il m’annonça un heureux évènement : le mariage de Puenan McDonald et de Mary Murphey.

Sans attendre, j’ai couru au bâtiment de convalescence pour partager la bonne nouvelle à Clara qui avait repris de belles couleurs. Cela laissait croire, que la varicelle serait bientôt un mauvais souvenir.

10 juillet 1847

Par un dimanche matin, nous sommes allés nous promener puisque tout le monde allait mieux. Puenan tellement heureux nous a annoncé une nouvelle merveilleuse. En effet, il nous confirma que Mary Murphy était enceinte. Si c’était une magnifique petite fille, elle se nommerait Eliza et si c’était un joli garçon, il s’appellerait Hugh.

Un peu plus tard, je me suis retrouvée sur le bord du Fleuve St-Laurent, près de la baie du Choléra. Alors que je respirais l’air salé de la mer, j’entendis un faible miaulement. Je m’approchai doucement vers un rocher et j’aperçus une petite boule de poil blanc qui semblait prise. Délicatement, j’ai retiré la patte qui était coincée sous la roche et en regardant ses petits yeux verts, je décidai de l’adopter. Je suis certaine que ce chaton me portera chance sur le bateau qui m’amènera à Québec. Comme il était tard dans la nuit, nous avons quitté la plage et John nous a raconté, pour nous faire rêver, une histoire de poissons-volants qui tournaient autour des bateaux qui se rendaient à Québec. J’ai eu cette histoire dans la tête toute la nuit, en espérant que mon nouveau chat Joséphine puisse se régaler de ce repas volant.

Quoi? Des poissons-volants! Anthony

1er août 1847

La pièce où je suis est grande et décorée avec soin. Joséphine dort paisiblement en ronronnant ce qui m’aide à calmer le stress qui m’a dérangé toute la journée. J’ai mis le pied à Frampton après un long voyage en bateau et en charrette. Depuis que j’ai quitté Grosse-Île, je me demande si les poissons-volants existent vraiment au Canada parce que je n’en ai vu aucun. Mon stress vient surtout de ma difficulté à comprendre la langue du pays. C’est pour ça que je n’ai pas quitté mon père d’un poil appréciant sa douce voix capable de prononcer plusieurs mots en français. Papa a décidé de construire une maison avec l’aide de John et Édouard et j’espère que je pourrai décorer ma chambre à ma guise. Ma nouvelle maman, Julie Bégin, m’a dit ce matin, en me voyant pour la première fois, qu’elle me donnerait bientôt un collier porte-bonheur. Papa James a bien choisi sa nouvelle femme et je sais que maman Theresa aurait pu être son amie. Je sens que Frampton me réserve une belle vie et que je pourrai y réaliser mes rêves. Le hasard nous réserve des surprises : je retrouve mon père dans un village de la Beauce et je découvre une nouvelle maman!

10 août 1847

Nous en sommes toujours à la construction de notre nouvelle demeure. Enfin, nous pouvons voir notre avenir se bâtir petit à petit. Les hommes travaillent avec ardeur afin d’atteindre la satisfaction d’obtenir un chez-soi. Les femmes, quant à elles, fournissent des efforts pour pouvoir nourrir leur famille. En effet, elles tentent de trouver des aliments frais et elles les cuisinent avec entrain. Le quotidien de misère que nous avons vécu au cours des derniers mois est maintenant sur le point de se transformer.

Par un matin ensoleillé, alors que tout le monde a la main à la pâte, Monsieur le maire, connu sous le nom de Joseph Turcotte, vient nous annoncer qu’il était prêt à nous offrir un coup de main. Il nous mentionna que plusieurs villageois s’étaient portés volontaires pour nous aider à terminer les rénovations. Notre réaction fut unanime : avec une joie intense, nous nous sommes précipités dans les bras l’un de l’autre. Deux jours plus tard, la maison était terminée. Tous les gens qui avaient participé à la construction étaient exténués. Ils avaient travaillé nuit et jour afin de nous permettre de nous installer le plus rapidement possible. Nous sommes maintenant résidants de Frampton. Notre adresse est le 560, rue Yorkie. Vous pouvez deviner notre joie et notre fierté de connaître une fin si merveilleuse alors que nous avions connu un départ si malheureux.

FIN

Jeremy Anthony Lana

Portraits de famille