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Comment l’envie est-elle nĂ©e d’adapter pour l’écran votre propre ro- man graphique ? Au dĂ©part, Laurent Boileau m’a contactĂ© pour savoir si j’avais fait le fameux voyage en CorĂ©e que j’évoque Ă  la ïŹn du premier tome de Couleur de peau : Miel, Je lui ai dit que je ne l’avais pas encore eïŹ€ectuĂ© et il m’a demandĂ© si j’accepterais de partir lĂ -bas avec lui dans le cadre d’un documentaire pour la tĂ©lĂ©vision. Chemin faisant, le projet a Ă©voluĂ© et on nous a suggĂ©rĂ© d’en faire plutĂŽt un long mĂ©trage pour le cinĂ©ma : en rĂ©alitĂ©, il existait dĂ©jĂ  beaucoup de documentaires mettant en scĂšne des CorĂ©ens adoptĂ©s recherchant leurs origines et ce sujet n’intĂ©ressait personne du cĂŽtĂ© des chaĂźnes
 La question s’est donc posĂ©e de la maniĂšre d’entreprendre la transposition du livre : en prises de vues rĂ©elles ou en animation ? Le rĂ©ïŹ‚exe naturel est d’adapter une bande dessinĂ©e en animation et un pre- mier teaser, rĂ©alisĂ© pour voir si mon dessin Ă©tait adaptable, m’a convaincu : je retrouvais mes personnages, qui Ă©taient vĂ©ritablement incarnĂ©s. Comment s’est dĂ©ïŹnie la forme hybride de cette adaptation ? Je ne voulais pas d’une adaptation littĂ©rale de la bande dessinĂ©e, dont la narration est “en dents de scie” : on y passe du burlesque Ă  un registre dramatique, avec des Ă©lĂ©ments plus historiques, et il y a diïŹ€Ă©rents niveaux de lecture diïŹƒcilement transposables au cinĂ©ma. Par contre, il me semblait intĂ©ressant d’utiliser la mĂ©taphore, par le graphisme, pour exprimer des choses plus symboliques. Je tenais beaucoup Ă  ce que toutes les sĂ©quences oniriques du ïŹlm soient en animation traditionnelle en 2D, comme dans la sĂ©quence de la “pomme pourrie”, que l’on voit tomber dans le seau
 Cet Ă©pisode s’appuie-t-il sur une rĂ©ïŹ‚exion maternelle vĂ©ridique ? Oui, je suis parti de quelque chose de factuel : ma mĂšre me l’a eïŹ€ective- ment dit et ce n’est pas Ă©vident de l’entendre en Ă©tant adopté  Si nous nous sommes permis certaines libertĂ©s, c’est seulement au niveau de la chronologie : la sĂ©quence dans le supermarchĂ©, avec ma sƓur, s’est dĂ©rou- lĂ©e bien plus tard, mais les choses se sont bien passĂ©es ainsi ! Je n’ai pas inventĂ© grand-chose, mĂȘme pour les besoins de la dramaturgie. C’est donc plus un ïŹlm autobiographique qu’un documentaire
 Aviez-vous l’idĂ©e a priori d’utiliser vos ïŹlms de famille ? C’est durant la phase de prĂ©paration qu’on a rĂ©cupĂ©rĂ© les bandes en Super 8 et on s’est dit qu’il fallait les utiliser, puisque notre dĂ©marche Ă©tait autobiographique. C’était une histoire vraie et cela la nourrissait : l’évocation des souvenirs du narrateur passait par les sĂ©quences animĂ©es, mais aussi par les images de famille en Super 8. Un tel mĂ©lange des genres n’est pas Ă©vident Ă  apprĂ©hender au niveau du montage, oĂč l’on passe de l’animation 3D Ă  l’animation 2D, en passant par des prises de vues rĂ©elles, du Super 8 et des archives historiques. Ces archives ancrent-elles votre histoire personnelle dans la grande Histoire ? Oui, c’est ce que je souhaitais. C’est vers huit ou neuf ans que je me suis posĂ© des questions par rapport Ă  mon adoption et que je me suis deman- dĂ© pourquoi la CorĂ©e, mon pays d’origine, m’avait abandonné  C’est comme si ma vie avait commencĂ© dans ce petit bois, lorsque je joue Ă  Guillaume Tell avec mes sƓurs. J’étais alors complĂštement intĂ©grĂ©, mais lorsque je regardais dans un miroir, je voyais un Asiatique ! Dans ma petite ville, il y avait beaucoup d’autres CorĂ©ens adoptĂ©s et quand je les croisais, je changeais de trottoir car ils me renvoyaient Ă  ma propre image et Ă  mon sentiment d’avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©. L’abandon, je l’ai vĂ©cu comme une disgrĂące, une honte
 Ma pĂ©riode de rejet a durĂ© trĂšs longtemps et j’ai fait un transfert, un report d’aïŹ€ectivitĂ© vers la culture japonaise. L’idĂ©e me plaisait, car le Japon Ă©tait l’ennemi de la CorĂ©e et j’avais l’impression de me venger. C’était le dĂ©but d’une vĂ©ritable quĂȘte identitaire. Votre façon de reprĂ©senter la CorĂ©e avant votre adoption est donc imaginaire ? J’avais tout de mĂȘme des rĂ©miniscences, je faisais des cauchemars quand je suis arrivĂ© et je les ai reconstituĂ©s dans une sĂ©quence du ïŹlm. J’avais le souvenir d’un pavillon avec un toit trĂšs traditionnel et en faisant des recherches pour le ïŹlm, on a trouvĂ© des photos de l’orphelinat tel qu’il Ă©tait dans les annĂ©es 70 et je l’ai reconnu ! J’ai essayĂ© de transposer dans le ïŹlm ces bribes de souvenirs, ces â€œïŹ‚ashs”. Alors que votre bande dessinĂ©e est en noir et blanc, comment avez-vous envisagĂ© l’utilisation de la couleur ? Le livre avait Ă©tĂ© fait en traditionnel, en encre de Chine diluĂ©e. Pour le ïŹlm, je voulais garder des matiĂšres aquarellĂ©es et les textures de la bande dessinĂ©e. En rencontrant Olivier May, je lui ai fait part de ces envies artistiques au niveau de la colorimĂ©trie du ïŹlm. C’était un choix radical : faire un ïŹlm en couleur, certes, mais avec une dominante d’ocres et de gris, Ă©ventuellement bleutĂ©s, donc selon une gamme de couleurs trĂšs restreinte. Pourquoi n’avoir pas assurĂ© vous-mĂȘme la narration en voix oïŹ€Â ? J’ai essayĂ©, mais je ne suis pas comĂ©dien et je me suis trouvĂ© pas bon du tout ! On me voit dans ce qu’on a ïŹlmĂ© en CorĂ©e, mais partir lĂ -bas avec un gros dispositif, des techniciens et de la machinerie n’était pas une bonne idĂ©e : on aurait dĂ» y aller camĂ©ra Ă  l’épaule et surtout, j’aurais dĂ» faire ce premier voyage avec ma famille
 Le ïŹlm aborde les thĂ©matiques de l’identitĂ© et ce n’est pas parce qu’on retourne dans son pays natal que l’on trouve des rĂ©ponses Ă  toutes ses questions. La quĂȘte identitaire passe pour moi d’abord par le voyage intĂ©rieur et se dĂ©termine aussi Ă  travers ce que l’on fait de la vie, ses actions et la famille qu’on se construit
 Je retournerai en CorĂ©e avec eux. L’adoption n’est donc pas le motif central du ïŹlm ? Ce n’est que le point de dĂ©part du ïŹlm, mais pour mieux partir sur autre chose. Les thĂ©matiques que je peux ainsi dĂ©velopper m’intĂ©ressent plus et elles sont universelles. Un ÉrythrĂ©en m’a contactĂ© en me disant qu’il avait Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© par le roman graphique, j’ai Ă©tĂ© Ă©mu qu’il puisse se retrouver dans mon histoire, alors qu’il n’est pas corĂ©en ! C’est aussi un “rĂ©cit miroir” pour pas mal de gens. Que retenez-vous de cette premiĂšre expĂ©rience avec le cinĂ©ma ? Mener Ă  bien ce ïŹlm a Ă©tĂ© compliquĂ© et trĂšs Ă©prouvant, et pas seulement sur le plan technique. Quand je fais de la BD, je suis seul devant ma feuille de dessin et je dĂ©cide de tout. Au cinĂ©ma, on n’est pas seul et le dispositif est parfois trĂšs lourd. Ceci dit, si on est assez clair sur ce qu’on veut, on arrive facilement Ă  communiquer les lignes directrices et je n’ai eu aucun souci avec les Ă©quipes techniques, qui se sont mises au service d’une vision. Mais il y a eu plusieurs montages, des tests qui ont fait Ă©voluer le ïŹlm et au ïŹnal, j’en suis satisfait ! Mais il aura fallu que je sois prĂ©sent Ă  toutes les Ă©tapes de la fabrication, particuliĂšrement sur la postproduction et le montage, pour maintenir le guidon dans la bonne direction. Quels sont dĂ©sormais vos projets ? Je veux d’abord ïŹnir le tome 3 de Couleur de peau : Miel et le tome 2 de Kyoteru, que j’ai dĂ» mettre de cĂŽtĂ© pour travailler sur ce ïŹlm, ce qui m’a pris quatre ans
 Mais le cinĂ©ma reste un mĂ©dium qui m’intĂ©resse et me fascine. Et j’en referai sans doute, mĂȘme si je suis d’abord un auteur de bandes dessinĂ©es. Je travaille sur un autre projet de ïŹlm, qui est au stade de l’écriture, et j’ai envie de continuer dans les deux domaines. Rencontre avec Jung Le point de vue d’Olivier May, crĂ©ateur des dĂ©cors NoĂ«l MamĂšre a toujours accueilli avec bonheur les tournages de ïŹlms dans sa ville de BĂšgles. Depuis l’émergence en 2004 de “Terres Neuves la Tribu”, ces derniers ont fortement augmentĂ©. Avec l’arrivĂ©e d’ÉCLA en 2009 sur le site, la complicitĂ© s’est installĂ©e entre les diïŹ€Ă©rents acteurs. Alors, quand le directeur d’ÉCLA, Patrick Volpilhac, a Ă©crit Ă  NoĂ«l MamĂšre pour lui de- mander s’il Ă©tait possible de prendre en rĂ©sidence un auteur aïŹn qu’il rĂ©alise un long mĂ©trage d’animation, le Maire, sans hĂ©sitation, a chargĂ© la SAEMCIB, amĂ©na- geur-dĂ©veloppeur du site, de l’aider dans cette dĂ©marche. Le temps de rĂ©sidence devait durer six mois
 Finalement, la “nidiïŹcation” a durĂ© deux ans Dans une petite maison, Jung a fait d’une chambre tapissĂ©e de papier rose, vue sur les arbres
 son bureau ! Il a dĂ» bien se sentir dans cet endroit et le rĂ©sultat de son travail est
 Ă©blouissant ! Ville de BĂšgles et SAEMCIB, nous sommes ïŹers d’avoir participĂ©, soutenu et travaillĂ© en synergie avec le Conseil RĂ©gional, via ÉCLA, pour l’aboutissement de ce beau projet devenu rĂ©alitĂ©. Il voit le jour, dans les salles de cinĂ©ma Ă  partir du 6 juin. Rosa Maria Ramos Couleur de peau : Miel, ou l’histoire d’une belle aventure
 MosaĂŻque Films cherchait une technique particuliĂšre pour ce ïŹlm puisque Jung, qui est avant tout auteur de bandes dessinĂ©es, travaille de façon traditionnelle. Sa mĂ©thode est simple : crayon, papier, pinceau
 Il fallait donc trouver la façon de l’associer au support informatique. Je suis alors arrivĂ© sur le projet et suis parti Ă  Bordeaux pour travailler avec Jung et dĂ©ïŹnir avec lui la technique la mieux adaptĂ©e Ă  son ïŹlm. Au dĂ©part, Jung Ă©tait plutĂŽt rĂ©ticent Ă  l’outil informatique. Il avait peur que ses dessins soient dĂ©naturĂ©s, qu’une production de cinĂ©ma soit synonyme d’eïŹ€ets spĂ©ciaux qui seraient une catastrophe pour son style graphique. Il ne se situe pas dans l’entertainment et je l’ai rassurĂ© en lui disant d’emblĂ©e que j’étais aussi illustrateur Ă  la base et que je travaillais depuis vingt ans dans le traditionnel. Je comprenais ses rĂ©serves et on s’est trĂšs bien entendus. Je suis parti de l’idĂ©e de s’appuyer sur les documents papier et de mĂ©lan- ger les deux techniques, traditionnelle et informatique. On a imaginĂ© des outils propres Ă  ce ïŹlm, avec la crĂ©ation d’une banque de documents papier et de textures traditionnelles, d’ombres, de hachures, de grains, d’aquarelles, de taches, etc. superposĂ©es ensuite par l’utilisation de logiciels comme Photoshop et on a rĂ©ussi Ă  obtenir ce rendu spĂ©ciïŹque, sur lequel il est trĂšs diïŹƒcile de deviner si c’est du papier ou de l’informa- tique
 C’est un travail qui n’est pas Ă©vident, car on passe Ă©normĂ©ment de temps Ă  mettre en place les matiĂšres, mais ça vaut le coup : j’adore cette sensation d’oubli de la technique. Jung Ă©tait perplexe au dĂ©part, mais Ă  partir du story-board, j’ai fait beau- coup d’essais et de tests, et au bout de trois jours, il Ă©tait convaincu. Ensuite, l’équipe qui a Ă©tĂ© montĂ©e pour dĂ©velopper le ïŹlm a suivi prĂ©ci- sĂ©ment cet ordre des choses Ă©tabli avec Jung. Et une grande amitiĂ© est nĂ©e entre nous sur cette aventure
 Rencontre avec THOMAS SCHMITT Producteur – MosaĂŻque Films Comment avez-vous pris connaissance du projet de Jung ? Laurent Boileau avait lu le roman graphique de Jung et travaillait pour nous sur des projets d’entretiens avec des auteurs de bandes dessinĂ©es, pour France TĂ©lĂ©visions (nous avions aussi fait ensemble un portrait de Franquin pour la RTBF et France 5). Il avait rencontrĂ© Jung et projetait de faire un documentaire en raccompagnant Jung en CorĂ©e. Puis petit Ă  petit, leurs liens ont fait Ă©merger un projet dans lequel il y avait deux tiers de documentaire et un tiers d’animation, qui a Ă©voluĂ©, pour ïŹnir, Ă  4/5e d’animation ! Un ïŹlm hybride, mĂȘlant diïŹ€Ă©rents types d’image, est-il diïŹƒcile Ă  monter ? Par rapport Ă  ce mĂ©lange de documentaire et d’animation, j’ai vite pensĂ© qu’il fallait envisager de faire un long mĂ©trage de cinĂ©ma. Jung et Laurent Boileau Ă©taient ravis de se lancer dans une telle aventure et ce qui a dĂ©clenchĂ© la faisabilitĂ© du projet est l’intĂ©rĂȘt manifestĂ© par une distributrice belge, puis un producteur belge, Patrick Quinet d’ArtĂ©mis, dĂšs le dĂ©part, sur la base d’un pilote et d’un synopsis. En France, France 3 CinĂ©ma a donnĂ© son accord avant qu’on obtienne, trĂšs rapidement, l’Avance sur recettes. La premiĂšre RĂ©gion acceptant de s’engager sur le projet a Ă©tĂ© l’Aquitaine, ce qui a Ă©tĂ© important, puisque cinq autres rĂ©gions françaises nous ont alors rejoints ! Cet engagement massif de collectivitĂ©s locales n’est guĂšre frĂ©quent
 C’est trĂšs rare, mais c’est liĂ© Ă  la possibilitĂ© que le ïŹlm puisse ĂȘtre fabriquĂ© en divers endroits, en fonction des Ă©tapes successives. Ce qui nous intĂ©ressait n’était pas d’investir un studio d’animation en un lieu unique, oĂč on ne pourrait pas choisir nos graphistes. Au contraire, on a montĂ© une sorte de studio virtuel, avec diïŹ€Ă©rents mini studios un peu partout en France, en Belgique et en Suisse. S’installer Ă  Bordeaux Ă©tait assez Ă©vident, puisque Jung y vit depuis plusieurs annĂ©es. C’est lĂ  qu’il a dessinĂ© les deux tomes de Couleur de peau : Miel. Un atelier a donc Ă©tĂ© entiĂšrement consacrĂ© au ïŹlm, Ă  BĂšgles, et Jung y a travaillĂ© tous les dessins de rĂ©fĂ©rence : les personnages, les dĂ©cors, les couleurs, les textures, etc. On peut dire que la conception graphique du ïŹlm s’est faite lĂ . Quel a Ă©tĂ© le budget du ïŹlm ? Quand on dĂ©cide de faire un ïŹlm pour le cinĂ©ma, les enjeux ïŹnanciers sont plus importants. Ce ïŹlm s’appuie, malgrĂ© tous les partenaires, sur un budget trĂšs juste, Ă  hauteur de quatre millions d’euros, alors qu’un ïŹlm comme PersĂ©polis en Ă©tait Ă  six et Le Chat du rabbin Ă  vingt-cinq ! Mais notre pratique du documentaire et son Ă©tat d’esprit nous a permis de le mener Ă  bien dans cette Ă©conomie raisonnable. Et le ïŹlm a Ă©tĂ© fabriquĂ© sur un an et demi, ce qui trĂšs rapide pour un ïŹlm d’animation ! Comment ĂȘtes-vous intervenu durant les diïŹ€Ă©rentes Ă©tapes de la fabrication du ïŹlm ? Avec Patrick Quinet, nous avons beaucoup accompagnĂ© le ïŹlm, Ă  chaque Ă©tape, parce qu’il fallait trouver la bonne forme, faire naĂźtre une empathie envers les personnages, c’était trĂšs important. N’ayant pas toutes les compĂ©tences techniques nĂ©cessaires, notre directeur artistique Jean-Jacques Lonni a Ă©tĂ© une cheville ouvriĂšre, au carrefour de tout, pour pouvoir nous orienter vers les bonnes dĂ©cisions. En animation, tel ou tel choix artistique a immĂ©diatement des consĂ©quences techniques et Ă©conomiques importantes et il faut ĂȘtre trĂšs clairvoyant. Ce ïŹlm est relativement collectif dans la maniĂšre dont il a Ă©tĂ© fabriquĂ©, mĂȘme si son point de vue est Ă©minemment subjectif, puisque c’est celui de Jung
 Liste technique RĂ©alisation JUNG, Laurent BOILEAU Auteur graphique JUNG Storyboardeur Alexis MADRID Direction artistique et technique Jean-Jacques LONNI Assistants rĂ©alisateurs ierry CZAJKO, Sanghoon LEE (CorĂ©e) Musique originale Siegfried CANTO Musique originale et interprĂ©tation LITTLE COMET Supervision design personnages Éric BRICHE Supervision modeling Samuel CHAUVIN Supervision modeling / set-up (ïŹgurants) Olivier DRUART Conception et supervision des dĂ©cors couleurs Olivier MAY Supervision lay out dĂ©cors AgnĂšs JON DE COUPIGNY Supervision des designs des props 3D Olivier AUQUIER Supervision animation 3D Christophe DEVAUX EïŹ€ets spĂ©ciaux 3D JoĂ«l BAZSALICZA Conception et supervision du compositing et rendu 3D Mauro Carraro – Émilien Davaud Supervision animation 2D Zoltan HORVATH Supervision bancs-titres animĂ©s 2D Cyril RENAUDIN Directeur de la photographie vues rĂ©elles Remon FROMONT 1er assistante image vues rĂ©elles Anne-Françoise BERSOU IngĂ©nieur du son vues rĂ©elles Dan VANBEVER Chef monteur Ewin RYCKAERT Conformation et Ă©talonnage MichaĂ«l CINQUIN Bruitage Philippe VAN LEER Montage son Quentin COLLETTE, Matthieu MICHAUX Mixage Philippe CHARBONNEL Producteurs omas SCHMITT, Patrick QUINET Producteurs associĂ©s Sibylle SEYS-SMET, Arlette ZYLBERBERG, Jean VERCOUTÈRE, Nicolas BURLET, Nicolas PICCATO, Jean-Luc DESMOND Une production MosaĂŻque Films, ArtĂ©mis Productions / En coproduction avec France 3 CinĂ©ma, RTBF (TĂ©lĂ©vision belge), Panda Media, Nadasdy Film, Radio TĂ©lĂ©vision Suisse, Belgacom / En association avec Tax Shelter Films Funding, Casa Kafka Pictures, Casa Kafka Pictures Movie Tax Shelter empowered by BelïŹus / Avec la participation de France TĂ©lĂ©visions, du Centre national du cinĂ©ma et de l’image animĂ©e et le soutien du Fonds Images de la diversitĂ© / Produit avec l’aide du Centre du CinĂ©ma et de l’Audiovisuel de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles et de VOO / Avec le soutien de la Wallonie et du Tax-Shelter du Gouvernement fĂ©dĂ©ral de Belgique / Avec le soutien de la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, de la RĂ©gion Poitou-Charentes, du dĂ©partement de la Charente, dans le cadre du PĂŽle Image Magelis, de la RĂ©gion Alsace, de la CommunautĂ© urbaine de Strasbourg, de la RĂ©gion Aquitaine, de la RĂ©gion Lorraine / en partenariat avec le CNC / Et le soutien de la RĂ©gion Champagne- Ardenne / DĂ©veloppĂ© avec le soutien de Media et de l’Angoa. France – 2012 – 1h15 – Couleur – Format 1.85 – Son : Dolby SRD – Visa n°126 255 Distribution France GEBEKA FILMS Ventes internationales WIDE MANAGEMENT TĂ©l. : 01 53 95 04 64 / www.widemanagement.com contacts ÉCLA Aquitaine [email protected] // [email protected] // [email protected] // http://ecla.aquitaine.fr JUNG Jung est nĂ© le 2 dĂ©cembre 1965 Ă  SĂ©oul, en CorĂ©e du Sud. AdoptĂ© par une famille belge en 1971, il prend le nom de Jung Henin. Il suit des Ă©tudes d’HumanitĂ©s Clas- siques (latin et mathĂ©matiques), avant d’étudier Ă  l’AcadĂ©- mie des Beaux-arts de Bruxelles, en section “illustration”. ParallĂšlement, il fait un bref passage dans la section “dessin animĂ©â€ Ă  la Cambre. C’est en 1987 que sa carriĂšre prend un tournant dĂ©cisif, puisqu’il intĂšgre le magazine “Spirou”. Il travaille alors quelques mois dans l’atelier d’Yslaire et publie en 1991 le pre- mier des quatre tomes de Yasuda. Suivra en 1997 La Jeune ïŹlle et le vent, sĂ©rie d’heroĂŻc-fantasy dont l’univers asiatique est un retour Ă  ses origines corĂ©ennes. En 2001, il publie avec Jee-Yun KwaĂŻdan, une nouvelle sĂ©rie en trois tomes, inspirĂ©e par un conte japonais. En 2006, toujours en collaboration avec Jee- Yun, il publie Okiya, un conte Ă©rotique nippon. Lepremiervolumedelatrilogie Couleurdepeau:Miel sortenlibrairie en 2007. AprĂšs quelques allers-retours entre la Belgique et la aĂŻlande, Jung dĂ©cide de poser ses valises en France. Bandes dessinĂ©es : Yasuda (1991-1995, Ă©ditions HĂ©lyode), La Jeune ïŹlle et le vent (1997-1999, Ă©ditions Delcourt), Okiya (2006, Ă©ditions Delcourt), KwaĂŻdan (2001-2008, Ă©di- tions Delcourt), Couleur de peau : Miel (depuis 2007, Ă©di- tions Quadrants), Kyoteru (depuis 2008, Ă©ditions Delcourt), FrĂŽlements (2009, Ă©ditions Paquet). Couleur de peau : Miel Un ïŹlm de Jung et Laurent Boileau sortie le 6 juin 2012 Synopsis Ils sont 200 000 enfants corĂ©ens dissĂ©minĂ©s Ă  travers le monde depuis la ïŹn de la guerre de CorĂ©e. NĂ© en 1965 Ă  SĂ©oul et adoptĂ© en 1971 par une famille belge, Jung est l’un d’entre eux. AdaptĂ© du roman graphique Couleur de peau : Miel, le ïŹlm revient sur quelques moments clĂ©s de la vie de Jung : l’orphelinat, l’arrivĂ©e en Belgique, la vie de famille, l’adolescence diïŹƒcile... Il nous raconte les Ă©vĂ©nements qui l’ont conduit Ă  accepter ses mixitĂ©s. Le dĂ©racinement, l’identitĂ©, l’intĂ©gration, l’amour maternel, tout comme la famille recomposĂ©e et mĂ©tissĂ©e, sont autant de thĂšmes abordĂ©s avec poĂ©sie, humour et Ă©motion... ÉCLA Aquitaine prĂ©sente ÉCLA Aquitaine, en partenariat avec l’ACPA (Association des CinĂ©mas de ProximitĂ© d’Aquitaine), accompagne la tournĂ©e promotionnelle du ïŹlm sur le territoire aquitain avec l’organisation d’avant-premiĂšres et de projections professionnelles Ă  destination des exploitants aquitains. (c) StĂ©phane HervĂ© LAURENT BOILEAU Laurent Boileau, quarante-trois ans, a travaillĂ© pendant dix ans comme chef opĂ©rateur puis comme chef monteur sur de nombreux documentaires pour la tĂ©lĂ©vision. En 1999, il passe Ă  la rĂ©alisation. Il travaille bientĂŽt avec MosaĂŻque Films et sa passion pour la bande dessinĂ©e et les arts graphiques l’amĂšne Ă  rĂ©aliser plusieurs ïŹlms sur le “neuviĂšme art”, notamment Les artisans de l’imaginaire (2004), Spirou, une re- naissance (2004), Franquin, Gaston et compagnie (2005) et Sokal, l’art du beau (2007). ParallĂšlement Ă  son mĂ©tier de rĂ©alisateur, Laurent Boileau est chroniqueur BD sur internet.

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Page 1: Couleur de peau : Miel - Le Club de Techno

Comment l’envie est-elle nĂ©e d’adapter pour l’écran votre propre ro-man graphique ?Au dĂ©part, Laurent Boileau m’a contactĂ© pour savoir si j’avais fait le fameux voyage en CorĂ©e que j’évoque Ă  la fin du premier tome de Couleur de peau : Miel, Je lui ai dit que je ne l’avais pas encore effectuĂ© et il m’a demandĂ© si j’accepterais de partir lĂ -bas avec lui dans le cadre d’un documentaire pour la tĂ©lĂ©vision. Chemin faisant, le projet a Ă©voluĂ© et on nous a suggĂ©rĂ© d’en faire plutĂŽt un long mĂ©trage pour le cinĂ©ma : en rĂ©alitĂ©, il existait dĂ©jĂ  beaucoup de documentaires mettant en scĂšne des CorĂ©ens adoptĂ©s recherchant leurs origines et ce sujet n’intĂ©ressait personne du cĂŽtĂ© des chaĂźnes
 La question s’est donc posĂ©e de la maniĂšre d’entreprendre la transposition du livre  : en prises de vues rĂ©elles ou en animation  ? Le rĂ©flexe naturel est d’adapter une bande dessinĂ©e en animation et un pre-mier teaser, rĂ©alisĂ© pour voir si mon dessin Ă©tait adaptable, m’a convaincu : je retrouvais mes personnages, qui Ă©taient vĂ©ritablement incarnĂ©s.

Comment s’est dĂ©finie la forme hybride de cette adaptation ?Je ne voulais pas d’une adaptation littĂ©rale de la bande dessinĂ©e, dont la narration est “en dents de scie”  : on y passe du burlesque Ă  un registre dramatique, avec des Ă©lĂ©ments plus historiques, et il y a diffĂ©rents niveaux de lecture difficilement transposables au cinĂ©ma. Par contre, il me semblait intĂ©ressant d’utiliser la mĂ©taphore, par le graphisme, pour exprimer des choses plus symboliques. Je tenais beaucoup Ă  ce que toutes les sĂ©quences oniriques du film soient en animation traditionnelle en 2D, comme dans la sĂ©quence de la “pomme pourrie”, que l’on voit tomber dans le seau


Cet Ă©pisode s’appuie-t-il sur une rĂ©flexion maternelle vĂ©ridique ? Oui, je suis parti de quelque chose de factuel : ma mĂšre me l’a effective-ment dit et ce n’est pas Ă©vident de l’entendre en Ă©tant adopté  Si nous nous sommes permis certaines libertĂ©s, c’est seulement au niveau de la chronologie : la sĂ©quence dans le supermarchĂ©, avec ma sƓur, s’est dĂ©rou-lĂ©e bien plus tard, mais les choses se sont bien passĂ©es ainsi  ! Je n’ai pas inventĂ© grand-chose, mĂȘme pour les besoins de la dramaturgie. C’est donc plus un film autobiographique qu’un documentaire


Aviez-vous l’idĂ©e a priori d’utiliser vos films de famille ?C’est durant la phase de prĂ©paration qu’on a rĂ©cupĂ©rĂ© les bandes en Super 8 et on s’est dit qu’il fallait les utiliser, puisque notre dĂ©marche Ă©tait autobiographique. C’était une histoire vraie et cela la nourrissait  : l’évocation des souvenirs du narrateur passait par les sĂ©quences animĂ©es, mais aussi par les images de famille en Super 8. Un tel mĂ©lange des genres n’est pas Ă©vident Ă  apprĂ©hender au niveau du montage, oĂč l’on passe de l’animation 3D Ă  l’animation 2D, en passant par des prises de vues rĂ©elles, du Super 8 et des archives historiques.

Ces archives ancrent-elles votre histoire personnelle dans la grande Histoire ?Oui, c’est ce que je souhaitais. C’est vers huit ou neuf ans que je me suis posĂ© des questions par rapport Ă  mon adoption et que je me suis deman-dĂ© pourquoi la CorĂ©e, mon pays d’origine, m’avait abandonné  C’est comme si ma vie avait commencĂ© dans ce petit bois, lorsque je joue Ă  Guillaume Tell avec mes sƓurs. J’étais alors complĂštement intĂ©grĂ©, mais lorsque je regardais dans un miroir, je voyais un Asiatique ! Dans ma petite ville, il y avait beaucoup d’autres CorĂ©ens adoptĂ©s et quand je les croisais, je changeais de trottoir car ils me renvoyaient Ă  ma propre image et Ă  mon sentiment d’avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©. L’abandon, je l’ai vĂ©cu comme une disgrĂące, une honte
 Ma pĂ©riode de rejet a durĂ© trĂšs longtemps et j’ai fait un transfert, un report d’affectivitĂ© vers la culture japonaise. L’idĂ©e me plaisait, car le Japon Ă©tait l’ennemi de la CorĂ©e et j’avais l’impression de me venger. C’était le dĂ©but d’une vĂ©ritable quĂȘte identitaire.

Votre façon de reprĂ©senter la CorĂ©e avant votre adoption est donc imaginaire ?J’avais tout de mĂȘme des rĂ©miniscences, je faisais des cauchemars quand je suis arrivĂ© et je les ai reconstituĂ©s dans une sĂ©quence du film. J’avais le souvenir d’un pavillon avec un toit trĂšs traditionnel et en faisant des recherches pour le film, on a trouvĂ© des photos de l’orphelinat tel qu’il Ă©tait dans les annĂ©es 70 et je l’ai reconnu ! J’ai essayĂ© de transposer dans le film ces bribes de souvenirs, ces “flashs”.

Alors que votre bande dessinĂ©e est en noir et blanc, comment avez-vous envisagĂ© l’utilisation de la couleur ?Le livre avait Ă©tĂ© fait en traditionnel, en encre de Chine diluĂ©e. Pour le film, je voulais garder des matiĂšres aquarellĂ©es et les textures de la bande dessinĂ©e. En rencontrant Olivier May, je lui ai fait part de ces envies artistiques au niveau de la colorimĂ©trie du film. C’était un choix radical : faire un film en couleur, certes, mais avec une dominante d’ocres et de gris, Ă©ventuellement bleutĂ©s, donc selon une gamme de couleurs trĂšs restreinte.

Pourquoi n’avoir pas assurĂ© vous-mĂȘme la narration en voix off ?J’ai essayĂ©, mais je ne suis pas comĂ©dien et je me suis trouvĂ© pas bon du tout ! On me voit dans ce qu’on a filmĂ© en CorĂ©e, mais partir lĂ -bas avec un gros dispositif, des techniciens et de la machinerie n’était pas une bonne idĂ©e : on aurait dĂ» y aller camĂ©ra Ă  l’épaule et surtout, j’aurais dĂ» faire ce premier voyage avec ma famille
 Le film aborde les thĂ©matiques de l’identitĂ© et ce n’est pas parce qu’on retourne dans son pays natal que l’on trouve des rĂ©ponses Ă  toutes ses questions. La quĂȘte identitaire passe pour moi d’abord par le voyage intĂ©rieur et se dĂ©termine aussi Ă  travers ce que l’on fait de la vie, ses actions et la famille qu’on se construit
 Je retournerai en CorĂ©e avec eux.

L’adoption n’est donc pas le motif central du film ?Ce n’est que le point de dĂ©part du film, mais pour mieux partir sur autre chose. Les thĂ©matiques que je peux ainsi dĂ©velopper m’intĂ©ressent plus et elles sont universelles. Un ÉrythrĂ©en m’a contactĂ© en me disant qu’il avait Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© par le roman graphique, j’ai Ă©tĂ© Ă©mu qu’il puisse se retrouver dans mon histoire, alors qu’il n’est pas corĂ©en ! C’est aussi un “rĂ©cit miroir” pour pas mal de gens.

Que retenez-vous de cette premiĂšre expĂ©rience avec le cinĂ©ma ?Mener Ă  bien ce film a Ă©tĂ© compliquĂ© et trĂšs Ă©prouvant, et pas seulement sur le plan technique. Quand je fais de la BD, je suis seul devant ma feuille de dessin et je dĂ©cide de tout. Au cinĂ©ma, on n’est pas seul et le dispositif est parfois trĂšs lourd. Ceci dit, si on est assez clair sur ce qu’on veut, on arrive facilement Ă  communiquer les lignes directrices et je n’ai eu aucun souci avec les Ă©quipes techniques, qui se sont mises au service d’une vision. Mais il y a eu plusieurs montages, des tests qui ont fait Ă©voluer le film et au final, j’en suis satisfait ! Mais il aura fallu que je sois prĂ©sent Ă  toutes les Ă©tapes de la fabrication, particuliĂšrement sur la postproduction et le montage, pour maintenir le guidon dans la bonne direction.

Quels sont dĂ©sormais vos projets ?Je veux d’abord finir le tome 3 de Couleur de peau : Miel et le tome 2 de Kyoteru, que j’ai dĂ» mettre de cĂŽtĂ© pour travailler sur ce film, ce qui m’a pris quatre ans
 Mais le cinĂ©ma reste un mĂ©dium qui m’intĂ©resse et me fascine. Et j’en referai sans doute, mĂȘme si je suis d’abord un auteur de bandes dessinĂ©es. Je travaille sur un autre projet de film, qui est au stade de l’écriture, et j’ai envie de continuer dans les deux domaines.

Rencontre avec Jung Le point de vue d’Olivier May, crĂ©ateur des dĂ©cors

NoĂ«l MamĂšre a toujours accueilli avec bonheur les tournages de films dans sa ville de BĂšgles.Depuis l’émergence en 2004 de “Terres Neuves la Tribu”, ces derniers ont fortement augmentĂ©. Avec l’arrivĂ©e d’ÉCLA en 2009 sur le site, la complicitĂ© s’est installĂ©e entre les diffĂ©rents acteurs. Alors, quand le directeur d’ÉCLA, Patrick Volpilhac, a Ă©crit Ă  NoĂ«l MamĂšre pour lui de-mander s’il Ă©tait possible de prendre en rĂ©sidence un auteur afin qu’il rĂ©alise un long mĂ©trage d’animation, le Maire, sans hĂ©sitation, a chargĂ© la SAEMCIB, amĂ©na-geur-dĂ©veloppeur du site, de l’aider dans cette dĂ©marche. Le temps de rĂ©sidence devait durer six mois
 Finalement, la “nidification” a durĂ© deux ans Dans une petite maison, Jung a fait d’une chambre tapissĂ©e de papier rose, vue sur les arbres
 son bureau ! Il a dĂ» bien se sentir dans cet endroit et le rĂ©sultat de son travail est
 Ă©blouissant !Ville de BĂšgles et SAEMCIB, nous sommes fiers d’avoir participĂ©, soutenu et travaillĂ© en synergie avec le Conseil RĂ©gional, via ÉCLA, pour l’aboutissement de ce beau projet devenu rĂ©alitĂ©. Il voit le jour, dans les salles de cinĂ©ma Ă  partir du 6 juin. Rosa Maria Ramos

Couleur de peau : Miel, ou l’histoired’une belle aventure


MosaĂŻque Films cherchait une technique particuliĂšre pour ce film puisque Jung, qui est avant tout auteur de bandes dessinĂ©es, travaille de façon traditionnelle. Sa mĂ©thode est simple : crayon, papier, pinceau
 Il fallait donc trouver la façon de l’associer au support informatique. Je suis alors arrivĂ© sur le projet et suis parti Ă  Bordeaux pour travailler avec Jung et dĂ©finir avec lui la technique la mieux adaptĂ©e Ă  son film.Au dĂ©part, Jung Ă©tait plutĂŽt rĂ©ticent Ă  l’outil informatique. Il avait peur que ses dessins soient dĂ©naturĂ©s, qu’une production de cinĂ©ma soit synonyme d’effets spĂ©ciaux qui seraient une catastrophe pour son style graphique. Il ne se situe pas dans l’entertainment et je l’ai rassurĂ© en lui disant d’emblĂ©e que j’étais aussi illustrateur Ă  la base et que je travaillais depuis vingt ans dans le traditionnel. Je comprenais ses rĂ©serves et on s’est trĂšs bien entendus.

Je suis parti de l’idĂ©e de s’appuyer sur les documents papier et de mĂ©lan-ger les deux techniques, traditionnelle et informatique. On a imaginĂ© des outils propres Ă  ce film, avec la crĂ©ation d’une banque de documents papier et de textures traditionnelles, d’ombres, de hachures, de grains, d’aquarelles, de taches, etc. superposĂ©es ensuite par l’utilisation de logiciels comme Photoshop et on a rĂ©ussi Ă  obtenir ce rendu spĂ©cifique, sur lequel il est trĂšs difficile de deviner si c’est du papier ou de l’informa-tique
 C’est un travail qui n’est pas Ă©vident, car on passe Ă©normĂ©ment de temps Ă  mettre en place les matiĂšres, mais ça vaut le coup : j’adore cette sensation d’oubli de la technique. Jung Ă©tait perplexe au dĂ©part, mais Ă  partir du story-board, j’ai fait beau-coup d’essais et de tests, et au bout de trois jours, il Ă©tait convaincu. Ensuite, l’équipe qui a Ă©tĂ© montĂ©e pour dĂ©velopper le film a suivi prĂ©ci-sĂ©ment cet ordre des choses Ă©tabli avec Jung. Et une grande amitiĂ© est nĂ©e entre nous sur cette aventure


Rencontre avec THOMAS SCHMITTProducteur – Mosaïque Films

Comment avez-vous pris connaissance du projet de Jung ?Laurent Boileau avait lu le roman graphique de Jung et travaillait pour nous sur des projets d’entretiens avec des auteurs de bandes dessinĂ©es, pour France TĂ©lĂ©visions (nous avions aussi fait ensemble un portrait de Franquin pour la RTBF et France 5). Il avait rencontrĂ© Jung et projetait de faire un documentaire en raccompagnant Jung en CorĂ©e. Puis petit Ă  petit, leurs liens ont fait Ă©merger un projet dans lequel il y avait deux tiers de documentaire et un tiers d’animation, qui a Ă©voluĂ©, pour finir, Ă  4/5e d’animation !

Un film hybride, mĂȘlant diffĂ©rents types d’image, est-il difficile Ă  monter ?Par rapport Ă  ce mĂ©lange de documentaire et d’animation, j’ai vite pensĂ© qu’il fallait envisager de faire un long mĂ©trage de cinĂ©ma. Jung et Laurent Boileau Ă©taient ravis de se lancer dans une telle aventure et ce qui a dĂ©clenchĂ© la faisabilitĂ© du projet est l’intĂ©rĂȘt manifestĂ© par une distributrice belge, puis un producteur belge, Patrick Quinet d’ArtĂ©mis, dĂšs le dĂ©part, sur la base d’un pilote et d’un synopsis. En France, France 3 CinĂ©ma a donnĂ© son accord avant qu’on obtienne, trĂšs rapidement, l’Avance sur recettes. La premiĂšre RĂ©gion acceptant de s’engager sur le projet a Ă©tĂ© l’Aquitaine, ce qui a Ă©tĂ© important, puisque cinq autres rĂ©gions françaises nous ont alors rejoints !

Cet engagement massif de collectivitĂ©s locales n’est guĂšre frĂ©quent
C’est trĂšs rare, mais c’est liĂ© Ă  la possibilitĂ© que le film puisse ĂȘtre fabriquĂ© en divers endroits, en fonction des Ă©tapes successives. Ce qui nous intĂ©ressait n’était pas d’investir un studio d’animation en un lieu unique, oĂč on ne pourrait pas choisir nos graphistes. Au contraire, on a montĂ© une sorte de studio virtuel, avec diffĂ©rents mini studios un peu partout en France, en Belgique et en Suisse.

S’installer Ă  Bordeaux Ă©tait assez Ă©vident, puisque Jung y vit depuis plusieurs annĂ©es. C’est lĂ  qu’il a dessinĂ© les deux tomes de Couleur de peau : Miel. Un atelier a donc Ă©tĂ© entiĂšrement consacrĂ© au film, Ă  BĂšgles, et Jung y a travaillĂ© tous les dessins de rĂ©fĂ©rence : les personnages, les dĂ©cors, les couleurs, les textures, etc. On peut dire que la conception graphique du film s’est faite lĂ .

Quel a Ă©tĂ© le budget du film ?Quand on dĂ©cide de faire un film pour le cinĂ©ma, les enjeux financiers sont plus importants. Ce film s’appuie, malgrĂ© tous les partenaires, sur un budget trĂšs juste, Ă  hauteur de quatre millions d’euros, alors qu’un film comme PersĂ©polis en Ă©tait Ă  six et Le Chat du rabbin Ă  vingt-cinq ! Mais notre pratique du documentaire et son Ă©tat d’esprit nous a permis de le mener Ă  bien dans cette Ă©conomie raisonnable. Et le film a Ă©tĂ© fabriquĂ© sur un an et demi, ce qui trĂšs rapide pour un film d’animation !

Comment ĂȘtes-vous intervenu durant les diffĂ©rentes Ă©tapes de la fabrication du film ?Avec Patrick Quinet, nous avons beaucoup accompagnĂ© le film, Ă  chaque Ă©tape, parce qu’il fallait trouver la bonne forme, faire naĂźtre une empathie envers les personnages, c’était trĂšs important. N’ayant pas toutes les compĂ©tences techniques nĂ©cessaires, notre directeur artistique Jean-Jacques Lonni a Ă©tĂ© une cheville ouvriĂšre, au carrefour de tout, pour pouvoir nous orienter vers les bonnes dĂ©cisions. En animation, tel ou tel choix artistique a immĂ©diatement des consĂ©quences techniques et Ă©conomiques importantes et il faut ĂȘtre trĂšs clairvoyant. Ce film est relativement collectif dans la maniĂšre dont il a Ă©tĂ© fabriquĂ©, mĂȘme si son point de vue est Ă©minemment subjectif, puisque c’est celui de Jung


Liste techniqueRĂ©alisation JUNG, Laurent BOILEAUAuteur graphique JUNGStoryboardeur Alexis MADRIDDirection artistique et technique Jean-Jacques LONNIAssistants rĂ©alisateurs Thierry CZAJKO, Sanghoon LEE (CorĂ©e)Musique originale Siegfried CANTOMusique originale et interprĂ©tation LITTLE COMETSupervision design personnages Éric BRICHESupervision modeling Samuel CHAUVINSupervision modeling / set-up (figurants) Olivier DRUARTConception et supervision des dĂ©cors couleurs Olivier MAYSupervision lay out dĂ©cors AgnĂšs JON DE COUPIGNYSupervision des designs des props 3D Olivier AUQUIERSupervision animation 3D Christophe DEVAUXEffets spĂ©ciaux 3D JoĂ«l BAZSALICZAConception et supervision du compositing et rendu 3D Mauro Carraro – Émilien DavaudSupervision animation 2D Zoltan HORVATHSupervision bancs-titres animĂ©s 2D Cyril RENAUDINDirecteur de la photographie vues rĂ©elles Remon FROMONT1er assistante image vues rĂ©elles Anne-Françoise BERSOUIngĂ©nieur du son vues rĂ©elles Dan VANBEVERChef monteur Ewin RYCKAERTConformation et Ă©talonnage MichaĂ«l CINQUINBruitage Philippe VAN LEERMontage son Quentin COLLETTE, Matthieu MICHAUXMixage Philippe CHARBONNELProducteurs Thomas SCHMITT, Patrick QUINETProducteurs associĂ©s Sibylle SEYS-SMET, Arlette ZYLBERBERG, Jean VERCOUTÈRE, Nicolas BURLET, Nicolas PICCATO, Jean-Luc DESMOND

Une production MosaĂŻque Films, ArtĂ©mis Productions / En coproduction avec France 3 CinĂ©ma, RTBF (TĂ©lĂ©vision belge), Panda Media, Nadasdy Film, Radio TĂ©lĂ©vision Suisse, Belgacom / En association avec Tax Shelter Films Funding, Casa Kafka Pictures, Casa Kafka Pictures Movie Tax Shelter empowered by Belfius / Avec la participation de France TĂ©lĂ©visions, du Centre national du cinĂ©ma et de l’image animĂ©e et le soutien du Fonds Images de la diversitĂ© / Produit avec l’aide du Centre du CinĂ©ma et de l’Audiovisuel de la FĂ©dĂ©ration Wallonie-Bruxelles et de VOO / Avec le soutien de la Wallonie et du Tax-Shelter du Gouvernement fĂ©dĂ©ral de Belgique  / Avec le soutien de la RĂ©gion Provence-Alpes-CĂŽte d’Azur, de la RĂ©gion Poitou-Charentes, du dĂ©partement de la Charente, dans le cadre du PĂŽle Image Magelis, de la RĂ©gion Alsace, de la CommunautĂ© urbaine de Strasbourg, de la RĂ©gion Aquitaine, de la RĂ©gion Lorraine / en partenariat avec le CNC / Et le soutien de la RĂ©gion Champagne-Ardenne / DĂ©veloppĂ© avec le soutien de Media et de l’Angoa.

France – 2012 – 1h15 – Couleur – Format 1.85 – Son : Dolby SRD – Visa n°126 255

Distribution France GEBEKA FILMS

Ventes internationales WIDE MANAGEMENTTĂ©l. : 01 53 95 04 64 / www.widemanagement.com

contacts ÉCLA [email protected] // [email protected] // [email protected] // http://ecla.aquitaine.fr

JUNG

Jung est nĂ© le 2 dĂ©cembre 1965 Ă  SĂ©oul, en CorĂ©e du Sud. AdoptĂ© par une famille belge en 1971, il prend le nom de Jung Henin. Il suit des Ă©tudes d’HumanitĂ©s Clas-siques (latin et mathĂ©matiques), avant d’étudier Ă  l’AcadĂ©-mie des Beaux-arts de Bruxelles, en section “illustration”. ParallĂšlement, il fait un bref passage dans la section “dessin animĂ©â€ Ă  la Cambre. C’est en 1987 que sa carriĂšre prend un tournant dĂ©cisif, puisqu’il intĂšgre le magazine “Spirou”. Il travaille alors quelques mois dans l’atelier d’Yslaire et publie en 1991 le pre-mier des quatre tomes de Yasuda. Suivra en 1997 La Jeune fille et le vent, sĂ©rie d’heroĂŻc-fantasy dont l’univers asiatique est un retour Ă  ses origines corĂ©ennes. En 2001, il publie avec Jee-Yun KwaĂŻdan, une nouvelle sĂ©rie en trois tomes, inspirĂ©e par un conte japonais. En 2006, toujours en collaboration avec Jee-Yun, il publie Okiya, un conte Ă©rotique nippon. Le premier volume de la trilogie Couleur de peau : Miel sort en librairie en 2007. AprĂšs quelques allers-retours entre la Belgique et la ThaĂŻlande, Jung dĂ©cide de poser ses valises en France.Bandes dessinĂ©es  : Yasuda (1991-1995, Ă©ditions HĂ©lyode), La Jeune fille et le vent (1997-1999, Ă©ditions Delcourt), Okiya (2006, Ă©ditions Delcourt), KwaĂŻdan (2001-2008, Ă©di-tions Delcourt), Couleur de peau  : Miel (depuis 2007, Ă©di-tions Quadrants), Kyoteru (depuis 2008, Ă©ditions Delcourt), FrĂŽlements (2009, Ă©ditions Paquet).

Couleur de peau : MielUn film de Jung et Laurent Boileausortie le 6 juin 2012

SynopsisIls sont 200 000 enfants corĂ©ens dissĂ©minĂ©s Ă  travers le monde depuis la fin de la guerre de CorĂ©e. NĂ© en 1965 Ă  SĂ©oul et adoptĂ© en 1971 par une famille belge, Jung est l’un d’entre eux.

AdaptĂ© du roman graphique Couleur de peau : Miel, le film revient sur quelques moments clĂ©s de la vie de Jung : l’orphelinat, l’arrivĂ©e en Belgique, la vie de famille, l’adolescence difficile... Il nous raconte les Ă©vĂ©nements qui l’ont conduit Ă  accepter ses mixitĂ©s. Le dĂ©racinement, l’identitĂ©, l’intĂ©gration, l’amour maternel, tout comme la famille recomposĂ©e et mĂ©tissĂ©e, sont autant de thĂšmes abordĂ©s avec poĂ©sie, humour et Ă©motion...

ÉCLA

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ÉCLA Aquitaine, en partenariat avec l’ACPA (Association des CinĂ©mas de ProximitĂ© d’Aquitaine), accompagne la tournĂ©e promotionnelle du film sur le territoire aquitain avec l’organisation d’avant-premiĂšres et de projections professionnelles Ă  destination des exploitants aquitains.

(c) Stéphane Hervé

LAURENT BOILEAU

Laurent Boileau, quarante-trois ans, a travaillĂ© pendant dix ans comme chef opĂ©rateur puis comme chef monteur sur de nombreux documentaires pour la tĂ©lĂ©vision. En 1999, il passe Ă  la rĂ©alisation. Il travaille bientĂŽt avec MosaĂŻque Films et sa passion pour la bande dessinĂ©e et les arts graphiques l’amĂšne Ă  rĂ©aliser plusieurs films sur le “neuviĂšme art”, notamment Les artisans de l’imaginaire (2004), Spirou, une re-naissance (2004), Franquin, Gaston et compagnie (2005) et Sokal, l’art du beau (2007). ParallĂšlement Ă  son mĂ©tier de rĂ©alisateur, Laurent Boileau est chroniqueur BD sur internet.

Page 2: Couleur de peau : Miel - Le Club de Techno

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