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e m’appelle Mario Viboux et suis le directeur de la Maison des jeunes Point de mire. Ça fait plus de dix ans que j’y ai fondé un groupe de pêche qui offre des activités de pêche sportive pour les jeunes et, depuis 1996, ces activités sont axées exclusivement sur la pêche à la mouche. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours pêché. C’est mon grand- père qui m’a initié et ce sont les Moucheurs du Montréal Métropolitain qui m’ont formé à la pêche à la mouche. La majorité des jeunes aiment bien monter des mouches entre ami-e-s et c’est une activité hivernale très populaire chez nous. À la Maison de jeunes, quatre étaux sont installés en permanence et quinze immenses tiroirs sont remplis à ras bord de matériel de montage. Certains jeunes arrivent, disent « Allo ! », enlèvent leur manteau et hop !, ils s’assoient à la table de montage pour toute la soirée... Évidemment, ça parle de pêche et tout le monde y va de sa petite histoire. J

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e m’appelle Mario Viboux et suis le directeur de la Maison

des jeunes Point de mire. Ça fait plus de dix ans que j’y

ai fondé un groupe de pêche qui offre des activités de pêche

sportive pour les jeunes et, depuis 1996, ces activités sont

axées exclusivement sur la pêche à la mouche. D’aussi loin

que je me souvienne, j’ai toujours pêché. C’est mon grand-

père qui m’a initié et ce sont les Moucheurs du Montréal

Métropolitain qui m’ont formé à la pêche à la mouche.

La majorité des jeunes aiment bien monter des mouches

entre ami-e-s et c’est une activité hivernale très populaire

chez nous. À la Maison de jeunes, quatre étaux sont installés

en permanence et quinze immenses tiroirs sont remplis à

ras bord de matériel de montage. Certains jeunes arrivent,

disent « Allo ! », enlèvent leur manteau et hop !, ils s’assoient

à la table de montage pour toute la soirée... Évidemment,

ça parle de pêche et tout le monde y va de sa petite histoire.

J

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Guide 2003 3

Plus tard dans la soirée, les jeunes me demandent de

raconter l’histoire des photos du mur des célébrités. Ce mur

est rempli de photos des anciens du groupe avec leurs plus

belles prises. Quand je raconte, ils écoutent avec une sorte

d’anxiété, puis se remettent à monter les mouches avec

optimisme. Nous parlons aussi des sorties de pêche et des

camps à venir, qui se tiennent toujours à proximité d’une

rivière grandiose. En fait, nous faisons plus que de monter

des mouches autour de cette table, nous faisons naître

l’espoir...

Les textes suivants sont tous écris par des jeunes qui font

partie de notre groupe de pêche à la mouche. Il y a en

encore bien d’autres qui auraient pu écrire dans le cadre

de ce « Spécial relève ». Des jeunes qui découvrent avec

nous, année après année, ce merveilleux sport qu’est la

pêche à la mouche. Je ne sais pas si tous ces jeunes vont

pratiquer la pêche à la mouche pendant

toute leur vie, mais je sais qu’ils sont

tous devenus des pêcheurs à la mouche

pour la vie, c’est ça qui compte...

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Tout a commencédurant l 'hiver de1997-98, celui dugrand verglas. Ilfaisait très froid et çafaisait un mois que je fréquentais la Maisondes jeunes (Mdj). À l'époque, je frôlaisencore les murs en y entrant et je sautais surtous les divans, dit-on ! Je ne m'en rappellepas… […]

Entre temps, dès qu'un 0º C se pointait etque Mario (Viboux) en avait l'occasion, ilpartait pêcher à la mouche sur la rivièreYamaska-Nord… Pêcher à quoi ?! Etl'hiver ?? Alors là, c'est vrai, je n'avais aucuneidée de ce que je manquais ! C’est ainsiqu'au cours de ce même hiver s'est formé lepremier groupe officiel de pêche à la mouchede la Mdj. Nous avions 12, 13 et 14 ans,étions très sportifs et aussi curieux : Dom,Sylvain, Jen et moi.

Mario est un passionné de la pêche sportiveet c'est à ce moment-là qu'il se rendit compteque nous manifestions un réel intérêt pource sport. Petit à petit, Mario nous a expliquéles rudiments de la pêche sportive… On nepouvait compter sur un meilleur pêcheur àla mouche que lui pour communiquer etenseigner sa passion ! Pour ma part, j'aicommencé à pêcher au lancer léger à quatreans, avec mon père, mais je ne connaissaisrien de la pêche à la mouche.

Pour apprendre « la théorie » du lancer,nous avions visionné plusieurs vidéos ens’exerçant avec des mini-cannes montéesavec des bouts de laine. Nous n'apprenionsque la base quoi… Mais voici qui est encoremieux : l'hiver, la Mdj loue un gymnase, pastrès loin, à chaque mercredi. Ça c'est super,car c'était l'endroit idéal pour mettre enœuvre tout ce qu'on avait appris dans desconditions atmosphériques parfaites ! Pourcommencer, on est allé acheter quatre «combos » canne-moulinet, puis Mario noussupervisait pendant qu’on pratiquait noslancers. À la fin de la soirée, on avait lesmains pleines d'ampoules, tellement onserrait fort notre canne ! Il nous disait alorsque l’expérience commençait à entrer…Encourageant !

Nœuds et dénouementsQuand on ne pratiquait pas les

nœuds, on apprenait à fabriquerdes mouches. C'est comme ça queça marche dans le groupe de pêche

: il faut faire nos propres mouches si on veutpêcher ! Mario nous emmena dans uneboutique de pêche à la mouche pour acheterquatre étaux et du matériel de montage. Deretour à la Mdj, on apprit à faire notrepremière mouche, la Wolly Bugger etpendant tout l'hiver, on fit les provisions !On monta le plus de mouches différentespossibles, comme ça, rendu à l'été, on eutnos boîtes à mouches pleines et « Cherchez-nous pas ! » : on était à la pêche tout letemps.

Depuis ce temps, on s’est aménagé unepetite salle avec le fameux mur des célébrités(où nous avons l'honneur de retrouver notrephoto avec notre première prise), unebibliothèque de pêche, des meubles derangement pour notre matériel de montage,de l’éclairage adéquat et une table spacieuseet très pratique. Bien peu de choses ornaientcette pièce à l’époque, mais depuis l’an2000, grâce à Roméo Pépin de Snowbee, onpeut ajouter à la liste : 15 wading jackets,15 paires de waders, 15 ensembles de canneset moulinets, 15 vestes, des bâtons de marcheen rivière… Commeça, il y a beaucoup plusde jeunes qui peuventembarquer dans legroupe !

Vers la f in de cepremier hiver donc, lemoment tant attenduétait enfin arrivé pournotre petit groupe. Onallait pêcher pour lapremière fois sur unvrai plan d'eau !Cependant, ce quiimportait le plus étaitd'avoir un poisson aubout de la ligne (stadeNo 1 du pêcheur à lamouche). On s’estrendus à la pourvoirie

du Boisé de l'Arc-en-ciel, près de Lachute.Finalement, nous avons tous réussi à prendreau moins deux truites, ce qui nous a menétout droit au mur des célébrités !

Efforts = Sorties de pêcheÉvidemment, plus on est nombreux dans

le g roupe, plus i l faut faire del'autofinancement pour organiser de bellessorties de pêche. C'était la première foisqu'on participait à un salon de chasse etpêche. La Mdj avait un petit kiosque pourpromouvoir la pêche à la mouches chez lesjeunes. On faisait le tirage d'une magnifiqueboîte à mouche faite à la main et on montaitdes mouches « chanceuses », qu'on vendaitpar la suite; les gens nous encourageaienttellement qu'on ne fournissait plus ! Bref,nous avons vite fait le lien entre efforts etsorties de pêche, car nous avons ramassésuffisamment d'argent pour notre voyagesur la Salmon River, dans l'État deNew York !

Plus les années passèrent, plus de nouveauxjeunes arrivèrent et plus le groupe de pêchede la maison de jeunes faisait parler de lui! Parfois, les gens nous reconnaissaientmême dans les salons ! Depuis ce fameuxhiver 1997-98, nous avons exploré plus de40 rivières et lacs et découvert plusieurs

Au fil du temps, Selma Aissiou est devenue une excellentepêcheuse à la mouche, avec des qualités indéniables de guideet communicatrice. Elle pêche depuis sa plus tendre enfance(sur les côtes d’Algérie avec son père) mais la pêche à lamouche a été une découverte déterminante dans sa vie. Elles’y consacre depuis plus de cinq ans,à raison de 30 à 40 sorties de pêchepar année ! Sur les rivières, Selmaprovoque des « Ho ! » et des « Ha ! » et le commentaire qui revient le plussouvent est : « C’est-tu assez beaude la voir aller ! ». (MV)

« Home-made waders »

Je me rappelle une fois, en pleine pluie battante, nouspêchions avec un petit coupe-vent en nylon sur les épauleset les deux pieds dans l'eau. Bien sûr, nous finissionstrempés jusqu'aux os et dans mon cas avec une grippeassuré ! Ah oui ! J'oubliais presque de parler de noswaders de l’époque… Je vous rappelle que notreéquipement était rudimentaire, alors voilà comment onfait pour fabriquer des souliers antidérapants pour pêcheren rivière : 1- Trouver un vieux tapis 2- Prendre une vieillepaire de running shoes. 3- Découper dans le tapis uneforme de semelle assortie à vos souliers. Et 4- Coller lasemelle sous vos souliers à l'aide de la colle-contact etlaisser sécher quelques heures. Et voilà ! C'était vraimentdrôle et on a passé un super été grâce à ça… (Selma)

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cultures et même d'autres pays ! Par exemple, à l'été 2000, noussommes allés près de Sept-Îles pour pêcher le saumon de l'Atlantiquesur la rivière Aux Rochers. L'automne de la même année, nous avonspêché sur les trois rivières Pabos, en Gaspésie. En 2001, nous avonsmême été invités par le groupe de pêche à la mouche de Modena,en Italie !! Nous avons travaillé très fort pour payer nos billetsd'avion, mais quel voyage inoubliable ! Dernièrement, à l'été 2002,nous avons été invités par monsieur Luc Leblanc, directeur généralde la rivière Nouvelle en Gaspésie, pour pêcher la truite de mer etle saumon de l'Atlantique… Et ça ne finit pas !

Pas seulement à cause du poissonLe groupe de pêche à la mouche de la Maison des jeunes Point de

mire est en constante évolution et, depuis l’an 2000, il y a toujoursentre 15 et 20 jeunes qui apprennent à mieux se connaître. Lesmotivations de chacun des jeunes pour faire partie du groupe depêche peuvent être très différentes. Ça change d'une personne àl'autre : chez certains, c'est l'aspect camaraderie qui les attire; chezd'autres, c'est seulement pour profiter du bien-être que la natureprocure; avec leur étau, les artistes créent une nouvelle mouche àchaque soir; les sportifs trouvent aussi leur compte, car ils adorentparcourir des kilomètres de rivière à la recherche de bons spots; lescurieux sont satisfaits; les aventuriers explorent constamment pour

en voir toujours plus; etc ! Et y a ceux qui rassemblent toutes cesfacettes pour y trouver leur compte… En passant, je me comptedavantage dans cette dernière catégorie, car pour moi, la pêche à lamouche englobe toutes ces facettes. Quand on entre dans le groupede pêche à la mouche, on apprend d'abord à connaître les autres…puis, on apprend les techniques à chaque jour et finalement, onapprend surtout à mieux se connaître. Maintenant que j'ai 18 ans,je suis bien contente devoir le groupe de pêcheà la mouche bien vivant,de voir encore desdébutants s'ouvrir versde nouveaux horizons.Ils vont se rendrecompte très rapidementque la pêche à lamouche est loin d'êtreseulement une questionde poisson…

La pêche à la mouche est devenue unenouvelle passion pour moi. Pour nous, à laMaison de Jeunes, la pêche est un sport etnon une façon de revenir avec du poissonpour faire subsister notre famille et nosproches. On fait beaucoup de remises à l'eau.En fait, la pêche est un art et une façon dese cultiver tout en s'amusant et en regardantla nature. C'est pour cela que j'en suis devenu« accro ». Quand je ne suis pas sur unerivière ou un lac, je suis dans la salle depêche, devant un étau à monter des mouches

pour nos prochaines sorties. C'est donc lesujet de mon article: mes expériences entant que monteur de mouches.

Ma première moucheLe montage est une partie importante de

la pêche à la mouche. En six mois, j'ai faitd'énormes progrès. Je suis passé de zéro à« accro ». Ma première mouche, c'est Isabellequi me l'a montrée. C'était le Wolly Bugger,une mouche qui imite une sangsue,extrêmement polyvalente et qui est en train

de surpasser, point de vue popularité,le Muddler Minnow. Cette mouche facileà monter est très bonne pour lesdébutants qui veulent découvrir la pêche.J’ai mis plus de 45 minutes à monterma première : une chance qu'Isabelleétait là pour moi ! Elle m'a aussi montrétout le matériel, les hameçons et toutesles techniques nécessaires pour monterdes mouches. La technique la plusdifficile est le nœud de finition que j’aimis beaucoup de temps à maîtrisercorrectement. Après des heures et des

heures de pratique, j'y suis parvenu. Durantla Méga-Pêche du Vieux-Port de Montréal,si vous en avez entendu parler, c'est moi quim’occupais de l'atelier : montage de mouche.Je montrais aux gens à monter un WollyBugger. Aujourd'hui, je fais cette moucheentre 5 et 7 minutes et je suis rendu avecune boîte contenant 50 à 60 Wolly Buggers.

Les Streamers, caddis et poppersEnsuite, j'ai appris plusieurs streamers.

Ce type de mouches imite de petits ménés.

Le montagede mouchesPar : Jean-Olivier Caron

Jean Olivier Caron pêche également depuis sa plus tendre enfance, mais la pêche à la mouche a déclenchéchez lui une réelle passion. À la Maison des jeunes, il passe son temps dans la salle de montage et il veuttoujours aller plus loin, en apprendre toujours plus. Jean Olivier n’a que 14 ans, mais il a déjà animé descliniques de montage demouches devant plus detrente personnes susp-endues à ses lèvres. Il estl’archétype du pêcheur àla mouche idéal. Toujoursà l’écoute, il est obser-vateur, curieux, persé-vérant, aventurier, patientet très calme. Cependant,Jean Olivier est très excitépar les temps qui courent :il va acheter sa premièrecanne à mouche ceweekend. Ma grande foidu Bon Dieu ! Plus en-thousiaste que ça, tumeurs ! À l’entendre, il vasûrement finir par coucheravec elle ! (MV)

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Premièrement, j'ai appris la Gray Gost, puisla Mickey Finn, la Green Ghost, la MagogSmelt, et la VSQB. La VSQB est une mouchedont le « père » est Mario Viboux lui-même.Cette mouche est très attrayante car ellepossède beaucoup de Crystal Flash. À 19 hprécises, si vous voulez prendre du poisson,sortez votre VSQB et c'est sûr à 95 % que çava mordre, car avec la luminosité du soleil,cette mouche devient irrésistible. Voilè ce queMario nous répète souvent. La VSQB et laMagog Smelt sont mes deux streamerspréférés. J'adore les monter. Mon hameçonpréféré pour ces sortes de mouches est lanuméro 2/0. C'est très différent d'un WollyBugger car sur celle-ci, tout s'attache à l'arrière,alors que c'est le contraire sur un streamer.Le gros défi, c'est de ne pas faire une tropgrosse tête. J'ai fait des streamers que jecachais, tellement les têtes étaient énormes.Mais on s'améliore de jour en jour. Ce qu'il ya de nouveau quand on monte un streamer,c'est qu'on utilise du poil de chevreuil. J'aiappris comment l'égaliser. Ce que j'aime lemoins, c'est de poser du Tynsel plat. J'aimeles streamers, car ils donnent une mouche trèsreprésentative.

Comme mouche sèche, j'ai appris à monterdes moucherons et des caddis. Ce qui est trèsdifficile c'est de ne pas mettre trop de fil sinonelles ne flotteront pas. Comme nymphe, j'aiaussi monté une Montana jaune et noir. Ledernier de mes défis a été de faire un popperà achigan constitué d'une queue en maraboutdont la hampe est du poil de chevreuil tourné.C'était la première fois que je tournais du poilet je n'étais pas très rassuré, mais je m'en suisbien tiré. J'ai même trouvé cela évident. J'aiensuite monté un Muddler Minnow. Selma,une pionnière du groupe de pêche à la mouche,qui est devenue une excellente pêcheuse etmonteuse, était très impressionnée de maperformance.

Sans aideMaintenant, je suis capable de monter des

mouches sans l'aide de personne. Je me metsun modèle et je le reproduis. Le montage demouches est très difficile, au début, maisquand tu connais toutes les bases, c'est vraimentévident. Je suis très content que Mario aitmonté un groupe de pêche à la mouche aussipassionnant. Sans Mario et Isabelle, je neserais pas en train de vous parler de manouvelle passion dans un guide comme celui-ci. J'ai beaucoup de respect pour Mario Viboux: en fait, il est mon idole en pêche à la mouche.Un jour, je voudrais être aussi bon que lui enpêche et en montage de mouches. En attendant,je vais continuer à pratiquer et je crois quebientôt, je vais m'attaquer aux mouches àsaumon!

Après toutes ces années à guider des jeunes sur les rivières,j’en suis venu à choisir sept mouches que je leur enseigne. Cesont des mouches classiques qui ont fait leurs preuves et qui sonttrès faciles à monter. Une sélection qui leur permet de pêchertoutes les espèces de poissons, sur n’importe quel plan d’eau etce, beau temps mauvais temps.

Voici dans l’ordre, les sept mouches au programme pour tous les jeunes du groupede pêche. Bien entendu, les modifications, l’expérimentation ou encore l’adaptation deces patrons sont fortement encouragées. Néanmoins, les jeunes doivent avoir

au moins six mouches classiques de chacun de ces patrons dans leur boîte.La première mouche de la sélection est la Wooly Bugger. Comme elle peutimiter une nymphe, une sangsue ou un mené, ça nous amène àparler d’entomologie et des différentes familles de mouches.Ils montent des Wolly Bugger dans les formats #4 à #8,de couleurs olive, brune ou noire, avec cristal flash ou

non.Ensuite, ils montent une vraie nymphe, la Gold Ribbed

Hare's Ear. Ils découvrent alors de nouveaux matériaux etils enrichissent leurs connaissances sur l’entomologie et plusparticulièrement les éphémères. Ils la montent dans les formats# 8 à # 14, plombé ou non. Ce qui les amène tout naturellement à

la mouche sèche Adams et aux éphémères adultes. Ils découvrent alors denouvelles techniques et surtout, une nouvelle approche de montage, plusdélicate et plus légère. Ils la montent dans les grosseurs # 8 à # 14, en versionparachute ou à ailes dressées.Puis, vers la mi-février, les jeunes entreprennent le difficile

apprentissage du tournage de poils de corps de chevreuil.D’abord, avec la mouche Muddler Minnow en format # 4 à # 8,

qui nous amène à parler des mouches terrestres, sauterelle ou encore des trichoptères(caddis) et surtout de la grande famille des streamers. Toujours pendant cette période,ils commencent à monter leurs premiers poppers à achigan en poil de corps de chevreuilégalement, dans les formats #2 à #8. Nous parlons alors des grenouilles,écrevisses et souris, très prisées parles plus gros poissons.

Finalement, vers ledébut du mois

d’avril, on seprépare auxmontaisonsprintanières des oua-

n a n i c h e s .Nous montons

alors les streamersMagog Smelt, Marabou Gray Ghostet Mickey Finn. Nous parlons dessaumons, de leurs mœurs et desnombreuses différences qui existentdans cette famille de poisson. Enfin,vers la mi-mai, la saison de pêchecommence enfin et tous les jeunessont fin prêts pour apprendre lesrudiments du wading, la lecture d’unerivière et surtout, pour profiter desplaisirs de la nature !

La sélection officielle demouchesPar : MarioViboux

Adams

Mickey Finn

Wooly Bugger

Gray Ghost

Gold ribbedHare's Ear

Popper

Magog Smelt

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i, au gré des saisons,vous rencontrez une

bande de jeunes maniaques dela pêche à la mouche auxsa lons e t nombreusesmanifestations du monde dela pêche sportive, ou encoresur les rivières du Québec etdu Nord des Etats-Unis, ehbien, il s’agit sûrement dugroupe de pêche à la mouche

de la Maison des jeunes Point de Mire. Plusieurss'étonnent en voyant notre groupe : « Des ados quiaiment la pêche ? Ce sont probablement de jeunes “granos ” vivant près des bois dans des régions éloignées! », se disent-ils. Eh non, ils viennent bel et bien deVerdun, en plein centre-ville de Montréal, et sont toutce qu’il y a d’urbains : « trippant basketball », filmd'horreur et vedettes pop. Seulement, ils sont réconciliésavec la nature et tous les petits bonheurs de la vie augrand air et, savez-vous quoi ? Ils en redemandent !

Deuxième étonnement face à notre bande de joyeuxpêcheurs : elle comprend autant de filles que degarçons ! En tant que représentante de la gent féminine,je ne vois pas ce qu'il y a de bizarre là-dedans. J'aitoujours adoré la pêche et maintenant que je l'enseigneaux jeunes, je n'aurais pas pu rêver mieux pour vivrema passion. Cependant, quand je pense à toutes nos

sorties en rivières, c'est vrai qu'ony rencontre peu de femmes, encoremoins de jeunes adolescentes. Jepeux comprendre la curiosité quel'on soulève. Imaginez une bandede f illes qui débarquent sur une fosse, desadolescentes de 14, 15 ans avec leurs vêtements« mode » et qui mouchent comme de vraies pros !Très souvent, les autres pêcheurs n'en reviennentsimplement pas et ne peuvent s'empêcher de venirà notre rencontre pour nous souhaiter une bonnepêche. Certains y vont même de leurs petitsconseils : « Soyez prudentes les filles, le courantest fort ! ». N'ayez crainte, monsieur, quand lesfilles débarquent sur une belle fosse, il n'y a pasgrand-chose pour les arrêter !

Qu’est-ce que les filles peuvent bien trouver àla pêche à la mouche pour « tripper » tant queça ? En fait, plusieurs choses retiennent l'attention

des f illes car, même si ellesadorent attraper le poisson, ellescomprennent plus facilement queles garçons, que la pêche ne serésume pas à ça. Je me souviensque Patricia et Julie adoraientregarder les paysages, observerles oiseaux et tous les autresanimaux, ou que Selma adoraitc h a n t e r a u r y t h m e d e smouvements de sa soie. Ces fillespêchent pour relaxer, profiter desgrands espaces, s'oublier quelquesinstants. J'ai rarement entendu unefille se plaindre que ça ne mord

pas ; pour elles, c'est peut-être moinsimportant. Évidemment, la joie de prendreun poisson est tout aussi grande chez lesf illes que chez les garçons, mais ellestrouvent tout naturel de faire une belle remiseà l'eau, après la traditionnelle photo pour lapostérité.

Quoiqu’on en pense, les filles n'ont paspeur de manipuler les poissons, il suffit deleur laisser le temps de s'habituer. Vanessa,par exemple, détestait la texture « gluante

et dégueulasse » des poissons. Néanmoins, après le combat fantastiquequ’elle avait livré avec son premier saumon, elle était si high qu’ellen'a pas hésité une seconde à l'embrasser (une tradition à Point deMire) et depuis, elle ne regarde plus du tout les poissons de la mêmefaçon. J'ai déjà vu de jeunes adolescents bien moins courageux quecertaines filles lors de leur premier contact avec un poisson bienvivant. Je me souviens d’un garçon incapable de décrocher unminuscule tacon ou d’un autre, près de s'évanouir à la vue d'uninoffensif poulamon.

Les garçons aussi prennent le temps d'admirer le paysage, surtoutlorsqu'il est époustouflant (comme à notre dernier voyage enGaspésie), mais ils ont surtout en tête la recherche du gros poissonà capturer. Comme Akim faisait remarquer : « Lorsque j'ai pris monpremier poisson, j'ai ressenti tout un frisson ! Je croyais que cette

Isabelle Arnaud est ma collègueet mon bras droit dans les activités depêche à la Maison des jeunes. Ellepêche depuis qu’elle est toute petiteet son rêve a toujours été de pêcherà la mouche. C’est maintenant chosefaite : bienheureux ceux (et celles) quiréalisent leurs rêves ! D’ailleurs, elleresplendit de bonheur quand elleenseigne la pêche à la mouche auxjeunes et sa joie est communicative.Les jeunes l’adorent et elle a toujoursune bonne parole pour ceux et cellesqui se tournent vers elle, parfoisdécouragés par mes commentairesfrancs et directs. On peut dire qu’onse complète bien... Isabelle réfléchitbeaucoup sur la pêche sportive et sonraisonnement est toujours très inté-ressant même si, par les temps quicourent, ça tourne plutôt en rond !C’est qu’elle part au Honduras pêcherle « bonefish » à la mouche, pour lapremière fois de sa vie ! Elle ne parleque de ça ! Heureusement qu’elle avaitcomplété cet article avant que sonvoyage ne se confirme... (M.V.)

Les p'tits bonheursde la pêche…

au féminin !

Par Isabelle Arnaud

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impression disparaîtrait avec l'habitude, maisc'est toujours cette même sensation forte que jeressens lorsque je combats un nouveau poisson ».C'est souvent à contrecœur qu'ils remettent lepoisson à l'eau, mais restent conscients du beaugeste qu'ils portent. À la Maison des jeunes Pointde Mire, nous remettons 99,9 % de nos poissonsà l'eau.

Avant d'aller pêcher, nos jeunes moucheurs etmoucheuses ont tout un apprentissage à faire.Entomologie, éthique, nœuds, techniques delancer et, bien entendu, montage de mouches !Certaines filles sont très méticuleuses lors dumontage, elles reproduisent fidèlement le patrond'une mouche et leur dextérité est surprenante.C’est pourquoi je m'étonne qu'il n'y ait pas plusde femmes lors des grands concoursinternationaux de montage. Si elles savent joueravec les différentes couleurs de matériaux, ellesosent moins faire d’expérience ou inventer leurspropres mouches. Les garçons sont plusaventureux à ce sujet. Mathieu, par exemple, nesavait faire qu'une seule mouche au début, maisil voulait quand même créer immédiatement sapropre invention, en jurant qu'elle serait« mortelle », lors de sa première sortie de pêche !Résultat ? Une sorte de Wolly Bugger bicoloreavec du poil dépassant de partout et une queuefaite de chenille toute « pendouillarde ». Hum! un peu douteux, mais certes, très créatif ! Il ya aussi Jean-Olivier et Tomasz, cet été, qui ontinventé une panoplie de nouvelles mouches plusfarfelues les unes que les autres, dont une avecdes cheveux humains et une autre nommée fireflyparce qu'ils la faisaient flamber ! Décidément,les filles sont plus timides quand vient le tempsde créer de nouvelles mouches…

On ne peut bien sûr généraliser l’intérêt pourla pêche à la mouche selon le sexe, puisque lapersonnalité de chacun prime. J'ai vu des garçonspas « viandeux » du tout et des pêcheuses quivoulaient toujours lancer plus loin que les autres.En fait, la pêche à la mouche, c'est génial parcec'est tellement vaste et complet que chacun ytrouve son compte : les gars et les filles, solitaires,boute-en-train, rêveurs, sportifs, scientifiques…

La FAPAQ a fait un grand pas dans ce sens enchoisissant comme porte-parole Mélanie Turgeon,elle-même une jeune f ille dynamique etpratiquant la pêche sportive ! Un modèle différentde ceux que nous voyons habituellement dansles émissions de pêche à la télévision. Pourtant,les jeunes pêcheurs et pêcheuses adorent latélévision et les magazines, mais on leur offrerarement des modèles auxquels ils peuvents’identifier. Je pense aussi à toutes les femmesqui voudraient s'initier à la pêche à la mouche,mais qui n'osent pas… Essayez, mesdames, vousn'allez pas le regretter et si vous n'êtes pasconvaincus, venez rencontrer nos jeunesadolescentes lors des salons montréalais de chasseet pêche. Elles sauront sans doute voustransmettre leur passion et les secrets de leur art !

Tout a commencé il y a un an, lorsqueMario Viboux m'a invitée dans le groupede pêche à la mouche. Ayant toujoursaimé la nature et la pêche, j'ai décidé dem'engager. Nous avons fait quelquessorties, au Boisé de l'Arc-en-Ciel et à la rivière Saranac, pour pêcher des truites, auxquellesje me suis rapidement habituée.

Mais notre voyage en Gaspésie, on peut dire que là, ça sortait de l'ordinaire ! Moi quicroyais que les saumons dela rivière Nouvelle étaienténormes… le premier quej'ai pris mesurait un bon deuxpouces (5 cm). C'était un toutpetit tacon, mais quand il amordu j'avais le cœur quibattait à 100 milles à l'heure !

C'est lors de notre périplesur la rivière Grand Pabosque je me suis rendu comptedu potentiel d’une véritablerivière à saumon. En arrivantsur la fosse #19, je me suismise à trembler, tellementj'étais impressionnée par tousles saumons qui m'en-touraient. À 15 pieds (5 m)d'où j'étais, une énorme fossede 20 pieds (6 m) de pro-fondeur m'attendait avec aumoins 150 à 200 saumons,dont quelques Big Bertha(surnom que nous donnionsaux grands saumons). Je fisquelques lancers « toutcroches », tellement j’étaisnerveuse, mais après cinqbons lancers, avec ma BlueCharm, j'ai senti un chocterrible ! Comme c'était la première fois que ça m'arrivait, je dois dire que j’ai eu trèspeur, mais en même temps je hurlais de joie ! Pendant dix minutes, j'ai tenté d’épuiserle poisson, mais en fait, c'est moi-même qui se fatiguait le plus…

Après ce dur combat, et comme le veut la tradition à la Maison des jeunes, mon premiersaumon a eu droit à un beau gros bisou. Pour la postérité (devant vidéo et caméras), j'aiembrassé mon poisson pendant au moins 20 secondes, si bien que je me suis retrouvéeavec plein de « spouich » sur la bouche. Après cette séance de photos, j'étais très fièrede moi ! C'est incroyable de voir avec quelle rapidité la prise d'un poisson peut vousremonter l'estime de soi, et d'un autre côté, vous vider complètement de toute votre énergie !

Ce premier saumon aura été une des plus belles expériences que j'ai vécues et je ne suispas prête de l'oublier…

Vanessa est une fille bénie des dieux ! À son premiervoyage de pêche à la mouche, Vanessa a réussi à se« connecter » sur un magnifique saumon de l’Atlantique,dans une des plus belles fosses du monde (sur la rivièreGrand Pabos en Gaspésie). Vanessa étudie actuellement

en joaillerie au cégepdu Vieux-Montréal etje lui prédis le plus belavenir. À l’évidence,tout ce qu’elle touchese transforme en or...

MonpremiersaumonPar : Vanessa Caron