Upload
dinhduong
View
217
Download
0
Embed Size (px)
Citation preview
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 1
CCO Sémiologie orthopédique
Dr Audrey ANGELLIAUME
Le 22/11/2017 à 13h30
Ronéotypeuse/ficheuse : Enza ÇUHACIENDER
Cours n°3
Particularité des traumatismes osseux et articulaires
de l’enfant
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 2
SOMMAIRE
I. Croissance osseuse
A) Structure osseuse chez l’enfant
B) Caractéristiques
C) Circonstances de la fracture
II. Fractures diaphysaires et métaphysaires
A) Fractures spécifiques
B) Principes de prise en charge
C) Consolidation
D) Complications
a. Aigues
b. Tardives
E) Classification de Salter et Harris
III. Fractures épiphysaires
A) Complications tardives
B) Principes de traitement
IV. Fractures du membre supérieur
A) Extrémité distale du radius
B) Fractures de la diaphyse des deux os de l’avant-bras
C) Fractures de la palette humérale
D) Lésion de Monteggia
V. Fractures du membre inférieur
A) Fracture du fémur
B) Fracture de la cheville
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 3
I. Croissance osseuse (A connaitre par cœur +++)
On grandit « loin des coudes, près des genoux » :
- 80% humérus proximal et 20% humérus distal
- 70% fémur proximal et 30% fémur distal
- 20% radius proximal et 80% radius distal
- 55% tibia proximal et 45% tibia distal
Cette particularité de la croissance conditionne les traitements orthopédiques et la surveillance des
blessures (en particulier les atteintes du cartilage) en fonction de l’âge.
Par exemple :
- Chez un enfant de 12 ans : fracture du coude non problématique car fin de croissance osseuse
- Chez un enfant de 5 ans : cartilage du fémur distal abîmé = problématique car croissance très
active (troubles de longueur, reste 70% de la croissance…)
A. Structure osseuse chez l’enfant
La diaphyse permet la croissance membraneuse, en épaisseur, ainsi que la formation du cal primaire
des fractures. Elle se poursuit par la métaphyse (diminution de l’épaisseur de l’os cortical) puis de la
physe (= cartilage de croissance) qui permet la croissance en longueur. A l’extrémité de l’os,
l’épiphyse est articulaire et permet la croissance endochondrale.
Le périoste est une membrane osseuse qui recouvre les os longs et plats. Il a pour rôle de protéger
l’os et en en cas de fracture il permet de réparer et consolider l’os. Il faut donc y faire
particulièrement attention car si on agresse le périoste (chirurgie, plaques, vis, …), cela peut
déclencher une poussée de croissance et donc une inégalité de longueur des membres par exemple.
COMPOSITION DES CELLULES OSSEUSES (à bien connaître)
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 4
B. Caractéristiques
LE REMODELAGE OSSEUX
Les os subissent des contraintes, c’est ce qui
leur donne leur forme. Chez les sujets jeunes
avec un grand potentiel de croissance, l’os se
remet droit : il y a une correction spontanée.
Cela suppose toutefois que la fracture soit proche
d’une zone de croissance fertile (= métaphyse).
Le remodelage est également meilleur quand la
fracture se situe dans le « plan de travail » (par
exemple avant/arrière pour le poignet).
Attention : pas de remodelage si fracture articulaire, pas de correction des troubles de rotation !
L’EFFET VICARIANT
Spécifique de la traumatologie pédiatrique : hyperconsolidation des os, stimulation excessive de la
croissance en réponse à une agression (périoste ++).
C. Circonstances de la fracture
Selon l’âge de l’enfant, les fractures ne sont pas les mêmes. Il n’y a pas de fracture des os longs
avant l’âge de la marche ; si c’est le cas il faut suspecter une maltraitance.
- Trait de fracture spiroïde : pas très suspicieux (l’enfant tourne sur lui-même et se fracture le
fémur en tombant).
- Trait transversal : suspicion de maltraitance (coup, objet jeté sur la jambe de l’enfant).
II. Fractures diaphysaires et métaphysaires
A) Fractures spécifiques
▪ Inflexion : incurvation sans trait visible, déformation plastique
▪ Fracture en motte de beurre : métaphyse, jeune enfant, stable (chute
en hyperextension de poignet)
▪ Fracture en bois vert : une corticale rompue, l’autre continue
▪ Fracture complète = adulte
▪ Fracture en cheveu ou sous-périostée (typique de
l’enfant) : entre 1 et 3 ans, boiterie isolée, parfois douleur à la torsion du
squelette jambier, identifiée en scintigraphie (hyperfixation) le plus souvent car
pas toujours visible en radio.
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 5
B) Principes de prise en charge
• Traitement orthopédique : c’est la règle pour les fractures diaphysaires (immobilisation,
réduction).
- Tolérance de certaines déformations
- Eviter les risques chirurgicaux
- Eviter de stimuler la croissance vicariante (agression périostée)
- Eviter de léser les zones de croissance
- Impact social moindre par rapport à l’adulte
On préfère le plâtre à la résine car il permet un meilleur moulage des reliefs, il évite les points
d’appui, et on peut facilement l’écarter si besoin.
• A différencier du traitement fonctionnel où « on ne fait rien » (fractures stables, typiquement les
fractures du cadre obturateur).
• Traitement chirurgical lorsque la réduction orthopédique est impossible ou instable : fracture
déplacée (et non tolérable de la laisser tel quel) ou instable.
En cas d’ostéosynthèse nécessaire :
- Eviter les abords directs et le dépériostage (surtout aux membres inférieurs)
- Préférer l’enclouage centro-médullaire (élastique stable ECMES ou clou
verrouillé)
➢ ECMES type Métaizeau : préservation des cartilages de croissance,
propriétés mécaniques favorisant la consolidation.
- Respectant les zones de croissance (ne pas abimer le périoste ++)
En cas de vissage obligatoire : éviter le vissage transphysaire ++
C) Consolidation
En cas de fracture métaphysaire : 6 semaines d’immobilisation.
En cas de fracture diaphysaire : 3 mois d’immobilisation.
On double le temps pour le sport, car l’os consolidé n’est pas tout de suite capable d’encaisser des
chocs (trampoline, course à pied, etc).
D) Complications
a. Complications aigues (Peau – Pouls – Nerfs)
• Vasculaire : étirement ou rupture d’une artère ou de veines
• Nerveuse
• Syndrome des loges : pression dans les loges supérieure à la pression veineuse (∆ > 30mmHg)
mais le sang artériel passe toujours = risque de nécrose
• Cutanée : classification de Cauchoix
CLASSIFICATION DE CAUCHOIX ET DUPARC
Stade 1
Plaie simple, sans décollement ni contusion,
peu étendue.
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 6
Stade 2
Bords excisés, suture simple.
Risque élevé de nécrose après suture.
(on met des fixateurs externes, mais pas de
matériel à l’intérieur car risque de
pandiaphysite)
Stade 3
Perte de substance cutanée, non suturable.
SYNDROME DES LOGES
On suspecte ce syndrome pour toute douleur liée à un choc qui ne cède pas aux antalgiques. C’est une
urgence absolue. Se méfier des mécanismes par écrasement ++.
Diagnostic clinique (+++) :
① Douleur exacerbée à la mise en extension des doigts ou des orteils.
② Loges tendues à la palpation.
③ Paresthésies et/ou d’un déficit moteur et sédation spontanée de la
douleur = syndrome de loge dépassé
Syndrome de Volkmann : rétractation ischémique des longs
fléchisseurs des doigts, aboutissant à une main caractéristique en
forme de griffe.
b. Complications tardives
Allongement vicariant : entre 1 et 3 cm, enfant jeunes, possible pendant
18 mois post-fracture, responsable d’une inégalité de longueur des
membres (ici on a mis une plaque et des vis pour stabiliser la fracture
chez un enfant. Résultat : les genoux ne sont pas au même niveau car il y
a eu une croissance plus importante de l’os fracturé).
Cal vicieux :
- Pas de correction des troubles de rotation
Pseudarthrose :
- Absence de consolidation des fragments osseux
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 7
E) Classification de Salter et Harris
PRISE EN CHARGE
Salter I et II : Non déplacées ou déplacées stables après réduction => traitement orthopédique (pas
facile à ostéosynthétiser car proche cartilage de croissance). Le Salter II peut être instable, à ce
moment là on opère et on met du matériel d’ostéosynthèse.
Salter III et IV : Fractures articulaires donc risque d’arthrose = traitement chirurgical.
/!\ En radiologie il faut toujours voir le segment osseux en entier et visualiser les articulations sus et
sous-jacentes.
III. Fractures épiphysaires
A) Complications tardives
Epiphysiodèse : fusion totale ou en partie d'un cartilage de conjugaison, entraînant
l'arrêt de la croissance du tissu osseux - 10% des cas.
• Pont osseux à travers le cartilage de conjugaison
• Unit la métaphyse et la physe
• S’oppose à la croissance normale
Le pont d’épiphysiodèse n’est pas toujours pathologique (croissance qui continue et casse le pont).
• Si pathologique : risque d’un trouble de longueur +/- trouble d’axe (varus ou valgus) :
- Epiphysiodèse centrale : inégalité sans désaxation
- Epiphysiodèse périphérique : désaxation en varus ou valgus, en recurvatum ou flexum
Allongement vicariant.
B) Principe de traitement
• Inégalité de longueur des membres inférieurs
- Epiphysiodèse controlatérale
- Allongement : par fixateur externe (contraignant, complications, kiné nécessaire), sur clou
magnétique (en fin de croissance et si allongement pas trop important)
• Défaut d’axe
- Ostéotomies
- Complément d’épiphysiodèse
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 8
IV. Fractures du membre supérieur
A) Extrémité distale du radius
BABP : brachio-antébrachio-palmaire
B) Fractures de la diaphyse des deux os de l’avant-bras
On place le bras « en crochet ».
Quand on pose un plâtre, on contrôle à 7 jours la stabilité de la fracture.
Pas beaucoup d’autres précisions de la prof…
C) Fracture de la palette humérale
Elle représente 65% des fractures de l’enfant. Elle est de deux types :
- Fracture supra-condylienne sus-articulaire (en extension ou en flexion)
- Fracture articulaire (condyle médial ou épitrochlée)
FRACTURE SC EN EXTENSION – CLASSIFICATION DE LAGRANGE ET RIGAULT
Caractérisation Manœuvres de
réduction
Aspect en radio
Stade I
Non déplacée
Traitement
orthopédique
Stade II
Déplacement dans un seul
plan
Traitement
orthopédique (Blount
ou BABP) ou
chirurgical (broches)
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 9
Stade III
Déplacement dans deux
plans
Traitement chirurgical
(broches) ou Blount
Stade IV
Pas de contact entre les
fragments
Traitement chirurgical
(broches) ou Blount en
urgence
Manœuvres de réduction :
• Sous contrôle amplificateur
• Traction
• Varus-valgus
• Décoaptation complète sur radio
• Flexion du coude en poussant sur la palette humérale vers l’avant
Complications aigues :
• Neurologiques (récupération spontanée en 3-4 mois) :
- Nerf interosseux antérieur (= médian) : on demande au patient de faire un rond avec son pouce et
son petit doigt, si atteinte il n’y arrivera pas
- Nerf radial (en cas de fracture très déplacée de l’humérus)
• Vasculaire (artère étirée et qui se spasme)
• Syndrome de Volkmann
• Cubitus valgus / varus
• Lésion de Monteggia
D) Lésion de Monteggia
Luxation antérieure de la tête du radius associée à une fracture de l’ulna (devant toute fracture ou
déformation de l’ulna rechercher une luxation de la tête radiale ++).
Si cette lésion est mal diagnostiquée, on est contraint de faire une ostéotomie de l’ulna avec pose de
plaque (et c’est quand même plus invasif qu’un plâtre…).
Construction de Storen :
L’axe médial du radius doit passer par le milieu du condyle
latéral.
Ronéo n°9 – Cours 3 CCO Sémio Ortho 10
Rappels sur l’innervation de la main :
V. Fractures du membre inférieur
A) Fracture du fémur
Pas de choc hypovolémique Suspecter une lésion viscérale
Traitement :
• < 6ans : Orthopédique
- Traction au zénith sous antalgiques (nubain intra-rectal), 10% poids du corps, fesse homolatérale
soulevée, puis relais à J8/10 par plâtre pelvi-pédieux sans anesthésie - Plâtre pelvi-pédieux d’emblée, sous AG 90/90
• > 6 ans : Chirurgical
- Embrochage selon Métaizeau
- Rarement : plaque, clou
B) Fracture de la cheville
Garçon surtout, entre 11 et 15 ans.
Mécanisme indirect : valgus – rotation externe, varus – rotation médiale, talus ou équin.
Fracture de Mac Farland
Fracture de Tillaux
Fracture triplane