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31 pratique suivi officinal Actualités pharmaceutiques n° 517 Juin 2012 Les conjonctivites peuvent avoir de multiples origines. Même si le printemps signe le pic des rhinoconjonctivites d’origine allergique, à l’officine, il n’est pas rare d’accueillir tout au long de l’année des patients se plaignant de ces symptômes. Cette affection fréquente devient souvent chronique, donc invalidante. Les principaux symptômes, en particulier les démangeaisons au niveau des yeux ou des paupières, peuvent être soulagés rapidement grâce à des traitements efficaces disponibles à l’officine. A u total et toutes manifestations confondues, 18 à 25 % des Français seraient allergiques. La prévalence de la conjonctivite allergi- que a fortement augmenté ces dernières années, jusqu’à toucher 30 % de la popu- lation de l’Hexagone. Le pharmacien est tout à fait à même de proposer des conseils et des médicaments au patient atteint de cette pathologie. Expliquer brièvement la pathologie au patient La conjonctivite allergique est une mani- festation d’hypersensibilité de type 1 à différents allergènes, en particulier aéro- portés, appelés pneumallergènes (pollens, acariens, poussières…). Elle est le résultat d’une suite de réactions relayées par les anticorps de type E (IgE), aboutissant à la libération des différents médiateurs chimi- ques responsables des symptômes par les mastocytes, les basophiles et les éosino- philes (tableau 1, page suivante). Le tableau clinique comporte une hyper- hémie conjonctivale bilatérale, un larmoie- ment important, un prurit des paupières et des angles internes, un œdème des paupières, une sensation de corps étran- ger (comme des grains de sable), une photophobie et un caractère saisonnier (graminées, floraison des arbres). Les conjonctivites sont aussi très souvent associées à d’autres manifestations allergi- ques comme l’asthme, la rhinite allergique, caractérisée par des éternuements en sal- ves, l’urticaire ou l’eczéma. Le plus sou- vent bénignes, ces affections allergiques peuvent parfois se compliquer d’atteinte de la cornée. La conjonctivite aiguë saisonnière constitue la forme clinique aiguë la plus fréquente des allergies oculaires. Elle revient chaque année à la même période, en fonction de l’exposition aux allergènes (pollens, graminées…), souvent entre les mois de mars et de juillet, avec des variations selon les régions de France. Elle est d’ailleurs très souvent associée à une rhinite allergique. La conjonctivite allergique perannuelle se caractérise par des signes cliniques moins violents, mais qui se répètent tout au long de l’année car les allergènes en cause sont essentiellement domestiques (poussière, acariens, poils d’animaux…). Les symptômes sont parfois aggravés à certaines saisons. Conseil à un patient se plaignant d’ une conjonctivite d’origine allergique © Fotolia.com/Serhiy Kobyakov

Conseil à un patient se plaignant d’une conjonctivite d’origine allergique

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Les conjonctivites peuvent avoir

de multiples origines. Même si

le printemps signe le pic des

rhinoconjonctivites d’origine

allergique, à l’officine, il n’est

pas rare d’accueillir tout au

long de l’année des patients se

plaignant de ces symptômes.

Cette affection fréquente

devient souvent chronique,

donc invalidante. Les principaux

symptômes, en particulier les

démangeaisons au niveau des

yeux ou des paupières, peuvent

être soulagés rapidement grâce

à des traitements efficaces

disponibles à l’officine.

Au total et toutes manifestations confondues, 18 à 25 % des Français seraient allergiques.

La prévalence de la conjonctivite allergi-que a fortement augmenté ces dernières années, jusqu’à toucher 30 % de la popu-lation de l’Hexagone. Le pharmacien est tout à fait à même de proposer des conseils et des médicaments au patient atteint de cette pathologie.

Expliquer brièvement la pathologie au patientLa conjonctivite allergique est une mani-festation d’hypersensibilité de type 1 à différents allergènes, en particulier aéro-portés, appelés pneumallergènes (pollens, acariens, poussières…). Elle est le résultat d’une suite de réactions relayées par les anticorps de type E (IgE), aboutissant à la libération des différents médiateurs chimi-ques responsables des symp tômes par les mastocytes, les basophiles et les éosino-philes (tableau 1, page suivante). Le tableau clinique comporte une hyper-hémie conjonctivale bilatérale, un larmoie-ment important, un prurit des paupières et des angles internes, un œdème des

paupiè res, une sensation de corps étran-ger (comme des grains de sable), une photophobie et un caractère saisonnier (graminées, floraison des arbres). Les conjonctivites sont aussi très souvent associées à d’autres manifestations allergi-ques comme l’asthme, la rhinite allergique, caractérisée par des éternuements en sal-ves, l’urticaire ou l’eczéma. Le plus sou-vent bénignes, ces affections allergiques peuvent parfois se compliquer d’atteinte de la cornée. La conjonctivite aiguë saisonnière

constitue la forme clinique aiguë la plus fréquente des allergies oculaires.

Elle revient chaque année à la même période, en fonction de l’exposition aux allergènes (pollens, graminées…), souvent entre les mois de mars et de juillet, avec des variations selon les régions de France. Elle est d’ailleurs très souvent associée à une rhinite allergique. La conjonctivite allergique perannuelle

se caractérise par des signes cliniques moins violents, mais qui se répètent tout au long de l’année car les allergènes en cause sont essentiellement domestiques (poussière, acariens, poils d’animaux…). Les symptômes sont parfois aggravés à certaines saisons.

Conseil à un patient se plaignant d’une conjonctivite d’origine allergique

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La conjonctivite vernale, ou kérato-

conjonctivites printanière, est plutôt rare et chronique. Elle touche surtout de jeunes garçons de moins de 10 ans ayant des antécédents atopiques personnels ou familiaux. Les signes cliniques sont continus sur l’année, mais exacerbés au printemps ou à l’automne ; il s’agit d’une kérato-conjonctivite, car elle touche aussi la cornée. La gêne fonctionnelle est majeure, surtout de mars à octobre, et la photophobie importante. La conjonctivite à papilles géantes

se manifeste surtout chez les porteurs de lentilles de contact souples ou d’une prothèse oculaire. Des bourgeons charnus sont observés sur la conjonctive palpé-brale, imposant parfois l’arrêt du port des lentilles. Elle est essentiellement due à une mauvaise hygiène ou à un port prolongé. La conjonctivite allergique atopique

survient très souvent dès l’enfance chez des sujets atopiques (dermatite atopi-que, urticaire allergique, asthme, rhinite allergique). La blépharoconjonctivite eczémateuse

par allergie de contact est causée par certains collyres, cosmétiques ou aller-gènes professionnels.

Décrire les facteurs de risque Les pneumallergènes pénètrent par

les voies respiratoires. Parmi eux, les pollens sont les principaux responsables de conjonctivites allergiques saisonnières. Certains peuvent occasionner des aller-gies neuf à dix mois par an. Il est donc important de connaître les périodes de pollinisation des plantes ou des arbres

qui environnent le patient. Trois grandes périodes sont à risque : janvier à mai (arbres comme les cyprès, le bouleau et les pins, très allergisants), mai à juillet (graminées) et juillet à octobre (herbacées avec, en particulier, l’ambroisie au pouvoir allergisant important).Pneumallergènes également, les aca-riens et arthropodes qui se retrouvent dans la literie, la moquette ou les tapis peuvent être la cause de conjonctivites allergiques, dites chroniques. Les pous-sières de maison , constituées de pol-lens, de poils, de squames d’animaux et de débris végétaux, peuvent aussi être respon sa bles d’inflammation chronique de la conjonctive. Les phanères des ani-maux de compa gnie (chat, chien, cheval, rongeurs ) sont également allergisants. Enfin, les produits industriels utilisés en milieu professionnel peuvent occasionner des conjonctivites. Les allergènes de contact consti-

tuent une autre cause de conjonctivite

aller gique. Ainsi, divers cosmétiques en contact avec les paupières ou les yeux (vernis à ongles, mascara, crayon…), certains collyres (par les conservateurs qu’ils contiennent) ou produits d’entre-tien des lentilles de contact sont suscep-tibles de déclencher des conjonctivites allergiques.

Rappeler les règles d’hygiène primordialesLe pharmacien peut délivrer quelques conseils pratiques pour minimiser les risques de conjonctivite allergique. L’éviction allergénique, lorsqu’elle est

possible, notamment s’il s’agit d’une aller-gie aux acariens, est le premier conseil à donner au patient. Cependant, les précau-tions en cas de pollinose ne sont pas toujours faciles à prendre : tout au plus peut-on conseiller aux patients allergiques d’être attentifs aux prévisions concernant les pics de pollinisation dans les journaux ou sur internet, via le Réseau national de surveillance aérobiologique (RSNA) sur www.pollens.fr/les-risques/risques-par-ville.php. Les pollens restent en suspen-sion dans l’air les jours secs et ensoleillés, mais peuvent, en cas de vent, être trans-portés sur plusieurs kilomètres. La quan-tité de pollen est donc faible les jours de pluie ou par temps froid et humide. Les jours à risque, il est recommandé de garder les portes et fenêtres fermées et de porter des lunettes lors des sorties. Des mesures préventives peuvent être

prises :– porter des lunettes de soleil ;– se brosser et se laver les cheveux avant de se coucher ;– dormir fenêtres fermées pour éviter que le pollen ne pénètre dans la pièce ;– éviter de pratiquer des activités spor-tives en extérieur pendant la période de pollinose ;– ne pas faire sécher son linge à l’extérieur ;– rouler dans un véhicule équipé d’un filtre pollinique et fenêtres fermées ;– choisir son lieu de vacances en fonction des calendriers polliniques régionaux ;– ne pas tondre la pelouse en cas d’aller-gie au pollen de graminées ;– jardiner avec des lunettes ou un masque de protection ;

Calendrier des pollens Février-mars. Pollens d’arbres : bétulacées

(bouleau-noisetier), oléacées (olivier, frêne,

fortitia, lilas), fagacées (chêne, tilleul,

châtaignier…), cyprès (dans le Sud), pins…

Mai-juin. Pollens de graminées fourragères : dactyle, ivraie, phléole…

Juin-juillet. Pollens de graminées céréalières : avoine, seigle, blé.

Juin-septembre. Pollens d’herbacées : plantain, ambroisie, armoise…

Tableau 1 : Les conjonctivites les plus fréquentes et leurs principales différences

Conjonctivites allergiques

Conjonctivitesbactériennes

Conjonctivites virales

Conjonctivitesirritatives

Rougeur Bilatérale Bilatérale Unilatérale souvent, parfois bilatérale

Unilatérale ou bilatérale

Démangeaisons Importantes Modérées Modérées Modérées

Larmoiements Modérés Modérés Abondants Faibles

Sécrétions Claires, ne collant pas les paupières

Présence de pus dans l’angle interne de l’œil, cils et paupières collés au réveil

Claires, ne collant pas les paupières

Claires

Signes associés possibles

Rhinite, éternuements, asthme, absence de fièvre

Infection ORL et fièvre Infection ORL et fièvre Fatigue oculaire, absence d’infection et de fièvre

Évolution Caractère saisonnier, mais chronicité possible

Guérison en 5 à 7 jours Guérison en plusieurs semaines

Guérison en 3 à 5 jours

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– proscrire les promenades dans les champs au printemps par temps sec et ensoleillé ;– éviter le tabac. Adopter la chambre idéale est indispen-

sable pour réduire la présence des allergè-nes. Celle-ci ne doit pas être surchauffée et ne doit contenir ni moquette ni descente de lit ni peluches. Il faut éviter les matelas de laine, les couettes, les édredons et les oreillers en plume, et préférer une literie synthé ti que. Il est nécessaire de passer l’aspirateur tous les deux jours et de laver, une fois par semaine, les draps et hous-ses de couettes à 60 °C. Il est conseillé de couvrir le matelas et, éventuellement, les oreillers, avec des housses imperméa-bles aux acariens (Allerbio, Intervent, Acar Housse), qui seront lavées deux à trois fois par an. Il est également possible d’utiliser un acaricide (Acardust®, Acarcid®) qu’il faut laisser agir plusieurs heures avant d’aspirer soigneusement. Il est nécessaire, ensuite, d’aérer la pièce pendant plusieurs heures.

Conseiller les traitements à l’officineLes traitements sont de deux ordres : local et oral.

Le lavage oculaire (Dacryum®, Dacudose ®, Optrex®, Ophtaxia®…), réali sé 15 minutes avant l’instillation d’un colly re,

à l’aide de compresses, permet, par simple action mécanique, d’éliminer les allergènes véhiculés par l’air et présents à la surface de l’œil. Deux types de collyres antiallergi-

ques permettent de stopper la réaction allergique :– les inhibiteurs de la dégranulation des masto cy tes, comme le cromo-gly ca te de sodium (Cromoptic®, Ophtacalmfree®, Cromabak®) ou le N-acétyl-aspartyl-glutamique (Naaxia®, Naabak®) ;– les antihistaminiques H1, comme la lévocabastine (Allergiflash®), antihista-minique H1 sélectif à action rapide et prolongée, ou le lodoxamide (Almide®, Lodoxal®), anti allergique local qui stabi-lise les masto cytes et inhibe la libération d’histamine.La posologie de ces médicaments est, en règle générale, d’une goutte quatre à six fois par jour. Si la conjonctivite a déjà débuté, le traitement ne procurera un réel soulagement qu’après deux à trois jours. Toutefois, si le contact avec l’aller-gè ne est prévisible, les collyres précé-dem ment cités peuvent être employés en prévention. Il faut alors commencer le traitement une semaine avant le contact présumé (promenade en forêt, tonte de la pelouse…).

Des gouttes nasales antiallergiques à base de corticoïdes (Humex rhume des foins®, Prorhinite®) ou d’antihistaminiques (Biocidan®) peuvent être aussi conseillées en association, à raison d’une pulvérisation dans chaque narine quatre fois par jour. Lorsque les symptômes locaux présen-tés sont très intenses et s’associent à un terrain allergique (asthme, toux, rhinites importantes, eczéma…), il est indispensa-ble d’orienter le patient vers un médecin ou un ophtalmologiste qui pourra prescrire un collyre antihistaminique ou corticoïde associé ou non à un antihistaminique par voie orale. Il pourra aussi conseiller une consultation allergologique afin de procé-der à une désensibilisation. Les antihistaminiques par voie orale

sont conseillés quand les signes fonc-tionnels sont étendus à la sphère ORL. En fonction de leurs effets indésirables, ils sont divisés en médicaments de première génération (classiques ou sédatifs) et de deuxième génération (nouveaux ou non sédatifs), mieux tolérés.– Les antihistaminiques H1 sédatifs et anticholinergiques par voie orale à base de prométhazine (Phernergan®), d’alimé-mazine (Theralene®), de dexchlorphénira-mine (Polaramine®) ou de cyproheptadine (Periactine®) sont particulièrement effica-ces en cas de rhinoconjonctivite allergique

Conjonctivites allergiques, les questions à poser au comptoir

Depuis combien de temps souffrez-vous

de cette conjonctivite ?

Ces symptômes reviennent-ils régulièrement

à la même saison ?

Souffrez-vous en même temps

d’éternuements, de rhinite et/ou de

démangeaisons du voile du palais ?

Ressentez-vous des troubles de la vue ?

Éprouvez-vous une véritable douleur ou plutôt

une gêne ?

Avez-vous actuellement un traitement

par collyre (glaucome par exemple) ?

Suivez-vous un traitement pour des troubles

prostatiques ? (Si oui, les antihistaminiques

anticholinergiques doivent être évités.)

Portez-vous des lentilles de contact ?

© Fotolia.com/Vgstudio

Les collyres peuvent être employés en prévention.

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suivi officinal

Actualités pharmaceutiques n° 517 Juin 2012

saisonnière pour diminuer l’écoulement nasal, les éternuements et les déman-geaisons au niveau du nez. Cependant, ils provoquent assez fréquemment une somno len ce diurne avec une sensibilité individuelle majorée par l’alcool et les médicaments dépresseurs centraux. Il est alors important de prévenir les conduc-teurs de véhicules. Ils possèdent égale-ment des effets anticholinergiques non négligeables (sécheresse buccale, consti-pation, tachycardie, troubles de l’accom-modation avec risque de poussée aiguë de glaucome par fermeture de l’angle, rétention urinaire).– Les antihistaminiques H1 non sédatifs et non anticholinergiques, telles que la cétirizine (Zyrtecset®, Actifed Allergie®, Alairgix®) ou la loratadine (Doliallergie®, Humex allergie®), n’entraînent générale-ment pas de sédation, en raison de leur faible diffusion vers le système nerveux central (mais l’effet sédatif dépend de la sensibilité individuelle et des précautions doivent être prises en cas de première prescription), ni d’effets indésirables anti-cholinergiques. Ils ne nécessitent qu’une seule prise par jour, de préférence le matin, car l’exposition allergénique est souvent plus importante durant la journée. Ils restent particulièrement indiqués dans le traitement symptomatique des rhinites et conjonctivites allergiques périodiques. L’homéopathie permet également

de réduire l’incidence des allergènes et de diminuer les symptômes ressentis. Les principaux médicaments sont :– pollens 15 CH, 5 granules les jours pairs + Apis mellifica 15 CH, 5 g les jours impairs ;– poumon histamine 15 CH, 5 granules le soir au coucher ;– Allium cepa 9 CH, 5 granules 3 à 4 fois par jour en cas d’écoulement nasal irritant et brûlant ;– Euphrasia officinalis 9 CH, 5 granules 3 à 4 fois par jour, en cas de larmoiement corrosif et de conjonctivite ;– Sabadilla 9 CH 5 granules 3 à 4 fois par jour, en cas d’éternuements, d’hypersen-sibilité à l’odeur des fleurs et de déman-geaison du voile du palais.Les spécia l i tés homéopathiques Rhinal lergy ® comprimés à sucer,

Complexe Lehning n° 115 Euphrasia® solution buvable, Abbé Chaupitre n° 66® solution buvable, Homeoptic® collyre peuvent également être conseillées.

Dispenser les traitements prescrits Les collyres corticoïdes agissent sur

la phase tardive de l’inflammation, mais peuvent être responsables, en cas de mauvaise utilisation, d’effets secondaires plus ou moins graves, tels qu’une cortico-dépendance, une cataracte, un glaucome, voire un herpès. Ils peuvent être prescrits sur une période de 15 jours, mais il est important de bien suivre les recomman-dations de l’ophtalmologiste et de ne pas dépasser la durée de prescription. La méquitazine (Primalan®) est un anti-

histaminique H1 de la famille des phéno-thia zi nes indiqué dans le traitement symp-tomatique des manifestations allergiques de type rhinite, conjonctivite ou urticaire. Toutefois, depuis août 2011, elle néces-site une prescription médicale obliga-toire (liste I). En effet, ce médicament est susceptible d’entraîner des troubles car-diaques avec allongement de l’intervalle QT. Toutefois, cet anti-H1 anticholiner-gique devrait être peu prescrit dans les conjonctivites allergiques, car, de par ses effets secondaires atropiniques, il peut provoquer un assèchement supplémen-taire des muqueuses et, notamment, de la conjonctive, pouvant ainsi exacerber l’irritation conjonctivale. La bilastine (Inorial®, Bilaska®) est

un nouvel antihistaminique par voie orale sur liste II, bien toléré puisque non sédatif, d’action prolongée, exerçant un effet antagoniste sélectif sur les récep-teurs H1 périphériques et dénué d’affinité pour les récepteurs muscariniques. Il est donc particulièrement indiqué dans le traitement de la rhinoconjonctivite aller-gique. Les comprimés doivent être pris une heure avant ou deux heures après la consommation d’aliments ou de jus de fruits.

Orienter vers le médecinDes tests spécifiques ou des dosages immunologiques peuvent être effec-tués afin de confirmer le diagnostic.

La recherche d’éosinophilie sanguine, d’IgE sériques, ainsi que le dosage des IgE ou la recherche d’éosinophiles dans les larmes tout comme des tests cutanés peuvent être demandés, afin de diagnosti-quer une conjonctivite d’origine allergique et de déterminer l’allergène en cause.Lorsque les manifestations cliniques se répètent et tendent à la chronicité, une consultation médicale est recommandée, car la pathologie peut devenir invalidante au quotidien.Toute impression de baisse de vision, de flou visuel, de brouillard dans les yeux et/ou de douleur ou bien encore de photo-phobie insupportable nécessite une consultation chez un ophtalmologiste.Il est également possible de recher-cher une pathologie associée, tel qu’un syndro me de sécheresse oculaire pouvant parfois provoquer des symptômes similaires. �

Stéphane Berthélémy

Pharmacien, Royan (17)

[email protected]

Déclaration d’intérêts : l’auteur déclare ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

Pour en savoir plusAgence française de sécurité sanitaire des produits de

santé (Afssaps). Rhinite et conjonctivite allergiques de

l’adulte – Bien vous soigner avec des médicaments

disponibles sans ordonnance. Juin 2008.

Agence française de sécurité sanitaire des produits

de santé (Afssaps). Méquitazine et modifications du

résumé des caractéristiques du produit (RCP). Lettre

aux professionnels de santé. Août 2011.

Dossier santé. La rhinite allergique. Laboratoire

GlaxoSmithkline. www.gsk.fr.

Hamard H. Décision en ophtalmologie. Paris: Vigot;

1996.

Hannouche D, Hoang-Xuan T. Les conjonctivites

allergiques. Rapport des Sociétés d’ophtalmologie de

France. 1998:93-123.

Lazreg S, Colin J, Renault D, et al. Traitement de la

conjonctivite allergique perannuelle et saisonnière :

comparaison de 2 protocoles thérapeutiques. J Fr

Ophtalm. 2008;31(10):961-7.

Syndicat national des ophtalmologistes de France.

www.snof.org.