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- Corrigé du sujet de type bac n°2 sur la poésie - QUESTION DE CORPUS : (quelques pistes de réponse à développer) Le corpus de poèmes qui nous est proposé conjugue sous des formes variées la figure de l’oiseau, et de ses rapports au poète et à la poésie. Qu’il prenne forme maléfique dans « Les Djinns » de Victor Hugo, symbolique pour Apollinaire ou éphémère dans le poème en prose de Jacottet. Les neuf premières strophes des « Djinns » font figure de coup de force poétique. En effet, on observe qu’à chaque octain (groupe de 8 vers) le nombre de syllabes du vers augmente d’une unité, mis à part le passage des strophes huit et neuf, qui passe de l’octosyllabes au décasyllabe. De « cette salle » où le poète nargue la masse hurlante approchant, il se protège de l’horrible essaim » qui approche strophe après strophe. La clef de la construction formelle du texte réside dans la restitution du mouvement. Le poème est construit à partir de la position du poète enfermé, qui entend grandir le vacarme de ces êtres fabuleux. Plus le bruit augmente, plus le vers s’allonge. « Cris de l’enfer ! voix qui hurle et qui pleure Dans le calligramme « La colombe poignardée et le jet d’eau », la forme et le sens sont étroitement liés. Le dessin formé par la disposition des mots sur la page illustre et confirme le titre, titre qui permet également l’interprétation de la place de certains mots sur le dessin, « et toi » correspondant au coup de poignard. Cependant, la lecture du texte lui-même amène à le considérer comme un poème classique, déformé par le dessin qu’il suggère (le jet d’eau reprend des vers qui riment entre eux, par exemple). Le texte n’est donc pas uniquement là pour illustrer le dessin mais il le dépasse, conservant par là son caractère poétique propre. Avec le poème en prose, la forme du texte semble de prime abord n’entretenir aucun lien avec sa signification puisqu’il n’est plus question de choix dans la disposition des mots sur la page. Cependant, dans ce récit d’une appréhension progressive d’un vol d’étourneaux, la succession de courts paragraphes suit déjà ce mouvement de l’esprit : « Plutôt qu’un nuage, des nuages… Ou à des bannières sombres… » La forme des phrases, étirées, hésitantes, faites d’alternatives qui se contredisent, épouse le mouvement de cette masse ailée « on dirait des fumées » ; c’est à présent au-dessus des collines boisées tout un feu d’artifice de fumées qui tracent des boucles dans le ciel, les ouvrent, les ferment, les resserrent, les dénouent, les emmêlent, qui explosent en grandes ombelles de suie, se perdent au plus haut du ciel en traînées, en cendres ; ou au contraire descendent presque à ras des crêtes, plus bas même ». COMMENTAIRE : Il ne s’agit pas d’un commentaire rédigé mais d’éléments de réponse.

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- Corrigé du sujet de type bac n°2 sur la poésie -

QUESTION DE CORPUS :(quelques pistes de réponse à développer)Le corpus de poèmes qui nous est proposé conjugue sous des formes variées la figure de l’oiseau, et de ses rapports au poète et à la poésie. Qu’il prenne forme maléfique dans « Les Djinns » de Victor Hugo, symbolique pour Apollinaire ou éphémère dans le poème en prose de Jacottet.Les neuf premières strophes des « Djinns » font figure de coup de force poétique. En effet, on observe qu’à chaque octain (groupe de 8 vers) le nombre de syllabes du vers augmente d’une unité, mis à part le passage des strophes huit et neuf, qui passe de l’octosyllabes au décasyllabe. De « cette salle » où le poète nargue la masse hurlante approchant, il se protège de l’horrible essaim » qui approche strophe après strophe. La clef de la construction formelle du texte réside dans la restitution du mouvement.Le poème est construit à partir de la position du poète enfermé, qui entend grandir le vacarme de ces êtres fabuleux. Plus le bruit augmente, plus le vers s’allonge.« Cris de l’enfer ! voix qui hurle et qui pleure ! »Dans le calligramme « La colombe poignardée et le jet d’eau », la forme et le sens sont étroitement liés. Le dessin formé par la disposition des mots sur la page illustre et confirme le titre, titre qui permet également l’interprétation de la place de certains mots sur le dessin, «  et toi » correspondant au coup de poignard. Cependant, la lecture du texte lui-même amène à le considérer comme un poème classique, déformé par le dessin qu’il suggère (le jet d’eau reprend des vers qui riment entre eux, par exemple). Le texte n’est donc pas uniquement là pour illustrer le dessin mais il le dépasse, conservant par là son caractère poétique propre.Avec le poème en prose, la forme du texte semble de prime abord n’entretenir aucun lien avec sa signification puisqu’il n’est plus question de choix dans la disposition des mots sur la page. Cependant, dans ce récit d’une appréhension progressive d’un vol d’étourneaux, la succession de courts paragraphes suit déjà ce mouvement de l’esprit :« Plutôt qu’un nuage, des nuages…Ou à des bannières sombres… »La forme des phrases, étirées, hésitantes, faites d’alternatives qui se contredisent, épouse le mouvement de cette masse ailée« on dirait des fumées » ; c’est à présent au-dessus des collines boisées tout un feu d’artifice de fumées qui tracent des boucles dans le ciel, les ouvrent, les ferment, les resserrent, les dénouent, les emmêlent, qui explosent en grandes ombelles de suie, se perdent au plus haut du ciel en traînées, en cendres ; ou au contraire descendent presque à ras des crêtes, plus bas même ».

COMMENTAIRE :Il ne s’agit pas d’un commentaire rédigé mais d’éléments de réponse.

Apollinaire publie en juillet 1914, dans la revue des Soirées de Paris, ses premiers « idéogrammes lyriques » auxquels il donnera plus tard le nom de Calligrammes. Le recueil paraît en 1918 sous le titre Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916). Comme l’ambition du poète Apollinaire est de revenir à l’idéogramme, signe graphique minimal qui, dans certaines formes d’écriture, constitue un mot ou une notion, l’œil du lecteur doit saisir le calligramme d’un seul regard comme un dessin ou un tableau. Cependant l’exigence de la lecture s’oppose à cette volonté de saisie synthétique. En étudiant ce poème, nous serons amenés à nous interroger sur les liens, explicites ou implicites qui s’instaurent entre l’image et le texte qui la dessine, puis de tenter d’évaluer dans quelle mesure la forme sert la signification du poème.

1er élément à commenter : la lecture du poème :Le titre permet la reconnaissance des motifs. La lecture se fait par l’appréhension successive des deux dessins du poème, sans ordre préétabli, quoique l’œil se porte naturellement d’abord vers la colombe, puis vers le jet d’eau, où le «Ô » est mis en valeur.

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La connaissance du contexte de rédaction permet de pressentir la fonction symbolique du motif de la colombe poignardée (univers de la guerre, symbole de la paix meurtrie).

2ème élément : la colombe- Les mots du titre y sont cachés, mais le sens est déplacé

C’est l’univers intime du poète qui semble déployé ici par la litanie des prénoms féminins, dont l’un est particulièrement mis en valeur : MARIE. C’est leur disparition qui les « poignarde ». Le ton élégiaque d’un temps passé appelant les amours disparues régit l’ensemble de cette ouverture : « Où êtes-vous jeunes filles ».

- Figure de la compagne perdue, Marie Laurencin : elle domine toutes les autres comme une plaie plus profonde rendue par la disposition centrale du coup de poignard le désignant : «et toi ». Cette figure fait le lien entre le motif de la colombe et celui du jet d’eau puisqu’elle évoque à la fois l’univers intime du poète et l’univers artistique, plus présent dans le second motif.

- Extase de la colombe, ambiguë : définie comme un « état dans lequel une personne se trouve comme transportée hors de soi et du monde sensible », elle peut décrire aussi bien un état amoureux que l’approche de la mort. Le titre nous amène à pencher pour la seconde interprétation.

La fin du texte « près d’un jet d’eau qui pleure cette colombe s’extasie » désignerait donc l’ensemble du calligramme, où une colombe blessée vient mourir près d’un jet d’eau.

3° élément : le jet d’eauLe lecteur est amené à en distinguer deux parties, le jet d’eau lui-même, et la source du jet, sorte de fontaine pouvant rappeler la forme d’un œil.

- Le lecteur hésite sur le sens de la lecture, mais la disposition verticale des vers, le sens et la disposition des rimes invitent à considérer chaque partie sur le côté du jet d’eau séparément. De plus, le choix du nombre de vers (14) permet au lecteur de reconstituer un sonnet d’octosyllabes organisé selon un système de rimes complexes. Apollinaire aimait s’appuyer sur des formes classiques pour s’en amuser.

- Thème élégiaque : le temps passé et les amis disparus forment un lien très fort avec le motif de la colombe. Ainsi, au « Où êtes-vous ô jeunes filles » répondent les interrogatives « Où sont-ils Braque et Max Jacob… ». Les occurrences des mots « souvenirs de naguères » et du néologisme « mélancolisent », appartiennent bien au registre élégiaque. L’autre lien manifeste est celui créé par l’image de la mort « peut-être sont-ils morts déjà », qui semble affecter l’ensemble des figures du poème.

- Le registre s’appuie sur l’image des larmes : répétition anaphorique de l’expression « un jet d’eau qui pleure » + motif suggéré par le dessin du jet d’eau, comme autant de pleurs coulant de cette fontaine-œil.

Le monde pleuré par le poète est double  comme le montre la présence de prénoms féminins pour l’amour (la colombe) et de prénoms masculins pour les amis appartenant à l’univers artistique brusquement interrompu par la guerre (le jet d’eau)

4° élément : la fontaine- Partie supérieure : se distingue du jet par sa typographie en majuscule qui rappelle

les titres des coupures de journaux. La phrase a un aspect banal qui évoque une nouvelle lue et qui peut provoquer la tristesse et l’angoisse. « Ceux qui sont partis » = prénoms masculins cités.

- Phrase inférieure : phrase plus poétique= métaphore du laurier qui saigne. Les deux parties de la fontaine se répondent et traduisent une même réalité guerrière avec des langages différents.

- Au centre : octosyllabe qui est une déploration tragique. = désespoir, larmes et donc lyrique.

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CCL : le calligramme s’offre au lecteur dans la multiplicité de ses lectures. Sa richesse réside autant dans sa valeur symbolique que dans les découvertes de la construction du sens à la lecture. Si la notion de forme-sens atteint dans les Calligrammes une dimension nouvelle, c’est parce que le poète ne se contente pas d’une mise en forme calligraphiée ; la structure rappelle la forme du sonnet.

Si l’on devait dégager des axes, ce serait :I. Etude de la structure particulière du calligramme : le rapport forme/ sens.II. Symboliques associées aux formes choisies (colombe…)III. Le registre élégiaque présent dans ce poème.

DISSERTATIONLa poésie est-elle vouée à l’expression des sentiments personnels ?

Analyse   : la question posée sous-entend que le genre poétique serait essentiellement associé au registre lyrique, qui est le registre de l’expression de soi, de ses douleurs, de ses peines comme de l’exaltation et ses variantes. Le registre lyrique est à l’origine du genre, comme le rappelle la figure d’Orphée, poète qui émeut la nature par ses chants et dont la douleur nourrir les plaintes après la mort de sa compagne, Eurydice.

Pbtique   : La poésie ne saurait-elle donc avoir d’autre fonction que celle de l’expression de soi  ? Le poète est-il nécessairement l’objet de son propre poème ? Dans quelle mesure la poésie n’est-elle pas aussi un lieu où le langage peut devenir son propre objet ?

Pour répondre au sujet, il faut faire appel à :- Des poèmes lyriques- Des poèmes engagés- Des poèmes tournés vers le jeu : où le poète s’amuse avec les mots, les formes, sans

vouloir apparemment donner du sens…

PLAN  DIDACTIQUEI. La poésie est, de tradition, vouée à l’expression du sentiment (THESE)

a) Origine du genre : lyrisme avec la lyreb) Origine : tradition de la poésie célébrative (célébration événement…)c) Forme de l’élégie.d) Célèbre et définit le poète et la poésie.

II. Elle est devenue, depuis le XVI°, un moyen pour exprimer sa révolte ou son indignation, c’est la poésie engagée (Antithèse)

a) Dénoncer la violence de la guerre : Les Tragiques de D’Aubignéb) Un engagement politique : V. Hugo, Les Châtimentsc) La poésie engagée au XX°s : la poésie de la Résistance lors de II guerre mondiale.

III La poésie est parfois un champ d’expérimentation des possibilités du langage (jeux….)a) Formes ludiques (jeux) : réécritures de La Cigale et la Fourmib) Poésie comme jeux sur les mots, les sons et les sens : R. Desnos….