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Sociologie L3 AES Page | 1 A.Closse Sociologie Homogamie dans les années 1960, trois quart des époux vivent dans le même village. Il y a une proximité géographique qui fait le lien social. Aujourd'hui on est tendanciellement dans une société de mobilité. On est susceptible de changer de lieu, d'emploi. On exerce des activités sociales ou culturelles en dehors de son lieu de vie. Les univers d'approvisionnement se trouvent en périphérie. On passe ses vacances dans une autre région ou dans un autre pays. Il y a des mobilités sociales. Cette mobilité est géographique, sociale et va modifier la nature des relations et le rapport qu'on va avoir au territoire. Cela a des conséquences sur l'aménagement de l'espace rural. Après une période d'exode rural, les campagnes sont à nouveau habitées. Cela est le fait de classe moyenne urbaine qui viennent vivre à la campagne pour des raisons diverses (économiques par exemple) mais qui parce qu'ils ont une culture et un mode de vie urbain attendent des services qui sont propres à la ville : transport en commun, possibilité de mobilité... cela va conditionner la vision publique. Passer d'une société d'immobilité à une société de mobilité passe par une réorganisation de son territoire s'intéresser par le développement local c'est poursuivre un travail sur le lien social. La sociologie du développement local n'est pas une discipline universitaire à proprement parlé. C'est une spécialisation par la pratique. On va emprunter à la sociologie urbaine, de la ville, du développement, sociologie qui relève des comportements culturels... Quels sont les enjeux du développement local ? Chapitre 1 : Que faut-il entendre par sociologie du développement local ? Chapitre 2 : Chapitre 3 : Les techniques sociales des territoires Chapitre 4 : Les nouvelles relations ville campagne Chapitre 5 : La sociologie rural : quel concept pour quelle réalité ? Chapitre 6 : Chapitre 7 : politique urbaine et développement urbain Chapitre 8 : Le développement local entre l'état et le marché

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Sociologie

Homogamie dans les années 1960, trois quart des époux vivent dans le même village. Il y a une

proximité géographique qui fait le lien social. Aujourd'hui on est tendanciellement dans une

société de mobilité. On est susceptible de changer de lieu, d'emploi. On exerce des activités

sociales ou culturelles en dehors de son lieu de vie. Les univers d'approvisionnement se

trouvent en périphérie. On passe ses vacances dans une autre région ou dans un autre pays. Il y

a des mobilités sociales. Cette mobilité est géographique, sociale et va modifier la nature des

relations et le rapport qu'on va avoir au territoire. Cela a des conséquences sur l'aménagement

de l'espace rural. Après une période d'exode rural, les campagnes sont à nouveau habitées. Cela

est le fait de classe moyenne urbaine qui viennent vivre à la campagne pour des raisons diverses

(économiques par exemple) mais qui parce qu'ils ont une culture et un mode de vie urbain

attendent des services qui sont propres à la ville : transport en commun, possibilité de

mobilité... cela va conditionner la vision publique.

Passer d'une société d'immobilité à une société de mobilité passe par une réorganisation de son

territoire s'intéresser par le développement local c'est poursuivre un travail sur le lien social.

La sociologie du développement local n'est pas une discipline universitaire à proprement parlé.

C'est une spécialisation par la pratique. On va emprunter à la sociologie urbaine, de la ville, du

développement, sociologie qui relève des comportements culturels...

Quels sont les enjeux du développement local ?

Chapitre 1 : Que faut-il entendre par sociologie du développement local ?

Chapitre 2 :

Chapitre 3 : Les techniques sociales des territoires

Chapitre 4 : Les nouvelles relations ville campagne

Chapitre 5 : La sociologie rural : quel concept pour quelle réalité ?

Chapitre 6 :

Chapitre 7 : politique urbaine et développement urbain

Chapitre 8 : Le développement local entre l'état et le marché

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Chapitre 1 : Que faut-il entendre par sociologie du

développement local ?

La sociologie du développement local n'existe pas en propre, il s'agit d'une volonté d'apporter

un éclairage non économique à une question qui est celle des enjeux du développement local,

essayé de comprendre ce qui se passe sur les territoires, qu'est-ce qui fait qu'il y a des

changements. Il y a des évènements politiques majeurs (guerres) mais aussi les évolutions

sociologique, les approches d'architecture, les évolutions de la sociologie, les apports de

population... On peut avoir un raisonnement économique mais on ne couvre pas par une

approche économique l'ensemble des réponses à cette question : qu'est-ce qui conditionne

l'environnement ? La sociologie tente d'apporter un certain nombre de réponses ou d'apporter

un regard un peu différent des économistes.

Le développement est un concept à priori un concept économique. On distingue en économie

la croissance et le développement. Lorsqu'on veut mesurer la production, on mobilise le PIB.

Lorsqu'on parle de développement on parle d'autre chose que de croissance économique, ce

n'est pas seulement un concept quantitatif. Lorsqu'on parle de développement on n'est pas dans

le même horizon, c'est un processus dynamique qui se manifeste à long terme, et il y a des

indicateurs qui sont qualitatifs qui s'intéressent aux conditions de vie. Dans le concept de

développement il y a aussi cette idée de transformation, c'est un processus qui a une

connotation positive. Il y a plus après qu'avant. C'est à partir de ce concept qu'il faut tenter de

définir le développement local.

Section I) Définition du développement

La définition du développement commence en 1961 par François Perroux (traducteur de

Schumpeter, spécialiste de la mesure de la croissance et du développement). Ouvrage :

L'économie du 20e siècle. Le développement est « la combinaison des changements mentaux et

sociaux qui la rendent apte à faire croitre cumulativement et durablement son produit réel

global ». C'est d'abord des changements de mentalité, on est au cœur de l'idée de culture, et les

transformations de la société peuvent être eux-mêmes les produits d'influence. Par exemple

l'industrialisation a eu pour conséquence la division du travail. Ce sont ces changements de

mentalité, ces changements dans les rapports sociaux qui expliquent le développement (capacité

à accroitre et à être accumulé de la richesse). La richesse n'est pas uniquement un concept qui

se mesure par l'accumulation de revenu ou d'un patrimoine physique mais qui se mesure aussi

en termes de qualité de vie. La définition est au singulier, on parle de développement et non

des développements. Le développement serait donc un processus unique applicable en tout

temps et à toute société. C'est un processus d'abord cumulatif.

C'est une définition qui reste fortement marquée par la contribution économique. La condition

du développement est inévitable. Dans l'approche économique fondamentalement les

transformations sociales découlent du développement économique. La société est le produit

d'un ordre économique. La théorie économique néolibérale explique que l'économie a ses lois,

elle est ouverte, il reste à remettre en cause l'ordre social, et la société doit s'adapter aux

évolutions et aux exigences de l'économie qui impose ses règles. Ce sont les lois économiques

qui fondent les lois sociales.

L'une des originalités de la sociologie est de dire qu'on peut peut-être penser, au moins

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localement, le territoire comme un espace de vie, on peut vouloir un cadre de vie, une qualité

de vie, exprimer un certain nombre de besoins et ensuite créer les conditions qui répondent à

ces besoins.

Le développement serait donc constitutif à des cercles vertueux passant par la croissance

économique. A l'opposé l'absence de croissance génère du non développement ou du sous

développement.

Dans les années 1960-1970, les tiers mondistes (courant d'économistes) ont expliqué les

mécanismes de maintient du sous développement. Par exemple, à la suite de travaux, ils ont

expliqué en quoi il pouvait exister un cercle de pauvreté. Ils montrent qu'il y a certains

mécanismes qui permettent de rester en sous développement sur un territoire donné. Pour

illustrer cela, il faut suivre 4 étapes :

situation de pauvreté : production à faible valeur ajoutée qui s'appuie sur une population

dont le niveau de qualification est faible ou obsolète, générant des revenus faibles

d'autant que le recours au capital est limité.

Épargne faible, on ne peut pas dégager une certaine consommation

on ne peut pas financer l'investissement ou financer un faible niveau d'investissement

sauf recourir à la dette

maintient d'un faible niveau de productivité

On ne peut sortir de cette situation sans qu'il y ait des réformes de structure fondamentales.

Pour sortir du sous développement il faut d'abord comprendre ce que sont les goulots

d'étranglements et de voir comment on peut rompre ce cercle vicieux et entrer dans un cercle

vertueux. Faire du développement c'est d'abord soutenir l'investissement. C'est par cet

investissement qu'on contribuera à accroitre le revenu global, à modifier le niveau de

qualification, les structures sociales et parvenir au développement économique et au

développement social. L'un des exemples typiques est la Corée du Sud.

Cette approche du sous développement au développement n’est pas les seules explications du

développement. D'autres vont insister sur l'aspiration à un mode de vie moderne, sur l'absence

de capital social, l'importance de la culture traditionnelle qui est marquée par une forte

immobilité, le développement tiens à la situation démographique pour d'autres. Vision

d'aujourd'hui : lorsqu'il y a développement économique il y a ralentissement démographique.

Région industrielle : en phase de reconversion industrielle qui passe par un certain nombre de

reconquête de logements. Les efforts pour attirer les investisseurs et changer l'image à travers

des relances par exemple. Ce dynamisme économique, ces programmes de reconversion

industriels se traduisent par une très forte demande de logements sociaux, de revenus,

d'emplois et quand on regarde les investissements passe dans la réhabilitation de ce qui a été

détérioré soit d'apporter des réponses à court terme. En fin de compte la priorité de l'autorité

publique est de répondre à court terme à ces questions. On maintient une sociologie dominée

par l'importance d'une population active peu qualifiée à qui il s'agit d'apporter des emplois, et

qui contribue à maintenir la population dans des situations à faible ou peu de valeur ajoutée. Ce

cercle de la pauvreté permet de comprendre des mécanismes dont tout le monde a conscience

mais qui semble inéluctable. Les programmes sociaux dans le nord pas de calais c'est un tiers

de la capacité d'investissement de la région. C'est trois fois plus que les régions comme l'ile de

France. En termes de budget de fonctionnement, les budgets sociaux c'est 80 % des budgets de

fonctionnement.

Autre exemple : les communes qui souhaitent vendre des terrains pour créer des lotissements.

Si les nouveaux arrivants sont des nouveaux contribuables, ils expriment aussi des besoins. Et la

condition même à attirer des gens dans la commune c'est de satisfaire les besoins.

Le sociologue explique a posteriori quel est le jeu des acteurs sociaux qui selon les rôles qu'ils

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endossent prennent des décisions ou agissent sur tel ou tel levier.

Y -a-t-il d'autres définitions du développement que celle des économistes ? Les sociologues n'en

disent pas beaucoup plus dans le Dictionnaire critique de la sociologie (page 65). Il ne faut pas

percevoir une société comme une forme statique mais il faut s'intéresser aux processus qui sont

les leurs. On parle de développement que s’il y a progrès. Le concept de développement

intègre l'idée de progrès. Assez paradoxalement, ce sont des économistes qui aujourd'hui donne

à la sociologie d'aborder différemment les théories économiques traditionnelles. Armatia Sem

(prix nobel en 1998) tente à vouloir élargir cette définition économique du développement. Il

appréhende le développement comme une extension des libertés, c'est la possibilité individuelle

et collective plus grande et cela est le produit des acteurs politiques de ceux qui ont une

position sociale, une légitimité à exercer le pouvoir mais aussi la conséquence des acteurs de

terrain. Il met l'accent sur les rôles des institutions dans la dynamique du développement.

Pour atteindre une modernité, ces mutations sont sensés concerner tous les domaines de la

société. Les transformations, par exemple la rénovation profonde du vieux Lille, qui a été

amorcé au milieu des années 1970, est un quartier qui a été très populaire, très insalubre.

Aujourd’hui le vieux Lille est devenu le cœur perçant de la ville. L’architecture a été

revalorisée. C’est une population peu nombreuse qui y vit. On a transformation de l’espace

mais aussi de la sociologie.

Section 2) Le développement local

Les travaux d'Henri Mendras et Forcé, ouvrage publié en 2004 et 2007. François Dubois est

coauteur. Mendras, « Elément de sociologie » = manuel de référence. C’est un ouvrage qui est

en perpétuel évolution, il est actualisé souvent.

Dans cet ouvrage, Mendras et Forcé passent en revue différents aspects du changement social

appliqué à la société industrielle. Il empreinte à Max Weber ce concept de société industrielle

qui est caractérisé notamment par le fait que l’activité industrielle et l’activité principale suppose

une urbanisation, une individualisation des relations sociales, la constitution de classes sociales

axées sur le travail salarié et la rémunération. C’est dans ce contexte que la définition classique

de la société industrielle s’inscrit la définition de Mendras et de Forcé. Ils mettent notamment

en évidence les conditions du passage à une société paysanne à une société industrielle en

mettant en évidence le rôle de la technique et de l’innovation. La société industrielle est

accélérée par l’accumulation d’innovations, de progrès techniques. Il y a une accumulation

d’aggravations qui vont favoriser les mutations de la société. Ce qui caractérise la société

moderne c’est la rapidité des transformations.

Quelles sont ces dynamiques qui font que le temps semble s’accélérer ? Et que les mutations

sociales deviennent visibles ?

Dans cet ouvrage, dans le chapitre 2, ils abordent la question du changement local. Ils y

abordent la question du local dans une société où les espaces se structurent et se spécialisent.

C’est le premier grand changement. Ce qui caractérise la société paysanne c’est une société

basée sur l’immobilité entre les lieux parce que ce concentre dans des espaces géographiques

très étroits la plupart des activités sociales, économiques également. Les jeunes gens ne quittent

le village que pour le service militaire. Tout est concentré sur des espaces géographiques étroits.

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Au-delà de l’immobilité, c’est la concentration de l’espace qui est caractéristique. La société

industrielle est une société de la dispersion. Les espaces sont dédiés à un ensemble d’activités

spécifiques. Il y a l’endroit où l’on vit, les espaces dédiés aux études, centres commerciaux, le

quartier des affaires, les espaces publics… Il y a une tendance à la segmentation des espaces, à la

spécialisation des lieux publics mais également privés (différentes pièces dans la maison). On

spécialise les espaces.

A partir du moment où il y a cet éclatement de diffusion des espaces, qu’on a des lieux qui sont

physiquement séparés des uns des autres la mobilité devient une condition nécessaire puisque

nous sommes en permanence en déplacement entre ces différents lieux pour y exercer telle ou

telle activité. Nous appartenons au lieu dans lequel nous vivons. L’identité se forge dans la

reconnaissance d’un lieu, nous sommes aussi le produit d’un territoire. Lorsque ce territoire est

étroit, unique, l’identification va être forte et facile. L’identité c’est le fait d’être reconnu par

ceux qui partage le lieu avec vous. Ils reconnaissent le fait, le droit d’être de ce lieu.

Or quand est-il lorsque nous cessons d’être d’un seul lieu pour fréquenter, vivre dans des

territoires différents ? Il y a là la question d’intégration. Quelle la part de notre identité qui

renvoi à ces différents espaces ?

Ils appréhendent également le patrimoine urbain. Ils définissent l’écologie urbaine. Cette

notion d’écologie renvoi à l’idée de loi naturelle. Ils vont montrer que ces lois ne sont pas si

naturelles, qu’elles sont portées par une idéologie libérale et fortement marquées par la place

économique. Il y a des déterminants. L’écologie urbaine c’est de comprendre comment la ville

s’organise et de quelle logique s’organise cette société urbaine et les espaces urbains. Il y a les

beaux quartiers, les quartiers populaires, les espaces consacrés aux activités industrielles, des

espaces de vie… Les activités économiques, sociales, culturelles sont physiquement

positionnées. Il existe une typicité des territoires de la ville. Chaque lieu a un caractère propre.

Ce qui est singulier à l’espace urbain est que la ville est en perpétuel changement, elle peut être

en expansion, des endroits vont être repensés, refaits, on reconstruit. C’est une différence

notable entre l’espace rural et l’espace urbain. Ce dernier est en perpétuel changement. Malgré

le fait que pour l’essentiel les transformations relèvent de l’initiative privée, on a l’impression

que plus ou moins les villes semblent constituées, construites à peu près dans la même logique.

On a l’impression qu’il y a une organisation « naturelle » de la ville alors même que les villes

sont en changement perpétuels.

La vocation des territoires peut être déboussolée. La ville est d’abord caractérisée par des

commerces, puis il y a développement des centres commerciaux en périphérie des villes. Les

cœurs de ville se retrouvent désertés par les commerces. Il y a un retour du commerce de

proximité au cœur des villes afin de retrouver de nouvelles sources de profits.

Dans un autre ouvrage de Mendras, « Français comme vous avez changé », l’auteur parle des

changements profonds qui affectent la société mondiale depuis la Seconde Guerre Mondiale.

Les acteurs du changement social mettent en évidence les jeunes paysans qualifiés de pionnier

de la modernité. Il est remarquable que l’une des figures emblématiques dans le paysage

politique actuel qui incarne une vision progressiste de notre société, un discours écologique sur

la mondialisation et sur ce qu’elle doit apporter, c’est José Bové. C’est une figure emblématique

de ce qu’est aujourd’hui un discours revendicatif, contestataire mais moderne sur ce que doit

être la société de demain. C’est l’héritier de cette évolution de la paysannerie qui s’est

profondément transformée depuis la fin de la seconde guerre mondiale, il est devenu exploitant

agricole, chef d’entreprise, il a industrialisé l’agriculture mais il est de retour sur le combat

écologique. L’agriculteur est différent de ce qu’il était il y a 60 ans, le paysan est jeune et est

tourné vers les enjeux économiques, sociopolitique. Il y a une autre filière emblématique, c’est

la figure de Michel Rocard qui est issu d’un courant qui a rejoint le parti socialiste et qu’on

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qualifié jusqu’alors de gauche moderne ou de gauche américaine. Il se revendique des classes

moyennes, des classes moyennes salariées. C’est une conception qui se veut moderne, qui se

réfère non plus à la classe ouvrière mais qui considère la société française dans sa complexité à

travers la figure emblématique du jeune cadre dynamique qui est cultivé, qui repense le monde.

Enfin, il s’intéresse aux femmes, à travers leur place nouvelle, différente que prennent les

femmes dans cette société.

La seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux institutions. Il s’intéresse aux évolutions des

grandes institutions républicaines et morales c’est-à-dire l’Etat, l’école, l’Eglise, (la famille). Ils

partent du constat que ces institutions sont en crise. Ils mettent en évidence le développement

de l’individualisme mais aussi la tendance à l’individualisation. Il y a également le

développement de l’altruisme rationnel qui recouvre les ONG, les associations, les syndicats…

tous les groupes de pressions, ces organisations qui peuvent être de nature diverses et qui

exercent un rôle de plus en plus important notamment de contre pouvoir face au recul de l’état

ou s’emparer de questions nouvelles dont les institutions s’occupent peu ou pas encore. On se

met au service des autres mais on le fait pour des raisons spécifiques, des causes spécifiques. De

nouvelles exigences apparaissent dominées par la société des loisirs, l’importance de la

communication.

Ils mettent encore en évidence l’importance des mouvements migratoires qui ont

profondément transformés la société française et qui agite la conséquence de la société française

avec la question d’intégration, des nouvelles religions. On revient à des questions identitaires.

Il y a des questions nouvelles autour des enjeux du développement durable. Le terme

d’environnement est contesté car c’est ce qui est autour de nous or nous faisons parti des

espaces. Cela pose un certain nombre de questions.

Qu’entend-on par sociologie du développement local ?

La sociologie du développement local s’applique à analyser ou comprendre les relations

sociales individuelles ou entre des groupes sociaux. Ces relations ont pour objet le territoire ou

l’identification au territoire qui devient un objet d’appartenance physique mais aussi identitaire.

Exemple : les plaques d’immatriculations où l’on peut choisir le département. Elle s’applique à

analyser et comprendre l’ensemble des relations sociales et individuelles qui contribue aux

transformations tant physique que symbolique d’un territoire défini comme local c'est-à-dire

revendiquer comme une zone d’appartenance des acteurs qui évoluent et agissent sur ce

territoire. On parle de relation sociale individuelle, d’appartenance, de transformation d’un

territoire. Cela renvoi à des notions d’identité, d’intégration par l’emploi par exemple. Plus

spécifiquement, la sociologie du développement local s’intéresse aux organisations sociales qui

structurent et contribuent à ces transformations ainsi qu’aux acteurs de ce changement social.

Pour autant, la sociologie du développement local analyse les stratégies et les conséquences

sociales de la division du temps et de l’espace qui affectent autant l’environnement global

(mondialisation) que local. C’est une dimension importante de la définition que celle de cette

division du temps ou de l’espace qui est une des caractéristiques de notre société moderne ou

de société industrielle. On parle de division de temps et d’espace parce que de plus en plus on

demeure dans une tendance à des lieux spécifiques, on vit dans un espace étroit, il y a des

déplacements quasi permanents. Le grand paradoxe est que nous n’avons jamais été aussi libres

et on se plaint du manque de temps. Dans un ouvrage d’Urri : en grande majorité, la

population qui vit dans les cités ne bouge pas. Ils quittent leurs quartiers quand ils ne peuvent

pas faire autrement. Très très peu des jeunes sont allés à Paris. Il peut y avoir des phénomènes

de ghettoïsation dont le premier signal est l’absence de déplacements en dehors du quartier.

La façon dont le développement local est approprié par les acteurs du développement local

(élus, responsables de l’administration, des acteurs économiques…) est de mettre en avant la

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proximité par rapport à ce qui serait le global qui peut être l’état, l’Europe ou la mondialisation.

Il y a dans les politiques du développement local des réflexes qui sont de propriété au territoire

voire de protectionnisme de ce territoire par rapport à l’extérieur.

La notion de local est une notion très relative. Le local peut être tel quartier par rapport à la

ville, tel secteur par rapport à un autre. Le local peut être aussi une région dans l’état. La notion

n’a de sens que si on défini ce qui est le global (la France dans l’Europe, l’Europe dans le

monde…). On est dans un « dialogue » permanent dans le local et le global. On peut avoir

l’utilisation de global pour des entités géographiques qui ont des tailles diverses. Ce qui peut se

manifester par la revendication de pratiques traditionnelles, de revendiquer l’identité d’un

territoire, d’une langue, de culture, de coutumes qui seraient menacé par le global.

Il y a derrière la notion d’entité locale la reconnaissance ou la revendication d’une culture

commune. En France il y a une résonnance toute particulière dans le sens où l’on a une

organisation par l’état. Il y a l’identité politique de la citoyenneté. Tout au long du 20e

siècle, on

a vu l’identité culturelle, nationale et politique française s’affirmer. Un mouvement engagé

depuis les années 1980 est la décentralisation institutionnelle. La région devient une entité et il y

a les premières élections des conseillers régionaux. On va peu à peu affirmer cette

décentralisation où le territoire et en particulier les territoires régionaux deviennent un espace

identitaire de proximité et dans lequel il s’agit de se reconnaitre. Il y a une remise en cause de

l’état central et donc de ce qui fait notre identité citoyenne d’un côté du fait de la

décentralisation et en même temps le fait qu’il y a un certain retour au local. C’est un

phénomène récent, en rupture avec ce qu’à été la France en tant qu’entité politique. Qui est

très différent comme un pays d’Italie. La relation au local sera très différente aujourd’hui dans

un pays comme l’Italie alors qu’en France toute l’histoire du pays s’est faite sur le principe de la

centralisation de l’unité nationale. La France en tant que patrie s’affirme dans le contenu de la

guerre 14-18. Le concept de local est un concept qui évolue avec le temps et qui a différentes

dimensions.

Derrière cette notion il y a deux dimensions : identité et aménagement du territoire.

Une fois qu’on a défini l’espace il faut se poser la question de l’aménagement du territoire. Il

faut mettre en œuvre des politiques d’aménagement. Il y a la dimension utilitariste : à quoi

affecter cet espace ? Quels sont les acteurs qui ont la légitimité pour agir sur ce territoire ou

parler au nom de ce territoire ? Ça peut être les élus (institutions politiques locales), acteurs

économiques (entreprises…), les habitants, les associations… on a une multiplication d’acteurs

qui peuvent s’allier comme ils peuvent s’opposer face à un évènement qui s’impose au

territoire.

Citation Crodom et Déffontaine : « Le développement local s’apparente à la manière et au

rythme selon lesquels une population plurielles et de plus en plus mobile s’approprie, aménage

et transforme un territoire adapte ses structures pour gérer le présent et imaginer l’avenir,

innove et suscite des synergies entre toutes les initiatives, règle les probables conflits, invente des

rites et des symboles qui correspondent à la vie d’aujourd’hui sans renier la vie d’hier ».

Il y a dans l’idée de territoire et donc de spécificité d’un territoire local ce que l’on met en

évidence (symboles, rites) et l’idée que l’on est au présent héritier d’une situation passée, d’une

histoire, et sans renier le passé on prépare l’avenir.

Fondamentalement la sociologie du développement local est une sociologie du changement.

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Chapitre 2 : La sociologie du développement local : une

sociologie du changement

Les sociologues se sont toujours intéressés au mécanisme de transformation à la société. C’est à

l’origine même de la sociologie en tant que discipline. Qu’est-ce qui fait que les codes sociaux,

les mœurs, les pratiques sociales évoluent avec le temps ? Comprendre le changement social est

fondamentalement le projet de la sociologie. C’est ce que l’on trouve chez les grands

fondateurs : Auguste Comte dans son discours sur le positivisme met en avant les étapes des

évolutions de la société jusqu’à son époque (fin 19e

siècle). Comment on est passé d’une société

basée sur les croyances et les superstitions à l’âge moderne dominé par la science et la

rationalité ? La sociologie est héritière de cette conception progressiste.

On va trouver aussi des origines chez Durkheim au cœur de son analyse où il y a la division du

travail sociale. Pour lui, la société va s’organiser à partir de chaque individu dans un processus

productif. C’est d’abord se définir à travers un poste social, une utilité sociale (étudiant par

exemple). Ce qui fonde l’identité et le rôle social que chaque individu exerce dans cette société

dans laquelle le travail, c'est-à-dire la dimension économique, prend de plus en plus

d’importance. On est dans une division sociale qui n’est pas figée et dans laquelle la dimension

économique est primordiale.

On trouve chez Marx la théorie de la lutte des classes dans la société industrielle entre les

ouvriers et les détenteurs du capital. Le profit ne rémunère que le capital.

Pour le sociologue américain Guy Rocher le changement social réfère à quatre manifestations.

Il implique de nouvelles régulations, on peut l’identifier dans le temps par rapport à la situation

de départ, il est durable et il est collectif.

Section I) Les facteurs du changement

‘Dictionnaire de la sociologie’, chapitres sur le changement social. Le facteur démographique, le progrès technique et les valeurs culturelles et idéologiques.

I- Le facteur démographique C’est une thèse ancienne. Toute l’histoire économique montre que le développement

économique agit sur l’évolution démographique. Dans des sociétés où le taux de mortalité est

élevé, quand le surplus économique généré par le travail est faible, dès que l’enfant vivant peut

travailler au-delà de ce qui est nécessaire à sa subsistance il contribue à approvisionner le reste

de la famille. L’enfant va devenir un objet d’investissement. On investit par l’éducation dans un

projet individuel mais aussi un projet collectif (la bonne éducation, la capacité à bien élever ses

enfants est nécessaire à l’épanouissement d’une société). Le rapport à la natalité va changer, on

va investir. Quand le rythme de vie devient individuel, la prise en charge de l’enfant, l’éducation

de l’enfant fait qu’on limite le nombre d’enfants pour pouvoir s’en occuper. La question

démographique est un élément important de la connaissance du développement et du

changement social. Il y a un lien entre l’évolution démographique et l’évolution économique.

L’accroissement de la population, son rajeunissement est considéré comme un signal optimiste.

Une société qui s’accroit en garantissant à chacun des conditions de vie satisfaisante et une

société optimiste pour son avenir. Si au contraire ça se traduit par une paupérisation, c’est un

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signal d’inquiétude. Une société qui vieilli est une société qui s’inquiète. Cela aura des effets sur

l’avenir et agir au présent pour préparer l’avenir.

Riesman, « la foule solitaire », montre comment notre société est dominée par l’image de

l’individu isolé dans la foule. On a une gestion collective des questions sociales et l’individu se

trouve isolé parce que c’est l’affirmation de l’individu en quête sociale dans une société où la

question sociale se règle de façon collective. Il montre comment les mentalités changent

relativement à l’évolution de la natalité et de la mortalité et notamment lorsque la mort apparait

comme moins présente, moins immédiate, les comportements sociaux changent. On a

tendance à vivre et à accepter les contraintes de temps comme si nous étions immortels.

L’urgence ne se pose pas de la même façon.

II- Le progrès technique L’innovation technique, technologique, organisationnelle est importante dans le changement

social. Il y a une évolution dans les pratiques de communication du fait des évolutions

technologiques. Les relations dans les campagnes ont été modifiées avec les transports et les

communications. Comment le progrès technique peut modifier nos pratiques sociales, notre

façon de travailler, notre mobilité ? C’est l’information qui se déplace indépendamment de

l’individu qui la transmet et celui qui la reçoit.

Tourrel a montré que les nouvelles techniques de production ont modifiés les conditions de

travailler et de vie.

III- Les valeurs culturelles et idéologiques La sociologie du développement accorde une grande place aux mœurs et aux cultures pour

rendre compte du changement ou de l’inertie au changement.

L’étude de Max Weber de 1919, « Ethique du protestantisme et esprit du capitalisme » dans

lequel il explique en quoi la réforme protestante et surtout calviniste a changé les mentalités et

transformés la société et l’économie en profondeur. L’individu n’est plus dans un état de

soumission. La réussite sociale va être valorisée, la différenciation est mise en avant. En quoi

cette nouvelle éthique religieuse va expliquer l’essor du capitalisme ?

Plus largement, les coutumes, les croyances, les mentalités, les mœurs, la vision du juste ou

injuste, contribuent à forger une société, à définir ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Elles

ne sont pas figées, elles peuvent être remises en cause et toute l’histoire peut être lue à travers

cette transformation des mœurs. Comment expliquer la révolution française ? Comment elle a

contribuée à changer les comportements sociaux et contribué à la laïcisation française ?

Les idéologies sont descriptives. On justifie l’ordre social, politique, économique tel qu’il est ou

en dénoncer les défaillances. Les idéologies sont aussi prescriptives, si on dénonce c’est pour

remplacer parfois. L’opposition d’intérêt entre les catégories sociales, l’histoire du

développement, des relations sociales dans un espace politique c’est aussi l’histoire des conflits

sociaux, des oppositions d’intérêts, des luttes des classes. Les idéologies contribuent à

transformer la société, à être le moteur du développement. Seulement Tourrel dit que les

idéologies puissent s’imposer il faut un minimum de consensus, d’adhésion des acteurs à ce

projet pour lui donner une légitimité.

Le changement social se pose souvent le rapport de force de conflits d’intérêts concernant une

zone d’activité par exemple. On a toujours des conflits de voisinage, opposition d’intérêt

économique… Le changement fait rarement consensus. Le conflit est au cœur du changement.

Dans l’histoire c’est la lutte des classes. Plus on s’approche de l’époque contemporaine plus

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Sociologie L3 AES

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c’est l’argent qui devient le conflit d’intérêt principal.

Il y a deux types d’approche : holiste et individualiste économique. Il y a à un moment donné

dans l’air du temps des choses qui sont possible et qui ne l’étaient pas avant. Il y a une évolution

des mentalités, des mœurs des pratiques sociales qui relèvent de la conscience collective selon

Durkheim. Reynaud s’est intéressé à la question des conflits du travail. Il montre que lors d’un

conflit du travail préalablement au déclenchement d’une grève il y a des stratégies de

coopération qui peuvent être menées et on peut chercher un compromis ou un système de

consensus. Donc il peut y avoir des stratégies compromissoires, dans l’idéal la recherche d’un

consensus. Plus les perceptions et les intérêts sont différents, plus il peut y avoir des conflits. Il

n’y a jamais un scénario au changement et il y a des scénarios possibles. Ce que sera le

changement est en permanence la conséquence de telle ou telle situation, opportunité… Le

changement social ne veut pas dire rupture radicale. La situation finale est différente de ce

qu’elle était initialement en même temps on reste dans une logique d’évolution.

L’environnement et la perception que l’on peut avoir de ces transformations ne sont pas les

mêmes selon que l’on est acteur ou que l’on compare les situations.

Section 2) Le développement local comme expression d’un mouvement social

Les étapes par lesquelles la sociologie du développement est passée pour se construire en

temps que discipline :

Relation entre croissance économique et rapport de classes, Marx voit dans le mode de

production l’explication aux évolutions de la société, à l’ordre social qui s’exerce dans la

société

Les mouvements sociaux et les luttes sociales, qu’est-ce qui peut expliquer que les

rapports de forces sont bouleversés ?

La mise en avant des représentations sociales, des idéologies, imaginaire social. Quels

espoirs ? Quelles inspirations ?

On voit que la sociologie du développement devient une sociologie des mouvements sociaux

puisque fondamentalement on s’intéresse aux changements et aux explications de ces

changements. Il faut des évènements pour créer des changements. Un évènement peut

conduire à des changements soit parce qu’il y a des aspirations qui apparaissent soit parce qu’il

faut réagir.

Qu’est-ce qu’un mouvement social ?

Expression très concrète d’une opposition. Si on parle de mouvement ouvrier on évoque

encore autre chose. On caractérise une période dans l’histoire politique et industrielle de la

France au cours duquel les ouvriers se sont reconnus dans des intérêts communs et ont été en

capacité de pouvoir lier leurs intérêts.

Mouvement social : l’idée d’agir ensemble et intentionnellement. Cela suppose un certain

consensus culturel, intellectuel. Le mouvement social est porté par un projet qui répond aux

buts communs. L’agir ensemble se développe dans une logique de revendication au nom d’une

cause ou d’un intérêt matériel. Ce qui définit le mouvement social est l’existence d’une cause

défendu par une action collective. Alain Tourrel dit même que le mouvement social n’est qu’un

mode singulier de participation politique. L’action collective est toujours orientée vers un

adversaire. Ce qui constitue une partie de l’action collective dans un territoire local est que

l’action est ce qui conditionne l’action collective. Il y a une spécificité des territoires et c’est la

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Sociologie L3 AES

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compréhension de ce qu’est ce territoire qui va permettre de comprendre pourquoi tel

problème, telle question, telle aspiration peut se poser à cet endroit là. Par exemple, avec le

développement de l’action minière, s’est développé tout un mouvement coopératif. Dans

chaque village on avait la COOP dont la caractéristique est que c’était une coopérative pour

laquelle les actionnaires sont les clients.

On peut mettre en évidence différentes étapes historiques entre les mouvements sociaux et la

sphère politique puisque selon vers qui on se tourne est celui qui détient le pouvoir. Pendant

longtemps, le territoire local a été le lieu de l’action social, peu centralisé. Les jacqueries ne

peuvent se comprendre que localement. A partir du 19e

siècle et surtout du 20e

siècle que l’état

va s’imposer et l’espace national va devenir pertinent qui va donner à l’état central un pouvoir

politique structurant quant au traitement de l’espace social. L’état prend en charge la question

économique, l’aménagement du territoire, le rôle des entreprises publiques, le développement

des infrastructures… Le rôle important que joue l’état dans les pratiques sociales.

Il faut un peu nuancer. L’état se désengage parce qu’il transfert des compétences. L’état s’est

désengagé au profit des collectivités territoriales qui ont gagné en compétences pour la question

sociale, les logements, l’aménagement du territoire, les routes… Il y a une décentralisation. Ce

n’est plus le territoire national qui est indépendant mais le territoire Européen.

La mobilisation est l’aboutissement du groupement social dans la satisfaction de l’intérêt de

ceux qui ont été à l’origine de ce mouvement social. Plus l’organisation est structurée plus elle

est permet à aboutir à sa mobilisation.

Marx distingue la classe en soi et la classe pour soi. On peut essayer de définir des

caractéristiques objectives qui permettent de dire qui appartient à telle ou telle classe sociale. A

différencier de ce qu’est la classe pour soi c'est-à-dire que la classe existe s’il y a sentiment

d’appartenance à la classe sociale. Pour qu’il y ait classe sociale on peut avoir des signes de

reconnaissance objectives mais il y a surtout le sentiment d’appartenance.

Il faut également utiliser des ressources pour qu’un mouvement social réussisse. La

mobilisation passe par des réseaux de solidarité, il faut un capital de moyen, de ressources. Il

faut un minimum d’adhésion au mouvement et cette capacité d’organisation. A l’origine de

l’approche de l’action stratégique, les contributions de Marcun Olson en 1966, ‘La logique de

l’action collective’, l’analyse économique des comportements sociaux. Ce point de départ

repose sur un paradoxe. Le sens commun veut que si un certain nombre d’individus ont des

intérêts communs trouvent avantage à se mobiliser pour agir, une action collective se déclenche.

Or pour Olson un groupe qui a ces caractéristiques peut ne rien faire alors qu’il y aurait raison

d’agir. Parce qu’il ne faut pas confondre un groupe comme entité collective d’un groupe

comme ensemble d’individus. Qu’est-ce qu’un groupe ? Pour qu’il y ait stratégie, mobilisation il

faut que l’identité collective prédomine sur l’individu. A titre individuel ils n’ont pas forcément

intérêt à se mobiliser. C’est une question d’arbitrage stratégique entre la stratégie individuelle et

la stratégie collective. Si la stratégie collective prédomine, il y aura mobilisation.

Pour Alain Tourraine, le mouvement social est la combinaison entre un principe d’identité,

d’un principe d’opposition et un principe de totalité.

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Chapitre 3 : La dynamique sociale des territoires

Dynamique du territoire qui relève du développement local. La gestion socio économique est

au cœur des politiques d’aménagement des territoires.

Section 1) La crise des modèles économiques et sociaux : le développement local

comme alternative

Le territoire en tant qu’espace de proximité est de plus en plus au cœur des politiques sociales

en particulier dans le modèle de crise industrielle depuis le milieu des années 1970. L’état a été

le principal aménageur de territoires et le principal acteur de la politique sociale. A partir des

années 1980 le modèle industriel est en crise avec son corolaire social, la montée du chômage,

l’apparition de pôles de pauvretés avec des signaux de mal être social ou de dégradation du tissu

social dont la crise des banlieues. Face à cette crise économique qui va toucher aussi l’état, le

local devient un espace pertinent lorsqu’il s’agit de traiter la question sociale. La proximité du

local devient le lieu à partir duquel se règle une série de questions sociales qui ne se posaient

pas jusqu’alors ou relevaient d’une politique nationale. La décentralisation date de 1982, les lois

ont défini plus précisément les compétences des collectivités territoriales. Il y a des évolutions

institutionnelles. Le pouvoir tend à se rapprocher au local que se soit en politique économique

(région), en politique sociale (département). Les besoins sociaux relèvent du niveau local, du

département. L’intercommunalité est une création récente (1999), depuis 2001 on a vu se créer

les communautés de communes, il y a la communauté d’agglomération et la communauté

urbaine (grandes métropoles). Aujourd’hui la France dispose d’un tissu institutionnel qui a pris

le relai de l’état en matière d’aménagement du territoire. Le niveau local devient le niveau à

partir duquel se définit une politique de l’activité économique. Le niveau intercommunal est le

niveau pertinent. Depuis 1982 le préfet joue un rôle de contrôle a posteriori.

Au-delà des institutions locales, le développement économique relève d’institutions privées et

en particulier tout se qui est chambre consulaire (chambre de commerce et d’industrie,

chambre de métiers et de l’artisanat). Ce sont des acteurs privés. Ils assurent un rôle de conseil,

de gestion.

Il y a aussi les acteurs eux-mêmes que sont les commerçants, les entrepreneurs, qui en créant

leurs entreprises ou la fermant, contribuent au dynamisme local ou peuvent être facteurs de

crise. Le tissu économique prospère grâce à ces acteurs mais les stratégies entrepreneuriales

peuvent être à l’origine de ruptures, de crises. Et les acteurs locaux doivent gérer ces

conséquences et les décisions.

Le développement local est une réalité complexe. On peut le comprendre à travers la

connaissance des acteurs engagés sur les territoires, concernés par tel ou tel aspect du

développement local mais il faut aussi connaitre son histoire, la culture, les mentalités… le

territoire a une identité. On ne peut pas le définir que sociologiquement. Tout développement

local suppose une dynamique qui mobilise ses acteurs autour d’un projet ce qui suppose une

mobilisation.

A travers la politique de développement local un territoire affirme son identité. Des lieux c’est

d’abord des paysages. C’est aussi une affirmation identitaire.

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Section 2) L’évolution des territoires et l’émergence de nouvelles préoccupations :

les politiques d’aménagement du territoire

Jean François GRAVIER a publié un ouvrage en 1947 : « Paris et le désert français » et il met

en évidence ce qui sera visible une quinzaine d’années plus tard : l’exode rural, la désertification

des campagnes et le développement des grands pôles urbains et en particulier Paris. Gravier

lance un cri d’alarme, il dit qu’en 2000 Paris comptera des millions d’habitants. Il faut

rééquilibrer les territoires et développés des politiques spécifiques au plus près des territoires

ruraux en s’appuyant sur les métropoles d’équilibres qui concentrent l’urbanisme local et à

servir de point d’appui au développement des villes de provinces. L’aménagement du territoire

connait un essor à partir de la fin des années 1950, à partir du moment où l’exode rural

apparait, on va mettre en place des politiques de développement des infrastructures (premières

autoroutes, boulevard périphérique autour de Paris). L’âge d’or de l’aménagement du territoire

est les années 1960 avec le développement des grands ensembles. Il y a aussi la mise en place

d’une politique de développement touristique avec la valorisation de régions (façade maritime

en premier lieu). CHAMPAGNE raconte comment les classes populaires découvrent la mer

dans les années 1960, comment ils apprennent les codes pour savoir comment se tenir dans tel

ou tel endroit. L’urbanisation s’impose depuis moins d’un demi-siècle. On construit peu à peu

notre environnement topographique, social, culturel, industriel.

En 1963 est créée la DATA (direction à l’aménagement du territoire) qui dépend du premier

ministre et chargé de coordonner, animer les politiques d’aménagement des territoires dans les

régions. Cela passe par une formalisation des engagements entre l’état et les élus territoriaux à

travers la signature de contrats de développement. Il s’agit de favoriser l’expansion régionale à

travers la décentralisation industrielle, ils veulent créer des pôles industriels, urbains qui doivent

mailler le territoire, de trouver des pôles d’équilibres régionaux sur la base de spécialisation du

territoire. C’est surtout le développement urbain qui est encouragé. Il s’agit de rénover les

campagnes à travers la politique de rénovation rurale mise en place en 1969. Spécialisation

des terroirs et mécanisations des cultures. Cela suppose aussi la décentralisation des services

publics dans les régions et il faut localiser au plus près de ces territoires des administrations

d’état chargées du développement du territoire sous l’autorité de la DATA.

On commence à évaluer les caractéristiques patrimoniales des territoires et cela va donner

naissance à partir de 1967 au parc naturel régional. On développe l’urbanisation et en même

temps on valorise ou préserve des territoires ayant une identité propre pouvant disposer

d’espaces naturels qui vont devenir des parcs naturels régionaux. Il y a un aspect conservatoire

(préservation du littoral). Il y a également une artificialisation des espaces.

Les politiques d’aménagement du territoire se font également au niveau européen. L’exemple

le plus marquant est la politique de développement agricole commune. De nombreux

organismes créés autour du développement agricole, rural vont prendre en charge les

différentes politiques. A partir de la fin des années 1980 les régions signent les contrats de plans

état régions qui vont engager les moyens de l’état au niveau des territoires régionaux sur la base

de développement économique, sociaux…

Le développement local repose sur le croisement de deux dynamiques : dynamique centrale

qui relève de l’état qui est un acteur important et structurant les politiques des territoires.

Dynamique avec d’autres acteurs qui prennent le pas sur l’état. Ce sont les acteurs locaux : élus,

usagers, acteurs économiques, associatifs, culturels… qui sont présents sur le territoire. On peut

dégager parmi ces acteurs locaux deux catégories, deux forces ascendantes : les artisans du

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développement et les militants d’un autre développement. Les artisans du développement local

sont les institutions qui vont prendre en charge concrètement le développement économique,

local sur un territoire donné en matière de développement rural. Les militants d’un autre

développement ont l’idée qu’il n’y a pas que le modèle industriel et qu’on peut peut-être faire

autrement avec la confédération paysanne par exemple. Il y a des synergies entre les

développeurs institutionnels publics et privés.

C’est d’abord une politique d’équipement. A partir des années 1960, on cherche à préserver les

parcs naturels par exemple. On a d’un côté la préservation qui est une sanctuarisation. Il y a de

l’autre côté les territoires qui sont à aménager. Il s’agit d’utiliser du terrain pour de la

construction, activité agricole, industrielle… Il y a un système d’échange qui permet de

regrouper les terres dont la taille critique permet une exploitation rentable à partir d’une

agriculture intensive. Entre les deux on a une palette de politiques d’aménagements. Les parcs

naturels régionaux étant en partie des territoires sur lesquels il y a des habitations, de

l’exploitation agricole, des activités artisanales mais s’applique un cahier des charges

contraignant sur par exemple l’obligation de planter telle ou telle variété locale. Cela permet de

maintenir l’expansion territoriale, et chercher l’équilibre entre le cadre de vie et le nécessaire

développement économique. Il s’agit de repenser l’aménagement du territoire en pensant

qualité de vie, éviter les engagements irréversibles. Les relations villes – campagnes changent car

depuis l’ouvrage de Gravier on a eu une désertification de régions, des exploitations agricoles

disparaissent chaque année, on passe du petit producteur à la grosse exploitation intensive et

spécialisée. Aujourd’hui ce mouvement s’inverse puisqu’il y a une reconquête de l’espace rural

et à nouveau une préoccupation de diversification des activités dans l’agricole et une relative des

industrialisations.

De plus en plus d’urbains, de citadins viennent vivre à la campagne, conquiert un espace rural

qui reste périphérique de la ville et qui devient un nouvel espace urbain à plus faible densité. Il

y a une vocation touristique des espaces ruraux avec les maisons de vacances ou des zones de

travail.

La désindustrialisation relative des grandes régions industrielles avec la disparition de ce qui

faisait leur spécialisation industrielle notamment le textile, la sidérurgie, métallurgie… cela se

traduit par la diminution de la population ouvrière, il y a moins de 17 % de l’emploi ouvrier.

Ces emplois se concentrent dans les grandes zones industrielles. Cela pose la question de la

revalorisation économique des territoires. Le problème est de concilier cet impératif qui

s’impose du territoire, les oppositions aux politiques publiques.

Section 3) Développement local et participation

Il ne peut pas y avoir de développement local à travers le territoire s’il n’y a pas une adhésion

des acteurs locaux. La DATA va devenir un véritable pompier social vers lequel on se tourne

lorsqu’il s’agit de faire face à une crise qui touche l’industrie. Avec la création des collectivités

territoriales, ce sont les régions qui vont prendre en charge ces politiques à travers des réseaux

d’alliance locale. C’est à partir des années 1990 que l’aménagement du territoire devient une

préoccupation comme telle. En 1993, le gouvernement Balladur, est lancé un grand débat sur

l’aménagement du territoire. Il s’agit pour les régions de dire à l’état quels sont leurs projets,

leurs ambitions post crise industrielle. Il s’agit de repenser la vocation des territoires, redéfinir

les projets locaux de l’aménagement du territoire. Le débat sera poursuivi par différentes

initiatives : loi sur le réaménagement du territoire en 1995 par exemple. La loi Voynet de 1997 :

loi d’orientation et d’aménagement durable des territoires. « Penser global et agir local » devient

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le maitre mot. C’est une politique qui s’inscrit dans un contexte européen à géométrie variable

car l’Europe va s’élargir, les pays n’ont pas les mêmes évolutions des situations. L’Europe de

l’Ouest repense l’aménagement de ses territoires en termes de ‘carrefour européen’, de pôle de

développement international, de programme d’infrastructures (réseaux autoroutiers européens),

les axes nord-sud et est-ouest, les pôles de développement économique. Localement se décline

en schéma régionaux d’aménagement du territoire et développement de politique de la ville.

L’espace urbain fait l’objet d’une attention particulière avec la création de la ville. Les politiques

de la ville ont des préoccupations sociales, il y a la lutte contre l’exclusion, la ghettoïsation, la

banlieue périphérique. Quelque soit le degré d’implication c’est surtout la question sociale qui

est posée. Ces schémas régionaux, les politiques territoriales cherchent à privilégier

l’accompagnement des projets locaux. Tout cela passe par des contrats entre des acteurs privés

(chambre de commerce…) et les collectivités locales, entre les communes et les régions, les

collectivités locales et l’état… Il y a le contrat de pays, le contrat régional du développement

local…

Tout le risque est de c’est de laisser les projets se développer entre institutionnels en oubliant

les populations. Or à partir du milieu des années 1990 on va voir des citoyens, des associations

locales se regrouper et créer une union nationale des acteurs du développement local qui en

tant qu’institution représentative de la population locale s’implique dans la réalisation,

l’élaboration de ces contrats locaux, régionaux, deviennent des acteurs partie prenante du

développement local.

La réalisation du projet de territoire passe par cinq étapes :

Un diagnostic

Une formulation d’un projet

Une stratégie

Une programmation

Une évaluation

Le projet de développement local pour être dynamique et démocratique passe par des phases

de débats voire de conflits. Le rythme des travaux par exemple suit assez bien le calendrier

électoral. Il y a des stratégies politiques mais aussi des stratégies électorales. Il faut une

mobilisation des acteurs.

Il faut responsabiliser les citoyens. Mais il ne faudrait pas pour autant leur imputer. Par

exemple si une usine ferme, il ne faut pas dire que c’est parce qu’il y a des mauvais salariés.

Depuis une quinzaine d’années, on note un recul de l’état et des acteurs publics au profit du

marché libéral de l’économie qui pose un certains nombres de question quant à la logique et la

pertinence du fait de l’absence de politique d’aménagement, par exemple : la téléphonie mobile

où il n’y a plus de logique de service public mais de rentabilité. Le plan Freycinet en 1889 :

développement des canaux, plan de maillage territorial à partir des chemins de fer, tout chef

lieu de canton devait avoir une gare. Aujourd’hui, elles sont abandonnées, vendues. Il y a une

logique de marché qui s’impose récemment.

L’un des objets de travail est la dynamique socio économique et la question de l’emploi en

particulier. Aujourd’hui, tous les ministères ont en charge pour une part le développement

local. Le Grenelle de l’environnement à partir d’une politique mise en place en 2005 n’est pas

un programme uniquement de type écologique mais urbain, industriel qui prend en compte les

infrastructures, le logement… il est global. L’ambition du Grenelle est de conditionner la

politique de l’état à partir du cadre du projet, des objectifs de ce grenelle. Il y a la question de

l’emploi, de l’empreinte écologique et les conséquences environnementale. Se pose la question

de l’urbanisation et des transports. Le ministère en charge des questions écologiques et

environnementales conditionne l’action des politiques publiques dans des domaines comme

l’emploi.

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Chapitre 4 : Les nouvelles relations villes – campagnes

Section 1) De nouvelles interactions entre villes et campagnes

A priori il y a une différence entre la ville et la campagne. C’est une différence de densité de

population. Au-delà d’une certaine densité on peut considérer être dans un espace urbain parce

que cela suppose un certain nombre d’aménagements. La densité ne suffit pas à différencier ce

qu’est la ruralité, la campagne et la ville. On peut considérer aussi la taille des concentrations

urbaines. Il y a dans les campagnes des villages. La taille du village par rapport à la taille d’une

ville peut contribuer à les différencier. En France, on considère qu’un village fait moins de

2 000 habitants et une ville plus de 2 000 habitants. Il y a 36 000 communes. Les communes

françaises avec l’élargissement européen représentent 30 % de l’ensemble des communes

d’Europe. L’intercommunalité vise à regrouper les communes. En Italie, une ville c’est à partir

de 20 000 habitants. C’est très conventionnel mais ça traduit des possibilités d’aménagement

qui vont donner à la physionomie du territoire un aspect urbain (infrastructures, activités

industrielles et commerciales) ou un aspect rural (activité agricole et artisanale, faiblesse des

aménagements économiques). Ceci étant cela donne des archétypes. La différence ville –

campagne n’est pas toujours aussi nette que cela. Il en est notamment des zones qui sont à

priori de type rural, qui ont l’aspect d’une campagne et qui sont périphériques aux grands

centres urbains.

De plus en plus il y a des ressemblances dans les modes de vie. Une agriculture qui devient de

plus en plus mécanisée, industrielle. Il y a des pratiques de consommation comme les urbains,

de mode de vie, les pratiques sociales. On peut mettre en évidence des différenciations mais il y

aussi de nombreuses ressemblances qui font que la différenciation ville – campagne est

beaucoup moins pertinente et nécessite d’être reconsidérée d’une manière nouvelle. L’espace

urbain est dédié au caractère tertiaire et industriel.

Il y a dans les paysages des espaces visibles qui apparaissent immédiatement comme des

espaces urbains ou des espaces ruraux. Il y a des territoires pour lequel le caractère urbain ou

rural peut apparaitre beaucoup moins évident soit parce que la densité de population n’est pas

le critère déterminant. Comment qualifier des zones dédiées à telle ou telle activité ? On est en

dehors de la ville mais s’y exerce des activités de type industrielles ou commerciales, à relier à

un mode de vie urbain. Faut-il parler d’enclave urbaine dans l’espace rural ? La différenciation

claire et nette n’est pas forcément toujours présente. Il y a maillage plus subtile. Ce qui

complique les choses c’est la sociologie et en particulier les grandes évolutions de la sociologie.

Il ya une forte augmentation de la sociologie urbaine en milieu rural. Ce sont des classes

salariées lié aux industriels et tertiaires relevant des classes moyennes qui constituent les

nouveaux habitants des villages dans l’espace rural. A tel point qu’il a fallu inventer un nouveau

concept : la rurbanisation. C’est une urbanisation qui concerne l’espace rural. Le sociologue

RAMBAUD a créé ce concept. C’est caractérisé d’abord pour une évolution sociologique de la

population rurale qui est issue de la ville. L’urbanisation en sociologie renvoi à des

caractéristiques de mode de vie. Pour RAMBAUD l’urbanisation est « l’invention d’un mode

de vie en voie de devenir universel… », il y a une tendance à l’harmonisation des modes de vie.

C’est la visibilité de l’évolution des tendances sociologiques tendant à l’égalisation des modes de

vies, pratiques sociales, attentes sociales. Il y a des possibilités de réponse qui sont différentes

selon le type d’attente. Si on prend les pratiques culturelles, il est techniquement possible de

permettre l’accès à internet à des populations quelque soit le lieu où ils vivent.

Les évolutions historiques : cette tendance à la rurbanisation rompt avec ce qui a été l’évolution

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Sociologie L3 AES

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démographique au cours du 20ème

siècle. On a une première tendance à la désertification des

campagnes qui va de paire avec le développement industriel et les besoins de main d’œuvre qui

va favoriser le développement des villes avec une reconquête des quartiers populaires puis à la

fin des années 50 l’extension de la ville à sa périphérie, les banlieues, les grands ensembles. La

taille des villes grossies grâce à la population ouvrière qui vient de la campagne. La population

issue de l’espace rural n’est pas tant des paysans que des phénomènes de non reproduction

sociale. A travers la salarisation des femmes l’importance de la salarisation des femmes

d’agriculteur. C’est par elle que le mode de vie urbain entre dans le foyer. Elles travaillent en

ville, elle est le lien entre la ville et la campagne. Elle impose de nouvelles pratiques de vie, de

consommation. Les enfants ne reprennent pas l’exploitation agricole, ils font des études, ils

travaillent en ville. La disparition des salariés agricoles. L’agriculture employée de nombreux

salariés pour des travaux saisonniers. A partir des années 50 le salarié agricole va peu à peu

disparaitre, et sa disparition va être scellée avec la mécanisation de la production agricole. C’est

un phénomène qui se fait par étapes. Il y a une mixité socio culturelle qui fait de l’espace urbain

un espace complexe dans lequel se retrouve des communautés qui se reconnaissent à travers

des pratiques culturelles. C’est une tendance à l’expansion urbaine qui atteint son paroxysme au

milieu des années 70. A partir de la fin des années 70, les villes grandissent moins vite et

parallèlement des phénomènes deviennent visibles. Chamboredon en 1985 évoque une

tendance nouvelle à une réoccupation des campagnes et en particulier des villages par une

population citadine. C’est la fin de la désertification. L’espace rural n’est plus dissocié de la ville

mais lié à la ville et interdépendant de l’espace urbain parce que les néo-ruraux ont des

pratiques économiques, sociales, culturelles qui relèvent de la ville. Ils ont une mobilité

physique. L’espace rural est intégré dans la vision urbaine du territoire. Il devient partie

intégrante de la vision urbaine que l’on a d’un territoire.

Tout cela impose une nouvelle vision du développement local puisqu’on n’est plus dans

l’opposition classique des villes en expansion et des campagnes en déclin. On a une stabilité

relative et on a des campagnes en essor mais cela n’est pas homogène. Il y a des villages qui

vieillissent car il y a une nouvelle population de ménages âgés qui viennent s’implanter dans ces

communes. Il y a donc des typologies différentes de développement.

Les sociologues se sont intéressés à ces phénomènes et ont mis en avant plusieurs choses dont

le nouveau système relationnel qui s’appuie souvent sur les institutions soit pour intégrer les

espaces ruraux à une dynamique de développement d’agglomération qui va favoriser le

développement rural. L’évolution institutionnelle tend à créer des réseaux économiques, socio

culturelles, d’infrastructures, des systèmes de développement dans lequel l’espace rural se

trouve interdépendant à une ville, une agglomération et il s’agit de profiter du développement

de l’agglomération pour favoriser le développement de ces territoires ruraux. Cela est possible

car il y a des mécanismes de solidarité entre les grandes villes et les moins importantes. Il y

d’autres types de réseaux : inter ruraux où des villages en dehors de la proximité de la ville

mutualise des moyens, mettent en commun des projets pour favoriser un développement

autonome du territoire. Cela peut conduire à complexifier les relations institutionnelles entre

les différentes entités. Il y a des conflits d’intérêts. L’analyse de ces réseaux, de systèmes

relationnels, fait partie des sujets d’études de la sociologie du développement local.

Autre sujet d’étude : le développement local dans le monde rural. Qu’est-ce qui change ?

Quelles sont les transformations ? Classiquement on aborde cette étude du monde rural à

travers deux aspects : l’étude des acteurs et l’étude des espaces. Qui sont ceux qui contribuent

au développement et aux transformations et en quoi cela affecte le territoire ? Les premiers

acteurs sont les agriculteurs. Le monde agricole s’est profondément transformé dans la

sociologie, les mentalités, la vision du monde agricole. On n’a plus cette uniformité d’un

monde agricole constitué de petits paysans. Aujourd’hui, la réalité du monde paysan est

beaucoup plus complexe et variée selon la taille, le lieu d’exploitation, le type d’agriculture,

l’histoire même de l’exploitant agricole. On a une diversité du monde agricole. L’agriculture se

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transformer du fait de la double activité, par exemple le conjoint de l’agriculteur a un statut soit

de salarié agricole soit ouvrière dans l’industrie, dans le commerce au détail. On commence à

avoir également des femmes cadres. Le ménage vie de l’exploitation agricole mais aussi d’un

salaire. Ça peut être l’exploitation elle-même qui a plusieurs activités : exploitation agricole et

gîte rural, et vente de produit de la ferme… Les activités sont souvent liées à la prédominance

de l’exploitation agricole. Il y a une transformation du monde agricole. Existe-t-il toujours une

paysannerie ? Qu’est-ce que la paysannerie ? Le paysan est peu mobile, vie de sa terre, ne

quitte pas ou peu son village. MENDRAS, « La fin des paysans ? ». L’exploitant agricole a-t-il

remplacé le paysan ? Peut être qu’il existe une nouvelle paysannerie. La FNSEA revendique

une nouvelle agriculture, une nouvelle vision du monde paysan, revendique le terme de

‘paysan’. Le paysan est celui qui a le respect de la terre, du vivant, qui vit avec le rythme des

saisons. C’est une nouvelle vision du développement durable, d’approche différente des

métiers de la terre, du vivant, une autre approche des paysages, des usages. C’est une image

moderne, une image d’avenir des nouveaux gardiens de la nature qu’aurait vocation les

nouveaux paysans. Ils viennent mettre en place une nouvelle agriculture. Il y a des changements

dans les comportements. Il y a les néo-ruraux et les paysans. Tout cela va affecter la

transformation des espaces.

L’évolution démographique du monde rural n’est pas linéaire sur tout le territoire. Il y a des

départements ruraux qui voient leur population augmenté. Recensement de 1990 : on a une

forte augmentation de la population dans 90 % des départements ruraux. Certains plus que

d’autres, surtout les départements du Sud et de l’Ouest qui voient leur population s’accroitre, et

les départements du centre de la France sont des régions dans lesquelles la population se

stabilise ou continue à diminuer. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a une stabilité. Ce

que montrent les statistiques du recensement est que les évolutions montrent que les néo-

ruraux recherchent des avantages à l’installation dans des villages, des communes rurales. Cela

relève d’un calcul en terme de coût / avantage. Les avantages mis en évidences : qualité de vie

qui repose sur une représentation fantasmée de la campagne, le calme, la sécurité, le cadre de

vie ; vivre à la campagne coûte moins cher que vivre en ville. Il y a tout de même des coûts :

éloignement des services, des emplois, le salaire est plus faible en campagne. La rationalité dans

le choix de vivre à la campagne plutôt qu’en ville est discutable. Il y a une subjectivité, une

dimension psychique à la migration. On vient rechercher un bien être que l’on ne trouve plus

ou pas là où l’on vie. La rurbanité serait une conséquence d’un mal être de vivre la ville ou plus

souvent la banlieue, la périphérie.

La ville incarne un certain anonymat. On ne connait pas ses voisins alors que le village, l’espace

rural est au contraire un lieu où tout le monde connait tout le monde, la dimension

communautaire est importante. Ce n’est pas si simple de sortir d’un système de relation social

qu’est la ville pour s’intégrer dans celui de la campagne. On peut le rechercher comme ça peut

devenir un problème. DEFONTE évoque la contre urbanisation.

Il faut un minimum de population pour que la commune investisse dans des nouvelles

infrastructures. Le lotissement peut attirer des classes moyennes voire des populations aisées.

Dans d’autres cas l’expansion du territoire suppose de vendre des terrains le moins cher

possible pour attirer le plus grand nombre possible et notamment on voit de plus en plus de

familles appartenant aux classes populaires quitter les banlieues ouvrières pour ces zones

rurales, pour ces lotissements. La sociologie du village évolue vers une sociologie urbaine

composée de classes moyennes, de classes populaires avec tout ce que ça suppose comme des

problèmes d’emplois, sociaux.

La codominance : néologisme par lequel il s’agit de signifier que les villes et les campagnes ne

sont plus dans des rapports de domination d’un modèle urbain sur une modèle rural puisque si

il existe encore une réalité sociologique, géographique et physique, le monde industriel s’est fait

sur la position d’un modèle de consommation urbain sur ce qu’était le modèle rural. On est

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dans une vision basée sur l’idée d’une domination de la ville sur la campagne. Il ne faut pas

raisonner en termes de domination mais de relation interdépendante, la distinction ville

campagne telle qu’elle tend à se développer aujourd’hui repose sur des interactions,

interdépendances. La distinction rural, urbain perd de son sens. Terme de biologie appliqué à

la sociologie.

Il y a un intérêt pour l’espace rural depuis plus de trois décennies qui voit un gain

démographique. Alors que d’autres espaces ruraux se dépeuplent.

Le développement des centres commerciaux sont dans l’entre deux des espaces urbaines et des

espaces ruraux.

Une autre possibilité consiste au regroupement de communes pour mutualiser leurs moyens,

offrir des activités culturelles en faisant venir un spectacle qui aura lieu dans un village puis dans

un autre.

A travers la reconstitution à travers l’intercommunalité, revendication d’une spécificité de la

commune rurale, néo rurale on a l’impression de retrouver ce qu’était les revendications des

premières communes, être considéré comme une communauté propre.

Section 2) Le continuum ville – campagne

Il ne suffit pas d’habiter la ville pour être un citadin. Dans la ville il peut y avoir des pratiques

traditionnelles issues de la campagne.

Communitarisme qui s’appuie sur la tradition et la religion. Cela renvoi à la société paysanne.

Pratiques sociales de type rural qu’on trouve au cœur des quartiers populaires des grandes

agglomérations. Dans les relations intercommunautaires il y a des zones flou et c’est dont

difficile de dire ce qu’est le citadin et ce qu’est le campagnard.

Urbains - néo ruraux : ce qui ont vécu en ville viennent vivre à la campagne en restant attaché à

leurs pratiques urbaines, alors que les néo ruraux ne veulent plus vivre en ville, ils reviennent à

la campagne pour ré-adopter un mode de vie rurale.

Chamboredon, « Hitoire de le France urbaine », Tome 5, chapitre « Nouvelles formes

d’opposition villes – campagnes ». Il renvoi au début de la perception du phénomène. Il met en

cause l’idée même que ville et campagne s’opposent. L’évolution économique et sociale

conduit à une forte dépendance entre société urbaine et société rurale. La société villageoise est

scène sociale secondaire complémentaire de la scène urbaine. On n’est plus uniquement de la

ville ou uniquement de la campagne. Les campagnards font l’affaire des classes moyennes et

populaires. Il n’y a pas de coupure entre les deux espaces. Il développe la notion de continuum

qui permet d’apprécier villes et campagnes sous un angle global où la division du travail

s’accompagne d’une recomposition. Les pratiques sociales se transforment fortement. Le

monde moderne est rejeté car ce n’est plus par lui que passe la vision de progrès.

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Chapitre 5 : La sociologie rurale : quel concept pour quelle

réalité ?

Section 1) Les questions posées par la sociologie rurale

Y a-t-il une spécificité du milieu rural ? La littérature invoque la notion agricole. Le monde

agricole a fait l’objet tardivement d’une analyse sociologique à partir du moment où la question

de la fin des paysans s’est posée.

Le milieu rural se réfère a un passé identifié à la société traditionnelle. Il y a une tradition. Très

tôt les historiens ont étudié la problématique du développement durable en longue période et

montre qu’il existe au début du 20ème

siècle un néo ruralisme qui s’appuie sur le progrès

technique, les premières machine. Qu’est-ce qui reste de la société rurale compte tenu des

transformations des activités agricoles ? C’est une approche de type marxiste. La société rurale

existe à côté de la société industrielle à mois que la société rurale soit un avatar qui ne fait que

reproduire ce que fait la société industrielle appliqué à un secteur d’activité.

Les caractéristiques de la société rurale :

Il faut spécifier les valeurs du monde agricole. Il y a d’un côté une tendance à

l’homogénéisation des modes de vie, évolution des comportements sociaux qui distinguent de

moins de moins le paysan des autres catégories sociales. Les agriculteurs ne sont pas

fondamentalement différent des différentes catégories ayant la même dotation sociale. Il existe

toujours une certaine culture paysanne ayant une revendication identitaire locale. Il y a une

pérennisation de l’identité, il y a un attachement au local qui est solidement ancré dans la terre.

Il ne faut pas sous estimer l’attachement physique au local, au territoire. Dans le monde rural là

où la terre n’est qu’une partie du capital la terre ne bouge pas. La rationalisation de l’activité de

production, technique de production…

Les premiers propriétaires de terres dans le pas de calais sont les communes, ensuite on a le

propriétaire privé. Il y a à la fois l’héritage paysan et la société moderne.

Le monde agricole n’est pas homogène. Entre les grandes exploitations des régions de plaines

et l’activité d’élevage en zone de montagne on n’aura pas les mêmes types d’activités agricoles.

On va voir des réalités paysannes totalement différentes. Mendras aborde dans « La fin des

paysans vingt ans plus tard » la fin de l’évolution de la paysannerie, il parle de la modernisation

des paysans. Il y a une pluralité de paysannerie qui traduit un dynamisme et des transformations

profondes de ce monde paysan où on n’a pas de concentration de la production industrielle

comme dans les années 1970. Depuis une quinzaine d’années les évolutions de l’activité

agricole ont soulevé des questions à travers les dégâts sur l’environnement, la santé, les paysages

avec l’utilisation des pesticides…

Section 2) Agriculture et société : quelle cohabitation ?

On a souvent associé l’agriculture aux problèmes agricoles. On a une représentation

fonctionnelle du monde paysan qui fait que c’est bien plus représenté.

Si le nombre d’agriculteur diminue, l’activité agricole augmente. Il y a transmission de l’activité

agricole alors même que le poids économique des agriculteurs est de plus en plus important.

Chaque agriculteur produit plus alors qu’il y a moins d’agriculteurs. Les revenus agricoles sont

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plus élevés aujourd’hui. Il y a tout de même des disparités dans le mode de rémunération. De

plus en plus ça dépend du revenu garanti par l’UE. On est dans un système de fixation des

rémunérations schizophréniques. C’est le marché mondial ou les acheteurs-vendeurs qui font

les prix, c’est la fixation de manière tarifée du prix agricole et du revenu agricole. Il y a une

élévation du pouvoir d’achat mais garanti par une volonté politique. C’est en fonction de la

production qu’on reçoit des subventions, notamment pour les productions céréalières,

productions de colza, productions laitières. Ce sont plutôt des productions de plaines, qui

nécessitent l’exploitation des grandes parcelles. Ceux qui touchent des subventions ne sont pas

forcément les agriculteurs qui ont les revenus les plus faibles. Il y a une redistribution des

revenus agricoles très inéquitables entre les régions. C’est une agriculture qui s’industrialise mais

qui en même temps est un débat de société qui pousse à remettre en cause les pratiques des

agriculteurs pour les conséquences sur leur environnement social, économique…

On va vers un certain retour à des pratiques traditionnelles. On recommence à répandre du

fumiez sur les champs par exemple. On replante du local.

La valorisation du terroir est un moyen de propager une production de qualité et pour les

producteurs d’avoir une démarche marketing parce qu’on utilise les appellations d’origines

contrôlées qui renvoi à une spécificité du produit qui va le distinguer des produits standards.

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Chapitre 6 : L’approche de la ville et le développement urbain

I- Introduction à la sociologie urbaine

Création du premier département de sociologie à l’école de Chicago. C’est la naissance d’un

département de sociologie aux USA et c’est une sociologie spécifique à la ville et au

phénomène urbain. On parle d’école de Chicago.

Les thématiques de la ville relèvent ‘une certaine inquiétude du développement urbain

(délinquance juvénile par exemple). Autre thématique : la constitution des métropoles urbaines

et notamment dans le contexte de l’urbanisation face à ce qui est le nomadisme ouvrier. Des

ouvriers qui vont là où il y a du travail et qui se déplacent d’autant plus qu’ils viennent d’Europe

souvent. Il y a une très grande mobilité géographique. Aujourd’hui 40 % de la population

américaine vit dans un autre état que dans lequel ils sont nés. Il y a des quartiers

communautaires, les caractéristiques raciales, religieuses déterminent les regroupements

communautaires dans les quartiers. Caractéristiques difficilement transposables notamment en

Europe. Il y a une apparente désorganisation, anarchie.

Il y a un paradigme qui emprunte beaucoup à un sociologue allemand qui est Simmel (il va

influencer la sociologie de Weber), il met l’accent sur les mentalités attachées aux groupes

sociaux et les relations sociales.

Les premiers travaux de ce département de sociologie en 1892 portent sur la ville de Chicago,

Park prend la ville comme un laboratoire social. C’est une ville confronté à des vagues

d’immigration et l’expansion urbaine tient beaucoup plus du développement par l’immigration

que l’excédent naturel de la population. Comment les groupes sociaux et culturels vont adopter

et intégrer ces nouvelles vagues d’immigrants qui arrivent selon les périodes ? Il y a une

profonde insécurité et en particulier des émeutes urbaines qui sont des phénomènes de gang

qui se traduisent par de véritables bataillent rangées dans les rues des villes. Grande

manifestation des travailleurs de Chicago où se manifeste la réalité d’une classe ouvrière

américaine. Es études ont quelque peu évolué après 1920 dans la mesure où il s’agit de

privilégier des études de cas en employant une méthodologie qui est l’enquête de terrain, de

l’interview, du portrait… Il s’agit de mettre l’accent sur les relations interpersonnelles et

intergroupes qui font que ce courant sociologique qui va se développer sur cette méthode

d’approche va être qualifié de courant interactionniste qui va devenir la marque de fabrique de

cette sociologie américaine. Cette méthode va se généraliser à d’autres départements comme la

sociologie du travail. Les américains préfèrent l’approche empirique (Park). Sociologie basée

sur l’analyse humaine à travers l’approche de l’urbain.

Mc Kenzie & Burgers, dans la city les travaux vont porter sur la ville à travers une topographie

de celle-ci et une topographie sociale de la ville. Ce qui caractérise la ville c’est le paradoxe

entre une organisation qui repose sur l’appartenance communautaire avec la création ou la

reconstitution de quartiers typiques et l’individualisme. La ville c’est le territoire de l’anonymat.

La ville est un endroit qui bien que peuplé favorise l’anonymat. Il y a une promiscuité très

grande mais personne ne connait son voisin. L’appartenance communautaire n’est-elle pas

simplement utilitariste ? D’autant plus lorsqu’on est seul. La communauté est productrice de

services.

La grande figure de l’école de Chicago est Robert Park. Il est né en 1864, c’est un journaliste,

philosophe de formation. Il vient à la sociologie très tard car il intégrera l’université de Chicago

à 49 ans. Il va appliquer la méthode journalistique à l’enquête sociologique. Il fait des enquêtes

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de terrain, mène les investigations pour mener ses études comme le journaliste le fait. Il va

s’intéresser à l’immigration, la criminalité ou encore l’alcoolisme. Il va montrer la corrélation

entre alcoolisme et pauvreté. C’est à Chicago que va être mis en place la prohibition dans les

années 1930 qui va donner naissance à un trafic mené par des bandes criminelles. L’étude la

délinquance juvénile est quasiment ignorée. Le lien entre déviance, délinquance et jeunesse

n’est pas établi. Or on a l’impression aujourd’hui que la délinquance est lié à la jeunesse. Les

premiers travaux sur la délinquance juvénile on les doit à Park. La foule est constituée

d’anonymes et on a des individus non directement solidaires des autres. Or la foule peut être

considérée comme une entité unique. Le comportement de la foule et non pas des individus

qui constituent une foule. On a la même chose avec le public. C’est un concept collectif. Park

va définir ce qu’il faut entendre par la foule et ce qi serait les comportements collectifs. Park

parle de darwinisme social. L’école de Chicago est contemporaine. Le darwinisme est la

question de la sélection naturelle. Il y a un darwinisme social qui explique la hiérarchie sociale,

il y a des phénomènes d’exclusion. Cette notion se retrouve dans l’évolution, comment celui

qui arrive et qui est non assimilé va peu à peu développer des stratégies d’assimilation. C’est

aussi l’évolution des relations sociales.

La sociologie de Chicago s’élève pour l’étude de la criminalité et l’étude de l’organisation

topographique de la ville. Pour Trasher la ville s’organise selon des strates concentriques. C’est

notamment typique de la ville de Chicago. Il y a plusieurs strates urbaines : le centre urbain o

on trouve les commerces et les banques puis un premier cercle constitué des quartiers occupés

par les classes moyennes qui travaillent dans le centre tertiaire du cœur de la ville et un peu plus

loin on a les beaux quartiers. Ce sont des quartiers constitué à une certaine distance de la ville

originelle mais ils ont été rattrapés par le développement du centre et le développement de la

classe moyenne. Il y a également un espace pour les immigrés. C’est dans les zones peuplées

peu à peu de classes populaires constituées d’émigrants organisant de façon communautaire

que vont se développer des quartiers populaires. C’est là que se concentre les déviances.

A partir de ces travaux on a une explication sociologique des déterminants de la délinquance

juvénile et qui porte sur les modes de vie et d’habitat des jeunes qui vivent en particulier dans

les banlieues. La délinquance est explique par la ghettoïsation des périphéries, par des

conditions professionnelles et d’habitat.

L’étude actuelle que l’on a des banlieues avec l’archétype de la délinquance dans les banlieues

emprunte dans l’approche initiale des conclusions que l’on trouve chez Trasher. Les résultats

des études contemporaines sur les jeunes de banlieues correspondent aux résultats de Trasher

dans la grande ville américaine notamment le fait que les quartiers qui se prolétarisent sont des

quartiers qui se ghettoïsent. Il existe une certaine mixité sociale, les immigrants ne sont pas tous

des pauvres. Il y a une diversité sociale qui peu être très grande. Peu à peu il y a une

redistribution de la population qui se fait en fonction des critères sociaux. Trasher va établir

une sorte d’idéal type du jeune de banlieue selon les archétypes du jeune représentatif de cette

population modeste et à la limite de la marginalisation. Pour lutter conter les gangs il n’y a pas

que la répression. Il faut privilégier la lutte contre la pauvreté qui permet aussi de préserver du

risque de tomber dans la pauvreté. On peut soit faire que la pauvreté recule, faire en sorte qu’il

y a des perspectives, des possibilités concrètes de sortir de la pauvreté, ou encore rendre la

pauvreté acceptable.

Phénomène de marginalisation : caractéristique de la ville instable. La stabilité est une situation

ultime qui caractérise le quartier une fois qu’il est défini dans son périmètre, son territoire. Park

a beaucoup étudié les phénomènes de voisinages et il défini la ville comme un ensemble de

quartiers dans lesquels les gens font preuve de solidarité.

Les études sociologiques montrent que les espaces de vies sont de plus en plus larges et qui

s’identifient plus à la ville et à l’agglomération plutôt que du quartier. C’est un univers de

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proximité qui s’élargie entre les espaces des activités sociales et d’un autre côté l’habitat. La

définition des frontières peuvent varier entre les habitants malgré ce consensus.

Il y a une certaine homogénéité sociologique. Il s’agit de permettre une mixité sociale. On

imbrique les quartiers : quartier de résidences des classes moyennes, classes supérieures… de

façon a trouver l’ensemble des couches de population de la ville.

La ville n’est pas une entité en soit. L’appropriation de la ville reste timide aujourd’hui.

D’autres espaces sont importants pour créer le lien social, favoriser cette appropriation de

l’espace urbain. Ce sont les espaces verts qui sont dans le cadre de la vie nouvelle extrêmement

important car la ville est conçue autour d’espaces publics qui sont des espaces de verdures

relativement de grandes tailles. On remet la campagne dans la ville. C’est parfois de manière

reconstitué, ou on déplace des bâtiments, on reconstruit. C’est un lieu de loisirs, d’activités

diverses et variées mais aussi lieu de croisement entre les différentes populations. Les habitants

de la ville peuvent y rencontrer des habitants des autres villes.

Les quartiers peuvent avoir une seule entrée qui est aussi la sortie.

II- La question urbaine en France : les problèmes urbains à la politique de

la ville

L’espace urbain a fait l’objet de nombreuses études. La question urbaine en France est d’abord

la nécessité de résoudre ce que serait un problème urbain. La ville est une entité extrêmement

diversifiée. La petite ville de province peut garder des caractéristiques de la ville. Elveuf est

l’archétype de la ville moyenne en France. Il n’y a pas un modèle urbain plutôt que des

modèles.

En France, les travaux sur la ville portent sur différentes questions. D’abord le développement

de l’entité urbaine et de ce que cela implique en termes d’évolutions sociales. Puis les questions

soulevées par le développement de la ville pavillonnaire ou de la ville verticale, de la citée, du

quartier résidentielle. La perception que l’on a de son quartier fait partie de ces questions

sociales qui se posent à la ville. On retrouve les préoccupations qui étaient celles des

sociologues américains sur les phénomènes de marginalisation, de ghettoïsation et le jeune de

banlieue qui a des caractéristiques déterminées par un archétype (issu de l’immigration, sans

emploi…).

Les recherches sur les villes et les métropoles sont tardives en France. Peut-être parce que le

phénomène urbain comme environnement dominant est relativement récent. L’expansion

urbaine a ½ siècle. La France n’est pas un pays caractérisé par la grande métropole. Les

premiers travaux sur la province sont des travaux américains. Par ailleurs la France est un pays

de petites villes en dehors de quelques métropoles. La ville moyenne en France a 30 000

habitants, en Italie c’est 100 000 habitants.

Il y a dans l’histoire sociologique en France une conception de la ville chez Durkheim. La ville

est considérée comme une sorte de modèle qui est le modèle d’avenir, la caractéristique de la

société nouvelle, industrielle qui conduit à un premier exode rural vers les villes qui offrent du

travail dans les usines, les activités tertiaires et c’est caractéristiques de la division du travail,

tendance à l’urbanisation, individualisation. Ça parait comme un modèle à devenir, en

perspective à venir plus qu’une réalité présente. Il faut attendre les années 1960 pour avoir les

premiers travaux sur la ville. En particulier les travaux de Paul-Henri Chombard de Lauwe, « La

fin des villes… » de 1982, il y a les thématiques entre lieu de travail et lieu de résidence. Il y a les

possibilités de déplacement entre ces lieux. La ville offre des infrastructures de transports, de

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mobilité. La ville est d’abord un espace de mobilité. Il parle de troisième milieu de vie dans un

ouvrage de 1962. La notion d’écologie renvoi à des espaces qui se retrouvent dédié

spécifiquement à tel ou tel type de population, comme si il y avait des lois naturelles dans

lesquelles on retrouve dans les villes les mêmes types d’espace. Il va s’intéresser aux airs

concentriques c'est-à-dire comment ces différents espaces consacrés à tel ou tel type d’activité

s’organisent et s’articulent les uns avec les autres ? On va faire apparaitre une certaine tendance

à la reproduction d’un modèle d’expansion urbain qui renvoi à l’idée que les villes semblent

naturellement s’organiser selon le même schéma d’expansion. L’espace urbain est objet de

représentations.

La question de la représentation par les habitants de la ville est importante pour la mise en

place de service public ou de services propres aux quartiers ou à la ville.

Michel Verret, à propose de ce qu’il appelle l’espace ouvrier, constate que pour étudier une

classe sociale il faut le faire en considérant les espaces de vie, d’activités, les lieux fréquentés ou

non lieu par cette classe. Les usages sociaux de la ville sont étroitement corrélés aux capitaux

dont dispose les individus et en particulier le capital économique et le capital culturel.

S. BEAUD : Plus on est éloigné du centre des villes il y a une demande sociale de transport qui

se manifeste. Le fait d’y répondre contribue à étendre vers l’extérieur la localisation des lieux de

résidence. Il y a des enjeux qui peuvent se contrarier qui sont celles d’un certain équilibre des

activités économiques et sociales, lutter contre une désertification sociale et de l’autre une

logique économique, de réduction des coûts qui passe par la concentration de l’habitat dans les

villes en périphéries immédiates. Cela a pour conséquence une augmentation de l’immobilier.

On encourage une diffusion de l’habitat et cela suppose et réclame des moyens

supplémentaires coûteux. Si on n’y répond pas il y a un problème de l’immobilité. Il y a des

problèmes d’enclavement qui s’opposent. Et si on y répond on encourage ce phénomène de

diffusion et d’éclatement de l’activité de l’habitat.

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Chapitre 7 : Politique urbaine et développement local

Section 1) La politique urbaine : une notion récente et ambigüe

C’est une notion ambigüe parce qu’il s’agit de considérer les questions sociales pour une

population habitant dans un espace aggloméré. Quand on parle de politique sociale, qu’est-ce

que ça recouvre ? Il faut définir les contours et ce qu’on veut mettre dans cette notion. Est-ce

que cette politique urbaine est un aspect de la politique économique ? Est-ce qu’on parle de

politique publique ? Est-ce qu’il y a une hiérarchie dans les différents aspects de la politique

urbaine ? Selon les acteurs auxquels on s’adresse, les réponses ne seront pas les mêmes.

Politique urbaine que l’on appelle encore la politique de la ville parce que c’est au début des

années 1990 que les gouvernements ont maintenus plus ou moins un ministère en charge de la

politique de la ville. La politique de la ville c’est un ensemble d’interventions publiques portant

sur la ville et de manière plus général sur l’espace social. Cette politique s’inscrit dans le cadre

d’une planification urbaine. Les objectifs vont être planifiés selon les priorités, les moyens. De

plus en plus cette politique se conçoit non pas uniquement à l’échelle communale mais en

considérant la commune et son environnement. Le lien entre les interactions entre les

communes est différent selon qu’il s’agit d’une ville centre, une commune de périphérie.

‘Politique Urbaine’, revue qui traite pour la première fois de la politique urbaine en France. Il

s’agit de comprendre la politique urbaine en identifiant les acteurs qui sont les élus, les

spécialistes qui entourent ces élus, les lobbies. Les acteurs peuvent être privés ou publics.

Le gouvernement de Cresson a mis en place la politique de la ville.

Le développement local est un enjeu important dans la mesure où aujourd’hui les institutions

locales disposent de l’essentiel du développement local. Il peu y avoir un problème de

cohérence de l’aménagement du territoire. Il y a 22 régions en France, on a 22 politiques

d’aménagement du territoire.

Section 2) Des politiques urbaines aux politiques de la ville

Il y a une prise de conscience de mettre en commun les problèmes sociaux liés au

développement urbain au travers de la stigmatisation de la banlieue qui devient l’objet de la

politique de la ville. 1971, la loi d’orientation pour la ville où il s’agit de repenser la ville et

notamment « traiter » ces quartiers. La ville est perçue comme le lieu où doit se concentrer

l’activité économique et commerciale avec la création de zone franche par exemple.

En 2000, on parle de revitalisation de la ville dans les quartiers populaires et notamment de

repenser les habitats et de définir des objectifs qualitatifs, réintroduite des classes moyennes

dans les quartiers. La mixité sociale devient le créneau principal du gouvernement. Les

politiques ont souvent tendance à instrumentaliser la politique de la ville pour leur politique en

ayant tendance à stigmatiser la réalité de ces quartiers populaires ou de ces villes de banlieues.

La question du logement se pose avec d’autant plus d’importance que la montée du chômage

ou l’émergence de la nouvelle pauvreté n’est plus celle que classiquement on observait. Ça

concerne des populations exclus de tout lien social.

C. CHALINE parle de « triangle de handicap » : l’insécurité économique, le déficit

d’intégration et les carences de l’habitat.

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Sociologie L3 AES

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Les politiques de la ville se sont d’abord concentrées sur la question de la misère sociale des

villes.

Au début des années 80 les ouvriers représentent 80 % de la population. Aujourd’hui c’est 13

%. Les différentes mesures de modifications touchent les populations sociales les moins riches.

La politique de la ville est fortement territorialisé. Divergence de la nouvelle pauvreté :

exclusion d’une partie de la population.

Aujourd’hui près d’un locataire sur deux en France bénéficie d’une aide à la personne. Un

français sur deux craint plus ou moins de devenir pauvre. La question de la pauvreté est

associée aux grands ensembles, à la marginalité.

Il y a une bipolarisation entre insiders et outsiders. Howard BECKER, ‘Outsiders’, étude des

populations marginalisées dans les grandes villes américaines.

Comment améliorer dans les grands ensembles ? Amélioration de l’habitat social par une

association, plan Borloo 2005 sur la revalorisation des quartiers populaires. Priorité des

logements sociaux. En crise économique, c’est toujours difficile pour les étrangers. Il y a toute

une série de zones qui selon les questions posées vont être mise en évidence. Comme dans

d’autres domaines l’état se désengage.

La précarité, la pauvreté, les risques d’exclusion… conduit aux déviances (d’après les

sociologues). Il y a des microsociétés dans lesquelles s’installe une déviance organisée. Enquête

de 2007 : 23 % des habitants des quartiers sensibles attestent des conséquences des actes de

délinquance. Il y a toujours eu des violences liées à la pauvreté mais qui étaient justifiées par la

lutte des classes. L’action politique est moyennement efficace. Le dernier avatar est la tolérance

zéro. L’idée du déficit, de la crise de l’individualisme renvoi à MERTON, dans une société

riche on y cultive un idéal démocratique égalitaire.

Les paradoxes de la révolution urbaine :

Pour les dirigeants politiques c’est un moyen pacifiant les rapports avec la population. Il suffit

de rénover l’espace urbain pour pacifier les réseaux sociaux. La politique de rénovation urbaine

engagée par Borloo en 2002 est centralisée par une agence (ANRU).

Les dispositifs mis en place sont complexes. L’état ne décide plus, il contractualise.