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Comprendre ce que je crois

Le frère Michel réagit à nos questions

Notre Dame du Sacré Cœur Eterbeek le

Comprendre ce que je crois

Le frère Michel réagit à nos questionsIntroduction ................................

1. Une précision sur le genre littéraire de cette conférence2. Les questions posées

I. Rappel du cœur de la foi

1. Le kérygme ................................2. Une dynamique nouvelle

II. Relecture des questions, à la lumière du message pascal

1. le sens de la souffrance2. L’échec ................................3. « Que faire de l’irréparable4. La confiance ................................5. Dieu et moi, mon compagnon de tous les jours. La prière

III. Divers ................................

1. Les indulgences ................................2. Marie et les apparitions

Comprendre ce que je crois

Le frère Michel réagit à nos questions

Notre Dame du Sacré Cœur Eterbeek le 16/11/11, fr Michel Van Aerde op

Table des matières

Comprendre ce que je crois ................................................................

Le frère Michel réagit à nos questions ................................................................................................................................................................

1. Une précision sur le genre littéraire de cette conférence ................................2. Les questions posées ................................................................................................

I. Rappel du cœur de la foi ................................................................................................

................................................................................................................................2. Une dynamique nouvelle ................................................................................................

II. Relecture des questions, à la lumière du message pascal ................................

1. le sens de la souffrance ................................................................................................................................................................................................................................

Que faire de l’irréparable ? » ................................................................................................................................................................................................................................

5. Dieu et moi, mon compagnon de tous les jours. La prière ................................

................................................................................................

................................................................................................2. Marie et les apparitions ................................................................................................

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Comprendre ce que je crois

16/11/11, fr Michel Van Aerde op

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Introduction

1. Une précision sur le genre littéraire de cette conférence

L’objectif de cette conférence et des questions qui vont suivre est de mettre un peu de clarté dans notre perception de la foi. Je vais donc être le plus clair, le plus simple possible, sans sombrer cependant dans le simplisme.

J’ai lu les nombreuses questions que vous m’avez adressées, les thèmes que vous m’avez demandé de traiter et je vais y répondre en les classant par catégories. Dans la deuxième partie de cette soirée, nous ouvrirons l’échange aux questions que vous souhaitez poser et vous pourrez me dire si j’ai répondu aux questions que vous aviez exprimées précédemment. Quand je dis « répondre », il ne s’agit pas d’avoir réponse à tout, de prétendre « savoir » mais il s’agit de situer la question, de l’éclairer par un contexte, de la mettre en situation par rapport à d’autres questions, par rapport à d’autres thèmes et de voir comment vivre ces interrogations quand on est animé par la foi en Jésus-Christ. La foi n’est pas un savoir, elle n’est pas non plus une certitude absolue, elle est comme une petite lumière dans la nuit mais cette petite lumière change tout.

2. Les questions posées

I.

1. Pourquoi Dieu est né à l’origine du Monde ? Pouvoir expliquer à nos enfants et ados qu’il n’y a pas contradiction entre l’origine de l’univers et la « parenité » de Dieu dans « l’affaire ».Science, évolution et religion collent et on peut et on doit pouvoir le prouver.

2. Importance des points de repaire spirituels dans la vie de tous les jours et dans les petits détails.

3. Primauté dans la vérité et la raison de la religion chrétienne. Les catos versus e t les autres chrétiens. L’acceptation de Dieu par les diverses religions.

4. Pourquoi un athé est constamment et inconsciemment à la recherche constante, surement sans le savoir, d’une vérité supérieure.

5. Religion et tolérance. 6. Dieu et moi : mon compagnon et de tous les jours. 7. Le manqué des valeurs dans la société, la banalisation de tant de

choses qui ne le sont pas, le relativisme et la distance caché (mais constante) des valeurs humains et spirituels et des valeurs dans la vie publique. La responsabilité personnelle et le rôle des responsables politiques

II.

1. Que faire avec nos échecs ? 2. Comment faire pour avoir confiance ? 3. Les apparitions de la vierge et ses messages, parfois fort exigeants. 4. Les indulgences.

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III.

1. L’échec qu’on expérimente dans nos vies et qu’on peut avoir le sentiment d’infliger à d’autres.

2. Que faire de l’irréparable ? 3. Comment Dieu se situe t’il face à l’échec humain ?

J’ai pensé aussi à la confiance.

1. Qu’est-ce-que la confiance qui est tellement prônée dans les 2 testaments ?

2. Comment l’acquérir quand la situation est contraire ?

J’ai encore pensé à la prière.

1. Qu’est-ce-que prier ? 2. Quelle est son importance, son rôle, sa place dans nos vies

personnelles, dans nos familles ? Dans l’éducation ?

IV.

• Le sens de la souffrance.

L’Amour inconditionnel de Dieu pour tous de toujours à toujours. Ceci, c’est moi Michel, qui me suis trouvée devant une maman qui a un

cancer et se demande pourquoi elle ? J’ai essayé de répondre mais je ne pense pas qu’elle a compris.

1. Le credo. 2. L’Eglise : ses origines à l’aujourd’hui.

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I. Rappel du cœur de la foi

1. Le kérygme

Vous me demandez de me situer comme théologien, comme chrétien et homme de foi. Laissez-moi vous rappeler le B A BA de la foi chrétienne. Cela ne va pas toujours de soi car je suis sûr que si je fais un sondage ici, je n’aurai pas une réponse unanime ni assurée de ce qui fait le cœur de la foi chrétienne, le kérygme comme l’on dit techniquement, l’annonce fondamentale, ce que les chrétiens ont à dire, ce qui fait l’essentiel de leur message.

Est-ce Dieu est amour ? Est-ce aimez vous les uns les autres ? Est-ce la Vierge Marie ? Est-ce l’infaillibilité pontificale ? Vous devinez que non.

Le message central, c’est le cri qui résonne dans la nuit pascale, c’est ce message bref que le pape prononce dans presque toutes les langues depuis son balcon : « Christ est ressuscité » ! Et il comporte deux volets : Jésus est le Christ, c’est à dire le Messie attendu et ce messie, mis à mort, est ressuscité, il a vaincu la mort, Dieu l’a justifié, Dieu l’a établi Seigneur à sa droite, dans la gloire et la vie définitive. C’est une nouvelle création, l’accomplissement de la création inaugurée dans cet homme parfait qui est Fils de Dieu.

2. Une dynamique nouvelle

Le cœur de la foi chrétienne, ce qui définit le chrétien, c’est l’affirmation « Christ est ressuscité ». Cela veut dire qu’il n’y a plus de fatalité, qu’un autre monde a commencé, qu’une autre logique (que celle du plus fort, du mensonge, de l’égoïsme, de la volonté de mort) est en cours et surpasse la première. Comme le dit Teilhard de Chardin et comme le reprend le pape Benoît XVI, une grande mutation s’est produite dans l’histoire de l’humanité, dans l’histoire de la vie, dans l’évolution de l’univers.

Et c’est à la lumière de cette affirmation centrale, décisive et renversante, que nous pouvons réécouter les questions posées.

Je commencerai par les plus difficiles.

II. Relecture des questions, à la lumière du message pascal

Je me permets de les classer pour progressivement répondre à chacune d’elles.

1. le sens de la souffrance

Je commencerai par répondre que la souffrance n’a pas de sens. Il y a tout d’abord la douleur physique. Elle est un avertissement au cerveau

qu’il y a un dysfonctionnement quelque part dans le corps. C’est un clignotant plus ou moins fort, plus ou moins sensible. Il faut faire quelque chose. Si j’ai une épine dans le pied, il faut que je l’enlève pour éviter qu’elle s’enfonce davantage et que la plaie puisse s’infecter. Si c’est un problème plus complexe, il faut faire des analyses et voir comment soigner, pour que la douleur cesse car la douleur, évidemment, cela fait mal. Et même, on le sait maintenant, la douleur cause elle-aussi des dégâts.

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Il n’est pas bon de souffrir physiquement trop longtemps, pour le corps lui-même qui se fatigue et se dégrade de ce message trop pressant. On a donc trouvé des antalgiques, pour faire disparaître autant que possible ce message une fois qu’il a été entendu… sans pour autant, de cette façon, supprimer la cause de la douleur, du moins on peut la masquer.

La souffrance va au-delà de la douleur. Elle peut être physique, elle est souvent aussi morale et affective. Et c’est insupportable. A un certain degré, il est impossible de mettre la souffrance à distance. Je ne peux pas la laisser là et m’en aller faire un tour avant de la retrouver à nouveau. Elle me colle à la peau, elle fait corps avec moi. La souffrance peut atteindre un tel niveau qu’elle mettre en cause l’intérêt de la vie. Elle nie la vie, elle la rend infernale.

Comment pourrait-on trouver un sens à la souffrance ? On ne peut qu’y être opposé. Ceux qui aiment la souffrance, les masochistes, sont des malades. Ils recherchent la souffrance pour se sentir vivre, pour éprouver comme une intensité qu’ils ne rencontreraient pas autrement, mais c’est profondément pervers et pathologique. Il y a ceux qui se complaisent à la souffrance parce qu’ils auraient l’impression de pouvoir l’utiliser comme un levier pour agir sur certaines réalités. Ne s’agit-il pas là d’une mentalité magique, préscientifique qui s’imagine qu’avec mon jeûne, mon mal à l’estomac, je vais influencer quelque chose chez mes proches ou sur la planète quelque part ? Il y en a qui veulent influencer leur entourage en leur montrant qu’ils souffrent. Cela peut être l’attitude d’un Gandhi qui fait une grève de la faim pour montrer à ses adversaires que s’ils font telle chose, il ne peut pas le supporter et qu’il préfère mourir, c’est un chantage – et pourquoi pas- mais il faut faire attention et être conscient de ce que l’on fait. La souffrance peut être un appel à ce que l’on s’intéresse à moi.

Mais la souffrance comme telle n’a pas de sens en elle-même, elle ne produit que du mal. Elle ne produit pas du bien. Il n’est pas vrai, comme je l’ai entendu un jour à Lourdes de la part d’un malade que « Pour Dieu, la souffrance, c’est un capital ». Cette vision est profondément perverse, elle fait de Dieu à la fois un sadique et un capitaliste !

La souffrance doit cesser un jour. On peut la supporter un moment mais il doit y avoir l’espérance qu’elle finira. Et la mort, en certaines occasions, est vue comme la fin de la souffrance. La souffrance devient alors le lieu à travers lequel on passe de cette forme de vie à une autre forme de vie, comme la souffrance de l’enfantement… mais ce qui est bon, c’est l’enfantement, la mise au monde d’un enfant, ce n’est pas la souffrance que cette naissance a entraînée. Il y a, fort heureusement des procédés pour des accouchements moins douloureux.

La douleur correspond à un dysfonctionnement, la souffrance à un dérèglement, à une crise. Comme la Pâque et la passion de Jésus, elle doit passer. La foi nous communique l’espérance qu’elle finira car nous sommes faits pour la vie et pour partager la vie de Dieu, dans un bonheur infini.

Mais nous sommes dans l’histoire. Le monde n’est pas fini. La création toute entière, écrit saint Paul, souffre dans les douleurs de l’enfantement (Rm 8, 32).

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« Le Christ n’a pas aboli la souffrance, mais il l’a remplie de sa présence » écrit Paul Claudel. L’éclairage du mystère pascal éclaire la souffrance humaine.

« Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde, écrit Pascal, il ne faut pas dormir pendant ce temps-là ».

Il y a aussi un mystère de la souffrance. La souffrance suppose un être qui souffre. Qui est Celui qui souffre, quel est le sujet de cette souffrance ? L’existence d’autistes qui se font mal, qui se blessent sans le sentir, pose la question de « la souffrance introuvable », la question de la vie, inséparable d’une certaine souffrance fondamentale…

La maman qui perd son enfant n’est pas seule. Une autre maman a aussi perdu son enfant, assassiné à 30 ans… Le prisonnier torturé n’est pas seul non plus, il y a, quelque part, un autre innocent condamné, torturé, qui souffre et fait corps avec lui. L’homme, en quelque situation qu’il se trouve, n’est jamais totalement seul. Dieu, en Jésus-Christ, épouse la souffrance humaine et la remplit de sa présence, de sa vie, de son mouvement de vie, de son appel, de son cri. Il le porte pleinement, rien ne sera perdu. Il y a un espace en avant, au bout du tunnel, où toute souffrance sera abolie, où toute larme, toute peine, toute mort sera abolie, où tout sera transfiguré dans le corps total du Christ ressuscité.

La maman qui meurt d’un cancer vit une épreuve terrible et tout son entourage avec elle. Il faudrait pouvoir guérir les cancers, parvenir à régulariser la multiplication de cellules qui deviennent folles et qui se multiplient anarchiquement. Comme on a appris à guérir d’autres maladies comme la tuberculose, la lèpre, la peste ou le choléra. Comme on a appris à faire des greffes de rein ou de foie… mais nous sommes dans l’histoire et les hommes progressent dans leurs techniques et dans leur maîtrise de la vie, sans que la science ait encore réussi à tout humaniser.

Nous sommes faits pour la vie et la mort n’est jamais « naturelle », « il n’y a pas de mort naturelle » écrit Simone de Beauvoir dans « une mort très douce », la mort est toujours une violence. Notre foi nous oriente au-delà de la mort, au-delà de la finitude de la condition historique humaine, vers la Résurrection qui sera une vie sans mort, sans rupture, sans maladie, dans un tout autre rapport à la matière et à la création.

C’est ici que nous pourrions situer la question de l’origine du monde, de la

science et de l’évolution… Dieu a créé le monde mais ce monde est en évolution, lente, très lente… depuis la formation des étoiles, des planètes, l’apparition de la vie, l’émergence progressive de la conscience, des connaissances, des techniques… à travers toutes sortes de crises, de problèmes multiples. Ce qui se développe est de plus en plus improbable, mais de plus en plus beau tout en étant de plus en plus fragile aussi. Cela se fait à contrecourant de l’entropie, de la dégradation de l’énergie, de l’usure, du vieillissement… et indique une direction lointaine, une orientation, un sens surprenant. Peut-on croire que cela ne va pas finir dans le néant ? Peut-on croire que cela va vers plus de conscience, de solidarité, de communion, d’amour ? L’amour rime-t-il vraiment avec toujours ? Dans ce

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processus, nous croyons que Dieu est présent. Mais le créateur n’est pas un fabricateur, il soutient ce processus d’évolution sans pouvoir être considéré comme le responsable direct de tout ce qui peut arriver. Jésus est mort, il n’a pas été protégé par Dieu. Mais ce n’est pas Dieu qui l’a tué, c’est l’humanité de son temps… Pourtant Dieu « ne l’a pas abandonné au pouvoir de la mort » Il y a une promesse de vie, d’amour, d’éternité et nous croyons que Dieu est fidèle à sa promesse. Avoir la foi, c’est croire cela sans que ce soit évident. Dieu accompagne sa création, il ne s’en désintéresse pas, son avenir le passionne, en tous les sens du mot passion.

La mort humaine est donc une forme d’échec, pour la médecine, pour tout le monde.

2. L’échec

« Que faire avec nos échecs ? … On peut avoir le sentiment d’infliger nos échecs à d’autres (divorce ?). Que faire de l’irréparable ? Comment Dieu se situe-t-il face à l’échec humain ? Que dire de la confiance ? Comment l’acquérir quand la situation est contraire ?»

Cela pourrait paraître surprenant mais c’est ici que je situerai le dialogue interreligieux : cathos versus protos et orthos… l’œcuménisme et surtout la diversité des religions.

On a défini l’homme comme « cet animal qui sait qu’il doit mourir ». L’athée sait qu’il va mourir et cela l’interroge profondément. Toutes les religions considèrent cette question. Toutes les religions apportent leur éclairage, leurs espoirs, leur expérience séculière, leur manière de protester, d’espérer, de prier, de considérer l’au-delà, de penser l’éternité, la vie par delà la mort, la relation des morts et des vivants, les cérémoniels des funérailles, la question de la promesse de vie niée par la mort mais qui reste malgré une fin qui semble définitive.

C’est là que se situe le message chrétien. Il ne va pas contre ce que les autres peuvent avoir perçu, il ne nie pas leurs intuitions, il les reprend au contraire, il les épouse, il les « sauve ». Il ne les considère pas comme des erreurs ou des mensonges ou des choses démoniaques. Il les assume et le purifie, il les « baptise ». Il les fonde.

JP Sartre, dans la dernière phrase de son dernier article, dans le « Nouvel Observateur » écrit : « je sais que je mourrai dans l’espoir, mais il reste à fonder l’espoir ». C’est simple et c’est clair. Je réponds ici à la question posée sur les athées, constamment et inconsciemment à la recherche d’une vérité supérieure. Ils ont l’intuition que quelque chose de transcendant existe, mais qu’ils ne nomment pas. Ne jamais oublier qu’au début de l’Eglise, les chrétiens étaient condamnés et mis à mort pour un délit qui s’appelait l’athéisme : ils étaient athées de tous les faux dieux, comme le dit un père de l’Eglise martyrisé.

Je suis chrétien parce que je crois que le message chrétien est pertinent, plus pertinent face aux questions existentielles de la vie humaine, que les autres messages religieux. Je ne refuse pas ceux-ci mais je donne foi à l’affirmation chrétienne parce qu’elle va plus loin que toutes les propositions religieuses (Dieu

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dans la force, Dieu dans la beauté, Dieu dans l’harmonie…). Elle s’affronte à la question du mal, de manière exceptionnelle (livre de Job) et va jusqu’à dire que Dieu, en Jésus-Christ est présent au cœur de ce qui est le plus difficile à vivre, là où un Dieu qui serait seulement tout puissant, invulnérable, sans souffrance, sans échec, ne me servirait à rien… La croix du Christ présente un scandale mais elle est aussi le point culminant de l’expérience spirituelle.

Jésus a connu l’échec : il a été abandonné par les siens, il est mort comme un proscrit et il a été jusqu’à crier à Dieu son abandon. « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Dieu a connu l’échec de son projet d’alliance avec le peuple choisi. La liberté de l’homme le conduit à connaître l’échec à chaque refus.

L’échec, comme la mort, comme la souffrance, est habité par Dieu. L’amour de Dieu a été trahi, bafoué, crucifié.

Dès lors il est possible de se pose la question : « l’échec existe-t-il ? » En effet, je me plais à méditer ces paradoxes : seul celui qui a tenté quelque

chose, qui a eu un grand projet peut connaître l’échec. Seul celui qui est vivant peut mourir, seul celui qui est sensible, seul celui qui a aimé peut souffrir. On a les échecs à la dimension de ses ambitions et Dieu est celui qui connaît l’échec le plus considérable, ce qui sauve aussi tous les échecs humains puisqu’il les a surmontés.

3. « Que faire de l’irréparable ? »

L’affirmation chrétienne de la résurrection nie l’irréparable comme elle nie l’échec, comme elle nie la mort. Il n’y a rien qui soit irréparable. Dieu est capable de tout « réparer », c’est ce que nous appelons la rédemption, le salut.

La foi chrétienne commence dans un tombeau, là où normalement tout est fini, irrémédiablement. L’affirmation du pardon se fait quand l’offense est allée à l’extrême de la mise à mort de Dieu, de la Vie, de l’Amour.

« Bienheureuse faute d’Adam qui nous valut un tel rédempteur ! » chante l’Exultet de la nuit de Pâque.

Nous n’avons nous-mêmes rien à faire de l’irréparable, mais Dieu en fait son affaire. Il faut le lui offrir, le lui confier, dans la prière. Nous ne savons pas ce qui peut advenir. « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé ». C’est le mystère de Dieu que nous ne pouvons contrôler, auquel nous pouvons espérer, dans la confiance.

4. La confiance

La confiance et la foi, c’est un peu la même chose. La confiance, c’est la dimension psychologique de la foi. Je peux avoir la foi tout en étant profondément angoissé. Mais la foi me dit que j’ai tort d’être ainsi, bien que l’Evangile ne nous cache pas l’angoisse de Jésus qui va jusqu’à transpirer du sang (Luc).

Nous vivons dans une société hautement angoissée, génératrice de stress, de dépression, de burn-out, par manque d’hygiène de vie, de rythme de vie (le sabbat est fait pour l’homme, il est une protection contre l’envie de travailler sans jamais s’arrêter). C’est une société hautement sous pression parce qu’il n’y a pas de pardon, pas de souplesse dans les règlements, pas de gentillesse dans les rapports,

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peu de solidarité. C’est aussi une société qui présente toutes sortes d’illusion de réussite, de bonheur, de satisfaction, une société sans Dieu ou, tout au moins dont les absolus sont des idoles sanguinaires (la sécurité nationale, l’économie de marché – qui sont ces « marchés » dont on nous dit qu’ils sont nerveux ? – le mythe de la croissance à l’infini, le non respect de l’environnement, le culte de la vitesse et de la performance – combien de sportifs de haut niveau ont le corps en ruine après plusieurs années ? – etc.

La prédication chrétienne se doit de dénoncer ces idoles modernes, dont celle du couple qui semble le lieu d’une méprise fatale à beaucoup : « J’adore me marier »… indépendamment de savoir avec ou contre qui…

Nous trouvons ici toutes les remarques de la question des valeurs, de la banalisation de certaines horreurs, du manque de responsabilité dans la vie publique, de l’absence d’humanité de beaucoup de politiciens.

Il y a une perception de la vie humaine qui est totalement erronée, une course au confort, au consumérisme à courte vue, à court terme… une bêtise au sens propre de la bête, de l’animalité. Cela rejoint ce que nous disions plus haut de l’humanité comme connaissance de sa fin, de sa mort. Il n’est pas possible de nous installer sur cette terre, nous y sommes pour un temps limité, important certes mais tout ne se joue pas dans la concurrence, la carrière professionnelle, la renommée, la possession de résidences secondaires, le reflet médiatique du regard des autres, le compte en banque fourni. Un jour tout cela s’effondre, irréversiblement.

La vraie vie est dans l’amitié, dans la relation. Là se trouve le vrai sacré, les valeurs les plus solides. Il y va de la vie même de Dieu. « Qui aime connaît Dieu, car Dieu est amour » !

5. Dieu et moi, mon compagnon de tous les jours. La prière

Dieu n’est pas caché, lointain, absent. « Il est plus proche de toi que ta veine jugulaire » dit le Coran. « Intimior intimo meo » dit saint Augustin, plus intime que le plus intime de moi-même.

« Je est un autre » écrit Rimbaud. Je suis à moi-même une énigme et si j’écoute à la source de mon être même, ce n’est pas moi que j’entends, mais l’origine : je me reçois d’un autre, à chaque instant.

Il y a un dialogue permanent que les mystiques appellent prière, un murmure au fond de moi, dit saint Ignace d’Antioche, l’Esprit qui intercède par des gémissements ineffables, dit saint Paul et qui dit « vient vers le Père ».

La prière la plus réussie est le plus souvent une prière inconsciente. Si je m’observe prier, je ne prie plus. Elle est cette paix, cette confiance de l’enfant qui s’endort dans les bras de ses parents.

Mais elle peut aussi être colère, protestation, cri. Il suffit d’écouter Jérémie, Elie, maudire le jour de leur naissance et lancer des reproches amers vers Dieu. « Tu es pour moi un ruisseau trompeur, sans eau. Maudit soit le jour où l’on a dit à mon père : un enfant t’est né ».

La prière doit être vérité : relation à Dieu dans l’être même qui est le mien ce moment. Il ne s’agit pas de prier comme l’on croit qu’il faut prier, de dire ce que

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l’on croit qu’il faut dire… Il faut être soi-même. « Celui qui dit la vérité ne peut être confondu, pas même par Dieu » dit saint Thomas d’Aquin commentant l’attitude de Job qui assigne Dieu au tribunal, protestant de l’injustice dont il est victime. C’est lui, et non ses amis bien pensants qui prétendent le consoler mais le font responsables de ce qui lui arrive, qui sera justifié. « Job a bien parlé de moi ».

III. Divers

Il reste quelques questions que je n’ai pas traitées :

1. Les indulgences

Les indulgences sont des bizarreries qui sont fondées sur une perception juste du corps mystique de l’Eglise : nous sommes tous en communion et si l’un s’élève il élève tous les autres au point que nous pouvons, dans une solidarité organique, nous soutenir les uns les autres. C’est « la réversibilité des mérites dans le corps mystique du Christ ».

Mais quand on en vient à rendre cela automatique et surtout quand on en vient à l’organiser en commerce comme l’ont fait les prédicateurs vendant des indulgences pour payer la construction de la basilique Saint-Pierre de Rome, alors il s’agit d’horribles caricatures et l’on peut comprendre la colère de Luther et ses violentes réactions.

2. Marie et les apparitions

Ce qui est à retenir, ce n’est pas tant le « merveilleux » des miracles ou des apparitions. Il y en a très peu dans l’évangile, beaucoup plus dans les évangiles apocryphes. Ce qui est à retenir, c’est le message dont ces évènements sont porteurs, et il y faut un certain discernement. Le message de Fatima ne m’enthousiasme pas… La conversion de la Russie se fait attendre, la fin du communisme n’a rien résolu du tout, les mafias y font la loi et l’organisation politique est toujours totalitaire… Le message de Lourdes est différent, la personnalité de Bernadette Soubirous est exceptionnelle. Cela mérite l’attention.

Mais, même si l’Eglise reconnaît cela comme authentique, nous ne sommes nullement obligés d’y croire. Tout se passe dans des psychologies (comment pourrait-il en être autrement ?) et la part d’autosuggestion, de projection peut être très importante.

Un miracle ou une apparition, ce n’est jamais du spirituel pur. N’y a-t-il pas ici quelqu’un qui a fait un jour des rêves étonnants ? La Bible est

remplie de songes, pourquoi n’en aurions-nous pas parfois quelques uns ?

Edition et mise en page : www.domuni.eu