Honoré Vinck

Contre la prolétarisation des CongolaisAuthor(s): G. HulstaertSource: Aequatoria, 11e Année, No. 3 (1948), pp. 106-107Published by: Honoré VinckStable URL: http://www.jstor.org/stable/25837908 .

Accessed: 15/06/2014 07:17

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Contre la proletarisation

des Congolais.

Recemment le ministre des Colonies a exprime trois principes regissant notre poli

tique. L'un s'oppose a l'etablissement au Congo d'une ? colour bar ? juridique ou psy

cologique. Lautre, qui regoit actuellement une application concrete par la mise au point d'un statut des mulatres et des evolues, preconise, un amenagement progressif du statut

juridique des indigenes, correspondant a leur developpement materiel et spirituel. Le troisieme principe, enfin, s'eleve contre la proletarisation des Congolais. Deux

mesures recentes en illustrent le caractere pratique: D'une part, un Fonds de Bien-Etre indigene, dote d'un capital de deux milliards

de francs, a ete constitue avec des fonds beiges pour faciliter 1'adaptation des populations rurales aux techniques modernes et freiner l'exode vers les grandes viiles.

D'autre part, le gouvernement encourage le mouvement cooperatif dont la pre" miere application a ete realisee par decret sur la culture et la vente du coton: au lieu

d'etre de simples salaries, les planteurs indigenes sont desormais groupes en associations qui font travailler a fagon par les industries europeennes le produit de leurs champs et tou

chent la plus-value de la transformation et de la vente.

?Nous devons, a declare le ministre, profiter des enseignements de notre propre histoire en empechant les grandes concentrations d'une main d'oeuvre salariee. ? Resultant

le plus souvent de la desertion massive des villages, elles entrainent inevitablement une

baisse de la morality et de la natality. Vrai egalement dans nos pays, ce phenomene est une faiblesse inherence a l'aspect industriel et technique de la civilisation occidentale.

Au Congo, terre en pleine formation, la Belgique entend eviter ces erreurs et apporter le fruit d'experiences qu'elle mit elle-meme des siecles a accomplir. (Congopresse, n? 21 )

*

On ne peut que se rejouir de ce que on se rend compte, en haut lieu, de l'interet qu'il y a

a freiner l'exode des populations rurales. Le desequilibre entre la ville et la campagne. entre

salaries et travailleurs libres ( paysans, classe moyenne ) est une menace constante pour la sta

bility economique et politique d'un pays. La constitution du Fonds de Bien-etre indigene, a ete saluee partout avec joie. Espe

rons done qu'il sorte rapidement de sa periode d'organisation pour commencer son action

bienfaisante ( tout comme son frere, le Fonds de la Recherche scientifique en Afrique). Et qu'entretemps on ne perd pas de vue que d'autres mesures pourraient etre prises dans

le but de rendre la vie de I'indigene de brousse moins desagreable, moins dure parfois. Dans ? Dettes de Guerre ? divers coloniaux ont propose des mesures a prendre. Sans

elles le Fonds du Bien-etre ne freinera pas la fugue vers les centres.

Les cooperatives peuvent, elles aussi, rendre de tres grands services tant au point de vue

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PROLETARISATION DES CONGOLAIS 107

social qu'economique. Dans certaines communautes elles doivent etre bien administrees. II y aurait, selon nous, grand avantage a ce que ces institutions s'adaptent a l'organisation fami liale et tribale. L'interet economique coinciderait avec l'interet familialc et clanique. Ce qui favoriserait considerablement la saine exploitation, et la bonne administration.

Afin d'eviter au mieux les conflits, il parait utile d'eviter Tetablissement de cooperatives

qui seraient susceptibles d'entrer en competition avec des entreprises europeennes presences ou prevues ; cela empecherait une rendition du casdupot de terre contre le pot de fer.

(G. H.)

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