Upload
others
View
2
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
COURS DE DES DU 07 /03
ANNE CONTIS
Antécédents
Episode dépressif majeur
Hypothyroïdie
Anémie par carence martiale modérée
Obésité morbide (159 kg/ BMI 53)
Absence d’éthylo-tabagisme
Traitement actuel
Levothyroxine
Paroxetine
Supplémentation martiale
AINS/ Tramadol
Spironolactone
Histoire de la maladie
5 mois avant: œdèmes asymétriques chevilles (G>D)
6 semaines plus tard: épisode brutal de douleurs neurogènes et paresthésies dos des pieds, prédominant à G, résolutif sous AINS en 48h
2 semaines plus tard: réapparition douleurs neurogènes/OMI + rash pétéchial des pieds
-> cslt urgences: pas de TVP. Mise sous dicloxacilline pour 1 cellulite
Histoire de la maladie
2 semaines plus tard: consultation en médecine interne. Bilan minimal d’OMI (TSH/fonction rénale normales). Mise sous spironolactone.
3 mois plus tard: consultation en neurologie pour persistance de douleurs neurogènes insomniantes et hypoesthésie du dos des pieds
Examen clinique
Pas d’AEG/ pas de syndrome rachidien ni de syndrome sec
Hypoesthésie et hypopallesthésie des 4e et 5e orteils prédominant à G
Pas de déficit moteur, ni irritation pyramidale, ni syndrome cérébelleux
OMI tendus asymétriques (G>D)
Purpura pétéchial pieds et face antérieure des jambes/ sécheresse cutanée
Figure 1. Photograph of the Patient’s Lower Legs.There is a purpuric rash over the anterior surfaces ofthe ankles and the dorsal aspects of the feet, with afew petechiae; the changes are more marked on theleft foot than on the right
Biologie
Anémie modérée
Hypergammaglobulinémie polyclonale
FAN + à 1/5120, fluorescence mouchetée, anti Ro+, FR+
Anti DNA/ACL/ANCA/Cryo/ Enzyme de conversion angiotensine négatifs
Sérologies VIH, VHB, VHC, Lyme et syphilis négatives
Glycémie, TSH, B9 et B12 normales
Examens paracliniques
TDM abdo pelvien normal
EMG : - abolition bilatérale potentiels sensitifs territoire sural et péronier superficiel
- latence onde F
- conduction motrice normale dans les mêmes territoires
- potentiels de fibrillation des courts fléchisseurs de l’hallux
- pas d’ anomalies membres sup
Au total
Analyse EMG en faveur d’une polyneuropathie axonale sensitivo-motrice
Tableau clinique en faveur d’une mononeuropathie multiple sensitivo-motrice (atteinte asymétrique)
HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES?
Neuropathie sous-tendue par une vascularite (début brutal symptômes, purpura pétéchial en faveur vascularite cutanée)
Connectivite sous jacente ( atteinte cutanée, neuro, syndrome inflammatoire bio et dysimmunité avec FR, FAN et anti Ro +)
Hypothèses diagnostiques
Paranéoplasique : pas d’AEG, TDM normal, BOM normale
Infection : sérologies VIH, VHB et VHC négatives
Granulomatose de Wegener
MPA ANCA négatifs
Syndrome de Churg et Strauss
PAN : pas d’amaigrissement, PAd normale et Ag Hbs-
Lightfoot RW Jr, Michel BA, Bloch DA,et al. The American College of Rheumatology1990 criteria for the classificationof polyarteritis nodosa. Arthritis Rheum 1990;33:1088-93.
Hypothèses diagnostiques/ connectivites
PR: FR+ mais anti CCP non faits, pas d’arthrite ni synovite. Neuropathies compliquent PR sévères et anciennes ( 10% des cas)
LES: anti DNA négatifs, pas de critères ACR
Syndrome de Goujerot-Sjögren: cause fréquente de mononeuropathie multiple, anti Ro/SSA +, mais pas de syndrome sec
CRITERES CONSENSUELS EUROPEANO-AMERICAINS DU SYNDROME DE SJOGREN 1. Symptômes oculaires Au moins un des 3 critères ci-dessous : - sensation quotidienne, persistante et gênante d'yeux secs depuis plus de 3 mois - sensation fréquente de "sable dans les yeux" - utilisation de larmes artificielles plus de 3 fois par jour 2. Symptômes buccaux Au moins un des 3 critères ci-dessous : - sensation quotidienne de bouche sèche depuis plus de 3 mois - à l'âge adulte, épisodes récidivants ou permanents de gonflement parotidien - consommation fréquente de liquides pour avaler les aliments secs 3. Signes objectifs d’atteinte oculaire Au moins un des 2 tests ci-dessous positifs : - test de Schirmer < 5 mm/5 minutes - Score de Van Bijsterveld > 4 (après examen au vert de Lissamine) 4. Signes objectifs d’atteinte salivaire Au moins un des 3 tests ci-dessous positifs : - scintigraphie salivaire - scintigraphie parotidienne - flux salivaire sans stimulation < 1.5 ml/15 minutes (0,1 ml/mn) 5. Signes histologiques Sialadénite avec focus score > 1 sur la biopsie de glandes salivaires accessoires (focus score = nombre de foyers par 4 mm2 de tissu glandulaire, un foyer étant défini par l’agglomérat d’au
moins 50 cellules mononucléées) 6. Autoanticorps - Présence d’Anticorps anti-SS-A (Ro) ou anti-SS-B (La) Le diagnostic de syndrome de Sjögren primitif est porté devant : - la présence de 4 sur 6 items avec présence obligatoire de l’item 5 (histologie) ou de l’item 6 (sérologie) - ou la présence de 3 des 4 items objectifs (items 3 à 6).
Vitali C, Bombardieri S, Jonsson R, etal. Classification criteria for Sjögren’s syndrome: a revised version of the Europeancriteria proposed
by the American-European Consensus Group. Ann RheumDis 2002;61:554-8.
Diagnostic clinique retenu
Mononeuropathie multiple secondaire à une vascularite causée potentiellement par un syndrome de Goujerot-Sjögren ou par une connectivite indifférenciée
Pour avancer dans le diagnostic
Test de Schirmer : > 5mm en 5 minutes (négatif)
Biopsie cutanée : vascularite lymphoplasmocytaire
des petits vaisseaux
BGSA : infiltrat lymphoplasmocytaire péricanalaire mais Schisolm <3
Biopsie neuro-musculaire
Vascularite des petits vaisseaux de l’épinèvre
Infiltrat chronique lymphoplasmocytaire
Thrombose artériole sans nécrose fibrinoïde
Perte de fibres nerveuses avec topographie vasculaire
Dégénérescence axonale (macrophages/amas ovoïdes de myéline)
Fibres musculaires de taille variable (signe de dénervation et régénération)
Conclusion anapath
Vascularite lymphoplasmocytaire des petits vaisseaux potentiellement secondaire à 1 collagénose (pas d’argument pour PAN : absence de nécrose fibrinoïde et taille des vaisseaux, ni pour vascularite à ANCA)
Evolution de la maladie
Corticothérapie à 60mg pendant 6 semaines puis décroissance sur 1 an
-> disparition du rash et des symptômes neurologiques
16 mois après : bypass pour obésité et apparition d’une carence en B12. Diagnostic de Biermer (Ac anti facteur intrinsèque +). Hypothyroïdie probablement auto-immune
5 ans et ½ après : apparition syndrome sec. Traitement par hydroxychloroquine.
Diagnostic final
Neuropathie axonale due à une vascularite lymphoplasmocytaire des petits vaisseaux, associée à une connectivite probablement syndrome de Sjögren
Associée à une thyroïdite et une gastrite auto-immune
Remarques diagnostiques
Diagnostic présumé de syndrome de Sjögren : BGSA non contributive, pas de sd sec initial (mais présent que dans 44% des cas), Ac anti Ro + (critère diagnostique de Sjögren, présent dans 70% cas mais aspécifique)
Atteinte EMG symétrique : neuropathie due à vascularite asymétrique sauf dans formes avancées (sommation spatiale de lésions multiples et bilatérales-> perte de fibres symétrique et tableau de neuropathie axonale symétrique)
Atteinte neuro et syndrome de Sjögren
Atteinte du SNP dans 20 à 62% des cas
Atteinte variée : polyneuropathie sensitive (ataxie ou douleurs), mononeuropathie multiple, atteinte paires crâniennes (V), dysautonomie, radiculoneuropathie
Atteinte SNC rare
Neuropathie peut être inaugurale et précéder sd sec de plusieurs années! (81% des cas)
Atteinte neuro et syndrome de Sjögren
Atteinte sensitive> motrice sauf pour mononeuropathie multiple et atteinte paires crâniennes
Dysautonomie fréquente
Physiopath: ganglioneuronopathie pour neuropathie sensitive vs vascularite pour mononeuropathie multiple et atteinte PC
Efficacité corticoïdes +/- cyclophosphamide si mononeuropathie multiple sévère ou IgIV si PRNC
Bibliographie
Delalande S, De Seze J, Fauchais AL,et al. Neurologic manifestations in primary Sjögren syndrome: a study of 82 patients. Medicine (Baltimore) 2004;83:280-91.
Mori K, Iijima M, Koike H, et al. The wide spectrum of clinical manifestations in Sjögren’s syndrome associated neuropathy.Brain 2005;128:2518-34.
Denislic M, Meh D. Early asymmetric neuropathy in primary Sjögren’s syndrome. J Neurol 1997;244:383-7.