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..\rchivrs Inlrrnallo~inlcs do Fhyslologie, 1951, \‘oL LIS, FRSC. 3. 34 1 ReCu le 16 juillet 1951. CONTRIBUTION A L’fiTUDE CHIMIQUE ET PHARMACODYNAMIQUE DES ALCALOIDES DU STRI‘CHSOS ASGOLESSIS (l) PAR A. DENOEL, F. JAMINET, E. PHILIPPOT et M. J. DALLEMACNE ( Laboraloire dr Plzilrrriac.ogirosie (A. Deirod) et de TIlPr~per4t iqtie ExpCrirr~c~rtale (M. /. D~IIeruagize) de l’Uirie~ersitl; de Laice) (3 figures) L’etude preliminaire des differents echantillons de Sirychnos Angolensis recoltes au Congo Belge en 1948 par la mission BACQ- DUVICNEAUD a montre qu: cette espice de Loganiacke renfermait, presque exclusivement localises dans les ecorces des racines, des alcaloi‘des que leur comportement chromatographique sur papier et certaine reactions colorees distinguent des alcaloides habituels des Strychnees. Extraction des Alcaloi’des Les ecorces de racines renferment approximativement 0.6 % d’alcaloides totaux extractibles par le chloroforme ammoniacal. Un premier fractionnement du complexe alcaloidique a ete realise de la faqon suivante : les soiutions chloroformiques provenant de l’extraction en presence d’ammoniaque sont concentrees dans le vide et epuisees ensuite au moyen d’acide sulfurique 0.5 N. Les solutions sulfuriques reunies, alcalinisees par I’ammoniaque, laissent deposer un precipite amorphe et colore A qui est recueilli, lave au moyen d’eau distillee et desseche dans le vide sur P,Oj. Le filtrat et les eaux de lavage renfermant encore des alcaloides sont extraits a plusieurs reprises au moyen de chloroforme; ce dernier seche sur sulfate sodique anhydre et evapore a siccite dans le vide abandonne un risidu alcaloidique colore B. (l) Recherches effectukes sous les auspices de 1’1. R. S. I. A. 9 Archives of Physiology and Biochemistry Downloaded from informahealthcare.com by University of Melbourne on 10/30/14 For personal use only.

Contribution a L'étude Chimique et Pharmacodynamics des Alcaloides du Strychnos Angolensis

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Page 1: Contribution a L'étude Chimique et Pharmacodynamics des Alcaloides du               Strychnos Angolensis

..\rchivrs Inlrrnallo~inlcs do Fhyslologie, 1951, \‘oL LIS, FRSC. 3. 34 1

ReCu le 16 juillet 1951.

CONTRIBUTION A L’fiTUDE CHIMIQUE E T PHARMACODYNAMIQUE

DES ALCALOIDES D U STRI‘CHSOS ASGOLESSIS ( l )

P A R

A. D E N O E L , F. J A M I N E T , E. PHILIPPOT et M. J. D A L L E M A C N E ( Laboraloire dr Plzilrrriac.ogirosie (A. Deirod)

et de TIlPr~per4t iqtie ExpCrirr~c~rtale (M. /. D~IIeruagize) de l’Uirie~ersitl; de Laice)

( 3 figures)

L’etude preliminaire des differents echantillons de Sirychnos Angolensis recoltes au Congo Belge en 1948 par la mission BACQ- DUVICNEAUD a montre qu: cette espice de Loganiacke renfermait, presque exclusivement localises dans les ecorces des racines, des alcaloi‘des que leur comportement chromatographique sur papier et certaine reactions colorees distinguent des alcaloides habituels des Strychnees.

Extraction des Alcaloi’des

Les ecorces de racines renferment approximativement 0.6 % d’alcaloides totaux extractibles par le chloroforme ammoniacal.

Un premier fractionnement du complexe alcaloidique a ete realise de la faqon suivante : les soiutions chloroformiques provenant de l’extraction en presence d’ammoniaque sont concentrees dans le vide et epuisees ensuite au moyen d’acide sulfurique 0.5 N. Les solutions sulfuriques reunies, alcalinisees par I’ammoniaque, laissent deposer un precipite amorphe et colore A qui est recueilli, lave au moyen d’eau distillee et desseche dans le vide sur P,Oj. Le filtrat et les eaux de lavage renfermant encore des alcaloides sont extraits a plusieurs reprises au moyen de chloroforme; ce dernier seche sur sulfate sodique anhydre et evapore a siccite dans le vide abandonne un risidu alcaloidique colore B.

( l ) Recherches effectukes sous les auspices de 1’1. R. S. I. A. 9

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342 DENOEL, JAMINET, PHILIPPOT ET DALLEMAGNE

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1 0.86 0.86 ' 0.70 0.87 0.84 0.86 0.91 0.94 0.46 0.85 0.07 0.35

0.35 0.85

0.07

Microchromatographie de partage sur papier

Le comportement chrornatographique sur papier des fractions alcaloidiques A et B obtenues a ete examine dans les phases solvantes et dans les conditions operatoires resumees ci-dessous.

Phase nBc 1 5 Isobutanol . . . . 50 cc. n-butanol . . . 50 cc. HCI conc. . . . . 7.5 cc. HCI conc. . . 7.5 cc. Eau ......... 13.5 cc. Eau . . . . . . 17.0 cc. Developpement 19 h.

Phase iBc 1 5

Developpement 19 h. (18-19 cm.) (21-22 cm.)

Les details operatoires ont ete preconises par I'un d'entre-nous (J. F.) dans une publication relative a la separation sur papier des anesthesiques locaux (1).

Dans notre cas, les spots d'alcaloides sont reveles au moyen du reactif de Dragendorff ou du reactif iodo-platinique preconises par M U N I E R e t MACHEBEUF (2).

Le tableau et le schCma ci-apres resument nos observations.

Ydeirrs des R f en rlrroiizatographie asceadaiife (papier Whatman no 1 )

Alcalo'ides I Phase nBci5 I Phase iBc 15

Strychnine ................................. Genostrychnine ............................. Brucine .................................... a-Colubrine (*) ............................. 3-Colubrine ( * ) ............................. Vomicine ................................... Holstiine (**) .............................. Retuline (**) .............................. Tubocurarine ............................... Hypaphorine ............................... Fraction A I ..............................

I 1 .............................. Fraction B I ...............................

I I .............................. 1 1 1 ............................

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0.87 0.87 0.66 0.87 0.84 0.87 0.92 0.96 0.32 0.77 0.04

0.04 0.25

0.25

(*) Les Colubrines nous ont it6 offertes gracieusement par la Maison Hoffman-

(**) Holstiine et Retuline sont des alcalo'ides nouveaux isolks rkcemment par La Roche de Bile.

BOSLY ( 3 ) du Strychnos Holstii Gilg.

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ALCALO~DES DU STRYCHNOS ANGOLENSIS 343

nBcl5 19 h. t 200

I. ploiy

iBcl5 19 h. t 200

11 =IT@

FIG. 1 . - Chroin;itogrm~mes R = Retuline. Br = Brucine. T = Tubocurarine.

S t = Strychnine.

I-??- A B

A la suite des essais de separation chromatographique sur papier que nous avons realises, nous pouvons formuler les conclusions suivantes :

1 ) Le complexe alcaloidique soluble dans le chloroforme et pro- venant des racmes du Strychnos Angolensis fournit sur le chroma- togramme trois spots d'intensite variable correspondant a trois alcaloi'des ou trois groupes d'alcaloi'des differents.

2) La substance I I I presente un Rf voisin de celui de la Strychnine tandis que les substances I1 et I ne correspondent a aucun des alcaloi'des connus experimentes.

3) La fraction A renferme une forte proportion de substance I a c6te de traces de substance 11, alors que la fraction B contient

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surtout le compose I I accompagne de faibles quantites des composes I et 111 (voir fig. 1 : les spots presentant une forte intensite sont repre- sentes par des cercles hachures).

4) Enfin le complexe alcalofdique ne semble renfermer ni Brucine ni Retuline.

5 ) Le compose I s’hydrolyse aisement en milieu acide et donne naissance, dans ces conditions, au compose 11.

RCactions d’identification

Comme la fraction A represente environ les 75 yo des alcaloi’des totaux et qu’elle semble contenir, d’apres les experiences prelimi- naires, la majeure partie du principe actif, nous nous sommes parti- culierement attaches a son etude.

Parmi les reactions colorees les plus caracteristiques de cette fraction nous etiendrons plus particulierement celles utilisant les oxydants.

Si nous ajoutons a la solution chlorhydrique de la fraction A l’un des reactifs ci-dessous nous assistons a I’apparition des differentes colorations suivantes :

Eau de Brome : coloration rouge violace. Chlorure ferrique : coloration rouge pelure d’oignon se mani-

festant surtout par chauffage au bain-marie. Chromate de potasse : coloration rouge sang. Permanganate de potasse : la coloration pourpre du reactif

disparait pour donner une belle coloration rouge. Signalons encore pour terminer les reactions suivantes : Reactif de Mandelin : coloration violette tres intense. Acide nitrique concentre : coloration verte passant rapidement au

Reaction d’0t to : coloration rouge-violace. Acide sulfurique ferrifere : coloration vert emeraude. Reaction de Malaquin-Deniges : coloration rouge-orange passant

Signalons aussi que la fraction A fournit en milieu acide avec

Le spectre d’absorption en lumiere ultra-violette (voir fig. 2)

rouge-brun.

rapidement a l’orange puis finalement au jaune.

l’acide sulfanilique diazote une matiere colorante rouge.

semble prouver la presence d’une structure indolique.

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ALCALO~DES DU STRYCHNOS ANGOLENSIS 345

FT.

80

60

40

340 300 260 220 A en a i l l i i i c r o n s .

FIG. 2. - Spectres d’absorption en lumikre ultra-violette.

M 291 mp, :/; T = 17.5 M 253 mp, 06 T = 6.0

___ Str . AngoZe/tsts Fraction A 0.0668 rng.,’cc. ; solution MlIOOO en HCI.

- _ _ _ - - - _ _ t~ - Colubrine chlorhydrate 0.05 mg./cc.

m 281 my, “b T = 19.5 $12 235 mp, 4, T = 10.5

M 292 my, 104 E = 3.7065 m 274 m y , log E = 3.38% M 254 mp, log E = 3.9317 112 239 mp, log E = 3.7108

M 292 mp, log E = 3.698 M 263 mp, log E = 4.190 nz 231 mp, log E = 3.622

........... p - Colubrine sulfate 0.0493 mg./cc.

D’autre part, les reactions de coloration obtenues avec les oxydants et avec l’acide sulfanilique diazote nous engagent a supposer que l’azote du noyau indol n’est pas, comme dans la Strychnine et la Brucine, engage dans un groupe lactame.

L’isolement des alcaloi’des purs et l’etude de ces derniers sont acti- vement poursuivis.

ToxicitC et action pharmacodynamique

L’injection a la Grenouille, dans le sac lymphatique ventral, d’une quantite de fraction A variant de’ l .0 a 2.0 mgr. produit rapidement (5 a 10 minutes) chez l’animal en experience une paralysie marquee du train arriere bient6t suivie d’un etat comateux tres accuse.

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346 DENO€L, JAMINET, PHILIPPOT ET DALLEMAGNE

Cette constatation priliminaire nous a incites a rechercher I’influence du produit chez le Mammifere, notamment au point de vue de la pression arterielle, de la respiration et de la transmission au niveau des synapses orthosympathiques et des jonctions myo- neurales.

Le sujet d’experience est le Chat anesthesie au dial et heparine : les methodes utiliskes ayant ete decrites antkrieurement (DALLE- MAGNE et PHILIPPOT, 4)’ nous rappellerons simplement que pour etudier I’influence d’un produit sur la transmission synaptique, nous utilisons la chaine ganglionnaire sympathique excitee electriquement et nous enregistrons les contractions de la membrane nictitante. En ce qui concerne la jonction myo-neurale, nous stimulons le nerf sciatique poplite externe e t nous inscrivons les contractions des muscles de la loge anterieure de la jambe.

La dose de 10 mcgr./kg. de fraction A , administree par voie intra- veineuse deprime la pression arterielle de fagon tres nette (180 a 140 mm. Hg) sans que celle-ci manifeste de tendance au relevement ; 50 mcgr./kg. la fait tomber a 110 mm. Hg. L’hypertension arterielle de mCme que la contraction de la membrane nictitante se produisant sous I’influence de I’adrenaline sont notablement affaiblies. La chute prolongke de la pression arterielle s’accompagne d’une reduction progressive de la reponse de la membrane nictitante a la stimulation electrique de la chaine sympathique ; i l n’apparait pas d’interruption nettement caracterisee de la transmission synaptique, mCme pour 100 mcgr./kg. du produit. Cette dose entraine une depression profonde de la respiration du Chat.

Cent e t 200 mcgr./kg. ne provoquent aucune inhibition de la transmission neuro-musculaire. I1 faut administrer 500 mcgr./kg. de la fraction A pour assister a un blocage de la jonction qui se developpe assez lentement (fig. 3) , et s’annonce comme devant Ctre prolongee. Cette interruption de la conduction myo-neurale est levee par la prostigmine (100 mcgr./kg.). Cinq cents mgr. du produit provoquent un arr&t respiratoire necessitant la mise en train de la ventilation artificielle. La pression arterielle, deja fortement abaissee par les injections precedentes de 100 et 200 mcgr./kg. subies par l’animal se rapportant a la figure 3, ne cesse de s’affaisser : la reponse hyper- tensive a I’adrenaline est totalement effacee par la derniere dose administree.

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ALCALO’IDES DU STRYCHNOS ANGOLENSIS 347

FIG. 3 .

Chat anesthksie au dial : 1.930 gr. De h a d en bas : enregistrement de la respiration, de la pression artkrielle e t

de la contraction du muscle tibia1 anterieur. De gauche it droite : injection intraveineuse de 20 mcgr. d’adrknaline, de

5 0 0 mcgr./kg. de fraction A, de 20 mcgr. d’adrenaline e t de 100 mcgr./kg. de prostigmine. L’animal a r e p antkrieurement 100 e t 200 mcgr./kg. de fraction A.

En resume, 200 mcgr./kg. du produit depriment fortement les mecanismes orthosympathiques : ce fait ne nous parait pas imputable a une interruption de la transmission synaptique. Elle est plus probablement due a une influence adrenolytique. La fraction A (500 mcgr./kg.) inhibe la conduction myo-neurale, mais est moins active que le tubocurare : i l s’agit d’une intervention curariforme vraie qui est levee par la prostigmine.

B I B L I O C R A P H I €

I . J A M I N E T , Fr. - Journal de Pltarmilcre de Belgique, 1951, 6, 81. 2. M U N I E R e t MACHEBEUF. - Bzcll. Sor. Chrm. Biol., 1949, 31, 1144. 3. BOSLY, J . - Contribution a I’ktude des Alcaloides du Stryrknos Holstii Gzlg.

1. D A L L E M A C N E , M. J . et P H I L I P P O T , E. - Arch. iirtemzt. Pharmarodyn., 1950, T h h e de docforat eft Plzarniacre, L i tge (1950).

84, 189.

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