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CORPS ET ÂMES Sculpter l’Homme et les dieux dans l’Antiquité

Corps et âmes - Exhibitions International · profité de la grande curiosité et de la culture de ce parent épris de sciences naturelles, grand amateur de livres et écrivant lui-même,

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Corps et âmesSculpter l’Homme

et les dieux dans l’Antiquité

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SommAIRe

La collection d’Aristide Boullet-Lacroix 11

Pierre Aristide Boullet-Lacroix : l’explorateur-collectionneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12Agathe Mathiaut-Legros, Erwan Madigand

La collection Boullet-Lacroix et les antiques de Château-Gontier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16Florence Harnay, Agathe Mathiaut-Legros

Restauration d'un lot de sculptures du musée de Château-Gontier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .20Delphine Bienvenut et Charlotte Rérolle

Les ceramiques antiques de Château-Gontier 29

Les céramiques antiques du musée de Château-Gontier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .30Dominique Frère

Le genre du portrait 41

Le genre du portrait dans l’Antiquité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42Martin Szewczyk

Le portrait grec – quelques approches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .60François Queyrel

Le portrait romain d’époque impériale, une brève introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .68Cécile Evers

Fonctions et usages de la sculpture antique 87

Contextes et fonctions de la sculpture antique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .88Martin Szewczyk

De l’art grec et l’art romain – réflexions sur une relation complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106Lorenz E. Baumer

La sculpture funeraire dans l’empire romain 121

Les monuments funéraires romains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .122Vassiliki Gaggadis-Robin

L’iconographie funéraire romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140Vassiliki Gaggadis-Robin

Annexes 180

Annexe 1 : Synthèse du récolement de la collection Boullet-Lacroix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180A. Mathiaut-Legros, F. Harnay

Annexe 2 : Inventaire de la collection Boullet-Lacroix. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190Annexe 3 : Céramiques étrusques et grecques déposées par l’État (musée du Louvre) en 1875 . . . . . . . . . . . . 206Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209

LA CoLLeCtion d’Aristide

BoULLet-LACroix

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Pierre Aristide Boullet-lAcroix : L’expLorAteUr-CoLLeCtionneUrAgathe mathiaut-Legros, erwan madigand

La collection Boullet-Lacroix est à l’origine du musée de Château-Gontier et constitue, aujourd’hui encore, sa composante essentielle. Il est pourtant malaisé de dresser le portrait de Pierre Aristide Boullet-Lacroix1, tant les informations qui nous sont parvenues sont indirectes, rares et laconiques. Né à Château-Gontier en 1805, mort à Enghien-les-Bains en 1848, il est issu d’une famille aisée, compte des parents magistrats, mais il ne fait pas carrière lui-même. Ses goûts le poussent plutôt aux voyages, aux rencontres et aux arts. Une fois revenu dans sa région natale, il participe à la vie publique et paraît prendre quelques engagements politiques. Sa collection semble pourtant être l’œuvre principale de sa vie.

Des parents du jeune Boullet-Lacroix, nous savons peu de choses. Le père est magistrat, propriétaire de différentes métairies, et décède en 1825 en laissant à son fils de vingt ans un héritage qui lui permet de vivre de ses rentes. Sa mère, elle aussi propriétaire, survit à son mari et à son fils, puisqu’elle décède en 1854, âgée de quatre-vingts ans. Le grand-père, Julien-Pierre Boullet (1742-1818), originaire de Fontevraud, a mené une vie plus remarquable et participé activement aux évènements de la Révolution. Avocat au parlement de Rennes, secrétaire et sénéchal de Fontevraud, il est élu député par le tiers état en 1789 pour porter le cahier des doléances à l’assemblée des trois ordres. Membre du Directoire de Maine-et-Loire durant la décennie suivante, il s’enrichit vraisemblablement à cette époque et finit sa vie comme conseiller à la cour impériale. Mais le personnage le plus influent dans l’éducation d’Aristide Boullet-Lacroix est un parent moins direct, cousin de sa mère. François-Yves Besnard (1752-1842) a laissé différents écrits, dont les Souvenirs d’un nonagénaire, qu’il avait légués à Aristide avec la mission de les faire publier. Issu d’une famille de notables ruraux, Besnard va traverser durant sa longue vie plusieurs épisodes, intimement liés aux évènements historiques de l’époque. Brillant étudiant en théologie, pétri de l’esprit des Lumières, il est d’abord curé, abjure à la Révolution, se fait entrepreneur et mène durant la décennie 1790 une intense activité politique qui le conduit à porter de nombreux projets, comme la création d’une école centrale, d’un musée et d’une bibliothèque au Mans. Au tournant du siècle, la faillite de son entreprise et son éviction de la vie politique le conduisent à quitter progressivement la sphère publique. Quand Aristide Boullet-Lacroix voit le jour en 1805, Besnard est installé à Fontevraud. À partir de 1815, il se retire dans sa propriété à Raslay, où il pratique l’arboriculture, poursuit ses travaux de botanique et rédige un ouvrage d’agriculture. Aristide a donc connu son grand cousin déjà à l’écart de la vie publique. Sans nul doute, il a profité de la grande curiosité et de la culture de ce parent épris de sciences naturelles, grand amateur de livres et écrivant lui-même, intéressé par l’art, l’histoire, la philosophie, passionné par les débats d’idées et la politique. Seul ce cousin âgé pourrait avoir inspiré le goût de la collection au jeune Aristide. Besnard possède de très nombreux livres, qu’il revend au gré de ses aléas financiers. Il obtient le dépôt de deux mille cinq cents volumes pour la bibliothèque du Mans, constitue pour le musée une collection d’objets d’histoire naturelle. Aristide partage avec son aïeul une intelligence brillante et une curiosité qui le conduit dans de nombreux pays, des convictions politiques similaires, mais aussi le goût des livres et des beaux objets. Il ne s’inscrit pourtant pas dans ses traces, privilégiant l’étude et les voyages à un investissement dans la vie active.

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La coLLection d’aristide BouLLet-Lacroix

Vue par le biais des archives qui nous sont parvenues, la vie d’Aristide Boullet-Lacroix paraît étonnamment fugace. Pourtant, le jeune homme, fils unique d’une famille de notables bien établis, mène des études brillantes, obtient le premier prix de philosophie au lycée d’Angers, s’intéresse particulièrement à la médecine et aux sciences naturelles, apprend le sanscrit, l’anglais, l’italien et l’allemand. Sa famille le destine à la magistrature et il entreprend des études de droit, mais son intérêt pour les voyages et l’art prend rapidement le dessus. Dès lors, il ne semble pas qu’Aristide Boullet-Lacroix ait recherché une occupation lucrative, ni même voulu occuper une place importante dans la société de son époque. Son investissement dans la vie politique est limité. Le parcours d’Aristide a été éminemment personnel.

Décrit comme quelqu’un de studieux, il consacre sa vie aux voyages et à l’étude. Après avoir parcouru la Suisse et le sud-ouest de l’Allemagne, il reste plusieurs années en Italie et en Sicile. C’est une expérience essentielle pour lui. À Rome, il rencontre David d’Angers, Delacroix, Ingres, Paul Delaroche et Flandrin. L’essentiel de sa collection a été acquis en Italie, peut-être à l’époque où Ingres est directeur de l’École française de Rome, de 1835 à 1841. Contrairement à ses souhaits, il ne semble pas avoir visité la Grèce, mais poursuit ses voyages en Angleterre et en Écosse, avant de revenir à Angers aux alentours de 1835. Son projet était alors de s’établir et il se marie en 1837, mais il perd sa femme l’année suivante. Un second mariage, quelques années plus tard, se soldera également par un veuvage précoce. Aristide semble alors poursuivre sa vie solitaire à Château-Gontier, auprès de sa mère, dans l’étude et la lecture.

Les notices nécrologiques2 présentent notre collectionneur comme une personne affable, entourée d’amis, secourant ceux dans le besoin. L’exercice même de ces écrits ne permet de faire qu’un portrait laudatif et l’on ne sait jusqu’à quel point se fier à cette description. Il est pourtant très vraisemblable que Boullet-Lacroix, habitué à la haute société et au monde des salons, intelligent et enclin à la discussion, ait poursuivi de nombreuses relations à son retour en France. Son grand cousin François-Yves Besnard, décédé en 1842, fait partie de ses fréquentations régulières et l’introduit probablement dans les cercles scientifiques. C’est pour faire publier un manuscrit de Besnard, consacré à l’agriculture, qu’Aristide adhère à partir de 1843 à la Société industrielle d’Angers. Il conserve ensuite ses relations avec cette société et devait lui fournir la biographie de son cousin, tirée du manuscrit Souvenirs d’un nonagénaire. Son décès l’empêchera de le faire. Du reste, Aristide ne paraît pas extrêmement actif au sein de cette société durant les cinq années qu’il la fréquente et l’on ne retrouve son nom dans aucune communication ou publication. À Château-Gontier, il est membre du conseil municipal, mais l’on ne connaît pas le degré de son investissement dans la vie publique. Un fait d’armes à la fin de sa vie nous en apprend un peu plus sur son engagement et ses convictions politiques. En juin 1848, la fermeture des ateliers nationaux, qui fournissaient du travail aux chômeurs, entraîne des émeutes populaires. Boullet-Lacroix va combattre à Paris durant trois jours du côté des partisans de l’ordre, contre les ouvriers. Il se situe par cette action dans la lignée de son aïeul Besnard, en républicain modéré, défenseur de l’ordre et de la propriété. De retour à Château-Gontier, il est nommé capitaine d’une des compagnies de la garde nationale (compagnie d’Azé). C’est donc entouré d’une certaine reconnaissance publique qu’il décède le 25 octobre 1848, ce que confortent ses funérailles, décrites comme particulièrement fastueuses.

Boullet-Lacroix n’ayant aucun descendant, il lègue à la ville sa bibliothèque (trois mille volumes) et sa collection d’objets d’art, le tout estimé à six mille francs. Dès 1849, la ville vote un budget de trois cents

fig 1 · Portrait en médaille de Pierre-Aristide Boullet-LacroixDantan, Antoine-Laurentxixe siècleBronzeInv. 98268

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francs pour constituer la bibliothèque, mais le musée de l’hôtel Fouquet n’est créé qu’en 1868, sous l’impulsion de son premier conservateur Tancrède Abraham.

En constituant sa collection archéologique, Aristide Boullet-Lacroix sacrifie a priori à une mode de son temps et de son monde. Depuis le xviiie siècle, avec les premières grandes publications sur l’Antiquité3 et la découverte de Pompéi et d’Herculanum, l’anticomanie s’est développée en Europe. Au xixe siècle, le beau antique est devenu une référence incontournable et les ouvrages de Winckelmann4 ont formé le goût de quelques érudits de l’Ouest. La Société des Antiquaires de l’Ouest rassemble ainsi des notables et de nombreux religieux. Socialement parlant, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’un jeune homme aisé et cultivé comme Aristide Boullet-Lacroix constitue une collection. À travers elle, il participe à la soif de connaissances nouvelles qui marque tout le xixe siècle et qui se concrétise par le développement de l’instruction, la création d’écoles, de bibliothèques et de musées. À cette période également, de nombreuses villes organisent des expositions rassemblant des collections privées. Il s’agit alors de faire partager au public des objets instructifs, beaux ou curieux, mais aussi de valoriser les collectionneurs, qui peuvent recevoir des prix à l’issue de ces manifestations.

Aristide Boullet-Lacroix n’a pourtant jamais participé à ce genre d’exposition. Est-il vraiment collectionneur ? On ne sait quelle importance il accorde à ses objets, il n’en dresse pas le catalogue et n’a pas laissé d’écrit à leur sujet. L’inventaire après décès réalisé dans sa demeure en 1849 nous renseigne sur leur répartition pièce par pièce. Les tableaux, gravures encadrées et quelques sculptures, probablement ses préférées, décoraient les pièces à vivre, boudoir, chambre à coucher et cabinet de travail. L’essentiel des antiques, représentant de loin le plus gros morceau de sa collection, était exposé dans une serre et une galerie vitrée, reconverties sans doute en espaces d’exposition. Alors qu’un certain nombre de collectionneurs

fig 2 · Le musée de l’hôtel Fouquet à Château-Gontier

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La coLLection d’aristide BouLLet-Lacroix

de son époque, souvent désignés comme « antiquaires », se rassemblent en sociétés savantes et se lancent dans de véritables recherches historiques, d’autres, les « amateurs », choisissent les objets pour leur valeur esthétique intrinsèque, sans se soucier de leur contexte de découverte. Aristide Boullet-Lacroix appartiendrait plutôt à cette seconde catégorie. Ses achats semblent guidés avant tout par des critères esthétiques ou de curiosité. Fidèle à l’esprit des cabinets de curiosités, il rassemble aussi bien des objets archéologiques que des œuvres d’art et sa collection est peut-être avant tout la somme des souvenirs de voyages d’un jeune homme cultivé et amateur de beaux objets. Dans le titre de sa notice nécrologique, il est justement qualifié « d’explorateur », car c’est d’abord en voyageur, et non comme chercheur ou collectionneur, qu’il a été perçu par ses contemporains. Sa collection d’antiquités est avant tout le résultat de ses voyages, même si certaines pièces pourraient avoir été acquises après son retour5.

Lorsqu’il fait legs de sa collection à la ville, il exprime le souhait que son geste conduise à la création d’un musée. En cela, il s’inscrit tout à fait dans les ambitions scientifiques et pédagogiques de son siècle, qui a vu se constituer nombre de musées et bibliothèques. La collection Boullet-Lacroix, rassemblée pour son plaisir propre par un homme curieux et cultivé, acquiert avec cette dernière volonté une dimension nouvelle, publique. Elle offre à son propriétaire une reconnaissance dont l’exposition de 2015 au musée de Jublains est l’une des illustrations.

Notes1 Dénommé « Aristide Boullet-Lacroix » ou « Aristide » dans la suite de l’article.2 Alphonse Collet, Physionomies castrogontériennes, Château-Gontier-Bazouges, 1911, p. 96-98 ; « Nécrologie » dans Bulletin de la Société

industrielle d’Angers et du département de Maine-et-Loire, 21e année (premier de la 2e série), Angers, 1850, p. 44-45.3 Bernard de Montfaucon, L’Antiquité expliquée et représentée en figures, Paris, 1719-1724 ; Anne Claude Philippe de Turbières,

comte de Caylus, Recueil d’Antiquités égyptiennes, étrusques, grecques et romaines, Paris, 1752-1764.4 Johann Joachim Winckelmann, Histoire de l’Art de l’Antiquité, 1764.5 Il participe à la vente de la collection du chevalier Durand, mentionnée dans Hugot 2008, p. 107-120.

fig 3 · Musée d’Art et d’Histoire, salle d’histoire locale

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LA CoLLeCtion BoULLet-LACroix et Les AntiqUes de CHâteAU-GontierFlorence Harnay, Agathe mathiaut-Legros

Le legs de P.-A. Boullet-Lacroix, à l’origine de la création du musée de Château-Gontier, lui a d’emblée conféré une forte spécificité artistique. Cette collection couvre des périodes et des zones géographiques diverses, aussi sa cohérence tient-elle avant tout aux critères esthétiques qui ont conduit Boullet-Lacroix à acquérir toutes ces pièces.

C’est le 16 octobre 1848 que Pierre-Aristide Boullet-Lacroix, collectionneur averti, fait part dans son testament de sa volonté de léguer à la ville de Château-Gontier la totalité des livres qui composent sa bibliothèque et sa collection d’objets d’art et de curiosités, avec la volonté exprimée que ce fonds mène à la constitution d’un musée.

« […] je désire que tous les livres qui composent ma bibliothèque, ainsi que tous les objets d’art et de curiosité que je possède, tels que tableaux, gravures, statues, statuettes, fragments antiques, armes anciennes…, soient remis par Madame veuve Boullet-Lacroix, ma mère, à la ville de Château-Gontier, ma ville natale, mais seulement à l’époque où ma mère jugera convenable de remettre ces objets à la ville de Château-Gontier, à laquelle ville je fais don de tous ces objets, pour en composer un musée à la ville, à

l’époque où remise en sera faite par ma mère1. »

Le légataire lui-même n’avait, semble-t-il, pas dressé le catalogue de sa collection et celui réalisé après son décès par M. Delaplace, édité en 1852, demeure introuvable. La principale documentation dont nous disposons aujourd’hui est l’inventaire manuscrit réalisé en avril 1849 par M. Gaultier, parent de Mme Boullet-Lacroix, pour servir à la fois à l’acceptation du legs par la municipalité et de catalogue pour la bibliothèque de la ville2. Le catalogue des ouvrages reprend celui rédigé par Pierre-Aristide Boullet-Lacroix lui-même, tandis que celui des objets d’art est dressé d’après les pièces alors exposées dans la demeure du collectionneur. L’ensemble du legs de Pierre-Aristide Boullet-Lacroix est alors évalué à six mille francs.

BIBLIOTHèQUE BOULLET-LACROIX

Histoire

Théologie

Biographies, voyages, géographie

Littérature, langue

Sciences

Arts, numismatique

Philosophiefig 1 · Les grandes thématiques de la bibliothèque Boullet-LacroixSi les ouvrages de littérature, poésie, linguistique, prédominent, on observe également un fort intérêt pour l’histoire et les sciences. Les arts et la numismatique sont représentés dans cette bibliothèque humaniste, en y occupant une part plus modeste.

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La coLLection d’aristide BouLLet-Lacroix

Le catalogue de sa bibliothèque comporte 2 033 volumes, dont six incunables3. La diversité, la qualité et parfois la rareté de ces ouvrages témoignent de son érudition. Les livres qui la composent traitent de sujets très variés, allant de la philosophie à la médecine, en passant par la théologie, les sciences naturelles ou les beaux-arts. Les principaux ouvrages d’histoire de l’art de l’époque4 sont également présents, ils ont certainement accompagné Boullet-Lacroix dans ses acquisitions ou l’étude de sa collection.

L’inventaire manuscrit de la collection d’objets d’art et de curiosités est particulièrement intéressant car la liste est dressée pièce par pièce et nous donne le détail du décor de la maison du collectionneur. Les tableaux décoraient le boudoir, la chambre à coucher et le cabinet de travail, tandis que la plus grande partie des marbres et céramiques antiques était rassemblée dans une galerie vitrée. Parmi les antiques, seules quelques œuvres participaient à la décoration des pièces à vivre. D’après cette liste, dix peintures et neuf gravures encadrées ornaient les murs de la maison, auxquelles pouvait s’ajouter un carton de quatre-vingts gravures

représentant des monuments et des peintures d’Italie. Si les peintures sont toujours présentées aujourd’hui, le carton de quatre-vingts gravures est actuellement manquant. Quelques sculptures modernes se mêlaient également à la collection, mais la plus grande part revenait à l’Antiquité.

Plus de cent quarante céramiques et marbres antiques ont ainsi été acquis lors de ses voyages à Rome, mais également à Paris, par exemple lors de la vente de la collection du chevalier Durand5. Le legs comprend enfin une épée et quatre poignards médiévaux ou modernes ainsi qu’une belle collection numismatique6.

fig 2 · Sainte MartheFin xve siècleBoisH. 70 ; L. 25 cmInv. 84875Cette œuvre remarquable par son style et la beauté des drapures a été exposée au musée national des Arts et Traditions populaires à Paris en 1993.

fig 3 · Statère d’argent de Philippe II (vers 345 av. J.-C.)

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Si la volonté de faire créer un musée est explicite dans le testament de 1848, il faudra attendre vingt ans pour que celui-ci voie le jour. En 1868, Tancrède Abraham, peintre et graveur, critique d’art de talent, devient le premier conservateur du musée. Les dons d’œuvres d’art se succèdent et les collections d’archéologie s’enrichissent également. En mars 1875, dans le cadre des dépôts de l’État, le musée du Louvre dépose trente-huit céramiques étrusques et grecques. M. Alfred de Farcy donne au musée dix-huit céramiques de provenances et d’époques hétéroclites (Gaule romaine, Moyen Âge et souvenirs de voyage). Peu de temps après, en 1876, Tancrède Abraham publie le premier catalogue du musée, resté à ce jour la seule publication de synthèse sur les collections de Château-Gontier.

fig 4 · Isola BellaRauch, Johann Nepomuk (dit Rauch de Milan)xixe siècleGouache sur papierH. 65 ; L. 93 cmInv. 84805Ce paysage s’inspire de l’une des trois îles Borromées sur le lac Majeur en Italie, embellie au xviiie siècle par le comte Borromeo, magnifiée par l’imagination féconde de l’artiste (in Bénézit).

Notes1 Legs de M. Boullet-Lacroix, le 17 août 1849, archives municipales, Château-Gontier.2 État estimatif des livres, objets d’art, antiquités, armes, curiosités, médailles compris dans le legs fait à la ville de Château-Gontier

par M. Boullet-Lacroix, archives municipales, Château-Gontier, cote 82, division P.3 Par exemple : Appien, De civilibus romanorum bellis libri (La guerre civile), édition de 1477 ; Bartolomeo Sacchi, dit « Platine » (Il Platina),

Liber de vita Christi ac omnium Pontificum, édition de 1481.4 Les bâtiments et dessins de Palladio ; Histoire de l’Art dans l’Antiquité de J.-J. Winckelmann (1764) ; Vie des peintres, Sculpteurs et Architectes

de Vasari (1568) ; Dissertation sur l’Architecture égyptienne, de Quatremère de Quinci (1803) ; Traité complet de la Peinture de P. de Montabert (1829) ; Traité des Arts céramiques d’A. Brongniart (1844) ; etc.

5 Hugot 2008, p. 107-120.6 Dans le détail : 295 monnaies romaines en argent et en bronze ; trois monnaies gauloises en argent et en bronze ; une monnaie grecque

en argent ; neuf médailles en bronze et en argent ; diverses monnaies en billon anciennes et modernes.

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La coLLection d’aristide BouLLet-Lacroix

fig 5 · La Vierge et l’Enfant Jésus aux cerisesAnonymexve siècleHuile sur boisInv. 08489Attribué à Pérugin in BénézitIl s’agit en fait d’un tableau de l’école nordique de qualité moyenne, curieusement encadré avec un cadre à l’italienne (note du service de restauration des musées de France, 11 mai 1994)

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restauration d'un lot de sculptures du musee de Château-Gontier

Charlotte rerolle, conservateur-restaurateur d'objets archeologiques à tours (37) delphine Bienvenut, conservateur-restaurateur d'œuvres sculptees à Charentilly (37)

Parmi les sculptures de Château-Gontier traitées par les restauratrices Charlotte Rérolle et Delphine Bienvenut1, des restaurations ou des réfections anciennes ont été repérées. Ces précédentes interventions pourraient avoir été effectuées à l’époque du rassemblement de cette collection par Pierre-Aristide Boullet-Lacroix au xixe siècle. Il s’agit, dans la plupart des cas, de collages effectués avec une colle organique, qui a pris avec le temps une couleur jaune à marron et une texture cassante. Par ailleurs, afin de restituer les parties manquantes et de rendre un aspect « complet » à ces œuvres, un comblement de ces lacunes a été fait probablement au même moment. Il s’agit alors d’éléments en marbre rapportés qui ont été sculptés à la forme et aux dimensions des lacunes. Ces restitutions ont été ensuite scellées avec du plâtre et parfois goujonnées. Ainsi le marbre utilisé pour les restitutions, provenant d’autres pierres, carrières et veines que celui à l’origine des sculptures, apparaît de couleur différente (fig. 1 et 2).

fig 1 · Portrait de garçon (98306)

fig 2 · Urne funéraire (84859), avec une restitution des lacunes modernes dans un autre marbre

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fig 3 · Statuette de Dionysos (98294)

Statuette de Dionysos, inv. 98294

Un travail de réfection moderne est resté inachevé. En effet en deux endroits, les éléments rapportés sont encore sous forme d’ébauche et la sculpture n’a pas été reprise. La patte de la panthère et l’extrémité pendante du drapé ont été arrêtées en cours de travail à deux étapes distinctes. On peut donc établir une chronologie du travail de réfection effectué alors. La partie manquante était ébauchée individuellement. Elle était ensuite scellée à l’aide de plâtre et de goujons ou simplement collée. Cet élément rapporté était sculpté en place, et le sculpteur dessinait au fur et à mesure au crayon graphite directement sur le comblement de la lacune les détails de plus en plus précis de la restitution. Ainsi la patte de la panthère (fig. 4 et 5) est restée à l’état d’ébauche, tout juste collée et goujonnée. Elle est plus large que la partie d’origine à laquelle elle est collée, afin que puisse être enlevée de la matière à cet élément restitué lors de la sculpture des détails. En revanche, la partie pendante du drapé (fig. 6 et 7) qui a été

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fig 4-5 · Dessus & gauche : Ébauche de la patte de panthère restituée, Dionysos (98294)fig 6 · Droite : Ébauche au crayon graphite des détails du drapé à sculpter sur l’élément restitué, Dionysos (98294)

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fig 7 · Ébauche au crayon graphite des détails du drapé à sculpter sur l’élément restitué, Dionysos (98294)

restituée a été ajustée aux exactes dimensions après l’assemblage. Le drapé, encore à l’état d’ébauche, porte toujours les traces du dessin préparatoire au crayon graphite, qui indiquent les parties à retravailler afin de rendre ce drapé plus souple et plus réaliste.

Note1 Œuvres restaurées par le groupement Rérolle-

Bienvenut : Statuette de Dionysos (inv. 98294) ; Tête de satyre (inv. 98292) ; Tête barbue (inv. 98288) ; Tête casquée (inv. 98413) ; Tête dite « de Corbulon » (inv. 98305) ; Tête de Zénon (inv. 98304) ; fragment de sarcophage : Hippocampe (inv. 98347) ; fragment de sarcophage : Amour monté sur un dauphin (inv. 98349) ; fragment de sarcophage : Dieux du fleuve (inv. 98332) ; Frise aux bucranes (inv. 98428) ; Statue de jeune homme avec petit serviteur (inv. 98293) ; Buste d’homme (inv. 98312) ; fragment de sarcophage : Deux Amours (inv. 98358) ; fragment de sarcophage : L’Hiver (inv. 98366) ; Masque de coin d’un autel funéraire (inv. 98416) ; Urne quadrangulaire avec portrait en niche (inv. 84859) ; Pied de table à tête de panthère (inv. 98300) ; Tête de garçon (inv. 98311) ; Tête de Pâris (inv. 98291) ; Acanthe (inv. 98427), Portrait de garçon (inv. 98306).

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1 Brutus condamnant ses fils à mort

Guillaume Guillon, dit Lethièredessin à la plume, lave à la sepia, rehausse de blanc1807 ?inv. 08483

Ce dessin, magistralement exécuté, est souvent présenté comme une étude préparatoire de la toile Brutus condamnant ses fils à mort, exposée au salon en 1812 et aujourd’hui conservée au Louvre. Certes, on retrouve dans cette étude, déjà très aboutie, les futures lignes de composition de l’œuvre prétendue définitive : à droite, juché sur un piédestal, Lucius Junius Brutus fait face à la foule le suppliant d’épargner ses fils coupables d’avoir trahi la République romaine. Pourtant la représentation, sur le dessin, du bourreau exhibant la tête de l’un des condamnés, tandis que le corps décapité gît sur le billot, marque une rupture significative avec la version achevée. Un dessin du musée Tavet-Delacour à Pontoise, ainsi qu’une peinture conservée dans une collection parisienne, datés tous les deux de 1788, montrent que cette première formulation du sujet est non seulement antérieure à la Révolution, mais qu’elle précède la nouvelle interprétation du sujet de plus vingt-trois ans. Ce nouveau parti pris, privilégiant l’instant précédant le drame, la condamnation, plutôt que son acmé, c’est-à-dire l’exécution de la sentence, témoignerait d’un ancrage plus profond du peintre à l’esprit néoclassique.CD

2 médaillon : empereur romain

marbreH. : 57 ; l. : 29,5 ; Pr. : 20 cminv. 98424, l136Bibl. : linfert 1992, p. 65, no 136, pl. 64, 2

Ce médaillon impérial en marbre, probablement rond à l’origine,

est inséré dans un cadre en plâtre. Nés de la culture humaniste

de la Renaissance, les médaillons « à l’antique », représentant les

empereurs en profil de médaille, n’affichent pas de volonté

de ressemblance avec les portraits présents sur les monnaies.

MS

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La coLLection d’aristide BouLLet-Lacroix

3 Vase canope du grand prêtre de Ptah, Ptahmès

CalciteH. 45 cmnouvel empire, xViiie dynastie, règne d’Amenhotep iii (vers 1390-1353 av. J.-c.)inv. 84863

4 Vase canope d’Amenhotep

terre cuiteH. 40 cmnouvel empire, xViiie dynastie (vers 1539-1390 av. J.-c.)inv. 84864

Ces deux vases canopes appartiennent à deux personnages distincts. Celui en calcite a pour propriétaire Ptahmès, un grand prêtre de Ptah de Memphis de la XVIIIe dynastie. L’autre, en terre cuite, appartient à un certain Amenhotep, qui avait le titre d’Imy-khent, soit chambellan. Des quatre vases canopes, qui renfermaient les viscères momifiés des défunts et étaient placés sous la protection des quatre fils d’Horus, il n’en demeure qu’un pour chaque personnage.Les bouchons des deux vases représentent une tête masculine coiffée d’une perruque qui dégage les oreilles. Cette iconographie apparaît à la première période intermédiaire. Puis, au cours du Nouvel Empire, les bouchons se différencient et reproduisent les traits de chacun des quatre dieux protecteurs, fils d'Horus : Amset à tête d’homme, Hapy à tête de singe, Douamoutef à tête de chien et Qébehsenouf à tête de faucon. Outre les noms et les fonctions des personnages, les inscriptions hiéroglyphiques gravées en respectivement trois et quatre colonnes indiquent que les viscères sont ici placés sous la protection de Qébehsenouf (protecteur des intestins) et de la déesse Selkis pour Ptahmès et d’Amset (veillant sur le foie) et d’Isis pour Amenhotep. Plusieurs traces de polychromie sont encore visibles sur ces vases. Sur le vase en calcite, les textes sont bleus, les contours des yeux et la pupille sont noirs. Sur le vase en terre cuite, la perruque, le collier, les yeux et les inscriptions sont en noir.NT

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5 Faux vase grec

Marbre jaune dʼitalieH. : 7 ; l. : 20,5 cminv. 98266

Ce vase, qui prend la forme d’un kylix, est sculpté dans le marbre, pierre de grand prix dans l’Antiquité. Les vases en marbre étaient alors des biens des plus précieux. Ici, la forme particulière du vase ainsi que l’inscription Ο ΠΑΙΣ ΚΑΛΟΣ trahissent en cette œuvre un faux. MS

6 Relief votif attique

marbre penteliqueH. 15 ; l. 20 ; l. 7,3 cminv. 98417, l129Bibl. : linfert 1992, p. 64, no 129, pl. 63, 1-3

Ce fragment de relief attique peut être daté

de la première moitié du ive siècle av. J.-C1.

Cette date, sa typologie et son origine

géographique en font une pièce isolée au

sein de la collection d’Aristide Boullet-Lacroix.

On peut voir un homme debout, les jambes

croisées, vêtu d’un himation et appuyé sur une

massue écrasant un serpent, dont le bout

de la queue est visible. Du point de vue

iconographique, la représentation appartient au

corpus des reliefs dédiés à Asklépios2. A. Linfert supposait que l’on

avait là affaire

à la figuration d’un héros à caractère « asclépien », lié au dieu

de la médecine, et proposait le nom d’Amphiaraos3 ; on peut en effet

comparer l’iconographie de ce fragment à celle d’un relief découvert

dans son sanctuaire d’Oropos, en Attique4. Ce type de relief était

dédié dans les sanctuaires en guise d’offrande5 ; il pouvait représenter

directement l’adoration de la divinité par les dévots6.

MS

Notes1 Linfert 1992, p. 64. 2 Hausmann 1948, passim, en particulier le relief no 28, p. 168 et fig. 28,

sur lequel est représenté le même bâton noueux. 3 Id. ; sur Amphiaraos : LIMC, I, 1, s.v. « Amphiaraos », p. 691-713. 4 Oropos, Musée, inv. A72 ; Hausmann 1948, p. 171, no 77 ; LIMC, I, 1,

s.v. « Amphiaraos », nos 61, 63, 64. 5 Hausmann 1960 ; Neumann 1979.6 Sur les modalités de cette mise en scène, voir en dernier lieu Klöckner

2002 et Klöckner 2006.

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La coLLection d’aristide BouLLet-Lacroix

7 Amphore attique à figures noires

H. 44,7 ; l. max. 28,6 ; diam. emb. 16,5 ; diam. panse 28,7 ; diam. pied 11,8 cmVers 500 av. J.-c.inv. 848.97Bibl. : Le Coq, histoires de plumes et de gloire, Amiens, 2003, fig. 4, p. 25 ; Frère, Hugot, santrot 2004, no 130, p. 165 et 157

Panse brisée en de nombreuses parties avec quelques fragments manquants. Vase restauré en 1999. Embouchure haute, large en échine ; col haut concave séparé de l’épaulement effacé par un listel en relief ; anses à section ronde reliant la partie basse du col à l’épaulement ; panse haute à la convexité régulière ; pied haut en échine. Pâte rose-orange, très fine, très dure. Vernis noir métallescent de très belle facture virant par endroits au marron-vert brillant (sont réservés le plat de l’embouchure, le col, les deux panneaux figurés et la partie inférieure de la panse et le dessous du pied). Rehauts rouges et blancs.

Le col est orné sur ses deux faces, entre deux filets noirs, d’une frise de palmettes inversées montées sur des chaînons. Sur la face A de la panse, Athéna casquée et vêtue de l’égide se tient debout de profil vers la gauche, protégée de son grand bouclier à épisème d’oiseau. De part et d’autre s’élève une haute colonne dorique surmontée d’un coq. Sur la face B, à gauche, Hermès coiffé du pétase et vêtu de l’himation et de bottines hautes, portant une lance, s’avance vers Héraklès la tête recouverte de la léontè et armé d’un arc et d’un carquois. Le héros, de profil vers la droite, a posé sa massue, porte un gigantesque sanglier sur son épaule gauche et prend appui de sa jambe gauche sur l’embouchure d’un pithos semi-enterré. Émergent de ce pithos la tête et le bras droit d’Eurysthée qui supplie Athéna à sa droite. La déesse, de profil vers la gauche, tête nue, porte son casque de la main droite et son grand bouclier rond à épisème de bucrane du bras gauche. DF

Les CérAmiqUes AntiqUes de

CHâteAU-Gontier

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Les CérAmiqUes AntiqUes dU mUsée de CHâteAU-Gontier dominique Frère

Les collections grecques et étrusques de Mayenne (Château-Gontier et Laval) offrent un très bel aperçu de l’histoire de la céramique antique du viie siècle au ive siècle av. J.-C., avec quelques œuvres de notable importance, comme l’amphore pseudo-panathénaïque et la coupe des Petits Maîtres.

À l’origine de la collection lavalloise se trouve Victor Oehlert, responsable du musée municipal à partir de 1872. Ce géologue passionné d’histoire et d’archéologie a consacré toute son énergie à la création d’un véritable musée des sciences et industries, avec des collections minéralogiques et archéologiques classées selon un « ordre scientifique absolu » et présentées de manière pédagogique. Il fit appel à plusieurs antiquaires pour faire l’achat, à partir de 1880 et jusqu’au lendemain de la Première Guerre mondiale (une quarantaine d’années !), de différentes catégories de vases grecs et il put acquérir des pièces de collections locales comme celle du comte de Viennay, dispersée en vente publique en 1891, et celle du marquis de Vibraye vendue en 1897 et 1898. C’est une belle collection de terres cuites, vases et urnes, qui attira l’attention du fondateur du Corpus Vasorum Antiquorum, spécialiste international de la céramique grecque et conservateur du Louvre, M. Edmond Pottier. Il se rendit à Laval sans doute peu de temps avant le décès de Daniel Oehlert (en 1920) pour l’aider à décrire, dater, attribuer chacune de ces œuvres. Parmi celles-ci, deux petits lécythes attiques à fond blanc sont présentés à Jublains. Il s’agit d’une catégorie particulière de vases réservés aux rituels funéraires, raison pour laquelle leur iconographie est étroitement liée à l’univers de la tombe, avec, souvent, la représentation de la visite au défunt. Le premier (595. Achat Enguehardt 1894), date du milieu du ve siècle environ et met en scène une femme aux cheveux longs qui joue de la lyre face à un monument funéraire en forme de pyramide à huit gradins. Le second (587. Achat Enguehardt 1894), plus récent d’une vingtaine d’années (dernier quart du ve siècle), représente une femme devant une stèle funéraire cylindrique au couronnement formé d’une frise d’oves surmontée d’une grande palmette. Ces vases, qui pouvaient être déposés dans la tombe et sur la pierre tombale, représentent des modestes témoignages de la relation aux morts, des rites de visites à la tombe et surtout du rôle fondamental que jouent les femmes dans les cérémonies funéraires et dans la conservation de la mémoire, la perpétuation du souvenir des morts de la famille et de la cité.

Les plus belles céramiques de type grec de la collection de Château-Gontier ont été léguées à la municipalité par Pierre Aristide Boullet-Lacroix qui en fit l’achat à Rome à l’occasion du Grand Tour qu’il réalisa en Italie et durant lequel il put rencontrer et côtoyer les plus grands artistes de l’époque : Ingres, Delacroix et David d’Angers. L’impressionnante amphore (848.97, Notice 7 p. 27) et la gracieuse coupe-kylix (848.100, notice 9 p. 34) représentent de parfaits exemples de la virtuosité des peintres athéniens qui, au vie siècle, décoraient en figures noires, des vases aux formes originales et harmonieuses, pour la plupart liées au monde du banquet. La technique de la figure noire consiste à peindre directement sur la paroi céramique les motifs figurés et les végétaux. La couleur orangée de l’argile très fine contraste avec la couleur noire métallescente du vernis de très grande qualité, attirant plaisamment l’œil. Une fois les motifs peints en silhouette (comme une ombre portée), l’artiste emploie un instrument très fin en métal, une sorte de stylet à la pointe effilée, qui lui permet de gratter le vernis afin de tracer les contours des formes, les détails

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les céramiques antiques de cHÂteau-gontier

internes des palmettes et des figures humaines et animales, comme l’œil, la chevelure ou la crinière, des éléments de musculature, d’ossature… Ensuite, il ajoute des touches de rehauts de couleur (blanc et rouge) à certains endroits qu’il désire mettre en valeur ou pour représenter la chair féminine (en blanc). La figure noire permet aux peintres athéniens de réaliser de magnifiques décors miniaturistes végétaux et animaliers comme les panthères et les palmettes de la coupe-kylix ou de s’attaquer à des scènes plus ambitieuses et complexes comme celles de l’amphore. Sur une face, Athéna Promachos (casquée et armée de sa lance et du grand bouclier rond) apparaît majestueuse et imposante entre deux hautes colonnes surmontées chacune d’un coq. Il s’agit d’une représentation codifiée indiquant qu’il s’agit d’une amphore donnée en prix à un vainqueur d’une compétition se déroulant dans le cadre des Jeux panathénaïques organisés tous les quatre ans lors des Grandes Panathénées. Lors de ces jeux, la cité d’Athènes récompensait les vainqueurs des différentes épreuves en leur donnant l’huile provenant des oliviers sacrés d’Athéna, déesse de la Cité, contenue dans des amphores à la panse très large, au col étroit et aux anses resserrées. L’autre face de l’amphore est usuellement ornée de la représentation du type d’épreuve remportée par le champion, les décors de chaque face (Athéna pour l’une, épreuve sportive pour l’autre) et la forme de l’amphore se combinant pour signifier le statut officiel du vase et de son précieux contenu, à savoir le prix remis par la Cité d’Athènes au vainqueur de l’une des épreuves des Grandes Panathénées. Pourtant, la seconde face du vase de Château-Gontier ne porte pas une image de genre athlétique mais une superbe description d’un exploit du célèbre Héraklès. Il ne s’agit donc pas d’une véritable amphore panathénaïque mais d’une imitation, raison pour laquelle on la qualifie de « pseudo-panathénaïque ». Seuls les champions victorieux pouvaient posséder les amphores officielles décernées par la Cité d’Athènes. Mais la réputation des Grandes Panathénées était telle que nombre de Grecs et de barbares (Étrusques par exemple) cherchaient à acquérir à grand prix ces amphores mais aussi leurs imitations qui faisaient office de souvenir du festival athénien. L’exploit d’Héraklès représenté sur le vase castrogontérien consistait à ramener vivant à Eurysthée (roi de l’Argolide) un énorme sanglier qui dévastait la campagne s’étendant aux pieds du mont Erymanthe. Le roi Eurysthée est vu caché dans un pithos à demi enterré tandis qu’Héraklès le domine de toute sa masse, menaçant de laisser tomber sur lui le sanglier qu’il tient sur ses épaules. Le contraste entre la faiblesse d’Eurysthée implorant Athéna par d’amples mouvements de bras et la puissance d’Héraklès, tout en gestes mesurés et en force tranquille, est à la fois saisissant et humoristique. Ce thème était très populaire dans les ateliers à figures noires d’Athènes jusqu’à la fin du vie siècle, date de fabrication de notre amphore. Le troisième beau vase décoré de la collection Boullet-Lacroix est un cratère apulien à figures rouges. La technique de la figure rouge supplante celle de la figure noire au début du ve siècle et s’impose plus tard dans les ateliers d’Italie du Sud jusque vers la fin du siècle suivant. La figure rouge apparaît comme le négatif de la figure noire : le peintre recouvre l’ensemble du vase de vernis, sauf les motifs végétaux et les figures qui sont laissés de la couleur orangée de l’argile (ils sont dits « réservés »). Les détails internes

fig 1 · Lécythe (vase à huile parfumée), vers 460-450 av. J.-C., Grèce (Attique), inv. 595, Laval, musée du Vieux-Château. Au centre se dresse un monument funéraire en forme de pyramide tronquée à huit gradins. À gauche de la tombe, une femme aux cheveux longs, de profil, joue de la lyre. Photo et dessin D. Frère et L. Hugot

fig 2 · Lécythe (vase à huile parfumée), vers 450-400 av. J.-C., Grèce (Attique), inv. 587, Laval, musée du Vieux-Château. Au centre s'élève une grande stèle avec une femme, à droite, qui lui fait face. Photo et dessin D. Frère et L. Hugot

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ne sont plus rendus à l’aide d’un stylet mais d’un pinceau très fin qui permet de réaliser d’un trait de vernis fin mais en relief des courbes sinueuses. Si la figure noire s’apparente à un travail de graveur, la figure rouge est un travail de dessinateur. Inventée à Athènes vers 530, la nouvelle technique connaît rapidement une grande faveur et est adoptée par les plus grands peintres sur vases. Les céramistes d’Italie du Sud (Lucanie, Apulie, Campanie) produisent jusque vers 320 de très nombreux vases à figures rouges, adaptant les formes et les décors aux

goûts de leur clientèle gréco-italique. Les décors du cratère de Château-Gontier sont à ce titre parfaitement représentatifs de l’univers iconographique apulien. Sur une face, une femme, richement habillée et parée de beaux bijoux, se tient debout appuyée sur un autel, dressant un grand tympanon (tambour). Devant elle, un jeune homme nu est assis, tenant devant lui un grand plat sur lequel sont posées des offrandes et tenant derrière lui un thyrse (grand bâton orné de feuilles de lierre et surmonté d’une pomme de pin). Sur l’autre face, deux hommes, enveloppés dans leurs longs manteaux, se font face, l’un tenant une canne devant lui. Entre eux, un motif rectangulaire représente sans doute une écritoire avec son stylet. Nous avons d’un côté ce que l’on appelle une « scène de genre », à savoir la représentation de deux citoyens en discussion (politique ?) et sur l’autre une scène dionysiaque ; l’autel, le tympanon, le thyrse et le plateau d’offrandes faisant référence au culte rendu au dieu du vin et de la vigne.

Les collections antiques du musée de Château-Gontier ont été enrichies par un dépôt d’État en 1875. Un certain nombre des céramiques grecques et étrusques de ce dépôt sont présentées dans l’exposition (annexe 3), regroupées pour former fictivement un ensemble funéraire étrusque du début du vie siècle av. J.-C. Les tombes étrusques de l’époque archaïque sont des structures dotées d’un couloir d’accès (dromos) et de plusieurs chambres pour accueillir les membres de la famille de plusieurs générations. Le matériel archéologique découvert est en relation directe avec les rituels funéraires organisés pour les défunts. Des petits vases (aryballes et alabastres) contenaient l’huile parfumée utilisée pour laver et enduire le corps lors de la cérémonie de la prothesis (exhibition du cadavre pour le dernier hommage que lui rendent les proches). De plus grands vases ont servi au service du vin lors de la cérémonie du banquet funéraire. Le vin, mélangé à la manière grecque (ajout d’eau, de miel, d’aromates…), était servi dans des petites amphores de table et on le versait à l’aide de cruches, appelées « œnochoés », dans des vases à boire comme le canthare (vase à grandes anses verticales très hautes) et la coupe-kylix (vase à petites anses horizontales). Les céramiques les plus communes dans les tombes étrusques archaïques étaient importées de la cité grecque de Corinthe (alabastre 898) ou produites dans des ateliers locaux comme les aryballes et alabastres d’imitation corinthienne (dits « étrusco-corinthiens ») et les très nombreux vases en bucchero nero. Le bucchero nero est la céramique nationale d’Étrurie, une belle céramique noire de très grande qualité qui imite le métal, avec de simples décors incisés. Les vases étaient déposés pleins dans les tombes, emplis de vin, de miel, d’huile, de parfum, offrandes alimentaires et parfumées que le défunt emporte pour son voyage vers l’au-delà.

fig 3 · Intérieur d’une tombe étrusque telle qu’elle fut découverte en 1842, près de Véies. D’après G. Dennis

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les céramiques antiques de cHÂteau-gontier

8 Cratère en cloche apulien à figures rouges

H. 43 ; diam. panse 36 cmVers 340-320 av. J.-c.iinv. 848.98Bibl. : inédit

Embouchure et partie supérieure de la panse brisées avec quelques fragments manquants ; surface de la panse altérée ; pied fissuré. Deux trous dans la partie supérieure gauche de la face A sont peut-être la trace d’une réparation antique. Pâte orange à chamois pâle, fine, dure. Vernis noir virant au vert olive par endroits. Rehauts blancs et rouges. Le dessous de l’embouchure est orné de feuilles de laurier tandis que le pourtour des attaches des anses est décoré d’une couronne de petites languettes rayonnantes. Sous chaque anse se déploie une grande palmette. Sur la face A de la panse, à gauche, une femme coiffée d’un haut chignon et parée de nombreux bijoux se tient debout de face, la tête de profil vers la droite, les jambes croisées et appuyée de son coude gauche sur un autel. Elle dresse devant elle un grand tympanon et tient, de son bras droit fléchi en arrière, une couronne. À droite, un jeune homme nu, un simple bandeau blanc lui enserrant les cheveux, est assis sur son himation suspendu dans le vide, de trois quarts profil vers la femme, la tête de profil vers la gauche. Il tend devant lui de son bras droit plié un grand plat sur lequel sont posées des offrandes et tient derrière lui à la verticale de son autre bras fléchi un thyrse. Sur la face B, deux hommes enveloppés chacun dans un grand manteau se font face, celui de gauche tenant une canne devant lui. La zone décorée est fermée en bas, entre deux filets, par une frise de grecques interrompues par des croix de Saint-André.DF

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9 Coupe attique à figures noires des Petits Maîtres

H. 9,8 ; diam. emb. 14,25 ; diam. panse 13,4 ; l. max. 19,3 ; diam. pied 6,3 cmVers 530-520 av. J.-c.inv. 848.100 ; 00163Bibl. : Frère, Hugot, santrot 2004, no 24, p. 67

Coupe-kylix en bon état général si ce n’est quelques légères éraflures en surface. Pied haut et fin en trompette ; vasque à la convexité régulière donnant naissance à l’embouchure évasée sans rupture de courbe ; anses en fer à cheval. Pâte rose-orange, très fine, dure. Vernis noir métallescent recouvrant l’intérieur du vase (sauf au centre un médaillon réservé orné d’un point central et d’un cercle) et l’extérieur, hormis le bandeau figuré, une autre bande réservée dans la partie inférieure de la panse et le flanc du pied. Rehauts blancs et rouges.Sur chaque face, le décor figuré est cerné, sur les côtés, par une palmette montée sur deux petites volutes. Sur la face A, une sphinge à la longue chevelure se tient assise de profil vers la gauche. De part et d’autre, une panthère semble avancer vers elle, la tête vue de face, la queue se déployant en S au-dessus du dos. Sur la face B, une sphinge est assise de profil vers la gauche entre un homme à droite et une panthère à gauche.DF (texte et dessin)

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les céramiques antiques de cHÂteau-gontier

10 Œnochoé étrusque en bucchero nero

H. 21,4 ; diam. panse 13,8 ; diam. pied 4,55 cm600-575 av. J.-c.inv. : 103. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 16, p. 14

Embouchure ébréchée qui comporte une petite partie manquante.Forme proche de celle de l’exemplaire précédent. Bucchero noir luisant, pourvu de quelques trous en forme de cratère. Sur la panse, bandeau de traits verticaux incisés surmonté d’un filet.DF

11 Œnochoé étrusque en bucchero nero

H. 19,5 ; diam. panse 12,8 ; diam. pied 5 cm600-575 av. J.-c.inv. : 109. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 17, p. 14-15

Quelques éclats sur la panse. Bucchero noir mat, constellé de fines paillettes de mica. Forme proche de celle de l’exemplaire précédent.DF

12 Œnochoé étrusque en bucchero nero

H. 26,4 ; diam. panse 17,8 ; diam. pied 7,3 cmVers 620-610 av. J.-c.inv. : 117. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 14, p. 13-14

Anse manquante et embouchure fragmentaire. Embouchure évasée formant un bec ; col haut, cylindrique concave séparé de l’épaulement marqué par une moulure en relief ; panse piriforme à la convexité accentuée dans sa partie supérieure ; pied petit à flancs concaves droits. Bucchero noir luisant avec du très fin mica. Sur l’épaule, neuf éventails de points. Sur la panse, deux séries de dix à onze filets incisés et, dans la partie inférieure, frise formée de six triangles incisés.DF

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13 Amphore étrusque en bucchero nero

H. 10,95 ; diam. emb. 6 ; diam. panse 8,7 ; diam. pied 2,7 cmVers 630-610 av. J.-c.inv. : 159. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 11, p. 12-13

Embouchure ébréchée ; une anse et un fragment de la panse sont manquants. Embouchure évasée, circulaire ; anses rubanées ; col concave s’élargissant vers le bas, séparé de la panse ovoïde, à la convexité accentuée, par un ressaut anguleux ; petit pied annulaire simple. Bucchero noir luisant, dur, fin, parsemé de fines paillettes de mica. Sur le col, éventails de points ouverts soulignés de deux filets. Sur la panse, frise ininterrompue de fines lignes incisées verticales.DF

14 Amphore étrusque en bucchero nero

Haut. : 8,45 ; diam. emb. : 6,65 ; diam. panse : 8,45 diam. pied : 3,55 cmVers 620-600 av. J.-c.inv. : 162. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 10, p. 12

Embouchure ébréchée. Forme très proche de celle de l’exemplaire précédent. Bucchero gris parsemé de très nombreux micas de tailles diverses et de gros grains de calcaire.DF

15 Olpé étrusque en bucchero nero

H. 13,5 ; diam. emb. 7,5 ; diam. panse 8,8 ; diam. pied 4,15 cm600-575 av. J.-c.inv. : 198. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 12, p. 13

Concrétions grises sur l’ensemble du vase. Embouchure circulaire évasée ; anse rubanée ; col concave séparé de la panse ovoïde à la convexité accentuée par un net ressaut ; petit pied annulaire.Bucchero noir gris, d’aspect rugueux.DF

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les céramiques antiques de cHÂteau-gontier

16 Canthare étrusque en bucchero nero

H. 7,3 ; H. totale 11,7 cm590-550 av. J.-c.inv. : 454. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 25, p. 17

Pied endommagé ; rares concrétions. Forme et décor proches de ceux de l’exemplaire précédent. Bucchero brun-noir mat comportant de fins micas en nombre important.DF

17 Canthare étrusque en bucchero nero

H. 7,45 ; H. totale 11,9 ; diam. emb. 12,5 ; l. 18,2 ; diam. pied 5,3 cm590-550 av. J.-c.inv. : 456. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 24, p. 17

Surface altérée ; embouchure ébréchée ; une anse brisée et maladroitement recollée. Forme proche de celle de l’exemplaire précédent, plus large et plus haute, à lèvre munie d’un filet en creux et à arête agrémentée d’entailles imitant les pointes de diamant. Bucchero noir mat avec de nombreuses paillettes de mica très fines. Deux filets incisés ornent la partie supérieure de la vasque.DF

18 Canthare étrusque en bucchero nero

H. 7,5 ; H. totale 11,7 ; diam. emb. 11,65 ; l. 17 ; diam. pied 5,3 cm610-580 av. J.-c.inv. : 457Bibl. : Frère 1996, no 23, p. 16-17

Nombreuses concrétions brun-marron. Anses rubanées verticales surélevées ; vasque tronconique avec fond oblique séparé par un ressaut muni de pointes de diamant ; pied haut en trompette.Bucchero noir mat avec quelques fines particules micacées.DF

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19 Coupe-kylix étrusque en bucchero nero

H. 5,95 ; diam. emb. 12,5 ; l. 16,8 ; diam. pied 3,7 cm620-590 av. J.-c.inv. : 491. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 26, p. 17

Une anse est manquante. Vasque tronconique à épaulement arrondi séparé de l’embouchure évasée droite par un net ressaut ; pied annulaire ; anses horizontales. Bucchero noir brillant très micacé. Sur l’épaule, frise d’éventails de points ouverts vers la droite, soulignée par deux séries de six filets incisés.DF

20 Aryballe ovoïde étrusque de style corinthien

H. 7,5 ; diam. emb. 3,35 ; diam. panse 4,85 ; diam. pied 1,8 cm620-590 av. J.-c.inv. : 1165. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 27, p. 18

Panse ébréchée et concrétions. Panse haute à la convexité régulière ; embouchure circulaire large ; anse rubanée ; petit pied en échine. Pâte rose, dure, avec micas très fins et vernis marron clair. Sur l’embouchure, cercles concentriques ; sur l’épaule et la panse, filets et bandes.DF

21 Aryballe globulaire de style corinthien

H. 7,3 ; diam. emb. 4,35 ; diam. panse 6,4 cm610-580 av. J.-c.inv. : 1169. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 32, p. 20

Vase recouvert de concrétions épaisses. Panse globulaire à fond bombé ; embouchure circulaire large ; anse rubanée. Pâte rose, micacée, dure. Vernis marron brun et rouge sombre. Sur l’embouchure, cercles concentriques ; sur la panse, frise de languettes et bande rouge entre deux bandes brunes.DF

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les céramiques antiques de cHÂteau-gontier

22 Alabastre étrusque de style corinthien

H. 8,85 ; diam. emb. 3,8 ; diam. panse 5,05 cm610-580 av. J.-c.inv. : 1226. dépôt du louvre.Bibl. : Frère 1996, no 30, p. 19

Vase en partie recouvert de concrétions blanchâtres. Forme proche de celle de l’exemplaire précédent. Sur l’embouchure, cercles concentriques ; sur l’épaule, frise de languettes ; sur la panse, succession de bandes brunes et de filets bruns et rouges.DF

23 Aryballe piriforme étrusque de style corinthien

H. 10,62 ; diam. emb. 3,5 ; diam. panse 5,3 ; diam. pied 1,4 cm610-580 av. J.-c.inv. : 1260. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 31, p. 19-20

Quelques concrétions. Panse haute, fine à la convexité régulière ; embouchure ronde ; anse rubanée. Pâte orange, assez tendre, peu micacée. Vernis brun-noir et rehauts rouge-violet. Sur l’épaule, frise de languettes ; sur la panse, succession de filets et bandes brunes et rouges.DF

24 Alabastre étrusque de style corinthien

H. 8 ; diam. emb. 3,05 ; diam. panse 5,15 cm600-575 av. J.-c.inv. : 1279. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 29, p. 19

Bon état général ; taches de moisissure. Panse ovoïde à fond bombé ; petite embouchure circulaire ; anse plate. Pâte orange, dure, micacée. Vernis brun-noir et rehauts rouge-violet. Sur l’embouchure, cercles concentriques ; sur l’épaule, frise de languettes ; sur la panse, succession de bandes brunes et rouges et de filets.DF

25 Aryballe ovoïde étrusque de style corinthien

H. actuelle 5,65 ; diam. panse 4,62 ; diam. pied 1,4 cm620-590 av. J.-c.inv. : 1409. dépôt du louvreBibl. : Frère 1996, no 28, p. 18

Col, embouchure et anse manquants. Forme semblable à celle de l’exemplaire précédent. Pâte rose-orange, tendre, peu micacée et vernis orange. Sur l’épaule et la panse , filets et bandes .DF