Creuse-Citron N°19

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    Journal de la Creuse libertaire - N 19 fvrier-avril 2009 - prix libre

    Creuse-Citron

    Echos de la tagaBulletin d'information

    du comit de soutienaux inculps de Tarnac

    Tous en colreMille vaches sur un plateau p. 2

    Pour tre journaliste en Palestine p. 3Sabotons l'antiterrorisme pp. 4-5

    Capitalisme la poubelleLa crise, nous y sommes pp. 6-7

    La gueule toute verteSous les pavs... la terre pp. 8-9

    Mmoire aux poingsStephen Mac Say anarcho-apiculteur p. 10

    ModernismeLe train sifflera trois fois p. 11

    Blessures industriellesHiroshima mon amour pp. 12-13

    Mauvaises lectures, Revue de crise,Rendez-vous pp. 14-15-16

    PENDANT QUE LA DMOCRATIE isralienne bombarde des popu-lations civiles comme surenchre desa farce lectorale, pendant que cheznous les gagne-petit nostalgiques dela gauche de la gauche se clonentcomme des souris et se prparent nous gaver avec les pseudo-enjeuxdes lections europennes, pendantque la pompe fric tatique en-graisse les banques et les multinatio-nales, les smicards deviennent desrmistes, les rmistes des sdf, et les sdf crvent dans l'indiffrence bienpensante.

    Pendant que tout le monde sacrifieau rituel des vux, des dizaines,

    voire des centaines de personnessont embastilles en France comme terroristes sans l'ombre d'unepreuve, souvent sous le prtexted'islamisme. Qui s'insurge de cette justice d'exception aux relents mili-taro-fascistes ?

    Nous sommes nombreux vivre la campagne, sans tlphone por-table, avec des barres mines, descoupe-boulons, du chlorate de so-dium et mme des bouteilles de gaz.En 1968 nous tions tous des juifs al-lemands, aujourd'hui nous sommestous des anarcho-autonomes !

    Sabotons la dmocratie reprsenta-tive, sabotons l'antiterrorisme, sabo-tons le travail alin, sabotonsl'Europe du capital, sabotons l'idolo-gie du profit et de la comptitionpermanente, sabotons la marchandi-sation de la vie.

    En encart central

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    2 - Tous en colre

    Aprs un tel dferlement d'images, de sons et d'encres sur l'affaire des anarcho-autonomes du plateau de Millevaches (Tarnac), il n'est, sans doute, pas trs utile de revenir sur le dtail de celle-ci. Par contre, il est plus intressant, mon avis, de faire connatre les ractions et le positionnement d'un certain nombre de membres du comit de soutien aux inculps du 11 novembre (de Tarnac).

    Du lynchage mdiatique laprsomption de culpabilit

    Le 11 novembre dernier, pendant que beaucoup d'entre nous se trouvaient aurassemblement pacifiste de Gentioux(Creuse), les hommes de main de laSDAT (Sous-direction anti-terroriste)pauls par d'autres mercenaires de l'tatinvestissaient le petit village de Tarnac(Corrze) quelques kilomtres de l,ainsi que d'autres endroits en France.Chose tonnante, ces dangereuxindividus avaient amen dans leurs valises une cohorte de journalistes deParis et d'ailleurs ! Par contre, personnen'avait, semble-t-il, daign avertir lemaire de cette bourgade corrzienne.

    Tout tait en place pour que lelynchage mdiatique puisse commencer :les dclarations tonitruantes auxtlvisions et radios d'une s(m)inistrefire d'elle apprenaient aux braves gensqu'une cellule invisible terroriste des

    plus dangereuses venait d'tredmantele grce l'extrme comptencede quelques limiers sa botte. Les journaux embotrent le pas, rivalisantentre eux, pour prsenter la couverture la plus en phase avec la thsegouvernementale. Qui ne se souvient dumagnifique titre de Libration L'ultragauche draille 1. Depuis quelquessemaines, les journalistes ne sont pasfranchement les bienvenus sur le plateaude Millevaches, mais qui pourrait s'entonner ?

    La culpabilit nonce ne laissait plus beaucoup de place la prsomptiond'innocence qui, pourtant, fait encoreoffice de loi jusqu' preuve du contraire.Que certains souhaitent la mise en placed'une prsomption de culpabilit, cela nefait gure de doute en ces temps dergression gnralise tous azimuts ;mais que ces gens, si prompts d'habitude dfendre toutes les lois, commencent par respecter celle-ci !

    Petite circulaire et grands chefsd'inculpation

    Dans le cadre du soutien que nousapportons aux inculps du 11 novembre,nous ne devons absolument pas nous placer sur le plan de la culpabilit. Cen'est pas notre problme, et ce ne doit

    tre le problme de personne si ce n'estcelui de ceux qui sont en charge del'enqute. Pour le moment, il doit en trede mme d'un quelconque jugement desactes incrimins. L'urgence est ailleurs.Plus tard, nous aurons largement letemps de discuter de tout cela.

    Ce qui est fondamental dans le soutienauquel nous participons, c'est dednoncer avec force l'inadquation totalequi existe entre ce qui est reproch auxinculps et les chefs d'inculpation prononcs contre eux. Parler d'association de malfaiteurs en relationavec une entreprise terroriste relve de

    la manipulation politique la plushonteuse. Et la s(m)inistre de continuer,il n'y a encore pas si longtemps,d'affirmer que ce n'est pas la police quia qualifi ou qui qualifie en quoi que cesoit les gens de terroristes . Maisvoyons, c'est srement une justice libre etindpendante telle que la reprsente le procureur nomm par l'autre s(m)inistre plus sarkoziste que Sarkozy lui-mme !Tout cela serait risible si, derrire cetteinfmie, il n'y avait pas le risque pour lesinculps d'tre privs de libert pendantde bien trop nombreuses annes.

    Cette tragicomdie a t grandementfacilite par une petite circulaire de laDirection des Affaires criminelles et des

    grces (ministre de la justice) du 13 juin20082. l'poque, le Syndicat de la

    magistrature avait essay d'alerter le public des drives quasi invitablesqu'entranerait la mise en application desrecommandations de ce texte. Dans uncommuniqu intitul La Direction des Affaires criminelles voit des terroristes partout, le syndicat pointait dj lerisque que cette circulaire pouvait fairecourir, celui de permettre uneextension quasi illimite d'unelgislation d'exception et derenforcer la rpression l'encontre desdiffrents acteurs du mouvementsocial . la fin, il invitait lesmagistrats faire preuve du plus granddiscernement dans la mise en uvre decette scandaleuse dpche . Ilsemblerait que le procureur (aux ordres)en charge de l'affaire de Tarnac soit, peut-tre, un peu sourd et aveugle !

    Il a fallu peu de temps pour que cettecirculaire montre son pouvoir liberticidevis--vis des liberts individuelles etautres.

    La couardise des politiques Nous ne pouvons qu'exiger avec force :

    - la libration immdiate du dernier emprisonn (Julien Coupat),

    - le retrait des chefs d'inculpation terroriste et association demalfaiteurs pour les neuf inculps.

    Vers une dictature molle

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    Tous en colre - 3 Mais, bien sr, il ne faut pas oublier

    d'exiger la non application de cetteinfme circulaire du 13 juin 2008, tout envisant aussi la fin des juridictionsd'exception.

    Ces quelques exigences devraient tresoutenues par toute personne sense etayant un minimum de conscience politique (citoyenne, c'est plus politiquement correct !), attache auxliberts dont nous disposons encore.C'est une vidence. Cependant, celle-cin'a pas l'air d'tre partage par les personnels du monde politique etsyndical ( quelques exceptions prs). Nous avons pu observer de leur part unsilence quasi complet et un refus de prendre position. Cela illustre assez bienleur couardise mle unedliquescence avance d'un semblant de pense politique. Localement, nousavons eu un bel exemple de cet tat defait. La commission charge del'attribution de subventions au Conseilrgional Limousin (dont dpend Tarnac)n'a rien trouv de mieux que desuspendre l'aide la cration d'entreprise pour le magasin gnral de Tarnac dontun des grants se trouve tre inculp danscette affaire, la dcision tant prise l'unanimit. Mais depuis, le vent

    mdiatique ayant tourn et un grandnombre d'habitants du Limousin ayantt scandaliss, la subvention serafinalement attribue. Dans le mme ordredes choses, les communiqus de partis politiques commencent arriver (LCR...). Tout ceci est lamentable, peusurprenant, mais quand mme atterrant.

    Tous concerns Nous sommes un certain nombre considrer que cette affaire nousconcerne, et de trs prs : soutenir lesinculps du 11 novembre aujourd'hui,revient anticiper le soutien dont, nous-mmes, pourrons sans doute, avoir besoin demain3.

    Pour conclure, nous pouvons fairentre, cette citation toute d'actualit : Celui qui est prt sacrifier un peu delibert contre un peu de scurit, nemrite ni l'une, ni l'autre et finira par perdre les deux 4. Maintenant, quechacun prenne ses responsabilits et puisse mriter la libert dont il disposeencore !

    F. LAVEIX,membre du comit visible de Tarnac.Plateau de Millevaches, dcembre 2008.

    Notes : (1) Depuis, grce au travailincessant des membres des diffrents comitsde soutien, l'investissement important denombreuses personnes ainsi qu'au videabyssal du dossier, le vent a tourn. Alors,telles des girouettes bien huiles, la plupart

    des mdias ont retourn leurs camras, leursmicros et leurs couvertures. Le mme Librationa pu titrer en premire page avecforce conviction, un Nous ne sommes pasdes terroristes de Benjamin, un des 9 incul- ps.

    (2) Elle concerne la multiplicationd'actions violentes commises sur diffrents points du territoire national susceptibles d'treattribues la mouvance anarcho-autonome . Elle demande aux parquets d'apporter une attention particulire tous faits (des inscriptions tags jusqu'auxmanifestations de soutien des trangers ensituation irrgulire) pouvant relever de cettemouvance afin d'en informer dans les plus brefs dlais la section anti-terroriste du parquet du tribunal de grande instance deParis pour apprcier de manire concertel'opportunit d'un dessaisissement son profit . Les juridictions d'exception ont de beaux jours devant elles.

    (3) Pour tout soutien aux inculps :www.soutien11novembre.org

    (4) Benjamin Franklin.

    Voici ces rgles que tout le mondedoit avoir lesprit lorsquilregarde le JT le soir, ou quand il lit son journal le matin. Tout deviendra simple.

    Rgle numro 1 : Au Proche Orient, cesont toujours les Arabes qui attaquent les premiers et cest toujours Isral qui sedfend. Cela sappelle des reprsailles.

    Rgle numro 2 : Les Arabes,Palestiniens ou Libanais, nont pas ledroit de tuer des civils de lautre camp.Cela sappelle du terrorisme.

    Rgle numro 3 : Isral a le droit detuer les civils arabes. Cela sappelle de lalgitime dfense.

    Rgle numro 4 : Quand Isral tue tropde civils, les puissances occidentaleslappellent la retenue. Cela sappelle laraction de la communaut internationale.

    Rgle numro 5 : Les Palestiniens etles Libanais nont pas le droit de capturer des militaires israliens, mme si leur nombre est trs limit et ne dpasse pastrois soldats.

    Rgle numro 6 : Les Israliens ont ledroit denlever autant de Palestiniensquils le souhaitent (environ 10.000 prisonniers ce jour dont prs de 300

    enfants). Il ny a aucune limite et ilsnont besoin dapporter aucune preuve dela culpabilit des personnes enleves. Ilsuffit juste de dire le mot magique terroristes .

    Rgle numro 7 : Quand vous dites Hezbollah , il faut toujours rajouter lexpression soutenu par la Syrie etlIran .

    Rgle numro 8 : Quand vous dites Isral , Il ne faut surtout pas rajouter aprs : soutenu par les tats-Unis, laFrance et lEurope , car on pourraitcroire quil sagit dun conflitdsquilibr.

    Rgle numro 9 : Ne jamais parler de Territoires occups , ni de rsolutionsde lONU, ni de violations du droitinternational, ni des conventions deGenve. Cela risque de perturber letlspectateur et lauditeur de FranceInfo.

    Rgle numro 10 : Les Israliens parlent mieux le franais que les Arabes.Cest ce qui explique quon leur donne,ainsi qu leurs partisans, aussi souventque possible la parole. Ainsi, ils peuventnous expliquer les rgles prcdentes (de1 9). Cela sappelle la neutralit journalistique.

    Rgle numro 11 : Si vous ntes pasdaccord avec ces rgles ou si voustrouvez quelles favorisent une partiedans le conflit contre une autre, cest quevous tes un dangereux antismite.

    Cet article est paru dans Politis (Bloc-notes de Bernard Langlois).

    Proche-Orient : les 11 rgles du journalisme

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    Terrorisme et anarchisme

    E N CES TEMPS DE DIABOLISATION,damalgame et de surenchre, on atendance oublier le sens des mots.

    Recourons au Petit Robert de 1966. On yapprend que le mot terrorisme fut em- ploy pour la premire fois afin de dsi-gner la politique de terreur des annes1793-94. En 1922, on lutilisait couram-ment pour dfinir lemploi systmatiquede mesures dexception, de la violence pour atteindre un but politique (prise,conservation, exercice du pouvoir). Lesspcialistes commenaient dsigner ainsi lensemble des actes de violence(attentats individuels ou collectifs,destructions) quune organisation poli-tique excute pour impressionner la popu-lation et crer un climat dinscurit.Cette dfinition nous rappelle bonescient que le terrorisme a dabord t et est toujours un mode de gouverne-ment avant de devenir une mthode degurilla. Les ennemis dclars de la ter-reur, dont je suis, ont beau jeu de ren-voyer dos--dos le terrorisme dtat et leterrorisme tout court. Si les deux sont ga-lement ignobles, sanglants et injustes, le premier jouit dune lgitimit qui le rend,

    si cest possible, encore plus odieux. Ilest absous par la Justice, clbr par lesmdias, mis en oeuvre par des fonction-naires dtat.

    En quittant les T pour aller aux A, onapprend que lanarchisme est un systme politique qui tend supprimer ltat, li-miner de la socit tout pouvoir dispo-sant dun droit de contrainte sur lindividu. Nulle part il nest prcis : par le terrorisme. Les actes terroristes degrande ampleur qui nous viennent lesprit lattentat de lHtel KingDavid : 91 morts ; de la gare de Bo-logne : 85 morts, du World Trade Cen-ter : plus de 2 700 morts et disparus, et plus rcemment les attentats de Bom- bay : 125 morts , ont t perptrs par les adeptes de doctrines politiques pluttloignes des idaux anarchistes. Il fautremonter la fin du XIXe sicle et lapropagande par le fait pour trouver,dans lhistoire de lanarchisme, des actesqui puissent tre rangs dans la catgorieterrorisme, avec Ravachol, Vaillant etdautres, ce qui ne nous rajeunit pas. Envrit, au cours de son histoire mouve-mente, lanarchisme a fourni beaucoup plus de victimes que dassassins. Extermi-ns avec un zle gal par les rgimes fas-cistes et communistes, les anarchistes

    font office, en politique, de sacrilges uni-

    versels : remettre en cause la notionmme dautorit offense, de lextrme-gauche lextrme-droite, tous ceux quiont pour ambition de lexercer un jour.L o chaque parti proclame : jen ferai bon usage, lanarchiste rtorque : ilnexiste pas de bon usage de lautorit.Elle est toujours mauvaise, car labusdautorit est consubstantiel lautorit.Cest pourquoi il faut la remplacer par laresponsabilit individuelle. Il nest quede voir comment, aujourdhui mme, lesdtenteurs de lautorit font de la terre undamier de zones contamines et de char-niers, non sans perdre la roulette tout lefric de lhumanit, pour confirmer quelhumain, ds quil a un pouvoir, sem- presse den abuser pour en fairenimporte quoi. Ses penchants les plus d-solants la cupidit, la mgalomanie,lgosme et une forte pulsion de mort prennent les manettes pour le diriger, et travers lui, tous ceux sur lesquels ilexerce son pouvoir. Le pouvoir, jus-quici, a dnatur tous ceux qui se le sontappropri. Cest toujours un dsastre pour celui qui lexerce comme pour

    ceux qui le subissent. Lmietter jusqu le faire disparatre, in-venter une organisation so-ciale qui en empche laconcentration parat relever du bon sens le plus lmen-taire. Mais aujourdhuicomme hier, le penser est uncrime. Un crime terroriste quirelve de lois dexception. Lesanarchistes, en France, mmeen comptant les plus radicauxdentre eux, nont jamais fait letiers des dgts occasionns par, au

    hasard, les syndicalistes de la FN-SEA. Mais ils sont beaucoup plus brutaliss et punis : il ne faudrait pasque les Franais simaginent as-sez grands pour se passer deltat, ce pre Fouettard.

    Au contraire de la Mouvance anarcho-auto-nome , la police se porte plutt bien, et peutmultiplier les abusallant jusquaumeurtre dans uneimpunit quasi totale.Dnonce par Am-nesty internationalcomme par le Com-

    missaire aux droits de lhomme du

    Conseil de lEurope, cette impunit, onoublie parfois de le prciser, est souvent lorigine des flambes de violence dansles quartiers , o les gens cest ton-nant ne supportent pas que leurs ga-mins trouvent la mort au coursdoprations de police muscles. Rienque pour les annes 2000, ce fut le cas Nmes, Strasbourg, Clichy-sous-Bois,Vaulx-en-Velin, Montfermeil et jen passe. On ne sait pas trop ce que les flics protgent, mais on sait contre qui :contre vous, contre nous, contre mon-sieur et madame Tout-le-Monde, et avecdes mthodes qui relvent plus dune ar-me doccupation que de simples mis-sions de maintien de lordre. Legouvernement et les mdias ont raison, ilfaut combattre le terrorisme. Et tout parti-culirement le plus dangereux de tous, leterrorisme dtat.

    LAURENCEBIBERFELD

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    Capitalisme la poubelle - 7

    Nous y sommes Nous y voil, nous y sommes. Depuiscinquante ans que cette tourmente

    menace dans les hauts-fourneaux del'incurie de l'humanit, nous y sommes.Dans le mur, au bord du gouffre,

    comme seul l'homme sait le faire avec brio, qui ne peroit la ralit quelorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonnevieille cigale qui nous prtons nosqualits d'insouciance. Nous avonschant, dans.

    Quand je dis nous , entendons unquart de l'humanit tandis que le restetait la peine. Nous avons construit lavie meilleure, nous avons jet nos

    pesticides l'eau, nos fumes dans l'air,nous avons conduit trois voitures, nousavons vid les mines, nous avons mangdes fraises du bout monde, nous avonsvoyag en tous sens, nous avons clairles nuits, nous avons chauss des tennisqui clignotent quand on marche, nousavons grossi, nous avons mouill ledsert, acidifi la pluie, cr des clones,franchement on peut dire qu'on s'est bienamuss.

    On a russi des trucs carrmentpatants, trs difficiles, comme faire

    fondre la banquise, glisser des bestiolesgntiquement modifies sous la terre,dplacer le Gulf Stream, dtruire un tiersdes espces vivantes, faire pter l'atome,enfoncer des dchets radioactifs dans lesol, ni vu ni connu.

    Franchement on s'est marrs.Franchement on a bien profit.

    Et on aimerait bien continuer, tant il vade soi qu'il est plus rigolo de sauter dansun avion avec des tennis lumineuses quede biner des pommes de terre. Certes.

    Mais nous y sommes. la Troisime

    Rvolution.Qui a ceci de trs diffrent des deux premires (la Rvolution nolithique etla Rvolution industrielle, pour mmoire) qu'on ne l'a pas choisie.

    On est obligs de la faire, laTroisime Rvolution ? demanderontquelques esprits rticents et chagrins.Oui.

    On n'a pas le choix, elle a djcommenc, elle ne nous a pas demand

    notre avis. C'est la mre Nature qui l'adcid, aprs nous avoir aimablement

    laisss jouer avec elle depuis desdcennies.La mre Nature, puise, souille,

    exsangue, nous ferme les robinets. De ptrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau.Son ultimatum est clair et sans piti :Sauvez-moi, ou crevez avec moi (l'exception des fourmis et des araignesqui nous survivront, car trs rsistantes,et d'ailleurs peu portes sur la danse).

    Sauvez-moi, ou crevez avec moi.videmment, dit comme a, on

    comprend qu'on n'a pas le choix, On

    s'excute illico et, mme, si on a letemps, on s'excuse, affols et honteux.D'aucuns, un brin rveurs, tententd'obtenir un dlai, de s'amuser encoreavec la croissance.

    Peine perdue.Il y a du boulot, plus que l'humanit

    n'en eut jamais. Nettoyer le ciel, laver l'eau, dcrasser la terre, abandonner savoiture, figer le nuclaire, ramasser lesours blancs, teindre en partant, veiller la paix, contenir l'avidit, trouver desfraises ct de chez soi, ne pas sortir lanuit pour les cueillir toutes, en laisser auvoisin, relancer la marine voile, laisser

    le charbon l o il est, attention, ne nouslaissons pas tenter, laissons ce charbon

    tranquille rcuprer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, onn'en a plus, on a tout pris dans les mines,on s'est quand mme bien marrs).

    S'efforcer. Rflchir, mme. Et, sansvouloir offenser avec un terme tomb endsutude, tre solidaire. Avec le voisin,avec l'Europe, avec le monde.

    Colossal programme que celui de laTroisime Rvolution. Pasd'chappatoire, allons-y.

    Encore qu'il faut noter que rcuprer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait le

    savent, est une activit foncirementsatisfaisante.Qui n'empche en rien de danser le

    soir venu, ce n'est pas incompatible. condition que la paix soit l,

    condition que nous contenions le retour de la barbarie, une autre des grandesspcialits de l'homme, sa plus aboutie peut-tre.

    ce prix, nous russirons laTroisime rvolution.

    ce prix nous danserons, autrementsans doute, mais nous danserons encore.

    FREDVARGAS, Archologue et crivain

    Abonnement Creuse-CitronLes frais denvoi postaux sont de 1,25 par numro. Creuse-Citron tant prix libre, vous pouvez ajouter ceque vous voulez, sachant que le cot de fabrication dun numro est de 50 cts.1 an (4 n) = 5 (frais de port) + ... (prix libre) / 2 ans (8 n) = 10 (frais de port) + ... (prix libre)

    20 ans (80 numros) = 100 (frais de port) + ... (prix libre)Indiquez le nombre de numros que vous dsirez recevoir, libellez votre chque lordre de Citron Libre etadressez-le Creuse-Citron, C/o CNT 23, BP 2, 23 000 Sainte-Feyre.

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    8 - La gueule toute verte

    Sous les pavs la TerreCitoyens, dormez en paix. Ltat va terrasser la crise , si vous restez bien sages. La crise

    conomique sera habilement escamote, grce aux cadeaux princiers accords aux patrons et banquiers, pourtant responsables de la situation. La crise sociale sera rapidement exorcise, grce une rpression prventive renforce par lalibi de lanti-terrorisme, dissuadant toute rvolte. La crisealimentaire sera superbement ignore, grce au soutien sans faille lagrobizness et la chasse tout embryon dagriculture paysanne. Voyons avec quelle lgance les dcideurs ont touff dans loeuf un projet de ferme couveuse prsent par le rseau Ile-de-France des Associations pour le maintiendune agriculture paysanne (AMAP).

    Sur le sentier de la terreLindiffrence des me(r)dias nempche pas la crise alimentaire de stendre,accentue par une pauvret qui saccrot.Et pourtant ce sont les griffes des prda-teurs qui sapproprient les ressources dela terre nourricire. Un seul exemple r-cent dans un pays mergent , lve mo-dle du capitalisme, dirig dune mainapaisante mais ferme par le Parti des tra-vailleurs brsilien : des milliers dIndiensguaranis expulss de leur territoire au pro-fit de plantations de canne sucre etdusines dthanol o les plus chan-ceux pourront servir desclaves sala-ris. Comment penser srieusementquun systme qui contraint la faim unmilliard dindividus (dont la moiti de paysans ruins ou sans terre) ait lamoindre chance de perdurer, alors que la plante risque daccueillir quelque troismilliards dhumains supplmentaires mi-parcours du sicle actuel ?

    Sans attendre que ceux qui ont conduit cette absurdit soient touchs par lagrce, beaucoup dinitiatives intres-santes, donc peu mdiatises, sont prisesun peu partout dans le monde pour re-crer les conditions dune culture pay-

    sanne contemporaine. En France, lesuccs fulgurant des AMAP (voir Creuse-Citron, n 10) en est unindice.

    Nous avons rencontr plu-sieurs fois Laurent, paysanen AMAP, pour prparer deux missions de Radio Li- bertaire (accessible par inter-net) consacres au sujet.Familier des pavs parisiens,Laurent reconnat sestudes commerciales lim-mense mrite de lavoir convaincu de ne surtout pas perdre sa vie la ga-gner. Il frquente alorsune cole agricole qui luiassne que lagriculture

    chimique est la seule valable et que, detoute faon, il na aucune chance davoir une exploitation, sa famille nen dispo-sant pas ! Heureusement un copaindcole reprend lexploitation de son pre, cralier dans lEssonne, et en recon-vertit une partie en marachage bio avecvente directe la ferme. Laurent est asso-ci au projet, puis sur le mme terrain,sengage dans une AMAP. Il fournit une cinquantaine de familles proches deParis un panier hebdomadaire de l-gumes bio, en change dun revenu ga-ranti bas sur un prix dcid en communet dune aide pour certains travaux. Trsinvesti, il prend des responsabilits dansle rseau francilien des AMAP (unesoixantaine et 5 000 foyers) qui raliseune mutualisation des informations et des pratiques, notamment au travers du bulle-tin Sous les pavs, la Terre.

    Paysan, un mtier davenir ?Rcemment, des terrains, prs des Mu-reaux dans les Yvelines, ayant t rache-ts par lAgence des Espaces verts,linter-AMAP dcide de prsenter un pro-

    jet pour 140 hectares, jusque-l cultivsen crales. Il concerne une ferme cou-veuse dactivits agricoles et rurales que Laurent soutient avec passion. Les productions en agriculture bio com- prennent le marachage, les fruits, la fa-rine et le pain, lhuile alimentaire, lemiel, un levage ovin, un petit levage porcin, quelques nes. Elles sont desti-nes lapprovisionnement du bassin devie local : cantines scolaires, vente sur lesite, 600 paniers de lgumes pour desamapiens. Le collectif comptera cinq paysans permanents, quatre en formationen vue dune installation ultrieure et desstagiaires de lenseignement agricole.Plutt que la proprit individuelle, le projet revendique un bail environne-mental collectif. Dans ce projet, laterre, les outils et les forces de travailsont mis en commun. Laccueil de fa-milles et de scolaires sera organis rgu-lirement, participant renouer les liensville-campagne, dvelopper une r-flexion sur la nourriture (production, prix, distribution), redcouvrir une soli-darit territoriale et changer limage dumtier de paysan. Ainsi, sur un terrain

    puis, serait recr un cosystme as-

    sociant cultures, levage, haies, bo-cage, dans le cadre duneagriculture plus autonome (pas

    dintrants, financements r-duits). LAgence de leau

    soutient cette proposition,car trs inquite sur le de-venir de la ressourceaquifre souterraine, unenappe phratique alimen-tant 750 000 habitants !

    Quelle belle perspec-tive, une ferme bio de d-monstration et dexp-

    rimentation dans une r-gion francilienne qui voitles installations de jeunesen agriculture divises par trois en dix ans,

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    La gueule toute verte - 9

    Attendre et voir... C'est tout vu, faut plus attendre !

    alors que la demande en produits frais dequalit et de proximit augmente vertigi-neusement

    Voitures de course nourries au bio ?La ferme couveuse a reu des soutiens : prix du Centre de ressources rgional delconomie sociale et solidaire, partena-riat avec le Groupement des agriculteurs biologiques dIle-de-France, avec lasso-ciation Terre de liens, bon accueil desmunicipalits voisines Mais lagrobiz-ness dispose de multiples gardes cham- ptres pour surveiller champs etcroquants : FNSEA, Crdit agricole,grosses coopratives, Chambresdagriculture qui saco-

    quinent dans les Socitsdamnagement foncier etdespace rural (SAFER)charges de lattribu-tion de la moindre broussaille suspecte(voir Creuse-Citron,n 14).

    Dbut novembre,horrifie par la quali-t et les perspectivesde ces propositions, laSafer des Yvelines lesa jetes aux orties au profit de trois projets,dont 120 hectares confis un exploitant cralier tra-vaillant pour le compte dAgra-lys, troisime cooprative agricole, propritaire de Gamm Vert et dbly !Limmoralit capitaliste est sauve, maisnvite pas les contradictions. Cest ainsique Pierre Bdier, prsident du Conseil g-nral, maire de Mantes, grognard de Tsar-kozy, propose dy installer un circuitde F1 de haute qualit environnemen-tale !! Le prestige de la France exige-

    rait que des VROUM-VROUM,conduites par des milliardaires, r- pandent allgrement pollutions sonoreset atmosphriques. Le site prcdent, enSeine-et-Marne (Dysneyland), ayant tabandonn, cest maintenant ce lieu quiest vis par Lagardre-Sport, pilot par Alain Prost. Jean Mallet, maire de Mezy, petite commune voisine, engage une ba-taille contre ce choix : On nous pro-met une piste de F1 environnementale !Ce doit tre de la mme espce quunecentrale nuclaire bio !

    Ayant beaucoup appris sur les rouages politico-agricoles, linter-AMAP re-cherche pour la ferme couveuse un ter-rain alternatif dune surface rduite (50hectares) en explorant plusieurs solu-tions : mise disposition de terres commu-nales, de terres prives (Fondation Terrede liens) ou achat collectif et solidaire(Groupements fonciers agricoles).Lavenir appartient ceux qui ne re-noncent pas.

    Empchons les capitalistes de digrerLe capitalisme a la capacit de dsamor-cer et de digrer beaucoup de projets alter-natifs, telle cette propositiondinstallation dun agriculteur bio au mi-lieu dun vaste complexe commercial, pour lequel il servirait denseigne publici-taire ! Pourtant, visiblement, le projet deferme couveuse drange. Cest quil porte en lui une relle dynamique permet-tant de sautonomiser de tout le dispositif rod par ltat, lagrobizness et lesgrandes surfaces. Dautre part, sesaspects pratiques et pdagogiques pour lemonde agricole, mais aussi pour les cita-dins concerns, risqueraient dtre conta-gieux. Il ne faut pas risquer de laisser renatre une culture paysanne avec ses va-leurs de solidarit, dentraide, de travaux

    collectifs, surtout si la division ville-cam- pagne samenuisait. La meilleure armedu systme consiste faire croire quonne peut rien faire en dehors de lui et quela politique est laisser dans les serresdes spcialistes . Pour nous maintenir dans ces illusions gnratrices de rsigna-tion, les dominants utilisent tous lesmoyens que ltat met leur disposi-tion : ducation, information, sur-veillance et rpression froce, sincessaire. Quand la colre savre tropexplosive, les opposants de service

    sont chargs de la contrler, puisde lenterrer dans les urnes. La

    crise, dont les effetscommencent se faire

    sentir, va invitable-ment amener des r-voltes ; la Grce enest un bon exem- ple. Les dci-deurs en sont persuads et pren-nent les devantsen restreignantles quelques de-grs de libert quinous restent et en

    sopposant aumoindre projet alter-

    natif non rcuprable.Faire revivre un village

    expose, sous prtextedun incident sur une voie

    de chemin de fer (il y en a desmilliers tous les ans), au dbarque-

    ment laube de 150 encagouls, entou-rs dune nue de journalistes chargs demontrer la France qui a peur quedes invisibles ultra-gauche auto-nomes se cachent derrire chaque buis-son.

    La meilleure rponse ces ma-

    noeuvres politico-policires est de sortir des griffes anti-terroristes ceux de Tar-nac et tous les autres, mais aussi de mul-tiplier des initiatives rellementalternatives.

    Dj le printemps 2009 pourrait voir natre la premire AMAP creusoise...

    LANNOIR

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N19

    10/16

    10 - Mmoire aux poings

    Stephen Mac Say Stephen Mac Say et Marie-Adle Anciaux (dite Mary Smiles) taient un couple d'anarchistes qui avait trouv refuge en Creuse ct de la Souterraine pendant la guerre de 14-18. De son vrai nom Stanislas Alcide Masset, n le 15 octobre 1884 Beaurepaire-sur-Sambre dans le nord de la France et dcd le 10 mars 1972 Morencez dans l'Eure-et-Loir. Militant anarchiste, professeur de franais, forain puis apiculteur.

    17 ou 18 ans, avec des camaradestudiants, il cre le Club desgaux ; le refus des hirarchies et dessgrgations exprim par ce titre luiinterdit de se limiter au milieuuniversitaire ; il se tourne vers le monde paysan parmi lequel il recueille desadhsions. Enseignant, il s'oppose trsvite l'enseignement officiel dont ildplore les mthodes et le quitte. En1906 il rejoint, avec sa compagne MarySmiles, l'cole libertaire La Ruche deSbastien Faure (communaut ducativefonde sur les principes libertaires qui afonctionn de 1904 1917 prs deRambouillet) o ils enseigneront tous lesdeux jusqu'en 1910. Ils y raliseront leur rve d'une cole fraternelle, sansfrontire d'autorit entre les enseignantset les enseigns.

    Pendant toute cette priode StephenMac Say collabore au Libertaire, auxTemps nouveaux, L'Anarchie(de 1906 1911), L'Ide libre(revue d'ducationsociale fonde par Lorulot) et aux priodiques d'Emile Armand Pendant la Mleet Par-del la mle. En 1909, ilfonde le journal Le Fouet , organe dugroupe d'action des rgions d'Avesnes, deVerviers et de Valenciennes, mensueld'ducation et de lutte ouvrire.

    Aprs ces annes denseignement, ilsse fixent dans l'Eure-et-Loir, o ilsexercent le mtier de forains enconfection, qui leur vite une servitude

    patronale.Stephen Mac Say adjoindra vers 1916 ses occupations commerciales, dont ilcherche se librer, l'activit apicultrice,ce qui lui permettra de dvelopper,concernant les abeilles, cette observationminutieuse et attendrie qu'il a pour toutesles espces dites infrieures et dont, savie durant, il prendra chaudement ladfense.

    Vice-prsident de la Ligue contre lavivisection, il dnoncera le sadisme desexpriences pseudo-scientifiques et

    dveloppera les rapports possibles entreles animaux et les hommes.Outre ses livres : La Vivisection, ce

    crime ; Avec les btes chre compagnie ; Les Btes proches de l'homme, diverses

    allusions ce thme se retrouveront dansd'autres ouvrages : Propos sans gardsetdans des tracts pamphltaires : Pour lesbtes martyres; L'Enfer des laboratoi-res ; On assassine nos amis les animaux;Sous le rgne de l'homme (les animaux et nous) ; Corridas et chasse courre;Une science gare torture et assassine

    nos amis les animaux.Mais le 2 aot 1914 sonne la guerre ;

    Stephen est rform, mais compte tenude son activit et de son antimilitarisme,il juge plus prudent de s'clipser avecMary.

    Les voil donc dans un petit village dela Creuse, proche de La Souterraine.Durant ces sombres jours, ils poursuivront paralllement leur commerce et l'apiculture.

    La guerre prend fin et la propagandereprend vie, les journaux sortent del'ombre. Naturellement, Stephen sera des premiers y collaborer. Dans le premier numro de L'En-dehorsdat du 31 mai1922, journal individualiste d'EmileArmand, il fait de la rclame pour sonmiel !

    Vers les annes 1926, Sbastien Faureentreprend la parution de cettemonumentale Encyclopdie anarchiste pour laquelle il fait appel lacollaboration de tout ce qu'il peut toucher d'esprits libres parmi ses contemporains.Comment Stephen Mac Say n'en serait-il pas ? Il apporte l'uvre entreprise une participation considrable, sous son nom,sous ses initiales SMS, ou sous le pseudonyme de Lanarque.En 1941, Stephen est dnonc comme

    juif l'occupant hitlrien (ce qui, soit-diten passant, tait faux) il est nouveaucontraint de quitter sa maison avec Mary.Ils la rintgreront en 1946, aprs unsjour de 5 ans en Corrze.

    De tout ce qui est vie, rien ne lui esttranger. Il crit des ouvrages sur le problme ducatif : Pour les petits ;Vers l'ducation humaine; Les Vhiculesdu crime (Presse et cinma); Le Cinmaet la dlinquance juvnile; Pas de jouets guerriers, pas d'ducation belliqueuse; L'Histoire devant l'homme et devant l'enfant ; des ouvrages anticlricaux etsociaux : Les Histrions de la foi; De Fourier Godin ( propos duFamilistre de Guise) ; Propos sansgards (son livre-matre. Pointes, penses et pamphlets. Synthse de sesrecherches et de ses penses, quiconstitue son testament philosophique).

    Il se penche sur l'urbanisme : Du logisdes sicles l'habitat normal ; le style etla littrature : L'crivain personnel et lacritique de tradition, La Fable, joyau desans, Le Conte travers les peuples et lesges, il s'abandonne au rve et la beaut dans son recueil de vers Rvolteset sanglotsqui, dans sa seconde ditionrevue et augmente, deviendra mois et rvoltes.

    Il faudrait s'attarder sur son ouvrageVers l'ducation Humaine(1911) o ildnonce l'crasement de l'lve par l'institution scolaire et annonce sur ce plan Paul Goodman et Yvan Illich. Ilrhabilite l'autodidactisme, laconnaissance primordiale de soi,l'introspection.

    Son tonnante lucidit ne s'mousse pas sous le poids des annes, et la mortle surprendra dans son sommeil le 10mars 1972, alors que l'aprs-midi mmeil corrigeait les preuves de son dernier livre : L'Histoire devant l'homme et l'enfant .

    Biographie tablie grce "L'phmride Anarchiste" et labrochure de Maurice Laisant : "Stephen Mac Say, l'ducateur, l'humaniste, l'Amides Btes". 1978, dit par le Groupe Etienne de la Botie de la Fdration Anarchiste.

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N19

    11/16

    Modernisme - 11

    Les sabotages rcents des lignes TGVont provoqu une indignation froce

    et consensuelle. Des actes inquali-fiables , selon la CGT. Comment ?! Ons'en prend au fleuron de l'industrie fran-aise ! Ce moteur de la croissance ! Ce privilge incontest dont bnficient lesFranais ! On a mme parl d'exac-tions , terme que l'on aurait cru rserv des actes de violence sur des per-sonnes, ce qui justement tait soigneuse-ment exclu par les procds employs.

    On peut tre soulag que l'opinion semette, avec plus de retard que n'en ontsubi les trains concerns, contester l'in-

    carcration des premiers suspects venus,quand elle dcouvre, incrdule, qu'une procdure si arbitraire peut tre mise enuvre en toute lgalit.

    Aussi bien, puisque le crime de lse-TGV a eu lieu, pourquoi ne pas profiter de ces ralentissements intempestifs dutrain de la vie moderne pour s'interroger sur le rle de ces sacrs engins ?

    Limplantation des lignes TGV suscitedepuis ses dbuts des oppositions rso-lues, qui ne contestent pas seulement telou tel trac, mais le principe mme d'untrain-autoroute appel remplacer les des-sertes locales moins rentables et plus co-teuses d'entretien. Le dmantlement progressif du rseau ferr, aujourd'huideux fois moins dense qu'en 1945, acc-lre la dsertification des campagnes oil devient de plus en plus ncessaire d'al-ler travailler au loin et, par exemple, enTGV. C'est ce que disent certaines asso-ciations du pays basque, de la Bretagne,et les habitants du Val de Susa, oppossau projet de TGV Lyon-Turin qui prometde dverser sur la rgion un million demtres cubes d'amiante et d'uranium is-sus du forage de la montagne. Ils ontcette ide trange que d'ordinaire, on pr-fre travailler prs de chez soi et mmeque, s'il s'agit de voyager, on pourrait vou-loir aller moins vite et ouvrir les fentres.

    L'opportunit de traverser la France enquatre heures ne constitue donc pas nces-sairement un progrs, et encore moins sil'on prend en compte les conditions de possibilit d'une telle prouesse. Le TGVfonctionne grce aux centrales nu-claires, dont il est le complment natu-rel, puisque ses grands besoins enlectricit (il faut 64 fois plus d'nergie

    pour rouler 400 km/h qu'il n'en faut pour rouler 100 km/h) s'ajustent commo-dment la surcapacit lectrique pro-duite par les racteurs. A l'ombre de cescentrales, imposes dans plusieurs dpar-

    tements par le biais de l'Arme,croissent paisiblement des leucmies,fertilises par une abondance de dchetsaux demi-vies infiniment plus longuesque celle de leurs voisins humains.

    Tout a pour propulser plus rapide-ment des marchandises et des turbo-cadres, de plus en plus presss d'aller etde venir ? Un reprsentant de l'UMP d-clarait la tlvision : On s'en est prisau TGV, parce que c'est ce qui fonc-tionne le mieux dans l'conomie fran-aise . On ne saurait mieux dire. l'heure o les calamits environnemen-tales et sociales s'accumulent, le culte dela comptition industrielle et de la prouesse technologique qu'incarne leTGV continue obstinment de se d- ployer, battant tous les records de vitesse

    Et il n'a visiblement pas de freinaged'urgence, ce systme conomique qui, prisonnier de sa propagande climatise,dferle sur toutes choses, dtruit lescoins de monde qui croyaient lui chap- per, dgomme les alternatives et faonnede misrables banlieues partout o il passe, tout en se faisant croire qu'il vaquelque part parce qu'il y va vite. Ce sys-tme qui nous mnage des liberts sym- pathiques, comme celle de choisir entreune ambiance iD'Zen ou iD'Zap en rser-vant son billet de train par Internet, unezone de silence ou une zone de dfoule-ment rcratif avec consoles, portableset DVD, et des brigades qui lchentleurs chiens sur ceux qui ne conviennentni l'une, ni l'autre.

    Alors oui, on prfre les trains qui s'ar-rtent.

    VALENTINOSANO, dcembre 2008.Paru dansL'Ire des chnaies

    On prfre les trainsqui sarrtent

    Question : Lolien fait-il le nid de lindustrienuclaire ?(Limousin natureenvironnement, dans une invitation undbat sur les oliennes, Aixe-sur-Vienne en novembre dernier).

    Rponse :Thomas Legrand, France Inter :Vous

    avez dit que le Grenelle del'environnement, c'tait pour amuser la galerie, amuser les cologistes.

    Alain Minc : Je n'ai jamais dit cela publiquement que je sache...

    T.L. :Vous l'avez dit la tlvision ! ...A.M. : Non, je pense que le Grenelle de

    l'environnement a permis en contrepartiedes mesures pro-environnement devalider le choix collectif en faveur dunuclaire. (Alain Minc, conseiller de Nicolas Sarkozy, grand personnage desmdias, de l'conomie, et de la politiquefranaise ; interview sur France-Inter, le23-9-08).

    bon entendeur...

    l'afft

    cout la radio (France-Inter)

    Le porte parole du PS disant qu'il fallaitrformer le capitalisme car lecapitalisme n'arrive pas grer l'conomie de march !!! couter cette girouette opportuniste, prsentecomme la gauche de son parti, doncquasiment l'extrme gauche, il y enquelques-uns qui doivent se retourner dans leur tombe.

    De profundis le Post Scriptum dumouvement social.

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N19

    12/16

    12 - Blessures industrielles

    Avoir dtruit Hiroshima

    Au printemps dernier, le film Blessures atomiques tait projet

    au caf l'Atelier Royre de Vassivire devant une trentainede personnes. Nous publions ici une version rdige de la prsentation qui prcda la projection.

    Ne pas penser, voil ce que voulaientles gens. Surtout ne pas avoir penser ! Ne plus rien prendre au srieux ! Ilsavaient russi gaspiller l'Apocalypse

    R OBERTJUNGK Si l'ennemi triomphe, mme les

    morts ne seront pas en sret. Et cet enne-mi n'a pas fini de triompher

    WALTER BENJAMIN

    L E FILM QUE NOUS ALLONS VOIR ce soir est consacr au bombardement d'Hiroshi-ma et ses suites, particulirement au sort qui fut fait ensuite aux survivants.

    Pour introduire le film, nous feronsquelques remarques, d'abord sur la m-moire des vnements historiques, et en- suite sur le monde comme laboratoire .

    L'poque rcente a mis la mode leterme de devoir de mmoire , et multi- pli les commmorations historiques, no-

    tamment de tragdies commeHiroshima, la guerre de 14, ou le gno-cide des juifs. Tout observateur de bonnefoi doit constater la superficialit, le peude profondeur, voire l'hypocrisie, de cescommmorations : manifestations d'unemmoire sans usage, sans pense, ni rel-lement quelqu'un pour la porter, et qui nelaisse gure de traces dans les esprits.Ces vnements, que l'on prtend ainsirappeler notre souvenir, sont si ter-ribles et dmesurs qu'ils en sont diffi-ciles concevoir, se reprsenter rellement. Chacun prfre penser autre chose : le prsent est dj bien as-sez riche d'inquitudes et de soucis imm-diats. Il est par ailleurs bien videntqu'un film sur Hiroshima, par exemple,ne fait pas un divertissement trs attirant.

    Il n'est pas sans intrt de noter queles commmorations prsentent gnrale-ment ces vnements comme des explo-sions de barbarie et d'irrationalit, sansaucun lien avec le reste de l'histoirecontemporaine, fortiori sans lien avecnotre prsent. Il est permis de penser quesur de telles bases, aucune mmoire au-

    thentique et vivante n'est possible. Pour qu'existe une telle mmoire, s'efforantde comprendre et dprouver relle-ment les vnements historiques, d'aller leur rencontre, c'est exactement lecontraire qui est ncessaire.

    Walter Benjamin crit quelque partque les vnements historiques sont par-fois comme des clefs, dont le prsent se-rait la serrure ; ils attendent de nousaider ouvrir le prsent, dj le com- prendre.

    Pour le dire plus simplement, pour ar-

    river apprhender de manire profondedes vnements du pass, il faut com- prendre en quoi ils concernent notre pr-sent, ce quils nous apprennent de notremonde. Et il ne faut pas craindre pour ce-la de brosser l'histoire rebrousse- poil , l'oppos de l'histoire officielleet de ses commmorations, dont la fonc-tion relle est de liquider la charge cri-tique que peut contenir le pass.

    C'est seulement cette condition quela mmoire, cette facult humaine fon-damentale, et cette qualit essentielle pour la politique, est possible.

    Venons-en maintenant Hiroshima.On peut apprhender la recherche nu-claire militaire des annes 1940, quiaboutit la destruction d'Hiroshima et

    En 1962 parat sous le titre Avoir dtruit Hiroshima, la correspon-

    dance de Gunther Anders avec ClaudeEatherly, l'un des militaires avoir lar-gu la bombe Hiroshima. Ce livrevient d'tre rdit sous le titre Hiroshi-ma est partout,avec d'autres textes deAnders (notamment le journal qu'il r-dige pendant son sjour Hiroshimadans les annes 1950 : L'Homme sur le pont).

    Anders est par ailleurs l'auteur de L'Ob- solescence de l'homme. Sur l'me

    l'poque de la deuxime rvolution indus-trielle(1956, dition franaise en 2002, par l'EdN).

    Le quatrime chapitre de ce livre, qui peut tre lu comme un ouvrage indpen-dant, s'intitule Sur la bombe et lescauses de notre aveuglement face l'apo-calypse . Y sont notamment exposes lanotion de laboratoire coextensif auglobe , ainsi que l'ide que la Bombe,comme les autres ralisations techniquesde l'poque contemporaine, atteignentune chelle et une puissance tellequ'elles ne peuvent plus tre apprhen-des, et fortiori contrles, par leshommes, et qu'elles induisent donc uneirresponsabilit et un nihilisme gnrali-s.

    Il faut galement conseiller tout particu-lirement le deuxime chapitre du livre Le Monde comme fantme et commematrice consacr la radio et la tl-vision, qui analyse en quoi les mdiasmodernes et leur place centrale dans lavie commune transforment radicalementle rapport au monde , la conscience etla sensibilit des contemporains, et

    contribuent produire une nouvelle so-cit et un homme nouveau : l'homme demasse, faonn industriellement selon la matrice mdiatique.

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N19

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    Blessures industrielles - 13

    Nagasaki, comme un vnement excep-tionnel un moment particulier : la

    ncessit de lutter contre le nazisme, puis de terminer rapidement la guerre, lamenace d'une troisime guerre mondialeentre l'Occident et l'URSS. Tout cela est bien sr exact, mais il serait trs rduc-teur de ne voir les choses que sous cesaspects.

    Surtout, cela nous empcherait de voir en quoi Hiroshima nous concerne au- jourd'hui, et nous aide comprendre le prsent. Il est pour cela plus instructif d'couter les remarques de certains t-moins de l'poque.

    Nous pensons surtout Gunther An-ders, qui constate ds l'poque que les so-cits humaines et ceux quigouvernent ces socits ont dsormaisla possibilit de dtruire l'humanit et lavie terrestre, et que cela ouvre une priode de l'histoire absolument nou-velle ; ce qui impose de reconsidrer radi-calement tous les problmes politiques,moraux, conomiques , ... en partantde cette ralit nouvelle.

    Il est bien vident que nous sommes au- jourd'hui, plus que jamais, dans une telle priode, non seulement avec le nu-claire, civil et militaire, mais dans tousles autres aspects de notre socit et dece qu'elle produit. Si le nuclaire est siimportant, c'est bien parce qu'ilconcentre et illustre jusqu' la caricatureles tendances les plus redoutables denotre poque, prsentes ailleurs unmoindre degr.

    Il est malheureusement assez clair ga-lement que les exigeantes remises encause qu'impose cette situation sont tou- jours soigneusement vites par noscontemporains. Pour mieux dire, ils lesfuient comme la peste. Il serait mme as-

    sez exact d'affirmer que depuis 1945, lasocit s'est profondment transformenotamment pour refouler ces questions.

    Anders fait la mme poque uneautre remarque tout aussi dcisive : de- puis Hiroshima, constate-t-il, le labora-toire de la science moderne est devenucoextensif au globe ; autrement dit lesexpriences se font dsormais gran-deur nature sur l'humanit et la naturetout entire.

    Le film Blessures Atomiques illustre cela littralement, et dmontre

    d'une manire incontestable que les bombes sur Hiroshima et plus encore Na-gasaki, taient aussi, et sans doute avanttout, des expriences grandeur nature dela puissance nuclaire. Le cynisme et le

    mpris des scientifiques et mdecinsamricains de l' ABCC l'gard des sur-vivants sont certainement la chose la plus terrible et la plus clairante sur laralit sociale derrire la Bombe quenous montre le film.

    La question qui se pose nous estalors la suivante : cette exprience etce mpris sont-ils des choses exception-nelles, propres un moment unique, une crise passagre du vingtime sicle ?

    Ou au contraire le bombardement d'Hi-roshima est-il une tape dcisive dansun vritable bouleversement historique,o l'on voit la science moderne et les d-veloppements techniques qu'elle permettransformer toujours plus profondmentla socit et la vie humaine, et devenir une force de destruction toujours plus re-doutable une puissance toujours plusincontrlable et ne se proccupant pasdes hommes et de leurs besoins rels ?

    On aura compris que nous dfendonsla deuxime interprtation : la transfor-mation du monde en laboratoire et deshommes en cobayes n'tait pas propre Hiroshima ; au contraire elle s'est rpan-due et gnralise depuis lors. Il suffitde penser aux OGM, aux nanotechnolo-gies, ou la prolifration des ondeslectromagntiques par les tlphones portables, Wifi et WiMax, etc.

    Nous sommes convaincus que c'est enayant ces questions-l en tte, on ne peut plus politiques et actuelles, que l'on peutvraiment savoir quoi faire de la mmoired'Hiroshima (et de bien d'autre choses),et rendre justice la mmoire de ses vic-times ( il existe un rendez-vous taciteentre les gnrations passes et la ntre. Nous avons t attendus sur la Terre ),en comprenant que nous sommes toutes proportions gardes leurs sem- blables, non pas par volontarisme moral,mais trs rellement ; en quoi donc leur histoire a des choses nous apprendresur notre histoire.

    CDRIC.

    Quelques rfrences- Blessures Atomiques,de Marc Petitjean,

    documentaire, 2006, 52 minutes, disponibleen Creuse dans le rseau de la Bibliothquedpartementale.

    Le film revient sur la destructiond'Hiroshima et ses suites. Il brosse le

    portrait de Shuntaro Hida, mdecin qui aconsacr sa vie dnoncer l'armementnuclaire et les dissimulations qui ont suivison usage, et soigner ceux qui comme luiont survcu.

    -Shuntaro Hida, Rcits des joursd'Hiroshima, ditions Quintette InstitutHiroshima Nagasaki, diffusion PUF, 2001.

    -Robert Jungk,Vivre Hiroshima,Paris,

    1960. Notamment le chapitre 4 largementconsacr l'ABCC.-Walter Benjamin,Sur le concept

    d'histoire, (1940), Oeuvres 3, Folio-essais,Gallimard 2000.

    Outre la description dtailles desagissement de l' ABCC le centre derecherche install par les amricains Hiroshima juste aprs la guerre pour tudier les survivants le film Blessures Atomiquesest aussi trs instructif sur unautre aspect de la question nuclaire. Ilmontre la dcouverte progressive de ladangerosit extrme des faibles dosesde radioactivit (interview de Monsieur Sternglass, scientifique qui la dmontradans les annes 1970), dangerositd'autant plus redoutable qu'ellecontredisait toutes les thories pralableset qu'elle fut depuis constamment nie oudissimule par l'establishment scientifi-co-nuclariste.

    Cette question des faibles doses est aucentre des polmiques sur la dangerositdu nuclaire civil, que ce soit pour lesrejets normaux des centrales, leconfinement des dchets, ou l'valuationd'une catastrophe comme Tchernobyl.

    Cela illustre une fois de plus quel point les questions du nuclaire civil etmilitaire sont imbriques et en ralit in-sparables.

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    14 - Mauvaises lectures

    Beau commeune prison qui brle : une motion populaire en 1780 Londres de JuliusVan Daal, ditionsL'esprit frap-peur 1998.

    Extrait : Le pre-mier librateur p-

    ntrer dans la prison [de Newgate,mardi 6 juin 1780 vers 8h du soir] senomme Tom Haycock. Aux juges quil'interrogeront sur les mobiles de sa parti-cipation la prise de Newgate, il rpon-dra simplement La cause! Maisencore ? Il ne devait plus l'aube sedresser une seule prison dans Londres .

    Les dmolisseurs qui ont adopt ce pro-gramme investissent avec assurance le b-timent, que certains ne connaissent quetrop, et entreprennent avant toute chosede forcer les portes des cellules et de me-ner au dehors les dtenus, ovationns par la foule. On leur rend les honneurs, on parade avec eux au rythme du tintementdes chanes qu'ils portent encore aux pieds. On les escorte chez les forgeronsdu voisinage pour leur ter leurs fers.

    Trois cents proltaires, dbiteurs ou flons , dont trois taient destins tre pendus le lendemain, sont ainsi ren-dus la libert, pendant que leurs libra-teurs, perchs sur les murs de la prison,assistent avec extase son incendie...

    Rsum du livre en 4e de couverture:Un impt nouveau provoque un soulve-ment populaire. D'emble, les meutiers s'attaquent aux symboles de l'ordre ta-bli, notamment aux prisons auxquellesils mettent le feu, non sans en avoir lib-r les dtenus. Pendant une semaine, laville vit les dbuts d'une vritable rvolu-tion sociale et politique, jusqu' ce quele gouvernement fasse appel l'armequi crase l'meute dans le sang.

    Question : Est-ce un travail, ou du tra-vail, de librer des prisonniers et de d-molir des prisons ?

    Sachant que ces tablissements n'ont jamais servi rien d'autre qu'liminer phy-siquement des tres humains et ont essen-tiellement abouti les dmolir, les blesser vie ou les rendre enrags et pirequ'avant ; sachant que ces punitionsqu'ils subissent par enfermement et condi-tions de vie dgradantes, souvent dignesdu moyen-ge, n'ont rien voir avec la justice (une ptition a circul en 2006

    2007 l'initiative de dtenus demandantle rtablissement de la peine de mort, enexpliquant qu'ils prfraient en finir plu-tt que d'tre torturs petit feu...).

    Dmolir : nous avons bien commencle travail le 14 juillet 1789, en prenant lavieille citadelle de la Bastille, qui fut ra-se par la suite, et en librant les prison-niers : il est urgent de reprendre le boulot, et de remplacer les prisons mau-dites, au pire, pour les individus les plusdangereux physiquement, par des assi-gnations rsidence, et pour les autres, par des travaux d'intrt gnral ou de r- paration. La plupart des condamns au- jourd'hui ont plus besoin d'une aidesociale, collective, psychologique, hu-maine, solidaire, que d'tre enferms ettraits comme des chiens. La violenced'tat n'est qu'une rponse barbare et au-tomatise face des actes de violence etde passages l'acte dicts par les frac-tures et les violences sociales.

    Quand est-ce qu'on se met au travail?Qu'on banisse de nos paysages rels etimaginaires les prisons, pour qu'ellesappartiennent dfinitivement un passlointain en tant que verrues mortifresde socits arrires...

    N otes et mor ceaux choisis, n 8, Le Travail mort-vivant, 10 euros,ditions La Lenteur, 2008, Par is.

    La revue Notes et morceaux choisis. Bul-letin critique des sciences, des technolo- gies, et de la socitindustrielle aura bien-tt dix ans d'existence(cf. C.C. 12). Le n 8vient de paratre.

    Il est consacr au sort rserv au travail dans la socit ac-tuelle , considrant que c'est (...) de l(...) qu'il faut partir pour comprendrenotre dpossession , car la critique dutravail est la condition premire de toutecritique du monde existant .

    Il ne s'agit pas ici de faire l'loge de l'oi-sivet ce qui reviendrait dire que

    l'automatisation va rsoudre tous les problmes . Au contraire l'ide quiguide ce numro est que toute activit productive est simultanment productionde soi-mme, d'une collectivit et d'unmonde commun, c'est--dire production

    d'un monde qui soit notre monde . C'estdonc la (re)dcouverte et la dfensede formes d'activits productives rel-lement libres et humainement riches etutiles qu'appellent ces pages. Ce qui im- plique rien de moins qu'une remise encause radicale de l'ensemble de l'organisa-tion sociale.

    Au sommaire un texte plutt thoriqueet historique propose la notion de tra-vail mort-vivant (un dtournement deMarx) pour qualifier le travail contempo-rain, devenu simple parcelle d'un pro-cessus sans queue ni tte , et induisantla gnralisation du dsuvrement (Arendt).

    ITER ou la fabrique d'absoluanalyseles consquences redoutables du travailalin sous le rgne de la technologie etde sa qute perdue de puissance.

    Enfin un texte revient sur les originesculturelles et subjectives du nazisme (

    partir du livre Histoire d'un Allemand ,de Haffner), et claire utilement lesformes contemporaines du dsuvre-ment, en rappelant que l'ennui disposeau nihilisme .

    En morceaux choisis, divers textessont consacrs l'exemple symptoma-tique de l'levage, et sa dshumanisa-tion sous la pression del'industrialisation toujours aggrave del'agriculture.

    noter enfin la rdition de Le Pay- sage, l'industrie, et le silence desagneaux. A propos des projets de l'olienindustriel en Lozre.

    Les ditions de L'chappe entamentla publication des principaux textesdu groupe Pices et main d'oeuvre (PMO), dont la plupart taient jusqu'icidifficilement trouvables ailleurs que sur Internet. Pour commencer, un bref maistrs utile volume reprend l'essai LeTlphone portable, gadget dedestruction massive(dj publi dans lerecueil collectif La Tyrannietechnologiqueaux mmes ditions) et unautre texte plus gnral qui expose demanire limpide pourquoi la

    technologie est le problme .L'un des grands mrites de l'anarchisme

    est d'avoir dnonc l'ide que la fin justifie les moyens , et affirm, aucontraire, que la fin est dans lesmoyens comme le fruit est dans legerme . Ces textes montrent clairementque cette maxime est aussi valable pour ce qui concerne les moyens techniquesdvelopps par la socit moderne : ilsinduisent un type de socit et

    d'individus incompatibles avec la libert.

    Du mme auteur, chez le mme di-teur :

    - Le Tlphone portable, gadget dedestruction massive, 7 .

    - Terreur et possession. Enqute sur la police des populations l'retechnologique, 14 .

    - Aujourd'hui le Nanomonde,nanotechnologies, un projet de socittotalitaire, 15 .

    - RFID. La police totale : puces

    intelligentes et mouchardagelectronique, 6 .

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N19

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    1er, 2 et 3 mai 2009 Vivre lanarchie :

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    anti-autoritaires(XIXe et XXe sicles)

    Rencontres de Ligoure, colloque organis par le Centre international de recherchessur lanarchisme (CIRA) Limousin.

    1er mai (14h30-17h30)Du socialisme exprimental lanarchismeralisateur / exprimentation et changementsocial au sein des courants socialistes aucours duXIXe sicle.

    2 mai (9h30-12h30)Insurrection ou volution ? Tendances etmanifestations de lanarchisme ralisateur

    jusqu lentre-deux-guerres.2 mai (14h30-17h30)Le renouveau des expriences ralisatriceset/ou alternatives depuis les annes 1960.

    3 mai (9h30-12h30)Dbat : Persistance et actualit desstratgies ralisatricesAu sud de Limoges, direction Saint-Yrieixla Perche, 1 km aprs Le Vigen, tourner gauche.Parcours flch : COLLOQUE, jusquauChteau. Navette gratuite de la gare SNCFde Limoges.

    Tl. : 06 81 88 08 19 - 06 64 36 95 21Courriel : [email protected]://rencontresligoure.e-monsite.com

    Adresse postale : Cira Limousin, Marsaleix19700 Lagraulire

    Le documentaire social se distingue dudocumentaire tout court et des actualitsde la semaine par le point de vue qu'ydfend nettement son auteur. Cedocumentaire social exige que l'on prenne position car il met les points sur les i. S'il n'engage pas un artiste, il engage au moins un homme. Ceci vaut bien cela. [...] Ce documentaire social devra nous dessiller les yeux.

    Jean Vigo (1905-1934)

    Bobines rebellesest co-dsorganis par :

    Autour du 1er mai , Creuse-Citron,

    mile a une vache, Mmoire Vif, Peuple et Culture 19, La loutre par les cornes.

    Contact, infos:www.bobinesrebelles.org

    ou 05 55 64 73 17

    Deuxime festivaldu documentairepolitique et social

    en Creuse12 - 1 3 juin

    Royre - de - V assivire

    Une nouvelle association vient d'trecre sur Royre-de-Vassivire : LaLoutre par les cornes. Nous savons que nous devrons fournir beaucoup d'efforts pour atteindre untant soit peu l'objectif (bien peumodeste !) de notre association : dvelopper toute dmarche culturelle et sociale visant l'mancipation detoutes les personnes, ceci dans une perspective libertaire. Aussi ce n'estqu'en prenant la loutre par lescornes que nous pouvons, peut-tre,avoir quelques espoirs de ne pas tropdmriter.La dmarche culturelle sera ouverte tous les domaines, sans exclusive :concerts, projections, expositions,dbats, lectures, mise disposition delivres, journaux, films... Assezrapidement, devrait se mettre en placeaussi un petit atelier de srigraphie... et, peut-tre, de reliure.La dmarche sociale devrait s'ancrer dans la participation aux diverses luttesde la rgion et d'ailleurs, mais aussidans des soutiens, des aides... Lencore, aucune exclusive.En densifiant cette rgion (Royre-de-Vassivire et alentours) en associationset autres collectifs engags , nous pensons renforcer et acclrer unedynamique essentielle audveloppement de modes de vie, derelations sociales, d'attitudes qui noussont chers ; ceci, mme si en ces temps d'anti-terrorisme dlirant, uncertain soupon risque d'tre jet sur notre dmarche.

    La Loutrepar les cornes