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1 er trimestre 2006 – 2,50 – www.frm.org RECHERCHE & SANTÉ Soutenir la Fondation pour la Recherche Médicale N°105 Maladie d’Alzheimer 15 DOSSIER Maladie d’Alzheimer Quand le cerveau se dérobe 7 LA RECHERCHE EN DIRECT Diabète de type 1 : guérir, enfin? 25 LA FONDATION ET VOUS Statuts : la Fondation « nouvelle génération »

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N°105

Maladie d’Alzheimer15 DOSSIER

Maladie d’AlzheimerQuand le cerveau se dérobe

7 LA RECHERCHE EN DIRECT

Diabète de type 1 :guérir, enfin?

25 LA FONDATION ET VOUS

Statuts : la Fondation«nouvelle génération»

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JANVIER•2006

13 ENTRETIENS CROISÉSDiagnostiquer la maladie d’Alzheimer sans savoir la soigner ?

15 DOSSIER MALADIE D’ALZHEIMER

Quand le cerveau se dérobe17 Traitements : attaquer la maladie sur tous les fronts19 Point de vue du Pr Françoise Forette : des efforts à poursuivre…

20 EN IMAGESDes lésions aux symptômes

22 Initiative : une banque de cerveaux pour accélérer la recherche

23 VIE PRATIQUEIdentifier les signes d’alerte, de l’examen au diagnostic, le parcours médical, l’accompagnement social

25 LA FONDATION ET VOUS25 Statuts : la Fondation « nouvelle génération »26 Pr Jean Bernard : « Pour moi, la Fondation a été

un territoire alliant science, progrès et amitié »29 Legs orientés, dans le respect de vos volontés30 Grâce à la Fondation : de meilleurs droits pour

les jeunes chercheurs

32 VOS QUESTIONS/NOS RÉPONSESGrippe aviaire : le plus gros risque, c’est la psychosePrélèvement automatique : pour un soutien plus efficace aux chercheurs

35 ON SE DIT TOUT

4 LA RECHERCHE EN DIRECT4 Myopathie : la cellule souche, « mécano » du muscle6 Pathologies vasculaires : des vaisseaux sanguins à la demande 7 Diabète de type 1 : guérir, enfin ?

8 LE DON URGENTMaladie d’Alzheimer : la recherche attaque le mal à la racineSoigner la maladie d’Alzheimer nécessite d’identifier les causeset de les traiter. Pour l’heure, les traitements ne soulagent queles symptômes. Afin d’enrayer le processus de dégénérescenceà sa source, les scientifiques ont déjà identifié les lésionsresponsables, les plaques amyloïdes. Les efforts de recherchevisent maintenant à développer des stratégies pour bloquer leur formation ou les détruire.

10 Cancer : des nanobombes au cœur des tumeurs 11 Dermatologie : pansements de peau fœtale pour grands brûlés

XSOMMAIREX

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XÉDITORIALX

RECHERCHE & SANTÉ l page 3 l N°105 • 1er trimestre 2006

A rrivée récemment à la direction de la Fondation pourla Recherche Médicale, je souhaitais bien sûr vousprésenter tous mes vœux pour cette nouvelle année,

mais aussi me présenter à vous. Tout mon parcours, autant professionnel, comme entrepreneur-développeur etfinancier, qu’humanitaire, pour avoir réalisé, entre autres,dans les pays en développement des opérations scientifiquespionnières de télémédecine, m’a préparée à cette prise deresponsabilités. Je suis heureuse, aujourd’hui, de mettrecette expérience au service de la Fondation. Je lui dois mon meilleur ! Notre Fondation sera, cette année, la première à adopter un mode de fonc-tionnement moderne visant une efficacité et une transparence maximales (lire p. 25). Un changement préparé à l’initiative de notre Président, PierreJoly, et qui fait de la Fondation pour la Recherche Médicale une Fondation« nouvelle génération » et un modèle pour les autres organisations caritatives.Je souhaite aussi faire changer les mentalités vis-à-vis de la recherche : leschercheurs, ces agents de progrès pour l’humanité, sont des héros de l’ombre.Mon vœu pour 2006 est de voir se développer un profond sentiment de recon-naissance et de considération à leur égard : aimons-les !Enfin, 2006 sera l’année d’un combat audacieux pour la Fondation : commeles œuvres d’art d’exception constituent notre « trésor national culturel » et bénéficient au titre d’un mécénat culturel d’une défiscalisation à 90 %, les chercheurs devraient être considérés comme des « trésors nationaux scienti-fiques vivants ». Et les entreprises souhaitant les aider devraient pouvoir bénéficier des mêmes avantages, ouvrant ainsi la voie au mécénat scientifique.La recherche en a plus que jamais besoin ! N’est-elle pas un patrimoine de lanation ? Un patrimoine d’avenir ? La santé n’est-elle pas le plus grand de nosbiens ? Et n’oublions pas que découvrir, c’est guérir.

Ghislaine Alajouanine,

Président du Directoire de la Fondation pour la Recherche Médicale,

Correspondant de l’Institut de France, Académie des Sciences Morales et Politiques,

Membre de l’Institut des Nations unies (UNITAR)

Comité éditorial : Agnès Lara, Catherine Monnier,

Joëlle Finidori. Comité de rédaction :

Ghislaine Alajouanine, Pr Claude Dreux,Isabelle Fleury, Céline Guéganou,

Jean-François Pétélaud, ClaudePouvreau, Valérie Riedinger.Ont participé au dossier :

Bruno Dubois, Jean-François Dartigues,André Delacourte, Françoise Forette,Olivier de Ladoucette, Marie Sarazin,

Jacques Touchon.Ont participé à la rédaction :

Arlette Chabrol, Patricia Chairopoulos,Aurélien Coustillac, Valérie Devillaine,Émilie Gillet, Anne Lefevre-Balleydier,

Marie Lescroart, Victoire N’Sondé,Adélaïde Robert-Géraudel.

Couverture : Digitalvision.Conception et réalisation :

Citizen Press, 41, rue Greneta,75002 Paris.

Responsable d’édition :Valérie Devillaine.

Direction artistique et maquette : Fabienne Laurent, Marie-Laure Noel.

Secrétariat de rédaction : Aude Rougeaux, Véronique Boismartel.

Iconographie : Marion Ricard.Chef de fabrication : Sylvie Esquer.

Impression : Maury.Périodicité : trimestrielle.

Copyright : la reproduction des textes, même partielle, est

soumise à notre autorisation surdemande écrite préalable.

Date et dépôt légal à parution : Janvier 2006 • ISSN 0241-0338

Dépôt légal n° 8117

Pour tous renseignements ou pour recevoir

Recherche & Santé, adressez-vous à :Fondation pour

la Recherche Médicale54, rue de Varenne

75335 Paris Cedex 07Service donateurs :

01 44 39 75 76Information scientifique :

01 44 39 75 92Rédaction :

01 44 39 75 68Contribution de soutien pour 4 numéros : 10 €

Chèque à l’ordre de la Fondationpour la Recherche MédicaleSite Internet : ww.frm.org

La Fondation pour la RechercheMédicale, établissement reconnu

d’utilité publique par décret du 14 mai1965, est membre fondateur du

Comité de la Charte de déontologie des associations humanitaires.

Aidons l’espoir, aimons nos chercheurs !

DR

Pr Jean Bernard, fondateur de la Fondation pour la Recherche Médicale. Pierre Joly,

président du conseil de surveillance. Ghislaine Alajouanine, président du directoire

et directeur de la publication.

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précurseurs. La méthode va maintenantêtre testée chez d’autres animaux. Ce qui permettrait d’envisager ce typede greffe chez l’homme, notammentpour traiter la myopathie. ■

Source : Science, septembre 2005

I l y a quelques mois, une équipe dirigée par Margaret Buckingham

(CNRS/Institut Pasteur) révélait l’impor-tance de gènes appelés Pax dans ledéveloppement musculaire. En se ser-vant de ces gènes comme marqueurs,la même équipe (en collaboration avecd’autres chercheurs français et anglais)vient cette fois d’annoncer dans larevue Science qu’elle est parvenue à isoler chez des souris adultes des cellules souches du muscle. « Cescellules étaient jusqu’alors inacces-sibles, explique Didier Montarras, l’undes auteurs de l’étude. Or, elles per-mettent une bien meilleure réparationdu muscle que les cellules précurseursprovenant de cultures cellulaires. »La preuve : il suffit d’en greffer 20 000pour régénérer un muscle abîmé aussibien qu’avec un million de cellules

Cellules souches adultes : cellules capables de se reproduire de nombreuses fois à l’identique. Ces cellules ne sont pas encore spécialisées, mais peuventdonner naissance à des cellules spécifiques de l’organe qui les abrite.Cellules précurseurs : elles proviennent de la division des cellules souches et ont déjà acquis un certain degré de spécialisation.

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nEN DIRECTLA RECHERCHE

Vers un vaccin universelcontre la maladie de Lyme

Transmise par la tique, la bactérieresponsable de la maladie de Lyme

a trouvé un bon moyen de sepropager dans notre organisme :des scientifiques américains ontrécemment montré qu’elle se lie à l’une des protéines de la salive

de tique qui la masque à notresystème immunitaire. Cela ouvre

la voie à un vaccin universel : plutôtque de le diriger contre la bactérie,

dont la diversité pose problème, on pourra l’orienter contre

la protéine en question !Source : Nature, juillet 2005

Le laboratoire de MargarethBuckingham, dans lequel travailleDidier Montarras, a reçu deuxaides de la Fondation en 2001 et 2003 pour un montant global de 26 549 €.

26 549 €LE DON UT ILE

MYOPATHIE

La cellule souche, « mécano » du muscle

Cent vingt types de myopathies sontaujourd’hui référencés. Ces maladiesgénétiques sont responsables dehandicaps pour des milliers d’enfants.

Empêcher toute réaction de notresystème naturel de défense auniveau de la paroi digestive : telle

est la stratégie thérapeutique, réellementprometteuse, développée dans une étudepubliée portant sur les maladies inflam-matoires intestinales comme la rectoco-lite hémorragique ou la maladie de Crohn.Ces affections se caractérisent par uneréaction immunitaire excessive du tubedigestif, qui engendre de façon chro-nique diarrhées, douleurs abdominales etfatigue. Or, si plusieurs médicamentssoulagent les crises, il est impossible deles utiliser de façon prolongée en raisond’effets secondaires.L’équipe canadienne de Brian Feagan a donc testé l’efficacité d’un nouveautraitement ne présentant pas ces incon-

vénients. En se fixant à la surface des glo-bules blancs, cette molécule les rendincapables de se lier à leurs récepteurssur la paroi des vaisseaux intestinaux,bloquant ainsi la réaction inflammatoire.Au total, 181 patients répartis en troisgroupes ont participé à l’étude : l’un areçu un placebo et les deux autres lemédicament potentiel à différentesdoses. Après six semaines, 33 % despatients traités ont vu leur état cliniques’améliorer, contre 14 % dans le groupesous placebo. De plus, 28 % des maladestraités à faible dose présentaient dessignes avérés de rémission. Reste à con-firmer ces résultats sur une plus longuedurée, avec davantage de patients. ■

Source : New England Journal of Medicine,

juin 2005

RECTOCOLITE HÉMORRAGIQUE

Bientôt un traitement sans effets secondaires

RECHERCHE & SANTÉ l page 4 l N° 105 • 1er trimestre 2006

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EN DIRECTLA RECHERCHE

L e tabac, c’est dans la tête », dit-on.Mais les travaux récents de plu-

sieurs équipes françaises permettentd’aller plus loin et montrent que ladépendance à la nicotine se formedans une zone précise du cerveau, làoù est fabriquée une protéine égale-ment impliquée dans certaines fonc-tions cognitives. En 1995, sachant quele récepteur à la nicotine est constituéde plusieurs sous-unités, l’équipe deJean-Pierre Changeux avait d’abordgénétiquement modifié des souris pour les priver de l’une d’elles (la sous-unité ß2). Résultat : ces souris ne deve-naient pas dépendantes à la nicotine,

mais n’étaient pas capables d’ap-prendre à se repérer dans un nouvelespace. Cette fois, les chercheurs ontréussi à faire fabriquer la sous-unité ß2du récepteur à la nicotine dans unerégion du cerveau connue pour sonimplication dans la dépendance. Celales a effectivement rendues « accros »à la nicotine, mais leur a aussi rendula capacité à se repérer dans l’espace.Reste à affiner la connaissance de cesrécepteurs et à rechercher des molé-cules capables de supprimer la dépen-dance sans altérer les capacités d’ap-prentissage. ■

Source : Nature, juillet 2005

PARKINSON

Des nouveaux neurones aptes au service

DÉPENDANCE

La biochimie du tabagisme se dévoile

VOSDONS

en action

Le syndrome de l’X fragile mieux comprisD’où viennent les problèmesd’apprentissage moteur chez lespatients atteints du syndrome del’X fragile ? D’un dysfonctionnementdu cervelet, suggère une étudeparue en août dernier. Cettemaladie est due à l’absence d’uneprotéine normalement codée par un gène du chromosome X.Les chercheurs ont montré que des souris, dont le cerveletétait dépourvu de cette protéine,présentaient le même déficit queles malades.Source : Neuron, août 2005

À l’arrière du cerveau, le cervelet intervient dans la coordination des mouvements.

Une équipe franco-allemande vient de réussir son pari : transformer des cellules souches du cerveau de souris adultes en neurones capables de sécréter de la dopamine, un messager chimique qui fait défaut dans la maladie de Parkinson.

D epuis une dizaine d’années, onsait que le cerveau adulte ne cesse

de produire de nouveaux neurones àpartir de cellules souches. Il y a troisans, en collaboration avec des scienti-fiques américains, l’équipe de Pierre-Marie Lledo (Institut Pasteur/CNRS) aprouvé que ces neurones pouvaientétablir de nouvelles connexions. L’an-née suivante, avec des chercheurs alle-mands, elle a montré qu’ils pouvaientêtre guidés jusqu’à des régions préci-ses du cerveau, via une molécule natu-rellement présente dans le bulbe olfac-tif, la ténascine. Restait à s’assurerqu’une fois parvenus dans la régiondésirée (en l’occurrence la zone ducerveau lésée par la maladie de Par-kinson), ces « néoneurones » produi-saient bien la fameuse dopamine. C’est

chose faite. « Nos travaux pourraientcontribuer à élaborer de nouvelles stra-tégies thérapeutiques permettant dechoisir le destin cellulaire des neuro-nes nouvellement formés, puis de lesdétourner depuis leur zone de pro-duction vers les régions à réparer,commente le Dr Lledo. Si nous parve-nons à forcer leur destin, les cellulessouches de l’adulte constitueront unréel espoir pour le traitement des ma-ladies neurodégénératives telles quela maladie de Parkinson. » ■

Source : Nature neuroscience,

juillet 2005

Les nouveaux neurones (en rouge) sontcapables de migrer sur les chaînes (en vert) et de produire de la dopamine.

RECHERCHE & SANTÉ l page 5 l N° 105 • 1er trimestre 2006

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Le laboratoire de Jean-PierreChangeux et Pierre-Marie Lledo, à l’origine de ces deux résultats, a été financé à cinq reprises par la Fondation pour la Recherche Médicale depuis 2002. 34 000 € ont notamment été consacrés à des travaux sur la dépendance à la nicotine.

100 000 €LE DON UT ILE

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EN DIRECTLA RECHERCHE

RECHERCHE & SANTÉ l page 6 l N° 105 • 1er trimestre 2006

CARDIOLOGIE

De l’estomac au cœur,un lien bactérien

Helicobacter pylori : bactérieresponsable de pathologies de l’estomac et du duodénum.

Complexe enzymatique : assemblage constitué d’enzymeset d’autres éléments. Il rend possible et accélère denombreuses réactions chimiques de l’organisme.

U ne équipe de médecins italiens a mis au jour un lien entrel’infection à Helicobacter pylori

et la fibrillation auriculaire (FA), unepathologie cardiaque qui se caractérisepar des contractions trop rapides etirrégulières du cœur. Une précédenteétude avait montré que le taux sanguinde CRP (un marqueur de l’inflammationprésent en cas d’infection) était deuxfois plus élevé chez les patientssouffrant de cette pathologie. Leconstat avait également été fait qu’unpourcentage élevé de ces patients avaitdes problèmes gastriques. L’expérienceitalienne a donc consisté à chercher

si cette FA n’était pascausée par une infectionchronique à H. pylori.

Résultat : l’infection étaitsignificativement plusfréquente chez les patientssouffrant d’une fibrillationauriculaire. Des étudessupplémentaires doivent être menées pourcomprendre commentl’infection influence lafibrillation auriculaire. Un traitement del’inflammation pourrait alors peut-êtreconcourir au traitement de la FA. ■Source : Heart, juin 2005

PATHOLOGIES VASCULAIRES

Des vaisseaux sanguins à la demande

D es chercheurs du DukeUniversity Medical Cen-ter (Durham, États-

Unis) ont réussi l’incroyable :fabriquer in vitro des vais-seaux sanguins humains à par-tir de cellules de veines de lajambe prélevées chez des adul-tes. Un espoir pour toutes lespersonnes atteintes de patho-logies cardiovasculaires etayant idéalement besoin devaisseaux sanguins « commeneufs ». La même équipe étaitdéjà parvenue à fabriquer invitro des vaisseaux sanguins àpartir de cellules prélevées sur un enfant.Pour cela, ils avaient cultivé les cellulessur une matrice cylindrique, de manièreà ce qu’elles se développent en prenantla forme d’un tube, comme celle des vais-seaux sanguins. Mais fabriquer de tels vaisseaux à par-tir de cellules moins robustes prélevéessur des patients âgés ne fonctionnait

pas. Les chercheurs ont émis l’hypo-thèse que le frein était le suivant : la plupart des cellules prélevées sur desdonneurs adultes ont des capacités demultiplication trop limitées pour servir

de base à la fabrication de nou-veaux tissus. Pour contournercet écueil, ils ont donc cultivédes cellules adultes, mais ensélectionnant celles dont l’acti-vité de la télomérase était laplus forte. Ce complexe enzy-matique est en effet capable deconférer aux cellules des capa-cités de multiplication illimitées.Hypothèse vérifiée : des vais-seaux sanguins ont bien pu êtrefabriqués à partir des cellulesainsi triées.Un dernier obstacle reste néanmoins à surmonter avant

l’utilisation en chirurgie de ces vais-seaux : les cellules prélevées sur despersonnes âgées produisent moins decollagène que les cellules jeunes et, de ce fait, les vaisseaux manquent encore de résistance pour remplir leurfonction… ■

Source : The Lancet, juin 2005

En cas d’accident vasculaire, desvaisseaux sanguins « neufs », synthétisésin vitro, pourraient être greffés pourremplacer ceux qui sont défaillants.

La bactérie Helicobacter pyloriest présente dans 80 % des ulcères de l’estomac, une maladie qui atteint une personne sur dix au moins une fois dans sa vie.

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Fibrillation auriculaire : anomalie durythme des contractions du musclecardiaque au niveau de l’oreillette droite.

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En quoi consiste ce nouveau traitement ?Il consiste à éviter que le patientréagisse anormalement contre sespropres cellules, comme c’est le caschez les diabétiques de type 1 dontle système immunitaire détruit les cel-lules du pancréas qui produisent l’in-suline. On injecte pour cela des anti-corps anti-CD3.

Quelle est la différence avec le traitement à l’insuline ?L’insulinothérapie est un traitement à vie qui compense un déficit, mais neguérit pas la cause. L’injection quoti-dienne d’anti-CD3 pendant six jours per-met, elle, de freiner la destruction descellules en instaurant, dans de nom-breux cas, une tolérance immunitaire.D’après les essais en cours, les effetspersistent chez les malades jusqu’à unan et demi après la fin du traitement.

Quels patients serontconcernés et quand ?Les patients chez lesquels le diabètede type 1 est très récent et, peut-être,

les patients présentant un prédiabèteou un diabète de type lent. Un teltraitement n’aurait pas d’effets chezun patient dont les cellules productri-ces d’insuline seraient déjà en grandepartie détruites. Quant à l’utilisationde ce traitement en routine, il fautattendre la fin des essais, mais les études permettant de demander uneautorisation de mise sur le marchédevraient débuter en 2007. ■

Source : New England Journal

of Medicine, juin 2005

EN DIRECTLA RECHERCHE

RECHERCHE & SANTÉ l page 7 l N° 105 • 1er trimestre 2006

Le laboratoire Inserm U580 danslequel travaille Lucienne Chatenouda reçu plusieurs aides de laFondation dont une dans le cadred’un partenariat avec l’Inserm et laJuvenile Diabetes ResearchFoundation International.

184 700 €LE DON UT ILE

DIABÈTE ET OBÉSITÉ

Découverte d’un gène commun

O n savait le diabète de type 2 et l’obésité intimement liés. Lesdeux maladies sont fréquem-

ment rencontrées chez les mêmespatients. Le mode de vie et l’alimen-tation de ces derniers sont souventincriminés pour expliquer leur pré-sence simultanée. Mais l’équipe de Philippe Froguel, àl’institut Pasteur de Lille, a découvert

une autre origine commune possible,celle d’un gène. Ce gène contribue àréduire la sensibilité de l’organisme àl’insuline, l’hormone qui régule le tauxde sucre sanguin. On le retrouve chezla plupart des enfants obèses et dia-bétiques. Il provoquerait une résis-tance à l’insuline et contribuerait ainsià l’accumulation de graisse, entraînantl’apparition d’un diabète et d’une obé-

sité d’origine métabolique, c’est-à-direnon liée à des troubles hormonaux oucomportementaux… Rebaptisée sous le terme « diabésité »,cette maladie se voit ainsi dotée d’unnouvel outil de compréhension qui,espérons-le, ouvrira de nouvelles voiesde traitement. ■

Source : Nature Genetics, août 2005

VOSDONS

en action

DIABÈTE DE TYPE 1

Guérir, enfin ?Les travaux de l’équipe de Lucienne Chatenoud (lire Recherche & Santén° 101 p. 8-9) ont porté leurs fruits ! Cette immunologiste de l’hôpitalNecker a trouvé un traitement prometteur pour les diabètes débutants.Explications.

Le diabète, 5e cause de mortalitéEn 2000, le diabète (de type 1 et surtout de type 2) aurait été respon-sable de 2,9 millions de décès dansle monde, selon une réévaluation del’Organisation mondiale de la santé.Cela situe cette maladie au 5e rangdes causes de mortalité dans lemonde, après les maladies infec-tieuses, les maladies cardiovascu-laires, les cancers et les accidents.L’excès de mortalité attribué au dia-bète est ainsi équivalent à celui dusida. Et la situation ne risque guèrede s’améliorer avec le doublementde la population diabétique attenduedans les vingt-cinq prochaines années.Source : Diabetes Care,

septembre 2005

Molécules en forme de Y, piliers de la défense de notre organisme, les anticorps sont la clé d’untraitement prometteur du diabète.

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Une destruction progressive decertains neurones, ce pourraitêtre une définition biologiquede la maladie d’Alzheimer. Pen-dant dix à vingt ans, ce pro-

cessus dégénératif s’opère sans aucunsigne apparent, jusqu’au moment où lecerveau n’est plus à même de compenserla perte de ses neurones. C’est là que lespremiers troubles se font sentir.Dans la communauté scientifique, il y aaujourd’hui consensus pour désigner lesdeux types de lésions qui jouent un rôlemajeur dans la maladie. Les premièressont appelées plaques amyloïdes ouplaques séniles. « Elles ressemblent un

peu à des flocons de neige qui se dépo-

sent autour des neurones et sont cons-

tituées par des peptides dénommés

Aß », explique le Dr André Delacourte,responsable, à Lille, de l’équipe de recher-che « Vieillissement cérébral et dégé-nérescence neuronale 1 ». Les secondeslésions se caractérisent par l’accumulationde paquets de filaments, les fibrilles, maiscette fois à l’intérieur même des neurones.« L’approche stratégique des chercheurs

est maintenant de savoir où est la poule

et où est l’œuf », précise le Dr Delacourte.En d’autres termes, ils veulent déterminerqui, des plaques amyloïdes ou des fibrilles,est le facteur déclenchant de la maladied’Alzheimer. Un préalable indispensable à la mise au point d’un médicament s’atta-quant à la cause de la maladie.

VERS UN VACCIN QUI ÉLIMINERAIT LES PLAQUES« Les plaques amyloïdes Aß qui s’accu-

mulent autour des neurones seraient le

neurotoxique qui tue les neurones »,répond le Dr Delacourte. Et beaucoup deses pairs partagent cet avis puisque, actuel-lement, 99 % des travaux de recherche surles causes de la maladie d’Alzheimer visentles peptides Aß. Pour atteindre cet objectif, deux pistessont privilégiées : les sécrétases, qui inter-viennent dans la formation des plaques(cf. interview ci-contre) et la vaccinationthérapeutique ou immunothérapie.« On s’est rendu compte chez la souris

que l’injection de peptides Aß dans la

circulation sanguine conduit à la fabri-

cation d’anticorps dirigés contre ces

peptides. Et surtout, on s’est aperçu que

Soigner la maladie d’Alzheimer nécessite d’identifier lescauses et de les traiter. Pour l’heure, les traitements nesoulagent que les symptômes. Afin d’enrayer le processusde dégénérescence à sa source, les scientifiques ont déjàidentifié les lésions responsables, les plaques amyloïdes.Les efforts de recherche visent maintenant à développerdes stratégies pour bloquer leur formation ou les détruire.

Dr Frédéric Checler,chercheur à l’institut de Pharmacologiemoléculaire et cellulaire, Sophia Antipolis (Nice).

EN DIRECTLA RECHERCHE

La rechercheattaque le mal à la racine

MALADIE D’ALZHEIMER

RECHERCHE & SANTÉ l page 8 l N°105 • 1er trimestre 2006

ces anticorps sont alors capables de se

fixer sur les plaques amyloïdes et d’en-

traîner leur destruction », souligne leDr Delacourte. Chez l’homme, un premieressai de vaccination avait dû être stoppé en2001 suite à des effets indésirables obser-vés chez certains patients. Mais les spécia-listes envisagent une reprise prochaine deces essais avec de nouvelles approches per-mettant d’éviter les effets secondaires. ■

1. Au sein de l’unité Inserm U422 Neuroendo-crinologie et physiopathologie neuronale.

C’est la somme que la Fondation pour la Recherche Médicale a consacrée à des recherches sur la maladied’Alzheimer en 2004, grâce à vos dons.Le laboratoire de Frédéric Checler a,quant a lui, bénéficié de deux aides pour un montant global de 8 300 €.

400 000 €LE DON UT ILE

Peptides : petits fragments de protéines.Immunothérapie : traitement qui consisteà déclencher la production d’anticorps pardes lymphocytes B, cellules spécialiséesdans la défense de l’organisme.

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LE DON

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Vos travaux portent sur lepeptide amyloïde, le composémajoritaire des plaques sénilesqui s’accumulent dans lecerveau et provoque les lésions.Quelle est votre stratégie ?Il existe plusieurs méthodes. On peut inhiber les enzymesresponsables de la synthèse dupeptide amyloïde (les sécrétases)ou activer les enzymes qui le dégradent (les néprilysines). Mon laboratoire travaille sur les deux approches.

Qu’avez-vous déjà mis en évidence ?La formation des plaques impliquedes enzymes qui produisent lepeptide amyloïde, les sécrétases.Mais ces enzymes produisent aussides fragments vitaux pour la cellule

à partir d’autres protéines. Monlaboratoire a montré qu’il existesans doute plusieurs voies deproduction du peptide amyloïde,et nous avons développé desinhibiteurs qui bloquent la synthèsede ce peptide sans affecter laformation des fragments vitaux.D’autre part, nous venons depublier un article sur une nouvellevoie d’activation des enzymes de dégradation qui éliminent le peptide amyloïde.

Quelles perspectivesthérapeutiques cela ouvre-t-il pour l’avenir ?La non-toxicité de ces principes va d’abord être validée par des expériences sur l’animal. Nous pourrons alors envisager des applications chez l’homme.

INTERVIEW

EN DIRECTLA RECHERCHE

RECHERCHE & SANTÉ l page 9 l N°105 • 1er trimestre 2006

Dr Frédéric Checler,chercheur à l’institut de Pharmacologie moléculaire et cellulaire, Sophia Antipolis (Nice).

La maladied’Alzheimer en chiffres• 800 000 personnes souffrent enFrance de la maladie d’Alzheimer etde troubles apparentés, ce qui repré-sente 18 % des personnes âgées deplus de 75 ans. • Près de 165 000 nouveaux cas sontdénombrés chaque année.• Le nombre de patients comptabili-sés en 2003 est celui qui était prévupour… 2010. Il faut donc revoir à lahausse les prédictions car le vieillis-sement de la population s’accélère.• Selon l’Association pour le déve-loppement des neurosciences appli-quées (Adna), 1 malade sur 2 esttotalement à la charge de sa famillepour un coût moyen évalué à 1 530 €

par mois (englobant la rémunérationdes aides professionnelles). En insti-tution, le coût moyen mensuel direc-tement lié à la maladie est estimé parl’Association à 1 830 €.

Aujourd’hui, la plupart des chercheurs s’accordent à dire que les plaquesamyloïdes sont responsables de la mort neuronale dans la maladie d’Alzheimer.

Inhiber les sécrétases, à l’origine des peptides amyloïdes, est une piste prometteuse.

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LA RECHERCHE EN DIRECT

aux traitements immunosuppresseursclassiques. Les chercheurs ont com-paré l’état de santé de patients quiavaient subi une greffe de rein etbénéficié soit d’un traitement à basede ciclosporine, soit d’un traitementà base de cette nouvelle molécule, lebelatacept. Au bout d’un an, le nombre de casde rejets de greffons et de complica-tions liées à des maladies infectieusesétait le même dans les deux groupes,mais la fonction rénale était meilleurechez les personnes traitées par bela-tacept. De plus, le taux de cholesté-rol et la pression sanguine des sujetsne différaient pas entre les groupes,alors que seuls les patients traités à laciclosporine recevaient des médica-ments contre le cholestérol et l’hyper-

A près une greffe, un traitementimmunosuppresseur est indis-

pensable pour empêcher l’organismedu receveur de s’attaquer à l’organetransplanté comme à un corps étran-ger. Malheureusement, la cyclospo-rine, principale molécule utiliséeactuellement, est toxique pour les reinset ce, quel que soit l’organe greffé.Dans ce contexte, une étude interna-tionale est porteuse d’espoir. Elle im-plique notamment l’unité Inserm 542« Greffe d’épithéliums et régulation del’activation lymphocytaire » (Le Krem-lin-Bicêtre), le service de néphrologieet de transplantation de l’hôpitalHenri-Mondor (Créteil) et celui del’hôpital de l’Hôtel-Dieu (Nantes). Ellevient de démontrer le potentiel d’unenouvelle molécule comme alternative

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C’est le montant total des aidesattribuées par la Fondation au laboratoire de BernardCharpentier au Kremlin-Bicêtre en 2001 et 2003.

21 374 €LE DON UT ILE

GREFFES D’ORGANES

Une nouvelle molécule antirejet moins toxique pour les fonctions rénales

tension (effets secondaires de la ciclos-porine obligent !). Les auteurs de l’é-tude soulignent également l’avantagedu mode d’administration du belata-cept : en perfusion mensuelle à l’hô-pital. Il diminue en effet le risque d’ou-bli par rapport à la ciclosporine, enprise quotidienne par voie orale. ■Source : New England Journal

of Medicine, août 2005

CANCER

Des nanobombes au cœur des tumeurs

D es chercheurs américains du Massachusetts Institute of Technology ont mis

au point une nouvelle arme contre le cancer. Il s’agit de minuscules billes d’environ 200 nanomètresde diamètre constituées de deuxcouches de matériaux biodégradableset contenant des médicaments. La couche externe contient unesubstance bloquant l’angiogénèse.Libérée la première au sein de latumeur, elle provoque la destructiondes vaisseaux sanguins qui l’irriguent,coupant ainsi les vivres à la tumeur et piégeant les nanobombes. Lessubstances chimiothérapeutiquescombinées à la seconde couche

s’attaquent alors aux cellulescancéreuses. Injectées dans la circulation sanguine, ces billess’accumulent dans la tumeur car les pores de ses vaisseaux sontparticulièrement larges. Mais cesbilles sont trop grosses pour traverserles vaisseaux des organes sains, ce qui limite leurs effets secondaires.Des essais sur la souris donnent desrésultats prometteurs, en attendantque les premières applications chez l’homme voient le jour… ■

Source : Nature, juillet 2005

Angiogénèse : formation de nouveauxvaisseaux sanguins.

Immunosuppresseur : se dit d’untraitement qui supprime les défensesnaturelles de l’organisme.

Greffon : nom donné à un organe ou tissu prélevé sur un donneur et transplanté à un receveur.

Nanomètre :milliardième de mètre.

Cette chimiothérapie du futur agira directementsur la tumeur et seulement sur la tumeur,

limitant les effets secondaires du traitement. Pahn

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EN DIRECTLA RECHERCHE

L es personnes souffrant de dépres-sion majeure se plaignent souvent

d’une grande fatigue physique et men-tale et de problèmes de concentration.Selon une étude menée par PhilippeFossati, du laboratoire Vulnérabilité,adaptation, psychopathologie de l’hô-pital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), etpar ses collègues, cet épuisementrapide au cours d’une tâche cognitiveserait dû à l’activation trop intensede certains circuits neuronaux. Leschercheurs ont demandé à dix sujetssouffrant de dépression majeure et àdix autres en bonne santé de se livrerà un exercice faisant intervenir la mé-moire à court terme et ont enregistrél’activité de différentes zones de leur

cerveau. Résultat : les performancesdes deux groupes sont comparables,mais le cerveau des personnes dépres-sives s’active davantage durant l’exer-cice que celui des sujets en bonnesanté. « Cela pourrait expliquer queces personnes s’épuisent rapidement,un peu comme un marathonien quicommencerait sa course au rythmed’un 100 m », commente Philippe Fossati. Ces résultats constituent un pasde plus vers la caractérisation des cau-ses biologiques de la dépression. ■Source : Neuroimage, juillet 2005

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en action

Le laboratoire de Philippe Fossatiet de Jean-François Allilaire a bénéficié de deux aides de laFondation ; celui de Bruno Duboisde trois, entre 2001 et 2004, soit un total de 45 500 € engagéspour des recherches sur la dépression et les mécanismesde mémorisation durant cette période.

45 500 €LE DON UT ILE

DÉPRESSION

Un cerveau qui se fatigue plus rapidement

P our traiter les brûlures cutanéesprofondes, on a généralementrecours à l’autogreffe : un petit

fragment de peau du patient estprélevé à un endroit sain et peu visiblepuis greffé sur la brûlure. Mais unenouvelle méthode a récemment ététestée avec succès par une équipe demédecins de l’hôpital universitaire deLausanne, en Suisse, sur huit enfantsatteints de brûlures accidentelles aux deuxième et troisième degrés.Pour les soigner, des « pansementscutanés » ont été fabriqués à partird’un échantillon de peau fœtale.Contrairement aux cellules adultes, lescellules fœtales prolifèrent lorsqu’onles met en culture. Un seul échantillonde 4 cm2 a donc permis de réaliser desmillions de pansements de 9 cm sur12 cm ! Appliqués sur la plaie etrenouvelés tous les trois à quatrejours, ces derniers ont permis, mieux

qu’une greffe, une cicatrisationspectaculaire de la peau des jeunesmalades en moins de trois semaines.Remarquablement efficace, cetteméthode est aussi moins « lourde »que l’autogreffe. Elle pourraitégalement trouver des applicationsdans d’autres blessures de la peau. ■Source : The Lancet, août 2005

Un vaccin efficacecontre le zonaUne étude américaine vient de démontrer l’efficacité sur le zona d’une vaccinationcontre le virus varicelle-zona(VVZ). Près de 40 000 adultesâgés de plus de 60 ans ont participé à l’étude. Aprèsun suivi de plus de trois ans en moyenne, le nombre de cas de zona est apparuréduit de moitié chez lespersonnes vaccinées contre le VVZ en comparaison des personnes non vaccinées.Lorsque la maladie survientmalgré le vaccin, la sévérité et les douleurs consécutivessont également moindres.Source : New England Journal

of Medicine, juin 2005

DERMATOLOGIE

Pansements de peau fœtalepour grands brûlés

Dépression majeure : trouble psychiatrique caractérisé entre autres par destroubles de l’humeur persistants (pensées morbides, tristesse, fatigue…).Circuit neuronal : ensemble des connexions du cerveau qui s’activent lors de l’exécution d’une tâche.

Nouvelle stratégie, des cultures de cellules de peau fournissent des pansements et permettent la cicatrisation des brûlures.Bu

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LA RECHERCHE EN DIRECT

RECHERCHE & SANTÉ l page 12 l N° 105 • 1er trimestre 2006

A près avoir prouvé sa faisabilitéet sa bonne tolérance chezl’animal, une thérapie génique a

démontré son innocuité dans un essaiclinique dit de phase I, mené auprèsde femmes ménopausées souffrantd’une polyarthrite rhumatoïdeavancée. Des cellules ont été prélevéesdans leurs articulations. Dans unepartie d’entre elles a été inséré le gèneIL-1Ra, un gène dont l’effet positif surla maladie a déjà été démontré chezl’animal. L’autre lot de cellules n’a pas

été modifié, afin de servir de contrôle.Puis les cellules ont été réinjectéesdans les articulations des patientes.L’essai a montré, d’une part, que toutes les patientes toléraient bien cette injection et, d’autre part, que celles qui avaient reçu lescellules modifiées produisaient des quantités accrues de protéine IL-1Ra. Un nouvel essai de phase II devra désormais prouver l’efficacitéthérapeutique de la méthode. ■Source : PNAS, juin 2005

POLYARTHRITE RHUMATOÏDE

Feu vert pour une thérapie génique

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Pourquoi sommes-nous naturelle-ment enclins à vivre le jour et à dor-

mir la nuit ? Les chercheurs savaientdepuis longtemps que les rythmes cir-cadiens étaient sous le contrôle degènes spécifiques et de leurs produitsprotéiques. Mais les mécanismescomplexes de régulation de ces gènes

étaient encore malconnus. Un pas vientd’être fait pour mieuxcomprendre leur fonc-tionnement grâce auxtravaux de l’équipestrasbourgeoise duDr Paolo Sassone-Corsià l’Institut de génétiqueet de biologie molé-culaire et cellulaire. Ilsse sont penchés sur uneprotéine essentielle denotre horloge interne,BMAL1. Ils ont ainsidécouvert pourquoi la

quantité de cette protéine dans nos cellules variait au cours de la journée :un peptide vient s’accrocher à BMAL1et la déstabilise, entraînant une chutede sa concentration dans la cellule,avant qu’elle ne soit resynthétisée. Enrevanche, lorsque le gène à l’originede BMAL1 est muté, le peptide ne

peut plus s’accrocher à la protéineBMAL1 fabriquée sous son contrôleet la concentration de celle-ci resteconstante. Privée de ce mécanismede régulation l’horloge s’arrête !Cette découverte offre des perspectivesséduisantes pour venir en aide auxnombreuses personnes victimes dedysfonctionnements de cette horlogecircadienne qui engendrent notam-ment des troubles du sommeil. ■

Source : Science, août 2005

Le laboratoire de Luca Cardone et Paolo Sassone-Corsi a étésoutenu par la Fondation à quatrereprises en 2003 et 2004 pour ses études sur les mécanismes de l’horloge circadienne.

79 800 €LE DON UT ILE

Les genouxlibérés d’un poidsLe surpoids et l’obésité

pèsent sur les articulations et aggravent les problèmesd’arthrose. Des chercheurs

américains viennent dedémontrer que chez

ces personnes une perte depoids même modeste (1 kg)réduisait considérablement

(d’un facteur 4) les contraintesauxquelles sont soumises

les articulations du genou. Une baisse suffisante

pour soulager bien desdouleurs dans les actes de la

vie quotidienne.Source : Arthritis

& Rheumatism, juillet 2005

Peptide : courtfragment denature protéique.

Thérapie génique : technique qui consiste à introduire un gène médicamentdans les cellules d’une personne malade.

Polyarthrite rhumatoïde : rhumatisme provoquant une inflammationdouloureuse et invalidante des articulations, notamment desextrémités des membres. Elle touche particulièrement les femmes.

VEILLE-SOMMEIL

Notre horloge interne révèle ses rouages

C’est en observant le comportement de sourisque les chercheurs strasbourgeois enrichissent leursconnaissances des rythmes veille-sommeil.

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CROISÉSENTRETIENS

Le diagnostic précoce de lamaladie d’Alzheimer a-t-il un sensquand on ne sait pas inverser le cours de la maladie ?Bruno Dubois : C’est fondamental pourplusieurs raisons. Premièrement, parceque les quatre médicaments actuelle-ment sur le marché (les anticholinesté-rasiques) ont démontré une certaine effi-cacité même si elle est modérée. Ilsaugmentent l’éveil, l’attention, la parti-cipation des patients. Globalement, l’état de la majorité des patients ne s’a-méliore que peu, mais certains répon-dent particulièrement bien aux médica-ments et obtiennent une nette régressiondes symptômes.Deuxièmement, on considère à tort qu’ilest normal de perdre la mémoire avec

l’âge. Les personnes malades sont doncsouvent laissées à leur domicile et nonprises en charge. On risque alors uneaggravation brutale de leur état et lasolution apportée en urgence est souventinadaptée. L’établissement d’un dia-gnostic précoce permet d’anticiper lescomplications. Grâce à celui-ci et doncà la médicalisation de la maladie, lepatient est inscrit dans une filière deprise en charge, afin de prévenir les com-plications qui émaillent immanquable-ment l’évolution de la maladie.

Françoise Forette : Grâce au diagnos-tic précoce, le patient est non seulementtraité mais il est également inscrit dansun plan de soins. Avec sa famille, il peutalors bénéficier d’une aide médico-

sociale. Cela permet d’avoir un projet devie, de prendre les décisions à temps.Notre enjeu, dans les années qui vien-nent, est de retarder l’entrée en institu-tion. C’est ce que souhaitent les patientset leur famille, à condition de prévoirdes structures de répit pour relayer lesproches quand ils sont épuisés. C’estaussi une meilleure solution médico-éco-nomique car l’augmentation massive dedemandes de place en maison de retraitemédicalisée sera difficile à soutenir surle plan économique.

Alain Grand : Le diagnostic précoceconcerne un patient présentant des trou-bles, alors que le dépistage s’adresse àune population asymptomatique. Je re-joins les points de vue du Pr Dubois

FRANÇOISE FORETTEGÉRIATRE, PRÉSIDENTE DE LA SOCIÉTÉFRANÇAISE DE GÉRIATRIE ET DIRECTRICEDE LA FONDATION NATIONALE DEGÉRONTOLOGIE À PARIS

ALAIN GRANDPROFESSEUR DE SANTÉ PUBLIQUE À L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE III ET RESPONSABLE DE L’ÉQUIPE INSERM U558 « ÉPIDÉMIOLOGIE ETSOCIOLOGIE DU VIEILLISSEMENT »

Diagnostiquer la maladie d’Alzheimer sans savoir la soigner ?

Actuellement, aucun traitement ne peut stopper la destruction des neurones à l’origine des troubles de mémoire et de comportement propres à la maladied’Alzheimer. Pourtant, les spécialistes préconisent le diagnostic précoce de cette affection. Pourquoi ? Ils s’expliquent pour Recherche & Santé.

BRUNO DUBOISNEUROLOGUE, DIRECTEUR DU LABORATOIREINSERM U610 « NEURO-ANATOMIE FONCTIONNELLE DU COMPORTEMENT ET DE SES TROUBLES » DE LA PITIÉ-SALPÊTRIÈRE ÀPARIS ET PRÉSIDENT DU COMITÉ SCIENTIFIQUEDE L’ASSOCIATION FRANCE ALZHEIMER

RECHERCHE & SANTÉ l page 13 l N°105 • 1er trimestre 2006

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et du Pr Forette sur l’intérêt du diagnosticprécoce au plan individuel. Sur le plancollectif, il serait important de mettreen place des études « coût-efficacité »,afin de démontrer l’efficience d’une telleprise en charge.

Comment se fait l’annonce dudiagnostic et comment est-il reçu ?Françoise Forette : L’annonce du dia-

gnostic est extrê-mement difficile.Elle ne doit pas sefaire de manièrebrutale comme lefont parfois nos col-lègues américains.

En France, l’annonce est rarement faitelors de la première consultation sauf sile patient la demande. Il n’y a pas deprotocole, c’est au cas par cas, carchaque malade est différent. Quand onentame le dialogue, il faut se mettre à l’écoute du patient et de sa famille. Ondiscerne alors le moment où le patientest prêt à entendre le diagnostic. Il enressort soulagé car il pressentait déjàson diagnostic et attribue alors ses trou-bles à une maladie.Le diagnostic est fait le plus souventdans des consultations mémoire (lirefiches p. 24). Il en existe plus de 260actuellement sur tout le territoire.Comme l’information au patient et à safamille est l’une des priorités du planAlzheimer du gouvernement, l’objectifest d’arriver à 600 consultations mémoired’ici 2007.

Bruno Dubois : L’organisation d’uneoffre de soins a été mise en place. Sa che-ville ouvrière, son pivot, est le médecingénéraliste. Auparavant, la maladie étaitmalconnue par le médecin car il s’agis-sait d’une affection nouvelle pour laquelleil n’avait pas été formé. Aujourd’hui, ilsait faire la part des choses entre lepatient à risque ou non. S’il soupçonneune maladie d’Alzheimer, soit il orienteson patient vers un spécialiste (neuro-logue, gériatre ou psychiatre), soit il l’adresse à une consultation mémoire.Les méthodes utilisées par ces centres

experts pour établir le diagnostic de lamaladie d’Alzheimer sont fiables à 90 %.

Alain Grand : Toute une populationéchappe aujourd’hui au diagnostic pré-coce. Une forme de sélection existe, elle

est liée à l’apparte-nance sociale et àses conséquencesd’orientation versles professionnelsde santé. En effet,les consultations

mémoire touchent davantage les caté-gories sociales « favorisées » plus atten-tives à la dégradation des capacités intel-lectuelles. La proximité géographiquede ce type de consultation est égalementimportante, de même que la sensibilitédu médecin généraliste au problème(selon notamment qu’il est titulaire ounon de la capacité de gériatrie).

Faut-il également mettre en placeun dépistage systématique de cettemaladie ? Bruno Dubois : Non, le dépistage sys-tématique serait une démarche qui s’ef-

fectue sur des per-sonnes qui n’ontpas déclenché lamaladie. Or, on nesait pas identifiercelles qui la déve-lopperont. Aujour-

d’hui, on ne cherche donc pas à dépis-ter mais à diagnostiquer les malades auplus tôt.

Alain Grand : La maladie d’Alzheimerintervient au bout d’une trajectoire dedégradation des fonctions cognitives. Çacommence par des troubles de lamémoire, suivis par un stade appelé défi-cience cognitive légère (en anglais : mild

cognitive impairment, MCI) qui corres-pond à une accentuation des troubles dela mémoire, évaluée selon des critères cli-niques précis. Chaque année, 11 à 15 %des déficiences cognitives légères seconvertissent en maladie d’Alzheimer.Le dépistage systématique, s’il devaitêtre fait, s’adresserait à une population

asymptomatique, que l’on engageraitalors dans un processus de médicali-sation lourde. Il vaudrait mieux mettreen place un dispositif de dépistage del’entrée en incapacité, grâce à une éva-luation gérontologique standardisée,mise en œuvre par le médecin généra-liste, dans le cadre d’un suivi de saclientèle âgée.

Françoise Forette : Dans le cadre duplan Solidarité vieillesse du gouverne-ment, il est envisagé d’organiser uneconsultation systématique à 70 ans. Unensemble de facteurs de risque de tou-tes les maladies (maladies cardio-vas-culaires, ostéoporose, etc.) seraitrecherché. Un bilan de la mémoire(bilan psychométrique) serait égale-ment proposé mais sans obligation. Sice bilan révélait des symptômes inquié-tants, une consultation mémoire seraitalors proposée par le médecin. Maistout ceci est encore à l’étude. ■

CROISÉSENTRETIENS

RECHERCHE & SANTÉ l page 14 l N°105 • 1er trimestre 2006

Prendre en charge précocement la maladie, c’est retarder la progression des symptômes.

VOTRE AVIS NOUS INTÉRESSEEnvoyez vos réactions par courrier à On se dit toutFondation pour la RechercheMédicale 54, rue de Varenne75335 Paris Cedex 07 ou par e-mail à [email protected]

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ALZHEIMERDOSSIER

Dossier parrainé

par…

Longtemps occultée, la maladie d’Alzheimer estdésormais reconnue comme une pathologie à partentière. Allant de pair avec le vieillissement de lapopulation, elle pose un problème de santé publiquemajeur. Si l’on sait reculer la survenue de ses symptômes,rien ne permet encore de la soigner. Mais les pistes derecherche actuelles laissent entrevoir de sérieux espoirs.

17I Traitements :attaquer la maladiesur tous les fronts19I Point de vue du Pr Françoise Forette20I Des lésions aux symptômes

RECHERCHE & SANTÉ l page 15 l N°105 • 1er trimestre 2006

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QUAND LE CERVEAU SE DÉROBE

MALADIED’ALZHEIMER

Pr BrunoDubois,Pr BrunoDubois, neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière

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Les chiffres sont éloquents. Près de800 000 personnes en France souffrentde maladie d’Alzheimer, première causedes démences après 75 ans. Et chaqueannée on compte 165 000 nouveaux cas.

Cette pathologie impose un diagnostic précis et uneprise en charge particulière. Évidemment, cette der-nière a un coût à la fois pour la famille et pour lasociété. Au point qu’elle est en passede devenir l’un des premiers enjeuxsocio-économiques. Selon l’étude Paquid1, le coût annueltotal lié à la maladie d’Alzheimer s’élève, en France, à plus de 4,5 milliards d’euros.Chez les plus de 75 ans, c’est la première cause dedépense de santé, loin devant les maladies cardio-vasculaires. « Du fait de sa prise en charge théra-

peutique élargie et de son incidence croissante,

les dépenses de la Sécurité sociale pourraient être

multipliées par 15 si l’on ne fait rien ! » met engarde Cécile Gallez, députée et rapporteur de l’étude« Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées ».À cette fin, le plan Alzheimer 2004-2007 prévoit uncertain nombre de mesures axées autour de troispoints forts. L’un d’eux vise à donner un « coup depouce » à la recherche de nouveaux traitements. Uneprochaine étape qui requiert une large connaissancede cette pathologie neurodégénérative et de son évo-lution. On sait qu’elle altère les neurones d’abord au niveau de l’hippocampe – une région cérébraledédiée à la mémoire des faits récents – pour s’éten-dre peu à peu à tout le cortex dit associatif. Paral-lèlement à cette lente dégradation – plusieurs décen-nies – surgissent des troubles cognitifs et psycho-comportementaux comme l’apathie et les perturba-tions de l’humeur. D’un point de vue moléculaire, que se passe-t-il ?Deux types de lésions cérébrales bien distinctes sont en jeu. D’un côté, des plaques amyloïdes – cons-tituées par le dépôt d’un résidu anormal de la pro-téine ß-amyloïde – vont progressivement recouvrirla surface du cortex cérébral. Elles bloquent alors latransmission entre les neurones. De l’autre, une« dégénérescence neurofibrillaire » (DNF) envahitl’intérieur des neurones. Il s’agit d’une accumulationfilamenteuse de la protéine Tau, normalement impli-

ALZHEIMERDOSSIER

quée dans la communication entre neurones. « C’est

lorsque le cerveau présente ces deux vulnéra-

bilités que la maladie d’Alzheimer survient,

explique André Delacourte, neurobiologiste au seinde l’unité Inserm Neuroendocrinologie et Physio-pathologie neuronale de Lille. Les plaques amyloï-

des semblent “pousser” les agrégats de protéines

Tau à sortir de l’hippocampe pour envahir les

zones dédiées aux fonctions supérieures comme

le raisonnement. »

On estime que ce double processus évolue selondix stades, qui s’échelonnent le long des trois gran-des phases de la maladie (voir p. 20-21). Tout com-mence par la phase asymptomatique, la plus longue.Les dégénérescences neurofibrillaires s’installent« silencieusement » dans les neurones de l’hippo-campe. Ensuite la phase symptomatique prédé-mentielle appelée MCI (mild cognitive impairment

ou troubles cognitifs légers, en français) correspondà l’invasion de tout l’hippocampe et du cortex tem-poral par ces lésions : c’est là que les troubles de la mémoire commencent à se manifester et à alerterle malade et son entourage. Enfin, la phase de« démence » voit les lésions gagner les zones du cer-veau dites associatives puis motrices ; elle signe laperte d’autonomie de la personne. Loin d’être de la « folie », cette démence désigne, ausens médical du terme, une altération sévère de plu-

RECHERCHE & SANTÉ l page 16 l N°105 • 1er trimestre 2006

800 000 personnesatteintes en France

Cortex associatif :zones du cerveau où sont centralisées,analysées et intégrées lesinformationsprovenant desautres régionscérébrales. Ellessont responsablesde fonctionscomplexes commele langage, leraisonnement, la reconnaissancedes personnes ou des objets, etc.

Troublescognitifs :perturbations des fonctions parlesquelles unepersonne acquiertet analyse lesinformationsissues del’extérieur.

Protéine ß-amyloïde :fragment dedégradationd’une protéinedite APP,normalementprésente dans le cerveau.

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ALZHEIMERDOSSIER

sieurs fonctions cognitives, tel le raisonnement, ren-dant le patient dépendant. C’est à ce stade seule-ment que l’on établit aujourd’hui le diagnostic de lamaladie d’Alzheimer – bilan clinique, neuropsycho-logique, imagerie cérébrale, etc. « Mais ce décou-

page reste un peu théorique, souligne André Dela-courte. Car il peut y avoir, selon les personnes,

un décalage plus ou moins grand entre l’impor-

tance des lésions et celle des manifestations. »

Tout dépend du nombre de lésions, et surtout de laplasticité des neurones de chacun. Et rien ne ditque la phase MCI évoluera forcément vers une mala-die d’Alzheimer. Seul un diagnostic précoce – actuel-lement en cours d’évaluation – permettra de distin-guer une maladie d’Alzheimer des autres démences.« Si on a les moyens de la diagnostiquer à son

tout début, cela permettra de proposer une prise

en charge précoce et ainsi de retarder l’appari-

tion des manifestations », explique Marie Sarazin,neurologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris.Mais à l’heure actuelle, on ne sait pas encore

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Les activitésintellectuellespermettent de stimuler et d’entretenir la mémoire.

LEM

OIN

E/BS

IP

Acétylcholine :messagerchimique quiintervient dans lesprocessus demémorisation.

Glutamate :messagerchimiqueexcitateur,permettant à certainsneurones decommuniquerentre eux.

Plasticité :capacité desneurones àmodifier leursfonctionsinitiales pourcompenser la perte defonction des neuronesvoisins.

TRAITEMENTS

Attaquer la maladiesur tous les fronts

Deux classes de médicaments permettent de traiter les symptômesde la maladie d’Alzheimer. D’une part, les inhibiteurs de l’acétyl-cholinestérase, qui corrigent le déficit en acétylcholine et qui ontune autorisation de mise sur le marché (AMM) pour les démenceslégères à modérées et, d’autre part, la mémantine, qui régule lesystème neuronal fonctionnant avec le glutamate, avec une AMMpour les démences modérées à sévères. De façon courante aujour-d’hui, « ces deux types de médicaments sont utilisés conjointement,car l’expérience clinique montre que cela est bénéfique pour lespatients », explique le Pr Jacques Touchon, neurologue au CHU deMontpellier. Ils ont, en effet, une action positive sur les symptômescognitifs et sur les troubles du comportement. Pourrait-on aussi les prescrire aux malades en phase dite pré-démentielle ? « Pour l’instant, aucune étude ne nous permet d’affir-mer que ces substances leur seraient utiles, mais sur ce point destravaux supplémentaires sont nécessaires », poursuit le neurologue.Avant la phase démentielle, les patients peuvent aujourd’hui se voirprescrire différents types d’antioxydants (vitamine E ou C, sélé-nium…), dont on suppose qu’ils pourraient ralentir la progressionde la maladie en protégeant le cerveau contre la dégénérescenceneuronale. Par ailleurs, des équipes cherchent à améliorer le moded’administration des médicaments, par exemple en mettant au pointdes patchs à libération prolongée qui éviteraient aux malades d’ou-blier leur traitement. « Il ne faut pas oublier que les malades d’Al-zheimer souffrent parfois de troubles psychiatriques qui peuventaussi être traités par des antidépresseurs ou des anxiolytiques. Maisles médicaments ne résolvent pas tout, il ne faut pas négliger ladimension psychologique. Les groupes de parole, la musicothérapieou l’“art thérapie” peuvent être d’une grande aide pour les patients »,souligne le Pr Touchon. Face à la maladie d’Alzheimer, une priseen charge globale et multimodale s’impose.…

BSIP

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Un diagnostic de la maladie d’Alzhei-mer peut être réalisé avant le stade dela démence, grâce à de simples tests per-mettant de caractériser la nature destroubles de la mémoire. En parallèle, desrecherches sont menées pour mettre aupoint des tests de diagnostic encore plusprécoces. « C’est important car nousdisposerons bientôt de médicaments quis’attaqueront non plus aux symptômes,mais à l’origine même de la maladie (lirearticle p. 8-9). Nous pourrons donc trai-ter les malades plus tôt », explique le Pr Bruno Dubois, neurologue à l’hôpital

de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Parmi ces outils en développement, un logiciel mis au point par le labo-ratoire de neurosciences cognitives et d’imagerie cérébrale, à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, per-met de mesurer le volume de l’hippocampe à partir d’images obtenues par IRM. « Avant la phasede démence, une atrophie peut déjà être détectée au niveau de cette structure cérébrale », expliquele Pr Dubois. Ce logiciel, en cours de validation, devrait être bientôt mis à disposition de tous les ser-vices hospitaliers concernés. Les chercheurs travaillent aussi sur le PIB, une molécule capable de sefixer spécifiquement sur les plaques séniles. Le PIB peut être détecté par un PET-scan, permettantainsi d’observer l’étendue des plaques séniles dans le cerveau d’un patient. Il sera possible de recon-naître la maladie très tôt, peut-être même avant que les symptômes apparaissent. Mais cela supposede pouvoir différencier la maladie d’Alzheimer du vieillissement normal, qui lui aussi peut s’accom-pagner de plaques séniles. D’autres équipes travaillent enfin à la détection de marqueurs biologiques comme le rapport entrel’augmentation de protéines Tau phosphorylées et la diminution de protéines ß-amyloïdes dans leliquide céphalorachidien, ces deux événements étant liés à la progression de la maladie. « Cespistes de recherche sont très prometteuses, mais il reste encore à en définir les limites, les frontièresd’application. Il est très probable qu’elles viendront se compléter l’une l’autre », estime le Pr Dubois.

IRM : imagerie parrésonancemagnétique,examen qui permet devoir la structuredes organes.

PET-scan :tomographie par émission de positons,couplée auscanner. Ellepermet, grâce à l’utilisationd’un marqueurradioactif,d’étudier les différentesfonctionsbiologiques d’un organe.

Liquide céphalo-rachidien :liquidetransparentdans lequelbaignent lecerveau et la moelleépinière. Unprélèvementpeut êtreeffectué par ponctionlombaire.

Hippocampe :région ducerveauintervenant dans lamémorisationdes faits récents(voir p. 20-21).

RECHERCHE

Des outils pour un diagnostic plus précoce

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agir sur les causes de la maladie d’Alzheimer.Des molécules sont à l’étude pour être prescrites leplus tôt possible, idéalement dès le début de ladeuxième phase. Elles visent à bloquer ou à ralentirle processus pathologique. Cible no 1 : les plaquesamyloïdes. Arsenal envisagé : un inhibiteur de l’en-zyme sécrétase pour empêcher la formation de cesplaques, ou encore un vaccin pour détruire les plaquesamyloïdes déjà en place (lire aussi p. 8-9).En attendant, il semble possible de réduire les facteurs de risque de la maladie. Cette approche a

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RECHERCHE & SANTÉ l page 19 l N°105 • 1er trimestre 2006

le vent en poupe. Si elle ne permet pas d’empêcherla survenue de la maladie, au moins pourrait-elle fairereculer de plusieurs années l’expression des symp-tômes. Comme l’explique Jean-François Dartigues,épidémiologiste à Bordeaux et coordonnateur de l’étude Paquid 1, « on cherche à stimuler les facul-

tés de réserve des neurones non encore atteints

afin qu’ils compensent les lésions déjà présen-

tes ». Comment ? Avant tout par la stimulation intel-lectuelle et le traitement des risques cardiovas-culaires, afin de maintenir une bonne irrigation du

Que peut-on dire aujourd’hui de la prise en charge de la maladie d’Alzheimer ? Il faut d’abord rappeler qu’elle dépendessentiellement de l’établissementd’un diagnostic. Or, en France,seulement 30 à 50 % des maladessouffrant de la maladie d’Alzheimersont diagnostiqués. Et cela prendbeaucoup de temps : entre l’apparitiondes premiers symptômes identifiés parles proches du malade et le diagnostic,il s’écoule en moyenne deux ans. Pour diminuer ce délai encore bientrop long, il faut absolument que se développent les consultationsmémoire (voir fiche diagnostic p. 24)et les Centres mémoire de ressourceset de recherche (CMRR), avec tout le personnel nécessaire, comme cela est prévu par le Plan Alzheimer du gouvernement.

Quels sont les récents progrès en la matière ? Là encore un rappel : seulement 30 %des patients chez qui une maladied’Alzheimer a été diagnostiquée sontpris en charge médicalement. C’esttrès peu car cette prise en chargepermet l’inscription dans un plan de soins et d’aide aux « aidants ». En effet, l’essentiel du poids de cettemaladie repose sur l’entourage du malade. Des progrès ont ainsi été faits dans l’information auxaidants naturels 1 (famille, conjoint,entourage…). La mise en place destructures de répit peut les soulager :l’accueil de jour, les petites unités de vie et les solutions d’hébergementtemporaire se développent, même si c’est encore insuffisant. En effet,ces structures sont difficiles à mettreen place car elles sont petites. Les

adosser à de plus grosses, comme des centres hospitaliers ou desmaisons de retraite, faciliterait peut-être leur gestion. Il faut laisser place à plus d’initiatives, puis évaluer les solutions les plus intéressantes en concertation avec les familles et les gestionnaires de ces structures.

Quels sont les points à améliorer ? Notons que la reconnaissance récente par décret de la maladied’Alzheimer comme une affection de longue durée est une étapeimportante pour les familles. Il est essentiel de poursuivre lesefforts déjà entrepris, notammentceux relatifs à la formation des médecins généralistes et desspécialistes pour permettre une priseen charge plus rapide des malades etune inscription dans un plan de soins.Le but est de maintenir les malades le plus longtemps à domicile, car c’estle souhait des familles. Autre priorité :la recherche tant fondamentale queclinique et épidémiologique. C’estpourquoi nous souhaitons que lamaladie d’Alzheimer soit inscritecomme une priorité dans la prochaineprogrammation annuelle de l’Agencenationale de la recherche (ANR).

1. DVD et brochure d’information Mémento

disponibles sur le site : www.personnes-agees.gouv.fr.

Des efforts à poursuivre…

FRANÇOISE FORETTE, DIRECTRICE DE LA FONDATION NATIONALE DE GÉRONTOLOGIE, PRÉSIDENTE DE L’INTERNATIONAL LONGEVITY CENTER EN FRANCE ET CONSEILLÈRE AUPRÈS DU MINISTÈRE DE LA SANTÉ.

POINT DE VUE

(suite page 22)

« Notons que lareconnaissance récentepar décret de la maladied’Alzheimer comme uneaffection de longue duréeest une étape importantepour les familles. »

DR

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Maladie d’Alzheimer

des lésions aux symptômes

Cortex cérébral

La maladie d’Alzheimer (MA) est une démence neurodégénérative qui résulte de l’installation progressive de deux types de lésions dansl’ensemble du cortex cérébral. Durant des années, ces lésions envahissent silencieusement le cerveau. Ce n’est qu’au bout de plusieursdécennies qu’elles vont entraîner l’apparition de troubles de la mémoire des faits récents, puis d’autres symptômes liés à l’altération des fonctions cognitives. Cette évolution comporte dix stades, dont on décrit ici les trois stades clés (1, 4 et 7).

1 – Une substance appelée substance amyloïde est fabriquée de façon anormale par les neurones : elle se dépose lentement etprogressivement dans la totalité du cerveau, recouvrant lesneurones et leurs prolongements.

2 – En parallèle, il y a un dysfonctionnement de la protéine tau :elle s’accumule à l’intérieur des neurones et de leurs dendriteset provoque une « dégénérescence neurofibrillaire » qui détruitpeu à peu les neurones.

3 – À un stade avancé de la maladie d’Alzheimer, les dépôts de substance amyloïde s’agrègent avec les neurones dégénérés pour former des « plaques amyloïdes ».

1 aire visuelle primaireperception des informations visuelles

2 aire associative visuelle interprétation des perceptions visuelles

3 hippocampe et 4 lobe temporalmémorisation et stockage des informations

5 lobe frontalélaboration d’une réponse adaptée

dendrites

6 aire motrice primairecommande des mouvements

Cerveau normalExemple du traitement d’une information visuelle

Hippocampe

Cervelet

Neurones

6

5

4

2

1

3

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Fonctions cognitives :fonctions intellectuellescomme le traitement des informations, la mémoire, la pensée, le raisonnement, lacommunication et l’action.

Cortex cérébral : coucheexterne ou « écorce » du cerveau, associée à la perceptionsensorielle et aux fonctions mentales supérieures.

Aires associatives :zones du cerveau (cortex temporal,pariétal, occipital et frontal) impliquéesdans les fonctionssupérieures telles

que l’identificationvisuelle des objets et des visages, le raisonnement, le langage…

Neurone : cellule

nerveuse composée d’un corps cellulaire et de prolongements(dendrites et axones) qui transmettent les messages d’unneurone à un autre.

SymptômesAbsents, car le cerveau est capablede compenser les conséquencesfonctionnelles de ces lésions.

Symptômes• Des troubles cognitifs légers (MCI) : oubli des faits récents (rendez-vous,paroles énoncées quelques minutesauparavant…).• Parfois un discret trouble du langage (difficulté à trouver le mot adéquat).Leur apparition peut être retardée parune prise en charge des facteurs derisque (ex. : l’hypertension artérielle).

Symptômes• Troubles dans l’élaboration desconcepts (jugement, raisonnement).• Altération du comportement (perte des valeurs sociales, etc.).• Troubles des gestes quotidiens.

LésionsC’est surtout l’envahissement de l’hippocampe, zone dédiée à la mémorisation des faits récents, par les dégénérescencesneurofibrillaires. La neuro-imagerie (IRM ou scanner)révèle déjà une légèreatrophie de cette zonecérébrale. De plus, certainespersonnes peuvent avoir un grand nombre de plaquesamyloïdes dans denombreuses régions ducortex.

LésionsLe premier stade est ditentorhinal, une région ducerveau située à proximitéde l’hippocampe où sont encore confinées les dégénérescencesneurofibrillaires. Dans le même temps, des dépôtsde peptides bêta-amyloïdespeuvent apparaître de façon diffuse, dispersésdans le cortex cérébral. Un examen scanner ne permet pas de visualiserles lésions, encore très discrètes à ce stade.

LésionsC’est le début de la démence,caractérisée par une perte de l’autonomie. Les lésions tau – ou dégénérescencesneurofibrillaires – ont envahi une grande partie du cortex associatif, là où les informations sontanalysées. Des plaques séniles apparaissent en grandnombre. Dans les stadesultérieurs, les lésions tau vontprogresser vers les régions du cortex responsables de lavue, des gestes, du langage...

Stade 1

Stade 4ou « MCI »

Stade 7

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cerveau. Voilà pourquoi les médecins conseillentd’une part d’éviter l’isolement et de mener des acti-vités plaisantes pour l’esprit et, d’autre part, de trai-ter toute hypertension artérielle (facteur de risquemajeur d’accidents vasculaires cérébraux). Des essaisrandomisés menés par l’équipe de Françoise Foretteont montré que ce traitement correctement prescritmultipliait par deux le délai de survenue de la ma-ladie. Il est donc essentiel d’être bien suivi par sonmédecin traitant… et d’agir le plus tôt possible. Si l’impact du diabète, de l’hypercholestérolémie etde la dépression n’a pas été encore tout à fait démon-tré, l’intérêt de soigner ces pathologies de façon précoce pour retarder la survenue des symptômesne fait aucun doute. À cela s’ajouteraient, de façontrès hypothétique, les effets protecteurs des anti-oxydants présents dans les fruits et légumes frais,ainsi que des oméga 3 contenus dans les poissonsgras. « Globalement, il s’agit surtout de conserver

le plaisir de manger, nuance Jean-François Dartigues. La convivialité et le goût constituent

des stimulations intellectuelles non négligeables ! »

Lorsque la maladie est déclarée, on dispose encorede tout un arsenal capable d’atténuer les symptômesles plus invalidants. Prescrits dans les formes légè-res à modérées, les « anti-cholinestérasiques » stimulent les processus impliqués dans l’attention etla mémoire. Il est courant de les associer à une autreclasse de molécules, les anti-glutamatergiques, dansles formes plus avancées de la maladie. « Une prise

en charge non pharmacologique comprenant un

soutien psychologique et médico-social, des séan-

ces d’orthophonie, l’accès à des structures d’ac-

cueil de jour et l’aménagement à domicile avec

des auxiliaires de vie est tout aussi essentiel,

explique Marie Sarazin. En plus d’améliorer l’état

du malade, l’objectif est d’anticiper les situations

de crise, afin que les familles ne soient pas dému-

nies lors de l’aggravation de la maladie. Sans

oublier la gestion des troubles psycho-comporte-

mentaux. » Celle-ci intervient au niveau des lieuxde vie, des relations aidants-malades et, si néces-saire, en recourant à un traitement antidépresseur.Aussi l’encadrement médical, social et affectif de lapersonne malade joue-t-il un rôle clé dans l’évolu-tion de la pathologie et dans son vécu. ■

1. Étude menée auprès de 4 134 personnes âgées de 65 ans et plus, vivant à domicile ou en institution, tirées au sort dans les dépar-tements de la Gironde. Son suivi se poursuit depuis plus dequinze ans.

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RECHERCHE & SANTÉ l page 22 l N°105 • 1er trimestre 2006

L’Ifrad (International foundation for research on Alzheimer disease),créée en 2003, est abritée par la Fondation pour la RechercheMédicale depuis 2005. Son ambition : doter la recherche des moyens nécessaires pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer. CetteFondation collecte des fonds et a organisé pour cela le 14 novem-bre dernier une grande soirée de gala où s’est vendu aux enchè-res un tableau de Ben : Oublions d’oublier. L’Ifrad vient aussi delancer le Cnir-MA (Centre national d’information et de recherchesur la maladie d’Alzheimer) qui a pour but de constituer une banquenationale de données cliniques et biologiques sur cette pathologie,qui sera hébergée par l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Leschercheurs pourront ainsi travailler sur des échantillons pour les-quels un diagnostic fiable a été posé. Les patients qui y participe-ront s’engageront à faire don de leur cerveau après leur décès.Leur consentement pourra être recueilli directement si la maladieest diagnostiquée précocement, ou bien auprès d’une personne deconfiance si le malade est déjà atteint de démence. Cette banque, par son souci de standardiser la collecte des échan-tillons et de rassembler un maximum d’informations utiles (biolo-giques, histologiques, génétiques, imageries médicales…), est unprojet unique au monde. « Elle peut nous faire gagner des annéesdans la lutte engagée contre ce fléau qu’est la maladie d’Alzhei-mer », souligne le Dr Olivier de Ladoucette, président de l’Ifrad.

Pour en savoir plus : www.fondationalzheimer.com

INITIATIVE

Une banque de cerveaux pour accélérer la recherche

(suite de la page 19)

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MALADIED’ALZHEIMER

MALADIED’ALZHEIMER

MALADIED’ALZHEIMER

MALADIED’ALZHEIMER

VIE PRATIQUE VIE PRATIQUE

VIE PRATIQUEVIE PRATIQUE

L’accompagnement social

Identifier les signes d’alerte• Les premiers troubles qui apparaissent sont des oublis

inhabituels, répétés et dont la fréquence augmente. C’estd’abord la mémoire des faits récents qui est touchée, lessouvenirs les plus anciens sont en général préservés. L’orien-tation dans le quartier et la connaissance de la date sontimprécises.

• Des troubles du langage peuvent ensuite apparaître, ainsique des problèmes d’orientation dans l’espace.

• Des troubles du comportement peuvent aussi survenir :la personne devient plus indifférente, moins active. Elle peutse montrer irritable, agitée, voire agressive.

• Le médecin généraliste référent et le spécialiste qui ontfait le diagnostic de la maladie travaillent en coordinationpour gérer le parcours de soins du malade.

• Quand le diagnostic est posé, des médicaments spéci-fiques de la maladie d’Alzheimer peuvent être prescrits par un neurologue, un psychiatre ou un gériatre. D’autres soinspeuvent être apportés en ambulatoire ou dans une structurede jour.

• Principal problème : l’observance du traitement. Des mesu-res doivent être prises pour s’assurer que le malade prendbien ses médicaments (utilisation d’un pilulier compartimentépar exemple).

• Il faut éviter l’isolement du malade. Des mesures d’accompagnement (structures de jour ou d’accueil tem-poraire) peuvent être proposées au malade par son méde-cin traitant.

• Adapter l’environnement et l’organisation de la vie quotidienne du malade permet un maintien à domicile le plus longtemps possible.

• Des associations organisent des groupes de parole poursoutenir les proches des malades.

• Une assistante sociale peut vous renseigner sur les me-sures d’aides financières ou matérielles possibles.

• Si des signes d’alerte vous font penser à la maladie d’Alzheimer pour vous ou un de vos proches, c’est à votremédecin généraliste qu’il vous faut d’abord vous adresser.Si besoin, il vous dirigera ensuite vers un spécialiste (neuro-logue, gériatre ou psychiatre) ou vers une consultationmémoire à l’hôpital.

• Trois types d’examen, non systématiques, peuvent êtreprescrits par votre médecin :

– un bilan neuropsychologique ;– un examen d’imagerie médicale (IRM, scanner ou

scintigraphie) ;– une prise de sang.

De l’examen au diagnostic

Le parcours médical

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ALLERGIESUN MONDE HOSTILE

ALLERGIESUN MONDE HOSTILE

• S’INFORMERLe site de la SociétéAlzheimer (organisationcanadienne) décrit les enjeux et les méthodesde diagnostic, une brochure en français peut être téléchargée :www.alzheimer.ca/docs

• GUIDEUn annuaire recensant les structures de diagnostic,d’accueil de jour, d’aide aux aidants, et les servicesd’aide à domicile a été publié en 2005 par la Fondation MédéricAlzheimer. Il peut êtrecommandé à l’adresse : 30, rue de Prony, 75017 Paris

(20 € + 5 € de frais deport). Bon de commande disponible surwww.fondation-mederic-alzheimer.org

Guide pratique La maladie d’Alzheimer au jour le jour, de J. Selmès et C. Derouesné, éd. John Libbey, 2004.

• S’ENTRAIDERDe nombreuxtémoignages sont à lire sur ce site créé par despersonnes à qui l’on vienttout juste de diagnostiquer la maladie d’Alzheimer, alorsqu’ils sont « dans la force de l’âge » : http://survivre-alzheimer.com

VIE PRATIQUE

• S’INFORMERUne liste des signesd’alerte les plus fréquentsest disponible auprès de l’Association France Alzheimer.21, boulevard Montmartre,75002 Paris.www.francealzheimer.orgou directement sur :www.esculape.com/geriatrie/alzheimer_alerte.html

Vous pouvez pratiquer un autotest d’évaluation de vos troubles de mémoirepour savoir s’il convient ou non de consulter :www.esculape.com/geriatrie/alz_autotest.html

• COMPRENDREPour découvrir lesfondements de la

mémoire et les troubles qui peuvent l’affecter :-Site d’information etd’échanges sur la maladied’Alzheimer : www.alois.fr-La mémoire, de S. Nicolas,éd. Dunod, 2002.

• EXERCER SA MÉMOIRELa mémoire s’évalue et s’entretient.L’équipe du Dr BernardCroisile, de l’hôpitalneurologique de Lyon, a conçu un site Internet dans ce but :www.happyneuron.com.-Votre mémoire, bien laconnaître, mieux s’en servir,de B. Croisile, éd. Larousse-Peut-on aujourd’hui préveniret traiter la maladied’Alzheimer, de Y.-V. Kamami,éd. du Dauphin.

MALADIEd’Alzheimer

• S’INFORMERLes centres locauxd’information et decoordination (Clic)proposent aux personnesâgées un lieu d’accueil etd’information afin de les aiderà faire valoir leurs droits, lesorienter vers les structuresspécialisées (consultationsmémoire, associations…).Pour connaître le Clic le plusproche de chez vous,adressez-vous à votre conseilgénéral ou téléchargez laliste sur www.personnes-agees.gouv.fr/dossiers/clic/clic.pdf

La Fondation MédéricAlzheimer a publié en 2004 un annuaire des

structures d’accueil pour les malades et leurs aidantsqui peut être commandé àl’adresse : 30, rue de Prony,75017 Paris (15 € + 4,20 €

de frais de port). Bon decommande disponible surwww.fondation-mederic-alzheimer.org

• S’ENTRAIDERLe site d’information Alois propose une rubrique consacrée auxétablissements de prise encharge des personnes âgéesplus ou moins dépendantes,une présentation des aidesfinancières disponibles ainsi que des forums dediscussion pour les familles :www.alois.fr.

VIE PRATIQUE

MALADIEd’Alzheimer

• S’INFORMERLe secrétariat d’État aux personnes âgées aédité un Mémento pour unemeilleure orientation desmalades et de leurs proches.À demander auprès desassociations spécialisées ou à télécharger sur :www.personnes-agees.gouv.fr/ dossiers/alzheimer/memento/memento_alzheimer.pdf

L’Institut national deprévention et d’éducationà la santé (Inpes) a publié un guide du patient. Vouspouvez l’obtenir auprès de votre médecin ou le télécharger sur :www.inpes.sante.fr/50000/OM/alz/pdf/guid_patient.pdf

• S’ENTRAIDERFrance Alzheimer,seule association reconnued’utilité publique spécialiséedans le domaine de la maladie d’Alzheimer,présente dans toute laFrance (Dom-Tom compris) à travers plus de 100structures départementales.France Alzheimer21, bd Montmartre, 75002 Paris.www.francealzheimer.org

• TÉMOIGNAGES-Ma mère n’est pas unphilodendron, de F. Laborde,éd. J’ai Lu, 2005.-Vivre avec un proche atteintd’Alzheimer,de M. P. Pancrazi et P.Métais, Interéditions, 2004.

VIE PRATIQUE

MALADIEd’Alzheimer

VIE PRATIQUE

MALADIEd’Alzheimer

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Ghislaine Alajouanine et Pierre Joly, maîtres d’œuvre et d’ouvrage de cette Fondation plus moderne et efficace.

LA FONDATION

STATUTS

La Fondation possède les mêmesstatuts depuis sa création. Pourquoi en changer aujourd’hui ?Pierre Joly : En effet, la Fondation s’estconstruite sur les bases d’une associationloi 1901. Ses statuts étaient parfaite-ment adaptés au niveau d’activité de l’époque et ont su supporter sa crois-sance jusqu’à récemment. Aujourd’hui,en revanche, ils laissent apparaître deslacunes. La loi 1901 suppose que chaquemembre de l’association soit partie pre-nante des décisions : c’est une illusionquand l’organisation compte plusieurscentaines de milliers de donateurs telleque la nôtre. Et, paradoxalement, le président d’une telle association a la libre disposition des fonds ! Les dérivesqui peuvent en découler – je pense biensûr à un scandale resté ancré dans lamémoire de chacun d’entre nous – sontintolérables. Quand j’ai pris mes fonc-tions à la présidence de la Fondation,

j’ai tout de suite estimé qu’il fallait ré-former ce système. Cette réforme n’estdonc pas une tocade, mais le fruit d’uneanalyse approfondie.Un nouveau mode de fonctionnement a été expérimenté pendant deux ansavant d’être validé en novembre dernierpar le conseil d’administration de la Fondation.

Concrètement, en quoi consistentces changements ? P. J. : Les activités opérationnelles,comme la collecte de fonds ou la gestion, sont confiées aux membres dudirectoire et à leurs équipes. Ces pro-fessionnels mettent ainsi toutes leurs compétences au service de la stratégiede la Fondation. Cette stratégie est,quant à elle, définie par l’autre entité decontrôle de la Fondation : le conseil desurveillance. Celui-ci a été réduit à unequinzaine de personnes : plus « concen-

ET VOUS

La Fondation « nouvelle génération »

tré », il garantit une meilleure efficacité.Il compte désormais, au sein de son col-lège de personnalités qualifiées, unreprésentant des donateurs. Ce collègesiège aux côtés des collèges de repré-sentants de l’État et du monde scienti-fique. À noter que, même si la loi auto-rise à en rémunérer les membres, j’aisouhaité qu’ils soient bénévoles. Et jel’entends aux deux sens du terme : volon-taires et bienveillants.

La Fondation était pourtant déjà exemplaire en matière de déontologie…Ghislaine Alajouanine : En effet. Etcette excellence prend racine dans l’exi-gence. Cette réforme en constitue doncune de plus : l’exigence de pérennité etd’efficacité.Nous avons toujours mérité la confiancede nos donateurs. Nous avons toujourseu les « félicitations du jury » de la partdes organismes de contrôle. Mais avecces nouveaux statuts, nos donateursdisposent d’une garantie de plus, puisquecette confiance qu’ils nous portent estconfortée techniquement par des métho-des et des règles rigoureuses. Nous intro-duisons en quelque sorte une « Cour descomptes » à l’intérieur même de la Fon-dation. C’est parce que la Fondation a étépionnière de cette éthique, en initiant la charte de déontologie des organisa-tions caritatives par exemple, qu’ellepeut aujourd’hui avant les autres se doterde ces statuts. Elle sera observée avecréserve, mais aura valeur de modèle pourun type de fondation « nouvelle géné-ration », capable d’affronter les annéesqui viennent. ■

À la veille de fêter ses soixante ans, la Fondation réforme son organisation pour mieux affronter le XXIe siècle. Pierre Joly, président de son conseil de surveillance, et Ghislaine Alajouanine, président du directoire, nous présentent les nouveaux statuts et leurs ambitions.

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ET VOUSLA FONDATION

JEAN BERNARD

« Pour moi, la Fondation a été un territoirealliant science, progrès et amitié. »

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Professeur Bernard, qu’est-ce qui, au départ, vous a orienté vers les maladies du sang ?Le hasard. Pour ne pas trop alourdir macharge de travail, alors énorme, on m’a-vait conseillé de choisir un service pro-che de chez moi. C’est comme cela queje me suis retrouvé à l’hôpital Beaujondans le service d’hématologie du pro-fesseur Chevalier et que j’ai participé àla naissance puis au développementd’une discipline qui est devenue de toutpremier rang.

Quels ont été les apports majeursde vos travaux dans ce domaine ?Une telle question met à rude épreuvema modestie ! Rappelons que la méde-cine n’avait pratiquement pas progressédepuis l’Antiquité romaine jusqu’à Pasteur et Claude Bernard. On a alorsconnu une période de progrès remar-quables et de changements considéra-bles… avant que la recherche ne s’assou-pisse à nouveau au début du XXe siècle.Jean Hamburger, René Fauvet et moisommes arrivés à la médecine dans cesannées de stagnation. Très unis sur leplan amical et scientifique, nous avonsdécidé de travailler ensemble pour relan-cer la recherche. Et, en fait, le réveils’est produit tout naturellement, de touscôtés, et avec une incroyable énergie.Avec le recul, on peut dire que ces trenteà quarante années écoulées ont consti-tué l’une des plus florissantes périodesd’évolution de la recherche. La médecine actuelle n’a plus rien à voir

avec celle qui se pratiquait il y a seule-ment un demi-siècle. Dans mon domaine,les leucémies demeurent des maladiestrès graves, mais il y a aujourd’hui desguérisons, chose que l’on ne pouvait pasmême envisager à l’époque.

Pourquoi fallait-il créer une fondation privée pour soutenir cette recherche ? Dans les générations précédentes, larecherche s’était faite avec les moyensdu bord. Mais avec l’extraordinaire essorque ma génération a connu, l’arrivée dela biologie moléculaire, etc., les besoinsont explosé et il fallait beaucoup plusd’argent pour avancer. Nous avons alors pratiqué la « biomen-dicité », sollicitant l’État, les puissancesindustrielles ou commerciales et les per-sonnes très fortunées. C’est alors qu’estnée l’Association – puis la Fondation –pour la Recherche Médicale. Pour moi,

elle a constitué un formidable territoirealliant tout à la fois la science, les pro-grès et l’amitié.

Et comment voyez-vous l’avenir de la recherche ? Actuellement, la médecine vit une pro-fonde évolution ; nous ne nous en aper-cevons pas car nous ne sommes pasentrés dans la période de grande effica-cité thérapeutique. Mais n’oublions pasqu’il faut d’abord comprendre une mala-die pour pouvoir la guérir. ■

Le professeur Jean Bernard a été l’un des fondateurs, en 1947, de l’Association pour la Recherche Médicale,berceau de la Fondation. Une aventure intimement liée à la vie et aux travaux de cet éminent scientifique qui est aussi une personnalité hors du commun. Bientôtcentenaire, il se souvient...

Un itinéraire d’exceptionLe professeur Jean Bernard – né en 1907 – est sans aucun doute l’une despersonnalités les plus marquantes de notre époque. Grand médecin et éminentchercheur en hématologie, il a été à l’origine des premières avancées majeuresdans le traitement des leucémies aiguës, et a joué un rôle déterminant dansl’évolution spectaculaire de la médecine au XXe siècle. Mais ce triple académicien – membre de l’Académie des sciences, de l’Académienationale de médecine et de l’Académie française – a également exercé sonesprit brillant bien au-delà de la sphère médicale : il a été un grand résistantdès 1940, et un écrivain prolifique.

RECHERCHE & SANTÉ l page 26 l N°105 • 1er trimestre 2006

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Le Pr Jean Bernard, un esprit brillant ethumaniste, toujours fidèle à la Fondation.

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SANTÉ 100 IDÉES REÇUES L’AVIS DES CHERCHEURSTOME 3 - SPÉCIAL ENVIRONNEMENT

« L’air est toujours plus pollué en ville qu’à la campagne »

« Les accros du téléphone portablerisquent une tumeur au cerveau »

« Travailler sur ordinateur abîme les yeux »

NOUVEAU : TOME 3 disponible en librairie (12 €) ou par courrier

en utilisant le bon de commande ci-dessous ou en le recopiant sur papier libre.

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En application de la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vousdisposez d’un droit d’accès, de rectification et de retrait des donnéespersonnelles vous concernant en écrivant à l’adresse ci-contre. SeulsSOGEC Gestion et la FRM seront destinataires de ces informations.Je joins mon règlement en euros par chèque bancaire ou postal à l’ordre de SOGEC GESTION. À retourner sous pli affranchi à :

SOGEC GESTION – FONDATION POUR LA RECHERCHE MÉDICALE – i581 – 91426 MORANGIS CEDEX

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Oui, je commande le Guide Santé tome 3 (2005) – spécial environnement

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Véritésscientifiques,croyancespopulaires ou les deux ?

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* dans la limite des stocks disponibles

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ET VOUSLA FONDATION

INITIATIVE

Un ouvrage édité sous le signe de la générosité

CONCERT

Pierre Cardin et cinq artistes internationauxviennent en aide à la recherche

uel est le rapport entre un labora-toire de neurosciences et un livresur le management ? La bonne

réponse est que le premier va bénéfi-cier des droits d’auteur du second. C’estle résultat de l’initiative généreuse deGérard Balantzian. En 2005 (comme en2002), le directeur de l’Institut du mana-gement de l’information de l’universitéde technologie de Compiègne a choisi dereverser à la Fondation pour la Recher-che Médicale les droits d’auteur d’unouvrage collectif dont il a assuré la direc-tion : Tableaux de bord, pour diriger

dans un contexte incertain, éditionsd’Organisation (lire Recherche & Santé

no 102, p. 31 et sur le site Internetwww.lestableauxdebord.com). Aujour-d’hui, le livre a rapporté 2 424 euros. Le

L e 7 novembre dernier, près de 450personnes ont répondu à l’appelde la Fondation pour la Recherche

Médicale et sont venus apporter leursoutien en assistant au grand concert demusique classique donné à son profit 1.Les virtuoses Patrice Fontanarosa,Marielle Nordmann, Nemanja Radulo-

vic, Fabien Ruiz et Domi-nique Plancade avaientaccepté de se produire gracieusement. Grâce à lagénérosité du grand cou-turier Pierre Cardin, ceconcert a pu avoir lieu dansl’un des plus beaux théât-res de Paris, à l’EspacePierre-Cardin. Ainsi, l’ensemble des béné-fices de la soirée et les donsreçus à cette occasion ontété en totalité consacrés à

la recherche sur la sclérose en plaques.Le conseil scientifique de la Fondationa sélectionné le laboratoire Inserm U653dirigé par le Dr Sebastian Amigorena àl’Institut Curie pour bénéficier de cetteaide. L’argent récolté servira à financerla thèse d’une jeune chercheuse, EdwigeRoy, qui étudie les dysfonctionnements

immunitaires liés à des maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques.Une étape indispensable à la découvertede nouveaux traitements. Rappelons que cette maladie concerneenviron 50 000 personnes en France, leplus souvent des femmes, et que 2 000nouveaux cas sont diagnostiqués chaqueannée. Elle est responsable de handicapssévères chez des personnes relative-ment jeunes, avec de graves consé-quences pour leurs vies familiale et pro-fessionnelle. Or, pour le moment, on estencore loin d’un traitement qui pourraitenrayer le développement de la maladieou en réduire les séquelles. Il est doncindispensable de soutenir les recher-ches dans ce domaine. La Fondationpour la Recherche Médicale l’a bien com-pris et s’y attelle. ■

1. Lire aussi Recherche & Santé no 104, p. 30.

souhait de Gérard Balantzian était deconsacrer cette somme à des recher-ches en neurosciences. Après examen de plusieurs dossiers, leconseil scientifique de la Fondation aattribué cette somme à Françoise Helm-bacher, du laboratoire de génétique etphysiologie du développement, à Mar-seille. Elle va ainsi pouvoir implanterune nouvelle équipe de recherche. Lajeune femme a en effet découvert quecertains groupes de neurones pouvaientdéterminer le devenir d’autres neuro-nes situés à distance, mais beaucoupreste à faire pour comprendre ces phéno-mènes de propagation d’informationdans la moelle épinière. Des découver-tes qui pourraient bénéficier à des maladies dégénératives ou neuromus-

culaires. « Ce soutien supplémentaire

de la Fondation pour la Recherche

Médicale, s’ajoutant à un finance-

ment du CNRS, permettra de complé-

ter l’installation de mon équipe, don-

nant à celle-ci la possibilité d’atteindre

plus rapidement la masse critique

nécessaire pour être compétitive », se réjouit-elle. ■

RECHERCHE & SANTÉ l page 28 l N°105 • 1er trimestre 2006

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En souvenir d’un proche,Gérard Balant-zian consacreses droits d’auteur à la recherchemédicale.

Grâce à ce concert, plus de 33 000 € ont été collectés.

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ET VOUSLA FONDATION

La Fondation pour la Recherche Médicalesoutient l’ensemble des domaines de larecherche médicale, participant ainsi à la

lutte contre toutes les maladies. Grâce à cettepluridisciplinarité, elle offre aux testateurs lapossibilité d’« orienter » leurs legs. Ceux qui sou-haitent effectuer un legs au profit de la Fondationpour la Recherche Médicale peuvent ainsi choisirde le consacrer au domaine qui leur tient à cœur.En effet, lorsqu’on a été touché par une maladie,personnellement ou à travers l’un de ses proches,on souhaite naturellement que la recherchemédicale mette tous les moyens possibles pourvaincre cette pathologie.C’est le cas de monsieur L. B. Né en 1928 et résidant en Loire-Atlantique, il est donateur dela Fondation pour la Recherche Médicale depuis de nombreuses années. En 1993, il rédige untestament à son profit. À l’ouverture de la suc-cession de monsieur L. B. en 2000, son testamentrévèle son souhait que ce legs soit consacré à larecherche sur les maladies rénales. Dans lerespect de ses volontés, le conseil scientifique dela Fondation pour la Recherche Médicale asélectionné dix-sept jeunes chercheurs qui ontbénéficié de son soutien financier pour unmontant total de 285 000 euros. Ce que la

Fondation a accompli pour réaliser les volontésde monsieur L. B., elle peut le faire pour tous les domaines de recherche : cancers, maladiescardiovasculaires, maladies du vieillissement,maladies génétiques, diabète… et cette liste n’estpas exhaustive. La Fondation accorde aussi sonaide à des équipes de recherche partout enFrance. Elle peut donc aussi orienter un legsvers les laboratoires d’une région en particulier(lire p. 31)1. Enfin, lorsque le léguant n’exprimepas de volonté particulière, le Conseil scientifiquede la Fondation consacrera la somme à deslaboratoires sélectionnés uniquement sur descritères d’excellence des projets et en fonctiondes besoins de la recherche. ■

1. Il en est de même pour une donation ou un simple don (lire p. 34).

SERVICE LEGS

Legs orientés, dans le respect de vos volontésGrâce à sa pluridisicplinarité, la Fondation pour la Recherche Médicale permetl’orientation d’un legs vers des recherches concernant une maladie en particulier, et ceci, quelle que soit cette pathologie. La Fondation se fait un devoir de respecterscrupuleusement la volonté de ses donateurs.

POUR EN SAVOIR PLUS sur les legs, n’hésitez pas à contacter Céline Ponchel, responsable du servicelegs et donations, au 01 44 39 75 67ou à demander une documentation en utilisant le bon ci-dessous.

CÉLINE PONCHEL, responsable du service legs et donations.

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Oui, je souhaite contribuer à soutenirRecherche & Santé en recevant ou en offrant 4 numéros (un an) pour 10 €, que je joins par chèque bancaire ou postal libellé à l’ordre de :Fondation pour la Recherche Médicale. Voici mes coordonnées ou celles de la personne à laquelle j’offre cette revue :

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VILLE E-mail

Adresse Code postal

Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectificationou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation.

Merci de découper ce bulletin ou de le recopier et de le retourner accompagné de votre règlement à l’adresse suivante :FONDATION POUR LA RECHERCHE MÉDICALE - 54, rue de Varenne, 75335 Paris Cedex 07

Contribution de soutien à Recherche & Santé – Demande de brochure

Oui, je souhaite recevoir, sans aucun engagement et sous pli confidentiel, la brochureLéguez aux générations futures le plus beau des héritages, le progrès médical.

Déduction fiscale : 66 % de votre contribution est déductible de vos impôts àconcurrence de 20 % de votre revenu imposable. Vous recevrez un reçu fiscal.

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RECHERCHE & SANTÉ l page 30 l N°104 • 4e trimestre 2005

ET VOUSLA FONDATION

C haque année la Fondation pour laRecherche Médicale aide une cen-taine de jeunes chercheurs en fin

de thèse en leur attribuant une aide finan-cière destinée à leur permettre de termi-ner leurs travaux, projets de recherche le plus souvent très novateurs et dontl’achèvement se traduit par des publica-tions internationales de haut niveau. Jusqu’alors, la Fondation pour la Recher-che Médicale apportait cette aide sousforme de libéralité, c’est-à-dire une aidefinancière exempte de charges sociales,mais exempte aussi des droits sociauxde tout salarié. Louer un appartement,mettre son enfant à la crèche, bénéficierd’un prêt bancaire… est quasi impossi-ble quand on ne peut montrer « patteblanche » avec des bulletins de salaire !Quand on sait que les études scienti-fiques sont si longues que les jeunes doc-torants ont entre vingt-six et vingt-huitans à la fin de leur thèse, on comprendque ces difficultés devaient rebuter denombreuses vocations. Une situation parailleurs d’autant plus injuste que les jeu-nes doctorants sont souvent les plusenthousiastes et les plus créatifs au sein

SOCIAL

Grâce à la Fondation : de meilleurs droits pour les jeunes chercheurs

❏ Oui, je souhaite aider la recherche en faisant, par chèque bancaire ou postal à l’ordre de la Fondation pour la Recherche Médicale, un don de :

❏ 20 € ❏ 25 € ❏ 30❏ 40 € ❏ 50 € ❏ autre…………

❏ Oui, je souhaite recevoir, sans engagement, une documentation sur le prélèvement automatique

Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, en vous adressant au siège de notre Fondation, vous pouvez accéder aux informations vous concernant, demander leur rectificationou suppression, ou vous opposer à ce qu’elles soient échangées ou cédées. Dans ce dernier cas, les informations vous concernant seraient alors réservées à l’usage exclusif de notre Fondation.

Bulletin de soutien

Merci de découper ce bulletin ou de le recopier et de le retourner accompagné de votre règlement à l’adresse suivante :FONDATION POUR LA RECHERCHE MÉDICALE - 54, rue de Varenne, 75335 Paris Cedex 07

Déduction fiscale : 66 % de votre don est déductible de vos impôts à concurrence de 20 % de votre revenu imposable.Vous recevrez un reçu fiscal.

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Code postal VILLE

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La Fondation pour la Recherche Médicale vient de signer une convention avec unequinzaine d’universités françaises : les jeunes doctorants qu’elle soutient vont enfinbénéficier d’un statut de salarié.

des laboratoires ! Une solution à ce déli-cat problème vient d’être mise en placedepuis juillet 2005. Profitant des nouvelles dispositionsministérielles qui prévoient que l’Étatpeut financer les charges sociales patro-nales des doctorants qui ont obtenu uneaide du secteur caritatif, la Fondationpour la Recherche Médicale a signé desconventions avec une quinzaine d’uni-versités. Ainsi, l’aide de la Fondation estmaintenant versée au chercheur, indi-

rectement, sous forme d’un salaire gérévia l’université. Le montant de l’aide dela Fondation est quasi inchangé, si cen’est que le chercheur perçoit un salairenet, déduction faite par l’université descharges sociales salariales. La reconnaissance d’un statut de sala-rié à part entière était attendue depuislongtemps par les jeunes doctorants quiconsacrent leur temps sans compterpour faire avancer la science et com-battre l’ensemble des maladies. ■

Le 9 mars 2005, plusieurs milliers de chercheurs revendiquaient de meilleurs droits sociauxet plus de crédits pour leurs travaux.

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RECHERCHE & SANTÉ l page 31 l N°105 • 1er trimestre 2006

Grâce à un legs, quatre projets de recherche vont bénéficier d’aides attribuées par le comité orléanais de la Fondation pour la Recherche Médicale. Un soutien bien mérité pour une ville où la recherche biomédicale est en plein essor.

COMITÉ RÉGIONAL

Orléans mise sur l’excellence

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L a recherche ne se fait pas qu’àParis ! De plus en plus de centresen province sont de très haut ni-

veau scientifique. L’université scienti-fique d’Orléans est de ceux-là, et abriteune forte concentration de chercheursen biologie. Pour soutenir ce pôle, laville a été l’une des premières à mettreen œuvre un comité régional de la Fon-dation pour la Recherche Médicale, il ya près de trente ans.Récemment, le comité a bénéficié d’unlegs important. Il a donc lancé au moisde mai 2005 un appel d’offres aux équi-pes de recherche de la région pour attri-buer des subventions. Seize demandesont été reçues. Les dossiers ont été exa-minés selon la procédure standardiséepar la Fondation et garantissant la per-tinence et l’impartialité du choix (lireencadré ci-contre). « Quatre projets

ont été retenus et bénéficieront d’un

financement. Nous avons approuvé le

choix des projets sélectionnés par le

comité d’Orléans : les meilleurs pro-

jets, les meilleurs chercheurs, les

meilleures équipes de la région ! sou-ligne le Pr Claude Dreux, responsablescientifique des comités régionaux de laFondation. Et les sujets concernés sont

en adéquation avec les domaines d’ex-

cellence de l’université orléanaise : les

maladies du système nerveux, les

maladies infectieuses, le cancer et la

recherche de nouvelles molécules thé-

rapeutiques. » Ainsi, Valérie Quéniauxrecevra 15 000 euros pour mener à bienson étude des récepteurs impliqués dansl’inflammation et pouvant jouer un rôledans la tuberculose, maladie infectieuseactuellement en recrudescence enEurope. Rachid Rahmouni bénéficierade 8 000 euros pour développer sesrecherches de molécules actives pourlutter contre le cancer. 15 000 euros ontété attribués à Annie-Claude Roche, quitravaille au développement d’un vaccin

antitumoral. Enfin, Gérald Guillaumetrecevra 15 000 euros qui viendront s’a-jouter à d’autres sources de finance-ment pour l’achat d’un spectromètre àrésonance magnétique nucléaire : unéquipement coûteux mais indispensable

à l’analyse chimique de certaines molé-cules potentiellement thérapeutiques.« Les crédits disponibles n’étant pas

épuisés, d’autres projets sont en cours

d’évaluation pour être également sub-

ventionnés », mentionne le Pr Dreux. ■

Une procédure rigoureuseDans les comités régionaux de la Fondation,l’attribution des aides aux chercheurs répond à uneprocédure mise en œuvre il y a quatre ans, baséesur des critères d’excellence scientifique. Lorsqu’illance un appel d’offres, chaque comité réunit lesdossiers de réponse. Après s’être assuré qu’ils sontdûment remplis, il sélectionne ceux qui lui semblentdignes d’intérêt et en accord avec les objectifs ducomité. Pour cela, il fait appel à l’avis d’expertsreconnus dans la discipline, hors de la région, afind’assurer leur impartialité. Le service de coordinationdes comités au siège vérifie ensuite la conformité desdossiers transmis et les fait évaluer par le Pr ClaudeDreux et le président du conseil scientifique. Cesderniers donnent un avis favorable ou défavorable.Une fois la décision prise, elle est communiquée aucomité régional. Si l’avis est négatif, les motifs en sontexpliqués et d’autres dossiers pourront être soumis,les fonds restant à la disposition du comité régional.S’il est favorable, le service financier de la Fondationassure le versement des fonds.

PR CLAUDEDREUX, responsablescientifique des comitésrégionaux.

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C’est notamment grâce à l’implantation régionalede ses comités que deslaboratoires, partout en France, bénéficientde l’aide de la Fondation.

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C’est un fait que lagrippe aviaire est

dévastatrice pour les oiseaux.Le taux de mortalité desanimaux touchés peutatteindre 100 % en quelquesjours. C’est pourquoi lesvétérinaires parlent souventde « peste » aviaire. La

crainte est donc justifiée chez les éleveurs : en casd’infection d’un élevage, la mesure à mettre en œuvre est l’abattage massifdes oiseaux suspects d’avoir été contaminés pour éviter la propagation du virus. Ces dernièresannées, on a constaté uneaugmentation des cas depeste aviaire. Et si la Francen’a jamais été atteinte, cela ne signifie pas qu’elle soit à l’abri, mais les autorités de santé animale font lenécessaire : une surveillancestricte des oiseaux migrateurset un confinement desélevages dans leurs zones de passage ont été misen place. Une pandémie de grippe humaine restepossible. Mais celle-ci serait la conséquence d’un nouveauvirus grippal, encore inconnu.Le risque que ce virus soitissu d’une modification du virus H5N1 responsable del’épizootie asiatique actuelleest relativement faible, car

il n’est pas adapté à l’espècehumaine1. On compte en effet67 cas humains mortels enAsie sur une période de deuxans, pour une population quidépasse les deux milliardsd’individus. Alors que le virus de grippe humaineclassique tue en moyenne2 500 personnes en Francechaque année. Par ailleurs, le vaccin antigrippal actuel ne peut protéger contre unvirus encore inconnu. C’est pourquoi les autoritésrassemblent des stocks de médicaments antiviraux,seul traitement possible enattendant la mise au pointd’un vaccin : plus de quatremois après l’identification duvirus. Enfin, rien ne justified’arrêter de consommer de la volaille, puisque cettemaladie n’est pas arrivée enFrance et que l’on n’importepas de volailles en provenancedes pays atteints.” ■1. selon l’état des connaissances aumoment de la rédaction (nov. 2005).

Dr Jeanne Brugère-Picoux

Vos questionsChaque trimestre, Recherche & Santé répond aux questions les plus nombreuses dans voscourriers et vos appels quotidiens à la Fondation, sans jamais poser de diagnostic, de pronosticou donner de conseil thérapeutique. Seul un médecin traitant est habilité à le faire.

nos réponses

Vous avez été nombreux ces dernières semaines à nous interroger sur la grippe aviaire. Quel risquereprésente-t-elle ? La France et l’Europe sont-elles préparées à ce risque ? Y a-t-il des précautions à prendre à titre individuel ? Avec l’aide du Dr Jeanne Brugère-Picoux, professeur à l’École nationalevétérinaire d’Alfort, membre de l’Académie nationale de médecine et de l’académie vétérinaire de France,nous apportons des réponses… rassurantes !

RECHERCHE & SANTÉ l page 32 l N°105 • 1er trimestre 2006

ET VOUSLA FONDATION

Le plus gros risque, c’est la psychoseGrippe aviaire

“Les rares cas humains mortels de la grippe d’origine aviaireont été diagnostiqués chez des personnes en contact étroitavec des volailles.

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Une puce à ADN, ou biopuce, est un outil d’analyse

très sophistiqué que l’on doit audéveloppement des nanotechnologies.Jusqu’ici à l’ombre des laboratoires de recherche, elles sont de plus enplus utilisées dans les hôpitaux pour le traitement et le suivi denombreuses maladies, même si elles restent pour l’instant réservéesà des essais cliniques très encadrés.Ce sont des lames de verre ou desmembranes de quelques centimètrescarrés. Leur spécificité ? Elles serventde support à des milliers de fragmentsd’ADN et permettent d’identifier les gènes actifs au sein d’unprélèvement de tissu biologique.Grâce à elles, il est possible de découvrir une prédispositiongénétique à certaines maladies etnotamment aux cancers (chez despersonnes présentant des antécédentsfamiliaux par exemple). Despersonnes non malades peuvent, eneffet, être porteuses de modificationsgénétiques appelées mutations, qui,sous l’influence de facteurs multiples,augmentent significativement le risquede développer un jour un cancer. Grâce aux puces à ADN, il devient, par exemple, possible de révéler des prédispositions génétiques à certaines formes de cancers du sein en détectant les mutationsd’un gène, BRCA1. Ces femmes dites« à risque » peuvent alors bénéficierd’une surveillance médicale accrue, afin de pouvoir être traitées au plus tôt, le cas échéant.Sur le même principe, la prédispositionà certaines maladies génétiquescomme la mucoviscidose ou la béta-thalassémie peut également être détectée.Les puces à ADN sont aussi utiliséespour diagnostiquer certains cancers en recherchant des mutations sur des gènes qui jouent un rôle majeur

dans les processus de cancérisation(les gènes K-Ras et P53). Elles serventencore à prédire la sensibilité desmalades aux chimiothérapiesanticancéreuses. En effet, lestraitements actuels contre le cancerdonnent des résultats variables d’unpatient à l’autre. Mais au moment du diagnostic, impossible de savoir qui répondra favorablement ou nonaux médicaments. C’est pourquoi de nombreux projets de recherchesont développés en laboratoire, puis àl’hôpital pour mettre en évidence uneassociation entre le succès ou l’échecd’un traitement et l’expression ou lesmutations de gènes bien particuliers. Cesgènes et ces mutations sont identifiéspar des puces à ADN. L’objectif, àterme, est d’adapter la prise en charged’un patient atteint d’un cancer enfonction de la « carte génétique » de satumeur fournie par les puces à ADN.

Au-delà des cancers, les puces à ADNintéressent encore les chercheurs qui travaillent dans le domaine des malades infectieuses commel’hépatite C ou la tuberculose. À l’avenir, cet outil révolutionnairedevrait permettre de déterminer enquelques heures la souchemicrobienne en cause, alors queplusieurs jours sont nécessaires avec les méthodes actuelles. On espère également utiliser les puces à ADN pour détecter les mutationsgénétiques responsables desrésistances des bactéries auxantibiotiques, afin de lutter plusefficacement contre les infections enmilieu hospitalier.” ■

Dr Catherine Nguyen

Des laboratoires miniatures au chevet du patientPuces à ADN

“« Pourquoi et comment les puces à ADN vont-elles révolutionner la prise en charge du cancer ? »

E. D. (Alpes-Maritimes)

RECHERCHE & SANTÉ l page 33 l N°105 • 1er trimestre 2006

ET VOUSLA FONDATION

“L’objectif, à terme, est d’adapter laprise en charge d’un patient atteintd’un cancer en fonction de la « cartegénétique » de sa tumeur.”

BSIP

/Cha

gnon

Béta-thalassémie : anémie héréditaire due à la fabrication d’une hémoglobine anormale.

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Vous le savezcertainement, la

Fondation pour la RechercheMédicale est la seuleFondation à consacrer sonsoutien à toutes les maladies,des plus répandues aux plusrares, sans exception. Grâce à cette pluridisciplinarité,vous pouvez orienter votre don sur une pathologieprécise, qui vous concerneparticulièrement, parcequ’elle vous touche, vous, ou l’un de vos proches. Pour cela, il vous suffitd’accompagner l’envoi de

votre don d’un petit motprécisant la pathologie en question. Dans l’année qui suit ce don, le servicescientifique de la Fondationse chargera de le jumeler avec un projet de recherchesoutenu dans ce domaine.Nous vous communiqueronsalors par courrier le nom du chercheur et la description du projet de recherche auquel votredon sera consacré. Pour faire un don, vouspouvez utiliser le bulletin en page 30.” ■

Le prélèvementautomatique présente

de nombreux avantages. Pourles chercheurs, car, par sarégularité, il permet à laFondation de leur apporterson aide sur de longuespériodes et d’accompagnerleurs travaux dans la durée.Avantage pour vous, car ilvous simplifie la vie : vousn’avez plus à vous soucier de savoir si vous avez ou nonfait votre don habituel à la Fondation, et cela vouspermet de répartir le montant de vos dons à votreconvenance. Dernier atout, leprélèvement automatique estune source d’économies pourla Fondation. Vous ne recevezplus de courriers d’appel à

don, mais seulement la revueRecherche & Santé qui vousrend compte de l’actualité de la Fondation et de larecherche médicale. Celareprésente une économiesensible en termesd’affranchissement postal. Le prélèvement automatiquesupprime également les fraisde traitement des chèques et réduit les coûts d’émissionet d’envoi de reçus fiscaux(vous ne recevez qu’un seulreçu récapitulatif annuel,

en janvier). Toutes ceséconomies sont autantd’argent en plus consacré à larecherche. Vous pouvez opterpour un prélèvement mensuelou trimestriel, du montant devotre choix. Et, bien entendu,vous restez libre à toutmoment d’interrompre ou demodifier ces prélèvements. Il vous suffit de vous adresserau service donateurs de la Fondation. Aucunejustification ne vous sera demandée.” ■

Pour un soutien plus efficace aux chercheursPRÉLÈVEMENT AUTOMATIQUE

« Donateur régulier de la Fondation, j’envisage de choisir le prélèvement automatique pour mes dons,mais j’aimerais en connaître les avantages et savoir à quoi cela m’engage ? »

P. M. (Bouches-du-Rhône) par e-mail

“ISABELLEFLEURY, responsable du servicedonateurs.

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ET VOUSLA FONDATION

RECHERCHE & SANTÉ l page 34 l N°105 • 1er trimestre 2006

ENVOYEZ VOSQUESTIONS Vous souhaitez desinformations sur le fonctionnement dela Fondation, sur lagestion des dons...Écrivez au Service donateursFondation pour la RechercheMédicale54, rue deVarenne, 75335Paris Cedex 07

INFORMATIONS PRATIQUESPour tout renseignement sur le prélèvement automatique ou pour recevoir une documentation, n’hésitez pas à mecontacter : Fondation pour la Recherche Médicale – 54, ruede Varenne – 75335 Paris Cedex 07. Tél. : 01 44 39 75 76.

Respecter la volonté du donateurJUMELAGE

« Ayant subi un accident vasculaire cérébral, je tiens à vous aider dans ce domaine et aider les malades à se remettre le mieux possible. »

M. R. (Calvados)

DR

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J’ai été déçue par votrearticle sur la fibromyalgiedans le N°102. Nous ne

connaissons pas l’auteur de cetarticle, à moins que ce ne soit lePr Chanson, endocrinologue.Mais l’endocrinologie n’est pasvraiment une spécialité médicaleau fait de la connaissance de cesmaladies. Rien n’est dit denouveau : pas de cause connue,pas de traitement. Ces maladiesexistent-elles ? Difficile à entendre et à vivre pour les malades…”

N. C. (Landes)

Il est vrai que la psychiatrie reste encore un parent pauvre de la recherche. Aussi, notre Fondation soutient-elle de nombreux projets de recherche dans ce domaine. Entre 2001 et 2004, elle a, de plus, développé un programmed’incitation à la recherche intitulé « Action dynamique en psychiatrie » et doté de 500 000 euros.

La rédaction

Les recherches sur lecerveau ont du retard,

me semble-t-il. Il faudraitdévelopper des recherchessur les psychoses et lesautres troubles mentaux. Je suis moi-même porteurd’une psychose maniaco-dépressive. Évidemment, ce sont des maladies trèscomplexes. C’est pour celaque je donne mon humbleparticipation financière.”

J.-P. D. (Sarthe)

À VOS PLUMESCoup de cœur ou coup de griffe, suggestionsou opinions à partager, écrivez à :On se dit toutFondation pour la Recherche Médicale54, rue de Varenne 75335 Paris Cedex 07, ou par mail à :[email protected]

“Mon fils est décédé à l’âgede 29 ans. […] Nous, sesparents, continuons à aiderla recherche et souhaitonsde tout cœur ne jamaisrevoir cette cruelle maladie,la sclérose latéraleamyotrophique.”

C. F. (Haute-Vienne)

On se dit tout...

RECHERCHE & SANTÉ l page 35 l N°105 • 1er trimestre 2006

ET VOUSLA FONDATION

“Je suis enlocation, je n’aiaucun bien niappartement,mais pour masépulture, toutsera très simple :ni fleurs, niplaques, maisdes dons enfaveur de la recherchemédicale.”

A. G. (Lot-et-Garonne)

Le professeur Chanson est effectivementendocrinologue. Rassurez-vous, il prendsoin de consulter ses collègues d’autresspécialités lorsque cela est nécessaire et ses réponses sont toujours du plus grandsérieux. Mais vous avez raison, lesconnaissances sur cette maladie n’en sontencore qu’à leurs balbutiements. Lesrecherches sont en cours. Il faut continuerà les soutenir.

La rédaction

““

“Je suis frappépar l’excellente

qualité devotre

publication.Le vieux

toubib que jesuis y est

peut-être plussensible que

d’autres. Il estincontestablequ’elle ravivel’espoir d’être

utile enparticipant, si

modestementque ce soit,

aux actions dela Fondation

pour laRechercheMédicale.”

J. R. (Nord)

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