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Sujet franais S, ES, L - ELEMENTS DE CORRIGE

Quelle relation ces textes tablissent-ils entre connaissance de la langue et connaissance de lautre ?Ces textes associent connaissance de la langue et connaissance de lautre par plusieurs aspects.

La connaissance de la langue permet la dcouverte de lautre et la rflexion sur la langue Texte A : mon surnom Lry, signifie une hutre en leur langage ; cela (comme il me dit) ; je leur dis que je mappelais Lry-oussou : cest--dire une grosse hutre. ; le truchement .

Texte B : dit-il ; et il rpondait taya ; et il rpondait essenten ; il lui rpondit trovander ; comment on disait manger ; comment on disait faire lamour ; comment on disait en huron du tabac .

Les COD des verbes de parole sont employs ici en mention : on ne parle pas de la chose que dsignent les mots, mais du mot lui-mme.

La connaissance de la langue quont le truchement et le huron leur permet de mettre en relation deux mondes ; elle permet chacun de reconnatre en lautre une mme connaissance du monde : Lry fait de son nom franais un nom indien, lIngnu montre que les ralits dont les mots existent en basse Bretagne existent aussi en Huronie. Les moyens lexicaux et grammaticaux qui voquent la ralisation dune traduction soulignent la ncessit, pour connatre, ou pour reconnatre lautre, davoir accs sa langue.

La mconnaissance de la langue est un frein la connaissance de lautre Texte A : Comment as-tu nom, comment as-tu nom ; ( quoi pour lors je nentendais que le haut Allemand) ; mais que de leur dire Pierre, Guillaume ou Jean, eux ne les pouvant prononcer ni retenir ; eux, dis-je, mtourdissant de leurs crieries .

Texte C : Mair, bredouilla le Balte , Mair, mair, reprirent tous les autres soldats , Mair, rpta le Balte ; il montrait que les trangers navaient aucune intelligence de ce quils avaient voulu leur dire. ; Ce mot dclencha le rire chez les Indiens .

Les rptitions montrent un dialogue qui pitine, car les uns (texte A) nobtiennent pas de rponse, tandis que les autres (texte C) ne savent pas dautre mot que celui quils rptent.Les tournures ngatives soulignent limpuissance de la parole permettre ltablissement dun dialogue.

La mconnaissance de la langue suscite des ractions ou des interprtations qui entretiennent la mconnaissance de lautre : Lry nentend que du bruit (lexique pjoratif) ; les Indiens se moquent de ceux qui narrivent pas se faire comprendre.

La mconnaissance de la langue impose une dcouverte sensible de lautre, qui permet de le connatre Texte A : avec leur admiration Teh ! Marap-derer, marap-derer , Teh ! , Mair .

Texte B : Trovander parut trs joli .

Texte C : Une langue inconnue se laisse voir plutt quentendre : elle tait colore dinnombrables voyelles, entremles comme dans ce sous-bois de fort vierge, et lon y reconnaissait un relief tourment de consonnes, qui dominaient la mlodie de leur duret abrupte.

Ces textes font entendre la langue trangre en la rapportant au discours direct (textes A et B), ou en la dcrivant (texte C). Les trois textes voquent une interprtation dlments linguistiques qui nont pas de lien avec la connaissance de la dfinition des mots, mais qui relvent de la sensibilit au caractre matriel des mots : le lexique, la ponctuation, disent une perception sensible : Lry peroit lexclamation et ladmiration sous linterjection ; chez Voltaire, trovander est comment par un verbe dtat qualifi par un terme affectif ; le lexique du texte de Rufin tablit des synesthsies, des mtaphores et donne une reprsentation concrte de la langue : lexamen formel de la parole de lautre tablit entre les hommes des relations affectives et souligne la proximit de lautre. ce titre, le caractre insolite de la langue rvle peut-tre lidentit de lautre : le corpus invite mettre en relation les textes de Rufin et celui de Lry, qui sinscrivent dans des circonstances historiques identiques : le discours direct, chez Jean de Lry, fait en effet entendre une langue exotique dont les sonorits sont rvlatrices dune altrit : on peut commenter le retour de la constrictive vibrante [r], qui fait allitration ; le retour des dentales ([t], [d]), qui donnent la langue un caractre hriss, heurt ; les assonances en [a] (voyelle ouverte) font entendre une langue trs sonore ; la rptition de sonorits en [a] et en [e] fait entendre une langue la fois musicale et monotone : on retrouve, dans la description de la langue de lIndien propose par le texte de Rufin, ces mmes couleurs ( dinnombrables voyelles ) et ce mme relief tourment de consonnes qui dominaient la mlodie de leur duret abrupte : lexprience de la langue de lautre, la connaissance sensible de sa langue, est une connaissance de son irrductible altrit, mais aussi de son humanit.

COMMENTAIRE du texte de Voltaire (texte B).ProblmatisationLa narration de ce passage repose sur la mise en scne dune rencontre entre une petite socit bien pensante de Basse-Bretagne et la figure exotique dun bon sauvage dj instruit de la langue du monde occidental. Le passage tablit entre ces personnages un dialogue qui confre la scne sa vivacit, son comique et son romanesque. Mais, derrire la figure de ce bon demi-sauvage dj bien intgr transparat lorientation philosophique du texte, dont le Huron, naf mais perspicace, est linstrument.

Comment le personnage du Huron permet-il Voltaire de porter un regard critique sur une socitpleine de prjugs?Plan dtaill

I. Portrait dun bon sauvage galant homme

Objectif de laxe: dmontrer que le personnage central du Huron est porteur des valeurs dfendues par les LumiresA. Un huron disert et bien duqu : menseigna sa langue ; japprends trs vite ce que je veux apprendre ; mexprimer intelligiblement : dans ma grande jeunesse , en arrivant Plymouth , ds que jai pu : le huron fait le rcit de sa formation : lexique de lapprentissage, niveau de langue soutenu, discours ordonn par un principe chronologique.

B. Une petite socit fascine par un sauvage : Je maperois, monsieur lIngnu, dit le grave bailli, que vous ; Labb de Saint-Yveslui demanda ; Est-il possible ? scria mademoiselle de Kerkabon ; Alors ce fut qui demanderait lIngnu ; Mademoiselle de Kerkabon voulut absolument savoir ; Il revint tout haletant de tendresse et de joie : lingnu suscite la curiosit de tous, quelles que soient leur identit (femmes, hommes) ou leur catgorie sociale ; le questionnement traduit un engouement qui semble tre celui dun enfant dcouvrant un nouveau jouet.

C. Un demi-sauvage, intermdiaire entre le monde sauvage et le monde polic : une critique de la langue : comment on disait en huron ; comment on disait ; comment on disait du tabac taya ; manger, essenten ; faire lamour trovander ; ces mots-l valaient bien les mots franais et anglais qui leur correspondaient ; Trovander parut trs joli tous les convives ; la grammaire huronne ; laquelle des trois langues lui plaisait davantage, la huronne, langlaise ou la franaise : le lexique de lanalyse lexicale traduit une conversation sur la langue ; les interrogatives indirectes, les rponses de lIngnu font de lui un tre instruit qui sait traduire, et, partant, comparer les langues : le lexique apprciatif et lexpression grammaticale de la comparaison servent une confrontation des langues et des civilisations.

II. Satire des prjugs

Objectif de laxe: dmontrer que lingnuit du Huron permet la critique des prjugs A. Bavardage et dfaillances dune socit pleine de ridicules et confine dans lignorance : Labb de Saint-Yves, malgr ce petit avertissement ; Monsieur le prieur, qui avait dans sa bibliothque la grammaire huronne sortit de table un moment pour laller consulter ; Il reconnut lIngnu pour un vrai Huron ; On disputa un peu sur la multiplicit des langues, et on convint que, sans laventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parl franais ; le rvrend pre Sagar-Thodat, rcollet, fameux missionnaire : dfaillance sociale qui ne comprend par les paroles de lautre ; dfaillance comique du jugement de cette socit qui a besoin de livres pour sassurer que le monde existe rellement ; dfaillance mthodologique qui accepte le livre et son garant (un rvrend pre ) comme une autorit plus digne de foi que lvidence : lironie de Voltaire se dploie dans les appositions qui ajoutent des informations sur lidentit du grammairien, et qui traduisent une existence dengagement au service de dieu plutt que de la grammaire ; le missionnaire, dans sa grammaire huronne qui ressemble un lexique, semble toutefois avoir cherch satisfaire des apptits plus sensibles que spirituels ; vain bavardage dune socit qui forge une conviction commune ( on ) en peu de temps ; dfaillance de conclusions qui sont en contradiction avec la curiosit et ladmiration quon a dabord montres.

B. Une figure insolite, masque du philosophe : et il rpondait ; et il rpondait ; ; il lui rpondit ; non sans apparence de raison ; vous parlez mieux franais quil nappartient un Huron ; Un Franais pour qui je conus beaucoup damiti ; je suis venu voir votre pays, parce que jaime assez les Franais : un personnage qui sait rpondre toutes les questions qui lui sont poses, dont la supriorit est rvle par le jugement des autres personnages, par ses actes, et par un commentaire qui peut-tre attribu au narrateur, jouet dun projet philosophique de lauteur. LIngnu apparat comme un personnage cosmopolite et ouvert aux autres.

C. Un huron qui dvoile les travers et renverse les certitudes : un de vos Franais rfugis que vous appelez huguenots, je ne sais pourquoi ; jaime assez les Franais quand ils ne font pas trop de questions. silence de lIngnu pendant tout le dernier paragraphe : un nonc au discours direct dont la modalisation fait entendre la perplexit du huron devant les travers inquisiteurs et les dchirements de la socit franaise, dont les fondements ont des causes religieuses cest au lecteur quil appartient de le dduire du terme huguenot . Une parole qui steint devant la formulation de conclusions fondes sur une argumentation dogmatique ( sans laventure de la tour de Babel, toute la terre aurait parl franais ).

Rponse la problmatique et lments de conclusionParlant sans autre autorit que celle de son bon sens, lIngnu fait clater les prjugs dune socit dont le jugement, form dans la prcipitation et dform par lacceptation dautorits elles-mmes dfaillantes, ne peut que reproduire les erreurs. Le comique et lironie du passage sont les armes qui permettent Voltaire de conduire le lecteur vers linterprtation critique de cet extrait de roman.

DISSERTATIONPensez-vous que le regard pos par la littrature sur le monde et sur les autres permet de se connatre soi-mme ?ProblmatisationLa question de lhomme est au coeur de la littrature, et, en particulier, des genres de largumentation ou de la littrature dide : lcriture qui sy dploie repose sur la collaboration dun style et dune vision, dune esthtique et dune pense : vers quelle connaissance de nous-mmes les genres de largumentation peuvent-ils nous conduire ? Pourquoi nous loignent-ils aussi parfois de nous-mmes ?

Plan dtaill

I. La littrature, qui vhicule le discours et la pense de lautre, nous montre notre vritable visage.A. Le discours qui exprime les grandes souffrances nous montre notre propre coeur.Ex. : Montaigne, dans les Essais, De laffection des pres aux enfants , rapporte les tourments que lui avait confis un pre afflig davoir perdu son fils sans avoir pu lui dire lamour quil lui portait.

B. La littrature argumentative expose les causes de nos actions et nous permet de nous connatre nous-mmes.Ex. : La Rochefoucauld, dans les Rflexions diverses, affirme que lhomme nest pas agrable dans la conversation parce quil ne sait pas couter les autres, et quil ne songe qu parler pour tre cout.

C. la mise en scne de la rencontre avec lautre nous montre notre propre comportement (cruaut, bienveillance, confiance, crainte). Ex. Rufin, dans Rouge Brsil, montre des soldats franais terrifis par la vue dune troupe dIndiens qui les a surpris, et qui, de son ct, se moque de leur dconfiture et de leur frayeur.

II. La littrature dides est aussi linstrument dune vision singulire, trangre nous.A. Elle sert le combat social et politique qui rvle, irrductiblement, les convictions du penseur.Ex. : Les combats du XVIII sicle trouvent leur expression dans les crits de Voltaire (Candide, le Dictionnaire philosophique) qui dnoncent les horreurs de lInquisition et des autodafs.

B. Elle sert la description objective, presque scientifique de lautre.Ex. : Buffon, dans lHistoire naturelle de lhomme, fait de son criture esthtique linstrument dune description ordonne par la dmarche scientifique du naturaliste : il examine ainsi, successivement, rgion par rgion, les Varits dans lespce humaine .

C. Elle sert sa propre fin, divertir.Ex. : La Fontaine, soucieux dinstruire et de plaire, revt lide des voiles de la fiction et retarde ainsi la perception du sens : dans les fables doubles, en particulier, se livrant lexercice virtuose permettant la double illustration dune mme loi, il multiplie les interprtations : La mort et le bcheron et la mort et le malheureux , dont les moralits apparentes sont trs proches, exercent lentendement du lecteur et imposent un dchiffrement minutieux et difficile ; le charme et lart de la variation qui se dploient dans ces rcits entranent le lecteur naturellement sur la pente du plaisir.

III. Elle est en dfinitive un dtour par lautre qui nous ramne nous-mmesA. Les discours, qui peuvent nous prendre parti, nous incitent nous interroger pour nous reconnatreEx. Jean-Jacques Rousseau, dans son discours Sur les femmes, par lironie et la persuasion, invite les hommes poser sur les femmes un regard juste, et se prparer reconnatre chez les femmes une grandeur au moins gale celles des hommes.

B. Son cheminement imite nos hsitations et nos faiblessesEx. : Montaigne, dans ses Essais, affirme que son criture ne suit que la pente de son esprit, qui le conduit parfois ne faire qu effleurer une chose, parfois la pincer jusqu los ; il indique sa volont de se laisser aller ce qui est chez lui une forme matresse : son ignorance . La forme littraire peut donc tre le miroir de la forme de lesprit C. Le dtour par autrui nous invite explorer nos certitudes.Ex. : Montesquieu, dans les Lettres persanes, met en scne deux Persans venus Paris pour y chercher la sagesse. Les moeurs des occidentaux, les dogmes religieux, les caprices de la mode, par exemple suscitent ltonnement des ces observateurs qui entrent chez les Franais pour leur faire la surprise dtre surpris de ce quils font ((Paul Valry, prface aux Lettres persanes, Varits II, 1930).

Rponse la problmatiqueLa littrature dide a le pouvoir dexplorer la conscience de lhomme pour en sentir les mouvements et pour en comprendre les causes. Parfois subordonn un projet ancr dans un temps, dirig par une dmarche personnelle ou m par une intention esthtique, le discours sur le monde ne permet gure au lecteur de sanalyser et de se connatre. Toutefois, la souplesse de lcriture parvient donner aux textes littraires une valeur universelle qui, au-del des intentions singulires dun auteur, nous montre notre propre visage.

CRITURE DINVENTION votre tour, vous entreprenez un voyage qui vous conduit dans une rgion encore inexplore, o des hommes au langage et aux coutumes inconnus vous accueillent. Vous crivez vos amis, rests en France, afin de leur faire part des difficults et des interrogations qua souleves la dcouverte dun monde nouveau et la rencontre de lautre.Critres dvaluation________________________nonciation Un soliloque, concentr sur lexpression dun je : fiction dun je aventurier.

Prise en considration du lecteur : fiction dun tu destinataire.

Ironie, polmique

Verbes de perception, verbes de jugement ; expression de ltonnement.

Noms, adjectifs valuatifs et affectifs.

Mode conditionnel.

Invention Construction dune argumentation.

Recours lexemple : rcit dvnement ; point de vue interne ; souvenirs de lectures.

Discours rapports au discours direct.

Rflexions de nature philosophique.

Cration deffets comiques, pathtiques Disposition : une lettre Notation dun lieu, dun temps, apostrophe au destinataire.

Considrations dordre gnral.

Expos des raisons de la lettre.

Expos des faits.

Formules de cong.

locution Niveau de langue plutt soutenu.

criture mtaphorique.

Expression, syntaxe, orthographe.