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 CHAPITRE 1 QU’EST-CE QUE L’ÉCONOMIE POLITIQUE ? 3 1 Qu’est-ce que l’éc onomie pol itique? Dans la plupart des ouvrages d’économie politique, des considérat ions diverses — et souvent fort longues — précèdent l’introduction d’une définition mûrement pesée et considéré e comme « inconte stable » par son auteur. Nous préférons la démarche inverse: donner d’emblée la définition généralement acceptée de l’économie politique, et montrer ensuite qu’en dépit de sa rigueur, elle laisse subsister bien des incertitudes. La  section 1.1  développe le contenu de cet énoncé, d’un point de vue qui présente l’économie comme une science portant sur une forme particulière du comportement humain : celle qui résulte du phénomène de la rareté. Nous l’ap pelons la co nce pti on « fo r me lle» de l’économie — qui s’avère peut-être excessivement large. La  sec tio n 1.2  commente la définition d’un autre point de vue, celui de l’objet matériel et concret de l’économie : production, distri bution, consommation des biens et services. Une co nce pti o n « r é e lle» de l’économie est ainsi présentée — dont les limites sont pourtant floues. Enfin la  sec tio n 1.3  avertit dès l’abord de la différence profonde qui caractérise deux méthodologies cou rantes en économi e : l’ ap proc he po si ti ve  et l’ approche normative . D é fi ni ti o n de l’ é c o no m i e p o li ti q ue Les auteurs contemporains définissent l’économie politique comme étant la science sociale qui étudie les comportements humains devant des moyens rares sollicités par des fins multiples. Les réflexions que suggère cet énoncé se groupent autour de deux thèmes compléme ntaires : le comport ement économi que, comme forme générale de toute activité humaine, et le domaine économique, comme champ particulier d’activ ité. 1.1

Cours de macro-économie

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CHAPITRE 1 QUEST-CE QUE LCONOMIE POLITIQUE ? 31Quest-ce quelconomie politique?Dans la plupart des ouvrages dconomie politique, des considrations diverses et souvent fort longues prcdent lintroduction dune dfinition mrementpeseetconsidrecomme incontestable parsonauteur.Nousprfronsladmarcheinverse :donnerdembleladfinitiongnralementacceptedelconomiepolitique,etmontrerensuitequendpitdesarigueur,ellelaissesubsister bien des incertitudes. La section 1.1 dveloppe le contenu de cet nonc, dun point de vue qui prsentelconomie comme une science portant sur une forme particulire du comportementhumain : celle qui rsulte du phnomne de la raret. Nous lappelons la concept ion formelle de lconomie qui savre peut-tre excessivement large. La section 1.2 commente la dfinition dun autre point de vue, celui de lobjetmatriel et concret de lconomie : production, distribution, consommation des bienset services. Une concept ion relle de lconomie est ainsi prsente dont leslimites sont pourtant floues. Enfin la section 1.3 avertit ds labord de la diffrence profonde qui caractrisedeuxmthodologiescourantesenconomie :lapprocheposit iveetlapprochenormat ive.Dfinit ion de lconomie polit iqueLes auteurs contemporains dfinissent lconomie politique comme tantla science sociale qui tudie les comportements humains devant des moyens raressollicits par des fins multiples.Lesrflexionsquesuggrecetnoncsegroupentautourdedeuxthmescomplmentaires : le comportement conomique, comme forme gnrale de touteactivit humaine, et le domaine conomique, comme champ particulier dactivit.1.14 INTRODUCTIONSection 1.1La conception formelle1 Besoins et moyensLefondementdetoutraisonnementconomiquesetrouvedansunesimpleconstatation :alorsquelalimitationcaractriseladisponibilitdesmoyens,lesbesoins humains sont au contraire multiples et illimits. Sans doute, laccession des niveaux successifs de richesse permet-elle de combler certains dentre eux,mais lexprience quotidienne apprend que cette satisfaction mme saccompagnede lapparition de nouveaux besoins, parfois mme plus difficiles encore assouvir.Face la limitation des moyens, linsatiabilit des besoins semble la rgle.De la confrontation entre ces deux faits surgit le problme de leur compatibilit :si les besoins prouvs par les hommes dpassent ce que les moyens disponiblesleur permettent dobtenir, il est impossible de les satisfaire tous compltement : ilfautchoisir.Pourchaquehomme,deschoixindividuels(conscientsounon)doivent rpondre la question : quels besoins consacrer mes ressources limites,et dans quelle mesure ? Au plan de la socit, ce sont des choix collectifs semblables(formellementexprimsouspontanmenteffectus)quidterminentquilesbiensdisponiblessontattribus.Decettencessitdconomiser lesmoyensdcoulelexistencedunescience,quipuissedirecommentraliserlameilleurecombinaison des ressources limites pour raliser les objectifs dsirs.2 La raretSi les moyens ntaient pas limits, ou si les besoins ntaient pas nombreux ouinsatiables, il ny aurait donc pas de problme conomique. Ceci restreint, en fait,ledomainedes moyens quirelventdelconomiepolitique :unobjetsansutilit pour lhomme ( dont personne na besoin) ne donne lieu aucune dci-sion humaine et ne saurait intervenir dans un problme de choix; de mme, unobjet en abondance telle que tous les besoins humains correspondants sont comblsjusqu la satit, nest pas limit par rapport ses besoins ; ds lors, la questionde son affectation tel ou tel usage ne se pose pas. Pour ce type de biens, appelsbiens libres, le calcul conomique et donc lconomiste sont inutiles.En revanche, et loppos,les biens conomiques sont les biens qui sont limits par rapport aux besoins.Ces biens sont appels biens rares .Aufaitmatrieldelalimitationdesmoyensestmaintenantajoutelidederaret.Celle-ciestprisecependantdansunsensbienprcis,proprenotrediscipline :enconomie,eneffet,lararetdunbiennedsignepasunfaibledegr dabondance physique dans la nature, mais plutt la relation entre le degr1.2CHAPITRE 1 QUEST-CE QUE LCONOMIE POLITIQUE ? 5dabondance et lintensit des besoins prouvs par les hommes lgard du bien.Lair que nous respirons sur terre est, par exemple, un bien libre ; mais dans unecabine spatiale ou sur une station lunaire, lair est un bien conomique car il y araretdesquantitsdoxygnequipeuventytreemportes,parrapportauxbesoins des astronautes1.Lanotionconomiquederaretreflteainsi,danslevocabulairerelatifauxbiens, la tension entre besoins et moyens mentionne au paragraphe prcdent.Section 1.2La conception relle1 Production, distribution, consommationIl peut paratre satisfaisant de dfinir lconomie politique comme la science quipermet de dterminer la meilleure combinaison de moyens rares pour atteindreun objectif. Pourtant, une telle dfinition risque de dissoudre cette discipline dansune thorie gnrale de laction finalise o rien ne distingue lactivit conomiquede lactivit oriente vers la recherche du pouvoir, du salut ou du plaisir. Si toutcomportement impliquant une allocation de moyens est conomique, alors larelation dune mre son bb est galement une relation conomique, ou pluttaunaspectconomique,toutautantquelarelationdunemployeuravecsonouvrier salari 2. Dautres exemples pourraient tre donns : le cas dune partiedchecs, de la stratgie militaire3, dune lection prsidentielle ou du salut de sonmeCestpourquoicertainsauteursnesecontententpasdedfinirlconomiecomme une forme de comportement o le politique, le religieux, le militaire seconfondent avec lconomique. Ils insistent sur lobjet rel de la science cono-mique.Celle-ci sintressedunepartauxoprationsessentiellesquesontlaproduction, la distribution et la consommation des biens, dautre part aux institu-tions et aux activits ayant pour objet de faciliter ces oprations 4.1Sur terre, pourtant, lair non pollu est-il encore un bien libre ? Lvolution contemporaine tend rendrerares des biens qui jadis taient libres.2Selon les termes de GODELIER, M., Rationalit et irrationalit en conomie, Paris, Maspero, 1966, p. 19.3Une conception conomique de la grenade est prsente dans le texte suivant qui se passe de commen-taire. Des tudes de recherche oprationnelle ont montr quil tait plus rentable de mettre hors de combat lesfantassins ennemis plutt que de les tuer sur place. Un homme mort ne constitue aucun poids pour ladversairemais, par contre, un homme grivement bless impose lennemi une charge daide mdicale, de brancardiers,dvacuation vers larrire, immobilisant du personnel et des vhicules, perturbant ainsi le trafic sur les voiesdaccs ses terrains de combat. De plus, il a t dmontr quun homme grivement bless sur le terrain aumilieu de ses camarades, a un effet psychologique important sur le moral des soldats. Ceci explique qu la notiondclats mortels a t substitue la notion dclats efficaces Poudreries Runies de Belgique s.a., Grenade main et fusil PRB103, 1969, pp. 3 et 4.4Termes utiliss par MALINVAUD, E., dans ses Leons de thorie microconomique, Paris, Dunod, 1969, p. 1.6 INTRODUCTIONEn dautres termes, si tous les actes humains, quils soient individuels ou collectifs,constituentlobjetdelensembledessciencessociales,ledomaineproprelconomiepolitiqueserduitauxactionsquiimpliquentlamiseenuvredebiens matriels dans une organisation donne.2 Mais aussi les services, la cit Et jusquo?Pourtant, il est de plus en plus vident que si lconomie politique daujourdhuise proccupe de la production, de la distribution et de la consommation des biens,elle tudie tout autant celles des services. Ainsi le musicien, lavocat, le prtre, lepoliticien qui reoivent leur rmunration pour un concert, une plaidoirie, unemesse ou une activit parlementaire font aujourdhui lobjet de bien des analysesconomiques.Maisalors,lapriseenconsidrationdecesservicesomniprsentsrisquededboucher sur toute lactivit sociale : elle fait pntrer lconomie dans le domainedu politique, du religieux, du psychologique Lobjet de lconomie politique seconfond finalement avec celui de toute la science sociale, et porte sur lensembledu comportement de lhomme vivant en collectivits organises5.Une telle perspective a lavantage de mettre en lumire linterdpendance entreles disciplines sociales et limpossibilit dune dcoupe systmatique des domainesrespectifs.Lorsquellesinterrogesursonobjet,toutesciencedbouchesurlesdisciplines qui lui sont voisines. Cette ncessaire ouverture tait dj souligne parJ.S. Mill lorsquil crivait : il y a peu de chance dtre un bon conomiste si onnestriendautre.tantenperptuelleinteraction,lesphnomnessociauxneseront pas rellement compris isolment . Mais linconvnient dune telle appro-cheest,nouveau,labsenceduncritrepermettantdedlimiternettementledomaine de lconomie politique.Ainsi, quel que soit le point de vue adopt point de vue formel, selon lequeltoute activit qui combine des moyens rares pour atteindre au mieux un objectifest conomique, ou point de vue rel, qui voit lactivit conomique comme portantsur la production, la distribution et la consommation de biens et de services , ladfinition de lconomie politique ne permet pas de circonscrire avec prcisionson domaine.Aumieux,disonsquelobjetdelconomiepolitiqueestlafoisunchampdactivits particulires (production, distribution, consommation), etun aspectparticulier de lensemble des activits humaines.5Cest pourquoi nous utilisons le terme d conomie politique de prfrence celui d conomie ou de scienceconomique .Cetteexpression,quifutemployepourlapremirefoisenfranaisparAntoinedeMontchrtien (1615), insiste sur lide dune gestion de la cit, dune organisation de la socit.CHAPITRE 1 QUEST-CE QUE LCONOMIE POLITIQUE ? 7La dfinition nonce au dbut de ce chapitre est aujourdhui classique, et cestpourquoi il est de bon sens de ladopter dans un manuel dinitiation. Il importecependant de rester conscient de ce que les rponses quelle apporte saccompa-gnent dindterminations quelle narrive pas lever.Section 1.3Les approches positive et normativeAvantdeselancerdanslespremiersrudimentsduraisonnementconomique,deuxperspectivesalternatives,maisnanmoinscomplmentaires,sontdistinguer.En tant que science posit ive, cest partir dune description dtaille de la ralitque lconomie tudie le comportement humain devant les moyens rares ; dansune seconde tape, elle passe lanalyse, qui consiste laborer une explicationlogique des faits, en dfinissant des relations entre eux. Lensemble des propositionsquiexprimentcesrelationsconstitueunethorie .Enfin,dansunetroisimetape, faits observs et thorie peuvent tre utiliss conjointement pour formulerdes prvisions. Le succs ou linsuccs de celles-ci dterminera en partie la valeurde la thorie qui les fonde.En rsum,lapprocheposit iveviseessentiellementlexplicat ionlogiquedumodeeffectifdersolutiondesproblmesconomiques ;ellesertdebaseauxprvi si onsconomiques.Notons de suite les difficults que rencontre cette conomie positive. Son objettant les faits humains, individuels ou collectifs, lexprimentation y est malaise.Il est presque impossible disoler certains lments pour procder des observa-tions rptes, en milieu inchang. Lhypothse usuelle selon laquelle, dans ltudedes relations entre deux ou plusieurs variables, toutes les autres choses restentgales (ceteris paribus) est ici particulirement dangereuse6. En ralit, le fait socialestenperptueldeveniretneserptejamaisdansdesconditionsidentiques.Davantagequedanslessciencesdelanature,ilestdonchasardeuxdeprvoirou de prdire. Sans doute, les tentatives ne manquent-elles pas, mais les insuccsconstatsjusquprsentlaissentpenserquelesprogrsaccomplirrestentconsidrables.En tant que science normat ive, lconomie part au contraire de la thorie : tenantpour donne lexplication des relations entre les faits, elle cherche en dduire6Notons les espoirs ns du recours aux techniques de simulation qui permettent de reproduire en chambre certaines situations conomiques relles et, grce notamment lemploi des ordinateurs, danalyser leffet desvariations dans les conditions environnantes (le fameux jeu du Monopoly en est un exemple simplifi). Jamaiscependant on ne pourra simuler les comportements de socits entires dans toutes leurs composantes.1.38 INTRODUCTIONquels comportements les hommes doivent adopter dans les faits sils dsirent raliserau mieux un objectif donn. Elle propose donc la meilleure manire dorganiser laproduction, la distribution, la consommation, et fournit les moyens de juger lesavantages respectifs des divers types dorganisation dans ces domaines. Son discoursest ici prescriptif ; il est la base de toutes les propositions de politique conomique.En rsum,lapproche normat ive vise essentiellement lvaluat ion, par rapport ses objectifs,de la manire dont la Socit rsout ses problmes conomiques ; elle sert de baseaux recommandations de polit ique conomique.ceniveaugalement,lecaractrecomplexedufaitsocialrenddlicateladtermination de la meilleure solution. Une solution purement conomique risque de prsenter un caractre dangereusement partiel et de ngliger des donnesou des effets indirects pourtant fondamentaux du point de vue du bien-tre gnralde lindividu ou de la socit.La mthode de cet ouvrage se situe mi-chemin entre les deux ples qui viennentdtredcrits,danslamesureoilssupposenttousdeuxlerecourslanalyseconomique. Cest sur ce terrain commun que nous voulons nous placer. Notreobjectif premier est de prsenter, dans leur tat actuel, les propositions principalesde lanalyse conomique. Selon les ncessits pdagogiques, tantt nous les indui-rons de lobservation, tantt nous en dduirons des prescriptions daction, tanttencore nous chercherons seulement les illustrer. Mais toujours, nous nous efforce-rons daider le lecteur ne pas confondre les divers plans possibles du raisonnement,car cest de telles confusions que naissent le plus facilement les erreurs conomiques,cest--dire les gaspillages.1.4CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 92Lallocation des ressourcesOnvientdevoirqueleproblmeconomique natdelaconfrontationdesbesoins humains, multiples et quasi insatiables, la limitation et donc la raretdes ressources disponibles. Dans ce chapitre, le problme est soumis un examenplusdtaill,aumoyendinstrumentsquipermettentdecomprendreensuitequelles solutions ont tent de lui apporter nos Socits. La section 2.1 prcise le problme, en dcrivant ses composantes principales : lesact es conomiques, les agent s, et les biens. La section 2.2 propose ensuite une t riple mt hode numrique, graphique etmat hmat iquepoursoutenirlesraisonnementsdevantpermettredesaisirleproblme dans toutes ses dimensions. La section 2.3 prsente enfin les solut ions apportes au problme, telles que lessocits les ont conues et mises en uvre dans le cadre de systmes conomiques .Ceux-ci sont soit dcentraliss les conomies de march, soit centraliss lesconomies de commandement .Cette leon danatomie sera notre premier pas dans lanalyse conomique.10 INTRODUCTIONSection 2.1Lanatomie de lconomieConsidr dans sa gnralit, le problme delaffectationdesressourcesdunesocitenfonction de ses besoins parat immense : com-mententraiterdemanireralistesansseperdredanslnumrationdesdiversbiens,de tous les besoins imaginables, et de tous lesactesquipeuventtreaccomplispourlessatisfaire ?Procdonsparsimplification.Lafigure 2.1 donne une reprsentation schma-tique du problme : ressources limites dunct,besoinsillimitssatisfairedelautre.Commentlarelationstablit-elleentrecesdeux ples ?Essentiellement par deux catgories dactions humaines : la consommation et laproduction, qui sont, en raison de ce rle, les actes conomiques principaux.1 Les actes conomiques :consommation et productionEnpartantdupledesbesoins,dfinissonsdabordlaconsommationcommetanttout acte par lequel des biens sont utiliss pour satisfaire directement des besoinshumains spcifiques.Parmilesressourcesquoffrelanature,ilenestuncertainnombrequisontconsommes telles quelles : leau qui nous dsaltre, les vgtaux dont nous nousnourrissons, le sol que nous occupons.Mais il y a quantit dautres biens que nous consommons, et qui ne sont pasdirectementfournisparlanaturesousuneformeadquate :dansnospays,latemprature du climat ne suffisant pas nous maintenir en vie, il faut produire de la chaleur, grce au bois, au charbon ou au fuel-oil ; la force motrice humaineou animale ne suffit pas non plus nos besoins : il faut en produire au moyende ressources trouves ailleurs ; nos gots alimentaires ne sont pas davantage satis-faits par les seuls produits de la nature.Ainsi apparat la production, dfinie comme tanttout acte par lequel des biens sont utiliss pour tre transforms en produits ,cest--dire en dautres biens.Le produit pain, par exemple, est le rsultat dune activit de transformationFigure 2.1 Le problme conomique2.12.2RESSO URCESBESOINSCHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 11quun producteur (le boulanger) a fait subir un ensemble dautres biens : la farine,le beurre et le travail du boulanger.Cependant, tout produit nest pas ncessairement consommable au sens dfinici-dessus : un rail de chemin de fer, une brique ou une machine crire sont desproduits au mme titre que le pain. Mais dans leur cas, lactivit de productionsexplique, non par la consommation, mais par le fait que le produit est son tourutilis dans la production dun autre produit, ventuellement susceptible dtreconsomm : le rail, conjointement la locomotive, lnergie et aux wagons, fournit(ouproduit)letransport consommparlesvoyageurs ;labrique,jointeauciment,aubton,auxpieuxetautresmatriauxdeconstruction,servira produire une habitation dont les services sont leur tour consomms par unmnage.Leplussouvent,lestransformationssuccessivesdunmmebiensontdailleurs multiples : il suffit de penser au bl qui devient farine, celle-ci tant trans-forme en pte, pour qu son tour la pte devienne du pain, seul de ces produits tre consomm.La figure 2.2 illustre ce raisonnement. Elle montre comment sintercalent, entreles deux ples du problme conomique, les deux catgories dactes fondamenta-lement diffrents qui viennent dtre dfinis : la production et la consommation.2 Les agents conomiquesAudpartdecettepremiretypologieducomportementhumainfaceauxressources matrielles, deux types dagents conomiques sont traditionnellementdistingus : les mnages et les entreprises.Les mnages, regroupant les individus en cellules familiales, ont pour premirefonctionlaconsommation.Ilssefforcentdobtenirlesquantitsdebiensetdeservices ncessaires pour la satisfaction de leurs besoins.Figure 2.2 Les actes conomiquesBESOINSRESSO U RCESCONSOMMATIONPRO DUITSo uO UTPUTSFA CTEURSo uINPUTSPRO DUCTI O N12 INTRODUCTIONLes entreprises sont les agents dont la fonction est la production de biens et deservices. Elles rassemblent les moyens ncessaires cette production : elles enga-gent des travailleurs, se procurent des matires premires et des quipements et,sil y a lieu, des capitaux financiers.Selon une stricte dfinition des agents par leurs fonctions spcifiques (la con-sommation pour les mnages, la production pour les entreprises), une troisimefonction distincte des deux premires doit tre reconnue : celle de la dtention desressources. Elle est essentiellement passive par rapport aux deux autres, mais posenanmoins des problmes caractristiques : ceux du prt, de la mise en location,de la proprit, de la vente de ces ressources. Les dtenteurs de ressources serontdonc considrs dans la suite comme des agents distincts.Il va de soi que cette distinction fonctionnelle entre agents ne se confond pasavec un classement des individus : une mme personne, physique ou morale, peutparfaitement tre la fois consommateur, producteur et dtenteur de ressources,ou ne remplir quune ou deux de ces fonctions.Ltat doit-il tre ajout cette liste des agents conomiques ? Son rle majeurdans nos conomies modernes suggre que oui, du moins premire vue. Mais,ayantdfinijusquicilesagentsconomiquesparleursactes,nousdevrionsaupralable dcrire les actes conomiques de ltat. Lextrme varit et la complexitde ceux-ci, dans le cadre de nos conomies de marchs, nous amnent postposercette tche au chapitre 14, lorsque nous disposerons dun cadre appropri.3 Les biens conomiquesa Biens de consommation et biens de productionLa distinction entre actes conomiques de consommation et de production suggredes classifications correspondantes des biens, selon leur position dans le processusdallocation des ressources aux besoins.Lesbiensdeconsommationsontceuxquifontlobjetdesdcisionsdesconsommateurs. On distingue les biens de consommation durables , dont luti-lisationschelonnedansletemps(habitation,voiture,appareilmnager),desbiens de consommation non durables , qui sont dtruits par lusage quon enfait (aliments, combustibles).Lesbiensdeproduction,parcontre,sontutilissparlesproducteurs,etdemaniredurableounon :cestlecasdesmachines,deloutillage,desmatirespremires,delnergie,etdutravail.Ilssontfinalementdestinsaccrotrelesquantits de biens de consommation disponibles.Remarquonsquecettedistinctionentrebiensdeconsommationetbiensdeproduction ne tient pas la nature mme des biens, mais la nature de lagent quiles utilise. Ainsi, un mme bien physique peut tre qualifi, selon le cas, de bien deconsommation et de bien de production. La pomme que je cueille dans mon vergerest un bien de consommation si je la mange directement ; elle devient un bien deproduction si je lutilise pour fabriquer du cidre. Ce double caractre se retrouvedans la majorit des biens conomiques.CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 13b Outputs et inputsSi lon considre plutt les biens du seul point de vue de la production, la classifi-cation fondamentale parce que la plus utile pour lanalyse est celle qui dis-tingue entre ce qui est produit et ce qui sert produire . Cest ce quexprimentparfaitement les termes anglo-saxons doutput et dinput :un bien est un output sil est le rsultat dune production, quels que soient son tat(fini, semi-fini, brut labor) et sa destination (consommation ou production) ;un bien est un input sil est utilis pour en fabriquer dautres, quels que soient sontat et son origine.Il nexiste pas de termes franais exactement quivalents1.c Biens et servicesLes outputs doivent tre conus au sens le plus large, et englober non seulement lesbiensmatrielsmaisaussilersultatdactivitsplusimmatriellestellesquelamdecine, lenseignement, les beaux-arts, ou le tourisme, car celles-ci requirentlemploi de ressources rares. Cest l tout le domaine des services , qui jouent unrle de plus en plus important dans notre socit industrielle.Une telle extension sapplique galement aux inputs : lacquisition dun brevetou dune licence de fabrication, les apports dun laboratoire de recherches sont desservices souvent indispensables la ralisation de certaines productions.d Produits et facteurs de productionLa distinction output-input est certes utile, mais il en est une autre, plus classique,qui prsente galement un certain intrt : cest celle entre produits et facteursde production. Ici encore, le point de vue de la production sert de critre.Le terme de produit est synonyme de celui doutput encore que lon se limiteparfoisauxproduitsdits finals ,cest--direceuxquisonteffectivementconsomms(lepain),paroppositionauxproduitsintermdiaires ,quisontrutiliss comme inputs dans dautres productions (la farine).Lexpressionfacteursdeproductiondsignelensembledesdiversbiensetservices qui permettent la production. Elle pourrait tre identifie au terme inputs,mais elle est plutt employe en faisant rfrence une classification des facteursen trois catgories typiques : les ressources naturelles, le travail et le capital.Les ressources naturelles comprennent la terre et tous les minraux quelle con-tient ltat brut, tandis que le travail dsigne toute activit productive humaine.On appelle souvent facteurs primaires ces deux catgories dinputs, car ils ne sontle fruit daucune activit conomique antrieure : ils ne sont en rien des outputs.Letermecapital,parcontre,recouvreunensemblecompositedebiensetdeservices (le capital physique ), dune part, et de sommes financires (le capital1G. FAIN, traducteur du clbre manuel amricain crit par Paul SAMUELSON, Economics : An IntroductoryAnalysis, New York, McGraw-Hill (1e dition : 1948; 16e dition, co-signe avec William NORDHAUS : 1998), apropos extrants et intrants , mais la littrature conomique franaise na pas vraiment adopt ces termes.2.32.414 INTRODUCTION financier ), dautre part. Sous laspect physique, il sagit des quipements, desmachines, de loutillage et des stocks existant un moment donn et qui accroissentlefficacit du travail humain dans son rle productif2; sous laspect financier, lecapital est constitu par les sommes montaires utilises par les entreprises pouracqurir leur capital physique. Ces deux aspects sont intimement complmentaires,et le terme capital, en tant que facteur de production, les recouvre tous les deux.Nanmoins, chaque fois que ce sera ncessaire, lexpos prcisera sil sagit de capitalphysique ou de capital financier.Enfin, depuis longtemps, la question se pose de savoir sil ny a pas un quatrime type de facteurde production, qui serait li la notion dorganisation. Il est en effet vident que la productiondune entreprise nest pas seulement dpendante des trois types de facteurs dj identifis, maisaussi de facteurs qualitatifs, tels un degr de coopration ou dinformation, une capacit dap-prentissage,dorganisationoudeprogrstechnique.Desrecherchesrcentesseproccupentparticulirement de cette question.Section 2.2Le problme de lallocation desressources et les possibilits deproductiona Les possibilits de production dune conomieNous disposons maintenant dun schma du problme conomique, et des dfini-tions de ses principales composantes. Il manque encore un lment essentiel, quiest le processus de choix sur lequel laccent a t mis au chapitre prcdent. Pourlintroduire, nous raisonnerons sur un exemple simple, qui sera gnralis par lasuite.Supposons le cas extrme dune conomie dans laquelle deux biens seulementseraientconsomms :dela nourriture etdela boisson ;lconomieseraitdote en outre dun ensemble de ressources fixes en quantits et en qualit : disons200000 travailleurs de mme qualification; enfin elle disposerait de techniques deproduction bien dfinies permettant de transformer ces ressources en nourritureou en boisson.2Lexemple classique est celui du paysan dont la maison est loigne dune source. Deux comportements sontpossibles : ou bien le paysan dsireux de boire va jusqu la source et puise leau la main, ou bien il consacre uncertain temps creuser des arbres et construire une canalisation qui amne leau de la source sa maison. Cettemthode indirecte qui recourt au capital (la canalisation) se rvle la longue plus efficace pour la satisfaction dubesoin. Un tel exemple fait comprendre dune part que le capital nat du travail humain, et dautre part que laplupartdesproduitsquicomposentlecapitalphysiquesontdesproduitsintermdiaires,ausensvoquci-dessus.CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 15Supposonsensuitequelensembledesressources,cest--diretoussestravailleurs, et toutes ses techniques de production soient consacrs la nourriture.En raison de la limitation du nombre et de la qualit des ressources et techniquesdisponibles, la quantit de nourriture qui pourra tre produite en un temps donnsera elle aussi limite : soit, dans notre exemple, un maximum de 100 millions dekg par an. Si, au contraire, toutes les ressources taient alloues la production deboisson, la mme limitation initiale entranerait aussi un maximum possible deboisson,soit50 millionsdelitresparan.Voildjdeuxchoixpossibles(maismutuellement exclusifs) pour la socit en question.Avant daller plus loin, consignons au tableau 2.3 les alternatives qui viennentdtre dcrites : la premire (A) implique labsence totale de boisson, puisque toutesles ressources passent en nourriture ; la deuxime (F, au bas du tableau) renverselespositionsrespectivesdesdeuxbiens.Lafigure 2.3Apermetdevisualiserlesdeuxcas :enmesurantlelongdesaxeslesquantitsproduitesdesdeuxbiensconsidrs, les coordonnes des points A et F du diagramme correspondent auxchiffres de production du tableau 2.3.Entre ces choix extrmes, il en est videmment dautres, galement possibles, etsans doute plus ralistes : vraisemblablement la communaut voudra-t-elle disposer la fois dune certaine quantit de boisson et dune certaine quantit de nourriture.Imaginons donc que la socit, aprs avoir choisi lalternative A, se ravise et dcidequelledevraitgalementdisposerde10 millionsdelitresdeboisson :ncessairement, la quantit de nourriture qui pourra tre obtenue sera infrieure 100, car la production de la boisson exigera des ressources3 qui ne seront trouvesque parmi celles antrieurement consacres la nourriture. Pour illustrer num-riquement, nous dirons que si la socit veut 10 millions de litres de boisson paran, les ressources qui lui resteront ne lui permettront de produire, au maximum,que 96 millions de kg de nourriture, par exemple, au cours de cette anne. Cestlalternative B du tableau 2.3, ou encore le point B de la figure 2.3A : on y voit bienque lobtention de boisson en ce point implique moins de nourriture quen A.Ce nest l cependant quun choix intermdiaire parmi dautres ; mais dcrireceux-ci devient maintenant trs simple : il suffit de rpter le raisonnement pourdautres grandeurs. Ainsi, lexigence de 20 millions de litres de boisson diminue-raitencorelemontantdesressourcesrestantdisponiblespourlanourriture,etramnerait la production de celle-ci 84 millions de kg par exemple (alternativeC) ; les alternatives D et E, ainsi que leur reprsentation graphique par les pointscorrespondants sobtiennent de faon similaire.Lamultiplicationdeceschoixpossibles,etdoncdescombinaisonsdesdeuxbiens, conduit une srie de points de plus en plus rapprochs les uns des autres,qui finissent par se confondre en une ligne continue joignant A F en passant parB, C, D et E (figure 2.3B). Cette courbe porte le nom de courbe des possibilits deproduction. Linfinit de points dont elle est constitue (de A F) reprsente eneffet une srie de choix possibles dans une telle conomie, choix contenus danscertaines limites en raison de la raret des ressources et de ltat donn de la tech-nique qui les met en uvre. Cette courbe sera dans la suite un prcieux instrumentde raisonnement, car sa construction fait appel aux lments essentiels du problmeconomique fondamental : la raret des ressources et le choix entre alternatives.3Sans quoi la boisson ne serait pas un bien conomique !16 INTRODUCTIONb Remarque mthodologiqueJusquici,lesalternativesduproblmeconomiqueonttexprimesentroismanires :luneestlaformeverbale ;lasecondeconsistedonnersousformenumrique une liste exemplative des solutions possibles (tableau 2.3) ; la troisimea fourni, sous forme graphique, une description de toutes les solutions possibles(figure 2.3B).Le trac dune courbe dans un diagramme cartsien tel que celui de cette figurevoquevidemmentlidedunerelationfonctionnelleentrelesgrandeursmesures le long des axes ; par ailleurs, notre raisonnement a prcisment consisten une recherche des relations qui pourraient tre dfinies entre trois grandeurs :une quantit fixe de ressources (R = 200000 travailleurs) et des quantits variablesQb et Qn des deux types de produits, sachant quelle est la cause de ces relations. Ilest ds lors naturel dadjoindre aux illustrations de notre problme celles que per-met le langage mathmatique. Lexpression analytique 2.3A fournit, sous formefonctionnelle, une description de la courbe trace la figure 2.3B, ou encore, uneexpression synthtique des relations qui existent entre les valeurs numriques dutableau 2.3. Il sagit l dune fonction particulire, du deuxime degr, tout commelexemple numrique tait lui aussi particulier4. Lexpression 2.3B au contraire estgnrale,encesensquellenespcifiepaslaformedesrelationsentrelestroisgrandeurs (ressources, boisson et nourriture). Mais, sachant quelle peut prendredes valeurs numriques bien dtermines, et quelle peut tre reprsente gom-triquement, elle suffit illustrer lide de la limite des possibilits de production.Quatreformespossiblesdeprsentationduraisonnementconomiquesontainsi juxtaposes : la forme verbale du texte, la forme numrique du tableau, laformegraphiquedelafigure,etlaformeanalytiquedesquations.Lesdbatsentre conomistes sur les mrites respectifs des unes et des autres sont incessants et agaants. Pour notre part, nous souhaitons beaucoup quaprs ltude de cetouvrage, le lecteur attentif soit affranchi des prjugs et des mythes qui accompa-gnent lune ou lautre mthode. Nous sommes persuads de leur complmentaritfoncire, et cest pourquoi nous les prsenterons ensemble chaque fois que lexposle permettra.c Les tats de lconomieLa courbe des possibilits de production (ou la fonction quelle reprsente) cons-titue un premier outil danalyse conomique. En effet, elle permet (1) de distinguerdeuxtypesd tats delconomie,et(2)decaractriser,seloncestats,lesconditions dans lesquelles peut soprer un changement dans les choix de la socit.1 Supposons que les choix des agents conomiques aient t tels que lconomieproduise les quantits de boisson et de nourriture correspondant au point B. Dansces circonstances, les ressources sont compltement utilises. Mais il en va de mmepour tout autre point appartenant la courbe AF. Ds lors, les diffrents choix queces points reprsentent ont une caractristique commune : celle dassurer un tatde plein emploi des ressources de lconomie5.4Dun point de vue strictement numrique, le lecteur pourra vrifier que la relation 2.3A est bien lquation dela courbe AF, et quelle est vrifie par les valeurs donnes au tableau 2.3.5Dans un autre langage, toutes les valeurs de Qb et de Qn qui satisfont exactement la relation 2.3A ou plusgnralement, 2.3B pour R donn reprsentent des productions de plein emploi.CHAPITRE 2 LALLOCATION DES RESSOURCES 17UnpointtelqueGaucontraire,quinappartientpaslacourbeAFetquicorresponduneproductionannuellede20 millionsdelitresdeboissonetde40 millions de kilos de nourriture, implique par construction que toutes les res-sources ne sont pas employes ; il suffit en effet de comparer G avec lalternative Cau tableau 2.3. Un tel point reprsente donc un tat de sous-emploi des ressources.Il en va de mme de tous les autres points situs gauche (ou en de) de la courbedes possibilits de production6.Enfin, un point tel que H, comme tout autre point situ droite (ou au-del) dela courbe des possibilits de production, reprsente un choix irralisable : ceci, parconstruction mme de la courbe.Lacourbedespossibilitsdeproductionapparatdonclafoiscommeunefrontire entre le possible et limpossible, et comme une description de tous leschoix qui impliquent un tat de plein emploi des ressources.6Analytiquement, on peut dire que toutes les valeurs de Qb et Qn qui ne satisfont pas les relations 2.3, mais quivrifieraient une ingalit de la forme f (Qb, Qn, R) , ou bienq q q qb b v vet > = , ou encoreq q q qb b v vet > > ,on a chaque foisY Z f .Pour toute paire de paniersY q q = ( )b v,etZ q q = ( )b v, , qui sont tels queY Z f ,il existe une quantit dqb (ou dqv) qui, ajoute Z,permet de constituer un nouveau panier = + Y q q q ( d )b b v,qui est tel que Y Y ~ .Pour toute paire de paniers indiffrents,Y Y ~ par exemple,le panier moyenY Y Y= + a ( a) 1 , o0 1 < a < ,est toujours tel queY Y Y f ~ .* ne pas confondre avec la relation plus souvent utilise, et qui spcifie est suprieur ou gal .Axiomede comparaisonAxiomede t ransit ivit Axiomede dominanceAxiomede subst it uabilit Axiomede convexit st rict evq0 10 20 30 40102030YbqXZYYCHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 35 laide des axiomes que nous avons poss,nousallonsconstruiredabordunedecescourbes,etensuitelensembledecelles-ci,cest--direlacartedindiffrence.Nousobtiendrons ainsi ce que nous avons annonc :un outil de reprsentation des prfrences.a Constructiondune courbe dindiffrence Partons du panier de biens Y, qui contient20 litres de bire et 30 litres de vin (tableau etfigure 3.2).Supposonsalorsquunecertainequantitdundesbiens,dixlitresdevin,parexemple,soitenlevecepanier :lacombinaison de biens Z est obtenue ; selon lepremieraxiome(comparaison),leconsom-mateurestcapabledechoisirentreYetZ;selonletroisimeaxiome(dominance),ilchoisiraY,car plusestprfrmoins ;selon le quatrime axiome (substituabilit), ilexistecependantunecertainequantitdelautre bien (la bire) qui, ajoute au panier Z,donneranaissanceunnouvelassortiment,quivalentYauxyeuxduconsommateur ;soit dans lexemple, une quantit de dix litresdebire :enlajoutantaupanierZ,nousobtenons le nouveau panier Y qui est indiffrent Y. Rptonscetypedexprience,maisennenlevantcettefoisYquunepluspetitequantit de vin : cinq litres par exemple. NousobtenonsunnouveaupanierY,indiffrentY,grceunepetiteadjonctiondebire;lepoint reprsentant ce panier se situe ncessai-rementdroiteetendessousdupanierY.Lexprience peut encore tre rpte pour unprlvement de vin suprieur 10 litres : elleaboutitalorsladterminationdunautrepanier, lui aussi indiffrent Y, tel que Y. En faisant varier davantage les quantitsde bire et de vin que contient le panier Y, eten veillant obtenir toujours des paniers indif-frentsY,nousobtenonsencoredautrespoints :lalimite,lensembledecespointsforme la courbe continue I2, qui passe par Y.Cest la courbe dindiffrence.Relations 3.2Tableau 3.2(A) Cas de la figure 3.2quation de la fonction de satisfaction reprsente autableau et la figure 3.2 :S q q = b v(B) Cas gnralForme gnrale de la fonction de satisfaction :S f q q =C b v( ) ,Figure 3.2La carte dindiffrence dun consommateurPanier Composition Courbe dindiffrencede biens du panier laquelle appartientle panierqbqvX 30 40X 40 30 I4M M MY* 25 25I3M M MY 20 30Y 30 20I2Y 22,5 25M M MZ 20 20I1M M Mvq0 10 20 30 40102030bq4050YYYZYY*XXI1I2I3I45036 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEUne courbe dindiffrence, associe un panier donn, est une courbe dont chacundes points reprsente un panier de biens jug par le consommateur indiffrent ce panier.Notons immdiatement trois proprits de cette courbe :(a) Elle descend de gauche droite. En effet, si elle tait montante de gauche droite, sespoints successifs au fur et mesure que lon scarte de lorigine seraient prfrs les uns auxautres, en vertu de laxiome de dominance : ce ne serait donc plus une courbe dindiffrence.(b) La courbe peut parfaitement rencontrer les axes (lordonne aussi bien que labscisse).Cest mme l le cas gnral.(c) Envertuducinquimeaxiome,unecourbedindiffrenceestconvexeparrapportlorigine des axes. En effet, si nous considrons deux paniers indiffrents : Y et Y, le panier Y*compos de la moyenne arithmtique du contenu des deux premiers (et prfr ceux-ci parhypothse) se situe le long de la corde qui joint les points Y et Y ; ds lors, des paniers interm-diaires et indiffrents Y et Y, tel par exemple Y, doivent se situer en dessous et gauche de cettecorde. La courbe dindiffrence est donc convexe entre Y et Y, tout comme entre toute autrepaire de ses points.b Construction de la carte dindiffrenceDans la figure 3.2, lopration de substitution de quantits de bire des quan-tits de vin peut tre mene partir du panier X, plutt qu partir du panier Y :Figure 3.2onconstruitalorsunenouvellecourbedindiffrence,passantcettefoisparlepointX,quireprsentelensembledespaniersindiffrents X et indiffrents entre eux. Soit le panier X, considr comme indif-frent X. Sachant que X est prfr Y, X estdoncprfrY(axiomedetransitivit).Dune manire gnrale, tous des paniers ap-partenant la mme courbe dindiffrence queX sont prfrs tous des paniers appartenant la mme courbe dindiffrence que Y. Rptonsplusieursfoisloprationd-crite en (a), partir de divers autres points dudiagrammetelsqueY*,ouZparexemple,cest--dire au dpart de divers autres paniersde biens. On obtient une famille de courbes embotes les unes dans les autres. Cest lacarte dindiffrence.Laca r t ed i nd i ffr encedunconsommateurestlafamilledecourbesdindiffrencedcrivantsesprfrenceslgarddetouslespaniersdebiensconcevables.3.13.2vq0 10 20 30 40102030bq4050YYYZYY*XXI1I2I3I450CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 373 Interprtationa Carte dindiffrence et niveaux de satisfactionEn vertu des axiomes de dominance et de transitivit, le principe suivant sapplique la carte dindiffrence : plus le consommateur se situe sur une courbe dindif-frence leve, plus son niveau de satisfaction est lev. En effet, chaque courbereprsente un ensemble de combinaisons de biens quivalentes entre elles, maisprfres lensemble des combinaisons reprsentes par les courbes dindiffrenceinfrieures. Les courbes dindiffrence peuvent donc tre vues comme des courbesde niveau de satisfaction ; ce niveau crot au fur et mesure que lon sloigne delorigine des axes3.Ds lors, tout dplacement du consommateur dune courbe dindiffrence uneautresignifiepourluiunchangementdanssondegrdebien-tre,cest--diredans la satisfaction des besoins quil prouve.Plus gnralement, ceci revient dire que la satisfaction du consommateur apparat comme unefonction(ausensmathmatiqueduterme)desquantitsconsommes.Cettefonction,dontlexpressiongnraleestdonneparlarelation3.2Betunexempleparticulierparlarelation3.2A, est dailleurs appele fonction de satisfaction 4. Dans le cas de lexemple numrique dutableau et de la figure 3.2, o il est postul que la fonction de satisfaction est de la forme nonce la relation 3.2 A, on peut dduire que le panier Y fournit une satisfaction gale 20 30 = 600,de mme que les paniers Y et Y (qui sont dailleurs indiffrents Y), tandis que le panier Xfournit une satisfaction de 30 40 = 1200, tout comme le panier X.Est-il raliste de quantifier ainsi numriquement les satisfactions ? Bien des auteurs sy refusent,notamment parce que lon ne voit pas trs bien dans quelles units mesurer les utilits. Heureu-sement pour la suite de notre propos, ce nest pas ncessaire : on peut en effet se borner classerles niveaux dindiffrence, comme nous lavons fait, sans pour autant devoir les chiffrer au moyende la fonction particulire de la relation 3.2A. Dailleurs dautres fonctions auraient pu servirpour reprsenter la carte dindiffrence de la figure 3.2. Et nous ne nous servirons dans la suiteque du classement que reprsente la carte dindiffrence, sans nous aventurer dans une mesurenumrique des satisfactions.b Courbes dindiffrence et substitution entre les biensToutdplacementlelongdunecourbedindiffrencesinterprtecommeunpassagedunassortiment de biens un autre, passage qui est caractris par deux traits essentiels : la substitutionentre les biens, et le maintien un niveau inchang de la satisfaction du consommateur.La substitution entre les biens le long dune courbe dindiffrence se mesure par le taux desubstitution dun bien un autre, qui se dfinit comme tantle rapport entre quantits de biens cdes (numrateur) et quantits obtenues (dnominateur),quilaissentleconsommateurentatdindiffrence,cest--direunniveauconstantdesatisfaction.Au lieu de considrer une substitution dune ampleur quelconque, on effectue habituellementla mesure en ne considrant quune unit au dnominateur. On parle alors de taux marginal desubstitution. Ainsi par exemple au point Y1 de la figure 3.3, ce taux est de 5,45 pour 1, au point Y33Remarquons quil est logiquement impossible que deux courbes dindiffrence se croisent.4On dit parfois aussi fonction dutilit , le mot utilit tant entendu dans le mme sens que satisfaction.3.338 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEil est de 1,4 pour 1, au point Y9 il est de 0,16 pour 1, etc. Il sagit toujours dun rapport entrequantit cde et quantit obtenue, mais cette dernire tant unitaire, le rapport est alors gal la valeur du seul numrateur5.En calculant le taux marginal de substitution du consommateur en chacun des points dunecourbe dindiffrence, on constate que ce taux est dcroissant6 lorsquon se dplace de gauche droite. Cette caractristique est commune toutes les courbes dindiffrence. Une interprtationintuitive de ce phnomne peut tre facilement donne : plus on dispose dun bien, plus grandeest la quantit de celui-ci que lon est prt sacrifier pour une quantit donne dun autre bien;ou inversement, moins on a dun bien, moins on est prt en abandonner pour une unit dunautre bien.c Gnralit de la reprsentation des prfrencesComme lnonc des jugements de prfrence peut varier dun individu lautre,le prordre est essentiellement subjectif, et propre chaque consommateur. Lescartes dindiffrence individuelles qui en rsultent varient donc dune personne lautre.Dailleurs, comme la description de ces jugements nest pas fonde sur les mobilesqui y ont conduit, elle nexclut aucune thique individuelle7.Figure 3.3Panier Composition Taux marginalde des paniers de substitutionbiens (en litres) (approch)qbqvqqqbvvo= 1Y160 105,45Y254,55 11Y330 201,40Y428,6 21Y520 300,65Y619,35 31Y715 40Y812 50Y910 600,16Y109,84 61Tableau 3.3La courbe dindiffrence et le taux marginal de substitution5On peut formuler aussi le taux marginal de substitution en termes de la drive de pb par rapport pv enchaque point de la courbe dindiffrence. Mais nous naurons pas besoin de lutiliser sous cette forme.6Logiquement, elle rsulte de la forme strictement convexe de la courbe dindiffrence, due elle-mme lundes axiomes qui ont servi la construire.7Beaucoupdauteursinvoquentlanotiondutilitdesbienspluttquecelledeprfrenceentrepaniersalternatifs pour expliquer les choix de consommation. Cette ide, convaincante premire vue (lutilit du painou des chaussures est assez vidente) conduit vite des difficults logiques (que signifie lutilit des cigarettes ?) etpratiques : comment mesurer les utilits pour pouvoir dire si un bien est plus utile quun autre? cet gard, lanotion de prfrence est plus neutre et respecte davantage la subjectivit de lagent conomique.bq100 20 30 40 50 60vq203040506010Y1Y2Y3Y4Y5Y6Y7Y8Y9 Y10CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 39Deplus,lesprfrencesdunindividunesontpassupposesimmuablesdansle temps : elles peuvent parfaitement se modifier, ainsi que la carte dindiffrencequilesillustre.Noussupposonsseulementquchaquemomentdutempsellesconserventleurcohrencelogique,cest--direquellesrespectentlesaxiomes.Par ailleurs, nous avons raisonn sur deux biens seulement ; il ny a cependantaucune difficult de principe appliquer les mmes arguments des paniers detroisbiens,decentbiens,oudenbiens.Pourlacommoditdelexpos,nousnaborderons cependant pas cette gnralisation.Enfin,etcommenouslavonsdjmentionn,leconceptdecartedindiff-rence,ainsiqueleprordrequecelle-cireprsente,postulentseulementqueleconsommateursoitcapabledecomparerentreeuxetdeclasserlespaniersdebiens. Il nest pas suppos prciser lintensit de sa prfrence, ni mesurer la quantitde satisfaction ou d utilit quil retire de ces paniers. Seul compte, pour lesbesoins de cet ouvrage, le classement de ceux-ci.Section 3.2La contrainte du budgetDans la section prcdente, on a ignor la question de savoir comment le consom-mateur se procurerait les paniers de biens envisags et, en particulier, sil pourraitse les payer. Cest ce qui sera examin ici.Par la nature mme du problme conomique, le consommateur na que desmoyenslimitspoursatisfairesesbesoins.Lemoyenlimitest,danscecas,lebudget dont il dispose. Tous les paniers de biens que dcrivent les courbes dindif-frenceneluisontdoncpasgalementaccessibles :sonbudgetlempchededpasser un certain seuil, quil faut maintenant dfinir et reprsenter.Ces limites sont essentiellement dtermines par le montant de son revenu, ainsique par les prix des biens considrs.1 Choix accessibles et choix inaccessiblesSoit un revenu R = 600S et deux biens, la bire et le vin, le prix de la bire tantpb = 10S le litre et celui du vin pv = 15S le litre. Si tout le revenu est consacr labire, la quantit maximum quil est possible dacheter est de 60 litres ; sil lest auvin, cette quantit est de 40 litres. Ces deux choix alternatifs apparaissent dans letableau et sur la figure 3.4 comme les paniers A et B.PartantalorsducasA,supposonsqueleconsommateurseraviseetdcidedacheter tout de mme un litre de vin. Son revenu tant fix 600S, il ne pourrale faire quen achetant moins de bire. Aux prix auxquels se vendent les deux biens,40 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEil lui faudra renoncer un litre et demi de bire pour librer une somme suffisante(soit 1,5 10S = 15S) lachat dun litre de vin. Il se retrouvera donc au point C,qui correspond lachat dun panier comportant 58,5 litres de bire et 1 litre de vin.En rptant cet argument pour une plus grande quantit de vin, soit cette foisqv = 2 litres, on constate que les limites du mme budget ne permettent plus dache-ter que 57 litres de bire, ce qui correspond au panier D dans le tableau et sur lafigure. En poursuivant de la mme manire, on peut construire dautres paniersque permet dacheter un revenu de 600S, aux prix en vigueur : ainsi par exempleles paniers E, F, et G, et mme B. Remarquons quils sont tous situs sur une mmedroite, celle qui joint les points A et B.Mais en fait, tous les paniers contenant des quantits qb et qv que permet 600Sdoivent satisfaire lgalit10 15 600 q qb v+ =Cetteexpressionestappele contraintedebudget duconsommateuretladroite AB qui la reprsente gomtriquement est sa droite de budget . En termesgnraux :Ladroit edebudget duconsommateurestunedroitedontchacundespointsreprsente un panier qui occasionne une mme dpense totale, dpense qui estgale son revenu.Les points situs en de de la droite de budget (M et N par exemple) reprsen-tentdespanierspourlesquelsladpenseestinfrieureaumontantdurevenudisponible, comme le montrent dailleurs les lignes M et N de la dernire colonnedu tableau 3.4. Il y a pargne dans ces cas (cf. le chapitre 8).Enrevanche,unpointtelqueP,situau-deldecettedroite,reprsenteunpanier pour lequel la dpense est suprieure au revenu. Alors que tous les pointsprcdents taient accessibles au consommateur, ce dernier ne lest pas.Ainsi, la droite de budget apparat comme une frontire entre choix accessibles etinaccessibles au consommateur, tant donn son revenu et les prix des deux biens.Par analogie avec ce qui a t dit au chapitre 2, on pourrait lappeler droite despossibilits de consommation; cest pourquoi le revenu est considr par la thoriemicroconomique comme une contrainte qui limite les choix du consommateur.2 Pente de la droite de budget et prix des biensLa droite de budget est incline de gauche droite, pour la raison vidente que le long de celle-ci, lacquisition de chaque nouveau litre de vin requiert labandon dune quantit de bire de 1,5litre. En dautres termes, lorsque le revenu est totalement dpens, le remplacement dun bienpar lautre se fait dans le rapport 1,5/+1, cest--dire de 1,5 unit de bire pour +1 unit de vin.Convenons de reprsenter par dqb/dqv le rapport de ces deux quantits (o dqb est la quantitngative de bire et dqv la quantit positive de vin), et observons sur la figure 3.4 que gomtri-quement, ce rapport sinterprte comme la pente ngative de la droite de budget.Par ailleurs les prix des deux biens sont respectivement de pb = 10S le litre pour la bire et depv = 15S pour le vin, et sont donc dans le rapport pb/pv = 10/15, soit +1/+1,5.3.4CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 41On peut ds lors noncer la proprit suivante :La pente de la droite de budget est ngative et gale, au signe prs, linverse du rapport des prix des biens figurant en ordonne et en abscisse.Dans les notations que nous venons dadopter, dqb/dqv = pb/pv.Avant de terminer cette section, notons encore que le revenu dont il est questionici sentend comme relatif une certaine priode de temps : par exemple un mois,ou mme une anne entire. La longueur de la priode retenue importe peu, maisil est essentiel de raliser que lanalyse est ncessairement insre dans le temps,celui-ci tant implicitement dcoup en priodes dgale longueur.Relations 3.4Figure 3.4 Tableau 3.4La contrainte de budget dun consommateur(A) Cas de la figure 3.4quation de la droite de budget de la figure 3.4 :15 10 600 q qv b+ =ou q qb v= 600101510Pente de la droite : ddbvqq= 1510(B) Cas gnralForme gnrale de la contrainte de budget :pq pq Rv v b b+ =Pente de la droite de budget : ddbvvbqqpp= Paniers Composition des paniers(a)Montant(a)alternatifs (en litres) de la dpenseqbqvA 60 0 600C 58,5 1 600D 57 2 600E 55,5 3 600F 54 4 600G 30 20 600M 20 20 500N 20 10 350P 20 30 650B0 40 600(a)Le revenu du concommateur est R = 6003. Le prix de la bire estpb = 103 le litre. Le prix du vin estpv = 15 3 le litre.3.1vq0 10 20 30 40 50102030N MGbq405060PABF0FEDCA1 2 3 4 5545760Pent e :1,5142 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUESection 3.3Lquilibre du consommateuret la demande des biens ce stade, nous avons notre disposition un ensemble dlments qui intervien-nent de manire importante dans la dtermination des comportements possiblesdu consommateur : dune part ses prfrences, qui permettent de classer ses choixventuels ; dautre part son budget et les prix, dans les limites desquels ses choixsont restreints.En posant maintenant lhypothse dun comportement rationnel, ces lmentsvontapparatrecommesuffisantspouridentifieretjustifieruncomportementdachat bien prcis, appel quilibre du consommateur .1 Dtermination de lquilibreSi lon admet que le consommateur se comporte conformment aux axiomes eten particulier ceux de dominance et de transitivit il est logique den dduireque celui-ci choisit le panier de biens quil prfre. De manire un peu plus image,cela revient dire que tout consommateur dsire se situer sur la courbe la plusleve de sa carte dindiffrence, ou encore quil sefforce datteindre un niveaumaximum de satisfaction8.Dautre part, la raret des ressources, que traduit au niveau du consommateur lacontrainte de son budget, loblige se limiter aux choix qui lui sont accessibles.Ces deux exigences ne sont que partiellement contradictoires, comme le montrela figure 3.5. Une carte dindiffrence et une droite de budget y ont t traces dansle mme diagramme. Il apparat immdiatement que la contrainte budgtaire rendinaccessiblelacombinaisondebienscorrespondantaupointHetlacourbedindiffrence I3. Par contre, la combinaison F, situe sur la courbe dindiffrenceI1, est sa porte, de mme que la combinaison G qui lui cote dailleurs moinscher pour le mme niveau de satisfaction; mais la courbe I1 nest pas la plus levepossible :enpassantlassortimentE,leconsommateuraccrotsasatisfaction(courbe I2), tout en restant dans les limites de son budget ; il choisira donc certai-nement E plutt que F ou G. Pourrait-il encore amliorer sa situation? La rponseest ngative : par rapport E, aucun autre point accessible (cest--dire situ surou en de de la droite de budget) natteint une courbe dindiffrence aussi leveque I2, et aucun des points prfrs ceux de la courbe I2 (courbes suprieures)nest accessible avec le budget disponible.8Toutes ces expressions ne sont en fait que des prsentations diffrentes du mme fait fondamental, relev dsle chapitre 1 : le caractre insatiable des besoins humains.CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 43Le choix dun assortiment tel que E 30 litres de bire et 20 litres de vin estla situation dite dquilibre du consommateur. Celui-ci est dfini commelepanierdebiensprfrparleconsommateur,parmitousceuxquiluisontaccessibles dans les limites de son budget.En dautres termes, lquilibre est la situation qui lui procure la satisfaction laplus grande possible.2 Proprits formelles de lquilibreLe point dquilibre E est le seul point ainsi prfr, tout en tant accessible ; lquilibre estdonc unique, cest--dire quun seul choix9 sera fait : celui de 30 et 20 litres, respectivement.Le point E jouit aussi de la proprit gomtrique suivante : la droite du budget y est t angent e une courbe dindiffrence (figure 3.5). Le point E est le seul avoir cette proprit. En effet, parchacundesautrespointsdeladroitedebudgetilpasseaussiunecourbedindiffrence(parexemple au point F), mais celle-ci est toujours scante.9On peut montrer que si la courbe dindiffrence ntait pas strictement convexe au point dquilibre,mais bien une droite, et que celle-ci tait par hasard exactement de mme pente que la droite de budget, il yaurait bien quilibre, mais celui-ci ne serait pas unique. Cest en vue dassurer cette unicit que nous avonspos laxiome de stricte convexit.Figure 3.5 Relations 3.5Lquilibre du consommateurtant donn : le prordre de prfrence illustr par la famille descourbes dindiffrence I1, I2, I3, et reprsent analy-tiquement par la fonction :(1) S f q q =C b v( ) , la contrainte de budget illustre par la droite AB, etexprime par lquation :(2) 600 10 15 = ( ) + ( ) q qb vlquilibre du consommateur, dfini comme les quantits qbet qv prfres parmi toutes celles que la contrainte de budgetrend accessibles, est la solution du problme mathmatiqueTrouver le maximum de la fonction (1)en termes des variables qb et qv,sous rserve que ces dernires satisfassent lquation (2)La solution peut tre calcule par la technique des multiplica-teurs de Lagrange. Mais tel nest pas notre but, ici. Lintrtdecetteformulationmathmatiqueestdemontrerlanature logique du concept dquilibre du consommateur.3.5vq0 10 20 30 40 50102030bq405060EHGABFI1I2I344 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUE La thorie des choix du consommateur peut tre tendue au cas dun nombre de biensplus grand que deux, ce qui en accrot le ralisme. Cette gnralisation noffre pas de difficult deprincipe, mais bien dexposition; cest pourquoi elle relve de traits plus avancs que ce manuel.Elle repose toutefois sur le mme concept que celui quon vient de voir : quel que soit le nombredes biens, lquilibre du consommateur est toujours dfini comme le panier quil prfre dans leslimites de son budget.3 La demande des biensLintrtprincipalduconceptdquilibreduconsommateurestdidentifieruncomportement prcis de lagent conomique tudi, compte tenu des circonstancesde prix et de revenu o il se trouve. Ainsi, il permet de prdire que si le consom-mateur a les prfrences reprsentes par la carte dindiffrence de la figure 3.5, siil dispose dun revenu de 600S, et si les prix des deux biens sont de 10S et 15Srespectivement, alors il achtera 30 litres de bire et 20 litres de vin.Ceciconduitdfinirunenouvellenotion,cellede demandeindividuelle pour les divers biens. On appelle la demande individuelle dun bien :la quantit de ce bien quun acheteur est prt acqurir, au cours dune priodedtermine, aux prix en vigueur et dans les limites du revenu dont il dispose.Pour le consommateur dont nous avons dcrit lquilibre au 1, il est clair quelademandedebireestde30litres,etquesademandedevinestde20litres,puisque ce sont l les quantits du panier quil prfre, parmi ceux qui lui sontaccessibles.En termes gnraux, la demande individuelle pour nimporte quel bien est doncla quantit qui correspond lquilibre de cet individu, en tant que consommateur.Maislquilibredtermineenfaitlademande,nonpasdunseulbien,mais,conjointement, des deux biens la fois ou encore de tous les biens, si on lesincluait tous dans lanalyse. On peut donc dire que la thorie des choix du consom-mateurfournituneexplicationlogique,etventuellementuninstrumentdeprvision, de la demande individuelle de tous les biens.Prcisonspourterminerquela priodedtermine mentionnedansladfinitionci-dessusdelademandeestcellepourlaquellelerevenuatdfinietaucoursdelaquellelaconsommationalieu :ilsagitdoncdelademandejournalire si lon considre un revenu journalier, de la demande mensuelle silsagit du revenu dun mois, etc. Pour lexemple de la bire et du vin qui nous aoccups, les valeurs numriques utilises suggrent quil serait plus raliste de penseren termes dune priode plus longue : six mois par exemple. Mais on peut trans-poser tout le raisonnement une priode plus courte, moyennant une adaptationdes chiffres.3.6CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 45Section 3.4Les dplacements de lquilibreet les courbes de demandedu consommateurPour dterminer lquilibre comme nous lavons fait, nous avons suppos donnset constants trois lments : les prfrences du consommateur, son revenu, et lesprix ces biens sur le march. Or chacun de ces lments est videmment susceptiblede varier.Dans la prsente section, nous tudions comment se modifie, ou se dplace lquilibre du consommateur, dune part la suite de variations du prix dun desbiens (1), et dautre part la suite de variations de son revenu (2). Cette tudenous conduira dfinir divers concepts de courbes de demande.1 Variations du prix dun biena Pivotages de la droite de budgetLa droite de budget du consommateur a t construite, sur la figure 3.4, en reprantles paniers A et B, le point B correspondant la quantit de vin (40 litres) quil taitpossible dacheter au prix de 15S le litre si tout le revenu (600S) y tait consacr,et le point A tant repr de manire analogue. On retrouve ces points A et B sur lafigure 3.6.Supposons maintenant que le prix du vin double, passant de 15 30S par litre :le point B se dplace en C puisque seulement 20 litres peuvent tre acquis ce prixavec 600S. Si nous supposons que le prix de la bire reste inchang, le point A dela droite de budget na quant lui aucune raison de bouger. Mais on doit tracerune nouvelle droite pour reprsenter un budget de 600S de revenu au nouveauprix pv = 30 avec pb = 10 inchang : cest la droite AC.Il est pratique de remarquer que cette nouvelle droite de budget peut tre vuecomme rsultant dun pivotage de la premire droite (AB) autour du point A. Deplus, la hausse du prix du bien sillustre par un pivotage de la droite de budget versl intrieur ,cest--direversloriginedesaxes :eneffet,lespossibilitsdeconsommation se restreignent quand un prix monte !Si nous avions envisag une baisse du prix du vin, le pivotage autour du point Aseseraitfaitverslextrieur ,cest--direensloignantdeloriginedesaxes,refltant un accroissement des possibilits de consommation.b Dplacements de lquilibreNous avons vu la section prcdente quaux prix de la bire et du vin respective-ment de 10 et 15S le litre, et avec la droite de budget AB qui y correspond lquilibrese situe en E2, (repris sur la figure 3.6A).46 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEFigures 3.6Dplacements de lquilibre du consommateur enfonction du prix et courbe de demande dun bienSi maintenant le prix du vin double (celuidelabirerestantinchang),cettedroitepivoteautourdupointAetdevientAC.Comme la carte dindiffrence comporte par-toutdescourbesdindiffrence,lanouvelledroite AC est ncessairement tangente lunedecescourbes ;etcelle-cidoitlogiquement(pardominance)treinfrieurecelledupremierquilibre.Unnouvelquilibre,soitE1, dterminera une nouvelle combinaison desdeux biens, prfre toutes celles qui restentmaintenant possibles.Sienrevancheleprixduvinestrduit10S, la droite de budget pivote vers lext-rieur autour du point A et le nouvel quilibreest constitu par les coordonnes du point E3.c Construction de la courbe dedemande individuelle dun bienDe ces dplacements de lquilibre, on dgageunnouveauconceptfondamental :celuide courbededemande dubiendontleprixvarie (le vin dans lexemple qui nous occupe).Audpartdelafamilledquilibresdelafigure 3.6A, reportons en effet sur un graphi-quedistinct(3.6B)lesdiversprixduvinenordonne et en abscisse les quantits corres-pondantes qui sont choisies lquilibre parleconsommateur.Plusprcisment,surlegraphique A, il apparat que pour un prix de15S, la quantit de vin choisie de prfrence toute autre est de 20 litres par semaine (abs-cisse du point E2). Sur le graphique B, ce prixetcettequantit,mesursrespectivementenordonneetenabscisse,dterminentlepoint e2. Pour un prix de 30S, au contraire, laquantitdevinchoisielquilibre(surlegraphique A, abscisse du point E1) est de 10litres ; ce prix et cette quantit dterminent lepoint e1 sur le deuxime graphique.Tableau 3.6Prix du vin Quantit de vin Pointpvqvdquilibre10 30 E315 20 E230 10 E160 0 ASi lon rpte ce raisonnement pour un grand nombre de variations du prix duvin, on voit apparatre au second graphique une succession de points tels que e1, e2,e3, etc., prsentant la forme caractristique dune courbe descendante de gauche droite : cest la courbe de demande individuelle du vin.En termes gnraux, la courbe de demande dun bien se dfinit commela relation qui existe entre les divers prix dun bien et les quantits de celui-ci quelacheteur est prt acqurir, pendant une priode de temps dtermine.3.7bqvq10 0 20 30 40 50 60102030405060102030405060vpCo urb ed e d emand ed u vi nACE3e1BA AB BI3I2I1I0E2E1vq10 0 20 30 40 50ae2e3CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 47Le tableau 3.6 donne quelques valeurs numriques de la relation entre prix etquantit demande, dont la courbe que nous venons de construire est lexpression.Remarquons que lintersection de cette courbe avec laxe des ordonnes indiquele prix partir duquel le consommateur nachte plus le bien; cest aussi un qui-libre, dtermin par une droite de budget de pente trs forte, puisque le prix dubien est trs lev.La courbe de demande individuelle a les proprits importantes suivantes :chaquepointdunecourbededemandeindividuellecorrespondunpointdquilibre pour le demandeur.Ce sont en effet les quilibres successifs, ns des variations du prix dun bien (celuides autres restant constant) qui dterminent la courbe de demande pour celui-ci.Lacourbededemandeduconsommateurestdcroissante(cest--diredescendante de gauche droite, ou de pente ngative) : lorsque le prix baisse, laquantit demande augmente.Cette proprit est assez gnrale dans la pratique, et intuitivement trs plausible.Pourtant elle ne dcoule pas ncessairement de la forme des courbes dindiffrenceque nous avons utilises. Avec les axiomes que nous avons poss, il est possible deconstruire des courbes dindiffrence qui impliqueraient une courbe de demandemontante pour lun des deux biens ; ce cas se rencontre toutefois rarement dans laralit10.d Effet sur la demande des autres biensLa variation du prix dun bien peut aussi provoquer des changements dans les quantits deman-des des autres biens, mme si les prix de ceux-ci ne bougent pas. La nature et lampleur de ceschangements diffrent cependant selon la forme des courbes dindiffrence du consommateur.Considrons par exemple le graphique 3.7A : si de E2 E1 la demande de vin a baiss, celle de labire a augment ; pour compenser la hausse du prix du vin, le consommateur substitue partiel-lement de la bire celui-ci. la figure 3.6, o la courbure des courbes dindiffrence tait diff-rente, ce ntait pas le cas. Une autre possibilit est celle du graphique 3.7B, mettant en prsenceFigures 3.7 Dplacements de lquilibre et consommation des divers biens10Mais on le rencontrera dans les domaines particuliers de loffre de travail (chapitre 7) et dpargne (chapitre 8).3.23.3BAI2I1Cbqvq0AE2BE1C0E2E1SUCRECAFI2I1I0A: SUBSTI TUTS B: COMPLMENTS48 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEle sucre et le caf : quels que soient les prix, les quilibres E2 et E1 maintiennent approximati-vement une proportion fixe entre les deux biens, et si la hausse du prix du caf fait baisser lademande de caf, elle entrane aussi une baisse de la consommation de sucre. Sur la figure 3.6 cegenre dinteraction tait absent : ctait cet gard un cas trs particulier.2 Variations du revenu du consommateura Dplacements de la droite de budgetUne variation du revenu du consommateur entrane une modification de la positionde sa droite de budget, cest--dire un dplacement de celle-ci paralllement elle-mme du moins si les prix des biens restent inchangs, ainsi que les prfrencesdu consommateur,En effet, en se rappelant que la droite de budget du consommateur a t cons-truite, sur la figure 3.4, en reprant les paniers A et B, le point B correspondant laquantit de vin (40 litres) quil tait possible dacheter au prix de 15S le litre si toutle revenu (600S) y tait consacr, et le point A (60 litres) tant repr de manireanalogue , il est clair que si le revenu augmente, les quantits de 40 litres et 60litrespeuventtreaccrues,etdanslammeproportion.Danslexempledelafigure 3.8A,oilsagitdunehaussedurevenude600750 S,cesquantitsdeviennent 50 et 72,5 litres, respectivement. La nouvelle droite de budget qui rsultedune hausse du revenu est donc bien entirement situe lextrieur et droitede la prcdente.Inversement, en cas de baisse du revenu, la droite de budget se dplace parall-lement elle-mme vers lintrieur , cest--dire vers lorigine des axes.b Dplacements de lquilibreLedplacementdupointdquilibrequisensuitestgalementillustrlafigure 3.8A (passage de E1 en E2).Selon la forme des courbes dindiffrence, deux types de comportements peuventtoutefois tre constats : la consommation des deux biens augmente avec le revenu, comme cest le cassur la figure 3.8A; les deux biens sont alors appels des biens normaux ; la consommation dun des deux biens dcrot lorsque le revenu grandit, commecest le cas des bas morceaux de viande, dans la figure 3.8B. On appelle inf-rieurs de tels biens, que le consommateur nachte que lorsque son revenu estbas, et quil abandonne au profit dautres lorsque son revenu slve.Si lon considre enfin une succession daccroissements du revenu (figure 3.8C),on dtermine une succession de points dquilibre qui dcrivent lvolution deschoix prfrs par le consommateur lorsque son revenu saccrot. En joignant cespoints,onobtientunecourbe(deformequelconque)appele chemindexpansion du consommateur .La forme de ce chemin sur la figure 3.8C rvle quil sagit dans ce cas, pour leconsommateur, de deux biens normaux; si la bire tait un bien infrieur, la courbedu chemin dexpansion rebrousserait vers la gauche et vers le haut partir duncertain seuil.CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 49Figures 3.8 Dplacements de lquilibre du consommateur en fonction du revenuc Dplacements de la courbe de demande individuelleLanalyse de ces derniers dplacements de lquilibre du consommateur permet demontrer quune modification de son revenu tous les prix restant constants provoque un dplacement de la courbe de demande individuelle que nous avonsconstruite aux figures 3.6.Considrons en effet les figures 3.9A et C. Pour chacun des niveaux de revenucorrespondant aux droites de budget successives, on peut appliquer largumen-tation du 1 ci-dessus, cest--dire dduire une courbe de demande du vin, donnanten abscisse les quantits de vin demandes en fonction des variations de son prix.Onobtientainsilestroiscourbesdedemande D1, D2,D3delafigure3.9C.Onconstate quau fur et mesure quelle est dduite dun niveau de revenu plus lev,la courbe de demande du vin se situe plus droite.Figures 3.9 Effets de variations du revenuI1I2bq10 20 30 40 50 60102030405060I0E2E1BAS MORCEAUXDE VIANDEPTISSERIEE2E10 BIREVINE2E10E3E40A ADeuxb i ensno r maux70Chemi nd exp ansi o nvqB BUnb i enno r malet d euxb i ensi nf r i eur sChemi nd exp ansi o nd uco nso mmat eurC CE2E1E3600 750 900q1q2q3QUANTITS DE VINI2I3I1E2E1E3QUANTITS DE BIREQUANTITSDE VINq1q2q3REVENU(EUROS)E2E1E3q1q2q3QUANTITSDE VINPRIX DU VIND2D1D3Dp l acement sd el q ui l i b r eA ACo ur b ed ed emand eenf o nct i o nd ur evenuB BDp l acement sd el aco ur b ed ed emand eC C50 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEIl en rsulte la proposition suivante, qui est de porte trs gnrale :Tout accroissement du revenu du consommateur entrane un dplacement versla droite de ses courbes de demande pour les divers biens ; toute diminution durevenu entrane de semblables dplacements vers la gauche.Lelecteurvrifieraparlui-mmequelorsquilsagitdunbieninfrieur,lesdplacementssoprent dans le sens inverse. titre de remarque mthodologique, attirons lattention sur limportance de ladistinction entre dplacements le long dune courbe de demande, et dplacementdelacourbeelle-mme.Lespremiersdcriventexclusivementleseffetssurlesquantits demandes de modifications du prix du bien considr ; les seconds, parcontre, traduisent les effets sur ces quantits demandes de modifications de tousautres lments dont le revenu, comme nous venons de le voir, lexception duprix du bien lui-mme. Il est absolument indispensable de bien distinguer ces deuxtypes de dplacements, car ils proviennent de causes essentiellement diffrentes.Bien des mcomptes dans linterprtation des phnomnes de marchs sont duslaconfusiondecesdeuxnotions.Nousauronsplusieursfoisloccasiondyrevenir.d Construction dune courbe de demande en fonction du revenuAu lieu de transposer les quilibres de la figure 3.9A dans un diagramme prix-quantit du typede la figure 3.9C, on peut aussi le faire dans un diagramme tel que celui de la figure 3.9B, o lemontant du revenu figure en abscisse, et celui des quantits de vin demandes lquilibre enordonne. On obtient alors une autre courbe de demande : on lappelle courbe de demande enfonction du revenu, et parfois aussi courbe dEngel 11. Chacun de ses points correspond unpoint dquilibre pour le consommateur, et sa forme croissante ascendante de gauche droite,ou de pente positive, confirme que la demande dun bien crot lorsque le revenu augmente (dumoins sil est normal ).Lvolutiondelademandedesdiversbiensenfonctiondurevenu,etdonclaformedelacourbe de demande en fonction du revenu, nest pas ncessairement la mme pour chacun desbiens : tout dpend de lallure du chemin dexpansion du consommateur, puisque la figure 3.9Best dduite de la figure 3.9A, et donc des courbes dindiffrence.De multiples enqutes statistiques ont confirm que limportance relative des diverses dpensesdeconsommationvarieavecleniveaudurevenu.Ilestnotammenttabliquelafractiondurevenuconsacrelalimentationdcrotquandlerevenucrot ;quelafractionconsacrelhabillement et au logement est plus ou moins stable ; que celle consacre aux soins de sant, auxloisirsetlacultureestdautantpluslevequelerevenuestplusimportant.Toutescesobservations se dduisent de mesures statistiques des courbes dEngel de ces divers biens.Outre les variations du prix des biens, et du revenu du consommateur, un troisimephnomne peut entraner des dplacements de lquilibre : un changement dansles prfrences du consommateur. Ce cas est difficile systmatiser graphiquement11Le statisticien allemand ENGEL est le premier avoir tudi les effets des changements de revenu sur lesdpenses de consommation.3.4CHAPITRE 3 LES CHOIX DU CONSOMMATEUR ET LA DEMANDE DES BIENS 51avec la carte dindiffrence ; mais il suffit de raliser quil a pour point de dpartune modification de la forme des courbes dindiffrence, et provoque ds lors desdplacements dquilibres comparables ceux qui viennent dtre tudis.Passant directement aux courbes de demande, on a typiquement quune inten-sificationdesprfrenceslgarddunbienlanaissancedunemodeparexempleentranefinalementundplacementversladroitedelacourbededemandepourcebien;cestaucontraireundplacementverslagauchequisurvient lorsque le bien en question se dmode.52 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUEAnnexeLlasticit de la demandeLetermed lasticit esttrsfrquemmentutilis en science conomique, et dans un grandnombre de situations trs diverses. Nous lintro-duisons ici en lappliquant la courbe de demandeindividuelle pour un produit, mais nous lappli-querons plus loin aux courbes de demande collec-tivesurlesmarchs(chapitre 9),ainsiquauxcourbesdoffredeproduits(chapitres 5et 9)commedefacteurs(chapitres 7et 8).Lanotionest donc trs gnrale. Elle est aussi trs simple, etpeut tre prsente comme suit.1 La notionNous venons dtablir le pourquoi dun fait biensimple : si le prix dun bien change, les quantitsdemandes changent aussi. Et la thorie a mmeprcis que si le prix hausse, les quantits deman-desdiminuent,etellesaugmententsileprixbaisse.Maisdecombien ?Cestexactementcequevisemesurernumriquementllasticit.Celle-ciestexcellemmentdsigneparlexpres-sionanglaisedemeasureofresponsiveness :sichangement de prix il y a, dun certain montant,elleestlampleurdelavariationdesquantitsdemandes.Mais les quantits demandes dpendent aussidu revenu, ainsi que des prix des autres biens. Cestpourquoienmatiredlasticitdelademande,on distingue llasticit de la demande dun bienpar rapport son prix, celle par rapport au revenu,etenfinleslasticitscroises delademandedun bien par rapport aux prix des divers autresbiens.2 Calcul de llasticitde la demande dun bienpar rapport son prixLlasticit de la demande dun bien par rapport son prix se calcule comme :le rapport entre la variation en pourcentage de la quantit demandeet la variation en pourcentage du prix.A3.1Elle est donc donne par la formuleq pvariation en % de la quantit demandevariation en % du prix,== q qp pCe rapport est ncessairement ngatif, en raisondu sens inverse dans lequel se font les variationsde prix et de quantit. Llasticit de la demandedun bien peut ainsi varier de zro moins linfini.Dans cette vaste plage de variation, on distingueles zones suivantes, au moyen desquelles on carac-triselescourbesdedemande(uneillustrationnumrique et graphique apparat au tableau et auxfigures 3.10) :ANNEXE A3 LLASTICIT DE LA DEMANDE 53(a) = 0 le changement du prix ne provoque aucun chan-gement de la quantit demande; la demande estdite alors parfaitement inlastique.(b) 0 1le changement en pourcentage de la quantit de-mande est infrieur au changement en pourcen-tage du prix; la demande est dite ici inlastique.(c) = 1lechangementenpourcentagedelaquantitdemande est exactement gal au pourcentage dechangementduprix ;lademandeestditealorsdlasticit unitaire.(d) 1 > > lechangementenpourcentagedelaquantitdemande est suprieur au changement en pour-centage du prix ; la demande est dite lastique.(e) = lechangementenpourcentagedelaquantitdemande, qui fait suite un changement donnen pourcentage du prix, est infini ; la demande estalors dite parfaitement lastique.Figures 3.10Tableau 3.10lasticit de la demande dun bien par rapport son prixExemple de calcul dlasticitDans ce tableau, on suppose une baisse du prix de 10 3 8 3, soit p = 2 3, et cinq cas diffrents de variation desquantits q sont considrs aux colonnes (a) (e), soit successivement q = 0, +10, +25, +50, et +.Pour les dnominateurs p et q apparaissant dans la formule dlasticit, il faut choisir entre leur valeur avant ouaprsvariation.Parconvention,onutiliselamoyennedecesdeuxvaleurs,soit(10 + 8)/2=9pourleprix,etsuccessivement (100 + 100)/2 = 100, (100 + 110)/2 = 105, (100 + 125)/2 = 112,5, etc. pour la quantit.Lapplicationde la formule ces donnes conduit aprs simplification aux chiffres suivants.Divers cas de variation de q suite une baisse de prix de 2 3(a) (b) (c) (d) (e)Effet sur leseffet hausse hausse hausse haussequantitsnul de 100 110 de 100 125 de 100 150 infiniedemandes =02 9 = == == 0 =110 52 9,= == == 0,42 =2 92 9 = == == 1 =2 52 9 = == == 1,8 =2 9= == == Valeur dellasticitp0 100810150qp0 100810110qE EPA RFA I TEMEN TLA STI Q UED DLA STI Q UEC CD LA STI CI TUN I TA I REB BI N LA STI Q UEA APA RFA I TEMEN TI N LA STI Q UE0 100810qp p0 100810125qp0 100810q54 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUELe vocabulaire employ est tout fait classiqueet mrite donc dtre retenu!Limportancepratiquedellasticitdelade-mande dun bien par rapport son prix apparatrasurtout dans ltude des marchs : transpose auniveaudelensembledesconsommateurs(cf.section 9.5, 1), on verra quelle permet de prvoirla raction de ceux-ci aux changements de prix.Cette prvision est aussi utile aux producteurs dubien, pour valuer le changement de leurs recetteslorsquils envisagent de modifier leur prix de vente(cf. le point a.2 de la section 10.3, ainsi que lana-lyse des recettes en monopole la section 11.1).3 Relation entre la pentede la courbe de demande etllasticit par rapport au prixLesfigures 3.10suggrentquellasticitdunecourbe de demande dsigne en fait sa pente : unedemande inlastique est proche de la verticale, unedemandelastiqueprochedelhorizontaleBienque cela ne soit qu moiti exact, on peut souventse contenter de cette approximation.Pourbienfaireladiffrence,ilfautserappelerquelacourbededemandedunbienpeutaussisexprimercomme une fonction, appele fonction de demande dubien ,quenouscrironsq= qd(p),olaquantitdemandeapparatcommedpendantduprix.Silonsuppose cette fonction continue et drivable, llasticitde la demande du bien par rapport son prix peut alorsse dfinir par lexpression suivante :qpdddd= = q qp pqppqo les variations dq et dp sont supposes infinitsimales.Il est clair que le rapport dq/dp est linverse de la pentede la tangente la courbe de demande, au point de coor-donnes (p, q) auquel on value cette pente. Llasticitpeut alors encore scrire :qppente= pq1Elle ne se confond donc pas avec la mesure de la pente,mais est en quelque sorte une pente pondre. La pentede la courbe est, en effet, le rapport entre deux variationsabsolues, alors que llasticit est un rapport entre deuxvariations relatives.Une consquence de cette distinction est quunedemande linaire na pas une lasticit constante.Au contraire, celle-ci dcrot de gauche droite,pourdesvaleurscroissantesdeq.Eneffet,silapente, et son inverse dq/dp, sont constantes dansce cas, le deuxime facteur, p/q, varie en chaquepoint :plusfaibleestleprix,plusleveestlaquantitdemande,etmoinsgrandeestalorsllasticit.4 Llasticit de la demandepar rapport au revenuLaquantitdemandedunbiendpendnonseulement de son prix, mais aussi du revenu duconsommateur,commelillustrelacourbedEngel. On peut ds lors dfinir une lasticit dela demande par rapport au revenu commele rapport de la variation en pourcentage de laquantit demande la variation en pourcentagedu revenu.Formellement,qR =q qR RCette lasticit est normalement positive, cest--direquelaccroissementdurevenuprovoqueune augmentation de la consommation du bienconsidr,silsagitdunbiennormal(ausenstechnique dfini plus haut) ; elle est en revanchengative sil sagit dun bien infrieur.Cestlemomentdeprciserquencequiconcernelesbiensnormaux,onlesappelle suprieurs lorsque llasticit de leur demandeparrapportaurevenuestsuprieurelunit ;on les appelle de ncessit si cette lasticit estinfrieure 1.Limportancepratiqueduconceptdlasticitdelademandeparrapportaurevenunestpasmoins grande que celle de llasticit par rapportau prix, et ce tant en matire danalyse des marchsque de prparation des dcisions des entreprises.Onpeutlarsumerenobservantquellesertsurtout dinstrument de prvision de la positionetdesdplacementsventuelsdescourbesdedemande.ANNEXE A3 LLASTICIT DE LA DEMANDE 555 Llasticit croisede la demandeLlasticitcroisedelademandemesurelavariationrelativedelaquantitdemandedunbienparrapportauchangementrelatifduprixdun autre bien. Cette notion dcoule du fait quela demande dun bien dpend non seulement desonpropreprix,maisaussiduprixdesautresbiens, ce que la thorie des choix du consomma-teur a montr en tudiant les effets sur lquilibredesvariationsdeprixdesdiversbiens(voirenparticulier le point c du 1 la section 3.4).Ainsi, llasticit croise de la demande de bire(qb)parrapportauprixduvin(pv)estdonnepar12:q ,pb bv vb v=q qp pSilesbienssontsubstituts,commedanslexemple envisag, llasticit croise est positive :unehausseduprixduvintendaugmenterla13On peut dmontrer, en effet, que llasticit dune fonction estgalesadrivelogarithmique ;formellement,soitlafonctionq = f (p) ; llasticit de q par rapport p est gale dlog q/dlog p.demandedebire.Parcontre,silesbienssontcomplmentaires,parexemplelesappareilsdephotos et les films, llasticit croise est ngative.Nous retrouverons cette notion lorsquil sagiradeprciser,danslanalysedesmarchsdespro-duits, le concept dindustrie (chapitres 10 et 11).6 Autres types dlasticitNous lavons dit en commenant : la notion dlas-ticitesttrsgnrale.Elletraduitenfaittoutevariationrelativedunevariablequelconqueenfonctiondesvariationsrelativesduneautrevariable quelconque. Elle sapplique toute rela-tionfonctionnelle,etelleestdailleurscetitreun concept plus mathmatique13 quconomique.Mais, comme suggr par les exemples prsents,il est dune trs grande utilit tant pour lanalyseconomiquequepourlagestiondesentreprisesetlacomprhensiondecequisepassesurlesmarchs.12La demande du bien b tant considre ici comme une fonctiondeplusieursvariables(leprixpb,leprixpv,lerevenuR,etc.),lanotation de llasticit se fait en termes de drives partielles.56 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUECHAPITRE 4 LES CHOIX DU PRODUCTEUR (I) : PRODUCTION, COTS ET RECETTES 574Les choix du producteur (I) :production, cots et recettesLadfinitiondelaproduction,tellequelleatdonneauchapitre 2,suggredinterprter le comportement des producteurs en termes de choix, comme il futfait pour les consommateurs. Ici toutefois le critre des choix nest plus la prf-rence individuelle pour des biens ; les produits tant destins aux consommateurs,et les facteurs de production tant achets pour fabriquer les produits, les dci-sions du producteur sont supposes motives par une prfrence pour un autreobjet :leprofit,cest--direladiffrenceentrelavaleurduproduitetcelledesfacteurs de production.Ainsi conue, la thorie des choix du producteur est expose en deux tapes,couvertes dans ce chapitre et le suivant. La section 4.1 commence par la fonct ion de product ion, notion qui fournit unereprsentation claire et maniable de laspect physique et technique des activits deproduction. Cette notion est complte par elles de rendements dchelle et de pro-ductivit. La section 4.2 considre ensuite la valeur conomique des inputs, cest--dire lescot s de product ion, tels que dcrits successivement par les isocots, et les fonctionsde cot total, de cot moyen et de cot marginal. La section 4.3 prsente la valeur conomique des outputs, qui apparat dans lesrecet t es de vent e du producteur.Ltudedeschoixeffectifsduproducteur,eninputscommeenoutputsferaalors lobjet du chapitre suivant.Lensemble de ces analyses sont faites, rappelons-le, prix donns .58 PARTIEI ANALYSEMICROCONOMIQUESection 4.1La fonction de productionLa premire question que soulve lanalyse de lactivit dun producteur est cellede savoir dans quelles conditions il lui est techniquement possible de produire enquantits diverses un ou plusieurs biens dtermins. Ceci revient sinterroger surlaptitude de ses ressources raliser telles ou telles productions.Cette question relve dabord de la science des ingnieurs et du savoir-faire destechniciens : cest par exemple, lingnieur chimiste qui tablit sil est technique-ment possible de produire de la matire plastique au dpart du ptrole ou au dpartdu charbon; et si lun et lautre de ces moyens le permettent, cest encore cet ing-nieurquidiracombiendeptroleestncessairepourobtenirtellequantitdematire plastique, ou combien de charbon est ncessaire pour obtenir une quan-tit identique du mme plastique. Ingnieurs et techniciens sont donc par excel-lence les agents de la production, en ce quils connaissent quelles combinaisonsdes divers inputs permettent de raliser tel ou tel output. Ces connaissances, on lesappelle technologiques .Danslaplupartdescascependant,lespossibilitstechniquesderaliserunemme production savrent multiples. Lexemple prcdent suggrait deux possi-bilits diffrentes (le charbon ou le ptrole) de produire du plastique. Commentchoisir entre elles ? En outre, quelle quantit de plastique produire ? Le savoir-fairedes ingnieurs et des techniciens ne fournit pas de rponse directe sur ces deuxpoints. Cest prcisment ici quintervient le raisonnement conomique en matiredeproduction,raisonnementquiapourrledindiquerquelssontleschoixrationnels cet gard.1 La reprsentation des possibilits techniquesde productionTout choix rationnel suppose la connaissance des alternatives ; dans le cas qui nousoccupe, celles-ci sont constitues par les divers procds et techniques de produc-tion existants. Contrairement lingnieur, cependant, ce que lconomiste doitensavoirporteassezpeusurledtaildesprocessusphysiquesparlesquelslesressources (ou inputs) sont transformes en produits ; il nest concern que par lesrelations entre quantits dinputs et quantits doutputs dans le cadre de chaqueprocessus.Pourreprendrenotreexempleantrieur,ilestsansintrtpourlconomistedeconnatrelesloisdelachimieindustrielle,quidcriventlesphnomnes par lesquels telles ressources (le ptrole, ou le charbon) sont trans-formes en tel produit (le plastique) ; il lui suffit de savoir que, selon ces lois, il fautpar exemple au moins 1000 barils de ptrole, ou au moins 5 tonnes de charbonpour obtenir 200 kg de plastique.Une telle relation est dcrite au moyen du concept de fonction de production,dont nous donnerons la dfinition suivante :CHAPITRE 4 LES CHOIX DU PRODUCTEUR (I) : PRODUCTION, COTS ET RECETTES 59Une fonct ion de product ion est une relation quantitative entre inputs et outputs,entirement dtermine par la technologie, qui dcrit en termes physiques quelleestlaquantitdinputsncessairesetsuffisantspourproduireunequantitquelconque doutputs, par unit de temps.Les caractristiques et proprits de la fonction ainsi dfinie ont une significationconomique dont la porte est considrable. Chacun des trois paragraphes suivantssera consacr leur tude dtaille. Mais ds maintenant, relevons que la produc-tion apparat comme une fonction croissante de chacun des deux inputs. Dautrepart, si lexemple prsent ci-contre est limit deux inputs et un seul output, cestuniquement par souci de simplifier lexpos. En ralit, le concept de fonction deproduction peut tre tendu un nombre quelconque dinputs ; la fonction scritalors sous la forme gnrale de la relation 4.1B, mais il nest plus possible de lareprsentergraphiquement.Lammegnralisationstendaunombredesproduits,etlonobtientalorslexpression4.1Bquiconstituelaformelaplusgnrale et la plus raliste de la fonction de production.2 La carte disoquantsLa relation qui vient dtre dfinie ne fournit pas seulement une information chif-fre sur les liens ncessaires entre quantits dinputs et quantits doutputs ; elleimplique aussi une relation entre les seuls inputs, qui permet de caractriser desphnomnes de substitution dans le domaine de la production.Figure 4.1 Fonction de productionPrenons le cas dune entreprise de tissage. Supposons quil sagisse dune usinespcialise dans la production dun seul typededrapbienprcis ;nousavonsainsidfinisonoutput(etconvenonsdenoterQlaquantit de drap produite par unit de temps,unesemaineparexemple).Cetteentrepriseutilisevidemmentcertainesressources(inputs), telles que matires premires (fils),mtierstisser(mcaniquesoumanuels),main-duvredequalificationsdiverses(directeurs,employs,contrematres,ouvriers, etc.) nergie (force motrice), etc. Laliste complte des diffrents inputs utiliss paruneentrepriseesttoujourslongue.Poursimplifiernotreraisonnement,convenonsquil ny en a que deux : le travail, en dsignantparTlaquantitdheuresdetravailutiliseparsemaine,etlecapital,ennotantKlaquantit du capital, mesure (conventionnel-lement) en termes de machines utilises parsemaine. La fonction de production dune telleentreprisepeutalorstrereprsentesoitnumr