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1
COMPTE RENDU DE LA CONSULTATION PUBLIQUE POUR
L’EXAMEN DE L’AIDE INTERNATIONALE
Organisé par Affaires mondiales Canada
20 Juin 2016
2
Table des matières Introduction ..........................................................................................................................5
Questions générales ...............................................................................................................6
Quelles sont les forces de l'aide internationale du Canada en matière de développement,
d'aide humanitaire, de sécurité et de stabilisation? Comment pouvons-nous le mieux
positionner ces forces afin de contribuer à l'avancement du Programme de développement
durable à l'horizon 2030? ........................................................................................................ 6
Quelles sont les priorités qui devraient orienter les politiques d'aide au développement du
Canada? Quelles sont les activités d'aide internationale que le Canada devrait réduire ou
éliminer progressivement? ...................................................................................................... 7
Comment le Canada peut-il recentrer son aide internationale de façon à aider les
personnes les plus pauvres et les plus vulnérables et à soutenir les États fragiles? Que
pouvons-nous apprendre de l'expérience des autres à cet égard? ........................................ 7
Avec quels partenaires, organisations et institutions le Canada devrait-il travailler et quelle
est la meilleure façon de le faire? ........................................................................................... 8
Comment le Canada peut-il acheminer son aide internationale le plus efficacement possible
et mieux en mesurer les résultats? ......................................................................................... 9
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Questions générales » ? ........................... 10
Santé et droits des femmes et des enfants ............................................................................ 10
Fort de notre résolution à faire appel à une approche féministe et l'appui que nous
accordons à l'objectif d'égalité entre les sexes que préconise le Programme 2030, sur quels
aspects le Canada devrait-il concentrer son aide internationale dans ce domaine? Le
Canada peut-il saisir certaines occasions pour démontrer qu'il maintient ou renouvelle son
leadership en matière d'autonomisation des femmes et d'égalité entre les sexes? ............ 10
Comment les efforts du Canada en matière d'autonomisation et de bien-être peuvent-ils
mieux servir les intérêts des enfants et jeunes, y compris dans le secteur de l’éducation? 11
Quel rôle stratégique le Canada peut-il jouer dans la poursuite des ODD reliés à la santé de
manière à améliorer la santé des femmes et des filles, notamment des adolescentes, plus
particulièrement leur santé sexuelle et reproductive et les droits qui s'y rattachent? ........ 12
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Santé et droits des femmes et des enfants »
? ............................................................................................................................................. 13
Croissance économique propre et changements climatiques ................................................. 14
Quels sont les domaines dans lesquels le Canada a apporté une valeur ajoutée en
favorisant la promotion d'une croissance économique durable et propre? ........................ 14
Comment le Canada peut-il aider les pays en développement à s'adapter aux changements
climatiques et à en atténuer les effets? ................................................................................ 15
3
En matière de climat et d'environnement, existe-t-il des créneaux (par exemple l'eau, la
biodiversité, l'utilisation des terres, l'agriculture, l'énergie) vers lesquels le Canada pourrait
davantage orienter son aide internationale? ........................................................................ 16
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Croissance économique propre et
changements climatiques » ? ................................................................................................ 18
Gouvernance, pluralisme, diversité et droits de la personne ................................................. 19
Comment le Canada peut-il aider à mettre en œuvre l'objectif 16 du Programme 2030, afin
de promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives, d'assurer l'accès à la justice pour tous
et d'instaurer des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous les niveaux. ...... 19
Comment le Canada peut-il promouvoir l'inclusion, faire progresser le respect de la
diversité et défendre les droits de la personne? ................................................................... 20
Dans quels domaines reliés à la gouvernance l'aide internationale du Canada peut-elle avoir
la plus grande influence? ....................................................................................................... 20
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Gouvernance, pluralisme, diversité et droits
de la personne » ? ................................................................................................................. 21
Paix et sécurité .................................................................................................................... 22
Quelles sont les forces sur lesquelles le Canada devrait miser pour répondre aux défis en
matière de paix et de sécurité? ............................................................................................. 22
Comment le Canada peut-il harmoniser ses efforts en matière d'aide internationale avec les
approches internationales, y compris le Programme 2030?................................................. 23
Quel genre de partenariats le Canada devrait-il rechercher en matière d'aide internationale
pour atteindre ses objectifs de paix et de sécurité? ............................................................. 24
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Paix et sécurité » ? ................................... 24
Répondre aux situations de crise humanitaire et aux besoins des populations déplacées ....... 25
Comment le Canada peut-il appuyer des interventions humanitaires axées sur les besoins,
qui soient efficaces et rapides et qui reposent sur un soutien à la fois prévisible et flexible?
............................................................................................................................................... 25
Comment le Canada peut-il mieux s'engager à protéger les populations vulnérables en
période de crise et à renforcer le respect des principes humanitaires? ............................... 27
Comment pouvons-nous faciliter des réponses plus globales et coordonnées aux besoins
des populations touchées par des crises, et optimiser les effets des initiatives humanitaires,
de développement, de paix et de sécurité? .......................................................................... 29
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Répondre aux situations de crise
humanitaire et aux besoins des populations déplacées » ? .................................................. 30
Obtenir des résultats ............................................................................................................ 30
4
Quelles mesures concrètes le Canada pourrait-il prendre pour rendre plus efficaces,
efficients et innovateurs ses approches et ses mécanismes de prestation de l'aide
internationale? Comment pouvons-nous promouvoir une cohérence accrue entre nos
efforts en matière de développement, de commerce et de diplomatie? ............................. 30
Comment le Canada peut-il favoriser l'innovation en matière de développement? ............ 31
Avec quelles organisations, quels groupes, quelles coalitions et quels partenariats le Canada
devrait-il travailler? Quelle serait la meilleure façon de travailler avec eux pour atteindre
nos objectifs d'aide internationale? ...................................................................................... 32
Comment pouvons-nous mobiliser un plus large éventail de partenaires pour tirer parti des
ressources et des compétences nécessaires à l'atteinte des objectifs de développement
durable? ................................................................................................................................. 33
Comment pouvons-nous susciter une plus grande adhésion des Canadiens à nos efforts en
matière d'aide internationale? .............................................................................................. 33
Le Canada devrait-il se donner d'autres outils ou mécanismes afin de pouvoir acheminer
l'aide internationale de façon plus innovatrice? Comment les approches et les mécanismes
actuels peuvent-ils être bonifiés? ......................................................................................... 34
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Obtenir des résultats » ? .......................... 35
Autres commentaires ........................................................................................................... 35
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de l’examen de l’aide internationale? Ce
document a été réalisé en collaboration avec les équipes d’Oxfam-Québec sur le terrain qui
travaillent étroitement avec les communautés locales et la société civile. .......................... 35
5
Introduction
Dans le cadre de la consultation publique pour l’examen de l’aide internationale
organisée par Affaires mondiales Canada, Oxfam-Québec a émis des
recommandations spécifiques sur différentes questions stratégiques dans les
domaines suivants :
1. La santé et les droits des femmes et des enfants
2. La croissance économique propre et les changements climatiques
3. La gouvernance, le pluralisme, la diversité et les droits de la
personne
4. La paix et la sécurité
5. La réponse aux situations de crise humanitaire et aux besoins des
populations déplacées
6. L’obtention des résultats
Dans la formulation de ces recommandations auprès du gouvernement fédéral
en vue du renouvellement de l’aide internationale canadienne, Oxfam-Québec a
ainsi mis à profit plus de quarante ans d’expérience dans le domaine du
développement international autant dans les réponses humanitaires, les projets
de développement à plus long terme que l’engagement du public québécois sur
les grands enjeux mondiaux.
6
Questions générales
Quelles sont les forces de l'aide internationale du Canada en matière de
développement, d'aide humanitaire, de sécurité et de stabilisation? Comment
pouvons-nous le mieux positionner ces forces afin de contribuer à l'avancement du
Programme de développement durable à l'horizon 2030?
Le Canada est une puissance moyenne qui n’a pas un passé colonial à l’international
et qui est un acteur qui favorise le multilatéralisme. Le Canada est considéré sur la
scène internationale comme un promoteur de paix (missions de maintien de la paix)
et un défenseur des droits humains, spécialement des droits des différentes
minorités (sexuelles, religieuses, ethniques, etc.).
Afin de contribuer de manière efficiente à la réalisation du Programme 2030, qui
aborde les enjeux du développement dans toute sa complexité, le Canada devrait
privilégier une approche intégrée et multisectorielle, tout en plaçant le
développement durable au centre du travail de chacun (CCCI, Mémoire – Vers
l’atteinte de nos objectifs communs, janvier 2016). Le Canada devrait avoir une
politique diplomatique et économique cohérente avec les principes guidant l’aide
internationale canadienne. Les ententes économiques et les contrats majeurs ayant
des impacts humains négatifs rentrent parfois en contradiction avec les efforts d’aide
internationale du Canada.
Après la fondation de l’Agence canadienne de développement international (ACDI)
en 1968, le gouvernement a créé une Division des ONG et est ainsi devenu l’un des
premiers pays donateurs à soutenir des partenariats avec la société civile. Le
Canada a mis en place des politiques et des approches novatrices (ex. gestion axée
sur les résultats, etc.) qui ont par la suite été adoptées par d’autres gouvernements.
Le Canada devrait miser sur cet historique et la longue feuille de route des
organisations de la société civile canadienne œuvrant dans le développement
international et l’aide humanitaire afin de canaliser les efforts afin de contribuer à
l'avancement du Programme de développement durable à l'horizon 2030.
7
Quelles sont les priorités qui devraient orienter les politiques d'aide au
développement du Canada? Quelles sont les activités d'aide internationale que le
Canada devrait réduire ou éliminer progressivement? Les priorités qui devraient orienter les politiques d’aide au développement du
Canada devraient se baser sur l’atteinte des Objectifs de développement durable
d’ici 2030 ainsi que sur les principes de la Loi sur la responsabilité en matière d'aide
au développement officielle (2008), qui dit que l'aide doit être « axée sur la réduction
de la pauvreté ». Selon les dispositions de cette loi, l'aide est tenue de « contribuer à
la réduction de la pauvreté », « tenir compte des points de vue des pauvres » et «
être compatible avec les normes internationales en matière de droits de la personne
». Le respect de cette législation doit guider toute nouvelle initiative en matière d'aide
au développement. Tout projet ou programme qui contrevient à cette loi ne devrait
pas être financé par le Canada.
Les pays devraient être sélectionnés en fonction des besoins et vulnérabilités des
populations, et non des priorités politiques ou des intérêts économiques du Canada.
Les priorités du Canada devraient aussi être cohérentes avec les priorités identifiées
par les pays récipiendaires eux-mêmes. En entérinant la Déclaration de Paris sur
l’efficacité de l’aide, le Canada s’est engagé à respecter le principe de prise en
charge par les pays en développement.
Comment le Canada peut-il recentrer son aide internationale de façon à aider les
personnes les plus pauvres et les plus vulnérables et à soutenir les États fragiles? Que
pouvons-nous apprendre de l'expérience des autres à cet égard?
Le Canada peut recentrer son aide internationale de façon à aider les personnes les plus
pauvres et les plus vulnérables et à soutenir les États fragiles à travers les actions
suivantes:
Mettre plus d'accent sur les pays pauvres, « fragiles » et en situation de post-conflit,
en dédiant 50 % du budget de l’aide internationale aux pays à faible revenu, aux
pays les moins avancés (PMA) et aux États fragiles.
Reprendre les meilleures pratiques et leçons apprises d’autres bailleurs bilatéraux
tels que DFID qui a pris la décision d’investir massivement dans les États fragiles.
Accroître son appui aux programmes de gouvernance visant le relèvement précoce
des communautés dans les États fragiles et en transition, regroupant plus de 1,4
milliard de personnes soit 20% de la population mondiale (OCDE, 2015). Cela
impliquerait de soutenir de manière prévisible et à long terme la société civile qui
représente les populations pauvres et marginalisées, afin qu’elle soit en mesure de
8
créer des alliances stratégiques avec des groupes d’influence non étatiques et
d’engager un dialogue constructif avec les preneurs de décisions (Oxfam,
Governance and Fragility, 2013).
Avec quels partenaires, organisations et institutions le Canada devrait-il travailler et
quelle est la meilleure façon de le faire?
Le Canada devrait travailler avec des organisations et des partenaires qui partagent
les objectifs du pays inscrits dans la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au
développement officielle (2008) et qui s’engagent dans l’atteinte des Objectifs de
développement durable. Ainsi, le travail des partenaires du développement devrait
viser la réduction de la pauvreté, respecter les valeurs ainsi que les engagements du
Canada.
Le Canada doit continuer et même accroître son soutien aux organisations de la
société civile. La Politique de partenariat avec la société civile pour le développement
international et l’aide humanitaire, adoptée par le Canada, est explicite : «Les
partenaires issus de la société civile sont des acteurs essentiels qui aident à faire
progresser les priorités du Canada en matière d’aide humanitaire et de développement
(…) un environnement porteur pour la société civile exprime concrètement l’engagement
du Canada à l’égard de ses valeurs fondamentales que sont la liberté, la démocratie, les
droits de la personne et la primauté du droit, de même que les valeurs de citoyenneté,
d’équité et respect de la viabilité de l’environnement. Une démarche rigoureuse et
cohérente de partenariat avec les OSC canadiennes, internationales et des pays en
développement ainsi que de soutien d’un environnement porteur pour la société civile
dans les pays en développement est essentielle à l’atteinte de résultats en matière de
réduction de la pauvreté et de développement durable.»
Le gouvernement du Canada devrait mobiliser et encadrer le secteur privé au pays
afin qu’il joue un rôle de leader au niveau de la philanthropie internationale pour
l’atteinte des Objectifs de développement durable d’ici 2030. L’implication du secteur
privé devrait être guidée par les priorités du développement et le principe de la
responsabilité sociale des entreprises (RSE), et non par les intérêts et opportunités
économiques que cette implication peut générer.
Le Canada devrait favoriser un environnement porteur et une interface entre la
recherche académique, l’élaboration et l’analyse des politiques publiques et la
pratique du développement international et de l’aide humanitaire. Des organismes
comme les défunts Institut Nord-Sud (à l’instar d’Overseas Development Institute
ODI au Royaume-Uni) et Droits et Démocratie jouent un rôle essentiel dans l’analyse
9
des enjeux, le développement de débats et, ultimement, de politiques publiques en
matière de développement international et d’aide humanitaire.
Comment le Canada peut-il acheminer son aide internationale le plus efficacement
possible et mieux en mesurer les résultats? Afin d’acheminer son aide internationale le plus efficacement possible et mieux en
mesurer les résultats, le Canada devrait :
Aligner ses cadres de programmation et outils de suivi et d’évaluation aux Objectifs
de développement durable.
Travailler de concert avec des bailleurs bilatéraux et multilatéraux sur des mesures
concrètes et conjointes en matière d’efficacité de l’aide pour éviter des duplications
dans la mise en œuvre de projets/programmes ainsi que dans la reddition de
comptes.
Mettre en application la Politique de partenariat avec la société civile pour le
développement international et l’aide humanitaire à travers des engagements
concrets et mesurables.
Réduire l'accent mis sur les résultats visibles à court terme, car le développement
requiert souvent une transformation systémique qui ne peut être mesurée en 3-5 ans.
Afin de mieux mesurer les résultats de son aide internationale, le Canada devrait
encourager la capitalisation des apprentissages en invitant dans la mesure du
possible les organisations à procéder à des évaluations finales systématiques ainsi
que mettre à la disposition des organisations des fonds nécessaires pour évaluer
l’impact des interventions plusieurs années après la fin d’un projet ou programme.
Renforcer les capacités de ses partenaires dans le suivi et l’évaluation des résultats
pour assurer une cohérence avec les Objectifs de développement durable.
Faire la promotion des meilleures pratiques en évaluation de programmes (Ex :
Critères d’évaluation de l’OCDE/DAC).
Une approche « par pays » et non par mécanisme de financement (direction) pourrait
faciliter la coordination des activités afin de s’assurer qu’un projet n’affecte pas
négativement un autre projet. Une plus grande flexibilité et cohérence entre les
différents guichets/directions seraient nécessaires. L’aide humanitaire et le travail de
développement devraient être complémentaires, il devrait y avoir d’autres
mécanismes de financement qui assure la transition entre l’aide humanitaire et le
travail de développement pour mieux appuyer les États fragiles. Le financement
devrait être planifié à long terme, être flexible et souple dans sa méthode
d’évaluation et de rendement.
10
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Questions générales » ?
Le Canada devrait s’engager à renverser les coupures au budget d'aide publique au
développement (APD) et rehausser de façon significative les niveaux d'aide afin
d'atteindre la cible de 0,7 % du Revenu National Brut (RNB) en établissant un
échéancier avec des augmentations prévisibles. Ceci permettrait de bien démontrer
le retour du Canada sur l’échiquier international. Cet objectif a été fixé en 1969 par
une commission des Nations unies chapeautée notamment par l'ex-premier ministre
libéral Lester B. Pearson. Ainsi six pays membres du Comité d’aide au
développement de l’OCDE ont d’ailleurs atteint ou dépassé cette cible — le
Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède.
Pour que les Canadiennes et Canadiens comprennent et appuient les d’interventions
en matière d’aide internationale, le Canada doit accroître son soutien aux efforts
d’engagement du public canadien. Ces efforts devraient servir, non seulement à
informer et à sensibiliser la population canadienne sur les enjeux clés du
développement international et de l’aide humanitaire, mais aussi à la mobiliser. Le
Canada doit montrer l’exemple en offrant l’opportunité à ses propres citoyennes et
citoyens de poser des gestes d’engagement et d’influencer les politiques publiques
en matière de politique étrangère, développement international et aide humanitaire.
Au terme de cette consultation, nous souhaitons que le Canada publie un livre
blanc « White Paper » sur ses orientations en matière de développement
international et d’aide humanitaire, à l’instar d’autres bailleurs bilatéraux tels que
DFID, qui serait accompagné d’un cadre financier clair avec des engagements
précis, prévisibles et transparents afin que le Canada puisse jouer un rôle de leader
sur la scène internationale.
Santé et droits des femmes et des enfants
Fort de notre résolution à faire appel à une approche féministe et l'appui que nous
accordons à l'objectif d'égalité entre les sexes que préconise le Programme 2030, sur
quels aspects le Canada devrait-il concentrer son aide internationale dans ce
domaine? Le Canada peut-il saisir certaines occasions pour démontrer qu'il
maintient ou renouvelle son leadership en matière d'autonomisation des femmes et
d'égalité entre les sexes?
La Canada devrait poursuivre ses efforts et bâtir sur sa politique d’égalité entre les
sexes (ÉeS), en renforçant notamment ses exigences en matière d’intégration des
11
besoins et intérêts stratégiques des femmes dans l’ensemble des appels à
proposition, et en encourageant les organisations financées à institutionnaliser l’ÉeS
dans leurs pratiques et leur fonctionnement internes.
En particulier, le Canada devrait favoriser le développement de projets
transformateurs remettant en question les relations de pouvoir entre les femmes et
les hommes, et allant au-delà de la simple « sensibilité au genre », en exigeant la
formulation et l’intégration de résultats spécifiques d’autonomisation des femmes et
la conception d’indicateurs et de cibles spécifiques dans tous les projets et
programmes.
Le Canada devrait aussi encourager la capitalisation des apprentissages en invitant
dans la mesure du possible les organisations à procéder à des évaluations finales
systématiques et spécifiques sur la performance ÉeS des programmes et projets.
En matière d’approche de l’ÉeS, le Canada devrait privilégier les projets et
programmes adoptant une approche holistique de l’autonomisation des femmes,
suivant la politique d’ÉeS, couvrant notamment l’intégration des femmes et des filles
dans des secteurs économiques non traditionnels et plus valorisés, l’accès et le
contrôle des femmes sur les ressources, la conscience individuelle des femmes sur
leur leadership, le travail sur les changements d’attitudes, normes et comportements
pour augmenter l’acceptation sociale de l’autonomisation des femmes et réduire
l’acceptation sociale des violences basées sur le genre, et enfin par la transformation
des institutions formelles dont les structures, les politiques et les pratiques
perpétuent les discriminations. Il faut aussi faire de la lutte contre les violences faites
aux femmes et aux filles une priorité, comme obstacle, mais aussi comme risque de
l’autonomisation des femmes et des filles.
Enfin, dans un souci de pérenniser les résultats en matière d’ÉeS sur le terrain et de
favoriser l’appropriation locale des impacts, il est essentiel d’augmenter le soutien
technique et financier aux organisations de femmes et organisations féministes au
niveau local, régional et mondial, notamment par le financement de base, incluant les
frais de fonctionnement, afin de favoriser l’autonomie des organisations de la société
civile luttant pour l’ÉeS.
Comment les efforts du Canada en matière d'autonomisation et de bien-être peuvent-
ils mieux servir les intérêts des enfants et jeunes, y compris dans le secteur de
l’éducation?
Le Canada doit soutenir le développement du leadership féminin et de la
représentation et visibilité des femmes et des jeunes dans toutes les sphères de la
12
vie (familiale, économique, politique) et à tous les niveaux de gouvernance, à la fois
comme axe de travail indépendant, mais aussi comme thématique transversale dans
toutes les priorités de développement et les projets et programmes.
En matière d’éducation, le Canada doit travailler avec ses partenaires pour assurer
l’accès inconditionnel des filles à une éducation gratuite de qualité, en levant
l’ensemble des obstacles, parmi lesquels : la priorité donnée aux garçons, le fardeau
domestique des filles et des adolescentes, le harcèlement et les violences en milieu
scolaire, les mariages forcés et précoces, les grossesses précoces (et notamment
les lois interdisant aux écoles d’accueillir des jeunes femmes enceintes), etc.
Enfin le Canada doit favoriser l’accès des jeunes, et notamment des jeunes filles, à
l’emploi et soutenir l’initiative en matière d’entreprenariat, en soutenant en particulier
l’accès à la formation professionnelle et aux sources de financement, spécialement
pour les filles pour qui l’accès aux ressources est un enjeu majeur. Il faut aussi
soutenir l’intégration des jeunes filles dans des secteurs économiques
traditionnellement masculins et plus rémunérateurs, en travaillant sur les
changements d’attitudes, normes et comportements afin d’améliorer l’acceptation
sociale des femmes dans les métiers non-traditionnels.
Quel rôle stratégique le Canada peut-il jouer dans la poursuite des ODD reliés à la
santé de manière à améliorer la santé des femmes et des filles, notamment des
adolescentes, plus particulièrement leur santé sexuelle et reproductive et les droits
qui s'y rattachent?
Le Canada devrait soutenir la réalisation de la couverture de la santé universelle
(CSU), qui est une priorité absolue pour la santé et le bien-être des femmes, des
adolescentes et des jeunes filles. Le Canada doit appuyer l’insertion explicite de la
santé et des droits sexuels et reproductifs dans la CSU pour assurer que les besoins
et intérêts des femmes et des filles (au-delà de la santé maternelle et la planification
familiale) sont remplis, en abordant l'égalité d'accès ainsi que l'acceptabilité et la
qualité des services de santé (Sen and Govender, Sexual and reproductive health
and rights in changing health systems, 2015).
Le Canada peut soutenir cette transition en :
o Honorant l’engagement de fournir au moins 0.7 % du RNB à l'aide publique
au développement, et d'améliorer l'efficacité de l'aide pour la santé, en
allouant une plus grande proportion d’aide à long terme dans le secteur.
13
o Appuyant les gouvernements dans les pays en voie de développement dans
l’évaluation des résultats sur la CSU, en particulier dans une perspective
féministe.
o Soutenant une approche des soins fondée sur les droits et centrée sur les
personnes.
o Fournissant un appui pour lutter contre l'évasion/évitement fiscal, qui prive
les plus pauvres des services publics essentiels (Oxfam, Universal health
coverage, 2013).
Le Canada devrait par ailleurs réaffirmer son rôle de leader en matière de promotion
de la santé sexuelle et reproductive en soutenant des programmes holistiques qui
incluent :
o Une approche féministe de la santé sexuelle et reproductive qui soutient le
travail sur les changements d’attitudes, normes et comportements affirmant
le contrôle des femmes sur leur propre corps, et notamment dans le choix
des moyens de contraception et dans les décisions liées à la planification
familiale, sur un pied d’égalité avec leur partenaire.
o L’accès égal et inconditionnel aux moyens de protection et de contraception
pour les hommes et les femmes, y compris le droit et l’accès à l’avortement
sécuritaire.
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Santé et droits des femmes et des
enfants » ?
Le Canada devrait favoriser la réflexion parmi ses partenaires sur les questions liées
à l’intersectionnalité, l’identité de genre et l’orientation sexuelle, et les approches
visant à promouvoir les droits des minorités, en particulier sexuelles, dans différents
contextes culturels.
Le Canada devrait être leader sur la promotion et la mise en œuvre de la résolution
1325 du Conseil de sécurité des Nations unies sur femmes, paix et sécurité. En
particulier, le Canada devrait promouvoir la participation systématique de femmes
dans les négociations d’accords de paix, ainsi que l’intégration des besoins et
intérêts des femmes dans les textes des accords participant à la reconstruction
d’institutions démocratiques plus inclusives. Le Canada devrait aussi apporter son
soutien à l’intégration des questions de genre dans la réforme des secteurs de
sécurité (RSS).
14
Le Canada devrait encourager les approches travaillant sur la construction de
masculinités positives, notamment dans le cadre des programmes d’autonomisation
économique des femmes, afin de favoriser le partage équitable du travail reproductif,
le contrôle des femmes sur leur revenu, et la réduction des risques de violences
domestiques.
Croissance économique propre et changements climatiques
Quels sont les domaines dans lesquels le Canada a apporté une valeur ajoutée en
favorisant la promotion d'une croissance économique durable et propre?
Le Canada apporte une valeur ajoutée en favorisant la promotion d’une croissance
économique durable et propre en investissant dans les domaines suivants :
Soutenir la croissance économique des personnes les plus vulnérables,
particulièrement les femmes et les jeunes, les petits exploitants agricoles et les
exploitations familiales.
Soutenir des investissements importants pour moderniser le secteur agricole et le
transfert de technologie dans ce secteur afin de permettre aux petits producteurs,
femmes et hommes, de produire plus, et mieux, en utilisant moins de ressources
(énergie, ressources naturelles). Cela pourrait être un facteur de rétention des jeunes
dans les régions grâce à la création de nouveaux emplois.
Soutenir les investissements dans le secteur des énergies renouvelables, notamment
dans le secteur de la valorisation des déchets tels que la biométhanisation et les
secteurs de l’énergie solaire, éolienne et hydraulique et dans les secteurs de
l’économie à faible émission de gaz à effet de serre, notamment en favorisant le
transfert de technologies et le développement de partenariat Nord-Sud basé sur le
savoir et l’innovation dans ce secteur.
Soutenir les programmes d’épargne et de micro-finance aidant les communautés à
être résilientes (autonomie et dignité) face aux impacts climatiques. En ayant accès à
des produits financiers adéquats et conçus en fonction de leurs besoins ou à du
transfert d’argent (cash transfer), ces communautés peuvent se relever plus
facilement des impacts climatiques.
En ce qui a trait à la croissance économique, il faut aussi tenir compte du concept
d’autonomisation économique des femmes et des jeunes. Il est ainsi nécessaire de
mettre en place des changements dans quatre sphères. Au niveau individuel, il est
15
important de transformer d’une part, (1) l’accès des femmes et des jeunes aux
ressources et aux opportunités économiques et, d’autre part, (2) la conscience
individuelle des femmes et des jeunes et leur leadership et ce, pour assurer
notamment des relations équitables dans les processus de prise de décision aux
différents niveaux : ménage, communautaire et autres. Au niveau systémique, la
mise en place d’un environnement porteur pour l’autonomisation économique des
femmes et des jeunes passe d’une part, (3) par la transformation des normes
sociales et croyances collectives qui empêchent l’expression du potentiel des
femmes et des jeunes sur le marché du travail, d’autre part, (4) par la transformation
des institutions (État, marchés, etc.) dont les structures, les politiques et les pratiques
perpétuent les discriminations.
Faire la promotion de l’emploi décent pour les jeunes et les femmes : La promotion
de conditions d’emploi satisfaisantes et des opportunités économiques viables est
essentielle pour contrer le niveau élevé du taux de chômage, l’absence de
perspectives et la migration. Une jeunesse sans emploi faisant face à des inégalités
économiques et en situation d'exclusion sociale pose un risque au niveau de la
stabilité d'un pays. Il faut aussi continuer à offrir des formations spécifiques
(techniques) pour obtenir des compétences « de vie », des compétences
d’entreprenariat et des capacités à utiliser des technologies modernes. Les jeunes et
les femmes doivent être soutenus également dans l’accès à la terre, à des produits
financiers visant spécifiquement les jeunes et un environnement favorable pour
s’épanouir économiquement et ainsi promouvoir la prospérité collective.
Dans tout programme en croissance économique durable, il faut aussi considérer
que les violences domestiques constituent à la fois un obstacle pour l’accès des
femmes à un revenu et une conséquence potentielle des activités économiques dans
le cas où celles-ci remettent en cause les rôles traditionnels de genre.
Comment le Canada peut-il aider les pays en développement à s'adapter aux
changements climatiques et à en atténuer les effets?
À travers son aide au développement, le Canada devrait adopter et promouvoir des
politiques et des pratiques qui augmentent la résilience des populations, des
communautés et des écosystèmes tout en renforçant la capacité des populations et des
gouvernements du Sud à s’adapter aux chocs découlant des changements climatiques.
Les fonds et les programmes devraient être orientés de la façon suivante :
Investir dans un développement compatible avec le climat, c’est-à dire un
16
développement faible en émissions de gaz à effet de serre, un développement
résilient aux climats, et un développement qui incluent des mesures de mitigation et
d’adaptation complémentaires et mutuels, (Climate & Development Knowledge
Network, Defining climate compatible development Policy Brief, 2010).
Investir dans l’adaptation aux changements climatiques et la gestion des risques au
niveau communautaire en favorisant des approches de diagnostic participatif
permettant aux populations d’identifier les impacts des changements climatiques
dans leurs communautés et les meilleures façons de les atténuer. Renforcer les
capacités des populations et des organisations locales afin de leur permettre de
mettre en œuvre les plans d’action en adaptation aux changements climatiques qu’ils
ont développés.
Investir dans le développement et la promotion d’une agriculture permettant à la fois
1) d’intensifier la production agricole de façon durable afin d’atteindre la sécurité
alimentaire. 2) d’augmenter la résilience de l’agriculture aux changements
climatiques (diversification des espèces, utilisation de semences locales et adaptées
au territoire, agroécologie). 3) de réduire la contribution de l’agriculture aux
changements climatiques en réduisant les émissions de GES et en augmentant les
initiatives de captation de carbone au niveau des fermes familiales.
Investir dans la gestion des risques et désastres afin d’aligner les secours d’urgence
avec la sécurité à plus long terme et ainsi augmenter la résilience des communautés.
La réponse du Canada aux urgences humanitaires devrait être accompagnée
d’investissements dans la réduction des risques avant que les catastrophes ne se
produisent. Il pourrait s’agir de financer les projets de système d’alerte précoce, de
gestion préventive du territoire et des systèmes d’adaptation et de réduction des
risques à base communautaire, comme le fait depuis plusieurs années le programme
de préparation aux catastrophes d’ECHO de l’Union Européenne (DIPECHO).
Investir dans la protection des avoirs peut atténuer les répercussions des urgences
humanitaires, accélérer le rétablissement, diminuer les coûts des interventions
d’urgence et favoriser une meilleure résilience.
Investir dans le renforcement de capital social, économique et environnemental des
populations et des gouvernements du Sud pour favoriser la résilience.
En matière de climat et d'environnement, existe-t-il des créneaux (par exemple l'eau,
la biodiversité, l'utilisation des terres, l'agriculture, l'énergie) vers lesquels le Canada
pourrait davantage orienter son aide internationale?
17
Le Canada doit augmenter ses investissements dans le développement de l’agriculture
qui est le pivot de l’économie de la plupart des pays en développement. Les fonds et les
programmes devraient être orientés de la façon suivante, tels que préconisés par le
Groupe de réflexion sur la sécurité alimentaire (FSPG), une coalition regroupant 26
organisations canadiennes de développement international dont Oxfam-Québec fait
partie (FSPG, Agenda pour la sécurité alimentaire et la résilience, 2016):
Investir dans les petites exploitations agricoles. Les petits agriculteurs, femmes et
hommes, réussissent à nourrir environ 70 % de la population mondiale, et ce, sur
moins de 25% des terres arables de la planète. Le Canada devrait continuer à
soutenir les petits agriculteurs notamment en faisant la promotion de l’agriculture
écologique et de l’agriculture de conservation, deux approches qui peuvent améliorer
la qualité des sols et de l’eau et préserver la biodiversité. Ceci peut être fait en
facilitant leurs applications (formation, accès à l’information, vulgarisation).
Promouvoir de meilleures options pour les femmes et pour les jeunes. L’importance
que le Canada accorde, à travers sa stratégie, aux agricultrices exploitant de petites
fermes, doit demeurer au cœur de sa stratégie et devrait être accompagnée d’un
volet axé sur les jeunes. Le Canada devrait soutenir le leadership des femmes dans
les organisations rurales, les aider à obtenir des garanties sur la propriété des terres
et des moyens de production, fournir de la formation et faciliter l’accès à l’information,
aux services de vulgarisation agricoles et aux marchés. Les investissements du
Canada doivent aider à développer la prochaine génération d’agriculteurs et
d’agricultrices grâce à des programmes facilitant l’accès à la terre et à la formation
ainsi qu’aux cours sur la gestion des affaires.
Investir dans la nutrition. Le Canada devrait accorder la priorité à la nutrition et à une
agriculture axée sur des aliments nutritifs. La plupart des familles en état de
malnutrition vivent de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche. L’augmentation de la
diversité des aliments qu’elles produisent améliore leur situation nutritionnelle. Par
ailleurs, comme ce sont généralement des femmes qui décident ce que les familles
consomment, la promotion de leur autonomie et de l’accès à l’information concernant
la nutrition devait être au cœur des efforts du Canada en matière d’aide
internationale.
Promouvoir de meilleures pratiques agricoles et d’élevage du bétail. Faire la
promotion et investir dans les techniques d’agroécologie, agroforesterie et d’élevage
durable. Le bétail fournit aux petits agriculteurs des aliments pour nourrir leur famille,
du fumier, un moyen de transport ainsi que des revenus. Les familles qui possèdent
du bétail sont moins à risque en cas de perte de récoltes. De plus, le Canada, à
18
travers l’aide au développement, doit renforcer la capacité locale de protection du
bétail en cas de catastrophe et encourager des pratiques durables d’élevage
favorisant la résilience.
Renforcer les organisations agricoles et la participation citoyenne. Renforcer les
associations agricoles est un investissement stratégique pour l’agriculture et la
sécurité alimentaire. Les organisations paysannes sont les porte-voix des
préoccupations des agriculteurs et jouent un rôle vital dans l’amélioration des
connaissances sur les écosystèmes locaux. Le gouvernement canadien devrait
renforcer la capacité des associations de petits agriculteurs afin qu’elles puissent
bâtir des systèmes alimentaires locaux, négocier de prix, obtenir du crédit et avoir
une influence sur les politiques gouvernementales.
Sécuriser l’accès à la terre et aux ressources nécessaires à la production (sols, eaux,
intrants, semences, etc.) des tous les petits producteurs familiaux.
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Croissance économique propre et
changements climatiques » ?
Le Canada devrait se munir d’une vision claire et d’objectifs spécifiques en matière
d’aide internationale dans le secteur de la sécurité alimentaire afin de participer
activement à l’atteinte de l’objectif de développement durable 2 (2030) qui consiste à
éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir
l’agriculture durable. L’insécurité alimentaire, la malnutrition et la faim extrême
entravent toujours considérablement le développement de multiples pays. On estime
à 795 millions le nombre de personnes chroniquement sous-alimentées en 2014
généralement en conséquence directe de détériorations environnementales, de
sécheresses et de l’appauvrissement de la biodiversité (PNUD, 2016). Ce lien
d’interdépendance entre la sécurité alimentaire, l’environnement, les changements
climatiques et les catastrophes naturelles doit être mis en évidence et le secteur de
la sécurité alimentaire doit être reconnu comme un secteur d’intervention prioritaire
d’aide internationale par le Canada.
Lors des crises humanitaires, s’il y a distribution de vivres, le Canada devrait
privilégier les denrées locales exploitées par les producteurs locaux et appuyer la
distribution locale.
19
Gouvernance, pluralisme, diversité et droits de la personne
Comment le Canada peut-il aider à mettre en œuvre l'objectif 16 du Programme 2030,
afin de promouvoir des sociétés pacifiques et inclusives, d'assurer l'accès à la justice
pour tous et d'instaurer des institutions efficaces, responsables et inclusives à tous
les niveaux. Afin de mettre en œuvre l’objectif 16 du Programme 2030, le Canada devrait
accroître son appui aux organisations de la société civile (OSC). L’aide internationale
du Canada attribuée directement aux organisations canadiennes et internationales
de la société civile atteignait seulement 27% en 2014-2015 (Rapport statistique sur
l’aide internationale, Exercice 2014-2015, p. 19). Un appui accru aux organisations
de la société civile favoriserait une meilleure participation et représentation des
divers groupes sociaux, spécialement des populations vulnérables lors des prises de
décisions collectives (sous-objectif 16.7). Un appui spécifique devrait être accordé
aux organisations de femmes et aux organisations de jeunes.
Une société civile dynamique et pluraliste est reconnue pour favoriser «la
responsabilisation à l’égard des résultats de développement et la gouvernance
démocratique» (Politique canadienne de partenariat avec la société civile pour le
développement international et l’aide humanitaire, 2015). Or, un peu partout sur la
planète, des gouvernements cherchent à réduire cet espace. En 2014, des atteintes
majeures aux droits fondamentaux de la société civile ont été enregistrées dans 96
pays, allant d'une restriction de la capacité des OSC à recevoir des fonds, en
passant par le harcèlement et l'emprisonnement de militants (CIVICUS, State of civil
society 2015). Dans ce contexte, le Canada doit, plus que jamais, promouvoir
l’espace de la société civile comme un pilier de la gouvernance démocratique
travaillant pour la construction de sociétés inclusives et pacifiques. Simultanément, le
Canada doit soutenir le renforcement des capacités de gouvernance démocratique
des autorités et décideurs locaux. Des appuis spécifiques en matière de
développement de lois inclusives et équitables, de données ouvertes, d’organisation
d’espaces de dialogue avec la société civile et de pratiques de reddition de comptes
contribueraient à la mise en place d’institutions efficaces, responsables et
transparentes (sous-objectif 16.6).
20
Comment le Canada peut-il promouvoir l'inclusion, faire progresser le respect de la
diversité et défendre les droits de la personne?
Afin de promouvoir l’inclusion, le respect de la diversité et la défense des droits de la
personne, le Canada devrait intégrer l’approche de développement fondée sur les
droits humains, à l’instar de l’Agence suédoise de développement international
(SIDA) et du système des Nations Unies. L’approche de développement fondée sur
les droits humains vise à habiliter les femmes et les hommes, tant jeunes qu’adultes,
à revendiquer et faire respecter leurs droits (détenteurs de droits). D’autre part,
l’approche vise à renforcer les capacités de ceux qui doivent respecter, promouvoir,
protéger et réaliser ces droits (décideurs). Dans cette perspective, le Canada pourrait
appuyer des initiatives visant à promouvoir un leadership transformateur pour les
femmes. Dans une perspective féministe, elles utiliseraient leur pouvoir, ressources
et compétences dans le cadre de structures et processus inclusifs et non oppressifs
afin de se mobiliser autour d’un agenda commun de transformation sociale,
culturelle, économique et politique en faveur de l’égalité et de la réalisation des droits
humains. Le Canada devrait aussi soutenir spécifiquement des initiatives visant à
renforcer la citoyenneté active des jeunes (18-25 ans) afin de contrer la
«déconnexion démocratique» avec les institutions formelles (Collin, 2015). Le
Canada encouragerait ainsi les jeunes citoyennes et citoyens à faire entendre leurs
voix, à faire respecter leurs droits et à s’engager dans un dialogue constructif avec
leurs décideurs afin d’améliorer leur inclusion et leurs conditions de vie. L’accès et
l’utilisation de plateformes numériques par les populations marginalisées devraient
être soutenus afin d’encourager leur engagement civique.
Le Canada doit aussi s’assurer d’être à l’écoute des besoins des populations
vulnérables et de veiller à leur implication dans le développement des programmes
d’aide internationale, de leur planification à leur mise en œuvre. Une Politique
d’inclusion et de diversité fondée sur les droits humains devrait être mise de l’avant
et s’appliquer de manière transversale, comme c’est le cas pour la Politique d’égalité
entre les sexes.
Dans quels domaines reliés à la gouvernance l'aide internationale du Canada peut-
elle avoir la plus grande influence?
L’aide internationale du Canada aura une plus grande influence si elle appuie de
façon significative les organisations de la société civile qui travaillent à renforcer la
21
participation citoyenne et les capacités des populations vulnérables à se faire
entendre. Simultanément, le Canada doit aussi encourager les décideurs des pays
en développement à instaurer un environnement favorable pour la société civile. Cela
implique : (1) la reconnaissance des droits et des libertés fondamentales, ainsi que
des politiques et des lois qui assurent leur respect; (2) la possibilité d’instaurer un
dialogue institutionnalisé et d’exercer une influence sur les politiques, au moyen d’un
accès à l’information qui facilite la participation éclairée; et (3) des mécanismes de
financement convenant à l’éventail diversifié des OSC (Civil Society Partnership for
Development Effectiveness (CPDE), An Enabling Environment for Civil Society
Organizations, october 2013). Le Canada doit accroître son appui à des initiatives
spécifiques visant le renforcement de structures de gouvernance équitables et
égalitaires, notamment dans le domaine agricole, des ressources naturelles et des
services sociaux (santé et éducation). Ces initiatives devraient viser des
changements, en matière d’attitudes, pratiques, lois et programmes
gouvernementaux.
Dans les États fragiles et en transition, regroupant plus de 1,4 milliard de personnes
soit 20% de la population mondiale (OCDE, 2015), le Canada devrait accroître son
appui aux programmes de gouvernance visant le relèvement précoce des
communautés. Cela impliquerait de soutenir de manière prévisible et à long terme la
société civile qui représente les populations pauvres et marginalisées, afin qu’elle soit
en mesure de créer des alliances stratégiques avec des groupes d’influence non
étatiques et d’engager un dialogue constructif avec les preneurs de décisions
(Oxfam, Governance and Fragility, 2013). Ceux-ci doivent aussi être renforcés afin
d’assurer un leadership démocratique et inclusif. Le Canada doit continuer
d’encourager la participation active des femmes à la prévention et au règlement des
conflits ainsi qu’à l’édification et au maintien de la paix à tous les niveaux (Conseil de
sécurité des Nations Unies, résolution 1325).
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Gouvernance, pluralisme, diversité et
droits de la personne » ?
Pour que les Canadiennes et Canadiens comprennent et appuient les d’interventions
en matière d’aide internationale, particulièrement les efforts visant à encourager la
gouvernance et le pluralisme dans le monde, le Canada doit accroître son soutien
aux efforts d’engagement du public canadien. Ces efforts devraient servir, non
seulement à informer et à sensibiliser la population canadienne en matière de droits
humains et d’enjeux démocratiques dans le monde, mais aussi à la mobiliser. Le
22
Canada doit montrer l’exemple en offrant l’opportunité à ses propres citoyennes et
citoyens de poser des gestes d’engagement et d’influencer les politiques publiques
en matière de défense des droits humains sur la scène internationale.
Le Canada doit continuer d’être un modèle et un défenseur infatigable des droits
humains sur la scène internationale, spécialement des droits des différentes
minorités (sexuelles, religieuses, ethniques, etc.).
Le Canada devrait investir davantage dans le développement d’institutions
permanentes et les compétences de la société civile, des gouvernements et des
citoyens afin de soutenir et catalyser le développement institutionnel à long terme.
Le renforcement de la gouvernance est une condition importante pour renforcer
d’autres priorités de développement dont la croissance économique durable,
l’accessibilité et la livraison de services sociaux, la cohésion sociale et la résilience
aux changements climatiques. Le Canada devrait accroître son soutien à des
initiatives de gouvernance et renforcer cet axe transversal dans les programmes de
développement.
On doit aussi saluer la présente consultation sur l’aide internationale du Canada
comme un espace privilégié d’échange et de prise en compte des attentes de la
population canadienne. On ne peut qu’espérer une plus grande régularité de ces
périodes de consultation afin de susciter un dialogue social plus soutenu et
dynamique sur les approches et les secteurs d’intervention que doit privilégier l’aide
internationale.
Oxfam-Québec réitère l’importance d’avoir des programmes d’aide au
développement international dédiés aux jeunes, spécialement ceux âgés de 18 à 25
ans. Le Canada doit encourager la citoyenneté active des jeunes femmes et jeunes
hommes de cette importante génération montante. Il s’agit d’une relève pour la
gouvernance démocratique et d’un acteur incontournable pouvant contribuer, de
manière innovatrice et concrète, à la construction d’un monde inclusif et pacifique.
Paix et sécurité
Quelles sont les forces sur lesquelles le Canada devrait miser pour répondre aux défis
en matière de paix et de sécurité?
Le Canada est considéré sur la scène internationale comme un promoteur de paix
(maintien de la paix à travers les Casques bleus des Nations Unies).
Le Canada est respectueux du droit international. Il a entre autres participé
activement à la création de la Cour pénale internationale et a présidé à l’adoption de
la Convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel.
23
Le Canada est une puissance moyenne qui n’a pas un passé colonial à l’international
et qui est un acteur qui favorise le multilatéralisme. Il fait partie de plusieurs réseaux
internationaux où il peut promouvoir l’adoption de mesures pour la prévention et la
résolution des conflits : Francophonie, Commonwealth, G8, OSCE, OTAN, Conseil
des droits de l’homme des Nations Unies. Si le Canada obtient une place au Conseil
de sécurité des Nations Unies, il serait dans une position privilégiée pour influencer
le Conseil à être plus proactif dans la prévention et la résolution des conflits armés.
Le Conseil gagnerait notamment à surveiller plus activement (réunions mensuelles
de monitoring) et intervenir plus rapidement dans les contextes de tensions
émergentes (avant que les conflits n’éclatent) à travers la méditation et autres efforts
de prévention.
Le Canada a développé en 2010 un plan d’action national pour la mise en œuvre de
la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies sur « femmes, paix et
sécurité » permettant au Canada de se présenter comme un moteur au niveau
international de la promotion de la participation des femmes aux processus de paix.
Le gouvernement canadien actuel démontre une ouverture au dialogue avec la
société civile canadienne.
Comment le Canada peut-il harmoniser ses efforts en matière d'aide internationale
avec les approches internationales, y compris le Programme 2030?
Le Canada devrait s’assurer que l’amélioration de la qualité de vie des plus
vulnérables devient la priorité de l’aide internationale.
Le gouvernement canadien doit s’assurer que les programmes mis en œuvre
n’auront pas d’impact négatif sur les efforts de l’aide internationale. Le Canada
devrait avoir une politique diplomatique et économique cohérente avec les principes
guidant l’aide internationale canadienne.
Le Canada devrait apporter plus d’attention aux conflits qui peuvent émerger aux
frontières des pays. Une approche par pays ne permet pas de porter attention à
l’insécurité causée aux frontières d’un pays voisin.
Le Canada doit s’engager sans compromis pour la protection des populations civiles
dans tout contexte de conflit armé en plus de prendre les mesures nécessaires pour
minimiser les préjudices aux civils comme stipulé dans le Conseil de Sécurité des
Nations Unies, Résolution 2085, adoptée en décembre 2012.
Le Canada doit adopter une approche féministe dans toutes ses interventions. Il est
essentiel d’exiger une analyse de genre systématique dans la cadre de la conception
des réponses d’urgence et des plans de relèvement précoce.
24
Il faut s’assurer de réserver des budgets spécifiques pour la lutte contre les violences
faites aux femmes et aux filles.
Le Canada doit faire la promotion de l’accès à la justice pour les survivant-e-s et la
fin de l’impunité pour les auteurs de violences, notamment de violences sexuelles.
Il est primordial que le Canada favorise les approches intégrées permettant une
remise en question des relations de pouvoir entre les femmes et les hommes ainsi
que des rôles sociaux traditionnels.
Quel genre de partenariats le Canada devrait-il rechercher en matière d'aide
internationale pour atteindre ses objectifs de paix et de sécurité?
Le Canada devrait rétablir son intérêt et son implication active dans les divers
forums, groupes et conseil multilatéraux en plus de favoriser les accords et initiatives
assurant la paix et la sécurité, comme le conseil de sécurité des Nations Unies, le
Commonwealth, la Francophonie, le conseil des droits de l’homme des Nations
Unies et les initiatives de la société civile en faveur de la paix
(ex : :http://thesyriacampaign.org, Not A Target: http://www.msf.ca/en/notatarget).
Le Canada doit reconnaître et appuyer le rôle clé des femmes et des organisations
de femmes aux efforts de prévention et résolution des conflits et de maintien et
consolidation de la paix et dans les processus de décisions. Il est essentiel de
travailler en amont avec les organisations de femmes. Cela passe entre autres par le
soutien à l’Agenda des Femmes pour la Paix et la sécurité des Nations Unies.
Le Canada doit également encourager les processus de construction de la paix par
les jeunes femmes et hommes. Les jeunes sont souvent perçus comme des vecteurs
de violence ou des victimes des conflits. Il faut considérer les jeunes comme des
acteurs de changements et partie prenante au processus de stabilisation de la paix.
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de « Paix et sécurité » ?
Le Canada devrait signer et ratifier le plus rapidement possible le Traité des Nations
Unies sur le Commerce des Armes, afin d’assurer que ses transactions en
armements se fassent dans le respect du droit international humanitaire et des droits
de l’homme.
25
Répondre aux situations de crise humanitaire et aux besoins des
populations déplacées
Comment le Canada peut-il appuyer des interventions humanitaires axées sur les
besoins, qui soient efficaces et rapides et qui reposent sur un soutien à la fois
prévisible et flexible?
En étendant l’accès au financement de projets pluriannuels pour les ONG: voir
analyse présentée à la Division de l’Assistance humanitaire internationale (MHD) par
un collectif d’ONG en mai 2016 (CCIC, Multi-year Funding in Protracted Crisis –
Collaborative Paper, 2016). MHD a déjà fait un pas considérable en acceptant
récemment des propositions de projets sur 3 ans pour les pays touchés par la crise
syrienne. Plusieurs autres crises qui perdurent bénéficieraient de réponses
pluriannuelles semblables : République Démocratique du Congo, Soudan, Mali,
République Centrafricaine, Yémen, Haïti, Sahara Occidental, Myanmar, Soudan et
Soudan du sud, Éthiopie, etc. Ce type de financement rendrait les réponses
humanitaires plus effectives et efficaces pour diverses raisons, notamment :
Par l’économie des ressources humaines considérables absorbées
annuellement dans la rédaction des propositions de projets (l’équivalent
d’une quinzaine de personnes par ONG à temps plein pendant un mois) –
puisqu’une proposition complète serait rédigée tous les trois ans seulement
(avec des brèves mises à jour annuelles); ces ressources pourraient alors
être réaffectées aux activités au cœur des projets;
Par la réduction du ratio des activités de démarrage des projets (recrutement
des équipes, identification des sites d’intervention, évaluation des besoins,
établissement d’accords avec autorités et communautés, achats de matériel
et véhicules, etc.) par rapport à celles de mise en œuvre;
Par une plus forte redevabilité, puisqu’une période prolongée laisserait le
temps de réaliser une évaluation participative complète avec les bénéficiaires
et autres parties prenantes pendant la durée du projet.
Par la construction de liens de confiance plus solides avec les autorités et
communautés ciblées, facilitant leur appropriation du projet et la pérennité de
ses fruits (par exemple, l’entretien à long terme des infrastructures d’eau
potable et le fonctionnement des comités qui les administrent).
MHD devrait également considérer une autre modalité de financement prévisible et
flexible, celle des partenariats humanitaires, en suivant l’exemple probant du
Humanitarian Partnership Agreement (HPA) de DFAT en Australie
26
(http://dfat.gov.au/about-us/publications/Pages/review-of-the-humanitarian-
partnership-agreement-hpa.aspx), actuellement en processus d’optimisation, ainsi
que de SIDA. Il s’agit d’un fonds annuel au montant fixe alloué à une organisation,
que celle-ci peut utiliser pour répondre aux crises qu’elle juge prioritaires, en fonction
d’un ensemble de critères prédéterminés avec le bailleur. Ce financement annuel
s’inscrirait dans le cadre de partenariats bilatéraux avec des organisations de
confiance, avec lesquelles le gouvernement canadien collabore depuis plusieurs
années et qui ont démontré la qualité et la pertinence de leurs interventions sur le
terrain. Cette modalité de financement, de par sa grande prévisibilité, a l’avantage
particulier de permettre un déploiement rapide d’équipes et de matériel pour
démarrer une réponse dans les jours qui suivent une catastrophe, ou encore une
intervention précoce dans le cas de sécheresse à évolution lente (un type de crise
actuellement couvert par aucun guichet d’Affaires mondiales Canada, pourtant
appelé à devenir plus fréquent étant donné les perturbations climatiques qui
s’intensifient). À défaut de partenariats bilatéraux avec une ONG à la fois, MHD
pourrait envisager un accord avec un groupe d’ONG qui sélectionneraient entre elles
la ou les meilleures interventions en réponse à chaque crise prioritaire; un
mécanisme, en somme, semblable au Fonds canadien d’assistance humanitaire
(FCAH) actuellement administré par la Coalition Humanitaire, mais avec des
montants plus élevés qui permettraient de répondre à des crises majeures.
Bien que des modalités de financement prévisible et flexible existent au Canada pour
des organisations multilatérales, les ONG canadiennes présentent certains
avantages comparatifs, notamment d’avoir une administration interne moins
coûteuse, d’être plus présentes sur le terrain (hors des capitales des pays
d’intervention) et d’entretenir des partenariats de longue date avec des acteurs
locaux (autorités et société civiles) sur lesquels capitaliser pour renforcer les
capacités de ces derniers dans une optique de résilience. Or, bâtir un leadership
humanitaire local a été déclaré une des priorités de la communauté internationale au
récent Sommet humanitaire mondial à Istanbul.
Oxfam-Québec propose également à Affaires mondiales Canada de soutenir
davantage les approches nationales pour la préparation et la réponse aux urgences,
notamment un financement de base pluriannuel allant directement aux organisations
locales. Ainsi, d’ici 2020, au moins 10% du financement humanitaire octroyé par
MHD devrait aller à ces organisations. Les groupes de femmes au niveau local
devraient par ailleurs être particulièrement impliqués pour travailler sur les questions
de protection et d’aide humanitaire.
27
Comment le Canada peut-il mieux s'engager à protéger les populations vulnérables
en période de crise et à renforcer le respect des principes humanitaires?
Contrairement aux branches non humanitaires d’Affaires mondiales Canada, la
Division de l’Assistance humanitaire internationale (MHD) ne travaille pas en fonction
d’une liste de pays prioritaires et alloue son financement principalement sur la base
de l’ampleur des besoins des populations affectées par des conflits et catastrophes
naturelles. Ceci est une grande vertu du programme canadien d’aide internationale et
il est important qu’elle demeure - que les considérations politiques ou économiques
interfèrent le moins possible avec le choix des réponses humanitaires, en accord
avec les principes fondamentaux d’humanité, d’impartialité, de neutralité et
d’indépendance.
Face à la fragilité permanente du respect de ces principes (comme le démontre la
cible récurrente d’infrastructures civiles par des groupes belligérants), le Canada doit
agir en leader, montrer l’exemple par une implication internationale irréprochable au
regard du droit international humanitaire (DIH) et des droits humains (DIDH), et
inciter les États en défaut à s’amender. Cette conduite exemplaire passe entre autres
par :
o l’accession imminente au Traité des Nations Unies sur le commerce des
armes, et la subordination absolue des intérêts commerciaux et des alliances
politiques au respect du DIH et du DIDH dans les accords de transfert
d’armes que souscrit le gouvernement canadien;
o l’appui à l’élaboration de normes internationales fortes qui restreignent
l’utilisation d’armes explosives à grand rayon d’action dans les zones
peuplées;
o le soutien à la définition d’un mécanisme d’enquête international et
indépendant pour tous les cas de conflits armés faisant de nombreuses
victimes parmi les civils;
o le plaidoyer (surtout si le Canada y accédait prochainement au rang de
membre non permanent) auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour qu’il
s’implique davantage dans les conflits naissants, notamment par des
analyses mensuelles de risque et par des efforts ciblés de prévention et de
médiation.
Le Canada doit veiller à systématiquement intégrer les considérations de protection
dans tous ses programmes d’assistance, de façon à garantir l’accès des plus
vulnérables (enfants et adolescents, personnes vivant avec un handicap, victimes de
28
violence sexuelle et basée sur le genre, personnes âgées, entre autres) à
l’assistance et n’exposer personne à de nouveaux risques découlant des
programmes (do no harm). L’inclusion de ces considérations peut être garantie par
les évaluations externes d’experts en protection déployés sur les sites des réponses
financées par MHD, dont les recommandations seraient rendues publiques. MHD
pourrait favoriser le financement de projets innovants utilisant une approche
combinée protection-sécurité alimentaire (la rareté des aliments étant un facteur clé
de comportements à risque), dont des pilotes ont enregistré des succès importants
notamment en République démocratique du Congo (financement de la Coopération
suisse).
o Comme complément à ses programmes d’assistance, le gouvernement
canadien devrait également engager un dialogue direct avec les
gouvernements des pays concernés relativement à leur responsabilité de
protection des populations civiles sur leur territoire, et en faire une condition
au soutien bilatéral de ces gouvernements. Cet accompagnement
comporterait des séances de sensibilisation des autorités (armées,
notamment) et le partage d’outils de formation et de mécanismes de
surveillance.
Les personnes réfugiées et déplacées internes représentent des groupes
particulièrement vulnérables à l’exploitation et aux abus, à l’insécurité alimentaire et
aux problèmes de santé (y compris de santé mentale) en temps de crise humanitaire.
Le Canada peut s’engager pour la protection de ces personnes, notamment en
participant au plus haut niveau au Sommet des Nations Unies sur les migrations et
les mouvements de réfugiés (en septembre 2016 à New York) et en y prenant des
engagements ambitieux en faveur de l’accueil sur son territoire de réfugiés réinstallés
(par exemple : en proposant que des quotas annuels de réinstallation plus généreux
et contraignants soient adoptés par les pays participants) et du soutien financier aux
populations réfugiées et déplacées à travers le monde.
Un financement des projets humanitaires en Protection est nécessaire. Les ONG
œuvrant dans le secteur de la protection ont développé une expertise et des niches
pour des besoins auxquels le UNHCR, UNICEF et le CICR ne peuvent
répondre notamment en violences basées sur le genre, en accès au système de
justice, en renforcement des capacités des gouvernements locaux, en protection des
minorités (LGBT, personnes ayant un handicap, personne souffrant de problèmes de
santé mentale, etc.), en lutte contre l’esclavage, contre le recrutement forcé, le traffic
humain, les mines anti personnelles, etc.).
29
Comment pouvons-nous faciliter des réponses plus globales et coordonnées aux
besoins des populations touchées par des crises, et optimiser les effets des initiatives
humanitaires, de développement, de paix et de sécurité?
Le gouvernement canadien doit développer un mécanisme de financement des
projets de réduction des risques de catastrophes naturelles et augmenter le
financement en renforcement des capacités des ONGs pour répondre localement
aux crises.
o Ces programmes permettent de réduire le nombre de victimes des désastres,
l’étendue des dommages et de réduire le coût de la réponse humanitaire.
o Les catastrophes naturelles frappent plus durement les populations pauvres et
vulnérables : Entre 1991 et 2000 il y avait en moyenne 23 décès par désastre se
produisant dans les pays riches et en moyenne 1 052 décès par désastre se
produisant dans les pays les plus pauvres (IFRC, Climate Change and the
International Federation, 2007).
o La gestion des risques et désastres est un axe d’intervention entre le
développement et l’aide humanitaire ce qui permettrait de créer des ponts entre
ces deux sphères d’intervention.
o Le Canada devrait s’engager à dépasser l’objectif actuel qui consiste à dédier
1% de l’aide publique au développement (APD) à la préparation et à la réduction
des risques de catastrophes naturelles d’ici – en y consacrant plutôt 5% de
l’APD.
o À AMC, les agents responsables des différentes sections du ministère (du
bilatéral, de l’humanitaire et du partenariat) devraient se connaître et avoir des
rencontres de travail lorsque ceux-ci supervisent des projets dans le même pays.
o Augmenter le financement à travers les réseaux comme le FCAH. Ceci permet
une meilleure coordination et une réponse plus rapide. Le FCAH est relativement
limité dans sa capacité d’allouer des fonds car il peut permettre de répondre
rapidement seulement aux crises soudaines de petite ampleur. De plus, seuls les
membres de la coalition humanitaire y ont accès. Un mécanisme plus flexible
permettant de répondre à un ensemble de crises en plus de financer la
préparation à celles-ci serait plus efficace. (Par exemple le HPA australien)
o Le gouvernement canadien doit continuer et développer d’avantage le support
aux différents mécanismes de coordination du système humanitaire (OCHA,
Humanitarian Response, UNDSS et INSO)
o Bien que la coordination entre militaires et humanitaires peut paraître importante,
il est essentiel de maintenir dans les zones de conflits, une distinction claire entre
les militaires et les humanitaires et distinguer fortement leurs objectifs afin
30
d’éviter l’impression d’une instrumentalisation de l’humanitaire à des fins
politiques.
o Pour améliorer la coordination entre les différents secteurs (Eau-hygiène et
assainissement, santé, protection, etc). il est important d’encourager les
mécanismes flexibles comme les programmes de dons en espèce et de support
financiers dans les programmes humanitaires. De plus afin d’améliorer la
réponse aux différents besoins des populations vulnérables, il est essentiel
d’améliorer la coordination entre les organisations répondant aux besoins
humanitaires et celles œuvrant dans le développement, le financement de
programme reliant la réponse humanitaire à la réhabilitation et au
développement (LRRD) serait fortement recommandé.
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humanitaire et aux besoins des populations déplacées » ?
N/A
Obtenir des résultats
Quelles mesures concrètes le Canada pourrait-il prendre pour rendre plus efficaces,
efficients et innovateurs ses approches et ses mécanismes de prestation de l'aide
internationale? Comment pouvons-nous promouvoir une cohérence accrue entre nos
efforts en matière de développement, de commerce et de diplomatie?
Afin de contribuer de manière efficiente à la réalisation du Programme 2030, qui
aborde les enjeux du développement dans toute sa complexité, le Canada devrait
privilégier une approche intégrée et multisectorielle, tout en plaçant le
développement durable au centre du travail de chacun (CCCI, Mémoire – Vers
l’atteinte de nos objectifs communs, janvier 2016).
Une aide plus efficace et plus efficiente impliquerait non seulement de faire mieux
mais de faire plus. Selon l'Organisation de coopération et de développement
économiques (OCDE), en 2015, les dépenses du Canada pour l'aide internationale
ont atteint 0,28 % du revenu national brut (RNB), loin derrière les taux des années 70
à 90 variant entre 0,4 et 0,5% du RNB. 62 % des Canadiennes et Canadiens sont
d’avis que le Canada devrait être un des chefs de file du développement international
et 46 % croient que le gouvernement devrait dépenser davantage. (Ingénieurs sans
frontières Canada, Perspectives canadiennes sur le développement international,
avril 2015). Le Canada devrait donc se doter d’une stratégie financière afin
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d’atteindre progressivement la cible fixée par les Nations Unies de 0,7% du Revenu
national brut (RNB), et ce, d’ici dix ans.
Au cours des dernières années, on observe une tendance marquée du Canada à
privilégier le soutien aux organisations multilatérales (CCCI, Mémoire – Vers l’atteinte
de nos objectifs communs, janvier 2016). L’appui aux agences des Nations Unies
reste crucial dans plusieurs situations, en offrant une réponse collaborative et
significative auprès des populations vulnérables. Cependant, le Canada devrait
réorienter une partie de cette aide internationale dans des mécanismes de
financement prévisibles, durables et adaptés aux besoins des gouvernements des
pays partenaires et aux organisations de la société civile. Parmi ces mécanismes, le
Canada devrait envisager de conclure des partenariats stratégiques avec des
organisations de la société civile canadienne et leur accorder un financement-cadre.
Celui-ci permettrait, sur une période de 4 à 5 ans, de répondre de manière plus
flexible et adaptée aux besoins émergents des populations vulnérables. Une
approche semblable est notamment mise en œuvre depuis 2011 par l’Agence
suédoise de développement international (SIDA), tant pour le secteur humanitaire
que celui du développement.
Comment le Canada peut-il favoriser l'innovation en matière de développement?
Le Canada et les organisations canadiennes devraient favoriser des processus
innovateurs et non pas uniquement transférer des innovations vers les pays en
développement. Pour y parvenir, les appuis du Canada devraient permettre «d’aider
à identifier, chercher, amplifier et obtenir des consensus sur la nature des problèmes
et, ensuite, inviter les parties-prenantes locales à rechercher des solutions grâce à
des ‘adaptations itératives’.» (Matt Andrews, cosignataire du Doing Development
Differently - DDD Manifesto, 2014). Le DDD Manifesto constate que les projets
développés et en mis-en-œuvre à travers des cycles courts de planification, réflexion
et révision, sont plus porteurs. Pour le Canada, cela impliquerait de revoir la logique
de présentation des projets quinquennaux afin d’y inclure une plus grande flexibilité
au niveau de la planification des activités.
Le Canada pourrait aussi favoriser l’innovation en instituant un fonds dédié à
l’expérimentation d’innovations tant sociales que technologiques. Le Canada devrait
aussi inclure dans ses programmes réguliers de développement, un pourcentage de
5 à 10% du budget permettant d’explorer des approches/solutions innovantes. Cela
favoriserait une prise de risque balisée en développant des projets-pilotes (small-
bets) dans le cadre d’initiatives de plus grande envergure. Ces projets-pilotes
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permettraient d’explorer des pistes de solutions innovantes aux problèmes constatés
et de choisir les options prometteuses, tout en délaissant les moins porteuses (DDD
Manifesto, 2014). Enfin, le Canada devrait stimuler le partage des pratiques
innovantes en organisant, sur une base régulière, des journées d’échanges sur les
approches et solutions innovatrices développées tant par des organisations
canadiennes qu’étrangères (fondations étatsuniennes, coopérations étrangères,
etc.).
Avec quelles organisations, quels groupes, quelles coalitions et quels partenariats le
Canada devrait-il travailler? Quelle serait la meilleure façon de travailler avec eux
pour atteindre nos objectifs d'aide internationale?
Le Canada devrait travailler avec des organisations et des partenaires qui partagent
les objectifs du pays inscrits dans la Loi sur la responsabilité en matière d’aide au
développement officielle (2008). Ainsi, le travail des partenaires du développement
devrait viser la réduction de la pauvreté, respecter les valeurs ainsi que les
engagements du Canada. Les organisations et partenaires devraient aussi adhérer à
une approche du développement fondée sur les droits humains.
Le Canada doit continuer et même accroître son soutien aux organisations de la
société civile. La Politique de partenariat avec la société civile pour le développement
international et l’aide humanitaire, adoptée par le Canada, est explicite : «Les
partenaires issus de la société civile sont des acteurs essentiels qui aident à faire
progresser les priorités du Canada en matière d’aide humanitaire et
de développement (…) un environnement porteur pour la société civile exprime
concrètement l’engagement du Canada à l’égard de ses valeurs fondamentales que
sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit, de
même que les valeurs de citoyenneté, d’équité et respect de la viabilité de
l’environnement. Une démarche rigoureuse et cohérente de partenariat avec les
OSC canadiennes, internationales et des pays en développement ainsi que de
soutien d’un environnement porteur pour la société civile dans les pays en
développement est essentielle à l’atteinte de résultats en matière de réduction de la
pauvreté et de développement durable.»
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Comment pouvons-nous mobiliser un plus large éventail de partenaires pour tirer
parti des ressources et des compétences nécessaires à l'atteinte des objectifs de
développement durable?
En 2013, plus de 57% des principales fondations canadiennes appuyaient des
activités internationales. La valeur totale des dons dans ce secteur représentait 9%
de l’ensemble de leurs dons, soit une somme estimée à 180 millions de dollars
canadiens (Fondations philanthropiques Canada, Les fondations donatrices du
Canada – Portrait 2013, 2015). Le Canada devrait miser sur cet environnement
philanthropique en développement et se doter d’une stratégie visant à susciter et
renforcer une plus grande adhésion aux objectifs et programmes d’aide
internationale par les grands donateurs et donatrices dans tout le pays.
Le Canada devrait encourager et accroître la visibilité de projets et programmes
incluant des composantes d’innovation sociales, communicationnelles et
technologiques. Cela pourrait contribuer à la captation de nouvelles ressources
financières du secteur privé canadien, notamment dans les secteurs en expansion
tels que ceux des communications et des technologies. Des mesures fiscales
incitatives pourraient être étudiées et mises en place pour favoriser cette contribution
au développement international.
Comment pouvons-nous susciter une plus grande adhésion des Canadiens à nos
efforts en matière d'aide internationale?
En 2014-2015, trois quart (3/4) des Canadiennes et Canadiens se sont engagés
dans une action civique (Ipsos Reid, Consumer Personas Research, Survey Results-
Final report for CAN-MNCH, August 28, 2015). Cela représente un bon point de
départ pour susciter une plus grande adhésion en matière d’aide internationale. Le
même sondage fait ressortir trois enjeux internationaux sur lesquels la population
canadienne aimerait voir plus d’engagement de la part du Canada soit au niveau des
changements climatiques (35%), de la stabilité économique (29%) et de la pauvreté
mondiale (28%). Ces enjeux représentent d’excellents points d’entrée pour susciter
une plus grande adhésion du public canadien.
Le Canada devrait soutenir les organisations de la société civile à sensibiliser les
professionnels des médias et à les accompagner lors de missions dans les pays où
l’aide canadienne est à l’œuvre, spécialement sur les enjeux prioritaires, afin de
mieux contextualiser les efforts humanitaires et de développement.
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Le Canada devrait aussi soutenir les efforts visant à intégrer dans le cursus éducatif
des enfants et des jeunes, des modules de sensibilisation au développement
international. L’expérience d’Oxfam-Québec à ce chapitre révèle un grand intérêt du
milieu éducatif (enseignants, direction d’école, étudiants, syndicats) pour de tels
modules pouvant s’insérer dans les objectifs des programmes scolaires officiels, et
ce, du primaire au collégial.
Au terme de la présente consultation, le Canada devrait se doter d’une stratégie et
d’un plan d’action pour l’engagement du public canadien. L’engagement du public
contribue à sensibiliser les Canadiennes et Canadiens, changer leurs attitudes,
améliorer leur compréhension des enjeux, les inciter à devenir des citoyens du
monde et à poser des gestes concrets. L’engagement du public canadien doit être au
cœur du programme d’aide internationale du Canada. Considérant l’introduction
récente du Programme 2030, la stratégie et le plan d’action pour l’engagement du
public devraient mettre à l’essai une gamme de créneaux de financement pluriannuel
et prévisible pour un éventail de programmes et d’activités correspondant à la
vocation des diverses organisations du pays ainsi qu’aux diverses étapes du cycle
d’engagement du public (CCCI, Mémoire : Vers l’atteinte de nos objectifs communs,
janvier 2016).
Le Canada devrait-il se donner d'autres outils ou mécanismes afin de pouvoir
acheminer l'aide internationale de façon plus innovatrice? Comment les approches et
les mécanismes actuels peuvent-ils être bonifiés?
Le Canada devrait envisager des mécanismes prévisibles, stables et multiannuels
tant pour l’aide humanitaire que les programmes de développement.
Le Canada devrait aussi assouplir les mécanismes de financement visant à répondre
aux situations volatiles évoluant rapidement dans le continuum humanitaire-
développement. Affaires mondiales Canada devrait favoriser des arrimages entre ces
départements humanitaire et de développement (bilatéral et partenariat) afin de créer
des modalités permettant d’accueillir des programmes hybrides, intégrant à la fois
des composantes d’aide humanitaire et des stratégies de développement.
Afin de répondre aux enjeux complexes et touchants de larges régions du monde, le
Canada devrait offrir davantage de mécanismes de financement pour des
programmes régionaux ou multipays.
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Le Canada devrait encourager voire animer des groupes de travail au sein de la
communauté de développement canadienne afin d’échanger les bonnes pratiques en
matière de suivi, évaluation et apprentissages. L’utilisation des technologies
numériques pour assurer le suivi et le partage des résultats de développement
devrait être promue et les expériences porteuses mieux diffusées.
Autres commentaires
Avez-vous d’autres commentaires au sujet de l’examen de l’aide internationale? Ce
document a été réalisé en collaboration avec les équipes d’Oxfam-Québec sur le
terrain qui travaillent étroitement avec les communautés locales et la société civile.